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  • Mokrane Aït Larbi :«Il faut des actes et non pas un changement de personnes»

     

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    Mokrane Aït Larbi. Av

    ocat et défenseur des droits de l’homme

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    El Watan le 09.09.12

     

     

    Les Algériens auront attendu près de quatre mois pour connaître la composante du nouvel Exécutif post-législatives 2012. Si certains ont espoir que ce nouveau staff pourra donner corps au «changement», maître Mokrane Aït Larbi, avocat, ancien sénateur et défenseur des droits de l’homme, estime que le statu quo sera maintenu. L’avocat, qui se refuse à «commenter la nomination de telle ou telle personnalité, qui sont des émanations du système», affirme que le régime tente, par cette méthode, de gagner du temps et de calmer la fronde populaire.

    - Un nouveau gouvernement a été nommé, mardi dernier, avec à sa tête un nouveau Premier ministre. Le changement promis aura-t-il lieu ?

    Non, je ne pense pas. La nomination de ce nouveau gouvernement n’est pas un événement. Il faut rappeler que ce remaniement intervient tout de même près de quatre mois après la tenue des élections législatives. Comment expliquer que cela ait pris autant de temps ? La seule analyse que je fais à ce sujet est que le pouvoir ne s’attendait pas aux résultats de ce scrutin. Non pas en termes de sièges, mais en termes de participation. Les autorités avaient appelé à un nouveau «1er Novembre», mais n’ont pas été suivis par les citoyens. Les slogans du régime clamaient : «Notre révolution par les urnes». Seulement, ces élections ont été vécues par les Algériens comme un non-événement et l’engouement tant espéré n’a pas eu lieu, ce qui a constitué un embarras pour le régime. Certains expliquent le retard pris dans la désignation d’un nouveau gouvernement par des tractations, des négociations et autres luttes internes. Mais entre qui et qui ? Et pourquoi ? Le système, dans sa globalité, est d’accord sur les programmes, sur les démarches à suivre ainsi que sur les grandes lignes politiques. Il n’y a pas d’enjeux réels, puisque tous les programmes sont centrés autour du «programme du Président». Dès lors, rien ne changera à la situation du pays, car ce qui est effectué est un remplacement de personnes et non pas de système.

     

    - Ces nominations ministérielles ne représentent pas les schémas résultant des élections législatives. Comment l’expliquer alors ?

    L’on ne peut pas parler de fraude électorale et ensuite estimer qu’il y a une majorité non respectée. Le Président nomme qui il veut, sans respecter un quelconque schéma ou autre, d’autant plus que toute la politique du pays est de son fait. Toutes les lois et tous les amendements introduits ces dernières années ne sont pas le fruit de l’APN. Depuis 1999, le Président gouverne par ordonnance, avec pas moins d’une trentaine de décrets. Aucun projet de loi significatif n’a été introduit par l’APN. Ce qui prouve l’inutilité de cette institution dans la composition d’un Exécutif ou dans le fonctionnement de la vie politique. Ahmed Benbitour a bien été chef du gouvernement, alors qu’il n’avait aucun député qui siégeait à l’Assemblée. De plus, c’est toujours le même principe rentier qui prédomine. Il y a un cahier des charges à respecter pour quiconque qui accepte un poste ministériel. De nouveaux partis ont fait leur apparition dans cet Exécutif, mais ils adhérent tous aux mêmes programme et tendance. Ils ne seraient pas au gouvernement dans le cas contraire. Il n’y a donc, en définitive, aucun changement à attendre.

     

    - Ce lifting gouvernemental n’est-il, au final, que de la poudre aux yeux, ou prépare-t-on 2014 en haut lieu ?

    Je ne pense pas que ce remaniement soit un positionnement ou une préparation en vue de l’élection présidentielle de 2014. Ce scrutin ne se prépare pas deux ans à l’avance chez nous, mais tout se décide quelques mois avant, tout simplement parce que personne ne sait ce qui va se passer d’ici là. J’estime que le pouvoir tente de gagner du temps, de calmer l’opinion publique et les citoyens. Mais tente seulement, car il n’est pas évident qu’un simple colmatage puisse apaiser les tensions. Il ne faut pas oublier qu’il y a une grave crise de confiance entre le peuple et les gouvernants. Et seuls des actes pourront y remédier.
    Ces actes en question ne sauraient être une question de personnes à remplacer. Tant que le système n’est pas démocratisé et transformé dans ses fondements, le changement ne sera pas pour demain. Sous le gouvernement Ouyahia, un syndicaliste a été mis sous mandat de dépôt. Sous le gouvernement actuel, il a été requis une peine de prison ferme à son encontre. Et ce n’est pas un nouveau ministre de la Justice, par exemple, qui pourra faire que la justice ne soit plus aux ordres. Il exécutera les mêmes lignes. Le tout répressif ne disparaîtra pas.
    De même, les réunions nécessiteront les mêmes autorisations des autorités locales, les partis politiques devront toujours fournir à l’administration la liste des membres des directions régionales pour être «suivis de près». Le changement ne sera donc pas pour demain.

    Ghania Lassal
  • Finitude des cercles


    Fin de règne, le départ se prépare. D’abord, en écartant les ministres amis, comme cela avait été fait pour Chakib Khelil, éloigné pour échapper à la justice. En relevant les retraites des hauts fonctionnaires ensuite, puis enfin, par ce décret signé dans la discrétion, en octroyant le passeport diplomatique et donc l’immunité aux anciens présidents, M. Bouteflika compris, leurs frères et sœurs, leurs conseillers, les ministres et officiers supérieurs, ainsi qu’à leurs épouses et enfants. On aura reconnu dans cette liste l’oligarchie au pouvoir, la famille, le régime, celui-là même qui dirige, se partage la rente, organise les contrats et marchés en s’octroyant le monopole de la violence, autant malveillant envers les droits de l’homme et libertés que bienveillant envers la corruption, les surfacturations et les délits d’initié. A l’abri de futures poursuites, le cercle se prépare donc à une belle retraite, ayant mis suffisamment d’argent de côté.

     


    Avec ce chiffre, non confirmé, mais que la presse a relayé : 500 des 700 ministres qu’a comptés l’Algérie se sont établis à l’étranger après leur fin de fonction. Reste à organiser le changement de personnel, et il est significatif à ce sujet que personne ne puisse débattre du bilan de M. Ouyahia à l’occasion de ce changement du gouvernement. Pourtant, il y aurait de quoi ; descente dans tous les classements internationaux, corruption institutionnalisée, augmentation de la dépendance extérieure, crise de logement, chômage, violence et insécurité. Si le cercle est à l’abri, on ne peut pas en dire autant des Algériens qui devront se préparer à payer rapidement les fruits de la mauvaise gestion et la dilapidation des ressources, humaines, financières et naturelles. Un cercle est fini, il possède un centre et une circonférence où tous les points sont équidistants, connectés au centre par des rayons. Au-delà du cercle, c’est le néant.

     

    Chawki Amari

  • LE DRS ne veut pas de changementà ENTV,alors pas de vote.

    La création de chaînes généralistes exclue

    Audiovisuel : rien ne changera !


    zoom
    Audiovisuel : rien ne changera !

     


    Quand, en avril 2011, dans le feu du Printemps arabe, le président Bouteflika annonça, dans son discours à la nation, l’ouverture de l’audiovisuel au privé, les Algériens se mirent alors à rêver. A rêver de pouvoir enfin zapper localement sur une autre chaîne de télévision que «Al Yatima» (l’unique) ou encore la «zéro» et ses clones terrestres et satellitaires.


    Bien qu’on ne puisse soupçonner Abdelaziz Bouteflika d’être fan d’une télé libre, lui qui a dit être le rédacteur en chef de l’APS, l’annonce a quand même emballé tout le monde. Certains n’ont pas hésité à faire connaître leur volonté de mener cette aventure cathodique, comme ce fut le cas pour la presse écrite sous Mouloud Hamrouche. Mais, passée la peur panique d’une contagion révolutionnaire, le régime semble revenu aux normes «maison».

    Le ministre de la Communication, dont le discours évolue en fonction du contexte, a, cette fois, dit tout bas ce que le régime pense tout haut : les télés privées en Algérie, ce sera pas demain la veille… !  
    Ayant sans doute constaté que les Algériens se sont «calmés», Bouteflika a revu substantiellement à la baisse les maigres acquis algériens des révoltes de leurs voisins. «Nous commençons d’abord avec les chaînes thématiques. C’est écrit dans la loi organique. Après, il y aura peut-être une évolution de la législation et, en fonction de cela, la future loi sur l’audiovisuel fixera ce qui sera autorisé», a déclaré Nacer Mehal dans un entretien à nos confrères de TSA. C’est là un très mauvais signal émis depuis la Présidence et diffusé par le ministre de la Communication.


    Ouverture en clair-obscur


    En clair, le pouvoir n’a strictement rien lâché pour l’instant et les Algériens vont se contenter encore du «libre» débat sur l’ENTV que le ministre lui-même trouve médiocre. En décodé, le président Bouteflika et son gouvernement suggèrent que les promesses, fussent-elles solennelles, n’engagent que ceux qui les croient. L’ouverture de l’audiovisuel au privé, qui constitue un indicateur fiable du sérieux des réformes démocratiques d’un pays, vient d’être remise entre «guillemets». «Il y aura des débats et des amendements. Je ne peux préjuger. Peut-être verra-t-on un consensus autour d’une alliance entre le public et le privé.» Voilà le type d’ouverture en clair-obscur que nous propose ce ministre, qui se vante d’être un «combattant» de la liberté d’expression. 

    Comme pour mettre un gros bémol sur cette ouverture arlésienne, le ministre nous conseille de ne pas trop nous accrocher aux télés libres. «L’audiovisuel est un sujet extrêmement délicat et sensible. Ce n’est pas comme la presse écrite. C’est pour cela qu’il faut prendre ce qui est bon dans les expériences menées ailleurs pour l’adapter chez nous.» Explication : une télé libre est extrêmement dangereuse pour la pérennité de notre régime, qui sera contraint de laisser les Algériens le critiquer et évoquer ses sous et ses dessous devant le peuple.


    Message crypté


    Il est alors aisé de comprendre que la promesse du Président n’était qu’un écran de fumée… Un peu comme toutes ces lois cosmétiques que le régime a emballées dans le carton «réformes politiques» pour tenter de les «vendre» à l’étranger. Preuve, si besoin est, que le régime n’est pas disposé à ouvrir sa «boîte noire», le ministre de la Communication, qui s’acharne sur la presse écrite, affirme que même pour les chaînes mixtes public/privé, le gouvernement va «consulter l’ensemble des dispositifs de lois avec des équipes de juristes algériens».
    Il ne restera après à la future autorité de régulation de l’audiovisuel, dont la moitié des membres sera nommé par «Son Excellence», que de coudre un cahier des charges, le plus décourageant possible, pour mieux cadenasser ces hypothétiques chaînes de télévision hybrides.

    C’est dire, tout compte fait, que l’ouverture de l’audiovisuel au privé en Algérie s’annonce en mode crypté.
    La teneur des réformes politiques adoptées a déjà donné un avant-goût de ce que sera la fin du monopole de la télévision dans la tête de ceux qui nous gouvernent.
    On sait désormais qu’il s’agira, tout au plus, d’une division cellulaire de l’Unique pour en faire des petites, aussi médiocres les unes que les autres. Les Algériens vont tout de même pouvoir zapper d’une chaîne animale à une chaîne de musique en passant par celle de la cuisine gastronomique et politique algérienne.

    C’est peut-être cela, l’ouverture de l’audiovisuel dans l’esprit du régime. C’est du moins ce que suggère Nacer Mehal.
    Au final, cette velléité du gouvernement d’autoriser la création de télévisions privées n’est rien d’autre qu’un mauvais scénario dont le metteur en scène est visiblement  mal inspiré. En langage cinéma : coupez !...

    Hassan Moali
  • Changement de cap ?

     



    Qui a dit que les gouvernements en Algérie se suivent et se ressemblent ? Le dernier remaniement ministériel qui a reconduit l’essentiel de la composante du gouvernement sortant, avec à sa tête Ahmed Ouyahia, éconduit certains ministres, procédé à de nouvelles nominations et à des permutations à certains postes ministériels vient de fournir la preuve des miracles que peut produire la gouvernance politique à l’algérienne. Est-il politiquement correct et sain que des ministres d’un même gouvernement relooké puissent, avec une telle facilité et célérité, désavouer d’autres ministres auxquels ils ont succédé, lesquels ministres furent, dans certains cas, désignés à d’autres départements ministériels, après avoir laissé sur leurs bureaux des dossiers gelés, objets de vives polémique et contestation au sein des secteurs concernés ? La révision à la baisse de la liste des documents exigés par l’administration pour la délivrance du passeport biométrique, annoncé devant le parlement par le nouveau ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, s’apparente à un cinglant désaveu, non seulement à l’ancien ministre de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, mais aussi au gouvernement sortant.

    Qu’est-ce qui a donc subitement changé au sein de l’Exécutif en quelques jours pour que des dossiers, que l’on présentait comme scellés et non négociables, soient rouverts et réexaminés avec une vision et une approche plus citoyenne que policière, confirmant que l’on s’était bel et bien fourvoyé dans une aventure pour le moins suspecte et attentatoire aux libertés des citoyens ? Rien en apparence. Ouyahia était et demeure toujours le premier ministre d’un même gouvernement, à quelques détails près.

    D’autres exemples de décisions spectaculaires sont annoncés par d’autres départements ministériels qui occupent le devant de l’actualité, tels ceux de la Santé ou de l’Emploi et des Affaires sociales, en proie à des malaises qui n’ont pu trouver de solutions sous le précédent gouvernement. Dès sa prise de fonction, le nouveau ministre de la Santé, Djamal Ould Abbès, s’embarque au volant de l’ambulance du SAMU et annonce une série de mesures destinées à apaiser les esprits au sein de ce secteur qui a besoin d’un diagnostic lucide et d’un bon thérapeute : l’ouverture prochainement de négociations avec les médecins protestataires, le paiement des salaires non versés des médecins, le recrutement d’un millier de nouveaux médecins diplômés qui grossissent les rangs des chômeurs.

    Sur la même lancée, Tayeb Louh promet de revaloriser la pension des retraités avant le mois de Ramadhan, alors qu’il n’avait pas montré le même enthousiasme sous l’ancien gouvernement. Que faut-il alors conclure de tous ces repositionnements ? Faut-il les imputer aux ministres qui auraient donc les coudées plus franches et le bras si long, pour dénouer des crises héritées de l’ancienne gestion de ces ministères ? A Ouyahia qui réalise que la politique du bâton mène à l’impasse ? A des calculs politiques ? De simples effets d’annonce ? Ou s’agit-il de gages de bonne volonté d’un gouvernement qui s’est distingué par le passé par des mesures impopulaires et qui cherche, à travers des opérations de séduction, à gagner la confiance des citoyens ?


    Par Omar Berbiche