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rapport

  • prêt du FMI Algerie VS rapport FMI contre l'algerie ????

    Economie algérienne : un rapport contradictoire et alarmant du FMI

    Par Le Matin DZ |
     

    Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié à l’occasion de la tenue de son assemblée annuelle prévue du 9 au 12 octobre à Tokyo (Japon), le Fonds monétaire international estime que l’Algérie a réalisé un taux de croissance de 2,5% en 2011, réaliserait, pour l’année 2012, "environ 2,6%", un taux révisé à la baisse puisque cette même institution, dans un rapport d’avril dernier, tablait sur une croissance du PIB de 3,1%, ces taux étant largement inférieurs aux données gouvernementales, couvrant à peine le taux de croissance de la population active.

    L'institution présidée par Christine Lagarde (ici avec K. Djoudi) a rendu un rapport contradictoire sur l'Algérie.

    Quant à l’inflation, le FMI estime qu’elle devrait passer de 8,4% en 2012 à 5% en 2013, contre 4,5% en 2011 et le taux de chômage de 10 % Tout en soulignant que tous els rapports du FMI se fondent sur les donnée officielles des gouvernants, corrigées parfois par des tests de cohérence, je voudrai mettre en relief les limites de ce rapport se rapportant au calcul du taux de croissance, du taux de chômage et du taux d’inflation.

    Le taux de chômage réel est-il de 10% ?

    Selon les documents officiels, entre 1999/2009 la création d’emplois a été de 3,5 millions d’emplois durant dont 54.8% dans le secteur de l’agriculture, le commerce, les services et le BTPH, le reste dans le secteur de l’administration, de l’industrie de l’artisanat et dans d’autres secteurs. Pour le Ministère du travail, le taux de chômageserait passé de 29% en 2000 à 23,7% en 2003, de 17,7% en 2004, de 15,3% en 2005 à 12% en 2008, 11% moyenne 2009-2010 et à moins de 10 pour cent en 2012, taux repris par le FMI. Qu’en est-il de la réalité. Au 1er janvier 2012 selon l’ONS, la population résidente totale de l’Algérie a franchi les 37 millions d’habitants (37,1).Le bilan démographique de l’année 2011 révèle que le volume de naissances vivantes a dépassé la barre des 900 000, seuil jamais atteint auparavant, et selon le FMI, la population active est passée de 11.203.000 en 2010 contre 10.911.000 en 2009 soit une augmentation annuelle de 292.000. Il faut donc créer environ 300 000 emplois par an, ce chiffre sous estimant d’ailleurs la population active féminine. Il est utile d’analyser le rapport sur le chômage en Algérie mené par Kangni Kpodar, responsable du département Afrique au sein de l'administration du FMI publié fin 2008 toujours d’actualité qui a tenté de diagnostiquer le "cas algérien". M. Kpodar émet des doutes sur l'efficience des différents mécanismes de création d'emploi (Ansej, contrat pré-emploi, les emplois salariés d'initiative locale…) mis en place par le gouvernement algérien. Selon cet économiste, ces programmes ont créé certes des millions d’emplois mais la majorité était des postes provisoires et souvent non rentables et que l'informel alimente de façon soutenue le marché du travail algérien.

    Cette analyse est corroborée par le rapport officiel de l’ONS 2012, pour qui 50% de la population active algérienne active l’informel surtout le petit commerce et les services qui d’ailleurs toujours selon cette enquête représente 83% du tissu économique algérien démontrant la tertiairisation de l’économie alimentée par la rente des hydrocarbures. En plus il faut compter les sureffectifs des administrations et des entreprises publiques et sans cette dépense publique fonction du prix du pétrole, qui demeure le moteur principal de la création d ‘emplois, le taux de chômage serait supérieur à 30% touchant paradoxalement les plus diplômés sachant que dans cinq ans l’université accueillera 2 millions d’étudiants contre 1,3 million d’étudiants aujourd’hui. Donc toute étude sur l’emploi doit élucider des facteurs fondamentaux : est-ce les emplois rentes fictifs, ou est ce qu’ils contribuent à la création de valeur ? Est ce que les emplois précaires dominants (3 à 6 mois pour un jeune parfois universitaire à 6000 dinars par mois) et sont-ils un signe d’amélioration de la situation sociale ? Or, fait contradictoire, le FMI annonce des taux de croissance de 2,5 et 2,6% entre 2011 et 2012 à peine de quoi couvrir la croissance de la population active mais annonce une baisse du taux de chômage. Or, un taux de croissance, tiré par les secteurs productifs, selon l’avis unanime des organismes internationaux, entre 7/8% sur plusieurs années cumulées, est une condition sine qua non pour atténuer à terme les tensions sociales, la pression sur le marché du travail le fait des jeunes qui représentent 50% de la population active. Il existe une loi économique universelle : le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Et comment avec un si faible taux de croissance pourra-t-on créer 3 millions d’emplois entre 2010/2014 et améliorer le pouvoir d’achat des Algériens. D’autant plus, que l’on assiste au dépérissement du tissu productif, en raison des contraintes de l’environnement des affaires (bureaucratie et corruption notamment) produit de la logique rentière, l’industrie représente à peine selon l’officiel 5% du produit intérieur brut (PIB).

    Pas de corrélation entre la dépense publique et le taux de croissance

    Un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente, un taux de croissance élevé à la période T1, en référence à un taux de croissance faible en référence à la période TO donne globalement un taux de croissance faible. Selon les institutions, le rapport du FMI 2011, le produit intérieur brut l'Algérie est de 158,97 milliards en 2010, 183,4 milliards de dollars en 2011 avec une prévision de 188,6 milliards de dollars en 2012. Or, il y a lieu de souligner la faiblesse de la production et de la productivité du fait que 97/98% des exportations sont le résultat des hydrocarbures à l’état brut et semi brut, les 2.3% hors hydrocarbures fluctuant depuis plus de 20 ans pour un montant dérisoire entre 900 millions de dollars et 1,5 milliard de dollars. Ces 2/3% sont constitués en majorité de produits semi finis, issus eux-mêmes des hydrocarbures et déchets ferreux et non ferreux. C’est que plus de 90% du tissu économique sont constitués de PMI/PME organisées sur des structures familiales, ne possédant pas de management stratégique, ne pouvant pas faire face à la concurrence internationale. Les importations couvrent 70/75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 10/15%. On peut démontrer facilement que le taux de croissance officiel hors hydrocarbures de 5/6% a été permis pour 80% via la dépense publique et qu’il ne reste pour les entreprises véritablement autonomes créatrices de richesses, pouvant évoluer dans un environnement concurrentiel mondial, moins de 20% du produit intérieur brut. Mais fait important, le PIB peut cacher d’importantes disparités et l’indice du développement humain combinant 1/3 du taux de croissance, 1/3 les systèmes socio-éducatifs et 1/3 le système de santé élaboré par le PNUD est beaucoup plus fiable. Cela explique les erreurs d’appréciation des indicateurs globaux de la Banque mondiale et du FMI vis-à-vis de certains pays arabes qui ont connu les révoltes sociales dites printemps démocratique où ces institutions ont omis d’analyser tant le déséquilibre spatial que la concentration des revenus socio professionnelles au profit d’une minorité ans compter les fuites de capitaux hors des frontières de certains dirigeants.

    Le PNUD dans son rapport du 2 novembre 2011 intitulé "Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous", classe l’Algérie à la 96e place sur 187 pays, soit un recul de 12 places par rapport à 2010. C’est que le taux de croissance entre 2011 et 2012 selon le FMI pour l’Algérie est extrêmement faible comparé à la dépense publique. La vraie richesse ne peut apparaitre que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. La dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars, mais faute de bilan on ne sait pas si l’intégralité de ce montant a été dépensé. Dans un Conseil des ministres le dernier trimestre 2011, le président de la République a affirmé qu’entre 2004/2013 plus de 500 milliards de dollars seront mobilisés. Pour un programme d’investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l’ordre de 286 milliards de dollars et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l’équivalent de 130 milliards de dollars (46%) et l’engagement de projets nouveaux pour un montant de près de 156 milliards de dollars. Qu’en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31 décembre 2004 à la fois faute de capacités d’absorption et d’une gestion défectueuses aggravant le déficit budgétaire que l’on essaie d réduire par des manipulations du taux de change. Le jeu à la baisse du taux de change du dinar non prise en compte dans le rapport du FMI, voile le déficit budgétaire réel, gonflant artificiellement la fiscalité pétrolière et donc l’inefficience de la dépense publique. Elle gonfle également artificiellement le fonds de régulation des recettes : une dévaluation de 20% donne une valeur de 20% de plus en dinars algériens calculé par le trésor et la Banque d’Algérie dans leurs bilans annuels. Pour plus de transparence, je préconise que les lois de finances se fonde sur le cours réel du marché des hydrocarbures, que toutes les subventions soient budgétarisées par le parlement lors de l’élaboration de la loi des finances quitte à ce que l‘excédent soit versé dans un fonds pour les générations futures.

    D’une manière générale selon un rapport pour la région MENA 2010, l’Algérie, en comparaison de pays similaires dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats, démontrant une mauvaise gestion pour ne pas dire une corruption socialisée. En fait avec une croissance si faible, alors que le taux aurait du être, supérieur à 10% entre 2004-2012, montrant un gaspille important des ressources financières, les entreprises véritablement productives représentant à peine 20% du PIB, avec le taux annoncé par le FMI on peut en déduire que la création d’emplois productifs couvre environ 25% de la croissance de la population active, les autres créations étant des emplois rentes de segments irrigué par la rente des hydrocarbures,reflétant une économie artificielle. Et l’Etat algérien continue de dépenser sans compter en lançant des projets non fiables à terme économiquement souvent pour des raisons de prestige. Tant qu’il y a la rente. Mais l’Algérie peut-elle continuer de vivre de l’illusion de la renter sur la base d’un cours de 70 dollars pour le budget de fonctionnement et 40/50 dollars pour le budget d’équipement si le cours des hydrocarbures baisse au risque d’une hyperinflation ? Peut-elle continuer dans cette voie suicidaire des assainissement répétées des entreprises publiques de plus de 50 milliards de dollars entre 1971 et 2011, avec des recapitalisations répétées des banques publiques contrôlant 90% du crédit global, malades de leurs clients souvent non bancables, dont plus de 70% des entreprises publiques sont revenues à la case de départ. Cette masse monétaire sans contreparties productives alimente le processus inflationniste.

    Une lecture biaisée du taux d’inflation

    Je doute que le taux d’inflation en 2011 ait été de 4,5% comme l’estime le FMI. Les prix à la consommation ont augmenté de 8,7% au mois de juin 2012 par rapport à la même période de l’année écoulée, situant le rythme d’inflation en glissement annuel en Algérie à 7,3% contre 6,9% en mai dernier selon l’Office national des statistiques (ONS). L’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 8,67% en juin 2012 par rapport à la même période de l’année dernière. Cette hausse est tirée essentiellement par l’augmentation de 10,76% des produits alimentaires, auquel 70% de la population algérienne consacre ses revenus. Une analyse pertinente de l’inflation doit lier le processus d’accumulation, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Certes, le SNMG a plus que doublé en passant de 6.000 à 20.000 dinars, (200 euros au cours officiel, environ 150 euros par mois au cours du marché parallèle) la dernière augmentation ayant lieu en septembre 2011, mais devant déflater par le taux d’inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d’achat. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (200 euros par mois, soit 6,6 euros par jour alors que le kilo de viande est de 10 euros) fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui ont atteint plus de 1.200 milliards DA en 2011, plus de 14OO milliards de dinars en 2O12 (14 milliards d’euros) soit 18% du budget général de l'Etat et plus de 10% du PIB jouent temporairement comme tampon social. Cela renvoie à la situation sociale. Une enquête réalisée par l’Office national des statistiques en 2009, précise que 77,1% des sondés ont reconnu qu’ils n’étaient pas couverts par le régime de la sécurité sociale et plus de la moitié de la population en activité était dépourvue de couverture sociale, soit 50,4% de l’ensemble des travailleurs qui n’étaient pas déclarés à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas). Et sur le plan humain, elles font apparaître que près de cinq millions d’Algériens sont en situation de précarité car ne pouvant ni se faire rembourser leurs frais médicaux et encore moins de pouvoir bénéficier d’une retraite décente puisque les entreprises qui les emploient ne s’acquittent pas de leurs frais de cotisations. D’une manière générale, le processus inflationniste que l’on comprime artificiellement par des subventions montre l’absence de régulation ne s’attaquant aux fondamentaux renvoyant au manque de cohérence et de visibilité de la politique socioéconomique pour préparer l’après hydrocarbures, l’épuisement étant dans au maximum dans 16 ans pour le pétrole, dans 25 ans pour le gaz conventionnel, avec une population de 50 millions. Comme les réserves de change estimées à 193 milliards de dollars au 1er septembre 2012, richesse virtuelle provenant des hydrocarbures dont la facilité est de les placer pour 83% à l’étranger, en partie en bons de trésor américains et en obligations européennes, à des rendements presque négatifs pondéré par l’inflation mondiale, alors qu’il s’agit de les transformer en richesse réelle.

    Force est de constater que depuis 1986, l’Algérie est dans une interminable transition n’étant ni une économie étatisée, ni une véritable économie de marché concurrentielle, dans le cadre de l’interdépendance mondiale à l’instar des pays émergents, expliquant le peu d’efficacité tant de la régulation politique, sociale et économique. Il y a donc risque de tensions sociales croissantes en cas de chute durable en dessous de 80 dollars à prix constants posant la problématique de l’urgence de la diversification de l’économie algérienne, dans le cadre de l’intégration du Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique et des nouvelles mutations mondiales. Cela implique de dépasser l’actuel syndrome hollandais d’une économie totalement rentière, importer étant plus facile que de produire localement. Car existent des possibilités pour augmenter le taux de croissance en Algérie qui recèlent d’importantes potentialités, supposant une nouvelle gouvernance stratégique des institutions et des entreprises. Cela suppose une profonde mutation systémique loin des intérêts de la rente.

    Abderrahmane Mebtoul, professeur d'universités

  • U-E se fout royalement du peuple algerien

    L’Union européenne diffère la publication de son rapport sur les législatives du 10 mai



    Le rapport de la Mission d’observation de l’Union européenne (MOE) sur les élections législatives algériennes du 10 mai dernier sera rendu public au plus tôt en septembre, a appris TSA auprès de l’UE. « En raison de l'indisponibilité des ministres pour la période initialement envisagée pour la présentation du rapport final de la MOE, le chef observateur a décidé de reporter sa visite en Algérie concernant la présentation du rapport final. Celle‑ci aura vraisemblablement lieu au début du mois de septembre », a indiqué notre source. Initialement, le rapport devait être rendu public deux mois après les élections, comme l’avait promis le chef des observateurs, l’Espagnol José Ignacio Salafranca.

     

    Selon nos informations, le rapport de la mission de l’Union européenne va pointer du doigt les entraves à la mission des observateurs dans plusieurs régions du pays. Si les opérations de contrôle se sont plutôt bien déroulées à Alger, les autorités de plusieurs wilayas de l’intérieur du pays n’ont pas facilité le travail des observateurs européens. Tiaret est l’une des wilayas où les observateurs de l’Union européenne ont rencontré le plus de difficultés, selon nos sources. Le wali et les autorités locales ont sérieusement entravé le travail des contrôleurs européens.

     

     

     

    Néanmoins, malgré ces entraves et ces difficultés auxquelles ils ont été confrontés, les observateurs, dans leurs rapports, n’évoquent pas de cas de fraudes importants. Le rapport final, qui sera rendu public en septembre, devrait donc confirmer les premières conclusions de la Mission européenne exposées devant la presse le 12 mai, deux jours après le scrutin. « Les élections se sont déroulées de façon fondamentalement pacifique », avait déclaré José Ignacio Salafranca, lors d’une conférence de presse à Alger.

     

     

     

    M. Salafranca s’était montré prudent à la fois sur la transparence du scrutin et sur les accusations de fraude, formulées notamment par l’Alliance de l’Algérie verte et la Cnisel. « Il y a des critères  additionnels de transparence par rapport aux précédentes élections mais il y a des points pour lesquels il serait possible d’introduire d’autres critères de transparence », avait‑il ajouté. Le chef des observateurs européens avait également regretté la décision du ministère de l’Intérieur concernant l’accès au fichier électoral.
  • Kamel Eddine Fekhar : " Rapport détaillé du complot, de l’enlèvement à la résidence surveillée ;

    21/06/2009
    Kamel Eddine Fekhar : " Rapport détaillé du complot, de l’enlèvement à la résidence surveillée ;

    Ghardaia, le 19 juin 2009

    Le lundi 15 juin 2009, aux environs de 14h 15, j’étais dans l’un des couloirs de la mairie de Ghardaïa avec mon ami Soufghalem Kacem, vice-président de l’Assemblée populaire communale et brusquement et sans préavis, un groupe de civils que je ne connaissais pas s’est jeté sur moi. Et avant la moindre réaction de ma part, les civils m’ont pris par les bras. Lorsque j’ai essayé de me libérer de leur prise, l’un d’eux m’a dit : « police ». Sans me présenter aucun document ni aucun motif d’accusation, tout cela se déroula au vu et au su des fonctionnaires de la mairie et des citoyens présents. Lorsque je leur ai demandé d’ôter leurs mains et de mettre un terme à ces méthodes primitives et agressives, sans raison et en leur disant que je les accompagnerais où ils veulent, pour peu qu’ils m’informent des raisons de tout cela, ils me répondirent brièvement et à travers des regards vengeurs et remplis d’hostilité : « Tu verras et tu sauras tout quand tu arriveras là-bas !! ».

    Puis on m’a conduit à une voiture de police qui se trouvait dans la cour de la mairie.

    Lors de notre arrivée au commissariat central, on m’a introduit dans l’un des bureaux on m’a confisqué immédiatement mon téléphone portable, sans aucune explication quant à mes interrogations. Après une attente de près d’une heure, ils décident enfin de m’interroger. J’ai demandé alors à l’officier responsable les raisons de toutes ces atteintes à la loi, aux droits les plus élémentaires de l’homme et aux règles de l’éthique. Il me répondit en toute simplicité : « Je suis un fonctionnaire et j’exécute les ordres. Je n’ai aucun problème personnel avec quiconque ». Il poursuivit en me disant : « qu’après avoir répondu aux accusations dont je fais l’objet, je regagnerais mon domicile, sans problème !! ».

    Après cela, l’officier sortit une pile de dossiers contenant les accusations portées contre moi. Ils s’agissait d’étranges accusations portées par des commerçants sur instigation d’individus appartenant au parti Ennahda et affiliés à une organisation parasite préfabriquée par le pouvoir et qui est connue sous l’appellation « El A’ayane ». Ces derniers étaient derrière toutes les manœuvres pour briser la grève de solidarité avec le jeune opprimé Mohamed Baba Nadjar. Cette étrange accusation consistait à « avoir brisé la serrure d’un local commercial » et elle ne m’était pas adressée à moi mais au parti du Front des Forces Socialistes (FFS) !!!

    Je me suis soumis à l’officier responsable, alors qu’au fond de moi je n’étais pas convaincu que tout ce spectacle, ces dépassements et ces violations de la loi soient en rapport avec ce dossier ridicule : « un parti politique qui avait brisé la serrure d’un local commercial !! »

    Aux environs de 17h et au moment où j’ai demandé à l’officier de me remettre mon téléphone portable afin de rejoindre mon domicile, on lui ramena un nouveau dossier plus volumineux et qu’il semblait voir pour la première fois. Il s’efforçait de savoir ce qu’il contenait. Il commença alors à m’informer du délit dont j’étais accusé : « incitation à incendie d’un véhicule de police » etpoursuiviten s’étendant en explications – devant mon étonnement et ma stupéfaction – m’apprenant ainsi que monsieur Lemdahkal Omar, détenu pour avoir incendié un véhicule de police en date du 27 février 2009, aurait déclaré dans un PV d’audition de police que « le Dr Kamaleddine Fekhar, responsable du FFS à Ghardaïa lui avait demandé de commettre cet acte contre la somme de 40 000 DA !! » et « que le Dr Fekhar l’aurait conduit chez un psychiatre pour lui délivrer un certificat médical afin de le protéger des poursuites judiciaires !! ».

    La situation était complexe. D’un côté et logiquement je devais rester serein au maximum, car je ne connaissais pas du tout ce monsieur Lemdahkal Omar et j’essayais de me souvenir de l’histoire de l’incendie du véhicule de police. D’un autre côté, et connaissant très bien l’appareil judiciaire, soumis au pouvoir et les expériences précédentes avec cet appareil en commençant avec les événements de Ghardaïa de 2004 après la grève pacifique des commerçants, quand il avait lancé des mandats d’arrêt à mon encontre et contre des militants du FFS et de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme en nous collant les accusations d’incendie volontaire, agression avec armes blanches contre des policiers, rassemblement….etc. Tout comme dans l’affaire Baba Nadjar, lorsqu’ils ont essayé d’exercer des pressions et de marchander avec le jeune Mohamed Baba Nadjar pour coller l’accusation d’incitation au meurtre à un responsable du FFS de Ghardaïa, en contrepartie de sa libération, ce que refusa ce courageux jeune, homme à principes et qui paie, aujourd’hui le prix de cette attitude courageuse. Il est actuellement condamné à la perpétuité, après avoir été condamné à la peine capitale en première instance.

    Il est certain que le dossier d’accusation a été préparé avec une attention particulière, après leur échec patent et la divulgation des détails du complot dans l’affaire Baba Nadjar. C’est pour cette raison qu’ils ne se sont pas lancé dans cette arrestation spectaculaire et cette accusation que ne peut admettre tout être raisonnable, sans avoir préparé tout cela de manière minutieuse et dans les moindres détails. D’autant plus que l’accusé principal dans cette affaire où je suis cité est un individu connu des services de sécurité. C’est un toxicomane et un repris de justice. A partir de toutes ces données, j’ai compris et avec certitude que le pouvoir, comme je l’appréhendais toujours, avait préparé soigneusement un nouveau scénario sale pour mettre un terme à l’activité de l’opposition politique et à toute revendication pacifique des droits et libertés.

    C’est ainsi que j’ai informé immédiatement le commissaire que j’entamais une grève de la faim illimitée, que je ne répondrais désormais à aucune question ni signerais aucun document et qu’ils fassent ce qu’ils veulent.

    Aux environs de 19h 30, ils ont autorisé des membres de ma famille à me rendre visite et j’ai profité de l’occasion pour les informer de la grave accusation préfabriquée et portée contre moi. J’ai demandé aux membres de ma famille d’informer l’opinion.

    Aux environs de 20h, j’ai été transféré dans une cellule du commissariat. Ce qui est étrange, c’est que durant toute ma garde à vue qui a duré près de 30 heures, on ne me proposa aucun repas, même pas un café !! Est-ce une pratique commune à tous ceux que la malchance ramène en ces lieux ou est-ce une pratique et un type d’accueil réservés aux opposants politiques et aux militants des droits de l’homme ??

    Le lendemain, soit le mardi 16 juin 2009 et aux environs de 10h, je fus transféré au tribunal de Ghardaïa en vue de ma présentation au Parquet pour la poursuite des procédures routinières dans pareils cas.

    L’attente fut longue devant le bureau du procureur. J’étais en compagnie de mon avocat, mon frère et Ami, Me Ahmine. Après près de deux heures, on m’a appelé pour être présenté devant le procureur qui avait initialement refusé la présence de mon avocat. Puis il accepta sa présence. ?! La présentation fut très brève. Elle ne dura que quelques minutes. On me demanda alors d’attendre dehors. Après une heure d’attente, la police m’emmena chez le juge d’instruction.

    L’attente fut de plusieurs heures devant le bureau du juge d’instruction, sous prétexte que le dossier ne lui était pas encore parvenu !!

    Vers 17h, le juge d’instruction commença à appeler les parties de cette affaire. Il débuta avec le nommé Hamouda Ali, puis appela l’accusé principal, Omar Lemdahkal. Après un quart d’heure, ce dernier sortit avec le juge d’instruction qui lui posa la question suivante : « Le connais-tu parmi tous ces présents ?? ». J’étais à ce moment assis avec mon avocat dans le couloir en face du bureau du juge d’instruction. L’accusé me regarda dans les yeux et dira textuellement : « je ne connais pas ce monsieur assis devant moi !! ». Et lorsque le magistrat répéta sa question en insistant et en précisant : « Vous ne connaissez pas Fekhar ? », il lui répondit négativement : « Je ne connais pas cette personne !! ». Que s’est-il passé ? Les choses ont-elles changé subitement ? Pour la première fois depuis plus de 30 heures, j’ai entendu une chose différente. J’ai caché mes sentiments en attendant la fin du scénario. 10 minutes plus tard, l’accusé Lemdahkal Omar sortit du bureau du juge d’instruction. Après cela, une autre personne fut appelée chez le magistrat. Il s’agit du dénommé Mouna Hamou. J’ignore sa relation avec l’affaire.

    Un quart d’heure plus tard, le juge d’instruction m’appela, en présence de mon avocat, Me Ahmine. Après les procédures routinières, il me demanda de m’expliquer sur les accusations portées contre moi. Je lui ai répété, comme dans mes déclarations précédentes, que je ne connaissais pas l’accusé par le passé et que je n’avais absolument aucune relation, ni de près ni de loin avec cette affaire. Et je lui ai rappelé la déclaration publique de l’accusé principal dans l’affaire Lemdahkal Omar, lors de sa confrontation avec moi : « Je ne connais pas cette personne ». Et c’est ce que confirma une nouvelle fois le juge d’instruction qui me dira textuellement : « Aucune partie de cette affaire ne vous a reconnu et tous ont nié vous connaître par le passé, à commencer par Lemdahkal Omar, ainsi que Hamouda Ali et Mouna Hamou » !!

    A partir de ce moment, et en toute spontanéité, je pensais que le cauchemar allait se terminer et que j’allais quitter ces lieux pour rejoindre mon domicile après avoir reçu des excuses pour tout ce que j’ai subi ainsi que ma famille et tous mes amis, à cause de cette accusation qui s’est avérée fausse. Quelle naïveté ? Contrairement à tout cela, le juge d’instruction pris une décision qui ne se réfère à aucune logique ni aucune loi, malgré que l’accusé principal ait affirmé ainsi que les autres que je n’avais aucune relation avec l’affaire. Cette décision consistait à me mettre sous contrôle judiciaire avec confiscation de mon passeport et ma présentation tous les mercredis au bureau du juge d’instruction. C’est ainsi que je ne pourrais pas voyager à l’étranger tout comme je ne pourrais m’absenter plus d’une semaine de mon lieu de résidence. C’est une forme de résidence surveillée.

    Pourquoi toutes ces violations criardes de la loi ?? Pourquoi toute cette haine et cette hostilité ? Et pourquoi ce désir de représailles et de punition avec des méthodes immorales et en utilisant les moyens de l’Etat et à leur tête l’appareil sécuritaire et plus particulièrement l’appareil judiciaire ? Tout cela contre un citoyen qui milite dans le cadre de la loi, au sein d’un vieux parti politique agréé et au sein d’organisations des droits de l’homme agréées, pour la démocratie, la défense des droits de l’homme et des libertés et avec des moyens pacifiques.

    Mais, comme dit l’adage : « à toute chose malheur est bon ». Face à ce mal, à cette fourberie, à cette injustice, à cette hogra, à ces agressions et à cet arbitraire, sont apparues et avec force dans le ciel d’Algérie de nobles vertus de solidarité, de sympathie publique et de défense des droits, malgré toute la puissance de l’oppresseur. Je profite de l’occasion pour remercier profondément et exprimer toute ma reconnaissance à tous les amis et frères en Algérie et à l’étranger qui ont pu grâce à leur pression et mobilisation rapide et continue, empêcher et éventrer ce complot, me sauvant inévitablement de la prison. Je les invite à nous mobiliser ensemble pour annuler la décision inique du juge d’instruction consistant à ma mise sous contrôle judiciaire qui ne diffère pas beaucoup en réalité de la mise sous résidence surveillée.

    Je fais à mon tour le serment de poursuivre ma lutte, quelque soient les défis et les intimidations, pour l’instauration de la démocratie et d’œuvrer pour le respect des droits de la personne humaine et de toutes les libertés.

    J’en appelle à tous nos Amis et à tous nos frères pour constituer un front uni en vue d’un travail coordonné et continu, chacun selon ses capacités et sa situation et quelle que soit son appartenance, en vue du changement de ce système dépravé et pourri, qui perdure avec ses injustices et dont on ne peut rien espérer.

    Kamel Eddine Fekhar