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Ouyahia-Belkhadem, un même combat : l’idéologie de la rente

 

 

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Les deux compères : Belkhadem-Ouyahia

"Un roi fit venir un économiste. Celui-ci arriva avec une encyclopédie en 18 volumes ; le roi le fit mettre à mort. Le second arriva avec un gros dictionnaire ; le roi le chassa. Un troisième vint et dit : "Sire, un repas gratuit, cela n'existe pas" ; le roi le nomma premier ministre." Milton Friedman

Il n’existe pas un homme politique au monde qui accepte d’être à la tête d’un honorable gouvernement quand il se sait faisant parti d’une formation ayant obtenu aux dernières consultations législatives moins de la moitié de la totalité d’un principal rival. Encore moins un Etat digne possédant à ses commandes un illuminé qui désigne un adjoint pour le soutenir dans une faction perdante au cours d’un grand vote populaire.

Après 136 sièges glanés dans les élections de 2007, le FLN se voit confier le rôle de la chefferie du gouvernement et c’est le ne-rate-rien de Belkhadem qui sera Premier ministre. Mais le président de la République qui dispose d’une Constitution à la Merlin-Pinpin le zigouille une année après pour mettre à sa place le leader de la formation qui a obtenu 61 sièges, en l’occurrence Ahmed Ouyahia. Ça se raconte, la blague, que les deux partis, avec le MSP de Soltani, le nahnahien, se regroupent en "alliance présidentielle" afin de laisser accroire aux populations, habituées au banditisme de l’urne et à tous les fourbis au sommet, qu’une majorité forte et intelligente encadre le chef de l’Etat dans ses gesticulations médiatico-administratives, au demeurant fort oiseuses.  

Régenter par l’absurde

Toutefois le commun du réflexe de moralité, d’un côté comme de l’autre, c’est-à-dire du point de vue de la Présidence et de l’avis de la formation du RND, la plus simple et juste courtoisie était que le successeur du secrétaire général du FLN à la tête du gouvernement soit un cadre de ce parti. Au moins, zâama, pour que l’opinion qui veut se faire la corvée de suivre le gigotement des dirigeants algériens pour donner l’impression d’être utile à leur pays, parvienne à dessiner des contours de rationalité dans l’intelligence globale qui doit normalement unir et déterminer ces trois partis, au demeurant dérobés dans les multiples interfaces de l’Administration, des armes et de la mosquée.

Quand l’idée même de désigner le chauffeur de Belkhadem à sa place au poste de numéro deux de l’Etat ou qu’Ouyahia cède demain sa fonction à son coiffeur n’étonne ni n’intéresse désormais outre mesure les citoyens sains d’esprit de ce pays ; parce qu’ils n’ignorent finalement plus que leurs concitoyens qui s’acoquinent dans les relations de pouvoir finissent avant la sénilité par croire eux-mêmes à leurs conceptions paranoïaques de leur pays, d’abord que l’Algérie est une jolie poubelle chargée d’intéressants vestiges de denrées à ramasser face à laquelle il suffit juste d’avoir des mains prédestinées et le teint de visage à l’épreuve de toutes les formes d’irradiation pour s’en servir.

De l’origine du mal

Ce n’est par le combat politique dans le sens d’une passion sociale pour une cause claire et précise que les deux compères, le chef du RND et le patron du FLN – je ne sais pas pourquoi je suis vraiment triste d’être chaque fois obligé d’écrire ces trois glorieuses lettres pour parler de cette ubiquité associative qui porte atteinte à la dignité des habitants de ce pays qui ne tardera pas par parvenir à dégoûter les purs nationalistes de tous les noms de martyrs de la planète - sont arrivés dans les rênes du pouvoir comme on expliquerait classiquement qu’un socialiste sacrifie-t-il sa jeunesse pour faire valoir, par exemple, des lois et des textes d’application dans son environnement patriotique pour de grosses taxes sur les fortunes et le bénévolat dans l’exercice parlementaire, pour la promotion du mouvement syndical libre et autonome et le droit au travail et à la formation pour la jeunesse.

Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem ont rencontré Larbi Belkheir, l’"entrepreneur" de l’après-Boumediene, chacun dans son petit coin ; nationaux  natifs quasi lambda vaquant normalement à leur métier d’anodins citoyens, le premier arrivé par hasard à la Présidence pour accomplir son service militaire à titre civil, diplômé de l’Ena, le second dans un lycée de Tiaret enseignant puis gérant, dans lequel gravitait une espèce d’aura familiale respirant l’odeur du colossal cacique frendi. Et ensuite, le régime algérien marchant sur la tête au lieu de l’intérieur qui réussit à mettre les aventuriers et les opportunistes au-devant des scènes d’intérêt matériel, comme - c’est prouvé – les imams laissent faire les gros spéculateurs de lucre qui s’installent derrière eux pour les prières, l’un et l’autre, donc,  se retrouvent-ils côte à côte pour servir un programme présidentiel dont je défie le plus érudit dans notre cher pays de nous dire lequel, autrement dit sur quelle perspective d’humanité claire il est possible de l’esquisser.

Alger entre le Hidjaz et la tour Eiffel

Ouyahia éradicateur ? Où, quand et comment s’est-il donc habillé en combat pour affronter la menace armée ? Les citoyens ont vu plutôt Abdelhak Benhamouda le faire bien avant d’inventer le Rassemblement national démocratique raflé au vol juste après sa mort par une bureaucratie discursive dont faisait partie l’actuel chef du gouvernement. Belkhadem wahhabo-zaouiiste, sentant les frappes de Liamine Zeroual sérieusement porteuses, se rallie du côté des forts toutefois un talent complet calé sur la carpette. Mais tel un prédateur devinant l’approche d’une proie, il subodore un compromis à la sollicitation de Liamine Zeroual et il se met à orchestrer une manipulation unique en son genre dont l’intègre Ali Benflis paiera les frais. Il récupère Sant'Egidio au sein même des mouvances dans le parti de Abdelhamid Mehri. A l’arrivée de Bouteflika, il comprend la danse qui consistera à dédramatiser coûte que coûte, tant sait-il que les islamistes les plus pernicieux et les plus riches sont dans sa formation.

Pour dire les choses plus clairement, c’est justement cette "alliance présidentielle-là" que Liamine Zeroual refusait en démissionnant. Il était intéressé par les consultations mais il ne voulait pas d’une action nationale, un pied à Athènes un autre à Spartes, c’est-à-dire un Etat qui ne sort de la tourmente que grâce à la bénédiction de Riyad et de Paris.

Ce n’est pas le cas pour les larrons en foire, Belkhadem et Ouyahia, le couple du nec plus ultra de l’idéologie de la rente. Qui officieraient avec n’importe quel chef d’Etat qui ne perd pas de vue qu’ils sont de la servitude la plus abjecte, capable de graves actions antinationales n’étonnant pas que l’après mai 2012 ferait de ce pays  une nouvelle pauvre Algérie, franco-saoudienne, qui achète et dépense dans la langue de Molière et prie et prêche dans celle de Mohamed Abdou, le crooner.

Nadir Bacha

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