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FLN : retrait de confiance à Belkhadem

ils étaient plus de 220 membres du comité central à demander son départ

 

Par : Azzeddine Bensouiah

La cour du siège central du FLN était hier le théâtre d’un putsch initié par les redresseurs et les pro-Benflis scandant : “Belkhadem dégage !”

Les frondeurs ont réussi à rassembler leurs troupes, mais pas seulement, puisque les redresseurs et les pro-Benflis se sont joints au concert pour crier tous ensemble : “Belkhadem dégage !” sous les fenêtres de ce dernier. Dehors, une forte présence policière est constatée. Discrète et se tenant loin des locaux du FLN, elle était là pour parer à un éventuel débordement, lequel n’aura pas lieu.
La session extraordinaire à la quelle les frondeurs avaient appelé ne s’est pas tenue. “On ne peut pas tenir une réunion dans une cour. Une session ordinaire, cela suppose que les cadres s’expriment et débattent”, explique Boudjemaâ Haïchour.
Les gardes du corps de Belkhadem étaient sur place. Lui “se cacherait dans son bureau et nous regarde de derrière les rideaux”, affirment beaucoup de cadres.
Les frondeurs ont été empêchés de tenir leur réunion au sein du siège central du parti. La salle de réunion était fermée et les téléphones des cadres du parti, qui disposent de bureaux au sein du siège, coupés.
N’empêche, ils étaient nombreux, hier, à Hydra. Les frondeurs affirment avoir dépassé les deux tiers des membres du Comité central. On continuait, d’ailleurs, dans la cour à rassembler d’autres signatures. Les redresseurs ont fait une entrée remarquée, longuement saluée par la foule. Mohamed-Seghir Kara nous dira que “ce qui nous réunit, c’est le départ de Belkhadem”. Si Affif et, tardivement, Saïdani arrivent au siège central du parti, visiblement gênés de ne pas jouer les premiers rôles. Si Affif a d’ailleurs perdu son sang-froid devant un journaliste qui lui rappelait qu’en tant que membre du bureau politique, il avait cautionné les listes concoctées par la direction du parti.

La revanche de Benflis ?
Même son de cloche chez les pro-Benflis qui voudraient profiter de la situation pour replacer l’ex-Chef du gouvernement et candidat malheureux à la présidentielle de 2004 aux commandes du FLN, lui qui avait été destitué par “la justice de la nuit” au profit de Belkhadem.
Les Boukerzaza et autres anciens cadres de l’UNJA étaient présents en force. Un ancien cadre de l’organisation juvénile nous confie que “cela fait cinq ans que je n’ai pas mis les pieds au siège central tellement l’ambiance était irrespirable. Moralement, Belkhadem devrait venir présenter sa démission. Quand on a tous les cadres et tous les militants contre soi, on doit se retirer”. Badis Boulouednine, coordinateur du mouvement des jeunes, affiche clairement la couleur. “Nous demandons le retour de Ali Benflis.” Il est revenu sur sa rencontre avec Belkhadem, au moment de la confection des listes. Le mouvement avait demandé à ce que les ministres, les membres du bureau politique et les députés ayant accompli deux mandats ne soient pas représentés. Or, l’exception accordée à trois ministres est perçue comme une trahison. “Belkhadem m’a affirmé qu’il subissait des pressions de l’extérieur, sans pour autant dire de quelle partie”, affirme notre interlocuteur, qui s’en prend à Tayeb Louh. “Il se prévale du soutien du frère du président. Regardez ce qu’il a provoqué à Tlemcen, où il s’est présenté. 47 kasmas de Tlemcen sont contre lui.”
Mais l’option Benflis est-elle encore viable ? Pour ses partisans, il n’y a aucun doute et ce serait le meilleur scénario pour le parti. N’empêche que cette option ne rassemble pas tous les membres du CC et, de surcroît, elle constitue un pari risqué. Il ne faut pas oublier que le président d’honneur du parti est toujours Abdelaziz Bouteflika, lequel n’a jamais admis “la trahison” de Benflis qui “a osé” se présenter contre lui en 2004. Dans leur communiqué d’hier, les signataires avaient clairement affiché leur soutien au président de la République. On est, donc, en face d’un forcing des pro-Benflis, pour son retour au-devant de la scène, et c’est de bonne guerre, d’autant plus qu’à l’heure actuelle, il n’y a toujours pas de noms qui se dégagent pour la succession de Belkhadem à la tête du FLN. Il est clair que cette sortie des pro-Benflis s’apparente beaucoup plus à une manœuvre visant leur retour dans les organes de la direction du parti, après avoir été victime d’une véritable purge en 2004.

“Belkhadem dégage !”
Un ancien député est furieux contre Belkhadem. “S’il avait un peu de dignité, il aurait démissionné. Il n’a pas honte. Il confie à ses deux fils la tâche de faire des sondages et de décider qui serait apte à représenter le parti. C’est du jamais vu au FLN !” Kassa Aïssi, le porte-parole du parti, est allé directement vers son bureau, sans prononcer un mot. C’est que la direction du parti avait affirmé, la veille, n’avoir pas reçu de demande pour la tenue d’une session extraordinaire du comité central. “C’est faux, Belkhadem est un menteur. Voilà la demande”, exhibe Mohamed Bourzane, mandaté pour lire la déclaration des membres du comité central. Cette déclaration reprise intégralement par l’APS laisse supposer que Belkhadem est lâché de toutes parts. 220 membres du comité central ont décidé, donc, de retirer leur confiance au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, et au bureau politique.
Les signataires de la déclaration demandent la convocation d’une session extraordinaire du comité central, et ce, “dans les plus brefs délais” afin de “pouvoir dans le cadre de la légalité et de la démocratie sauver le parti et corriger sa trajectoire par l'élection d'une nouvelle direction pour la gestion de ses affaires”.
Les membres du CC ont imputé à M. Belkhadem et son bureau politique l'entière responsabilité de l’élaboration des listes “sur la base du népotisme, des allégeances et de l’influence de l'argent, lesquels ont suscité des foyers d'anarchie et de division dans les rangs du parti”, a ajouté le communiqué.

Et maintenant ?
Les frondeurs ne veulent, toutefois, pas compromettre l’avenir du parti. Même s’ils contestent les listes élaborées par Belkhadem et son bureau politique, ils appellent à la participation pour la réussite des prochaines élections législatives en vue de “préserver le leadership du parti et du courant patriotique”. Donc, ils soutiendront les listes du parti, avec une précision de taille “sans le secrétaire général actuel et son bureau politique qui ont perdu leur légitimité et leur crédibilité”.  Ira-t-on jusqu’à empêcher Belkhadem et son bureau politique d’animer la campagne électorale du parti ? Wait and see. Selon Mohamed Bourzane, “la tenue d'une session extraordinaire du Comité central du parti exige la collecte de 230 signatures”. Le comité central est composé de 351 membres. Une affirmation qui vient démentir les propos de Boudjemaâ Haïchour, lui, qui affirme avoir dépassé les deux tiers des membres du comité central. Pour Boudjemaâ Haïchour, “la rencontre de lundi est un tournant dans la vie du FLN”. Tout en saluant cette levée de boucliers des militants de base “sans aucune intervention”, il a estimé que les militants discutaient librement du devenir de leur parti. “C’est ça la démocratie interne.” Il martèlera que “nous ne voulons pas de ce type (Belkhadem, ndlr) qui s’est présenté dans la peau d’un allié d’une autre force politique (les islamistes) pour 2014”. Les frondeurs comptent démettre au plus vite Belkhadem, lors d’une session extraordinaire du comité central “pour rester dans la légalité”. Ensuite, un directoire prendra en charge la gestion des affaires courantes du parti, à commencer par la campagne électorale des législatives, pour appeler, ensuite, à la tenue d’un congrès d’où devrait être issue la nouvelle direction du parti.
En attendant, Belkhadem s’accroche toujours à son poste, refuse d’abdiquer et compte jouer la montre, dans la mesure où la campagne électorale débutera dimanche prochain. Dans un entretien à l’APS, le chargé de communication, Kassa Aïssa, a qualifié d’“action de protestation”, la réunion des membres du CC indiquant que leur nombre n’a pas dépassé la soixantaine. Cela étant, ajoute encore Kassa Aïssa, “nous avons enregistré cette action que nous allons étudier dans son cadre et faire la juste appréciation de son impact ainsi que sur l’ensemble de ses aspects”.

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