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Bouteflika absent, les ministres assurent la permanence !

 

Par Le Matin

 

 

Dans un entretien donné à RFI, le ministre des Affaires étrangères a affirmé qu’il ignorait si le président sera candidat ou pas à la présidentielle.

 

Abdelaziz Bouteflika Abdelaziz Bouteflika

 

Ramtane Lamamra n’est pas tout à fait dans le secret des dieux. Eh oui, s’il est sûr que "Bouteflika va bien", il ignore en revanche s’il va se représenter ou pas à la présidentielle. "Je ne saurais vous le dire. Il choisira le moment où il s’exprimera sur cette question", a-t-il avancé. Pourtant il y a deux jours une chaîne de télévision, Ennahar, assurait lundi "de sources oifficielles" pendant qu’elle retransmettait en direct la conférence de presse d’Amar Ghoul, que "Bouteflika allait d'une manière imminente annoncer sa candidature". Quelques jours auparavant, c’est Amar Saadani, chef contesté du FLN, qui avançait sans ciller que Bouteflika allait se représenter à la présidentielle. 

 

Dans le fatras des assertions des uns et des autres, tout le monde s’accorde à dire que la candidature pour un quatrième mandat ne va pas sans un bilan de santé irréprochable. Sur ce point, les déclarations rassurantes de Lamamra, où d’Amara Benyounès ne tiennent pas devant l’image que renvoie le président à chacune de ses apparitions. Jeune Afrique révélait à ce propos toutes les peines du monde qu’avait eu le président à signer la loi de finances et surtout la manière avec laquelle s’était préparé le conseil des ministres. 

 

Ainsi, écrit l’hebdomadaire, "pour éviter tout risque d'infection, ces derniers n'ont eu le droit ni de l'approcher ni de lui adresser la parole. Munis d'écouteurs, ils se sont efforcés de deviner ses paroles. "Parfois ses lèvres bougeaient sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche", confie l'un d'eux. Tout de suite après a eu lieu la signature de la loi de finances. Bouteflika s'apprêtant à apposer son paraphe sur la mauvaise page, Ahmed Noui, le secrétaire général du gouvernement, a été contraint de lui indiquer le bon endroit. Au journal télévisé de 20 heures, la séquence a été coupée au montage." 

 

Par ailleurs, si vraiment le président s’est rétabli, qu’attend-il pour reprendre ses activités, la parole devant les Algériens ? Pourquoi il charge systématiquement le Premier ministre ou le patron de l'Assemblée de le représenter à l’étranger ? L'Algérie peut-il donc se permettre d'être dirigée par un homme malade ? Vraisemblement, pour le gouvernement. 

 

Dans le même entretien Ramtane Lamamra affirme aussi que "l’Algérie va bien aussi". A l’entendre, on a le sentiment qu’il voyage beaucoup et oublie ce qui se passe dans le pays profond. Doit-on lui rappeler que toute une ville est depuis des semaines en proie à des affrontements avec des victimes sanns que le gouvernement n'ait pu faire quoi que ce soit ? Des fraudes au concours dans une université d'Alger (Bouzaréah) ont été dénoncées sans que le ministre de tutelle ne bouge le petit doigt. Des malformations dans une autoroute réputée la plus chère au monde, avec la aussi des victimes sans que le ministre des Travaux publics ne s'en inquiète. Le cynisme affiché à chaque crise ou drame est un signe manifeste que la vie des Algériens compte peu aux yeux des gouvernants.

 

Les Algériens auraient aimé croire le ministre des Affaires étrangères, mais la réalité est tristement tout autre. Le pays est dans un coma profond. Dans l'attente. Et ce ne sont certainement pas les 72 candidatures à la présidentielle qui donneront quelque crédit à cette dernière. Loin s’en faut quand on connaît les rouages du système politique qui dirige le pays. "La déliquescence des institutions politiques et administratives a atteint des niveaux qui menacent gravement la cohésion sociale et nationale et la sécurité des populations dans un environnement régional et international problématique", écrit le cercle Nedjma dans un appel pour une deuxième république.

 

Yacine K.

 

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