Purges, luttes de clans, coups bas, en pleine fièvre présidentielle, le débat s’enflamme. Pour qui ? Pour quoi ? A voir. Car au-dessus du volcan sur lequel dansent ces langues de vipère, il y a surtout l’Algérie qu’on a tendance à oublier.
Certains se frottent les mains. Bouteflika va débarquer Toufik, l’inamovible patron du DRS. D’autres s’inquiètent du pouvoir grandissant du clan présidentiel. Décidément, le pays croule sous les vents contraires. Les coutures de la République cèdent une par une pour laisser place aux règlements de comptes les plus indécents. On n’est plus dans la pratique politique. L’a-t-on été un jour d’ailleurs ? La situation est extrêmement grave. A tous points de vue. Quelques éléments d’appréciation.
Attaque contre le DRS
Le pouvoir n’a décidément pas de boussole morale. En pleine présidentielle, le débat vire aux règlements de compte en haut lieu. Cependant, on a envie d’être naïf et se poser la question : pourquoi donc Saadani et les autres soutiens patentés du président s’attaquent ici et maintenant au général Toufik ? A-t-il donc commis une faute grave ces derniers jours pour subir les foudres du patron controversé de l’ancien parti unique ? Que nenni, du moins officiellement. Car toutes les raisons qu’avancent aujourd’hui Amar Saadani pour mener à l’échafaud le patron du DRS ne sont plus de saison. A leur époque Saadani n’avait rien dit. Saadani glisse argue que Bouteflika veut mettre un terme à l’intrusion du DRS dans la politique. Bonne nouvelle. Mais il se trouve qu’on quelque peine à le croire pour plusieurs raisons. Car s’il y a bien un pouvoir qui a neutralisé les partis réfractaires, paralysé le pays, interdit d’activité les syndicats et fermé l’espace public au débat c’est bien le président Abdelaziz Bouteflika.
Mais alors pourquoi ces raisons de la colère maintenant ? Une seule explication : le 4e mandat du président.
Bouteflika, un mandat à vie
Bouteflika est toujours en convalescence. Il est aphone, aucune déclaration ni sortie publique depuis plusieurs mois. Le concerné lui-même ne s’est pas déclaré candidat. Qu’importe, d’autres s’occupent de le faire à sa place. Pourquoi diable cette agitation à reconduire un homme âgé de 77 ans, malade qui a lui-même reconnu que son temps est révolu ? La stabilité avancée comme argument ne tient pas la route. Pire il y a quelque chose d’inconséquent, de cynique dans cette entreprise qu’un cercle restreint s’emploie à imposer au pays.
Le général Toufik en retraite
Patron du DRS depuis 1990, on peut comprendre qu’il faille que celui qu’on surnomme Toufik parte à la retraite et cède sa place à un cadre plus jeune. Mais pourquoi Bouteflika ainsi que le vice-ministre de la Défense dont l’âge dépasse de loin celui de Mediene ne se retirent-ils pas eux aussi ? Leur départ tous comme ils sont aurait été une entreprise de salut public pour laisser place nette à une présidentielle transparente. Elle serait salué par tous les patriotes sincères. Cependant on en est loin de cette hypothèse. Car ni le président, ni son vice-ministre ne sont prêts à pantoufler tranquillement chez eux. C'est dire qu'il y a décidément quelque chose de malsain.
Malheureusement, ce qui se joue actuellement dans les hautes sphères du pouvoir coûtera très cher à l’Algérie. Car, c’est du destin d’un pays pris en otage par une clique qu’il s’agit. Et de rien d'autre. Le devenir de Saadani, de son mentor et des autres relève de l'anecdote devant l'avenir de l'Algérie.
Yacine K.