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  • ALGERIE:Zelboun et les tribus oubliées

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    C’est à propos d’un affrontement ayant eu lieu très récemment entre deux tribus-villages, les Zelboun et les Beni Mester, qui se sont opposés à l’arme blanche pour des problèmes de territorialité, occasionnant de nombreux blessés. Mais qui sont les Zelboun ? Une tribu parmi tant d’autres, tout comme les Djaâfra et des Whaiba, autres tribus qui se sont affrontées pour une récolte, les Whabia s’étant déjà battus avant contre les Krarma pour une autre histoire de terrain agricole. En l’absence de réelles règles démocratiques et de processus d’arbitrage, c’est autour de l’espace, de la terre et du territoire que les luttes se déchaînent et si ces affrontements tribaux ne sont en réalité pas très nombreux, ils permettent de découvrir l’existence de tribus oubliées.

    En décompte de presse, les Ouled Abid se sont battus contre les Nememcha à Bir El Ater et les Bouloufa ont affronté les Khalfaoui à Aïn El Hadjar. Près de M’sila, un violent litige foncier a aussi éclaté entre les Maarif et les Baniou, de même que les Goug et les Beldet Amour en sont venus aux mains à Temassine, près de Ouargla. Enfin, au mois dernier, de sanglants affrontements tribaux ont réveillé la paisible population de Boualem.

    D’Alger, ces guerres territoriales sans fin entre tribus ennemies donnent l’air d’une épopée préhistorique, alors que même dans les grandes villes, les épiques batailles entre «beni âriane», ces «nus» organisés en bandes rivales, défraient régulièrement la chronique, tout comme ces affrontements quasi permanents entre les Ouled Lala (manifestants) et les Beni Hamel (du grand ârch de la DGSN). L’Algérie ? Combien de tribus ? On ne le sait pas vraiment, mais pour 2014, la bataille s’annonce rude. Qui va gagner cette guerre de l’espace pour détrôner la tribu de Sidi Boumediène ? Les paris sont ouverts et, pour notre part, nous misons sur les Zelboun. Juste pour leur nom si romantique.

     

    Chawki Amari
  • Le peuple, l’intelligentsia, le système mafieux et la problématique du changement

     

    Posté par Rédaction LQA on sept 8th, 2012 // 9 Commentaires - [ ]

    Adel Herik

     « Encore un énième état des lieux! », diront certains.

    Oui, mais en attendant que le miracle s’accomplisse et que la solution qui nous permettra de nous débarrasser du pouvoir mafieux se trouve à portée de main, nous n’avons d’autre choix que de cogiter, encore et encore, afin de comprendre le problème qui se pose à nous – celui du changement – dans tous ses aspects et ses implications et d’explorer toutes les voies qui sont susceptibles de nous mener à la solution.

    Le changement, pourquoi faire?

    « Pourquoi voulez-vous qu’il y ait un changement dans notre pays? », nous demanderont d’autres. « Voudriez-vous que nous revenions au point de départ, celui de juin 1991, qui a vu les militants du FIS occuper les places publiques d’Alger, demandant à Chadli – surnommé Mesmâr  Dj’ha par Abassi Madani – de se démettre et d’organiser des élections présidentielles anticipées? Vous avez bien vu où cela nous a menés! Notre pays vient à peine de sortir de la terrible tragédie des années 90 et vous voudriez encore le replonger dans de nouvelles turbulences? Non, merci. Et puis, si c’est pour ramener au pouvoir un nouveau parti unique islamiste qui nous imposera un nouveau bâillon et implantera l’économie de bazar, mieux vaut vivre en paix dans la semi-démocratie actuelle. Celle-là, au moins, nous la connaissons. Prenons notre mal en patience, les choses finiront par s’améliorer graduellement. Les vieilles croûtes au pouvoir aujourd’hui, les boutef, toufiq, nezzar, DOK, zerhouni et compagnie, finiront bien par passer l’arme à gauche un jour ou l’autre et une nouvelle génération plus instruite, plus compétente et plus ouverte prendra les commandes du pays. »

    Le changement de système de gouvernement est-il vraiment nécessaire? Pourquoi? Évidemment, la réponse à cette question dépend beaucoup de la situation personnelle de chacun. Il est certain, cependant, que tant qu’une grande majorité de la population n’est pas convaincue que sans changement de système de gouvernement la situation de notre pays et celle des Algériens et Algériennes – en dehors, bien sûr, de ceux et celles qui occupent le sommet de la pyramide – ne fera que se détériorer, il n’y aura pas une pression populaire suffisante qui rendra le changement inéluctable et forcera la classe dirigeante à procéder à de véritables réformes ou laisser la place à d’autres. Cette pression populaire est aujourd’hui très faible : seules quelques associations et groupes de militants, dont le nombre est malheureusement très réduit, osent crier leur rejet de l’incompétence et de l’abus de pouvoir dont font preuve les représentants de l’État. La Justice aux ordres du pouvoir mafieux et son appareil sécuritaire surdimensionné se chargent très vite de les faire taire en les mettant derrière les barreaux, dans l’indifférence générale. Cette indifférence de la population, pour ne pas dire sa totale passivité, est un obstacle de taille sur la voie du changement.

    Le changement, et après?

    Alors que la grande masse du peuple, bien qu’étant quotidiennement confrontée à toutes sortes de problèmes et constatant la dégradation continue de la qualité des services publics et du cadre de vie en général, ne fait rien pour manifester son rejet du système mafieux responsable, par sa corruption, son incompétence et sa totale absence de vision, de cet état de fait, et détourne la tête pour ne pas voir les militants que le pouvoir mafieux emprisonne pour un oui ou pour un non, l’intelligentsia opposée au pouvoir, bien qu’étant parfaitement consciente de la nécessité de mettre fin à ce système mafieux, se noie souvent dans une dialectique sinueuse et use ses nerfs et ses claviers dans des combats douteux aux enjeux parfaitement illusoires.

    Ainsi, cette intelligentsia n’arrive toujours pas à dépasser la dichotomie État islamique – État démocratique (laïc?). Dans ce milieu (virtuel?) relativement confiné, où les claviers crépitent en permanence – le mien tout autant que les autres, soit dit en passant  :-D –, les débats tournent toujours – quand ils ne virent pas à l’insulte, l’invective et la foire d’empoigne –  autour de la confrontation entre « islamistes » et « modernistes », islam et Occident, chariaa et laïcité. Ceux et celles qui essaient patiemment de dépasser ce stade de confrontation, en tentant une synthèse entre les deux termes de la contradiction, arrivent difficilement à se faire entendre. Même le retour à la déclaration du 1er novembre 1954, qui parle de l’édification d’un « État démocratique et social dans le cadre des principes islamiques » n’arrive pas à mettre définitivement fin à la division des rangs de cette intelligentsia en deux camps antagoniques. « Quelle démocratie? », demandent les uns, « Celle qui interdit le hidjab et veut confiner la religion dans les cœurs dans un pays où la population est musulmane à 99%? »  « L’islam, oui, mais pas pour en faire un tremplin pour la conquête du pouvoir et la suppression du peu de libertés qui existent », renchérissent les autres. Bref, au niveau de cette intelligentsia plus déboussolée et perplexe que jamais, chacun met ce qu’il veut dans le concept de changement et refuse obstinément de concéder à l’autre la moindre parcelle de terrain.

    Les voies du changement seraient-elles  impénétrables?

    Passivité et indifférence de la population, division de l’intelligentsia sur le type d’État à mettre à la place du système mafieux : voilà déjà deux obstacles majeurs sur la voie du changement. Ce ne sont, hélas, pas les seuls. En effet, en sus de la division au sein de l’intelligentsia entre partisans de l’État islamique et partisans de l’État démocratique (laïc?), il y a aussi une autre division en deux camps : les tenants de la méthode du tsunami populaire et ceux qui penchent plutôt pour un travail de sensibilisation et de mobilisation par l’intermédiaire des partis politiques.  Une troisième méthode a également des adeptes : de temps à autre, l’Armée est appelée à prendre ses responsabilités, afin d’imposer le changement et dégager les vieilles croûtes dont les rides enlaidissent le paysage politiques. Changement imposé de l’extérieur du système – tsunami populaire ou action des partis politiques – ou de l’intérieur – par le biais d’un coup d’État mené par un groupe d’officiers au sens patriotique particulièrement aiguisé : voilà les alternatives qui s’offrent à nous s’agissant de la méthode.

    Chacune de ces voies présente un certain nombre de difficultés. Pour ce qui est de la voie du soulèvement populaire, la plus grosse difficulté réside dans la totale imprévisibilité d’un tel phénomène. Quel est le rôle de l’intelligentsia? Doit-elle attendre que la population descende massivement dans les rues pour s’y précipiter aussi, afin d’encadrer et orienter le mouvement? Ou bien doit-elle réfléchir à la meilleure manière de provoquer ce soulèvement – jugé inéluctable – le plus vite possible?

    La voie de l’action partisane, si elle permet à l’intelligentsia de définir clairement son rôle – c’est celui du schéma classique de la révolution bolchévique de 1917, qui reste, pour certains, le modèle parfait de toute révolution populaire des temps modernes –, présente du point de vue de ses détracteurs maintes failles. L’argument que ces derniers avancent le plus souvent afin de disqualifier cette méthode est l’apport quasiment nul à la dynamique du changement de tous les partis politiques qui existent déjà – en dehors du FLN et du RND, qui sont les partis du pouvoir mafieux – depuis 1989, c’est-à-dire 24 ans. Ces partis – même celui de la sémillante Louisa, qui l’eut cru, et peut-être aussi le  « vieux » FFS – ont tous fini par être mis en orbite autour du pouvoir mafieux par le machiavélique DRS. Comme un rat des champs fasciné par le serpent qui s’apprête à le dévorer, ces partis sont totalement paralysés et tournent à vide, pendant que leurs chefs s’adonnent au sport favori de la classe politique algérienne qui gravite autour du pouvoir (il s’agit, vous l’aurez deviné, de la conjugaison du verbe manger à la mode de chez nous).

    Reste la solution du patriote en treillis – une sorte de réincarnation du colonel Boumediene à l’ère du cyberespace – qui se réveillerait un bon matin de son long sommeil pour prendre le taureau par les cornes, convoquer quelques lieutenants tout aussi mal réveillés que lui, se rendre aux Tagarins, sortir toufiq de son bureau et l’embarquer dans une jeep, puis dévaler en trombe le boulevard Frantz Fanon, emprunter, toutes sirènes hurlantes, le boulevard Salah Bouakouir, puis l’avenue de Pékin, jusqu’au Palais d’El-Mouradia, où se niche le petit boutef, le prendre par le collet et le traîner jusqu’à la jeep où il irait, pauvre petit vieux chauve terrifié et tremblant de tous ses membres, prendre place sur la banquette arrière aux côtés de son alter-ego toufiq-la-muerte, impassible et emmuré à tout jamais derrière son image mythique de  «rab edzayer » machiavélique et cruel. Je ne vous raconte pas la suite, car cela commence à ressembler à un mauvais thriller politique des années 70.

    Le peuple, l’État et la culture mafieuse

    Après ce bref tour d’horizon dans le monde clos (virtuel?) de l’intelligentsia qui se consacre à la réflexion sur la nécessité, les buts, les voies et les moyens du changement dans notre pays, revenons maintenant à la réalité du terrain.

    Si quelqu’un s’amusait à juxtaposer, en utilisant les puissants moyens informatiques du 21ème siècle, une tranche de réalité algérienne de 1962 avec une autre tranche de réalité, prise au même endroit, mais en 2012, il verrait immédiatement la mutation qui a eu lieu en 50 ans et qui a fait passer le pays d’une culture patriotique majoritairement rurale, teintée d’idéalisme et enracinée dans des traditions séculaires de horma, de nif, etc., à une culture mafieuse majoritairement urbaine, celle de la bête de proie toujours prête à happer tout ce qui passe à proximité, ou bien encore celle du proxénète ou du gangster, qui ne connaît d’autre loi que celle de son couteau ou de son revolver. Cette culture mafieuse est aujourd’hui partout, dans tous les rouages de l’État et dans tous les quartiers de nos grandes villes.  « Malheur au faible! », telle est la devise des mutants qui ont aujourd’hui pris la place des Algériens et Algériennes de jadis.

    Un véritable changement sera-t-il possible sans éradication de cette culture mafieuse qui a contaminé toute la société? Et quid de l’État? N’est-il pas totalement infesté par la vermine mafieuse? Faudra-t-il tout détruire et recommencer à zéro? L’expérience des peuples de notre région qui nous ont précédés dans la voie du changement nous donne tous les jours à voir et analyser les progrès – et les souffrances aussi – de ces peuples dans la mise en œuvre du processus de changement. Du cas extrême libyen, où l’État – ou semblant d’État – a disparu avec son fondateur et chef Kadhafi, au cas syrien, où la classe mafieuse au pouvoir a entraîné l’opposition dans une guerre impitoyable qui finira elle aussi par briser l’État en même temps que le pouvoir mafieux, en passant pas le cas égyptien, où le président Morsi a réussi à se débarrasser de manière élégante de son adversaire galonné, le maréchal Tantaoui, il y a matière à réflexion. Il apparaît clairement, à travers ces expériences, que le changement ne se fera pas sans casse, que c’est un processus qui comporte énormément de risques et qu’il peut capoter à tout moment. La culture mafieuse ne cèdera pas facilement le terrain conquis depuis des décennies à la culture patriotique.

    Conclusion?

    A la fin de ce rapide tour d’horizon sous forme de questionnement, que pouvons-nous dire en guise de conclusion? Rien de définitif, hélas. Chacun(e) de nous se situe dans un camp et a une préférence pour une méthode, mais nous avons tous aujourd’hui en commun notre sentiment d’impuissance face à une situation qui nous apparaît comme étant fondamentalement dégradante et indigne, celle d’un peuple qui a réussi à se libérer de la colonisation au prix de lourds sacrifices, qui dispose d’une manne pétrolière que lui envient ses voisins moins chanceux et de potentialités naturelles et humaines appréciables, mais qui végète depuis trop longtemps dans la mal-vie et la désespérance, sous la botte d’une clique mafieuse qui a pris le pouvoir par la force et qui le conserve par la force, la ruse et la manipulation. Nous rêvons pour ce peuple – le nôtre – d’un avenir brillant, à la mesure de ses potentialités. Ce rêve, nous finirons bien par le réaliser, inchallah – et si ce n’est pas nous, ce seront nos enfants. En attendant, nous devons chasser toute forme de désespoir et continuer à cogiter et à chercher, tout en gardant clairement à l’esprit ces deux vérités que tous les combattants pour la dignité et la liberté à travers l’histoire connaissent : premièrement, le peuple – et lui seul – peut accomplir des miracles; deuxièmement, sans union de tous les patriotes, aucun combat ne peut être gagné. Ce que les militants chiliens contre la dictature de Pinochet avaient, en 1973, résumé par la formule « el pueblo unido, jamas sera vencido » (Le peuple uni ne sera jamais vaincu).