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boussouf

  • De Gaulle et l’Algérie. Lettre du général à ses collaborateurs.

     

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    Lettre du général de Gaulle à ses collaborateurs
    (26-12-1959)

    Nous employons en Algérie 500 000 hommes au service d’ordre armé. Les rebelles emploient au maximum 30 ou 40 000 hommes à l’insurrection armée. Nous appuyons nos forces de moyens matériels écrasants par rapport à ceux de la rébellion (aviation, hélicoptères, camions, armements, concours de la marine…). En qualité militaire, nos cadres,
    nos états-majors, notre commandement sont incomparablement mieux formés que les malheureux analphabètes de l’insurrection.

    Nous dépensons chaque année 1 000 milliards en Algérie sous toutes sortes de formes pour la lutte en Algérie. Le FLN dépense environ 30 milliards. Par le combat, les exécutions sommaires, les exécutions légales, nous tuons dix fois plus d’adversaires que ceux-ci ne nous tuent de musulmans (de toutes espèces) ou de Français. Nous détenons dans les camps et les prisons 80 000 adversaires tandis que le FLN n’en détient pour ainsi dire pas. La crainte est dans notre âme beaucoup plus que celle des fellaghas.

    Nos moyens de propagande : radio, journaux, affiches, tracts, argent, écoles, secours sanitaires, centres de formation…, sont d’une puissance beaucoup plus grande que celle des moyens FLN. Notre influence et notre action diplomatiques sont hors de toute proportion avec celles du GPRA, etc. Et cependant, malgré toutes les affirmations, promesses et illusions, l’ensemble de la population musulmane n’a pas du tout «basculé» de notre côté, ni en Algérie, ni dans la métropole, ni à l’étranger.

    A en croire les rêveurs ou les fumistes, il suffirait d’être les plus forts pour que les musulmans nous rallient. Quelles forces supplémentaires nous faudrait- donc pour qu’ils le fassent ! Il est parfaitement vrai que notre écrasante supériorité militaire finit par réduire la plus grande partie des bandes. Mais moralement et politiquement, c’est moins que jamais vers nous que se tournent les musulmans algériens.

    Prétendre qu’ils sont français, ou qu’ils veulent l’être, c’est une épouvantable dérision. Se bercer de l’idée que la solution politique c’est l’intégration ou la francisation, qui ne sont et ne peuvent être que notre domination par la force que les gens d’Alger et nombre de bons militaires appellent «l’Algérie française», c’est une lamentable sottise. Or, étant donné l’état réel des esprits musulmans et celui de tous les peuples de la terre, étant donné les 150 000 hommes morts en combattant contre nous en Algérie, … il est tout simplement fou de croire que notre domination forcée ait quelque avenir que ce soit.

    Signé : le général de Gaulle, 26 décembre 1959

    (in J.R. Tournoux, Jamais dit, édition Plon pages 207-208).

  • Alors que les mosquées sont interdites de campagne électorale

     

    Les imams mobilisés contre l’abstention

    Par : Mohamed Mouloudj

    Il y a comme un paradoxe dans la déclaration du ministre qui interdit aux citoyens de parler d’élections dans la mosquée en tant qu’espace consensuel, mais, en même temps, il autorise les imams à convaincre les citoyens d’aller accomplir cet “acte de responsabilité et de citoyenneté”.

    L’utilisation des mosquées à des fins partisanes lors de la prochaine élection semble s’ajouter à la crainte du pouvoir face au risque d’une abstention massive. Si l’on se fie aux déclarations de Bouabdallah Ghlamallah, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, sur les ondes de la Chaîne I, on comprend aisément qu’hormis la crainte d’un boycott massif, qui hante toujours le pouvoir, l’utilisation des mosquées au profit des partis en compétition s’ajoute à ce malaise.
    Pour parer à ce risque, c’est Ghlamallah qui prend le relais pour rappeler que les mosquées sont des lieux saints apolitiques. Il a souligné, en substance, que l’État n’acceptera pas que ces lieux servent de moyens de propagande pour les partis en lice. Cette réaction vient, en fait, après les instructions qu’aurait données le ministère aux imams afin de mobiliser les fidèles pour la prochaine élection à travers des prêches.
    “La campagne électorale est interdite dans la mosquée car elle constitue une atteinte flagrante à cette enceinte religieuse”, a rappelé le ministre des Affaires religieuses. C’est dire que la mosquée peut servir de tremplin afin de mobiliser l’électorat, mais pas au profit d’une quelconque formation politique, tente de se disculper le ministre, en annonçant que “les imams peuvent, dans leurs prêches, évoquer les élections”, sans toutefois, “donner des consignes de vote” aux fidèles. Lorsque le pouvoir se rabat sur les mosquées pour “s’éviter” une abstention comme celle de 2007, avec seulement 35% de participation, il est tout de même curieux qu’un imam respecte, rigoureusement, les directives de sa tutelle. Lorsqu’on ouvre la voie à l’exercice de la politique dans un lieu saint, il est difficile, voire impossible de contrôler le contenu des prêches. Un imam partisan s’interdira-t-il de faire campagne pour sa formation ? Quels sont ces Algériens qui sont imams dans les mosquées ? Quelles seront les raisons sur lesquelles un imam peut confectionner ses prêches pour convaincre les fidèles de la nécessité de voter sans s’immiscer dans un discours partisan ? Le boycott et l’abstention ne sont-ils pas une prise de position politique respectable ? Autant de questions qui peuvent être posées à nos responsables sur ce sujet qui, dans un passé récent, a été la source de dérapages pour lesquels le pays a payé un lourd tribut. Faire en sorte que les mosquées ne deviennent pas des tribunes ou porte-voix de partis politiques, avec des mesures juridiques ne doit pas exclure toute autre manipulation de ces lieux pour des fins politiques, comme le vote. Après les sms envoyés par le ministère de l’Intérieur à des millions d’Algériens les incitant à aller voter, n’est-il pas raisonnable de laisser les Algériens choisir eux-mêmes leurs positions. N’est-il pas périlleux et dangereux de diaboliser une position politique, comme le boycott ? Le pouvoir sait pertinemment qu’une abstention massive se répercutera négativement sur la légitimité des élections qu’il organise.
    Il s’essaye, désormais, à l’art de la demi-manipulation, en s’octroyant le droit d’utiliser les mosquées pour sa propre propagande et en l’interdisant, au même moment, pour des prises de positions partisanes précises. Ghlamallah a ajouté que “le vote est un acte de responsabilité et de citoyenneté qui sont des préceptes énoncés en Islam”, donc, de ce fait, l’imam est mis dans l’obligation d’expliquer aux fidèles ce que dit la religion sur le sujet.
    Cependant, Ghlamallah n’a pas indiqué ce que dit la religion sur le boycott et l’abstention. Sont-ils impies en Islam, quel est le châtiment d’un abstentionniste et quelle est la rétribution d’un électeur fidèle ?

    MM