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  • Deux grands perdants de ces élections : Bouteflika et le FFS.

     

    Commentaire d’Addi Lahouari à la « lettre à Hocine Aït Ahmed » de Saïd Radjef

    Bonjour Said,

    Très belle lettre, belle analyse. Il a été difficile en effet aux démocrates de critiquer le FFS en raison de la ligne qu’il a défendue depuis 1963 et aussi du respect qu’a la population algérienne d’Est en Ouest pour Aït Ahmed.
    Mais revenons à ces élections et à leurs résultats où il y a eu deux grands perdants: Bouteflika et le FFS.

    1. Le plus grand perdant de ces élections, c’est Bouteflika. Il me semble qu’il y a un courant dans l’armée qui veut que le scénario égyptien se produise en Algérie pour sortir le pays des conséquences de l’annulation des élections de décembre 1992. L’armée veut se racheter du coup d’Etat de janvier 1992 et être du côté de la population. Elle espère et attend un soulèvement que craint Bouteflika parce qu’il en serait la principale victime. Bouteflika tablait sur des résultats favorables aux islamistes, ce qui donnerait une Assemblée nationale similaire à celle de l’Egypte ou de la Tunisie d’aujourd’hui, ce qui ferait l’économie d’un soulèvement. Les militaires ne l’entendent pas de cette oreille. Ils veulent un soulèvement et pour cela ils ont fait élire le FLN pour exaspérer les jeunes et démentir Bouteflika qui parlait d’un véritable changement à la dimension de celui du 1er Novembre 1954. Les militaires ont fait apparaître Bouteflika comme un menteur. La leçon à retenir est que Bouteflika n’a aucune prise sur l’administration qui s’avère être contrôlée par le DRS. Ould kablia est fidèle à Bouteflika mais il obéit aux ordres du DRS qui a réparti les quotas. En Algérie, c’est toujours le pouvoir réel qui a le dernier mot.
    Je ne dirais pas que les islamistes sont des perdants parce ces islamistes de Boujerra et de Menasra sont les islamistes du régime et ils sont prêts à n’importe quelle mission que leur confie le régime.

    2. Le deuxième perdant, et cela fait mal pour tous les démocrates, c’est le FFS qui est ramené par le DRS à la taille du PT. De mon point de vue, soit le FFS se retire de cette fausse Assemblée nationale soit il se discrédite complètement. Le FFS ne pouvait que perdre dans des élections où les conditions politiques ni en amont (l’offre électorale) ni en aval (le déroulement et les procédures) ne sont réunies pour un scrutin représentatif des vrais courants politiques de la société et de leurs poids respectifs. Il faut que le FFS se retire pour préserver son image car il va y avoir du nouveau. Le régime algérien est usé et l’Algérie a besoin d’un régime nouveau. C’est ce que pensent des militaires qui n’attendent que le soulèvement pour effacer le coup d’Etat de 1992.

    Lahouari Addi