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Frédéric Fournier, chef de la délégation du CICR à Alger : «En Algérie, on n’a pas le droit de visiter les prisons militaires»
El Watan,
Frédéric Fournier a affirmé avoir eu accès, sans difficulté, aux lieux de garde à vue de la police et de la Gendarmerie nationale. Il estime que la question des disparus durant la décennie noire demeure taboue.
On n’a pas le droit de visiter les prisons militaires. Idem pour les centres du DRS», a déclaré, hier, Frédéric Fournier, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Lors d’une journée d’information et d’échange sur l’action du CICR dans les pays du Printemps arabe, organisée à Alger en collaboration avec le quotidien Algérie News, M. Fournier a affirmé tout de même d’avoir eu accès aux lieux de garde à vue de la police et de la gendarmerie. Selon lui, le courant passe entre le CICR et le ministère de la Justice. C’est le CICR qui choisit le lieu de détention qu’il veut visiter. Mais, relève-t-il, la particularité de l’Algérie réside dans l’escorte et le système de notification. «Les responsables au niveau des prisons sont au courant de notre visite», précise le représentant du CICR à Alger.
En ce qui concerne la participation de l‘organisation à la résolution du problème des disparus, M. Fournier a reconnu que «le sujet demeure tabou». «Pour ce qui est du dialogue avec les autorités, c’est la non-réponse jusque-là», atteste-t-il. Et de rappeler que le CIRC a offert ses services dans la mesure où il a un savoir-faire. «Je ne pense pas que c’est le moment de dialoguer sur le rôle du CICR concernant la question des disparus», estime-t-il. Et d’ajouter : «Notre but est de rester pour pouvoir travailler. C’est un enjeu pour les prisonniers qu’on essaie d’assister.» La coopération de l’armée avec le CICR dans le cadre de la formation est toujours en vigueur pour préparer les soldats aux situations de guerre. Pour ce qui est de l’absence du CICR en Algérie pendant la décennie noire, M. Fournier évoque le contexte légal. «Le CICR n’a pas le droit d’intervenir dans des conflits internes», explique-t-il, en précisant que l’absence du CICR est due à un désaccord sur les modalités de travail.
La Libye, un terrain miné
Questionné sur la visite en prison de Seïf El Islam, arrêté dans la nuit de vendredi à samedi, Frédéric Fournier n’est toujours pas au courant si le CICR a introduit cette demande officielle. M. Fournier a affiché son intention d’entamer cette procédure. Il explique également qu’il revient aux autorités libyennes d’accepter ou de refuser la demande. Le statut du conflit international libyen a cessé avec la dernière frappe de l’OTAN. De ce fait, l’intervention du CICR sur le sol libyen est soumise à l’autorisation du gouvernement libyen. «En Libye, la guerre a été menée par des personnes qui ne connaissent pas le droit de guerre : (droit des civils, des prisonniers et des morts)», juge Frédéric Fournier. Il estime également que l’aide à la Libye ne va pas s’arrêter. «70% du budget du CICR sont dépensés dans les pays musulmans», a déclaré le chef de la délégation du CICR. Ce dernier souhaite plus de participation des pays du Golfe dans le financement des actions du CICR.
La Banque mondiale nous écrit :
Nous nous référons à l’article : «Un rapport de la Banque mondiale fait le diagnostic du monde du travail en Algérie», publié dans votre journal en date du 20 novembre 2011. Le rapport cité dans l’article n’est ni finalisé ni rendu public, et il reste en phase d’élaboration «version projet». De ce fait, les opinions présentées dans cet article ne peuvent pas être attribuées à la Banque mondiale, elles n’expriment et n’engagent à ce stade que l’opinion des rédacteurs de ce rapport.
Djedjiga Rahmani -
les réseaux du DRS
L'appel à la révolte diffusé sur Internet suscite interrogations et scepticisme
Hadjer Guenanfa
Une page Facebook, un objectif et un timing bien précis. La manifestation du 17 septembre, dont les contours ont été encore une fois dessinés sur la toile, alimente les rumeurs et suscite la curiosité et l'inquiétude à Alger. « Tous ensemble avec et pour le peuple pour la liberté en Algérie. Chebab (jeunes) de la révolution du 17 septembre ». Le message en arabe est diffusé à travers une page créée sur Facebook vers le début du mois d'août, dénommée « La révolution algérienne du 17 septembre 2011 ».
Publiant régulièrement des images, des vidéos et des appels dépeignant un pays dévasté par la corruption, les passe‑droits et autres fléaux, le ou les auteur(s) de cette page exhortent les Algériens à se soulever le 17 septembre contre le système de Bouteflika et celui « des généraux ». « Toute révolution amène forcément avec elle une hécatombe », affirme un statut publié le 31 août dernier.
Quelques temps après, sur le même réseau social, des pages ont été créées pour se prémunir contre une hypothétique contagion révolutionnaire. « Algériens : ne tombez pas dans le piège le 17 septembre 2011 », « Non au complot programmé par El Jazeera-17 septembre 2011" ou encore « Ne touche pas à mon bled-ikhtouna ya arab » (Ndlr : laissez‑nous tranquilles, Arabes!), sont autant de contre-appels diffusés sur le web. Ils dénoncent tous une tentative d'entraîner l'Algérie dans l’engrenage des révoltes arabes.Les initiateurs, tout comme les membres des ces pages, croient déceler dans l'appel du 17 septembre une intervention étrangère. Pour certains, ce sont les Marocains qui sont derrière. Les inimitiés existant entre les deux États sont une réalité que personne n'ignore. D'autres sont convaincus qu’il s’agit de Libyens ayant le souhait de voir l'Algérie « s'enflammer » comme la Libye. C'est que la date choisie pour l'événement fait clairement écho à la rébellion déclenchée le 17 février dernier en Libye. Le vert est la couleur dominante des logos utilisés dans les pages, groupes et comptes Facebook appelant les Algériens à sortir dans la rue le 17 septembre. El Jazeera, les États‑Unis, la France, ou encore l'Occident figurent également à la barre des accusés. Les promoteurs restent, pour l'instant, de parfaits inconnus.
Une tentative de torpiller les mouvements de protestation à venirLes initiateurs des mouvements de contestation ayant vu le jour en février dernier et les militants des organisations des droits de l'homme ont choisi de se démarquer de cette manifestation. « Ce sont les services de sécurité algériens qui ont lancé ces pages, ou du moins ce sont eux qui ont récupéré l'idée pour torpiller les actions futures », accuse Salim. Son ami Karim, membre d'une association, est d'accord avec lui. « Leur objectif est de contrecarrer les mouvements de contestation qui pourraient voir le jour prochainement avec la rentrée sociale », assure‑t‑il.
Dans la rue, où la nouvelle de la manifestation du 17 septembre s'est propagée par ouï‑dire, les commentaires pro‑Bouteflika hostiles aux appels au changement et à la révolte pullulent. « Il y a une ancienne collègue qui m'a appelé mercredi pour me parler de l'événement. Elle me semblait un peu inquiète. Même le flic de la circulation en parlait », indique Salem, un libraire.À peine une semaine nous sépare à présent du jour J. Les précédentes actions de contestation dont la promotion a été faite sur la toile ont toutes sans exception essuyé de flagrants échecs.