le TAJ et la couronne
Qui a inventé les mots ? On ne le sait pas, mais il aurait dû déposer un brevet, tout comme l’inventeur de la soupe, de l’amour ou de la table basse, effacés par l’histoire. Mais pourquoi les mots ?Parce qu’il faut se pencher sur ce dernier ajout au lexique, les «disparitions forcées involontaires», terme utilisé par les médias officiels algériens pour expliquer l’ONU, les enquêtes et les droits de l’homme. La phrase, les mots et la syntaxe sont justes, mais il y a comme quelque chose qui sonne faux ; comment peut-on coller «forcées» et «involontaires» ? Et pourquoi «disparitions» et «forcées» ? Et surtout, peut-on involontairement faire disparaître quelqu’un par la force ?
Les agents de syntaxe du régime, qui trouvent toujours la bonne formulation et sont bien payés pour jouer avec les mots avec votre argent, pourront répondre. Mais pratiquement, on pourrait définir le MSP, ex-Hamas et futur rien, de victime d’une «disparition forcée involontaire». En effet, en dehors des contestations internes et des donateurs qui ont changé de camp, une grande partie des cadres du parti ont rejoint le TAJ, un corps vide étant toujours attiré vers le restaurant. Le MSP, ruiné, vidé et divisé, va «involontairement disparaître par la force» et n’aura plus qu’à regarder le congrès du TAJ se tenir aujourd’hui, largement annoncé et couvert par les médias officiels. Et admirer comment un homme, Amar Ghoul, à qui tout réussit, est arrivé au pouvoir par une route lisse, sans dos d’âne. Comblé ? Un proverbe algérois dit quand même que «moul ettaj ou yehtaj», ce qui se traduit par «même à un roi couronné il manque des choses».
Que manque-t-il à Amar Ghoul maintenant qu’il a un parti, un mandat de député, un ministère, l’agrément de DOK et les moyens audiovisuels de l’Etat ? Une définition peut-être. Au hasard et à l’inverse du MSP et des disparus, peut-on qualifier le TAJ d’«apparition forcée volontaire» ?