Par : Mustapha Hammouche
D’après le compte-rendu des débats de l’Assemblée générale des Nations unies, “l’Algérie salue les récents changements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient voulus par les peuples en quête d’idéal démocratique, de justice et de dignité”, a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, réaffirmant que “ce sont les principes fondateurs de la Révolution algérienne”.
Ainsi, Medelci a donc déclaré au monde que son régime agréait cette “quête d’idéal démocratique, de justice et de dignité” par fidélité aux “principes fondateurs de la Révolution algérienne”. Ce même régime qui puise sa légitimité dans “la Révolution algérienne” et qui, comme ses prédécesseurs, réprime en Algérie la “quête d’idéal démocratique, de justice et de dignité” !
Ainsi formulée, et au regard de la pratique autoritaire du régime, la position algérienne porte en elle-même sa propre négation : le régime algérien, tous les régimes algériens, sont loin d’avoir honoré “les principes fondateurs de la Révolution algérienne”. Inspiré des pires systèmes dictatoriaux, le système algérien a réalisé une synthèse durable des dictatures centralistes et policières du tiers-monde, tout en sachant, à l’occasion, accommoder ses apparences institutionnelles et son discours à l’ambiance dominante du moment.
La solidarité de(s) régime(s) a toujours constitué l’unique élément de cohésion du monde dit “arabe”. Dans les relations interarabes et les relations des États arabes avec le reste du monde, cet instinct grégaire qui unit les dictatures arabes a toujours pris le pas sur les aspirations des peuples. Pour la première fois, le Printemps arabe les a mis en situation de se définir dans un contexte de soulèvement populaire contre l’ordre autoritaire qui les étouffe.
On ne peut pas dire que le pouvoir algérien ait vu d’un bon œil la chute en dominos des dictatures d’Afrique du Nord. Même si, une fois les changements intervenus, il fallait bien en prendre acte. Mais pas au point de les “saluer”, comme vient de le faire Medelci à New York.
Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas duré dans cette position inattendue. Il vient de rectifier le tir sur la chaîne El-Arabia déclarant, à propos de la situation en Syrie, que l’Algérie “n’a pas de parti pris, mais veut être un trait d’union entre les parties”. Outre que Medelci tente implicitement de verser les efforts, traduisant une démarche onusienne, de Lakhdar Brahimi à l’actif de sa diplomatie, il fait là amende honorable envers le régime Al-Assad. Des fois que le régime de Damas venait à croire que Medelci “salue” aussi “les changements” voulus par “le peuple” de Syrie. Non, la déclaration ne procède que de cette démarche de la diplomatie nationale faite d’“accommodements raisonnables”, comme disent les Canadiens de leur politique communautaire.
Cette indétermination et la course-poursuite après les maladresses que celle-ci nous impose s’observent en “live” dans le cas de la crise malienne.
La politique étrangère de l’Algérie se ressent de l’absence de doctrine et de l’improvisation de ses positions. Elle est ballottée entre l’entretien de ses alliances résiduelles, la vitesse d’évolution des sociétés et l’absence de doctrine qui organiserait sa réaction. Sa diplomatie passe son temps à se contredire, à se rattraper, à s’accommoder.