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  • El HOGRA dans toute sa laideur !

     

    Expulsé de son motel qu’il gère depuis 1989, Baâli Haribèche erre dans les rues de Laghouat

    Hassi R’mel : Quand un hôtelier se retrouve sdf

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    El watan le 15.09.12

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    Dans les allées du jardin public de Laghouat, communément appelé Jardin Beylek, une splendide oasis verte aux grands arbres plantureux nichée en plein centre-ville, les gens viennent volontiers trouver refuge à l’ombre de ses immenses feuillages.

    Parmi eux un homme de 68 ans, grand échalas au corps ascétique, la moustache fine et d’un naturel élégant. Il est là du matin au soir. Depuis le 9 juillet dernier, il y passe, oui, la majeure partie de son temps au point de se lier d’amitié avec Abdelkader, le paysagiste autodidacte qui a eu le mérite de faire de «J’nane el Baylek» assurément l’un des plus beaux jardins du pays. L’homme en question s’appelle Baali Habirèche. Et tout le monde l’appelle ammi Ali. Vêtu de la même tenue, un t-shirt bleu et un vieux jean, M. Habirèche est réduit à une condition de SDF après avoir connu un train de vie plutôt faste. Un comble pour un hébergeur de métier. Un coup il dort au pied du mausolée de Sidi Abdelkader qui trône dans la vieille Casbah de Laghouat ; un coup il crèche sur un bout de carton dans un coin de la gare routière. Sa femme et ses enfants se sont dénichés un squat dans la médina en ruine, une maison abandonnée où une pauvre femme a eu la bienveillance de les accueillir. Comment ammi Ali s’est-il retrouvé à la rue avec sa famille ? A quel diable a-t-il bien pu tirer la queue pour subir un tel sort ? Le moins que l’on puisse dire est que son histoire est édifiante à plus d’un titre tant elle concentre tous les travers de la gouvernance locale.
    «J’étais à mon 7e mois de grossesse»
    Pour faire simple et ne pas se perdre en circonvolutions narratives, disons en gros que c’est l’histoire d’un hôtelier qui a pris en gérance un motel abandonné près de Hassi R’mel, au lieudit Tilghemt. Entré en conflit avec l’APC, propriétaire du bien, un feuilleton judiciaire commencé il y a plus de dix ans finit par contraindre l’hôtelier à céder son commerce. Sauf que, comme on le verra, les choses ne sont pas aussi simples et la procédure d’expulsion n’est pas exempte de tout reproche. Il suffit de savoir que l’exécution a été effectuée alors que Mme Habirèche était enceinte et que la famille logeait dans une aile de l’hôtel. Le coup de force a provoqué dans la foulée l’expulsion du bébé. «J’étais à mon septième mois de grossesse et j’ai fait une fausse couche», nous confie Mme Habirèche en sanglots.  Mais reprenons l’affaire depuis le début. D’abord un mot sur le parcours de notre homme. Personnage haut en couleurs, cultivé, polyglotte, d’une gouaille et d’une verve exceptionnelles, Baali Habirèche est pour ainsi dire né hôtelier : «Je suis symboliquement né dans un hôtel puisque quand je suis venu au monde, mon père possédait déjà un hôtel, le Beauséjour.»C’était à Skikda, ville où ammi Ali a vu le jour un certain 5 novembre 1946. «Je suis Mozabite. Je préfère dire plutôt ibadite. Je suis originaire de Ghardaïa. Mais ma famille s’est installée très tôt à Skikda. Mon grand-père y était vers 1913», raconte-t-il. Après l’indépendance, le jeune Baali devient foreur à la Compagnie française du pétrole. A la nationalisation des hydrocarbures, il intègre naturellement Sonatrach. Après quelques années passées à forer les puits de pétrole de Hassi Messaoud et autre Gassi Touil, il finit par quitter Sonatrach. Il décide alors de revenir à ses premières amours : l’hôtellerie. «En 1979, j’ai pris en gérance l’hôtel Royal de Skikda», reprend-il. En s’engageant dans ce créneau, M. Habirèche découvre de plein fouet le monde cruel de la corruption, de la bureaucratie, des petits trafics entre amis et autres magouilles des notabilités adossées à l’administration. La pression des potentats locaux l’oblige à mettre les voiles. «Je ne pouvais plus lutter» soupire-t-il.
    Un motel fermé pour crime
    Il fonce plein sud au volant de sa 504 GL, déterminé à quitter le pays à destination de l’Afrique continentale. «J’avais un ami qui m’avait proposé de venir travailler au Congo-Brazaville. Comme je parle allemand et hollandais (en plus de l’anglais, de l’italien, entre autres, ndlr), je me suis dit que je n’aurais pas de mal à trouver du travail.» Lors de sa traversée du désert (au propre et au figuré) et en parcourant la RN1, M. Habirèche fait une halte devant un relais routier situé au PK495, en plein no man’s land saharien, quelque part entre Laghouat et Ghardaïa. Il tombe amoureux du coin. Renseignement pris, il s’avère que l’établissement en question, un motel construit en pierre de taille, était fermé depuis trois ou quatre années. «Il y avait eu un meurtre dans cet hôtel, depuis, il était fermé», indique ammi Ali. Nous avons visité le relais en question. Actuellement sous le coup d’une fermeture judiciaire, il est protégé par un simple grillage. Le motel est bordé par une école de construction récente. Quelques maisons de campagne meublent le paysage. Sur l’autre rive se dresse une caserne militaire et, au loin, on peut apercevoir la centrale hybride de Tilghemt, la première du genre. M. Habirèche montre d’emblée un vif intérêt pour ce motel saharien d’une dizaine de chambres perdu au milieu du désert, à quelques 500 km d’Alger et à 26 km de Hassi R’mel.

    Ammi Ali prend aussitôt attache avec la wilaya et lui fait part de son ardent désir de prendre l’établissement en gérance. Un avis d’adjudication est lancé dans la foulée par voie de presse. Baali Habirèche remporte l’adjudication haut la main. Notre globe-trotter prend ainsi un nouveau départ. Il se rend assez vite à l’évidence que sa nouvelle vie n’est pas aussi paisible que le paysage qui l’entoure. M. Habirèche use d’une métaphore très imagée pour résumer son calvaire : «Tu es en plein désert. Il n’y a pas âme qui vive. Tu sors une poignée de dattes, une nuée de mouches se rue aussitôt sur toi. C’est un peu cela, mon histoire.» Et d’ajouter, plus explicite : «L’emplacement de l’hôtel, au bord d’une route fréquentée, ajouté au fait que ce soit l’unique établissement hôtelier de la région, a très vite suscité toutes les convoitises.» Ce qui mine M. Habirèche, c’est que c’est lui qui a redonné vie à un lieu qui était totalement en déshérence, et voilà qu’il se voit éjecté comme un malpropre. «C’est moi qui ai régularisé la situation de cet hôtel. Avant, il n’avait ni origine de propriété, ni registre de commerce, ni même un livre d’hôtel. C’est moi qui ai tout fait», peste-t-il. «A l’origine, il a été construit par la DNC/ANP en 1973 pour héberger ses travailleurs. Quand elle a fini ses chantiers, la DNC en a fait donation à l’APC de Hassi R’mel mais sans papiers», explique-t-il.
    Un interminable bras de fer judiciaire
    Baali Habirèche réussit tant bien que mal à lancer son affaire : un hôtel, un restaurant, un café et un bar. Des activités qu’il exerce, insiste-t-il, dans la légalité la plus parfaite en exhibant une copie de son registre de commerce (référence : A/89/763 établi le 15 avril 1989). Le bail est signé avec l’APC de Hassi R’mel le 1er avril 1989. Ses premiers vrais clients sont des expat’ italiens. Quand le pays s’enlise dans la violence, la wilaya de Laghouat est l’une des plus touchées par le terrorisme. M. Habirèche aura son lot de frayeurs. D’ailleurs, il se considère comme un miraculé. Eté 1994 : l’hôtel connaît une grave détérioration de son réseau d’assainissement. Les toilettes et les douches sont bouchées. Une équipe de l’APC engage une intervention lourde qui ne fera qu’empirer les choses. «Contractuellement, c’est au bailleur de faire les travaux de gros œuvre», indique l’exploitant en ajoutant que l’APC «a abandonné les travaux faute de budget». Cette intervention ratée aura des conséquences fatales sur la bonne marche de l’établissement. C’est simple : de juillet 1994 à ce jour, la partie hébergement du relais routier est restée inopérante.

    Le 22 août 1996, Baali Habirèche ouvre les hostilités en engageant une action en justice à l’encontre de l’APC des suites du préjudice subi. Le 26 mars 1997, le tribunal de Laghouat désigne un expert pour faire un état des lieux et évaluer les dédommagements. L’APC riposte en lançant une procédure d’expulsion du gérant. La commune de Hassi R’mel estime que le bail de location a pris automatiquement fin au 31 mars 1998. Ce que nie l’exploitant : «Je n’ai jamais reçu de notification quant à l’intention de l’APC de mettre fin au bail. Donc la reconduction tacite du bail était toujours la règle.» En fin connaisseur des arcanes du droit, M. Habirèche convoque un autre argument. Document à l’appui, il cite un extrait du PV de délibération de l’APC de Hassi R’mel (document n°03/99 du 18 septembre 1999) en vertu duquel la commune s’est désistée de son bien et le soumettait à privatisation. «Moi, dès le début, ce qui m’intéressait, c’était l’acquisition de l’hôtel et c’est ce qui était annoncé dans l’avis d’adjudication où il est clairement dit : «il est possible de céder ultérieurement l’établissement conformément à la réglementation en vigueur». A partir du moment où l’établissement était devenu cessible, il avait un droit de préemption sur l’hôtel, insiste-t-il : «Les dispositions de la loi de finances 2001 (articles 40 et 41) stipulent clairement que les demandes présentées avant le 31/12/2000 étaient recevables. Or, dès le 5 juin 1989, j’avais présenté une demande d’achat du motel.»

    Le 30 juin 2002, une procédure d’expulsion est lancée avant d’être suspendue en raison d’un différend sur l’indemnité d’éviction. Le 28 mars 2005, la justice désigne un expert pour évaluer le bien et déterminer le montant de cette indemnité. L’expert l’évalue à 20 000 DA, ce qui fait sourire M. Habirèche : «Le jugement prononcé stipule que le propriétaire du fonds de commerce doit bénéficier d’une indemnité conséquente à un établissement du même type et de la même valeur. Et on me donne 20 000 DA ! Est-ce que vous connaissez un hôtel à 2 millions de centimes ?»

    Le 8 mars 2008, un autre expert est nommé. Signe particulier : l’expert en question est aveugle ! Une infirmité qui contraint la justice à diligenter une nouvelle expertise. Dans l’intervalle, la Cour suprême tranche en faveur de l’APC. La mesure d’expulsion devient exécutoire. L’hôtelier réussit encore à gagner du temps. Mais le 9 juillet 2012, un huissier de justice de Laghouat finit par exécuter la sentence en recourant à la force publique. M. Habirèche aurait pu stopper la procédure car, estime-t-il, «l’huissier aurait du tenir compte du fait qu’il y avait une nouvelle expertise en cours».
    «Les bijoux de ma femme et une somme de 2,5 milliards confisqués»
    Si l’ensemble du conflit qui oppose l’APC de Hassi R’mel à M. Habirèche prête à des appréciations diverses, la procédure d’exécution de l’expulsion appelle quelques clarifications que nous aurions souhaité entendre de la bouche de l’huissier.
    Malheureusement, nos tentatives d’entrer en contact avec lui ont été vaines. Sans doute le plus grave dans l’affaire est le maintien de l’expulsion sachant que la co-gérante de l’établissement était enceinte. Madame Habirèche se trouvait d’ailleurs dans un cabinet d’obstétrique au moment du débarquement de l’huissier, accompagné de gendarmes de Laghouat. Peu après, il y a eu la fausse couche. Pour M. Habirèche, il ne fait aucun doute que «c’est le choc émotionnel qui a provoqué la fausse couche». Selon lui, «l’huissier était au courant. Il a appelé en personne le procureur et lui a dit je ne peux pas le sortir, sa femme est enceinte. Elle m’a montré le livret de grossesse». M. Habirèche ajoute que «le chef de brigade (de Hassi R’mel) a parlé aussi au procureur et lui a dit : ‘Mme Dalila est enceinte. On ne peut pas intervenir, s’il lui arrive quelque chose, rahi t’bassina’».

    Autre fait avéré : la confusion entre l’expulsion du bien et la saisie des affaires personnelles du gérant et de sa famille qui logeaient au sein même de l’hôtel. Les Habirèche ont vu, en effet, tous leurs biens qui se trouvaient dans l’établissement séquestrés. Officiellement, ils seraient soigneusement conservés au parc communal. M. Habirèche, lui, soutient mordicus qu’elles sont toujours à l’hôtel. Ce dernier est censé être placé sous la surveillance de deux gardiens. A notre passage, ils n’y étaient pas. Aujourd’hui, M. Habirèche et sa famille n’ont pas même de quoi se changer. «Je peux comprendre qu’ils me chassent de l’hôtel. Mais pourquoi confisquer mes biens ? Nous sommes sortis une main devant une main derrière. Ces vêtements que je porte, je les ai achetés à la friperie. Je suis obligé de les laver à la fontaine publique. Nos papiers, nos meubles, nos économies, les clés de ma voiture, tout est à l’hôtel. Et on n’a pas le droit d’y accéder», se plaint M. Habirèche. Il affirme dans la foulée que des objets précieux sont au nombre des effets confisqués : «Dans le lot, il y a les bijoux de ma femme ainsi qu’une forte somme d’argent d’une valeur de 2,5 milliards de centimes destinés à financer mes projets d’investissement. Il y a aussi les affaires scolaires de nos enfants qui sont bloqués sachant que c’est la rentrée des classes.»

    Baali Habirèche ajoute que «l’expulsion aurait dû se faire en présence de témoins assermentés», précisant que «l’huissier est tenu de me restituer mes biens au bout de 48 heures». «Or, depuis le 9 juillet, nous ignorons totalement ce qu’il est advenu de nos affaires. L’huissier m’a dit qu’il n’avait pas de camion. Je lui ai répondu que j’étais prêt à louer des camions à ma charge pour les récupérer.» Et de s’écrier   «Mais bon sang, je ne suis pas propriétaire du Hilton ou d’El Aurassi ! Je gère juste un petit hôtel minable en plein désert. Alors, si j’étais Djillali Mehri qui a des projets avec la chaîne Accor, qu’est-ce qu’ils m’auraient fait ! La seule chose que je désire maintenant, c’est de récupérer mes biens et quitter cette wilaya qui ne m’a jamais accepté, moi qui suis resté un éternel ‘barrani’ !»

    L’huissier Yahia Bellakhdar, par la voix de sa secrétaire : «Je n’ai fait qu’exécuter une décision de justice»

     

    Nous nous sommes rendus par deux fois au cabinet de l’huissier Yahia Bellakhdar, à Laghouat, qui a eu à exécuter la procédure d’expulsion de l’hôtelier Baali Habirèche, afin de recueillir sa version des faits. En outre, nous avons tenté à maintes reprises de le joindre sur son portable. En vain.

    Sa secrétaire nous dira : «L’huissier a essayé de vous rappeler mais vous étiez injoignable», avant de nous faire cette réponse : «Quoi qu’il en soit, il vous dit qu’il n’a fait qu’exécuter une décision de justice, et que cette affaire concerne exclusivement M. Habirèche et l’APC de Hassi R’mel. Il n’a rien à voir là-dedans.»

    Mustapha Benfodil
  • MOUVEMENT SOCIAL ALGERIEN : HISTOIRE ET PERSPECTIVES... Sadek Hadjeres

    MOUVEMENT SOCIAL ALGERIEN : HISTOIRE ET PERSPECTIVES... Sadek Hadjeres

  • Remous au 21, boulevard des Martyrs

    Par |
     

     
     
    Malgré les promesses, l'Entv est toujours fermée aux problèmes citoyens.

    Les journalistes de l’"Unique" menacent de faire grève le 24 janvier.

    C’est une première. C’est même surprenant, les journalistes de l’"Unique" tentent d’intimider l’Etat, en revendiquant l’augmentation de leurs salaires, sinon ils menacent de recourir à  une grève  le 24 janvier  prochain. L'information est bien entendu une fausse bonne nouvelle. Car ces journalistes tout au service du pouvoir ne revendiquent pas la liberté d’exercer leur métier, autrement dit d’informer les Algériens. Non. Leur grève est alimentaire. Ce qui constitue une fausse note  dans la mesure où ces pseudo-journalistes n’ont jamais relaté dans ce média lourd les préoccupations des citoyens préférant à longueur d'un 20h insipide, relater les visites des ministres ou la moindre réception du président. Ce dinosaure de l'information, dont les pratiques journalistiques et managériales remontent à la tristes époque du parti unique n'est pas prêt à faire sa mue.

    Ainsi donc, nous avons appris de source digne de foi que les journalistes d’"El Yatima", comme l'a surnomme justement les Algériens, vont observer une grève le 24 janvier prochain pour revendiquer l’augmentation de leurs salaires afin d’améliorer leurs conditions socioprofessionnelles. Cela dit en tant que confrères, on peut comprendre ces revendications. Mieux ils appellent à l’augmentation des salaires des débutants à hauteur de 250%. On sait toutefois d’autres journalistes exerçant dans la presse écrite ne peuvent en aucun cas atteindre ce seuil, car la majorité d’entre eux ne touchent pas plus de 60.000 DA mensuellement. Même les anciens et ils sont rares qui touchent moins de 15 millions de centimes mensuellement.

    Il faut signaler que le citoyen algérien paye systématiquement la taxe de la retransmission télévisuelle par le biais de sa facture d’électricité sans pour autant bénéficier d’informations. L'Algérien finance une télévision qui ignore les problèmes quotidiens des citoyens, il paye une information qu'il ne suit pas, qui fait l'éloge du régime. Nos confrères oublient que ce média lourd n’est pas uniquement au service de l’officiel mais aussi pour transmettre les doléances des citoyens. Ce qui nous reste au travers la gorge, c’est  que notre "unique" continue à se verser dans le "tout va bien" en nous présentant des invités médiocres, une sous-information qui relève plus de la propagande. Le ministre de l'information Nacer Mehal avait promis il y a plusieurs mois l'ouverture des médias lourds aux associations, aux formations politiques de l'opposition, mais on ne voit toujours rien à l'écran. L'Entv nous ressert toujours les mêmes JT laudateurs, les mêmes séries à deux balles, les mêmes débats de bas étage. Pendant ce temps, les Algériens regardent ailleurs.

    Medjadji H.

  • Le front social s’enflamme à nouveau

    Les grèves et les rassemblements refont surface dans plusieurs secteurs

    Par : Malika Ben

    Éducation, justice, santé, formation professionnelle, retraités, psychologues, communaux…, la liste des contestataires s’allonge de jour en jour et l’effet boule de neige est à craindre.

    Après quelques mois d’accalmie, le front social s’enflamme à nouveau. Un revirement de situation somme toute attendu, puisque les principaux conflits sociaux qui ont marqué le printemps dernier sont restés en suspens. En effet, la majorité des secteurs qui sont montés au créneau ont été contraints à l’approche des grandes vacances et du mois de carême à marquer une pause en attendant la rentrée sociale qui s’annonçait donc difficile.
    Cette pause a, selon toute vraisemblance, permis aux syndicats de divers secteurs de reprendre du poil de la bête. La contestation reprend de plus belle et les foyers de tension se multiplient ces derniers jours. À peine une grève s’arrête pour quelques jours ou semaines, qu’une autre se déclenche en attendant que d’autres menaces déjà brandies ne soient exécutées. À chacun son tour et parfois, hasard de calendrier, des grèves sont prévues à des dates identiques.
    Ce fut le cas d’ailleurs le 25 octobre dernier pour les secteurs de la santé et de la justice avec le débrayage des blouses blanches et le boycott des robes noires, sans oublier le rassemblement des retraités à la centrale syndicale. Si les avocats se sont contentés de trois jours de protestation et d’un ultimatum de vingt à trente jours adressé à leur tutelle, les spécialistes de la santé ont, de leur côté, opté pour un débrayage illimité.
    Mais bien avant le 25 octobre, d’autres foyers de tension ont été recensés. Pis, la fronde sociale va en grandissant, puisque des mouvements de protestation tous azimuts sont annoncés pour les jours à venir. L’effet boule de neige est d’ailleurs à craindre, d’autant que les précédentes fièvres sociales ont démontré qu’il suffit qu’une formation syndicale ouvre le bal de la contestation pour que d’innombrables protestataires suivent et se bousculent. Les motifs sont pratiquement les mêmes : des revendications salariales que la cherté de la vie impose. Il faut dire que cette nouvelle vague de protestation touche, certes, divers secteurs, mais c’est celui de l’Éducation nationale qui y est, comme à l’accoutumée, le plus exposé.

    Le département de l’Éducation nationale miné par la contestation
    Le département de l’Éducation nationale n’est, en effet, pas près d’en finir avec la fronde sociale qui semble s’y installer comme une tradition sacrée. Le fait que ce secteur sensible compte non seulement une armada de fonctionnaires mais aussi divers corps et intervenants le plonge assez fréquemment dans l’instabilité et l’effervescence. Enseignants, adjoints de l’éducation, corps communs, agents de sécurité, ouvriers professionnels…, c’est à chacun son tour et ses motifs pour déserter son poste et paralyser les établissements scolaires.
    Le fait, aussi, que les fonctionnaires du département de Benbouzid soient parrainés par différentes organisations syndicales n’arrange guère les choses. Même s’il leur arrive d’enterrer la hache de guerre et de faire front commun contre la tutelle, les différents syndicats de l’éducation qui se disputent toujours le leadership recourent au parrainage des différents corps de l’Éducation dont ils soutiennent, évidemment, les mouvements de protestation en vue d’assurer leur survie et leur représentativité. C’est le cas pour les corps communs dont certains activent sous la houlette du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) et d’autres sont affiliés à l’Union nationale du personnel de l’éducation et la formation (Unpef). Les premiers ont opté depuis le 23 octobre dernier pour quatre jours de grèves cycliques et des sit-in devant les différentes directions de l’Éducation nationale du pays.
    La coordination nationale des corps communs et des personnels de la formation et les travailleurs professionnels, présidée par Benmadour, justifie le recours au débrayage par “le mépris et la sourde oreille de la tutelle qui n’a toujours pas répondu à nos revendications”. La principale est l’intégration des corps communs dans le secteur de l’éducation “en raison de leur relation directe avec les élèves et le staff pédagogique”. La coordination réclame aussi une prime de rendement de 40% avec effet rétroactif à partir de janvier 2008 et l’octroi de primes spécifiques. Leurs collègues affiliés à l’Unpef et soutenus par les agents de sécurité et de prévention du secteur optent pour la même démonstration de force en usant de motifs identiques.
    En effet, c’est lundi dernier que ces fonctionnaires ont ouvert le bal de la contestation de rue via des rassemblements devant les DE. “L’objectif est d’unifier les rangs et les visions dans la perspective des prochaines actions de protestation dont les dates seront communiquées par l’Unpef.” Le syndicat se dit déterminé à aller jusqu’au bout, jusqu’à satisfaction de toutes les revendications, notamment l’intégration de ce corps dans le secteur de l’éducation, la prime de rendement de 40%, la révision du régime indemnitaire, la baisse du volume horaire, la régularisation des contractuels, le droit à la formation et la définition des missions de ce corps pour faire barrage à l’exploitation tous azimuts.

    Conseillers pédagogiques : sit-in dimanche devant la tutelle
    Par ailleurs, les conseillers pédagogiques chargés de l’orientation scolaire reviennent à la charge, cette fois-ci sous la houlette du SNTE. Ceux affiliés à l’Unpef sont montés au créneau au mois de mai dernier et rien ne dit qu’ils ne sortiraient pas de leur réserve. Après quatre jours de grève, la coordination nationale de l’orientation scolaire et professionnelle du SNTE maintient le cap de la protestation et appelle ses adhérents à un sit-in devant le ministère de l’Éducation nationale demain dimanche. Ils réclament la révision du statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l’Éducation nationale, notamment la disposition instituant le changement de l’appellation de conseiller à l’orientation scolaire et professionnelle par conseiller à l’orientation et à la guidance scolaire, alors que leurs missions ont été maintenues. Autres revendications : obligation d’octroi d’un logement, élaboration du statut particulier des centres d’orientation scolaire, prime de transport, prime de risque, promotion
    De leur côté, les adjoints de l’éducation nationale, qui n’ont pas cessé de lancer des actions de protestation parrainées par le SNTE, n’ont pas hésité à adresser une mise en garde en direction de la tutelle. Un document portant des propositions en vue de la révision des lacunes du statut sera déposé au ministère d’ici le 25 novembre prochain. “La tutelle a jusqu’au 15 décembre pour répondre, faute de quoi, la protestation reprendra à tout moment via des sit-in devant le ministère de l’Éducation et la direction de la Fonction publique.”
    Reclassification de ce corps à la catégorie 10 au lieu de 7, droit à la promotion, révision des conditions d’accès à cette profession, notamment le niveau universitaire.
    Et dans la perspective d’une prochaine contestation, les professeurs ingénieurs se sont structurés au sein de l’Unpef en créant un comité national, qui aura la lourde tâche d’arracher une série de revendications. En clair, le secteur de l’Éducation nationale n’est pas près de sortir de la zone de turbulence.

    Formation professionnelle : vers deux jours de grève
    Après de longues années de stabilité, le secteur de la formation professionnelle a lancé sa première action de protestation en 2009.
    Une première qui a été suivie par d’innombrables autres débrayages et rassemblements organisés par le Syndicat national des travailleurs de la formation professionnelle (SNTF).
    Et c’est ce même syndicat qui compte mobiliser ses troupes pour une nouvelle grève nationale les 14 et 15 novembre prochain, pour inciter les responsables du secteur à répondre à la plateforme de revendication déposée le 12 mai 2009. Nous citerons entre autres : la révision du régime indemnitaire, le droit à la promotion, aux congés annuels et périodiques pour les fonctionnaires de l’administration comme pour ceux du secteur de l’Éducation nationale, la révision du statut particulier et l’intégration des fonctionnaires des corps communs dans le secteur de la formation professionnelle.

    Les psychologues débrayeront le 13 novembre
    Le Syndicat national des psychologues (Snapsy) vient d’annoncer à son tour un arrêt de travail de 5 jours à compter du 13 novembre prochain et ce pour protester contre “le refus de la tutelle de dialoguer”. Cette formation syndicale attend elle aussi la satisfaction d’une plateforme de revendications contenant 12 points.
    Les psychologues réclament à leur tour la révision du régime indemnitaire et la prise en charge des psychologues retraités. Le Snapsy prévoit enfin d’autres actions de contestation avant le 13 novembre; en particulier un sit-in devant la direction de la Fonction publique.

    Dialogue de sourds
    La position des départements touchés par la contestation est en fait pour beaucoup dans le malaise social qui n’en finit pas, puisque la plupart des tutelles ont toujours affiché un silence radio aux appels de leurs fonctionnaires.
    Une position “méprisante”, jugent les syndicats qui optent pour le durcissement. Même le ministère de l’Éducation nationale, qui a accepté d’ouvrir les portes de la concertation avec ses partenaires sociaux, ne le fait que pour les gros dossiers.
    Le département de la santé, qui mise à chaque perturbation sur des déclarations et promesses, se tourne vers un planning de concertation qui n’aboutit au final qu’à une nouvelle perturbation, notamment avec les deux principaux syndicats du secteur, à savoir le SNPSP et le SNPSSP.
    Ce dernier vient d’ailleurs de geler son débrayage en attendant le concret tant promis.
    La vie sociale est prisonnière du même cercle vicieux : revendication, protestation, promesse vaine et retour à la contestation.
    M. B.