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trafic de carburant

  • Trafic de carburant : ce que perd l’Algérie

     


    Youcef Yousfi révèle les chiffres de l’hémorragie

     

    Par : Mohamed Mouloudj

    Traité comme un phénomène marginal depuis des années, le trafic de carburant le long des frontières est et ouest du pays a pris des proportions inquiétantes. Le gouvernement se mobilise. Des mesures sont prises.

    Depuis quelques jours, des ministres du gouvernement Sellal sortent de leur mutisme et révèlent l’étendue de la gangrène. Ainsi, selon Youcef Yousfi, ministre de l'Énergie et des Mines, “plus de 1,5 milliard de litres sont détournés annuellement d'une façon illégale vers l'étranger”. Cette quantité, précisera-t-il, en outre, “fait tourner 600 000 véhicules au-delà de nos frontières”. Le constat fait par les membres du gouvernement est sans appel. C’est une véritable saignée pour l’économie nationale et une réelle menace sur la sécurité du pays.
    La sortie du ministre de l’Énergie  vient comme pour confirmer le taux atteint par ce trafic donné par son homologue de l’Intérieur lors d’une visite à Aïn Defla, il y a quelques jours. Daho Ould Kablia avait en effet indiqué que “25% de la production nationale de carburant est gaspillée et exportée illégalement aux frontières”. Les deux ministres ne se sont pas contentés de dresser un constat.
    Ils sont allés au-delà. Le gouvernement annonce dans une première étape la mise en branle de mesures en collaboration avec les autorités locales des wilayas concernées par ce fléau. Dans une seconde phase, le gouvernement passe à l’offensive pour endiguer un phénomène qui ne cesse de mettre en péril, d’abord la sécurité nationale, vu, d’un côté, le risque de pénurie qu’il fait peser sur le pays, et de l’autre, le risque de propagation du trafic à d’autres produits ainsi que la jonction qui pourrait naître entre les différents trafics et le terrorisme.
    Selon des sources, les membres du gouvernement auront à se pencher, aujourd’hui, lors de leur réunion hebdomadaire et pour la seconde fois, sur un projet de loi portant lutte contre la contrebande.
    Le ministère de l’Intérieur avait déjà pris un certain nombre de mesures à l’encontre des contrebandiers et qui sont appliquées dans les régions frontalières où le trafic de carburant est devenu le modus operandi des groupuscules terroristes et aussi des réseaux de trafic de drogue. Parmi les mesures de lutte, on citera la saisie de tous les moyens de contrebande et des biens des contrebandiers.
    Les mêmes décisions ont concernées les stations-services des wilayas frontalières où la quantité de carburant servie aux automobilistes a été plafonnée. Ces trafiquants qu’on appelle communément les hallabas ont trouvé une parade.
    Ainsi, mis à part la ruée vers les stations-services de Relizane et de Sidi Bel-Abbès, pour ne citer que celles là, après le strict contrôle imposé dans les stations-services des wilayas frontalières, les hallabas procèdent par de moults subterfuges pour s’approvisionner à plusieurs reprises dans une même station. “Il vient seul, il fait le plein de sa voiture, ensuite, il revient dans un autre accoutrement mais cette fois-ci il est  accompagné de sa famille pour ne pas le reconnaître”, a-t-on témoigné. Face à cette nouvelle méthode des contrebandiers, les services de sécurité se sont adaptés et mis en place une stratégie.
    Il s’agit d’agents en civil qui sont mobilisés dans les stations-services afin de débusquer les trafiquants.
    D’autres mesures sont très probablement attendues dans les prochains jours.
    Il est clair que la dégradation de la situation dans nos pays voisins a encouragé le phénomène du trafic de carburant, qui concernait jusqu’à 2011 le Maroc et qui s’est propagé à nos frontières, et notamment la Tunisie et la Libye, engendrant des dommages à l’économie.


    M M