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  • L'infinie tristesse des surlendemains

     

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    le 23.04.14 | 10h00 1 réaction

     

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    En ces jours d'après-plébiscite, le plus triste est ce fin mot de l'histoire, celle de délinquants recrutés par le directeur de campagne de Bouteflika à Tizi Ouzou qui n'ont pas été payés et ont profité de la marche pour casser et se venger. Entraînant une riposte extrêmement brutale de la police, au point où la DGSN a ouvert une enquête. Le régime, source de stabilité, est donc à l'origine et à la conclusion de ces tristes événements, par les délinquants qu'il paye pour assurer la sécurité de ses ministres détestés, puis par la sauvage répression qui s'abat sur des civils noyautés par les mêmes délinquants.

    Non, peut-être que le plus triste est cette version de l'histoire qui commence à être relayée par les télévisions et les journaux privés financés par l'Etat, expliquant après avoir tenté de nier que ces images viennent d'Algérie ou qu'elles viennent de 2001 (comme si c'était moins grave), que les policiers qui ont participé à ces exactions sont des individus qui ont revêtu des uniformes de police. C'est là où il devient très triste de réaliser qu'en Algérie, on peut acheter des uniformes de la police, des matraques, des casques et des bottes qui font mal dans la supérette du coin. Non, en fait, le plus triste est ce triste Ould Ali El Hadi, directeur de campagne de Bouteflika, mais dont la fonction officielle est directeur de la culture de Tizi Ouzou, ce qui renseigne tristement sur l'état de la culture.

    En réalité, non plus, le plus triste est d'assister à la vie trépidante du chef de l'Etat, venu sur sa chaise, votant assis pour repartir se coucher. Et si la véritable tristesse était cette tristesse collective qui n'en finit pas et n'est même pas récupérable ? Car si les mères et les épouses n'avaient pas décidé par lassitude d'arrêter de pleurer, l'Algérie serait l'un des pays les mieux arrosés de la planète. On aurait même pu y faire pousser des pâtes et de la joie.

     

    Chawki Amari

     

     

     

     

     

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  • La répression policière choque les Algériens

     

    Après les brutalités de Tizi Ouzou

     

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    | © D. R.
     
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    La vidéo choc qui continue à faire le buzz sur les réseaux sociaux et met clairement et crûment à nu la sauvagerie avec laquelle la police a réprimé des manifestants lors de la marche avortée du 20 avril, à Tizi Ouzou, s’est révélée fort embarrassante pour le régime.

    Ces images, filmées par un anonyme, ont eu l’effet d’une bombe et, pour tout dire, elles tombaient mal (pour Boutef IV) quand on sait que les faits se sont produits deux jours à peine après la réélection du président sortant pour un quatrième mandat.
    Ces images se posent comme une pièce à conviction des plus accablantes qui ne laisse point de doute quant au caractère profondément répressif du «système». Au-delà de la «bavure» policière, elles témoignent d’une violence plus ancienne et plus profonde.
    Une violence d’Etat. Elles disent le caractère coercitif et résolument fermé du «récit dominant». On n’est pas obligé d’être spécialiste en sémiologie de l’image pour y voir un abus de pouvoir et, surtout, un abus «du» pouvoir dans le monopole de la violence légitime (Weber). Un pouvoir qui bascule, sans scrupules et sans ménagement, dans la violence illégitime.

    Un air de Ramallah

    Depuis l’assassinat de Abane, la violence politique, on le sait, est dans l’ADN du régime. De moyen d’accession au pouvoir, elle est érigée depuis belle lurette en mode de gouvernance. Dont acte ! Par ailleurs, cette vidéo trahit le caractère pas très «républicain» d’une institution censée agir sous le magistère de la loi au lieu de servir une caste. Une nouvelle fois, les troupes du général Hamel se seront distinguées par une propension à abuser de la matraque et à «casser de l’Algérien» dès qu’il nourrit la moindre velléité de battre le pavé et d’agir en citoyen à part entière. Au final, ces images sont révélatrices de l’ampleur de la cassure, pas seulement entre les services de sécurité et la population, mais, surtout, entre le pouvoir et le peuple. Une cassure que résume cet officier de police qui nous confia un jour, dans un commissariat : «J’ai le sentiment de porter l’uniforme de la police coloniale.»

    D’aucuns, en voyant ces «flics», en uniforme ou en civil, s’acharner sur un jeune homme qui ne remue plus, lui assénant des coups de pied au train et le traînant comme du gibier, ont pensé au comportement de la police israélienne face aux manifestants palestiniens, et il est difficile de leur donner tort.Cette bastonnade hystérique, administrée avec une haine démesurée à ce corps qui ne répond plus disent, en sous-texte, l’entêtement du pouvoir à vouloir dresser à tout prix la population à l’obéissance civile après lui avoir coupé tout canal d’expression pacifique et après avoir confisqué tous les espaces publics.Bien sûr, le patron de la police, le général Hamel, s’est empressé de diligenter une enquête pour faire la lumière sur ces dépassements.

    Visiblement gêné, le DGSN fait une nouvelle fois de la com’, pour ne pas dire de la «politique», pour rattraper les bourdes à répétition de ses hommes. Sauf qu’il ne s’agit nullement, ici, d’une bavure «isolée». Qu’on se souvienne de Ghardaïa, du laxisme coupable de la police au moment où des voyous détruisaient méthodiquement les mausolées de Ami Saïd et autres symboles-clés de la culture mozabite.
    Une attitude qui a grandement contribué à nourrir le pourrissement. Qu’on se souvienne de la brutalité avec laquelle des militants pacifiques ont été réprimés mercredi dernier à Alger. Qu’on se souvienne de toutes les manifestations non violentes réprimées dans le sang depuis les événements de 2001.

    Casser la citoyenneté active

    Au-delà de l’émotion et de l’indignation que ces images ont suscitées et à juste titre, celles-ci nous amènent à nous interroger sur la trame idéologique et doctrinale dans laquelle elles s’inscrivent. Ces séquences, en apparence hachées, traduisent l’échec retentissant d’un régime se revendiquant de l’histoire du Mouvement national à fédérer les Algériens autour d’un vrai projet national, d’un vrai contrat social basé sur la libre adhésion de chacun plutôt que sur la soumission de la majorité silencieuse par la force et le chantage.

    Depuis 1962, le pouvoir, sous ses différents visages, se sera échiné à empêcher l’émergence d’une citoyenneté active et participative pour lui substituer une masse informe de néo-indigènes interdits de questionnement. En ramenant le problème à une simple histoire de «bavures» anecdotiques, nos gouvernants entendent le confiner dans un registre technico-sécuritaire quand il est, avant tout, question des fondements mêmes du régime de gouvernance et de pensée. Et cela nous renvoie de plein fouet à cette «violence d’Etat» dont nous parlions tantôt.
    Celle-ci se manifeste dans tous les segments de la société. Comment s’étonner, dès lors, que la police agisse avec autant de hargne et de mépris ? Comment lui demander de respecter notre intégrité physique quand notre «polis», notre «ethos» et notre intégrité citoyenne sont piétinés, profanés et bafoués tous les jours ?

    L’élection est vidée de son sens. L’intronisation par la fraude, l’argent sale, la manipulation de masse et l’arrogance d’un président à l’article de la mort est vécue par un large secteur de l’opinion comme un viol du corps électoral.
    A quelques encablures du scrutin, des gendarmes ont débarqué dans les locaux d’Al Atlas TV, saisi le matériel de la chaîne et l’ont fermée manu militari en raison de sa position éditoriale, quand les chaînes de Mahieddine Tahkout qui, elles, pour le coup, sèment la haine et appellent au lynchage de l’opposition, continuent à émettre en toute impunité.

    L’ANEP est instrumentalisée sans vergogne pour étouffer financièrement la presse «récalcitrante», comme nos confrères d’El Djazaïr News et Algérie News viennent de l’apprendre à leurs dépens. L’une des rares bouffées d’aération cathodique qui égayait notre morne paysage audiovisuel, en l’occurrence l’émission System DZ animée par notre ami Abdallah Benadouda, est tout bonnement supprimée de la grille de la chaîne de Ali Haddad au motif qu’elle se permet une trop grande liberté de ton qui n’est pas dans l’esprit de la maison.

    A l’heure où nous mettons sous presse, Kadi Mohand, un militant de RAJ, et un ressortissant tunisien, Moez Benncir, qui l’accompagnait, croupissent à Serkadji pour avoir pris part à la manifestation de mercredi dernier, à Alger. Toutes ces violences successives ne pouvaient que faire le lit de la violence policière à laquelle nous assistions, impuissants, ce samedi, à Tizi Ouzou.

    A force de brimer la société, de casser les initiatives, de terroriser les cadres, de réprimer l’opposition, d’étouffer les syndicats, de noyauter les associations, d’acheter les juges, de domestiquer le FCE, de surveiller les partis, de persécuter les intellectuels… qu’attendre de la police, sinon de briser les os des derniers Algériens debout ? Evidemment, le régime va encore nous seriner son leitmotiv de campagne : Printemps arabe. Ou… Printemps berbère dans le cas de Tizi. Oui. Désamorcer le printemps avant qu’il ne bourgeonne dans les têtes et ne donne des idées aux autres saisons.

    Nos chers experts de la GDF (gestion démocratique des foules) n’ont donc pas encore compris que ce sont précisément ces méthodes qui ont poussé les peuples à la révolte en emportant tout sur leur passage ? Conseil tactique : un masque à oxygène, vite, sinon ce sera tous les jours le 20 Avril !
     

    Mustapha Benfodil
  • La “brosse” électronique

     

    Par : Mustapha Hammouche

    La campagne pour l’élection présidentielle a-t-elle enrichi le discours politique national ?
    En considérant la récurrence des termes, de façon pragmatique, on peut relever que le mot le plus utilisé par les politiques en campagne a été le mot “stabilité” ; suivi, très probablement, du terme “sécurité”. Dans le camp de l’opposition au vote ou au quatrième mandat, qui s’est beaucoup moins exprimé, c’est le mot “santé” qui semble être revenu le plus souvent ; suivi du vocable “changement”.
    La presse, quant à elle, qui renferme le plus grand nombre de commentateurs, a évoqué de manière récurrente les mots “quatrième mandat”, “Bouteflika” et “système”.
    Durant cette campagne électorale, le Net aura constitué le troisième centre de production sémantique. S’il dispose d’un lexique plus réduit, il a la particularité d’être innovant, d’être apte à confectionner ses propres concepts, en adaptant le discours normalisé ou en puisant dans le langage courant. Le discours des réseaux sociaux a la fraîcheur de la jeunesse qui le crée et l’utilise. Celle-ci ayant l’avantage de ne pas entretenir le réflexe de la censure et de l’autocensure que cultive la presse. Là, indéniablement, c’est le terme de “chita” — et ses déclinaisons :    “brosse”, “chyat”, “chyattine” — qui, par ordre de fréquence, arrive en premier dans le discours. Avant “fakakir”, et quelques autres mots montés sur la même structure de pluriel pour les besoins de l’ironie.
    Les internautes ont été d’un grand apport conceptuel et en termes d’analyse des discours et comportements politiques en période électorale. Ce qui a obligé la presse à aller puiser dans les réseaux sociaux les critiques qu’elle ne pouvait assumer, compte tenu de leur fond ou de leur forme, et poussé le politique à tenir compte de ce média informel, atomisé, insaisissable.
    Le discours “virtuel” profite de la diversité de langages dont dispose parfois une même personne : texte, dessin, montage vidéo, documentaire vidéo… Et la presse institutionnelle ne peut plus se passer d’exploiter la matière disparate d’intervenants atomisés, qui fait de la Toile le lieu de production privilégié de nouvelles. L’information par les réseaux sociaux est rapide, parce que, là où cela se passe, il n’y a pas toujours un journaliste, mais forcément un Smartphone pas loin. Elle est probante, parce qu’elle privilégie l’image sur le récit oral ou écrit. Elle est opérante, parce qu’elle peut déclencher des réactions multiples et concentrées qui rendent insoutenable la situation de leur cible : le destin du clip We are the world version “quatrième mandat” est la parfaite illustration de cette implacable efficacité. Aussi, elle n’a pas de limites géographiques, ni même linguistiques, de diffusion. Et le “buzz” a supplanté le   “scoop”, qui avait lui-même supplanté “l’exclusivité”.
    Un seul regret, peut-être, quant à la fonction démocratique de la communication virtuelle : l’engouement des internautes ne se porte pas en tout temps sur la chose. C’est un intérêt conjoncturel qui dépend de l’ambiance nationale générale.
    Est-ce que, la campagne à présent terminée, ils jetteront l’éponge ? Ce serait dommage, parce que les autres, eux, ne jetteront pas la brosse…Et peut-être même que, pour narguer les insolents cybernautes, se mettront-ils à la brosse électronique ?

    M. H.
    musthammouche

  • boutef

    DILEM DU 23 AVRIL 2014