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arnaque

  • arnaque au blé ----devise ,pour dilapider l'argent du contribuable

    La facture a augmenté de 14,5% durant le premier semestre 2013

    1,18 milliard de dollars pour l’importation de blé !

    Par : Mohamed-Chérif LACHICHI

    Les statistiques des Douanes algériennes sont claires : la facture alimentaire ne fait que grimper alors que la production nationale semble incapable de satisfaire la demande.

    Les Douanes algériennes viennent d’enregistrer un pic de 14,5% dans la facture des importations de blés durant le premier semestre 2013, par rapport à la même période de l’année dernière. Si l’on en croit les chiffres rendu publics hier par le Cnis, cette facture a augmenté seulement en valeur, passant de 1,03 milliard à 1,18 milliard de dollars US car en volume, les importations ont plutôt stagné à 3,171 millions de tonnes sur la période considérée. D’après les statistiques des douanes, ce sont essentiellement les importations de blé tendre qui alourdissent la facture. Elles ont atteint 868,2 millions de dollars, contre 682,98 millions, à la même période de l’année dernière, en hausse de 27,12%.
    Les quantités ont totalisé 2,411 millions de tonnes, contre 2,358 millions de tonnes, en hausse également de 2,24%. Quant à la facture du blé dur, celle-ci a connu  durant le premier semestre 2013 une baisse tant en valeur (-11%) qu’en quantité (- 7,4%), soit 306,86 millions de dollars (pour 752 720 tonnes), contre 346,270 millions de dollars (pour 813 107 tonnes) à la même période de 2012. On en conclut donc à une hausse importante des cours de blé tendre qu’il va falloir vérifier. Le ministre de l’Agriculture, qui avait longuement insisté sur la fonction “régulation” réhabilitée, selon lui, depuis 2009, devrait demander à cette occasion des explications aux responsables de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), principal importateur de céréales et qui aurait dû, si l’on suit son raisonnement, “anticiper” ladite hausse en faisant, par exemple, des achats en basse saison.
    Benaïssa avait notamment précisé que l’État pouvait intervenir sur le marché et pas seulement par des actions physiques telles que le stockage. Quoi qu'il en soit, il pourrait aussi interpeller aujourd'hui le Conseil interprofessionnel des céréales pour déterminer les mesures arrêtées afin de concrétiser, a minima, les objectifs de sécurité alimentaire et pour intéresser davantage l’amont agricole.
    S’agissant enfin de l’origine des importations de blé tendre, elles ne font aucun doute qu’elles proviennent, bien évidemment, de l’ancienne puissance coloniale, en l’occurrence la France. Et pour cause ! Pour mettre fin à une polémique naissante, le ministre algérien de l’Agriculture a fait valoir que les habitudes alimentaires des Algériens imposent un certain type de blé et que même les équipements, notamment les fours des boulangers algériens, sont conçus exclusivement pour “la baguette française”.
    À cet effet, les cahiers des charges rédigés en 1980 (le dernier amendement date de 1999) favorisent, en Algérie, la fabrication d’un pain à partir d’une farine de blé avec un indice de panification que l’on retrouve, pour ainsi dire, uniquement en France... métropolitaine.
    C’est pourquoi l’Algérie est devenue très vite l’un des principaux marchés captifs des céréaliers français et un débouché presque “naturel” pour des excédents agricoles qu’elle paye, aujourd’hui, au prix fort.

  • L’association ADRA répond au PDG d’air Algérie

    Par : Samira BOUABDELLAH

    Comme chaque année, dés que la fin de la saison estivale pointe son nez à l’horizon et la rentrée approche, les prix des billets d’avion Algérie / France montent en flèche. En effet, les tarifs exagérés pratiqués par les compagnies aériennes sur les vols internationaux suscitent ces dernières années colère et indignation auprès des Algériens vivant à l’étranger. Après le mouvement citoyen algérien en France (Mcaf), une autre association des Algériens établis en France, en l’occurrence, l’association des algériens des deux rives (ADRA) se mobilise pour dénoncer « les prix excessifs pratiqués par les compagnies aériennes » dans un communiqué rendu public ce samedi 1er septembre. Les membres de l’association ADRA s’interrogent « comment peut on rationnellement justifier de tels prix, parfois allant jusqu’ à 1000 € pour un aller retour PARIS-ALGER, alors que sur une distance comparable dans les autres pays du Maghreb, un aller-retour peut être proposé pour la modique somme de 60 euros ! ». Il précise qu’ « il n’est pas exagéré d’affirmer que pour l’équivalent du prix d’un billet en partance de Paris à destination de l’Algérie, le citoyen pourrait voyager deux fois vers les Etats Unis ou la Chine ». L’association ne reste pas tendre envers le PDG d’air Algérie et affirme que « l’amour que porte la communauté algérienne de France pour son pays, l’Algérie, n’est pas à prouver et ce n’est pas à Monsieur le PDG de la compagnie nationale AIR ALGERIE de donner des leçons de patriotisme. En revanche les questions se posent s’agissant de l’estime que cette compagnie financée par les deniers publics porte aux citoyens algériens ». Par ailleurs, les membres d’ADRA constatent que « cette situation où quelques compagnies oligarchiques se partagent le marché aérien algérien au détriment du consommateur citoyen algérien est insupportable et s’apparente à une véritable prise d’otage. Les algériens immigrés par contraintes économiques depuis près d’un siècle n’ont qu’une terre, l’Algérie. Il est inacceptable que certains de nos concitoyens se privent par contrainte tarifaire d’aller voir leurs familles, leurs défunts et leur terre ! ». Les rédacteurs de la déclaration assurent qu’ils ne peuvent plus « accepter cet état de fait et devons exiger des réponses sur ces pratiques condamnables » et exigent « des responsables de cette compagnie et des compagnies concurrentes de nous expliquer et de justifier cette politique tarifaire ».

    Enfin, l’association ADRA conclut son document en dénonçant « fermement cette situation sidérante et invite chacune et chacun d’entre vous à la rejoindre afin d’élaborer une stratégie citoyenne et intelligente afin d’exiger du respect et un traitement auquel l’algérien doit prétendre comme tous les citoyens du monde au nom de la dignité du citoyen et de la transparence dont disposer une grande compagnie comme AIR ALGERIE »

    S.B

    source :liberte dz

  • sabotage au FFS

    Le parti est gagné par la contestation suite à la confection des listes de candidats

    Le FFS face à la grogne de ses militants

    Par : Mohamed Mouloudj

    “Il est tout à fait normal que les militants agissent de la sorte”, souligne notre source qui s’interroge : “comment se fait-il que Karim Tabbou, partisan du boycott, figure sur la liste de Tizi Ouzou et que d’autres militants soient exclus ?” 

    La crise qui secoue les partis politiques et la colère des militants gagnent de plus en plus de terrain et ces partis risquent même d’y laisser des plumes. Ainsi, la confection des listes aux prochaines législatives est une occasion pour laisser libre cours aux ambitions des militants. Au Front des forces socialistes (FFS), “Hocine Aït Ahmed a dépêché Salima Ghozali et Mohand amokrane Cherifi pour apaiser les tensions entre les militants”, a informé une source proche du parti. 
    Les militants du Front ont, dit-on, rencontré l’émissaire du chef du parti hier à Tizi Ouzou où le FFS compte sa plus importante fédération. “Il est tout à fait normal que les militants agissent de la sorte”, souligne notre source, qui s’interroge : “comment se fait-il que Karim Tabbou, partisan du boycott, figure sur la liste de Tizi Ouzou et que d’autres militants en soient exclus ?” Pour ces militants, la vague de contestation que connaît le vieux parti de l’opposition n’est autre qu’une manière de “pousser la direction à plus d’équité et de clairvoyance dans la confection des listes”. Même son de cloche chez les militants du FFS à Béjaïa. Pour eux, “les arguments de la direction nationale, qui a exclu les militants qui étaient proches de Karim Tabbou, ne tiennent pas la route”. Plus explicites, ils dénoncent “le deux poids, deux mesures d’une direction qui exclut les partisans du boycott à Béjaïa et au même moment désigne une tête de pont (Tabbou, ndlr) comme second sur la liste de Tizi Ouzou”. 
    Les militants du FFS de Béjaïa dénoncent aussi le choix porté sur la personne d’Arezki Derguini. Pour eux, “la tête de liste ne mérite pas cette distinction. Il a rejoint les rangs du parti seulement en 1997 et il traîne un passé militant des plus douteux”, dévoilent-ils. Et de se questionner sur les raisons de l’exclusion de l’actuel P/APW et de Khaled Tazaghart, militant de la circonscription de Tazmalt des premières places. Le dossier du P/APW, Hamid Ferhat, est rejeté par la direction. La même source se demande, par ailleurs, “sur l’absence de Djamel Zenati dans tout le débat autour des législatives”. Le même procédé est dénoncé à Alger. 
    Pour un militant du FFS, étudiant à Alger, “l’isolement de Ahmed Djedaï et de Dalila Taleb est une grave erreur”, tout en reconnaissant que “Me Bouchachi a sa place”. “le FFS et le combat démocratique ont besoin de militant chevronnés pour défendre nos positions au Parlement”, estime-t-il.   
    “Nous avons le droit d’être ambitieux”, clame un autre militant. “Nos ambitions sont honnêtes et pourquoi l’on parle de jeunes uniquement lors des marches”, a-t-il encore ajouté. Pour ce militant, l’engagement de la base du FFS, lors de la campagne pour les législatives, est “conditionné par les noms retenus par la commission de recours”. “Il va de soi, a-t-il ajouté, que des mécontents vont prendre le chemin inverse des décisions du parti”.

  • Voxpopuli : Green-Card = Arnaque


    Je vous écris pour vous raconter mon histoire avec la célèbre Green- Card américaine. En résumé, je me suis inscrit sur internet en 2009, et en 2010 j'ai reçu un courrier venu des Etats-Unis d'Amérique, qui me confirme que je fus choisi par la Lottery (Green-Card). 
    J'ai préparé tout un dossier, je l'ai envoyé au centre de Kentucky qui s’occupe des dossiers de l'immigration américaine. En 2011, j'ai reçu un courrier du centre de Kentucky qui me demande de me présenter au consulat des Etats- Unis-d‘Amérique à Alger muni d'un dossier qui m'a coûté plus de 40 000 00 DA, contenant plus de sept pièces traduites en langue anglaise, plus un bilan médical qui m'a coûté 14 000 00 DA, les résultats des bilans étaient bons, j'avais le dossier complet sur moi dont le certificat d’hébergement aux Etats-Unis-d’Amérique. Le jour de l'entretien, je me suis présenté au consulat, j'ai payé 64 000 00 DA non remboursables ; j'ai présenté mon dossier aux guichets, j'étais content car je remplissais toutes les conditions (diplôme, expérience...), l'après-midi, après un petit entretien avec l'officier consulaire, ils m'informent que je ne suis pas qualifié pour l'immigration, alors que, normalement, ayant été tiré à la «Lottery», j'ouvre droit à une carte verte d'immigration (Green-Card) ! Où sont mes droits ? Où sont mes 64 000 00 DA ? Où est-elle ma dignité? Je fais appel aux jeunes arnaqués par la Green-Card de me joindre à cette page pour réclamer nos droits et vive l’Algérie des 1 500 000 chahids. 
    Rebelle Urav

    source:le soir dz

  • Guerre des chiffres entre la cnas et les hôpitaux français

    Transfert des algériens à l’étranger pour soins

     

     

     

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    Des hôpitaux français refusent, depuis quelques semaines, d’admettre les malades algériens en dépit des conventions bilatérales sur les soins de santé qui lient l’Algérie à la France depuis 1981. Le motif de ces refus ? Les impayés de la CNAS seraient de 34 millions d’euros selon la partie française, alors que seuls 430 malades ont été transférés en 2011. Le contentieux qui divise les deux parties, vieux de deux décennies, semble prendre une nouvelle tournure. En témoigne le cas très médiatisé du bébé Manil qui a dû bénéficier d’une mesure exceptionnelle pour se faire soigner en France. Qu’en est-il des milliers d’autres «Manil» pris en otages par ce contentieux ?

     

    Combien coûte la vie d’un Algérien ? Une question que se posent, chaque mercredi, les six membres de la Commission médicale nationale (CMN) qui statuent sur les transferts des malades à l’étranger. Ils n’apprécieront certainement pas que leur mission soit posée en ces termes, mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Mesurer, évaluer et peser le droit à la vie de chaque postulant. Ils analysent les dossiers des demandeurs malades, selon le risque vital que suppose leur maladie, son coût et les chances de guérison. Durant l’année 2011, 430 malades, triés sur le volet, ont été transférés à l’étranger, en France plus particulièrement au vu des conventions bilatérales sur les soins de santé qui lient les deux pays depuis 1981. Mais un vent de révolte souffle, ces dernières semaines, dans plusieurs villes du pays, sur la question de la prise en charge de nos malades à l’étranger. A l’origine, les transferts récurrents des dignitaires du régime, dont la presse fait souvent écho, mais aussi, l’affaire «Sauver le bébé Manil».

    Une page facebook a été créée il y a deux mois, pour faire connaître la détresse d’un enfant de 8 mois atteint d’une maladie rare. SCID-X ou DICS : déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X. Il s’agit d’une maladie héréditaire provoquée par la transmission d’un gène défectueux de la maman aux enfants de sexe masculin, les privant ainsi de toutes leurs capacités immunitaires. Il pourrait être sauvé par une greffe de moelle osseuse dont sa sœur, Manel, âgée de 6 ans, est le seul donneur compatible. La Commission médicale nationale a donné son «OK», il y a deux mois, pour son transfert en France. La CNAS a signé la prise en charge. Seulement, les hôpitaux français ont refusé de l’admettre pour cause d’impayés de la CNAS, qui a perdu toute crédibilité à leurs yeux. Le cas du bébé Manil a connu un heureux dénouement puisque la France lui a accordé, samedi dernier, une prise en charge pour raisons «médicales humanitaires», mais en avertissant tout de même que cette exception ne doit pas «pour autant occulter la nécessité de remédier au recouvrement des créances, qui ont atteint 34 millions d’euros en 2011, de la Caisse nationale d’assurance sociale algérienne auprès des établissements de santé français», a tenu à préciser le ministère français de la Santé dans un communiqué de presse officiel. La convention relative aux soins de santé dispensés en France aux assurés sociaux algériens, entrée en vigueur en 1981, ne tient plus, apparemment. Le contentieux entre la CNAS et les hôpitaux français, qui ne date pas d’hier, prend une nouvelle tournure. Dramatique pour les milliers d’autres «Manil» non médiatisés, qui ne peuvent être soignés en Algérie.


    34 millions d’euros d’impayés pour seulement 340 malades !

    «Les impayés de la CNAS deviennent trop lourds», dénoncent, depuis plusieurs semaines, des responsables d’hôpitaux français, dont ceux de Lyon et de Strasbourg. La CNAS fait la sourde oreille sur la question des impayés et les accuse, à son tour, de prendre les malades algériens en otages. Pendant ce temps, le bébé Manil – qui est loin d’être seul dans ce cas-là – risquait de mourir à tout moment. Son père, Mouloud Blidi, a préféré s’en remettre à la solidarité populaire qui, d’ailleurs, lui a permis de collecter plus de 40 000 euros pour payer sa prise en charge, soit près de 20% de la somme nécessaire. La vie de Manil coûte 270 000 euros. Elan de solidarité sur facebook, en Algérie et ailleurs, pour la payer. Maintenant que la CNAS s’est engagée à payer sa prise en charge, l’argent collecté servira à la création d’une association pour le lancement d’un centre de greffe en Algérie. Bel exemple pour un si triste combat.
    Depuis, d’autres pages ont vu le jour sur facebook : «sauver Hadjira Ouazani», «sauver Dassine Tlili», «sauver le petit Ilyes», «sauver la cancéreuse de Ouargla»… Ces pages ont toutes un point commun : elles défendent la cause d’Algériens atteints de maladies rares, qui ne peuvent être soignés dans nos hôpitaux faute de moyens ou de compétences. Ils sont tous livrés à eux-mêmes et veulent, comme le bébé Manil, s’en remettre à la solidarité populaire. Une voie certes incertaine, mais la seule qui leur reste. Déjà que l’accès au fameux «OK» de la CMN a toujours été difficile à obtenir – sauf si on a un contact haut gradé capable d’un passe-droit rapide et efficace – voilà que cette question d’impayés de la CNAS vient boucher à présent toutes les issues de secours pour ces malades. Près de 40 millions d’euros de créances présentées en 2010, alors qu’elles n’étaient que d’un million en 2009, selon le Centre de liaison européen et international de la sécurité sociale (CLEISS). Une embûche qu’aucun piston ne peut désormais déjouer.


    Rudes négociations


    Cette histoire d’impayés remonte à loin dans le temps, mais jamais elle n’avait remis en question la convention ratifiée par la France et l’Algérie en 1981. Pourquoi le torchon ne brûle-t-il que cette année entre la CNAS et les hôpitaux français ? D’abord, parce que le montant des dettes n’a jamais atteint un tel seuil, mais aussi parce que les hôpitaux français, en cette période de crise, ne peuvent se permettre de badiner avec leurs euros. Et pourtant, une commission mixte algéro-française s’est réunie, à Alger, en juin 2010, pour trouver une voie d’apaisement à ce contentieux et l’Algérie a bien été obligée de régulariser ses comptes pour les années 2005 à 2008, en gage de bonne foi. Michel Dejagher, consul général de France à Alger, avait assisté à cette réunion. «C’est un contentieux épineux et les deux parties ont leurs avis et défendent leurs positions selon des arguments qui se tiennent», a-t-il déclaré. «Les Algériens accusent les hôpitaux français de surfacturation dans le sens où ils initient des bilans et d’autres soins tout en prolongeant les délais d’hospitalisation, mais le ministère français de la Santé se défend, selon l’argument d’une pratique rigoureuse de la médecine qui ne peut être édictée à distance. Les deux parties ne répondent pas à la même logique. Les uns invoquent la rigueur dans la pratique de la médecine, les autres défendent leurs intérêts financiers, ce qui peut être légitime», ajoute-t-il. Une rude négociation où personne n’a tort, ni raison…  donc ?


    «Les hôpitaux français veulent faire du chiffre»


    La guerre des chiffres entre la France et l’Algérie, sur la question des transferts de malades à l’étranger, prend actuellement en otages des centaines de malades. Une réunion franco-algérienne devrait se tenir très prochainement pour régler ce contentieux, mais les négociations s’annoncent serrées. La CNAS conteste tous les montants d’impayés révélés par les institutions françaises et parle plutôt de surfacturation, en accusant les hôpitaux français de faire «un chantage ignoble». De l’avis du professeur Bougherbal, la démarche française n’est pas tout à fait honnête. «Les hôpitaux français veulent faire du chiffre, alors ils gardent les patients plus longtemps ou prennent tout leur temps avant d’opérer le malade ; ce qui implique des factures très salées», souligne-t-il. Pourquoi ne pas se tourner vers d’autres partenaires dans ce cas-là ? «Nous avons tenté plusieurs expériences, avec la Belgique, la Jordanie (pays qui a même construit un hôpital spécialement pour accueillir les Algériens, mais en vain, ndlr), la Suisse, l’Italie, la Grande-Bretagne ; mais force est de constater que la France est un partenaire inévitable de par sa proximité.» En 2010, seules 430 personnes ont été transférées pour soins à l’étranger. Même nombre cette année. Les services consulaires de France ont délivré 1000 visas en 2011 pour soins à l’étranger, pris en charge par la CNAS, la Caisse militaire et la Caisse de sécurité de Sonatrach. Près de 60% des accords de prise en charge acceptés concernent donc les militaires et les employés de Sonatrach. Un bilan qui se passe de commentaires. D’autres chiffres intéressants dans le dernier rapport du CLEISS, dont El Watan a pu se procurer une copie, révèlent le montant exact des impayés de la CNAS de 2006 à 2010 (voir encadré), mais aussi que 90 % des créances de la France en termes de sécurité sociale, durant l’année 2010, concernent l’Algérie. Elle représente 55,4% des dettes notifiées avec 85,9 millions d’euros. Mais mieux que les chiffres et les bilans froids, la réalité du terrain parle d’elle-même.


    Un drame en cache toujours d’autres


    Des anecdotes dramatiques, ils en ont à raconter. Les médecins algériens, quels que soient leur spécialité ou leur domaine de compétence sont nombreux à s’emporter ou s’attrister dès que la question des transferts de malades à l’étranger est évoquée. «Une de mes anciennes patientes a vendu sa maison et sa voiture pour payer ses soins en France, parce que la CNAS a refusé de la prendre en charge, alors qu’on est témoin tous les jours que des pistonnés se font transférer même pour une rage de dent», raconte un réanimateur de la capitale. Un de ses confrères l’interrompt et révèle à son tour : «Une jeune fille de 17 ans est morte deux jours après que le refus de prise en charge de la CNAS lui eut été notifié, sa mère ne fera jamais son deuil.» Un autre encore évoque l’histoire de cette fillette morte, il y a quelques mois, après que la CNAS eut refusé d’accorder une prolongation de sa durée d’hospitalisation en France.
    Ces médecins, comme tant d’autres interrogés sur la question, s’offusquent des refus de la Commission qui mènent souvent au cercueil, mais ils restent tout de même catégoriques sur la nécessité d’arrêter cette politique de transferts à l’étranger pour exploiter tout cet argent «gaspillé» pour développer la médecine algérienne. «S’ils ramenaient des spécialistes de l’étranger pour soigner les pathologies qu’on ne maîtrise pas, ça coûterait moins cher et ça nous permettrait de capitaliser de la connaissance et d’initier nos médecins à de nouvelles méthodes», expliqueen s’emportant le réanimateur.


    Le transfert, une solution ou un problème ?

     

    C’est bien une remise en question de tout le système de santé qu’ils revendiquent, au-delà de cette problématique d’impayés, qui cache mal une situation chaotique à tous les niveaux. L’Algérie dépense beaucoup, mais continue d’enfoncer son système de santé dans la déliquescence. En 1985, près de 12 000 malades ont été transférés à l’étranger pour soins. De 2006 à 2010, sous l’impulsion d’une «politique» censée menée à l’arrêt définitif des transferts des malades à l’étranger, en 2009, une baisse de 60% de transferts a été notée. Seulement, aucune stratégie n’a été adoptée en amont pour améliorer la prise en charge dans le pays, au-delà des effets d’annonce. Janvier 2012, dans une logique de contradiction extrême, on hésite encore entre maintien des transferts à l’étranger ou leur suppression définitive. Au cœur de cette hésitation, une génération de sacrifiés ? Cette histoire d’impayés de la CNAS aura au moins eu le mérite de lever le voile sur une problématique sanitaire d’extrême urgence. 40 millions de créances, un litige sans précédent avec les hôpitaux français et l’incapacité de dispenser des soins à des milliers de malades. Petits calculs. Avec seulement 40 millions d’euros, l’Algérie pourrait construire deux hôpitaux et deux centres de radiothérapie qui apaiseraient les souffrances de milliers de malades.

    Selon l’architecte, Halim Faïdi, un centre de radiothérapie coûterait seulement 10 millions d’euros et pourrait prendre en charge 3000 malades par an. Avec une soixantaine de centres similaires, l’Algérie pourrait traiter chaque année les 100 000 cancéreux, qu’elle compte, ce qui ne représente même pas la moitié de la facture actuelle d’importation de médicaments. Juste une question de volonté politique et de visibilité pragmatique.
    Mais le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, préfère envoyer les malades atteints de cancer se faire soigner en Turquie, à raison de 8000 dollars par cure. Pourquoi autant de contradictions dans la démarche de gestion du secteur de la santé ? Incompétence ? Indifférence ? Volonté de nuire ? Des questions qui laissent perplexe, autant que la fameuse boutade du défunt professeur Mahfoud Boucebsi qui s’indignait, il y a plus de vingt ans déjà, que «l’Algérie soit le seul pays qui importe des médicaments et exporte des malades». 

     

    Fella Bouredji
  • LA PRESSE EST LIBRE sauf DEVANT FAWZI

     

     

    Arezki Aït Larbi. Journaliste : « Le DRS joue un rôle prépondérant dans le contrôle de la presse »

    El Watan, 4 avril 2010

    - La presse « présumée » indépendante, comme tu le dis si bien, n’a, en définitive, qu’un « seul rédacteur en chef » : le DRS. Jusqu’où cette affirmation peut-elle être vraie ?

    Le DRS joue un rôle prépondérant dans le contrôle de la presse, comme de la vie sociale et politique en général. Mais il n’est pas le seul. La responsabilité d’autres secteurs du Pouvoir, comme la justice ou la communication, ne saurait être occultée, même si ceux qui la détiennent légalement ont abdiqué leurs prérogatives dans les faits en se cachant derrière les « traditions » du sérail. Avant de dénoncer les pressions, bien réelles, du DRS ou d’une quelconque autorité, la profession doit d’abord répudier ces réflexes de soumission clanique, d’allégeance tribale et de complicités mercantiles qui garantissent quelques privilèges, mais au prix de graves entorses déontologiques. La responsabilité des patrons de presse est entière ; les plus serviles n’hésitent pas à devancer les désirs de l’autorité, avec comme enjeu essentiel une part de la rente publicitaire. Si l’abus de pouvoir est une réalité condamnable, l’abus d’obéissance, dont il n’est le plus souvent que le reflet, ne l’est pas moins.

    - La liberté de la presse (des journalistes) ne serait-elle qu’un mythe ?

    Les lois – écrites – de la République, à commencer par le très controversé code de l’information, garantissent au journaliste un exercice relativement libre de son métier. Mais la liberté, pour la presse comme pour le reste, n’est jamais acquise ; elle reste un combat permanent. Ce n’est un secret pour personne que des journalistes, et singulièrement des patrons de journaux, prennent régulièrement leur prêt-à-penser à la caserne de Ben Aknoun, sans qu’on leur mette un pistolet sur la tempe. Au demeurant, ils ne s’en cachent même pas. Pour faire carrière, il est préférable de monnayer une échine flexible que de faire valoir un CV professionnel fait de reportages audacieux, d’analyses pertinentes ou d’enquêtes documentées. Et l’on arrive à confondre entre l’information et la délation. Plus grave, des journaux bien protégés, notamment arabophones, ne reculent ni devant le propos raciste, ni la violation de la vie privée, ni même l’appel au meurtre. Autant de délits qui relèvent plus du code pénal que de la liberté d’expression.

    Le parquet, d’ordinaire si prompt à s’autosaisir pour défendre la réputation d’un officiel éclaboussé par quelque scandale, ne se sent pas concerné. Comme la justice sous influence, la presse, peu crédible, passe dans son ensemble pour un simple appendice des appareils politico-policiers. Pour redorer une image écornée, convoquer les martyrs de la profession comme ceinture de chasteté éthique ne suffit plus. Il est temps d’en finir avec le corporatisme de maquignons et les solidarités biaisées pour assumer la confrontation autour d’une valeur essentielle : l’éthique. Une note d’espoir toutefois. Dans les rédactions, de jeunes journalistes jaloux de leur autonomie et attachés aux valeurs qui font la grandeur de leur métier refusent de se laisser entraîner dans le sordide.

    - Peux-tu nous raconter les déboires que tu as eus avec les « services » pour te faire accréditer comme correspondant de la presse étrangère, le Figaro notamment ?

    J’ai déposé un premier dossier en 1995 comme correspondant de Libre Belgique. Il est resté sans suite. Interrogé par le directeur du journal sur le motif de ce blocage, un diplomate de l’ambassade d’Algérie à Bruxelles répondra : « M. Aït Larbi n’a pas été accrédité parce qu’il appartient à une organisation extrémiste clandestine ! » Une accusation d’une extrême gravité que le préposé à la délation, actuellement ambassadeur dans un pays d’Afrique, refusera toutefois de confirmer par écrit. En 1996, je dépose un autre dossier au nom du Figaro. Le fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères en charge des accréditations m’informe qu’une éventuelle réponse positive était subordonnée à une « entretien amical » avec un certain commandant Fawzi, dont il se proposait de me remettre le numéro de téléphone pour « convenir d’un rendez-vous et prendre un café ».

    Pour avoir refusé de me soumettre à cette curieuse procédure qui n’est prévue par aucun texte de loi, mon dossier restera bloqué. Le même sort sera réservé à deux nouvelles demandes, en 1998 et en 2003. Je dois reconnaître toutefois que, même sans accréditation, je travaille toujours librement, sans subir une quelconque pression des autorités. Cela dit, si une carte d’accréditation facilite le contact entre le journaliste et les officiels, elle ne saurait être considérée comme une autorisation d’écrire.

    - Il se dit aussi que le colonel Fawzi détient le pouvoir de vie ou de mort sur de nombreux titres de la presse... Que pour obtenir le précieux sésame pour lancer une publication, il fallait rentrer au préalable dans les bonnes grâces du colonel.

    En février 2005, j’ai déposé auprès du procureur de Hussein Dey un dossier pour la création d’un hebdomadaire. Première entorse à la loi, le magistrat a refusé de me délivrer le récépissé prévu par le code de l’information. Depuis cinq ans, je suis ballotté entre le ministère de la Justice et celui de la Communication. On a même refusé de me notifier une réponse négative pour me permettre de faire valoir mes droits devant le Conseil d’Etat. L’année dernière, plusieurs nouveaux journaux ont été autorisés à paraître, sauf le mien. Il y a quelques mois, j’ai eu le fin mot de l’histoire. Des fonctionnaires des ministères de la Justice comme de la Communication m’ont avoué que mon cas les dépassait, avant de me conseiller de voir le colonel Fawzi qui, selon eux, est le seul à pouvoir débloquer mon dossier. Je ne connais pas ce colonel et je n’ai aucune raison de me soumettre à une démarche qui n’est prévue par aucun texte de loi. Je m’interroge toutefois sur le mobile de cet acharnement.


    Par Mohand Aziri.

    [in: http://www.algeria-watch.org]
    Chapeau à El-Watan qui sait parfois s'autoflageller.
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    Arbitrairement suspendu : La Nation, ce trouble-fête
    El Watan, 4 avril 2010

    Si, depuis la libéralisation du champ médiatique, les titres de la presse indépendante se sont multipliés, de nombreux journaux, par contre, ont disparu en cours de route, et souvent pour des raisons politiques.
    La presse d’opinion est celle qui en a fait les frais, dans la plupart des cas. L’un des titres qui a symbolisé cette presse a été incontestablement l’hebdomadaire La Nation. Un journal qui a été suspendu, en décembre 1996, non pas pour des raisons financières comme voulait le faire accroire le pouvoir de l’époque. Mais il s’agit tout simplement d’une suspension politique. Tout le monde se rappelle le communiqué du ministre de l’Intérieur, Abderrahmane Meziane-Chérif, annonçant la suspension de la publication dirigée par Salima Ghezali. L’argument du ministère de l’Intérieur ? « Parce qu’il portait atteinte à la quiétude publique », a-t-il justifié. Comble de l’arbitraire ! « La Nation a été un journal à part dans un contexte de guerre. Il s’est inscrit à contre-courant de l’ambiance qui dominait l’espace politique et médiatique de l’époque », se rappelle un des anciens journaliste du canard. La Nation avait fait un choix éditorial aux antipodes du discours dominant.
    « Chaque semaine, le journal provoque la rage et la fureur de la confrérie (pouvoir), car au moment où tout le monde plaidait la cause du pouvoir, sous prétexte de s’opposer au péril vert, nous, nous défendions clairement la paix. Nous avons clairement affiché notre soutien à la réconciliation nationale, ce qui n’était pas du goût des maîtres du moment », a-t-il ajouté. Pour lui, La Nation se voulait être un journal d’opinion, mais sans pour autant négliger le travail journalistique classique de collecte d’informations. « Contrairement aux autres journaux, qui imposaient à la société une seule lecture des événements, à La Nation nous faisions un travail de pédagogie. Dans une ambiance de confusion, on a insisté sur le devoir du rétablissement des mots qui avaient complètement perdu leur sens. Tous les journaux étaient des journaux d’opinion, seulement certains assumaient courageusement leur choix, d’autres non », se plaît-il à rappeler. Très radical dans sa critique à l’égard du pouvoir, la Nation est devenue une voie discordante et dérangeante qu’il fallait étouffer. 15 ans après son injuste suspension, la corporation ne semble pas encore prête à débattre sereinement de la manière avec laquelle la presse a évolué. Saïd Djafar, un des principaux journalistes de La Nation, a, pour sa part, estimé que « la presse algérienne n’a pas encore évalué cette période. Il faut qu’on ouvre un débat sérieux pour dire comment nous avons travaillé dans un contexte de guerre. Si on ne se parle pas, on ne pourra pas avancer », car il y va de l’avenir du pays et de la démocratie.


    [In algeria watch.org]
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    Me Khaled Bourayou. Avocat : « On fait du journalisme un métier à haut risque pénal »

    El Watan, 4 avril 2010

    Quelle appréciation faites-vous des 20 ans de presse libre ?

    La presse algérienne a 20 ans d’existence, c’est peu dans la vie d’une presse lorsque l’on sait que la presse en Europe est née aux XVIe et XVIIe siècles, mais c’est aussi beaucoup puisque je ne pense pas que dans l’histoire contemporaine on puisse trouver une presse qui a tant payé : nous avons près de 80 journaliste assassinés. La presse chez nous offrait un projet de société, de liberté, de tolérance et de démocratie. Elle a eu à souffrir des pressions de l’Etat, mais aussi du notable du coin. La presse irrite. Aujourd’hui, s’immiscer dans la gestion publique et des biens de la collectivité, lutter contre la corruption, les malversations, ne peut que déranger. Mais imaginons, un tant soit peu, ce vide sidéral, si elle n’existait pas ; le pays serait une vaste prison, s’il ne l’est pas déjà. Nous avons une presse républicaine, légaliste qu’on trouve le moyen d’avilir, de marginaliser et d’étouffer.

    La loi sur l’information (loi n°90-07 du 3 avril 1990 ) a été renforcée quelques années plus tard par un nouveau dispositif...

    Revenons tout d’abord à la loi sur l’information du 3 avril 1990, censée être le socle fondateur de la liberté d’expression. Cette loi a été imposée par les événements d’Octobre, par la nécessité d’une ouverture faite d’une façon frileuse, uniquement pour la presse privée, mais pas pour les médias lourds. On avait créé un Conseil supérieur de l’éthique et de déontologie (CSED), éphémère. Pourquoi tout cela ? Pour fermer à jamais toute velléité d’une véritable ouverture. La loi sur l’information avait ses limites congénitales. Le premier qui a détourné cette loi c’est l’Etat. Aujourd’hui, on soumet, en violation de la loi, toute demande d’édition au régime de l’autorisation. Le premier censeur de la loi c’est toujours cet Etat. Cette loi, faut-il le rappeler, a servi à emprisonner des journalistes, pour les poursuivre dans des affaires criminelles. Cette loi que les journalistes appellent, à raison, code pénal bis, est relayée par le code pénal. Elle prévoit pas moins de 5 poursuites criminelles et 17 délits. En contrepartie de ce dispositif, on trouve une seule disposition en faveur du journaliste, et c’est une contravention. La presse a aujourd’hui ses martyrs. Abdelhaï Beliardouh, qui a été menacé, humilié, avili, poussé carrément au suicide par un notable qui n’avait pas accepté ses articles, en est un exemple emblématique.

    Avec l’arrivée au pouvoir du président Bouteflika, la situation a-t-elle changé dans le sens de plus de liberté pour la presse ?

    L’ère de Bouteflika n’est pas belle pour la presse, il faut le dire. Les faits le confirment. Deux ans à peine après son installation, on pond une loi, celle de 2001, où on condamne l’offense contre le chef de l’Etat. On a introduit également la responsabilité du rédacteur en chef qui est une manière détournée de casser la hiérarchie fonctionnelle et perturber l’organisation et mettre en compétition les prérogatives dans les rédactions. La presse subit encore plus l’opprobre quand elle a commencé à s’intéresser aux affaires de corruption. Le malheur, c’est que si l’Etat était ouvert à la presse, il y a longtemps qu’on aurait mis un terme à ce phénomène. Partout dans le monde, on offre des protections aux journalistes. Aujourd’hui, nous n’avons pas les « faits justificatifs », c’est-à-dire les protections ; quand vous apportez la preuve d’un fait vous être renvoyé en fin de poursuite. Un cas assez anachronique de cette situation : à la fin 1990, la RTA et Derradji déposent une plainte contre El Watan, qui met en évidence l’illégalité de la procédure d’accès à la publicité. Je prends attache avec Abdelaziz Rahabi, ministre de la Communication, qui nous donne une lettre à présenter au tribunal selon laquelle, les faits rapportés par le journal sont vrais et qu’il y a une procédure irrégulière de gestion de la publicité. La preuve donnée est vite rejetée par le tribunal et le journal est au final condamné. Aujourd’hui, on peut poursuivre un journal sans plainte, c’est le parquet qui s’autosaisit. Le délai de prescription de 3 mois à 3 ans.

    Dans certains cas, cette même presse ne « prête-t-elle pas flanc » en n’adoptant pas les règles de l’éthique. Certains journaux ont même suscité de l’« agacement » en raison de leur manière de traiter l’information...

    La presse a sa responsabilité. Qu’est-ce qui fait que la presse aujourd’hui, à part quelques journaux, n’est pas professionnelle ? Parce qu’elle n’a pas eu le soutien de l’Etat, parce qu’elle n’accède pas à l’information, parce que c’est une presse qui a tourné le dos aux efforts consentis par Zoubir Souissi, en tant que président du CSDE. La presse doit, aujourd’hui, se méfier des manipulateurs. En Nahar n’est pas responsable d’une information qui lui a été donnée, mais aurait dû la vérifier. Si le journal était plus vigilant, je pense qu’on aurait pu éviter de telles situations. Est-ce qu’il y a de la manipulation ? Je ne le pense pas, mais je pense qu’il y a eu quelque part absence de vigilance.

    Vous dites, vous-même, qu’on aurait pu éviter plusieurs procès intentés à la presse…

    Ma préoccupation majeure, en tant qu’avocat de certains journaux, est de veiller à ce que la presse tire les meilleurs enseignements des procès. Comme disait le philosophe Gaston Bachelard, « la connaissance est la somme de toutes les erreurs corrigées ». A ce titre, j’insiste sur le droit de réponse qui est un droit général et absolu. On aurait pu éviter certains procès si le droit de réponse était publié dans les délais où ils doivent être publiés. Il est, aussi, nécessaire, je sais combien c’est difficile, de vérifier l’information.

    L’avenir de la presse sera-t-il identique à son présent ? Y aura-t-il, selon vous, une volonté de l’Etat d’apaiser ses relations avec les médias ?

    Je pense que c’est vrai que la presse a besoin d’une loi qui la protège, qui organise l’activité journalistique, qui la structure, qui permet aux journalistes de mieux de se défendre. Il faut aussi la responsabilité de l’Etat qui doit renforcer les structures de formation et d’aide la presse. Il importe aussi que l’Etat garantisse le droit à l’accès à l’information. Il faut aller vers la dépénalisation, cela veut dire soumettre le journaliste à des peines et non pas à la prison, mais je dis que la question de la dépénalisation n’est pas aussi importante que la protection. Donnez-moi la protection et mettez-moi en prison. Il faut faire en sorte que le délit de presse relève du juge et non de la police ; il faut que le journaliste soit à l’abri de la pression de l’interpellation. On a abusé de cette procédure pour que le journaliste ne soit pas accompagné de son avocat, qu’il n’ait pas connaissance de son article, qu’il ne puisse pas préparer sa défense. On fait du métier de journaliste un métier à haut risque pénal. Il faut qu’il y ait une volonté politique affichée et sincère qui, aujourd’hui, doit mener le pays vers une véritable démocratie, vers une société plurielle. Nous ne pouvons pas aujourd’hui faire dans la mauvaise foi et dire que c’est un pays démocratique. Ce pays n’a d’avenir que dans la démocratie et les libertés. On ne peut pas avoir, toutefois, une presse indépendante sans une justice forte, toute la question est là. Telle qu’elle est structurée aujourd’hui, la justice est un instrument de répression. Il faut que la seule justice de l’Etat soit la loi.

    Par Nadir Iddir

    [In Algeria watch.org]

  • Des projets arabes douteux relancés par Bouteflika (PARTIE 2) : La volte-face d'Ouyahia et le poids des mafias

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    Bien qu'il ait jugé "douteux" les projets arabes, le chef du gouvernement vient de faire marche arrière. Hamid Chebira, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’Algérie aux Emirats Arabes Unis, a déclaré à Khaleej Times, que le Premier ministre Ahmed Ouyahia a donné le feu vert au groupe EIIC pour reprendre les travaux du fameux projet Dounya. EIIC avait annoncé également son intention de mettre sur pied une usine de ciment et de fer à Oran d’un montant de 8,5 milliards de dollars. Le groupe émirati s’était également engagé dans un projet agricole qui consiste à réaliser une ferme laitière, la plus grande d’Afrique, de 24.000 têtes et 12.000 vaches laitières. A citer également le projet touristique à Aïn Taya, un hôtel à Moretti et un autre projet à Bab Ezzouar. A cela s’ajoute, selon des sources proches du groupe, un projet touristique et écologique à Henaya et une usine d’aluminium. L’investisseur émirati avait estimé l’enveloppe globale de ses projets en Algérie à quelques 20 milliards de dollars.
    Fini le temps où Ouyahia découvrait la "supercherie" arabe et s'opposait à Bouteflika
    La visite officielle de deux jours, en Algérie, du président du conseil national de la fédération des Emirats Arabes Unis, Abdelaziz Abdallah El Ghoreir, reçu mercredi 13 octobre par le président Abdelaziz Bouteflika et l'annonce du retour des "investisseurs" arabes marque bien une nouvelle étape dans la lutte des clans en Algérie.
    Après quelques mois de flottement et de malentendus suite à la fermeture du bureau d'Emaar en Algérie en juillet 2009, les relations commerciales bilatérales semblent vouloir reprendre leur cours.
    Dans cette affaire, la connexion entre les groupes de pression mafieux n'est pas à écarter.

    Expropriations et mépris des lois

    Les projets remis en route par Bouteflika reposent sur des extorsions, dans l’algérois, de terres, à grande échelle, parfois à coups de massacres de villages entiers. Personnage emblématique de cette frénésie, M. Melzi, directeur de SIH (Société d’investissement hôtelier), SSDVA et Club des Pins, trois sociétés immobilières dépendant de la présidence (donc de Larbi Belkheir). Le domaine Bouchaoui, ex-Borgeaud, est livré à une véritable « orgie » dilapidatrice... Djillali Mehri, propriétaire de Pepsi-Cola-Algérie, Abdelmalek Nourani (wali d’Alger), Brahim Hadjas, PDG Union Agro, filiale d’Union Bank, et combien d’autres hommes derrière lesquels œuvrent dans une sorte d’anonymat ostentatoire Larbi Belkheir et autres généraux, se disputant les ultimes lambeaux de terres agricoles du pays le long du littoral...  « Les investisseurs du Moyen-Orient et du Golfe s’intéressent de près au secteur du tourisme en Algérie. Plusieurs de leurs projets ont été retenus par la Société d’investissement hôtelier (SIH), une société par actions basée à Club des Pins et rattachée directement à la Présidence de la République. Pour les investissements lourds, “les hommes d’affaires étrangers peuvent directement négocier avec la SIH”, affirme M. Wardi, responsable [...] au ministère du Tourisme. Une démarche suivie par les investisseurs arabes, le ministère de tutelle étant tenu quasiment à l’écart. Pour preuve, alors que le ministère attend les conclusions de l’étude devant déterminer la nature de l’investissement approprié à la plage Les Dunes, les terres ont déjà été clôturées pour accueillir un gigantesque complexe de l’homme d’affaires libanais Mustapha Hariri, cousin du Premier ministre Rafik Hariri. [...] Pas loin des Dunes, à Sidi Fredj, le milliardaire émirati Cheikh Hammed prévoit de construire un hôtel cinq étoiles. [...] Un autre Émirati, avons-nous appris, ambitionne d’investir près du complexe de Zéralda. [...] Les Saoudiens ne sont pas en reste. Un important complexe touristique, avec centre commercial, est prévu dans la région de Boumerdès» Et pour s’approprier les terres, les prétendants ne font pas dans la dentelle : « Des haies de tôle et de parpaing ont délimité 20 hectares des EAC sur arrêté du wali d’Alger, Abdelmalek Nourani, signé le 19 octobre 2002. Des agents de la résidence Sahel veillent sur la surface reprise, désormais interdite à la production agricole. Melouk Rabah, agriculteur de père en fils, assiste impuissant au grignotage de 3 hectares sur les 12 que compte l’EAC n°59 dont il fait partie [...]. “Il y a deux mois, des agents de la sécurité à Club des Pins, en compagnie d’ouvriers chinois, et assistés par la gendarmerie, sont venus dresser une clôture”, témoigne-t-il. Les agriculteurs ignorent tout de l’instruction interministérielle et de l’investissement prévu. Ils ignorent tout de leur avenir, espérant un “retour à la raison” du wali d’Alger. 74 familles sont priées de plier bagage, après indemnisation. Les haies dressées sillonnent les EAC et courent le long de la RN11. L’EAC n°37 a été amputée des cinq sixièmes de sa superficie (5 ha sur 6). À terme, toutes les exploitations disparaîtront pour céder place à un projet d’investissement touristique, qualifié par l’État d’“utilité publique”. “Seuls les routes, écoles, hôpitaux, aéroports peuvent être d’utilité publique”, estime un expert. “On m’a pris la quasi-totalité des terres [...]”, affirme un vieil agriculteur. Mais ni le plan directeur d’aménagement et d’urbanisme, classant ces assiettes foncières en “zone non urbanisable”, ni la loi 87-19 [...] ne peuvent lui être d’un quelconque secours. Dans la cacophonie des textes, le wali délégué de Chéraga, M. Benmansour, a adressé, le 25 décembre 2002, un arrêté à toutes les autorités locales, notamment à la gendarmerie, afin “d’engager les actions nécessaires pour arrêter immédiatement les travaux et la remise en l’état initial des lieux”. En vain. M. Benmansour qualifie la clôture d’“illégale”. Après la vente des villas de Moretti à des particuliers, notamment à des dignitaires du régime, la reprise de Club des Pins par l’État et sa fermeture au public, voici le béton menaçant les 76 hectares qui ont pu jusque-là lui résister. [...] “Ils ont profité de notre crédulité. Le meilleur d’entre nous a un niveau primaire. On ne savait pas ce qu’on signait” » se lamente un agriculteur dépossédé de ses terres. Ces affairistes du Golfe auraient été sollicités par Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis pour pallier « la frilosité des investisseurs occidentaux ». En effet, pour masquer la mainmise d’une ultra-minorité sur le pays, il importe de la diluer dans une présence étrangère. Les émirs du Golfe sont ainsi des candidats parfaits pour l’univers économique de Larbi Belkheir, parrain discret de ces transferts de propriété : moins regardants sur les principes, ils présentent des profils qui permettront, le moment venu, de leur reprendre d’une main ce qui leur a été cédé de l’autre. On pourrait pourtant considérer que tout investissement est bon à prendre. Mais ces « investissements » grèvent plus qu’ils ne soulagent les finances algériennes. Il en va ainsi de cet Émirati, ami d’Abdelaziz Bouteflika, Al-Shorafa, un escroc notoire, impliqué dans les plus grands scandales de ces dix dernières années. L’ambition qu’affichait sa société United Easter Group (UEG) était pourtant digne d’un plan Marshall : « Procéder à la construction d’une nouvelle aérogare à Alger et restructurer l’aéroport international, rénover les ports d’Alger et de Djendjen, construire des logements en coopération avec la CNEP, rénover le réseau de raccordement des eaux, améliorer la qualité de couverture en électricité, procéder à l’acheminement des produits dérivés du pétrole ». Au final, ses relevés de compte montrent que « trois ans après l’ouverture de ses bureaux en Algérie, Al-Shorafa possédait moins de 100 dollars en banque. » Et lorsque les banques publiques refusent de lui accorder des prêts, « des ordres venus directement de la présidence [les] contraignent à débourser l’argent demandé », fonds qui « n’aident même pas au démarrage du plus simple projet ».

    Lamine S.