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  • Education : 10 raisons pour lesquelles l’année va cafouiller

     

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    L’année dernière, plusieurs mois de grève ont paralysé le système public, ce qui a poussé les autorités à accorder le bac avec une moyenne de 9,5/20. Si le ministère de l’Education, qui a rencontré les syndicats hier, a promis des améliorations, des défaillances structurelles persistent. A moins d’un miracle, l’année 2012-2013 est vouée à l’échec.

    Les classes seront surchargées


    La réforme du primaire continue de perturber l’ensemble du système scolaire. En septembre 2008, deux promotions entraient en même temps au moyen. Quatre ans plus tard, elles entrent au lycée. On attend 150 000 élèves de plus que l’année dernière. La conséquence est que les classes de seconde pourraient dépasser 50 élèves par manque d’enseignants, selon les syndicats. «Pour le concours de recrutement, le ministère de l’Education a ouvert 15 000 postes, explique Nouar Larbi, coordinateur national du Cnapest. Ce nombre laisse le taux d’encadrement tel qu’il était l’année dernière !» Ce sureffectif va se répercuter sur le volume horaire des enseignants. «Les professeurs auront un emploi du temps plus chargé pour assurer des cours à tout le monde, ce qui ne va pas améliorer le rendement scolaire», explique Meziane Meriane, secrétaire général du Snapest.


    Les infrastructures sont insuffisantes


    Le nombre de bâtiments scolaires est inférieur aux effectifs. C’est aussi l’une des raisons de la surcharge des classes. «Le manque de planification de l’Etat est flagrant, interpelle Nouar Larbi du Cnapest. A Birtouta, dans la banlieue d’Alger, on a construit des dizaines de milliers de logements, mais il n’y a qu’un seul lycée !» Ce bâtiment, qui a une capacité d’accueil de 800 élèves, en accueille 2400. «C’est comme si les ministères de l’Habitat et de l’Education ne vivaient pas dans le même pays», s’emporte Nouar Larbi. Le matériel mis à la disposition des élèves lui non plus ne suffit pas. «Alors qu’il faudrait 4 ou 5 laboratoires informatiques dans certains établissements, dans le meilleur des cas, les lycées en possèdent un seul», déplore Idir Archour du CLA.


    Les enseignants ne sont pas compétents


    Le secteur de l’éducation recrute des diplômés de l’université, titulaires d’une licence, soit trois années d’études supérieures. Un concours plus tard, ces jeunes se retrouvent devant une classe. «Ils ne sont pas formés pour enseigner, regrette Idir Archour du CLA. Pour être enseignant, les connaissances scientifiques ne suffisent pas. Il faut maîtriser la pédagogie et avoir de bonnes notions de psychologie.» Parfois, un professeur n’a plus les capacités d’assurer son cours. Mais comme il ne peut pas être transféré à un autre poste, dans une bibliothèque ou une administration par exemple, il reste responsable de l’enseignement aux élèves. «Nous étions parvenus à un accord sur ces postes spécifiques avec le ministère, mais il n’est pas appliqué sur le terrain», explique Meziane Meriane du Snapest.


    Les programmes sont inadaptés


    Conçus dans les ministères, les programmes scolaires sont en décalage par rapport à la réalité du quotidien des élèves. «Pour étudier les langues étrangères, les textes proposés ne répondent pas à l’actualité», critique Idir Archour du CLA. Les textes choisis pour les épreuves du baccalauréat en sont la preuve. La politique actuelle n’est pas, en effet, de veiller au bon apprentissage de l’élève, mais de remplir des objectifs bureaucratiques. «Dans toutes les filières, on veut enseigner toutes les matières au détriment des matières principales», ajoute encore Idir Archour du CLA.


    La pédagogie n’est pas la priorité du système


    Depuis la fin des années 1970, l’école algérienne s’est fermée au débat publique, selon les spécialistes. «Le bourrage de crâne est devenu, à quelques exceptions près, la méthode d’enseignement par excellence, dénonce le pédagogue Mustapha Benkhemou. Il s’agit d’apprendre par cœur et de réciter sans faire de commentaire, au risque d’être taxé de perturbateur. On ne forme pas des futurs citoyens, on produit des sujets de l’autorité.» Selon lui, la plupart des bons élèves auront beaucoup de mal à réussir un sujet de synthèse, alors qu’ils ont des notes supérieures à 15/20.


    La violence augmente


    La surcharge des classes, les locaux exigus et les difficultés d’apprentissage dans ces conditions vont créer des comportements violents chez les élèves. D’autant que la violence est déjà en augmentation dans la société. «On ne peut pas être seul à enseigner face à 50 élèves sans incident», explique Nouar Larbi. «Ce phénomène (de violence, ndlr) existe, mais on ne fait rien pour le réduire, regrette Idir Archour. Nous avons besoin d’une rencontre nationale avec des spécialistes du secteur. Si on ne fait rien, on court à la catastrophe.» Une augmentation des comportements violents induirait également un malaise dans le corps enseignant, voire une augmentation des cas de dépression, selon les syndicats. Les effectifs de professeurs affaiblis rencontreraient alors encore plus de difficultés.


    L’arabisation pose toujours problème


    Instaurée dans les années 1970, l’arabisation est toujours la principale source de faiblesse du système éducatif. D’un point de vue pédagogique, l’enfant doit suivre un enseignement dans une langue proche de celle qu’il parle. «Le choix de l’arabe classique comme langue d’enseignement bafoue tous les fondamentaux», constate Mustapha Benkhemou, qui souligne que dire à un enfant que le langage qu’il parle, l’algérien, n’est pas une langue, ne facilite pas l’estime de soi et donc l’envie d’apprendre. Une fois à l’université, le problème s’amplifie. Dans les filières francophones, les étudiants ont de graves problèmes de langue. Dans les filières arabophones, les ouvrages scientifiques nécessaires sont rarement traduits. «Une étudiante en sciences économiques m’a avoué qu’elle n’a jamais pu lire Keynes ou Adam Smith dans le texte», raconte Mustapha Benkhemou.


    La question du salaire des enseignants n’est pas réglée


    Si le statut particulier des enseignants a été promulgué en juin, les syndicats ne le jugent pas satisfaisant, ni sur les critères de promotion, ni sur les retraites, ni sur les salaires. «L’augmentation n’est pas la question, il faut annexer les salaires sur l’inflation», précise le CLA. Même son de cloche du côté du Snapest : «Vous pensez qu’on peut nourrir ses enfants aujourd’hui avec le SNMG ?», s’emporte M. Meriane. «Les conditions de rémunération et d’existence des personnels de l’éducation sont effectivement désavantageuses», constate M. Benkhemou. «Un statut au moins égal à celui des enseignants maghrébins serait la moindre des choses», ajoute-t-il.


    Les syndicats autonomes attendent toujours d’être reconnus par le ministère


    Lors des réunions bipartites et tripartites, le ministère de l’Education ne s’assoit que face à l’UGTA et au patronat. Les syndicats autonomes tels que le CLA ou le Snapest ne sont pas reconnus. En l’absence de possibilité de dialogue, les syndicats autonomes choisissent la grève. «C’est notre seule arme pacifique», explique M. Meriane.


    Le niveau général des élèves est trop bas pour réussir à l’université


    «L’école est restée publique et gratuite, mais elle est médiocre», déplore Idir Archour du CLA qui accuse les autorités de vouloir privatiser l’éducation, en poussant les parents à avoir recours aux cours particuliers privés. Mustapha Benkhemou affirme qu’un jeune Algérien issu du système public arrive «très handicapé» à l’université. D’autant que le secteur du supérieur est lui aussi défaillant. «Aujourd’hui, les étudiants sont abandonnés dès le départ, affirme Yasmina, une étudiante d’Alger. Le nouveau cursus (LMD, ndlr) demande beaucoup de travail et de moyens comme un ordinateur portable et une connexion internet. On laisse les bacheliers se débrouiller tout seul, alors qu’ils n’y sont pas préparés».

    Yasmine Saïd
  • Et si le vizir s’appelait Toyo Tayama ?

    Par Maâmar Farah
    Mécontent des critiques formulées par des compétences algériennes, un ministre leur aurait opposé l’avis de «spécialistes américains et japonais». N’utilise-t-on pas souvent de tels arguments pour dénigrer nos cadres qui ont pourtant prouvé, partout dans le monde, leur haut niveau de compétence ?
    Et si beaucoup d’entre eux sont partis, n’est-ce pas ce type de mentalité qui les a en partie poussés vers la sortie ? Nos gouvernants doivent certainement savoir que nous doutons très fort de leurs compétences et, parfois même, de leur intégrité. Et pourtant, nous n’irons jamais jusqu’à demander des ministres américains ou japonais !
    maamarfarah20@yahoo.fr
    «Voir l’eau n’étanche pas la soif.»
    (Proverbe targui)

  • Renforcement de la production d’électricité Quand Youcef Yousfi oublie ses propres projets



    Mehdi Boutaleb

    Les nombreux délestages que connaît une partie de l’Algérie depuis plusieurs semaines ont conduit le gouvernement, via son ministre de l’Énergie Youcef Yousfi, à annoncer un programme d’investissement destiné à augmenter fortement la production d’électricité à l’horizon 2016. Ce plan, qui va coûter 2 000 milliards de dinars (25 milliards de dollars), prévoit en particulier la construction de neuf centrales électriques pour une puissance totale de 8 050 mégawatts et la réalisation de 500 kilomètres de réseau de transport de gaz destiné à leur alimentation.
    Selon les spécialistes, cet investissement colossal va permettre de couvrir les besoins du pays pendant 30 ans ! Les neuf centrales qui seront réalisées dans le cadre de ce programme d’urgence seront "classiques", c’est à dire utilisant les énergies conventionnelles. En annonçant ces nouveaux investissements, Youcef Yousfi n’a fait aucune allusion aux énergies renouvelables, notamment le solaire.
     
    Pourtant, le même ministre est à l’origine d’un autre programme de renforcement de la capacité de production déjà en cours. Le Programme des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, dévoilé en mars 2011, a pour ambition ni plus ni moins que d’installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW d’ici 2030. 12 000 MW seraient réservés à la demande nationale et 10 000 MW pourraient, en fonction des conditions financières du marché, être produits pour l’exportation.
     
    Dans le document du ministère de l’Énergie et des Mines publié en mars 2011, on peut en effet lire qu’« à la faveur de ce programme, les énergies renouvelables (en particulier le solaire) se placent au cœur des politiques énergétique et économique menées par l’Algérie : d’ici 2030, environ 40 % de la production d’électricité destinée à la consommation nationale sera d’origine renouvelable ». Et pourtant, l’annonce récente du ministre Youcef Yousfi semble occulter un projet qui partait d’une analyse pleine de bon sens.
     
    « À long terme, la reconduction du modèle national de consommation énergétique peut rendre problématique l’équilibre offre-demande pour cette source d’énergie  [le gaz, NDLR]. » Le plan des 2 000 milliards fait de l’ombre au soleil en remettant en avant le gaz, une énergie carbone non renouvelable. La tension sociale provoquée par les coupures d’électricité de l’été a peut-être précipité les déclarations du ministre de l'Énergie et des Mines. Mais ces contradictions illustrent une nouvelle fois le manque de sérieux dans la gestion d’un secteur aussi stratégique que celui de l’énergie.