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  • Alger achète sa survie même au Mali

     


    Par Le Matin DZ 

     

    Après l’Afrique du nord, c’est par le Mali que l’impérialisme wahhabite affûte sa sous-traitance de la conquête de l’Afrique de l’Ouest, au profit de l’impérialisme occidental. Le pouvoir algérien n’aura d’autre choix que de se soumettre à ce plan diabolique contre l’émancipation des peuples d’Afrique.

     

    L'Azawad est devenu le laboratoire de l'islamisme radical. L'Azawad est devenu le laboratoire de l'islamisme radical.

     

    Avant de tomber entre les mains des hordes armées islamistes, la ville de Gao était une ville paisible où il faisait bon vivre. Les gens vaquaient à leurs affaires paisiblement. C’était une ville carrefour, la porte ouverte sur le désert à partir du fleuve Niger. C’était le passage vers le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, l’Atlantique d’un côté et la Méditerranée de l’autre. C’était aussi le passage vers l’Europe à partir de la Libye. C’était une ville cosmopolite, et malgré ses 98% de musulmans, elle accueillait des chrétiens, des animistes, des sans religions. Gao la musulmane abritait même des débits de boissons alcoolisées sans complexe aucun, ouverts à n’importe quel moment. C’était la ville qui vous invite à faire comme vous voulez, à la seule condition de ne pas contrarier la loi malienne.

     

    Jusqu’au jour du samedi 31 mars vers 8h40, où elle sera secouée par les premiers coups de feu, qui l’ont précipitée brutalement en enfer. Il semblerait que ce soient les Touaregs laïcs du MNLA qui sont entrés les premiers à Gao et ce n’est qu’après qu’ils ont été supplantés par les hordes islamo-fascistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), une branche dissidente d’Al Qaïda au Maghreb. Ils se sont distingués par leurs drapeaux noirs sur lesquels étaient écrites des références à l’islam en arabe. Deux heures après ce sont les armes lourdes venues de Libye qui sont entrées en scène, détruisant tous les bâtiments publics, parmi eux, les banques,  l’administration, etc. L’armée a essayé de résister un moment, et cela n’a pas marché, après quoi ils ont fuis, suivis des employés administratifs. Les militaires qui sont restés ont été pris un par un dans leurs maisons. Il aura fallu 72 heures pour que Gao et tout l’Azawad tombe entre les mains de ces bandes armées. A partir de 15 heures du même jour le pillage systématique de la ville avait déjà commencé. Ils pillaient systématiquement les maisons des notables de la ville et toutes celles où il y avait quelque chose à piller en violant les femmes à l’occasion. Le lendemain ils se sont adonnés au pillage de tous les bureaux. Au tribunal, ils ont détruit tous les dossiers. Ils se sont ensuite dirigés vers la prison et ils ont libéré tous les prisonniers. Même des champs privés ont été séquestrés pour établir leurs camps d’entraînement.

     

    Depuis sept mois maintenant, Gao est sous occupation des narco-salafistes du Mujao. Ils se comportent comme des gangsters, qui sont organisés en bandes armées. Ils sont puissants et riches. Ils vivent de trafic de drogue, de contrebande et de rançons d’enlèvements. Dès leur prise en main de la ville, ils imposèrent la chari’a. Les habitants de cette ville n’avaient pas le choix ou ils se soumettent ou ils sont morts. Ils essayent de survivre avec ça en attendant peut-être d’être délivrés un jour de ces hordes criminelles et barbares. Depuis sept mois il n’y a plus que la chari’a qui gouverne, plus de radio, plus de télévision, plus de musique, plus d’alcool. 

     

    Gao est tombée entre les mains de gangsters sous couvert d’un islam barbare qui donne des coups de fouets, séquestre les gens, ampute, lapide, torture et viole. Le Mujao ne veut plus entendre la voix des femmes. Si une voix de femme est entendue, on la cherche et on la fouette. A Gao il n’y a plus de liberté, ni pour les hommes, ni pour les femmes et pour les femmes c’est pire. Les femmes n’ont plus le droit de se rendre au fleuve pour leurs occupations habituelles. Ce n’est plus les femmes qui font le marché, c’est plutôt les hommes qui assument cette tâche. Celles qui n’ont pas de mari peuvent aller à condition de se voiler de la tête aux pieds et porter des gants. Si une femme n’observe pas ces recommandations elle est conduite à la place publique et elle est fouettée. Ils prennent les femmes contre l’avis des parents, pour en faire des objets sexuels où elles doivent coucher avec plusieurs hommes à la fois. La journée lorsqu’ils partent, ils les enferment pour qu’elles ne puissent pas s’enfuir. 

     

    Lorsqu’elles n’ont pas atteint la puberté, les filles doivent rester cloisonnées chez elles, et n’ont même pas le droit de s’asseoir sur le seuil de leurs portes. La prison de Gao est devenue la prison des femmes où elles sont systématiquement violées. Il s’y trouve même des femmes enceintes. Les couples qui se déplacent dans la ville sont systématiquement arrêtés et contrôlés, ils doivent prouver leurs liens de mariage. En somme des pratiques qui contredisent tout ce qui peut représenter un Etat de droit. 

     

    Depuis le 31 mars les cours ont été officiellement arrêtés. L’année scolaire 2012-2013 a tout simplement été annulée. Même s’il y a une volonté de rouvrir l’école, il n’y a plus de personnel pour le faire. Déjà avant que Gao ne bascule en enfer, le nombre des instituteurs et enseignants était insuffisant. Cette situation arrange plutôt la rébellion, car des enfants de 12 à 13 ans sont enrôlées par le Mujao. Les enfants sont appâtés par des gadgets comme les vélos, les téléphones portables, ces enfants n’ont de toute façon n’ont pas d’autre choix que de s’y soumettre. Après avoir été recrutés, ils son éloignés de leurs parents. Habillés à l’afghane ou en treillis, ils suivent des formations dans des camps, qui se résument à des entrainements physiques, des maniements d’armes et un endoctrinement religieux par un discours islamiste radical. Il n’y a plus également d’activité économique, ni de tourisme. Il n’y a plus de travail, le Mujao est devenu le seul employeur. Depuis la vie est devenue plus chère. Les loyers, la nourriture, tout est devenu excessivement cher. 

     

    Beaucoup de personnes, habituées à une relative liberté n’ont pas supporté tout cela et se sont enfuis par milliers de la région. Le peu de chrétiens qu’il y avait ont été obligés de quitter Gao dés le premier jour même de l’occupation. 

     

    Mais ces pratiques barbares ne sont pas spécifiques au Mujao dans son occupation de Gao. 

     

    C’est toutes les populations du territoire de l’Azawad, - depuis son occupation par les hordes islamo-fascistes, qui se sont partagées les grandes villes et leurs régions, tel, Ansar Eddine à Tambouctou et le Mujao à Gao – qui subissent cette situation de violation des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité, abandonnées à leur sort sans aucun moyen de défense. L’identification de leur ennemi ne présente aucun doute, il s’agit bien de l’idéologie islamo-fasciste, soutenue par le Haut conseil islamique, dominé par les wahhabites et les monarchies pétrolières du Golfe. Leur appétit ne s’arrête pas uniquement au nord Mali, car ils menacent aussi d’instaurer la chari’a au sud Mali pour l’inféoder. C’est tout le Mali qui est menacé par cette idéologie obscurantiste et fascisante. Si ce n’est pas toute la région qui est englobée dans leur projet impérialiste, avec la complicité de pouvoirs mafieux locaux.

     

    A ce sujet, l’Algérie représente une pièce principale dans leur puzzle. Les signes complices du pouvoir algérien ne cessent de transparaître à travers la main tendue aux terroristes islamistes, que ça soit en Algérie ou au Mali, la construction de l’une des plus grandes mosquées au monde et les réformes conduites par Bouteflika qui ont épargné tout ce qui se rapporte à une référence obscurantiste religieuse. Toute diversion soit-elle, avancée par les stratèges de l’impérialisme wahhabite avec la complicité des pouvoirs mafieux locaux, y compris le pouvoir algérien, pour disqualifier le Mujao et toute autre organisation terroriste en faveur de la reconnaissance du groupe Ansar Eddine, ne vise qu’à légaliser leur idéologie fascisante, pour la rendre acceptable par les populations locales.  

     

    Pendant ce temps-là à Bamako se déroulent périodiquement des marches auxquelles participent en majorité les déplacés du nord, qui se comptent par milliers, demandant aux instances internationales, les Nations unis, l’Union européenne, la Cédéao, à l’Union africaine, à l’armée malienne, celle de la Mauritanie, de l’Algérie, de venir en assistance à peuple en danger, pour libérer le peuple du Nord-Mali de la barbarie des islamistes. Peine perdue, car la jonction des impérialismes occidentaux et wahhabite n’ont aucun intérêt à délivrer le Nord-Mali de l’obscurantisme religieux. Si une intervention militaire aura lieu, c’est plutôt pour le renforcer.

     

    Youcef Benzatat

  • Le pouvoir algérien monnaye sa survie au péril de la souveraineté

    atika

    Par Le Matin DZ |

     

    Le pouvoir algérien, pris en tenaille entre les rivalités sino-américaines pour le contrôle des richesses de l’Afrique, n’a d’autres choix que de se soumettre au plus fort ou disparaître. Éclairée par l’imposture et l’opportunisme de Bouteflika, sa stratégie se réduit à monnayer la survie du système au péril de la souveraineté nationale.

     

    Bouteflika. Bouteflika.

     

    Pendant les moments chauds du "printemps arabe", lorsque l’impérialisme occidental avait réussi à monter une opération militaire pour chasser le régime tyrannique de Kadhafi et s’emparer de ses richesses, le pouvoir algérien misait tout son espoir à ce moment-là sur un mince veto anti-occidental et à sa tête la Chine pour empêcher une opération similaire contre lui. Car la similitude en tyrannie entre ces deux pays aurait justifié suffisamment aux yeux de l’opinion mondiale une telle aventure. C’était d’ailleurs sous cette pression, que le pouvoir algérien, pris de panique, avait annoncé des réformes tous azimuts, d’abord pour gagner du temps et ensuite négocier sa survie avec toutes les parties concernées, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il lui a fallu réévaluer la redistribution de la rente à l’intérieur pour acheter la paix civile et faire des concessions considérables aux puissances impérialistes américano-européennes et à leurs vassaux du conseil de coopération du Golfe principalement le Qatar et l’Arabie Saoudite. Les concessions faites aux forces impérialistes, renforcées dans leur position par la réussite de l’opération libyenne, ont encouragé ces dernières à les retourner en chantage permanent contre le pouvoir algérien, l’obligeant à des concessions de plus en plus importantes en échange de sa survie. L’évidente issue qui se profile pour la crise syrienne, - qui se dirige inévitablement en défaveur du régime de Damas, malgré le véto anti-occidental qui n’a pas empêché les forces impérialistes à soutenir la rébellion financièrement, politiquement et militairement pour inverser le rapport de forces au profit de la révolution - est venue lui rappeler que son sort est scellé et n’avait d’autres choix que de se soumettre ou disparaître. Sa soumission se traduit par un bradage intempestif des richesses de l’Algérie, aussi bien au profit des puissances impérialistes, qu’à leurs vassaux arabes en des contrats économiques très faiblement négociés et des concessions considérables à l’islam politique. Auquel il faut ajouter le récent élargissement de terroristes détenus dans ses geôles, au profit de l’idéologie wahhabite envahissante et menaçante qu’instrumentalise l’impérialisme américain.

     

    Avec l’entrée en scène de la crise malienne, qui met au grand jour les rivalités sino-américaines pour le contrôle des richesses de l’Afrique, s’ouvre un nouveau chapitre des pressions sans relâche des forces impérialistes sur le pouvoir algérien, qui sont venues cette fois se resserrer contre lui par le front sud. Le mettant en demeure de collaborer à leur stratégie sous peine de le menacer directement, par la déstabilisation du pays avec en perspective sa partition et la disqualification de son autorité.

     

    Alerté par la percée spectaculaire de la Chine en Afrique pour la convoitise de ses richesses depuis une décennie, et l’affaiblissement de l’emprise néocoloniale européenne sur le continent, l’Empire américain n’a pas attendu la crise malienne pour manifester ses visées coloniales dans cette région qui regorge de richesses. Devant la crise structurelle qui affecte son modèle libéral, entré dans une phase terminale, l’Afrique devient un continent de prédation de première importance. Son objectif principal pour assurer sa survie sera dès lors de contrer la progression de la Chine pour le contrôle des richesses de l’Afrique et généralement pour le contrôle de toutes les ressources de la planète. C’est dans la perspective de cette Grande guerre Chine-Etats Unis, dont l’enjeu est la gouvernance de la planète, que les Américains avaient pris l’initiative d’implanter l’Africom en Afrique.

     

    C’est en 2006, que les États-unis ont décidé de quadriller l’Afrique par un dispositif militaire sous l’appellation de l’Africom, afin de recoloniser le continent. Notamment, par l’implantation de bases militaires plus ou moins secrètes sur l’ensemble du continent. Le Mali est apparu dans ce cadre une cible privilégiée, où l’Africom a entamé son implantation par des programmes de formation au profit de près de 6 000 soldats de l’armée malienne. En parallèle, et sous couvert d’une opération dénommée "Creek Sand", des militaires et des entrepreneurs américains ont investi le Mali pour des missions de renseignements. En 2009, l’armée américaine avait envisagé l’intégration dans l’armée malienne de commandos américains et le survol du territoire par des avions de surveillance. Aujourd’hui, avec la crise malienne, l’intervention de la CEDEAO au Mali apparaît comme une implantation directe au grand jour d’une présence militaire américaine camouflée derrière des armées locales acquises au préalable à leur cause. Avec la présence militaire américaine au Mali, l’accès aux richesses naturelles, notamment l’uranium, devient facile à contrôler directement et de donner une profondeur stratégique à leur action colonisatrice, dans un premier temps en Afrique de l’Ouest et par la suite sur tout le continent. Par cette action, l’obstruction à la progression de la Chine dans la région devient facilement maîtrisable, en même temps que d’empêcher toute volonté des peuples africains de résister à l’ordre impérialiste américain.

     

    Par ailleurs, au nord Mali, des unités d’élite ont été investies dans des actions secrètes, officiellement sous couvert de poursuite des groupes terroristes, qui sont probablement encore présentes à ce jour. La lutte contre le terrorisme, inaugurée par Bush en tant que lutte de l’"Axe du Bien" contre l’"Axe du Mal" (représenté par le terrorisme islamiste radical), devient l’argument rhétorique pour justifier la nouvelle offensive de la guerre impérialiste américaine. C’est avec la collaboration des Saoudiens et des Qataris, que cette justification s’est matérialisée et est devenue possible. Notamment par la favorisation de l’émergence, de la consolidation et du soutien aux groupes terroristes au nord Mali pour servir les intérêts des Occidentaux et particulièrement ceux des Américains. Car, l’Islam radical, globalement confondu par le terme «terrorisme», se prête aisément à conditionner l’opinion pour mieux faire accepter une intervention militaire. L’intérêt partagé des Américains, des Saoudiens et des Qataris dans cette collaboration réside naturellement dans leur projet d’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, sur le modèle de l’islamisation du Maghreb et de l’Égypte post "printemps arabe", pour faire barrage à toute possibilité de démocratisation des sociétés africaines et de l’émancipation de leurs peuples. L'hypothèse de la poursuite d'un soutien militaire et financier par le Qatar des groupes terroristes du Mujao, Aqmi et Ansar Eddine dans l’Azawad, dans une stratégie de double jeu, est largement attestée par des témoins présents sur place. C’est ainsi que plusieurs témoignages attestent que la présence d’ONG qataries au nord Mali et au Niger (le Croissant-Rouge et Charity Qatarie) opèrent dans cette zone sans coordination et sans actions communes avec les autres ONG sur le terrain. Cette information a été confirmée, y compris par un humanitaire du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) qui coordonne pourtant l’aide d’urgence dans les zones de conflits. Le sentiment du comportement suspect des ONG qataries est largement partagé par la quasi-totalité des intervenants humanitaires dans le nord Mali, qui se plaignent du manque de concertation en amont avec les autres ONG. L’attitude du Qatar interroge y compris chez les Nigériens, qui s’étonnent aussi du fonctionnement des ONG qataries, qui travaillent dans leur coin, sans coopération et sans transparence. À noter que l’aide alimentaire rentre au nord du Mali via le Niger, par la route. Les humanitaires sont tous d’accord sur le fait, que le rôle exact des Qataris depuis qu’ils sont arrivés au nord Mali, c’est bien d’aider les groupes terroristes financièrement et logistiquement et que leur action humanitaire n’est qu’une couverture pour un soutien moins avouable à ces groupes terroristes. Au point que certains y voient une démarche plus politique qu’humanitaire. Plus flagrant encore est que certains ont constaté qu’ils plantent un drapeau dans des endroits stratégiques, ce qui pourrait être déterminant lors d’une intervention militaire. Un acteur économique nigérien avait lui aussi relevé des investissements qataris suspects au Niger, qui ne sont que de grossières manipulations par des opérations de clientélisation de personnes peu recommandables et qui sont loin de faire du développement. Des témoins rapportent que des avions affrétés par le Qatar atterrissent ces derniers mois dans le nord du Mali et la nuit seulement, avec à leurs bords des cargaisons suspectes. Il s’agit sûrement d’armement destiné aux groupes terroristes, malgré les démentis officiels du Qatar et des services secrets français, qui n’ont pas réussi à lever le doute des autorités de Bamako, tenues à l’écart des réelles intentions occidentales.

     

    Tous les "vis cachées" de cette crise sont là ! préparer une intervention militaire avec une CEDEAO moribonde, en même temps consolider l’ennemi et poursuivre les négociations avec lui. Pour d’une part, permettre l’enlisement du conflit, pour appeler en renfort l’armée américaine et justifier sa présence sur le sol malien, et, d’autre part, dans la négociation, le mettre en confiance pour revenir sur la scène politique après le conflit. Armer la partie adverse, l’armée malienne, et lui dissimuler les véritables intentions de la coalition, venue faussement la délivrer de bandes terroristes qui occupent plus que la moitié de son territoire ! De toute évidence, les gagnants ne peuvent être que ceux qui manœuvrent derrière les coulisses. Et derrière les coulisses, en plus des Occidentaux avec à leur tête les Américains et le nouvel impérialisme wahhabite, on trouve le pouvoir algérien, qui manœuvre quant à lui, pour le seul but de sauvegarder son hégémonie sur son peuple au péril de sa souveraineté nationale. Cet objectif ne pourra être atteint que par l’abandon du principe de non-ingérence dans les affaires internes d’États souverains et sa soumission au projet impérialiste américain par la caution de l’intervention militaire au Mali. Car, jusqu'à ce jour, l’Algérie a refusé toute intervention militaire hors de ses frontières. Si depuis l’indépendance, cette position était surtout liée à un principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays souverains, depuis l’avènement du "printemps arabe", elle fût surtout motivée par la crainte de se voir elle-même l’objet d’une intervention militaire coalisée, motivée par les mêmes conditions qui ont prévalu dans les pays concernés par ce "printemps arabe". Sa non-reconnaissance de la nouvelle coalition de l’opposition syrienne est stratégique comme cela s’est passé pour le CNT libyen pour ensuite le reconnaître après coup. Toutes ces manœuvres de soutien et de négociations avec les groupes terroristes, arrangent en fin de compte toutes les parties en conflit au détriment des populations locales. L’objectif consiste à recycler les groupes terroristes les plus accommodants et à éliminer les récalcitrants. Instaurer des régimes islamistes dans toute l’Afrique de l’Ouest, contrôlés par l’impérialisme américain, pour faire barrage aux véritables forces démocratiques de ces pays, pour rendre leur inféodation facile. Car, les régimes islamistes sont généralement plus maniables et plus perméables à la corruption. 

     

    C’est la mission qui a été confiée à l’Algérie. Les négociations entamées par Bouteflika avec Ansar Eddine semblent de toute évidence avoir été imposées par les Américains, pour amener les groupes terroristes à coopérer pour les associer, en échange, au nouveau pouvoir qui se dessine au Mali après la résolution de la crise. Toutefois en fixant comme objectif l’abandon formel de l’application de la Charia par les groupes terroristes, sans pour autant abandonner le projet d’instauration d’un État islamique dans une future association de ces groupes terroristes au gouvernement du Mali, maquillé sous forme de reddition. Seule condition pour faire barrage à toute émergence d’une coalition démocratique et en écartant le MNLA (laïc) d’un éventuel retour sur la scène politique. Ce qui vient d’être confirmé par le groupe Ansar Eddine, promettant d’abandonner son projet d’application stricte de la Charia et le refus du Parlement européen d’auditionner le MNLA. Pourtant, le MNLA est le seul groupe à avoir un véritable ancrage dans la population locale et dont l’idéologie est véritablement démocratique et respectueuse des droits de l’homme. L’attitude du Parlement européen s’affiche ainsi en contradiction totale avec le principe de la politique européenne de voisinage (PEV), qui repose sur la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. L’Algérie devait en prime mettre à disposition des forces américaines un pont aérien à partir des aéroports de Tamanrasset et de Reggane et un appui logistique à la future force africaine d’intervention dans le nord du Mali. En toute conscience, le pouvoir algérien cautionne de fait cette grossière manipulation de la politique impérialiste américaine en Afrique, pour sauvegarder son pouvoir au détriment de la souveraineté nationale.

     

    Entre sa grande prédisposition à l’imposture, dans la peau d’un Janus qui se joue de la crédulité de la grande masse du peuple par le mensonge et le discours populiste, et son opportunisme, à s’attirer la sympathie de forces antagoniques pour dissiper toute menace sur le système despotique qui l’emploie, les manœuvres politiciennes de Bouteflika mènent l’Algérie droit à sa perte. Le pouvoir occulte algérien, après avoir investi pendant trois mandatures sa confiance en Bouteflika, pour le sauver d’un naufrage inévitable, ne trouve toujours pas de remplaçant à lui succéder pour les présidentielles de 2014. Il est du devoir des patriotes au sein de l’armée et du DRS, s’il en existe, de mettre fin à l’imposture et à l’opportunisme de cet aventuriste narcissique qui agit pour une gloire, qu’il sait chimérique, en monnayant au profit d’une junte despotique la survie du système au péril de la souveraineté nationale. Le danger qui guette aujourd’hui l’Algérie, c’est aussi l’opportunisme qui s’étend dangereusement à la société civile et aux partis politiques. Une presse "libre et indépendante" impuissante à s’exprimer, se contentant de survivre dans ce chaos en se réservant le droit à sa part de la rente contre son silence complice. Des organisations de la nébuleuse de l’ex-FIS et des partis politiques islamistes déjà existants ou nouvellement constitués sont financées sans compter par l’impérialisme Wahhabite, représentant de l’impérialisme Occidentalo-Américain pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Les militants de la société civile ou de partis politiques et le peu de presse libre qui résistent et tentent tant bien que mal de motiver les consciences à agir, se comptent en nombre insignifiant devant la gravité de la menace qui guette la souveraineté nationale. Jeudi 15 novembre une poignée de manifestants ont protesté contre le soutien de l’Algérie à l’intervention militaire au Mali, qui s’est soldée par l’arrestation des manifestants sans ménagement. Ils maintiennent néanmoins la mèche de la résistance à la dictature et à l’impérialisme occidental allumée par sa faible lueur, malgré un harcèlement et une répression permanente de la part des forces de sécurité, comme unique réponse que leur réserve un pouvoir despotique et hégémonique, dans l’exercice de leur devoir de citoyens.

     

    Youcef Benzatat

  • Mali : Bouteflika est-il redevable d'une dette historique ?

     


    Par Le Matin DZ 

     

     

     

    Abdelaziz Bouteflika a-t-il trahi le Mali qui, par le soutien de l'ami de l'Algérie, Modibo Keïta, lors de la guerre de libération nationale, lui aurait permis, de Gao, d'acheminer des armes vers l'Algérie. C'est sur cette dette historique que s'appuie un article de Maliweb pour fustiger la démarche dialoguiste d'Alger.

     

    Lors de la visite de Soumeylou Boubèye Maiga, l'ex-ministre Malien des Affaires étrangères en 2011

     

    Un édito quelque peu corsé publié aujourd'hui sur le site maliweb et intitulé "Alger manoeuvre contre Bamako", énumère les "grandes manoeuvres" d'Adelaziz Bouteflika qui seraient dirigées contre Bamako. A commencer par une "trahison" qui porte un coup à l'aide précieuse apportée par le Mali à la guerre de libération algérienne. "Pourquoi une telle ingratitude envers un voisin qui a contribué à la lutte de libération du peuple algérien, qui accéda à l’indépendance en 1962 ?" lit-on dans l'article cité allant même jusqu'à rappeler que Abdelaziz Bouteflika a séjourné à Gao durant la guerre de libération d'où "il a fait passer des armes à la frontière, au vu et au su des dirigeants maliens" ajoutant que "Modibo Keïta et ses compagnons ont sacrifié les relations du tout nouveau Mali indépendant avec la France au profit d’Alger." Mais, ironise l'auteur de l'article, "c’était l’Algérie de Ben Bella !" Ainsi, redevable d'une dette historique, Abdelaziz Bouteflika, en tournant le dos au drame malien, trahit les idéaux de novembre 1954.

     

    Les autres "trahisons" énumérées relèvent de l'actualité et mettent en première ligne de mire Abdelaziz Bouteflika: il a reçu Ansar Eddine à Alger. Selon les détails apportées dans l'édito, la délégation d’Ansar Dine étaient composée de" Tena Ould Ahmed et de Hamada Ag Bibi. Le premier est un faucon, considéré comme le père spirituel d’Iyad Ag Aghaly, chef d’Ansar Dine et le second un modéré, député de la circonscription d’Abeïbara, un sous-fifre du même Iyad.

     

    L'autre "manoeuvre" est que "C’est bien Alger qui a transporté son terrorisme sur le sol malien, avec le parti islamiste, le FIS (…) Certains éléments de cette formation politique se sont mués en Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), tueur, preneur d’Européens en otages et fortement présent au Nord du Mali. Le même groupe s’est rebaptisé Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). C’est une dissidence de cette organisation qui est le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui occupe la région de Gao, Ansar Dine ayant la mainmise sur Tombouctou et Kidal." Une note sacarstique clôt l'article: "Au lieu de négocier discrètement on ne sait quoi, avec Ansar Dine, pourquoi Alger ne négocie-t- elle pas avec ses enfants du Mujao, pour leur retour définitif au bercail? Vivement une résolution de l’ONU pour l’utilisation de la force au Nord du Mali, avec ou sans l’accord d’Alger!"

     

    L'esprit de cet écrit frondeur contre Alger trouve-t-il illustration dans la récente tournée d'Abdelkader Messahel dans les pays dits "du champ" ? En quittant ce mardi Bamako pour le Niger, Abdelkader Messahel s'est-il rendu à l'évidence qu'Alger, saluée au passage de manière condescendante pour ses efforts en vue d'une paix au Mali, est devenue, non plus une solution attendue mais un problème de plus qui s'ajoute à une situation explosive. En effet, Messahel n'a cessé de réitérer la démarche du dialogue avec les groupes terroristes d'Al Qaïda à condition que ces derniers déposent les armes ; ce que, depuis sept ans, la concorde civile n'a pas réussi à obtenir des mêmes groupes terroristes sur le sol algérien. Et les maliens ne semblent pas dupes sur ce sujet. Il ne s'agit plus d'une situation de "guerre civile", de génocides tribaux" comme au Rwanda en 1994 mais bien d'une menace terroriste de la branche maghrébine d'Al Qaïda internationale qui tente de mailler le continent africain, à partir de l'Algérie et du Nord-Mali.

     

    Quand bien même le président malien a reconnu, il y a quelques jours, que la guerre au Nord-Mali ne peut être que l’ultime recours mais il n'a pas du tout envisagé le recours au dialogue comme une abdication devant Al Qaïda. N'empêche: ses propos ont été vite oubliés car pour son Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, aucune négociation n’est envisageable avec les terroristes d'Al Qaïda même si ses groupes sont composés de Maliens et de Touaregs maliens. Alger a-t-elle tenté de tirer profit de ces divergences entre le président malien par intérim qui incarne l'institution militaire et son chef du gouvernement qui défend, bec et ongle, la tolérance zéro à l'égard d'Al Qaïda ? On ne sait. Ce qui est sûr, si la délégation algérienne a été quelque confortée à Nouakchott qui reste tout de même vigilante de par son expérience dans la lutte antiterroriste contre Al Qaïda dans la région, de Bamako, pour tout dire, elle est sortie bredouille. Entre Bamako et Alger, le temps de la lune de miel à l'époque du Cemoc de 2011 n'est plus qu'un souvenir enterré du temps pas si lointain où leurs chefs d'Etats Majors respectifs s'étaient donné la main pour faire barrage à toute intervention étrangère au Sahel. Dès lors, le danger pour Alger, c'est une intervention étrangère à ses portes, notamment la France, ancienne puissance coloniale, mais pas Al Qaïda avec laquelle elle multiplie les opérations de charme via Ansar Eddine. C'est sans doute là que s'expriment les opérations manoeuvrières d'Alger dans la région du Sahel...

     

    R. N.