atika
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boutef
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Bizbouss
Le sucre est cher, un peu de tendresse. Venue d'en haut pour une fois : le Président nous embrasse, c'est du moins Sellal qui l'a dit après l'avoir vu, transmettant ainsi les salutations du régent à son peuple. On aurait évidemment préféré qu'il nous embrasse directement, qu'il passe à la télévision pour nous dire qu'il nous embrasse ou qu'il envoie un SMS pour nous écrire qu'il nous embrasse, un message groupé bien sûr, payé sur le budget com de la Présidence. Mais c'est un geste affectueux quand même et d'ailleurs étonnant puisque le Président ne nous a jamais réellement portés dans son cœur, préférant envoyer des messages de condoléances aux Norvégiens après un attentat terroriste plutôt qu'aux Algériens pour une agression similaire.
Mais c'est gentil, il nous envoie son salut, comme celui d'un vieil oncle exilé dans un pays lointain, qui aimerait nous voir mais ne peut pas. Justement, s'il ne peut venir nous voir, peut-on aller le voir ? Non, il faut être Premier ministre, algérien ou français, diplomate ou général. A ce propos d'ailleurs, l'un de ces diplomates a révélé après une entrevue que le Président ne pouvait pas parler. Comment a-t-il fait alors pour transmettre à Sellal ses embrassades au peuple ? Peut-on lire sur les lèvres un baiser ? Non, on peut l'écrire et c'est probablement ce qui s'est passé.
Le Président a écrit à Sellal, qui a lu et transmis. Le Président va bien et il vous embrasse. Devant l'absence de vision ou d'information, c'est déjà l'amorce d'un bilan de santé et un début de programme pour 2014. Des embrassades, partout, comme pour Maradona et sa femme, ou comme pour les retrouvailles annoncées avec l'extradé ex-trader Khalifa. Bonne nouvelle, on se sentira moins seuls. Et Chakib Khelil ? Lui, c'est différent, personne ne l'a demandé en Algérie, même pas son ex-employeur, il ne viendra donc pas. Mais on l'embrasse bien fort. En dinars seulement.
Chawki Amari
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R.E.S.P.E.C.T !
Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com
Oups ! J’ai un trou ! Comment dit-on «ferme ta gueule» en… … japonais ? Un otage mort restera un otage mort. C'est-à-dire un mort de trop. Oui ! Quand on a dit ça, on peut ensuite se lisser la moustache, voire la barbe, roter un coup, déboucler d’un cran sa ceinture de chasteté politique et retourner à sa sieste. Sauf que certains chiffres sont têtus. Je suppose qu’ils ont été officiellement communiqués entre-temps, l’assaut contre les tangos d’In-Aménas étant terminé depuis plusieurs heures déjà : bilan de l’intervention des forces armées algériennes : 20 otages morts, toutes nationalités confondues, algérienne comprise. Ne montez pas sur vos grands chevaux en pensant que je banalise la vie humaine. Je le dis et le répète, une vie est une vie. Une vie perdue est une vie perdue de trop. Cette précision n’empêche pas d’interroger tout ce que compte cette planète comme spécialistes des assauts contre les ravisseurs, les GIGN, DCRI, DGSE, BLAT, SQUAD, FBI, Navy SEAL, CIA, MI6 et tous les autres : comment qualifieraient-ils une opération contre des terroristes détenant près de 1 000 personnes sur un site hautement sensible, de composition et de configuration extrêmement complexes et imprévisibles et qui, au final, se solderait par la perte de… 20 otages ? Voilà l’équation, étant, encore une fois, entendu qu’il est délicat et même terrible de parler d’équation lorsqu’il s’agit de vies humaines. Alors, aujourd’hui, avant que ne s’enclenchent les débats savants sur les suites de ces événements dans la région, la place de l’Algérie dans cet échiquier soudainement bouleversé, la réaction des investisseurs étrangers quant à leur présence sur notre territoire, personnellement, je ne voudrais entendre et lire que des hommages appuyés aux différents groupes de sécurité qui ont mené l’assaut contre les «hommes» de Belmokhtar. Désolé, mais je ne suis pas masochiste, et je ne vois pas pour quelle raison supérieure je devrais bouder mon plaisir d’une telle célébration des forces spéciales algériennes. Je rappelle juste pour mémoire, surtout en direction des amnésiques volontaires, qu’à l’issue de l’assaut final donné par le GIGN français contre les terroristes du GIA retranchés dans l’Airbus d’Air France, sur le tarmac de Marignane, à Marseille, nous avons eu droit pendant des semaines – que dis-je ? — pendant des mois à des reportages, des documentaires, des portraits et des bios dithyrambiques sur le GIGN. Les téléspectateurs ont bouffé des biceps et de l’intelligence hors normes du GIGN au petit-déjeuner, au déjeuner, au dîner, au souper et même au S’hour. La France reconnaissante à ses commandos d’avoir donné l’assaut, d’avoir libéré tout le monde ou presque a tenu à faire partager à la planète entière le savoir-faire de ses troupes spéciales. Je ne vois pas de raison qui nous empêcherait d’en faire de même. Ici, maintenant, les jours qui viennent et les années aussi. Y a bien ces foutues années «Tlemcen, capitale islamique » ou encore «Constantine, capitale de la culture arabe», alors, pourquoi pas l’A.S.A.F, l’Année des Soldats Algériens de la Fierté ? L’heure n’est sûrement pas à la commisération, à la gêne ou à la modestie. Des braves parmi les braves ont donné un sens à la vie de 36 millions d’Algériennes et d’Algériens. Nous avons traversé trop d’années dans l’indignité pour ne pas saluer comme il se doit cette fresque héroïque tracée dans le désert par des enfants du peuple. Je ne sais pas vous, mais moi, ce soir, j’accroche un drapeau à mon balcon. Ça peut paraître ridicule, voire aux yeux de certains cul-cul-la-praline-guerrière. Tant pis ! Moi, ça me gonfle ! Ça me gonfle la poitrine de fierté impossible à dissimuler ce qu’ont réussi les bidasses de mon pays. RESPECT ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.
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Alger achète sa survie même au Mali
Par Le Matin DZAprès l’Afrique du nord, c’est par le Mali que l’impérialisme wahhabite affûte sa sous-traitance de la conquête de l’Afrique de l’Ouest, au profit de l’impérialisme occidental. Le pouvoir algérien n’aura d’autre choix que de se soumettre à ce plan diabolique contre l’émancipation des peuples d’Afrique.
Avant de tomber entre les mains des hordes armées islamistes, la ville de Gao était une ville paisible où il faisait bon vivre. Les gens vaquaient à leurs affaires paisiblement. C’était une ville carrefour, la porte ouverte sur le désert à partir du fleuve Niger. C’était le passage vers le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, l’Atlantique d’un côté et la Méditerranée de l’autre. C’était aussi le passage vers l’Europe à partir de la Libye. C’était une ville cosmopolite, et malgré ses 98% de musulmans, elle accueillait des chrétiens, des animistes, des sans religions. Gao la musulmane abritait même des débits de boissons alcoolisées sans complexe aucun, ouverts à n’importe quel moment. C’était la ville qui vous invite à faire comme vous voulez, à la seule condition de ne pas contrarier la loi malienne.
Jusqu’au jour du samedi 31 mars vers 8h40, où elle sera secouée par les premiers coups de feu, qui l’ont précipitée brutalement en enfer. Il semblerait que ce soient les Touaregs laïcs du MNLA qui sont entrés les premiers à Gao et ce n’est qu’après qu’ils ont été supplantés par les hordes islamo-fascistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), une branche dissidente d’Al Qaïda au Maghreb. Ils se sont distingués par leurs drapeaux noirs sur lesquels étaient écrites des références à l’islam en arabe. Deux heures après ce sont les armes lourdes venues de Libye qui sont entrées en scène, détruisant tous les bâtiments publics, parmi eux, les banques, l’administration, etc. L’armée a essayé de résister un moment, et cela n’a pas marché, après quoi ils ont fuis, suivis des employés administratifs. Les militaires qui sont restés ont été pris un par un dans leurs maisons. Il aura fallu 72 heures pour que Gao et tout l’Azawad tombe entre les mains de ces bandes armées. A partir de 15 heures du même jour le pillage systématique de la ville avait déjà commencé. Ils pillaient systématiquement les maisons des notables de la ville et toutes celles où il y avait quelque chose à piller en violant les femmes à l’occasion. Le lendemain ils se sont adonnés au pillage de tous les bureaux. Au tribunal, ils ont détruit tous les dossiers. Ils se sont ensuite dirigés vers la prison et ils ont libéré tous les prisonniers. Même des champs privés ont été séquestrés pour établir leurs camps d’entraînement.
Depuis sept mois maintenant, Gao est sous occupation des narco-salafistes du Mujao. Ils se comportent comme des gangsters, qui sont organisés en bandes armées. Ils sont puissants et riches. Ils vivent de trafic de drogue, de contrebande et de rançons d’enlèvements. Dès leur prise en main de la ville, ils imposèrent la chari’a. Les habitants de cette ville n’avaient pas le choix ou ils se soumettent ou ils sont morts. Ils essayent de survivre avec ça en attendant peut-être d’être délivrés un jour de ces hordes criminelles et barbares. Depuis sept mois il n’y a plus que la chari’a qui gouverne, plus de radio, plus de télévision, plus de musique, plus d’alcool.
Gao est tombée entre les mains de gangsters sous couvert d’un islam barbare qui donne des coups de fouets, séquestre les gens, ampute, lapide, torture et viole. Le Mujao ne veut plus entendre la voix des femmes. Si une voix de femme est entendue, on la cherche et on la fouette. A Gao il n’y a plus de liberté, ni pour les hommes, ni pour les femmes et pour les femmes c’est pire. Les femmes n’ont plus le droit de se rendre au fleuve pour leurs occupations habituelles. Ce n’est plus les femmes qui font le marché, c’est plutôt les hommes qui assument cette tâche. Celles qui n’ont pas de mari peuvent aller à condition de se voiler de la tête aux pieds et porter des gants. Si une femme n’observe pas ces recommandations elle est conduite à la place publique et elle est fouettée. Ils prennent les femmes contre l’avis des parents, pour en faire des objets sexuels où elles doivent coucher avec plusieurs hommes à la fois. La journée lorsqu’ils partent, ils les enferment pour qu’elles ne puissent pas s’enfuir.
Lorsqu’elles n’ont pas atteint la puberté, les filles doivent rester cloisonnées chez elles, et n’ont même pas le droit de s’asseoir sur le seuil de leurs portes. La prison de Gao est devenue la prison des femmes où elles sont systématiquement violées. Il s’y trouve même des femmes enceintes. Les couples qui se déplacent dans la ville sont systématiquement arrêtés et contrôlés, ils doivent prouver leurs liens de mariage. En somme des pratiques qui contredisent tout ce qui peut représenter un Etat de droit.
Depuis le 31 mars les cours ont été officiellement arrêtés. L’année scolaire 2012-2013 a tout simplement été annulée. Même s’il y a une volonté de rouvrir l’école, il n’y a plus de personnel pour le faire. Déjà avant que Gao ne bascule en enfer, le nombre des instituteurs et enseignants était insuffisant. Cette situation arrange plutôt la rébellion, car des enfants de 12 à 13 ans sont enrôlées par le Mujao. Les enfants sont appâtés par des gadgets comme les vélos, les téléphones portables, ces enfants n’ont de toute façon n’ont pas d’autre choix que de s’y soumettre. Après avoir été recrutés, ils son éloignés de leurs parents. Habillés à l’afghane ou en treillis, ils suivent des formations dans des camps, qui se résument à des entrainements physiques, des maniements d’armes et un endoctrinement religieux par un discours islamiste radical. Il n’y a plus également d’activité économique, ni de tourisme. Il n’y a plus de travail, le Mujao est devenu le seul employeur. Depuis la vie est devenue plus chère. Les loyers, la nourriture, tout est devenu excessivement cher.
Beaucoup de personnes, habituées à une relative liberté n’ont pas supporté tout cela et se sont enfuis par milliers de la région. Le peu de chrétiens qu’il y avait ont été obligés de quitter Gao dés le premier jour même de l’occupation.
Mais ces pratiques barbares ne sont pas spécifiques au Mujao dans son occupation de Gao.
C’est toutes les populations du territoire de l’Azawad, - depuis son occupation par les hordes islamo-fascistes, qui se sont partagées les grandes villes et leurs régions, tel, Ansar Eddine à Tambouctou et le Mujao à Gao – qui subissent cette situation de violation des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité, abandonnées à leur sort sans aucun moyen de défense. L’identification de leur ennemi ne présente aucun doute, il s’agit bien de l’idéologie islamo-fasciste, soutenue par le Haut conseil islamique, dominé par les wahhabites et les monarchies pétrolières du Golfe. Leur appétit ne s’arrête pas uniquement au nord Mali, car ils menacent aussi d’instaurer la chari’a au sud Mali pour l’inféoder. C’est tout le Mali qui est menacé par cette idéologie obscurantiste et fascisante. Si ce n’est pas toute la région qui est englobée dans leur projet impérialiste, avec la complicité de pouvoirs mafieux locaux.
A ce sujet, l’Algérie représente une pièce principale dans leur puzzle. Les signes complices du pouvoir algérien ne cessent de transparaître à travers la main tendue aux terroristes islamistes, que ça soit en Algérie ou au Mali, la construction de l’une des plus grandes mosquées au monde et les réformes conduites par Bouteflika qui ont épargné tout ce qui se rapporte à une référence obscurantiste religieuse. Toute diversion soit-elle, avancée par les stratèges de l’impérialisme wahhabite avec la complicité des pouvoirs mafieux locaux, y compris le pouvoir algérien, pour disqualifier le Mujao et toute autre organisation terroriste en faveur de la reconnaissance du groupe Ansar Eddine, ne vise qu’à légaliser leur idéologie fascisante, pour la rendre acceptable par les populations locales.
Pendant ce temps-là à Bamako se déroulent périodiquement des marches auxquelles participent en majorité les déplacés du nord, qui se comptent par milliers, demandant aux instances internationales, les Nations unis, l’Union européenne, la Cédéao, à l’Union africaine, à l’armée malienne, celle de la Mauritanie, de l’Algérie, de venir en assistance à peuple en danger, pour libérer le peuple du Nord-Mali de la barbarie des islamistes. Peine perdue, car la jonction des impérialismes occidentaux et wahhabite n’ont aucun intérêt à délivrer le Nord-Mali de l’obscurantisme religieux. Si une intervention militaire aura lieu, c’est plutôt pour le renforcer.
Youcef Benzatat
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La réforme par le pire, le moins pire ou les moins mauvais des plus pourris !
ou les moins mauvais des plus pourris !
Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr Contrairement à ce que colportent certaines rumeurs malveillantes, le
FFS n’ira pas aux législatives.Il y courra. Ce qui est différent !
Encore une fois, nous nous retrouvons à devoir choisir entre le choléra et la peste. Les islamistes à l’APN, est-ce que ce sera moins bien, plus mieux, beaucoup meilleur ou pas du tout gosto par rapport à maintenant ? Maintenant, les islamistes, je le précise, ils y sont déjà à l’Assemblée. Mais ce n’est pas pareil ! Après, ils seront plus nombreux. Beaucoup plus nombreux et plus visibles. Ce qui ne veut pas dire qu’aujourd’hui, ils sont très moins nombreux. Non ! C’est juste qu’ils ne sont pas toujours apparents, affichés, avec une grosse enseigne accrochée à la poitrine. Mais ils sont là, juste déguisés en «pas islamistes temporaires ». Alors que demain, dans l’APN qui sortira des législatives de mai 2012, ils pourront enlever le déguisement. Ce qui devrait rendre intéressante la cérémonie d’investiture de la future Assemblée. Un gros moment d’effeuillage ! D’ores et déjà, je postule à couvrir cet événement unique. Les islamistes algériens, adeptes de l’effeuillage ? Va savoir ! Troublant, tout de même ! Il a suffi juste d’une fille en short en plein Alger pour qu’une meute de lyncheurs se mette en tête de la trucider. Et là, plus d’une centaine de gugusses vont tomber en public le costume pour endosser le kamis, se faire filmer à la télé, à une heure de grande audience, et personne ne pensera à venir les lyncher. Troublant, je le répète. Alors, qui est la plus mieux ? Cette assemblée d’absentéistes, leveurs synchronisés de bras ? Ou celle à venir, celle des stripteaseurs à poils et à vapeurs ? Parce qu’il est là, le choix, le seul possible en mai de l’an de disgrâce 2012. La réforme par le pire, le moins pire ou les moins mauvais des plus pourris. Quoique… On peut aussi décider que l’effeuillage islamiste, ce n’est pas trop notre truc. Qu’on est comme tout être humain un brin pervers, mais pas au point de goûter ce genre de shows. Bien, pas bien, meilleur ou moins pire, on peut tout seul, ou en groupes, décider le matin qu’on n’ira pas donner son quitus à ce spectacle. Parce qu’un samedi du mois de mai, il fait déjà beau, très beau, beaucoup beau. On peut donc le plus naturellement du monde décréter cette journée celle du premier bain de l’année dans la Méditerranée, mer non encore totalement gérée par la Chariâ. On peut aussi déchirer sa carte d’électeur en mille morceaux et la jeter justement à la mer, en se disant que requin pour requin, autant donner sa voix, même déchirée, en lambeaux à un vrai squale, pas à un requin de terre ferme. Si l’on habite loin de la mer, à Laghouat, par exemple, on peut aussi faire de la résistance sous sa couverture. Refuser de quitter son lit toute la journée du vote pour la future Assemblée. Les walis ont, certes, d’énormes pouvoirs, beaucoup de pouvoirs, très beaucoup, mais tout de même pas celui de venir vous faire sortir de sous votre couette pour vous emmener de force voter pour une APN islamiste. N’est-ce pas ? J’ai dit «n’est-ce pas ?» Bizarre ! Personne ne me répond. Seraient-ils tous allés à la mer ? Nous ne sommes pourtant qu’en janvier. C’est donc qu’ils font la queue pour la séance d’effeuillage. Dégoûtant ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
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L’Égypte ou la “démocratie” à la nord-africaine (oziris) toutamkhamoun et boutef alias ati.....
Par : Mustapha Hammouche
C’est aujourd’hui que les Égyptiens vont renouveler leur assemblée. Depuis que les dictatures d’Afrique centrale et de l’Ouest sont de plus en plus contraintes à des élections relativement ouvertes, l’Égypte et les autres pays d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) sont les dernières “démocraties” où les résultats restent parfaitement prévisibles. D’ailleurs, les sondages y sont généralement interdits et, de toute manière, inutiles.
Le Parti National “démocratique” ne pourra donc qu’améliorer son score actuel de 311 députés pour l’amener vers les deux-tiers (sur 518 sièges) qui autorisent la maîtrise constitutionnelle du pays. Le résultat est assuré par le contrôle administratif total des opérations, la répression brutale de l’opposition et le refus catégorique de toute observation internationale.
Depuis Nasser, le régime s’emploie à distraire ses sujets dans l’enchantement d’être citoyens de “la Mère du Monde” et à les bercer de l’illusion d’être les ressortissants “élus” du creuset d’une antique civilisation. Mais, dans un pays où le Smig officiel, maintenu depuis 1984 à… quatre euros (oui, quatre euros par mois !), vient d’être tout juste porté à…cinquante euros (400 livres), le discours mystificateur a atteint ses limites. Les limites de la… faim : près de quarante pour cent des Égyptiens vivent sous le seuil de pauvreté.
Les causes de substitution comme celle de voir son président co-présider la mort-née UPM ou celle d’être les plus forts d’Afrique en football, font ce qu’elles peuvent mais sans leurrer le quidam égyptien sur la portée effective de son vote. Résultat : aux dernières législatives (2005), et presque exactement comme en Algérie, en 2007, ils n’étaient que 10% d’électeurs à se présenter aux bureaux de vote, une participation révisée par un taux officiel de…26%.
En matière d’autoritarisme politique, nous sommes frères. Et même frères jumeaux, tant les procédés discrétionnaires se ressemblent. Jusque dans l’argumentaire de l’arbitraire à huis clos : le refus de l’ingérence que Moubarak a opposé à la demande d’envoi d’observateurs internationaux, ou la menace brandie par le président de “l’Assemblée du peuple” : “Les pressions des États-Unis (pour une élection plus ouverte) risquent de nous amener vers un État théocratique (allusion faite au risque de prise de pouvoir par les Frères musulmans, principale force d’opposition organisée). Les Occidentaux semblent sensibles à l’argument, à en juger par la formule mémorable de Sarkozy : “En Algérie, c’est Bouteflika ou les talibans”. Des dictatures “démocratiques” comme remparts aux dictatures islamistes ! Mais des dictatures qui se substituent à l’islamisme qui les contestent en manifestant une vigilance et une intolérance zélées envers les “déviances” et les autres pratiques religieuses. La répression des Coptes du Caire a tout l’air d’un prix de consolation décerné aux Frères musulmans écartés du processus électoral officiel. On connaît les dégâts que continue à générer cet intégrisme d’État, conçu comme un intégrisme de substitution au projet théocratique.
Une atmosphère de laborieuse fin de règne plane sur les pays d’Afrique du Nord où des régimes usés s’accrochent par tous les moyens au pouvoir, sur des peuples politiquement bâillonnés et socialement accablés. -
ALORS QUE LE CONTEXTE INCITE À L’EXPRESSION Le silence prolongé de Bouteflika
Le président de la République, qui affectionnait discourir à n’en plus pouvoir, ses deux premiers mandats durant, se résigne désormais à une attitude empreinte de mutisme, par moments sidéral. Il officie de moins en moins en animateur en chef de la vie politique nationale. Les raisons ? Mystère et boule de gomme.
Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir) - Depuis quelque temps, c’est plutôt au Premier ministre Ahmed Ouyahia que se trouve dévolu le rôle d’assurer la représentation à haut niveau de l’Etat. Hormis l’audience qu’il a accordée au directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, le président Bouteflika n’a pas eu une activité diplomatique débordante. C’est son Premier ministre qui s’est chargé de recevoir et de s’entretenir avec tout le beau monde qui a défilé dans la capitale algérienne ces derniers jours. Bouteflika est-il guéri de la tendance qu’il avait à vouloir tout régenter, tout faire ? On est tenté de le croire, car, chez lui, cette résignation au silence est loin d’être passagère. Elle marque d’un marqueur épais toute l’étape jusque-là accomplie de son troisième mandat. Ses sorties sur le terrain, ses visites de travail et d’inspection ont été réduites de manière drastique. A tel point que ses apparitions publiques se sont résumées aux obligations protocolaires. Ils sont loin les temps où son avion perçait inlassablement les cieux, le transportant de contrée en contrée et de forum en forum. Au fil du temps et près de douze ans de règne plus tard, le président Bouteflika semble s’être lassé des longs périples éprouvant physiquement. Sa maladie, qui l’avait obligé, on se le rappelle, à une convalescence stricte, est certainement pour quelque chose dans ce rechignement devant le long parcours et l’effort physique. Si sa maladie n’est qu’un mauvais souvenir, comme l’ont attesté ses médecins, Bouteflika semble en revanche avoir pris goût – moins que ce soit une contrainte — à cette autre façon d’être président : réduire de son omnipotence. Il fut un temps, ce serait lui et non Ahmed Ouyahia qui aurait décollé pour Lisbonne et pour Téhéran, même si les rendez-vous intéressaient des responsables d’un rang inférieur, en somme les Premiers ministres et les chefs du gouvernement. Estime-t-il réussie sa mission diplomatique entreprise et menée auparavant avec hargne qu’il ne juge plus opportun d’en maintenir la cadence et de laisser quelques autres initiés s’acquitter de la tâche devenue moins lourde ? Pas si sûr. En la matière, il reste encore fort à faire. A en juger par la cristallisation des attendus assignés à l’effort diplomatique débordant consenti durant les deux précédents mandats, il n’y a pas de quoi vraiment se réjouir. En effet, les investissements directs étrangers (IDE), qui devaient traduire la réussite diplomatique, ne nous ont pas envahis. Le gouvernement, comme les observateurs attentifs de notre sphère économique déplorent que les IDE soient réduits à leur portion congrue. Ceci pour ne faire appel qu’à l’exemple le plus saillant. Malgré tout cela, le président Bouteflika ne semble pas se sentir encore appelé à investir dans l’effort diplomatique. Le même retrait est observé relativement aux questions relevant de la politique intérieure. La situation sociale, décrite par d’aucuns comme étant au bord de l’explosion, ne semble pas l’inciter non plus à s’exprimer. Que la réalisation des grands projets lancés en grande pompe traîne en longueur, avec les surcoûts qui vont avec, que les Algériens se lèvent aux aurores pour s’approvisionner en lait en sachet, rien n’arrache le président à son mutisme. C’est à peine croyable de la part d’un Bouteflika qui avait mot à dire sur tout, dégainant ses discours et ses coups de gueule à tout vent. Abstinence passagère ou silence durable ?
S. A. I.