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  • "Hagrouna !"


    Par Le Matin |

    "Il est resté identique à lui-même, comme une statue qui traverse le temps sans en subir les outrages. À peine si l’âge a empâté ses traits, arrondi les angles, l’œil est resté vif, la voix aussi claire qu’en octobre 1963 quand il a lancé le fameux «Hagrouna !". Et aussi gardé une mémoire d’éléphant même s’il affirme qu’il veut oublier pas mal de choses…"

     

    Aujourd’hui, nous sommes nourris, chaussés, habillés, médicalisés outillés parfumés maquillés chinois Aujourd’hui, nous sommes nourris, chaussés, habillés, médicalisés outillés parfumés maquillés chinois

     

    Dans cet entretien imaginaire, feu Saïd Mekbel, raconte Ben Bella. Un salaud est par définition un homme méprisable et le premier Raïs de l’Algérie avec son « Hagrouna » est méprisable et méprisant vis-à-vis d’un peuple qui ne mérite aucune compassion quand on pense aux enfants de l’Après-pétrole. Au bluff du Hagrouna, le Sage de l’Afrique a ajouté l’imposture face à un public de salopards. "…les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être : guerriers, citoyens, hommes quand il le veut ; populace et canaille quand il lui plaît", affirmait déjà Rousseau.

     

    Quand l’Angleterre, mère de la démocratie occidentale, a augmenté le salaire des juges, le gouvernement de l’époque a déclaré qu’il voulait protéger les hommes de loi de la corruption. Bizarre. On croyait naïvement que ceux qui résistent le plus au virus c’est justement ceux dont les études du Droit les avaient bien vaccinés contre lui. En Algérie, le bonheur de nos magistrats est dû au coup de «folie» d’un monsieur Brahimi affirmant en 1990 que le montant des pots-de-vin touchés par les hauts fonctionnaires de l’Etat en signant des contrats avec les étrangers s’élevait à 26 milliards de dollars : l’équivalent de la dette extérieure. Résultat, on a triplé les salaires de nos robes noires et monsieur Hamrouche s’était justifié à l’anglaise. Anouar Benmalek dans son livre Chroniques de l’Algérie amère écrit : "Un jeune juriste, s’il choisit la magistrature après 4 années de licence et 2 années de stage débutera avec un salaire supérieur à celui d’un professeur d’université titulaire d’un doctorat d’Etat." Dans l’Honneur de Déplaire, André Giresse parle de la justice française : « Reflet de la volonté du Prince, le Conseil supérieur n’était plus, sous la Vème, un temple où soufflait l’esprit des lois, mais une foire aux vanités, une bourse des promotions, un Versailles judiciaire peuplé de courtisans. On y venait rituellement faire ses dévotions et avancer en grade à coups d’encensoir et de génuflexions...» Malgré les scandales et la Constitution Liberté-Fraternité-Egalité les monarques de Versailles seront toujours au-dessus de tous les soupçons de Dame Justice. Le seul pays qui a mis son président derrière les barreaux c’est Israël et pour une affaire de mœurs. En face d’eux, les leaders palestiniens ont dû bien rigoler dans leur Mercedes et palais des 1001 nuits. En Palestine, ils n’ont pas de rente pas de pays, mais l’Empire Arafat n’est pas en carton encore moins celui de Hamas qui s’est assagi depuis son intronisation. D’après le Procureur général de l’Autorité palestinienne 80 pour cent des responsables sont corrompus. Des milliards de dollars d’aides internationales pour la population détournés sans aucune réaction des donateurs au point dit-on que « la Palestine est le secret le mieux gardé de l’industrie de l’aide.» D’après le site hekayaty.com, Hamas et l’Autorité Palestinienne c’est Beverly Hills : en une année 10 milliards de dollars envolés. Abbas se justifie ainsi : « Le scandale à propos de corruption est un complot israélien. » Si c’est vrai, l’honnêteté des dirigeants palestiniens sera une première dans le monde arabe, il faut qu’on pense à leur offrir le prix Nobel et surtout convaincre leur peuple que l’enfer du frère est meilleur que le paradis de l’ennemi. Même Mandela est mort millionnaire. Ses héritiers politiques et leur Black Economy n’a finalement servi qu’à remplacer des patrons blancs par des patrons noirs dont le seul mérite est d’appartenir à l’ANC. Mandela reste un héros pour avoir empêché une guerre civile ou un génocide à défaut de réaliser le plus petit rêve du plus grand nombre. L’histoire ne retiendra pas le nom du président de l’Uruguay José Mujica dit Pepe, il a renoncé à 87 pour cent de son salaire au profit des pauvres, refusant de porter un costume vit dans sa vieille ferme avec sa vieille femme et sa vieille voiture tout en expliquant : "J’ai lutté toute ma vie pour un monde plus juste …» Que pèse ce fétu de paille face à l’Empire Goldman Sachs, responsable de la crise de 2008 qui ne cesse de s’enrichir et d’appauvrir en espèces et en neurones la race humaine. Même le diable est obligé d’acheter l’âme parce qu’il n’a pas le pouvoir de la voler. En Europe, le cœur de la crise correspond au cœur de la corruption : les plus corrompus sont les plus touchés. D’après la Commission européenne, le mal coûte à l’Union 120 milliards de dollars par an, 1 pour cent du PIB. Le rapport dénonce les prises illégales d’intérêt, les favoritismes, le crime organisé, les fraudes fiscales et financières, le blanchiment d’argent…Pas un mot sur le lobbying, la corruption, la cooptation, l’incompétence qui minent l’UE au sommet à la pousser à réintroduire par exemple la farine animale pour des bêtes herbivores afin d’engraisser le bétail humain. En Grèce, la corruption est à tous les étages et d’après TI (Transparency international) la dette grecque a été causée en partie par la fraude fiscale. Qui fraude le fisc sinon les riches et les ayant-droits. D’après le Figaro : "Rarement la France aura placé trois des siens dans un top 10 international… ayant payé les plus gros montants…pour mettre fin à des poursuites pour corruption…". En 2000, une centaine de pays se sont réunis en Pologne pour s’engager à propager la démocratie dans le monde, un seul pays a refusé, la France, porte-parole du monde arabe et de l’Afrique. Son ministre des AE avait déclaré qu’on ne peut imposer la démocratie à un peuple qui n’en veut pas. Par contre on peut imposer la dictature et ses valises à billets.

     

    "La tolérance zéro pour la corruption est primordiale. L’Etat doit être le serviteur et non le maitre du peuple » déclarait sans rire sa compatriote la patronne du FMI. Ce qui ne l’a pas empêché d’être plus que satisfaite lors de sa visite début 2013 au Cambodge après une crise politique due à des élections truquées. Le Cambodge, pays le plus corrompu d’Asie classé dans la matière 160e sur 177 pays d’après TI (transparency international).La Turquie qui n’a pas eu la chance de rentrer dans l’Europe ni de reconstituer l’Empire ottoman, le fléau menace la politique et la livre turque le tout sous l’œil de la religion. En Chine, on parle de problème structurel et Confucius a été enterré au profit de McDonald. «Les princes rouges» qui tiennent leur «mandat du ciel» sans croire à ses prophètes, sont gangrenés. Quand un «tigre» est sanctionné au lieu d’une «mouche» c’est qu’il a cessé de plaire. On estime le nombre de riches à 300 millions sur 1, 5 milliard de Chinois condamnés à la pauvreté à tout jamais au risque de faire exploser la planète. Ils pourront toujours survivre en lisant le célèbre livre de Zhuxiao, fils de leur empereur écrit en 1406 «L’Herbier pour la survie en cas de disette». Seulement du temps du prince herboriste, si la terre était radine elle n’était pas polluée. Le Japon qui a été un modèle unique de performance depuis plus une dizaine d’années est en train de régresser avec la qualité de ses dirigeants. En 2011, le tsunami et la catastrophe du nucléaire avaient mis à nu la fragilité du géant. Quand ils protestent, les Japonais ne manifestent pas dans la rue ne brûlent pas ne s’entre-tuent pas, mais chaque fin de semaine ils protestent dans le calme devant la résidence du Premier ministre avant de tout nettoyer et repartir. Leur méthode est efficace, le coupable démissionne en demandant pardon. Hélas le virus est mondial et les caisses sont vides. Ajoutons que les responsables nippons se contentent de faire des cadeaux au lieu de détourner des fonds. En 2010, l’incendie de la forêt russe, 2 milliards d’hectares représentant 20 pour cent de la réserve mondiale, fait découvrir aux médias le Village-Potemkine. Avec ses 17 millions de kilomètres carrés, la grande Russie possède moins de pompiers que la France avec un matériel datant des années 70. En 2000, Poutine a pris le soin de se débarrasser du ministère de l’Ecologie initié par Gorbatchev. Pourquoi s’encombrer de statistiques concernant la canicule la pollution alors que la Douma le "club où on fait des affaires" en est préservée. La Douma comme l’APN, on peut acheter son siège en distribuant des billets des terres aux électeurs ou au Parti. Une fois élu, on est libre de s’expatrier pour booster les affaires jusqu’au prochain vote. Dans le monde arabe, la question a été réglée aux racines. Le blogueur saoudien Khaled Al Majid, surnommé le Wikileaks saoudien, révèle : «Certains individus possèdent des propriétés si vastes qu’ils leur faut un hélicoptère pour se rendre d’un bout à l’autre alors que les deux tiers de la population ne parviennent pas à obtenir un terrain pour construire une maison pour leur famille. Une grosse part des milliards du pétrole est engloutie dans des projets d’infrastructures au bénéfice d’entrepreneurs véreux. Les grands de l’Etat comptent parmi les plus grosses fortunes de la planète. Pour l’Egypte on parle de 70 milliards de dollars volés par Moubarak cette somme correspond pour certains riches à la zakat 2,5 pour cent de leur fortune. Ils ne paient ni l’électricité ni l’eau ni le téléphone ni les billets d’avion, ni l’hôtel, rien du tout. Le favoritisme règne partout dans toutes les administrations où l’on nomme des proches, les amis, les enfants d’Untel. Des journalistes, des poètes, des religieux, des intellectuels…s’inclinent devant un prince, un ministre. Les rues telle et telle, les universités unetelle et untelle, les instituts untel, les chaires unetelle, les hôpitaux untel…Partout des grandes villes au plus petit bourg, on retrouve les mêmes noms jusqu’à la nausée…En Tunisie ils ont renvoyé leur président, chez nous on n’a même pas renvoyé le gouverneur de province après des centaines de personnes noyées deux années de suite à cause des inondations à Djeddah, la 2eme ville du royaume. 

     

    Que dire des Saoudiens détenus pendant des années en prison sans être jugés sans avoir commis de crime… Nous nous sentons comme des intrus qui encombrent la famille royale.» Avant l’internet, une princesse saoudienne dénonçait déjà dans son livre Sultana l’«anomalie» génétique des Ibn Saoud à travers le portrait de son propre frère qui couvrait d’or et de pierres précieuses ses nombreuses femmes et concubines avant d’aller en Egypte acheter des fillettes vendues le temps d’un viol par une mère détraquée par la misère. Un autre prince exilé en Allemagne se plaint lui que les forces de renseignements saoudiens traquent les opposants jusqu’à l’étranger. Un autre, considéré comme l’homme arabe le plus riche, Al Walid ben Talal a acquis dit-on 3,75 pour cent de Twitter pour surveiller des internautes saoudiens les plus surveillés au monde. On imagine la prudence du Wikileaks saoudien, suspecté d’être un prince rebelle, et l’ambiance de la prolifique fratrie qui veille sur les Lieux Saints de l’Islam. 

     

    Quand on compare l’Algérie à l’Arabie saoudite, les points communs certes sont légion, seulement on n’a pas de Wikileaks et nos princes n’ont pas de propriétés ni illimitées ni lilliputiennes sauf le très officiel et très blindé Club des Pins. Les noms «Untel jusqu'à la nausée» sont ceux de nos martyrs. Aucune pénurie à redouter : nos princes en partance reviendront un jour en martyrs si on arrive à imaginer l’Algérie post-pétrole comme on imagine un chaos après le chaos. Aujourd’hui, nous sommes nourris, chaussés, habillés, médicalisés outillés parfumés maquillés chinois et en plus on nous importe des Chinois pour construire des édifices des routes ponts immeubles et même des mosquées. À ce rythme, on peut se demander pourquoi on envoie encore les gosses à l’école c’est sans doute pour cela que les grèves à répétition dans ce domaine nous laissent de plus en plus indifférents. À ce rythme, on n’est pas des intrus, on est des insectes nuisibles. Si au moins on a importé le rire des Chinois ; si au moins on pouvait soulager nos cœurs avec un Hagrouna ! "Les structures du discours ont été si parfaitement intégrées par les profiteurs du système que, lorsqu’un individu se met en quête des mots et des formules qui exprimeraient son cas, il découvre qu’ils sont déjà largement en usage au service du pouvoir." (John Saul, Les Batards de Voltaire) 

     

    Mimi Massiva

  • Mouton de l’Aïd et mouton des affaires

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Cela fait quelques semaines que la difficile question de l’acquisition du mouton de l’Aïd taraude de nombreux compatriotes. La fête du sacrifice a toujours constitué un moment budgétaire crucial pour les ménages algériens. Mais, avec le temps, son coût a fini par dépasser l’entendement économique. Le mouton vaut désormais plus que son poids de viande de mouton ! Entre une fois et demie et deux fois le prix de son poids. Et quand on connaît le prix de la viande ovine, on peut mesurer l’ampleur du sacrifice financier qui est demandé aux fidèles désireux de perpétuer le geste symbolique d’Abraham.
    Faut-il plaindre ou saluer toutes ces petites gens qui, chaque année, se saignent pour pouvoir égorger le mouton ?
    Les stratèges de l’économie du culte, eux, ne semblent point s’embarrasser de scrupules. Les fidèles veulent honorer le rite religieux ? Ils en auront pour leur argent ! Ils ne paieront pas que la viande qu’ils auront à déguster ou à offrir ; ils paieront la possibilité d’égorger la bête.
    L’Aïd est une opportunité commerciale providentielle pour une armée de maquignons professionnels ou de circonstance. Et l’État, plus fidèle que les fidèles, “réunira toutes les conditions pour permettre aux Algériens d’accomplir leurs devoirs religieux”. Celui-là comme les autres.
    Alors spéculateurs, servez-vous, puisque c’est pour la bonne cause, celles de nos convictions religieuses. Quand on aime, on ne compte
    pas ; ce n’est pas quand on croit qu’on va compter !
    Et la contribution de l’État ne s’arrêtera pas là, à fermer les yeux sur le plus grand marché informel de l’année et du pays. Cette opération qui échappe aux autorités agronomiques, sanitaires, commerciales et fiscales concerne pourtant des millions de têtes d’ovins et de caprins et brasse des milliers de milliards de dinars. Autour de toutes les agglomérations et le long des routes, des terrains sont rendus disponibles pour servir de foires aux bêtes et, le jour du sacrifice, vous pourrez accrocher la carcasse à sécher et à se vider de son sang sur la branche d’un arbre, y compris parmi ceux qui bordent le boulevard Victor-Hugo à Alger. Avec un peu de chance, l’ENTV pourrait passer par là et filmer vos enfants en train de se réjouir de la mise à mort d’un animal avec lequel ils jouaient la veille et qu’ils ont fini par tant aimer.
    Des “start-up” de Cola halal qui ont fleuri en Europe aux “tour-operators” pour “omra” en low-cost, en passant par la privatisation royale saoudienne des Lieux saints, la religion constitue, en ces temps où tout se marchandise, un paradis pour affairistes et pour… politiciens.
    Ce n’est donc pas pour défendre des pratiquants qui se font arnaquer, de bonne foi, que l’État va se mettre à dos cette véritable “religion connexion”. Ce qu’il donne des gages d’allégeance à la règle de “l’islam religion d’État” et d’en tirer, comme il croit, une part de légitimité. À la piété populaire, doit en quelque sorte répondre une piété institutionnelle. Qu’importe si le pieux quidam doit en faire les frais… financiers.
    De norme de comportement uniforme, la piété glisse en norme de consommation commune. Elle devient alors une opportunité d’affaires qui arrange aussi bien les affaires des affairistes que celles des politiques.

  • Régulation, concurrence et rente

    Par : Mustapha Hammouche

    Après avoir essuyé les attaques de deux des trois entreprises de téléphonie mobile, l’ARPT est prise à partie par les fournisseurs d’accès Internet exploitant la technologie WiMax.
    Les premiers lui reprochent de couvrir l’abus de dominance dont se serait rendu coupable l’opérateur leader et les seconds l’accusent d’inventer une redevance illégale. Ils contestent une décision “unilatérale” et “contraire à la politique des pouvoirs publics en matière de démocratisation de l’usage d’Internet”.
    Sans préjuger de la pertinence de leur protestation, on peut s’étonner que des professionnels placent leur contestation sous le signe de la défense d’une “politique des pouvoirs publics” ayant fait de l’Algérie l’avant-dernier pays du monde en termes de débit Internet.
    Décidément, les NTIC posent à notre pays plus de problèmes de répartition de sa rente commerciale que de soucis de stratégie de développement. Tableau paradoxal où tout se passe comme si la problématique se réduisait à la question de savoir comment exploiter l’opportunité commerciale des NTIC sans mettre le haut débit à la portée du libre usage du citoyen.
    Autoritaire et rentier, le système algérien ne s’est jamais accommodé de l’indépendance de ces entités arbitrales, une indépendance qui fonde pourtant leur finalité même. Le concept est incompatible avec sa réelle raison d’être, celle d’assurer la répartition arbitraire des retombées financières de la souveraineté nationale sur le sous-sol, les airs et la mer.
    En matière de ressources naturelles, on observe que l’idée de confier la politique de valorisation et des hydrocarbures et des autres ressources minières, comme l’or ou l’uranium, n’a jamais traversé l’esprit des régimes successifs. En matière de finances, on peut aussi constater la parfaite “identité de vue” qui a toujours marqué la gestion du budget, du Trésor et de la monnaie. Le gouverneur de la Banque d’Algérie s’exprime comme le ministre des Finances, et vice-versa. Parfois, le pouvoir “oublie” littéralement d’installer ou de renouveler ces instances pour éviter de s’encombrer d’autorités incompatibles avec son mode de gouvernance… autoritaire. Même en sport, l’ingérence politique dans le choix des dirigeants fédéraux suscita maintes interventions des instances sportives internationales.
    Le système du passe-droit et du favoritisme politique proscrit de fait la notion de concurrence. Si le pays s’est offert une coquetterie législative en la matière, peut-être pour des raisons de processus d’adhésion à l’OMC ou de conventions internationales, le gouvernement s’est bien gardé d’installer le Conseil de la concurrence décidé par la loi en 2005 !
    Dans un pays des “monopoles privés” d’importation, comme ce fut le cas de la bière, entre autres, le pays des “domaines réservés” aux enfants du sérail, comme le médicament, où le sigle cache un nom significatif avant de désigner une entreprise, le pays des “boîtes” prête-noms d’initiés, comme dans la communication, en arriver à la transparence des règles de régulation du marché, ce serait revenir de loin.
    Dans ce contexte où les règles du marché sont confrontées à la finalité rentière de l’autorité politique, si l’ARPT venait à se confirmer, de quelque manière que ce soit, comme une authentique autorité arbitrale, pertinente et impartiale, elle aurait l’allure d’une heureuse anomalie.

  • Algérie : mauvaise gouvernance, non-droit et bureaucratie

     


    Par Le Matin DZ |

     

     

    "Il vaut mieux que l’homme exerce son despotisme sur son compte en banque personnel que sur ses concitoyens" John Maynard Keynes.

     

    L'informel et les dessous de table régissent le marché national.

     

    Combien de discours des plus hautes autorités algériennes la population algérienne n’a-t-elle pas entendu entre 2000/2012, de combattre la corruption, la bureaucratie dévalorisant le couple intelligence/travail sur le quel doit reposer tout développement fiable et donc d’asseoir un Etat de droit ? Pour l’instant c'est pourtant le statut quo. Ce rêve si cher à tous les Algériens sera t-il réalisé un jour ? Il ne s’agit pas de créer des commissions sans lendemain puisque l’Algérie avait déjà un observatoire de lutte contre la corruption sous la présidence de Liamine Zeroual qui n’a jamais fonctionné.

     

    De là se pose la question quel est le rôle de la Cour des comptes institution dépendant de la présidence de la République selon la Constitution, de l’Inspection générale des finances. Fait paradoxal cependant, cette dernière dépend d’un ministre. Sachant qu'on ne peut être juge et partie. Aussi s’agit-il de s’attaquer à l’essence de ce mal qui ronge le corps social qui est la bureaucratie paralysante qui gangrène tout le corps social, en fait impliquant la refonte de l’Etat. C’est que la lutte contre la mauvaise gestion et cette corruption qui se généralise, tendant à être socialisée, implique avant tout une moralisation de la pratique des structures de l’Etat. La manière dont sont gérés les services collectifs et l’administration alors que l’on s’appesantit souvent sur la gestion uniquement des entreprises publiques ayant à leur disposition une fraction importante du budget de l’Etat, et la gestion de ces segments contredit les règles élémentaires de ce que les économistes font rentrer dans le cadre de l’économie publique. S’il faille éviter les règlements de comptes inutiles et qu’une personne est innocente jusqu’à preuve du contraire, (présomption d’innocence), comment croire aux discours, mobiliser les citoyens au moment où certains responsables au plus haut niveau ou leurs proches sont impliqués ou supposés impliqués dans des scandales financiers et peuvent-ils avoir l’autorité morale auprès tant de leurs collaborateurs que de la population algérienne ?

     

    Le bureau comme l’a montré le grand sociologue Max Weber est nécessaire dans toute économie mais il doit être au service de la société. Il est nécessaire au fonctionnement de toute économie mais non fonctionner comme en Algérie comme pouvoir bureaucratique qui fonctionne en vase clos et qui est le pouvoir numéro 1, car les pratiques sociales contredisent souvent les discours si louables soient-ils. Aussi, la lutte contre le terrorisme bureaucratique en Algérie renvoie à la problématique de la sphère informelle, en fait à la construction d’un Etat de droit qui implique une bonne gouvernance et pose la problématique d’une manière générale à la difficile construction de l’économie de marché concurrentielle et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle. Car la sphère informelle, produit de la bureaucratie, contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation, somme colossale, avec une intermédiation financière informelle réduisant la politique financière de l’Etat sans compter toutes les implications socio-politiques et socio-économiques. Elle ne s’applique pas seulement aux catégories socio-économiques.

     

    La rumeur souvent dévastatrice, dont la voie orale est dominante en Algérie n’étant que la traduction de la faiblesse de la gouvernance. Or son intégration est urgente loin des mesures autoritaires (répressives) qui produisent l’effet inverse, et ce, afin de pouvoir favoriser une saine concurrence et l’émergence de la véritable entreprise, lieu permanent des richesses et donc favoriser les flux d’investissements nécessaires pour une croissance hors hydrocarbures condition de l’atténuation de la pauvreté et du chômage, la vocation de Sonatrach n’étant pas de créer des emplois. Aussi, si l’Algérie du XXIe siècle, veut s’insérer harmonieusement dans le concert des nations, la politique économique et sociale au sein de l’espace euro-méditerranéen et arabo-africain (par le dialogue fécond des cultures) devra avoir pour fondement la bonne gouvernance liée à la réhabilitation de l’entreprise, au savoir par la maîtrise de la connaissance, la ressource humaine étant l’élément déterminant. Et il n’y aura pas de développement en Algérie sans la réhabilitation du savoir et des couches moyennes productives, base d’ailleurs de tout pouvoir fiable.

     

    Le nivellement par le bas (populisme) est source de démotivation et l’antinomie même du développement durable. La marginalisation des compétences et l’exode des cerveaux dont le montant en impacts est plus important que les 190 milliards de dollars de réserves de change chaque cadre formé coûtant plus de 200.000 dollars par unité deviennent inquiétants. Les derniers évènements et mesures biaisées montrent clairement que certains segments des pouvoirs publics (central et local), du fait de l’ancienne culture bureaucratique et administrative, n’ont pas une appréhension claire de l’essence de la sphère informelle. Où en est la réforme de l’école dont la dévalorisation du niveau devient alarmante ? Après les scandales financiers à répétition qui touchent tous les secteurs que dévoile quotidiennement la presse nationale et les importants découverts d’une minorité de monopoleurs rentiers auprès d’autres banques publiques, nous assistons à des recapitalisation à répétition des banques publiques qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars US ainsi que l’épongement de la dette publique sans s’attaquer grâce à la rente des hydrocarbures épuisable à terme dans moins de 20/25 ans maximum) sans s‘attaquer aux causes qui sont l’inefficacité de la dépense publique, la mauvaise gestion et la corruption, risquant de revenir à la case de départ. Ainsi la réforme bancaire, lieu de distribution de la rente, doit toucher fondamentalement la nature du système et donc la propriété et pas seulement la rapidité de l’intermédiation financière (aspect purement technique), rapidité qui paradoxalement pourrait faciliter des détournements plus rapidement si l’on ne s‘attaque pas à la racine du mal qui ronge le corps social.

     

    Ainsi se pose la question suivante : combien de banques ont-elles une comptabilité décentralisée selon les normes internationales, seules condition d’audits internes sérieux ? Il convient de se poser cette autre question de savoir si l’on peut continuer dans cette voie hasardeuse, situation qui menace le fondement de l’Etat lui-même et la sécurité nationale. Dans ce cadre, la sphère informelle produit historique de l’extension de la bureaucratie rentière qui tire sa puissance de l’existence même de cette sphère tissant des réseaux diffus de corruption n’est que la traduction de la faiblesse de la démocratisation du système économique et politique, donnant d’ailleurs du pouvoir à ceux qui contrôlent l’information Transparency International dans ses rapports 2006/2011 classe l’Algérie parmi les pays qui connaît un taux de corruption élevé.

     

    Ainsi les surfacturations et l’utilisation de la distorsion du taux de change permettent la fuite de capitaux (la méthode résiduelle de la Banque mondiale l’évalue à plusieurs dizaines milliards de dollars entre 1972-2010, avec d’importants mouvements pour certaines périodes fonction de la situation politique et socio-économique et des produits hors des frontières fonction de la distorsion des prix intérieurs et internationaux.

     

    Dr Abderrahmane Mebtoul