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économie

  • Algérie des finances : la plus grande épicerie du monde

    matin dz|

    "La clémence ne se commande pas. Elle tombe du ciel comme une pluie douce sur le lieu qu'elle domine." William Shakespeare

    Karim Djoudi dégrafe à tout-va le chéquier de l'Etat !

    L’Etat est en train de racheter Djezzy, il veut aussi racheter Nedjma, il pourrait racheter la filiale Danone ou que sait-on quoi encore ? Les concessions portuaires concédées aux Emiratis, la chaîne Sheraton, récupérer el Hadjar, et cetera, les caisses de la République sont pleines à craquer, "hetbark", "awidkan", y a à boire et à manger dans le fourre-tout financier national. Où pour chaque problème pris en considération, avant de discuter de quoi que ce soit, de management ou de méthode propice d’approche, on lève les mains au ciel et on dégrafe un gros chèque.

    Sellal, sous le signe du statu quo financier

    Jamais  dans l’histoire du pognon algérien un ministre des Finances n’a eu autant de facilité de manipulation dans le Trésor de la nation que Karim Djoudi, maintenu dans la formulation gouvernementale de Abdelmalek Sellal - que déjà on se met à le désigner par le sobriquet du "Lion de Moka", le petit village de la Petite Kabylie, du côté d’Ighil Ali, dans la wilaya de Bejaïa qui l’ait vu naître, au lendemain de sa fameuse déclaration qui disait qu’il faille nettoyer le pays, comme si l’argent seul va suffire à la dératisation de la société algérienne. Parce que cette prolifération, au demeurant bien réelle, du rongeur souterrain malsain charriant les épidémies néfastes s’accompagne aujourd’hui à ciel ouvert d’une invasion tout aussi redoutable, porteuse d’un syndrome parmi les plus pernicieux que l’Algérie ait connu depuis la nuit des temps, même de l’époque glorieuse et richissime des passages par notre vaste pays vers el Andalous (Cordoue, l’Halambra), le syndrome du "débordement", la forme la plus avancée du réflexe de l’arriviste plein aux as mais déconnecté de la réalité sociale.  

    Le dépositaire du chéquier national fournit des fortunes aux entreprises qu’il sait bidon, qu’il sait qu’elles n’ont aucune chance de s’assainir, de se corriger, dans le but de passer immédiatement dans le marché de la concurrence compétitive. D’aucuns disent qu’il obéit à des ordres formels pour éviter les conflits sociaux que provoqueraient des licenciements en masse. Tiens, je me rappelle le très brave Abdelaziz Khelaf son correspondant alors dans les horribles années 1980 où l’Algérie était au fond de la bouteille, 45 milliards de dollars de dette, le pétrole à 20 dollars et les caisses de l’Etat anéanties. Il lui arrivait de se soucier avec hantise des petites fournitures de bureau de son département pour préserver des deniers pouvant servir à quelque chose d’utile. Les grandioses dépenses publiques finissent, en ce trop plein de réserve de change et de grosses marges annuelles dans les échanges hydrocarbures, par ressembler à une "rechqa" tous azimuts.    

    La gestion par le fonds de caisse

    Aujourd’hui, l’ondée argentière, le typhon rentier, semble rendre les dirigeants, de la plus haute échelle jusqu’aux responsables anodins des affaires domestique – regardez par exemple les nouveaux putains d’abris bus qu’on installe dans les agglomérations du pays, en ville et en campagne, qui attirent la chaleur du soleil et les averses plus que de protéger les passagers des aléas climatiques – plus dépensiers que les pires des héritiers gâtés et mal élevés. Qui n’ont rien foutu de leur existence avant que la fortune de Crésus ne leur tombe sur la tête. Qu’est-ce qui se passe dans ce secteur-là des bras cassés qui  s’échauffent pour débrayer ? Foutez-leur une bonne augmentation et qu’on n’en parle pas ! Et vogue la galère, la rente ferme le bec à tout le monde en épongeant toutes les conneries économiques. Toutes les incompétences démontrées dans les actifs aléatoires, entrepris dans des visions de calculs d’épicerie où c’est seulement les sommes faramineuses mises en œuvre qui font office de solution.

    En dehors de foutre Moumen Rafik Khalifa et ses complices en taule, l’on se demanderait donc dans cette histoire-là du rachat à tire-larigot, pourquoi l’Etat ne s’est-il donc pas proposé de reprendre le groupe Khalifa qui, quoi que l’on dise, malgré les détournements et les fuites de la devise, les affaires du consortium roulaient convenablement et la dette envers les populations pouvaient se réglait le plus normalement du monde. D’aucuns expliquent que s’il y avait dans la retentissante roublardise des intérêts étrangers, sans aucun doute l’Etat aurait à coup sûr racheté dare-dare et les victimes algériennes se seraient ainsi tirées au moindre mauvais compte. A moins que, comme dirait la comique française, "on ne nous dit pas tout", maintenant, sur cette affaire.

    Un alias de Benbouzid

    C’est à l’avènement de Abdelaziz Bouteflika que l’empire Khalifa prend son envol et c’est sous l’empire de celui-ci qu’il a été décidé de mettre fin à l’empire du premier. Il se passe quelque chose d’extraordinairement biscornue en 13 ans d’exercice de pouvoir. Beaucoup de chose se passent en même temps que leurs contraires, c’est comme s’il gouverne dans le pays deux fractions idéologiques opposées, à la manière qu’il puisse régner à l’Elysée, par exemple, en même temps une politique UMP et une autre socialiste, la première libéralise à outrance, la seconde étatise dans la mesure du possible.Un reptile qui se mord la queue, devenu paranoïaque par les grosses quantités d’argent qui sommeillent dans son antre et dont il ne sait pas quoi faire.

    Au rythme où vont les revenus hydrocarbures, et où s’hypertrophient les capacités nationales d’intégrations technologiques, l’Algérie est sur la voie de posséder un Benbouzid bien carburé à la tête de ses finances publiques. De même que l’ancien ministre de l’Eduction a fait de l’école algérienne, en une décennie, une giga-crèche qui a fait parvenir une génération entière complètement abrutie sur le marché du travail sans travail, de même le ministre des Finances actuel, de loi des finances en loi des finances, va finir par faire de l’Algérie la plus grande épicerie de la planète.

    Nadir Bacha

  • Algérie : secouer le système au lieu de se focaliser sur Bouteflika

     

    Par Le Matin DZ |

     

     

    En remerciant les hommes-clés de ce qu’on appelle communément son clan, Bouteflika confirme les propos qu’il a tenu à Sétif le 8 mai dernier pour passer la main aux plus jeunes dés la fin de son mandat si Dieu le veut bien entendu, autrement ce sera bien avant.

     

    Réhabiliter les services de l'Etat au profit des Algériens est une urgence capitale.

     

    C’est une évidence eu égard à son absence répétée de la gestion du pays durant pratiquement tout ce dernier quinquennat. C’est une spéculation intéressante à savoir mais en quoi elle peut constituer un souci pour la majorité des Algériens qui ont réellement des préoccupations beaucoup plus graves ? Pourquoi cette panique à la rumeur de son décès ? En effet, l’Algérie va très mal non pas pour les crises auxquelles les citoyens sont confrontés : celle du chômage, du logement, de l’envolée des prix et de tous les fléaux sociaux qui rendent leur quotidien extrêmement difficile mais parce qu’elle n’a aucune vision stratégique claire qui l’assure de son avenir. Après plus de 50 ans qui la sépare des premiers départs des colons, elle reste toujours dépendante économiquement de l’extérieur. Elle a donc raté son indépendance totale et reste néo-colonisée dans le sens qu’à voulu le général de Gaulle et, par l'entremise de son homme de l'ombre Jacques Foccart, de la Françafrique. Il s’agit là d’une double trahison des différents responsables qui ont à conduire le pays depuis pratiquement la mort du président Houari Boumedienne.

     

    Nous montrerons plus loin qu’en dépit d’avoir favorisé inconsciemment la constitution du système au pouvoir à ce jour, ce président avait une démarche qui pouvait mener l’Algérie vers son indépendance économique. Cette trahison est l’une vis-à-vis de ceux qui se sont sacrifiés pour l’indépendance politique de ce pays et l’autre des générations futures qui ne voient pas encore le bout du tunnel. Ce serait une erreur grossière de tout mettre sur le dos de Bouteflika et surtout de croire qu’il est un parrain capable de maîtriser la maffia politico-financière. Il a une part de responsabilité comme tous ceux qui l’ont précédé mais compose avec le système qui l’a ramené aux commandes du pays. Qu’on dise qu’il est régionaliste, d’autres l’ont bien été avant lui. Qu’il aurait favorisé ses proches, c’est une pratique courante dans tous les pays du tiers monde. De nos jours et face à la confusion qui règne dans ce pays, c’est un discours politiquement rentable à tous les niveaux mais désormais ce n’est pas la réalité qu’on cherche à tout prix de cacher, pourquoi ? Le système pour se maintenir au pouvoir tente de surmonter ses contradictions en réduisant la situation actuelle de l’Algérie au seul départ de Bouteflika.

     

    En général, trois possibilités s’offrent à un président en Algérie : soit il résiste et dénonce les agissements du système, il est automatiquement éliminé (cas de Boudiaf). Il refuse d’obéir mais se tait, il démissionne avant la fin de son mandat (cas de Chadli et Zeroual). Il compose avec le système et il termine son mandat. C’est le cas du président en cours d’exercice. Il mènera son mandat à terme et dira j’ai mis mon expertise au service de mon pays pour le réhabiliter à l’échelle mondiale. Il rappellera par ailleurs le rôle actif de l’Algérie dans le Nepal et l’Union africaine, le règlement des conflits de l’Ethiopie/Erythrée, la paix en Somalie, la réhabilitation de la Libye dans ses moments difficiles avec la communauté internationale, la médiation au Soudan et enfin la tentative de rapprochement entre l’Iran et les Etats-Unis etc. il vantera certainement les efforts considérables que l’Algérie a accompli en matière de lutte contre le terrorisme et son avancée pour comprendre ce fléau social qui s’étend d’année en année à travers le monde entier. Enfin il dira je suis le seul président qui partira en laissant les caisses pleines (plus de 200 milliards de dollars à l’horizon 2014 selon les prévisions de la Banque mondiale). Mais il reconnaîtra et il l’a fait à maintes reprises ses échecs, qu’il n’est pour rien pour la constitution de cette manne financière et qu’il n’a pas réussi à mettre en place une stratégie à même de faire sortir le pays de sa dépendance vis-à vis des hydrocarbures. Il reconnaitra que l’avenir des générations futures est sérieusement compromis. Il l’a déjà dit et il le dira certainement en partant. Après, il prendra sa petite retraite comme tous ceux avant lui. Alors ! Est-ce pour autant les problèmes de l’Algérie sont réglés ? Certainement pas car le système ramènera quelqu’un d’autre et quelques années plus tard, on dira que le précédent était moins pire que celui là, on perdra encore quelques années et ainsi de suite. Quand est né ce système qui favorise ses membres au détriment de l’existence même de la nation ? Comment fonctionne-t-il ? de quelle manière il s’est ancré dans la société algérienne et avec la complicité de qui ? Est-il détrônable si oui de quelle façon ?

     

    Le processus de création de ce système est indissociable des étapes de développement de l’économie nationale depuis l’indépendance en 1962.Il s’est développé lui-même et s’est ancré à travers les incohérences de ces étapes historiques et surtout des événements qui les ont réorienté ou affaibli comme la mort subite du président Boumedienne. Pour bien comprendre le système, il faudrait passer en revue les différentes étapes de développement et mettre au point un certain nombre de principes qui ont servi de base au modèle de développement de l’économie Algérienne et qu’on tente sciemment aujourd’hui de pervertir pour justifier les échecs, quelques fois programmés.

     

    I - De la mise au point de certains principes et concepts

     

    1- La voie de l’option socialiste choisie par l’équipe au pouvoir au début de l’indépendance de l’Algérie figure bien dans les documents doctrinaux comme la charte d’Alger et entreprise juste par nécessité stricte de développement et non pas par mimétisme ou idéologie comme le prétendent certains écrits. (1). La vacance des moyens de production, suite au départ massif des colons et leur abandon au profit de la collectivité, n’offrait pas d’autres choix que la voie collectiviste qui permettait de contourner les difficultés de recherche des critères pour leur partage

     

    2- A la veille de l’indépendance nationale, un rapport d’une équipe de sociologues sous la direction de Pierre Bourdieu, subdivisait la population algérienne en six classes essentiellement prolétaires et paysannes. Ceci prouve qu’il n’y avait pas une bourgeoisie puissante pour orienter le pays vers une autre voie. En conséquence, note le rapport, tous les Algériens étaient en majorité au même niveau de vie malgré que les quelques années d’indépendance ont favorisé l’émergence d’une bureaucratie dont les intérêts s’opposaient à ceux des masses populaires, (2) mais leur nombre était insuffisant pour influer sur le cours du développement national. Après l’indépendance les propriétaires terriens et ceux qui détiennent les moyens de production aussi bien tertiaires qu’industriels ne représentaient en fait que 5% de la population, (3) avec évidemment aucun secteur stratégique de l’industrie comme le note Pierre Bourdieu dans un autre ouvrage : (4) "cette stratification sociale formée de couches fortement pauvres et pour lesquelles l’Etat est apparu comme "l’image inversée" de l’Etat colonial et il doit de fournir tout ce que l’autre n’a pas fait et par voie de conséquence la projection d’un Etat à tout faire. Cet état de fait ne peut que confirmer l’objectivité de la voie choisie". En dépit des différentes contraintes qu’a connues "l’autogestion" durant les premières années d’indépendance aussi bien agricole qu’industrielle, son émergence a empêché la bourgeoisie bureaucratique de s’accaparer des biens collectifs (4) et s’est imposée comme le montre Koulitchizky "comme idée mobilisatrice des énergies en face d’une certaine carence du pouvoir politique, elle montre la faiblesse du pouvoir, illustre les mutations que connurent toutes les composantes de la société sous l’exclusive bannière du nationalisme". Il est apparu une relation "intime" entre la masse populaire et l’Etat considéré comme seul protecteur des moyens de production "commun" et en face des différentes difficultés rencontrées par les entreprises autogérées, nombreux sont les travailleurs qui souhaitaient leur passage sous le contrôle de l’Etat (5).

     

    En bref, le statut d’un travailleur chez l’Etat est mieux vantée que celui d’une organisation privée. C’est la preuve par 9 que les nouveaux riches d’aujourd’hui qui brassent les milliards n’ont de justification que la triche, la fraude fiscale ou la spéculation qui reste le seul moyen de procurer en près de 30 ans de telles fortunes colossales qui menaceraient aujourd’hui l’existence même de l’Etat. Ce sont ces données que le plan test a rassemblé pour préparer les fondements de l’étape allant jusqu’au 1978 qui s’est fortement inspirée du programme de Tripoli, considéré comme conforme aux aspirations populaires. Ceci peut être facilement vérifié en parcourant les grandes lignes du plan quadriennal qui couvre la période 1970-1973 et dont l’objectif primordial est de créer les conditions qui permettraient de fournir un emploi durable à l’ensemble de la population masculine active d’icil’horizon 1980 (6). Quels que soit les moyens utilisés, ce plan vise essentiellement l’épanouissement des citoyens ce qui est effectivement une aspiration fortement populaire. Les principes retenus pour permettre sa réalisation sont :

     

    • le renforcement de l’indépendance économique en diversifiant les échanges extérieurs et le recours des investissements étrangers comme apport aux moyens nationaux et jamais facteurs dominants,

     

    • l’établissement de nouveaux rapports de production pour la construction d’une société socialiste,

     

    • la mobilisation des travailleurs fondée sur leur adhésion et leur association à tous les aspects de la vie économique du pays,

     

    • l’industrialisation qui doit engendrer un mouvement de croissance auto-entretenue (7). C’est en vrai projet de société que s’érige ce plan, il définit les règles de jeu et fait appel à l’adhésion de toutes les forces vives pour entamer une deuxième révolution cette fois industrielle et culturelle pour parachever le processus d’indépendance économique, moyennant bien entendu des sacrifices à l’instar de la révolution armée.

     

    3 - Le modèle de l’industrie industrialisante largement développé et commenté par D. De Bernis (8) est basé sur la création de puissante sociétés nationales qui agissent pour le compte de l’Etat et capable d’acquérir, de capitaliser, de consolider et surtout de fertiliser le savoir et le savoir faire au profit de tous les secteurs pour permettre au pays dans un laps de temps raisonnable d’accéder à son indépendance économique. Les intérêts individuels doivent se dissoudre dans l’intérêt général ; c’est pour cela que le schéma des industries industrialisantes ne peut être mené que par l’Etat et ne peut aboutir sans une "Planification rigoureuse" (9). L’inefficacité de ce modèle n’a jamais été prouvée scientifiquement sinon qu’il gênait les capitaux étrangers qui ont tout fait pour l’étouffer dans les pays qui le pratiquaient entre autres l’Algérie.

     

    II- Des justifications qui ont mené à la dislocation de ce modèle

     

    A la mort du président Boumedienne, la bureaucratie naissante qui était jusqu’à cette événement en veille, a saisi l’occasion pour aider des technocrates d’accéder au pouvoir mais à sa solde. Ces derniers étaient fortement influencés par le modèle américain, certains y ont vécu même dans ce pays. Ils ont ramené dans leurs valises des consignes claires : celles de déstructurer le tissu industriel algérien qui commençait moyennant des sacrifices énormes à donner ses fruits. Ils ont commencé par un changement de discours dont les implications sur le terrain s’écartaient peu à peu de la ligne suivie pour atteindre les objectifs consensuels et qui est pour rappel celui de l’indépendance économique le gigantisme des sociétés nationales, l’efficacité selon le principe "Small is beautifful", la tentative d’abandon des hydrocarbures comme stratégie de développement, le désengagement progressif de l’état vis-à-vis des différentes institutions publiques, pour, selon le discours politique, une meilleure efficacité budgétaire.

     

    Cette remise en cause a été en réalité (10) à l’origine des multiples formes de résistance des actions collectives (grèves) et aux pratiques individuelles : absentéisme, turn over, etc. Pour rappel, durant les années 1981-1982, l’absentéisme a tellement inquiété les autorités qu’elles ont impliqué les forces de sécurité et de l’ordre pour procéder à des contrôles en dehors de l’entreprise jusqu’à dans les lieux publics (cafés et autres). Mais ceci n’a pas empêché cette équipe de poursuivre cette destruction en optant pour une vraie réorientation de l’économie nationale. Le diagnostic semble léger et ne justifie en rien l’amorce d’un tel processus. Un ancien premier ministre rappelle que cette réorientation n’étant pas spécifiquement motivée (11) de part les meilleurs résultats enregistrés avec un secteur public en pleine croissance car selon le même auteur sa part dans le produit intérieur brut qui était de 34,4 % en 1969 est passé à 65,42 % en 1978. Enfin une rente pétrolière de plus en plus croissante et qui permettait de résoudre les différentes contradictions inhérentes au procès de travail (12).

     

    A part donc le malaise général de l’été 1977 et qui sera analysé plus loin, rien ne justifiait un tel changement du moins scientifiquement. Les rumeurs colportées par la bureaucratie au pouvoir ce sont soldées pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie par une grève de portée nationale : Celle des cheminots en 1978.

     

    En tout état de cause, aucune donnée particulière contraignante ne laisse présager une volonté quelconque de changement de ligne de conduite et du rythme de développement qui devait mener à l’indépendance économique, sinon un léger réajustement dans la marche à suivre. En dépit de l’année de réflexion qui a permis à l’équipe au pouvoir après la mort de Houari Boumediene une pause et une évaluation de la situation, le diagnostic n’a pas semble-t-il été quantitatif mais se basait sur des opinions et surtout se cachait derrière des décisions supposées collégiales car le décret 80-242 du 4 octobre 1980 portant sur la restructuration organique et financière des entreprises ne fait allusion à aucun rapport de diagnostic mais à la résolution du 4eme congrès extraordinaire du front de la libération national (FLN) et les décisions de son comité central dans ses 2eme et 3eme sessions. H. Temmar, qui traitait il n’y pas si longtemps les entreprise publiques de veilles quincaillerie soutenait avec M.E Benissad dans une évaluation des perspectives de développement décennal "qu’en 1980, tout changement brutal de stratégie de développement entraînerait un gaspillage des ressources humaines formées à l’industrie et signifierait que les sacrifices supportés par la population l’auront été vains" (13). Et pourtant ce changement a bien eu lieu. Cette nouvelle voie de développement a fragilisé l’économie nationale en la rendant fortement dépendante de facteurs exogènes. Il aurait fallu en 1985 une chute des prix du pétrole suivi juste après par la détérioration du cours de dollar pour que le pays se mette à genoux, mains liées au FMI. Normalement et en dépit de son caractère brusque, la chute des prix du pétrole ne devait pas surprendre les spécialistes car elle rentre dans le cadre de la stratégie de l’agence internationale de l’énergie (AIE) en réponse à l’embargo décrété par les pays arabes membres de l’OPEP en 1973. Il fallait s’y attendre et donc orienter les recettes des hydrocarbures pour renforcer les projets en cours afin de produire des biens d’équipements qui non seulement dynamiseraient l’activité économique mais lui assureraient son indépendance économique de l’extérieur et fera sans aucun doute face ou du moins amortira le choc d’une telle situation encore une fois dans le domaine du prévisible. Quand bien même l’on suivait la logique des initiateurs de ce projet de réorientation au nom de l’efficacité de gestion et de la politique d’ouverture ; il aurait donc fallu accepter un programme de réforme structurelle à partir du début des années 1980 puisque la balance des paiements algérienne a entamé son déficit depuis 1982 (14) et donc utiliser cette restructuration économique dans le cadre d’un programme avec le fond monétaire international et l’orienter ainsi au bénéfice du développement national au lieu peut être de donner une image fausse qui a dû contribuer à aggraver la situation, désormais aujourd’hui inextricable.

     

    III - Des premières conséquences immédiates

     

    En plus de ce qu’ont constaté les éminents économistes cités plus hauts, la désarticulation du processus intégré a affecté l’économie algérienne sur au moins un triple plan :

     

    • Sur le plan économique

     

    Le peu de savoir et savoir-faire capitalisé par les puissantes sociétés nationales dans les différents secteurs s’est effrité. Les Algériens ne savent plus travailler la terre. Elle est devenue un vaste champ artisanal. Le célèbre grenier Algérien connu bien avant la colonisation a été bétonné. On importe tout. Le ridicule a été poussé jusqu’au jour où un certain "Azzoug" se présente à la télévision nationale pour proposer d’importer la viande à 60 DA le kg. Si ce projet avait été concrétisé que serait devenu l’élevage des bovins en Algérie ? On ne sait plus construire des bâtiments, des routes et on fait appel au Chinois et aux européens pour le faire. Les catastrophes naturelle comme les différents séismes qu’à connu le pays, ont montré l’amère regret d’avoir éclaté la Sonatiba et la DNC. On ne sait plus produire et distribuer de l’énergie sans faire appel aux étrangers. Les techniques d’extraction des hydrocarbures ont été laissées aux américains sous les bons auspices de l’ancienne puissance coloniale (TFT, Hassi Berkine, Tiguentourine etc.).L’expertise parapétrolière a été abandonnée au profit des multinationales comme Schlumberger, Wetherford etc. et, ce avec la mort programmé de Alfluid, Aldia pour ne citer que cela. Le boosting des gisements fatigués a été confié aux Japonais sans aucune intervention des nationaux. La base logistique de Beni Mered à Blida était construite pour produire des pièces de rechanges grâce à ses puissants fours s’est limitée au moulage des statuts pour Riadh El Feth qu’on montre comme une fierté nationale. En somme, on est passé d’une économie en voie d’industrialisation à celle de bric à brac qui a permis aux fortunes indûment acquises de s’incruster pour justement former et consolider le système en vigueur à ce jour ;

     

    • Sur le plan social

     

    Le modèle de développement choisi n’a pas été gratuit, mais a demandé des sacrifices énormes mais aussi et surtout un coût humain.(15) qu’il ne convient pas de considérer comme une conséquence de l’échec du modèle de développement mais plutôt comme un fort tribu payé pour atteindre l’objectif visé. Ils auraient sans aucun doute été facilement dissipés si le rythme de développement n’aurait pas été rompu ou s’ils avaient donné un résultat. Ce coût humain consistait dans un changement radical des structures sociales anciennes :

     

    La dislocation de la famille par migration, l’acquisition de nouvelles habitudes de consommation et de mode de vie, la contradiction entre vie au travail et hors travail, la lutte acharnée parfois humiliante contre le pouvoir bureaucratique, l’acculturation par un procès de travail installé par les sociétés capitalistes sensé fonctionné dans les conditions locales, un environnement international hostile à l’industrialisation dans le tiers monde en général et l’Algérie en particulier pour s’emparer de la matière première à des prix avantageux.

     

    • Sur le plan politique

     

    La notion de "bien commun" qui constituait le ciment de la cohésion sociale, est désormais passée sous silence par toutes les études faites sur le modèle de développement entre autres sociologiques. Alors qu’elle constitue la base de la démobilisation de part son lien aux valeurs culturelles de la société algérienne (16). L’un des partisans de la politique actuelle d’ouverture disait que "la réussite de cette période tient dans la cohérence de la politique suivie avec les objectifs visés" (17). Cette cohésion disparue, la manipulation est devenue très facile pour être utilisée à des fins partisanes très connue et qu’il est inutile de le rappeler ici.

     

    IV-de l’émergence et du développement du système

     

    Trois facteurs ont favorisé l’émergence et l’ancrage d’un système dans la société algérienne :

     

    • Une population déroutée par un changement brusque de discours. L’Etat qui l’assistait depuis l’indépendance, se désengage subitement sans lui donner la moindre garantie. Cette nouvelle situation la rend facilement manipulable pour devenir une cible facile pour tous les corps étrangers ;

     

    • Une bureaucratie fraîchement enrichie mais longtemps en berne a trouvé toutes les conditions favorables pour tisser sa toile d’araignée dans l’espace et dans le temps ;

     

    • Un Etat affaibli par une crise qu'il n’avait pas prévu mais qui s’aggrave de jour en jour jusqu’à le pousser à faire appel au FMI.

     

    Les carriéristes du parti unique se chargent de créer des entrées, brèches et des opportunités au sommet de l’Etat pour le compte des nouveaux riches issus de la bureaucratie et ses spires. Ils prennent leur part et arrosent la majorité de la population pour qu’elle se taise. Ainsi la loi portant cession des biens vacants de l’Etat a plus bénéficié aux bureaucrates qu’au peuple dans sa majorité. Lorsque le simple citoyen achète un appartement de 60 m2, un membre au sommet en prend une villa de 500 m2 pour une bouchée de pain. Ces carriéristes à travers leurs satellites dans les différentes franges de la société (jeunesse, femmes syndicats, corporations etc.) ont pris le contrôle total pour orienter le peuple là se trouvent leurs intérêts et ceux de leurs commanditaires. Ce cercle s’est agrandi et s’est développé dans l’espace pour fonctionner comme un système dans lequel chacun trouve son compte. Les services se rendent mutuellement par le biais d’un artifice d’encanaillement. L’Etat trouve son compte dans la paix sociale que les carriéristes lui assurent. Ces derniers s’incrustent et s’enrichissent sur le dos du peuple. La majorité des citoyens reçoivent des miettes mais s’en accommodent pendant que la minorité observe impuissante. C’est ainsi que s’est crée un ordre établi que toutes les parties essaient de maintenir au détriment de l’existence même de la nation entière et qui reste en vigueur à ce jour. Lorsque le président de la république a nommé un nouveau premier ministre en la personne de Sellal, la première question que les observateurs se sont posée c’était celle de savoir s’il était du système ou pas. Et lorsqu’ils ont appris qu’il y était, ils ont vite compris comment l’Algérie a pu fonctionner avec un gouvernement intérimaire pendant plus de 4 mois.

     

    V- Des crises du système

     

    Ceux qui continuent de penser que l’Algérie a passé son printemps arabe en octobre 88 se leurrent lourdement. La crise de l’été 77, celle d’octobre 88 et les émeutes de janvier 2011et bien d’autre qui n’étaient pas ostentatoires, ne sont en fait que des purges pour permettre au système de surmonter ses contradictions et retrouver son équilibre.

     

    A chaque fois que l’exécutif tente mettre de l’ordre dans la gestion du pays pour plus de transparence, le système lui crée un soulèvement ou lance des rumeurs pour le dissuader et ainsi de suite. Il y a réussi à chaque fois.

     

    Cette rentrée 2012/2013 a été selon toute vraisemblance réservée à l’éradication du marché informel de toutes les villes et villages en Algérie. Une telle opération de grande envergure touche directement les intérêts des barons de l’import/export qui utilisent ce circuit pour écouler leur marchandises. On verra d’ici janvier 2013 les conséquences qui en découlent.

     

    VI - Conclusion

     

    Contrairement au système russe ou chinois et plus particulièrement celui de la maffia italienne, celui de l’Algérie n’est pas du type "hard" mais relève de la délinquance. C’est surtout la complicité de l’administration qui lui a donné une importance. La Banque mondiale conseille l’Algérie d'aller vers les grands chantiers : la relance des investissements publics et l’ouverture des capitaux, d’éviter l’effet d’éviction du secteur privé etc., pour uniquement retrouver une croissance que les Occidentaux veulent partager avec elle. Ils s’en foutent royalement des difficultés internes que rencontrent les gouvernants. Or ces grands chantiers dans le cas Algérien constituent une niche pour le système. Plus nombreux sont les chantiers, plus importants sont les montants de la corruption, plus fort sera le système. C’est pour cela qu’il conviendra d’orienter sa politique vers des axes simples mais qui peuvent nettoyer ou assainir le système mais persévérer dans leur application quelqu’en soient les conséquences :

     

    1- Réhabiliter l’administration pour la rendre au service du citoyen. Les fonctionnaires ripoux doivent sévèrement payer et ils sont visibles à l’œil nu. Peut-être faudra-t-il payer plus mais exiger de la qualité des services publics. C’est l’unique façon de stimuler la confiance et susciter l’adhésion du citoyen qui deviendra plus productif et pourquoi pas créateur ;

     

    2- Assurer l’indépendance des juges pour limiter les passe-droits, devenus un phénomène de société.

     

    3- Intervenir immédiatement pour mettre fin à l’anarchie dans la distribution du revenu national. Des entreprises payent quelquefois 10 fois plus que d’autres sans justification de productivité. Des entreprises étrangères offrent parfois jusqu’à 20 fois le SMIG pour vider le secteur public et refacturent tout cela pour le travail qu’elles réalisent sans perdre un centime Mais l’Algérie aura perdu des cadres qu’elle a formé à coup de devises sans compter l’impact négatif sur l’équité sociale.

     

    4- Mettre de l’ordre dans les opérations d’import/export et surtout assainir et normaliser les circuits de distribution. C’est la seule façon de protéger le citoyen contre l’augmentation des prix et de l’alléger du poids de son couffin.

     

    5- Il est scandaleux que les marchés parallèles s’établissent prés des banques nationales au vu et au su des autorités et dans lesquels des milliards s’échangent chaque jour. Rien ne justifie cela sinon la faiblesse et la complicité des administrations étatiques. Ce marché parallèle est en phase de menacer la nation dans son existence même donc une lutte sans merci doit être entreprise pour l’éradiquer ou éventuellement le normaliser pour mieux le contrôler et dans un délai très court. D’autres actions similaires peuvent compléter cette liste qui n’est pas exhaustive.

     

    Cet assainissement est préalable pour retrouver l’efficacité des chantiers dont recommandent les organisations internationales. Il se peut que ces opérations ne soient pas faciles à mener et peuvent être sanguinaires. C’est pour cela que les différents responsables qui se sont succédé les évitent en les passant chacun à l’autre mais c’est un mal nécessaire qu’il faut absolument assumer si réellement on pense à l’intérêt de la nation. De toutes les manières, on ne peut pas faire une omelette sans casser des œufs

     

    Rabah Reghis, consultant, économiste pétrolier

     

    Renvois :

     

    1. Discours du ministre de l’économie devant l’assemblée nationale le 30/12/63

     

    2. P. Bourdieu Travail et travailleurs en Algérie, Édition Mouton Paris 1963 P.382.

     

    3. J.C.Martens Le modèle algérien de développement : bilan d’une décennie, Édition SNED Alger 1973. P.277.

     

    4. P. Bourdieu Question de sociologie, édition Minuit Paris 1973 P.251

     

    5. S. Koulitchizk Y L’autogestion, l’homme et l’Etat : l’expérience Algérienne, Édition Mouton 1974 P.32

     

    6. Préambule du premier plan quadriennal 1970-1973 Alger 1970

     

    7. J.C Martens OP .Cit Page 53

     

    8. D. De Bernis in Economie Maghrébine, collectif CRESM-CNRS 1971

     

    9. D De Bernis Industrie lourde, industrie légère, in industrialisation du Maghreb édition Maspero 1963

     

    10. B. Semmoud Contribution à l’étude de la structure et de la formation des conflits collectifs de travail dans l’industrie Algérienne, Annuaire de l’Afrique du Nord P.132.

     

    11. Ahmed Benbitour L’expérience Algérienne développement 1962-91 leçons pour l’avenir, édition ISGP Alger 1992 P.23-24

     

    12. A. Bouyacoub La gestion de l’entreprise industrielle en Algérie, édition OPU 1987 P.10-11

     

    13. M.E Benissad, Economie de développement : sous-développement et socialisme, 2éme édition OPU Alger 1982 P.147

     

    14. In Perspective n° 34 semaine du 5 au 11-12-91

     

    15. M.E Benissad Op .cit.157-165

     

    16. La conception socio-dynamique du bien commun met l’accent sur la sécurité, la culture, le niveau de vie, la liberté et le droit à plus de bien-être. Lire J.C Fauvet et Xavier Stefan La socio-dynamique un art de gouverner, édition organisation Paris 1983 page 123.

     

    17. Ahmed Benbitour Op cit. P.41

  • Algérie : mauvaise gouvernance, non-droit et bureaucratie

     


    Par Le Matin DZ |

     

     

    "Il vaut mieux que l’homme exerce son despotisme sur son compte en banque personnel que sur ses concitoyens" John Maynard Keynes.

     

    L'informel et les dessous de table régissent le marché national.

     

    Combien de discours des plus hautes autorités algériennes la population algérienne n’a-t-elle pas entendu entre 2000/2012, de combattre la corruption, la bureaucratie dévalorisant le couple intelligence/travail sur le quel doit reposer tout développement fiable et donc d’asseoir un Etat de droit ? Pour l’instant c'est pourtant le statut quo. Ce rêve si cher à tous les Algériens sera t-il réalisé un jour ? Il ne s’agit pas de créer des commissions sans lendemain puisque l’Algérie avait déjà un observatoire de lutte contre la corruption sous la présidence de Liamine Zeroual qui n’a jamais fonctionné.

     

    De là se pose la question quel est le rôle de la Cour des comptes institution dépendant de la présidence de la République selon la Constitution, de l’Inspection générale des finances. Fait paradoxal cependant, cette dernière dépend d’un ministre. Sachant qu'on ne peut être juge et partie. Aussi s’agit-il de s’attaquer à l’essence de ce mal qui ronge le corps social qui est la bureaucratie paralysante qui gangrène tout le corps social, en fait impliquant la refonte de l’Etat. C’est que la lutte contre la mauvaise gestion et cette corruption qui se généralise, tendant à être socialisée, implique avant tout une moralisation de la pratique des structures de l’Etat. La manière dont sont gérés les services collectifs et l’administration alors que l’on s’appesantit souvent sur la gestion uniquement des entreprises publiques ayant à leur disposition une fraction importante du budget de l’Etat, et la gestion de ces segments contredit les règles élémentaires de ce que les économistes font rentrer dans le cadre de l’économie publique. S’il faille éviter les règlements de comptes inutiles et qu’une personne est innocente jusqu’à preuve du contraire, (présomption d’innocence), comment croire aux discours, mobiliser les citoyens au moment où certains responsables au plus haut niveau ou leurs proches sont impliqués ou supposés impliqués dans des scandales financiers et peuvent-ils avoir l’autorité morale auprès tant de leurs collaborateurs que de la population algérienne ?

     

    Le bureau comme l’a montré le grand sociologue Max Weber est nécessaire dans toute économie mais il doit être au service de la société. Il est nécessaire au fonctionnement de toute économie mais non fonctionner comme en Algérie comme pouvoir bureaucratique qui fonctionne en vase clos et qui est le pouvoir numéro 1, car les pratiques sociales contredisent souvent les discours si louables soient-ils. Aussi, la lutte contre le terrorisme bureaucratique en Algérie renvoie à la problématique de la sphère informelle, en fait à la construction d’un Etat de droit qui implique une bonne gouvernance et pose la problématique d’une manière générale à la difficile construction de l’économie de marché concurrentielle et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle. Car la sphère informelle, produit de la bureaucratie, contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation, somme colossale, avec une intermédiation financière informelle réduisant la politique financière de l’Etat sans compter toutes les implications socio-politiques et socio-économiques. Elle ne s’applique pas seulement aux catégories socio-économiques.

     

    La rumeur souvent dévastatrice, dont la voie orale est dominante en Algérie n’étant que la traduction de la faiblesse de la gouvernance. Or son intégration est urgente loin des mesures autoritaires (répressives) qui produisent l’effet inverse, et ce, afin de pouvoir favoriser une saine concurrence et l’émergence de la véritable entreprise, lieu permanent des richesses et donc favoriser les flux d’investissements nécessaires pour une croissance hors hydrocarbures condition de l’atténuation de la pauvreté et du chômage, la vocation de Sonatrach n’étant pas de créer des emplois. Aussi, si l’Algérie du XXIe siècle, veut s’insérer harmonieusement dans le concert des nations, la politique économique et sociale au sein de l’espace euro-méditerranéen et arabo-africain (par le dialogue fécond des cultures) devra avoir pour fondement la bonne gouvernance liée à la réhabilitation de l’entreprise, au savoir par la maîtrise de la connaissance, la ressource humaine étant l’élément déterminant. Et il n’y aura pas de développement en Algérie sans la réhabilitation du savoir et des couches moyennes productives, base d’ailleurs de tout pouvoir fiable.

     

    Le nivellement par le bas (populisme) est source de démotivation et l’antinomie même du développement durable. La marginalisation des compétences et l’exode des cerveaux dont le montant en impacts est plus important que les 190 milliards de dollars de réserves de change chaque cadre formé coûtant plus de 200.000 dollars par unité deviennent inquiétants. Les derniers évènements et mesures biaisées montrent clairement que certains segments des pouvoirs publics (central et local), du fait de l’ancienne culture bureaucratique et administrative, n’ont pas une appréhension claire de l’essence de la sphère informelle. Où en est la réforme de l’école dont la dévalorisation du niveau devient alarmante ? Après les scandales financiers à répétition qui touchent tous les secteurs que dévoile quotidiennement la presse nationale et les importants découverts d’une minorité de monopoleurs rentiers auprès d’autres banques publiques, nous assistons à des recapitalisation à répétition des banques publiques qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars US ainsi que l’épongement de la dette publique sans s’attaquer grâce à la rente des hydrocarbures épuisable à terme dans moins de 20/25 ans maximum) sans s‘attaquer aux causes qui sont l’inefficacité de la dépense publique, la mauvaise gestion et la corruption, risquant de revenir à la case de départ. Ainsi la réforme bancaire, lieu de distribution de la rente, doit toucher fondamentalement la nature du système et donc la propriété et pas seulement la rapidité de l’intermédiation financière (aspect purement technique), rapidité qui paradoxalement pourrait faciliter des détournements plus rapidement si l’on ne s‘attaque pas à la racine du mal qui ronge le corps social.

     

    Ainsi se pose la question suivante : combien de banques ont-elles une comptabilité décentralisée selon les normes internationales, seules condition d’audits internes sérieux ? Il convient de se poser cette autre question de savoir si l’on peut continuer dans cette voie hasardeuse, situation qui menace le fondement de l’Etat lui-même et la sécurité nationale. Dans ce cadre, la sphère informelle produit historique de l’extension de la bureaucratie rentière qui tire sa puissance de l’existence même de cette sphère tissant des réseaux diffus de corruption n’est que la traduction de la faiblesse de la démocratisation du système économique et politique, donnant d’ailleurs du pouvoir à ceux qui contrôlent l’information Transparency International dans ses rapports 2006/2011 classe l’Algérie parmi les pays qui connaît un taux de corruption élevé.

     

    Ainsi les surfacturations et l’utilisation de la distorsion du taux de change permettent la fuite de capitaux (la méthode résiduelle de la Banque mondiale l’évalue à plusieurs dizaines milliards de dollars entre 1972-2010, avec d’importants mouvements pour certaines périodes fonction de la situation politique et socio-économique et des produits hors des frontières fonction de la distorsion des prix intérieurs et internationaux.

     

    Dr Abderrahmane Mebtoul