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mosquée

  • Nassim, l'Algérien du 60e

     

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    Le temps coule, du zéro vers l'infini et du bas vers le haut, possédant cette particularité d'endormir tout le monde. Mais après une tentative avortée de câlin inuite, Nassim, cet Algérien qui a fui son Khemis El Khechna natal pour s'installer au Groenland, se décide à sortir. Il est 20h en ce Ramadhan polaire et le soleil est encore haut ; il reste près de 4 heures avant le Maghreb. Nassim a mis son anorak chinois en peau synthétique :
    - Je sors.
    Aleqa, sa femme inuite d'Ammassalik, occupée à jouer aux cartes sur internet, lui a simplement dit «Inouchlouarit», ce qui veut dire au revoir en groenlandais. Mais Nassim est déjà dehors. Il fait 5° en ce mois de juillet.
    Nuuk, 60° Nord, capitale de la province autonome du Groenland, propriété de la reine Margrete. Nassim a instinctivement pensé à Khemis El Khechna où la chaleur est souvent l'amie de l'ennui. Mais il se l'est juré, il ne reviendra pas, du moins pas tant que tamazight ne sera pas langue officielle et, pourquoi pas, la langue inuite aussi. Après un petit tour au marché où il a acheté un kilo d'oignons du Canada, juste pour acheter quelque chose, Nassim est rentré chez lui à 21h. Encore 2 heures et demi avant le f’tour, prévu exactement à 23h26. Cette précision a ému Nassim, situé à exactement 4643 kilomètres d'Alger. Les Algériens sont-ils précis ? Il se rappelle que le adhan du maghreb était très précis, lancé avec une infinie précision, à des heures fixées avec précision. Quand il s'agit de prières, l'Algérien est très précis, pourquoi ne l'est-il pas pour le reste ? La précision n'est pas non plus le problème d'Aloqa qui, elle, n'est pas dans le calcul de la course du soleil, elle qui ne connaît que l'hiver et l'été, deux saisons où le soleil est là, où l'obscurité est là. Un genre de calendrier numérique à un seul bouton. Nassim a retiré son anorak.
    - Omri, il y a ta mère qui appelle sur Skype...
    … à suivre.

     

    Chawki Amari
  • algerie:les singes parlent

    Voici revenue la saison fastidieuse
    des discours détergents !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com

    Que prévoit la nouvelle loi sur les hydrocarbures ?

    De quoi j’me mêle ?

    Regardez bien le ciel, voici revenue officiellement la saison funeste et fastidieuse des fameux «discours détergents ». La Commission de surveillance des élections, celle des magistrats, a été installée. Et comme les autres fois, comme toutes les fois, au péril de mon foie devenu fragile à force, son patron et ses membres assurent que cette fois-ci, ça sera un vote encore plus blanc, plus propre que les précédents. Avant cette honorable commission de juges blanchisseurs, il y a eu cette réunion entre Belkhadem et ses escouades de députés et de sénateurs. Et là aussi, le discours détergent a fait fureur. Dans un élan de «carpétisme» incroyablement rampant, l’Empastillé a appelé à voter le programme Sellal et à soutenir Tab Djnanou pour la présidentielle de 2014. Avant Belkhadem, il y avait eu cette autre déclaration «eau écarlate» que nous devons à Ouyahia. L’ex-futur Premier ministre a appelé les membres de son parti à soutenir à fond Abdekka, Sellal, le programme dicté par Bouteflika à son nouveau Monsieur Propre, et à soutenir surtout tout ce qui peut être soutenu dans cette configuration de souteneurs. Dans le même temps, les partis «poulitiques», même ceux jusque-là «très très créték» avec le système, annoncent dans d’effroyables relents de fort détergent qu’ils iront aux élections. Du coup, je ne sais pas pour vous, mais moi, j’étouffe, j’ai les yeux qui s’irritent et la gorge complètement cramée. L’air empeste le détergent ! J’ai tenté de m’en extirper en allant à la rencontre de quelques-uns des chantres, des porte-voix du discours détergent, peine perdue ! Ils ne se sont même pas arrêtés pour me parler. Forcément, ils y vont tous. Et ceux qui n’y vont pas encore visiblement sont sur le point de l’annoncer incessamment sous peu. D’ailleurs, je voudrais ici m’insurger contre cette expression fade et sans saveur, celle qui consiste à dire «ils y vont» à propos des partis qui vont participer aux élections. S’il vous plaît, employons la bonne formule, celle qui rend réellement leur position : ils y courent ! Ils y cavalent, les bougres et la bougresse ! Bon ! Ces questions d’athlétisme réglées, ces nuances de rythme dans la prise de direction de la mangeoire expédiées, me reste malgré tout ce goût âcre dans la bouche. Les lessiveuses tournant à pleins tubes, les discours détergents submergeant tout, et les maraudeurs politiques en quête de tout et de n’importe quoi à soutenir, je me retrouve avec l’étrange sentiment de vivre non pas dans un pays aéré normalement, ventilé démocratiquement, mais bien plutôt dans une buanderie sans fenêtres. Aaaaaaaaaah ! Au secours, je manque d’oxygène. Et pour ne rien arranger, j’en rajoute une couche en fumant du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
    H. L.

     

  • no moment

    Dilem du 12 septembre 2012

  • Voter, acte citoyen ou acte de foi ?

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Après les opérateurs de téléphonie, c’est au tour des mosquées d’être sollicitées pour appeler les citoyens à voter.
    Le ministre des Affaires religieuses dit n’avoir pas instruit les imams pour qu’ils incitent les fidèle à aller voter lors des prochaines législatives, mais n’a pas écarté le fait qu’ils évoquent ce sujet dans leurs prêches.
    C’est ainsi qu’on peut récapituler la difficile contorsion sémantique à laquelle s’est essayé Bouabdallah Ghlamallah pour admettre que le gouvernement met la mosquée à contribution dans la campagne électorale. Tout en fourvoyant les lieux de culte dans une opération électorale, et de nature politique, le ministre reconnaît, du bout des lèvres, que ce n’est pas là sa vocation.
    Quand il s’engage à éviter que “les mosquées ne se transforment en tribunes électorales ou en porte-voix de parti”, il semble oublier qu’il fait prendre à la mosquée, dans un débat sur la participation et l’abstention… le parti du pouvoir. Un parti n’est pas une affaire d’agrément. C’est une affaire d’intérêts et de convictions. Et aujourd’hui, il y a une ligne de partage qui sépare les tenants de la participation et les partisans de l’abstention. Et pour justifier l’usage électoral des lieux de culte, le ministre proclame que le vote “reste un acte de responsabilité et de citoyenneté qui sont des préceptes de notre religion”.
    Or, la question de l’abstention renvoie à un vrai clivage politique qui repose sur des convictions politiques divergentes : l’une atteste que les élections sont libres et qu’il faille y prendre part pour donner au pays l’Assemblée la plus représentative de la volonté populaire ; l’autre proclame que les élections seront, comme de coutume, manipulées et que la responsabilité et la citoyenneté consisteront justement à ne pas avaliser la fraude.
    Si Ghlamallah voulait éviter à la mosquée de se compromettre plus qu’elle ne l’est déjà dans la confrontation des ambitions de pouvoir, il lui aurait intimé l’orientation d’éviter de s’impliquer dans une telle opération, une opération à enjeux strictement politiques.
    S’il fallait une preuve que le pouvoir est un parti, le parti de la fraude, ce serait “la commission d’enquête parlementaire” sur… la fraude électorale aux législatives de 1997. Ses résultats, sûrement scandaleux, sont à ce jour tenus secrets. Un pouvoir qui, à un moment de divergence interne, s’est lui-même accusé de tricherie électorale, ne peut avoir ni la volonté de respecter le choix des citoyens ni le crédit qui lui permettrait de prétendre à l’organisation d’élections justes.
    Le pouvoir étant un parti, au sens large du terme, il ne peut pas prétendre au monopole de “la responsabilité et de la citoyenneté” ; celles-ci sont d’abord des attributs de ceux qui luttent pour la transparence et la démocratie. Loin d’être indemne des méfaits des ambitions de pouvoir, la mosquée a toujours constitué un enjeu politique que les islamistes de l’opposition et le versant islamiste du pouvoir se disputent.
    Quelle que soit la force qui, conjoncturellement, domine l’institution, son usage politique profite à l’avancée de l’intégrisme. Le consentement de Ghlamallah à la poursuite de cette mission n’avait pas besoin de se justifier ; il est dans la nature d’un système qui fait feu de tout bois pour conjurer les effets de la fraude institutionnelle : du SMS au minbar.

  • El métro-messie et la catastrophe-météo

     

     

    Par : Mustapha Hammouche



    Cela fait quelques jours que les personnels et les moyens de la wilaya et certaines communes d’Alger sont sur la brèche pour astiquer, enluminer et enduire les espaces et les façades du périmètre bordé par la Grande-Poste et la Fac centrale.
    On s’affaire avec une frénésie qui rappelle l’entrain de veille de fêtes nationales de la belle époque des “trois révolutions”. Le tiers-mondisme, alors opérant sur les consciences naïves des “masses”, faisait passer les pompes des jubilés pour des bilans de développement. Dans cette pure tradition de badigeonnage de circonstance, tous les tracés de signalisation, murs et devantures d’alentour ont droit à leurs couches d’enduit.
    Pas besoin d’être astrologue pour deviner que demain sera enfin inaugurée une ligne de métro. Il n’est pas encore dit qu’on inaugurera en même temps son service régulier. Pendant que la capitale est tout entière investie dans le blanchissage de cette portion de la ville, de mauvaises nouvelles nous parviennent de l’est du pays. Dans différentes localités de Biskra, Batna et Oum El-Bouaghi et d’ailleurs, ce n’est pas le vernis qui a déteint, mais ce sont les structures qui cèdent dès les premières pluies : inondations, écroulement d’habitations et, parfois, mort d’homme. Pour être équitable, il faut dire qu’Alger a eu, il y a moins d’une semaine, son lot de désagréments pour cause d’intempéries : la toute récente trémie de la place du 1er-Mai a été noyée.
    Il n’y a pas longtemps, El-Bayadh a été endommagée par les eaux, faisant encore plus de victimes. Deux vagues d’orage ; deux catastrophes. Même l’Office national de météorologie prend désormais ses précautions de forme : à la moindre prémonition de précipitation, il émet un bulletin météorologique spécial, faisant du BMS un acte de prévention contre l’argument de la mauvaise prévision.
    Des slogans dominés par le terme de “réalisations” complètent l’œuvre d’embellissement de l’avenue qui accueille la bouche de métro inaugurale. Huit kilomètres en trente ans, soit moins de trois cents mètres par an. Si on devait ne s’en tenir qu’au délai, sans prendre en compte le surcoût, méprisé dans ce contexte dépensier, il n’y a pas de quoi pavoiser.
    Sous un régime plus préoccupé de s’autocélébrer que de s’imposer une efficacité de gestion, le prétexte à se glorifier suffit ; qu’importe si le motif de satisfaction manque. Les accidents pour intempéries se répètent tous les ans et sur le territoire national — de Bab El-Oued à Ghardaïa, d’El-Bayadh à Batna — et constituent les symptômes d’une évidente incurie en matière d’aménagement, de localisation, d’étude, de conception, de réalisation, d’entretien.
    Le combat entre le développement et le sous-développement, c’est aussi le combat entre le vernis et la structure, entre la norme de construction et la dépense improvisée, entre la rigueur stratégique et l’improvisation politicienne.
    Pas plus qu’une hirondelle ne fait le printemps, l’arrivée d’un métro qui a traversé les générations ne fait pas le développement. Au mieux, ce sera l’arbre d’un jour qui cache la gabegie de décennies. L’échec est trop patent dans ces catastrophes de gestion qu’on fait passer pour des catastrophes naturelles !
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr