Mettant à profit la situation chaotique que traverse son parti, un responsable du RND dans la wilaya de Mila n’a pas trouvé mieux que de céder un local du parti à… son épouse. C’est ce que rapportent des sources locales proches de ce parti qui précisent que Abdelkader Bensalah, trop occupé par la crise que traverse le parti, n’a pas réagi à ce détournement.
rcd
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Un local pour mon épouse
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Un président ça sait, ou ça se tait
Par Le Matin DZLa dernière crasse d’un homme sans envergure. C’est la qualification qui sied le mieux aux propos de Bendjedid qui font les choux gras de la presse depuis hier. Cette "révélation", à elle seule renseigne sur l’idée que l’homme se faisait des mémoires qu’il consignait.
Larbi Belkheïr, son imminence grise depuis qu’il était à la tête de la II région militaire, lui aurait fait deux partis dans le dos ?!! Le FIS et le RCD. Cette affirmation qui a longtemps animé les discussions de cafés, normal elle est de ce niveau-là, va assurer la vente de mémoires posthumes qui, je peux l’affirmer sans risque de me tromper, ne révèleront rien des secrets du système, et ne contribueront en rien à en expliquer les mécanismes occultes qui commandent à son fonctionnement. Même un pied dans la tombe, l’omerta est de mise. Ces hommes taisent les secrets de leur système.
Ces mémoires nous permettront-ils de savoir qui de Belkheir ou de Chadli a fait l’autre ? Autant espérer qu’ils nous disent qui de l’œuf ou de la poule est venu le premier. Mais pour qui veux avoir quelques renseignements, le témoignage de Hocine Malti, dans l’histoire secrète du pétrole, est un bon aperçu de la communauté de destin de ces deux hommes.
Lardi Belkheir aurait créé le FIS et le RCD ? Sur le double plan historique et politique l’affirmation est absolument fausse. Si elle a pour sens de suggère une préfabrication de ces deux forces. Il faut revenir à la genèse de ces deux partis.
Le FIS conglomérat de noyaux islamistes préexistants aux évènements d’octobre. A sa constitution il a aggloméré, sans distinction, les groupuscules djihadistes – que Chadli avait gracié auparavant-, les Afghans de retour en Algérie, et les différentes phalanges prosélytes dites de la da’wa. Pour ce qui concerne le RCD, c’est bien avant Octobre 1988 qu’il s’était cristallisé au sein du Mouvement culturel berbère (MCB). Sa création, a été amorcée probablement à partir de 1985, avec la très forte dissidence au sein du FFS provoqué par l’"entente" de Londres. Elle s’accélère à partir de fin 1986, avec la constitution d’une coalition entre l’aile libérale du MCB – autour de Saïd Sadi - et une partie de la gauche du mouvement issue de l’ORT, menée par Bacha Mustapha. L’apparition publique de cette coalition sous le sigle RCD pouvait surprendre et paraître comme une improvisation, mais elle était loin de l’être.
Par contre, si la signification de la révélation de Chadli est d’accréditer de sa part un certain attachement à une application stricte de l’article 40 de la Constitution de 1989, force est de s’en référer aux délibérations publiques du tribunal militaire de Blida, lors du procès du FIS, pour relever la grande entente qui régnait entre Chadli Bendjedid et les chefs du Front islamiste du salut. Il est aussi difficile de ne pas convoquer içi, les coups de pousse que Chadli a apportés, avec constance, aux islamistes. C’est sous son règne que l’Egyptien El Ghazali avait fait un fort mauvais sort à l'islamologue Mohammed Arkoune. C’est lui qui, devant la montée du Mouvement culturel – résurgence du mouvement national, à l’image de la crise algérianiste de 1949 – avait aménagé de grands espaces aux islamistes : Forum de Tlemcen, université islamique (iste) de Constantine, Imama cathodique d’El Ghazali. Et, pour finir, c’est lui qui assurera la promotion des intégristes en [indus] représentants des évènements fomentés d’Octobre 1988. Alors d’où pourrait sortir cette "l’opposition" de Chadli à la création du FIS ?
Pour ce qui est de l’autonomie politique des deux mouvements, il faut juste en revenir à leurs programmes politiques, et à leurs mots d’ordre. L’attaque est insidieuse, et elle semble viser exclusivement le RCD. A l’évidence, un président qui insinue, c'est un président qui ne sait pas grand-chose, ou à défaut un président qui pour assouvir une vengeance sème le doute et la rumeur. Et probablement que le ralliement du RCD, quelques jours après le 26 décembre 1991, à l’exigence de l’arrêt du processus électoral aura coûté chère à Chadli Bendjedid.
Pour paraphraser un ministre français disons qu'un président ça sait, ou ça se tait ! Mais au-delà, il faut souligner qu’il est temps pour l’opposition démocratique d’écrire l’histoire de ses luttes et de ses combats. Il lui faut s’extraire de la gangue du pseudo-multipartisme actuel, pour jeter les bases et les fondements de la véritable démocratisation du pays.
Mohand Bakir
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FLN au musée ,RND taiwan,MSP khorda ,PT wakhda,RCD drs, ect..............
Nacer Boudiaf aux âmes du 1er Novembre
«La jeunesse ne se reconnaît pas dans le FLN actuel»
Cette année, l’Algérie célébrera le 57e anniversaire du 1er Novembre 1954 et s’apprête à célébrer, le 5 Juillet 2012, le 50e anniversaire de l’indépendance. Mais celle-ci a été confisquée, comme l’a malheureusement déploré le président Ferhat Abbas.
Elle a été confisquée pour laisser place à une situation telle que décrite par Amin Maalouf, dans son livre Le dérèglement du monde, où il dit «Quand aucune autorité, aucune institution, aucune personnalité ne peut se prévaloir d’une réelle crédibilité morale, quand les hommes en arrivent à croire que le monde est une jungle où règne la loi du plus fort, et où tous les coups sont permis, on ne peut que dériver vers la violence meurtrière, la tyrannie et le chaos.»
«Le bois dont l’homme est fait est si courbe qu’on ne peut rien y tailler de bien droit», se plaignait Emmanuel Kant. Mais dans le Saint Coran, Dieu dit : «Nous avons créé l’homme dans les meilleures dispositions, puis Nous l’avons dégradé au plus bas point». Dégradé au plus bas point, un peuple risque de devenir, comme le décrit Henri Bosco, un «fond des mers, peuplé de monstres insolites». Un peuple qui ne se reconnaît pas dans les partis supposés le représenter dans les institutions nationales.
Ces jours, des voix, par-ci et par-là, suggèrent de placer le FLN au musée. Mohamed Boudiaf, l’un des fondateurs de ce Front a été parmi les premiers à le réclamer. Pour Boudiaf, le FLN est indissociable du 1er Novembre. Sa logique est implacable. Si le 1er Novembre appartient à tout le peuple algérien, alors le FLN aussi doit appartenir à tout le peuple. Il faudrait donc le préserver dans l’histoire et le soustraire aux marchands qui commercent avec le sang des autres. Il faudrait alors arrêter l’amalgame. Il faudrait mettre fin à l’esprit de «parti clé en main». Que les hommes et les femmes, qui se réclament du FLN, permettent au peuple algérien tout entier de se reconnaître en ce Front tel qu’il a été conçu par ses fondateurs. Le peuple et notamment la jeunesse ne se reconnaissent pas dans le FLN actuel.
Avec quel FLN le peuple a-t-il affaire ? Au FLN qui a été à San Egidio? Au FLN qui n’a pas bougé le petit doigt pour réclamer la vérité sur le lâche assassinat du fondateur du FLN ? Au FLN qui ne dit rien devant les milliards de dollars dilapidés ? Au FLN qui ne dit rien au sujet des monstrueuses affaires de corruption ? Au FLN qui a laissé Boumediène gérer le pays comme une affaire personnelle ? Au FLN qui a laissé, dans les années 1970, l’administration nationaliser la terre des Algériens, la mettre en jachère pour tuer l’agriculture afin d’importer ce que nous mangeons, alors que l’Algérie était le grenier de Rome ? Au FLN, qui recherche une légitimité historique alors que la théorie de «l’acte isolé » est encore maintenue comme thèse officielle de l’assassinat d’un des historiques : Mohamed Boudiaf ?
Dans le sigle FLN, il y a la lettre L qui est supposée être celle de «Libération» ; de qui et de quoi le FLN actuel veut-il nous libérer ? Si l’actuel FLN veut nous libérer des élections truquées, de la mainmise de certains sur tous les rouages de l’Etat, des responsables qui ont affiché une incompétence inégalable, de la malvie, de la hogra, de l’exclusion, de l’injustice, de toutes les faussetés qui entourent le peuple, de la fausse économie, de la fausse thèse de «l’acte isolé», des hôpitaux transformés en mouroirs, de l’université transformée en dortoir, de la jeunesse tournée en parloir, alors le FLN reprendra le sens historique que Boudiaf et ses autres fondateurs ont voulu lui donner. Méditons ce passage de Où va l’Algérie ? de Mohamed Boudiaf : «Il est déprimant de constater combien d’imbécillités, à force d’être répétées, sont devenues des mots tabous, alors que dans le fond, elles ne sont que les produits d’une déformation des valeurs et d’une imposture infiniment plus historique».
Imposture : voilà un concept auquel il faudrait absolument mettre un terme en Algérie. Le printemps arabe qui a abouti en Libye à une fin comme celle d’El Gueddafi est une illustration parfaite de la punition de l’imposture.
Valeurs. Voilà un terme que la société algérienne a perdu. Quelle valeur explique le simple fait que la carte bancaire est utilisée même dans les pays les vulnérables alors qu’elle reste méconnue en Algérie. Quelle valeur pourrait-on expliquer à nos visiteurs que l’Algérie est l’un des plus beaux pays de la région, mais ne peut même pas organiser les vacances estivales du peuple, alors que nous pourrions recevoir des millions de touristes.
Loi. Quelle loi pourrait convaincre le citoyen qu’un jeune qui vole à la tire mille dinars se retrouve en prison alors que celui qui détourne des milliards se permet de se pavaner là où il veut ? C’est possible chez nous, car comme le dit Montesquieu : «Les lois inutiles affaiblissent les nécessaires».
Santé. Comment accepter que les cancéreux se retrouvent face à des équipements défectueux au moment où nous crions sur les toits que nous avons un plan de 286 milliards de dollars et des réserves de change de 173 milliards de dollars.
Jeunesse. Au moment où la jeunesse dans des pays voisins prépare son Assemblée constituante, notre jeunesse est détournée par les largesses que lui déverse le Trésor public. Au lieu de la mobiliser autour des défis de demain, nous l’entretenons avec des engins qui contribuent à multiplier les accidents et les victimes sur nos routes. Enfin, comme cette contribution s’adresse aux âmes du 1er Novembre, il serait utile de rappeler que le 8 juin 1992, au moment de lancer le Rassemblement national patriotique (RPN), Boudiaf avait dit ceci : «L’ennemi d’hier est l’ennemi d’aujourd’hui». Vingt et un jours plus tard, un «acte isolé» l’attendait à Annaba. Où était alors le FLN pour nous répondre à la question «à qui profite le crime ?» et à la question «où va l’Algérie ?». Respectueusement.Nacer Boudiaf
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Algerie manifestation du 22 janvier ,RCD, Tunisie,Egypte,les dictateurs tremblent
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HISTOIRE D ALGERIE NOUVELLE ECRIT PAR SES PROPRES FILS
La montagne a accouché d’une souris. Une commission ad hoc mise en place, la consultation des archives du MALG, autant dire la mémoire de l’Etat, pour arriver à la conclusion que Boussouf n’avait aucun problème avec Amirouche, Krim Belkacem et Abane Ramdane et que ce dernier est monté au ciel par les voies du Seigneur. Beaucoup s’en doutaient, ce n’est pas en 2010 que les artisans du pouvoir des ténèbres allaient en arriver à changer de pratique et de culture.
Les salves du premier spadassin envoyé au front avaient donné le ton : on ne discute pas d’histoire : chasse gardée. Le procédé a été testé mille fois dans tous les systèmes totalitaires. Sur le fond, on ne répond pas à l’adversaire. On qualifie à sa convenance, c'est-à-dire que l’on diabolise ses propos et positions, une fois le postulat faussé, le raisonnement peut suivre. Le président de l’association du MALG engageant son bureau dit ne pas chercher «la polémique avec l’auteur et encore moins à l’amener à se déjuger, car ils pensent bien que son opinion est définitivement arrêtée et de longues date». Voilà l’estampille MALG. Je me revois 25 ans en arrière face au juge d’instruction de la Cour de Sûreté de l’Etat qui me disait : «Vous avez signé un tract dans lequel vous revendiquez un Etat démocratique et social. Cela suppose le renversement du régime. Par quels moyens comptez-vous y parvenir ?» On le voit, les mœurs sont toujours les mêmes. A en croire le bureau du MALG, cela fait quarante ans que je récolte témoignages après témoignages, documents après documents pour sortir un livre en 2010 en sachant, dès le départ, ce qui allait advenir de notre pays. On découvrira dans d’autres évènements comment le MALG traite comme complot toute initiative échappant à son contrôle. Les violences des attaques et les incohérences des interventions de M. Benachenhou ayant provoqué une indignation à peu près générale, il fallait engager le reste des divisions : le bureau du MALG étant la vitrine light du service opérationnel.
En finir avec le MAL(G)
Auparavant, le bureau du MALG avait envoyé en éclaireurs quelques associés dont il suffit de rappeler les dires pour en apprécier le sérieux. L’un explique que l’une des raisons qui ont pu amener le général Massu à masser ses troupes trois jours avant le passage des colonels Amirouche et Haouès dans le Hodna pouvait être l’attentat commis par deux maquisards qui avaient éliminé un harki les ayant repérés. Le second nous informe que Boumediène n’était pas au courant de la séquestration des restes des deux martyrs… mais qu’il avait entendu dire qu’il s’apprêtait à leur organiser des «funérailles nationales grandioses» ! Sur les faits, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Pour nos tuteurs, le régime qui sévit depuis 1957 est l’expression démocratique du peuple algérien et tout ce qui contesterait ce dogme relèverait d’esprits malfaisants, régionalistes qui veulent saper le moral d’une nation harmonieuse, prospère et apaisée. Pourtant la sortie de M. Ould Kablia ne manque pas d’intérêt, non pas dans ce qu’il apporte d’un point de vue événementiel, mais dans ce que son approche permet de découvrir. M. Ould Kablia nous avertit : le bureau du MALG n’est pas un parti, un lobby et encore moins une secte avant d’ajouter que pendant la guerre, son service avait orienté son potentiel exclusivement vers la nuisance de l’ennemi. Fort bien. Il n’en demeure pas moins qu’il nous apprend que cet organe, présenté comme une instance technique du renseignement mis au service du pouvoir politique, disposait «de plus de 2 000 cadres» alors que «ceux qui faisaient tourner les autres secteurs ministériels » comptaient à peine «quelques dizaines» ! A la chute de Salazar, les Portugais découvrent qu’un citoyen sur cinq était, d’une façon ou d’une autre, instrumentalisé par la police politique, la PIDE. C’est précisément ce détournement et ce gâchis que dénonçait Amirouche dans son rapport quand il rappelle : «Désirons que jeunes envoyés par les wilayas soient orientés sur plusieurs branches… Nous envoyons des jeunes à l’Extérieur pour les faire profiter et les préparer à des tâches qui serviront mieux l’Algérie de demain. Or, nous apprenons que la plupart sont dirigés vers les transmissions. Nous aimerions qu’à l’avenir ces jeunes soient orientés vers d’autres branches…» Plus près de nous, il est pour le moins surprenant qu’une association d’anciens combattants désireux de finir leurs jours dans la sérénité fasse financer ses membres sur le fonds spécial en les faisant bénéficier du salaire de cadres de la nation. Enfin, et ce n’est pas le moindre des abus, une association qui dispose de documents confidentiels alors qu’ils devraient relever de la discrétion de l’Etat pose à la fois un problème de souveraineté et d’éthique. En principe, une association demande à l’Etat de pouvoir consulter des archives ; chez nous, il y a comme une inversion d’autorité, y compris quand il s’agit d’une «contribution forte à l’endroit des lecteurs et des historiens qui, à la faveur de sa lecture, pourront se faire leur propre opinion sur des faits et des évènements qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets». Depuis quand une association occupée par d’inoffensifs patriarches, a-t-elle le droit de détenir des secrets d’Etat et en vertu de quel statut est-elle fondée à choisir le moment de leur divulgation ? Nous le verrons tout au long de cette intervention, le statut, les prérogatives et la culture d’origine du MALG ont pesé et continuent de peser sur la mémoire et le destin de la nation. Considérons donc que c’est par le fait d’un simple hasard que MM. Benachenhou et Ould Kablia ont fait le tour du gouvernement depuis l’indépendance et que c’est du fait du même hasard que Nordine Aït Hamouda et moi-même, pour ne parler que des deux dernières cibles du MALG, avons passé notre temps à faire le tour d’Algérie des prisons. Les historiens, les acteurs nationaux non connectés à la secte, les observateurs étrangers qui ont unanimement noté, et pour ce qui est des Algériens, déploré quand ils ne l’ont pas carrément condamné, la pieuvre tchékiste du MALG, sont des plaisantins ou des ennemis de la patrie.
Le MALG et l’arrivée d’Amirouche à Tunis
Reprenons maintenant les remarques de l’article du bureau du MALG. Je fais l’économie de la réponse qui consiste à défaire la grosse ficelle m’accusant de confondre les jeunes enrôlés dans cette structure et qui furent souvent les premières victimes d’un appareil qui en a détruit plus d’un quand il ne les a pas carrément éliminés. La formule est restée célèbre au Maroc. «On lui a offert un voyage au Caire», disait-on des jeunes cadres qui avaient le malheur de poser une question ou de donner l’impression de ne pas être suffisamment dociles. En ce qui concerne la tragédie algérienne, nous parlons bien du segment noir qui a détourné Novembre et la Soummam et qui, dans une large mesure, continue de bloquer toute évolution citoyenne du pays. M. Ould Kablia nous avoue, et cela est une information capitale, que pour lui et ses responsables, la réunion interwilayas de décembre 1958, convoquée par le colonel Amirouche était (et reste toujours) perçue comme une menace majeure. Pour qui ? Le GPRA qui venait d’être installé trois mois auparavant ? Le COM ? Une partie du gouvernement ? Relisons M. Ould Kablia. «Cependant l’ordre du jour qui ne mentionnait que des sujets traditionnels et habituels… laisse penser que les vraies questions à débattre étaient vraiment occultées. Nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que les liens qui commençaient à se distendre entre l’intérieur et l’extérieur, les critiques non dissimulées allant dans le sens d’une rupture de confiance, illustrée par la réunion interwilayas… tout cela indiquait qu’il ne pouvait s’agir que d’une réunion de mise au point d’une autre dimension où la confrontation n’était pas à exclure. » Au cas où il y aurait un doute, M. Ould Kablia nous rappelle que «la défection de dernière minute d’Ali Kafi à cette réunion qui se tenait sur son territoire, sur ordre supérieur certainement, a rompu l’unanimité souhaitée». De son point de vue, c’est ce qui aurait amené les factieux à modérer leurs récriminations et à transformer leur «motion de défiance en motion de soutien». En clair, Amirouche avait mobilisé ses compagnons de l’intérieur, non pas pour proposer des accommodements, des réorganisations et une orientation qui devait recanaliser les énergies du gouvernement sur la guerre que les maquis supportaient de plus en plus difficilement, mais reproduire une réplique d’un complot dont le gouvernement venait juste d’échapper après la fronde des officiers chaouis, fronde sur laquelle il reste d’ailleurs beaucoup à dire quant au rôle joué par Boussouf, autant dans sa genèse que dans son traitement. L’accès aux archives tunisiennes et égyptiennes serait, de ce point de vue, particulièrement édifiant. J’ai pu établir, auprès de nombreux témoins, que le colonel Amirouche avait en commun avec Abane cette propension à ne jamais étouffer une opinion ou réprimer une remarque ou une contestation y compris en présence de celui qu’elle pouvait impliquer. J’ai rapporté comment l’altercation qu’il avait eue avec Kafi au Congrès de la Soummam ne l’avait pas empêché de lui rendre visite par la suite pour étudier ensemble les voies et moyens pour une meilleure coordination de leurs actions. L’interprétation de l’initiative d’Amirouche faite par M. Ould Kablia, partagée par d’autres (dans son style M. Benachenhou dit la même chose) nous aide à comprendre comment et pourquoi ce «travers» a coûté la vie au père de la Soummam et au colonel de la Wilaya III. La transparence et le débat ouvert sont les manifestations d’une culture incompatible avec l’opacité et la violence qui ont présidé à la naissance et au fonctionnement du MALG et de ses déclinaisons d’après-guerre. Or, cette interprétation quelque peu paranoïaque – qui deviendra la constante du pouvoir sous-terrain algérien – prêtant, sans le moindre doute, au colonel de la Wilaya III des intentions aussi belliqueuses ne se retrouve nulle part ailleurs. Ni Ferhat Abbas, pourtant très peu enclin à faire des concessions aux colonels, ni les acteurs ayant rencontré plus tard Krim Belkacem, ni Ben Khedda, ni Saâd Dahlab qui a écrit tout ce qu’il avait vu à Tunis, et il était souvent aux premières loges, n’ont fait état du risque imminent que représenterait l’arrivée d’Amirouche à Tunis en 1959. J’ai commencé par dire que si l’intervention de M. Ould Kablia n’apportait rien de nouveau en termes factuels, elle dévoile un esprit avec ses attitudes et ses décisions qui sont d’authentiques révélations. Comment avoir l’outrecuidance de dire que Boussouf n’avait aucun problème avec Abane, Krim ou Amirouche (la citation des trois dirigeants tous originaires de Kabylie est en soi une indication) et affirmer en tant que légataire du MALG que la réunion convoquée par le chef de la Wilaya III était un complot menant inévitablement à la confrontation entre l’intérieur et l’extérieur. Je pense avoir démontré, grâce aux témoignages et aux documents retrouvés, que les chefs de l’intérieur (excepté Kafi) avaient comme intention de demander au GPRA de mieux rationaliser son action diplomatique, sa communication, ses services sociaux mais aussi de s’émanciper d’un MALG tentaculaire et inefficace et, surtout, d’exiger que les troupes stationnées aux frontières fassent plus d’efforts pour rentrer se battre sur le terrain. La question de la nature et de l’importance de l’armée de l’Algérie indépendante devant être reportée à plus tard. Jusqu’à plus ample informé, il n’y a que le département de Boussouf qui a vécu cette demande d’adaptation comme une menace.
Le mystère des transmissions
Pour ce qui est des transmissions, les savantes envolées du bureau du MALG n’empêchent pas l’apparition de lourdes distorsions qui confirment l’hypothèse de la trahison. M. Ould Kablia nous donne une cinquième version, venant contredire celle du ministre des Anciens moudjahidine, les deux de M. Benachenhou et enfin celle de M. Kafi. Pour le bureau du MALG, la Wilaya III disposait du même nombre de radios que toutes les autres wilayas. Ce n’est pas ce que dit le rapport de doléances de cette wilaya que portait sur lui Amirouche quand il se rendait à Tunis. Il y dénonce en termes très virulents la livraison de deux postes en août 1958. «Pourquoi la Wilaya 3 n’a reçu que deux postes et si tardivement… cette carence tend à faire croire à une volonté de négliger la Wilaya 3 ou à du régionalisme de la part tout au moins des responsables des transmissions.» Notons au passage la légèreté, voire un certain mépris, avec lesquels est traité un document adopté après un conseil de wilaya extraordinaire, 48 ans après l’indépendance. «Sa lecture laisse à penser que le colonel Amirouche n’a pas participé à sa rédaction parce que le document reprenait un certain nombre de considérations générales et que les points les plus importants de son contenu ne cadraient pas avec la réalité vécue en dehors de la Wilaya III…», nous assure M. Ould Kablia. On vient de voir que la Wilaya III était plutôt bien informée sur le détournement réservé par le MALG aux étudiants envoyés pour formation à l’étranger. On découvrira plus loin dans d’autres situations que l’information détenue par Amirouche sur l’intérieur et les frontières était souvent de première main. Suivons M. Ould Kablia dans son récit. Lui affirme que la Wilaya III n’avait pas de radio en 1959, ce qu’infirment les témoins encore vivants activant au PC de wilaya. Mais convenons avec lui que le poste pouvait avoir été éteint et que donc pour l’extérieur Amirouche ne pouvait être contacté. Devant le déficit des transmissions, le colonel de la Wilaya III avait multiplié les boîtes aux lettres à Alger, Bougie, Sétif, Tizi-Ouzou, Akbou, El-Kseur et même en France pour recevoir et émettre des messages par télégrammes ou voie postale. Les agents de liaison de la Wilaya III encore en vie estiment que c’est par une de ces voies que le message de Krim demandant à Amirouche de changer de route a été acheminé. Le bureau du MALG, qui a fait une profusion de citations plus ou moins ésotériques de nombreux auteurs français, «oublie» de rapporter la seule information qui vaille : la goniométrie française a capté les messages du FLN annonçant les évolutions du déplacement du colonel Amirouche. Pourquoi ou plus exactement pour qui émettre lorsque l’on considère que le destinataire ne peut pas recevoir ? Ce que disent les auteurs français est confirmé par les agents du centre d’écoute du MALG basé à Oujda. Non seulement ils ont reçu l’ordre d’émettre mais lorsqu’ils ont alerté sur les risques de voir leurs messages interceptés, ils ont été sommés de continuer. S’agissant de la concentration des troupes déployées par le général Massu, M. Ould Kablia nous apprend que tantôt il s’agit d’une opération de routine tantôt elle «avait été décidée par le général Massu suite à des renseignements parvenus à celui-ci (comment ?) indiquant le passage par le Hodna du colonel Amirouche». M. Ould Kablia pose une vraie question, c’est même la seule question qui s’impose mais le fait de la reformuler par le bureau du MALG ne lui enlève en rien sa pertinence. La libération des liaisons radio entre les wilayas demandée par Amirouche dépendrait de la seule volonté des PC de wilaya, selon le bureau du MALG. Tous les spécialistes disent que sans un minimum de formation et d’assistance de la part de ceux qui détiennent la confection des codes et l’initiation à l’établissement de nouvelles liaisons, il est impossible d’improviser dans un domaine aussi sensible. Le fait est qu’aucune station de l’intérieur n’a été en mesure de disposer d’un opérateur capable de mettre en liaison deux wilayas. La volonté de centraliser toutes les communications des chefs de l’intérieur apparaît très clairement à travers l’interprétation que fait aujourd’hui encore le bureau du MALG de la réunion interwilayas de décembre 1958. Quant à dire que si le général Massu avait su de manière certaine qu’Amirouche se trouvait dans les parages, il se serait déplacé lui-même, cela reste un argument spécieux. En octobre 1958, l’opération Brumaire, ciblant particulièrement le colonel Amirouche et son PC, avait mobilisé une dizaine de généraux, une cinquantaine de colonels et près de 10 000 hommes dans l’Akfadou. J’ai longuement consulté les archives de l’époque et ni mes recherches ni les témoins que j’ai consultés ne m’ont permis d’établir que le général Massu avait personnellement participé à cette intervention. Une relative évolution apparaît cependant dans l’analyse de la Bleuite. C’est la première fois depuis l’indépendance que des éléments du MALG se démarquent des thèses de l’armée française qui présentait cette opération comme la conséquence d’un homme sanguinaire décidé à éradiquer les intellectuels. On admet enfin que c’est une des actions de l’occupant parmi d’autres et on convient qu’elle avait concerné l’ensemble des wilayas. On peut au passage se demander quel fut l’apport d’un service de renseignement comptant 2000 cadres dans une intervention de l’ennemi éventée par l’intérieur qui avait demandé, en vain, de l’aide à l’extérieur dès le premier jour. Cet effort de lucidité mérite d’être signalé. On ne le retrouve pas dans les autres approches.
Défaillances stratégiques
Au-delà de la volonté d’imprimer à l’Histoire une trajectoire qui occulte les vues et positions des autres parties, la lecture faite du rapport sur lequel devait s’appuyer Amirouche à Tunis au nom de ses collègues de l’intérieur dévoile une volonté de renforcer et de protéger des positions en référence avec des situations actuelles. Commentant le point qui demande «une offensive contre la ligne Morice pour attirer les forces ennemies et soulager la pression sur l’intérieur, l’offensive doit surtout permettre le passage de matériel et de munitions», le bureau du MALG écrit : «Cette pétition de principe laisse croire que la Wilaya III ignorait ce qui se passait au niveau des frontières.» Avant de citer des actions menées pour franchir le barrage. Les responsables de l’intérieur reprochaient aux dirigeants extérieurs la mauvaise évaluation des effets de l’édification de ces lignes qui ont été renforcées à plusieurs reprises. En l’occurrence le renseignement, si renseignement il y avait, fut pour le moins défaillant. Mais là où le bureau du MALG manipule les faits, c’est quand il cite des officiers qui ont effectivement pu traverser les lignes ennemies en donnant ces initiatives comme étant toutes des décisions programmées par le COM. La plupart des traversées, à commencer par celles de Lotfi et de Bencherif, furent plus le fait de la volonté des concernés que l’exécution d’une instruction supérieure. Je me suis rendu à l’endroit où est tombé le colonel Lotfi. Surpris avec ses hommes, il se trouvait en plein jour dans un secteur sans abri ni liaison. Le bureau du MALG sait mieux que quiconque que le colonel de la Wilaya V en rupture avec l’état-major ouest est surtout rentré parce qu’il était outré par la violence et les dérives du binôme Boussouf-Boumediène, notamment depuis l’exécution du capitaine Zoubir qui dépendait de lui. La narration faite de la tragique fin de la compagnie Hidouche qui devait rejoindre la Wilaya III est à la fois indécente et mensongère. Le bureau du MALG nous explique que cette compagnie a été exterminée par une attaque combinant des forces aériennes et terrestres françaises parce qu’elle n’avait pas pu traverser la Seybousse en crue ! Nous sommes au mois de juin 1959. Nous connaissons tous la furie de nos oueds en plein été. Une crue dépasse rarement une journée. La réalité est affreusement simple. Cet officier comme ses hommes, lassés de macérer dans les casernements des frontières, décida de rentrer. Une fois la frontière passée, ils ne trouvèrent pas d’agents de liaison pour les orienter. Ne connaissant pas la région, ils tournèrent en rond jusqu’à se retrouver au bord de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Bône (Annaba) où ils furent exterminés. Un des miraculés de cette boucherie habite la vallée de la Soummam. Il peut raconter le calvaire de la compagnie Hidouche. Voici ce qu’écrivait Amirouche sur les improvisations qui caractérisaient les rares groupes qu’on laissait revenir : «Demandons que les katibas soient bien entraînées pour éviter pertes en hommes et matériel en cours de route : nous ne comprenons pas pourquoi les compagnies qui viennent de l’Extérieur pour acheminer des armes sont retenues deux, trois et même quatre mois. Le fait serait acceptable si pendant ce délai, les compagnies recevaient instruction militaire… Cette négligence se traduit dans le fait que des armes sont remises à des djounoud qui ne savent même pas les démonter. Ainsi, beaucoup de ces djounoud sont morts et leurs armes sont récupérées par l’ennemi…» Comme on peut le constater, les conditions dans lesquelles sont prévus les franchissements de la frontière algéro-tunisienne sont on ne peut plus connues en Wilaya III. Mais le plus notable est ce qu’ont rapporté les djounoud qui ont eu la chance de parvenir à destination ou qui ont rejoint la Kabylie après avoir repris le chemin vers la France d’où ils étaient venus. La volonté de garder le maximum de soldats aux frontières ne fait aucun doute. Ce qui a amené Amirouche à contacter directement les cadres qu’il connaissait en Tunisie pour leur demander de rentrer «même si on les en empêchait.» Djoudi Attoumi écrit : « Pour la Wilaya III seulement, il y eut une vingtaine de compagnies qui avaient pris le chemin de la Tunisie.
Seules cinq ou six d’entre elles étaient revenues, après avoir affronté la ligne Morice… d’autres wilayas avaient envoyé autant de compagnies, sinon plus ; ce qui fait qu’il y eut une concentration des troupes le long des frontières qui, au lieu de rentrer dans les maquis, étaient restées sur place pour une raison ou pour une autre… La Wilaya II comptait à elle seule 4200 combattants bloqués le long de la frontière tunisienne. Ce fut la naissance de l’armée des frontières. » En quoi la proposition d’une offensive généralisée contre un barrage électrifié serait-elle a priori disqualifiée ? Pourquoi la constitution de grosses unités serait-elle par principe évacuée du débat ? Dien Bien Phu fut un désastre français. L’attaque fut menée par une concentration de troupes qui sont venues à bout de l’armée française. En 1959, l’adhésion des masses algériennes n’avait rien à envier au soutien que la paysannerie indochinoise apportait au Parti communiste vietnamien. Il ne s’agit pas de spéculer aujourd’hui sur les actions qui auraient pu et dû être engagées en 1958-59 mais de comprendre que les oppositions entre les dirigeants de l’extérieur ont grevé le potentiel de la direction du FLN, dont une partie était déjà obnubilée par l’après-guerre.
La patrie otage de la tribu
Ces oppositions avaient pris plusieurs formes. Il n’est pas besoin d’insister sur la candeur feinte de M. Ould Kablia quand relance la rengaine du duo Krim- Mohamedi Saïd qui aurait disposé de toute latitude pour gérer la situation politico-militaire de l’intérieur alors que :
- Premièrement, toutes les transmissions étaient maîtrisées par le MALG ;
- Deuxièmement, Mohamedi Saïd était déjà pris en charge depuis longtemps par «les envoyés spéciaux» du MALG, pour reprendre l’expression d’un ancien de l’armée des frontières, afin de le soustraire à Krim avant de le lui opposer ; manipulation qui, naturellement, n’évacue en rien la responsabilité des concernés.
Laisser entendre que si quelque indélicatesse a été commise dans l’élimination d’Amirouche ne peut relever que des deux anciens responsables de la Wilaya III est du réchauffé ; M. Benachenhou étant déjà passé par là. Mais ces insinuations faisant des assassinats de certains responsables pendant ou après la guerre une conséquence d’un atavisme kabyle, pour commodes et répandues qu’elles soient ne sont pas le plus important dans nos préoccupations actuelles. Aujourd’hui, il s’agit de nous interroger sur le fait de savoir si ces manœuvres récurrentes et qui existent toujours ont servi la guerre de Libération et, plus tard, le développement de notre pays. La question mérite d’être posée car, outre qu’elle permettrait de remettre un certain nombre de choses en ordre dans notre histoire, elle aurait l’avantage appréciable d’éclairer la scène politique aujourd‘hui. Au printemps 2008, les citoyens de Chlef, excédés par des promesses différées depuis le seisme de 1980, manifestent leur désespoir par des émeutes au cours desquelles des milliers de jeunes s’en prennent, comme c’est souvent le cas en pareilles circonstances, à tout ce qui représente l’Etat. Des centaines d’entre eux sont interpellés et incarcérés dans des conditions inhumaines. La structure du RCD local dénonce la violence de la répression et les violations de loi qui ont marqué toutes les procédures. Le wali, dont il faut rappeler qu’il appartient à ce que Nordine Aït Hamouda appelle la «tribu élue» n’a rien trouvé de mieux que d’avertir les familles et les citoyens qu’ils devaient se méfier d’un parti régionaliste, ennemi de la nation. Continuant leur travail, les militants de notre parti organisent la solidarité avec les parents des jeunes détenus, constituent un collectif d’avocats et en appellent à nos parlementaires pour suivre l’évolution des poursuites engagées contre une centaine de jeunes. Le soutien des députés du RCD donne de l’espoir et une dynamique citoyenne se développe à Chlef. Les jeunes emprisonnés étaient revendiqués par la cité comme les porte-parole de tous. Dépassé, le wali, disqualifié par une gestion des plus contestables, en appela au gouvernement qui dépêcha à Chlef un de ses membres. Nous sommes le 2 mai 2008. Le ministre, trouvant un climat particulièrement tendu, déclara devant tous les cadres de la Wilaya qu’ils ne devaient pas laisser revenir à Chlef des gens qui n’ont rien à y faire. Ces «gens» étaient des députés de la nation qui avaient le malheur d’être élus démocratiquement. Le ministre en question s’appelle Daho Ould Kablia. La radio locale, encouragée par ce sectarisme, embraie sur l’aubaine et déversa son fiel sur les Kabyles. Pour bien montrer que le MALG imprègne et soumet toujours la vie institutionnelle, il faut rappeler la destitution illégale du maire de Bériane qui avait refusé de déserter le RCD pour rejoindre un parti de la coalition gouvernementale. Le blocage du projet du PNUD — institution représentée à Alger et qui active normalement dans notre pays — destiné à assainir l’environnement à Tizi- Ouzou, représente l‘une des discriminations administratives les plus insupportables de l’Algérie indépendante. Pour l’instant, le ministère des Affaires étrangères se contente d’ignorer son méfait. On remarquera que les trois abus commis à Chlef, Bériane et Tizi- Ouzou relèvent de responsables appartenant tous au même clan. C’est dire que la culture du MALG est ancienne, dévastatrice et qu’elle continue de l’être. Il n’est pas interdit d’aimer sa région. Cela peut même être un premier éveil à l’intérêt de la collectivité. Il y a problème quand cette attention est conditionnée par la haine des autres. Ces archaïsmes sont le principal handicap du développement du pays. La gestion des affaires de l’Etat par l’opacité et la relation clanique témoigne de la fragilité de la conscience nationale. L’affaire remonte à loin. J’ai essayé d’apporter dans mon livre des éléments de réflexion sur les ressorts et les motifs qui ont amené la direction extérieure du FLN à tant de déchirements en pleine guerre. Pourquoi la responsabilité politique n’a pas prévalu au moment où la patrie devait être préservée des affrontements qui ont psychologiquement et politiquement mené l’Algérie à une implosion qui veut qu’aujourd’hui encore un responsable ne se sente en sécurité que s’il s’entoure de ses proches, indépendamment de toute considération idéologique. Ce manque d’adhésion à un dénominateur commun a permis à l’axe franco-égyptien de peser sur des esprits peu convaincus par la valeur de leur algérianité, pressés de s’exiler dans une identité plus valorisante. En s’ouvrant aux services spéciaux égyptiens sur les dangers que représentaient les Kabyles pour la nation arabe, Ben Bella ne faisait pas que jouer pour éliminer des adversaires politiques. Il était sincère. En disant que la Révolution algérienne ne dépendait ni du Caire ni de Moscou ni de Londres, Abane projetait un destin algérien qui dérangeait autant les Français que les Egyptiens. L’aide de Bourguiba, acquis à l’émancipation du sous-continent nord-africain, ne pouvait suffire devant la convergence objective des intérêts géostratégiques du Caire et de Paris. Proche de Nacer et bien connu des Français qui l’avaient testé comme soldat et détenu, Ben Bella représentait un bon compromis pour les deux puissances contre une entité algérienne forte et autonome. L’antikabylisme est moins préoccupant dans ce qu’il occasionne comme dommage à une région que dans ce qu’il révèle comme refus ou perte de confiance dans la construction d’un destin national solidaire et démocratique. La question de la femme et celle de l’antikabylisme sont les deux voyants dont il faut surveiller les évolutions sur le tableau de bord politique de la nation. Tant que l’on esquive ces deux tabous, l’Algérie vivra dans la mutilation civique et l’incertitude nationale. La perte de la citoyenneté sera compensée par la misogynie et le régionalisme étouffant la régionalisation ouvrira la porte à d’autres tutelles qui déposséderont notre peuple de sa souveraineté.
L’Histoire et la morale
M. Ould Kablia me reconnaît le droit de ne pas avoir d’atomes crochus avec Boumediène mais il m’invite à ne pas mêler Boussouf aux turpitudes algériennes, ce dernier ayant quitté volontairement le pouvoir à la veille de l’indépendance dès lors «qu’il a vu les inclinations des nouvelles alliances à s’orienter vers un pouvoir autoritaire d’exclusion et de déni des principes ». Un autre intervenant du sérail me proposait un deal rigoureusement inverse : pour lui, il fallait doper Boumediène et enfoncer Boussouf. A titre personnel, je n’ai jamais confondu les genres. Je n’ai aucun problème ni avec Boussouf ni avec Boumediène ni, d’ailleurs, avec M. Ould Kablia. Mais je ne suis pas partie prenante de ce bazar historique où chacun fait son marché selon ses appétits et ses humeurs. La chose est historiquement établie: Boumediène est une création du patron du MALG. Le fait que le colonel de l’armée des frontières se soit fait les dents sur son tuteur est un classique dans les pouvoirs nés dans l’opacité et la violence. Boussouf avait une conception policière du pouvoir, Boumediène était partisan de l’arbitraire militaire. Au final, nous avons eu les deux. Le grand perdant est le citoyen, c'est-à-dire l’Algérie. On l’observe aujourd’hui même. Une certaine tendance se dessine en faveur de la conception policière dans la gestion de la cité algérienne. Y a-t-il pour autant plus de liberté, de progrès ou de justice dans notre pays ? Au fond, le maquillage importe peu. Par définition, l’abus ignore la loi. Les amateurs et bénéficiaires de l’autoritarisme qui peuvent se disputer les avantages du pouvoir ne voudront jamais faire de la citoyenneté l’arbitre de la vie publique. M. Ould Kablia, qui donne l’impression de vouloir valoriser une certaine aristocratie policière au détriment de la plèbe militaire, partage avec ses frères ennemis la même conception du pouvoir. Il intervient sur un livre qui commence par interpeller la nation sur une indignité politique et une faute morale commises en son nom. Il n’a pas soufflé mot sur la séquestration des ossements de deux héros de la guerre, crime symbolique qui hantera longtemps nos consciences. L’histoire de l’Algérie fut, comme celle de tant de révolutions, dure, violente et quelquefois injuste. Je ne serai pas avec les analystes plus ou moins «parfumés » qui jugent, décrètent et condamnent avec d’autant plus d’arrogance qu’ils sont loin du pays et qu’ils s’occupent à élaborer des mises en scène pour complaire à leur galerie d’accueil ; je serai toujours avec celles et ceux qui ne veulent pas que des erreurs ou des fautes commises pendant la guerre où rien ne se déroula comme prévu et rien ne se termina comme souhaité, se reproduisent en temps de paix. Pour cela, la vérité est un impératif.
Saïd Sadi