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  • Elections en Algérie : mascarade par excellence

     

    Par Le Matin DZ |
     

    Ça y est, c’est parti pour une énième mascarade électorale. Les élections locales du 29 novembre prochain se préparent comme les précédentes : dans le bricolage caractérisé des partis, dans l’opportunisme démesuré des candidats et dans l’indifférence totale de la population.

    Daho Ould Kablia, le ministre de l'Intérieur

    En effet les listes de la honte, dont le délai imparti à leur dépôt a expiré le 11 octobre dernier, sont confectionnées dans une ambiance de mécontentement, de contestation et de cacophonie. A ce désordre s’ajoute évidemment la contrainte de la représentation féminine qui doit être au moins de 30% sur chaque liste. Et depuis que le militantisme féminin se décrète, la femme se trouve au centre des sollicitations. Car, sans ce sésame féminin, la liste est systématiquement rejetée par l’administration.

    Une administration zélée qui représente un gouvernement renégat qui lui, dans sa version Sellal, n’a pas respecté cette loi de la représentation féminine. Pourtant cet intérêt porté à la présence de la femme dans les institutions de l’Etat, est annoncé tambours battants dans le cadre des soit disant réformes présidentielles déclenchées suite aux événements de janvier 2011. A moins que le gouvernement n’est pas considéré comme une institution d’Etat mais comme un club privé. En effet, l’actuelle équipe gouvernementale ne compte que 2 femmes, bien que la chambre basse du parlement en compte 146 députées.

    Mais il s’avère que cette mesure vise plus à pervertir l’acte politique qu’à se soucier de la participation de la femme dans la gestion des affaires publiques. D’ailleurs, plusieurs femmes sans le vouloir ni le désirer se retrouvent à la présente APN avec un parcours et une formations politiques nuls. Pis, sans militantisme ni conviction, elle devient la façade d’un acte pervers dont les concepteurs visent plus à la ridiculiser. En guise de reconnaissance pour ce 30% empoisonné, les femmes députées auront toujours la main levée pour faire passer toutes les lois.

    Le militantisme ne se décrète pas et pour la femme et pour l’homme. L’acte de militer est porté par la force de la conviction. Aussi prétendre représenter le peuple en étant son élu, c’est devenir de fait, un homme politique. Mais, La chkara, la cooptation, l’allégeance ne font pas l’homme politique. Elles façonnent uniquement un servile qui court derrière ses intérêts et ceux de ses maitres. Un flatteur qui caresse dans le sens des poils, quitte à vendre principes et convictions. Il est encore un transfuge qui change de partis et de positions à chaque échéance ou occasion. Il est la veille de droite, la matinée de gauche. Il est islamiste pour les législatives et devient nationaliste ou démocrate pour les locales. Il est trotskiste ou socialiste lors d’un scrutin et devient libérale ou capitaliste lors du prochain vote. Il est opposant et souteneur au même temps.

    Pis, il est un opportuniste qui marchande sa candidature, un escroc qui implique des aliénés et des malades mentaux, un trabendiste qui vend des accréditations ou des détachements et dernièrement, un pervers qui embarque la femme dans la chose qu’elle maitrise le moins. La politique, la vraie bien évidemment, lui importe peu. C’est l’argent derrière lequel il court, qui le motive, l’incite et le pousse. Quant à la gestion de la cité, c’est son dernier souci. Il s’affiche le temps que dure une échéance électorale, prend ce qu’il gagne et s’éclipse pour revenir au prochain rendez-vous avec les mêmes armes et les mêmes bagages pour remporter le même butin.

    Il pullule les partis, qu’ils soient de grosse pointures ou de petites tailles, qu’ils soient de tendances "pouvoiriste", islamiste ou démocrate. Les partis acceptent alors et encouragent l’acte caricatural de la politique. Le chiffre compte pour s’imaginer implanter partout, même s’il est gonflé par la présence de ces opportunistes sans loi ni foi. Pourtant, ce n’est pas une honte de bien se regarder dans la glace. Les partis politiques sont ainsi manipulés par le pouvoir qui les fait participer à des mascarades électorales qu’il organise suivant les règles qu’il fixe. Ils sont là, ces partis, pour cautionner et donner une façade démocratique à la caste la plus autocratique qu’a connu le pays. La caste, elle, ne reconnait aucune loi, y compris celle de la représentation féminine.

    Zoubir Zerarga

  • Un président ça sait, ou ça se tait

     

    Par Le Matin DZ

     

     

     

    La dernière crasse d’un homme sans envergure. C’est la qualification qui sied le mieux aux propos de Bendjedid qui font les choux gras de la presse depuis hier. Cette "révélation", à elle seule renseigne sur l’idée que l’homme se faisait des mémoires qu’il consignait.

     

    Les mémoires du défunt Chadli révéleront-ils les dessous du système ?

     

    Larbi Belkheïr, son imminence grise depuis qu’il était à la tête de la II région militaire, lui aurait fait deux partis dans le dos ?!! Le FIS et le RCD. Cette affirmation qui a longtemps animé les discussions de cafés, normal elle est de ce niveau-là, va assurer la vente de mémoires posthumes qui, je peux l’affirmer sans risque de me tromper, ne révèleront rien des secrets du système, et ne contribueront en rien à en expliquer les mécanismes occultes qui commandent à son fonctionnement. Même un pied dans la tombe, l’omerta est de mise. Ces hommes taisent les secrets de leur système.

     

    Ces mémoires nous permettront-ils de savoir qui de Belkheir ou de Chadli a fait l’autre ? Autant espérer qu’ils nous disent qui de l’œuf ou de la poule est venu le premier. Mais pour qui veux avoir quelques renseignements, le témoignage de Hocine Malti, dans l’histoire secrète du pétrole, est un bon aperçu de la communauté de destin de ces deux hommes.

     

    Lardi Belkheir aurait créé le FIS et le RCD ? Sur le double plan historique et politique l’affirmation est absolument fausse. Si elle a pour sens de suggère une préfabrication de ces deux forces. Il faut revenir à la genèse de ces deux partis.

     

    Le FIS conglomérat de noyaux islamistes préexistants aux évènements d’octobre. A sa constitution il a aggloméré, sans distinction, les groupuscules djihadistes – que Chadli avait gracié auparavant-, les Afghans de retour en Algérie, et les différentes phalanges prosélytes dites de la da’wa. Pour ce qui concerne le RCD, c’est bien avant Octobre 1988 qu’il s’était cristallisé au sein du Mouvement culturel berbère (MCB). Sa création, a été amorcée probablement à partir de 1985, avec la très forte dissidence au sein du FFS provoqué par l’"entente" de Londres. Elle s’accélère à partir de fin 1986, avec la constitution d’une coalition entre l’aile libérale du MCB – autour de Saïd Sadi - et une partie de la gauche du mouvement issue de l’ORT, menée par  Bacha  Mustapha. L’apparition publique de cette coalition sous le sigle RCD pouvait surprendre et paraître comme une improvisation, mais elle était loin de l’être.

     

    Par contre, si la signification de la révélation de Chadli est d’accréditer de sa part un certain attachement à une application stricte de l’article 40 de la Constitution de 1989, force est de s’en référer aux délibérations publiques du tribunal militaire de Blida, lors du procès du FIS, pour relever la grande entente qui régnait entre Chadli Bendjedid et les chefs du Front islamiste du salut. Il est aussi difficile de ne pas convoquer içi, les coups de pousse que Chadli a apportés, avec constance, aux islamistes. C’est sous son règne que l’Egyptien El Ghazali avait fait un fort mauvais sort à l'islamologue Mohammed Arkoune. C’est lui qui, devant la montée du Mouvement culturel – résurgence du mouvement national, à l’image de la crise algérianiste de 1949 – avait aménagé de grands espaces aux islamistes : Forum de Tlemcen, université islamique (iste) de Constantine, Imama cathodique d’El Ghazali. Et, pour finir, c’est lui qui assurera la promotion des intégristes en [indus] représentants des évènements fomentés d’Octobre 1988. Alors d’où pourrait sortir cette "l’opposition" de Chadli à la création du FIS ?

     

    Pour ce qui est de l’autonomie politique des deux mouvements, il faut juste en revenir à leurs programmes politiques, et à leurs mots d’ordre. L’attaque est insidieuse, et elle semble viser exclusivement le RCD. A l’évidence, un président qui insinue, c'est un président qui ne sait pas grand-chose, ou à défaut un président qui pour assouvir une vengeance sème le doute et la rumeur. Et probablement que le ralliement du RCD, quelques jours après le 26 décembre 1991, à l’exigence de l’arrêt du processus électoral aura coûté chère à Chadli Bendjedid.

     

    Pour paraphraser un ministre français disons qu'un président ça sait, ou ça se tait ! Mais au-delà, il faut souligner qu’il est temps pour l’opposition démocratique d’écrire l’histoire de ses luttes et de ses combats. Il lui faut s’extraire de la gangue du pseudo-multipartisme actuel, pour jeter les bases et les fondements de la véritable démocratisation du pays.

     

    Mohand Bakir

  • La “réforme” et ses partis “choisis”

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Si vous voulez vous servir à la source de l’État rentier, créez un parti. Seule condition : votre parti ne doit ni aspirer à prendre le pouvoir ni se placer en opposition au pouvoir. Le mieux, c’est encore de consulter le pouvoir avant de demander son agrément par le pouvoir.
    Et si votre initiative sert à affaiblir une ambition qui commençait à agacer l’autorité absolue ou à se prendre pour une réelle force politique, vous êtes encore plus fortement encouragés à créer votre parti.
    Vous n’aurez même pas besoin de vérifier vos capacités politiques, on vous les inventera. Et s’il y a des doutes sur vos qualités morales et de gestion, on les dissipera. Dans la campagne de promotion du nouveau produit, la presse oubliera les reproches dont elle vous accablait et les conjectures qu’elle tressait sur votre responsabilité dans des projets échoués ou des malversations ébruitées. Même l’opinion publique se rangera à l’avis en vogue et la vox populi fera de vous, ancien ministre contesté,  un premier ministrable, voire un présidentiable. Et, la presse “indépendante”, toujours plus magistrale que la presse “dépendante”, du fait justement de son “indépendance” de papier, expliquera, par des démonstrations sans appel, que votre destin national n’est pas inéluctable.
    Hier, sommé de s’expliquer de ne pas avoir vu les forfaitures qui se nouaient autour du plus grand investissement de l’Algérie indépendante, Ghoul est aujourd’hui voué aux plus grandes responsabilités. Mieux, on ose même demander sa couleur idéologique à celui qui parvint au gouvernement par la vertu de l’entente entre le nationalisme autocratique et l’islamisme hégémonique. Comme s’il n’y avait aucun rapport entre la stratégie de la réconciliation et la formule d’alliance de gouvernement  !
    Qu’importe que le régime veuille peut-être aujourd’hui intégrer un “islamisme choisi” : cela changerait-il quelque chose aux convictions de l’heureux… élu, d’ailleurs trop bien élu ? Nos analystes, d’habitude instruits de la filière turque et méfiants devant le péril turc, confirment que Taj n’est pas un parti islamiste. Parole de son fondateur islamiste ! Tous les “partis de la réforme”, créés pour les besoins de l’étape actuelle du pouvoir, sont patriotes, démocrates, républicains, n’aiment que l’Algérie, mais rien qui puisse se décliner en “isme”. Ils sont apolitiques, n’ont pas été créés pour des ambitions politiques, mais des ambitions tout court. Ils sont prêts à porter les habits qui seront de mode. Pour revenir aux parages de la rente, pour certains, et pour ne pas s’en éloigner, pour d’autres. Pas besoin d’idéologie pour ça, pas même besoin de militants ; juste le parrainage du régime et la disponibilité de la presse, “indépendante” surtout, c’est-à-dire disponible pour tous.
    Maintenant, grâce à elle, tout le monde sait que le fondateur du dernier-né des partis “de la réforme” est “préparé” pour la présidentielle de 2014. Et pour être sûr que le chemin du Taj vers le couronnement ne souffrira aucune embûche, on nous atteste qu’Amar Ghoul a pris l’autorisation, ou peut-être l’encouragement, du président Bouteflika, avant de se lancer dans son projet partisan.
    “La réforme” est en marche. Elle semble d’une telle efficacité conservatrice !

  • L’Algérie ou l'impossible transition politique

     

    Par Le Matin DZ |

    Le chapitre des législatives semble clos sans qu’il donne lieu ne serait-ce qu’à un début de changement.

    Sans changement, Daho Ould Kablia invite les Algériens à la prochaine élections

    Le gouvernement provisoire de sa majesté le Président de la République s’attèle d'ors et déjà à préparer des élections de renouvellement des institutions locales. Les partis politiques qui avaient crié à la fraude électorale y prendront part bien que les conditions légales de leurs organisations soient les mêmes que celles qui ont présidé aux législatives. Avec ceci de particulier, le seuil éliminatoire est revu à la hausse de deux points supplémentaires.  

    Si les mêmes causes conduisent inéluctablement aux mêmes effets ; les mêmes conditions ne conduiraient-elles pas aux mêmes résultats ?

    Depuis octobre 1988, les Algériennes et les Algériens ont participé à 14 élections dont 5 présidentielles, 5 législatives dont une avortée et 4 élections locales sans compter les consultations référendaires et le vote des lois fondamentales.

    Pendant ce temps, nous aurons tout connu : Annulation des élections, dissolution des Assemblées locales, assassinat de Mohamed Boudiaf, mort de centaines d’Algériennes et d’Algériens, destruction du tissu industriel du fait de la politique de réajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international et des actes terroristes qui avaient visé toutes ces unités publiques qui employaient des centaines de milliers de travailleurs.

    Sur le plan international, l’Europe de l’Est a vu le Mur de la honte s'effondrer sous la pression de l’élan démocratique des Allemands, les dictatures les plus sanguinaires et les plus policées s’écrouler jusqu’à même l’empire soviétique qui leur avait donné naissance. Le Moyen-Orient a connu deux guerres qui ont fini par l’occupation de l’Irak, la destitution et le jugement de Saddam, la fin de la guerre civile au Liban suites aux accords de Taif, l’émergence de l’Iran, la chute de Najibullah en Afghanistan, la chute des Talibans qui l’avaient chassé, la défaite d’Israël au Sud Liban, la partition du Soudan, la chute de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi …

    Notre régime récalcitrant a prouvé au monde qu’il a une capacité de régénérescence que lui envient toutes les dictatures du monde. La rente des hydrocarbures aidant, il a réussi à s’offrir une paix sociale en dépit des grèves et protestations endémiques.

    Depuis les législatives de mai dernier, le pays plane sans pilote au milieu des turbulences que connaît le monde depuis les tempêtes qui ont tout balayé devant elles. 

    Qu'importe ! Les citoyens participeront aux élections locales, les partis politiques également, dans le même cadre législatif et réglementaire et sous le contrôle de la même Administration et avec les mêmes pratiques. Nous reconduirons le système pour une autre mandature et nous continuerons à crier à la fraude, à la corruption et à la mauvaise gouvernance.

    Abdelaziz Djeffal

  • Que reste-t-il de l’âme du 5 Juillet ?

    Par Le Matin DZ |

    C’était avec une pointe de curiosité que les Algériens attendaient la célébration officielle du cinquantenaire de leur libération.

     

    "Un Président absent mais dont l’ombre est devenue trop pesante".

     

    Il faut dire que depuis quelques années, la tradition festive s’était effilochée et que le cœur n’y était plus vraiment. Mais là, d’aucuns pensaient que l’occasion était trop belle pour le régime pour entonner encore une fois la musique de la "famille révolutionnaire" dans un décor grandiose.

     

    Mais voilà, à part les tonnes de pétards et l’importation des artistes à coup de milliards, rien, mais alors rien de notable ne fut proposé aux Algériennes et Algériens pour vivifier en eux ne serait-ce qu’une mémoire saine des heures de gloire de la libération. Tout s’est passé comme si que ce régime voulait juste faire semblant de fêter une date mais en en évitant absolument que les jeunes générations apprennent un peu de leur histoire. Car le moment n’est pas propice à l’encensement des "révolutions". Cela devient trop risqué.

     

    Alors, en dehors d’un faux-semblant, nul acte concret pour commémorer l’indépendance du pays. Pour le pouvoir, il faut laisser tout cela refroidir". Les sentiments nationalistes et révolutionnaires doivent mourir de leur belle mort. Ceux qui dirigent ce pays veulent la tranquillité pour eux. Alors ils enseignent au pays l’indifférence, premier stade de l’oubli. Que chacun vaque à son vide, pense à sa survie et laisse tomber tout le reste, c'est-à-dire, tout sentiment qui transcende l’individu et le fait adhérer à sa communauté. Ainsi, le pays pourra être distribué morceau par morceau, aux prédateurs et aux prévaricateurs sans que personne ne pose de questions.

     

    Le comportement du pouvoir est tout simplement irresponsable. Son égoïsme est tel qu’il organise lui-même la défaite morale du pays.

     

    En réalité, il n’y a plus de morale publique, ni de morale tout court. A force de mensonges, de fausses promesses, de scandales, de trafic des voix, de répressions de la vertu et d’encouragement du vice, l’Algérie est arrivée cahin caha à cette date fatidique du 50ème anniversaire dans un piteux état.

     

    Ah ? Cinquante années d’indépendance !? Un demi-siècle déjà !?

     

    Mais qu’avons-nous fait de ces cinquante ans ? Et que reste-t-il de Novembre ?

     

    Comme chacun le sait, la nation algérienne s’est construite sur les fonds baptismaux de la révolution. Désormais, mythe fondateur, le 1er Novembre constitue pour l’essentiel le capital symbolique national. Ce capital symbolique est le véritable patrimoine historique, la couronne royale qui doit être transmise de génération en génération pour protéger la mémoire de la souveraineté nationale, de l’identité du peuple, de son indépendance, de son territoire.

     

    Nul doute que le précieux capital aurait dû faire l’objet des attentions ultimes de ceux qui se proclament de cette même génération de Novembre. Cela devait être leur raison existentielle.

     

    Depuis 1962, les pouvoirs successifs et néanmoins semblables ont toujours justifié leur choix, leurs politiques, leurs légitimité en s’ornant des oripeaux de la révolution. Mais voilà, 50 ans après, ceux qui dirigent le pays ont tout dépensé. Ils ont consumé le capital symbolique de la nation. Ils s’en sont servis comme d’une somme d’argent qui leur a été léguée, ou pire, qu’ils avaient gagné au loto. Ils ont dépensé ce trésor national, ce patrimoine indivisible appartenant à tous les Algériens d’hier, d’aujourd’hui et de demain, comme ils l’ont voulu.

     

    Depuis longtemps déjà, les Algériens étaient fatigués d’entendre leurs dirigeants leur parler hypocritement de la révolution, des chouhadas, des moudjahidines et des ayants-droit. Mais apparemment ils étaient encore loin du compte. Depuis plusieurs années, le comportement de l’Etat en général vis-à-vis des citoyens transmet le message suivant : le 1er Novembre n’est qu’un alibi pour que nous restions au pouvoir ! Et si pour cela il faut consommer tout le capital symbolique de la nation, nous le ferons.

     

    Ces gens ont pris sciemment le risque que demain, les jeunes générations confondent entre valeurs du 1er Novembre et non valeurs du FLN actuel, entre l’imposture d’aujourd’hui et le combat d’hier, entre les fausses convictions actuelles et le patriotisme d’hier. Voilà où se niche le plus grand danger ! Lorsqu’on fait l’amalgame du scandaleux 10 mai avec le sacré 1er Novembre ne sommes-nous pas sur cette pente ?

     

    En fait, l’Algérie ne cesse de surprendre, d’étonner, d’inquiéter et de se morfondre… Pour les observateurs, les plus avertis, elle entre trop difficilement dans les grilles de lecture habituellement si commode pour identifier, cerner et classer un pays. Le pouvoir a tellement brouillé les éléments de base qui fondent une lecture politique classique qu’elle est devenue incompréhensible. Toutes les sciences prédictives réunies semblent incapables de déceler la moindre logique de conduite

     

    Comme une entité erratique, le pays donne cette impression de déconnexion totale du monde environnant, d’être détaché des règles et des normes universelles, flottant dans un espace sans références. Plus personne ne semble conduire ce vaisseau spatial perdu dans l’immensité du vide et de l’apesanteur.

     

    Personne ne sait si l’Algérie est un pays dictatorial, démocratique, populiste ou tout à la fois ou alors rien à la fois ! Personne n’arrive à se faire une idée précise si notre gouvernance est le résultat d’une volonté ou au contraire de son absence ; à savoir si nos dirigeants sont de ce monde-ci ou alors s’ils appartiennent à un univers d’ailleurs…

     

    Un Président absent mais dont l’ombre est devenue trop pesante, un parti historique abîmé, déchiqueté et perverti, une assemblée mal-élue et inutile, un gouvernement sans gouvernail, une opposition historique qui, à force d’appeler au nihilisme est devenue subitement victime d’elle-même… toutes les règles s’anéantissent, tout semble partir en fumée… la débandade se généralise.

     

    L’Etat est devenu un puissant et inusable générateur de désordre…

     

    Soufiane Djilali
    Président de Jil Jadid
    jiljadid@ymail.com

  • Bras de fer DRS-présidence pour le contrôle des élections

     

    Par
     
     Le président s'entendra-t-il avec les Renseignements pour mener les élections comme il le souhaite ?

     

    Le bras de fer continue entre la présidence et le DRS pour le contrôle des prochaines élections se fait de plus en plus manifeste.

    Après l'épisode du retard de l'ouverture de l'Année judiciaire, dû au conflit d'autorité à propos de changements à la tête de la Cour suprême, voulus par Bouteflika, voici maintenant que le DRS veut faire remplacer le président du Conseil constitutionnel, Boualem Bessaïah, proche du clan présidentiel, arrivé au terme de son mandat.

    Les deux dirigeants de la Cour, nommés en octobre 2006, soit depuis 5 ans (le président de la Cour, Kaddour Berradja, et le procureur général, Mohamed Guettouche) sont des hommes du DRS et contrôlent toutes les Cours et tribunaux, chargés de superviser les élections. Ils sont plus puissants que le ministre de la Justice, Belaid Belaïz, proche de Bouteflika. Quant au Conseil constitutionnel, c'est lui qui validera les résultats.

    Le lancement de l'artillerie médiatique implique qu'il va être remplacé incessamment sous peu. Cela veut dire que les résultats des élections seront triturés selon les désirs du pouvoir, soit par le clan d'Oujda de Bouteflika soit par le clan du DRS, ou les deux à la fois comme d'habitude.

    Rappelons à titre d'exemple qu'au Maroc, les mêmes institutions ont repêché le parti Istiqlal. A la première annonce des résultats, il était crédité d'une trentaine de sièges. Et à l'annonce finale, il se voit attribuer 60 sièges (?)

    L'enjeu du prochain scrutin n'est pas le score des islamistes, pratiquement acquis, mais ceux du FLN et FFS, et l'enterrement du RND, voulu par Bouteflika, mais refusé par le DRS qui le contrôle à 100%.

     

    Saad Lounès

  • pouvoir illégitime,croit 'on à apn et au sénat, pas crédible du tout.

    Le Parlement «nage» à contre-courant

    Par

    Très bonne question! «Les attentes du citoyen par rapport à son Parlement» est le thème retenu pour la journée parlementaire organisée au Sénat à l'occasion de la Journée mondiale de la démocratie qui a lieu le 15 septembre de chaque année depuis 2007. Très bonne question, mais on a tout de même l'impression que si nos sénateurs en sont encore à se triturer l'esprit pour savoir ce que le citoyen (dans le monde) attend par rapport à son Parlement (c'est-à-dire aux missions dévolues à celui-ci), c'est à désespérer. De plus, il s'agit du Parlement pas des parlementaires. Ce qui est différent. De l'institution pas des mandatés. L'intitulé du thème est clair. Alors on est dans un schéma purement académique qui est posé pour faire diversion. Il est clair que le rôle du Parlement dans toute démocratie est archi- connu. On ne va pas le refaire. Ce n'est que pure théorie contenue dans tous les textes qui régissent les chambres. Cela n'a rien à voir avec le thème «Les attentes du citoyen algérien (et non dans l'absolu) de (et non «par rapport») son Parlement». Non, ce n'est pas de cela que va traiter la journée parlementaire. Dommage! Pour les deux: le citoyen qui est floué et le Parlement qui verse dans la diversion pour mieux masquer ces manquements. Les Algériens n'ont que faire d'un débat scolastique. Ils attendent un état des lieux, un mea-culpa et aspirent à un ressaisissement de leurs parlementaires qui doivent remplir dorénavant plus correctement leurs missions. Une telle «feinte» juste après les réformes politiques adoptées en Conseil des ministres pour plus de démocratie et pour une vraie représentation nationale a de quoi désespérer le plus optimiste d'entre les citoyens que nous sommes. Une «feinte» pour éviter de parler de l'absentéisme chronique. Du désintérêt que porte le parlementaire à ses électeurs une fois le scrutin publié. Les salaires faramineux et les avantages multiples que s'octroient députés et sénateurs (à une ou deux exceptions et à qui il faut rendre hommage). L'indigence du travail législatif de ces mêmes parlementaires (pas de propositions de lois, que des projets du gouvernement). Nul besoin d'assister à une telle journée pour apprendre quelles sont «les attentes du citoyen par rapport à son Parlement». La littérature sur ce sujet est abondante. C'est du comportement spécifique de nos parlementaires que souffrent les citoyens algériens en particulier et la démocratie algérienne en général. Un tel choix de thème risque d'aggraver la relation ou plutôt le fossé qui existe entre les électeurs et les élus. S'il fallait trouver le meilleur moyen pour atteindre, lors des prochaines législatives, une abstention plus importante que par le passé, le Sénat vient de la servir avec ce thème. On ne se paie pas impunément la tête des citoyens. Il faut en finir avec ces «journées mondiales» vidées de leur sens et célébrées comme une corvée obligatoire. Le déphasage entre la volonté incontestable du président de la République d'apporter de profondes réformes politiques pour une plus grande expression démocratique au profit de tous les Algériens et le choix d'un tel thème par des parlementaires, est, on ne peut mieux, exprimé. Les communications présentées lors de cette journée vont nous apprendre le rôle du Parlement dans le meilleur des mondes. Sous tous les cieux et que tout le monde connaît. Pour occuper la «journée» et éviter d'aborder les lacunes propres à notre Parlement. Les organisateurs ont-ils seulement conscience qu'ils agissent à contre-courant de l'énorme travail entrepris actuellement pour réformer, pas seulement les textes, mais, plus encore, les mentalités? Il y a de quoi en douter à la lecture du thème de cette journée.