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  • «Le pouvoir est usé, divisé et discrédité»

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    Selon le leader du RCD, le gouvernement a dépensé 30 milliards de dollars depuis janvier pour acheter la paix sociale

    Verbe tranchant, analyse succincte de la situation du pays, le président du RCD, Saïd Sadi, a posé un diagnostic sans appel des événements qui bouleversent les pays du Sud, et de l’actualité nationale, à l’occasion de la tenue, hier, de la réunion du Conseil national de son parti au club du Moudjahid à Alger. «Ce rendez-vous intervient dans une période politiquement déterminante et historiquement passionnante, un moment capital pour le parti et essentiel pour l’avenir de la nation», a affirmé tout de go le président du RCD. Devant les membres du conseil national qui ont répondu tous présent à cette réunion, Saïd Sadi ajoutera que «la conjoncture est importante pour l’Algérie et pour toute la région du Sud». Pour lui, «ce qui se passe sur la scène internationale est totalement inédit dans l’histoire qui a suivi la décolonisation». «Nous sommes, dit-il, dans une situation pré-insurrectionnelle : l’Algérie a  connu en 2010, 10 000 mouvements de tous genres, grèves, manifestations, émeutes.» «Il ne faut jamais s’en réjouir mais non plus s’en plaindre parce que c’est le seul moyen d’expression», nuance Saïd Sadi qui tranche : «Le système politique est bloqué.»

    Selon le président du RCD, «il y a une faillite générale de tous les systèmes despotiques dans le Sud». Il explique : c’est en fait la remise en cause de la force et de la corruption, deux piliers sur lesquels se reposent ces systèmes. Qu’en est-il de la situation en Algérie ? Le président du RCD est catégorique : «Il est illusoire et dangereux de croire qu’il peut y avoir une ombre de changement de l’intérieur.» Le pouvoir, selon lui, est «usé, divisé et discrédité». «Ils ont peur», indiquera Saïd Sadi en précisant que l’ensemble des partis politiques légaux, y compris nous, ont cru à un moment qu’il était possible d’élargir les marges, mais la conclusion est qu’il est impossible de faire bouger les choses de l’intérieur. Relevant les contradictions flagrantes dans la démarche du pouvoir, le leader du RCD ne comprend pas le fait qu’on ne veuille pas admettre que la régression sociale est la conséquence de l’échec du pouvoir, que l’échec social est le résultat de l’échec du gouvernement.

    «Alors, s’il n’y a que des problèmes sociaux, s’interroge-t-il, pourquoi on appelle donc à des réformes politiques profondes ?» «On a affaire à un pouvoir   qui a perdu la boussole.» L’orateur pose à juste titre une autre question sur les consultations menées par Abdelkader Bensalah : puisque c’est le président qui recueille les propositions, les listes et décide en fin de compte pourquoi alors associer les partis et les personnalités ? «C’est de la manipulation pour gagner du temps», assène Saïd Sadi convaincu qu’«il n’y a aucune   volonté de changer». Il en voit plus d’un indice. «Au lieu de déconcentrer et de décentraliser le pouvoir, ils enlèvent le peu de prérogatives qui restaient aux maires dans le nouveau code communal, à la tripartite c’est toujours l’UGTA qui est invitée, alors qu’il y a des syndicats autonomes.»


    «Il est illusoire et dangereux de croire au changement de l’intérieur»


     Le président du RCD souligne qu’«on est toujours dans le parti unique». Sur ce que coûte la paix sociale au gouvernement, il annonce un chiffre effarant. «30 milliards de dollars sont dépensées depuis janvier pour éteindre les foyers de révoltes alors que l’Algérie tournait autrefois avec uniquement 9 milliards de dollars», indique l’orateur qui met en garde : «Attention, le retour de manivelle sera dévastateur !» «Ils sont en train de miner le pays», estime Saïd Sadi qui a dénoncé au passage la répression qui s’est abattue sur les médecins résidents. «C’est un véritable scandale», tempête l’orateur pour qui «la levée de l’état d’urgence est remplacée par l’instauration chaque samedi d’un état de siège». Le leader du RCD, qui parle d’un «pouvoir déconstruit», souligne que «nous avons affaire à un système qui est incapable de générer une offre politique sur laquelle on peut se positionner». «Quand on dit un changement de système, ce n’est pas par hasard», soutient-il. «Beaucoup ne souhaitent pas le changement», indique Saïd Sadi en expliquant que «même s’ils ne sont pas au pouvoir, ils sont clientélisés». L’orateur livre l’exemple du barreau d’Alger qui est «totalement asservi». Avec l’armée, le président du RCD n’est pas allé de main morte. «On n’a pas une armée sérieuse qui a une culture.

    Elle est inculte et violente», lâche-t-il avant d’ajouter : «En tout cas ce n’est pas en Algérie qu’un général dira : ne tirez pas sur la foule.» Pour lui, «le régime algérien a beaucoup plus de ressemblances avec la Libye et la Syrie». «C’est un pays tribalisé, il ne faut pas avoir peur de le dire», déclare-t-il tout en soulignant qu’«il faut être aveugle pour croire qu’un mouvement historique aussi massif s’arrêtera aux frontières : l’effondrement du système interviendra, c’est une urgence historique et une réalité politique». Pour doser son analyse, Saïd Sadi affirme que les émeutes de janvier ont été créées de toutes pièces. «Ils ont allumé la mèche pour dégoupiller la situation par un mouvement qui n’avait aucune revendication politique». «C’était illisible politiquement», considère l’orateur pour qui «le pouvoir était à l’aise car c’était sa stratégie». Et quand «nous voulions donner du sens au mouvement, il est évident que le DRS nous cible». Soutenant qu’ «il n’y a plus de possibilité d’avancer», le leader du RCD annonce que «le parti va continuer à suspendre ses activités au Parlement jusqu’à la fin du mandat».

    «Il faut réinventer de nouvelles formes de lutte et faire preuve d’imagination si on veut réellement éviter un chaos dans le pays», souligne-t-il encore avant de mettre en garde contre le danger qui guette l’Algérie. Selon lui, «Toufik et Bouteflika sont tellement fixés par la sauvegarde du régime qu’ils en oublient l’espace national». «A travers le pays, il y a une dynamique de cessation. Au Sud, dans le Bécharois ou en Kabylie, les intérêts sont dans l’après-pétrole», explique le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie qui avertit sur la possible aggravation «de toutes ces fractures souterraines». Saïd Sadi qui ne cessera pas de prévenir, «ou une transition démocratique apaisée ou c’est le chaos», a conclu sur une note optimiste en affirmant : «Je pense que c’est la jeunesse algérienne qui va sauver le pays.»
     

    Said Rabia
  • Juin : le début d’un mois de répression et d’interdiction ?

     

    LADDH, 02 juin 2011

    Le mercredi 1er juin 2011, la police a violement chargé les médecins résidents qui tenaient un rassemblement pacifique à la place du 1er mai à Alger. Les policiers ont usé de matraques et d’insultes pour évacuer la place des dizaines de médecins ont été tabassé dont cinq ont été interpellé pour qu’ils soient relâchés en début de soirée. L’un d’eux a été violenté au sein même du commissariat.

    Au même moment, et à quelques centaines de mettre de la place 1er mai, la police a fait aussi usage de la répression pour faire disperser le rassemblement des souscripteurs à l’agence AADL (Agence d’amélioration et de développement du logement). Ces Hommes et ces femmes qui se rassemblent régulièrement devant le ministère de l’Habitat pour demander la régularisation de leurs dossiers de logement, ont été violement malmené par les dizaines de policiers présents au niveau de la rue Didouoche Mourad.

    Mais la plus violente répression s’est produite au même moment à plus de 800 km au sud d’Alger. Ou la police à mener la chasse aux chômeurs qui observaient une grève de la faim devant le siège de la Daïra de Hassi Messouad, dans la Wilaya de Ouargla. Ces jeunes qui entamaient leurs 16eme jours de rassemblement pacifique et leur troisième jours de grève de la fin sous une température qui avoisine les 47° à l’ombre, revendique le droit à l’accès au travail dans cette région pétrolière. La répression de la police a fait 5 blessés.
    D’après le témoignage de ces personnes, une fois évacués à l’hôpital de la ville, certains membres du personnel médical auraient refusé de les prendre en charge face à la présence massive des éléments de sécurité.

    Par ailleurs, la conférence débat sur les droits de l’enfant que devait organiser la LADDH section de la Wilaya d’El-Taref, le mercredi 01 juin 2011, au niveau de la maison des jeunes de la commune de BEN-M’HIDI a été interdite. Une fois de plus, c’est à la veille de la date de la tenue de la conférence que les services de la Wilaya d’El-Taref annoncent verbalement le refus de la demande d’autorisation introduite conformément à la réglementation par les représentants de la LADDH.

    La LADDH dénonce énergiquement cette répression policière qui cache mal la volonté du pouvoir à maintenir le statu quo. Il devient évident que pour le pouvoir, la violation des droits de l’Homme et l’atteinte à la Constitution doit rester la règle.
    La LADDH alerte l’opinion publique nationale et internationale sur la dégradation continue de la situation des droits de l’Homme et de l’état des libertés publiques en Algérie.

    Alger le 02 juin 2011
    Le président
    Bouchachi Mostefa

  • Saïd Sadi : "Bouteflika et Toufik sont absorbés par la sauvegarde du régime"

     



     

    Le président du RCD, Saïd Sadi, pense que le régime algérien, représenté « par le président de la République et le patron des services de renseignements » n’a aucune volonté de changement. « Bouteflika et Toufik sont absorbés par la sauvegarde du régime qu’ils en oublient la sauvegarde de l’espace national », a déclaré M. Sadi vendredi 3 juin à l’ouverture de la session du conseil national du parti. « Ils sont usés, divisés et ont peur, ce qui rend toute lisibilité politique impossible (….). Le pouvoir est totalement déconstruit, le système est incapable de générer une offre politique sur laquelle on peut se positionner », a‑t‑il ajouté.  

    Il rappelle que plusieurs partis, dont le sien, ont tenté de faire évoluer le régime de l’intérieur, mais sans succès. « Tous les partis ont tenté d’élargir des espaces dans le système, tous ont tiré la conclusion, y compris nous, qu’il est impossible d’amender les choses de l’intérieur ». Preuve du souci du régime de se maintenir, selon lui, la somme d’argent dépensée depuis les événements de janvier qui seraient « une opération montée par le pouvoir », le vote de certaines lois, comme le code communal qui « vont dans le sens de la fermeture » et l’exclusion, par exemple, des syndicats lors de la récente tripartite. « Depuis janvier, le pouvoir a dépensé 30 milliards de dollars pour éteindre les foyers de tension alors qu’à l’époque de Zeroual, l’Algérie roulait avec 9 milliards de dollars par an », a affirmé Sadi.

    Mais cette démarche est porteuse de périls pour la Nation car le changement est inéluctable, estime‑t‑il. « Le retour de manivelle sera dévastateur (…) si on perd encore un peu plus de temps, la Nation va éclater (…) Il faut être naïf pour croire que ce mouvement de révoltes (arabes, ndlr) aussi massif allait s’arrêter à nos frontières », prévient‑il. Comme pour justifier l’absence « d’effet domino » sur l’Algérie, Sadi évoque deux raisons principales : des segments entiers de la société ont été « clientélisés » et la deuxième raison, c’est la nature de l’armée, « inculte et violente ». « L’Algérie devrait être comparée à la Libye et à la Syrie et non pas à la Tunisie ou à l’Égypte », soutient‑il.
     
    Face à cette conjoncture politique « déterminante », marquée par « un climat préinsurrectionnel », Sadi estime, « qu’il faut sortir du combat académique ». « Il faut une mise à niveau des formes de lutte ». Mais il n a pas détaillé ces formes. « Le changement ne viendra pas des élites, mais de la jeunesse », a‑t‑il conclu. Par ailleurs, il a estimé que « c’est la première fois que les puissances occidentales ont compris qu’il ne s’agit plus de composer avec les pouvoirs mais d’enregistrer les aspirations des peuples ». « Le choix de l’ONU, de l’UE et du G8 de soutenir les révolutions des peuples, c’est pour éviter que la chute des despotes ne soient remplacée par des dictatures théocratiques », a‑t‑il dit.
  • Les condamnations de l’Algérie pour disparitions forcées se multiplient

     

    La Croix, 2 juin 2011

    Le comité des droits de l’homme de l’ONU a, pour la septième fois, condamné l’Algérie pour disparition forcée pendant la décennie noire.

    Avec l’entrée en vigueur de la convention internationale sur les disparitions forcées, l’étau se resserre autour de l’État algérien qui interdit aux familles de disparus toute action judiciaire et toute recherche de la vérité.

    Il y a presque dix-sept ans jour pour jour, le 30 mai 1994, au cœur de la période la plus sanglante de la décennie noire algérienne, Brahim Aouabdia, 41 ans et père de six enfants, était arrêté dans son atelier de tailleur de pierre par des policiers à Constantine. Il ne devait plus jamais donner signe de vie.

    Meriem Zarzi vécut alors l’horreur des femmes de disparus mais jamais ne lâcha prise pour retrouver son mari et connaître la vérité. Le comité des droits de l’homme des Nations unies a, par sa décision du 22 mars dernier, rendue publique fin mai, donné pleinement raison à la plaignante, représentée par l’association suisse de lutte contre l’impunité Trial (« Track Impunity Always »).
    Les injonctions du comité onusien

    Dans sa délibération, le comité onusien demande à l’Algérie de « mener une enquête » sur la disparition de Brahim Aouabdia, « de le libérer s’il est toujours détenu au secret » ou « de restituer sa dépouille », de poursuivre les responsables et d’indemniser sa famille.

    « Certes, cette décision n’est pas juridiquement contraignante, tempère Me Patrick Baudouin, avocat pour la Fédération internationale des droits de l’homme. Pour autant, si l’on en juge par les pressions qu’exercent les autorités algériennes au sein des instances onusiennes pour entraver ces plaintes et éviter toute condamnation, ces décisions de principe ont du poids. »
    De nombreuses plaintes contre l’Etat algérien

    D’autant que l’étau se resserre autour de l’État algérien. La condamnation de l’Algérie pour disparition forcée sur la personne de Brahim Aouabdia est la septième condamnation depuis mars 2006. Et d’autres devraient suivre dans les mois à venir.

    Trial a déposé quinze autres plaintes. Le collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) a, lui, quatre plaintes en cours d’examen. Il étudie aussi la faisabilité d’une plainte collective englobant une centaine de cas. « L’Algérie a officialisé une amnestie générale et organisé l’impunité, ce qui explique que les plaintes soient recevables sur la scène internationale », précise une responsable du collectif qui préfère garder l’anonymat.

    En violation des conventions internationales ratifiées par le pays, le gouvernement algérien a adopté au fil des ans tout un arsenal juridique contre ces plaintes. La charte pour la paix et la réconciliation nationale en février 2006 a, notamment, criminalisé la poursuite judiciaire : tout dépôt de plainte à l’encontre des forces de sécurité est déclaré irrecevable et toute personne qui « instrumentalise les blessures de la tragédie nationale » est passible d’emprisonnement.

    La question des disparus non résolue

    Auparavant, sous la pression des familles de disparus notamment, l’État algérien avait fini par reconnaître les disparitions forcées et officiellement recensé 6 146 cas en 2005. Une estimation aujourd’hui portée à 8 024 cas selon le CFDA.

    « Si l’on additionne tous les disparus du fait des policiers, gendarmes, militaires, milices, groupes armés islamistes, etc. le chiffre de 20 000 disparus est fréquemment avancé, explique une responsable du CFDA. Le cimetière d’el Alia à Alger compterait environ 3 000 tombes sous X, sans compter les charniers. »

    Nombre de familles dans le besoin, pour mettre un terme aux tracasseries administratives, ont fini par accepter de clore les dossiers, en percevant une indemnisation contre un certificat de décès, sans obtenir la moindre information sur le sort de leur père, mari, frère ou fils.

    Ces disparus, des hommes presque exclusivement, étaient arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés eux-mêmes ou un de leur proche, de sympathie pour les islamistes. « C’était souvent le hasard, la grande faucheuse qui s’abat sur n’importe qui pour entretenir un climat de terreur », rapporte Philippe Grant, directeur de Trial.

    L’entrée en vigueur, le 23 décembre dernier, de la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées – dont les dix membres du comité de contrôle ont été élus lundi 30 mai – fait peser une menace nouvelle sur l’État algérien.

    Les auteurs de ces crimes contre l’humanité restés impunis peuvent théoriquement être interpellés sur le sol de l’un des États qui ont ratifié la convention (25 à ce jour). Jusqu’à présent, seuls deux anciens responsables de la milice de la région de Relizane, soupçonnés d’être à l’origine d’au moins 200 disparitions, les frères Hocine et Abdelkader Mohamed, ont été inculpés pour torture, actes de barbarie et crimes contre l’humanité par le tribunal de Nîmes en… 2004.

    MARIE VERDIER

  • Kamel, 13 ans, entre morphine et désespoir

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    A 13 ans, il est déjà éreinté, affaibli et las. Pendant les deux années de son hospitalisation, Kamel, touché par une forme de cancer des os, et ses parents ne luttent pas uniquement contre le cancer, mais aussi contre la bureaucratie des hôpitaux, la pénurie des médicaments, l’absence de prise en charge et la difficulté d’obtenir un rendez-vous pour la cure de chimiothérapie et de radiothérapie.

    Son malheur pèse plus que le poids de son corps chétif. Son visage blême ne porte plus que des yeux embrumés et un sourire figé. Son crâne affiche les premières repousses de cheveux. Kamel  passe ses journées sur un matelas à même le sol, à défaut de lit, les yeux fixés sur la télévision. Son esprit ne s’anime certainement pas avec les images qui défilent, il se concentre plutôt sur ces petits bouts de vie qui lui échappent de jour en jour. Il participe aux discussions, interrompt ses parents et quémande, avec insistance, un verre d’eau comme pour s’imposer, par crainte d’être ignoré par les siens. Mais les douleurs atroces le rappellent à l’ordre. A bout de souffle, il se tait, ne bouge plus. Des larmes coulent sur sa peau si pâle.

    Des regards tristes s’échangent entre lui et ses parents. Le silence couvre la pièce trop exiguë. A 9 ans, alors qu’il était le premier de sa classe, il commença à éviter l’école. Et lorsqu’il y allait, c’était pour passer la journée à se plaindre jusqu’à pleurer de douleur. Son institutrice convoqua alors ses parents. «Il se plaignait déjà à la maison de douleurs au niveau de son bras gauche. Son père pensait que c’était dû à un faux geste et temporaire, mais mon cœur me disait que c’était plus grave», raconte Djamila, sa mère. Pour en avoir le cœur net, elle ne se contente pas des premiers avis de médecins généralistes et consulte des spécialistes. Le diagnostic est sans appel : Kamel souffre du sarcome d’Ewing, une forme de cancer des os qui touche principalement les enfants et les jeunes adultes.


    1200 DA de taxi


    Cette tumeur, rare, atteint deux à trois personnes par million d’habitants par an. «Lorsque le médecin m’a demandé si j’avais d’autres enfants que Kamel, il n’a fait que confirmer mes soupçons. J’ai prononcé le mot… cancer avant qu’il ne me l’annonce», soupire Djamila. Le choc est dur pour la jeune mère, mais le parcours du combattant qu’elle mène depuis ce jour fatidique l’aide à «accepter ce drame», confie-t-elle. A chaque contrôle chez le médecin traitant, Kamel et sa mère doivent remonter encore une fois la pente face à des délais de rendez-vous étalés sur des mois, des portes fermées pour une prise en charge à l’étranger, sans explication aucune. Quant à son père, Rabah, tiraillé entre le regret de ne pas avoir décelé plus tôt la maladie de son fils, et le sentiment d’impuissance face à une pathologie redoutable, il ne s’en remet pas. «Le mal qui ronge notre fils est pour mon époux un mystère avec lequel il n’arrive pas à vivre, une malédiction qui a cruellement brisé notre famille.

    D’ailleurs, le mot ‘‘cancer’’ est banni du vocabulaire de ma petite famille.» Une famille de quatre enfants résidant dans une modeste maison, dans la banlieue algéroise. «Ne faites pas attention à l’état de mon habitation, précaire comme vous devez le remarquer», balbutie le père. Il nous conduit vers la pièce où le visage souriant de Kamel nous met du baume au cœur. Alors qu’il fait plus de 23°C, l’enfant est couvert d’une couverture épaisse. En revanche, en été, c’est la chaleur et les insectes qui couvrent son corps, à défaut de climatiseur, trop cher pour ses parents. Débordé et abattu, le père, coiffeur, n’a pu continuer de travailler. Pour cette famille aux ressources limitées, les soins et les frais de transport sont trop lourds à supporter. Frais de taxi à 1200 DA par semaine, examens réguliers tels que le scanner entre deux séances de chimiothérapie à plus de 17 000 DA, etc.


    Le bras long pour un rendez-vous !


    Mais Djamila, qui arrive aisément à mettre des mots sur ses maux, s’estime «heureuse» que son fils soit encore en vie dans un pays où la survie ne dépend pas uniquement de la gravité de la maladie. «Durant les deux années de traitement de mon fils, chimiothérapie suivie de radiothérapie, j’ai vu des horreurs. Des malades venant de très loin rebroussent chemin le jour même, faute de rendez-vous. Depuis que le Centre Pierre et Marie Curie souffre de pénurie de drogues pour la chimiothérapie, on recommande aux malades de patienter. C’est absurde ! Un cancéreux peut-il attendre trois à six mois pour une séance de chimiothérapie indispensable pour éviter la rechute ?» s’emporte la mère de Kamel. Entre le CHU de Beni Messous et celui de Mustapha Pacha, Djamila a eu sa part de désespoir face à un système de santé extrêmement bureaucratique.

    «L’an dernier, mon fils devait passer une radiothérapie, chose qui n’est pas possible si l’on n’a pas le bras long. Abattue, je me suis cachée dans les escaliers du CPMC pour pleurer avant de rejoindre mon fils dans une salle d’attente. Une étudiante en médecine, dont le père est médecin, m’a réconfortée et tout fait pour arracher un rendez-vous pour mon fils dans les délais exigés par son médecin. J’avoue que presque tous les rendez-vous pour les cures de chimiothérapie et de radiothérapie qu’a passées mon fils ont été, à chaque fois, obtenus en passant par une tierce personne. Mais les autres malades, surtout ceux de l’intérieur du pays, ont-il le même privilège que moi ?» dénonce la mère de Kamel.


    Sans réponse


    Pourtant, compte tenu de la rareté de cette pathologie et de sa gravité, la prise en charge doit s’effectuer dans un service hautement spécialisé. A ce sujet, Djamila avoue ne plus savoir à qui s’adresser pour que sa demande de prise en charge à l’étranger aboutisse. Pourtant, un médecin à Paris a pris attache, par l’entremise d’une connaissance, avec les parents de Kamel afin de leur assurer sa disponibilité pour s’occuper du jeune enfant, une fois la prise en charge accordée. A ce jour, leurs incessantes demandes sont restées sans réponse. En attendant, Kamel, cloîtré chez lui, se remémore ces mois passés à l’hôpital avec des dizaines d’autres enfants. Le pire souvenir de son hospitalisation, raconte-t-il, reste la découverte de sa maladie, à travers des affiches collées sur les murs de l’hôpital. Il retient également, de cette période la perte de ses «amis de l’hôpital», qui mouraient l’un après l’autre.

    Sur cinquante enfants, il n’en restait que quatre quand il a quitté le centre. A son retour à la maison, en mars dernier, il espérait réaliser ce à quoi il tenait le plus : sortir se promener. Sans fauteuil roulant ni véhicule, il reste cloué sur son matelas depuis l’arrêt de tous les traitements contre sa pathologie, sur recommandation de ses médecins. Kamel, qui a toujours rêvé devenir architecte, ne cache pas sa passion pour le foot. Il regrette d’ailleurs d’avoir raté le match de la coupe d’Algérie : «Je n’ai pas pu suivre le match, confie-t-il, car je dormais après avoir pris de la morphine pour alléger mes souffrances…»
     

    Lamia Tagzout

    Contact Kamel

    A Cedri,
    Veuillez me contacter à l'adresse suivante:
    ltagzout@elwatan.com
    Merci d'avance
    Lamia Tagzout

  • La pénurie des médicaments tue aussi

    ce que c'est faire ould abbes arnaquer les medecins les dentistes pharmacien ,creer des faux problèmes pour les solutionner,mensonge,traitrise,bassesse, cautionner ugta, et d'autres syndicats pour maitriser snpsp c'est ca son boulot de charognard.un sinistre faux cul.

     

    Cancer

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    En Algérie, les cancéreux meurent tous les jours. De la maladie, mais surtout de la mauvaise gestion et de la négligence des autorités. Le ministère peut toujours nier : sur trente pays qui apparaissent dans un classement de lutte contre le cancer réalisé par l’Organisation mondiale de la santé, concernant quatre pathologies de cancer, l’Algérie figure au dernier rang. Enquête.

    Depuis des mois, associations de lutte contre la maladie du cancer et professionnels de la santé lancent un cri de détresse aux pouvoirs publics pour dénoncer la pénurie des médicaments et le dysfonctionnement de la prise en charge thérapeutique des cancéreux. Des ruptures chroniques qui ne cessent de pénaliser malades, médecins et pharmaciens d’officine. Les malades sont quotidiennement confrontés à des difficultés d’accès aux soins en raison de certains médicaments en rupture de stock.

    «Certains patients décèdent avant le jour de leur rendez-vous pour les soins, fixé, dans la plupart des cas, des mois après le diagnostic», déplore Samia Gasmi, présidente de l’association Nour Doha. De son côté, le ministère de la Santé, même s’il ne fait pas la sourde oreille, ne fait rien de concret pour que, sur le terrain, notamment en dehors de la capitale, la situation s’améliore réellement. Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, a déclaré récemment que les médicaments anticancer représentaient le tiers de la facture de la Pharmacie centrale des hôpitaux, soit 8,5 milliards de dinars. Alors pourquoi la pénurie persiste-t-elle encore ?


    Cinq nouveaux centres prévus


    «L’origine du problème vient de la mauvaise gestion et du manque de personnel et de matériel médical, en particulier dans les régions éloignées où même le sérum bicarbonaté (sérum permettant la réhydratation d’un patient, aussi utilisé comme solvant pour de nombreux médicaments, ndlr) se fait rare», indique Samia Gasmi. Depuis 2004, Nour Doha déploie une trentaine de médecins bénévoles à travers le pays, qui se déplacent pour proposer des consultations à titre gratuit. Depuis le début de cette campagne, plus de 3000 consultations ont été réalisées par ce groupe de médecins à travers les villes où sont implantés les locaux de l’association (voir carte). Mais cette alternative, à savoir l’aide fournie par les différentes associations de lutte contre le cancer, demeure insuffisante devant la demande importante de ces malades livrés à eux-mêmes.

    S’agissant des structures de prise en charge du cancer, le ministre de la Santé a confirmé l’ouverture de cinq nouveaux centres dans les prochains mois (Sétif, Annaba, Batna, Tlemcen et Sidi Bel Abbès) qui viendront renforcer ceux existants. En attendant, les cancéreux peuvent s’accrocher à l’espoir de trouver les médicaments nécessaires au niveau des centres de soins, tenant compte de la promesse de Djamel Ould Abbès qui a assuré début mai qu’«il n’y aurait pas de pénurie de médicaments cette année».

    Repères :

    - Plus de 300 000 personnes sont atteintes de cancer en Algérie (source : ministère de la Santé).
    - L’Algérie enregistre 44 000 nouveaux cas de cancer annuellement, toutes pathologies cancéreuses confondues (source : ministère de la Santé).
    - Les pays arabes enregistrent chaque année 150 000 nouveaux cas de cancer (11e Congrès arabe d’oncologie, Maroc).
    - 80% des cas de cancer enregistrés dans le monde arabe ne sont détectés qu’à un stade avancé de la maladie (11e Congrès arabe d’oncologie, Maroc).
    - Un workshop dédié au cancer du poumon aura lieu à Alger au mois de novembre prochain, il sera organisé par la Société algérienne d’oncologie médicale. En savoir plus : http://saomdz.org.
    - Quelques médicaments en rupture de stock : Tamgésic, Epirubicine 180 mg, Deticène 400 mg, Herceptine.

  • Le "billet infalsifiable" est détecté comme un faux par les appareils de contrôle

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    Le lancement du nouveau billet de 2000 dinars est en train de tourner au scandale. La nouvelle coupure n’est pas reconnue par les compteuses de billets et les distributeurs automatiques de billets. Comble de malchance pour cette coupure censée être infalsifiable, elle est détectée comme étant un faux billet. « Les billets de 2000 dinars sont rejetés par nos machines qui les considèrent comme de faux billets », affirme un banquier. « Les compteuses de billets ne sont pas paramétrées pour reconnaître le nouveau billet », précise‑t‑il. Du coup, banques et entreprises ne savent plus quelle attitude avoir. 
    Pour faire face au problème de liquidités dans les bureaux de poste, la Banque d’Algérie s’est précipitée dans la mise en circulation de la nouvelle coupure, en grillant les étapes d’une telle opération. « La Banque d’Algérie a mis la charrue avant les bœufs, comme dit le proverbe », explique le même banquier, ajoutant : « elle n’a pas demandé au fournisseur de compteuses de billets de paramétrer ces machines pour reconnaître le nouveau billet ».
     
    Plus grave, cette omission risque de favoriser la falsification du nouveau billet. Comment ? « Actuellement, les banques n’ont aucun moyen pour détecter un vrai faux billet de 2000 dinars. Les machines rejettent tous les billets, y compris ceux directement fournis par la Banque d’Algérie », ajoute le même banquier. Un ratage monumental de l’institution dirigée par Mohamed Laksaci depuis plusieurs années.
     
    La Banque d’Algérie manque-t-elle d’expérience à ce point dans le lancement de nouveaux billets de banque ? « On n’a aucune information sur ce qui s’est passé réellement. Heureusement que la Banque centrale a mis en circulation de petites quantités de billets de 2000 dinars », affirme un autre banquier.
     
    Ce ratage de la Banque d’Algérie explique en fait le retard mis dans la mise en circulation du nouveau billet alors que la crise du manque de liquidités dans les bureaux de poste s’aggrave de jour en jour. Le fournisseur de compteuses de billets devrait paramétrer les machines pour qu’elles puissent reconnaître le nouveau billet. L’opération pourrait prendre plusieurs jours. En attendant, les faussaires peuvent agir comme ils veulent pour inonder le marché de faux billets de 2000 dinars.

  • «Il faut faire intervenir des médiateurs neutres»

    Entretien
    MOHAMED BOUCHAKOUR, PROFESSEUR À HEC (ALGER), À PROPOS DU CONFLIT DES MÉDECINS RÉSIDENT

    Observateur attentif des conflits sociaux, il pose aujourd’hui un regard sans complaisance sur le conflit qui oppose le ministère de la Santé aux médecins résidents.
    Le Soir d’Algérie : Le conflit opposant le ministère de la Santé aux médecins résidents perdure et semble aller vers une impasse. Quel est votre commentaire?
    Mohamed Bouchakour :
    En tant qu’observateur, je suis tenté de dresser deux constats assez contrastés : premièrement, ce conflit n’a que trop duré pour aller en se durcissant et finir par s’engouffrer dans une impasse, et ceci malgré un dialogue qui s’est tout de même instauré avec un niveau de représentativité tout de même exemplaire, puisque nous avons d’un côté les médecins résidents représentés par le Camra, et de l’autre, le ministère de la Santé en sa qualité de représentant du gouvernement. Mon second constat est que nous sommes en présence d’un conflit qui n’a rien de particulièrement complexe. Ses termes sont relativement simples et ses solutions possibles, multiples. De là, on se serait attendu à ce que les choses évoluent rapidement vers une issue positive. Ce qui n’a pas été le cas. Ici, il faut incriminer l’inefficience du dialogue qui a été instauré.
    Qu’est-ce qui vous fait dire que le conflit est simple et ses solutions possibles, multiples ?

    Les besoins et préoccupations qui sont mis sur la table par les protagonistes sont largement légitimes et compatibles entre eux, et j’ajouterais même complémentaires et indissociables ! Il s’agit d’une part de garantir un accès équitable aux soins sur l’ensemble du territoire national par une couverture adéquate des localités de l’intérieur en médecins spécialistes ; d’autre part, de permettre à ces mêmes spécialistes de pratiquer leur métier dans des conditions psychologiques, matérielles et techniques acceptables. Le tout est de trouver les actions et mesures qui permettent de répondre, simultanément, à ces deux types d’attente.
    Oui, mais le bras de fer qui a conduit à l’impasse concerne le service civil. Le ministère de la Santé s’accroche au principe de son maintien et les médecins résidents réclament, mordicus, sa suppression...

    Justement, cette tournure prise par le débat est foncièrement erronée et nous éloigne des issues possibles en déplaçant les débats vers un autre sujet. Le service civil n’est qu’un instrument de régulation, sans plus. Braquer la discussion sur l’instrument, au point d’en faire un abcès de fixation, conduit à se détourner de l’ouvrage, du problème à résoudre. La question empoisonnante du maintien ou de la suppression du service civil doit être définitivement enterrée si on veut sortir de ce conflit. Je pense que c’est le type même de controverse ou de guerre de tranchées qui contient en elle-même les germes de l’échec de tout dialogue.
    Concrètement, comment faire ? Il faut tout de même que cette question soit tranchée dans un sens ou dans l’autre...

    Je vais illustrer mon propos par un exemple : considérez deux individus qui se disputent une orange, chacun la voulant pour lui tout seul. C’est un jeu à somme nulle avec une solution a priori binaire : s’imposer ou s’incliner. Ces protagonistes ne trouveront pas d’accord et continueront à s’entredéchirer jusqu’au moment où l’un finira par prendre le dessus. Il est probable aussi qu’ils décident de se partager l’orange. C’est une négociation sur des positions diamétralement opposées et totalement inconciliables, avec pour seule issue probable le diktat ou un partage compromissoire. Même si les deux parts sont égales, chacun restera sur sa faim. Si elles sont inégales, la partie qui aura été lésée nourrira de plus une rancune qui ne manquera pas de pourrir la relation entre les deux acteurs. Le Camra n’acceptera pas de sacrifier tout ou partie de ses adhérents, ni le ministère de la Santé tout ou partie des hôpitaux dans les wilayas de l’Intérieur du pays. Supposez maintenant que les deux protagonistes changent de posture et se mettent à discuter de leurs intérêts réels, de leurs besoins, en essayant de comprendre et d’intégrer ceux de l’autre. Chacun sortirait alors de sa tranchée imaginaire, pour aller voir par-dessus l’épaule de l’autre comment celui-ci perçoit les choses de la position où il se trouve. Alors, ils découvriront peut-être que l’un veut l’orange pour son jus et l’autre veut la même orange pour sa pulpe. L’accord est trouvé ! Et chacun sera totalement satisfait exactement comme s’il avait obtenu toute l’orange pour lui tout seul. Le ministère de la Santé et les médecins résidents doivent discuter sur la base des intérêts et des besoins des uns et des autres et non sur la base de prises de position rigides, envenimées parfois par des bavures de communication. Dans tout ça où est «la pulpe» et où est «le jus» ? C’est tout ce qui compte !
    Le conflit aurait donc été pris en otage par un débat sur le service civil qui a pris le dessus...
    C’est là l’origine de l’impasse actuelle. Pour en sortir il faut clarifier la question du service civil comme instrument de régulation, abstraction faite du conflit qui nous intéresse ici. Dans la conception actuelle du service civil, l’aspect qui semble poser problème est son caractère obligatoire. Le ministère de la Santé y voit une garantie en béton d’assurer une couverture de l’intérieur du pays en médecins spécialistes, ce qui lui permet d’assurer partout le service public dans le domaine de la santé. Les médecins résidents y voient une procédure coercitive, unilatérale et quasiment sans appel, sans compter qu’elle renvoie à des vécus douloureux que la corporation ne veut plus vivre. Autant cette façon de faire n’est contestée par personne lorsqu’il s’agit du ministère de la Défense et du service national, autant dans le domaine civil, la régulation doit pouvoir être négociable, dans ses instruments, et ses modalités. Le service civil dans sa forme actuelle est une des rares survivances de l’économie administrée centralement. Il faut passer à de nouveaux modes de régulation. Ce conflit donne l’occasion d’opérer cette transition. Tout mode de régulation qui serait fondé sur l’attractivité et la contractualisation avec droits et obligations réciproques, clauses de garanties et autres, a plus de chance d’être consensuel et efficace.
    Vous préconisez donc une transition d’un mode de régulation administré à un mode de régulation négocié.

    Exactement. Et rien n’empêche à ce qu’on continue d’appeler le nouveau mode «service civil» ou qu’on lui trouve un autre nom. Ce qui compte, ce n’est pas ce qui est écrit sur l’emballage du mécanisme, c’est le mécanisme lui-même, comment il fonctionne et à quoi il sert. Ici, ce qui compte c’est la prise en compte pleine et entière des besoins et attentes du ministère de la Santé et des médecins résidents.
    Comment concrètement voyez-vous la suite du conflit ?
    Il n’y a pas d’autre suite possible que la reprise des négociations. Construire une issue durable, «extraire la solution du néant», s’il le faut, telle est la responsabilité conjointe des parties concernées elles-mêmes : médecins résidents, ministère de la Santé, auquel il faut adjoindre les collectivités locales et pourquoi pas les associations de malades, les députés, et qui sais-je encore. Il faut sortir du face-à- face ministère de la Santémédecins résidents. Une des démarches qui a des chances d’aboutir serait que les parties au sens large procèdent en deux temps : d’abord s’entendre sur un cadre général qui donnerait les principes de ce nouveau mode de régulation, et les règles du jeu à respecter, ainsi que les cahiers des charges en termes de plateau technique (à la charge du ministère de la Santé) et de conditions d’hébergement (à la charge des collectivités locales). A partir de ce référentiel pourraient être déclinés ensuite des approches contractuelles et méthodes spécifiques, modulées selon les zones, les variantes et cas de figure possibles. L’objectif est que tout le monde trouve son compte dans la transparence la plus totale.
    Quelles sont les conditions pour que la reprise des négociations entre le ministère de la Santé et les médecins résidents puisse aboutir ?
    J’en vois deux. Un, les deux parties en présence doivent rompre avec les postures et les perceptions qu’elles ont été amenées à adopter et à nourrir lors du round précédent. Elles doivent enterrer la question stérile du maintien ou de la suppression du service civil, qui d’ailleurs ne relèvent pas des compétences des médecins résidents ! Chacune des parties doit revenir à ce qui est incompressible pour elle, les concessions qu’elle peut faire, les contreparties qu’elle attend, et se préparer à la reprise du dialogue sur cette base. La seconde condition est de dissoudre la «commission des sages» et de se doter d’un cadre plus sérieux. Les échos rapportés par la presse laissent entendre que les échanges à l’intérieur de cette commission n’ont pas beaucoup progressé, et que ce cadre s’est révélé pour le moins inefficace. Un conflit comme celui-là n’a pas besoin de «sages», il a besoin de négociateurs munis de mandats, d’une vision argumentée et d’une bonne dose de bonne foi.
    Que proposez-vous à la place de cette commission des sages ?

    Au stade actuel, le dialogue est rompu et il est urgent de faire intervenir des médiateurs neutres et crédibles qui puissent rétablir le contact, les échanges à distance s’il le faut, et de travailler patiemment sur le rapprochement des deux parties sur la base de leurs intérêts réciproques. Si des médiateurs entrent en scène, ils peuvent être dépêchés au moins par le Premier ministère, ou au mieux par la présidence de la République. Le ministère de la Santé ne représenterait plus le gouvernement, mais seulement les intérêts de son propre secteur. La tâche de ses propres négociateurs n’en sera d’ailleurs que facilitée.
    Quelle seraient exactement la mission et le rôle de ces médiateurs gouvernementaux ?

    D’une manière générale, la mission des médiateurs en pareil cas est de faire en sorte que les parties convergent vers un accord, ou encore vers un protocole d’accord. J’entends par là des engagements réciproques, accompagnés de dispositions pratiques et modalités d’application prédéfinies, pour les mettre en œuvre, les assumer, les contrôler et les suivre sur le terrain, dans une transparence totale. Les médiateurs doivent faire preuve bien sûr d’indépendance et d’impartialité. Leur rôle n’est pas de venir en renfort au ministère de la Santé pour exercer des pressions venant de «plus haut» sur les médecins résidents. Il est d’apporter une assistance ajustée et évolutive à la négociation en commençant par rétablir et dépassionner la communication : écouter les uns et les autres sans parti pris, faire la navette, suggérer des solutions créatives, tester des pistes de solutions possibles.
    Pensez-vous que les chances d’aboutissement sont importantes si les négociations reprennent ?

    Tout à fait, sous réserve de ce que j’ai dit précédemment. Notez bien que dans ce conflit, en cas d’échec des négociations, les solutions de rechange dont disposent les uns et les autres sont maigres et répulsives. Elles conduisent à du perdant- perdant et à perdre la face soi-même ou la faire perdre à l’autre. Et les deux parties le savent. C’est pourquoi il y a beaucoup de chances pour que la mise sur les rails d’une véritable négociation aboutisse à une issue gagnant-gagnant à la satisfaction de tout le monde. Le bon accord c’est celui qui fera en sorte que le médecin résident opte par lui-même et sans contrainte pour une affectation dans une des zones proposées par la ministère de la Santé… et refusera de la quitter après la fin de son contrat d’affectation.
    Avez-vous un dernier mot à ajouter ?

    J’ajouterais une dernière observation : l’intérieur du pays ne manque pas seulement de médecins spécialistes. Il manque de toutes sortes de ressources humaines qualifiées. La réussite de cette négociation, l’engineering institutionnel et l’innovation de bonnes formules opérationnelles pour les médecins résidents peuvent constituer une success story. Cela peut ouvrir la voie à des initiatives de marketing territorial et à la généralisation de l’expérience en vue d’une ruée des jeunes diplômés de haut niveau vers les Hauts-Plateaux et le sud du pays.
    H. M.

  • Mokdad Sifi dit non à Bensalah

     MOKDAD SIFI DÉCLINE L’INVITATION ET ÉCRIT À ABDELKADER BENSALAH
    «C’est le pouvoir qui est le principal problème du pays»


    L’ancien chef du gouvernement Mokdad Sifi décline officiellement l’invitation que lui a adressée la commission Bensalah, à prendre part aux «consultations politiques». Une position que Sifi explique longuement dans une lettre adressée, hier mercredi, à Abdelkader Bensalah. Mais qui, en réalité, dresse un bilan sans concession du régime Bouteflika.
    «Au plan personnel, ma considération pour vous est sincère», écrit Sifi à Bensalah lui rappelant ses «positions patriotiques durant la décennie 90 qui nous avait réunis, en 1994 et 1995, dans la même équipe gouvernement-CNT, soudés par la cause nationale, au moment où l’Algérie, en cessation de paiement et dont le tiers des communes échappaient à l’autorité de l’Etat, subissait de plein fouet le terrorisme intégriste, l’isolement international et la lâcheté de beaucoup de personnalités politiques qui avaient préféré se terrer et se taire au moment où des Algériennes et des Algériens tombaient tous les jours, assassinés par les terroristes et au moment où le pays, menaçant de sombrer, avait le plus besoin d’eux… ». Même s’il utilise le pluriel, Sifi fait allusion, ici, en parlant de «la lâcheté de personnalités politiques» à un seul homme : Abdelaziz Bouteflika. «Aujourd’hui, nous n’avons plus les mêmes positions politiques », fera remarquer Sifi à Bensalah. Avant de lui rappeler son discours de Aïn Defla, du temps où il était chef du gouvernement, durant la pire période qu’a connue l’histoire de l’Algérie indépendante. Il y déclarait, notamment, que «c’est parce que les gouvernants ont failli que le sous-développement économique, la misère sociale et le sentiment de hogra ont favorisé l’émergence de la violence et de l’extrémisme (…) C’est une leçon terrible que nul Algérien, à quelque niveau que ce soit, ne doit oublier». Il demande à Bensalah de s’y inspirer en ce qu’il «est susceptible de vous projeter en 1995, au moment où nous avions les mêmes positions politiques». Mais pas que cela... «Je compte sur vous pour bien transmettre ce message à qui de droit.» C'est-à-dire à Bouteflika. L’ancien chef du gouvernement de Liamine Zeroual, tout comme Ghozali d’ailleurs et dont il était le chef de cabinet, rejette et le fond et la forme de la démarche du pouvoir, les consultations politiques en cours, en l’occurrence. «Je ne vous ferai pas l’injure, à vous et aux membres de votre commission, de croire que quiconque puisse penser que les solutions aux problèmes politiques, économiques et sociaux du pays se résument à un simple réaménagement du texte de la Constitution ou des textes de lois». Il constatera à juste titre que « depuis 12 ans», la Constitution et toutes les lois soumises à amendement depuis le 15 avril dernier sont violées à répétition, que «les partis et les personnalités opposées au régime dont certains sont invités aujourd’hui à votre débat ont été empêchés de faire entendre leur voix». Pour Sifi, il ne sert absolument à rien de changer de lois qu’on n’a jamais respectées. «Le problème du pays n’est donc pas d’ordre juridique, mais d’essence politique.» Pour Mokdad Sifi, les choses sont d’une simplicité criante : «C’est le pouvoir qui est le véritable problème du pays.» Car à quoi bon changer de Constitution et maintenir celui qui la viole, amender la loi électorale et reconduire ceux qui fraudent… Il ne manquera pas, ensuite, de constater que «la crise profonde que vit actuellement le pays coïncide avec un environnement régional explosif qui voit les régimes arabes sclérosés et corrompus, tomber l’un après l’autre». Ce à quoi, le régime Bouteflika répond «en réduisant la solution de cette crise majeure à de simples réformes juridiques». Pour l’ancien chef du gouvernement, nul doute que, comme en Tunisie, en Egypte, au Yémen, en Syrie, le peuple algérien aussi «veut un changement radical du système». Ce qu’il dit souhaiter se produire sans dégâts. «A mon humble avis, il importe au plus tôt d’instaurer une période de transition, conduite par un gouvernement de transition représentatif adossé à un conseil de transition». Certes, admet-il, «cela sera très difficile (à réaliser) mais le prix à payer sera mille fois moindre que celui que la Nation devra payer à la rue si le pouvoir continue à se murer dans son arrogance», mettra-t-il en garde.
    K. A.

    Lettre de Mokdad Sifi à Abdelkader Bensalah

    Monsieur le Président,
    Vous avez bien voulu m’adresser une lettre d’invitation à vous rencontrer pour participer à ce que vous qualifiez de «débat sur les réformes politiques cruciales et déterminantes pour l’avenir de notre pays», et à vous faire part de «mes opinions et propositions sur ces réformes attendues» telles qu’initiées par le président de la République. Je vous remercie pour cette invitation et pour la considération que vous y manifestez à mon égard. Je voudrais aussi vous exprimer tout le respect que je vous porte eu égard à vos positions patriotiques durant la décennie 90 qui nous avait réunis, en 1994-1995, dans la même équipe gouvernement- CNT, soudée pour la cause nationale, au moment où l’Algérie, en cessation de paiement et dont le tiers des communes échappait à l’autorité de l’Etat, subissait de plein fouet le terrorisme intégriste, l’isolement international et la lâcheté de beaucoup de personnalités politiques qui avaient préféré se terrer et se taire au moment où des Algériennes et des Algériens tombaient tous les jours, assassinés par les terroristes, et au moment où le pays, menaçant de sombrer, avait le plus besoin d’eux. Au plan personnel, ma considération pour vous est sincère, parce que je n’oublie pas que vous n’aviez ni craint ni hésité à prendre des risques majeurs en acceptant de m’accompagner dans la délégation gouvernementale que j’avais conduite, par route, le 31 octobre 1995, à Aïn Defla, alors fief du terrorisme, et qu’au retour, entre Aïn Defla et Chlef, notre long cortège avait traversé, à la nuit tombée, une zone d’accrochage entre l’ANP et un groupe de terroristes, sans que les crépitements des armes, francs et intenses et semblant très proches, ne perturbent ni notre engagement, ni notre conversation, malgré la peur naturelle qui affecte tout un chacun. Ceci pour vous rappeler que notre Algérie était revenue de loin à l’occasion des élections présidentielles du 16 novembre 1995, grâce à la marée populaire qui y avait participé, le peuple ayant renouvelé sa confiance envers ses dirigeants et mis le holà à la dérive du pays. Aujourd’hui, nous n’avons plus les mêmes positions politiques et vous êtes chargé, de par votre statut, de noter et de rapporter à qui de droit, les messages de vos interlocuteurs. Voici mon message principal qui est résumé dans un passage du discours du chef du gouvernement que j’étais et que j’avais adressé, au nom des pouvoirs publics, à la population de Aïn Defla le 31 octobre 1995, il y a 16 ans, et diffusé, le soir même, par la télévision nationale : «Je sais les souffrances de la population de Aïn Defla qui n’a pas bénéficié suffisamment d’actions de développement et qui, après avoir enduré les affres du colonialisme, a continué, bien longtemps après l’indépendance, à être oubliée des décideurs centraux. C’est parce que les gouvernants ont failli que le sous-développement économique, la misère sociale et le sentiment de hogra ont favorisé l’émergence de la violence et de l’extrémisme. C’est une leçon terrible que l’Algérie paie dans le sang de ses enfants et les larmes des veuves et des orphelins. C’est une leçon que nul Algérien, à quelque niveau que ce soit, ne doit oublier, une leçon qui dit que : Quand on sème la hogra, on récolte la défiance». Au cas où cela peut apporter un plus, je vous joins, en annexe, le contenu de tout le discours de Aïn Defla, dont vous aviez bien pris connaissance en son temps, et qui, à mon humble avis, est plein de leçons et est susceptible de vous projeter en 1995, au moment où nous avions les mêmes positions politiques. Je compte sur vous pour bien transmettre ce message à qui de droit. Vous êtes le mieux à même de le faire. Peut-être que le pouvoir saura tirer les leçons qu’il n’a pas encore su tirer depuis seize ans et qu’il cessera enfin de louvoyer en se voilant la face sur la misère et la hogra subies par le peuple. C’est fort de ces principes qui m’ont toujours animé, que, s’agissant de cette initiative de consultation, je considère qu’il n’y a absolument aucune utilité pour le pays à ce que j’y souscrive. Depuis près de 12 années, les partis et les personnalités opposés au régime dont certains sont invités aujourd’hui à votre débat, ont été empêchés de faire entendre leur voix et d’exprimer leurs opinions politiques face à l’autoritarisme du pouvoir qui a verrouillé les paysages politique et médiatique et imposé, par la force et la fraude, le viol de la Constitution et la gestion corrompue des ressources nationales. Votre lettre m’invite formellement à formuler une opinion sur des «réformes politiques cruciales et déterminantes pour l’avenir de notre pays», alors qu’en réalité il n’est attendu de moi, comme des autres invités, qu’une simple déclaration verbale succincte à enregistrer, sans lendemain, portant avis et propositions sur de simples annonces d’aménagement des textes de la Constitution et des lois portant sur le système électoral, les partis politiques, la représentation de la femme dans les instances élues, le mouvement associatif, le code de wilaya, l’information et les cas d’incompatibilité avec la législature parlementaire.
    Monsieur le Président,
    Je ne vous ferai pas l’injure, à vous et aux membres de votre commission, de croire que quiconque puisse penser que les solutions aux problèmes politiques, économiques et sociaux du pays se résument à un simple réaménagement du texte de la Constitution ou des textes de lois. Pour ma part, je pense que la crise que nous vivons aujourd’hui est précisément due au non-respect de la Constitution et des textes qui en découlent et au fait que des centres de pouvoir se placent délibérément au-dessus des lois. La Constitution est violée dans ses fondements et dans tous les domaines qu’elle recouvre. Faut-il faire une autre constitution pour la violer de nouveau ? Quelle est alors la solution ? Le système électoral pèche systématiquement et publiquement par la fraude avérée des élections, ce qui délégitime les pouvoirs législatif et exécutif, fait perdre totalement la confiance de la population dans ses gouvernants, alimente la suspicion et nourrit le phénomène de désobéissance civile et l’instabilité du pays. Faut-il changer la loi électorale et maintenir la fraude ? Ou bien changer ceux qui sont responsables de cette fraude ? La loi sur les partis politiques autorise la création des partis que le pouvoir bloque illégalement depuis plus de 12 ans. Faut-il changer la loi ou le pouvoir ? La Constitution fait de la femme l’égale de l’homme alors que le code de la famille, anticonstitutionnel, bride la femme jusque dans son intégrité morale. Faut-il ignorer l’aliénation fondamentale de la femme et veiller plutôt à sa représentation dans les institutions élues ? Et cela tout en continuant à violer la Constitution en brimant la femme ? Le problème du mouvement associatif, actuellement totalement ligoté, réside dans son aliénation au pouvoir qui le gère par la répression et la corruption pour neutraliser toute initiative qui échappe à son contrôle. La solution ne consiste-t-elle pas, par une simple décision politique, à rendre son autonomie à la société civile ? S’agissant du code de wilaya, la réalité est que le pouvoir, en violation de l’esprit de la Constitution donne des prérogatives exorbitantes aux walis, au détriment de celles des assemblées élues. Faut-il traiter de ce code, au titre de cette consultation, pour qu’ensuite il subisse le même sort que le code communal ? A quoi sert-il alors de traiter de ces lois et codes et des consultations les concernant si le problème se situe au niveau des pouvoirs ? Il faut donc traiter des pouvoirs. Pour ce qui concerne la loi sur l’information, la liberté d’expression est consacrée par la Constitution mais elle est, dans les faits, brimée et réprimée. Les médias publics et notamment lourds sont illégalement monopolisés par le pouvoir à son profit exclusif et demeurent fermés à toute opinion différente au mépris de leurs missions de service public. Encore une fois, c’est le pouvoir qui est le véritable problème du pays. Que faut-il faire alors dans ces cas de viol permanent et généralisé de la Constitution par le pouvoir ? Sur les plans économique et social, déjà caractérisés par l’absence flagrante de stratégie et de visibilité, les lois qui ne sont pas appliquées et celles qui sont violées sont légion, y compris les lois de finances, par circulaire, voire oralement, par ceux-là mêmes qui sont chargés de veiller à leur stricte application, portant ainsi gravement atteinte à l’autorité, au sérieux et à la crédibilité de l’Etat lui-même, ainsi qu’à la saine gestion des affaires dont il a la haute charge au plan national comme au plan international. En vérité, tous les problèmes évoqués résultent également de l’absence d’une réelle opposition politique et d’autres contre-pouvoirs conséquents et d’instruments de contrôle efficaces, absence voulue et imposée par le pouvoir, avec pour conséquences des dérives morales ayant profondément affecté la société dans ses valeurs les plus nobles, au point de menacer sa cohésion et sa stabilité. Un exemple illustratif de ce mode de gouvernance autoritariste est donné par la neutralisation du Conseil national économique et social, qui n’avait pourtant qu’un simple rôle consultatif, mais qui a fini par gêner par ses publications et ses prises de position quelque peu critiques à l’égard de l’exécutif. C’est dire que le problème du pays n’est donc pas d’ordre juridique, mais d’essence politique. Il découle de la volonté délibérée et déclarée du pouvoir, illégitime d’ailleurs, de se situer audessus de la loi, allant à contre-courant des aspirations légitimes du peuple et notamment de la jeunesse, y compris universitaire, abandonnée, brimée, désemparée, sans projet, sans perspectives, sans possibilité de recours et poussée, ainsi, à tous les extrémismes, comme la harga, la drogue, la criminalité et autres délinquances et violences, à l’immolation et autres suicides. Et pourtant, le pouvoir ne cesse d’étaler la richesse du pays en ressources financières qu’il dilapide et distribue à toutva. Où se trouve alors la solution du problème ? Certainement pas dans les simples réaménagements des textes de lois. Cette grave déviance a conduit à substituer à la souveraineté de la loi, des méthodes d’exercice du pouvoir basées essentiellement sur des critères népotiques, clientélistes et claniques. Cette forme de gestion permissive a eu pour corollaire, la déliquescence de l’Etat et de son administration, laissant le champ libre à la pesante et sclérosante bureaucratie, l’économie informelle, encouragée d’ailleurs, la corruption qui semble désormais s’imposer à l’Etat apparemment noyé qui s’évertue à la combattre par le discours et le slogan et des textes sans lendemain, aux pratiques maffieuses qui se généralisent et d’une manière générale aux forces de régression qui disputent à l’Etat leur part d’influence et de gouvernance informelle. La crise profonde que vit actuellement le pays coïncide avec un environnement régional explosif qui voit les régimes arabes sclérosés et corrompus tomber, l’un après l’autre, dans un tragique jeu de dominos qu’exploitent, dans leur intérêt, certaines puissances occidentales. Cette exploitation est déclenchée, facilitée et encouragée par la faiblesse des pays concernés résultant de l’illégitimité des régimes en place et de l’absence de solidarité et de cohésion des populations autour de leurs gouvernants. En réduisant la solution de cette crise majeure à de simples réformes juridiques, le pouvoir algérien, par cécité politique et culturelle, incompétence et léthargie, n’a pas saisi la véritable nature ainsi que la portée des révolutions des peuples arabes. Ce sont ces analyses erronées qui poussent nos dirigeants à croire qu’ils seront épargnés parce que «l’Algérie n’est pas la Tunisie, n’est pas l’Egypte et n’est pas la Libye !». En 1995, c’est le peuple algérien qui s’est levé comme un seul homme un certain 16 novembre pour participer, massivement, malgré l’interdiction et les menaces de mort des GIA (Urne égale Cercueil, disaient-ils), à des élections présidentielles sans précédent autour d’un seul mot d’ordre : Non au terrorisme ! Cet engagement et cet enthousiasme populaires exceptionnels, exprimés dans une conjoncture pourtant difficile, n’ont malheureusement pas trouvé l’écho qu’ils méritaient auprès du pouvoir qui n’a pas su se hisser à la hauteur des sacrifices consentis par le peuple. Bien au contraire, c’est l’autoritarisme, la suffisance et l’arrogance en direction du peuple qui ont toujours caractérisé la gouvernance du pouvoir depuis les élections présidentielles de 1995. Aujourd’hui, ce peuple a perdu toute confiance dans ses gouvernants, et n’accorde plus aucun crédit à tout ce qui en émane. Le régime a été gravement discrédité aux yeux des citoyens, notamment par les affaires de corruption sans précédent dans l’histoire du pays, étalées longuement dans les médias nationaux et étrangers, et fortement décrié du fait de la dilapidation des ressources nationales. A cet égard, vous n’ignorez pas que depuis plusieurs mois, la rue gronde dans l’ensemble du pays, les citoyens n’hésitent plus, malgré la dissuasion et la répression, à exprimer leur mécontentement. Cette agitation, au-delà des demandes sociales qu’elle exprime, traduit un déficit profond de confiance, de dialogue et de concertation, lui-même conséquence de la non-représentativité des «élus», tant locaux que nationaux et de l’autisme du pouvoir et de ses appareils.
    Monsieur le Président,
    C’est vous dire combien la situation ainsi brièvement décrite met en relief l’inanité de la démarche adoptée, fondée sur une simple révision de textes, pour le traitement d’une crise majeure de nature éminemment politique. Le pouvoir, qui n’admet pas d’alternance, s’est toujours donné comme priorité absolue de combattre et d’annihiler l’émergence d’une saine, sérieuse et nécessaire opposition politique organisée, en utilisant tous les moyens possibles, y compris la manipulation, la fraude, la corruption et la répression, et il a réussi à maintenir cette opposition à l’état embryonnaire, sans poids conséquent, sans capacité de mobilisation et sans véritable crédibilité. Aujourd’hui, paniqué et acculé par une crise majeure, conséquence de sa propre gouvernance erratique, il cherche à négocier un semblant de réformes avec une opposition squelettique. En conséquence, faute d’avoir affaire à une opposition dont il n’avait jamais voulu, il a aujourd’hui affaire au peuple face auquel il ne veut pas se retrouver tout seul. C’est l’impasse dans laquelle ce pouvoir s’est finalement lui-même enfermé. A mon avis, le pays n’a pas besoin de ce genre de réformes, il a besoin d’un changement radical. Le peuple doit pouvoir choisir et élire démocratiquement ses dirigeants. Le pays doit bénéficier d’une véritable politique de développement basée sur une stratégie rationnelle et un programme cohérent et transparent sans corruption, qui réponde réellement aux besoins de la population dans tous les domaines. La justice doit devenir réellement indépendante et servir de base à la construction d’une paix civile basée sur la justice et la vérité, sans impunité pour les voleurs, les criminels et les terroristes. Le Président n’as pas besoin d’écouter les avis des partis et des personnalités nationales pour savoir ce que le peuple veut. Il n’a qu’à écouter le peuple et surtout les jeunes qui sont les plus concernés par l’avenir du pays. Or, à interpréter les multitudes d’émeutes et de manifestations qui secouent quotidiennement le pays dans la quasi-totalité des wilayas et des secteurs d’activité de l’Etat, et comme les Tunisiens, comme les Egyptiens, comme les Yéménites, comme les Syriens, comme tous les peuples opprimés, les Algériens veulent un changement radical du système de gouvernance. Aujourd’hui que la révolution frappe aux portes des dictatures arabes, je ne souhaite pas que l’Algérie s’embrase. Je ne souhaite pas à notre peuple un retour à la violence des années de feu. Nous avons eu trop de morts, trop de disparus. Les larmes de dizaines de milliers de mères, d’épouses et d’enfants n’ont pas encore séché. L’Algérie a les moyens financiers et les compétences humaines pour devenir rapidement un grand pays démocratique, fort surtout de la confiance et de la cohésion de son peuple. Il faut pour cela agir vite et avoir la lucidité et le courage de prendre des décisions historiques. Ces décisions urgentes doivent être prises maintenant, pacifiquement, avant que le peuple ne les impose dans le chaos des émeutes violentes, avec le risque de la destruction de la Nation. A mon humble avis, il importe au plus tôt d’instaurer une période de transition, conduite par un gouvernement de transition représentatif adossé à un conseil de sages, chargé d’amender la Constitution, d’organiser des élections présidentielle et législatives et de veiller à libérer immédiatement le champ politique et le champ médiatique de toute entrave. L’Armée nationale populaire devra s’engager à accompagner ce processus et à œuvrer à son succès. Cela sera très difficile mais le prix à payer sera mille fois moindre que celui que la Nation devra payer à la rue si le pouvoir continue à se murer dans son arrogance.
    Monsieur le Président,

    Vous comprendrez aisément les raisons qui m’ont amené à répondre de la sorte à votre invitation, car je n’aurais pas souhaité, en vous rencontrant, cautionner, par ma présence, la démarche retenue dans le cadre de vos consultations, démarche que je considère inappropriée face à l’enjeu éminemment politique de la crise. Démarche qui fera perdre un temps précieux au pays et susceptible, par ses atermoiements et temporisations, d’exacerber et de précipiter un dénouement violent de cette crise, dénouement que nous voudrions tous éviter à notre Nation et à notre Peuple. Nous vivons un moment historique où de graves responsabilités historiques doivent être assumées par nos gouvernants et par chacun de nous. Avec l’expression de ma haute considération.
    Alger le 1er juin 2011 Mokdad Sifi

  • ILS ONT FORCÉ LE CORDON SÉCURITAIRE Les médecins résidents investissent la rue


    Les médecins résidents restent mobilisés. Ils étaient plus de deux mille à se rassembler à l’intérieur du CHU Mustapha encerclé par un imposant dispositif sécuritaire, avant de sortir dans la rue. Un groupe a réussi à marcher jusqu’à l’APN forçant le cordon sécuritaire. En milieu d’après-midi, les résidents bloquaient toujours les alentours du CHU.
    Nawal Imès- Alger (Le Soir) - Pari tenu pour les résidents. Ils ont réussi hier à mobiliser pour le sit-in national organisé pour réaffirmer leur détermination à faire aboutir leurs revendications. Dès onze heures, les résidents en blouse blanche commençaient à se rassembler au niveau du «kiosque» transformé depuis trois mois en piquet de grève. Sur les banderoles, ils ont réitéré leurs revendications principales, à savoir l’abrogation du service civil. L’important dispositif sécuritaire déployé aux alentours du CHU Mustapha n’a pas empêché les résidents de rejoindre le rassemblement. La porte supérieure de l’hôpital a carrément été fermée pour empêcher le flux des résidents grévistes. Défiant l’important cordon de sécurité, les résidents en colère ont réussi à investir la rue. Ils ont été repoussés à l’intérieur du CHU par les policiers mais un groupe de résidents a réussi à marcher jusqu’à l’APN. Ils ont forcé l’imposant cordon sécuritaire et ont réussi à marcher au terme d’affrontements avec les policiers. Plusieurs médecins bousculés ont été blessés. Prises au dépourvu, les forces de sécurité ont tenté de contenir les manifestants. Beaucoup d’entre eux sont restés bloqués à l’intérieur du CHU, scandant «Barakat de la hogra». En dépit des tentatives d’avorter le mouvement, les résidents étaient nombreux à répondre à l’appel du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). La fin de non-recevoir opposée par le chef du gouvernement n’a pas eu raison de la détermination des résidents : ils continuent de demander l’annulation du caractère obligatoire du service civil en le substituant par des mesures permettant d’arriver à une réelle couverture sanitaire. L’un de sa porte-parole, le Dr Yellès, expliquait que «le sit-in d’aujourd’hui vient en réponse aux propos outrageants d’Ouyahia qui se pose en chantre du patriotisme. Nous sommes responsables et nous avons fait des propositions très claires pour améliorer le service civil. On a proposé la mise en place de plateaux techniques, des équipes pluridisciplinaires et de faire des regroupements afin de faire une vraie couverture sanitaire. Je tiens à préciser que nous ne sommes pas à l’origine de l’installation de la commission dite des sages. C’est une initiative du ministère qui a tourné court». Après trois mois de grève, la tutelle compte appliquer des mesures punitives. Le gel des salaires serait envisagé par le département Ould Abbés. Le Dr Yellès avertit : si la menace est mise à exécution, les résidents cesseront d’assurer les gardes. Dès demain, assure le Dr Sahnoun, autre délégué des résidents, des assemblées générales seront organisées au niveau des structures de santé. Les membres du Camra feront un point de situation et mettront à disposition des résidents un cahier de doléances où seront consignées toutes les revendications. Durant le week-end, une autre réunion est prévue pour faire remonter de la base toutes les revendications et décider des suites à donner au mouvement.
    N. I.

  • Dur d’être algérien !

     
    Par : Mustapha Hammouche

    Il était temps ! De supprimer le certificat de nationalité du dossier de pièces d’identité et de voyage.
    Temps pour les autorités de reconnaître que ce n’est pas en infligeant la galère de la reconstitution de leur arbre généalogique aux Algériens qu’on peut compenser le sous-développement administratif de l’État. En cinquante ans d’Indépendance, on en est à réécrire les vieux registres des “matrices”, comme à l’ère des “khodjas” avec l’art de la calligraphie en moins.
    Des citoyens n’arrivent plus à prouver leur algérianité parce qu’ils n’ont pas bougé de leurs douars depuis des millénaires et que les registres des chefs-lieux de commune ont simplement pourri du fait de leurs conditions d’archivage ou, parce qu’entre-temps, ils avaient oublié l’exacte date de décès d’un grand-père, mort trop jeune de peste. Si seulement la rigueur de la reconstitution généalogique était sérieuse et s’imposait à tous. On n’aurait au moins pas eu un Président qui, après avoir sévi contre nous des années, nous révèle, un demi-siècle plus tard, qu’il était du pays voisin. Et que, finalement, longtemps après l’Indépendance officielle, nous n’étions pas encore gouvernés par un Algérien.
    Si les mêmes parcours du combattant bureaucratique étaient imposés à certains joueurs de l’équipe nationale de football, il n’est pas sûr qu’elle aurait  disposé de certains de ses indispensables titulaires actuels. Ou alors, il eut fallu que la loi disposât qu’il faille avoir un père et un grand né en Algérie ou… savoir jouer au foot à un niveau international pour avoir droit au passeport national. Mais, peut-être, qu’en ce domaine, on devrait retenir la leçon Ben Bella : d’ici que des joueurs de l’équipe nationale ne commencent à nous apprendre que, finalement, ils n’étaient algériens que pour jouer dans une sélection nationale…
    D’ailleurs, c’était en toute illégalité que la galère administrative nous était imposée, puisque la loi stipule qu’il suffit d’être né de père algérien ou de mère algérienne pour avoir droit à leur nationalité.
    Il y avait même une paradoxale ségrégation dans cette histoire de certificat de nationalité : il n’est pas exigé de ceux qui demandent leurs papiers d’identité dans un consulat mais obligatoire pour les papiers établis dans une daïra ! On sent la démarche empressée envers la “communauté nationale”, d’un côté, et la rigueur bureaucratique contraignante appliquée au citoyen resté au bled, de l’autre. Ceux qui ont une seconde nationalité obtiennent finalement plus facilement la preuve de leur algérianité que ceux qui se sont contentés de leur nationalité originelle ou n’ont pas décroché une de rechange ! Déjà qu’il a été plus facile d’être reconnu moudjahid parce qu’on a fait la guerre à Paris, Tunis, Oujda, plutôt que dans le maquis local ! Si l’État veut assainir le fichier national de la population, il aurait mieux fait de se donner les moyens humains et méthodologiques de cette entreprise au lieu d’infliger à ses administrés cette espèce de chantage à la pièce d’identité. Apparemment sans résultat, puisqu’il renonce, chaque jour, à un de ces obstacles érigés sur la voie de la miraculeuse identité biométrique.
    Dur d’être algérien !

    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • Remous autour du syndicat de la radio


    Deux journalistes membres du bureau du syndicat de la Radio nationale ont été convoqués par le SG de l’union locale UGTA de Sidi M’hamed qui leur a demandé de... démissionner sous prétexte de rejoindre le syndicat des journalistes nouvellement créé.
    Devant le refus des deux confrères, qui ont mis en avant la confiance placée en eux par les travailleurs de l'ENRS ainsi que les deux années qui leur restent pour terminer leur mandat, notre responsable est allé jusqu’à menacer de dissoudre, purement et simplement, la section syndicale de la radio.

  • Les Américains intéressés par le plan d’Ould Abbès!!!

     

    Le plan anti-cancer initié par le département d’Ould Abbès intéresse au plus haut point les géants américains du médicament.
    Le plan, qui consiste à doter plusieurs services de radiologie d’équipements adéquats, a de quoi attiser l’appétit des entreprises US, au regard de l’importance du marché.

  • EMISSION DE LA RADIO CHAINE I 31 mai 2011:"DAIF EL OULA" Dr MERABET PRESIDENT DU SNPSP

    qngc6z4k.gifTelecharger le lien mp3:http://www.radioalgerie.dz/ar/podcast/chaine1/daif_elou/31.mp3

    perdre une bataille,mais pas la guerre .bravo.