A l’approche du mois sacré du ramadhan 2011, les personnes aisées doivent sentir eux aussi les souffrances physiques et morales qu’endurent les pauvres à longueur d’année, et qui en principe devrait nous inciter à plus de solidarité et d’ardeur dans le travail. Aussi, l’objet de cette présente contribution est de poser objectivement les liens entre la relative aisance financière et le pouvoir d’achat des Algériens.
Face à la crise de l’endettement des Etats du monde, l’Etat algérien, un Etat artificiellement riche
Après la déclaration du gouvernement invoquant la bonne santé financière du pays, dont effectivement le stock de la dette en 2011 (principal et services) est inférieur à 4 milliards de dollars et la dette publique intérieure moins de 1 milliard de dollars, plusieurs questions importantes se posent devant éviter l’opacité causes de rumeurs dévastatrices, face à la crise de l’endettement des Etats occidentaux. Le PIB mondial est évalué selon les statistiques du FMI en 2010 à 61 963 milliards de dollars US et selon la FED américaine la dette publique US dépasse les 14. 251 milliards de dollars soit 97% du PIB pour une population estimée à 310 millions.
Pour l’ensemble de la communauté économique européenne des 27, selon Eurostat la dette publique représente 80%, du PIB soit 12.885 milliards de dollars pour une population d’environ 500 millions. USA et Europe 12% de la population mondiale estimé à 6,8 milliard d’âmes en 2010, concentrent 27136 de milliards de dollars de dettes publiques soit 45% du PIB mondial. Je précise que la Chine pourtant deuxième puissance économique mondiale depuis 2010, pour une population de 1,33 milliard d’habitants totalise seulement un PIB de 5745 milliards de dollars soit 9,5% du PIB mondial la dette publique, selon les statistiques récentes de la banque mondiale, inclus les dettes contractées par les provinces, les municipalités et les districts qui ont atteint l'an dernier 27 % du produit intérieur brut, 1160 milliards d’euros résultat des mesures des effets de la crise mondiale d’octobre 2008 où en 2009 et 2010 pour accompagner le plan de relance adopté fin 2008, le pouvoir central redoutait un ralentissement économique ce qui ferait grimper le total de la dette chinoise à plus de 80% de son PIB. Il s’ensuit que les prix ont progressé de 5,4% au premier trimestre 2011 en Chine, selon les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques, loin de l'objectif du gouvernement de contenir l'inflation en-deçà de 4% sur l'ensemble de l'année, China Securities Journal, qui dépend de la banque centrale, estimant que la marge de manœuvre pour un resserrement supplémentaire était très limitée.
Face à cette situation de turbulences de l’économie mondiale qui touche tous les pays, le gouvernement algérien faute de prospective, assistant en spectateurs, dont l’essence de la crise est structurelle, quelle est la structuration des réserves de change de l’Algérie évaluées à 160 milliards de dollars au 21 juillet 2011 entre les principales monnaies internationales : part en dollars, euros, livres sterling et yen ? Les données de 45% en dollars, 45% en euros, 5% en livres sterling et 5% en yen sont-elles justes (1) ? Combien de ces réserves de change sont placés à l’étranger, (80% selon les déclarations du ministre des Finances devant les députés soit plus de 125 milliards de dollars) dont une fraction en bons de trésor américains (est ce que le montant officiel de 50 milliards de dollars), dans les autres banques centrales européenne ou des banques privées internationales dites bien cotées AAA mais dont certaines ont été décotées depuis la crise financière mondiale d’octobre 2008. Que rapportent ces placements sachant que pour 2011 le taux directeur de la FED (entre 0 et 0,25% depuis 2010) et celui de la BCE (1,25% depuis avril 2011) ceux du Japon (0,5%) et de la banque d’Angleterre (0,5%). Avec le taux d’inflation même faible, entre 1 et 2% cela donne un rendement zéro, voire négatif. Cela doit être également soit pondéré à la baisse par la dépréciation d’une monnaie (ce qui est le cas pour le dollar plus de 40% depuis le 01 janvier 2000) ou à la hausse en cas d’appréciation (cas de l’euro), les exportations d’hydrocarbures se faisant en dollars et les importations algériennes pour 60 % en euros.
C’est que l’utilisation des réserves de change pose un véritable stratégique engageant l’avenir du pays. Doit-on, continuer à privilégier la sécurité des placements même si le rendement est faible, voire négatif ce qui équivaudrait que l’Algérie finance le développement d’autres pays et pourquoi alors continuer à épuiser les réserves d’hydrocarbures reconvertis en monnaies incertaines. Supposant des compétences, les Algériens à l’étranger dans ce domaine spécialisé ayant montré leur savoir faire, et là on revient toujours au management stratégique et à la ressource humaine pilier du développement, du fait de la faiblesse de la capacité d’absorbation afin de respecter les engagements internationaux en approvisionnement énergétique, ne serait-il pas préférable de les investir à travers la création de grands groupes nationaux ,tout en évitant tout monopole néfaste, en Algérie dans le cadre d’un partenariat bien ciblé gagnant/gagnant, une autre fraction en fonds souverains par l’achats d’actions et d’obligations afin d’avoir un rendement beaucoup plus élevés supposant la ressource humaine ? Dans ce cas c’est comme dans le casino, avec des risques de gains et de pertes.
Un exemple : si l’Algérie avait placé ses réserves de change au miment où l’once d’or était coté à 800 dollars, et comme l’once est actuellement à 1600 dollars on aurait doublé les réserves de change de l’Algérie c’est à dire plus de 300 milliards de dollars en termes de parité de pouvoir d’achat ? Cela aurait pu s’appliquer à d’autres actions en bourse dévalorisées en 2009 dont les cours ont remonté depuis. Autre axe, investir dans un partenariat ciblé dans des segments à valeur ajoutée, y compris les services, dans le cadre de la logique des valeurs internationales afin de préparer l’après hydrocarbures. Mais est-ce cela est possible avec le retour à une gestion administrée des années 1970, avec la bureaucratisation extrême de la société algérienne qui freine l’initiative de tout entrepreneur, surtout depuis scandales financiers de bon nombre d’entreprises y compris Sonatrach ? En insistant sur le fait que ce ne sont pas les pays qui ont des réserves de change importantes qui sont les plus développés, souvent c’est le contraire, surtout celles provenant de la rente avec le risque du syndrome hollandais. L’ex-gouvernement communiste roumain avait une dette égale à zéro mais une économie en ruine. Un endettement bien utilisé peut être source de croissance permettant de rembourser les emprunts grâce à la création de la valeur permis par le travail. En Algérie, ces réserves de change artificielles puisque provenant des hydrocarbures, ont-elles contribué à améliorer le pouvoir d’achat des Algériens ?
Manque de régulation, Inflation et tensions sociales
S’agissant d’un problème aussi complexe que celui du pouvoir d’achat et de l’inflation qui lui est liée, il me semble utile de préciser que ces phénomènes doivent tenir compte de la structure et des particularités de l’économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l’économie internationale, de l’économie interne résultant de l’option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d’influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s’approprier une fraction du revenu national.
Pour les petites bourses, le constat est amer. En l’absence de mécanismes de régulation et de contrôle, les prix des produits de large consommation connaissent, comme de coutume, notamment à la veille de chaque mois de Ramadhan, des fêtes religieuses ainsi qu’à l’approche des rentrées sociales, des augmentations sans précédent, les organisations censés sensibiliser les commerçants ayant peu d’impacts, prêchant dans le désert. Selon les données de l’Officiel de la statistique ONS, le rythme d'inflation annuel a connu une tendance baissière, passant de 3,9 % à 3,5 % en juin 2011 contre 3,9% en 2010 et 5,7% en 2009. Or, pour une appréciation correcte il faut éclater cet indice en reliant le mode d’accumulation, la répartition des revenus et le modèle de consommation par couches sociales. C’est que la réalit pour la majorité des ménages est que l’inflation pour les produits de première nécessité qui a des incidences directes sur le pouvoir d’achat, depuis fin 2007 à nos jours, est de retour en Algérie. La hausse des prix importante est considérée comme une des raisons les plus directes à la transformation du malaise latent en émeutes urbaines.
Je recense quatre raisons à l’inflation en Algérie (1). La première raison de l’inflation est la non proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux : 200 milliards de dollars annoncés entre 2004/2009 (pas de bilan à ce jour) et 286 milliards de dollars (Mds) entre 2010/2014 dont 130 Mds de restes à réaliser des projets de 2004//2009 pour un taux de croissance ne dépassant pas 2/3 % moyenne 2004/2010 (donc plus de 400 milliards de dollars soit presque le programme de relance US et chinois) alors qu’il aurait du dépasser 10% fonction de l’importance de la dépense publique. Cela a évidemment, un impact autant sur le taux d’inflation que sur le taux de chômage réel qui est largement supérieur au taux officiel. Une récente étude de l’OCDE montre clairement, parmi certains pays du pourtour méditerranéen, que l’Algérie dépense deux fois plus pour deux fois moins de résultats : projets mal ciblés, les infrastructures ne constituant qu’un moyen, une gouvernance mitigée, l’entreprise et le savoir dévalorisés, mauvaise gestion et surtout la corruption qui s’est socialisée. La deuxième raison, liée à la première, est la faiblesse d’une politique salariale cohérente privilégiant les créateurs de valeur ajoutée, le travail et l’intelligence au profit d’emplois rente ce qui fait que la productivité globale est une des plus faible au niveau de la région méditerranéenne. Le ratio masse salariale sur le PIB pour 2009/2010 est inférieur à 20% contre plus de 45% à la fin des années 1976/1980 contre une moyenne mondiale supérieure à 60% démontrant que les augmentations de salaires pour les secteurs à valeur ajoutée (inclus la santé et l’enseignement dont le professeur d’université perçoit la moitié du député et du sénateur) ne sont pas la cause essentielle de l’inflation mais que celle-ci réside plus dans les emplois improductifs.
La troisième raison est l’extension de la sphère informelle qui contrôle 65% des circuits des produits de première nécessité, quatre segments celui des fruits et légumes, de la viande rouge et blanche ; du poisson et du textile /cuir, ce dernier à travers les importations de valises avec plus de 40% de la masse monétaire en circulation, où plus de 80% des transactions se font en cash alors que la base de l’économie moderne repose sur le contrat et le crédit, entrainant une évasion fiscale estimé à plus de 3 milliards de dollars US dans le commerce. Mais cela concerne également le secteur productif puisque une enquête menée par le CREAD (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement) révèle que sur 7500 PME, 42% des effectifs ne sont pas déclarés et 30% de leur chiffre d’affaires échappent au fisc.
D’une manière générale, en matière d’emploi, la part qui revient à l’économie informelle, pour le ministre du Travail plus de 25% de la population active avec une contribution dans la formation du PIB (produit intérieur brut) hors hydrocarbures de 20 à 25%. Et selon d’autres estimations hors hydrocarbures ce taux dépasse 40/50 % idem pour la valeur ajoutée. L’allongement des circuits de commercialisation à travers leur désorganisation entre le producteur et le consommateur favorise les rentes de monopoles, donc la hausse des prix. Le contrôle s’effectue souvent sur les détaillants où d’ailleurs, selon le recensement 2010 du centre national du registre de commerce en dix ans, de 2011 à 2010 le nombre des commerçants déclarés a plus que doublé en Algérie, passant de 697275 en 2001 à 1.407.449 commerçants en 201, le nombre de personnes morales (entreprises) s’élevant au 31 décembre 2010 à 157.158 et pour les personnes physiques (commerçants), elles sont au nombre de 1.325.417 concentrés dans le commerce de détail. Or, le nombre de commerçants non déclarés dépasserait 1,5 million selon UGCAA, données de 2009.
La mobilisation de 3.000 agents de contrôle prévoyant 7000 fonctionnaires pour 2014 pour contrôler 1,4 million de commerçants sera-t-elle efficace sans maitrise des circuits de distribution? Ce qui fait que le décret postulant que le chèque obligatoire qui devait entrer en vigueur le 02 avril 2011 a été abrogé pour toute transaction supérieure à 500.000 dinars comme l’on a abrogé un autre décret en 2008 pour un montant de 50.000 dinars. C’est que la sphère informelle favorisant les actions spéculatives est le produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l’Etat nourrissent des liens dialectiques entre la sphère informelle et la logique rentière. Il en résulte, en cas de remous sociaux, une mentalité bureaucratique qui laisse croire que des lois et des commissions résoudront les problèmes. La quatrième raison est l’inflation importée. Mais la question qui se pose est de savoir pourquoi lorsque le taux d’inflation mondial allait vers zéro en 2009 cela n’a pas eu d’impacts ni aux producteurs ni aux consommateurs algériens. Le dérapage du dinar, a gonflé artificiellement les recettes fiscales voilant l’importance du déficit budgétaire et gonflant le fonds de régulation des recettes calculés en dinars algériens, les taxes au niveau des douanes s’appliquant à un dinar dévalué ayant largement contribué à la hausse des prix au profit de couches rentières (2).
Cette injustice sociale et hausse des prix expliquent en partie les émeutes qui éclatent quotidiennement un peu partout en Algérie (9000 contestations violentes enregistrées à travers le pays depuis janvier 2010 selon la mise au point de la DGSN en juin 2011 repris par l’agence officielle APS) pouvant être annonciateurs d’une grave explosion sociale montrant le divorce Etat citoyens du fait que tant les partis politiques dont d’ailleurs le FLN/RND/MSP avec tous leurs satellites ont enregistré que 13% de vois par rapport aux inscrits durant la dernière élection législatives et les 80 000 associations créés administrativement vivant du transfert de la rente, sont incapables d’encadrer et de mobiliser laissant la confrontation directe forces de sécurité/citoyens. Aussi invoquer une évolution positive du revenu global entre 2000/2010 d’environ 31% (cela est incontestable du point de vue du chiffre global) comme le fait le ministre du travail, mais c’est ignorer cette évidence, la concentration du revenu au profit d’une minorité, car un chiffre global a peu de significations, données que remet en cause les déclarations du ministre de la Solidarité qui annonce triomphalement une distribution de plus en plus élevé des couffins du ramadhan, plus de 1,5 millions de couffins seront distribués en 2011. Appauvrissement confirmée par le rapport du PNUD 2008/2009, qui note que 2,3 millions d’algériens vivent dans des habitats précaires avec un modèle de consommation loin des normes internationales, une personne sous nutritionnée se répercutant tant sur la productivité du travail qu’occasionnant des maladies fréquentes expliquant en partie l’envolée du poste importation de médicaments (plus de 1 milliard de dollars US 2007/2010). Un autre exemple est le couffin du ramadhan passant de 1,2 à 1,5 million, une enquête menée par le département de la solidarité entre 2009/2010 ayant permis de mettre en relief 150 000 familles possédant la carte de démuni, 700.000 autres familles inscrites sur les listes du filet social, ainsi que plus de 150.000 handicapés.
L'enveloppe financière consacrée à cette opération s’était élevée en 2010 à 3 milliards de dinars soit 300 milliards de centimes et dépassera 380 milliards de centimes en 2011. C’est le reflet incontestable de l’extension de la détérioration du pouvoir de la majorité. Certes, le SNMG algérien a doublé en passant de 6.000 à 15 000 dinars ces dernières années, mais en dépit de cette augmentation, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, 150 euros par mois au cours officiel moins de 80 euros au cours du marché parallèle, soit entre 3/4 euros par jour, alors que le kilo de viande est en juillet 2011 plus de 10 euros, fait face aux dépenses contraintes et incontournables (alimentation, transport, santé, éducation. 70% des salariés algériens perçoivent moins de 25.000 dinars net consacrant 80% de ce modeste revenu aux produits de première nécessité qui connaissent une hausse de prix continue. Cette dégradation du pouvoir d’achat est renforcée par la dévaluation cyclique du dinar et il est admis maintenant par tous qu’une famille avec 4/5 enfants à charge ne travaillant pas a besoin d’un revenu net minimum de 36.000 dinars net. Hélas cela est impossible si l’on veut une dérive inflationniste généralisée qui pénaliserait les plus pauvres car source de concentration de revenus au profit des revenus variables.
Pour l’instant l’inflation est comprimée transitoirement par des subventions toujours grâce aux hydrocarbures pour calmer le front social, source de gaspillage car mal gérés et mal ciblées permettant d’ailleurs des fuites hors des frontières( Maroc, Tunisie, frontière saharienne) des produits de première nécessité du fait de la distorsion des prix. Pourtant, le constat sur le terrain est que jamais entre 2007/2011, la concentration du revenus au profit d’une minorité de couches rentières et la corruption n’ont été si importante expliquant que certaines mesures gouvernementales de subventions et de discours sur l’austérité n’ont pas d’impacts de mobilisation et au contraire un rejet général où tous les segments de la société veulent une part de la rente des hydrocarbures immédiatement. Paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et des distributions de revenus sans création de valeur (bien que la destination des transferts sociaux, somme colossale 10% du PIB entre 2009/2011, ne concerne pas toujours les plus défavorisées) permettent à une famille de disposer de plusieurs revenus reportant dans le temps provisoirement les tensions sociales dans la mesure où toute Nation ne distribue que ce qui a été préalablement produit si elle veut éviter le suicide collectif.
Solution : dépasser le blocage d’ordre systémique
L’Algérie exporte 98% d’hydrocarbures et importe 75% de ses besoins (ménages et entreprises) avec une participation des entreprises créatrices de richesses de moins de 20% au produit intérieur brut car le secteur BTPH étant lui-même irrigué par la dépense publique via les hydrocarbures et ce malgré un dinar dévalué montrant que le blocage est d’ordre systémique ? Les chiffres officiels sont fortement biaisés de 6% de valeur ajoutée hors hydrocarbures, du taux de chômage comme démontré précédemment, si l’on soustrait les sureffectifs dans les administrations et les entreprises publiques, les emplois fictifs et la sphère informelle et du taux d’inflation compressé artificiellement. Pour preuve, la facture des importations des produits alimentaires selon le Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis) en date du 24 juillet 2011 s’est élevée à 4,83 milliards de dollars pendant le premier semestre 2011, contre 3,02 milliards de dollars durant la même période en 2010, les achats ayant augmenté de plus de 99,61%. Où en est l’évaluation du programme de développement agricole qui a couté au Trésor public des dizaines de milliards de dollars ? Une situation qui trouve son origine dans une ouverture économique qui s’est faite sur fond de rente pétrolière avec la facilité de tout acheter sur le marché international, y compris la ressource humaine étrangère du fait que le poste services est passé de 4 milliards de dollars à plus de 11 milliards de dollars entre 2010/2011 marginalisant l’élite locale, existant des liens dialectiques entre la logique rentière et l’extension de la sphère informelle spéculative, ce qui a plombé toute démarche tendant à dynamiser des secteurs à forte valeur ajoutée dans le cadre de la concurrence internationale et industrialiser le pays.
Aussi, les ajustements futurs tant économiques que sociaux dans les très prochaines années (2015/2020), comme c’est le cas actuellement en Grèce, avec plus d’intensité pour l’Algérie, seront très douloureux avec des risques de tensions sociales vives, et il est temps de dire la vérité dans le cadre d’un sacrifice partagé supposant une lutte sans faille contre la corruption qui prend une dimension dangereuse. Plus on, retarde les réformes plus les ajustements seront plus douloureux car en économie le temps ne se rattrapant jamais. D‘où l’importance d’un discours de vérité. Selon les experts avertis et sans démagogie, dans 16 ans pour le pétrole et 25 ans pour le gaz tenant compte du nouveau modèle de consommation énergétique mondial qui se met en place progressivement, de la forte consommation intérieure et de la rentabilité financière (coûts élevés en Algérie) seront épuisés à moins d’un miracle, la population algérienne étant actuellement de 36 millions et sera alors de 50 millions sans hydrocarbures.
Mais ce ne sera pas un drame. Pour preuve l’Indonésie était un pays exportateur important les années passées et est devenu un pays émergent bien qu’importateur net. J’ai une grande confiance en le génie algérien qui évolue favorablement à l’étranger, s’agissant de lever le blocage qui est d’ordre systémique. Pour peu que des réformes hardies politiques, économiques, sociales et culturelles soient menées dans le cadre d’une large concertation, la transition peut se réaliser. Mais je ne peux concevoir cette transition dans un cadre fermé. Au moment de la consolidation des grands espaces, je ne puis concevoir l’émergence de pôles de savoir et d‘entreprises compétitives sans l’intégration maghrébine au sein de l’espace euro-méditerranéen et africain. Espérons une transition démocratique pacifique, car imagions une crise politique en Algérie à l’instar de certains pays arabes (Tunisie, Egypte, Libye), dans ce cas, le risque est le gel des 125 milliards de dollars déposés à l’étranger. La rente des hydrocarbures n’est pas éternelle, d’où l’importance d’un débat démocratique, pour plus de transparence, évitant le manque de visibilité et de cohérence dans la gouvernance tant politique que socio-économique, sur la trajectoire 2011/2020 du développement hors hydrocarbures de l’Algérie face à la mondialisation, posant la problématique à court terme de la gestion de la rente des hydrocarbures ainsi que celle de l’utilisation des réserves de change propriété de tout le peuple algérien.
Professeur Abderrahmane Mebtoul / Expert International en management stratégique
(1) Contribution/interviews 15 aout 2009 El Khabar «Quel est le rendement des réserves de change de l’Algérie placées à l’étranger?», aux quotidiens L’Expression, Quotidien d‘Oran, El Watan «Où sont placées les réserves de change de l’Algérie ? au quotidien Liberté, «L’inadéquation du système financier international et du système financier algérien» juin/juillet 2011.
(2) Interview du professeur Abderrahmane Mebtoul en direct de 8h30-8h40 à la télévision algérienne Canal Algérie invité du matin le 26 juillet 2011- thème du débat - «subvention de l’Etat, inflation et pouvoir d’achat des Algériens » reproduit dans l’organe officiel gouvernemental El Moudjahid du 28 juillet 2011, le quotidien arabophone algérien Echourouk 27 juillet 2011, interview à la radio Chaine III le 27 juillet ; pourquoi la flambée de l’importation des produits alimentaires ?, interview à l’AFP le 26 juillet 2011 reproduit au niveau international dans le Figaro Fr/Eco paris France, France soir Paris France, MTN international (marchés tropicaux méditerranéens) «Pourquoi la flambée de l’importation des produits alimentaires notamment du blé en Algérie ?» (26/27 juillet 2011)
Quel est le potentiel aurifère des gisements du Sud algérien ? L’or du Hoggar, qui a peuplé des années durant l’imaginaire des chercheurs de pépites, permettra-t-il à l’Algérie de devenir un producteur qu’il faudra désormais prendre en compte ?
Les différentes prévisions qui ont été avancées jusqu’à aujourd’hui incitaient à l’optimisme. Toutefois, les résultats affichés au niveau des sites d’exploitation confiés à l’ENOR sont loin de refléter les objectifs assignés par les responsables du secteur, à la mise en production du gisement de Tirek-Amesmessa, qui tablaient sur pas moins de 3 tonnes d’or/an. Le groupe australien Gold Mining Algeria (GMA), actionnaire majoritaire de l’ENOR, vient de publier un nouveau bilan de l’exploitation du gisement d’Amesmessa, lequel est loin de rassurer. Les résultats pour le second trimestre 2011 ne font que confirmer une baisse constante de la production d’or et d’argent. Ainsi, du 1er avril au 30 juin derniers, la mine d’Amesmessa a produit
2 368,9 onces d’or (67 kg) et 516,9 onces d’argent (14 kg). Comparativement au premier trimestre, GMA avait annoncé une production de 93 kg d’or et 22 kg d’argent. Durant l’exercice précédent, l’ENOR qui avait préalablement annoncé un objectif de 1,5 tonne, n’a pu atteindre que le résultat bien maigre de 677 kg d’or produit par l’unité d’Amesmessa.
Un potentiel qui demeure intéressant
Au-delà des détails et contretemps techniques, GMA Ressources explique la pâleur de ses résultats par la faiblesse du potentiel de la mine. Il est ainsi question de la baisse des teneurs en or du gisement durant les 18 derniers mois. Le groupe australien a même fait part, dans ses derniers bilans, de sa déception quant aux volumes de minerai à haute teneur prévus par les modèles géologiques. Le tonnage de minerai à haute teneur extrait en 2009 était estimé à 60,720 tonnes contre seulement 36,410 tonnes en 2010. Après la fermeture de la mine de Tirek, l’unité d’Amesmessa risque de connaître un sort analogue. L’exploitant évoque déjà la possibilité de se rabattre sur la zone de Zita, qui se trouve entre Tirek et Amesmessa. GMA estime que le site offre un potentiel considérable pour le développement de capacités supplémentaires à ciel ouvert. GMA détient une participation majoritaire de 52% dans l’ENOR, le reste appartenant à Sonatrach.
ENOR bénéficie d’un permis d’exploitation sur le périmètre Tirek-Amesmessa, sur une superficie d’environ 1417 km2. Dans ce sens, le partenaire australien prévoit d’étendre rapidement son exploitation à des ressources extérieures du grand Tirek-Amesmessa.
Les déboires de GMA n’ont pas pour autant entamé l’enthousiasme du canadien Cancor. Ce dernier détient quatre permis d’exploration dans les périmètres de Tan Chaffao ouest, In Ouzzal nord et dans le Nord-Tirek.
Lundi, l’entreprise montréalaise a annoncé que le champ aurifère de Kiouene, dans le Tirek nord, semblait offrir de très bonnes possibilités pour supporter une opération à ciel ouvert.
Selon Cancor, la partie centrale du champ aurifère de Kiouene se dessine déjà comme le secteur à cibler en priorité pour des travaux de forage.
Melissa Roumadi http://www.elwatan.com/