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  • LEURS OSSEMENTS GISENT DANS DE VULGAIRES BOÎTES DANS UN MUSÉE Nos héros abandonnés en France


    08 Mai 2011 - Page : 2

    Le Muséum national d’histoire naturelle de Paris

    Le crâne de Chérif Boubaghla a été retrouvé à Paris ainsi que ceux de cheikh Bouziane, de Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui et de Moussa Al-Darkaoui des Zaâtchas.
    On n’a pas entendu le ministère des Moudjahidine et l’Organisation nationale des moudjahidine revendiquer la restitution de ces crânes.

    Le Muséum national d’histoire naturelle de Paris (Mnhn), établi à deux pas de la Grande Mosquée de Paris, renferme au sein de ses collections dites «ethniques», des morceaux de corps de résistants algériens à la colonisation: crânes, têtes, parfois une simple oreille ou une touffe de cheveux. Parmi eux figurent le crâne de Chérif Boubaghla ainsi que ceux des chefs de la résistance des Zaâtchas.
    La tête momifiée (la vraie tête desséchée) d’Al-Hamadi, qui fut le lieutenant du Chérif Boubaghla, git dans un simple bocal. La base de données du Mnhn ne fournit aucun renseignement sur les donateurs (Vital, Flourens, Weisgerber etc.), ni sur les collections (Guyon, Hamy et J.E de la Croix etc.). L’origine, la date d’entrée au musée, l’identité des sujets algériens, sont inscrites dans les registres du Mnhn sous la forme: «Don du Dr Cailliot, 1881-37 Yaya Ben Saïd, 6872, crâne a.m.i» ou encore en ce qui concerne le crâne de Boubaghla: «Don de M.Vital, de Constantine, 1880-24, Bou Barla, dit Le Borgne. 5940, crâne s.m.i.»

    «L’homme à la mule»
    Les crânes de Boubaghla, de Bouziane, de Moussa Al-Darkaoui etc. qui portent chacun un numéro d’ordre inscrit à même l’os, sont calfeutrés dans de vulgaires boîtes cartonnées, qui évoquent les emballages des magasins de chaussures. Ces boîtes sont rangées dans les rayons de volumineuses armoires métalliques dont les portes coulissantes, sont fermées à double-clé. Aïssa Al Hammadi, le compagnon d’armes de Boubaghla a les dents blanches et saines, elles sont soigneusement alignées entre ses deux lèvres à demi entrouvertes sur un fugace rictus, il semble avoir rendu l’âme à la fleur de l’âge, contrairement à ses compagnons d’infortune du Mnhn de Paris, qui ont pour la plupart perdu leurs dents post mortem.
    Boubaghla présente une grande entaille sur le crâne, qui semble avoir été occasionnée par un objet contondant.
    La description du Colonel Robin est exacte concernant la dentition de Boubaghla, il lui manque la dent incisive droite supérieure. La mandibule (mâchoire) est manquante, le médecin-militaire Vital, chef de l’hôpital de Constantine, qui détenait ce morceau du corps de Boubaghla, l’a égarée.
    Le but de cette chronique n’est pas de faire un exposé nécrologique sur la découverte émouvante, de restes mortuaires algériens gardés dans le formol ou dans des boîtes cartonnées dans un musée parisien. Il s’agit de sensibiliser les responsables algériens sur ces restes privés de sépultures, qui appartiennent à l’histoire contemporaine tourmentée de l’Algérie.
    Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubaghla, «l’homme à la mule», représentait les valeurs de justice et de liberté universellement reconnus à notre époque.
    Voici en termes rugueux, l’histoire de la décapitation du Chérif Boubaghla telle qu’elle figure dans les livres et des rapports de l’époque, en 1856. Signalons que dans le cas présent, la tête de Boubaghla est perçue comme un trophée par les Al-Mokrani, sur instigation des autorités coloniales elle sera exposée publiquement dans plusieurs localités du fief des Al Mokrani, une fête avec fantasia aura lieu en présence des autorités coloniales.
    Son forfait impitoyable accompli, Lakhdar Al Mokrani, le jeune frère du Bachagha Mohamed Al Mokrani écrit, dans une lettre adressée à un officier français:
    «Vous m’avez fait des compliments sur ma conduite. J’ai prié le colonel Dargent de vous assurer qu’il ne passerait pas un mois sans que le Chérif Boubaghla soit tué ou soumis. C’est plus fort que moi, je n’en ferai pas un mérite, mais cet homme m’agaçait. Il fallait que lui ou moi, disparaissions. S’il ne venait pas me chercher, je voulais aller le tuer dans sa maison. Dieu me l’a mis entre les mains (sic) mardi soir (...). Je vous remercie des conseils que vous m’aviez donnés, car c’est à eux que je dois d’avoir pu satisfaire le besoin qui me tourmentait de me trouver face à face avec ce méchant homme. Dieu m’a récompensé en le mettant au bout de mon fusil».
    Boumezrag Al-Mokrani et le futur Bachagha Mohamed Al Mokrani ont participé à la curée. D’autres archives françaises de l’époque donnent plus de détails sur l’événement: «L’alerte a été donnée à Tazmalt et le goum qui s’y trouvait sous les ordres de Lakhdar Mokrani était monté précipitamment à cheval et était accouru sur les lieux.
    Boubaghla cherche à regagner à toute vitesse les Béni Melikech. Mais le chemin qu’il a pris dans la plaine de Tablat est détrempé par les irrigations qu’on a faites la veille. Son cheval Djiouad, qu’il montait ce jour-là, ne peut plus avancer et déjà les cavaliers de Lakhdar arrivent sur lui et lui envoient des coups de fusil. Il met alors pied à terre et gagne rapidement un ravin boisé où on ne pouvait pas le suivre à cheval et où il espérait rejoindre ses hommes des Béni Melikèch (...) Le caïd Lakhdar Al-Mokrani n’avait avec lui à cet endroit que son frère Boumezrag AI-Mokrani et trois cavaliers. Il leur fait mettre pied à terre et tous se lancent à la poursuite du Chérif Boubaghla qui demande la vie sauve, disant qu’on aura plus de profit à le livrer vivant que mort. Mais de nouveaux coups de feu partent sur le Chérif et malgré sa blessure, et lui coupe la tête avec un couteau sans attendre qu’il eut cessé de vivre». Nous disposons de la description du visage de Boubaghla dans des chroniques de l’époque. Il est donc tout à fait possible de restituer le visage de Boubaghla et de ses infortunés compagnons du Mnhn de Paris, à l’aide d’images numériques de synthèse. Les visages ainsi restitués, de ces tutélaires de la révolution, iront rejoindre dans nos musées les photogrammes des héros de l’Indépendance. Pour cela, il suffit de recomposer en silicone le visage évoqué par ces crânes, après la création d’une empreinte faciale en fibre de verre. Les exemples ne manquent pas, le visage de Cléopâtre ou celui de Toutankhamon ont été reproduits. Celui de Bouziane, de Boubaghla et de Moussa Al-Darkaoui peuvent l’être. Un examen réalisé à l’aide d’un simple tomodensitomètre, permettra la «reconstruction» des traits du visage, le plus près possible de la réalité, avec une approximation faciale acceptable. Les Algériens ne manquent ni de cerveau, ni d’imagination.
    Le Mnhn de Paris détient une copie intégrale de la tête de Mohammed Ben-Allal ben-Sidi-Mbarek, le lieutenant et alter égo de l’Emir Abdelkader, qui fut réalisée «à chaud», peu de temps après le décès de Ben Allal. La Bibliothèque nationale d’Alger garde un simple masque mortuaire de Ben Allal, qui est moins exhaustif et d’un rendu approximatif.
    La fin de Ben Allal est évoquée ainsi par la plupart des auteurs de l’époque: «Le 11 novembre de la même année, le colonel Tempoure, suivi de 500 hommes d’infanterie et de 500 chevaux, attaque, sur l’oued El-Khechba, près de Sidi-Bel Abbès, le Khalifa Mohammed ben-Allal, qui, rejeté hors de l’Ouarsenis, cherchait, à la tête de deux bataillons de Réguliers et d’une nombreuse cavalerie, à faire sa jonction avec l’Émir Abdelkader (...) L’intrépide Khalifa Ben-Allal, isolé de sa troupe, et reconnu à sa taie sur l’oeil gauche, est chaudement poursuivi par le capitaine Cassaignolles et quatre de nos cavaliers; il leur fait subitement tête, décidé à mourir les armes à la main. Dans cette lutte désespérée, Ben-Allal tue un.brigadier de Chasseurs, démonte le capitaine Cassaignolles, et blesse un maréchal-des-logis. Une balle, en lui traversant la poitrine, vient mettre fin à ce combat inégal; il tombe de cheval, et un spahi lui coupe la tête. C’est ainsi que finit le plus actif et le plus brave des lieutenants de l’Emir».

    «Objets»
    Les crânes identifiés et retrouvés au Mnhn appartiennent à (un certain) Si Saïd, marabout kabyle. Bou Amar Ben Kedida.
    Si Mokhtar Ben Si Kouider Al-Titraoui dénommé «Bou Hmara». Cheikh Bouziane des Zaâtchas.
    Si Moussa, compagnon du Cheikh Bouziane. Un chef kabyle, sans autre précision. Un certain Yahya Bensaïd, sans autre précision. Celui d’un Saïd Hamoud. Celui de Messaoud Ben Alla. Celui d’Ali Khalifa Ben Mohamed. Celui d’Amar Bensliman. Celui de Belkacem Ben Mohamed. Un autre appartenant à Belkacem Ben Mohamed Al Djennadi, etc. La tête du résistant Aïssa Al-Hamadi, qui fut le lieutenant du Chérif Boubaghla, est entière, elle est momifiée et séjourne depuis le milieu du XIX° siècle dans un banal bocal. Le fils du cheikh Bouziane des Zaâtchas, est rentré sous un autre nom au Mnhn, il n’a pas été possible de l’identifier. Il avait été décapité en même temps que son père et de Moussa Al-Darkaoui et de Mokhtar Ben Si Kouider Al-Titraoui dit «Bou Hmara». Des bribes de corps d’autres personnages algériens, nous en avons dénombré une quarantaine, sont enfermées dans les combles du Mnhn de Paris.
    Les régions d’origine d’une grande quantité de crânes ne sont pas précisées, des études ultérieures permettront éventuellement, par supputation, de leur allouer leur localité originaire, selon les correspondances échangées à leur sujet entre les donateurs et les collectionneurs français. Par exemple, le collectionneur Guyon adressait régulièrement des lettres à son homologue Flourens. Le samedi 13 janvier 1838, il lui parle de «deux têtes dans l’alcool (celles d’un Arabe et d’un Kabyle)».
    Le mercredi 1er mai 1839 d’Alger il envoie une lettre à propos de «cinq têtes d’indigènes, où il est également question d’un crâne de Biskra envoyé auparavant».
    Le samedi 11 avril 1840, Guyon envoie d’Alger une lettre à Flourens dans laquelle il lui rappelle son précédent envoi de «deux têtes de nègres, Messaoud et Selim» au Muséum. Le mardi 10 octobre 1843, Guyon établit le «duplicata de l’envoi d’un grand nombre d’objets à Flourens». Tout cela est déconcertant, nous ne baignons pas dans le siècle des lumières, mais dans une obscurité barbare à découper au couteau. Le mot «Objets», est le fruste synonyme du terme: «choses», formule lapidaire passe-partout qui évite à Guyon de se placer du mauvais côté de l’humain. Dans le jargon de ces anthropologues de l’horreur, le mot «objets» ne désigne pas spécifiquement les Algériens, mais tous les restes humains détenus par les musées, toutes origines confondues. Même les petits enfants algériens n’y échappent pas, le mercredi 10 décembre 1845, le même Guyon envoie, toujours d’Alger où il réside: «un foetus et une tête de petite fille et d’autres objets» à son ami Flourens.
    Où s’arrête la barbarie? Quelles sont les limites de la férocité?
    Au Mnhn de Paris, il y a aussi les restes d’indigènes, militaires morts pour la France, au temps des colonnes françaises, que nous n’étudions pas, pour ne pas mêler les genres, mais aussi parce que depuis toujours nous sommes du côté des opprimés.
    J’ai adressé une lettre au Président Abdelaziz Bouteflika au début du mois de mars dernier, restée sans réponse à ce jour. Ma lettre au Président, concernant ces fragments de corps algériens, disait ceci: «Comme vous le savez, Monsieur le Président, il n’est pas de mon ressort en tant que simple chercheur, de rapatrier les restes mortuaires de ces illustres compatriotes. C’est à l’Etat algérien de faire les démarches officielles auprès des autorités françaises, à défaut, il appartient aux familles des intéressés de se manifester. Ces découvertes, chargées pour moi d’une émotion considérable, méritent en ces temps de déréliction idéologique, un hommage national parfait (...)».
    Espérons qu’un homme politique estimable ou quelque député exemplaire, cela existe, se manifesteront dignement, à titre officiel, afin que les morceaux du corps de ces héros nationaux authentiques soient rapatriés pour être enterrés au Carré des Martyrs du cimetière d’El-Alia, aux côtés de Fatma N’Soumeur et de l’Emir Abdelkader Ben Mohiédine, dont la dépouille fut rapatriée de Damas à Alger après l’ Indépendance.
    En guise de conclusion, nous sommes disposés personnellement, à apporter notre aide en vue du dénombrement de tous les restes mortuaires algériens qui sont détenus dans les musées de France.

    (*) Chercheur Histoire & Épigraphie
    Alifbelkadi@aol.com

    Ali-Farid BELKADI (*)

  • quelles réformes!!!! on fait du surplace depuis 1962.

    Le sénat salue les réformes
    08 Mai 2011

    Une vue du Sénat américain

    Jamais, depuis le début des révoltes arabes, les Américains n’ont apporté un soutien aussi fort et direct à l’Algérie.

    En ces moments où les perspectives du pire sont grandes ouvertes dans le Monde arabe, un soutien venant de la superpuissance mondiale vaut son pesant d’or. L’Algérie totalement cernée par les révoltes arabes, ne peut que se réjouir de la dernière position du Sénat américain qui vient de saluer les réformes engagées en Algérie et le niveau «remarquable» atteint par le partenariat entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme.
    Voilà un appui qui ne manquera pas de faire jaser bien des capitales occidentales. Au plan politique, cet appui de l’Oncle Sam signifie que l’Algérie garde toujours son poids géostratégique dans la région d’Afrique du Nord et surtout du Sahel. Un rôle que bien d’autres puissances ont tenté - et tentent toujours- de lui soustraire quitte à fortifier le camp des terroristes par le paiement des rançons et créer des zones de tensions permanentes.
    Lors de l’audition du futur ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Henry Ensher, par le Sénat, dans le cadre de la procédure de sa confirmation, le président de la sous-commission sénatoriale du Moyen-Orient, Robert Casey, a déclaré que «la décision de l’Algérie de lever l’état d’urgence est une étape positive» dans le processus des réformes. Il a également affirmé que l’Algérie est un partenaire «stratégique important» des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi).
    Dans ce sens, il a considéré que le gouvernement algérien a tenu un «rôle de leadership actif» dans les efforts de l’Union africaine pour lutter contre le terrorisme. De surcroît, M.Casey a avancé que le Groupe de contact algéro-américain de lutte contre le terrorisme «va contribuer à élargir la coopération existante entre les Etats-Unis et l’Algérie pour assurer une plus grande sécurité, la paix et le développement dans la région». Le futur ambassadeur américain à Alger n’a pas tari d’éloges affirmant que l’Algérie «joue un rôle essentiel sur les lignes de front de lutte contre l’extrémisme violent, comme elle a une connaissance de première main de l’importance de maintenir une vigilance constante contre ceux qui veulent nous faire du mal», a affirmé M.Ensher qui a rappelé devant le Sénat que «le Président Bouteflika a été le premier dirigeant arabe qui avait appelé le président Bush après les attentats du 11 septembre pour lui présenter les condoléances (...)».
    Jamais, depuis le début des révoltes dans les pays arabes, les Américains n’ont apporté un soutient aussi fort et direct à l’Algérie. Mais faut-il considérer cet appui comme un quitus des Américains aux autorités algériennes? Dans ce cas, quelles ont été les garanties offertes par l’Algérie au moment où l’opposition exprime ses doutes et ses résistances à propos de ces réformes justement?
    Sur le plan international, le futur ambassadeur a estimé que «l’Algérie a longtemps joué un rôle important dans les affaires de l’Afrique et du Moyen-Orient et dans la résolution des conflits dans toute la région. Son rôle de médiateur dans les conflits dans le Sahel demeure essentiel pour y trouver des solutions pacifiques». «Il s’agit d’un Etat membre de premier plan de la Ligue arabe, de l’Union africaine et de l’Organisation de la conférence islamique», a-t-il noté. Et voilà l’Algérie qui redore son blason de leader dans la région. Quant à l’évolution des manifestations à Alger et sur les perspectives politiques de l’Algérie, M.Ensher a soutenu que ces manifestations «reposent plus sur des aspirations économiques, sociales et politiques dans un cadre n’exigeant pas le départ d’un responsable particulier». Ce qui est une énorme différence par rapport aux autres manifestations dans la région. Au sujet de la situation sécuritaire, M.Ensher a exclu toute éventualité d’une perte de contrôle. «Franchement, je ne m’attends pas à ce qu’une telle chose se produise» en Algérie, a-t-il affirmé. «L’Algérie a beaucoup de ressources à mettre à profit. Il y a des revendications de longue date, il y a une tradition de la pratique démocratique et il y a un sentiment que la démocratie est déjà la voie à suivre. Et donc, je suis vraiment tout à fait optimiste sur l’avenir de l’Algérie».

    Brahim TAKHEROUBT

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  • “Guerre contre le terrorisme”, suite et pas fin... fakou!!!!!

    Par : Merzak Tigrine

    À la lumière des derniers développements, Barack Obama devrait se garder de crier victoire trop tôt, car tout indique que la “guerre contre le terrorisme”, dont l’administration américaine fait une de ses priorités, est loin d’être terminée.

    Si la mort d’Oussama Ben Laden bénéficie politiquement à Barack Obama, qui se lance dans la course pour un second mandat à la Maison-Blanche, elle ne semble pas, en revanche, avoir d’effet immédiat ou direct sur le fonctionnement de la nébuleuse terroriste, comme le laisse penser le contenu du communiqué pondu par la nouvelle direction d’Al-Qaïda, dans lequel elle promet vengeance.
    Les cellules de la mouvance islamiste, créée par Ben Laden, qui essaiment le monde, agissent plus ou moins librement car elles ne sont pas directement dépendantes de leur hiérarchie. Il suffit de voir l’activité d’Aqmi dans la région, pour s’en convaincre. Al-Qaïda au Maghreb islamique n’a jamais donné l’impression de se référer à la direction centrale de la mouvance fondée par Oussama Ben Laden pour choisir ses cibles et accomplir ses forfaits. Aqmi se contente seulement de rappeler, à chaque fois que nécessaire, son allégeance à la direction centrale d’Al-Qaïda. Idem pour les autres cellules, dont celle opérant dans la péninsule arabique sous la direction de l’imam Al-Aulaqi, qui a échappé de justesse à un raid US jeudi dernier.
    À la lumière des derniers développements, Barack Obama devrait se garder de crier victoire trop tôt, car tout indique que la “guerre contre le terrorisme”, dont l’administration américaine fait une de ses priorités, est loin d’être terminée.
    C’est dire que le décès d’Oussama Ben Laden, qui n’était d’ailleurs pas le chef opérationnel de la nébuleuse terroriste mais plutôt son mentor, n’aura pratiquement aucune incidence sur son avenir. Jouissant d’une autonomie quasi totale, les groupes terroristes se revendiquant d’Al-Qaïda continueront à agir à leur guise. Il appartient donc à leurs cibles, les États-Unis au premier plan et un certain nombre de pays occidentaux à un degré moindre, de faire preuve d’une grande vigilance lors des prochains jours, semaines ou mois, durant lesquelles pourrait intervenir la vengeance de la mort d’Oussama Ben Laden.  

  • Mort de Ben Laden : l’autre complot

    Par : Mustapha Hammouche

    Puisque des thèses “conspirationnistes” prennent prétexte de la communication erratique de la Maison-Blanche au sujet de la mort de Ben Laden, il y en a une qui mérite d’être exposée.
    Obama ne l’a peut-être pas fait exprès, mais il a choisi le pire des moments pour ordonner l’attaque contre le repaire de l’initiateur historique du terrorisme islamiste : au moment où le parrain d’Al-Qaïda mourait de sa plus belle mort, anéanti par le jeune Bouzidi en Tunisie et progressivement achevé par la jeunesse égyptienne, yéménite, syrienne et qu’on attendait que d’autres peuples musulmans en finissent avec la voie de la haine et du meurtre pour prendre celle de la liberté.
    Le président américain avait sûrement hâte de couvrir son incapacité à tenir la promesse de fermer Guantanamo, de rendre justice à ses concitoyens victimes de l’attentat du 11 Septembre et de relancer à la hausse sa cote de popularité à la veille d’une campagne électorale. Mais ce qui est certain, c’est qu’il n’a pas tenu compte de l’impact de sa décision sur le mouvement révolutionnaire démocratique qui traverse le monde dit arabe.
    Les tergiversations et les tâtonnements communicationnels montrent que l’impréparation n’a épargné que le seul message adressé aux Américains la nuit de la liquidation de Ben Laden.
    Tout, par la suite, n’était qu’hésitation et improvisation.
    D’abord, cette histoire d’immersion du cadavre. Des chapelles intégristes, en particulier El-Azhar, matrice connue de la théorie de l’intolérance islamiste et… la Mosquée de Paris, girouette doctrinale imprévisible, en ont profité pour crier au sacrilège et rappeler qu’un musulman doit être enterré. Puisqu’on peut être musulman et revendiquer le statut de musulman pour le sponsor et inspirateur du terrorisme international, voici l’accroche toute trouvée par les intégristes pour se recompter face à la profanation américaine ! Et à Obama de jurer avoir respecté le rite musulman avant de larguer le cadavre de Ben Laden dans l’océan. Comble d’ironie, c’est à l’aune du traitement de la dépouille du chef terroriste – encore qu’on ne puisse pas lui contester le droit de le pourchasser – qu’est évalué le rapport des États-Unis aux musulmans !
    De même qu’au temps de Bush, l’exécution de Saddam un jour de l’Aïd a longtemps fait oublier le funeste bilan du dictateur.
    Et si l’outrage de l’immersion ne suffisait pas à détourner l’opinion musulmane de la problématique de l’heure – la promotion démocratique de leur pays devenue enfin possible –, il y a cette photo que la Maison-Blanche a trouvé impubliable parce qu’elle-même la juge “horrible” à voir. Rien qu’en Algérie, nous avons des dizaines de milliers de photos “horribles” des victimes des exécutants de Ben Laden. Leurs sites n’ont pas hésité à les exposer au regard universel. Al-Qaïda, ses tueurs et ses sympathisants comptent sur l’horreur et sur la peur pour nous dresser à sa crainte et se moquent de nous savoir horrifiés par leurs crimes.
    Tout se passe comme si l’Occident n’était fasciné que par la monstruosité intégriste survenue en nous. Alors, Monsieur Obama, vous qui avez quelques alliés arabes à défendre contre le désir de changement de leur peuple, dites-nous : voulez-vous qu’on continue à s’attarder sur le cas Ben Laden ou qu’on se concentre sur la revendication démocratique des peuples des pays musulmans ?

    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr 

  • no moment



     

  • Facebook ou Wikileaks?

     

    L’hebdomadaire américain Time Magazine décerne depuis 1927 le titre de Person of the year à une personne ou un groupe de personnes, bien qu’il ait aussi déjà été attribué à une chose (l’ordinateur, la terre), qui a « marqué le plus l’année écoulée, pour le meilleur ou pour le pire », critère qui explique que l’on puisse trouver sur une même liste les noms de Gandhi (1930) et de Hitler (1938). Pour 2010 c’est Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, qui a été retenu comme «personnalité de l’année». Or les lecteurs du magazine américain avaient pourtant choisi le «cyberactiviste» bien connu et fondateur de Wikileaks, Julian Assange à 382 024 votes contre 18 353 votes pour Zuckerberg. “Le réseau social que Mark Zuckerberg a créé (…) a mis en contact un demi-milliard de personnes et tisse leurs relations, Facebook est devenu le troisième plus grand pays au monde, il représente près d’un dixième de la planète” a déclaré le directeur de la rédaction Richard Stengel, qui a annoncé le classement sur la chaîne de télévision NBC. “Si Facebook était un pays il serait le troisième plus grand du monde derrière la Chine et l’Inde” a ajouté Stengel tout en reléguant le phénomène Wikileaks à une note au bas des pages de l’histoire. Il est vrai que le site de Wikileaks est fragilisé, qu’il a dû changer d’adresse, il est en effet maintenant «localisé» en Suisse (il est aussi, au besoin, hébergé sur des sites miroirs, des «miror sites») en raison des attaques qu’il subit depuis qu’il «laisse couler» des échanges entre diplomates américains. De plus, son fondateur est en prison! Mais si l’avenir de Wikileaks peut sembler incertain comparé à celui de Facebook, on peut se demander néanmoins lequel de Wikileaks ou de Facebook a la plus grande capacité d’ébranler le monde sur le plan politique. L’empressement avec lequel Mastercard, Paypal et autres modes de paiements sur internet ont coupé le financement à Wikileaks n’est-il pas significatif? Et ce d’autant plus que Julian Assange a annoncé au magazine Forbes que les prochaines «révélations» à être rendues publiques par Wikileaks allaient exposer sans équivoque la responsabilité de certaines banques dans la crise financière. Mais il est vrai aussi, comme le personnage de Zuckerberg ne cesse de le répéter dans le film Social Network, «que personne ne sait encore ce que Facebook va devenir», cependant pour le moment il semble que Facebook soit bien plus le véhicule du narcissisme contemporain et du repli dans la sphère privée de l’existence qu’un instrument de mobilisation politique. Alors, laquelle de ces deux plateformes est la plus subversive?

    BLx

  • Wikileaks, Facebook et le filtrage

    Facebook surveille ce que vous écrivez à vos amis. Parlez de vos fêtes, animaux, conquêtes féminines (ou masculines), pluie, beau temps ou même neige, mais pas de sujets qui fâchent comme fichiers bit torrent.

    En voulant répondre à la publication d’un de mes amis sur un article d’Ecrans.fr ou il est question de l’acharnement envers le site Wikileaks, Facebook m’a envoyé ce message sibyllin lors de ma tentative de publication.

    Ce message inclut du contenu bloqué signalé précédemment comme abusif ou indésirable. Contactez nous s’il s’agit d’une erreur.

    Voici donc ma réponse dans son intégralité (succinte car prévue pour Facebook)

    On peut être pour ou contre les révélations de Wikileaks, mais elles existent maintenant et rien ni personne ne pourra les faire disparaître d’internet.
    Des centaines de sites miroirs ont été mis en ligne (la liste ici) et une page didactique est prévue pour installer facilement le vôtre.
    De plus Wikileaks a prévu en cas de coupure ou de condamnation d’Assange une « assurance ». Il s’agit d’un fichier crypté disponible sur Bit Torrent dont wikileaks affirme diffuser la clé de décryptage en cas de problème majeur. Ce fichier nommé insurance.aes regrouperait tous les câbles US non censurés.
    Une véritable bombe atomique….

    Voilà c’est dit !

    A lire aussi :

  • Julian Assange (WikiLeaks) : Facebook est une « épouvantable machine à espionner »


    Sécurité - Le fondateur de WikiLeaks a vertement critiqué le réseau social mais également Google et Yahoo qu’il accuse de faire le jeu de services de renseignements américains.

    Dans un entretien accordé à Russia Today, Julian Assange s'est livré à une charge en règle contre Facebook, Google et Yahoo qu'il accuse d'être des outils au service des renseignements américains.

    Le fondateur et porte-parole de WikiLeaks s'en est particulièrement pris à Facebook qu'il considère comme la plus « épouvantable machine d'espionnage qui ait jamais été inventée ». Selon lui, le réseau social est « la base de données la plus complète du monde sur les gens, leurs relations, leurs noms, leurs adresses, leurs emplacements, leurs communications les uns avec les autres, et leurs proches », le tout accessible aux services de renseignement en cas de besoin.

    Facebook accusé d'être au service des renseignements américains 

    Assange ajoute même que Facebook, Google et Yahoo ont conçu des interfaces dédiées afin d'automatiser le processus. Il estime que les services de renseignements ont les moyens de faire peser une pression légale et politique sur ces compagnies pour obtenir des informations.

    Facebook a réagi aux propos d'Assange : « Nous ne répondons pas à la pression, nous répondons aux procédures légales obligatoires », a déclaré un porte-parole. « Il n'y a jamais eu un moment où nous avons été contraints de remettre des données [et] nous nous battons chaque fois que nous pensons que le processus juridique est insuffisant » a-t-il ajouté. (Eureka Presse)

  • source internet!

    Dahmane Amazigh source
    Yacef Saadi à négocié l'arrêt des bombes et l'assassinat des civils, il faut visionner le documentaire déja diffuser sur LCP, television française, le temoingnage de Yacef saadi. Moi je demande aux deux, Yacef et L. Ighilahrez d'arrêter ce genre de débalage public par respect aux memoires de nos valeureux tombés au champ d'honneur les armes à la main. Ce n'est pas de cette façon qu'on va connaitre les vérités sur la guerre d'Algérie. Sans parler des balances FLN contre MNA, etc,... Lire Le livre de Jacques Simon "L'algerie".

    Comment le FLN de Abane a balancé tous les messalistes de la Casbah, Ce n'est pas bon à dire mais la vérité un jour, on doit l'entendre crue même je sais qu'elle va faire des dégats. Par contre, les vraies balances ne parlent pas beaucoup. Ci-dessous la déposition d'un Ex president de la république sur l'affaire de la POSTE d'Oran.

    5 Avril 1950 :
    Un hold up aux allures militaires est perpétué à la grande poste d'Oran en avril 1949. Lors de la capture de l'OS (des militants de l'Organisation Spéciale, la branche armée et secrète du MTLD) Ben Bella. est arrêté
    Sa déposition complète (il est prolixe) est enregistrée le 12 Mai 1950.
    L'an mil neuf cent cinquante et le douze du mois de mai, Devant nous, Havard Jean, commissaire de la police des renseignements généraux, officier de police judiciaire, auxiliaire de M. le procureur de la République. Agissant en exécution de la commission rogatoire n°34 du 7 avril 1950 de M. Catherineau, juge d'instruction près le tribunal de première instance de l'arrondissement de Tizi Ouzou, étant subdélégué.
    Assisté de l'inspecteur officier de police judiciaire Tavera René de notre service. Pour faire suite aux renseignements contenus dans la déclaration de Belhadj Djillali Abdelkader Ben Mohamed, entendons le nommé Ben Bella Mohamed qui nous déclare :Je me nomme Ben Bella Mohamed Ben Embarek, né le 25 décembre 1916 à Marnia (département d'Oran, arrondissement de Tlemcen), fils de Embarek Ben Mahdjoub et de SNP Fatma Bent El Hadj, célibataire. J'ai exercé la profession de cultivateur à Marnia. Actuellement, je suis permanent rétribué du parti politique MTLD. J'habite Alger, chez Mme Ledru, 35, rue Auber. J'ai fait mon service militaire en qualité d'appelé au 141 RIA à Marseille. J'ai fait la campagne de France 1939-1940, puis la campagne d'Italie. J'ai été démobilisé avec le grade d'adjudant en juillet 1945.Je suis titulaire de la médaille militaire avec 4 citations. Je n'ai jamais été condamné, je suis lettré en français et quelque peu en arabe. J'ai fait mes études primaires au collège de Tlemcen (EPS) jusqu'au brevet. Mes études terminées, je suis retourné chez moi, dans ma famille à Marnia, où j'ai aidé mon père qui possédait un café fondouk et du terrain de culture. J'ai été appelé sous les drapeaux en 1937 et, comme je vous l'ai dit plus haut, j'ai fait la campagne de France et d'Italie pour être démobilisé en juillet 1945.

    Pendant toute cette période, je n'ai pas eu d'activité politique. J'ai commencé à faire de la politique juste après ma démobilisation. Je me suis inscrit aux AML (Amis du manifeste et de la liberté) mais je n'avais aucune fonction particulière ni aucune responsabilité. Aux élections municipales de fin 1945 ou début 1946, je me suis présenté sur une liste d'union indépendante. J'ai été élu et c'est quelques mois après cela que j'ai été sollicité par le PPA pour entrer dans le parti et organiser une section politique à Marnia. J'ai organisé la section de Marnia, puis ai été chargé de prospecter la région en vue de créer partout des noyaux politiques. C'est ainsi que j'ai eu l'occasion de me déplacer à Sebdou, Turenne, Hennaya et Nemours. Je n'ai pas obtenu les résultats escomptés.

    Je suis resté à Marnia jusqu'au début de l'année 1948. Un mois environ avant les élections à l'assemblée algérienne (avril 1948) le chef de la région politique qui m'avait contacté m'a fait connaître que je devais aller à Alger me mettre à la disposition d'un certain Madjid. L'endroit de la rencontre, un café actuellement fermé, qui se trouve aux environs de Monoprix à Belcourt, le jour et l'heure m'ont été fixés. Je devais me présenter à ce café maure avec un journal. Je ne me souviens plus exactement de quel journal il s'agissait, mais je me souviens qu'il y avait un mot de passe. C'est ainsi qu'à l'heure indiquée, j'ai rencontré Madjid. Je le voyais pour la première fois. Il m'a dit dans les grandes lignes ce que le parti attendait de moi. Une organisation paramilitaire, superclandestine venait d'être créée et le parti me mettait à la disposition de cette formation. Je vous précise qu'à ce moment-là, le MTLD existait et que j'en faisais partie. C'est donc ce parti politique qui m'a mis à la disposition de cette organisation paramilitaire qui prenait le titre de l'OS (Organisation spéciale) .Madjid m'expliqua en outre qu'il fallait obtenir la libération de l'Algérie par la force et que seule la violence était susceptible de nous faire atteindre l'objectif. J'étais désigné pour prendre la direction de l'OS en Oranie. Partout, dans les villes, je devais créer des groupes comptant un chef et trois éléments. C'est ce que nous avons appelé l'organisation "quatre-quatre".C'est au cours de contacts successifs que Madjid m'a expliqué le détail de ma mission. Durant mon séjour à Alger, j'ai fait la connaissance de Belhadj Djillali Abdelkader, Reguimi et Maroc.

    Avec Madjid, nous constituions une sorte d'état-major qui devait élaborer le plan d'instruction et de formation militaires. Belhadj Djillali était chargé de la rédaction des cours d'instruction militaire que nous supervisions, approuvions ou modifions en séance de comité. Quelques mois à peine, après les élections à l'assemblée algérienne, pour mettre en pratique ce que nous avions élaboré en théorie, avec le chef national Madjid et le comité d'état-major, nous avons décidé d'effectuer un peloton d'instruction à la ferme de Belhadj, au douar Zeddine, près de Rouina. Nous sommes restés là sept jours au cours desquels nous avons fait des exercices de tir au "colt" et de l'instruction individuelle technique du combattant. Nous disposions de deux "colts" dont l'un appartenait à Madjid, l'autre à Belhadj. J'ai commencé à organiser à Oran où j'ai désigné comme chef un certain Belhadj, employé à la mairie, au service du ravitaillement. Puis j'ai nommé à Tiaret comme responsable de notre organisation un certain Saïd, tailleur. Par la suite, j'ai organisé Relizane, Mostaganem et Tlemcen. J'ai placé à la tête de ces trois derniers centres respectivement Benatia, conseiller municipal, Fellouh, gargotier, et un troisième à Tlemcen dont je ne me souviens plus du nom. Je suis resté à la tête du département d'Oran jusqu'en avril 1949. J'ai été rappelé par le parti à la politique.

    Durant mes fonctions de chef de département, je venais assez régulièrement à Alger où j'effectuais des liaisons avec Madjid. Nous nous réunissions environ une fois par mois pour faire le point sur la situation de l'organisation paramilitaire. Je retrouvais là mes camarades de l'état-major. Ces petites réunions mensuelles duraient deux ou trois jours et à chacune d'elle nous avions le soin de fixer le lieu, la date et l'heure de la prochaine.

    Au sujet des armes d'instruction de mon département, elles n'ont pas été livrées par Alger, mais achetées sur place. Oran disposait de quelques revolvers 7,65, de deux colts et d'une mitraillette allemande qui, je crois, est celle qui a servi à l'attaque de la poste d'Oran. Je vous parlerai plus tard en détail de cette affaire. Pour les autres régions, je ne me souviens plus de la nomenclature des armes, il n'y en avait pas beaucoup. J'ai été remplacé par Boutlelis Hamou à la tête du département d'Oran. A Alger, le parti m'a placé à la tête du CO (comité d'organisation). Ma mission consistait en la réception des rapports des différentes wilayas d'Algérie, que je transmettais au parti. En retour, j'adressais à ces dernières les instructions données par la direction politique.

    Les réunions de wilaya avaient lieu mensuellement et chacun des chefs apportait personnellement son rapport. J'ai assumé ces fonctions jusqu'en septembre 1949. A ce moment-là, le chef national de l'OS, Madjid, est passé au berbérisme et le parti, en la personne de Khider, m'a chargé de m'occuper de l'OS. Durant trois mois, c'est-à-dire octobre, novembre et décembre, j'ai donc cumulé les fonctions de chef du comité d'organisation et de chef national de l'OS. A partir de décembre, j'ai abandonné mes fonctions spécifiquement politiques pour me consacrer à l'organisation paramilitaire.

    J'ai été remplacé au comité d'organisation par Saïd Hamrani. Depuis la fin 1948, le coup d'Etat berbériste était en préparation, et peu à peu les rangs de l'OS se vidaient. Cette crise a atteint son paroxysme au moment où Madjid a été mis dehors par le parti. C'est, je crois, en juillet-août 1949. Quand j'ai repris l'OS, la situation n'était pas brillante. Alger se subdivisait en trois régions, Oran et Constantine en deux. J'ai dû supprimer cette fragmentation et les trois départements ne formèrent plus qu'un seul bloc. A la tête du département d'Alger, j'ai placé Reguimi Marc, avec comme adjoint, Larbi, celle du Constantinois, Belhadj. Djillali, conservait sous mon autorité la direction des trois départements en ce qui concerne l'organisation paramilitaire. A la tête du service général, en remplacement de Ould Hamouda, arrêté, je plaçais Yousfi Mohamed. A la suite de la démission du docteur Lamine Debaghine, l'OS a subi une nouvelle crise. Belhadj Djillali était mis en veilleuse et remplacé par Reguimi. Il était accusé de s'occuper beaucoup plus de son commerce que de l'organisation.

    Alger, Oran et Constantine étaient respectivement dirigés par Boudiaf, Abderrahmane et Larbi. Maroc était rappelé à la politique. Yousfi conservait toujours la direction du service général qui s'enrichissait d'un groupe sanitaire. Je sais que le réseau complicité passait sous la direction de Ben Mahdjoub, Arab Mohamed conservant le service des artificiers. J'ignore quels étaient les responsables d'autres sections. A ce moment-là, l'OS avait la structure suivante :Un chef national placé sous l'autorité du parti. J'avais sous mes ordres un chef pour les trois départements et un chef de service général. Chaque département était placé sous l'autorité d'un responsable duquel dépendaient plusieurs chefs de zones. Pour Alger, il y en avait six ou huit : pour Oran, il y en avait un, enfin pour Constantine, quatre ou cinq. Tous les membres de l'OS, du chef national jusqu'au chef de zones, y compris le chef du réseau de complicité et le chef des artificiers, étaient des permanents du parti politique M.T.L.D, mis à la disposition de l'organisation paramilitaire. Ils touchaient un traitement mensuel. Les chefs de chaque département, le chef des trois départements, le chef du service général et moi-même percevions une mensualité de quinze mille francs, alors que les chefs de zones, le chef du réseau complicité et celui des artificiers percevaient douze mille francs par mois. Je vous ai dit qu'en ma qualité de chef national de l'OS, je dépendais directement du parti. J'étais placé sous l'autorité directe du député Khider. C'est à lui et à lui seul que je rendais compte de l'activité de la formation paramilitaire. C'est de lui et de lui seul que je recevais les directives et les consignes. Aucune décision grave, aucune réforme importante n'était prise sans en référer au député Khider. C'est d'ailleurs lui, qui, chaque mois, me remettait les fonds nécessaires à la rétribution des permanents de l'OS. Nous avions l'habitude de nous rencontrer une fois par mois, soit place de Chartres soit au 13 de la rue Marengo, soit dans un autre endroit quelconque. Il est évident que je le voyais d'autres fois à la permanence politique, mais pour l'OS, les contacts étaient mensuels. Aux différents cas que je lui soumettais et suivant leur importance, Khider les tranchait immédiatement ou me demandait un temps de réflexion. Je suppose donc qu'il sollicitait quelquefois l'avis du parti.

    Je veux maintenant vous expliquer les conditions dans lesquelles l'OS a été créée. Dans le M.T.L.D, comme dans tous les partis politiques, il y a ce qu'on appelle les détracteurs. Il y a les réfléchis, les pondérés, les exaltés, les violents qui trouvent qu'on n'en fait jamais assez et qui nous disaient que la libération du territoire national n'allait pas assez vite. C'est dans cette atmosphère et pour faire face au discrédit que le parti a décidé, pour montrer sa force et sa volonté d'action, de créer une organisation paramilitaire. Cette formation, qui avait pour but la libération de l'Algérie, ne devait intervenir qu'en cas de conflit extérieur avec la France ou de conflit intérieur grave. Et c'est toujours sous la pression des perturbateurs et pour céder à leurs exigences que certains actes de violence ont été commis. Parmi eux, je citerai le cas de l'attaque de la poste d'Oran. Je vous le dis immédiatement, il s'agit d'un coup de force exécuté par l'OS. Après le départ de certains éléments troubles tels que Madjid, par exemple, et à la lueur de l'expérience acquise, il était avéré que l'OS n'était pas viable. Le parti avait décidé de la supprimer. C'est ainsi que peu à peu, les éléments et les permanents qui étaient rappelés à la politique n'étaient pas remplacés. L'ordre formel avait d'ailleurs été donné à tous les élus M.T.L.D qui avaient été mis à la disposition de l'OS d'avoir à réintégrer le parti.

    A plusieurs reprises, je vous ai parlé de l'attaque à main armée perpétrée contre la poste d'Oran. Je viens de vous dire qu'il s'agissait d'une manifestation de l'OS, que ce coup de force avait été tenté pour satisfaire aux exigences des trublions politiques du M.T.L.D. Je vais donc par le détail vous dire tout ce que je sais sur cet attentat. Au début de l'année 1949, le M.T.L.D. subissait une crise financière assez aiguë et cela s'ajoutait aux tiraillements politiques. Je ne peux pas vous dire absolument si c'est Madjid qui était à ce moment-là le chef national de l'OS ou bien le député Khider, qui a imaginé ou conçu ce coup de force. En tout cas, ce que je puis vous affirmer, c'est qu'ils étaient au courant des faits, et que cette affaire n'a pas pu se réaliser, à condition que ce soit Madjid qui l'ait conçue, sans en conférer à Khider. D'ailleurs, par la suite, lorsque j'étais chef national de l'OS, les conversations que j'ai eues avec Khider m'ont démontré qu'il était parfaitement au courant des faits. C'est au cours d'une réunion de l'état-major de l'OS, à Alger, que Madjid nous a fait connaître l'intention du parti d'attaquer la poste d'Oran, pour se procurer de l'argent. Il m'a chargé de trouver sur place, à Oran, un local où nous pourrions en toute quiétude mettre sur pied le plan de réalisation d'une telle opération. Dès le début, nous avons désigné pour l'exécution Bouchaïb, de Temouchent, qui devait diriger l'expédition, Fellouh, de Mostaganem, Kheder, le chauffeur d'Alger, tous trois membres de l'OS. Cette équipe devait être complétée par trois ou quatre éléments supplémentaires choisis parmi les membres de l'OS ou des maquisards. Ces grandes lignes arrêtées, il était convenu que l'affaire se ferait au début du mois de mars et que Madjid viendrait à Oran, une quinzaine de jours avant, pour le montage définitif. Je suis rentré à Oran et j'ai immédiatement songé à utiliser le local dont le parti disposait, 1, rue Agent Lepain, à Gambetta, et j'en ai avisé Madjid.

    Il est arrivé vers le 20 février à Oran et a logé au local. J'ai omis de vous dire qu'il était accompagné de Khider. Ils ont été rejoints par les permanents Bouchaïb, de Temouchent et Fellouh de Mostaganem. Trois maquisards sont arrivés d'Alger quelques jours après. Je suppose qu'ils ont été désignés par Ould Hamouda, qui, à l'époque, devait être chef du réseau de complicité, par sa qualité de chef du service général. Ils ont certainement été reçus à la gare d'Oran par Bouchaïb qui les a conduits au local de la rue Agent Lepain. Comme cela est de coutume chez nous, ils devaient très probablement avoir un mot de passe et un journal, signe de reconnaissance. Je dois vous dire que c'est Madjid qui détenait les fonds nécessaires à la nourriture et qu'ils faisaient eux-mêmes leur popote. A cette époque, le parti m'avait rappelé à la politique. J'avais déjà pris mes consignes à Alger et j'étais en train de passer celle de l'OS, du département d'Oran à Boutlelis Hamou. Je ne pense pas que ce dernier à ce moment fût au courant de cette première affaire. Pour ma part, il avait été décidé que, deux ou trois jours avant le coup, je devais me créer un alibi en allant me reposer dans ma famille à Marnia, puis le lendemain de l'attentat me rendre à Alger pour y rencontrer Madjid. Environ six jours avant l'attaque de la poste, avec Madjid et l'équipe, nous avons tenu une réunion pour exhorter les exécutants à faire ce que commandait le parti. Pour cette réunion, Madjid et moi avons revêtu des cagoules noires du groupe de l'OS, d'Oran. Elles nous arrivaient jusqu'à mi-corps, nous étions assis dans la grande pièce centrale, face à la porte dissimulant nos pantalons par une couverture. C'est Bouchaïb qui nous a fait rentrer dans ce local et c'est lui qui a introduit les éléments, alors que nous avions la face voilée .C'est Madjid qui a pris le premier la parole. Il s'est adressé à l'auditoire enlangue arabe et a dit en substance : "Le parti a besoin d'argent, vous avez juré de lui obéir et il compte sur vous pour exécuter fidèlement la mission qui vous a été confiée."Il a expliqué succinctement qu'il s'agissait d'attaquer la poste d'Oran pour se procurer l'argent de la caisse de la recette. Il a ajouté que les détails complémentaires seraient fournis en temps utile par Bouchaïb. J'ai ensuite pris la parole en langue arabe pour confirmer ce qu'avait dit Madjid. Ici, je vous dois une explication. Dans les conversations préliminaires avec Madjid, il avait été décidé d'utiliser un taxi volé à son propriétaire. Madjid avait minutieusement étudié les détails de tout cela. Comme il avait été convenu, je me suis rendu à Marnia.

    L'opération, autant qu'il m'en souvienne, avait été fixée pour le 3 ou le 4 mars. Dès cette date écoulée, j'ai pris le train à destination d'Alger où j'avais rendez-vous avec Madjid. Je l'ai effectivement rencontré et il m'a expliqué comment l'affaire n'avait pas réussi du fait d'un mauvais fonctionnement de la voiture restée en panne à proximité de la poste. Quelques jours après, l'état-major de l'OS s'est réuni et nous avons décidé que cette affaire serait reportée au 4 ou au 5 avril 1949. Je suis retourné à Oran, où je devais terminer de passer mes consignes à Boutlelis. Madjid m'a rejoint vers les 23 ou 24 mars, et comme précédemment, il a logé au local de la rue Agent Lepain. Là, il a retrouvé les éléments, c'est-à-dire Bouchaïb, Khider, Messaoud Soudani, qui était permanent rétribué du parti, chef de zones d'Oran centre, un certain X de Palikao, qui avait remplacé Fellouh et deux des trois maquisards de la première opération, le troisième ayant, je crois, rejoint Alger. Cette fois, je n'ai pas paru au local. Je prenais contact avec Madjid à l'extérieur. Il avait été décidé que le coup se ferait le 5 avril au matin et comme la première fois, on devait utiliser un taxi volé. Pour ma part, je devais rejoindre Alger deux ou trois jours avant la date et revenir à Oran par le train de jour qui arrive à quinze heures.

    Madjid, lui, devait rentrer à Alger la veille, en prenant le train qui part d'Oran à vingt-deux heures environ. Ces consignes ont été scrupuleusement respectées et le 5 avril vers 13h je suis arrivé à Oran. A la sortie de la gare, j'ai rencontré Soudani qui m'a mis au courant du déroulement de l'affaire, me signalant qu'il avait été impossible d'utiliser un taxi, les chauffeurs étant très méfiants et qu'ils avaient dû user d'un subterfuge en se servant d'un docteur et de sa traction avant. Il m'a dit que l'argent se trouvait dans le local. C'est par le journal du soir Oran-Soir que j'ai connu le montant du vol et appris certains autres détails. Je devais reprendre le train du soir pour rendre compte de ma mission à Madjid. J'ai pris contact avec Boutlelis que j'ai mis au courant des faits, le chargeant en sa qualité de chef de département de veiller à la sécurité des éléments qui avaient perpétré le coup, et au moment du vol. Vers 17h30, ce même jour, j'ai vu Soudani et je lui ai dit de prendre contact avec Boutlelis, duquel il recevrait des instructions ultérieures susceptibles de parer à toute éventualité. Dès le matin, j'étais rentré à Alger par le train de la veille, au soir, j'ai pris contact avec Madjid auquel j'ai rendu compte de ma mission. Là, se terminait mon rôle. Par la suite, j'ai appris par Madjid lui-même que l'argent avait été transporté chez Boutlelis où le député Khider devait en prendre livraison. Ce fait m'a été confirmé par lui-même au cours de discussions et de conversations que nous avons eues alors que j'étais responsable du CO, puis chef national de l'OS. Le produit du vol a été entièrement versé au M.T.L.D. par Khider, la somme d'argent découverte chez Kheder le chauffeur représentait un prêt consenti par l'OS pour lui permettre de monter un garage personnel. Je ne vois rien d'autre à vous dire sur l'affaire de la poste d'Oran. Si par la suite il me revenait certains détails, je ne manquerai pas de vous en faire part ou de les dire au juge d'instruction. A l'instant, il me souvient que c'est Madjid, avant de prendre le train à destination d'Alger, qui a téléphoné ou qui est allé voir la femme du docteur. Les armes utilisées pour perpétrer l'attentat contre la poste d'Oran appartiennent toutes à l'OS de cette ville.

    S.I. (Sur Interrogation)- La somme d'argent que vous avez trouvée dans ma chambre, soit deux cent vingt-trois mille francs, se décompose comme suit : trente-huit mille francs m'appartiennent en propre, dont quinze mille francs de ma permanence du mois en cours. Le reste représente la Caisse de l'OS, constituée en partie par des cotisations et les dons et en partie remises par le député Khider.

    S.I. - Le revolver P 38 de marque allemande que vous avez découvert dans la poche de ma canadienne dans ma chambre est une prise de guerre de la compagne d'Italie.

    S.I. - La fausse carte d'identité, l'extrait de naissance au nom de Mebtouche Abdelkader, né le 9 mars 1919 que vous avez trouvés dans ma chambre m'ont été remis par le député Khider et ce, dans les conditions suivantes : quelque temps après l'attentat perpétré contre la poste d'Oran, la police est allée me chercher à Marnia, à mon domicile. Mes parents m'ont averti. C'est alors que j'ai demandé à Khider de me procurer de faux papiers. A sa demande, je lui ai remis deux photographies et quelques jours après, il m'a donné les papiers que vous avez découverts.

    S.I. - Je ne peux vous donner aucune indication sur les maquisards, je sais seulement qu'il y en avait deux, hébergés dans la région de l'Alma, un dans la région de Cherchell, un en Oranie, dans la région de Saint-Cloud et deux dans Oran-ville ou aux environs immédiats. Pour ces trois derniers, je pense qu'Abderrahmane, actuellement chef de l'OS du département d'Oran, pourra vous dire exactement où ils se trouvent.
    Quant à Bouchaïb et Soudani, depuis l'affaire d'Oran, je ne les ai plus revus. Je ne me souviens du signalement que d'un maquisard. Je l'ai aperçu alors que j'étais en cagoule. Il semblait être âgé d'une trentaine d'années, très brun, le nez épaté, petit et trapu.

    Lu, persiste, signe, signons.

    Et de même suite, disons que Ben Bella nous déclare :Aux mois de mars et d'avril, non : en avril seulement, pour l'attentat de la poste d'Oran, je me suis créé un alibi en passant la nuit qui a précédé cet attentat à l'hôtel du Muguet, à Alger.

    Lu, persiste, signe, signons.

    Copie certifiée conforme Le greffier Signé : illisible*

    Il s'agit en fait d'Ahmed Ben Bella. Texte reproduit intégralement conforme à l'original.

    Dahmane Source: Internet

  • Louisette Ighilahriz, l'inusable moudjahida, vent debout

    Tout est parti d’un documentaire, Fidaïyate, réalisé par Lamia Gacemi. En marge de la projection le 26 avril dernier, Yacef Saâdi s’est attaqué au statut de moudjahida de Louisette Ighilahriz. Celle-ci a décidé de contre-attaquer et de révéler dans la presse certaines vérités que beaucoup voudraient ne jamais voir publier. Ambiance.

    - Qu’est-ce qui a poussé Yacef Saâdi à vous attaquer ?
    Je ne sais pas. Je continue à me demander pourquoi il a tenu ces propos. J’ai été terriblement bouleversée lorsque j’ai lu ce qu’il a dit lors de son interview. Les explications qu’il avance pour dénigrer mon statut de moudjahida ne tiennent pas debout. Il affirme que je n’étais pas avec lui, mais je n’ai jamais prétendu avoir combattu à ses côtés, puisque j’agissais à cette époque en dehors de la zone autonome pour le compte des services de renseignements et de l’information. Je n’ai connu Yacef Saâdi qu’après l’indépendance, lorsqu’il a épousé ma sœur Malika (moudjahida, elle a fait partie du réseau Jeanson pour la zone autonome d’Alger, ndlr). Cette union n’a duré que quelques mois puisque mon père a refusé que Yacef fasse partie de la famille. Il disait que ce «genre d’homme» ne mettra jamais les pieds «chez moi». Après la décision de mon père de lui interdire l’accès à la maison, ma sœur Malika et Yacef venaient chez moi. C’est pour cela que, quand je l’entends dire qu’il ne me connaît pas, je tombe des nues. J’ai quand même été sa belle-sœur pendant quelques mois !
    - Que voulait dire votre père en parlant de ce «genre d’homme» ?
    Yacef Saâdi avait très mauvaise presse parmi les moudjahidine.
    - Quand vous dites qu’il avait mauvaise presse, qu’est-ce que cela laisse entendre ?
    La première des choses qu’on m’a dites lorsqu’on m’a ramenée en cellule, le 20 décembre 1957, après les séances de torture, c’est que Saâdi avait fauté…
    - En clair ?
    Ça voulait dire qu’il avait balancé beaucoup de gens. Mais ce que je dis, il le reconnaît lui-même. Tout le monde connaît cette partie de son histoire. Ce que je ne m’explique pas, c’est pourquoi, aujourd’hui, s’en prend-il à moi
    - Cette histoire n’est-elle pas finalement qu’un vieux conflit familial ?   
    Je ne le crois pas. Il m’a attaquée en tant que moudjahida et non en tant que sœur de Malika.
    - Vous racontez que lors des séances de torture que vous faisait subir le capitaine Graziani, celui-ci vous a reproché votre entêtement à résister, alors que d’autres avaient déjà donné des noms. C’est à ce moment-là qu’il vous aurait montré une photo de Zohra Drif-Bitat et de Yacef Saâdi assis ensemble…
    Le capitaine Graziani parlait très bien arabe. A un moment donné, il s’est approché de moi et il m’a mis sous le nez une photo montrant Zohra et Yacef assis ensemble. Sur cette photo, Yacef écrivait. Il avait les jambes croisées, et Zohra était à ses côtés. Le capitaine Graziani m’a dit : «Regarde, pendant que tu t’entêtes à ne rien dire, eux ils ont déjà parlé…»

    - Pensez-vous que l’on va assister à un grand déballage sur les dessous de la guerre de Libération nationale ?
    Nous traversons depuis quelques années une sorte de révisionnisme. Nous assistons à une remise en question de notre histoire, de notre révolution. Il y a beaucoup de zones d’ombre et de non-dits. Un certain nombre de moudjahidine ont réécrit leur propre histoire de combattant. Beaucoup ont usurpé des faits d’armes pour se les attribuer.   
    - En 2012, on pourra consulter les archives françaises relatives à la guerre. Vous pensez que certains «héros» ont du souci à se faire ?
    Absolument ! Beaucoup ont pris une posture de grand résistant, alors qu’ils ne le sont pas. Ils sont connus de tous les moudjahidate et moudjahidine. Je réserve les noms de ces personnes à la justice.
    - Pourquoi n’avoir pas dénoncé plus tôt l’imposture ? Par votre silence, quelque part, vous avez cautionné ces mensonges…
    C’est vrai. Mais la force et le pouvoir ont toujours été de leur côté. Nous, on s’est contentés de nos retraites et de nos pensions pour élever nos enfants et on a laissé dire tous les mensonges que certains ont mis en place pour se fabriquer une image très loin de la réalité. Mais maintenant, on a décidé de ne plus se taire. De ne plus être complices de certains mensonges. Personnellement, je continue mon combat quels que soient les problèmes auxquels je suis confrontée.
    - On a ouvert un chapitre de l’histoire que certains voudraient peut-être oublier...
    On l’a ouvert. Personne ne nous a autorisés à le faire. Vous savez que certains m’ont reproché d’avoir poursuivi en justice les généraux français ? L’Etat algérien a refusé de m’aider. Ce sont des entreprises privées qui sont venues à mon secours et ont accepté de m’aider financièrement lors du procès. 
    - Lors de ce procès contre le général Schmitt (lieutenant durant la guerre de libération, il avait qualifié Louisette Ighilahriz d’affabulatrice après ses propos sur la torture, ndlr.), celui-ci vous a glissé à l’oreille qu’il avait de la compassion pour vous, mais qu’il avait encore ses hommes à lui en Algérie…
    Absolument. Je l’ai constaté et vérifié. Il savait à l’avance qui j’avais vu, qui j’avais rencontré à Alger. Comment pouvait-il le savoir ? Lors de la dernière journée du procès, il m’a dit que ses hommes lui rapportaient quotidiennement mes faits et gestes. Qui sont ces hommes ?
    - Ne croyez-vous pas qu’il est temps pour les historiens d’écrire sur la guerre de Libération nationale de manière indépendante du pouvoir pour que les Algériens sachent enfin ce qui s’est passé ?
    Je le souhaite de tout cœur. Qu’on libère toutes nos archives pour qu’on puisse enfin dire la vérité.
    - Pour poursuivre en justice Yacef Saâdi, vous allez demander la levée de son immunité parlementaire (Yacef Saâdi est sénateur du tiers présidentiel, ndlr)…
    Oui, car en tant que sénateur, je ne peux pas le poursuivre en justice. Je lui demande de se comporter pour une fois comme un homme et de démissionner pour venir m’affronter au tribunal.

    Salim Mesbah
      El Watan

    Lire l'article dans El-Watan

    Bio express : Née le 22 août 1936 au Maroc. Engagée à 21 ans dans la Révolution, elle rejoint le maquis en pleine «Bataille d’Alger», car elle est activement recherchée. Grièvement blessée lors d’une embuscade, le 28 septembre 1957, elle est rapatriée d’urgence dans un hôpital où elle passera plus de trois mois dans les locaux de la 10e DP, à Alger, où elle sera torturée .

    Elle ne devra son salut qu’à l’intervention d’un médecin de l’armée française qui obtient son transfert en prison, alors qu’elle est entre la vie et la mort.

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    Nous ne devons pas compter sur Bouteflika ! Il ne cherche pas à démocratiser la vie publique !  S’il avait cette intention dés son arrivée au pouvoir, il n’aurait pas pris un 3ème mandat : donc Bouteflika n’est plus crédible ! il faut bien que quelqu’un interviennent pour démocratiser notre société ; et là, notre APN, avec ses 13 % des voix est mal placée pour cette tâche. Donc, le seul recours qui nous reste pour un passage à la démocratie dans la sérénité c’est l’institution militaire. C’est la seule institution qui nous reste. Elle est responsable de l’état des lieux dans notre pays. Elle a ramené Bouteflika ; qu’elle assume ses responsabilités ! C’est donc à elle que revient le devoir d’intervenir pour dissoudre cette APN mal élue et nous préparer des élections anticipées dignes du pays.

    Bey Mustapha Bebbouche