par M. Aziza, Le Quotidien d'Oran, 2 octobre 2010
Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, s'est montré réservé sur la question de savoir si l'Algérie a la possibilité d'exercer le droit de préemption, suite à l'annonce d'une éventuelle cession d'actifs de BP Algérie au profit de sa joint venture en Russie TNK BP. Interrogé par la presse algérienne et étrangère, lors du lancement jeudi du 3ème appel à la concurrence national et international pour les opportunités de recherche et d'exploitation des hydrocarbures, à l'hôtel Sheraton, le ministre s'est contenté de dire sans citer aucun nom « ils sont en discussion avec Sonatrach ». Et d'ajouter après insistance des journalistes « ils sont en train d'étudier la problématique avec Sonatrach » sans donner des explications ou des détails sur la position de notre pays et sur le sujet en général. Le ministre de l'Energie des Mines a préféré parler des appels à manifestation d'intérêt. Youcef Yousfi a affirmé que les demandes de pré-qualification qui sont parvenues à l'agence Alnaft, ont permis à 81 compagnies d'être pré-qualifiées au cours de cette première étape. En effet, pas moins de 45 sociétés étaient présentes jeudi à l'hôtel Sheraton. En tout et pour tout, 10 blocs pour exploration et exploitation ont été mis à la disposition des investisseurs. Des blocs situés dans les bassins les plus prolifiques, en l'occurrence Oued Mya, Illizi, Berkine, Sbaa et le Tel. Le ministre a affirmé par ailleurs, en réponse aux questions des journalistes, que la réglementation pour les périmètres offerts ne changera pas, en précisant qu'il est possible qu'Alnaft améliore certains articles quand elle juge que c'est nécessaire. Pour sa part, le président du comité de direction de l'agence Alnaft, Saïd Ali Batata, a affirmé que les deux derniers appels à la concurrence nationale et internationale ont été conclus par la signature de sept contrats, quatre ont été signés durant le premier appel d'offres et trois pour le deuxième. Le montant d'investissement pour le 1er appel à la concurrence uniquement pour l'exploration est de l'ordre de 272 millions de dollars. Et le montant des investissements du deuxième appel d'offres est évalué à 240 millions de dollars durant la phase d'exploration.
Enfin, Youcef Yousfi a indiqué que 20 découvertes sont enregistrées chaque année. « Le sous-sol algérien demeure sous-exploré », affirme-t-il en précisant que ce chiffre est appelé à être amélioré au vu des investissements prévus, des connaissances acquises et des moyens techniques et technologiques mis en œuvre.
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Dilem du Dimanche 03 Octobre 2010 | Vu 4953 fois -
l'algerie ,un pays foutu ,trés mal gouverne',par l'incompétence de ses gouvernants.
Théorème du pistonné : "Tout protégé de la Direction plongé dans une entreprise subit une poussée de bas en haut au moins égale au volume d'incompétence déplacé." Bruno Masure
"La violence ... est le dernier refuge de l'incompétence." Isaac Asimov
Catégorie : In vitro
Comment gouverner l’incompétence ?
« C’est en un temps de toutes parts sollicité par la médiocrité que je devrais agir pour la grandeur » (Ch. de Gaulle)
De Gaulle déclara un jour à Eisenhower : « Car je sais, comme vous-même le savez, ce qu’est un Etat, avec sa géographie, ses intérêts, son régime, son opinion publique, ses passions, ses craintes, ses erreurs. »(1). Sommes-nous sûrs de savoir, en Algérie, ce qu’est un Etat et de quoi parlons-nous lorsqu’est abordée la gouvernance ? La société humaine se construit des territoires... à l’instar des animaux qui marquent leur territoire, les hommes bâtissent les leurs : nations et empires, citadelles et palaces, territoires urbains et ruraux, cités interdites et bunkers, s’enfermant et réduisant l’ouverture sur les pays qu’ils gouvernent.
L’action de gouverner est un exercice ardu, et rares sont les pouvoirs qui ont pérennisé une gouvernance réussie. Personne n’est jamais incompétent, chacun possède à des degrés divers et dans différents domaines des capacités. La compétence des hommes a souvent pour corollaire l’incompétence des structures, et gouverner c’est aussi gérer l’incompétence des hommes et/ou des structures. Les structures élaborées par les hommes conduisent parfois ceux-ci à développer de l’incompétence en les figeant dans des cadres bannissant initiative et faculté d’adaptation.
Cependant, des instruments de gouvernance ont réussi à faire que rationalité et stabilité permettent d’éviter les comportements erratiques d’un pouvoir qui se personnalise. C’est pourquoi les institutions sont érigées pour évaluer la gouvernance. Mais dans un régime qui privilégie médiocrité et incompétence comme mode de gouvernance, pourvu qu’elles soient dociles, il ne résulte que servilité et clientélisme. Un système qui accroît les disparités sociales et aggrave la précarité, débouche sur l’échec de sa gestion. Des gouvernants qui refusent le partage du pouvoir produisent laxisme et impunité, corruption, compromission et incivisme.
Qui contrôle un gouvernement et comment s’évalue son action ?
Qui remet en cause les bilans présentés ?
D’autant qu’il n’est pas dit que ceux qui gèrent ont étudié les règles de la gouvernance... ou lu Machiavel.
Comment gouverner alors l’incompétence ?
Ceci est une question que se pose tout chef d’Etat à gouvernance problématique. Lorsque le général de Gaulle revient aux affaires en 1958, il fait face à trois défis majeurs : nécessité de changer de système politique, évidence de la dégradation de l’Etat et menace d’une guerre civile imminente.
La lecture des mémoires d’un grand homme d’Etat a ceci de particulier qu’elle nous situe au cœur de ce que fut, en son temps, l’exercice d’un pouvoir certain. « Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités », écrivait-il.
Cette réalité se décline en Algérie, depuis 47 ans, en un processus d’ancrage de l’incompétence comme fondement d’un Etat devenu autiste à la gouvernance. Alors qu’une partie de la jeunesse algérienne combat des hordes obscurantistes, et qu’une autre s’en va nourrir les poissons de la Méditerranée, une frange s’installe dans la franco-algérianité, ce qui est son droit, et le reste se laisse aller à la fatalité d’une non-gouvernance.
Ce n’est pas de gouvernance politique qu’il sera question ici. A ce niveau, le pouvoir a su probablement tenir la mesure de ses manœuvres, et il a fort à faire pour sortir le pays d’une sanglante tragédie. De ce point de vue, il serait indécent de ne pas reconnaître les efforts consentis dans la recherche d’une remise en marche équilibrée du pays, malgré l’existence de partis « faits pour le verbe, non pour l’action », de « gouvernements formés à force de compromis... et l’appétit impatient de candidats aux portefeuilles ».
On peut lire, par exemple, la politique des couffins comme une reprise en main d’une chasse gardée que manipulait un courant politique extrémiste pour asseoir son influence. Il est donc plausible que des actions paraissant irrecevables puissent trouver leur justification dans une telle démarche. Ce n’est pas le cas de la gouvernance pour le projet de société.
Il est fondamental qu’une fois mis en œuvre un ensemble de réformes, apparaissent rapidement des signes de redressement. Ce n’est pas le cas pour l’instant, empêtré qu’est le pouvoir dans la gestion de ses clientèles pour le partage de la rente, et de cet appétit impatient d’un lot d’incompétents candidats aux portefeuilles. C’est la gouvernance au sens de gestion et d’administration qui est abordée ici. De la même façon que depuis l’indépendance, faux moudjahidine et faux révolutionnaires ont pu infiltrer l’État, investissant une « famille révolutionnaire » surréaliste ; c’est une cohorte d’incompétents et d’incapables qui sévit au cœur de ce qui est censé mouvoir la promotion d’une société, c’est-à-dire l’Etat.
Cette incompétence est manipulée de façon à multiplier les routines d’une administration férocement bureaucratique, les archaïsmes d’une économie rentière et les miasmes d’une culture rétrograde de la supercherie. Pour l’administration, l’incompétence c’est l’impossibilité où se trouve un fonctionnaire de faire tel ou tel acte qui n’est pas de son ressort.
Dans le quotidien, c’est le manque de connaissances pour juger une chose, pour en parler et pour agir. On comprendra que l’incompétence, c’est tout à la fois l’incapacité pour un fonctionnaire de prendre une décision, que l’ignorance qui caractérise l’exercice d’une fonction. Ne sachant pas ce que représente sa fonction, souvent usurpée, il s’érige en mode d’une gouvernance sans normalisation au sens de « normer » des comportements. C’est à dire leur attribuer des règles afin qu’un ordre, ici la bureaucratie comme système d’organisation du travail, soit régi par la règle (M. Weber).
Comment cela se produit-il alors ?
La dilution des responsabilités, la non-représentativité des institutions concourent à un sentiment de vide institutionnel et une fragilisation de la société. Lorsque de hauts responsables avancent une décision, puis affirment le contraire, il se produit un effet de décrédibilisation des institutions.
Et si ce n’était quelques journalistes courageux prompts à dénoncer les méfaits de cette incurie ; les faiseurs de paroles, élus désignés au service de la « chita », sont rarement à leurs côtés, sauf rares exceptions connues. Tachons de voir quels sont les sept péchés capitaux de l’incompétence lorsqu’elle est érigée en mode de gouvernance.
1. Les routines administratives
Si l’ordre est régi par la règle, il ne peut sombrer dans la dictature des routines administratives qui constituent le virus d’inertie de la bureaucratie. Qu’est-ce qu’une routine administrative ? Lorsqu’on regarde les pratiques de l’administration, on est frappé par les routines incongrues qu’elle s’ingénie à mettre en place pour reproduire l’inertie. L’impéritie érigée en règle ! Ayant perdu sa principale vertu, respect de la norme et de la procédure, ou l’ayant pervertie, a contrario, par l’anarchie, elle entame sa régression vers l’incohérence et bloque le fonctionnement institutionnel, freinant toute stratégie de développement (il suffit de voir le mal que fait la bureaucratie aux projets d’investissement).
Deux courts exemples pour illustrer ces routines administratives :
l’accident meurtrier de Ghazaouet en août dernier a montré comment l’absence d’écoute et de communication, apanage d’une société structurée où les contre-pouvoirs fonctionnent, peut être fatale bien que des pétitions de citoyens avaient alerté les responsables. Mais le comportement routinier qui ne distingue pas entre les impératifs d’une gestion ad hoc des urgences et la planification pour améliorer les situations qui peuvent attendre, a fonctionné dans l’aberration autiste, avec des citoyens se révoltant, de façon aberrante aussi, en saccageant les symboles de ce pouvoir autiste. Sur un registre différent, un autre exemple de ces routines destructrices c’est l’inamovibilité de personnels, aux échecs patentés, à leurs postes de fonction publique.
Le système éducatif a à sa tête le même ministre depuis seize ans ; pourtant, il continue de faire l’objet de critiques et réprimandes de la part de l’Unesco. Qui passe son temps à s’autoréformer ne peut avoir la capacité de s’évaluer et donc de s’améliorer. Comment réformer un secteur qu’on est seul à gérer depuis si longtemps, sans admettre d’autres visions ? Une réforme exige de la rénovation, celle des esprits d’abord, donc des personnes ! Il est contreproductif qu’une personne demeure dans une fonction ad vitam aeternam, de surcroît après la preuve de son incompétence. La hiérarchie militaire, organisation régie par la règle, s’évertue à maintenir la mobilité de ses cadres, garantie d’une efficacité continue de ses effectifs. Sinon l’armée se sclérose.
Ailleurs, dans l’enseignement supérieur par exemple, qui exige du mouvement pour l’innovation et la recherche, pour s’adapter au changement ; des recteurs et des directeurs de centres de recherche demeurent en poste des décennies durant alors que la jeunesse des établissements, du corps enseignant, et de la pratique de la recherche exigent une accélération des processus de capitalisation et non une fossilisation d’incompétences « naturelles » de personnels statufiés à leur poste. Il est insensé qu’un centre de recherche soit piloté des décennies durant par la même personne (qui n’a rien d’un Von Braun), comme il est irrationnel de garder à la tête d’une université un enseignant transformé en fossile administratif dans son rectorat momifié ! C’est la paralysie qu’on introduit dans un corps qui doit évoluer pour s’épanouir.
On assiste alors à une overdose de routines administratives avec prolifération de textes et de règles sclérosantes ! On peut multiplier à l’envi ces exemples qui bannissent toute volonté de réforme. Cette forme de dégradation institutionnelle ouvre la voie à l’absence de créativité et de dynamisation d’une administration sans génie, pourvoyeuse d’immobilisme et nourricière de clientèles.
2. La gestion des clientèles
Nous vivons dans un système politique qui pratique l’exercice du pouvoir par la rente et qui fonctionne à l’allégeance plus qu’à la compétence. Une gouvernance par allégeance va diriger une administration dans un océan d’incompétence. Un pouvoir qui ne veut (ou ne peut) jouer son rôle de réflexion et de conception, marionnettiste d’une administration impotente, coupé de ses élites (même s’il fait du tam-tam pour mobiliser des élites exilées, oubliant qu’il les a formées, tout en précarisant et marginalisant ses élites locales), n’a d’autre alternative pour actionner ses routines administratives que de fabriquer des clientèles.
Cette fabrique de clientèles l’illusionne du sentiment d’agir sur la société, alors qu’elles sont le paravent d’une société méprisée qui lui tourne le dos et se suicide, qui s’exile légalement ou s’enfuie par harga, ou qui barre les routes et saccage ses symboles. Le clientélisme, ajouté au clanisme inséparable du pouvoir autoritaire, va consumer l’énergie d’un pouvoir acharné à maintenir des équilibres entre factions rivales, épuisant son potentiel pour concevoir des stratégies, les planifier et les évaluer, privilégiant improvisation et volte-face. Un pouvoir scotché à la conjoncture, pilotant à vue et gérant des clientèles. Au lieu de penser stratégie de bâtisseur, on concocte des stratégies de prédateur et des tactiques de bunker ! Selon les clientèles, vont s’élaborer lois et règlements au gré des circonstances, mais surtout à la faveur des variations du prix du pétrole.
Le seul opportunisme de la gouvernance sera tributaire non pas de la promotion de la valeur travail créatrice de richesses ; mais de l’allocation d’une rente à des clientèles nuisibles qu’un euphémisme trompeur qualifie de « mafia politico-financière », alors que c’est une oligarchie prédatrice, corruptrice autant que corrompue. Les mafias politico-financières sévissent partout dans le monde, la Suisse en est le meilleur exemple (voir les faillites liées à la crise financière et les scandales des grandes banques), mais elles assurent, volens nolens, de la gouvernance ! Tandis que la bureaucratie clientéliste se mord la queue pour reproduire son parasitisme au lieu de jeter les fondements d’un Etat moderne assurant une gouvernance institutionnelle (voir les pitoyables tentatives des régimes arabes et africains pour se doter d’héritiers). Les seuls héritiers dans les pays gouvernés, même par des mafias politico-financières, ce sont des institutions ... pas des clientèles ravageuses !
3. L’incohérence, certificat d’incompétence
L’organisation fait la force d’une société. Une politique qui manque de cohérence, programmant une chose et son contraire, contribue à dégrader l’architecture et le comportement de l’administration. L’absence de visibilité, l’insuffisance de prévisibilité et la versatilité des règles de gouvernance, dans l’exclusion des compétences, ne sauraient assurer un fonctionnement cohérent des institutions avec la fâcheuse impression que tout est décidé par un seul homme.
Il est crucial d’assurer la crédibilité des institutions par une structuration qui ne soit pas remise en cause entre lever et coucher du soleil, assurant une discipline administrative et un respect des règles. Il est important d’assurer l’intégrité dans le corps institutionnel et diminuer l’iniquité dans l’appareil administratif.
A titre d’exemple d’incohérence, les rémunérations des députés, apparues astronomiques et qui ont pu faire scandale, ne le sont qu’au regard de celles qui sont servies aux directeurs d’entreprises publiques ou aux hauts fonctionnaires de l’Etat. C’est dans cette forme d’iniquité que se joue la crédibilité de l’administration, sachant par ailleurs le peu de vraisemblance du « travail » des députés et autres sénateurs. Ces écarts s’avèrent dangereux pour la pérennité d’une règle socialement admise : la fixation d’une ligne spécifique de partage de la valeur.
La limite du niveau des rémunérations doit poser une borne aux avantages associés, qui, faut-il le rappeler, sont financés par des salariés, bien loin de gagner des sommes analogues, et qui sont lésés par ces pratiques cyniques et indécentes. La gouvernance exige la rémunération équilibrée et négociée de chaque partie responsable afin de maintenir son adhésion au système. Cette pratique incohérente de la rémunération, dans une économie rentière, constitue le principal facteur du génome de la corruption. Et ce ne sont ni les appels à la morale ni la création d’observatoires de la corruption qui stériliseront cette fécondation engendrée par un système qui refuse la question « qui doit gagner quoi ? ».
4. La gabegie, propédeutique à la promotion
Avec l’embellie financière des dernières années, des dépenses publiques sont gaspillées dans le luxe du train de vie officiel de l’Etat et dans les privilèges inutiles des hautes fonctions. L’inconséquence, ajoutée au laxisme du contrôle des crédits alloués, l’incompétence du suivi des opérations bancaires et le nombre d’intermédiaires ont favorisé la prédation et conforté une justice aux ordres, érigeant l’impunité des crimes économiques comme règle de gouvernance. De facto, la corruption de l’administration, voire de la société, devient systémique. Un pouvoir prédateur engendre des fonctionnaires véreux et une administration frauduleuse avec corruption des cadres et exclusion des élites. La promotion se fera sur le mode du donnant-donnant, dès lors que des sommes colossales inondent les caisses de l’Etat. Les scandales financiers touchant banques, ministères, entreprises publiques, et tant d’autres, ne sont pas dus à de simples dysfonctionnements, mais sont révélateurs d’une culture qui sévit au cœur de l’Etat et constituent la marque de fabrique du système.
Aujourd’hui, il est instauré une réduction des dépenses pour rationner la distribution de la rente. Du moins en réduire la part qui revient à la masse. Mais il serait équitable de commencer à réduire le train de vie et les privilèges de ceux qui dépensent sans compter, en toute impunité et sans contrepartie quant à la valeur ajoutée. Le salaire minimum, quant à lui, n’a pas suivi l’embellie et son niveau autorise tous les avilissements. Est-il normal que la rémunération du travail soit mise au placard en faveur d’une consommation improductive d’autant que, selon une enquête de la Banque mondiale rendue publique le mois dernier, la gabegie qui règne en Algérie en a fait l’un des pays au monde les plus gaspilleurs d’argent.
5. L’impunité, critère d’excellence de la responsabilité
Les nombreuses affaires de détournement et les procès annoncés (certains n’auront probablement jamais lieu), peuvent-ils se justifier par l’impéritie managériale avancée, comme le manque de prévoyance (les fameuses règles prudentielles) pour les scandales bancaires et ou ne sont-ils que la traduction d’une justice aux ordres dédiée aux soldes de compte entre rente et corruption, révélant les connexions classiques entre pouvoir et milieux d’affaires ? Mais qui sont les responsables de ces « affaires » ?
Dans un Etat de droit, la justice s’efforce de ne pas être au service du pouvoir, et les institutions concourent à cela. « L’échec est orphelin mais le succès a beaucoup de parents » : pas de responsabilité, pas de risque, pas de sanction, pas de relation stable entre l’Etat et le commis. Quand le débat politique est absent, le gouvernement n’entend personne et des auditions de ministres ne rendront jamais compte de la mauvaise gestion. De surcroît, comme ce sont les mêmes qui gèrent depuis des décennies, sauraient-ils remettre en cause leur gouvernance et reconnaître des erreurs. Quand on n’a pas comptes à rendre sur sa gestion, il devient naturel de n’agir que pour son propre compte, et de ne faire que ce que bon nous semble.
L’irresponsabilité crée ainsi la fiction d’un espace public mal géré et bute sur le fatalisme décliné par ces gouvernants sur l’incantation de l’ingérable « Allah Ghaleb ! ». Si l’on veut se prémunir des dérives du pouvoir autocratique, il y a nécessité de mettre en œuvre des procédures où l’exécutif doit rendre compte de sa gestion. Il n’existe pas d’homme omniscient. Un système d’évaluation fonctionne pour éviter de se tromper, ou du moins se corriger. Les élus du peuple, quand ils existent, font le travail qu’exige leur mandat et ne se contentent pas de bénéficier des privilèges pour flatter le prince du moment. Il est donc nécessaire de promouvoir l’alternance aux responsabilités. Réhabiliter la fonction de gouvernance dans un pays où, malgré leur échec, rares sont les responsables qui démissionnent, n’est pas chose aisée. Ils ne sont en réalité jamais responsables de leur incurie. On dira : « C’est le système ! ». Slogan qui bannit l’individuation.
faceD : http://lafaced.free.fr/
6. L’incurie, vecteur des haggara et harraga
L’exercice du pouvoir par la rente produit la corruption du pouvoir. De la même façon que l’avidité des Conquistadors a fait disparaître l’empire aztèque, l’incompétence des incapables fait disparaître les règles de l’administration. Cette impéritie structurelle, provoquant inaptitude des uns et des autres à résorber la crise de confiance, contrecarre la marche des affaires publiques. Face à une autorité qui a la prétention de vouloir tout contrôler, c’est l’improvisation et l’absence de rigueur gui caractérisent l’action des gouvernants. Si c’est le rôle du Parlement de contrôler l’action du gouvernement, le sentiment prévaut que l’Etat ignore le peuple et celui-ci pense qu’il n’y a plus d’Etat.
Et malgré la pléthore de fonctionnaires, dénoncée à longueur de colonnes de journaux, on apprend, selon un sondage réalisé par la société irlandaise International living, qu’au classement sur l’Indice de développement humain, l’Algérie vient à la 100e place, l’amenant ainsi à la l57e place sur un nombre de 192 pays où il fait bon vivre en 2008. A cela s’ajoutent l’inefficacité et l’absence de transparence dans la réalisation des services, des entreprises publiques ou privées, des procédures floues et des interventions au coup par coup. Dès lors, chacun, surtout les jeunes, se sent rejeté par les gouvernants, dans cette société désespérée de subir une bureaucratie hagarra et une administration exigeant des passe-droits pour la moindre démarche.
La mal vie et l’exclusion conduisent ainsi à la fuite, au délit de harga, suicide déguisé. L’accentuation des inégalités traduit le décalage énorme entre les dépenses sociales et leur impact sur le terrain. Un tel gaspillage, conjugué à la régression des conditions sociales et la généralisation des passe-droits va conforter l’arbitraire. La vision administrative, qui ne respecte pas la règle de droit, est contre-productive en termes d’efficacité économique, de crédibilité des institutions et d’opportunités d’attraction étrangère. On comprend alors pourquoi, entre autres raisons, l’Algérie a été classée dernière destination touristique satisfaisante dans le Top Country du Wanderlust Travel Awards 2009.
7. Le mépris, stade suprême de l’irresponsabilité
La « règle » des fonctionnaires qui renvoient la responsabilité d’un manquement sur une autre structure administrative entraîne un affaiblissement de la puissance régalienne et conduit à sa déliquescence. Ceci est symptomatique de la routine administrative et du défaussement qui entraîne l’irresponsabilité. Personne n’est jamais responsable, c’est toujours à l’autre qu’incombe telle ou telle fonction de contrôle ! Dans une société devenue matériellement avide et moralement brouillée dans ses attentes, ne sachant plus distinguer le fondé de l’insensé, le règne de la médiocrité s’instaure naturellement.
Lorsque le citoyen se retrouve malmené par une administration qui ne pratique ni le bon accueil, ni la transparence, ni la simplicité, ni la rapidité, il lui reste une seule voie à pratiquer : les connaissances pour les plus influents, et la tchipa pour les laissés-pour-compte. Le mépris affiché par cette administration produit le sentiment de hogra qui pousse à la désaffection dans un premier temps, et à la révolte par la suite ; mais une révolte individuelle, spontanée et erratique.
Il est difficile d’établir un processus de gouvernance avec un pouvoir rentier, populiste et paternaliste, car cela exige une conception de l’Etat, du citoyen, et des institutions qui s’accommode avec une démarche démocratique participative, politique et économique, et une coopération effective du citoyen dans la gestion de la chose publique, la res publica. Là où la politique est organisée pour cultiver les simulacres institutionnels et les apparences du jeu démocratique, dans un contexte économique verrouillé par de puissants intérêts occultes, il s’instaure le règne du chacun pour soi ; et s’érigent en comportements sociaux « normaux » la débrouille et le tbezniss.
Chacun assumant sa gestion sans respect pour la chose publique. C’est l’esprit « beyleck » qui prévaut. Cela conduit à la minorisation des classes moyennes, la paupérisation de pans entiers de la population et l’urbanisation anarchique abandonnée à la mal-vie. L’obsession de l’Etat de tout contrôler se traduit par une impuissance à réguler, produisant une anarchie continue. Le parcours du combattant et le temps perdu pour établir un dossier administratif ajouté à la désorganisation du travail et la cacophonie des textes, montre combien la bureaucratie malveillante constitue un déni de gouvernance. Regardons le temps qu’il faut pour lancer une entreprise, si l’on devait évaluer la piètre performance de l’administration, en termes de gâchis en temps et contraintes, c’est bien le signe d’une méthode de gouvernement rédhibitoire.
Les stratégies de bunkers qu’érigent des responsables usant et abusant de leur refus d’écoute de Monsieur Tout-le-monde pour privilégier les personnes recommandées renforcent le sentiment de mépris à l’égard du citoyen lambda. Alors que faire ? Le reproche adressé aux pays sous-développés d’être si mal organisés, aux économies non complémentaires, aux rivalités permanentes pour le pouvoir et aux élites qui refusent de céder ce pouvoir, trouve sa justification, en partie, dans l’absence d’anticipation. L’anticipation est au cœur de la gouvernance. Dans un pays à bâtir, une économie à structurer, une société marquée par l’absence d’équilibre, il est aberrant d’agir sans planification, sans une vision qui embrasse l’ensemble avec ordre parce qu’elle fixe des objectifs et établit une hiérarchie des urgences, bref un plan qui évite la confusion en matière de stratégie économique et d’évolution politique. L’administration qui s’est affranchie du plan dans un pays déséquilibré est inconsciente des enjeux stratégiques d’un avenir incertain et porteur de dangers.
Une gouvernance ne peut agir avec légèreté dans un climat d’incertitude, forcée et contrainte par des évènements et une gestion conjoncturels. Doter l’Etat d’institutions appropriées aux temps modernes et qui lui assurent stabilité et continuité, tel est l’enjeu de la gouvernance. Les règles de la gouvernance ont fait l’objet d’étude par les institutions internationales ; pour l’Union européenne, c’est l’obligation de rendre des comptes, la transparence, l’efficacité, la réceptivité et la prospectivité. Pour la Banque mondiale, la bonne gouvernance recouvre aussi bien la capacité du gouvernement à gérer efficacement ses ressources, à mettre en œuvre des politiques pertinentes, que le respect des citoyens et de l’État pour les institutions, ainsi que l’existence d’un contrôle démocratique sur les agents chargés de l’autorité. Il s’agit de réhabiliter les privilèges de l’Etat régalien, autrement dit permettre à l’administration d’exercer ses prérogatives de puissance publique. On citera ici sept points qui feront l’objet de développements dans un prochain article.
Restaurer la fonction publique laminée par l’inertie, mère des routines administratives et de la corruption endémique en réduisant le lot d’incapables activant uniquement dans les actes routiniers de la gestion communale au détriment de ce qui structure la cité : ponts et chaussées, urbanisme harmonieux, amélioration du cadre de vie, AEP, éclairage public de villes et villages devenus lugubres, équipements socioculturels, éducatifs et sportifs pour la jeunesse, infrastructures sanitaires, etc.
Réintroduire la règle des seuils d’incompétence, rétablir les concours promotionnels et bannir l’inamovibilité source de clientélisme, faciliter la promotion sociale par la formation professionnelle continue Ouvrir des canaux de communication contournant les paravents des clientèles parasitaires : chantiers culturels vers la jeunesse, valorisation du Grand Sud, socialisation des loisirs pour l’enfance, socle du pater familia algérien, socialisation de l’Etat par l’action sociale permanente et pas l’aumône ou la charité intermittente (couffin du Ramadhan), mais une politique sociale d’insertion, d’écoute, de proximité et non pas, encore une fois, des routines administratives chargées d’administrer la charité (Ansej, ADS, etc.)
Fonder une véritable école d’éveil pour une jeunesse prompte à l’éclosion plutôt qu’à la claustration. La ressource humaine et l’université sont au cœur de la performance et de la gouvernance par le développement des compétences et leur mise à niveau aux standards internationaux. Réhabiliter l’ encadrement sanitaire des populations en restaurant les métiers de la santé et le renforcement des structures hospitalières. Fonder une justice donnant sa liberté au juge et lui accordant une dignité sociale, afin qu’il jouisse de la capacité de réduire les injustices sociales et protéger l’Etat.
Mettre un terme au caractère archaïque et désuet de l’administration (documents multiples pour une seule finalité, redondance des procédures, multiplication des formulaires dont certains datent de plus d’un siècle, insuffisance de moyens) dont la mission devient complexe, mais moins contraignante eu égard aux nouvelles technologies, favoriser l’émergence d’une gouvernance qui cesse de distribuer à la bureaucratie parasitaire prébendes et privilèges. Dernier point enfin : aimer son peuple et son génie, mais aimer surtout sa jeunesse, l’ éduquer sérieusement sans penser seulement à la punir ! Considérée comme priorité nationale, la jeunesse sera l’alpha et l’oméga de la gouvernance.
Il est temps d’intégrer cette puissante composante de la société dans les rouages politiques car elle est l’avenir et la vraie richesse du pays. C’est elle la véritable famille révolutionnaire ! Pour éviter la prolifération de simulacres d’institutions, coquilles vides et sans lien social, il y a lieu de mettre en œuvre une gouvernance qui implique accessibilité, contrôle et transparence. La gouvernance n’est pas uniquement affaire de règles, elle s’instaure avec un contrôle évoluant dans la transparence.
Elle est avant tout déterminée par la confiance, la concertation, la limitation des responsabilités et la réduction du pouvoir d’une poignée de « décideurs », en lieu et place d’institutions habilitées. Lorsque la confiance déserte l’esprit d’une société se sentant « marginalisée et méprisée », le pouvoir doit s’attendre à toutes les formes de révolte possibles. Elle peut être passive par l’inertie, le désengagement et la démobilisation. Mais elle peut prendre aussi des formes violentes, pour l’instant localisées. Tout peut arriver si n’est pas prise en compte la désaffection des populations à l’égard d’un Etat qui n’écoute pas, ne va pas à leur rencontre et surtout ne partage pas avec eux les grandes décisions, ne les consulte pas, ne se concerte qu’avec lui-même ... l’omniscient n’est pas humain ! Il y a lieu d’aller vers une mobilisation accrue des compétences qui existent, contrairement à un certain discours gratifiant l’expertise étrangère, mais demeurent marginalisées et jamais écoutées par les gouvernants.
Il est aussi impératif d’assurer un retour vers l’impartialité de l’administration par une gestion nouvelle et renouvelée de ses cadres afin de combattre l’inamovibilité d’aficionados plus au fait du prince qu’à la res publica. Enfin, il est temps de rendre son indépendance à la justice. Tandis que les systèmes des pays modernes et leurs institutions sont stables et se perfectionnent en permanence, l’Algérie continue à subir les changements dans les changements, la gestion de l’urgent et de l’immédiat sans une vision de l’horizon.
Face aux crises profondes, ce sont des remèdes conjoncturels qui sont proposés. En matière de technologies de l’information, le Forum économique mondial a placé notre pays parmi les derniers de la liste, à la l08e place. La gouvernance en Algérie devra commencer par une rupture dans l’organisation du travail de l’administration et la méthode de nomination des hommes afin d’être un pays qui ne saurait survivre à la gestion du coup par coup et de l’à-peu-près et qu’on évite une gestion de la pauvreté au détriment d’une gestion des compétences. Ce mode de gouvernance sera capable de situer les responsabilités de chacun et l’évaluation institutionnelle de l’action gouvernementale. Serions-nous condamnés à être « un pays à la traîne, oscillant perpétuellement entre le drame et la médiocrité »(2) ?
Un changement de système de gouvemance est possible si sont mis en œuvre des mécanismes de contrôle pour mesurer les résultats atteints, identifier les écarts et cibler les obstacles pour corriger les finalités. Les institutions de contrôle doivent se renforcer et la transparence s’ériger en principe constitutionnel. Savoir écouter et être accessible constituent les fondements d’un pouvoir populaire. Mais pour y arriver, il faudra extraire les gouvernants de leur bulle démagogique, populiste et autiste... et surtout les sortir du Club des Pins, lieu incongru d’une gouvernance en villégiature !
Omar Benbekhti
Expert à l’Institut de développement durable des ressources. Oran
el watan du 13 septembre 2010
Notes de renvoi : (1), (2) Charles de Gaulle : Mémoires d’espoir. Le renouveau. Ed. Plon, 1970
Y-a-t-il un remède à l’incompétence ?
Le petit Robert définit l’incompétence d’une part comme l’inaptitude d’une autorité publique à accomplir un acte juridique ; ensuite comme l’insuffisance des connaissances ou de l'habileté nécessaire pour juger ou accomplir une chose. Nous avons tous autour de nous des gens incompétents, et peut-être d’ailleurs sommes-nous aussi, parfaitement incompétents dans certains domaines.
Mais comment le savoir ?
Eh bien, deux psychologues américains, Messieurs Dunning et Kruger ont cherché non pas à définir l’incompétence, mais à tenter d’apprécier si les personnes incompétentes étaient conscientes de l’être. Leurs observations valent leur pesant de cacahuètes.Ils ont fait passer à des étudiants des tests de logique, de grammaire et d’humour. Il ne s’agissait pas de tester leur savoir, mais leur aptitude à résoudre des problèmes accessibles à tous. Après avoir répondu aux questions, les étudiants devaient évaluer leurs résultats dans l’absolu, mais aussi par rapport aux autres.
Les étudiants qui avaient le mieux répondu évaluaient en général correctement leurs réponses (en sous-estimant parfois un peu leurs résultats), et pensaient que tous les autres avaient aussi bien réussi qu’eux. En revanche, les étudiants qui avaient le plus mal répondu - donc, les plus incompétents - étaient non seulement persuadés d’avoir très bien réussi mais aussi d’avoir réussi mieux que les autres.
Quand les étudiants testés furent invités à corriger mutuellement leurs copies puis à réévaluer leurs propres résultats, les plus compétents ajustèrent leur estimation antérieure, tandis que les plus incompétents persistèrent à affirmer que leurs réponses étaient excellentes. Certains, même, allèrent jusqu’à dire que, finalement, ils avaient encore mieux répondu qu’ils ne le pensaient initialement !
« L’incompétence souffle des conclusions erronées, écrit Kruger, mais elle interdit également de prendre conscience de ses erreurs. » C’est cette incapacité à s’auto-évaluer correctement qui explique que certains individus parfaitement incompétents s’obstinent à raconter des histoires qui ne sont pas drôles, ou que d’autres soient absolument incapables de comprendre qu’il existe des solutions plus appropriées que les leurs à un problème donné.
Cette constatation éclaire d’un jour nouveau ce qu’on appelle le principe de Peter. Le principe de Peter veut que, dans une structure hiérarchique, la promotion vers le haut concourt toujours à mettre les individus en place à des postes pour lequel ils seront parfaitement incompétents. Les travaux de Dunning et Kruger nous l’explique : c’est l’aveuglement (et l’ambition) des incompétents qui les pousse à accepter sans réfléchir des postes qu’ils seront incapables d’assumer.
Les personnes compétentes, elles, préfèrent rester à un poste qu’elles maîtrisent parfaitement et où elles font correctement leur boulot. On en déduira sans peine qu’en toute bonne logique, ce sont surtout les incompétents qui montent dans la hiérarchie et qu’un certain nombre pour ne pas dire la majorité des soi-disant élites de « La France d’en Haut » ne sont peut-être pas tout à fait à leur place.
L’incompétence peut-elle se soigner ? Dunning et Kruger pensent que oui : d’après une autre de leurs expérimentations, une formation adéquate aide les sujets incompétents à prendre conscience de leur inaptitude... et donc à progresser. Le malheur, c’est que le plus souvent, face à un incompétent, on a tendance à se taire, à fuir, ou à l’ignorer poliment. C’est un mauvais service à lui rendre : seul un autre son de cloche peut aider un incompétent à sortir de son incompétence. C’est aussi un mauvais service à nous rendre à nous mêmes : les incompétents finissent toujours par nous empêcher de travailler. Alors, la prochaine fois que vous entendrez un incompétent parler, expliquez-lui gentiment, mais fermement qu’il dit une connerie. Sinon, il pourrait devenir, mettons, ministre ou directeur de la fiction sur une chaîne publique de télévision. Et ça, ce serait dramatique.
Martin Winckler - 30 octobre 2002
Journal of Personality and Social Psychology, December 1999 Vol. 77, No. 6, 1121-1134 Justin Kruger and David Dunning - source : http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=318
Pour réussir, il faut être incompétent et lécheur de bottes
"Nous avons pris pour habitude de mettre aux postes de responsabilité ceux qui sont les moins compétents par la grâce d’un système absurde qui élimine les meilleurs pour ne laisser filtrer que ceux par qui la catastrophe arrive !.
Combien sont-ils ces cadres brillants et intègres qui feraient le bonheur de n’importe quelle firme à l’étranger, qui dirigeraient n’importe quel secteur en France ou en Allemagne et qui végètent dans une retraite anticipée sans avoir eu le temps de faire preuve de toutes leurs compétences ? .
Nous avons inversé la pyramide : pour réussir, il faut surtout ne pas montrer ce dont on est capable ! Il faut tricher, jouer à l’imbécile, ne jamais faire de remarques au chef, même quand il se trompe lourdement. Si vous vous faites remarquer par votre intelligence, votre sérieux au travail, votre hargne à réaliser de bons résultats, à corriger les erreurs de vos supérieurs, vous êtes bons pour le placard.
La clé de la réussite, certains l’ont trouvée avant vous : il faut aduler les chefs même quand ils n’ont pas de cervelle, il faut faire le minimum au boulot et ne jamais montrer qu’on est brillant (si on l’est réellement toutefois). Comme il est nécessaire de faire preuve de subordination, de docilité et de servilité. Plus on est obéissant et résigné, plus on est dominé, mieux on est vu par ses supérieurs. Un tel comportement vous vaudra des augmentations sensibles de salaire et un avancement conséquent dans votre carrière. Assurément, ce chemin n’est pas celui des hommes dignes et intègres.
Mieux vaut crever la dalle que de lécher les bottes d’un supérieur ! Ce chemin mène aux gloires éphémères, aux richesses mal acquises et aux bonheurs superficiels. Il ne mène jamais à la quiétude de l’âme et à la sérénité véritable qui naissent d’une conduite honorable et d’une respectabilité à toute épreuve. Souvent, les gens ordinaires vous disent à propos des occasions «ratées» : «Qu’est-ce que vous avez gagné ? Regardez F’len, il n’a pas cherché midi à quatorze heures. Il a profité de toutes les occasions. Aujourd’hui, il est milliardaire !» La belle affaire !.
Si nous devons tous prendre pour modèle ce genre de «réussite », nous ne serions plus qu’un peuple de larbins, cherchant par n’importe quel moyen à amasser des sous, encore des sous, rien que des sous."
Par Maâmar FARAH - Le soir d'Algérie - (2003)
farahmaamar@yahoo.fr
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La composition est propre au site founoune.com. -
no moment répète !!! rien ne va dans ce pays
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les "brûleurs" de désespoir !
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Sahel : Abou Zeid, l’irrésistible ascension
Al Jazeera a diffusé hier une photo des sept otages enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre au Niger, dont cinq Français. Les otages sont entourés par des hommes armés, aux visages cachés. Sauf un, le chef, sans arme. L’instigateur de ce rapt audacieux. Abdelhamid Abou Zeid, ancien contrebandier versé depuis dans le combat salafiste et qui n’arrête pas d’étendre dans le Sahel sa zone d’action… et d’influence. Portrait d’un djihadiste pas tout à fait comme les autres.
Un visage long, au front marqué par des rides profondes, surmonté d’un chèche et portant une barbe éparse et grisonnante… Il n’existe que très peu d’images de Abdelhamid Abou Zeid, de rares photos et des vidéos de mauvaise qualité. C’est sans doute pour cette raison que l’homme responsable de l’enlèvement de cinq Français, un Togolais et un Malgache, le 16 septembre dernier au Niger, nourrit tant de mythes. Le nouvel ennemi numéro 1 de la France n’est pas un Ben Laden : discret, il n’aimerait pas se montrer. Comble de l’histoire : depuis dix jours, le monde n’aura jamais autant parlé de lui. Mais qui est Abou Zeid, de son vrai nom Abid Hammadou, 45 ans ? Est-il vraiment le terroriste froid et sanguinaire, décrit par les médias français, qui aurait tué de ses propres mains le Britannique Edwin Dyer et Michel Germaneau ? Un salafiste comme l’Algérie n’en a jamais connu ? Ou un simple contrebandier à la solde d’Al Qaîda ?
Flash-back. «Nous sommes en 1998, à Takhoukht, en Kabylie, lors de la réunion constitutive du GSPC qui marque la scission avec le GIA, sous le leadership de Abdelmadjid Dichou, alias Abou Mossaâb», raconte un expert algérien du terrorisme. Quatre groupes principaux assistent à cet événement : ceux qu’on appelle «les Arabes» avec, parmi eux, Abdelmalek Droukdel, «les Kabyles», avec à leur tête Hassan Hattab, «les anciens militaires», sous la direction de Okacha et «les gens du Sud» (axe est-sud), à cette époque, pas très importants. Parmi ces derniers : Mokhtar Belmokhtar et… Abou Zeid.
Imaginer une Oumma
L’homme n’est pas nouveau dans le paysage. «Connu des services libyens et algériens depuis les années 1980, il fait plusieurs séjours en prison, où il est d’ailleurs maltraité», précise un autre spécialiste du dossier. Mais il ne fait alors que dans la contrebande. Selon le magazine Paris Match qui a publié hier une enquête sur le personnage, c’est en 1989, à la mort de son père, qu’il se serait mis à fréquenter les islamistes. Puis en 1992, il aurait basculé dans le trafic pour des réseaux de soutien aux groupes armés. «En 1993, on sait qu’il était chargé de recruter pour le GIA, poursuit-on du côté de la lutte antiterroriste à Alger. Proche de Kamareddine Kherbane, à l’époque responsable des relations extérieures du GIA, il est même devenu en 1995 un des bras droits de l’émir Belabdi Derradji.»
Son ascension commence et ne va pas s’arrêter. En 1996, il monte au maquis en Kabylie, où il aurait brièvement été chargé de la logistique et aurait échappé à une tentative d’assassinat de la part d’autres terroristes. Puis il rejoint la zone est-sud. Très vite, son chef, Abderrezak El Para, en fait son homme de confiance. Dès 1997, il achemine des armes au Nord-Mali pour préparer la base arrière du GSPC. Pourquoi ? «En se ralliant à Al Qaîda, le GSPC reprend la vision stratégique de la plupart des groupes salafistes dans le Sahel, explique un spécialiste à Alger. Le Maghreb islamique s’étend de l’Atlantique avec une profondeur africaine jusqu’au Sinaï. Ce qui explique pourquoi le centre ‘‘Droukdel’’ est descendu vers le Sahel.
C’est une façon de se démarquer du Maghreb arabe traditionnel en tant que frontière, zone géographique et entité politique. Et puis en Afrique, poursuit-il, la circulation des armes et le travail des groupes armés en général sont favorisés par le contexte : une région de coups d’Etat, d’instabilité politique, de pauvreté avec un système social et décisionnel tribal. Enfin, descendre vers le Sud permet d’imaginer une Oumma, de briser l’héritage des frontières, colonialiste et impie.
Homme fort du terrain
Les orientations d’Al Qaîda, d’Afghanistan et du Pakistan ont toujours insisté sur le Sahel, identifié comme région instable et tribale. La stratégie d’Al Qaîda était de faire migrer ses actions du Moyen-Orient vers le Maghreb islamique.»
Ce n’est qu’en 2000 que le nom d’Abou Zeid apparaitrait pour la première fois en tant que terroriste en activité dans la zone 5 du GSPC (Tébessa, Khenchela, Batna). En 2001, il fut chargé de préparer un convoi de fourgons pour un déplacement vers le Tassili qui finalement partira pour le Mali. «El Para a su dès 2002 qu’Al Qaîda ne pouvait plus compter sur Hattab et qu’il fallait un nouveau chef, poursuit une source proche du dossier. Le Sahel, zone grise, était l’endroit idéal pour créer une cellule. Voilà comment est née la katiba Tareq Ibn Zyad. El Para voulait devenir le chef et placer Abou Zeid comme l’homme fort sur le terrain. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce dernier est entouré d’anciens chefs de la zone 5.»Le tournant dans le parcours d’Abou Zeid survient en février 2003, lors de l’enlèvement des 14 touristes européens (9 Allemands, 4 Suisses et 1 Néerlandais) en vacances dans le Sahara algérien. «Abou Zeid faisait partie des négociateurs, aux côtés du gouverneur de Gao, d’Ag Bahanga et d’Iyad ag Ghaly», précise-t-on du côté algérien.
Rivalités
Il a alors 38 ans, mais, contrairement à d’autres djihadistes, il n’a pas «fait l’Afghanistan». L’enfant de la zaouïa El Abidia, près de Touggourt, doit se forger une autre légitimité. Celle du terrain. Son principal rival : Mokhtar Belmokhtar (MBM), d’environ sept ans son cadet. A l’exception de leur mariage avec des femmes de la tribu des Beni Omrane, les deux hommes ne se ressemblent en rien. MBM, lui, est revenu des camps de référence de l’Afghanistan. «Il connaît de nombreux chefs terroristes et s’appuie sur un réseau de contrebande très solide», poursuit un spécialiste des salafistes.
Comme le souligne Dominique Thomas, spécialiste d’Al Qaîda à l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris, «dans ce type d’organisation, il y a toujours eu des rivalités – rappelons-nous comment est né le GSPC, ou des purges à l’intérieur du GIA puis après du GSPC. Qui plus est dans un territoire géographique aussi grand. MBM a sans doute été très déçu de ne pas avoir gagné le leadership total après la mort de Nabil Sahraoui, émir du GSPC». Pour l’anecdote, après l’attaque de la caserne de Lemgheity en Mauritanie, Mokhtar Belmokhtar avait donné une interview dans le journal du GSPC, El Jamaa, où il ne cachait pas ses ambitions de devenir l’émir de la région.
Filmer et... parler d’argent
Bien sûr, l’histoire officielle du mouvement n’en laisse rien paraître. «Si on s’en tient au compte rendu du conseil des chefs de 2009, c’est MBM lui-même qui aurait laissé le chemin libre à Abou Zeid, note Mathieu Guidère, professeur à l’université de Genève, spécialiste d’Al Qaîda au Maghreb islamique. Le groupe voulait assainir les modes de financement du djihad. La contrebande sur laquelle s’appuyait Mokhtar Belmokhtar dans le Sahel ne pouvait plus être une solution. Mais comment trouver de l’argent sans trafic ? Leur responsable juridique a alors proposé de recourir aux prisonniers de guerre. Selon le droit de la guerre en Islam, rien ne s’y opposait. S’est ensuite posée la question de qui pouvait prendre cette nouvelle responsabilité. Mokhtar Belmokhtar, reconnaissant que ce n’était pas son domaine, le nom d’Abou Zeid est alors venu naturellement. Il était bien vu et participait déjà activement à la guérilla. Il connaît aussi très bien Droukdel depuis les années 1990.»
Son premier contact avec Al Qaîda remonterait en tout cas à 2004 : il aurait reçu un message d’éloges d’Abou Moussab Zerkaoui. «Il faut comprendre qu’Abou Zeid est dans une logique beaucoup plus doctrinale que MBM», poursuit un expert. «Il a interdit les anachide à ses combattants pour les remplacer par des récitations du Coran !, ajoute un spécialiste de la lutte antiterroriste. Il reproche d’ailleurs à MBM de trop verser dans le business, d’être devenu un notable et d’être trop infiltré par tous les services de la région.» Mais sur ce point, les versions divergent.
«Abou Zeid est tout sauf un fanatique religieux, assure un autre expert du dossier. C’est le Rockfeller du Sahel ! Rien qu’entre 2008 et 2009, le nombre d’affrontements armés enregistré entre contrebandiers et services de sécurité algériens dans la région est passé de 4 à 15 ! Soit trois fois plus. Il a créé une telle dynamique de richesse qu’il est désormais le seul avec qui veulent discuter ceux qui vendent des armes ou de la drogue. Bref, c’est un businessman. Il n’est pas comme Abou Moussab Zerkaoui qui filme ses otages et les égorge ensuite. Abou Zeid les filme et après… parle argent. Quant au message politique de ses actions, il le laisse à Droukdel.» Qui s’est retrouvé dans la même situation que Ben Laden une fois encerclé en Afghanistan.
Yémen et Arabie Saoudite
Il a demandé aux autres cellules de prendre l’initiative. Droukdel a fait la même chose : sa marge de manœuvre limitée en Kabylie, il s’est retrouvé obligé de demander aux combattants du Sud de prendre l’initiative. En clair : il fixe les grande orientations d’AQMI, mais ce sont les djihadistes sur le terrain qui décident des options.
Pour Dominique Thomas, il serait tout de même «réducteur de ramener Abou Zeid à un simple contrebandier. A la fin des années 1990, il était vital pour le GSPC d’être adoubé par Al Qaîda, cela a permis de donner à ses opérations une résonance internationale et d’éviter de tomber dans un combat localisé.Le prolongement dans le Sud était également vital pour l’organisation, dont l’extension au Maghreb avait échoué. Et pour cela, il fallait effectivement des armes, de l’essence, du matériel informatique, analyse-t-il. Donc, on peut penser que l’aspect économique a toujours été déterminant. De là à dire que l’appât du gain est leur seule motivation… La guerre de communication des gouvernements pour «délabelliser» ces mouvements de leur cachet religieux et les ramener à de simples groupes mafieux est une stratégie classique. C’est exactement la même chose au Yémen et en Arabie Saoudite.»
Filière au Burkina Faso
En 2007, Abou Zeid aurait poursuivi ses contacts avec Al Qaîda et rencontré un émissaire libyen de Ben Laden, arrêté par la suite, à qui il aurait exprimé son vœu de partir en Afghanistan. Son ambition : devenir chef. Pour cela, il recruterait pour monter son propre groupe, en Mauritanie jusqu’… au sein même de la fraction de MBM. «Abou Zeid aurait entendu dire que MBM était en train de négocier sa reddition, explique le spécialiste de la lutte antiterroriste. Al Qaîda lui a demandé de devenir le chef, dans un message intercepté par les services libyens et algériens. Il aurait encore rencontré un émissaire de l’organisation, probablement au Tchad. Et il exhiberait même un document selon lequel Ben Laden le chargerait officiellement de restructurer le mouvement en vue d’une nouvelle organisation. Il serait en relation avec une filière au Burkina Faso.» Ce qui correspondrait aux inquiétudes de Said Djinnit, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Hier à Dakar, il évoquait les «risques de propagation de la menace terroriste en Afrique de l’Ouest». Crédible ? Oui. Faisable ? C’est discutable.
Coup d’État
Pour un proche du dossier, MBM et Abou Zeid ont réussi «une sorte de coup d’Etat contre le Nord. Ils sont devenus autonomes. Maintenant, c’est en bas que ça se joue». La grande réussite d’AQMI dans le Sahel est d’avoir noué des alliances avec le réseau social. Mais ces liens seront-ils assez forts pour éviter les trahisons ? «L’histoire montre que la durée de vie d’un émir dans une zone comme le Sahel, où les pays sont suffisamment bien équipés pour terminer une guerre rapidement, est assez limitée, analyse Dominique Tomas. Et la comparaison avec l’Afghanistan ne tient pas : c’est une autre géographie et une autre sociologie. Les relations entre les talibans et les zones tribales pakistanaises reposent sur des bases sociales bien mieux ancrées qu’elles ne le sont au Sahel. Le ratio des combattants n’est par ailleurs en rien comparable. A en croire les documents, chaque katiba comprend une trentaine de personnes. En Afghanistan ou au Pakistan, les cellules fédèrent plusieurs milliers de combattants. Le jour où AQMI montrera des vidéos avec des centaines de combattants, on verra. S’ils continuent à recruter en Mauritanie, comme ils réussissent à le faire actuellement, les choses peuvent changer. D’autant que jusqu’à maintenant, l’organisation a échoué à maintenir un foyer de tensions suffisamment actif au Nord, faute de recrues au Maroc et en Tunisie, qui font, jusqu’à preuve du contraire, aussi partie du Maghreb islamique.»
Mélanie Matarese
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Al-Qaïda met en ligne une photo et un enregistrement des otages du Sahel
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a mis en ligne jeudi une photo des sept otages enlevés au Niger, dont cinq Français, accompagnée d'un enregistrement audio, un "signe encourageant" pour Paris.
Dans l'enregistrement, les cinq Français déclinent leur identité et affirment avoir été enlevés et être détenus par l'Aqmi, sans préciser leur lieu de détention.
Il s'agit de la première image et du premier enregistrement des otages depuis le rapt survenu il y a deux semaines.
"Nous avons été enlevés la nuit dans notre logement (...) par un groupe d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et nous sommes détenus à l'heure actuelle par Aqmi", déclare l'otage Daniel Larribe, qui se présente comme ingénieur, enlevé en même temps que son épouse, Françoise.
Il était interrogé en français par un homme qui lui demandait de dire par qui il avait été enlevé.
Les quatre autres otages français ont également décliné leur identité et dit chacun à son tour avoir été "enlevé et détenu par Aqmi", selon l'enregistrement audio d'une durée de 4 minutes et 5 secondes.
L'enregistrement était diffusé sur un site islamiste, accompagné d'une photo montrant les sept otages, dont un Togolais et un Malgache, enlevés au Niger.
Sur l'image, on peut voir les sept otages, dont Françoise Larribe, le visage flouté, les jihadistes ayant l'habitude de ne pas montrer les traits des femmes dans leurs vidéos ou documents filmés.
Il sont assis à même le sable sur un terrain désertique, et des hommes en armes, pour la plupart le visage couvert, se tiennent debout derrière eux pointant leurs armes vers leur dos.
"J'ai 62 ans et demi, je suis mariée (...) J'ai été enlevée dans mon domicile, dans ma chambre dans la cité des cadres à Arlit, à l'intérieur de ma maison par Aqmi. Je suis toujours détenue par Aqmi", dit Françoise Larribe.
Le document, diffusé par le site islamiste Shamikh1.net, porte la mention en français "Photos et enregistrement audio pour les otages français au Niger". Il a été produit par Al-Andalus media, bras médiatique de l'Aqmi.
Les sept otages, dont un cadre d'Areva et son épouse, et cinq employés de Satom (trois Français, un Malgache et un Togolais) ont été enlevés à leur domicile à Arlit (nord du Niger) dans la nuit du 15 au 16 septembre.
Selon une source malienne, les otages sont "détenus entre les déserts malien et algérien", dans la zone du Timétrine, une région de collines désertiques dans le nord-est du Mali, à une centaine de kilomètres de la frontière algérienne.
Leur enlèvement a été revendiqué par Aqmi, avec lequel les autorités françaises se sont déclarées prêtes à négocier.
A Paris, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, a annoncé que la photographie avait été authentifiée" et qu'elle "constitue un signe encourageant dans la mesure où elle montre tous les otages en vie".
Le chef de la diplomatie Bernard Kouchner a laissé entendre que la France reste dans l'attente des exigences des ravisseurs. "En dehors de l'image, nous n'avons rien d'autre", a-t-il déclaré. "Nous attendons d'autres précisions, des précisions indispensables".
"C'est un signe encourageant, très encourageant", a pour sa part déclaré la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, après une rencontre avec le président nigérien Salou Djibo à Niamey.
Après les rapts, Areva et Niamey s'étaient rejeté la responsabilité de la faille du dispositif sécuritaire du site d'extraction d'uranium à Arlit.
"La sécurité c'est à la fois une affaire d'entreprise mais c'est aussi une affaire d'Etat. (...) Tout le monde est un peu responsable", a estimé la patronne du géant nucléaire français qui a lancé un audit interne sur la sécurité de son site d'Arlit.
Mme Lauvergeon, qui s'exprimait publiquement pour la première fois depuis les enlèvements, a toutefois vanté "la solidarité et l'unité" entre le Niger et son entreprise.AFP
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Suisse: des affiches assimilant Roumains et Italiens à des rats font scandale
zoomDe mystérieuses affiches xénophobes, montrant depuis lundi trois rats roumain...De mystérieuses affiches xénophobes, montrant depuis lundi trois rats roumain et italiens grignotant un fromage suisse, alimentent scandales et spéculations dans le Tessin helvétique (sud) où les commanditaires de cette campagne demeuraient inconnus jeudi.
Les trois rats à la mine patibulaire, dépeints sur la centaine d'affiches placardées dans le canton frontalier de l'Italie, représentent un voleur roumain, Bogdan, un carreleur italien, Fabrizio, ainsi qu'un certain Giulio, avocat qui représenterait le ministre italien des Finances Giulio Tremonti, explique le site internet www.balairatt.ch ("Les rats dansent") créé selon les médias suisses par l'agence de publicité à l'origine de la campagne.
Le site dénonce également dans des textes l'"invasion" des 45.000 travailleurs frontaliers dans le canton et "la criminalité importée".
Ces affiches ont provoqué un tollé dans la Confédération où les opposants à l'Europe sont connus pour leurs campagnes particulièrement agressives.
Mais cette fois, les commanditaires restent inconnus. Parmi les politiques jugés suspects par la presse, le parti de droite populaire notoirement xénophobe, UDC, interrogé par l'AFP, a formellement démenti être impliqué. L'UDC a pourtant été à l'origine de campagnes de la même veine, mettant en scène des moutons blancs suisses expulsant du pied un mouton noir étranger, des corbeaux représentant des Roumains et des Bulgares grignotant le drapeau helvétique ou encore une femme voilée devant des minarets en forme d'ogive nucléaire.
Un responsable tessinois du parti pointe du doigt la Lega. Mais ce parti populiste du Tessin créée en 1991 dans la lignée de la Ligue du Nord italienne, dément formellement à son tour. "Nous n'avons rien à voir avec cette campagne qui est allée un peu trop loin même si nous avons des problèmes avec les étrangers", a expliqué à l'AFP, son chef Giuliano Bignasca.
Selon le responsable, il s'agit ni plus ni moins d'une "campagne publicitaire pour les fromages suisses".
L'auteur de l'affiche, Michel Ferrise a déclaré au Matin que son commanditaire était "probablement un entrepreneur". Sans toutefois convaincre.
Le voile devrait être levé vendredi, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources concordantes.
Reste que l'affaire a créé un malaise au Tessin où la Lega a appelé récemment à mettre les Roms "dehors ou dans des camps".AFP
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Le virus informatique Stuxnet assorti d'indices impliquant Israël
Le virus informatique Stuxnet, qui sévit en Iran, contient une référence au Livre d'Esther, récit de l'Ancien Testament dans lequel les juifs déjouent un complot perse visant à les détruire, signe possible d'une implication israélienne, affirme jeudi le New York Times.Le virus informatique Stuxnet, qui sévit en Iran, contient une référence au Livre d'Esther, récit de l'Ancien Testament dans lequel les juifs déjouent un complot perse visant à les détruire, signe possible d'une implication israélienne, affirme jeudi le New York Times.
Un fichier contenu dans le code du virus est baptisé "Myrtus", une allusion au mot Esther en Hébreu. Il peut s'agir selon le New York Times d'une signature israélienne ou d'un leurre destiné à brouiller les pistes.
Les experts en sécurité informatique estiment que Stuxnet peut avoir été conçu pour cibler les site nucléaires iraniens, les principaux suspects cités étant Israël et les Etats-Unis.
Téhéran a affirmé cette semaine que le virus était en train de muter, provoquant des dégâts dans les réseaux informatiques du pays, mais a démenti que la centrale nucléaire de Bushehr, la plus importante du pays, ait été touchée.
Stuxnet s'attaque à un logiciel de l'Allemand Siemens employé pour le pilotage industriel des entreprises.
Le virus, dont personne n'a revendiqué la paternité, a aussi touché l'Inde, l'Indonésie, le Pakistan et la Chine.
Le New York Times souligne qu'il n'y a pas de consensus parmi les experts sur l'origine de Stuxnet, mais "qu'il y a de nombreuses raisons de soupçonner une implication d'Israël".
Selon le quotidien, c'est un consultant en sécurité informatique allemand, Ralph Langner, qui a le premier relevé la référence au Livre d'Esther.
Mais Shai Blitzblau, responsable d'un groupe israélien de sécurité informatique, a assuré de son côté au quotidien, qu'il était "convaincu qu'Israël n'a rien à voir avec Stuxnet".
Israël et de nombreux Etats occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'activités civiles, ce que Téhéran dément.AFP
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Scandale Orascom : Et si on en parlait vraiment ?
Rien ne va plus entre le gouvernement algérien et la firme égyptienne Orascom dont la filiale algérienne Djeezy est poussée à la faillite. Depuis maintenant presque une année, les deux parties sont en conflit ouvert. Djezzy a fait l’objet d’un redressement fiscal de plus de 600 millions de dollars. L’Etat algérien n’a pas autorisé Orascom Telecom Holding à vendre sa filiale algérienne, affirmant vouloir exercer son droit de préemption. Naguib Sawiris, propriétaire d’Oracom, s’est laissé allé à des confidences amères sur le président Bouteflika qu’il a accusé d’être ‘derrière tous les investissements étrangers en Algérie » et que rien ne pouvait se faire « sans sa bénédiction ». Réaction algérienne : une plainte est déposée contre Djezzy pour fausse déclaration fiscale et le directeur général de cette filaiale a été convoqué hier par la police algérienne.
Mais qu’est-ce que le scandale Orascom au juste ?
Avant que les autorités algériennes, dans la foulée d’une campagne anti-égyptienne née de matchs de qualification pour le Mondial entre l’Algérie et l’Egypte, ne « découvrent » l’entreprise égyptienne à la prospérité douteuse, Orascom avait prospéré sous la protection du pouvoir algérien et avec sa totale complicité. En 8 années d’activité, cette firme de téléphonie mobile avait dominé le marché (Djezzy, la filiale algérienne, comptait 14 millions d’abonnés) et réalisé une plus-value de plus de 2 milliards de dollars sur le dos de l’Algérie en revendant sa filiale algérienne, la société Ciment blanc d’Algérie holding (Ciba) qui regroupe deux cimenteries (M’sila et Mascara) au géant français Lafarge en septembre 2007, quelques années seulement après son acquisition auprès de l’Etat algérien.
Le scandale est que Sawiris, fort de l'appui de Bouteflika, a bénéficié des largesses pour s’installer et pour se renflouer sans aucune difficulté. Banques et ministres de la République étaient à sa disposition.
Orascom, c’est le « carré » de Bouteflika.L’implantation d’Orascom en Algérie est le fruit d’une magouille couverte par le président de la République et qui eut lieu en 1999, à l’arrivée de Bouteflika au pouvoir. En ce temps-là, les monarchies arabes espèraient une Algérie réorientée vers une engeance arabo-islamique, qui intégrerait leur sphère d’influence, mais également de Bouteflika la reconnaissance du ventre.
Les autorités de Riad et d’Abou-Dhabi furent, en effet, d’une grande prodigalité envers Bouteflika, dans ses années d’exil. Cela commença à Genève, où le futur président algérien avait été pris en charge par Zaki Yamani, alors patron d'Air Harbour Technologies, spécialisée dans le tourisme d'affaires au Moyen-Orient et en Afrique. A Paris, l’ambassade des Emirats payait tous les frais de Bouteflika, ceux du transport aérien notamment. C’était avant que l’ancien ministre tunisien Masmoudi ne l’aida à s’installer aux Emirats.
A Abu Dhabi, Bouteflika avait passé son séjour entre un logement mis à sa disposition par cheikh Zayed Ben Sultan Al Nahyan, chez qui il a travaillé comme vague conseiller à l'Institut des études stratégiques, et l'hôtel Intercontinental, aux frais de l'ancien ministre des Affaires étrangères émirati M. Souidi. Il se rendait assez souvent au Centre culturel de la ville, dirigé par le fils de Souidi, où, dit-on, il participait à des débats privés, parfois des discussions informelles avec des représentants des corps diplomatiques occidentaux et arabes.
Au président Chadli qu’embarrassait cet exil doré accordé à un ancien ministre de la République, cheikh Zayed donna cette explication chafouine : « Mieux vaut que Bouteflika soit pris en charge par les Emirats que par Saddam ou Kadhafi. Et puis, il est préférable pour nous tous qu’il ne subisse pas l’exil en France. »Une fois élu président de la République, Bouteflika eut la reconnaissance du ventre et se fera fort de se souvenir de l’hospitalité des amis émiratis qui l’avaient hébergé. Il leur accordera de juteux marchés au mépris de la réglementation et le droit de chasser les espèces rares dans le désert algérien.
C’est toute l’histoire d’Orascom et de Djezzy, sa filiale algérienne.
D’une dette que le nouveau président Bouteflika avait envers ses bienfaiteurs émiratis.
Personnage central : Mohamed Al Shorafa affairiste émirati et ami de Bouteflika. Les deux hommes se sont connus aux Emirats dans les années d’exil de Bouteflika. Dès que fut certifiée, en novembre 1998, la désignation d’Abdelaziz Bouteflika par la hiérarchie militaire comme futur président de la République algérienne, Mohamed Al Shorafa s’empressa de créer, le 11 décembre 1998 à Abu Dhabi, une modeste société familiale, dénommée United Eastern Group.C’est le gérant de cette petite firme toute nouvelle, sans prestige, sans fonds et sans patrimoine que Bouteflika présentera comme « grand partenaire arabe » et qu’il recevra avec tous les honneurs à la Présidence dès juin 1999. Al Shorafa, un escroc notoire, impliqué dans les plus grands scandales de ces dix dernières années, entrera dans le monde des affaires algérien par la grande porte du palais d’El Mouradia. Bouteflika confiera à la modeste United Eastern Group d’immenses marchés, comme la rénovation et l’extension du port d’Alger et de l’aéroport Houari-Boumediène, la construction du port de Djendjen, la zone franche de Bellara et, surtout, la deuxième licence de téléphonie mobile ! L’accord entre cette petite SARL et le gouvernement algérien se fera le 4 août 1999 entre Al Shorafa et le conseiller spécial de Bouteflika, Rachid Aïssat, devant les caméras de la télévision algérienne. L’agence de presse officielle APS rapporte l’évènement, et les journaux publics en feront leur titre de première page !
Mohamed Al Shorafa agissait en fait en tant qu’actionnaire de la firme égyptienne Orascom à laquelle il devait rétrocéder le marché de la téléphonie mobile. Au final, ses relevés de compte montrent que « trois ans après l’ouverture de ses bureaux en Algérie, Al-Shorafa possédait moins de 100 dollars en banque. » Et lorsque les banques publiques refusent de lui accorder des prêts, « des ordres venus directement de la présidence [les] contraignent à débourser l’argent demandé », fonds qui « n’aident même pas au démarrage du plus simple projet ».
Des cadres algériens s’opposent alors à l’arnaque. Il déposera plainte contre le directeur du Matin, plainte qui se soldera par une condamnation à trois mois de prison ferme. Bouteflika nourrira une grande rancune envers les journaux algériens pour cette révélation handicapante pour sa réputation.
Il parviendra cependant à faire bénéficier Orascom de la licence GSM en bafouant toute la règlementation.Orascom bénéficiera ensuite de l’appui de Bouteflika pour jouir d’un montage financier des banques publiques et privées algériennes pour toute ses activités. Faut-il rappeler également que son projet de réalisation de deux lignes de production de ciment blanc et de ciment gris basées dans la région d’Oggaz près de Mascara a été financé à hauteur de 61% par les banques publiques et privées algériennes ?
Le coût total de cette opération est évalué à 538 millions de dollars (38,74 milliards de dinars). L’histoire retiendra que jamais une entreprise algérienne ou étrangère n’a mobilisé autant de banques de renom pour concéder un montant aussi important.
C’est tout cela, le scandale Orascom…L.M.
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Quand Sawiris accuse Bouteflkika, il parle en connaisseur
Naguib Sawiris, propriétaire d’Oracom, la firme qui acumule les différends avec le pouvoir algérien, s’est laissé allé à des confidences amères sur le président Bouteflika qu’il a accusé d’être ‘derrière tous les investissements étrangers en Algérie » et que rien ne pouvait se faire « sans sa bénédiction ».
Ces propos lui valent de subir un retour de boomerang. Une plainte est déposée contre Djezzy pour fausse déclaration fiscale et le directeur général de cette filaiale a été convoqué hier par la police algérienne.
Mais Sawiris a-t-il vraiment exagéré ?
En fait, il parle en connaissance de cause. Il a été le premier à bénéficier de cette « bénédiction » de Bouteflika. Sans cela, Sawiris n’aurait jamais mis les pieds en Algérie.
Le nouveau chef de l’Etat algérien, qui était redevable aux monarchies arabes de l’avoir hébergé durant sa « traversée du désert », foula aux pieds la réglementation algérienne et les lois de l’attribution des marchés, afin de favoriser Orascom dans l’obtention de la deuxième licence GSM, aux dépens d’autres opérateurs comme l’espagnol Téléfonica ou le français Orange.
Le dossier était défendu par un homme d’affaires à la triste réputation, Mohamed Al Shorafa affairiste émirati et ami de Bouteflika, dont il s’occupait du bien-être sur ordre du cheikh Zayed.
Mohamed Al Shorafa agissait en fait en tant qu’actionnaire de la firme égyptienne Orascom à laquelle il devait rétrocéder le marché de la téléphonie mobile. L’accord entre cette Al-Shorafa et le gouvernement algérien se fera le 4 août 1999 entre Al Shorafa et le conseiller spécial de Bouteflika, Rachid Aïssat, devant les caméras de la télévision algérienne. L’agence de presse officielle APS rapporte l’évènement, et les journaux publics en feront leur titre de première page !
Des cadres algériens s’opposèrent alors à l’arnaque. Ils furent réduits au silence, à commencer par le ministre des Télécom, M. Youyou. La presse algérienne dévoilera le pot aux roses et Al Shorafa déposera plainte contre le directeur du Matin, plainte qui se soldera par une condamnation à trois mois de prison ferme. Bouteflika nourrira une grande rancune envers les journaux algériens pour cette révélation handicapante pour sa réputation.
Sawiris bénéficiera même de la faveur exceptionnelle de ne verser le prix de la licence qu’après deux ans d’activité.
Autrement dit, il a acheté la licence GSM, avec l’argent de l’Algérie !Deuxième coup de pouce de Bouteflika
Comment Sawiris a-t-il pu acheter les deux cimenteries (M’sila et Mascara) qu’il a vite fait de revendre au géant français Lafarge en septembre 2007 ?
La vérité est que Sawiris, fort de l'appui de Bouteflika, a bénéficié d’un montage financier des banques publiques et privées algériennes comme ce fut le cas d’ailleurs pour sa filiale de téléphonie mobile Djezzy dont les bénéfices sont tout simplement énormes. Faut-il rappeler également que son projet de réalisation de deux lignes de production de ciment blanc et de ciment gris basées dans la région d’Oggaz près de Mascara a été financé à hauteur de 61% par les banques publiques et privées algériennes ?
Le coût total de cette opération est évalué à 538 millions de dollars (38,74 milliards de dinars). L’histoire retiendra que jamais une entreprise algérienne ou étrangère n’a mobilisé autant de banques de renom pour concéder un montant aussi important. Orascom l’a fait. Et le président de sa filiale algérienne n’a pas caché sa joie ce jour-là : « C’est un rêve qui se réalise ! », avait-il déclaré.
Comme on le comprend : ce financement algérien des « investissements » de Sawiris lui a juste permis de mieux vendre à Lafarge. Le vrai rêve c’est donc la cagnotte qu’il a engrangée, mais surtout le pied qu’il a mis dans le capital du groupe français à hauteur de 11,4%.
Aujourd’hui, le rêve se transforme en cauchemar : double redressement fiscal, imminent rachat de Djezzy par l’Etat algérien…Alors M. Sawiris se laisse aller à des « accusations « contre son ancien bienfaiteur.Cherif H.