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  • La dernière fois que Bouteflika a rencontré Boudiaf...

     

    Par Le Matin DZ |

    Historiquement, Abdelaziz Bouteflika a toujours été présent dans les épisodes où le pouvoir civil a dû céder du terrain au pouvoir militaire. Il est l’homme lige auquel les chefs militaires ont fréquemment dû avoir recours pour concevoir, puis mener et, enfin, expliquer et légitimer des pronunciamientos qu’ils soient directs ou maquillés. Il eut souvent une conception plus militaire des événements que les militaires eux-mêmes.

    Sa première grande mission réussie au bénéfice des militaires date de décembre 1961. L’indépendance de l’Algérie devenait imminente et le débat sur le futur Etat algérien s’installait alors avec la passion et les calculs qu’on devine. Pouvoir civil ou militaire ? L’interrogation divisait l’état-major général de l’ALN, dirigé par le colonel Houari Boumediène et le Gouvernement provisoire de Benyoucef Benkhedda. Pouvoir civil ou militaire ?
    Le mieux, estiment les chefs de l’Armée, serait encore d’ériger un chef d’Etat civil inféodé aux militaires.
    La formule sera adoptée pour toujours.
    Qui pourrait être ce chef d’Etat suffisamment complice pour n’apparaître qu’en vitrine, mais assez crédible pour s’imposer devant l’opinion ? Les regards se tournent vers les cinq dirigeants du FLN détenus au château d’Aulnoy, en région parisienne, après l’avoir été à la Santé, au fort de l’île d’Aix, puis à Turquant, en Touraine.
    Ahmed Ben Bella, Rabah Bitat, Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf avaient accumulé, en cinq ans de détention, un capital moral qui faisait d’eux les recours privilégiés du conflit. (1) Qui parmi eux accepterait de devenir le premier président civil de l’Algérie indépendante allié aux militaires ? Pour le savoir, le colonel Boumediène dépêcha, début décembre 1961, auprès d’eux le capitaine Abdelaziz Bouteflika avec pour recommandation spéciale de privilégier la candidature de Mohamed Boudiaf à qui, selon Rédha Malek, un des négociateurs à Evian et ancien Premier ministre, «il vouait une secrète estime pour avoir travaillé avec lui».
    La mission de Bouteflika, confirme le premier président du GPRA, Ferhat Abbas, «consistait à trouver parmi les cinq prisonniers un éventuel allié (aux chefs militaires)». (2) Le commandant Rabah Zerari, dit Azzedine, qui était, avec Kaïd Ahmed et Ali Mendjeli, l’un des trois adjoints de Boumediène à l’état-major général avant qu’il n’en démissionne en août 1961, est plus direct : «Bouteflika était, en vérité, chargé de vendre un coup d’Etat aux cinq dirigeants.» (1)

    Proposer la présidence à Boudiaf ? La mission était d’autant plus risquée que Bouteflika n’ignorait rien des opinions politiques de Boudiaf, notoirement connu pour être un esprit hostile aux accommodements en politique, acquis au multipartisme et à l’indépendance du pouvoir politique et dont, en conséquence, il fallait s’attendre au refus de se laisser choisir comme paravent par les chefs militaires. Hervé Bourges, homme de médias français, qui rendait souvent visite aux cinq détenus en qualité de représentant d’Edmond Michelet, le ministre de la Justice de De Gaulle, apporte un témoignage saisissant sur le détenu Boudiaf : «Je l’ai bien connu à Turquant, où il m’apparaissait comme le plus dur des cinq, le plus ancré dans ses convictions, décidé à ne pas en dévier, méfiant à l’égard de ses compagnons et de leurs conceptions idéologiques, notamment pour ce qui concerne Ben Bella dont il se séparera très vite, le soupçonnant, déjà, de vouloir s’arroger un pouvoir personnel.
    Boudiaf sera d’emblée hostile à l’idée du parti unique, où il voit les germes d’une dictature, même s’il s’agit de ce prestigieux FLN qui sort vainqueur auréolé de la guerre de libération et auquel il appartient depuis le début.»
    Aussi, le très avisé émissaire Abdelaziz Bouteflika, soucieux de garantir l’hégémonie militaire après l’indépendance, fit son affaire d’écarter l’obstiné démocrate Boudiaf au profit du «compréhensif » Ben Bella. Ce dernier présentait l’immense avantage de ne voir aucune objection à s’allier à l’état-major, fut-ce au risque d’un grave conflit fratricide.

    «L’entrevue qu’il eut avec Boudiaf se déroula très mal, rapporte le commandant Azzedine. Boudiaf a non seulement refusé énergiquement d’être coopté par l’état-major, mais s’offusqua que l’émissaire de Boumediène, qu’il houspilla publiquement, lui fît pareille proposition fractionnelle au moment où les Algériens étaient appelés à aller unis aux négociations avec les Français. Il le renvoya sèchement. Bouteflika comprit alors tout l’avantage qu’il y avait pour l’état-major à opter pour Ben Bella, très conciliant et qui, d’ailleurs, prit en aparté l’envoyé spécial de Boumediène pour lui faire part de sa disponibilité.»
    «Ben Bella et Bouteflika se sont fait des mamours verbaux, ils se sont séduits mutuellement avec leurs savoir-faire respectifs», a appris Ahmed Taleb Ibrahimi, incarcéré à l’époque dans un autre lieu de détention. «Bouteflika s’adressa alors à Ben Bella qui accepta d’être l’homme de l’état-major, raconte Ferhat Abbas.
    Cette alliance, demeurée secrète, allait peser lourdement sur l’avenir du pays.» (1) On le comprit quelques mois plus tard :
    «Ce qui a poussé Boumediène à affronter le GPRA, c’était l’alliance qu’il avait scellée avec Ben Bella à Aulnoy, récapitule Rédha Malek. Alliance réciproquement avantageuse. Boumediène avait besoin d’un politique et Ben Bella d’un fusil. » (2)

    L’émissaire Bouteflika avait réussi sa mission. Il quitte hâtivement Paris pour Londres d’où il appelle le colonel Boumediène pour lui annoncer le succès de l’opération. «Quelques jours plus tard, raconte Rédha Malek, Boumediène et Ben Bella ont un entretien téléphonique. Ils se disent très satisfaits de la mission de Bouteflika. L’alliance est scellée.» (1)

    Bouteflika venait d’assurer l’intérêt du pouvoir militaire en écartant Mohamed Boudiaf et en propulsant Ahmed Ben Bella.
    Ben Bella entrera à Alger en 1962 comme il en sortira en 1965, par les chars de Boumediène. A chaque fois, le sang algérien a coulé. Dans les deux cas Abdelaziz Bouteflika a joué le rôle d’agent détonateur au service des chefs militaires.

    Pour imposer Ben Bella en 1962 contre l’avis du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), de certaines personnalités marquantes et d’une partie de l’ALN, il a fallu utiliser la force. La composition du premier Bureau politique du FLN, donc de la première direction de l’Algérie indépendante, était le principal enjeu entre les différentes tendances. Boumediène et Ben Bella voulaient une direction acquise à l’étatmajor, où ne figureraient pas les ministres du GPRA, notamment les trois B qu’étaient Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobbal, trois des véritables meneurs de la Révolution.
    Ecarter le GPRA de la direction politique du pays ouvrait la porte à toutes les dérives, voire à une guerre entre Algériens.

    Ben Bella, conforté par le soutien des militaires, osa néanmoins le coup de force : le 22 juillet 1962, il annonce unilatéralement à partir de Tlemcen la constitution complète du Bureau politique, composé des cinq détenus d’Aulnoy auxquels s’ajoutaient Hadj Ben Alla et Mohammedi Saïd, qui deviendra plus tard dirigeant du Front islamique du salut. Aït Ahmed refuse de faire partie de ce bureau et part pour Paris, Boudiaf en démissionnera rapidement. De fait, le GPRA est mort, son président Benyoucef Benkhedda est complètement débordé par les évènements.

    Ce coup de force de Ben Bella, c’est la suite logique de l’alliance scellée à Aulnoy entre lui et l’Armée par le biais de Bouteflika. L’avocat Ali Haroun, ancien responsable de la Fédération de France du FLN et ancien membre du Haut-Comité d’Etat (HCE) entre 1992 et 1994, qui étudia de près la période dont il fut un témoin privilégié et à laquelle il consacrera un livre, confirme par ce récit d’une rencontre qu’il eut avec Ben Bella en juillet 1962 :
    «L’on savait déjà que Boumediène, chef d’état-major, avait, par l’intermédiaire du capitaine Si Abdelkader, alias Abdelaziz Bouteflika, sollicité l’appui de Boudiaf dans le conflit qui, depuis plusieurs mois, l’opposait au GPRA. Face aux réticences de Boudiaf, il se résolut à convaincre Ben Bella dont le soutien lui fut aussitôt acquis. Dès lors, le Bureau politique proposé par Ben Bella apparaissait en fait celui de l’alliance Ben Bella-Boumediène.
    Conscient des dangers imminents guettant le pays et pouvant déboucher sur une confrontation, dont le dernier mot risquait d’échoir aux militants en armes, je rappelai à mon interlocuteur cette vieille maxime : “On peut tout faire avec les baïonnettes, sauf s’asseoir dessus.” Il répliqua par une moue dédaigneuse. Je n’avais plus rien à ajouter. Si l’on allait privilégier la force et dédaigner le consensus pour résoudre nos différends, le pays s’acheminerait alors vers de sombres lendemains. » (1)

    La sombre prédiction se réalisera : le Bureau politique de Ben Bella, dont l’autorité fut contestée par les Wilayas III (Kabylie) et IV (Algérois), sollicita alors l’appui de l’Armée des frontières et de l’état-major général dirigé par Boumediène ainsi que celui des Wilayas I, II, V et VI. Une seconde guerre succéda à celle qui venait à peine de se terminer. L’été 1962 fut marqué par de sanglants combats fratricides entre Algériens qui sortaient de sept années de lutte anticoloniale. (1) «L’intensité des combats qui s’en étaient suivis, jamais je n’en ai vu d’égale, pas même durant la guerre de libération », se rappelle Khaled Nezzar qui dirigeait, en tant que jeune officier de l’Armée des frontières, un bataillon qui a combattu les djounoud des Wilayas III et IV dans le djebel Dira, près de Sour El Ghozlane. (2)
    La guerre fratricide ne prendra fin qu’avec les manifestations populaires qui déferlèrent sur le pays aux cris de «Sebâa s’nine barakat» (3), slogan du désespoir que les Algériens ont fini par adopter.
    «Longtemps sera délibérément occulté le lourd bilan de ces affrontements fratricides. Ce n’est que par communiqué de l’APS du 2 janvier 1963 que l’on en saura le prix : un millier de morts», précisera Ali Haroun. (4)
    C’est à ce prix que Ben Bella et son Bureau politique s’imposèrent à Alger.
    Bouteflika va contribuer à destituer Ben Bella en 1965 pour les mêmes impératifs supérieurs : asseoir la suprématie du pouvoir militaire. Le coup d’Etat du 19 juin 1965 est consécutif à la décision de Ben Bella de retirer à Abdelaziz Bouteflika laresponsabilité de la diplomatie algérienne à quelques jours de la Conférence afro-asiatique qui devait se tenir à Alger.

    Source : "Bouteflika une imposture algérienne", Mohamed Benchicou, Editions Le Matin, 2004

    Notes :

    1. Le 22 octobre 1956, le DC-3 marocain, décollant de Rabat et transportant vers Tunis Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf, accompagnés de Mostefa Lacheraf, a été intercepté au-dessus d’Alger par les autorités coloniales. Les dirigeants algériens devaient représenter le FLN au sommet tripartite maghrébin qui devait se tenir à Tunis les 22 et 23 octobre. Ils seront incarcérés en France jusqu’en mars 1962, en compagnie de Rabah Bitat qui avait été arrêté le 23 novembre 1955.

    2. et 3. Ferhat Abbas, L’indépendance confisquée, Flammarion, 1984.

    4. Hervé Bourges, De mémoire d’éléphant,Grasset, 2000.

    5.Rédha Malek, L’Algérie à Evian,Le Seuil, 1995.

    5 bis. Les combats ont opposé les Wilayas I, II, V et VI (pro-état-major) aux Wilayas III et IV.

    6. Ali Haroun, L’été de la discorde,Casbah Editions, 2000.

    7. Reda Malek, op cité

    8. Khaled Nezzar, cité par Ali Haroun, L’été de la discorde,Casbah Editions, 2000.

    8 bis. Sebâa s’nine barakat (sept années, ça suffit !). La guerre de libération avait duré sept années.

    9. Ali Haroun, L’été de la discorde,Casbah Editions, 2000

    elvez Elbaz 01/07/2012 12:07:34
    Dites aussi à l'histoire ,la vraie,que bousssouf était manipulé par les services secrets français.Et que c'est ainsi que boukharouba,le vizir boussoufien n'a chargé "petit mario yeux bleus" de cette manoeuvre oujdaienne,un coup d'état en somme,que sur ordre de boussouf.
    Boussouf s'est retiré à paris,aprés l'indépendance confisquée par ses larbins,en s'installant comme commerçant.Est ce sa fin de mission que les services secrets français lui auraient ,ainsi,signifiée en s'établissant en france?!!!
    Toutes les vérités historiques sur la guerre d'algérie sont à venir.Des révélations qui remettront plus d'un à leur véritable place dans la vraie histoire et non celle falsifiée que le FLN a imposée et impose toujours aux pauvres peuples d'algérie
  • no moment

    Dilem 02 Juillet 2012

  • Santé: Sit-in de soutien au syndicaliste Keddad Khaled à Alger

     

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     Rassemblement de soutien à Khaled Keddad par elwatanvideo

     

     

    Deux jours avant son passage devant le conseil de discipline M.Keddad suscite encore la solidarité des syndicalistes tous secteurs confondus.

     

    Quelques dizaines de syndicalistes des secteurs de la Santé, de l’Education et de l’Enseignement supérieur et de militants des droits de l’homme dont ceux de la Laddh (Ligue algérienne de défense des droit de l'Homme) se sont rassemblés ce lundi matin devant le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à Alger pour dénoncer, une nouvelle fois, la suspension de leur collègue M.Keddad Khaled, président du Syndicat national des psychologues (Snapsy).

    Ce syndicaliste a été suspendu de son poste, faut-il le rappeler, après avoir pris part à un rassemblement devant le ministère de la Santé le 29 mai dernier.

    Rencontré sur le lieu du rassemblement, M.Keddad, à la tête du syndicat depuis 2001, explique le nombre limité des participants à ce rassemblement par le fait  que les directeurs des établissements de la santé publique ont été instruit de durcir le contrôle sur les psychologues afin de les empêcher de se présenter à ce rassemblement.
    «Je suis là parce que le président de notre syndicat a besoin de soutien mais ça ne m’étonne pas de subir une sanction une fois rentrée au travail », nous dira une psychologue travaillant dans l’algérois.

    Les participants à ce rassemblement ont scandé, sous l'oeil vigilant d'une trentaine de policiers, leur colère face à la répression que subissent les syndicalistes et aux atteintes commises contre des droits et des libertés pourtant consacrés par la Constitution et par les textes internationaux contractés par l’Algérie.  

    Pour M.Keddad cette suspension que le ministère de la Santé n’assume pas ouvertement vise à créer une diversion et un détournement des revendications principales de son secteur. «On ne me laisse même pas voir le dossier de plainte. Je ne voulais pas aller au conseil de discipline, mais j’irai par curiosité. Je veux savoir comment ces gens pensent », dit-il.

    M.Keddad devra comparaître mercredi 4 juillet devant le conseil de discipline alors qu’un autre sit-in sera organisé en parallèle devant la direction de la Santé de la wilaya d’Alger.  
     

     

    Mina Adel, Sophia Ait Kaci

     


  • les Libertés Syndicales en Algérie

    http://www.google.ch/url?sa=t&rct=j&q=bensebaini%20salah&source=web&cd=1&ved=0CFQQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.algeria-watch.org%2Fpdf%2Fpdf_fr%2Fcnls_rapport_libertes_syndicales.pdf&ei=dI3wT53CN4aR-waVovGuAw&usg=AFQjCNE4F02vLNnzOc6KwAcaug2XnDw-bQ&cad=rja

  • Assassinat de Mohamed Boudiaf : La version officielle remise en cause

     

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    «Bien que la commission d’enquête officielle ait conclu que le président Boudiaf a été victime d’un complot politique, le tribunal optera pour l’acte isolé», avait relevé Mahfoudh Bennoune.

    L’assassinat de Mohamed Boudiaf soulève toujours des interrogations. 20 ans après. D’abord c’est son épouse, Madame Fatiha Boudiaf, qui, dans une émission diffusée par la chaîne satellitaire qatarie Al jazzera, «Ziara khassa», «visite particulière», en 2010, remet totalement en cause l’identité de l’assassin, Mbarek Boumaârafi, qui a pourtant reconnu avoir été l’auteur du crime, et été condamné à perpétuité par la justice algérienne. Elle affirme même avoir en sa possession une cassette vidéo qui le démontre. Selon elle, «le tireur embusqué derrière le rideau de la salle des conférences du centre culturel de Annaba avait une corpulence qui n’est pas celle de Boumaarafi». Mme Boudiaf dit même que la personne en question a été tuée, car il y avait un deuxième corps gisant sur le sol.
    Deux ans après la déclaration de Madame Boudiaf, son fils Nacer déclenche une campagne pour réclamer la vérité sur l’assassinat de son père. Une pétition alors est lancée.

    Le texte bénéficiera d’une large diffusion dans les journaux et sur le web. Il y est écrit et signé Nacer Boudiaf : «Vous qui voulez la vérité sur l’assassinat de feu le président Boudiaf et les circonstances qui ont conduit à son lâche assassinat avec des dizaines de balles dans le dos à un âge ayant dépassé les soixante dix ans, j’ai décidé aujourd’hui la publication de cette pétition et de la soumettre à la signature de celui et celle qui aspire à mettre fin à l’injustice à la dictature et l’écoulement du sang des innocents.» Le fils de feu Boudiaf ne s’engageait que «deux mois après» son lancement, il la remettrait «à Monsieur le président de la République et à Monsieur le chef du département du renseignement et de la sécurité, pour leur demander la réouverture du dossier de l’assassinat du président du Haut comité d’Etat (HCE), devant des magistrats intègres». Plus récemment, et à l’occasion de la commémoration du 20e anniversaire de son retour au pays en janvier dernier, Nacer Boudiaf interpelle, dans une tribune publiée dans la presse, «toutes les consciences et particulièrement Messieurs Ali Haroun (membre du HCE), Ahmed Djebar (ministre de l’Enseignement supérieur) et Khaled Nezzar (membre du HCE) ». «Ces trois personnalités ont été très proches de Boudiaf pendant sa mission à la tête de l’Etat».

    Selon lui, «Ils ont joué un rôle fondamental dans son retour en Algérie». «De par la position qu’occupait chacun de ces messieurs, au moment de «l’acte isolé», dit-il, soit ils étaient en position de connaître ses bourreaux, soit en position de ne pas les connaître». «S’ils ne les connaissent pas, de qui ont-ils peur pour demander la réouverture du dossier et de l’enquête. S’ils se taisent et donc connaissent les bourreaux, alors ils deviennent eux-mêmes bourreaux, et donc pas respectables». «Boudiaf était-il aussi fort physiquement pour nécessiter toute une rafale alors qu’eu égard à son âge et sa santé précaire, une seule balle aurait suffit», souligne Nacer Boudiaf avant de poursuivre sa complainte. «C’est là où se situe le problème, votre problème», pense-t-il en expliquant : «En fait, une seule balle était destinée au président du Haut comité d’Etat qui commençait à déranger le système». Sur un ton de dérision il a ajouté : «Alors tout le reste des balles du chargeur, voire des chargeurs, n’était pas destiné à la victime de ‘‘l’acte isolé’’ mais à toute personne qui s’imaginait facile de toucher là où Boudiaf a mis le doigt et a commencé à faire mal au système».

    Nacer Boudiaf aurait voulu que «le ministre de l’Intérieur de l’époque, feu Larbi Belkheir et d’autres responsables de la Sécurité de l’Etat, qui ne sont plus de ce monde, soient aujourd’hui à vos côtés pour répondre à cet adage». «Mais ils sont là où aucune pétition ne peut les sauver, ni les soustraire à la justice divine. Avec la justice divine, il n’y a ni faux procès ni ‘‘acte isolé’’» assène le fils de feu Mohamed Boudiaf qui semble de plus en plus douter de la version d’un assassin solitaire mue par son fanatisme religieux.
    Mais avant que la famille du défunt président du HCE ne relance la question de son assassinat, d’autres avaient douté de la véracité officielle de cette liquidation unique dans les annales des assassinats politiques.
    En 1998, c’est le défunt professeur anthropologue et historien, Mahfoudh Bennoune, qui pose l’interrogation en ces termes : «Pourquoi Boudiaf a-t-il été assassiné ? »
    Dans sa réponse, il confond la décision de la justice qui avait conclu à l’acte isolé et les conclusions de la commission d’enquête sur l’assassinat de feu Boudiaf. «Bien que la commission d’enquête officiel ait conclu que le président Boudiaf a été victime d’un complot politique, le tribunal optera pour l’ acte isolé», avait relevé Mahfoudh Bennoune. 

    Said Rabia
  • ALGERIE :50 ans moins 4 jours

    Dix décennies, un demi-siècle ou 13 coupes du monde, on peut estimer le temps qui passe avec les outils que l’on veut, surtout avec le temps qu’il fait. C’est beaucoup, presque rien ou pas assez ? Les mères les plus clémentes des clémentines aiment à souligner que 50 ans, c’est jeune et que l’on est encore un enfant à cet âge. C’est probablement pour cette raison que la majorité des dirigeants ont une mère et plus de 70 ans, et que l’on peut presque les traiter en adultes. Car pour une mère algérienne, un homme reste un enfant jusqu’à ce qu’il soit grand-père, c’est-à-dire jusqu’à ce que ses enfants aient enfanté d’autres enfants. Mais en dehors de ces enfantillages, si cette déconstruction temporelle et maternelle est touchante, l’infantilisation permanente aura donné à grande échelle l’impunité, l’irresponsabilité et l’inconscience, trois phénomènes qui dirigent le pays depuis l’indépendance.

    En 50 ans, un ministre, un Président ou un général s’est-il un jour excusé pour ses mauvais jugements et stratégies, a-t-il avoué avoir commis une erreur ou assumé la responsabilité des nombreuses destructions, morts et drames ? Non, un enfant ne s’excuse pas, sauf quand on le frappe et personne ne peut frapper un ministre, un Président ou un général. L’Algérie est-elle alors un enfant mal élevé qui refuse de reconnaître l’autorité de la morale ?

    En réalité, l’Algérie n’est pas si jeune que ça, si elle a eu son indépendance en 1962, l’Australie l’aura eue après elle, en 1986, en se séparant de l’Angleterre. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes Algériens rêvent d’aller en Australie, contrairement aux jeunes Australiens qui cauchemardent d’être envoyés en Algérie. Qui gagne ? C’est là aussi de la subjectivité, même si ce qui est sûr, c’est que l’Algérie a perdu beaucoup de temps. A quatre jours du sifflet de l’arbitre, on croit encore au fameux but de la dernière minute. Mais de moins en moins.
     

     

    Chawki Amari