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  • L’effondrement selon Hubble

     

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    De la pluie, que de la pluie, trop d'eau pour une terre qui a si soif. Résultat, des maisons trop vieilles et mal entretenues tombent comme des feuilles d'hiver sous un vent glacé. Dans les vieux quartiers de Constantine ou d'Alger, les ruines s'entassent sur d'autres ruines. Un peu partout dans le pays, des murs mal consolidés s'affalent, des routes mal construites se fissurent, des gens mal conçus tombent. Mais c'est dans l'ambiance générale, celle d'un effondrement global pour cause de trop de lourdeur mal élevée. La gestion de Sonatrach s'effondre sous les tonnes de scandales et de milliards de dollars, de père en fils et d'oncle à neveu, d'une grande famille assoiffée qui n'a même pas la décence d'investir l'argent détourné en Algérie, mais dans d'autres pays déjà bien construits.

    Même le bon sens ne pouvait que s'effondrer, comment une justice soumise à l'Exécutif, sans mur de protection entre elle et les mauvais maçons du régime, pourrait-elle faire quelque chose ? L'effondrement du pouvoir, vieux et branlant, assemblé avec des coups de force au lieu de ciment, était à prévoir. Seul étonne encore l'effondrement des contre-pouvoirs et de la société civile, qui ne croient même plus en de possibles influences de leurs actions sur le soutènement de l'histoire. Heureusement que dans l'univers, des gens réfléchissent encore. L'effondrement provient de la gravité, qui attire les corps vers le centre des masses.

    C'est pour cette raison qu'a été théorisée la constante astrophysique de Hubble pour définir l'état de l'univers qui soit se dilate par effet centrifuge des galaxies, soit s'effondre par les forces de gravité qui ramènent tout vers le centre. Pour l'instant, le débat est ouvert, on ne saurait pas vraiment si l'univers est en expansion ou en contraction. Pour le régime algérien, ses frères et ses neveux, par contre, pas besoin d'être astrophysicien pour le savoir.

     

    Chawki Amari
  • Révélations sur le drame d’In-Amenas :

      trente otages étrangers tués par l’armée algérienne, au moins neuf militaires tués Habib Souaïdia, Algeria-Watch, 11 février 2013 Habib Souaïdia, ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne, a confié au site Algeria-Watch son analyse de l’attaque terroriste meurtrière du site gazier de Tiguentourine, le 16 janvier 2013, fondée sur des témoignages inédits qu’il a pu recueillir. Des révélations explosives, qui attestent le rôle de la brutale répression des forces de sécurité algériennes dans la mort des trente-huit otages étrangers séquestrés par le commando islamiste. Que s’est-il vraiment passé lors de la gigantesque prise d’otages opérée le 16 janvier 2013 sur le site gazier de Tiguentourine – à 60 km de la petite ville saharienne d’In-Amenas –, dont la répression par l’armée algérienne, dès le lendemain, s’est soldée par la mort d’au moins trente-sept otages étrangers, un otage algérien et vingt-neuf assaillants, selon le bilan officiel ? Pourquoi cette agression et son issue tragique ? La déferlante médiatique qui a suivi ce drame dans le monde entier n’a apporté à ce jour aucune réponse sérieuse à ces questions. Et cela pour une raison simple : à de rares exceptions près, presque toutes les « informations » données par les médias occidentaux ont simplement répété celles fournies par des « sources sécuritaires » anonymes citées par la presse algérienne, francophone comme arabophone. Les témoignages publics des otages survivants, recueillis à chaud ou plus tard, sont inévitablement restés très partiels. Et la visite très encadrée de 145 journalistes algériens et occidentaux sur le site, le 31 janvier, n’a fourni aucune information significative. Une source quasi unique, donc : celle des officiels du régime et des journalistes algériens qui sont de notoriété publique les porte-parole officieux du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), la police politique aux commandes du pays depuis 1992. C’est un autre éclairage que je voudrais apporter ici : celui tiré de mon expérience d’ancien officier des forces spéciales de l’Armée nationale et populaire (ANP) de 1989 à 1995 (dont j’ai rendu compte en 2001 dans mon livre La Sale Guerre1), avant d’être réfugié politique en France et observateur toujours attentif, depuis, de la scène sécuritaire et politique algérienne. Cette expérience m’a permis d’obtenir des informations totalement inédites à ce jour, fournies notamment par des militaires patriotes bien informés, sur les faits qui se sont enchaînés après cette nuit tragique du 16 janvier. Mais avant d’évoquer ces témoignages décisifs sur le déroulement des opérations à Tiguentourine, il me faut rappeler quelques constats de bon sens, à la portée de tous les observateurs objectifs, pour prouver l’absurdité des informations contradictoires – impossible de les répertorier toutes – délivrées par le régime algérien sur le déroulement de l’attaque et de sa répression, ainsi que sur les motivations supposées de leurs acteurs. Je me limiterai aux réponses contradictoires apportées à deux questions essentielles : d’où venaient les terroristes ? Pourquoi ont-ils conduit cette opération ? Les contradictions de la version officielle Selon la version officielle, c’est un groupe terroriste « multinational » de trente-deux hommes d’origines diverses (Algérie, Tunisie, Égypte, Niger, Mauritanie, Canada et France) qui aurait conduit l’opération. Avec au moins deux variantes sur leur base de départ. La première est donnée dès le 17 janvier par le ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia : « Je peux vous affirmer que ce groupe, fort d’une trentaine d’hommes surarmés, venait des frontières libyennes où il a été formé et entraîné. » C’est la version documentée en détail par le journaliste sécuritaire Mounir B. le 19 janvier2. Puis, après le démenti formel du gouvernement libyen du même jour3, est venue une autre explication : « Selon la [nouvelle] version du ministre de l’Intérieur, il paraît plus clair maintenant que le commando islamiste est arrivé de Agalhouk au nord du Mali, non loin de la région de Tinzaouatine, en passant de la frontière algéro-malienne à la frontière algéro-nigérienne avant d’entrer dans la région d’Abid, Ijil et Tiguentourine, le site du complexe gazier, selon la version officielle. Le périple à travers le désert aurait pris deux mois4. » Au fil des jours, les deux versions (« malienne » ou « libyenne ») ont été évoquées alternativement par la presse algérienne. Mais, dans les deux cas, que les terroristes soient venus de Libye ou du nord du Mali en traversant le Sahara algérien – un « périple » d’au moins 1 500 km – ou en passant par le Niger et la Libye, comment croire qu’ils auraient pu échapper aux forces de sécurité algériennes présentes dans la région et disposant d’importants moyens de surveillance à même de déceler tous les déplacements humains, même de nuit, de part et d’autre de la frontière ? Car, depuis 2011, « pas moins de 7 000 gendarmes de la GGF [Gendarmerie garde-frontières] sont en position défensive au niveau de la bande frontalière algéro-libyenne5 », sans compter les unités de l’ANP installées au Sahara pour faire face aux nouvelles menaces perçues par le régime à ses frontières, du fait des révolutions libyenne et tunisienne, ainsi que des tensions au Mali et au Niger. Après la dégradation de la situation au Nord-Mali (région appelée « Azawad » par les Touareg, d’origine berbère) avec l’annonce de l’« indépendance » de l’Azawad par les Touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) en avril 20126, les chefs du DRS et de l’ANP ont en effet décidé d’adapter l’organisation de leurs forces dans la région en créant deux sous-régions militaires, décision officialisée le 5 juillet 2012, comme l’indiquait le site d’information Tout sur l’Algérie : « Selon nos informations, deux nouvelles sous-régions militaires seront prochainement créées. Elles seront respectivement rattachées à la 4e région (Ouargla) [où a eu lieu la prise d’otages d’In-Amenas] et à la 6e (Tamanrasset) [d’où serait arrivé le groupe terroriste], avec comme principale mission la protection et la surveillance des frontières. Les deux nouvelles sous-régions seront dirigées par un commandement autonome, avec des prérogatives semblables à celles des régions7. » Ces deux régions militaires sont aujourd’hui dirigées par deux généraux-majors parachutistes qui ont été des « champions de la sale guerre » dans les années 1990 : le général-major Amar Athamnia (ancien commandant du tristement célèbre 12e RPC, le « régiment des assassins »), à la tête de la 6e région militaire depuis mai 2005, et le général-major Abderrezak El-Chérif, commandant de la 4e région militaire depuis 20068. L’ensemble du nouveau dispositif militaire déployé dans le Sahara est coordonné par le général-major Kadour Bendjemil, chef adjoint du Commandement des forces terrestre, dans un centre opérationnel appelé DOZD (Direction opérationnelle zone désertique) ; il comporte plus de 20 000 soldats et plusieurs bases militaires (dites « Atoll »), pour mener des missions aériennes (avions et hélicoptères) de combat et d’attaque, de transport et de renseignement. La mission actuelle de la 4e région militaire est de prévenir la menace en provenance de Lybie et de renforcer la protection des champs pétroliers. Quant à la 6e région militaire, elle abrite le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc) des quatre « pays du champ » (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), créé en avril 2010 pour mieux lutter contre les actions d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et d’autres groupes armés. L’armée algérienne dispose dans la région de plusieurs dispositifs de surveillance aérienne. En 2011 et 2012, des experts américains ont apporté aux autorités algériennes leur savoir-faire en matière de sécurisation et de surveillance des frontières. Ces hommes sont venus plusieurs fois dans la 6e région militaire avec des officiers du DRS pour faire des expertises et installer des solutions visant à parer les tentatives de déstabilisation de la région. Les partenaires américains ont ainsi aidé à installer une gamme variée de matériels high-tech, notamment des drones, des avions de surveillance et des ballons de surveillance à haute altitude, tous équipés de caméras sophistiquées. Et en novembre 2012, le site Web Magharebia.com (sponsorisé par l’Africom, commandement de l’armée américaine pour l’Afrique) détaillait les efforts de surveillance engagés par l’armée algérienne : « L’Algérie étudie la création d’un système de contrôle sophistiqué pour contrôler ses frontières et sécuriser les points de passage qu’utilisent les terroristes et les trafiquants pour entrer dans le pays depuis le Sahara. [...] Le ministre [de la Défense] a d’ores et déjà rencontré des délégations issues d’entreprises étrangères spécialisées dans les systèmes de surveillance. [...] Ce système devra fonctionner par le biais du déploiement de points électroniques de surveillance, d’alarmes et de radars capables de détecter les tentatives d’entrée clandestine des individus comme des véhicules dans le pays. Il œuvrera en conjonction avec le lancement d’opérations aériennes intensives le long de la frontière. [...] Des unités de l’armée algérienne ont commencé à construire, au mois de novembre, une clôture électrique de 50 kilomètres de long entre la ville algérienne de Bourj Badji Mokhtar et le territoire malien9. » En bref, il semble assez improbable que la progression du commando terroriste vers un site aussi stratégique que celui de Tiguentourine, situé dans une zone plus surveillée que la présidence de la République, ait pu s’opérer à l’insu des forces de sécurité algériennes, qui avaient donc tous les moyens de l’arrêter avant qu’il attaque, ce qui suscite inévitablement le soupçon de leur complicité dans l’opération. Les étranges justifications de Mokhtar Belmokhtar, le « Ben Laden du Sahara » Le même doute s’impose quant à la motivation du raid terroriste donnée par le « djihadiste » qui l’a revendiqué dès le 17 janvier au nom d’Al-Qaida (dans une vidéo diffusée le 20 janvier par le site mauritanien Sahara Médias), Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El-Abass : il viserait, a-t-il expliqué, le régime algérien « pour avoir permis au colonisateur d’hier d’utiliser son sol et son espace aérien pour tuer les nôtres au Mali » ; tout en indiquant : « Nous sommes prêts à négocier avec les pays occidentaux et le régime algérien à condition que s’arrêtent l’agression et le bombardement contre le peuple malien musulman, notamment celui de l’Azawad et le respect de sa volonté d’appliquer la charia sur son territoire. » Cette justification a été reprise sans discussion par l’agence en ligne mauritanienne Agence Nouakchott d’information (ANI) – qui a expliqué que « l’attaque terroriste de la base de vie Sonatrach-BP de Tiguentourine (In Amenas) serait une réponse à l’ouverture de l’espace aérien algérien à l’armée française » –, ainsi que par toute la presse algérienne, comme par exemple Liberté, le 22 janvier : « C’est la première fois de son histoire que l’Algérie permet officiellement le survol de son territoire par des avions de guerre étrangers10. » Il s’agit là d’un autre indice que le groupe pouvait être manipulé par le DRS, car cette histoire n’est pas crédible. Les autorités françaises et algériennes collaborent en effet depuis longtemps dans les domaines militaires et du renseignement. Les avions militaires français ont de longue date pu survoler le territoire algérien avec à chaque fois des autorisations ad hoc du régime, comme le prouve par exemple le crash oublié d’un Mirage F1 en décembre 2006 près de Constantine11. À l’époque aussi, c’est motus et bouche cousue de la part du pouvoir algérien : aucun ministère n’a jugé utile de communiquer sur cet « incident ». La seconde chose qui a attiré mon attention est que le régime affirme que « l’opération a été préparée depuis des mois » – ce qui paraît assez probable –, alors qu’il est accusé par Al-Qaida d’« avoir permis au colonisateur d’hier d’utiliser son sol et son espace aérien pour tuer les nôtres au Mali ». Ce motif avancé par Mokhtar Belmokhtar, qui s’est prudemment abstenu de participer à l’opération qu’il a revendiquée, ressemble fort à une justification opportuniste fabriquée au dernier moment. Il faut dire que, depuis plus de dix ans, les journalistes sécuritaires de la presse algérienne tiennent une chronique incroyablement détaillée des faits et gestes de Belmokhtar – parfois même annoncés avant même qu’ils surviennent ! –, décrit comme un « Ben Laden du désert » dès 200512, combinant actions terroristes et trafics divers (cigarettes, voitures volées, etc.). Et, de 2007 à 2009, il aurait poursuivi des négociations très poussées pour se rendre aux autorités algériennes, négociations qui auraient abouti13, avant que sa reddition soit finalement infirmée. Cette légende, évidemment jamais confirmée par des journalistes indépendants, tout comme l’impunité dont jouit depuis si longtemps le personnage, ont nourri la conviction de nombreux observateurs que Belmokhtar était très probablement un agent (épisodique sinon permanent) du DRS14. De même que le fameux Abderrezak « El Para »15 (officiellement arrêté en 2004, mais toujours jugé depuis... par contumace !), ou encore Abou Zeid ou Yahia Abou Hamama, tous deux alliés inconditionnels des combattants touaregs d’Ansar Eddine – une organisation armée islamiste apparue en 2012, dont les chefs entretiennent des liens étroits avec ceux du DRS16. À cet égard, il est important de souligner que, dans une vidéo diffusée le 7 décembre 2012, Belmokhtar a tenu à démentir lui-même, pour la première fois, le fait qu'il aurait tenté de se rendre aux autorités algériennes. Comme s'il cherchait à mieux crédibiliser son étrange annonce, dans cette même vidéo, qu'il se séparait définitivement d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) - dont les liens avérés avec le DRS remontent au début des années 200017 - et que son nouveau groupe « El Mouwakaoune Bidima » (les signataires par le sang) se ralliait à Al-Qaida « mère » (dont l'existence même aujourd'hui est pourtant largement questionnée par les experts sérieux18)... Cette mise en scène théâtrale, assortie de menaces contre « ceux qui planifient la guerre au nord du Mali » et « tous ceux qui participent ou planifient l’agression contre nos peuples », se concluait ainsi : « Nous riposterons avec force, nous aurons notre mot à dire, nous vous combattrons jusqu’à chez vous et nous nous attaquerons à vos intérêts. » Ce que Belmokhtar confirmera cinq semaines plus tard avec l’opération de Tiguentourine... Je n’oublie pas que ce discours islamiste guerrier ressemble fort à ceux des « émirs » du GIA algérien (Groupe islamique armé) dans les années 1990 et que l’ancien colonel du DRS Mohammed Samraoui, dans son livre publié en 2003, avait révélé qu’ils avaient été fabriqués par le service d’action psychologique du DRS19... Difficile d’en savoir plus, aujourd’hui, sur le rôle réel de Belmokhtar. Mais sur ce qui s’est vraiment passé à Tiguentourine, j’ai pu obtenir des informations de première main. Bagarre générale entre généraux Cela a commencé par l’attaque initiale du groupe de terroristes, à l’aube du 16 janvier, contre le bus qui amenait des expatriés (dont plusieurs responsables occidentaux importants des entreprises chargées de l’exploitation du site gazier). D’après ce que j’ai appris, le commando avait préparé une embuscade dont l’objectif était de prendre en otage ces étrangers, mais l’opération ne se serait pas déroulée comme prévu : le bus est passé plus loin que le lieu de l’embuscade, ce qui a amené les terroristes à prendre leurs pick-up pour le poursuivre. D’où un affrontement avec les gendarmes qui escortaient le bus, se soldant par plusieurs morts (un gendarme, un Britannique et trois Japonais). C’est ensuite que l’opération aurait « dérapé ». Suite à la riposte des gendarmes, les assaillants, au lieu de poursuivre leur « mission » initiale, se sont réfugiés sur la « base de vie » du site gazier. J’ai ainsi appris que l’un des éléments du groupe, un ancien chauffeur ayant exercé à la base de vie, qui avait toutes les cartes et les connaissances pour aider les malfaiteurs à quitter les lieux avec les otages, leur a au contraire servi de guide pour pénétrer dans le complexe. Dans le feu de l’action, cet homme aurait-il « perdu les pédales », ou, à l’inverse, obéi à des ordres imprévus de ses commanditaires ? Impossible aujourd’hui de le savoir. Ce qui est en revanche établi, c’est la brutalité absolue de la riposte des forces de sécurité algériennes, au lendemain même de l’attaque, le 17 janvier. « Malheureusement, on déplore quelques morts et quelques blessés » : ces mots très en deçà de la vérité ont été prononcés par le ministre algérien de la Communication à la télévision algérienne, suite à l’assaut militaire contre les terroristes le jour même. Un impressionnant dispositif d’intervention a en effet été dépêché sur le lieu, comme en a fait état dès le 21 janvier, de façon très orientée, le site d’information en ligne Dernières nouvelles d’Algérie (DNA)20 : son récit détaillé de l’opération – à l’évidence exclusivement alimenté par des « sources sécuritaires » – vise clairement à louer l’efficacité des unités engagées. Très biaisé, il comporte quelques informations exactes que j’ai pu recouper, mais aussi beaucoup d’omissions et de contrevérités. Les témoignages d’acteurs bien informés que j’ai pu recueillir, s’ils ne permettent pas encore de reconstituer complètement ce qui s’est passé du 17 au 19 janvier à Tiguentourine, apportent des informations inédites et importantes, en particulier sur les dissensions entre chefs militaires chargés de l’opération et sur les lourdes pertes – totalement passées sous silence, à ce jour, par les médias algériens et internationaux – subies dans les rangs de l’armée algérienne lors de l’assaut. En premier lieu, je peux préciser que trois entités de combat différentes ont été engagées pour « libérer les otages » : 1) le GIS (Groupe d’intervention spéciale21), qui dépend du DRS, rattaché au DSI (Département de sécurité intérieure) du général-major Athmane Tartag, dit « Bachir », le nouvel homme fort du DRS et chef du DSI depuis décembre 201122 ; 2) le détachement spécial d’intervention de la gendarmerie nationale (ou SSI, « section spéciale d’intervention »), une unité opérationnelle d’élite créée en 1989, à l’image du GIGN français23 ; 3) trois compagnies autonomes de commandos parachutistes : une du 5e régiment de parachutistes (RPC), une du 12e RPC et une autre du 18e RPC, basé à Hassi Messaoud. Un dispositif multiple, source d’inévitables « dérapages ». Dans la plupart des autres pays, quand il y a une prise d’otages, un seul service spécial intervient pour gérer la crise : en France, par exemple, on fait appel soit au GIGN, qui dépend de la gendarmerie, soit au RAID, qui dépend de la police nationale ; jamais aux deux en même temps. Rien de tel en Algérie. Quatre cent cinquante hommes des unités des forces spéciales ont donc été engagés pour venir à bout des trente-deux terroristes de Tiguentourine, sans que soient maîtrisés par les généraux aux commandes les risques pour les otages sur un site aussi vaste et complexe. Le mercredi 16 janvier, dans le « bureau opérationnel » établi par les forces de sécurité à proximité de Tiguentourine, se trouvent le général-major Abderrezak El-Chérif (un parachutiste, commandant de la 4e région militaire), le général Hadji, du même corps, et tout son état-major. Sont présents également : le général-major Athmane Tartag, venu spécialement d’Alger en compagnie de ses hommes du GIS, le général-major Ahmed Boustila, patron de la Gendarmerie nationale, et le colonel Abdelhafid Abdaoui, commandant de la 4e région de la Gendarmerie nationale (Ouargla). Entre ces officiers, c’est la bagarre générale, contrairement à ce qu’ont affirmé le Premier ministre Abdelkader Sellal (« Le président de la République suivait, heure par heure, l’évolution de la situation, nous avons fait preuve d’unité de commandement. L’Algérie a montré sa maîtrise24 ») et le site DNA (« Ce qui aurait pu tourner à la guerre des services a été un grand moment de solidarité interarmes25 »). Le général-major Tartag a ouvert le bal par des insultes à l’encontre du colonel Abdaoui, qu’il a qualifié d’« uled el-qahba » (fils de pute) parce qu’il avait engagé, répondant aux ordres du commandant de la région militaire, des discussions avec les ravisseurs et des notables de la région d’Illizi. Et puis il y a eu un accrochage entre le chef de région militaire et ses cadres avec les officiers du DRS, qui voulaient prendre les commandes de l’opération : ils ont qualifié ces derniers de « mercenaires d’Alger ». On aurait même entendu des claquements d’armes... Une tension sans précédent entre officiers supérieurs du DRS, d’une part, et officiers de la Gendarmerie et de l’armée, d’autre part, qui a fait déraper toute l’opération dans un bain de sang, dont les premières victimes ont été les otages étrangers. Après l’assaut, le 21 janvier, le Premier ministre a déclaré : « L’ANP et des citoyens de la région ont commencé par négocier avec les preneurs d’otages. Mais ils semblaient déterminés et leurs revendications étaient irrecevables. Il a été décidé alors de faire intervenir l’unité d’élite de l’ANP, formée spécialement pour ce type d’opération. Elle a accompli ce que peu d’unités pareilles dans le monde pouvaient réaliser26 » ; ce qui aurait « permis la libération de beaucoup d’otages ». La vérité est bien différente : les ravisseurs ont laissé partir des centaines d’otages algériens, à qui ils disaient que ce n’étaient pas eux, mais les expatriés, qui étaient visés ; et des dizaines d’autres, surtout étrangers, ont trouvé la mort, du fait des décisions brutales du général-major Athmane Tartag. « Dérapages » et lourdes pertes pour les forces de sécurité dans l'assaut de Tiguentourine Au lendemain de la prise d’otages, la situation est devenue très tendue. Après avoir pénétré sur le site, les terroristes ont recherché les expatriés présents ; le jeudi 17 au matin, trente d’entre eux (dont un Français) étaient détenus sur la « zone de rencontre » de la base de vie par onze ravisseurs, dont un des chefs du commando, Abou Al-Baraa. Comme les assaillants disposaient de deux mitrailleuses lourdes de type Douchka (de calibre 12,7) sur des pick-up (efficaces à 2 000 m), le général Tartag a alors décidé de les faire bombarder à grande distance, suscitant la colère du commandant de la 4e région militaire, qui était en désaccord avec cette option. L’objectif de Tartag était de neutraliser l’émir et le groupe principal, pour pouvoir ensuite éliminer les petits groupes dispersés dans la base à la recherche d’autres otages. Trois hélicoptères M24 ont donc tiré des missiles à guidage laser sur le groupe, tuant les onze terroristes, mais aussi... les trente otages qu’ils détenaient ! Ce qui explique les corps calcinés retrouvés le dimanche après l’opération. Les forces de sécurité ont ensuite poursuivi la traque des autres membres du commando, qui se sont déplacés vers les locaux administratifs du centre de production. Et le samedi 20 janvier, quatre terroristes, qui avaient attaché trois Japonais et deux autres otages (américains ?) à leur voiture pour rejoindre leurs collègues en position à l’usine à gaz, étaient encerclés par un groupe de parachutistes et d’hommes de la section d’intervention de la gendarmerie. L’agence mauritanienne ANI, relayée par certains médias algériens, a prétendu que « les ravisseurs essayaient de quitter la base avec des otages à bord de véhicules ». Mais cela est inexact : en réalité, le groupe ne cherchait pas à quitter la base. La décision d’ouvrir le feu a été prise par le général Tartag, défiant encore les ordres du général-major Abderrezak, commandant de la 4e région militaire, qui avait quant à lui retenu l’option d’attendre que ses hommes déjà engagés sur le site puissent éliminer les terroristes un à un, par les tirs de ses snipers. Mais Tartag a une nouvelle fois imposé la manière forte : un hélicoptère M24 a tiré trois fois sur le véhicule, qui s’est renversé avant d’exploser, tuant les terroristes et leurs otages, ainsi que sept à neuf parachutistes et deux gendarmes, dix-sept autres militaires et gendarmes étant gravement blessés27. Si la voiture cherchait vraiment à quitter la base, pourquoi Tartag n’a-t-il pas ordonné d’exécuter des tirs de saturation ou d’avertissement pour les en empêcher ? Les forces engagées avaient tous les moyens nécessaires, aériens et terrestres, pour éviter le massacre. Le groupe le plus important ayant été liquidé lors du premier assaut, il était en effet plus facile de traquer au sol les autres éléments dispersés dans la base. Enfin, il est important de rappeler que de nombreux articles de la presse algérienne ont avancé que les assaillants « avaient l’intention de faire sauter le complexe ». Or, une de mes sources m’a livré sur ce point une information importante. Alors que certains terroristes étaient en train de piéger une installation à l’intérieur du site, elle a été accrochée par une unité d’intervention. Après une demi-heure de tirs de part et d’autre, repoussé, le groupe a laissé derrière lui les charges d’explosifs : ce n’était en fait qu’une poudre inoffensive, m’a affirmé un officier. Qui avait intérêt à fournir une fausse poudre pour une opération aussi spectaculaire ? Autre fait indiquant que l’objectif des assaillants était moins les installations industrielles que l’enlèvement d’otages étrangers : après l’attaque initiale avortée du bus, comme on l’a vu, c’est vers la base de vie du site qu’ils se sont dirigés, et non vers l’usine à gaz. Par ailleurs, la présence d’artificiers au sein du groupe, mentionnée par la presse algérienne et le Premier ministre, ne suffit pas à prouver que les terroristes allaient faire sauter le site. L’utilisation d’explosifs appartient en effet au registre habituel de ces groupes ; quant aux ceintures piégées placées sur les otages, elles auraient aussi pu être initialement destinées aux passagers du bus. La presse a fait état de ces ceintures d’explosifs, ainsi que de bonbonnes de gaz des années 1990, de mines antichars et de missiles. Or, ce matériel n’apparaît pas efficace pour faire sauter des installations aussi importantes que celles de Tiguentourine. Les mines antichars n’auraient pu servir qu’à gêner l’avance d’un véhicule blindé ; et on m’a rapporté qu’en fait de « missiles », le groupe ne disposait que de tubes heb-heb de fabrication artisanale servant à tirer sur des véhicules. Lors de la conférence de presse, le Premier ministre a indiqué que les terroristes disposaient d’un armement sophistiqué, capable de détruire deux ou trois bataillons… Si le chef du gouvernement cherchait à expliquer la mort des otages, il aura peut-être convaincu les profanes. Mais cela n’est pas crédible, car trois bataillons, cela représente au moins 1 500 hommes ! Les terroristes étaient certes lourdement armés, mais pas avec le potentiel avancé par le chef de gouvernement. À qui profite le crime ? L’attaque terroriste contre la plate-forme gazière de Tiguentourine est loin d’avoir livré tous ses secrets. Il reste beaucoup de points d’interrogation sur les raisons de l’attaque, ses véritables commanditaires et son dénouement. De nombreux éléments contextuels vont dans le sens d’une opération téléguidée par le DRS, mais on ne peut pour autant être catégorique à ce propos. Outre ceux que j’ai déjà évoqués (difficultés pour un commando autonome d’échapper à la surveillance des forces de sécurité algériennes déployées dans le Sahara, rôle trouble de Mokhtar Belmokhtar et des dirigeants d’AQMI), on doit s’interroger également sur les étranges relations qu’entretiennent certains chefs du DRS avec les différents groupes « terroristes », « islamistes » ou « nationalistes » dans le Sahel. Les relations suivies du régime algérien avec les chefs du groupe islamiste Ansar Eddine n’ont ainsi rien de secret – au point que c’est sous l’égide d’Alger qu’a été très officiellement signé, le 21 décembre 2012, un accord (éphémère comme bien d’autres avant) entre ce mouvement et le MNLA où ils s’engageaient à « s’abstenir de toute action susceptible d’engendrer une situation de confrontation et toute forme d’hostilité dans la zone qu’ils contrôlent28 ». Et depuis des années, certains hauts gradés du DRS – dont les chefs répètent pourtant qu’on ne « négocie pas avec les terroristes » – ont conduit au Mali des « négociations » avec les groupes touaregs, y compris les groupes armés, au sein desquels ils ont de nombreuses « relations ». Ainsi, ces derniers mois, tandis que les ministres de la façade civile du régime affirmaient que la « négociation » était le meilleur moyen d’éviter la guerre, les hommes du DRS continuaient à manipuler des responsables de ces groupes. À maints égards, le « double jeu » du DRS dans le Sahara et le Sahel, entre infiltrations et manipulations des différents groupes armés, rappelle celui des services pakistanais (l'ISI) avec les talibans afghans et leurs homologues au Pakistan29. Ce qui autorise, faute d’autres informations avérées, bien des hypothèses30. Mais une chose est sûre : depuis vingt ans au moins, les chefs du DRS utilisent le recyclage des terroristes et du terrorisme pour se maintenir au pouvoir et rester un interlocuteur privilégié de l’Occident face aux changements qui bouleversent la région. Et nous savons aussi, grâce à de nombreux témoignages venant de sources internes, qu’avant la prise d’otages de Tiguentourine, une puissante lutte de clans se poursuivait au sommet de l’État. Cette lutte est l’expression de la fin de règne des acteurs qui dominent l’Algérie depuis plus de deux décennies (à commencer par le général Mohammed « Tewfik » Médiène, patron du DRS depuis septembre 1990, et sa marionnette civile depuis 1999, le président Abdelaziz Bouteflika) et de l’émergence d’une nouvelle génération d’officiers et d’affairistes qui veulent accaparer à leur tour les richesses du pays et le pouvoir31. Dans ce contexte, il convient de rester très prudent et il reste difficile de répondre avec certitude à la question clé : « À qui profite le crime de Tiguentourine ? » Dans le climat assez chaotique de fin de règne qui prévaut en Algérie depuis des années, on ne peut exclure que les chefs du DRS aient pu manipuler un groupe d’islamistes fanatisés dont le chef est un de leurs agents. Cela afin de conduire une opération visant à démontrer aux Occidentaux, après l’intervention française au Mali, que l’armée algérienne reste le meilleur garant de leurs intérêts dans la région, où la « menace terroriste » serait aussi réelle qu’au Nord-Mali. Mais d’un autre côté, il est certain que, depuis la guerre conduite en Libye par les forces de l’OTAN, des agents d’autres services secrets (occidentaux ou des pays du Golfe) sont présents dans la région et peuvent aussi se livrer à des manipulations des groupes armés islamistes. C’est notamment ce que pourrait suggérer la composante très multinationale du groupe d’assaut et sa supposée « origine libyenne », selon les « informations » des « journalistes sécuritaires » de la presse algérienne. Quoi qu’il en soit, on doit bien constater que la sanglante répression de la prise d’otages a bel et bien emporté l’adhésion de grandes puissances occidentales. Le Japon, dont plusieurs ressortissants ont péri dans l’attaque, a certes clairement marqué sa désapprobation et les États-Unis sont restés réservés. Mais dès le 24 janvier, l’ambassadeur britannique à Alger Martyn Roper indiquait dans un quotidien algérien que « le Royaume-Uni considère l’Algérie comme étant un partenaire-clé dans la lutte contre le terrorisme32 ». Et le 5 février 2013 devant le Parlement européen, le président français François Hollande, comme l’a rapporté El Watan, « a rappelé la tragique prise d’otages d’In Amenas survenue le 16 janvier dernier, qu’il estime comme une nouvelle preuve de ces souffrances endurées par l’Algérie. “Moi je n’ai pas discuté de ce qui a été fait par les Algériens, sur leur territoire, pour frapper les terroristes qui retenaient en otages 600 personnes !”, a-t-il déclaré en direction des parlementaires européens. Le président français a saisi l’opportunité pour réaffirmer le rôle futur de l’Algérie dans le règlement de la crise malienne : “Nous aurons besoin de l’Algérie dans cette région du monde, pour lutter contre le terrorisme, pour favoriser une politique de développement et pour le dialogue politique, y compris avec les Touareg”33 ». Autant de déclarations qui ignorent la réalité d’un régime autoritaire vomi par le peuple algérien. Pour moi comme pour beaucoup de mes compatriotes aujourd’hui, il n’y a pas d’état-major de l’Armée nationale et populaire (ANP), il y a un État-DRS qui commande l’armée et qui gouverne l’Algérie. Depuis longtemps, cela est prouvé, le DRS pratique des opérations terroristes et protège des éléments clés de la nébuleuse terroriste34. Comment croire par exemple le général-major « Bachir » Tartag, un tortionnaire aux mains sales qui a éliminé avec ses hommes des milliers de personnes dans les baignoires du centre de torture de Ben-Aknoun ? En 2002, lors de mon procès à Paris avec le général Khaled Nezzar, ex-ministre de la Défense, le capitaine Ahmed Chouchane, ancien officier des forces spéciales, avait révélé que l’émir national des GIA, Djamel Zitouni, était un agent de Tartag35. Ce même Djamel Zitouni qui avait revendiqué en 1996 l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibhirine36. D’autres anciens officiers ont confirmé ces affirmations. Dans l’« Algérie des généraux » des années 2010, la mission patriotique de l’Armée nationale et populaire à laquelle j’ai adhéré dans ma jeunesse semble bien en lambeaux. Les officiers patriotes qui ont commencé à briser le mur de la désinformation pourront-ils la reprendre ? Notes 1 Habib Souaïdia, La Sale Guerre. Le témoignage d’un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne, La Découverte, Paris, 2001 (nouvelle édition en poche : La Découverte, Paris, 2012). 2 Mounir B., « In Amenas. Révélations sur une attaque terroriste », Liberté, 19 janvier 2013. 3 « Provenance du groupe terroriste. Le Premier ministre libyen contredit Ould Kablia », Liberté, 19 janvier 2013. 4 Moncef Wafi, « Attaque du complexe gazier d’In-Amenas : des vérités et des zones d’ombre », Le Quotidien d’Oran, 23 janvier 2013. Voir également : Nejma Rondeleux, « Abdelmalek Sellal explique la prise d’otages d’In-Amenas et défend le choix de fermeté », Maghreb émergent, 21 janvier 2013. 5 Ikram Ghioua, « Situation sécuritaire régionale et banditisme. La gendarmerie face à de nouveaux défis », L’Expression, 10 juillet 2012. 6 MNLA, « Déclaration d’indépendance de l’Azawad », , 6 avril 2012. 7 Sonia Lyes, « Pour faire face aux nouvelles menaces aux frontières. L’armée nationale va se doter de deux nouvelles sous-régions militaires », TSA, 23 juin 2012. 8 Pour plus de détails sur ces criminels et leurs collègues militaires, voir ma postface à la nouvelle édition de 2012 de mon livre La Sale Guerre, op. cit. 9 Walid Ramzi, « L’Algérie envisage de se doter d’un système de surveillance frontalière », , 16 novembre 2012. Pour un panorama plus global des efforts d’armement de l’Algérie depuis la fin des années 1990, voir : « Le Maghreb, le jeu des grandes puissances et la guerre de leadership. Les raisons d’un surarmement », El Watan, 20 février 2008. 10 Azzeddine Bensouiah, « Survol du territoire algérien par les avions de guerre français. Le ministre de la Communication ne savait pas ! », Liberté, 22 janvier 2013. 11 Hassan Moali, « De retour d’une opération militaire au Tchad. Un Mirage F1 français s’écrase à Oum Bouaghi », El Watan, 7 décembre 2006. 12 « Et voila le nouveau El-Para, Ben Laden du désert », L’Expression, 5 janvier 2005. 13 Ikram Ghioua, « Quel statut pour Mokhtar Benmokhtar ? », L’Expression, 22 Septembre 2009. 14 C’est notamment le cas des services de renseignement américains, au moins jusqu’à la fin des années 2000, comme l’ont rapporté deux journalistes américains : Eli Lake et Jamie Dettmer, « One-Eyed Terror Leader’s Government Connections », , 23 janvier 2013. Ces journalistes citent ainsi un câble secret de l’ambassade des États-Unis à Bamako révélé par Wikileaks, en date du 18 mars 2009, rendant compte du point de vue d’un leader touareg, un certain Ag Ghalla : « Ag Ghalla a affirmé être aussi surpris que tout le monde face à la réticence du gouvernement algérien à s’en prendre aux camps de Belmokhtar dans le nord du Mali. Il a dit qu’il ne pouvait qu’en conclure que Belmokhtar était soutenu par certains milieux du gouvernement algérien, évoquant ensuite la légendaire réputation de Belmokhtar pour ses échappées de dernière minute et son improbable talent pour ne jamais être au mauvais endroit au mauvais moment. » 15 Voir : Salima Mellah et Jean-Baptiste Rivoire, « Enquête sur l’étrange “Ben Laden du Sahara” », Le Monde diplomatique, février 2005. 16 Voir notamment : « Le bien étrange porte-parole d’Ansar Eddine », KalimaDZ, 31 octobre 2012 ; et Salem Ferdi, « Des émissaires de Iyad Ghaly à Alger : Ançar eddine lâcherait AQMI et le Mujao », Le Quotidien d’Oran, 4 novembre 2012. 17 Voir : François Gèze et Salima Mellah, « "Al-Qaida au Maghreb", ou la très étrange histoire du GSPC algérien », Algeria-Watch, 22 septembre 2007. 18 Voir notamment à ce sujet le témoignage d’Alain Chouet, ancien chef du service « Renseignement de sécurité » de la DGSE, au Sénat français le 29 janvier 2010, « Al-Qaida est morte en 2002 ». 19 Mohammed Samraoui, Chronique des années de sang. Algérie : comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes, Denoël, Paris, 2003. 20 Akram Kharief avec Farid Alilat, « DNA a reconstitué le fil des événements : dans les coulisses de l’attaque terroriste d’In Amenas », DNA, 21 janvier 2013. 21 Comme je l’ai évoqué dans mon livre La Sale Guerre, le GIS, dont la constitution est antérieure au coup d’État de janvier 1992, est une unité d’élite, implacable, clandestine, qui a beaucoup de sang d’innocents sur les mains et qui ne répond qu’aux ordres du DRS. Elle fait théoriquement partie de l’organigramme du ministère de la Défense, mais elle n’a en réalité aucune attache avec ce ministère. Durant la sale guerre, les Algériens appelaient ses membres les « escadrons de la mort » ou les « ninjas ». Responsable de l’assassinat du président Mohammed Boudiaf en juin 1992, cette unité a toujours agi en dehors de la loi et a commis les pires atrocités (torture, disparitions forcées, exécutions extrajudiciaires, etc.). 22 Voir : Zine Cherfaoui, « Un nouveau patron pour le contre-espionnage », El Watan, 26 décembre 2011. De tous les officiers criminels engagés dans la « sale guerre » des années 1990 en Algérie, Tartag est certainement un de ceux qui a le plus de sang sur les mains (voir quelques éléments de sa sinistre biographie dans ma postface à la nouvelle édition de 2012 de mon livre La Sale Guerre, op. cit.). 23 Voir : Farid Belgacem, « Terrorisme et banditisme. 120 unités spéciales pour les missions impossibles », Liberté, 10 novembre 2012 ; et Jacob Audrey, « Le Détachement spécial d’intervention (DSI) en Algérie », , 9 décembre 2012. 24 Souhila Hammadi, « Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l’a révélé hier : Aqmi voulait faire exploser le site gazier », Liberté, 22 janvier 2013. 25 Akram Kharief avec Farid Alilat, « DNA a reconstitué le fil des événements : dans les coulisses de l’attaque terroriste d’In Amenas », loc. cit. 26 Souhila Hammadi, « Le premier ministre, Abdelmalek Sellal, l’a révélé hier : Aqmi voulait faire exploser le site gazier », Liberté, 22 janvier 2013. 27 Un bilan bien différent de celui annoncé triomphalement le 23 janvier dans un communiqué du ministère de la Défense algérien, annonçant seulement « huit militaires blessés légers, dont la majorité ont regagné leur poste » : Kaci Haider, « Assaut de Tiguentourine : 8 militaires légèrement blessés », , 23 janvier 2013. 28 Moncef Wafi, « Mali : le double jeu de Ansar Dine », Le Quotidien d’Oran, 24 décembre 2012. 29 Voir à ce propos deux articles, qui semblent bien informés, de John R. Schindler, ancien membre de la National Security Agency des États-Unis : « The Ugly Truth about Algeria », The National Interest, 10 juillet 2012 ; « Algeria’s Hidden Hand », The National Interest, 22 janvier 2013. 30 Comme celle, pas plus invraisemblable qu’une autre, que citait le magazine en ligne Maghreb émergent : « Un spécialiste algérien, qui souhaite garder l’anonymat, s’étonne que personne ne se pose de question sur l’étrange et absurde “offensive” d’Ansar Eddine et des djihadistes vers le Sud du Mali. “La démarche est si peu rationnelle qu’on peut légitimement se demander si Ansar Eddine n’a pas été manipulé pour engager une opération qui justifie tout le reste”, ajoute notre source » (« Le pari perdu d’Alger sur Iyad Ag Ghaly, selon le New York Times », Maghreb émergent, 2 février 2013). 31 Voir : Algeria-Watch, « Algérie 2012 : un régime de vieillards sanguinaires en fin de règne », 11 janvier 2013. 32 Martyn Roper, « Nous allons tirer les leçons de cette attaque », Liberté, 24 janvier 2013. 33 Hacen Ouali, « Devant le Parlement européen. François Hollande affirme le rôle-clé de l’Algérie au Sahel », El Watan, 6 février 2013. 34 Voir Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie, crimes et mensonges d’États, La Découverte, Paris, 2004. 35 Voir Habib Souaïdia, Le Procès de « La Sale Guerre », La Découverte, Paris, 2002. 36 Les circonstances de ce drame ont été très précisément relatées par le journaliste Jean-Baptiste Rivoire dans son livre Le Crime de Tibhirine, La Découverte, Paris, 2011.

  • Une photo en guise de gousse d’ail pour en finir avec les zombies !

     

    Election d’un nouveau président à la Fédération nationale d’échecs. Ah bon ? Et moi qui croyais que pour les échecs algériens, il y avait déjà un Président. Elu à vie ! Prenez la photo des 22 historiques, ce fameux cliché représentant les initiateurs de la Révolution de Novembre, et voyez ! Ils sont magnifiques de jeunesse belle ! Ils sont JEUNES, ya bouguelb ! Ensuite, prenez les infos sur la succession probable de Belkhadem à la tête du FLN, et faites les comptes. Celui-ci a 79 ans et un cœur fatigué. L’autre oscille, hésite entre écrire ses mémoires ou son testament. Et l’autre encore doit quitter la salle du comité central à plusieurs reprises pour soulager une vessie qui n’en peut plus de le supporter, lui ! La voilà la régression non féconde de l’Algérie ! Elle est toute là. Ceux qui ont sorti l’Algérie des griffes du colonialisme étaient jeunes, superbement jeunes, insolemment jeunes. Ceux qui tiennent la boutique depuis n’en finissent pas de finir. Et du coup, même une autre idée qui pourtant avait le vent en poupe il y a peu me semble aujourd’hui périmée, dépassée, outrageusement datée : celle de faire entrer le FLN au musée ! C’est un manque de respect pour le musée en tant qu’institution de la mémoire relayée envers et vers les jeunes générations. Non ! Ça ne se peut pas ! Cet acheminement est impossible. C’est en direction d’un immense centre de gériatrie construit sur une assiette de terrain discrètement choisie et suffisamment éloignée des centres urbains, des enfants et des écoles que devrait être définitivement hébergé ce FLN-là. Sauf à insulter les visages éblouissants de jeunesse ardente qui figurent sur la photo des 22 historiques. Sauf à dire «merde» à leur combat, à leurs espoirs et à leur sacrifice. Et puis, au-delà, ce cliché en noir et blanc est la négation de la théorie politique qui voudrait que l’âge avancé soit le garant d’une expérience et d’une aptitude plus affirmée à diriger un mouvement, à gérer un parti, un pays. Foutaises ! Ces 22 héros étaient des gamins ! Des gosses ! Aujourd’hui, dans et autour du FLN, parti majoritaire, parti au pouvoir, parti présidentiel, des dinosaures, des reliques, des lambeaux de vie, des personnages que l’on dirait échappés d’un centre embaumeur font barrage à l’avenir. Mon Dieu ! Doit-on brandir encore et encore à leur face flétrie la photo en noir et blanc de 22 jeunes magnifiquement beaux et déterminés, comme on brandirait une gousse d’ail sous le nez obstrué de démons grabataires ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L. Une photo en guise de gousse d’ail pour en finir avec les zombies ! Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com Election d’un nouveau président à la Fédération nationale d’échecs. Ah bon ? 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Et du coup, même une autre idée qui pourtant avait le vent en poupe il y a peu me semble aujourd’hui périmée, dépassée, outrageusement datée : celle de faire entrer le FLN au musée ! C’est un manque de respect pour le musée en tant qu’institution de la mémoire relayée envers et vers les jeunes générations. Non ! Ça ne se peut pas ! Cet acheminement est impossible. C’est en direction d’un immense centre de gériatrie construit sur une assiette de terrain discrètement choisie et suffisamment éloignée des centres urbains, des enfants et des écoles que devrait être définitivement hébergé ce FLN-là. Sauf à insulter les visages éblouissants de jeunesse ardente qui figurent sur la photo des 22 historiques. Sauf à dire «merde» à leur combat, à leurs espoirs et à leur sacrifice. Et puis, au-delà, ce cliché en noir et blanc est la négation de la théorie politique qui voudrait que l’âge avancé soit le garant d’une expérience et d’une aptitude plus affirmée à diriger un mouvement, à gérer un parti, un pays. Foutaises ! Ces 22 héros étaient des gamins ! Des gosses ! Aujourd’hui, dans et autour du FLN, parti majoritaire, parti au pouvoir, parti présidentiel, des dinosaures, des reliques, des lambeaux de vie, des personnages que l’on dirait échappés d’un centre embaumeur font barrage à l’avenir. Mon Dieu ! Doit-on brandir encore et encore à leur face flétrie la photo en noir et blanc de 22 jeunes magnifiquement beaux et déterminés, comme on brandirait une gousse d’ail sous le nez obstrué de démons grabataires ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.

  • Chakib Khelil ciblé par la justice

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    La justice algérienne devrait engager de nouvelles investigations pour faire la lumière sur le rôle de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines dans l’affaire de corruption dite «Sonatrach 2». C’est ce qu’a laissé entendre le procureur général de la cour d’Alger dans un communiqué rendu public hier.
    Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - «Suite aux informations révélées par certains quotidiens d’information nationaux et étrangers quant à l’implication de personnalités algériennes dans des faits à caractère pénal et plus précisément de corruption, et ce, lors de l’exercice de leurs fonctions au sein des institutions de l’Etat, le parquet général près la cour d’Alger informe l’opinion publique que les faits ainsi révélés sont en relation avec l’information judiciaire déjà ouverte auprès du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed dans le cadre de l’affaire dite Sonatrach 2. Le parquet de la République près cette même juridiction a, en date d’aujourd’hui 10 février 2013, par le biais de réquisitions supplétives, requis le juge d’instruction en charge du dossier l’élargissement du champ des investigations à ces faits nouveaux rapportés par les différents organes de presse», peut-on lire dans ce communiqué signé par le procureur Zeghmati. Même si le nom de l’ancien ministre de l’Energie ne figure pas dans ce communiqué, il est évident, de par son ancien statut, qu’il est l’unique «personnalité algérienne» ayant exercé «des fonctions au sein des institutions de l’Etat» a avoir été citée par la presse italienne et algérienne depuis la médiatisation de l’affaire Saipem. C’est, en effet, la lecture que font plusieurs hommes de loi contactés, hier, à ce propos. Reste à savoir si Khelil acceptera de se mettre à la disposition de la cour d’Alger. En 2010, quelques mois après son départ du gouvernement, Chakib Khelil avait répondu par un rire sarcastique à un groupe de journalistes qui lui demandaient s’il avait été convoqué par la justice. Bien des choses ont, semble-t-il, changé depuis…
    T. H.

  • La vitre d'Alger

     

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    Nedjma est derrière la vitre, à regarder dehors. La pluie et le froid se relayent. En bas, les passants à la mine renfrognée pressent le pas pour se terrer chez eux. Il ne se passe rien. Les klaxons de voiture se déchaînent pour assurer un vacarme névrotique. Il n'y a toujours pas de feux tricolores à Alger, ce qui aurait pu arrêter les klaxons qui s'énervent après le policier qui gère la circulation. Chacun veut passer le premier, et vite. Nedjma s'est retirée de la vitre. Du coin de l'œil, elle regarde le JT de l'ENTV montrant le Premier ministre Sellal inaugurer une cité et un robinet d'arrêt quelque part dans le pays.

    Elle se demande vaguement si CNN montrait Obama faire la même chose, ce que serait la réaction des téléspectateurs américains. Non, Sellal n'est pas président. Peut-être qu'il le sera, personne n'en sait rien, les candidats vivent dans la clandestinité comme s'il était honteux de postuler. Et le Président, le vrai  ? Toujours absent, comme si rien ne comptait pour lui. On disait qu'il allait faire un discours à la nation. Mais pour dire quoi ? Et quelle nation ? Rien. Malgré l'ère et l'air des changements qui s'imposent, l'actualité est réduite à quelques disputes entre membres de partis. L'Algérie en est encore aux années 1970, Pink Floyd en moins, à lire l'avenir des complots dans les lignes de la main de l'étranger et importer du blé pour manger. Nedjma s'est remise derrière la vitre.

    En bas, un cancéreux arrivé au stade terminal est tombé en marchant. Il est mort faute de soins. Les passants accélèrent, enjambant le cadavre déjà froid. Le policier de la circulation arrive, engendrant de nouveaux klaxons furieux. Alger est triste et grincheuse. Mais qu'est-ce qui l'a rendue ainsi ? D'un geste brusque et furieux, Nedjma a cassé la vitre avec son petit poing. De l'air. Du sang coule, tombant à petites gouttes vers le bas, dans la rue, se mêlant à la pluie. Un passant a levé la tête, touché à son pull vert par une goutte rouge : «Chienne.»

     

    Chawki Amari
  • algerie,et la pluie un une ande histoire d'amour

    Légère amélioration aujourd’hui avant le retour des perturbations

    Pas d’accalmie hier. Le temps est resté instable sur le nord du pays avec des chutes de neige importantes notamment à l’est du pays. Les routes étaient toujours impraticables dans au moins seize wilayas, tandis que plusieurs villages étaient isolés. Une petite amélioration est attendue pour aujourd’hui avant le retour du mauvais temps demain.
    Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La semaine débute comme elle s’est achevée avec un temps instable et des précipitations importantes. Le bulletin météo spécial émis par les services concernés prévoyait en effet de fortes chutes de pluie. Elles ont été dans certaines wilayas diluviennes et torrentielles, et accompagnées parfois de grêle, avec des cumuls qui dépasseront les 100 mm à Jijel, Skikda, Annaba et El Tarf. Les wilayas concernées par ces intempéries sont Alger, Boumerdès, Médéa, Blida, Tipasa, Aïn Defla, Bouira, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Sétif, Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf, Guelma et Souk Ahras. Mais c’est l’est du pays qui a été le plus touché par les importantes chutes de neige. Conséquences de ces intempéries, plusieurs axes routiers ont été coupés et des accidents de la route dus notamment au verglas ont été enregistrés par la gendarmerie et la Protection civile. Leurs éléments ont dû intervenir pour porter secours à des automobilistes bloqués par la neige. Hier, 17 chemins de wilaya et 10 routes nationales restaient toujours fermés ou difficilement praticables. A Bouira, la route nationale reliant cette wilaya à celle de Tizi-Ouzou est coupée à la circulation au niveau du col de Tirourda. Même constat au niveau du tronçon reliant Bouira à Tizi-Ouzou. La neige a également bloqué la circulation sur la route reliant Bouira et Médéa. Même situation à Sétif où la neige a entravé la circulation automobile au niveau de la route reliant cette wilaya à celle de Bordj- Bou-Arréridj à hauteur du village El-Hadj, la RN 75 reliant cette wilaya à celle de Béjaïa, sur une distance de 7 km, la RN 9 reliant Sétif à Béjaïa. A Batna, l’amoncellement de la neige a provoqué l’arrêt de la circulation au niveau de la RN 87 reliant Batna et Biskra, la RN 77 reliant Batna et Sétif. Dans la wilaya de Médéa, la RN 64 reliant cette wilaya à celle de Blida est coupée par la neige sur une distance de 20 km. La même situation est enregistrée sur la RN 33 entre Tizi-Ouzou et Bouira. A Souk-Ahras, la route est impraticable sur la RN 80 entre cette wilaya et Guelma, sur une distance de 11 km dans la circonscription communale de Sedrata, ainsi que la RN 81 reliant Souk Ahras e Guelma. Le même constat est relevé sur la RN 82 reliant Souk Ahras et El Tarf, la RN 20 reliant Souk-Ahras à El Tarf, sur une distance de 10 km. A Guelma, la circulation automobile est coupée au niveau de la RN 80 reliant cette wilaya à celle de Souk Ahras, sur une distance de 15 km. A Bordj-Bou-Arréridj, la neige a bloqué la circulation au niveau de la RN 76 reliant cette wilaya à celle de Sétif ainsi que la RN 106 reliant Bordj-Bou-Arréridj à Béjaïa, sur une distance de 20 km. A Béjaïa, il s’agit de la RN 26A reliant cette wilaya à celle de Tizi-Ouzou sur une distance de 9 km, la RN 106 reliant Béjaïa à Bordj-Bou- Arréridj, sur une distance de 14 km qui sont coupés. Dans toutes ces wilayas, les moyens matériels étaient mobilisés pour rouvrir les axes routiers et sortir les populations de leur isolement.
    N. I.

  • Un pays qui se vide ne fait jamais de bruit !

     

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Les Etats-Unis sur le point d’inscrire Mokhtar
    Belmokhtar, dit le «Borgne», sur la liste des cibles à
    abattre à l’aide d’un Drone. L’intéressé voit ça d’un très
    très…

    … mauvais œil

    Les mêmes mots ou presque. Peut-être une légère différence, au niveau de l’accent. Quoiqu’à l’est de l’Algérie, les similitudes phoniques sont frappantes, d’une proximité édifiante : «ta mort ne restera pas impunie !» «Nous jurons aujourd’hui fidélité à ton combat et à ta mémoire». Ou le fameux «l’intégrisme ne passera pas». Je n’ai pas encore entendu l’autre phrase culte «la peur doit changer de camp !». Mais les cimetières, qu’ils soient à Bentalha ou à Tunis, se vident tous de la même manière ou presque. D’un coup. Trop d’un coup, laissant là une tombe, fraîchement «fermée» au visage d’une veuve et d’enfants. Les lendemains, bien sûr, d’autres rassemblements. D’autres poings levés rageusement en direction des Frères Barbus qui, eux, attendent leur heure divine. Et puis, sans que l’on s’en rende compte vraiment, ceux que tu as croisés la semaine dernière lors de l’enterrement d’un autre camarade canardé au pied de sa barre d’immeubles t’écrivent, te mailent. Mais d’ailleurs. De France, de Belgique ou du Canada. Y a pas d’accent dans les lettres ou dans les mails. Y a juste cette phrase inamovible en bas de texte, assassine par son impudeur «tiens bon ! Le pays s’en sortira. Signé tartempion, de Montréal». Mon Dieu ! Les promesses faites aux morts sont identiques, d’Alger à Tunis. La terre est la même. Les veuves sont drapées dans la même dignité qui refuse l’abdication. Et les départs sont les mêmes. Tu ne t’en rends même pas compte, pensant marcher encore dans la rue, en masse compacte, alors que derrière, ce ne sont que grappes qui se flétrissent une à une. Demain, peut-être, tu n’auras plus envie d’aller marcher. Et le cimetière est tellement loin. Et les ronces ont repris leur droit d’invasion florale entre les tombes, rendant l’accès aventureux pour de vieilles guibolles flageolantes. Un pays qui se vide de sa substance ne fait jamais de bruit. Ou alors étions-nous devenus sourds à ce point au dévasement ? Ou bien ne s’agit-il finalement que d’un vulgaire phénomène physique. Reste que je n’ai pas entendu mes camarades s’éloigner définitivement des cimetières et des promesses enterrées profond. Ce silence d’un pays qui se vide et qui rompt ses engagements à partir des ponts de l'Alma et du boulevard Saint-Michel, je voudrais tellement que la Tunisie de Chokri Belaïd ne le vive pas à son tour. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

     

  • Sale temps pour le Qatar et ses sponsors


    Par Maâmar Farah
    C'est le début de la fin pour le grand rêve du cheikh Hamed du Qatar et de ceux qui sont derrière lui. L'islamisme version 2012, — année qui a vu les révolutions arabes détournées de leurs objectifs politique, économique et social —, est en déroute.
    En Égypte et en Tunisie, l'opposition républicaine et démocratique est en train de pousser les intégristes dans leurs derniers retranchements, et quand ils sont dans cette position, on sait ce qu'ils font : passer aux assassinats politiques, puis au terrorisme. Remake d'une histoire algérienne récente que personne ne prend la peine d'étudier sérieusement. En Syrie, le laïc Bachar El Assad résiste aux assauts des mercenaires et même s'il n'est pas le choix idéal pour ce pays, il vaut mieux que les terroristes financés par Hamed ! En Libye, ce terrorisme est opérationnel et on sait de quoi il est capable depuis In Aménas. Mais l'étau se resserre autour des groupes sahéliens en pleine débandade. Le monde prend conscience du danger et agit en conséquence. Les opinions sont en train de se retourner contre ceux qui leur ont promis le paradis mais ne leur offrent que l'enfer. «Al Khenzeera» perd le peu de crédibilité qui lui reste. Le nom du Qatar est honni par les peuples arabes.
    maamarfarah20@yahoo.fr
    «Khaoula est en France ! Grâce aux lecteurs du Soir d'Algérie ! Moi et Tonton Lekhmissi, on a mis la moitié de sa retraite, plus quelques sous récupérés de la ferme... J'espère qu'il a tout versé à Khaoula et qu'il n'a pas été tenté par un Chanel 5 à offrir à la “Ghoula”...»
    (Tata Aldjia)

  • Répression en algerie

     

  • Human Rights Watch, Rapport annuel 2013

     

     

    31 janvier 2013

    Les nouvelles lois adoptées en janvier 2012, ainsi que l’annonce en 2011 de la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 19 ans et de la mise en place d’importantes réformes constitutionnelles et électorales, n’ont guère donné aux Algériens une plus grande liberté pour s’associer, former des par

    Les nouvelles lois adoptées en janvier 2012, ainsi que l’annonce en 2011 de la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 19 ans et de la mise en place d’importantes réformes constitutionnelles et électorales, n’ont guère donné aux Algériens une plus grande liberté pour s’associer, former des partis politiques ou exprimer leurs opinions. Les autorités ont invoqué d’autres lois et réglementations répressives pour étouffer les voix dissidentes et juguler les activités relatives aux droits humains, notamment la loi de 1991 régissant le droit à la liberté de réunion, qui exige l’obtention d’une autorisation préalable pour les manifestations publiques.

    Les élections législatives de mai ont donné à la coalition au pouvoir dans le pays, le Front de Libération Nationale et le Rassemblement National Démocratique, une majorité de sièges. Plusieurs partis, entre autres une coalition de partis islamistes, ont accusé le gouvernement de fraude électorale. Les forces de sécurité et les groupes armés ont continué de jouir d’une impunité générale pour les atrocités perpétrées au cours de la guerre civile des années 1990. L’État a offert des indemnisations aux familles des victimes de disparitions forcées survenues pendant cette période, mais il n’a apporté aucune réponse à propos du sort qui leur a été réservé.
    Liberté de réunion

    Tout au long de l’année 2012, les autorités algériennes ont continué de limiter fortement la liberté de réunion, recourant à des techniques préventives, bloquant par exemple l’accès aux lieux prévus pour des manifestations et procédant à des arrestations pour empêcher ne fût-ce que l’amorce de contestations publiques, tout particulièrement lorsque le but de la manifestation était jugée politiquement sensible. Ainsi, le 20 avril, la police a arrêté 10 militants du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), un mouvement de jeunes fondé en 1992 autour de la thématique des droits humains et de la démocratisation, devant le bureau central de la poste alors qu’ils se rendaient à un entretien avec un journaliste français, les libérant plus tard dans la journée.

    Le 26 avril, la police a arrêté plusieurs militants qui tentaient de manifester devant le tribunal de Sidi Mohamed à Alger en solidarité avec Abdelkader Kherba, un membre du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) qui avait été arrêté le 18 avril et était jugé pour incitation directe à un attroupement non armé.

    Les syndicats professionnels indépendants, qui revendiquaient de meilleures conditions salariales et de travail, figurent parmi les groupes qui ont essayé le plus activement d’organiser des manifestations publiques. Les autorités ont souvent empêché leurs activités dans la capitale en assurant une forte présence policière et en obtenant des injonctions judiciaires.

    Liberté d’association

    La nouvelle loi sur les associations, que le parlement a adoptée le 12 janvier 2012, contient bon nombre de nouvelles dispositions qui octroient des pouvoirs considérables au gouvernement pour contrôler les associations. Ladite loi conserve le régime en vigueur d’agrément préalable pour les associations et confère aux autorités de vastes pouvoirs discrétionnaires les habilitant à refuser l’octroi d’un statut juridique à de nouvelles associations sans demander d’abord une ordonnance d’un tribunal. Elles peuvent, par exemple, refuser d’accorder l’agrément à une association dont l’objet ou les buts sont estimés « contraires à l'ordre public, aux bonnes mœurs et aux dispositions des lois et règlements en vigueur ». Par ailleurs, elles peuvent dissoudre des associations pour des motifs généraux, notamment pour « ingérence dans les affaires internes du pays », « atteinte à la souveraineté nationale », réception de fonds étrangers sans autorisation préalable et exercice d’activités autres que celles prévues dans leurs statuts. Toute participation à une association non reconnue, suspendue ou dissoute peut donner lieu à une peine d’emprisonnement.

    Liberté d’expression

    La nouvelle loi relative à l’information a supprimé les peines de prison pour les délits d’expression commis par des journalistes, notamment pour diffamation ou outrage envers le président, les institutions publiques ou les tribunaux. Elle a toutefois augmenté le montant des amendes imposées. Elle a également élargi les restrictions frappant les journalistes en exigeant qu’ils respectent une série d’objectifs formulés en termes vagues et en prévoyant des sanctions pouvant être ordonnées par un conseil professionnel d’éthique en cas d’infractions. Les délits d’expression continuent d’être omniprésents dans le code pénal, qui prévoit jusqu’à trois ans de prison pour des tracts, bulletins ou papillons qui sont « de nature à nuire à l’intérêt national » et jusqu’à un an pour diffamation ou injure à l’encontre du président de la République, du parlement, de l’armée ou d’institutions publiques.

    L’ordonnance portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a été adoptée en février 2006 et offre l’immunité judiciaire tant aux membres des forces de sécurité qu’aux membres des groupes armés, à certaines exceptions près, pour les atrocités qu’ils ont perpétrées lors du conflit civil des années 1990. La charte cherche également à endiguer la poursuite du débat et de l’examen des atrocités commises pendant cette période : elle prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour quiconque « instrumentalise les blessures de la tragédie nationale pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international ». Il semblerait que personne n’ait été emprisonné en vertu de cette disposition.

    Harcèlement judiciaire

    En 2012, les autorités ont inculpé plusieurs militants des droits humains et dirigeants syndicaux de diverses infractions pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté de réunion ou avoir témoigné leur soutien à des grèves ou des manifestations. Le 18 avril, les autorités ont arrêté un membre du CNDDC, Abdelkader Kherba, devant le tribunal de Sidi Mohamed à Alger, où il était venu exprimer sa solidarité avec des employés du tribunal qui étaient en grève depuis 10 jours et participaient à un sit-in dans le but de réclamer de meilleures conditions de travail pour le personnel du tribunal. Un tribunal a jugé Kherba coupable d’ « incitation directe à un attroupement non armé » et d’ « entrave au fonctionnement d’une institution » et l’a condamné à un an de prison avec sursis. Kherba a été arrêté une deuxième fois le 21 août et accusé d’ « outrage à fonctionnaire ». Il a été libéré par la suite.

    Yacine Zaid, syndicaliste et président de la section de Laghouat de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH), ainsi que trois autres dirigeants syndicaux, ont été accusés de « provocation à un attroupement non armé » en vertu de l’article 100 du code pénal. La police les a arrêtés le 26 avril alors qu’ils organisaient un sit-in devant le tribunal de Sidi Mohamed pour dénoncer l’action intentée contre Kherba.

    Lutte contre l’impunité pour les crimes passés

    Khaled Nezzar, ministre de la Défense de 1992 à 1994, a été arrêté par la police suisse en octobre 2011, interrogé, puis libéré sous caution. Le tribunal pénal fédéral suisse (TPF) a engagé une procédure d’enquête à son encontre pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour le rôle qu’il a joué en commandant la brutale répression de la résistance armée et des troubles civils en Algérie au cours des années 1990. Le 31 juillet 2012, le TPF suisse a jugé irrecevable son recours en annulation des poursuites. Il demeure en liberté sous caution en attendant la clôture de l’enquête et le début du procès.

    Statut des femmes

    L’Algérie a adopté une nouvelle loi le 12 janvier 2012, imposant un quota de 30 pour cent de femmes sur les listes électorales des partis pour les élections législatives et les élections locales (assemblées populaires de wilayas et assemblées populaires communales). Les femmes ont remporté 31 pour cent des sièges au parlement élu le 10 mai. Néanmoins, le code du statut personnel est discriminatoire à l’égard des femmes dans les domaines de l’autorité parentale, du divorce et de l’héritage.

    Terrorisme et lutte contre le terrorisme

    Les attaques menées par les groupes armés ont été beaucoup moins fréquentes qu’au cours des années 1990. Cependant, Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a continué de lancer des attaques meurtrières, visant la plupart du temps des cibles militaires et policières.

    Après que Bouteflika eut levé l’état d’urgence, les autorités ont transféré dans des centres de détention officiels les terroristes présumés qui se trouvaient « assignés à résidence » depuis plusieurs années sans aucun contrôle juridictionnel. Cependant, de longs retards ont affecté leurs procès, les juges refusant de citer à comparaître certains témoins clés et reportant à maintes reprises leurs audiences. En 2012, les procès de Hassan Hattab, Amari Saifi et Kamel Djermane, trois terroristes présumés détenus au secret pendant plusieurs années et traduits en justice après la levée de l’état d’urgence, ont été plusieurs fois reportés.

    L’Algérie a renforcé son rôle d’acteur régional dans la lutte contre le terrorisme, par exemple en accueillant la réunion inaugurale du Forum mondial de lutte antiterroriste, un groupe multilatéral que les États-Unis ont créé pour étendre les discussions sur la lutte contre le terrorisme au-delà des pays industrialisés occidentaux.
    Principaux acteurs internationaux

    Le 17 octobre 2012, François Hollande, le nouveau président français, a déclaré dans un communiqué qu’il reconnaissait la responsabilité de la République française dans la répression qui a coûté la vie à des dizaines de manifestants algériens à Paris le 17 octobre 1961.

    L’Union européenne, qui a déjà un « accord d’association » avec l’Algérie, a accepté de verser à ce pays une aide de 172 millions d’euros (environ 234 millions de dollars américains) entre 2011 et 2013. Les pays occidentaux voient en l’Algérie un important partenaire dans la lutte contre le terrorisme. À la suite de l’occupation du nord du Mali par des groupes islamistes radicaux en avril, les États-Unis et les pays européens ont accru leur coopération avec l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme.

    Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, les Groupes de travail de l’ONU sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) et sur la détention arbitraire (GTDA), ainsi que le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ont continué à se voir refuser l’accès au territoire algérien.

    La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay s’est rendue en Algérie les 18 et 19 septembre. Elle a salué la plus grande liberté d’expression dans les médias mais s’est inquiétée des restrictions persistantes à la liberté de réunion et d’association. Lors de cette visite, le gouvernement a déclaré qu’il accepterait la demande formulée de longue date par le GTDFI d’effectuer une mission en Algérie.

  • Allez les bleus !

     

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Que faut-il à la Tunisie pour s’en sortir aujourd’hui ? Un…

    … Mohamed Lamari, que Dieu ait son âme !

    Un lecteur me reprochait l’autre jour mon ton très dur à l’encontre des trois terroristes preneurs d’otages… pris à leur tour dans les mailles de l’assaut des forces de l’ANP sur le site de la raffinerie de gaz d’In Aménas. Cet ami qui se décrit lui-même comme un fidèle d’entre les fidèles de l’espace «Pousse avec eux» m’avait, entre autres, suggéré gentiment ceci : «Hakim, il ne faut pas sombrer dans la bestialité des bêtes immondes qui tuent. Il ne faut surtout pas appeler à leur soutirer des renseignements par des moyens non conventionnels. Car à l’ignoble, il ne faut pas répondre par l’ignoble.» La présence aujourd’hui des troupes combinées franco-maliennes à la frontière avec l’Algérie, à moins de 60 km exactement de cette frontière, présence due au fait que dans cette enclave malienne se seraient réfugiés des groupes d’Aqmi, du Mujao et d’Ançar Dine, me donne une occasion de répondre à l’appel pressant de ce «fidèle » lecteur. D’abord, par une précision : ici, les idées ne se taillent pas en fonction des époques. Ici, le principe n’est pas une matière malléable au gré des saisons et des humeurs. Et donc, ici, aujourd’hui, hier et demain, je le rédige sciemment en gros caractères majuscules – et j’implore mes doctes collègues du service correction de garder telle quelle cette police – UN BON TANGO EST UN TANGO MORT ! Il ne m’insupporte pas de savoir que des renseignements aient pu être soutirés à un terroriste islamiste par des «moyens non conventionnels» tant que ces renseignements permettent à des villes et villages de dormir sans la peur de ne pas se réveiller le lendemain, ou de se réveiller amputés des mains et des pieds. Je ne revendique la fidélité d’aucune lectrice et d’aucun lecteur qui ne tolérerait pas – oh ! la belle âme sensible — de voir verser le sang d’un tango. Je préfère perdre ce genre de lecteurs, me priver de l’amitié de ce que j’appelle la secte des «Droits-de-l’hommiste». Et j’assume ! Demain, l’islamisme prendra peut-être le pouvoir totalement en Algérie et au Maghreb, je ne renierais pas un mot, pas une phrase de cette position guerrière contre l’intégrisme. Et aucun tribunal islamique ou même international, qu’il siégeât à Ksar Chellala ou à La Haye, ne me fera revenir en arrière. Et donc, «ami lecteur» qui me reprochait mon extrême dureté et mon appel à régler leur compte aux deux tangos arrêtés à In Aménas, je vous confirme et suis prêt à le signer sur n’importe quelle attestation : j’appelle les forces françaises en opération en ce moment même à moins de 100 kilomètres de notre frontière à débriefer comme il se doit les rats intégristes réfugiés dans cette enclave, et les assure qu’aucun bruit de mauvais traitement ne parvient jusqu’à nos oreilles. Eh oui ! Le désert a ceci de profondément merveilleux que de son immensité intense n’émergent jamais les cris stridents des rongeurs nuisibles que l’on écrase. Alors, allez les bleus ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauche

  • Quand les destruktors se sucrent...


    Par Maâmar Farah
    Et vas-y que tu me donnes pour que l'Etat te donne, vire-moi du fric ou je te vire tout court. Rencontres à Paris : c'est pratique mais versement en Suisse, ça fait chic ! Tous les secteurs d'activité ont été touchés. Voilà aussi pourquoi tous les soumissionnaires nationaux à la compétence avérée et aux moyens solides ont été écartés de la course.
    Voilà pourquoi et comment, on a marginalisé le cadre algérien, tué des centaines d'entreprises, fermé des usines et détruit des pans entiers de notre industrie ; voilà pourquoi on a poussé des milliers de cadres à fuir vers l'étranger. Importons, importons de tout, n'importe quoi, pourvu que ça casse le produit algérien, pourvu que ça place des sommes colossales à l'étranger... C'est un plan national de destruction systématique et ce n'était pas seulement une question d'idéologie ou de mauvais choix. Les destruktors ne sont pas sadiques : ils ne détruisaient pas pour le plaisir. Ils se faisaient grassement payer. De l'argent sale comme ces 197 millions d'euros qui auraient été versés par l'italienne Saipem à des responsables algériens. Des noms, nous voulons des noms !
    maamarfarah20@yahoo.fr
    «Un lecteur a demandé à mon neveu des détails sur Sihem Lavabo. Il veut tout savoir sur elle. Il demande une chronique sur le sujet. Je n'autorise pas mon neveu à parler de cette dévergondée, sauf s'il me refile 7 millions pour changer la vieille télé. Quoi, corruption ? C'est mon neveu chéri, non ?»
    (Tata Aldjia)

  • no moment

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  • La mort comme mode de communication

     

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    Comment en finir avec ceux qui ont décidé de tout finir  ? La difficile question qui s'est posée à l'Algérie, il y a 20 ans, se pose malheureusement aujourd'hui à la Tunisie, à laquelle personne ne souhaite le plongeon dans le même film d'horreur que son voisin – enfants décapités, foules explosées et villages entiers passés à la hache. Il s'agit pour les Tunisiens, à ce carrefour de l'histoire ou point d'inflexion de la courbe de son destin, de trouver la réponse adéquate, celle que n'a pas trouvée l'Algérie avec ses milliers de morts, démocrates, journalistes, policiers, militaires ou anonymes, assassinés les yeux stupéfaits. Que faire devant cette énigmatique constance de l'islamisme à faire ses besoins là où il mange  ? Les tuer tous, les islamistes, les réduire en poudre et en faire du savon ? L'idée est aussi bonne qu'inapplicable. Les parquer dans un désert grillagé en espérant qu'ils fondent au soleil ? Ce serait prendre de la vieille huile de vidange pour du beurre frais.

    Les peindre en orange pour les envoyer en fichiers attachés à Guantanamo  ? Non plus, l'Amérique, même à Cuba, ne peut accueillir toute la bêtise du monde. Que faire alors de ces têtes de veau dont la capacité de nuisance semble sans limite et sans cesse renouvelée ? Comme le répètent souvent les dirigeants algériens de la lutte antiterroriste, tarir leurs sources de financement. C'est là où la phrase s'arrête et que le non-sens commence, le problème étant que les principaux fournisseurs d'idéologies et de finances ne sont autres que l'Arabie Saoudite et le Qatar, contre qui personne ne semble rien pouvoir faire. Devant des considérations si géostratégiques et des lâchetés si imperturbables, il faudrait donc s'avouer vaincu. Réduits à couper une mauvaise herbe pendant que les engrais importés en font pousser des centaines à côté. Même un fellah fonctionnaire de la Révolution agraire trouverait le procédé absurde.

     

    Chawki Amari
  • Connaissez-vous le Krispos ?

    Ça ressemble un peu au krisprolls, le pain grillé suédois, mais ça n'a rien à voir. Le Krispos, dont le nom officiel est le NCIS, Service national des enquêtes criminelles norvégiennes, ressemble aussi au nom d'une série policière américaine, mais là encore, ça n'a rien à voir. Le Krispos est bien réel, et l'une de ses équipes s'est d'ailleurs rendue à In Amenas, avec beaucoup d'efficacité puisqu’elle a non seulement réussi à identifier 5 Norvégiens, mais aussi 25 autres corps, ce que les autres services n'ont pas réussi à faire. Les Algériens, sourcilleux et isolés dans leur prison, découvrent du coup la multiplicité des organismes étrangers qui atterrissent en dehors des survols autorisés. Outre la DST française, bien établie sur ce qui était son territoire, on a appris que le MI6 s'était installé la semaine dernière dans la foulée de la visite de Cameron pour traquer du terroriste. On avait aussi compris que la CIA avait un bureau à Alger, même si la célèbre agence s'est surtout fait connaître pour droguer et abuser des jeunes femmes, comme l'avait fait son représentant. Avec le Krispos, il faut admettre que nous ne sommes plus seuls, les Aliens sont parmi nous. Mais avec le recul, ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car le terrorisme résiste encore aux discours rassurants des décideurs et selon les derniers chiffres, la délinquance a encore augmenté malgré ce plan de développement agricole national qui a planté des milliers de policiers au mètre carré. On importe des Norvégiens de Statoil pour exploiter les champs de pétrole, pourquoi ne pas importer du Krispos norvégien, vu son efficacité ? De là, l'idée d'une joint-venture à 49/51 avec les compagnies étrangères fait son chemin. En amont, le MI6, la CIA et la DST pour localiser terroristes et voyous, et en aval, le Krispos pour l'identification. Entre les deux, l'ANP, pour donner l'assaut. Chacun sa spécialité. Chawki Amari