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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 205

  • LUTTES SYNDICALES EN ALGERIE

     

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  • LA CORRUPTION

     

    Corruption

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  • affaire des généraux

    Le cours de l'histoire de l'Algérie a changé par la survenue de nombreux événements en une période de temps relativement courte. La métamorphose que l'armée a subit y a largement contribué. Dans une première phase, l'ANP a connu une série de changements profonds entre janvier 92, date du coup d'état contre Chadli Bendjedid et juin 92, date du meurtre de Mohamed Boudiaf, et qui se sont traduits par l'éloignement des "hommes" de Chadli des postes stratégiques. Les changements les plus importants sont survenus après l'assassinat du président Boudiaf, et c'est cette période critique qui a été la plus mouvementée et sans doute la plus sanglante de toute l'histoire de l'armée, surtout durant l'année 1997.

     

    Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter un peu dans le temps et plus précisément à la période qui a précédé les événements d'octobre 88; à cette époque mouvementée, les services de la sécurité militaire (DCSM) étaient en pleine décomposition suite à une série de décisions pseudo-politiques assassines prises à la fin des années 80.

     

     

    Le Syndrome Belkheir

     

    Larbi Belkheir qui était alors chef de cabinet de Chadli Bendjedid en charge de la question "Sécurité Nationale" avait tout fait pour diminuer de l'efficacité des services secrets ou du moins canaliser leur travail. Pour se faire, il avait réussi à convaincre Chadli de la nécessité d'une restructuration des services secrets en vue d'un meilleur contrôle des structures de l'état. Larbi Belkheir savait plus que quiconque qu'il fallait diviser pour durer, et diviser les services secrets n'était pas tâche facile et surtout pas à la portée du premier venu. C'était la raison pour laquelle il avait présenté son projet sous l'optique du modernisme occidental et du souci sécuritaire; en réalité, Chadli Bendjedid avait approuvé cette mesure, parce qu'elle allait le conforter dans son poste, mais aussi parce qu'il fallait absolument séparer Kasdi Merbah (l'homme qui l'avait amené au pouvoir) de ses anciens contacts qui étaient restés actifs au sein de la DCSM.

     

    Le général Medjdoub Lakhal Ayat qui avait été désigné à la tête de la direction centrale de la sécurité militaire (DCSM) après le départ de Kasdi Merbah, était un personnage tout à fait contraire à son prédécesseur. Ex-officier de l'armée française tout comme Chadli, sa passivité et son attachement au service de la personne de Chadli avaient été des facteurs décisifs pour sa nomination à la tête de la SM. Lakhal Ayat était tout à fait acquis aux thèses révisionnistes de son ami Larbi Belkheir, et avait accepté la division de la DCSM ainsi que la suppression de certains de ses plus importants services sans difficultés face aux insistances de Larbi Belkheir. C'était à cette occasion que le fameux service de la prévention économique (Le PE, une sous direction de la DCSM en charge des investigations de crimes économiques, détournements, malversations, corruption... etc) avait été dissous, à cause du nombre important d'affaires que le service traitait et envoyait pour être jugées à la court des comptes d'une part, mais surtout à cause de la qualité des personnes mises en cause par les investigations du service dans ces affaires et qui venaient de mettre à nu le noyau de ce qui sera quelques années plus tard connu sous le nom de la mafia politico-militaire.

    En réalité, au lieu de présenter à la justice les personnes mises en examen pour ce qui était à l'époque considéré comme un délit très grave, les choses ont été simplifiées par l'élimination d'un service tout entier par une simple décision politique; la porte était alors grande ouverte devant tous les rapaces qui n'ont pas perdu leur temps depuis.

     

    Tout cela n'était qu'un des objectifs primaires fixés par Larbi Belkheir, et non pas le plus important, il avait même réussi à imposer l'idée que le nouveau service qui remplaçait la DCSM avait besoin de jeunes cadres et que les anciens étaient bons pour la retraite, et ainsi des centaines de cadres de la DCSM furent mis à la retraite anticipée ou affectés vers d'autres secteurs et remplacés par de jeunes recrues sans la moindre expérience. La passation du savoir n'a jamais eu lieu entre les deux générations du service.

     

    Suite à cela, Chadli Bendjedid avait officialisé le projet de Belkheir par un décret présidentiel, et deux services avaient en effet vu le jour :

     

    * La Délégation Générale à la Documentation et à la Sécurité (DGDS), service responsable de la sécurité intérieure et extérieure du pays, constitué d'anciens cadres de la DCSM (les plus rapprochés de Lakhal Ayat et donc de Belkheir) et d'autres recrutés du civil sur concours ou recommandation.

     

    * La sécurité de l'armée (DCSA) qui avait pour mission la sécurité de l'armée avec pour seule recommandation de ne pas se mêler des affaires qui relevaient du secteur de la Sécurité intérieure, de la sécurité présidentielle, du secteur économique et surtout de la sécurité extérieure. En réalité la SA qui avait du temps de Merbah les pleins pouvoirs (puisqu'elle avait pour mission la sécurité de toute l'armée et par conséquent celle de toute la nation), était reléguée au second plan, celui de simple policier de l'ANP et de simple conseiller à la sécurité nationale.

     

    La fracture était profonde et les mécontents au sein même de la DCSA étaient nombreux, il était dur pour eux d'accepter après des années de loyaux services d'être mis sur une voie de garage. Les cadres de la DCSA avaient refusé cette politique des demi-mesures et avaient tout fait pour désobéir aux ordres reçus (avec la bénédiction de certains chefs) en travaillant sur des affaires qui relevaient désormais de la compétence de la DGDS malgre un appauvrissement très important en moyens materiels décidé par le commandement. La guerre des services commençait à faire rage, chaque service voulait s'imposer sur le terrain, et les potentialités des services opérationnels des deux côtés étaient par conséquent détournées de leurs vraies missions et les décideurs pouvaient ainsi faire des affaires sans être inquiétés.

     

    C'est grâce à la conscience de certains cadres de la DCSA que l'affaire "Mouhouche" par exemple avait vu le jour. Toutes les investigations avaient été faites dans le secret le plus absolu, le prénommé Mouhouche avait été trouvé coupable de détournement de plusieurs millions de dollars avec son complice Toufik Bendjedid (le fils aîné de Chadli), et c'était Larbi Belkheir qui avait donné un coup de pousse à Toufik Bendjedid pour l'obtention du prêt bancaire en devises auprès de la BEA. Quand l'affaire avait été rendu publique, Larbi Belkheir avait réussi à soustraire le fils de Chadli à la justice en l'envoyant par avion spécial à son oncle, en poste au Venezuela, et le petit capitaine procureur militaire de l'époque en l'occurrence le capitaine Belkacem Boukhari (devenu général après la condamnation des leaders du FIS en 90) avait été relevé de ses fonctions à Blida après avoir demandé à écouter Toufik Bendjedid. Il n'avait eu que les insultes de Belkheir au téléphone, avec l'arrogance qui était bien celle de ce dernier.

     

    Belkheir avait joué le rôle de sauveur pour Chadli qui lui cédait la gestion des affaires de l'état un peu plus chaque jour. Une autre affaire avait encore fait du bruit, incriminant l'un des bras droits de Belkhier ; ce dernier l'avait nommé comme directeur de Riadh El Feth (et avant cela comme responsable du projet de contruction de tout le site), le colonel Hocine Senouci avait géré le complexe pour son propre compte et pour celui de Belkheir allant même jusqu'à imprimer des tickets d'entrée pour le centre et qui rapportaient chaque jour des dizaines de milliers de dinars (cash reversé aux comptes des deux complices). Senouci fut arrêté par la DCSA puis relâché sans la moindre poursuite mise à part une réaffectation par Belkheir à la présidence de la république avec quelques millions de dinars en poche. Belkheir avait évoqué un vice de forme de la procédure: la DCSA n'etant pas autorisé à gérer ce genre de dossier qui était désormais clos. Les affaires qui mettaient à nu Belkheir étaient nombreuses, mais les pressions étaient trop fortes et parfois insupportables; à chaque fois qu'une affaire apparaissait, des sanctions suivies de mutations étaient prises contre les officiers qui avaient fait du zèle!

     

    Quelques mois avant les événements d'octobre (mis en scène par Larbi Belkheir & CO pour liquider le FLN des sphères du commandement de l'état au profit de la présidence), les services opérationnels de la DGDS (plus tard DGPS) étaient en plein délabrement. Dotés de nouvelles recrues sans expérience aucune, les services de renseignement en général avaient perdu leur efficacité habituelle ; même le travail qui était fait n'avait plus aucune relation avec la sécurité de l'état, et la plupart des dossiers traités, était ordonnée par le commandement et concernait des personnes bien précises. Ce travail était appelé au sein du service opérationnel : enquêtes de sécurité; leur seul but était la collecte d'informations capables de servir à court ou long terme comme moyens de pressions et de manipulations d'objectifs civils et militaires ! Un objectif visé était une cible atteinte même s'il fallait faire toute une mise en scène pour faire tomber la personne en question.

     

    Comme la compromission a toujours été le meilleur moyen de contrôle et de manipulation des sujets intéressants, Larbi Belkheir aidé par Lakhal Ayat, avait réussi de la sorte à construire une base de données très solide, visant à contrôler toute la classe politique du pays, tous bords confondus.

     

    Suite à la maladie inopinée du gènèral Lakhal Ayat, ce dernier avait demandé au président Chadli de prendre sa retraite. C'était le général Mohamed Betchine qui fut nommé par Chadli en personne au poste de directeur de la DGPS. Chadli avait pensé remplacer plus tard Larbi Belkheir par Betchine, comme il devait le faire quelques années auparavant par le géneral Bouceta, Mais Larbi Belkheir était toujours en alerte et savait agir le moment venu.

     

    En arrivant aux commandes de la DGPS (Direction Générale de la Prévention et Sécurité), après avoir passé plus d'une année à la tête de la direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA), le général Mohamed Betchine s'était vite entouré (comme de coutume), d'officiers en qui il avait confiance et sur lesquels il pouvait compter. La sensibilité de son nouveau poste lui avait imposé certains changements qu'il avait vite opéré à la tête des sous directions de la DGPS, en commençant par les plus sensibles, à savoir le service opérationnel ANTAR à Ben Aknoun, la DDSE, les finances et le chiffre.

    Il était impératif pour Betchine de faire un peu le ménage dans cette nouvelle direction qui avait souffert suite à la division de la direction mère (DCSM), et plusieurs officiers à la réputation douteuse ont été purement invités à faire valoir leur droit à la retraite anticipée. Parmi ces officiers figurait le lieutenant colonel Smain Lamari, qui a été chassé par Betchine en personne de son bureau au siège de la direction de la DRS à Dely-Ibrahim après que Smain soit venu demander à son nouveau chef la reconsidération de cette décision.

    Smain Lamari dit Elhadj avait alors demandé secours à Larbi Belkheir (avec qui il avait construit avec le temps des liens étroits) qui le sauva ainsi d'une triste fin en le nommant auprès de lui à la présidence de la république.

     

    Comme Betchine lui-même était un officier issu de l'armée régulière, il était biensûr évident que les officiers qu'il voulait auprès de lui soient pour la plupart de la même origine, le reste des officiers furent puisés dans les effectifs de la DCSA où il avait réussi à se construire une base d'appui avec des éléments comme le commandant Abdelhak Benzlikha alias Commandant Abdelhak qui était directeur du CPMI dans la période où Betchine était à la DCSA, et qui avait suivi Betchine à la DGPS et avait pris le commandement du centre opérationnel ANTAR.

    Tant que Betchine était à la tête de la DCSA, il était loin des pressions exercées par les différents acteurs du pouvoir, mais au moment où il est passé à la tête de la puissante DGPS, il fut astreint à plus d'obligations dont la plus rude était de rendre des comptes à Larbi Belkheir. Les deux hommes étaient courtois au début mais très vite cette courtoisie avait cédé la place à la discorde et à la mésentente; Larbi Belkheir voulait que tout le monde lui rende des comptes avant le président de la république et donnait même des ordres à Betchine qui n'était pas une personne à faire les petites courbettes face à ce moudjahid de seconde classe qu'il considerait en fait comme un homme au passé douteux.

     

    En novembre 89, Belkheir avait réussi son premier coup de stratège, en réussissant à convaincre Chadli Bendjedid de limoger Kasdi Merbah de son poste de Premier ministre sous prétexte d'une tentative de coup d'état que Kasdi préparait avec l'aide de Betchine d'une part, et de nommer Mouloud Hamrouche qui était le secrétaire général de la présidence (ami personnel de Betchine et rival de Belkheir au siège de la présidence) au poste de Premier ministre à la tête du nouveau gouvernement d'autre part; il venait ainsi de se consacrer maître absolu de la présidence de la république en accumulant le poste de chef de cabinet et celui de secrétaire général. Kasdi Merbah ne pouvait pas du tout imaginer qu'un officier de seconde zone comme Larbi Belkheir pouvait réussir toutes ces combines et avoir raison du maître de l'intelligence en Algérie, mais plus grave encore, il était loin de se douter que ce même officier allait ordonner sa liquidation physique quatre ans plus tard alors que Merbah préparait sa revanche avec le président Mohamed Boudiaf.

     

    Grand calculateur ou génie du mal, Larbi Belkheir préparait son dauphin Mohamed Mediene qu'il avait plaçé à la tête de la DCSA après le départ de Betchine en 1990, pour prendre sa chance. Quand Larbi Belkheir ne pouvait plus contrôler Betchine, il était très facile pour lui de convaincre une fois de plus Chadli de le remplacer. Le candidat au poste de la nouvelle direction unifiée DGPS-DCSA (Appelée DRS par décret présidentiel une fois de plus) était fin prêt ; le général Mediene Mohamed Alias Toufik, un produit fait maison que Belkheir avait façonné comme un artiste. Toufik était chef de sécurité au bureau de la 2ème région militaire à Oran (DRSM2) au moment où chadli était chef de région, les deux hommes se rencontraient très souvent autour d'une table pour jouer aux cartes avec entre autres Belkheir. Toufik était déjà à cette période très proche de Chadli qu'il couvrait vis-à-vis de la DCSM. Chadli avait eu des altercations avec l'officier prédécesseur de toufik au poste de DRSM2 parce que l'officier en question faisait son travail et menait des investigations sur l'enrichissement illégal de certains notables à Oran intimement liés à Chadli. La nomination de Toufik était une aubaine et les trois hommes ne se quittaient jamais.

     

    Smain Lamari a été promu après le départ de Betchine au grade de Colonel et nommé plus tard à la tête de la DCE (Direction du Contre Espionnage). Larbi Belkheir avait réussi (façon Frankenstein) à créer les deux monstres les plus redoutables de toute l'histoire de l'Algérie; sa seule motivation était l'enrichissement personnel et la protection de ses biens. Des années plus tard, les produits de cette macabre science du complot, surpassèrent le maître et restent encore à ce jour à leurs postes.

     

     

    De Chadli à Zeroual

     

    A la fin de l'année 1991, lorsque la situation en Algérie était bouillante, Le général Mohamed Lamari, alors chef des forces terrestres à l'état major de l'ANP, s'était distingué par son opposition à la politique pro-islamiste du président Chadli qu'il critiquait ouvertement dans les sphères du commandement de l'armée, et plus grave encore, il faisait même du lobying parmi les chefs de l'ANP et appelait au renversement de Chadli par la force. Ses cris étaient tellement forts qu'ils étaient même arrivés à la population civile qui parlait dans la rue de l'imminence d'un coup d'état contre Chadli. Le président de la république eut biensûr connaissance de ces rumeurs qu'il savait fondées, et devant la montée de la pression au sein de l'armée, il demanda au chef de la garde républicaine, le général Mohamed Dib, des informations sur la capacité du corps de la garde républicaine à contrecarrer un coup d'état. La question était surprenante pour le général Dib qui répondit par son incompétence à protéger le siège de la présidence sans l'appui d'armes lourdes car celles-ci avaient été reversées à l'état major de l'ANP au mois d'octobre 91, sur les ordres de Chadli lui-même. Chadli s'étonna de cette réponse qui lui fut confirmée par Larbi Belkheir; Ce dernier lui avait fait signer l'ordre sans même qu'il ne s'en aperçoive.

     

    Partisan farouche de la prise ouverte du pouvoir par l'ANP "comme au Chili", Mohamed Lamari agaçait Khaled Nezar par son arrogance et son indiscipline. Le terme "coup d'état" était un tabou dans le langage militaire, lourd de conséquences, mais Mohamed Lamari fonçait la tête baissée sans réfléchir, et au lieu de faire passer l'éviction de Chadli comme une décision volontaire et réfléchie de démission (pour diminuer l'effet à l'échelle nationale et internationale), les gesticulations de Mohamed Lamari avaient contrecarrer cela et le monde entier parlait de coup d'état militaire, pire il avait donné un argument de taille aux opposants de tout azimut : "l'illégalité", ce qui lui avait valu d'être demis de son poste de CFT le 19 avril 1992, et nommé à un poste fantôme de "conseiller au MDN". Presque tout de suite après, il fut invité à faire valoir son droit à la retraite.

     

    Après la liquidation de Boudiaf, l'ANP fut frappée de plein fouet par les retombés politiques et médiatiques de cette affaire. Le climat au sein de l'institution militaire était des plus électriques, et le fait qu'une poignée de généraux au sommet de cette même hiérarchie ait eu une telle initiative, était une chose tout à fait inadmissible mais surtout dangereuse pour l'avenir de l'ANP. Plusieurs officiers de haut rang s'étaient joints pour condamner ouvertement l'attitude laxiste du ministre de la défense, Khaled Nezar, face à la situation ainsi que celle des services en charge de la sécurité du président.

     

    Ce qui était très grave, est que la situation était sans précédent et que pour la première fois au sein même de l'ANP, des officiers avaient osé critiquer et exprimer ouvertement leurs refus et leur indignation face à un tel acte. L'image était très claire et les suspicions d'un complot n'avaient nul besoin de subsister puisque la certitude était acquise pour une bonne partie du personnel militaire. Pour la nouvelle génération d'officiers, combattre le terrorisme était une mission que l'armée pouvait endosser sans hésitation, mais liquider Si Tayeb, un des piliers de la révolution était tout à fait contraire aux principes même de fondement de l'ANP.

    Les généraux Khaled Nezar, Mohamed Touati et Toufik étaient dépassés par les répercutions de l'opération Boudiaf, et avaient très certainement misé sur l'esprit de rigueur militaire et le respect hiérarchique pour contenir toute forme de mécontentement. Le contraire s'était produit, et l'effet était dévastateur : la perte de confiance dans le commandement de l'armée était palpable, ce qui avait obligé les responsables à convoquer, en toute urgence, le conseil de la défense (Chefs de corps et régions militaires ainsi que les différents chefs d'états majors et les inspecteurs) au cinquième jour de l'assassinat du président Boudiaf.

     

    Le jour de la réunion, la gravité de la situation pouvait se mesurer par le poids du silence qui régnait dans la salle de réunion située non loin du bureau du ministre de la défense. Les généraux responsables de la crise en l'occurrence Khaled Nezar, Mohamed Mediene, Mohamed Touati, Mohamed Ghenim, Abdelmalek Guenaizia et BenAbbes Gheziel étaient assis en face du reste des cadres de l'ANP. Nezar et Toufik s'adressèrent successivement aux responsables de l'ANP sur un ton ferme et plutôt autoritaire qui soulignait bien le criticisme du moment et des assurances furent données pour que la justice puisse faire son travail avec le plus de transparence possible (en respectant le secret militaire). Il était bien évident à l'expression affichée par certains visages présents à cette réunion, que les arguments déguisés et les assurances présentées par le ministre et son responsable des services de la DRS étaient loin de convaincre, et cachaient mal une magouille qui sentait le sang.

     

    Quand la parole fut donné aux membres présents, de rares officiers avaient osé s'exprimer demandant des sanctions allant jusqu'à la démission de tous les responsables du corps de la sécurité "comme cela se fait dans toutes les armées du monde", parmi lesquels, le général Hocine Benhadid, le plus jeune général de l'ANP, le général Khelifa Rahim, chef de la deuxième région militaire et Le général Yahia Rahal, inspecteur des forces aériennes. Le général Toufik ne pardonna jamais au général Benhadid de s'être exprimé en premier comme l'aurait fait un fervent opposant à la politique des généraux putschistes, mais aussi et surtout d'avoir osé demander au ministre de la défense de prendre ses responsabilités et de sanctionner les responsables à haute échelle pour préserver la réputation de l'ANP.

    Même le général Mohamed Touati avait essayé d'y mettre du sien en banalisant la situation qu'il trouvait tout à fait normale vu l'infiltration de l'ANP par des éléments adhérant au courant islamiste; Boumaarafi était un exemple typique selon lui et pour palier a cette faille, il fallait selon ses termes "faire un peu le ménage dans la maison et sectionner tous les membres malades; "Si ton bras droit te gêne alors coupes-le". Certains officiers ne partageaient pas l'idée de ce "ménage" et ils le firent savoir; chaque mot prononcé, résonnait comme un obus dans la salle!

     

    Face au silence du chef d'état major Abdelmalek Guenaizia, Khaled Nezar finit par perdre son sang froid; ses dernières paroles étaient des menaces très claires contre tous ceux qui mettraient en danger l'unité du rang militaire. Les rares opposants avaient reçu des réponses en messages à peine voilés ; une nouvelle aire avait commencé pour les officiers de l'ANP. Le seul officier qui avait prit la parole après le ministre de la défense était le général Mohamed Lamari; son allocution n'avait pour objectif que le soutien inconditionnel des mesures proposées par Touati et s'était même permis de proposer à Khaled Nezar de prendre les rênes du pouvoir; les civils selon Mohamed Lamari étaient des bons à rien, indisciplinés qui ne pouvaient rien faire d'eux-mêmes ; le peuple algérien qu'il appelait,"société civile" n'avait aucune maturité politique, et donc incapable d'être confié la direction de l'état.

     

     

    Cette intervention avait sauvé Mohamed Lamari; Khaled Nezar qui cherchait des fonceurs qui ne reculaient devant rien, avait fini par trouver ce qu'il cherchait. Mohamed lamari fut convoqué le jour même au bureau du ministre qui lui annonça de bonnes nouvelles. Le nom de Mohamed Lamari fut rajouté in extremis à la liste des généraux (Mohamed Djenouhat, Tayeb Derradji, Khelifa Rahim et Djouadi Abdelhamid) promus au grade de "général major", le 05 juillet 1992. De plus un nouveau corps fut crée spécialement pour lui, le CCLAS (Commandement de Coordination de la lutte Contre les Activités Subversives), sa mission: La chasse au sanglier.

     

    Quelques semaines après, d'autres réunions, plus intimes, eurent lieu entre Khaled Nezar, Mohamed Touati, Mohamed Mediene, Abbess Gheziel et Abdelmalek Guenaizia, l'ordre du jour était la discussion de l'opération "Ménage". Les décisions qui avaient découlé de cette mesure étaient à peine croyables, des mises en retraite anticipée, des radiations sans droits, des arrestations et même des liquidations physiques de sang froid. Le général Mohamed Lamari était tout le temps sur le terrain et aidé par Toufik, il avait réussi plusieurs opérations sur tout le territoire de la première région militaire, sa devise était de frapper fort et vite les groupes terroristes et rentrer à la base avec zéro prisonnier. Le ministre de la défense lui accordait tous les moyens matériels et humains dont il avait besoin et ses hommes étaient choisis parmi l'élite des forces spéciales (Commandos). Ses méthodes "choc" ne faisait pas l'unanimité parmi les autres officiers de l'ANP, et il s'était fait beaucoup d'ennemis parmi lesquels les généraux : Hocine Behadid, Khelifa Rahim et surtout Abdelmalek Guenaizia, le chef d'état major qui se plaignait tout le temps à Khaled Nezar du comportement de son protégé, mais le ministre de la défense ainsi que Mohamed Touati prenaient toujours la défense de Mohamed Lamari.

     

    Dans le magazine officiel de l'ANP "Eldjeich" paru le 09 mars 1993, le général major Mohamed Touati (porte-parole du MDN et conseiller politique du ministre de la défense Khaled Nezar) avait pris l'initiative de publier un article dans lequel il avait longuement détaillé la position de l'ANP et avait expliqué les raisons du choix fait par le commandement de l'armée pour contrer l'islamisme. L'article signé par Touati était sans précédent de part son contenu, car en réalité le général Touati avait expliqué sa théorie (déjà connue et approuvée par les "Janviéristes" depuis le coup d'état contre Chadli) du tout sécuritaire ou l'éradication. Le message était adressé aux cadres de l'ANP qui devaient comme leurs chefs, adhérer aux fondements idéologiques de la lutte anti terroriste avec des convictions comparables aux arguments staliniens, la seule différence était que Touati avait mis l'accent sur l'unité de l'armée et la sauvegarde de l'Algérie qui était au seuil d'une guerre civile. L'article repris par la presse nationale était aussi destiné à la consommation locale, et visait la mobilisation d'une partie du peuple pour le soutien actif et l'aide des forces de sécurité dans leur combat contre le chaos et l'obscurantisme. Cet appel aux forces vives de la nation était aussi une incitation à la révolte et à la formation d'une résistance locale pour la lutte anti-terroriste.

     

    En claire, le plan de Touati était assez simple, pour ne plus entendre parler de l'islamisme il fallait suivre un plan précis:

     

    * Centraliser le pouvoir décisionnel au sein de l'ANP et dégager un noyau de commandement uniforme.

     

    * Identifier les éléments islamistes présents d'abord dans les milieux de l'ANP et les éliminer au cas par cas.

     

    * Punir avec le plus de sévérité toute personne appelant à la révolte ou à la désobéissance au sein de l'armée.

     

    * Assigner aux services secrets tous les moyens nécessaires à leur mission exclusive qui consiste en la récolte et l'exploitation rapide des informations.

     

    * Ne pas hésiter à pratiquer la méthode de l'exemple à ne pas suivre, pour montrer la fermeté du commandement. Récompenser les bons éléments avec beaucoup de générosité et veiller à leurs promotions (la politique du bâton et de la carotte).

     

    * Impliquer la société civile dans la lutte anti-terroriste et la création de milices d'autodéfense encadrées par des anciens moudjahidin ou des ex-militaires.

     

    * Soutenir la lutte des forces de sécurité par une campagne de propagande médiatique à l'échelle internationale.

     

    * La reprise par l'état de tous les lieux de culte et uniformiser le discours religieux à travers le pays.

     

    * Reformer la société algérienne dans les domaines sensibles de l'éducation, la famille et la justice.

     

    * Création de cours spéciales pour le suivit exclusif des affaires liées au terrorisme et l'application des mesures légales décidées pour la circonstance.

     

    * Organiser le soutien de la lutte anti-terroriste par la communauté intellectuelle et politique à l'échelle nationale et internationale.

     

    Ces mesures qui furent appliquées à la lettre par Mohamed Lamari, Toufik et Smain Lamari ont conduit l'Algérie à une situation catastrophique, car Touati avait omis un point très important : le peuple algérien ne croyait plus en ses dirigeants depuis octobre 88.

     

    Pour certains généraux, fervents défenseurs du projet de création d'une armée professionnelle loin de la politique, comme Le général Hocine Benhadid, l'implication de l'ANP dans les événements d'octobre en premier lieu, la destitution de Chadli en second lieu et la mort du président Boudiaf en dernier lieu avaient mis l'ANP dans une position très vulnérable vis-à-vis de la société civile. Le plus grave était que l'institution militaire avait perdu le crédit chèrement acquit pendant la guerre de libération ; en effet parler de l'ANP revenait à citer le passé glorieux de l'ALN et rappelait surtout l'amour et la confiance qui la reliait au peuple algérien, mais tout cela avait disparu. Le tout sécuritaire était une option sans aucune garantie de réussite et la crise politique devait et ne pouvait être traitée que par les politiciens.

    Cette conviction avait valu à Hocine Benhadid et à ses "alliés" d'être écarter de la sphère du commandement de l'armée au profit de jeunes loups comme Mohamed Lamari, Fodil Cherif, Said Bey et d'autres généraux qui adhéraient aux thèses éradicatrices de Mohamed Touati, le "Mokh".

     

    Tous les ennemis de Mohamed Lamari furent évincés par Khaled Nezar pour lui ouvrir le chemin vers le sommet, surtout que le ministre de la défense était malade et que ses voyages à l'étranger pour se soigner devenaient de plus en plus réguliers et que son absence du ministère n'arrangeait pas la situation. C'est lors d'une réunion, au début du mois de juillet 1993, au bureau du ministre de la défense, qu'un problème de taille fut soulevé entre les officiers janvieristes: la retraite de Nezar et le choix de son remplaçant. L'ambiance était très houleuse; Touati voulait le poste, Benabbes Gheziel et toufik ne voulaient pas faire de concessions. Khaled Nezar avait de la peine à raisonner les uns et les autres pour arriver à un compromis, et la seule alternative qui avait fait l'unanimité était celle de rappeler la personne qui avait le plus d'ancienneté après Khaled Nezar (pendant l'époque Chadli); cette personne était le général Liamine Zeroual. Le premier problème était réglé, mais Khaled Nezar ne voulait pas partir et laisser son clone (Mohamed Lamari) sans protection, il réussit à obtenir pendant cette même réunion, la démission de Abdelmalek Guenaizia de son poste au profit de Mohamed Lamari qui fut baptisé : Chef Suprême de l'ANP. Guenaizia fut envoyé à Berne comme ambassadeur d'Algérie en Suisse, une retraite bien paisible.

     

     

    La Liquidation des Généraux

     

    Après le départ de Toufik de la DCSA, il fut remplacé, pendant quelques mois, par le colonel Zeghloul, jusqu'à l'arrivée du colonel Kamel Abderrahmane, le seul officier promu au grade de commandant en novembre 88 pour acte de bravoure. Il avait alors sauvé un char Stationné à Elbiar à Alger, des flammes d'un cocktail molotov et avait payé son acte au prix fort, par de graves brûlures qui lui avaient laissé d'importantes séquelles, malgré des mois de soins au Val-de Grâce (Hopital militaire français situé à Paris).

     

    Le fait que Kamel était chef d'état major de la quatrième région militaire sous le commandement de Betchine était presque sans importance pour Le général Toufik, son dossier au sein de la DRS était très rempli et faisait de lui une marionnette parfaite. En effet c'était presque par hasard que son nom était apparu dans une affaire connue sous le code "Scanner" dans laquelle était impliqué le chef de service VIP ( du mot anglais very Important Personality) de l'hôpital central de l'ANP en l'occurrence Melle Benhamza Fatiha qui avait réussi à construire un réseau d'informateurs de haut niveau parmi ses relations et rendait compte à un officier de la DGSE (elle était tout simplement une espionne). Comme Benhamza était en charge des soins du Capitaine Kamel Abderrahmane, elle avait depuis novembre 88 établi une relation très personnelle avec cet homme qui avait un grand penchant pour les femmes. Quand Kamel fut promu au grade de colonel et juste avant de prendre son poste à la tête de la DCSA, Benhamza était toujours à son poste de directrice du VIP/HCA et continuait toujours de voir son colonel qu'elle recevait dans sa villa à Moreti, elle ne fut mise hors circuit que plus tard. Par égards à ses relations, elle ne fut jamais inquiétée et eut même droit à un bon pécule à sa sortie de l'HCA.

    Kamel Abderrahmane était le parfait serviteur de Toufik en qui il voyait le génie bienfaiteur, c'était la raison pour laquelle il n'avait presque aucune autorité sur son directeur des opérations, le colonel Tartag qui rendait compte directement au général Toufik. Kamel Abderrahmane fut limogé de la direction de la DCSA en 95 et nommé aux commandes de la 2ème région militaire à cause d'une faute très grave: il avait perdu, dans la nature, un élément très compromettant pour les chefs.

     

    C'est à ce moment là que Saidi Fodil devait prendre la tête de la DCSA, après un décret de nomination signé par Zeroual à la présidence de la république.

     

    Saidi Fodil fut de loin l'un des meilleurs directeurs de la DDSE; dès sa nomination à la tête de cette direction, il avait opéré un changement radical dans les modes de travail en introduisant les techniques modernes de gestion de l'information, mais il avait surtout essayé de mettre fin à la pratique des nominations parachutes aux postes de chef de bureau de sécurité (BSS) dans les ambassades algériennes à l'étranger, le plus souvent au prix d'une altercation avec ses superieurs Toufik et Smain. Travaillant à l'ombre du ministère des affaires étrangères, sa réputation de redoutable diplomate du secret, il l'avait acquis après le succès remporté lors de la résolution du conflit des Touaregs, qui risquait d'embraser la région entre l'Algérie, le Niger et le Mali, surtout que le côté français avait longtemps essayé d'en faire un cheval de bataille à la manière de la question de l'identité kabyle. De même qu'il avait réussi d'autres coups d'éclats comme celui de la récupération d'un dossier classé, renfermant des preuves de l'implication d'un officier des services algériens en poste à Ankara (Turquie) dans une affaire d'espionnage au profit de la CIA. Il avait aussi obtenu d'importants résultats sur d'autres plans hautement stratégiques pour la défense du territoire.

     

    Comme le bon travail ne peut être apprécié que par ceux qui sont profondément concernés par le devenir de la patrie et de son peuple, le couple Toufik et Smain avaient tout fait pour lui mettre des batôns dans les roues, afin de freiner l'ascension de cet officier parachuté par Zeroual, qui présentait une réelle menace, surtout qu'il était plus instruit que le reste des chefs à la DRS et incarnait la nouvelle génération d'officiers issus des grandes écoles. Les raisons de la discorde avec ses chefs étaient aussi variables que multiples, à commencer par ses liens étroits avec Zeroual et Betchine auxquels il rendait directement compte, sans passer par ses chefs hiérarchiques, le directeur de la DRS, Toufik ou le sous-directeur de la DRS, Smain.

     

    Le général Saidi Fodil, même appuyé par Zeroual ne pouvait affronter Toufik et Smain, et cela pour des raisons multiples, dont la plus importante était la non-disposition d'un service opérationnel propre à la DDSE doté de moyens et capable de mener des investigations comme l'étaient ceux de la DCSA et la DCE. Il était donc presque impossible d'engager des poursuites ou d'assurer un suivi opérationnel des informations récoltées à l'étranger par la DDSE souvent à un prix très élevé.

     

    Le poste de chef de bureau sécurité à l'étranger fut de tout temps très prisé par les officiers de la DRS, mais généralement les officiers sélectionnés pour les postes sensibles à l'étranger (comme celui de Washington, Paris, Genève, Rome, et Londres) étaient ceux qui bénéficiaient de la confiance des chefs. Il faut rappeler qu'un chef de bureau de sécurité en poste à Paris par exemple, est au courant de presque toutes les magouilles et les malversations des hauts fonctionnaires de l'état, c'est la raison pour laquelle la personne nommée à ce genre de poste doit faire partie du cercle de confiance immédiat de Toufik et Smain. La gestion des informations récoltées sert le plus souvent à manipuler les différents acteurs de la scène politique et militaire algérienne.

     

    Avec le temps il est devenu très clair pour l'ensemble du personnel de la direction qu'au sein même de la DRS deux catégories d'officiers coexistent: une qui travaille pour le bien-être de l'Algérie et une autre qui gère les affaires personnelles des chefs à l'intérieur et à l'extérieur du pays moyennant des miettes que les chefs cèdent à leurs serviteurs "au grès de leurs humeurs", surtout que la situation de manque à l'intérieur même de l'ANP encouragent les uns et les autres à rechercher l'intérêt personnel avant celui de la nation, et les chefs ont toujours donné l'exemple à suivre.

     

    Un des problèmes majeurs qui s'était dressé entre Saidi Fodil et Smain Lamari était le dossier de coopération sécurité avec les autorités françaises. Smain Lamari ne voulait surtout pas que l'on touche à sa chasse gardée, et toute forme de correspondance avec le bureau militaire à Paris (chef de l'antenne DDSE en Europe) devait passer d'abords par lui. Saidi Fodil trouvait que Smain lui marchait sur ses plats de bandes. Ainsi cette coopération avec les services français était la source de discorde permanente surtout que Saidi Fodil n'était même pas mis au courant des tenants et aboutissants de cette coopération qui avait pour lui un goût de collaboration "version Vichy" surtout après les concessions faites par Smain (en charge de la sécurité intérieure du pays) et Toufik concernant la sécurité de l'ambassade et des consulats français en Algérie où plus de trois cents militaires français (gendarme pour la plupart, anciens du groupe du GIGN) avaient élu domicile à Alger, officiellement pour la protection des Français en Algerie (comme avait été le cas au Tchad, et plus récemment au Rwanda).

     

    Les normes internationales ne tolèrent pas un nombre de militaires armés, supérieur au nombre des doigts de la main, au sein des ambassades, mais à Alger les choses étaient différentes; les questions de souveraineté avaient été abandonnées au profit d'un intérêt à très court terme, surtout après la prise d'otages de l'airbus de la compagnie francaise, Air France, à Alger en décembre 94.

     

    Plusieurs fois, pendant ou après une campagne d'arrestation d'islamistes algériens en France par la DST, Smain (accompagné du colonel Farid et de deux officiers) était le jour même à Paris, traitant les résultats de l'opération avec son homologue français. Cela agaçait Saidi Fodil qui se voyait doubler à l'extérieur et à l'intérieur du pays ; même ses plaintes auprès de Zeroual étaient vaines ; Zeroual lui-même était gardé tout à fait hors circuit, loin de ce qui se passait et de ce qui se tramait à l'ombre. En définitif, Saidi Fodil avait fini par admettre que le pouvoir central qui tirait toutes les ficelles, était entre les mains de Toufik et Smain, le reste n'était qu'un décor pour servir les besoins des penseurs.

     

    Le coup final était venu de l'affaire "JOBE"; dans cette affaire le chef du BSS à l'ambassade d'Algerie à Genève en l'occurrence le commandant Samir avait réussi (sous couvert d'un de ses amis algériens: Mohamed Hebri) à recruter un policier suisse nommé Léon Jobé travaillant pour le compte des services de sécurité intérieure Suisse (police fédérale Suisse) en charge de la surveillance des islamistes algériens résidents en suisse et c'est ainsi que Samir avait réussi à avoir une copie des dossiers des activistes islamistes, ainsi que ceux d'autres sujets intéressants pour la DRS tel que Hocine Ait Ahmed. Mais comme Jobe trouvait que les renseignements fournis valaient plus que la centaine de milliers de francs suisses qu'il avait reçu, vu leur importance pour le gouvernement algérien ; il était devenu plus gourmand qu'il ne fallait et faisait chanter Mohamed Hebri; il avait même commis la faute d'appeler le MDN et de demander à parler à Toufik. c'est à la suite de cela que Toufik avait décidé de le griller au lieu d'avoir un scandale avec les autorités suisses.

     

    Saidi Fodil était fou de rage lorsqu' il apprit la nouvelle en décembre 94; il était responsable de cette bavure puisque Samir était organiquement sous ses ordres. Ceci avait décidé Saidi Fodil à repartir à son corps d'origine, à savoir le commandement état major ANP, et devant sa persistance Zeroual n'avait trouvé autre alternative que de le nommer à la tête de la 4ème région militaire, son poste d'origine. A cette époque la lutte des clans présidence-MDN commençait tout juste à produire ses premières étincelles.

     

    Une des conditions d'acceptation du poste de la magistrature suprême par Zeroual était d'avoir les pleins pouvoirs afin d'agir en faveur d'une solution politique de la crise algérienne (qu'il avait préparé suite à de nombreuses visites faites aux chefs du FIS incarcérés à la prison militaire de Blida, avec le soutien des autres courants de la classe politique), la rectification de la constitution nationale pour consolider ses prérogatives, la nomination de Mohamed Betchine comme ministre de la défense et la constitution d'un comité de crise avec pour mission la réconciliation nationale.

     

    Zeroual, en fait, devait agir comme un vrai chef d'état selon l'accord passé avec Nezar et Toufik, mais après son éléction tant attendue et qui l'avait conforté dans son poste, Mohamed Lamari et Toufik ne pouvaient pas prendre le risque de perdre leurs postes en acceptant la nomination de Mohamed Betchine comme ministre de la défense par le nouveau président, c'était le premier désaccord entre Zeroual et le gouvernement secret de l'Algerie.

    Dans le même état d'esprit, Zeroual avait essayé de faire passer par force la nomination de son ami Saidi Fodil à la tête de la DCSA pour essayer d'avoir pied dans la structure opaque de la DRS, mais dès la signature, au debut du mois de Juin 96, du décret de nomination (qui était en fait un arrêt de mort pour son ami Saidi Fodil), Smain Lamari envoya le 03 Juin 96 une équipe de son escadron de la mort à la 4èmerégion (region de Ouargla) avec pour mission la liquidation de Saidi Fodil, et bien que sa voiture fut du type blindé, une charge de forte puissance placée sous la voiture lui ôta la vie sur une route droite et déserte le 04 Juin 1996; le maquillage en accident de la route était parfait et le travail de l'équipe de Smain, dépêchée par hélicoptère, accompli. Le message était très clair par rapport à Zeroual qui voulait jouer au président. Une commission d'enquête désignée par le président en personne devait faire toute la lumière sur les circonstances du décès de Saidi Fodil, mais le travail n'a jamais été effectué et le dossier mis aux oubliettes; Mohamed Lamari avait insisté pour baptiser la promotion sortante de l'academie militaire inter-armes de Cherchel, le 1er Juillet 96, promotion: Saidi Fodil.

    Pire encore, à chaque fois que Zeroual voulait appliquer ce qui avait été convenu avant les élections, il se voyait doubler et c'était par l'intermédiaire de la presse qu'il l'apprenait.

     

    Presque le même plan déjà suivi avec Boudiaf était appliqué avec Zeroual ,sauf que dans son cas, sa liquidation fut politique après lui avoir collé des dizaines de milliers de victimes sur le dos. Ce même dos qu'il tournait au peuple Algerien, sa peau étant, pour lui, bien plus chère.

     

    La plupart des grands massacres furent systématiquement organisés et planifiés, soit pour contrecarrer les efforts de paix de Zeroual, soit pour ralentir les élans de Betchine qui en avait beaucoup sur le cour.

     

    Saidi Fodil ne fut malheureusement pas le seul général qui à être écarté de cette manière. En 1995, le général Boutighane Ali (l'ennemi farouche de Mohamed Lamari, le chef d'etat major de l'ANP, à cause des méthodes inhumaines utilisées par ce dernier dans la lutte anti-térroriste depuis sa nomination à la tête du CCLAS), fut liquidé à cinq minutes de son bureau au MDN, sur une route principale à dix heures du matin. Le général Boutighane Ali entretenait d'étroites relations avec le général Hocine Benhadid qui fut évincé avec plus d'une centaine d'officiers superieurs car ils constituaient une menace pour le clan Lamari.

     

    Quand Zeroual était nouveau à la tête de l'état en 1994, il voulait avoir comme chef d'état major, un homme (un parent aussi) qu'il connaissait bien, le général Tayeb Derradji qui était réputé au MDN pour son honnêteté depuis son passage au service finances de l'ANP. Ce projet de nomination (qui était très possible à l'arrivée de Zeroual de part la notoriété de son poste de ministre) déchaîna la colère de Mohamed Lamari, qui demanda alors à Toufik de trouver une solution. Smain Lamari le sous-directeur de la DRS prit l'initiative de préparer la liquidation de Tayeb Derradji lors d'un voyage de quelques jours que celui-ci fit à Paris (chez son neveu), à la fin du mois d'octobre 94, en envoyant une équipe de tueurs pour faire le sale boulot.

    Toute l'opération fut minutieusement préparée par un certain S. Moustapha alias sous-lieutenant Hafid qui fut rappelé à la dernière minute par Toufik. En effet lorsque Mohamed Touati fut mis au courant de l'affaire, il exprima sa farouche opposition, vu les relations qui reliaient Tayeb Derradji au président d'une part et de la possibilité d'une révolte du clan chaoui à l'interieur de l'ANP d'autre part. Tayeb Derradji venait d'echapper à un vrai guet-apens. Le président Zeroual changea sa nomination plus tard au profit du poste de commandant de la gendarmerie, aprés que Benabbes Gheziel ait accepté de céder sa position moyenant une très importante somme d'argent (un million de dollars, prime de fin de fonction), et un poste permanent de conseiller au MDN.

     

    Toufik avait fait de même avec son chef de la DREC (EX DRE), le général Salim Benabdellah Alias Slim. Ancien officier pilote du président Chadli et ex-responsable du corps du "GLAM", cet officier instruit qui fut aussi pendant longtemps l'attaché militaire auprès de l'ambassade d'Algerie à Washington, avait désapprouvé les méthodes de gestion du directeur de la DRS. Les postes affectés à la DREC (Direction des Relations Exterieures et de la Coopération) avaient toujours attisé les convoitises de Toufik qui les distribuait à sa guise en forme de récompense à ses hommes de main qui en profitaient pour se faire de l'argent (des miettes par rapport aux chefs), au détriment des cadres qui devaient utiliser ces postes pour faire leur travail. A plusieurs reprises le général Slim s'était accroché avec Toufik et Smain concernant le travail. Il finit après une grave altercation avec Smain et craignant pour sa vie, de peur qu'il ne lui arrive la même chose que Saidi fodil, par abandonner son poste sans prévenir personne, au mois de Juillet 96. Il s'envola à Washington où vivait toujours sa famille, en laissant sa démission sur son bureau au siège du MDN. Le poste fut cédé ensuite à un fidèle de Toufik, le jeune général S.Attafi.

     

     

    Purification à la DRS

     

    Dans leur campagne de purification, les généraux Mohamed Mediene Alias Toufik et Smain Lamari n'ont rien épargné, pas le moindre détail. Ils ont mené une vraie opération de nettoyage à la manière fasciste en commençant par l'intérieur même de la DRS.

    Plusieurs officiers de très haut rang (dont certains issue du MALG) furent invités par la voix administrative à faire valoir leur droit à la retraite anticipée, sans préavis, et cela concernait les officiers qui avaient un comportement religieux "selon certains", c'est à dire qui faisaient leurs prières de manière régulière ou qui s'étaient rendu dans le passé à la Mecque pour faire leur devoir de pèlerinage ou avaient exprimé le désir de le faire, sachant que les listes des demandeurs de congé pour les lieux saints étaient disponibles au service du personnel de la direction.

     

    Une vraie chasse aux "sorcières" était engagée, et des cadres qui faisaient dans le passé la fierté de la DCSM s'etaient retrouvés à cause de leur appartenance présumée au courant islamiste, désignés comme des ennemies potentiels du service et donc de la nation parce qu'ils pratiquaient leurs devoirs religieux comme tout Algérien. En réalité leur vrai crime était celui d'être restés honnêtes et profondément nationalistes avec un sens aigu du devoir, sans adhérer aux vices (boisson, femmes, affaires illégales de tout genre) qui étaient devenus les critères du bon militaire. Il est tout à fait inimaginable de décrire ce que ces officiers (qui avaient donné leur jeunesse au service de l'Algérie et qui avaient pour certains plus d'ancienneté que Toufik et avaient occupé à un certain moment des fonctions plus importantes au sein de la DCSM) avaient vécu, en fin de carrière leurs vies furent brisées et leur honneur bafoué.

     

    Concernant le cas des officiers qui s'étaient exprimés ouvertement, soit en donnant leurs avis ou en dénonçant la politique du tout sécuritaire adoptée par le commandement de l'armée et avaient osé traîner du pied lorsqu'il s'agissait d'exécuter les ordres démoniaques de Toufik et Smain (qui pouvaient aller jusqu'à la liquidation physique), Toufik avait opté pour la méthode choc en intimant personnellement à Bachir Tertag (Directeur du CPMI: centre opérationnel de la DCSA à Ben-Aknoun) l'ordre d'arrêter ces officiers sous le motif classique devenu bien courant en ces temps: "propagation de propos subversifs visant à porter atteinte aux institutions de l'état".

    Même si les personnes qui étaient dans la ligne de mire n'avaient aucune relation avec le FIS, l'existence d'un parent même éloigné appartenant au parti dissous, était un motif bien plus que suffisant pour les mettre hors circuit, sous le chef d'inculpation :"relation avec une entreprise terroriste ou non-dénonciation d'une entreprise terroriste ". Le but était en fait de les casser et d'en faire des exclus et des traîtres.

     

    Ces mesures très répressives et sans commune mesure avec les soi-disant délits furent ordonnées par le directeur de la DRS et visaient plus particulièrement les officiers pour en faire des exemples à ne pas suivre parmi les esprits encore hésitants au sein de la boite (terme sous lequel était dénommée la DRS) surtout pendant les premières années du conflit.

     

    Toufik avait mis en ouvre une vraie machine de répression qui consommait exclusivement des vies humaines, des militaires qui se voulaient humanistes avant toute chose au service de la justice et du droit.

     

    L'ensemble des effectifs des centres opérationnels fut passé au peigne fin, et les nouveaux éléments furent triés sur le volet parmi les opportunistes et les délinquants de tous bords ; il ne fallait absolument pas qu'ils aient des diplômes universitaires; on ne voulait pas de personnes capables de réfléchir; ce qu'il fallait de préférence, c'était des ex sous-officiers promus pour la circonstance, des machines qui exécutent les ordres, n'importe quels ordres.

     

    C'est le CPMI (Sous le commandement du colonel Bachir Tartag alias Atman) qui fut chargé par Toufik du dossier des militaires gênants qu'il fallait absolument éliminer par n'importe quel moyen. Depuis la fin de l'année 92, le nom de Bachir Tartag est devenu synonyme de peur, de terreur et bien plus grave, ce nom incarne la mort, et la simple citation du centre de Ben-Aknoun suffit à donner des frissons au plus aguerri des officiers; la réputation que le commandant du CPMI a acquis lui a valu une place au soleil: la postérité.

     

    Quand un officier est arrêté (le plus souvent en plein jour et avec beaucoup de tapage) au sein même de l'établissement militaire d'attache, le chef du bureau de sécurité (officier de sécurité, détaché par la DRS dans chaque structure militaire à travers le territoire) est chargé d'entretenir un climat de peur et de suspicion qui rend la vie au sein des casernes, invivable à cause de la perte de confiance, même entre de très proches amis. Dès l'instant où un officier (quel que soit son grade) est sous les feux croisés des services opérationnels et est pointé du doigt par l'officier de sécurité de la caserne, il devient déjà un indésirable que le reste du personnel militaire n'ose plus approcher et d'autant moins lui adresser la parole. Tout le monde a peur d'être associé à cette personne coupable d'être différente du moule sculpté par Toufik et Smain.

     

    Cette stratégie de l'exemple à ne pas suivre est basée sur la moralité du proverbe qui dit : "encore plus virulente que la peste, la peur se transmet en un clin d'oil". A peine, arrêté, la famille de l'officier est délestée de tous les avantages sociaux à commencer par le logement; des dizaines de familles se sont retrouvées à la rue, le logement étant très vite attribué au plus méritant. Dans plusieurs cas, des familles furent obligées de sortir sans avoir le droit de prendre leurs affaires personnelles.

     

    Bachir Tartag a réussi à se construire une réputation des plus macabres, et à trop vouloir satisfaire Toufik en faisant un peu trop de zèle, il a fini par avoir presque autant de sang militaire sur les mains que tous les groupes terroristes réunis. La bavure est admise surtout lorsqu'il s'agit de liquider des témoins gênants ou des officiers à la conscience immaculée. Jamais un officier du service opérationnel de la DRS n'a fait aussi long feu au CPMI (centre principal militaire d'investigation).

     

    Les résultats obtenus par Tartag ont toujours incité Toufik à demander encore plus, jonglant avec les différents directeurs des services opérationnels sur le terrain (le GIS, Groupe d'Intervention Spéciale, commandé par le colonel Abdelkader Khemel, le Centre Antar, commandé à l'époque par le colonel Farid et le CPMI, commandé par Tartag), Toufik faisait figure de chef d'orchestre, et en jouant sur le principe sacro-saint du cloisonnement, il n'hésitait pas à monter un service contre l'autre pour inciter tout le monde à la concurrence et au surpassement.

     

    Il est à la fois difficile et même insoutenable de décrire ce que des officiers, sous-officiers de la république, des cadres militaires supérieurs ont vécu dans les centres opérationnels tel que le CPMI. Mais par devoir de justice, pour que leurs mémoires (pour ceux qui ont péri) soient respectées, il convient de raconter leurs calvaires et leurs descentes aux enfers de Tartag.

     

    A l'arrestation, le sujet est introduit dans la voiture, sa tête est placée entre ses jambes pour qu'il ne reconnaisse pas la destination ; une fois arrivé au centre, la voiture est stationnée devant la porte de la bâtisse qui sert de prison. Le sujet est descendu de la voiture et conduit à l'intérieur avec une cagoule qui est enlevée une fois à l'intérieur. Il est ensuite délesté de tous ses vêtements sous des regards humiliants, pour mettre une combinaison militaire aux odeurs nauséabondes (du même modèle que celle des mécaniciens mais de couleur verte), déjà utilisée par des dizaines de victimes et entachée de sang. Généralement le nouvel arrivé est accueilli par les cris et les supplices d'un autre détenu interrogé dans une des salles réservées à cet usage. C'est le premier choc que reçoit la personne arrêtée, qui devient à partir de ce moment, objet à tous les dépassements. La suite des événements dépend du futur décidé par les chefs pour la personne arrêtée, et suivant le cas une attitude bien spécifique est adoptée par les hommes de Tartag chargés de mener l'interrogatoire, et si le sujet jouit d'une recommandation supérieure, c'est Tartag en personne qui s'en charge.

     

     

     

    Schéma du batiment d'arrêt au CPMI (Ben-Aknoun)

     

     

     

    Si la personne est condamnée à mort, les séances de torture commencent immédiatement par des coups, et la combinaison n'est même pas nécessaire. Le cas du commandant Mohamed Abbassa, un officier marin, est un exemple typique. Arrêté au siège du MDN le matin du premier mercredi du mois de janvier 94; il fut transporté au CPMI où il décéda deux jours plus tard. Depuis le premier jour, ce fut Tartag en personne qui s'occupa de son cas; le motif de l'arrestation: "suspicion d'appartenance à une entreprise terroriste" (son nom avait surgi lors d'un précédent interrogatoire avec un autre officier qui osait dire "non"), et c'est biensûr des noms que Tartag voulait lui arracher, aidé par un autre officier du CPMI (lieutenant Mohamed) qui prenait du plaisir à torturer des officiers supérieurs, gifles et coups de manche à balai pour commencer. Il fut ensuite allongé tout nu sur un sommier métallique et attaché par des sangles et arrosé d'un seau d'eau. Le lieutenant Mohamed lui mis les électrodes aux pieds puis aux organes génitaux, Tartag dirigeait l'opération et demandait la collaboration sous peine de poursuites de la séance de vérité.

     

    A chaque fois que le courant était branché, le lit en entier se déplaçait. Et ce qui rendait Tartag plus nerveux était le silence et la résistance du commandant Abbassa. Et dans les rares moments de répit, la seule réponse de Abbassa était "vous ne savez pas ce que vous faites à l'Algérie, êtes vous seulement conscients ? ". Le chalumeau, la manche à balai, les bouteilles, les fourchettes, toute la panoplie de la torture fut employée par Tartag et son second, et à chaque fois que le commandant Abassa perdait connaissance, Tartag devenait encore plus furieux et le lieutenant tortionnaire était presque dans un état de transe. Au soir de la deuxième journée, ce fut un corps méconnaissable, enflé et brûlé, même au yeux, qui rendit l'âme en murmurant des mots à peine audibles. La dépouille n'eut même pas droit à un enterrement correct.

     

    Un nombre impressionnant d'hommes a péri dans des conditions atrocement semblables, et à chaque fois les corps étaient jetés pendant la nuit dans la rue comme des chiens que l'ont abat; ils avaient quand même droit à une mention dans les colonnes des journaux du régime "un terroriste a été abattu durant la nuit...". Devant ce spectacle de l'apocalypse, il faut dire que les plus chanceux étaient ceux que le commandement avait décidé de liquider par balle : comme c'était le cas du Docteur lieutenant-colonel Redouane Sari, docteur en physique nucléaire et chef du programme nucléaire Algérien. Il occupait aussi la fonction de conseiller spécial du ministre de la défense Khaled Nezar depuis 1990 et s'opposait farouchement à l'arrêt du processus électoral. En 93 Toufik et Smain avaient chargé une équipe de l'escadron de la mort pour exécuter la tâche.

     

    Un soir en rentrant chez lui à Bouzareah, du ministère de la défense, il fut intercepté sur la route par l'équipe de l'escadron 192, à dix minutes de sa demeure. Un travail propre, trois balles dans la tête et la mission était accomplie. Ils n'avaient même pas pris la peine de prendre ses armes (un Makarov et un Kalachnikov qu'il avait dans la malle de la Mazda bleu 626 du MDN). Redouane Sari eut quand même droit aux honneurs militaires lors de son enterrement, et de plus les terroristes qui avaient fait le coup furent abattus selon la presse.

     

    D'autres officiers ont eu un traitement très particulier, par des éléments de l'équipe de Tartag qui se sont spécialisés dans le remodelage et la rééducation. Casser les hommes est devenue leur mission, et pour casser un homme ils ont trouvé la formule : arracher cette qualité qui fait d'un homme, un homme, sa virilité, son honneur. En plus des castrations devenues assez courantes, le viol des hommes est pratiqué comme un moyen de contrôle et de soumission de certains durs aux yeux de Tartag. . Les éléments de l'équipe de Tartag avaient accès à toutes les commodités et se permettaient tout lors des arrestations, ils se servaient au passage de bijoux, d'argent, voitures et ont pour la plupart, amassé de vraies fortunes.

    Bien plus encore, quand une femme était au goût d'un des officiers en charge de l'arrestation, il était bien simple pour lui de revenir et de l'arrêter plus tard, même si elle était mariée, cela importait peu. Elle devenait "après son kidnapping", une complice, une terroriste aussi, puisque arrêtée sous le même chef d'inculpation que l'homme de la famille.

     

    Des années durant et le même cycle infernal faisait grossir la liste des fidèles un peu plus chaque jour. Des officiers cadres de la nation, des docteurs d'état, médecins, professeurs, ingénieurs, techniciens que l'Algérie avait formé au prix fort furent exécutés par des assassins, et traités comme des déchets de l'institution militaire.

     

    Les dépassements constituent encore un autre sujet que seules les victimes rescapées ont le droit de raconter, par égards et par respect pour leur dignité bafouée. Un dossier special sera consacré à ce sujet.

     

    Il va sans dire aussi que le centre opérationnel "ANTAR" situé aussi à Ben-Aknoun (côté parc Zoologique), et commandé par le colonel Farid, Sous la tutelle directe de Smain Lamari, fut aussi le théatre d'horribles évènements, puisqu'il est le repère de l'escadron de la mort et le berceau du fameux "GIA".

     

     

    l'Algérie Meurtrie

     

    Devant cette situation de désolation, qui a jeté le discrédit sur les institutions de l'état algérien à commencer par son armée, des êtres sans scrupules ont profité et profitent toujours de la situation qu'ils ont crée, en se remplissant les poches ; l'économie de la guerre leur a permis de multiplier leurs fortunes mais surtout de blanchir une masse d'argent colossale, que les uns et les autres ont réinvesti dans la reprise de sociétés et entreprises nationales coulées puis rachetées au dinar symbolique. Les rares cadres qui se sont dressés pour éviter la catastrophe se sont retrouvés grâce à l'agent "Ouyahiya" en prison. Le pillage à grande échelle d'un peuple profondément meurtri a jeté le peuple algérien dans les abîmes de la pauvreté, la famine et la dépendance. La société algérienne a vu apparaître ces dernières années des maux extrêmement graves : de la prostitution infantile pour un bout de pain, aux réseaux des dealers de drogue qui sont protégés d'en haut pour aider la jeunesse algérienne à oublier qu'elle a des droits sur ses dirigeants et sur son armée.

     

    Aucune armée au monde n'est aussi fameuse pour les affaires de corruption et d'enrichissement illicite que notre armée, et les individus suivants, se sont tout permis; ils croient, pour l'on ne sait quelle raison que l'Algérie est leur patrimoine personnel et qu'ils ont le droit de se la départager:

     

    * Général Larbi Belkheir:

     

    Sa fortune s'estime à plusieurs centaines de millions de dollars. Il a plusieurs biens immobiliers et fonciers en France, en Suisse, en Espagne, au Maroc, aux Etats-Unis et au Canada. Le général Belkheir a spolié les biens de l'état et du peuple algérien de trois façons. Quand il était secrétaire à la présidence, il avait la responsabilité du budget de cette institution. La deuxième source de sa rapine a été le projet Fiat que les Italiens ont essayé de monter en Algérie depuis 1985, sans succès à ce jour. Belkheir a touché d'immenses commissions pour ce projet. Son troisième cambriolage est le projet de construction de l'oléoduc gazier, projet qui devait être attribué à une compagnie nationale mais dont bénéfiçia une compagnie italienne; Belkheir obtient une rente mensuelle astronomique.

     

    * Le général Mohamed Lamari:

     

    Il touche des commissions de marché des compagnies pharmaceutiques françaises en Algérie. Il est l'ami et le partenaire de Mohamed Ait-Djeddou, le magnat de l'importation pharmaceutique en Algérie. Une grande partie des dizaines de millions de dollars qu'il a amassé vient en fait des contrats d'armement passés avec l'Afrique du sud et la France en particulier, en plus biensûr du pourcentage de la rente annuelle du pétrole.

     

    * Général Khaled Nezzar:

     

    Il a amassé sa fortune particulièrement lorsqu'il était ministre de la défense. Il a des comptes bancaires en France, en Suisse et aux Etats-Unis. Il possède de nombreuses villas à Alger, à Batna et à Constantine. Il détient des biens immobiliers et fonciers dans plusieurs wilayas. Il possède une villa aux Etats-Unis, achetée en 1992 avec l'argent du contribuable algérien. Son fils, qui a le monopole d'importation de plusieurs produits agro-alimentaires, a monté sa compagnie avec un prêt bancaire de la Banque nationale d'Algérie avec un taux d'intérêt avoisinant le zéro et un délai de paiement indéfini. Nezzar Junior s'est lancé dernièrement dans l'aviation civile avec une compagnie aérienne privée.

     

    * Général Mohamed Mediene:

     

    Il a une fortune colossale dont l'estimation n'est pas connue. Il est le principal actionnaire de la société sud-africaine de prospection d'or et de diamant dans le Hoggar. Il s'est assuré une rente importante de plusieurs multinationales de prospection pétrolière. Son homme de main qui supervise ses affaires et gère ses richesses est M.Hanchi. Le fils aîné de Mediene fait partie du conseil d'administration de Daweoo en Algérie et qui avec le démantèlement partiel, perfide de l'ENIE, contrôle une partie importante du marché d'importation de l'électronique, de l'électroménager et de la voiture.

     

    * Général Mohamed Betchine:

     

    Sa fortune s'élève à plusieurs dizaines de millions de dollars. Il possède des biens immobiliers immenses dans l'est algérien, mais aussi en Syrie, en Tunisie, en Suisse et en France. Il est le principal importateur et distributeur de sucre dans l'est algérien. Il contrôle une part importante du marché d'importation d'autres produits agro-alimentaires. Il possède plusieurs journaux et une maison d'édition. Il touche une rente régulière des compagnies pétrolières américaines Anadarko et Arco. Il a aussi touché des pots-de-vin dans les contrats de modernisation du système de défense aérienne.

     

    * Général Abdelmadjid Taghit:

     

    Il est dans une alliance d'affaires avec son frère qui a dirigé la Cosider. Il possède plusieurs biens immobiliers en Algérie. Il s'est enrichi considérablement en revendant des boutiques à Riadh El Feth acquises à des prix dérisoires.

     

    * Général Mohamed Attailia:

     

    Ex-chef de la 1ère région militaire, il est dans le brigandage des biens de l'état depuis 1965. Il possède un hôtel, un restaurant et une boucherie en France. Il possède aussi une usine de verrerie dans le midi de la France. Il a de vastes biens immobiliers en Algérie et des biens fonciers à Bouchaoui.

     

    * Général Smain Lamari:

     

    De part la sensibilité de son poste, il a réussi à monter un empire d'import-export et la plupart des transactions se font à l'extérieur du pays. En plus des biens achetés en France, il a eu de larges commissions sur les contrats d'armement réalisés avec les Français (couverture radar de l'ensemble du territoire). Avec des amis français, il reçoit en échange d'ouverture du marché algérien de généreuses commissions à chaque marché et assure aussi la protection des investisseurs. Sa fortune s'élève à plusieurs dizaines de millions de dollars.

     

    * Général Kamel Abderrahim:

     

    Commandant en chef des forces terrestres jusqu'en 1989, il possède des biens immobiliers en Algérie, ainsi qu'un restaurant et un hôtel en France. Il possède une usine ultramoderne de fabrication de consommables pour les hôpitaux à Ain Taya .

     

    * Général Moustafa Belloucif:

     

    Il s'est enrichi en s'accaparant les comptes bancaires du richissime Zeggar évalués à plusieurs millions de dollars. Il s'est aussi enrichi par la revente de biens de l'état achetés à des prix dérisoires. Il possède des biens immobiliers très cotés à Alger et à Annaba.

     

    * Général Mohamed Touati:

     

    Son importance au sein la hiérarchie militaire lui a permis d'utiliser à fond son influence et à recevoir en conséquence des commissions sur tous les grands projets d'investissement ou de prospection des champs pétroliers dont il assure la sécurité avec ses compagnies privées de protection moyennant un pourcentage sur chaque puits. Il possède des biens immobiliers dans tout le territoire national et de même en France et en Suisse. Sa fortune est de plusieurs dizaines de millions de dollars.

     

    * Général Mohamed Hartani:

     

    Ancien directeur de l'hôpital central de l'armée à Alger, c'est en cette qualité qu'il a amassé sa fortune. Il a touché d'immenses commissions de marché de Siemens et d'autres compagnies de matériaux de construction. Il est le représentant de Siemens en Algérie sous la couverture de son épouse. Il a des biens immobiliers en Algérie, en suisse, en France et en Allemagne. Il possède plusieurs commerces à Alger, à Constantine et à Annaba.

     

    * Général BenAbbes Gheziel:

     

    Il a amassé sa fortune, estimée à plusieurs millions de dollars, par les pots-de-vin et les commissions de marché dans l'achat d'équipements pour la Gendarmerie nationale, en particulier de la compagnie Beretta. Il a des biens immobiliers et fonciers en Algérie et en France. Il rapine aussi dans l'import-export.

     

    * Général Mohamed Dib:

     

    Ancien chef de la Garde républicaine, ce général discret a une fortune estimée à plusieurs millions de dollars. Il a amassé sa fortune par la restructuration de la Garde républicaine (commissions de marché lors de la rénovation de son infrastructure et achat au prix symbolique et revente des systèmes et matériels). Il possède des biens immobiliers et fonciers en Algérie.

     

    * Général Cherif Ouadani:

     

    Spécialiste du pillage, sa fortune s'élève à plusieurs dizaines de millions de dollars. Il possède des biens immobiliers dans les quartiers chics de Paris, des propriétés luxueuses et des chevaux à Deauville. Il est actionnaire à Peugeot dont il est le représentant en Algérie depuis 1990. Il a de grands biens immobiliers à Alger et à Tlemcen. Il possède une usine de confection de vêtements luxueux à Tlemcen. Il détient le monopole d'importation du textile en Algérie.

     

    * Colonel Hocine Senoussi:

     

    Bras droit de Belkheir, ami de Chadli, il a amassé sa fortune immense lors de la construction à Alger du monument Maqam Echahid. Il a touché des commissions de marché sur ce projet qui a coûté près de 350 millions de dollars au contribuable algérien. Il s'est aussi accaparé plusieurs magasins du complexe commercial de Riadh El Feth qu'il a revendu au prix fort. Il possède des biens immobiliers à Alger, à Oran et surtout à Tlemcen et biensûr à l'étranger.

     

    D'autres généraux tels que: Abdelmalek Guenaizia, Abdelhamid Djouadi, M. Lakehal Ayat, Abdelmadjid Cherif, Mohamed Ghenim, Said Bey.etc. ont aussi amassé des fortunes colossales, et la liste est malheureusement longue pour le reste des militaires corrompus, indignes de porter les emblèmes de l'ANP. Ce dossier de la corruption des chefs sera traité à l'avenir avec plus de détails.

     

    Il est vrai qu'après tous ces faits, il est difficile de se taire et d'ignorer avec le silence "malgré tout complice", ces pratiques qui salissent la réputation de notre armée et de notre pays.

     

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres ne peut que condamner fermement les pratiques criminelles des généraux et autres officiers algériens, impliqués dans l'enrichissement illicite, et qui font durer le deuil du peuple et plongent l'Algérie dans le chaos afin de favoriser leurs opérations économiques et financières funestes.

     

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres condamne également les "hommes de main" des généraux criminels, qu'ils soient civils ou militaires, qui veillent à la gestion de leurs affaires et à la fructification de leurs fortunes mal acquises. Ces "commis-affairistes" ont autant de responsabilité dans le pillage des richesses nationales que leurs mandataires galonnés.

     

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres appelle tous les officiers et sous-officiers, à tous les niveaux de la hiérarchie militaire, et l'ensemble du peuple algérien à demander des comptes et à ne plus accepter cet état de fait où le bradage de notre patrie se passe sous nos yeux et en plein jour.

     

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres tient à préciser à ceux qui disent que nous entachons l'image de l'armée par nos révélations, que le peuple algérien a le droit de connaître la vérité, il a aussi le droit de savoir que les vrais responsables de la faillite de l'Algérie sont ceux qui ont assassiné le président Mohamed Boudiaf, Kasdi Merbah, Saidi Fodil, Ali Boutiguene, Redouane Sari,.... ,tous les fidèles, Pr. Boucebsi, Tahar Djaout,....,et le peuple Algérien.

     

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres affirme qu'il reste encore des hommes jaloux et fiers au sein de l'ANP qu'ils défendent et protègent au prix de leurs vies.

     

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres lutte pour que l'armée nationale populaire retrouve sa fierté et son honneur d'antan et que vive l'Algérie.

  • LA CORRUPTION ABSOLUE PRODUIT DU POUVOIR ABSOLU (1ère partie) A. Rahabi

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    Depuis les royaumes berbères antiques en passant par les dynasties Almoravide- El mourabitoun et Almohade - El mouahidoune jusqu’à l’indépendance nous passions pour un peuple guerrier mais jamais belliqueux, patient sans être résigné cultivant sa propre terre riche et peuplée d’hommes austères mais libres. Comment est- ce possible alors que nous soyons devenus en une décennie un des pays les plus corrompus de la planète.

    Le pétrole, une hypertrophie du sens du pouvoir , une indigence de l’esprit des lois , l’absence de la fonction de contrôle et une progressive inversion de la hiérarchie des valeurs sociales ont suffi à accomplir la seule expérience de démocratisation réussie en Algérie, celle de la corruption . Si nous considérons, à l’instar du reste du monde, qu’elle est un défi à la loi alors la responsabilité de l’autorité chargée de la faire respecter s’établit d’elle-même. Chez nous elle est historiquement et avant tout politique.

    L’impunité , facteur d’encouragement de la corruption

    Il y a tout juste un an, le Président Bouteflika, premier magistrat du pays ne trouvait pas meilleur espace que la Cour suprême, institution où devrait normalement s’incuber le droit, pour violer la Loi fondamentale. Il le justifiera autrement que par le droit pour marquer de nouveau son autorité sur la justice et les juges. Ces derniers ont consenti et applaudi leur statut d’auxiliaires de l’autorité politique déjà parfaitement vérifié dans l’annulation du Congrès du FLN en 2004 et les scandales politico- financiers du groupe Khalifa , de la banque BCIA, de Brown root & condor (BRC) ... pour ne citer que les plus visibles à l’œil nu.

    A eux seuls ces derniers scandales, les plus gros depuis la main basse de l’armée d’occupation de Napoléon III sur le trésor de la Régence d’Alger en 1830, représentent un préjudice Trésor public déclaré de près de 10 milliards de dollars. Le traitement extrajudiciaire qui leur a été réservé a mis à jour les implications des responsables des institutions étatiques et à tous les niveaux. A l’exemple de la parodie de procès de Khalifa - organisé de façon à ce qu’il ne soit pas extradé - la justice a avalisé l’impunité des uns, l’immunité aux autres et de lourdes peines aux moins protégés pour compenser celles des intouchables. Les scandales jugés de cette manière, ici comme ailleurs, n’ont produit qu’ un effet démultiplicateur et pandémique de la corruption au lieu de la juguler.

    Parfois l’on se console à l’idée que c’est un prix à payer dans l’apprentissage de la nouvelle économie mais cela n’a pas servi de leçon car les scandales ont persisté, se sont amplifiés et se diversifient. De gros contrats dans les services , la téléphonie mobile , les équipements des hydrocarbures , les équipements de transport , les infrastructures routières , les ouvrages hydrauliques , la mise en valeur des terres agricoles , ou encore les 2 licences de tabac ont été attribués en violation des règles les plus élémentaires du bon sens , de la transparence , de la concurrence loyale et de l’efficience économique .

    A.R.

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    Le secteur des hydrocarbures cristallise à lui seul les véritables dimensions de cette grave situation car il est devenu chez , à défaut de production d’autres richesses, le garant de la paix sociale interne et le principal outil de politique extérieure faute pour l’Algérie d’avoir capitalisé tous ses atouts géostratégiques.

    Si nous considérons cette organique équation entre les deux missions, les hydrocarbures représentent alors la plus grosse menace pour la cohésion sociale du pays dans la mesure où l’essentiel de la grande corruption se niche dans ce secteur. Nous n’avons pas tiré tous les enseignements de la fameuse Loi sur les hydrocarbures, principal sponsor diplomatique du deuxième mandat présidentiel et manifestation concrète de la collusion avec des intérêts étrangers. Elle constitue un cas d’école dans la définition de la corruption comme une forme de trahison au moins parce que les grands groupes pétroliers ont en eu la primeur au début de l’année 2004 bien avant le gouvernement et les élus du peuple. Il est vrai que l’Algérie n’est pas un cas isolé en la matière , le Shah d’Iran avant elle, les monarchies du golf plus tard et tout près de nous la Libye ont usé et abusé du pétrole comme monnaie d’échange contre un soutien et une bienveillante complaisance des puissances occidentales mais libres à eux de le faire, notre histoire ne l’autorise pas.

    Des investissements de 1, 2 milliards d’euros ont été engagés à l’étranger sans information adéquate des organes sociaux de Sonatrach et encore moins du Conseil national de l’énergie en veilleuse depuis 10 ans. Le marché mondial a enregistré une multiplication des quantités de pétrole algérien sur le marché spot placé par des tiers et dont la traçabilité est des plus aléatoire de même que la signature ‘’ en secret ‘’ ( pour les algériens entendre ) d’un contrat de livraison de gaz à long terme en 2008 à des conditions diplomatiques cette fois - ci en rapport avec le troisième mandat . Sonatrach s’est aussi distinguée ces dernières années par la signature de plusieurs centaines de contrats de gré à gré dépassant les 100millions de dollars l’un dans plusieurs cas. Le gré à gré, forme de transaction réservée par nature aux situations d’urgence est devenu courant dans le secteur de l’énergie alors que le Baossem présenté comme outil de la transparence a été réduit aux fournitures de bureau.

    De même qu’elle s’implique dans des domaines qui n’ont aucun rapport avec ses missions comme l’acquisition d’unités de dessalement d’eau, des montages financiers et d’association singulièrement novateurs dans la production d’électricité, l’assainissement des eaux ou encore la construction et la gestion d’un palais des Congrès et d’un hôtel de luxe pour 560 millions d’euros ( sans les avenants ) pour un Congrès de 3 jours sur le gaz. Avec une chute de la production à 55 milliards de m3 /an notre pays n’a pas un seul mètre cube de gaz supplémentaire à placer avant au moins 5 ans si nous considérons la hausse de 10 % an de la demande nationale ,les besoins gigantesques des projets d’unités d’ammoniac d’Orascom et d’aluminium , la stagnation de la demande mondiale . A tout cela il faudra ajouter l e retard enregistré dans l’achèvement des unités de Skikda confiée en 2007 et de gré à gré à Kellog Brown and Root (KBR ) dans des conditions que les milieux gaziers internationaux ont qualifié d’hallucinantes .

    La mégalomanie de nos plus hauts dirigeants n’a d’égal que la gabegie dans le présent cas d’espèce : l’Algérie présidera cette année le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) tout simplement parce que ses membres ont adopté il y a un an à Moscou le principe de la présidence par ordre alphabétique tout comme pour l’OPEP . Cela a été présenté chez nous comme un grand acquis du retour de l’Algérie sur la scène internationale alors qu’à l’issue du vote pour le siège du FPEG ,véritable indicateur du poids de chacun, notre pays n’a récolté que sa propre voix et a été classé bon dernier derrière Qatar, la Russie et l’Iran.

    Les algériens étaient en droit d’attendre que la raison reprenne le dessus après le scandale du nouveau siège du Ministère de l’Energie et de mines étouffé en 2005 et dont le coût représente l’équivalent de la moitié des réserves de change de l’Algérie en 1995. Cette fois ci dans un rayon de 500 mètres de ce siège les mêmes responsables s’offrent une piscine olympique à 30 millions de dollars et le réaménagement de l’ancien cours de tennis de Hydra pour près de 16 millions de dollars. De quoi combler un bon tiers des besoins nationaux – estimés 130 millions de dollars - en chauffage dans des salles de classes d’écoles glacées et en cantines scolaires. Quatre millions d’enfants, soit un élève sur deux, n’ont pas encore droit au chauffage ni au repas scolaire qui reste la seule manifestation concrète de la solidarité nationale de nature à atténuer les insuffisances pédagogiques dues à la malnutrition. Cela représente également l’équivalent de plus de 2000 logements sociaux qui feraient le bonheur des milliers d’algériens habitant dans des cités qui datent du Plan de Constantine où le soleil n’entre que par effraction.

    A.R.

  • Les syndicats des praticiens de santé publique déterminés

    ActualitésAPRÈS DEUX MOIS DE GRÈVE
    Les syndicats des praticiens de santé publique déterminésimagessinge.jpg

    Le mouvement de débrayage entamé le 23 novembre dernier par les praticiens de santé publique ne voit toujours pas d’interlocuteur se manifester. Face à «cette indifférence», les praticiens représentés par les deux syndicats SNPSP et SNPSSP ont décidé de durcir le ton.
    Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Après avoir épuisé toutes les tentatives pour se faire entendre, notamment à travers des rassemblements, les praticiens de la santé publique ont décidé de passer à une autre phase : investir la rue. Une carte sur laquelle ces derniers comptent pour se faire entendre par les pouvoirs publics. Ainsi, les praticiens généralistes et spécialistes de santé publique vont sortir dans la rue mercredi prochain, en blouse blanche, pour crier leur ras-le-bol. Le ministre de la Santé est visiblement «impuissant », selon les syndicats, pour régler les litiges. C’est pourquoi les deux syndicats interpellent le Premier ministre et même le président de la République pour régler le problème qui se pose à la corporation. Les deux organisations syndicales rejettent en bloc leur statut particulier, qui ne répond pas à leurs aspirations, soulignent-ils. Le SNPSP et le SNPSSP demandent la promulgation du statut particulier dans sa forme négociée et ratifiée en commission mixte en 2008. Les spécialistes et les généralistes veulent une reconnaissance et une rémunération à la dimension de leur statut. Pour les grévistes, ce mouvement de protestation a prouvé son succès, grâce à la mobilisation du corps médical autour de la plateforme de revendications. Ils disent «regretter, certes, d’avoir à choisir cette option qui gêne beaucoup les citoyens», mais soulignent que «ce combat demeure néanmoins celui de pouvoir offrir une meilleure santé publique aux citoyens». Ainsi, dans une clinique de proximité de santé de Belouizdad, des malades venus pour des injections ou des consultations avaient l’air mécontents de devoir rebrousser chemin. De leur côté, les médecins affirmaient «ne pas avoir opté pour cette démarche de gaieté de cœur, mais il n’existe pas d’autres options». «Nous sommes conscients du fait que le citoyen est pénalisé, mais ce dernier doit comprendre que nous n’avons pas le choix et que le gouvernement doit réagir pour régler ce problème s’il pense réellement à la santé des citoyens», a soutenu l’un des médecins. C’était le même scénario dans la plupart des EPSP, où le mouvement de contestation est beaucoup plus suivi. Les hôpitaux sont, certes, eux aussi en grève, mais la situation diffère. «Nous n’assurons que le service minimum, mais nous avons aussi des malades hospitalisés que nous nous devons de suivre», a précisé un médecin de l’hôpital Mustapha-Pacha à Alger. «Le mouvement de protestation ne peut être suivi dans les hôpitaux à 100 %, car il y a des malades dont le cas de santé ne peut être délaissé», assure un autre médecin. C’est notamment le cas au CPMC, où le travail est assuré normalement. Les médecins précisent qu’ils ne peuvent abandonner ces malades à leur sort, même s’ils adhèrent à la protestation. «Travail surchargé face à une rémunération inappropriée et des conditions de travail difficiles », telle est la situation qui a accentué la détermination des praticiens quant à aller jusqu’au bout de leur action, assure-t-on.
    S. A.


  • Les praticiens dans la rue le 3 février

     

    Santé: imagessinge.jpgLes praticiens dans la rue le 3 février

    par Salah C.

    En plus du maintien de leur grève ouverte qui est à sa 6e et 4e semaine respectivement pour les praticiens et les praticiens spécialistes de santé publique, les deux syndicats, à savoir le SNPSP et le SNPSSP, ont décidé de mettre en oeuvre leur plan d'action consistant à faire sortir la grève dans la rue avec notamment une marche du CHU Mustapha Bacha en direction de la Présidence de la république, mercredi prochain, en l'occurrence le 3 février. 

    C'est ce qu'ont annoncé MM. Mohamed Youcefi et Lyes Merabet, les deux premiers responsables des deux syndicats lors d'un point de presse tenu, hier, en précisant que le même jour, Oran, Ouargla, Annaba et Constantine connaîtront également des marches régionales. Les deux responsables syndicaux ont déclaré: «Nous sommes prêts à assumer les conséquences d'une telle décision. C'est le seul moyen à notre disposition pour faire entendre nos voix». 

    Dr Merabet nous a précisé que le seul retour d'écho a été celui de la rencontre organisée à l'initiative des certains groupes parlementaires avec la commission de la santé et des affaires sociales de l'APN, dont les membres se sont engagés à exposer la situation au Premier ministre et au Président de la république. Selon les syndicats, le passage à cette forme de protestation ne veut pas dire que les portes du dialogue sont fermées, mais au contraire, les deux syndicats réitèrent leur disponibilité à revenir à la table des négociations, tout en rejetant catégoriquement les décisions de la tutelle. 

    Ainsi, il apparaît clairement que les syndicats qui ont opté pour aller crescendo dans leur protestation, organisent depuis deux semaines des sit-in soit à l'intérieur des établissements hospitaliers, soit devant les sièges des directions de la santé de chaque wilaya, dans le but d'interpeller les responsables locaux du secteur sur la gravité de la situation. 

    Sur le terrain, le service minimum est toujours assuré, ainsi que la participation des praticiens à l'acte vaccinal, notamment la campagne nationale de vaccination contre la grippe A/H1N1. Pour les grévistes, il s'agit d'un manque d'engagement de la part de la tutelle, alors que le système national de santé est loin de satisfaire la demande notamment dans la qualité des soins avec des prestations qui demeurent inférieures à celles des années 70 et 80.
  • L’éducation et la santé font le forcing

     



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    L’éducation et la santé font le forcing
    01 Février 2010 -

     

    images chevre.jpgAlors que les médecins grévistes menacent de sortir dans la rue ce mercredi, les travailleurs de l’éducation décrètent une grève cyclique de 10 jours chaque mois.

    Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (Snte) a entamé hier son débrayage de quatre jours reconductible jusqu’au 3 février prochain. Ce syndicat est soutenu dans son mouvement de protestation par trois syndicats autonomes, à savoir le Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap), le Syndicat algérien des travailleurs de l’éducation et de la formation professionnelle (Satef) et l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef).
    Les syndicats, qui ont pour la plupart tenu des assemblées générales jeudi dernier, dénoncent «les atermoiements du ministre de l’Education, Boubekeur Benbouzid, quant à la concrétisation des revendications des travailleurs de l’éducation», nous dit-on. Bien que cette grève n’a pas été suivie selon nos correspondants, les protestataires sont, toutefois, déterminés à aller jusqu’au bout. Contacté par nos soins, le coordinateur national des adjoints de l’éducation, Mourad Fertaki, a indiqué que le syndicat compte «entamer une grève cyclique allant jusqu’à 10 jours et ce pour chaque mois si on refuse de nous entendre».
    Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation exige de la tutelle la «réhabilitation de tous les adjoints d’éducation, au nombre de près de 40.000 à l’échelle nationale dont 2% sont titulaires d’une licence de fin d’études, dans le corps pédagogique».
    Dans ce contexte, il a précisé qu’«auparavant, nous avions le droit de postuler au poste de surveillant général de l’éducation, après 10 ans d’expérience. Avec la nouvelle loi, seuls les universitaires ayant une expérience de deux ans peuvent y accéder». Cette loi exige de toute personne voulant postuler au poste d’adjoint principal d’éducation, un diplôme universitaire.
    «Chose que nous n’avons pas, puisque nous avons été recrutés dans les années 80 avec le niveau de terminale», souligne notre interlocuteur. Dans une déclaration précédente, le ministre de l’Education nationale avait annoncé une révision de la classification des adjoints de l’éducation à l’issue d’une réunion ayant regroupé le bureau national du Snte et les représentants du ministère, mais la coordination a été surprise de constater que l’adjoint principal d’éducation a été rétrogradé de la catégorie 10 à la catégorie 8, alors que l’adjoint d’éducation a été maintenu à la catégorie 7 avec la condition de poursuivre une formation spécialisée pour prétendre à une promotion, cela bien qu’il ait le même niveau que les travailleurs des autres branches classés aux catégories 10 et 11. De leur côté, les médecins généralistes et spécialistes poursuivent toujours leur grève entamée depuis près de deux mois. Le débrayage a été suivi par «l’écrasante majorité des praticiens à travers le territoire national et connaît une mobilisation qui ne cesse de se renforcer. Celle-ci a dépassé les 80% à l’échelle nationale», affirme le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), le Dr Lyès Merabet, joint hier par téléphone. Notre interlocuteur a réitéré l’appel aux adhérents à poursuivre leur mouvement de protestation en organisant des sit-in, chaque mercredi, au niveau des établissements hospitaliers à travers les wilayas du pays, sans oublier la grande marche prévue ce mercredi à partir du CHU Mustapha-Bacha vers la présidence de la République à Alger.
    La révision des statuts particuliers et du régime indemnitaire, figure parmi leurs principales revendications.

    Lynda BEDAR

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  • Les syndicats de la santé déterminés à radicaliser leur mouvement

     

     

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    Six semaines après le déclenchement de leur grève

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    Photo : M. Hacène

    Par Billal Larbi

    Assurément, c’est vers un bras de fer opposant les syndicats de la santé à leur tutelle que les choses semblent se diriger. Six semaines après le déclenchement de la grève illimitée par le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et quatre semaines après celle entamée par les médecins affiliés au syndicat des praticiens spécialistes (SNPSSP), la situation est des plus tendues. Lors d’un point de presse animée, hier, les MM. Merabet et Yousfi, respectivement présidents du SNPSP et du SNPSSP, tout en insistant sur le mépris et l’indifférence de la tutelle à leur égard et du refus de celle-ci de prendre en charge leurs doléances maintes fois exprimées, indiqueront que la grève observée par les médecins allait désormais s’accentuer, dans la mesure où d’imposantes marches allaient être organisées. Dans ce cadre-là, ils informeront que le mécanisme de durcissement de la grève sera mis en branle dès mercredi prochain avec l’organisation d’une marche de l’hôpital Mustapha vers le siège de la Présidence, à El Mouradia. Trois autres rassemblements seront organisés chaque mercredi durant les trois semaines à venir, le premier devant le ministère de la Santé, le second au ministère de la Santé et le dernier devant la présidence de la République. «Suite à l’indifférence affichée par la tutelle à notre égard et en dépit de nos nombreux appels pour un dialogue responsable, nous sommes contraints de passer à la vitesse supérieure. 
    Nous estimons que c’est là le seul moyen de nous faire entendre. Notre attente n’a que trop duré. La tutelle n’a fait que verser dans les promesses, refusant de prendre en charge des doléances plus que légitimes», déclareront en substance les deux orateurs, insistant à dire que ce n’est pas seulement la capitale qui sera concernée par ces marches et rassemblements puisque d’autres marches seront organisées dans quatre grandes villes du pays, (Constantine, Oran, Annaba et Ouargla) en direction du siège de wilaya de ces dernières. 
    «Tout le monde se plaint de passe-droits et de favoritisme au niveau des hôpitaux. Nous estimons le moment arrivé pour crever l’abcès.  Les citoyens doivent se solidariser avec nous car notre mouvement de protestation les concerne. Ce sont eux qui se rendent aux hôpitaux et il est on ne peut plus légitime qu’ils aspirent à une meilleure prise en charge. Les responsables qui ont tout fait pour tuer le secteur public n’en ont cure de celui-ci puisqu’ils se font soigner, eux et leurs familles, dans les plus grandes cliniques européennes», fera remarquer le Dr Merabet. Celui-ci indiquera que la probable répression, dont lui et ses collègues feront l’objet de la part des forces de l’ordre, ne diminuera en rien de la volonté et de la détermination d’aller jusqu’au bout de leur action afin que leurs revendications soient concrétisées sur le terrain. «Si jamais ces marches et rassemblements sont empêchés, nous n’hésiterons pas à saisir les syndicats internationaux et les associations de malades à travers le monde. Nous envisagerons même de démissionner du secteur public car si une mue n’est pas opérée en son sein, plus aucun médecin ne songera à y travailler», conclura le Dr Merabet.  one two three viva snpsp-snpssp

  • LA MANIFESTATION VA GAGNEE LA RUE

    Le mouvement de grève des praticiens de la santé publique entamé depuis plus d’un mois n’est pas près de s’arrêter. Les praticiens généralistes et spécialistes vont sortir dans la rue dès mercredi prochain pour protester contre «le mépris et l’indifférence» affichés par les pouvoirs publics face à leur mouvement de débrayage.
    Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Nullement découragés par l’indifférence affichée par le ministre de la Santé et les pouvoir publics face à leur mouvement de protestation, les praticiens de la santé publique représentés par le SNPSP et le SNPSSP ont décidé de durcir leur mouvement de protestation. Dès mercredi prochain et parallèlement au mouvement de grève, les blouses blanches sortiront dans la rue pour protester. Ainsi, pendant quatre semaines, les praticiens vont organiser une marche chaque mercredi selon les deux syndicats, qui ont animé hier conjointement un point de presse à Alger. La première marche est prévue ce mercredi à partir de l’hôpital Mustapha- Pacha vers la présidence, la seconde démarrera du ministère de la Santé, la troisième du palais du gouvernement et la dernière est prévue devant la présidence de la République. Les représentants des praticiens réitèrent cependant leur disponibilité aux négociations. Le président du SNPSSP, le docteur Youcefi, tout en affirmant la détermination des praticiens à aller jusqu’au bout de leurs revendications, dira : «Nous serons en blouse blanche pour recevoir les coups». La même action sera suivie dans les wilayas d’Oran, Annaba, Constantine et Ouargla. Maintenus en dehors du dialogue et des négociations, le SNPSP en grève illimitée depuis le 23 novembre dernier et le SNPSSP depuis le 4 janvier 2010, refusent d’accepter «le fait accompli». Les deux syndicats exigent de négocier avec le ministre de la Santé en plus de la promulgation du statut particulier dans sa forme négociée et ratifiée en commission mixte (ministère- syndicats), la mise en place d’une commission mixte pour le régime indemnitaire avec des garanties par rapport à l’application de ce qui sera négocié. Concernant l’application du décret exécutif N° 244 du 22 juillet 2009 déterminant l’aménagement et la répartition des horaires de travail, l’octroi et la cessibilité pour le logement de fonction à l’instar des autres corps de la Fonction publique, la levée de toutes entraves à l’exercice syndical ainsi que la mise en conformité de la prime d’intéressement, les syndicats interpellent le Premier ministre «pour la mise en application des lois de la République». Ce mouvement de protestation parviendra t-il à faire bouger le gouvernement ?
    S. A.

    images (sourd.jpg bouteflika va enlever ses mains cette fois ci pour entendre? le suspense pour qui ?nous on ne reprendra pas jusqua la revedication soit satisfaite  et malgres la menace du DRS

     

  • NOUS MARCHERONS SUR LA PRE'SIDENCE

     

    « Nous marcherons sur la Présidence »

    Syndicats des praticiens de santé publique

    « Nous marcherons sur la Présidence »

    Mercredi 3 février, l’Intersyndicale organisera un rassemblement dans l’enceinte du centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha et marchera en direction de la Présidence. En dépit de la grève ouverte enclenchée depuis plus de six semaines, « aucun geste n’a été accompli afin d’aboutir au règlement du conflit ».

    Face à l’incurie des autorités compétentes quant au statu quo qui prévaut dans le secteur sanitaire public, les praticiens de la santé ont décidé de durcir le ton et d’aller crescendo dans la contestation. Lors d’une conférence de presse tenue hier conjointement par le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le docteur Lyes Merabet, ainsi que le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), le docteur Mohamed Yousfi, les grévistes ont déclaré leur ferme intention « d’investir la rue en blouse blanche ». Ainsi, mercredi 3 février, l’intersyndicale organisera un rassemblement dans l’enceinte du centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha, et marchera en direction de la Présidence. De même, des actions similaires se tiendront devant les sièges des wilayas d’Oran, de Ouargla, de Annaba et de Sidi Bel Abbès. « Nous sommes affligés d’en arriver à manifester dans la rue et à nous exposer au matraquage des forces de l’ordre », déplore le Dr Merabet. « Toutefois, cette action est notre dernier recours afin de nous faire entendre, ainsi que pour interpeller l’opinion publique quant à ce pourrissement maintenu par les pouvoirs publics », assure-t-il.

    Car, en dépit de la grève ouverte enclenchée depuis plus de six semaines par le SNPSP et depuis plus de quatre semaines par le SNPSSP, « aucun geste n’a été accompli afin d’aboutir au règlement du conflit », dit-il. Les praticiens se disent donc, de ce fait, consternés par le mépris affiché par les autorités, ministère de la Santé en tête. D’autant plus que les responsables locaux, directeurs d’établissements ou directeurs de la santé publique, « n’hésitent pas à menacer et à intimider les médecins en grève » dans l’espoir de les faire renoncer au mouvement de contestation. Cependant, le taux de suivi demeure élevé, puisqu’une moyenne de « 70 à 80% » est enregistrée de par l’ensemble du territoire national. Ce débrayage illimité ainsi que ces manifestations hebdomadaires seront renouvelés « jusqu’à satisfaction complète de la plateforme de revendications. Tout particulièrement l’amendement du décret quant au statut particulier, ainsi que l’urgence de l’installation de la commission mixte chargée du régime indemnitaire », assure le Dr Merabet. Les deux syndicats affirment d’ailleurs rester ouverts au dialogue, « du moins si les pouvoirs publics décident de sortir de leur mutisme et entament concrètement les négociations ».

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  • Point de presse de l'intersyndicale

     

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    L'intersyndicale des praticiens de santé publique (SNPSP - SNPSSP) a animé ce jour 30 janvier 2010, à Alger, une conférence de presse consacrée au mouvement de grève des praticiens. Une évaluation de la situation fait ressortir une large satisfaction quant au suivi de la grève à l'échelle nationale en dépit de l'entrave et de la pression que subissent au quotidien délégués et adhérents des deux organisations syndicales.

    Devant l'indifférence affichée des pouvoirs publics,  l'intersyndicale des praticiens tout en appelant au maintien de la mobilisation, a informé de sa décision de manifester, dans la rue, le mécontentement des praticiens de la santé en grève ouverte depuis le 21 décembre 2010. A cet effet, il a été communiqué le programme suivant:

    Mercredi 03 fevrier 2010: rassemblement des praticiens de santé publique à 11h00 suivi d'une marche

    - Alger: CHU Mustapha vers la présidence

    - Oran: CHU d'Oran vers le siège de la wilaya.

    - Constantine: CHU de Constantine vers le siège de la wilaya.

    - Annaba: CHU d'Annaba vers le siège de la wilaya.

     

  • On ne peut pas parler de liberté dans un pays en état d’urgence

    Mokrane Aït Larbi. Avocat : « On ne peut pas parler de liberté dans un pays en état d’urgence »

    El Watan, 12 octobre 2009

    En l’espace d’une semaine, ce ne sont pas moins de trois rassemblements qui ont été empêchés par les forces de l’ordre dans la ville d’Alger. L’état d’urgence fait peser sur les libertés individuelles une véritable chape de plomb, muselant toute velléité d’opposition. Maître Mokrane Aït Larbi estime que la levée de l’état d’urgence devient impérative.

    - Vendredi, un rassemblement populaire, pourtant pacifique, a encore été empêché par les forces de l’ordre dans les rues d’Alger. De même, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) n’a pas été autorisée à organiser une rencontre nationale sur la peine de mort. En tant qu’homme de droit, comment considérez-vous ces interdictions ? Trouvent-elles une justification ?

    Dans un Etat de droit, tout ce qui n’est pas interdit par la loi est permis. Dans un Etat totalitaire, tout ce qui n’est pas autorisé par le pouvoir est interdit. Dans une démocratie, les manifestations publiques de la rue sont soumises à une simple déclaration et dans les salles on est libre de se réunir. Quant aux rassemblements empêchés par la police, je pense que les forces de l’ordre sont là pour obéir aux instructions du gouvernement. C’est ce dernier qui est responsable de toutes les atteintes aux droits de l’homme et aux libertés publiques individuelles et collectives. L’action des militants des droits de l’homme doit se diriger contre la politique du gouvernement en matière des libertés et non contre la police. Il faut rappeler que cette institution exécute un décret du chef du gouvernement, M. Ali Benflis.

    - Les Algériens se voient, depuis 2001, confisqués du droit de manifestation, de rassemblement ou d’attroupement, à Alger et dans les grandes villes du pays. Cette interdiction, qui va parfois jusqu’à la répression, n’est-elle pas contraire aux droits de l’homme ?

    La question ne se pose même pas. Les manifestations publiques pacifiques sont garanties par les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par l’Algérie, et toute restriction est une atteinte à ces droits. La liberté de réunion, de manifestation et de marches pacifiques est confisquée dans toutes les villes d’Algérie depuis l’indépendance. Je ne vois donc pas pourquoi mettre l’accent sur un décret de 2001. Il faut rappeler que les manifestations pacifiques ont été réprimées dans le sang avant 2001. Et il faut peut-être rappeler également les morts d’octobre 1988, notamment à Alger et du Printemps noir 2001 en Kabylie.

    - L’instauration de l’état d’urgence, dans une situation sécuritaire que les officiels assurent être pacifiée, trouve-t-elle encore une justification ? Quelles sont, selon vous, les motivations de son maintien qui étouffent les libertés ?

    Pour connaître les motivations du maintien de l’état d’urgence, il faut poser la question au ministre de l’Intérieur. Pour ma part, rien ne peut justifier l’état d’urgence pendant 17 ans. Le recours à l’état d’urgence est prévu par la Constitution pour faire face à des situations très graves. Ce procédé permet la restriction des libertés publiques pour une période limitée dans le temps et dans l’espace. Nous constatons que l’exception est devenue une forme de gouvernance. Pour rappel, je vous renvoie à une déclaration du chef d’état-major, Mohamed Lamari, que je cite de mémoire : la levée de l’état d’urgence pourrait entraver l’action de l’ANP contre le terrorisme.On ne peut pas parler des libertés individuelles au sens juridique et des espaces d’expression citoyenne au sens politique dans un pays qui vit dans l’état d’urgence depuis 17 ans. Je pense qu’il faut aller droit au but, c’est-à-dire militer pour la levée de l’état d’urgence, le respect de la Constitution, des droits de l’homme et des libertés individuelles et collectives, mais cela doit passer impérativement par le démantèlement pacifique du système mis en place depuis 1962.

    Par G. L.

  • LES 4 CONSTITUTIONS ALGERIENNEs

     

     

    Documents

     

     

    Constitutions

  • CAN EST OUT , HONTE A VOUS LES EGYPTIENS

    Quelques recettes fraternelles pour passer un bon été !

    Par Hakim Laâlam
    Email : laalamh@yahoo.fr

    Que retiendra-t-on de cette CAN 2010 ? Deux attentats meurtriers ! Le mitraillage du bus togolais, à Cabinda. Et le colis piégé déposé sur la pelouse du stade de Benguela par l’émir…

    … Coffi Codjia

    Une télévision, c’est un appareil électroménager qui s’installe en face de soi et à travers lequel on peut voir des émissions, des films ou des rencontres de foot. Cette télévision peut être classique, d’un modèle ancien, avec tube cathodique ou plus récente, plasma, LCD ou LED. La télévision en 3D ne devrait pas tarder à faire irruption dans nos foyers. Peut-être même dès le mois de juin prochain. La 3D, c’est ce procédé révolutionnaire qui devrait permettre aux téléspectateurs équipés de lunettes spéciales de suivre au plus près, de vivre beaucoup plus intensément des documentaires, des films ou des rencontres de football. L’effet est, paraît-il, sensationnel. Ainsi, pour le foot, par exemple, on se croirait presque sur le terrain en train de fouler le gazon et de taper dans le ballon, mais on n’y est pas, bien sûr. C’est juste une illusion. Une Coupe du monde de football, c’est le rendez-vous planétaire de ce qui se fait de mieux comme équipes. Ne sont en Coupe du monde que les formations qui ont prouvé à la face d’un… monde très attentif et connaisseur qu’elles ont été les plus régulières, les plus performantes sur la durée et les plus victorieuses. Arriver à la phase finale d’une Coupe du monde, c’est une consécration à nulle autre pareille. Vous pouvez décrocher des médailles de chocolat, des petits trophées régionaux ou continentaux, mais la Coupe du monde, c’est le must, c’est le top, c’est le nirvana de la baballe. Un plateau télé, c’est cet ustensile de cuisine sur lequel on peut se servir des friandises, des petits sandwichs et des boissons fraîches ou chaudes, au choix et selon les convenances de chacun. Voilà frères égyptiens. Frères téléspectateurs ! Avec une télé, classique, LCD, plasma ou 3D, avec un plateau télé bien garni de victuailles, vous êtes enfin équipés ! Vous pourrez bientôt suivre l’équipe d’Algérie de football, qualifiée pour la Coupe du monde qui se déroulera en Afrique du Sud, au mois de juin prochain. Bons matchs, frères arabes ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. 
    H. L. 
    Sans-titre-1-4-3a3e2.jpghttp://www.youtube.com/watch?v=7GssxzGxWuo

    http://www.youtube.com/watch?v=b8pGPxCS0G4&feature=related

    http://www.youtube.com/watch?v=nC7APATHqF0&feature=related

    les menteurs sont tjr découverts

    http://www.youtube.com/watch?v=nC7APATHqF0&feature=related

    http://www.youtube.com/watch?v=iTZYvgfKMwo&feature=related

    http://www.youtube.com/watch?v=ex3ki6mE290&feature=related

    .montrez nous vos blesses ou lieu d'aboyer

     

  • Corruption: bonnet d’âne pour l’Algérie !

     

    Corruption: bonnet d’âne pour l’Algérie !

    L’état de la corruptimages.jpgion s’aggrave en Algérie, selon l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2008 publié par Transparency International.
    Avec une mauvaise note de 3,2 sur 10, le pays figure parmi les pays cancres de la planète en matière de lutte contre la corruption. L’Algérie arrive au 92ème rang sur les 182 pays étudiés, loin derrière la Tunisie (62ème) et le Maroc (80ème).

    En dépit des discours pompeux des pouvoirs publics, le phénomène s’aggrave. « L’opacité dans la gestion des deniers publics et le gré à gré minent de bout en bout l’économie nationale », selon un membre algérien de Transparency International, « la bureaucratie et la gabegie faisant le reste… ».

    La corruption aurait gangrené tous les secteurs. Parmi les plus cités figurent notamment le Tourisme, la Santé, la Poste et les TIC, l’Agriculture, le Transport et la Culture.

    Sans surprise, ce sont les pays les plus pauvres qui figurent en bas de ce classement. La Somalie et l’Irak étant les pays les plus corrompus du monde.

    Transparency International est une ONG qui évalue la perception, par les milieux d’affaires internationaux, du niveau de corruption affectant les administrations publiques et la classe politique

     

  • LA MALADIE ALGERIENNE

     

    LUNDI 6 AVRIL 2009

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    Vendredi, Bouteflika va faire semblant d'être candidat à une élection démocratique à laquelle les algériens feront semblant de participer et il sera élu pour un troisième mandat. Il en va ainsi depuis 47 ans en Algérie, demi siècle au cours duquel le pays a été dirigé très exactement par le même groupe d'hommes, comme dans une forme collective de dictature à la cubaine. Demi siècle marqué par une guerre civile qui a fait 150 000 morts, mais également par un échec économique d'une ampleur vertigineuse au regard des richesses naturelles du pays. Échec économique tel qu'il mériterait de porter le nom de "maladie algérienne".

    Les économistes parlent de maladie hollandaise pour décrire une forme possible de malédiction des matières premières : un pays qui se met à exploiter une ressource naturelle voit sa richesse non pas augmenter mais diminuer en raison de la désindustrialisation que provoque cette exploitation. Dans le cas, historique, des Pays-Bas, la cause en était l'augmentation du taux de change réel de la monnaie, provoquée par les exportations de gaz, qui avait fortement atteint la compétitivité prix de l'industrie manufacturière.

    L'Algérie est atteinte d'une forme extrême de cette maladie. Ici, le taux de change ne joue aucun rôle (il s'est même déprécié depuis 10 ans) : s'y substitue un mécanisme de double rente, qu'engendre la détention par l'Algérie de ressources en hydrocarbures qui font d'elle le 4ème exportateur mondial de gaz.

    En apparence le bilan des 10 années au pouvoir de Bouteflika est remarquable, avec un taux de croissance du PIB de plus de 7% en tendance sur la période.
    Dans le même temps, le taux de chômage est passé de 30% de la population à 12%, la dette externe a été ramenée à moins de 4% du PIB, et de très importantes réserves de change ont été accumulées.

    Mais cette décennie miraculeuse n'est, pour l'essentiel, liée qu'à une seule cause : la flambée des cours des hydro-carbures. Rien n'a fondamentalement changé : les cycles de l'économie algérienne sont, depuis l'indépendance, le reflet des cycles du cours des hydro-carbures.
    Le pays connait ainsi une forte croissance aux début des années 1980 à la suite du second choc pétrolier, puis une stagnation à partir de 1985, en raison du contre choc. La croissance ne repart fortement qu'à partir de 1998, tout comme le cours du gaz. Depuis 30 ans, le taux de croissance tendanciel est de 5% par an, mais les fluctuations autour du trend sont importantes à la mesure des fluctuations des cours des hydrocarbures. Le Maroc, pays voisin et comparable par la taille et la population, presque dépourvu de ressources naturelles (à part du phosphate), a obtenu un taux de croissance tendanciel supérieur d'un point, avec beaucoup moins de fluctuations autours du trend.

    La performance est nettement plus médiocre si on s'intéresse au PIB par habitant, en raison de la très forte croissance démographique.
    Le taux de croissance tendanciel n'est plus que de 3%, et les cycles de la croissance apparaissent plus que jamais liés à ceux du cours du pétrole. Le Maroc a, pour cet indicateur, également fait mieux que l'Algérie avec un taux de croissance tendanciel de 4% par an.

    Comment expliquer ces évolutions historiques ? Pourquoi l'Algérie fait moins bien que le Maroc, et pourquoi sa croissance est-elle le reflet des cours du pétrole ?

    En raison d'une double rente autours de laquelle est structurée son économie, au profit des groupes dirigeants : rente du gaz et rente des importations qu'autorise le gaz.

    La nomenklatura du régime, dont l'armée et en particulier la sécurité militaire constitue le cœur, utilise la rente du pétrole comme un moyen de domestication des populations. Depuis l'indépendance, elle s'en approprie une partie substantielle, et utilise le reste pour pratiquer le clientélisme à l'échelle d'une nation, selon une logique économique bien connue. Cette politique de distribution clientéliste de la rente a pris en particulier la forme de la création d'emplois publics sans finalité productive véritable. D'où l'hypertrophie du secteur public algérien, et en particulier de l'administration, où travaille un tiers de la population active.

    Cette politique de redistribution a été complétée par une mise sous contrôle d'une grande partie de l'économie algérienne sous la forme de monopoles contrôlés par l'État, politique historiquement légitimée par la théorie marxiste du développement par substitution aux importations. Monopole dont le but n'a jamais été la recherche de l'efficacité économique, mais le contrôle des populations à travers l'octroi d'emplois et l'impossibilité de la constitution d'une élite concurrente issue du monde économique.

    Le résultat de cette politique est l'absence d'une véritable économie productive. L'économie algérienne produit essentiellement des hydro-carbures, ou plutôt les extrait, les vend au reste du monde et achète avec le produit de cette vente ce qu'elle ne produit pas ou plus. Ainsi les hydrocarbures représentent près de 50% du PIB et la quasi totalité des exportations (96%), tandis que la production industrielle hors hydrocarbure est presque inexistante (5% du PIB). Par comparaison, près de 20% du PIB du Maroc provient de l'industrie manufacturière, qui ne cesse de se développer. La maladie hollandaise s'aggrave avec le temps : les hydrocarbures représentaient 30 % du PIB et l'industrie 11% à la fin des années 80. Par ailleurs, même si les cours du pétrole sont au plus haut, le taux de couverture des importations n'a pas cessé de baisser dans les années 2000, tandis que les importations augmentaient de 200%. Tout se passe comme si la flambée des cours du pétrole avait provoqué une accélération de la maladie hollandaise, poussant encore plus l'économie algérienne à ne rien produire, pour acheter à l'étranger.

    Cette très forte hausse des importations a été en particulier marquée par un boom des importations de voiture. L'Algérie a aujourd'hui le premier parc automobile du Maghreb, sans qu'aucune voiture n'y soit fabriquée. Pierre Barrot ajoute même que Renault qui voulait implanter une usine dans la région après avoir envisagé l'Algérie a choisi le Maroc (Tanger).

    On touche là à la deuxième rente, qui aggrave la première et rend difficile toute évolution véritable vers une économie productive : la rente des importations. Le secteur des importations est en effet la deuxième grande source de profit en Algérie, lorsque l'on fait partie des élites dirigeantes. Pour un membre de ces élites, deux grands flux monétaires sont en effet appropriables : ceux que génère la vente du gaz, ceux que génère l'achat à l'étranger de ce qui n'est pas produit sur place. Le second flux est, comme on l'a vu, la conséquence du premier. Mais il a ses déterminismes propres : il est à l'origine de tels profits que toutes les importations particulièrement rentables sont monopolisées par un petit nombre de personnes liées au régime. Letrabendo est le résultat de ce monopole. Le lobby des importateurs a tout intérêt à ce que la maladie hollandaise soit la plus forte possible : c'est elle qui fait sa richesse. Il use ainsi de ses moyens d'influence pour décourager le développement d'activité productive locale. C'est cette seconde rente qui forme toute la spécificité de la "maladie algérienne".

    On voit ainsi que dans l'économie algérienne les mécanismes de la rente sont indissolublement économiques et politiques : la rente pétrolière fournit au pouvoir le moyen de sa légitimité. Il n'a donc aucun intérêt à sa disparition. La rente des importations est, d'autre part, impossible sans l'appui politique dont dispose le lobby des importateurs. Aucun acteur étatique ou lié à l'élite étatique n'a donc d'incitation à entreprendre les mesures qui pourraient mettre un terme à la maladie algérienne, en élevant la capacité productive de l'économie (investissement dans l'éducation, réforme du secteur bancaire incapable de financer l'économie, etc.)

    Les cycles politiques en Algérie sont donc étroitement liés aux cycles économiques, eux mêmes dépendants des cours du pétrole. La stagnation du revenu par tête dans les années 1980 a conduit aux émeutes de 1988. De la même façon, la guerre civile a débuté sous fond de stagnation du revenu par habitant, et sa fin relative coïncide avec la très forte hausse de ce dernier. Il en est ainsi pour une raison simple : la légitimité du régime est directement proportionnée aux fluctuations du revenu national, puisque celui-ci transite pour une large part à travers les mécanismes politiques de redistribution des richesses. Le pouvoir politique a ainsi trouvé dans le boom pétrolier une ressource inespérée pour solder les années de guerre civile et favoriser la politique de réconciliation nationale (pardon des membres de la guérilla islamiste).

    Mais le boom pétrolier est désormais fini, au moins temporairement. La répression des populations rétives sous prétexte de lutte contre le terrorisme islamiste n'a plus la même légitimité internationale. Le chemin de Bouteflika risque donc d'être fort étroit pour son troisième mandat : les élites militaires dont il est la façade ne savent en effet faire que deux choses : acheter le peuple à coup de pétro dinars et lui taper dessus si cela ne suffit pas.

    tous dodo mon general

  • le courageux combat des syndicats autonomes algériens

    Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien – CISA

    21 ter rue Voltaire – 75011 Paris – France

    comintersaa@gmail.com – 0033 6 29 64 66 33

    Entre répression et manipulations :

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    le courageux combat

    des syndicats autonomes algériens


    La défense des droits des travailleurs n'est nulle part une tâche aisée. En Algérie plus qu'ailleurs, être syndicaliste est aujourd'hui un combat difficile de tous les instants. Les dispositions de l'état d'urgence en vigueur depuis le coup d'État de janvier 1992 et l'interruption des élections législatives compliquent très sérieusement l'action quotidienne des syndicalistes authentiques, membres des divers « syndicats autonomes » de la fonction publique. Ceux-ci sont apparus au tout début des années 1990 – à la faveur d'une brève ouverture démocratique – pour défendre les intérêts des fonctionnaires, rôle que n'assurait plus, de longue date, le syndicat unique UGTA (Union générale des travailleurs algériens), devenu dès 1963 un simple rouage du régime.

    Être syndicaliste en Algérie

    Dans l'Algérie des années 2000, animer un syndicat autonome consiste autant à défendre les travailleurs qu'à esquiver les manœuvres incessantes de déstabilisation, d'infiltration et de corruption du pouvoir – qui le tolère sans le reconnaître officiellement. Les organisations syndicales indépendantes, en refusant toute sujétion autre que celle due à leurs adhérents, sont la cible principale de l'action des services de la police politique de l'armée, le DRS (département de renseignements et de sécurité, ancienne sécurité militaire). Venus combler l'absence totale de représentation des travailleurs, les syndicats autonomes sont depuis leur création la cible permanente d'entreprises d'intimidation, de division de leurs rangs et de corruption de leurs dirigeants, dans le but d'éliminer toute forme d'expression revendicative.

    En effet, le maintien de l'ordre politique passe par l'émiettement de toutes les contestations et la vassalisation de tous ceux qui prétendent se poser en tant qu'interlocuteurs responsables. La démarche est constante dès les premiers jours de l'indépendance. Il est significatif à cet égard d'observer que le premier congrès de l'UGTA, en janvier 1963, a été la première victime de cette stratégie de mise en coupe réglée de tous les acteurs sociaux. Les délégués au congrès ont été arrêtés pour permettre à des individus relevant des appareils sécuritaires de tenir le congrès à leur place et d'« élire » une direction choisie par le pouvoir. Aucune structure ne doit exister en dehors de celles qui sont au service du régime.

    Comme ce fut le cas juste après l'indépendance, l'élimination du champ social de toute organisation autonome par rapport au pouvoir réel, c'est-à-dire les chefs du DRS, est la préoccupation constante des dirigeants algériens depuis la fin de la brève période d'ouverture démocratique entre novembre 1988 et juin 1991. Derrière une façade institutionnelle destinée à la consommation externe, le système politique algérien est une dictature dont les leviers exclusifs sont la rente pétrolière et un appareil répressif omniprésent.

    Une dictature masquée

    Cette dictature militaro-policière se camoufle derrière des institutions qui, de la justice au Parlement en passant par le président de la République, ont une existence formelle mais qui ne sont nulle part et ne constituent à aucun moment des cadres d'autorité effective ni des centres de régulation politique. Sans substance, animées tant bien que mal par un personnel coopté, elles ne s'avèrent en définitive que les courroies de transmission des directives du groupe effectivement dirigeant. Issues d'élections frauduleuses, soigneusement mises en scène, les institutions croupions ne doivent leur existence qu'à la nécessité de se conformer au modèle qui rassure les Occidentaux, principaux partenaires étrangers, soucieux d'un minimum de formalisme.

    De fait, la gestion du pays est entre les mains d'un groupe d'individus au sommet des appareils sécuritaires, qui n'apparaissent pas sur la scène politique officielle et ne rendent de comptes à personne. Cette dictature « honteuse » ne peut tolérer, pour durer, la moindre contestation organisée et sa pérennité repose donc sur un contrôle social tatillon, interdisant l'émergence de toute expression libre et de toute organisation susceptible de la mettre en question.

    La scène politique algérienne est parfaitement verrouillée, les partis récalcitrants sont privés d'expression, réduits à une existence végétative, dans l'impossibilité de se déployer, ne recueillant dans les urnes que ce que le pouvoir effectif veut bien leur concéder. À de très rares exceptions, comme la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) ou SOS-Disparus, le mouvement associatif, témoin d'une « société civile » également préfabriquée, est constitué d'une myriade d'associations subventionnées regroupant pour l'essentiel, quelques individus sans relais dans la société.

    Seule soupape tolérée par le régime, la presse écrite privée – les « médias lourds », radio et télévision, restant exclusivement dans les mains de l'État – fait preuve d'une certaine liberté de ton, pour autant que les lignes rouges non écrites, mais fermement tracées, ne soient pas franchies. Ces lignes rouges sont connues : il est interdit de mettre en cause les responsables du cercle dirigeant effectif, de les nommer et de critiquer le centre du régime, la police politique militaire. En revanche, la presse dispose d'une certaine latitude pour critiquer le chef de l'État, le gouvernement et les autres institutions. Sous tutelle directe du DRS, la plupart des directeurs de journaux sont ainsi tenus d'assister à un briefing hebdomadaire au siège spécialisé de la police politique. La presse reste néanmoins le seul espace de très relative liberté consentie à la population.

    Les syndicats autonomes face à la répression

    Héritage vivace de la période d'ouverture, de la Constitution de 1989 et des lois promulguées en 1990, les syndicats autonomes sont en première ligne de la répression et des manœuvres déstabilisatrices de l'appareil sécuritaire et de ses relais. Si l'aventurisme politique, inauguré par le coup d'État militaire du 11 janvier 1992, a entraîné le démantèlement des principaux garde-fous de l'État de droit, le rééchelonnement de la dette en 1994 a permis le basculement dans l'économie de bazar et la corruption généralisée. L'orientation libérale et l'annihilation de la politique sociale ont provoqué le basculement de catégories entières dans la précarité et la misère.

    Aujourd'hui, dans un pays qui se targue de sa santé financière, exclusivement due à la rente pétrolière, la moitié de la population vit en deçà du seuil de pauvreté. L'affairisme des clientèles du régime et la corruption aux niveaux les plus élevés des hiérarchies de pouvoir sont facilités par l'affaiblissement des structures de l'État et le désordre entretenu par ceux-là mêmes qui dirigent l'appareil répressif. L'ajustement structurel et la pression sur les salaires ont frappé de plein fouet les fonctionnaires de tous les secteurs et les travailleurs en général. L'éducation et la santé ont notamment payé au prix fort la thérapie à courte vue et globalement inopérante du FMI.

    Ce recul social – relégué au second plan par la « sale guerre » conduite contre la population dans les années 1990 par les chefs de l'armée et du DRS, au prix de 200 000 morts – n'est aujourd'hui combattu que par les syndicats autonomes . L'UGTA, ancienne organisation de masse du parti unique, caporalisée dès les premiers jours de l'indépendance par la police politique, n'est plus qu'un instrument, totalement discrédité, de contrôle social. Privée de toute représentativité, dirigée par des hommes notoirement impliqués dans des scandales financiers, la vieille centrale est l'ombre spectrale du syndicat fondé le 24 février 1956 par Aïssat Idir.

    L'UGTA, l'un des rarissimes syndicats au monde à avoir approuvé un programme d'ajustement structurel du FMI, n'est plus qu'un sigle commode, convoqué par le gouvernement pour figurer l'illusoire « adhésion des masses laborieuses » aux gesticulations d'une « Algérie Potemkine » cachant de plus en plus difficilement la réalité de la dictature. Les sections combatives qui subsistent encore sont laminées par les coups de boutoir de la direction nationale de l'UGTA, qui les fragilisent en leur ôtant la protection syndicale et les offrent comme victimes expiatoires à l'administration.

    Les syndicats autonomes sont aujourd'hui les seules organisations qui défendent les travailleurs, les seules qui échappent à la mainmise de la police politique. Les mouvements sociaux dans la fonction publique ont démontré les capacités de mobilisation des syndicats libres et la limite des capacités d'intimidation de la police politique. Arrestations arbitraires, gardes à vue illégales de militants syndicaux alternent avec les fermetures de locaux, toutes les formes de brimades et de harcèlements.

    Des méthodes éprouvées pour stériliser le champ politique

    Depuis les années 1990, le DRS déploie, vis-à-vis des syndicats autonomes, tout l'éventail des techniques de manipulation mises en œuvre dès 1962 pour stériliser le champ politique et renouvelées, après la fermeture de la « parenthèse démocratique » de 1989-1991. Les partis alors légalisés, ayant encore une base réelle et une direction indépendante du pouvoir, ont été systématiquement depuis l'objet de manœuvres de division interne. Scénario classique : des militants « dissidents », agissant sur ordre, décident d'un congrès de « redressement ». Une « direction » est élue dans les conditions les plus illégales et le parti passe sous la coupe du pouvoir. La victime la plus illustre de ce genre de « redressement » – le mot arabe tas'hihiyya est passé dans le langage courant pour désigner ce type de coup d'État téléguidé – fut, en janvier 1996, le vénérable Front de libération nationale, dont le secrétaire général Albelhamid Mehri a alors été déposé à la suite de ce que ses exécutants ont appelé un « complot scientifique ». Au mépris de toute légalité, la ligne indépendante du FLN, approuvée par les militants, a été changée du jour au lendemain, pour un alignement absolu sur les orientations du pouvoir.

    Face à ce type de manœuvres, dans une situation d'état d'urgence structurel et d'omnipotence de la police politique, tout recours à la justice est inévitablement voué à l'échec. Dans l'organisation politique algérienne, la justice n'est pas une institution, elle n'est qu'un appareil obéissant. Et le paysage est ainsi modelé : de nombreuses organisations factices – partis, syndicats, associations –, sans base ni programme crédible, occupent le terrain médiatique quand le besoin d'une agitation politique est ressenti par le système. On le voit bien à l'occasion des élections présidentielles, quand des structures virtuelles sont fugacement ranimées pour servir de faire-valoir et jouer le rôle d'une opposition de pure figuration.

    Systématiquement appliquées, ces méthodes, qui semblent être les seules connues de la police politique, ont été notoirement utilisées sur le front de la « sale guerre » des années 1990 : les mêmes techniques ont servi à la création de faux maquis, afin d'infiltrer et de noyauter les groupes armés, jusqu'à les manipuler pour perpétrer, de 1996 à 1998, les pires massacres. L'objectif d'instrumentalisation de la violence islamiste – la mettre au service d'une stratégie de communication du régime – a d'ailleurs globalement fonctionné. La dictature s'est ainsi justifiée en permanence, se prévalant du combat contre les extrémistes religieux pour se maintenir.

    L'organisation de la confusion : le « clonage »

    Vis-à-vis des syndicats autonomes, ces méthodes ont été utilisées jusqu'à la nausée par le DRS. Arrestations arbitraires succèdent aux suspensions de salaires, aux carrières bloquées, aux mises à pied injustifiées. L'arsenal des brimades, des vexations, des brutalités et des manipulations policières est entièrement mobilisé. Avec une prédilection pour ce que les militants syndicaux ont appelé le « clonage ». Une manœuvre visant à susciter la confusion auprès des bases en dupliquant une organisation jugée indésirable. La démarche est simple : il s'agit de créer à l'intérieur de syndicats authentiquement autonomes une « dissidence » qui débouchera rapidement sur une scission, en manipulant les militants les plus opportunistes ou les plus fragiles, par la technique du bâton et de la carotte et accessoirement, par le chantage exercé sur ceux qui traînent des « casseroles ».

    Si la dissidence au sein des organisations syndicales autonomes est un phénomène connu et pris en compte dans leurs pratiques et leurs stratégies, elle change de nature lorsqu'elle est instrumentalisée dans le but d'annihiler toute ligne syndicale et toute autonomie. En effet, la pratique couramment utilisée est de faire croire que certains militants ne sont plus d'accord avec la prétendue « radicalité » de leur syndicat, parfois à l'inverse à sa prétendue « mollesse » et décident en quelque sorte de corriger le tir en pratiquant un « redressement » – la fameuse tas'hihiya. Le seul objectif sera de mettre au-devant de la scène une organisation nouvelle, clone de l'original, prête en réalité à tous les compromis avec le régime, y compris en mettant en scène des initiatives « ultraradicales » mais absurdes et vouées à l'échec : autre manière d'affaiblir la volonté collective de revendication. Pour être efficace, cette pratique exige que la nouvelle direction se présente comme étant issue d'un nouveau congrès, pour installer le désarroi au sein des adhérents et même des analystes, puisque, après la scission de facto, deux syndicats portent le même nom (ou, dans certains cas, un nom à peine différent).

    La méthode a été appliquée au SNAPAP (Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique) en mai 2004 – après une première tentative du même ordre en février 2002, qui fit long feu. Ses dirigeants ayant refusé de soutenir la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle d'avril, un « dissident » isolé organisa un congrès qui bénéficia du soutien actif de l'administration. Immédiatement ce SNAPAP-bis reçut une subvention, alors que le SNAPAP n' eut droit qu'à de dérisoires soutiens conjoncturels des pouvoirs publics. Au mépris de la loi et de la réalité factuelle, la justice a attribué au SNAPAP-bis le petit appartement (avec la documentation et le matériel entreposés) qui servait de siège au syndicat. L'expulsion manu militari des occupants légitimes s'est effectuée avec brutalité et sans aucun recours possible.

    Le CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) a vécu la même manœuvre. Actif depuis le début des années 2000, le CNAPEST n'a obtenu son agrément que 10 juillet 2007, quasiment en même temps que son clone, le « SNAPEST » (les prétendus dissidents ont en effet – après hésitations dues à l'adoption tardive d'une « stratégie » – légèrement modifié le nom de l'organisation).

    Le clonage concerne même les regroupements de syndicats autonomes. Créée en avril 2006, l'intersyndicale de la fonction publique (IAFP), réunissant les authentiques syndicats autonomes, s'est vue immédiatement dupliquée par un clone dénommé « coordination des syndicats de la fonction publique ». D'autres syndicats autonomes, comme celui des pilotes de ligne, existent théoriquement mais n'ont plus d'activités sur le terrain. Pour cette catégorie, le DRS ne juge pas utile de créer des clones.

    On pourrait ainsi multiplier les exemples…

    Pour éclairer le lecteur, il a paru important d'établir, avec les informations dont le CISA a eu connaissance, une « table de correspondance » entre les « vrais » syndicats autonomes et leurs clones.


    Algérie, 2009 : tableau de correspondance entre syndicats autonomes et syndicats clones

    Syndicats d'origine

    Clones

    SNAPAP (Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique)

    SNAPAP- bis (dirigé par Belkacem Felfoul, ex-député retraité)

    CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique)

    SNAPEST (dirigé par Mériane Meziane)

    SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation)

    SATEF- bis (dirigé par Abdelmadjid Basti)

    CNES (Conseil national des enseignants du supérieur, coordination des sections CNES)

    CNES- bis (dirigé par Abdelmalek Rahmani)

    SNTE (Syndicat national des travailleurs de l'éducation ; secrétaire général : Mohamed Bennoui )

    SNTE- bis (dirigé par Abdelkim Boudjnah)

    Intersyndicale de la fonction publique (IAFP)

    coordination des syndicats de la fonction publique

    Toutes ces manœuvres bénéficient du soutien automatique du ministère du Travail, chargé en principe de veiller au respect de la réglementation en matière de libre exercice du droit syndical. Ce ministère est dirigé depuis juin 2002 par le même individu, Tayeb Louh, lui-même ancien syndicaliste autonome. La carrière de Tayeb Louh est révélatrice des stratégies antisyndicales du DRS. Magistrat, Tayeb Louh avait été l'un des fondateurs en 1993 d'un syndicat autonome des magistrats (Syndicat national de la magistrature), qui avait fait l'objet de harcèlements ayant défrayé la chronique et d'un « redressement » en bonne et due forme.

    C'est avec étonnement que les syndicalistes avaient appris la nomination, en qualité de ministre du Travail, de ce transfuge des luttes sociales. Sans surprise, ils constatent depuis que le ministre converti se livre avec constance aux pratiques dont il avait été un temps victime. 
    Ainsi, chaque fois qu'un clone est créé à l'initiative du DRS, le ministère du Travail refuse d'intervenir pour clarifier la situation. Pour enfoncer le clou, d'autres instances officielles – mais aucunement habilitées à intervenir en matière syndicale – se chargent de désigner le « bon » syndicat, celui avec lequel toutes les autorités doivent coopérer, ce qui suppose l'exclusion de celui qui n'a pas été désigné. Un exemple notoire est l'affaire du télégramme émis le 17 janvier 2009 par le ministère de l'Intérieur pour choisir le clone du SNAPAP : les administrations avaient été sommées de refuser de travailler avec les sections légitimes (élues par les adhérents) au prétexte de l'existence de représentants du clone, désignés par l'administration et n'ayant aucune légitimité élective. Quant aux décisions de justice, elles sont évidemment toujours à l'avantage des clones…

    L'impératif de la solidarité

    Ces pratiques n'ont pas la même influence sur tous les travailleurs. Car si pour les plus engagés d'entre eux, les enjeux sont clairs et les acteurs identifiés, pour d'autres, le retrait et la prudence sont de mise tant qu'une clarification n'intervient pas. En effet, le pouvoir et ses relais médiatiques tentent en permanence de discréditer le vrai syndicat en présentant le conflit entre celui-ci et son clone comme l'expression d'une lutte pour des strapontins. De plus, pour beaucoup de travailleurs, l'engagement dans un syndicat ne supposait pas une prise de risques aussi importante (opposition au DRS), ce qui a contribué à éloigner nombre d'entre eux des luttes syndicales.

    Dans ces conditions, la détermination, l'opiniâtreté des militants des authentiques syndicats autonomes n'en sont que plus respectables. Avec courage, ils se battent depuis des années contre la détérioration croissante des conditions de vie et de rémunération des travailleurs algériens et contre les manœuvres de désintégration de leurs organisations syndicales représentatives. Après la meurtrière « éradication » des opposants – principalement islamistes mais pas seulement – lors de la « sale guerre » des années 1990, ils restent aujourd'hui les seuls à lutter pied à pied, de façon structurée à partir de la fonction publique, contre une situation sociale dramatique, face à laquelle la majorité désespérée des citoyens n'a plus comme unique moyen d'expression que l'émeute. Apparues au début des années 2000, les violentes jacqueries qui secouent périodiquement les grandes villes comme les moindres douars pour tous les motifs possibles liés à la « malvie » – pénuries d'eau, de logements, d'infrastructures, etc. – se sont multipliées depuis 2004 et sont devenues quotidiennes en 2009, au point de faire de l'Algérie, de l'est à l'ouest, un chaudron social en permanence au bord de l'explosion généralisée.

    Mais, jusqu'à présent, la combinaison du quadrillage omniprésent des hommes du DRS, de la répression policière et d'une justice aux ordres, toujours prompte à sanctionner lourdement les émeutiers, a réussi à maintenir ces révoltes populaires en deçà du seuil de cette explosion. Car les détenteurs du pouvoir réel, les généraux du DRS et leurs affidés, sont particulièrement déterminés pour briser toutes les initiatives collectives qui permettraient de structurer ces révoltes, au risque de menacer sérieusement leur principal objectif : poursuivre à leur seul profit – comme ils le font depuis trente ans – l'accaparement des richesses du pays, par la corruption et les prélèvements de commissions sur les exportations d'hydrocarbures comme sur les importations des biens de consommation ou d'équipements, que l'Algérie ne produit plus.

    Dans ce sombre contexte, il est donc essentiel que cesse l'isolement international des militants des syndicats autonomes de la fonction publique, les seuls en Algérie à se battre de façon collective face aux manœuvres, aux « clonages » et à la répression – et, plus globalement, contre l'atroce malvie imposée à tout le peuple par le pouvoir. La grève dure, massivement suivie, engagée depuis le 8 novembre 2009 par les syndicats d'enseignants en est une illustration vivante. Qui plus est, le combat que mènent les syndicats autonomes est aussi celui des Algériennes pour leur émancipation : les femmes sont nombreuses à participer activement aux luttes et à assumer des responsabilités à la tête de ces syndicats – et elles sont souvent les premières à subir les pressions, les harcèlements et les tentatives d'intimidation du pouvoir.

    C'est pourquoi, en septembre 2009, des syndicalistes français et des militants, algériens et français des droits de l'Homme ont créé le Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien (CISA), dans le but d'informer l'opinion sur la réalité des luttes syndicales algériennes, de les soutenir et de lever les équivoques entretenues par un système qui n'a plus que la violence et la coercition comme leviers sur la société.

    Paris le 15 novembre 2009

    Le Président du CISA 
    François Della Sudda 
    CISA, 21ter rue Voltaire 75011 Paris, France - comintersaa@gmail.com

     

  • LA REPRESSION EN ALGERIE

     

     

    Luttes syndicales

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  • LE MATRAQUAGE AU LIEU DU DIALOGUE LA TUTELLE EST BORNE'E A CE POINT!!!!!!

     

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    La matraque au lieu du dialogue

    Rassemblement des praticiens de la santé publique

    La matraque au lieu du dialogue

    Hier, toutes les issues menant à l’hôpital Mustapha Pacha étaient sous haute surveillance. Tôt le matin, des casques bleus et des policiers en civil ont été dépêchés sur les lieux.


    Ils ont quadrillé les alentours du grand hôpital afin de faire barrage aux praticiens en grève ouverte depuis plusieurs semaines. Il était 11h, lorsque des centaines de médecins généralistes et spécialistes, chirurgiens dentistes et pharmaciens ont pris d’assaut le centre hospitalo-universitaire. Ces médecins venus d’Alger-Centre et des régions limitrophes ont répondu positivement à l’appel de leur syndicat pour participer à ce rassemblement, le deuxième du genre, dans l’enceinte de l’hôpital Mustapha. Des députés du RCD, le président du groupe parlementaire du MSP et des élus du PT ont tenu à apporter leur soutien aux praticiens de la santé en marquant de leur présence ce sit-in, qui se veut un appel insistant aux dirigeants de ce pays pour la prise en charge des revendications des travailleurs du secteur. Les praticiens affiliés au Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et au Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. « Barkat, barakat », « Où va la santé  ? », « Malades en danger », « SOS Bouteflika, les praticiens agonisent », tels étaient, entre autres, les slogans que l’on pouvait lire sur les longues banderoles brandies hier par les contestataires. Une marche a été également improvisée à l’intérieur du CHU. Les animateurs de cette manifestation envisagent d’entreprendre d’autres actions, plus radicales, au cas où les portes du dialogue demeurent fermées. Le docteur Lyès Merabet, porte-parole du SNPSP, est revenu sur la réunion tenue mardi après-midi avec les responsables de la commission de la santé de l’APN.

    « Nous avons exposé la situation catastrophique dans laquelle se débat le secteur de la santé publique. Les membres de la commission étaient scandalisés par l’attitude du ministre de tutelle et par le comportement du gouvernement », a souligné le docteur Youcefi, président du SNPSSP. La commission s’est engagée à saisir par écrit le premier magistrat du pays et le Premier ministre. « Nous avons expliqué aux membres de la commission qu’il était obsolète de convoquer le ministre, qui a avoué publiquement son incapacité à prendre en charge nos doléances », a noté M. Merabet. Pour M. Khendek, député RCD, le régime en place est autiste  : « Le pouvoir aime la situation de confusion et aime agir en eaux troubles. » Le député RCD est convaincu qu’il y a consensus général sur le mal-être de ce corps. « Il y a des lobbies qui ne veulent pas que la santé publique soit au service du citoyen. Ils veulent casser l’un des piliers de la santé à savoir l’élément humain. Pourquoi attendre des mois pour répondre aux revendications des grévistes ? Sommes nous condamnés à vivre que des situations de pourrissement  ? », s’est interrogé M. Khendek. M. Besbes, du même parti, estime qu’il s’agit là d’un problème politique  : « Il n’y a pas de volonté politique pour le règlement du problème de la santé. Lorsque le gouvernement a voulu envoyer 20 000 supporters à Khartoum, il a dégagé les moyens et a tenu un Conseil des ministres. Le pouvoir doit avoir ce courage politique. Nous interpellons le président car le gouvernement applique les décisions de Bouteflika. » Par ailleurs, certains grévistes ont été interpellés par les forces de l’ordre et ont même été sommés d’enlever leurs blouses  : « Nous trouvons inadmissible qu’un policier nous demande d’enlever nos blouses blanches  ! D’autres policiers ont tenté vainement de nous arracher nos banderoles  ! », ont pesté des manifestants.


    Par Nabila Amir

  • Les grévistes ont été empêchés de manifester


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    Les «blouses blanches» en colère

    Par Nabila Belbachir

    Le bras de fer continue entre l’Intersyndicale des praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique et le ministère de la Santé. Faute d’un vrai dialogue entre les deux parties, cette crise qui perdure n’est pas près de prendre fin. Cette fois-ci, la tension est montée d’un cran et pour cause, l’Intersyndicale, composée du syndicat des praticiens de la santé publique et du syndicat national des patriciens spécialistes de la santé publique, a observé son deuxième rassemblement à Alger. Celui-ci a eu lieu, dans la matinée d’hier, à l’intérieur du CHU Mustapha Pacha. Les grévistes de la santé d’Alger et de 11 autres wilayas du centre ont répondu massivement à l’appel à la grève lancé par l’Intersyndicale, en organisant un rassemblement et une marche dans l’enceinte de l’hôpital central. Les marcheurs ont arboré plusieurs slogans pour exprimer leur mécontentement et dénoncer l’attitude et le silence des pouvoirs publics : «La santé en danger», «Patriciens en colère», «Les malades sacrifiés», «Barakat Ya Barkat», «Où va la santé ? Où va l’Algérie ?»… Les «blouses blanches» qui se sont mobilisées en force ont été empêchées par le service d’ordre de sortir dans la rue, et ce en bouclant toutes les issues. «C’est une honte pour l’Algérie… Tabasser un médecin… l’élite du pays !», scandaient les grévistes. Toutefois, nous sommes encore loin d’une solution. La tutelle campe sur ses positions au lieu d’ouvrir les portes du dialogue et donner suite aux doléances de la corporation. Cette situation d’attentisme et d’indifférence risque de pousser les manifestants à radicaliser leurs positions, après la grève illimitée et les sit-in. Les «blouses blanches» sont décidées à aller jusqu’au bout de leurs
    revendications socioprofessionnelles, jugées «lamentables», pour la garantie des libertés des droits syndicaux et, bien sûr, un statut digne de cette noble fonction ignorée par les pouvoirs publics.
    Par ailleurs, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes et des praticiens (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, a fait savoir que la commission santé et affaires sociales a reçu à tour de rôle, hier, à l’APN, les représentants des deux parties, à savoir la tutelle et l’Intersyndicale. Les résultats de cette rencontre n’ont pas encore été divulgués, selon les syndicalistes, qui ajoutent : «Les parlementaires de toutes les formations ont soutenu notre mouvement de protestation.». «Qui sauvera la santé du citoyen alors que la santé est en danger ? La balle est dans le camp des pouvoirs publics», clament les syndicalistes.
    A signaler qu’en plus du soutien des paramédicaux, des rassemblements et des sit-in ont été également organisés à Annaba, Constantine, Skikda, Oran, Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Mascara et Adrar, selon le Dr Merabet qui ajoutera que d’autres actions seront annoncées dans les prochains jours.

  • Des praticiens de la santé publique organisent leur deuxième rassemblement au CHU Mustapha-Pacha.

     

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    Des praticiens de la santé publique, en grève ouverte depuis des semaines, ont organisé, mercredi au CHU Mustapha-Pacha (Alger), un deuxième rassemblement pour affirmer leur intention de poursuivre leur action "jusqu'à la satisfaction" de leurs revendications.  
    Le rassemblement, qui a regroupé des praticiens de la santé publique des wilayas du centre, se veut un appel instant aux pouvoirs publics à prendre en charge les doléances des grévistes, ont souligné les organisateurs. 
    Les praticiens affiliés au Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et au Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) ont indiqué qu'ils entreprendront d'autres actions "dans le
    cas où les portes des négociations restent fermées". 
    "La révision des statuts particuliers et du régime indemnitaire" figure parmi les principales revendications de ces syndicats.  
    Les grévistes, qui ont marché à l'intérieur de l'établissement hospitalier ont scandé des slogans tels que "valorisation du praticien = sécurité et bien-être sanitaire du citoyen". 
    Le président du SNPSP, le Dr Lyès Merabet, a indiqué que des représentants de son organisation et du SNPSSP ont été reçus mardi après-midi par la Commission de la santé de l'Assemblée populaire nationale (APN). 
    Il a ajouté que la grève se poursuivra jusqu'à ce que les praticiens de la santé obtiennent une augmentation de salaire. 
    Le chef du groupe parlementaire du MSP à l'APN et des représentants du groupe parlementaire du RCD ont tenu à apporter leur soutien aux praticiens de la santé en marquant de leur présence ce rassemblement.

    APS

  • l'UNPEF solidaire:avec le snpsp-snpssp

    Capitaldata_13.gifL'Union nationale des travailleurs de l'éducation et la formation suivent avec intérêt la grève des médecins et spécialistes, praticiens de santé publique qui se sont déclarés favorables sensibilisation de cette catégorie pour un syndicat grande, reflète aussi la détérioration de leur situation sociale et professionnelle ne peut tolérer plus de patience que ils sont dans cette zone sensible et stratégique que l'Etat doit intérêt pour lui de l'attention des médecins comme les élites de la société, et comme surpris par le silence assourdissant du ministère de la Santé, qui sont destinés à agir rapidement pour mettre un terme à la situation désastreuse de la stabilité du secteur, et se demandent en même temps, lorsqu'un tel mépris pour le statu quo, et poursuivre une politique de l'autruche que le sens de Atjdi Mrni réalité visible ne peut être respectée, mais doit être traitée avec sérieux et un dialogue responsable et non la politique de fuite en avant qui ne rend pas seulement la situation complexe et nous libère.

    Et lui, et une question d'intérêt public, nous demandons aux pouvoirs publics pour remédier à la situation et donner la priorité au langage de la raison et le dialogue sur la langue et ignorer la menace de notre conviction, parce que les problèmes pourront être résolus que de s'asseoir à la table des négociations et en reconnaissant les partenaires sociaux, acteur et vrai représentant de cette catégorie parce que le dialogue est la solution de la civilisation mieux pour résoudre les différends et résoudre les problèmes. Et à partir de cet endroit, nous déclarons notre soutien et notre appui total et sans équivoque à nos collègues médecins dans le service public dans leurs revendications légitimes.

    Nous espérons que les pouvoirs publics à répondre à leurs revendications légitimes dans les meilleurs délais pour assurer la stabilité du secteur stratégique de la santé et de la relation sensible avec directe des citoyens.



    La lutte et les sacrifices et l'enrôlement de sincère et de cohésion pour réaliser les revendications légitimes.

    traduit pour vous de l'arabe

  • RETROSPECTIVE D'UN POURISSEMENT

    Edition du 18 février 2008

    Adhésion massive à l’Ouest

    Edition du 19 février 2008

    Les infirmiers suspendent leur grève
    Suite à une plainte déposée par le ministère de la santé

    Edition du 6 juillet 2004

    Grève à Annaba

    Edition du 14 décembre 2008

    « Le pouvoir veut pourrir la situation »
    Grève des praticiens de la santé

    Edition du 11 octobre 2004

    Grève du personnel de la santé

    Edition du 22 décembre 2009

    Mila : Grève des praticiens de la santé

    Edition du 19 avril 2009

    Les psychologues, parents pauvres du secteur de la santé
    Ils ont entamé hier une grève nationale de trois jours

  • Débrayage largement suivi dans le secteur


     La grève des paramédicaux paralyse les établissements de santé
    La grève des paramédicaux paralyse les établissements de santé

    Le débrayage des paramédicaux, largement suivi à travers le territoire national, a pénalisé sérieusement les malades hospitalisés. Quant à ceux ayant rendez-vous, après des mois d’attente, ils se sont vus remballer en raison du débrayage des généralistes et des médecins spécialistes.



    « C’est le pourrissement au sens propre du terme », lance un médecin qui s’insurge contre le mutisme des pouvoirs publics. Tous les hôpitaux du pays étaient paralysés hier et ils le seront encore aujourd’hui, mais cette situation n’a pas inquiété nos dirigeants. Les malades hospitalisés nécessitant des soins intensifs sont carrément livrés à eux-mêmes. « Mon père a subi une opération chirurgicale, cet acte nécessite une prise en charge quotidienne, mais les infirmiers ont refusé, hier, de changer ses pansements. Ils sont en grève. Que doit-on faire ? Où est l’Etat ? », s’est exclamé ce citoyen rencontré à l’hôpital Parnet. Même scénario au CHU Mustapha. Mais là, les paramédicaux se défendent. A travers cette grève, ils veulent démontrer à qui veut les entendre que sans l’infirmier, toute la chaîne est chamboulée. « Ce n’est pas de notre faute si les malades sont livrés à eux-mêmes. C’est à l’Etat d’assumer ses responsabilités. Cela fait plus d’un mois que les généralistes et les spécialistes sont en grève, mais ni le ministre de tutelle, ni le Premier ministre et encore moins le président pourtant interpellé n’a daigné les écouter », a fulminé un infirmier, qui estime que pour arracher ses droits, il est nécessaire de faire des sacrifices et de se battre jusqu’à la satisfaction de ses revendications.

    Le porte-parole du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), M. Ghachi, a avancé hier que près de 90% des paramédicaux algériens ont réagi favorablement au mot d’ordre de grève. Dans la cour de l’hôpital Mustapha, les infirmiers en blouse blanche portant une petite inscription « paramédical en grève », discutent de leurs problèmes. Le ras-le-bol est à son paroxysme. « Nous travaillons dans des conditions catastrophiques et nous sommes tout le temps sous pression », peste une infirmière qui qualifie de « ridicule » la stratégie de l’administration qui préfère, à chaque fois, refaire la peinture et la faïence au lieu d’améliorer les conditions de travail du personnel médical, confronté à un manque flagrant de protection contre les maladies contagieuses. De leur côté, les responsables du ministère ont réagi à la grève du SAP en l’invitant, pour aujourd’hui, à une réunion de travail. Parallèlement à la grève, le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) animeront aujourd’hui un sit-in dans l’enceinte du CHU Mustapha ; des rassemblements similaires seront organisés dans plusieurs autres régions notamment Oran, Bel Abbès, Annaba et Constantine. Cette action, la deuxième du genre, sera suivie d’un mouvement de protestation dans la rue si le pouvoir continue à tourner le dos aux deux syndicats. Pour le SNPSP, la lutte pour la dignité du médecin, du chirurgien-dentiste et du pharmacien de santé publique se maintient et se renforce de jour en jour pour exprimer le ras-le-bol d’une corporation blessée dans son amour-propre et sacrifiée, en l’absence de prise en charge effective de ses revendications légitimes.



    Par Nabila Amir


  • L’Algérie parmi les pays qui violent le plus les droits syndicaux

     

     

    L'Algérie parmi les pays qui violent le plus les droits syndicaux

    La confédération syndicale internationale l’accable dans son dernier rapport

    L’Algérie parmi les pays qui violent le plus les droits syndicaux

    La situation des libertés syndicales est très critique l En dépit des mises en garde de l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Algérie maintient toujours les dispositions législatives qui restreignent les libertés syndicales.



    En matière de libertés syndicales, l’Algérie demeure un mauvais élève. Le constat est déjà connu de tous et il vient d’être confirmé une nouvelle fois par une organisation internationale. Selon le dernier rapport annuel sur les violations des droits syndicaux, rendu public hier par la Confédération syndicale internationale (CSI), la situation des libertés syndicales en Algérie est très critique. Des textes législatifs à l’exercice du syndicalisme dans les entreprises publiques et privées en passant par le respect du droit à la grève et à la création d’un syndicat, le pays ne récolte que de mauvais points. Résultat : la CSI classe l’Algérie dans la liste des 40 pays qui restreignent le plus les libertés syndicales au monde.« Le gouvernement continue à se montrer intransigeant avec les syndicats autonomes des services publics, refusant d’entamer un dialogue social avec des organisations dont les actions de protestation ont été souvent interdites et réprimées », déplore l’organisation dans son document.

    La CSI relève, dans ce sens, le grand décalage entre les textes législatifs régissant le mouvement associatif en Algérie et la réalité du terrain. Elle critique aussi le caractère restrictif des libertés syndicales de ces textes, qui exigent des conditions strictes pour la création d’un syndicat. « Les travailleurs de nationalité algérienne ou acquise depuis au moins dix ans ont le droit de constituer des syndicats. Ils doivent cependant obtenir une autorisation préalable du gouvernement avant que ceux-ci ne soient opérationnels du point de vue juridique. La loi interdit aux syndicats de s’associer à un parti politique et de recevoir des fonds d’origine étrangère. Pour être enregistrés, les syndicats doivent présenter aux autorités une déclaration annonçant leur constitution et obtenir la reconnaissance officielle dans un délai de 30 jours. Un syndicat doit affilier au moins 20% des travailleurs d’une entreprise pour être reconnu comme représentatif. Les tribunaux ont le pouvoir de dissoudre un syndicat qui entreprend des activités illégales », relève le même document.

    Affaiblissement des syndicats autonomes

    Outre l’entrave des textes législatifs, la CSI dénonce également la violation du droit à la grève en soulignant que le gouvernement a été déjà rappelé à l’ordre par l’OIT. « Le gouvernement peut interdire une grève s’il estime qu’elle risque de provoquer une grave crise économique. Une disposition que l’OIT a, à maintes reprises, critiquée en demandant au gouvernement algérien de l’abroger », rappelle encore l’organisation. Durant l’année 2008, note encore le rapport, des syndicalistes et des syndicats autonomes ont subi une répression féroce. « Tout au long de l’année, d’innombrables grèves, sit-in et rassemblements organisés par les syndicats autonomes de la Fonction publique ont été réprimés par la police. De nombreux manifestants ont été molestés et arrêtés », regrette encore la CSI, qui dénonce également le refus d’agrément de nouveaux syndicats autonomes en exigeant de certains de leurs responsables de fournir au préalable la liste complète de leurs adhérents. « L’OIT a, à plusieurs reprises, rappelé au gouvernement qu’une telle requête contrevenait aux principes de la liberté d’association, vu qu’elle exposerait les membres au risque de discrimination antisyndicale », rappelle la CSI. Pour affaiblir les syndicats autonomes, lit-on encore dans ce rapport, les autorités recourent à un subterfuge pour les déstabiliser en créant des mouvements parallèles au sein d’une même organisation. « Plusieurs syndicats autonomes ont été dans la ligne de mire des autorités, qui multiplient les tentatives de les affaiblir en incitant et en soutenant des travailleurs à créer des organisations dissidentes », critique le rapport. Enfin, l’organisation dénonce aussi la faible implantation syndicale dans le secteur privé.



    Par Madjid Makedhi


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    Voir aussi...

    Edition du 10 juin 2006

    Libertés syndicales

    Edition du 23 septembre 2007

    Libertés syndicales en ALgérie

    Edition du 30 juin 2007

    Mobilisation contre le harcèlement de l’administration
    Syndicats autonomes

    Edition du 1er décembre 2004

    Contribution à l’analyse
    Mouvement syndical autonome en Algérie

    Edition du 4 février 2009

    L’internationale des services publics dénonce
    Violations des libertés syndicales en Algérie
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  • Rapport du Comité international (CISA)

     



    « Les syndicats autonomes, une cible du pouvoir »
    « Les syndicats autonomes, une cible du pouvoir »

    Le Comité international de soutien aux syndicats autonomes (CISA) vient de rendre public un rapport accablant sur la situation des syndicats autonomes en Algérie, notamment leur combat face à un pouvoir répressif et qui joue systématiquement la carte de la manipulation.



    Le document revient dans le détail sur la naissance des syndicats autonomes, le parcours de l’UGTA et la mission des services de sécurité. Venus combler l’absence totale de représentation des travailleurs, les syndicats autonomes, explique le rapport, sont depuis leur création la cible permanente d’entreprises d’intimidation, de division de leurs rangs et de corruption de leurs dirigeants, et ce, dans le but d’éliminer toute forme d’expression revendicative.

    Le maintien de l’ordre politique en Algérie passe, de l’avis des rédacteurs du rapport, par « l’émiettement » de toutes les contestations et la « vassalisation » de tous ceux qui prétendent se poser en tant qu’interlocuteurs responsables. En Algérie plus qu’ailleurs, être syndicaliste est aujourd’hui un combat difficile de tous les instants ; les dispositions de l’Etat d’urgence en vigueur depuis janvier 1992 compliquent très sérieusement l’action quotidienne des syndicalistes authentiques, membres des divers syndicats autonomes de la Fonction publique. Les syndicats autonomes, révèle le rapport, sont apparus au tout début des années 1990 – à la faveur d’une brève ouverture démocratique – pour défendre les intérêts des fonctionnaires, un rôle que n’assurait plus le syndicat unique UGTA, devenu, selon le CISA, dès 1963, un simple rouage du régime. Néanmoins, à partir de l’an 2000, la tâche des syndicats autonomes devient difficile puisqu’elle consiste autant à défendre les travailleurs qu’à esquiver les manœuvres incessantes de déstabilisation, d’infiltration et de corruption du pouvoir – qui les tolère sans les reconnaître officiellement. En refusant tout sujétion autre que celle due à leurs adhérents, poursuit le rapport, les organisations syndicales indépendantes sont donc devenues la cible de l’action des services de la police politique, de l’armée et du DRS. « Héritage vivace de la période d’ouverture, de la Constitution de 1989 et des lois promulguées en 1990, les syndicats autonomes sont en première ligne de la répression et des manœuvres déstabilisatrices de l’appareil sécuritaire et de ses relais. »

    Le CISA fait remarquer que le recul social enregistré en Algérie n’est, aujourd’hui, combattu que par les syndicats autonomes. L’UGTA, ancienne organisation de masse du parti unique, caporalisée dès les premiers jours de l’indépendance par la police politique, n’est plus qu’un instrument, totalement discrédité, de contrôle social. Privée de toute représentativité, la vieille centrale est l’ombre spectrale du syndicat fondé le 24 février 1956 par Aïssat Idir. L’UGTA, l’un des rarissimes syndicats au monde à avoir approuvé un programme d’ajustement structurel du FMI, n’est plus qu’un sigle commode. En outre, les syndicats autonomes demeurent, selon le CISA, les seules organisations qui défendent les travailleurs et les seules qui échappent à la mainmise de la police politique. Les mouvements sociaux dans la Fonction publique ont démontré les capacités de mobilisation des syndicats libres et la limite des capacités d’intimidation de la police politique. Le document de plus de dix pages relate les méthodes éprouvées par le pouvoir pour stériliser le champ politique. Aux suspensions de salaires succèdent les arrestations arbitraires, les carrières bloquées, les mises à pied injustifiées. L’arsenal des brimades, des vexations, des brutalités et des manipulations policières est, à cet effet, entièrement mobilisé.



    Par Nabila Amir

  • CORRUPTION EN ALGERIE

     

    Le député RCD Nordine AIT HAMOUDA, qui est le fils du colonel Amirouche, c'est lancé d'une véritable attaque contre la coalition présidentielle qui siège a l'APN, il a commencé par remettre en cause le chiffre des 1,5 millions de Chouhada durant la guerre de libération "le ministre lui même affirme qu'il y-a 10 000 faux moudjahids", puis d'enchainer en brandissant une feuille " j'ai un document du ministère de la défense française qui prouve qu'un haut responsable Algérien fut un Harki durant la guerre" et de lancer a l'intention des ministres " Votre dawela Islamaya (votre état islamique)", "pourquoi on nous ment, la Chine, la Russie ... subissent les ravages de la crise financière, et chez nous par la volonté de dieu la crise c'est arrêté a la frontière Marocaine et Tunisienne" .... 

    L'intégrale de son intervention :

    http://www.youtube.com/watch?v=a-6guoiYxgo

    Il est a noter qu'aucun journal n'a parlé de l'intervention de Nordine Ait Hamouda, presse indépendante !