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  • L’Algérie, un pays prisonnier de l’absurde (Opinion)

     

     

    Bouteflika, lors de la signature de la LF2014

    Boutef ou Toufik ? Saadani a choisi son camp. L’Algérie aussi : elle nage dans l’absurde.

     

     

    Dans une Algérie en régression morale et politique, le ridicule n’est jamais loin. L’absurde non plus. Il tend même à s’installer partout, y compris à la présidence de la république, ainsi que dans les principaux centres de pouvoir, au sein des partis et dans la nébuleuse des réseaux qui gravitent autour de la rente. Ceux qui sont supposés diriger le pays et ceux supposés décider de son sort sont en effet installés dans une situation parfaitement ubuesque : ils se chamaillent pour savoir si un homme physiquement diminué, en très mauvaise santé, incapable de se mouvoir et de participer aux forums internationaux, incapable même de se déplacer et de participer aux réunions, doit rester au pouvoir pour un mandat supplémentaire de cinq ans.

    Ces hauts responsables sont, à priori, l’élite politique du pays. Ministres, hauts fonctionnaires, officiers supérieurs, diplomates chevronnés, tous occupent des fonctions prestigieuses, roulent en luxueuse voiture officielle, touchent de salaires très élevés, et sont souvent entourés de gardes du corps et d’une multitude d’assistants formés dans les meilleures écoles. Mais ce n’est qu’une façade, car ces hauts responsables sont réduits à des considérations parfaitement ridicules, liées à une inconnue : gérer au jour le jour, en fonction de l’évolution de l’état de santé du chef de l’Etat. Ils ont oublié la politique, les projets, l’idéologie, la compétition, la démocratie. Ils sont absorbés par une seule hantise : Abdelaziz Bouteflika sera-t-il candidat ou non? Comment savoir, pour faire le bon choix, en vue de le soutenir en cas de candidature, ou prendre ses distances si jamais il est lâché ?

    Le premier ministre Abdelmalek Sellal concentre toutes ces contraintes. Cet énarque, qui a une longue carrière de fonctionnaire et de ministre, devrait être au top de sa carrière. Il en est à sa phase la plus humiliante : il est chargé d’entretenir le suspense sur la candidature de M. Bouteflika. Il le fait avec un zèle remarquable, mais il ne se prononce jamais clairement sur le sujet, même s’il montre la direction à suivre. Jamais la gestion du pays n’a été aussi approximative, mais il ne s’en préoccupe guère. Il joue un autre rôle, non prévu par la constitution : occuper la scène, faire des promesses, se rendre dans les wilayas, en attendant le grand jour, celui de l’annonce de la candidature de M. Bouteflika.

    Une nergie mal dépensée

    L’habileté de M. Sellal et de ses pairs, ainsi que leur savoir-faire politique, sont mobilisés autour de questions grotesques. En privé, ils doivent bien se rendre compte que leur comportement frise le ridicule. Mais en public, il faut assurer. Rester digne, ne pas perdre la face. Un exercice périlleux, impossible à accomplir: comment rester cohérent quand on est amené à organiser la campagne électorale d’un homme qui est lui-même physiquement incapable de faire campagne ? Comment soutenir, contre tout bon sens, que M. Bouteflika est en bonne santé, que son cerveau fonctionne mieux que celui des Algériens, selon la formule de M. Amara Benyounès, alors que les images de M. Bouteflika, diffusées par la télévision algérienne, sont si cruelles ?

    Les plus zélés au sein cette « élite » vont encore plus loin. Ils agissent pour neutraliser les adversaires du quatrième mandat, au sein du pouvoir et dans l’opposition. Et ils anticipent, en pensant aux moments les plus délicats. Ils réfléchissent déjà à la manière d’organiser la cérémonie de dépôt du dossier de candidature au conseil constitutionnel, où tout candidat devrait formellement se rendre. Ils mettent aussi en place le cérémonial pour la prestation de serment, lorsque le chef de l’Etat devra apparaitre devant les corps constitués et le corps diplomatique, pour jurer qu’il va respecter une constitution qui n’a plus de sens !

    Si le président Bouteflika est reconduit, cette prestation de serment sera précisément une épreuve particulièrement cruelle pour l’Algérie et les Algériens. La communauté internationale assistera, ce jour-là, à travers ses représentants, à une sorte de forfaiture collective. Elle sera le témoin d’une scène durant laquelle le pouvoir algérien scellera, en groupe, sa dérive. Une sorte de reddition en pleine campagne de la part d’une « élite » qui applaudit un parcours absurde. Et ce n’est pas l’intrusion de Amar Saadani dans cette situation grotesque qui va améliorer les choses. Bien au contraire. Elle va juste augmenter la confusion. Car au lieu de parler de l’absurde question de l’état de santé du président Bouteflika, on va parler du grotesque duel Boutef-Toufik.

  • Bouteflika otage de son entourage

     

    Ils veulent lui imposer un quatrième mandat

     

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    diaporama | © Photo : El Watan
     
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    Alors que le Président reste silencieux, son entourage s’active à faire un passage en force pour le voir postuler à un quatrième mandat. Les collusions d’intérêt au sein du clan présidentiel sont-elles en train de prendre en otages Bouteflika lui-même et le destin du pays ?

    Passage en force. Le clan s’acharne à imposer un quatrième mandat. Dans sa guerre pour garder le pouvoir, la garde prétorienne du président Bouteflika mobilise toute l’armada politico-financière, au risque de provoquer un séisme destructeur pour le pays. Le clan, mené par le quatuor Saïd Bouteflika, Gaïd Salah, Amar Saadani et Amar Ghoul, engage un combat de mort pour reconduire à la tête de l’Etat un homme gravement malade. Abdelaziz Bouteflika, âgé de 77 ans, qui cumule trois mandats présidentiels au bilan rachitique, n’exerce plus sa fonction de Président depuis neuf mois, conséquence d’un accident cardiovasculaire (AVC) qui l’a contraint à une longue convalescence.
    Depuis le 27 avril 2013, le locataire d’El Mouradia ne s’est pas adressé aux Algériens pour les rassurer sur l’état de santé du pays ni pour dévoiler ses intentions quant à son avenir politique. Son silence intrigant a plongé le pays dans une dangereuse angoisse. Très affaibli par la maladie, le Président n’a plus les capacités physiques pour agir et dissiper l’épais brouillard qui voile le ciel de la «République».

    Le pays navigue à vue. Depuis son effacement du devant de la scène, le soin est laissé à sa garde rapprochée d’exécuter des plans obscurs. Imposer vaille que vaille et contre toute logique politique le quatrième mandat d’un Président sérieusement handicapé, au risque d’exposer la société à un destin périlleux. Le Président sortant est-il consentant ? Ses hommes agissent-ils sous ses ordres ? En a-t-il encore les capacités ? Ou bien est-il pris en otage par son clan, mû par des intérêts économiques et financiers colossaux, accaparés à l’ombre d’une corruption généralisée qui s’est accrue dangereusement sous le règne du «grand frère». La maladie du Président a réduit sensiblement ses chances de rempiler et a plongé du coup courtisans et partisans dans la panique. Pris de court et pressés par le temps, ils s’emploient mordicus et contre tout bon sens à maintenir un statu quo mortel pour le pays.


    Situation inédite et dangereuse


    La convalescence du chef de l’Etat qui s’éternise permet sans doute aux principaux acteurs du clan présidentiel une liberté d’action et de régenter à leur guise la vie politique du pays. Une situation inédite qui fait dire à beaucoup de commentateurs qu’il y a usurpation de la fonction présidentielle. Il est à se demander qui gère les affaires de la République. Les trois mandats présidentiels ont permis l’émergence d’une nouvelle caste d’affairistes liée aux milieux politiques et économiques. Et c’est elle qui, aujourd’hui, semble fixer, loin de la légalité institutionnelle, un «cap» risqué pour le pays.  La sauvegarde de ses agios illicitement acquis passe fatalement par le maintien au pouvoir de l’actuel Président. Son départ ferait perdre l’immunité au clan et à toute la faune d’affairistes qui s’est constituée durant les longues années Bouteflika. Il faut dire que parmi les hommes cités par la justice dans les gros scandales de corruption, nombre sont du cercle présidentiel. D’où leur affolement et surtout leur acharnement.

    La violente charge lâchée par l’entourage immédiat du Président contre le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général de corps d’armée Mohamed Médiène dit Toufik, est révélatrice d’un grand malaise au sommet du pouvoir et qui pourrait déteindre sur la société. Souvent, les conflits au sommet se règlent dans la violence. Signe d’absence d’un consensus large entre les différents pôles du pouvoir autour d’un quatrième mandat, ouvrant ainsi les hostilités. Le patron des «services» aurait opposé son veto quelques semaines après que Bouteflika eut quitté l’hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce.

    Contrairement au chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah qui, lui, aurait été favorable à l’idée d’un mandat présidentiel supplémentaire. De retour au pays, Bouteflika l’a promu vice-ministre de la Défense, tout en gardant son poste de chef d’état-major.  Alors que le patron du DRS est vertement attaqué par le secrétaire général de l’ex-parti unique. Car la première attaque de Amar Saadani contre Mohamed Médiène remonte à début novembre. Un pernicieux procédé visant à diviser l’armée. La dernière sortie de Amar Saadani s’inscrit dans la continuité de l’exécution de ce plan aux fins de déstabiliser le DRS et d’affaiblir du coup le général Toufik. Une aventure hautement risquée et qui va sans doute saper la cohésion de l’armée, sérieusement mise à rude épreuve. A seulement quelques semaines de l’élection présidentielle, la tension qui s’est installée au cœur du pouvoir fait peser sur le pays de graves menaces. 

    Hacen Ouali
  • boutef

    DILEM DU 25 JANVIER 2014

  • Justice et mémoire

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Le Comité des droits de l’Homme des Nations unies a condamné l’Algérie dans deux nouveaux cas de disparition soumis par le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA).
    Le comité, composé de personnalités indépendantes, observe l’application, par les États parties, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. L’Algérie a été condamnée, par le passé, pour six autres cas de disparition.
    Dans la foulée, l’instance onusienne proclame que “l’ordonnance n°06-01 portant mise en œuvre de la Charte (pour la paix et la réconciliation), ne fait que promouvoir l’impunité et ne peut donc être jugée compatible avec les dispositions du pacte”, parce qu’“en déclarant toute plainte ou dénonciation relative aux crimes des années 1990 irrecevable, les textes d’application de la Charte privent les familles de disparus du droit fondamental à un recours effectif”.
    On remarquera que la position du comité juge le texte sur “la réconciliation nationale” incompatible avec le pacte relatif aux droits civils et politiques car il empêche les familles de disparus de recourir à la justice dans le but de faire établir la vérité et les responsabilités dans la disparition de leurs proches. Il n’est point question de victimes du terrorisme.
    C’est que la cause des victimes des terroristes a été, pour ainsi dire, très vite entendue.
    L’euphorie envoûtante de la promotion du “candidat du consensus”, rappelons-le, a imposé la confusion entre deux illusions : la magie d’une “réconciliation nationale” et la virtualité d’une “paix” qui en découlerait. Les manifestations du miracle de cette “réconciliation” en marche ont consisté à la diffusion de renoncements télévisés de proches de victimes. Les tués furent réconciliés avec leurs tueurs par procuration.
    Dans les familles des victimes, dans la société civile et dans la classe politique, des voix qui, la veille, constituaient encore des cibles potentielles du terrorisme islamiste, s’étaient élevées pour saluer la lumineuse idée de concéder l’immunité inconditionnelle aux terroristes qui admettent de se refondre dans la société.
    Puisqu’il est d’actualité de faire l’inventaire des dommages causés au pays, à l’économie et à la morale publique de ce pays en particulier, la communication du Comité des droits de l’Homme des Nations unies tombe bien pour nous rappeler que nous avons largement contribué au viol du minimum de principe qui fonde un État de droit. En renonçant ainsi à de valeurs élémentaires, comme celle du droit de toute victime à une justice, pour ne pas perturber le confort politique d’un régime qui, d’emblée, a revendiqué la toute-puissance, nous avons largué un peu de nos âmes de citoyens. Rappelons-nous : ce n’est plus à la mode, l’échec sécuritaire de la “réconciliation nationale” étant consommé, mais dix ans durant, on était sommé d’être pour la “réconciliation nationale” ou pour le terrorisme. Nous avons massivement applaudi au plébiscite d’une loi qui, pour une catégorie d’individus, la pire, suspend la loi.
    Au moment où nous nous faisons les hérauts de la justice, sur un terrain défriché pour nous par la justice italienne, l’avis du Comité des droits de l’Homme des Nations unies sonne comme un rappel de nos compromissions.
    Décidément, nous aurons, d’abord et toujours, un problème de mémoire.

    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • les vautours de mon pays

    écrit :elvez Elbaz

    Volez et buvez "le pétrole" des peuples d'algérie,fraterie vampirienne et que votre soif ne soit jamais étanchée!
    Tous ces peuples d'algérie que vous avez humiliés en instaurant par votre maléfique régne,abdelaziz et said bouteflika (protégés,INCROYABLEMENT, par vos parrains généraux du drs,qui par ce soutien ,ont permis cet état de déliquescence tout azimut dans laquelle cette diabolique fraterie à plonger l'algérie)la gabgie,la corruption,la destruction de l'outil productif et culturel,les remplaçant par les dépenses de la rente d'une richesse nonrenouvelable,hypothéquant ,de ce faite,la survie des générations futures,et par une inculture de maffieux panarabistes, ennemis du savoir(compléxé par le faite que cet esbrouffe,chef de ce clan maffieux,abdelaziz, , n'a pas fait d'études,il a décidé de saccager l'école algérienne,on voit ce que l'examen du bac est devenu..!),ennemis de la prospérité(à eux deux ils ont saccagé l'économie algérienne au profit des "faineants quataris,egyptiens,de la francarabie,des diaboliques chinois,jusqu'aux descendants des ottomans de triste mémoire aprés ce qu'ils ont fait de cette terre d'algérie durant 5siécle...!) ...),ennemis de la kabylie,et de ces peuples d'algérie qu'ils traitent de sales et de fainéants),ennemis ayant saccagé les rêves de prospérité et de développement de l'algérie lorsque les sanguinaires boussouf,boukharaouba dit boumédienne,et leur armée de planqués à oujda ,ont chargé abdelaziz bouteflika d'aller recruter le bandit benbella pour y instaurer un systéme qui à ce jour a saccagé l'algérie et ses rêves de prospérité..
    L'indû président bouteflika,ta soif de domination,celle d'un seigneur clownesque qui fait pleurer par son maléfisme, sur les peuples d'algérie tenus en lesse par la gégéne et la guerre psychologique
    de tes parrains autoproclamés généraux,galons gagnés à bentalha,rais,benimessous, relizane, jijel....et en kabylie étouffée et humiliée,n'est et ne sera jamais étanchée et ce depuis 50ans que l'algérie entretient à ces dépens un vil esbrouffe et dr es tricheries et manipulations en tout genre.
    Même en buvant le sang de l'algérie,ce que vous faites depuis 50ans, votre soif ne sera que décuplée.
    Bouteflika et son clan ,protégés ,INVRAISEMBLABLEMENT ,encore ,par les généraux du drs,malgré les milliards qui seraient détournés à la sonatrach,à l'autoroute est ouest ,et ailleurs,et malgré son passé de délinquant voleur,en effet,le 22 décembre 1981, Bouteflika est poursuivi pour « gestion occulte de devises au niveau du ministère des Affaires étrangères» (entre 1965 et 1978) par la Cour des comptes. Dans son arrêt définitif du 8 août 1983, la Cour des comptes donnait son verdict : « M. Abdelaziz Bouteflika a pratiqué à des fins frauduleuses une opération non conforme aux dispositions légales et réglementaires, commettant de ce fait des infractions prévues et punies par l’ordonnance n° 66-10 du 21 juin 1966 et les articles 424 et 425 du Code pénal. »20. La Cour des comptes évaluait à « plus de 6 milliards de centimes » (l’équivalent de 100 milliards de centimes actuels!!
    Chawala ,mon général,faut il attendre la goutte d'eau qui fera déborder le barrage algérie,qui vous emportera tous où est il temps de sévir contre ces prédateurs?!
    Comment LA DRS a telle permis à cette fraterie vampirienne de sévir impunément?!
    les peuples d'algérie ont peur de ces autoproclamés par la triche maîtres de l'algérie.La peur a permis "à ce clan de fraterie de voyous de sous traiter pour la DRS et ses généraux la "mise à sac" des richesses pétroliéres algériennes .Les hommes et les femmes de ces peuples d'algérie ont peur ,car à chaque fois qu'un rassemblement est prévu ,ils doivent vite préciser que c'est un rassemblement "pacifique"!!,le seul peuple qui ose ,encore,braver cette peur ,est le peuple kabyle.Et on sait comment bouteflika et ses protecteurs transforment la kabylie et son peuple en désert économique où l'insécurité du terrorisme d'état de la guerre pédagogique bat son plein!
  • Wokood !


    Par Maâmar Farah
    J'avais 17 ans quand le grand Boumediène nationalisait le secteur de distribution de l'essence et du mazout. L'adolescent que j'étais était un peu triste car il avait pris l'habitude, concurrence oblige, de recevoir des porte-clés frappés aux sigles de Shell, BP et Total ou encore des illustrés et des cadeaux divers dont ces célèbres «scoubidous», tresses de fils en plastique aux couleurs de nos clubs favoris... Mais la vue de ce nouveau drapeau orange frappé du sigle Sonatrach avait le don de nous apaiser et de faire naître en nous une fierté incommensurable... Ces stations ont été reprises par une filiale algérienne : Naftal, fille de Sonatrach... avant que les sinistres larbins des seigneurs du Qatar ne pensent à les brader, s'apprêtant à les offrir, dans des conditions on ne peut plus dégradantes, à une compagnie de cette nouvelle puissance colonisatrice ! Ça s'appelle «Wokood» et ça rappelle l'immense feu qui prend de toutes parts, encerclant les Destruktors et les corrompus, enfin démasqués publiquement et qui s'agitent dans tous les sens, cherchant par tous les moyens à transférer des biens mal acquis... Quel plaisir de les voir au milieu du sinistre qui les enflamme !

    «C'est quoi le bonheur ? Les milliards ? Les biens matériels ? Les voyages ? Le luxe ? Pour moi, le bonheur est tout simplement d'être assis face à la mer, entouré par la mer, sur la terrasse du Thaïs Club...»
    Da Mokhtar de Thaïs (Béjaïa)

  • les rentiers moissonnent les fruits de la prébende de l’indépendance

     

    El Watan le 27.08.12

    «Quand un peuple ne défend plus ses libertés et ses droits, il devient mûr pour l’esclavage.»     J. J. Rousseau

    La force motrice et réformatrice d’un pays est d’essence spirituelle, les idées produisent très bien leurs effets dans les pays dits «civilisés» et demeurent sans effet et sans impact réel dans les pays dits  «sous-développés». Il y a ceux qui ont les idées et ceux qui ont le pétrole. Les matérialistes auront beau soutenir le contraire, c’est la pensée qui représente le train du monde. L’histoire nous dévoile la valeur de l’éthique et de la culture de chaque nation, et la pérennité d’une nation ne peut se mesurer à sa capacité intellectuelle et son respect des valeurs morales, religieuses et  universelles, avec comme mode d’existence l’amour pour principe, l’ordre pour base, le bien-être pour l’humain, et le progrès pour but.

    Deux types de sociétés existent dans ce monde. Un premier : une société dans les pays développés où l’on constate que les idées l’emportent sur le concret (la nourriture spirituelle passe avant) et un deuxième : se situant  dans les pays sous-développés, où les choses l’emportent sur les idées (la pomme de terre chez nous passe avant le livre). Beaucoup d’exemples, à travers l’histoire, peuvent nous enseigner et nous renseigner aussi sur la longévité d’une nation. Pour ce qui est de ma contribution analytique, je me limiterais à certains pays : la France, un pays sensible, mais c’est quand même une nation qui mérite et qui aurait dû servir d’exemple ou de modèle à suivre, pas plus que le Japon, un pays géographiquement petit, alors qu’il est la 3e puissance industrielle du monde et son économie s’est essaimée sur tout le globe terrestre, sa force réside dans son développement, son rayonnement culturel et sa participation au progrès universel, sans omettre de signaler le facteur intellectuel avec cet avantage qu’il a sur les autres pays dits développés, d’avoir conservé jalousement et avec fierté sa tradition ancestrale.

    Pour les Japonais, qu’ importent la forme, la couleur ou la danse du gouvernement, pourvu qu’il respecte le peuple (valeur abolie en Algérie) et qu’importe la doctrine politique, dans la mesure où les intérêts du peuple sont mieux sauvegardés. Pour les Nippons, il n’existe pas de petits ou de grands pays dans leur lexique, mais de petits cerveaux et de grands cerveaux. L’homme de Java a le sens du minutieux, de l’organisation, de l’ordre, de l’amour du tout petit détail, il est l’homme du concret, du positif, de la pratique, de la  technique et de l’art… Il représente le moteur de l’histoire, car il est porteur de ces valeurs qui font la civilisation. L’Algérien doit retrouver cette logique pragmatique qui mettrait de l’ordre dans son esprit dont le but envisagé, en premier, est l’adaptation de la parole à l’acte, ou plutôt l’acte devrait devancer la parole pour mieux éclairer le chemin du bien-être et cesser de se faire valoir. La France, tout en étant algérien et de surcroît «fils de chahid», je ne connais d’elle que le colonialisme qui tue la pensée, l’effort intellectuel, la tentative de redressement moral, infériorise l’être, l’impérialisme, la xénophobie, l’islamophobie, les ismes et les phobies… si l’ on fait abstraction de ces sentiers battus et qu’on examine la France intellectuelle et technique, on s’apercevrait que cette nation dure depuis Clovis (premier roi des Francs, 466-511) en passant par Charlemagne (l’éducation), la France et son histoire profonde de monarchie, de République, et d’empire.

    La France garde son rôle et est partie prenante (force morale + économique + culturelle) de l’Europe et Les serments de Strasbourg, considérés comme le premier texte de la langue française datant du 14 février 842. La France  a façonné le progrès universel par la richesse de sa culture. «L’ennui avec les révolutions, c’est qu’à peine l’une terminée, il faut vite préparer la suivante, afin de chasser du pouvoir ceux qui s’en sont emparés pour le bien de tous et en ont fait leur profit exclusif.» G. Wolinski. L’Algérie de Novembre 1954 était une Algérie où les idées avaient un impact et des effets révolutionnaires, de véritables combattants dans le sens le plus large possible, le fusil n’était qu’un instrument. L’Algérie de 1962, le matériel, les affaires, le pouvoir et l’argent faisaient son lot et l’emportaient sur les idées, les rentiers moissonnent les fruits de la prébende. Les hommes de la Révolution de 1954 étaient engagés envers Allah, la patrie et d’autres purs idéaux (déclaration du 1er Novembre), ceux de 1962 étaient engagés pour le matériel et tous les nouveaux vices de ce bas monde.

    La prise d’Alger, le 5 juillet 1830 par les troupes françaises, sera le début  du calvaire, de l’enfer, du supplice, de  la torture, du martyre et de  tourments pour l’Algérien ou l’indigène de l’époque. Le 1er Juillet 1962, la parole revient par la force de l’emblème à l’Algérien qui s’est manifesté par l’unique scrutin authentique, juste, légal et équitable. Il en sort vainqueur le 5 Juillet 1962, la pensée algérienne «liberté» l’emporte sur la pensée de l’Algérie française «territoire français», après une immense liesse populaire, les intérêts claniques, les maffieux, les matérialistes l’emportent de plus belle sur les intérêts nationaux. Un duel conceptuel et inégal naît entre ce qui reste des «Novembristes» (révolutionnaires)  engagés et la masse des «Marsiens» (gens du cessez-le-feu de 1962 ). Ces Marsiens ont accaparé les leviers du nouvel Etat et y ont imposé des responsables véreux sans conscience, ni culture, ni science, ni morale, aucun principe, des ploutocrates devenus les  nouveaux maîtres ne rendant de comptes à personne et se permettant de tout faire. Le pouvoir est devenu pour eux une chasse gardée et le pays une propriété privée, où ils se permettent tout et s’en servent sans mesure, ni sobriété, ni discrétion. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : budget faramineux  des anciens moudjahidine ; licences de toutes natures ; priorité matérielle ; carte blanche, etc. Les ploutocrates ont écrasé la pensée, l’effort intellectuel, la tentative de redressement moral et sont en train d’inférioriser l’Algérien pour le rendre miteux et piteux et le pays est devenu aujourd’hui incapable de tout effort social, économique et culturel…

    «Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience.»  J. Jaurès

    Les «Novembristes» sont les véritables artisans  de la Révolution, de l’indépendance et du mot suprême : «liberté». Les Marsiens, les nouveaux ordonnateurs de la déliquescence,  ne savent point ce qu’est un projet de société, encore moins un modèle de développement économique, social et culturel. Ils ont, par contre, tout fait pour détruire  manifestement  l’intelligentsia des «Novembristes» et ont édifié et structuré une nomenklatura qui a détruit et anéanti la société civile, tout en faisant prévaloir dans un premier temps (1962-1988) l’égalité populaire (socialisme à l’algérienne), c’est-à-dire l’égalité matérielle au détriment de la liberté de conscience, tout en muselant, bien entendu, la liberté, sachant pertinemment que l’existence indéniable d’une hiérarchie mentale, intellectuelle, technique, artistique, culturelle et ethnique empêche l’égalité absolue entre tous les membres d’une société. Ce qu’ils ont omis intentionnellement de faire, parce que cela n’arrange pas leurs affaires, est que l’on soit égaux devant la loi (absence de l’Etat de droit). Dans un second temps (1988, après les événements du 5 Octobre) la libéralisation à outrance du pays se met en marche avec comme appui l’école de Chicago et la conception économique à la Friedeman, avec comme maître le FMI, par une liquidation forcée et péremptoire d’entreprises publiques, en l’absence de la liberté et de la conscience  du citoyen, alors qu’il aurait été préférable que la liberté l’emportât sur l’égalité. Aujourd’hui, ni l’une ni l’autre n’est mise sur rail, on baigne plus dans la platitude où le côté sécuritaire fait taire toute conscience mouvante. Depuis 50 ans, le pays était et est livré en paissance, où la maffia, le clanisme, l’incompétence, la nomenklatura  capable de faire une production extraordinaire ou record de la platitude pour mieux rester inefficace dans notre état de sous-développement.

    Certes, les «Novembristes» ont réussi leur Révolution  en 1954, c’était un exploit et un peuple en état de Révolution est invincible, mais ils ont manifestement échoué en 1962, début du fiasco, le triomphe et l’aura enfantés par l’indépendance et les espoirs du peuple et des chouhada se sont vite métamorphosés par des tiraillements et des difficultés de la vie : chômage, analphabétisme, violence, saleté, destruction des échelles de valeur, phénomènes des maux et fléaux sociaux, malaise, amertume, déception, désenchantement, désespérance, rancœur, alors que le système politique n’est pas compensé, corrigé, égalé, équilibré ou neutralisé par un contrepouvoir, ce qui a favorisé la corruption, le clientélisme, l’informel, l’enrichissement illicite.

    Les nations n’évoluent que par l’utilisation de leurs élites, de leur éducation, du respect des citoyens et les citoyens sont égaux devant la loi, et cette même loi est au-dessus de tous. Notre pays agonise et souffre dans la  misère et l’analphabétisme. L’élite n’est pas formée et les intellectuels sont trop méfiants, car le pays est dirigé au moyen de doctrines externes et est téléguidé par le FMI, la Banque mondiale, l’OMC (nos ministres qui font leurs comptes rendus devant l’Assemblée française)… De 1962 à ce jour, 50 ans se sont déjà écoulés, un demi-siècle… et on n’arrête pas d’être ridicules, de préparer à coups de milions de dollars les fêtes de l’indépendance et de la jeunesse. Généralement, une fête n’est que l’aboutissement d’un résultat positif, (entassement de biens et d’idées), un anniversaire  (croissance positive), qui se fête dans la joie et se résume sur certains faits positifs (matériels ou  immatériels), il en est de même pour ce qui concerne un pays qui va en avant, pas en arrière. Si l’on n’arrive pas à construire une Algérie de création et de partage des richesses, c’est une Algérie de conflits multiples qui nous attend.

    Depuis 1962, l’Algérie vit un lourd handicap qui s’impose (sous-développement matériel et intellectuel, suivi d’une politique déficiente, nous avons de l’argent mais pas de perspectives pour l’avenir et absence d’insertion). On n’a pas su jusqu’à aujourd’hui faire l’apprentissage de notre existence, un pays sans esprit et nous n’avons point conservé l’unité de notre âme, on s’est acheminés vers le mal tout en réalisant le médiocre et l’inacceptable. Le pays n’a pas su émanciper l’Algérien en tant qu’homme et citoyen dans son esprit, n’a pas su donner également de l’ardeur à sa force créatrice et son essor, c’est pourquoi on arrive à dire et à souligner que le pays n’a pas accompli son devoir, car le caractère du régime est négatif et nage dans la négation. Quand on néglige la vérité, la punition, le travail productif, la propreté dans son sens le plus large possible, le bien… on récolte manifestement le mensonge, la spéculation, la platitude, la corruption, la violence, l’infécondité et la saleté dans son sens le plus large qui sont parrainés par la nomenklatura, la maffia, les barons. Cette nouvelle saleté déshumanisée…

    Depuis longtemps, l’histoire n’a cessé de nous prouver qu’un pays ne peut évoluer que par l’emploi de son élite, par son éducation, par sa culture du bien et son respect des lois, au droit, à l’ordre, aux normes, aux valeurs et à la justice de toute nature. Depuis l’indépendance, les dirigeants de ce bled ne font que se méfier des intellectuels, on fait peu cas de leur valeur, on nous a toujours dirigés au moyen de doctrines venues d’ailleurs. Nos dirigeants se comportent comme des propriétaires de la terre et le peuple ressemble à un troupeau, oubliant que le peuple a une conscience et sa volonté est bien plus importante et supérieure à la raison et à l’observation, elle est capable de se transformer le jour de vérité en… Ce qu’il y a de pire dans notre pays, c’est que le pétrole (rente) reste le seul moyen pour exister misérablement. Tous les minerais (ressources) sont en train de s’épuiser.

    Nous n’avons même pas su ni appris à les extraire, alors pour les exploiter, c’est une autre chanson, car nous pensons décadence au lieu de penser créativité ou bien nouveauté. La crise, ou plutôt la dégénérescence, sinon la déliquescence  qui frappe de plein fouet l’Algérie, est différente de celle qui menace le monde de façon générale, car force est de reconnaître que le mal que nous nous sommes fait est bien pire que celui qui nous a été impliqué par les autres, qui n’ont fait que l’aggraver en profitant de notre inattention. On ne peut pas corriger le passé maintenant, il fait partie de notre histoire, on n’a pas su corriger le présent pour mieux vivre le futur. Cette Algérie est ce que les incompétents et arrivistes en ont fait. Si elle est sans ardeur, sans dynamisme, sans force aujourd’hui, c’est parce que ces incompétents l’ont rendue impitoyable par leurs comportements. Tel est mon point de vue formulé par  un  constat amer, que le commun des mortels puisse présenter.

    Benallal Mohamed. Ancien magistrat à la Cour des comptes
  • Madjid et Saïd

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    Bien que tardivement, la CNSEL a finalement finalisé son rapport sur les élections et bouclé sa mission de surveillance par une conclusion sans surprise : des élections impropres et plus ou moins malhonnêtes. Pourquoi et comment s’est déroulée la fraude ? En plus des divers dépassements enregistrés avant, pendant et après l’opération de vote, la Commission est revenue sur le discours du Président, facteur déclenchant des hostilités, «qui a constitué un feu vert à l’adresse de l’administration afin d’œuvrer par tous les moyens à la victoire de son parti», le FLN en l’occurrence, dont le président de la République est le président d’honneur. On peut déjà s’attendre au négationnisme, voire au mépris de DOK, docteur en fraude et en propagande, qui va en quelques phrases et d’un revers de la main rejeter ce rapport et ses rédacteurs.

    La conclusion de la conclusion est qu’il n’y a finalement pas beaucoup d’honneur à présider, même à titre honorifique, un parti qui a fraudé depuis l’indépendance, en tant que parti unique, puis après l’apparition du multipartisme, en tant qu’appareil du régime. De la fraude, on pourra toujours en parler, ou pas, l’eau, même non potable, coulera sous les ponts, même branlants, et il n’y a aucune chance pour que l’Assemblée issue de la fraude soit dissoute. Peut-être juste qu’une commission d’enquête, dont la demande a été formulée par la Cnisel, sera installée, travaillera probablement pour que ses conclusions soient mises dans un tiroir. Qui a fraudé ? Tout le monde et personne, quelqu’un, un groupe de personnes ou l’ensemble du système. On se rappellera du slogan de campagne FLN, déversoir du pompage électoral, «Tarikh madjid li moustaqbel saïd», ce qui se traduit par «une histoire glorieuse pour un avenir heureux». On sait qui est Madjid, grand homme plus ou moins anonyme qui a assuré la libération du pays. Mais on sait aussi qui est Saïd.

    Chawki Amari
  • HISTOIRE D ALGERIE NOUVELLE ECRIT PAR SES PROPRES FILS

     

    La montagne a accouché d’une souris. Une commission ad hoc mise en place, la consultation des archives du MALG, autant dire la mémoire de l’Etat, pour arriver à la conclusion que Boussouf n’avait aucun problème avec Amirouche, Krim Belkacem et Abane Ramdane et que ce dernier est monté au ciel par les voies du Seigneur. Beaucoup s’en doutaient, ce n’est pas en 2010 que les artisans du pouvoir des ténèbres allaient en arriver à changer de pratique et de culture.

    Les salves du premier spadassin envoyé au front avaient donné le ton : on ne discute pas d’histoire : chasse gardée. Le procédé a été testé mille fois dans tous les systèmes totalitaires. Sur le fond, on ne répond pas à l’adversaire. On qualifie à sa convenance, c'est-à-dire que l’on diabolise ses propos et positions, une fois le postulat faussé, le raisonnement peut suivre. Le président de l’association du MALG engageant son bureau dit ne pas chercher «la polémique avec l’auteur et encore moins à l’amener à se déjuger, car ils pensent bien que son opinion est définitivement arrêtée et de longues date». Voilà l’estampille MALG. Je me revois 25 ans en arrière face au juge d’instruction de la Cour de Sûreté de l’Etat qui me disait : «Vous avez signé un tract dans lequel vous revendiquez un Etat démocratique et social. Cela suppose le renversement du régime. Par quels moyens comptez-vous y parvenir ?» On le voit, les mœurs sont toujours les mêmes. A en croire le bureau du MALG, cela fait quarante ans que je récolte témoignages après témoignages, documents après documents pour sortir un livre en 2010 en sachant, dès le départ, ce qui allait advenir de notre pays. On découvrira dans d’autres évènements comment le MALG traite comme complot toute initiative échappant à son contrôle. Les violences des attaques et les incohérences des interventions de M. Benachenhou ayant provoqué une indignation à peu près générale, il fallait engager le reste des divisions : le bureau du MALG étant la vitrine light du service opérationnel.
    En finir avec le MAL(G)

    Auparavant, le bureau du MALG avait envoyé en éclaireurs quelques associés dont il suffit de rappeler les dires pour en apprécier le sérieux. L’un explique que l’une des raisons qui ont pu amener le général Massu à masser ses troupes trois jours avant le passage des colonels Amirouche et Haouès dans le Hodna pouvait être l’attentat commis par deux maquisards qui avaient éliminé un harki les ayant repérés. Le second nous informe que Boumediène n’était pas au courant de la séquestration des restes des deux martyrs… mais qu’il avait entendu dire qu’il s’apprêtait à leur organiser des «funérailles nationales grandioses» ! Sur les faits, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Pour nos tuteurs, le régime qui sévit depuis 1957 est l’expression démocratique du peuple algérien et tout ce qui contesterait ce dogme relèverait d’esprits malfaisants, régionalistes qui veulent saper le moral d’une nation harmonieuse, prospère et apaisée. Pourtant la sortie de M. Ould Kablia ne manque pas d’intérêt, non pas dans ce qu’il apporte d’un point de vue événementiel, mais dans ce que son approche permet de découvrir. M. Ould Kablia nous avertit : le bureau du MALG n’est pas un parti, un lobby et encore moins une secte avant d’ajouter que pendant la guerre, son service avait orienté son potentiel exclusivement vers la nuisance de l’ennemi. Fort bien. Il n’en demeure pas moins qu’il nous apprend que cet organe, présenté comme une instance technique du renseignement mis au service du pouvoir politique, disposait «de plus de 2 000 cadres» alors que «ceux qui faisaient tourner les autres secteurs ministériels » comptaient à peine «quelques dizaines» ! A la chute de Salazar, les Portugais découvrent qu’un citoyen sur cinq était, d’une façon ou d’une autre, instrumentalisé par la police politique, la PIDE. C’est précisément ce détournement et ce gâchis que dénonçait Amirouche dans son rapport quand il rappelle : «Désirons que jeunes envoyés par les wilayas soient orientés sur plusieurs branches… Nous envoyons des jeunes à l’Extérieur pour les faire profiter et les préparer à des tâches qui serviront mieux l’Algérie de demain. Or, nous apprenons que la plupart sont dirigés vers les transmissions. Nous aimerions qu’à l’avenir ces jeunes soient orientés vers d’autres branches…» Plus près de nous, il est pour le moins surprenant qu’une association d’anciens combattants désireux de finir leurs jours dans la sérénité fasse financer ses membres sur le fonds spécial en les faisant bénéficier du salaire de cadres de la nation. Enfin, et ce n’est pas le moindre des abus, une association qui dispose de documents confidentiels alors qu’ils devraient relever de la discrétion de l’Etat pose à la fois un problème de souveraineté et d’éthique. En principe, une association demande à l’Etat de pouvoir consulter des archives ; chez nous, il y a comme une inversion d’autorité, y compris quand il s’agit d’une «contribution forte à l’endroit des lecteurs et des historiens qui, à la faveur de sa lecture, pourront se faire leur propre opinion sur des faits et des évènements qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets». Depuis quand une association occupée par d’inoffensifs patriarches, a-t-elle le droit de détenir des secrets d’Etat et en vertu de quel statut est-elle fondée à choisir le moment de leur divulgation ? Nous le verrons tout au long de cette intervention, le statut, les prérogatives et la culture d’origine du MALG ont pesé et continuent de peser sur la mémoire et le destin de la nation. Considérons donc que c’est par le fait d’un simple hasard que MM. Benachenhou et Ould Kablia ont fait le tour du gouvernement depuis l’indépendance et que c’est du fait du même hasard que Nordine Aït Hamouda et moi-même, pour ne parler que des deux dernières cibles du MALG, avons passé notre temps à faire le tour d’Algérie des prisons. Les historiens, les acteurs nationaux non connectés à la secte, les observateurs étrangers qui ont unanimement noté, et pour ce qui est des Algériens, déploré quand ils ne l’ont pas carrément condamné, la pieuvre tchékiste du MALG, sont des plaisantins ou des ennemis de la patrie.
    Le MALG et l’arrivée d’Amirouche à Tunis
    Reprenons maintenant les remarques de l’article du bureau du MALG. Je fais l’économie de la réponse qui consiste à défaire la grosse ficelle m’accusant de confondre les jeunes enrôlés dans cette structure et qui furent souvent les premières victimes d’un appareil qui en a détruit plus d’un quand il ne les a pas carrément éliminés. La formule est restée célèbre au Maroc. «On lui a offert un voyage au Caire», disait-on des jeunes cadres qui avaient le malheur de poser une question ou de donner l’impression de ne pas être suffisamment dociles. En ce qui concerne la tragédie algérienne, nous parlons bien du segment noir qui a détourné Novembre et la Soummam et qui, dans une large mesure, continue de bloquer toute évolution citoyenne du pays. M. Ould Kablia nous avoue, et cela est une information capitale, que pour lui et ses responsables, la réunion interwilayas de décembre 1958, convoquée par le colonel Amirouche était (et reste toujours) perçue comme une menace majeure. Pour qui ? Le GPRA qui venait d’être installé trois mois auparavant ? Le COM ? Une partie du gouvernement ? Relisons M. Ould Kablia. «Cependant l’ordre du jour qui ne mentionnait que des sujets traditionnels et habituels… laisse penser que les vraies questions à débattre étaient vraiment occultées. Nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que les liens qui commençaient à se distendre entre l’intérieur et l’extérieur, les critiques non dissimulées allant dans le sens d’une rupture de confiance, illustrée par la réunion interwilayas… tout cela indiquait qu’il ne pouvait s’agir que d’une réunion de mise au point d’une autre dimension où la confrontation n’était pas à exclure. » Au cas où il y aurait un doute, M. Ould Kablia nous rappelle que «la défection de dernière minute d’Ali Kafi à cette réunion qui se tenait sur son territoire, sur ordre supérieur certainement, a rompu l’unanimité souhaitée». De son point de vue, c’est ce qui aurait amené les factieux à modérer leurs récriminations et à transformer leur «motion de défiance en motion de soutien». En clair, Amirouche avait mobilisé ses compagnons de l’intérieur, non pas pour proposer des accommodements, des réorganisations et une orientation qui devait recanaliser les énergies du gouvernement sur la guerre que les maquis supportaient de plus en plus difficilement, mais reproduire une réplique d’un complot dont le gouvernement venait juste d’échapper après la fronde des officiers chaouis, fronde sur laquelle il reste d’ailleurs beaucoup à dire quant au rôle joué par Boussouf, autant dans sa genèse que dans son traitement. L’accès aux archives tunisiennes et égyptiennes serait, de ce point de vue, particulièrement édifiant. J’ai pu établir, auprès de nombreux témoins, que le colonel Amirouche avait en commun avec Abane cette propension à ne jamais étouffer une opinion ou réprimer une remarque ou une contestation y compris en présence de celui qu’elle pouvait impliquer. J’ai rapporté comment l’altercation qu’il avait eue avec Kafi au Congrès de la Soummam ne l’avait pas empêché de lui rendre visite par la suite pour étudier ensemble les voies et moyens pour une meilleure coordination de leurs actions. L’interprétation de l’initiative d’Amirouche faite par M. Ould Kablia, partagée par d’autres (dans son style M. Benachenhou dit la même chose) nous aide à comprendre comment et pourquoi ce «travers» a coûté la vie au père de la Soummam et au colonel de la Wilaya III. La transparence et le débat ouvert sont les manifestations d’une culture incompatible avec l’opacité et la violence qui ont présidé à la naissance et au fonctionnement du MALG et de ses déclinaisons d’après-guerre. Or, cette interprétation quelque peu paranoïaque – qui deviendra la constante du pouvoir sous-terrain algérien – prêtant, sans le moindre doute, au colonel de la Wilaya III des intentions aussi belliqueuses ne se retrouve nulle part ailleurs. Ni Ferhat Abbas, pourtant très peu enclin à faire des concessions aux colonels, ni les acteurs ayant rencontré plus tard Krim Belkacem, ni Ben Khedda, ni Saâd Dahlab qui a écrit tout ce qu’il avait vu à Tunis, et il était souvent aux premières loges, n’ont fait état du risque imminent que représenterait l’arrivée d’Amirouche à Tunis en 1959. J’ai commencé par dire que si l’intervention de M. Ould Kablia n’apportait rien de nouveau en termes factuels, elle dévoile un esprit avec ses attitudes et ses décisions qui sont d’authentiques révélations. Comment avoir l’outrecuidance de dire que Boussouf n’avait aucun problème avec Abane, Krim ou Amirouche (la citation des trois dirigeants tous originaires de Kabylie est en soi une indication) et affirmer en tant que légataire du MALG que la réunion convoquée par le chef de la Wilaya III était un complot menant inévitablement à la confrontation entre l’intérieur et l’extérieur. Je pense avoir démontré, grâce aux témoignages et aux documents retrouvés, que les chefs de l’intérieur (excepté Kafi) avaient comme intention de demander au GPRA de mieux rationaliser son action diplomatique, sa communication, ses services sociaux mais aussi de s’émanciper d’un MALG tentaculaire et inefficace et, surtout, d’exiger que les troupes stationnées aux frontières fassent plus d’efforts pour rentrer se battre sur le terrain. La question de la nature et de l’importance de l’armée de l’Algérie indépendante devant être reportée à plus tard. Jusqu’à plus ample informé, il n’y a que le département de Boussouf qui a vécu cette demande d’adaptation comme une menace.
    Le mystère des transmissions
    Pour ce qui est des transmissions, les savantes envolées du bureau du MALG n’empêchent pas l’apparition de lourdes distorsions qui confirment l’hypothèse de la trahison. M. Ould Kablia nous donne une cinquième version, venant contredire celle du ministre des Anciens moudjahidine, les deux de M. Benachenhou et enfin celle de M. Kafi. Pour le bureau du MALG, la Wilaya III disposait du même nombre de radios que toutes les autres wilayas. Ce n’est pas ce que dit le rapport de doléances de cette wilaya que portait sur lui Amirouche quand il se rendait à Tunis. Il y dénonce en termes très virulents la livraison de deux postes en août 1958. «Pourquoi la Wilaya 3 n’a reçu que deux postes et si tardivement… cette carence tend à faire croire à une volonté de négliger la Wilaya 3 ou à du régionalisme de la part tout au moins des responsables des transmissions.» Notons au passage la légèreté, voire un certain mépris, avec lesquels est traité un document adopté après un conseil de wilaya extraordinaire, 48 ans après l’indépendance. «Sa lecture laisse à penser que le colonel Amirouche n’a pas participé à sa rédaction parce que le document reprenait un certain nombre de considérations générales et que les points les plus importants de son contenu ne cadraient pas avec la réalité vécue en dehors de la Wilaya III…», nous assure M. Ould Kablia. On vient de voir que la Wilaya III était plutôt bien informée sur le détournement réservé par le MALG aux étudiants envoyés pour formation à l’étranger. On découvrira plus loin dans d’autres situations que l’information détenue par Amirouche sur l’intérieur et les frontières était souvent de première main. Suivons M. Ould Kablia dans son récit. Lui affirme que la Wilaya III n’avait pas de radio en 1959, ce qu’infirment les témoins encore vivants activant au PC de wilaya. Mais convenons avec lui que le poste pouvait avoir été éteint et que donc pour l’extérieur Amirouche ne pouvait être contacté. Devant le déficit des transmissions, le colonel de la Wilaya III avait multiplié les boîtes aux lettres à Alger, Bougie, Sétif, Tizi-Ouzou, Akbou, El-Kseur et même en France pour recevoir et émettre des messages par télégrammes ou voie postale. Les agents de liaison de la Wilaya III encore en vie estiment que c’est par une de ces voies que le message de Krim demandant à Amirouche de changer de route a été acheminé. Le bureau du MALG, qui a fait une profusion de citations plus ou moins ésotériques de nombreux auteurs français, «oublie» de rapporter la seule information qui vaille : la goniométrie française a capté les messages du FLN annonçant les évolutions du déplacement du colonel Amirouche. Pourquoi ou plus exactement pour qui émettre lorsque l’on considère que le destinataire ne peut pas recevoir ? Ce que disent les auteurs français est confirmé par les agents du centre d’écoute du MALG basé à Oujda. Non seulement ils ont reçu l’ordre d’émettre mais lorsqu’ils ont alerté sur les risques de voir leurs messages interceptés, ils ont été sommés de continuer. S’agissant de la concentration des troupes déployées par le général Massu, M. Ould Kablia nous apprend que tantôt il s’agit d’une opération de routine tantôt elle «avait été décidée par le général Massu suite à des renseignements parvenus à celui-ci (comment ?) indiquant le passage par le Hodna du colonel Amirouche». M. Ould Kablia pose une vraie question, c’est même la seule question qui s’impose mais le fait de la reformuler par le bureau du MALG ne lui enlève en rien sa pertinence. La libération des liaisons radio entre les wilayas demandée par Amirouche dépendrait de la seule volonté des PC de wilaya, selon le bureau du MALG. Tous les spécialistes disent que sans un minimum de formation et d’assistance de la part de ceux qui détiennent la confection des codes et l’initiation à l’établissement de nouvelles liaisons, il est impossible d’improviser dans un domaine aussi sensible. Le fait est qu’aucune station de l’intérieur n’a été en mesure de disposer d’un opérateur capable de mettre en liaison deux wilayas. La volonté de centraliser toutes les communications des chefs de l’intérieur apparaît très clairement à travers l’interprétation que fait aujourd’hui encore le bureau du MALG de la réunion interwilayas de décembre 1958. Quant à dire que si le général Massu avait su de manière certaine qu’Amirouche se trouvait dans les parages, il se serait déplacé lui-même, cela reste un argument spécieux. En octobre 1958, l’opération Brumaire, ciblant particulièrement le colonel Amirouche et son PC, avait mobilisé une dizaine de généraux, une cinquantaine de colonels et près de 10 000 hommes dans l’Akfadou. J’ai longuement consulté les archives de l’époque et ni mes recherches ni les témoins que j’ai consultés ne m’ont permis d’établir que le général Massu avait personnellement participé à cette intervention. Une relative évolution apparaît cependant dans l’analyse de la Bleuite. C’est la première fois depuis l’indépendance que des éléments du MALG se démarquent des thèses de l’armée française qui présentait cette opération comme la conséquence d’un homme sanguinaire décidé à éradiquer les intellectuels. On admet enfin que c’est une des actions de l’occupant parmi d’autres et on convient qu’elle avait concerné l’ensemble des wilayas. On peut au passage se demander quel fut l’apport d’un service de renseignement comptant 2000 cadres dans une intervention de l’ennemi éventée par l’intérieur qui avait demandé, en vain, de l’aide à l’extérieur dès le premier jour. Cet effort de lucidité mérite d’être signalé. On ne le retrouve pas dans les autres approches.
    Défaillances stratégiques
    Au-delà de la volonté d’imprimer à l’Histoire une trajectoire qui occulte les vues et positions des autres parties, la lecture faite du rapport sur lequel devait s’appuyer Amirouche à Tunis au nom de ses collègues de l’intérieur dévoile une volonté de renforcer et de protéger des positions en référence avec des situations actuelles. Commentant le point qui demande «une offensive contre la ligne Morice pour attirer les forces ennemies et soulager la pression sur l’intérieur, l’offensive doit surtout permettre le passage de matériel et de munitions», le bureau du MALG écrit : «Cette pétition de principe laisse croire que la Wilaya III ignorait ce qui se passait au niveau des frontières.» Avant de citer des actions menées pour franchir le barrage. Les responsables de l’intérieur reprochaient aux dirigeants extérieurs la mauvaise évaluation des effets de l’édification de ces lignes qui ont été renforcées à plusieurs reprises. En l’occurrence le renseignement, si renseignement il y avait, fut pour le moins défaillant. Mais là où le bureau du MALG manipule les faits, c’est quand il cite des officiers qui ont effectivement pu traverser les lignes ennemies en donnant ces initiatives comme étant toutes des décisions programmées par le COM. La plupart des traversées, à commencer par celles de Lotfi et de Bencherif, furent plus le fait de la volonté des concernés que l’exécution d’une instruction supérieure. Je me suis rendu à l’endroit où est tombé le colonel Lotfi. Surpris avec ses hommes, il se trouvait en plein jour dans un secteur sans abri ni liaison. Le bureau du MALG sait mieux que quiconque que le colonel de la Wilaya V en rupture avec l’état-major ouest est surtout rentré parce qu’il était outré par la violence et les dérives du binôme Boussouf-Boumediène, notamment depuis l’exécution du capitaine Zoubir qui dépendait de lui. La narration faite de la tragique fin de la compagnie Hidouche qui devait rejoindre la Wilaya III est à la fois indécente et mensongère. Le bureau du MALG nous explique que cette compagnie a été exterminée par une attaque combinant des forces aériennes et terrestres françaises parce qu’elle n’avait pas pu traverser la Seybousse en crue ! Nous sommes au mois de juin 1959. Nous connaissons tous la furie de nos oueds en plein été. Une crue dépasse rarement une journée. La réalité est affreusement simple. Cet officier comme ses hommes, lassés de macérer dans les casernements des frontières, décida de rentrer. Une fois la frontière passée, ils ne trouvèrent pas d’agents de liaison pour les orienter. Ne connaissant pas la région, ils tournèrent en rond jusqu’à se retrouver au bord de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Bône (Annaba) où ils furent exterminés. Un des miraculés de cette boucherie habite la vallée de la Soummam. Il peut raconter le calvaire de la compagnie Hidouche. Voici ce qu’écrivait Amirouche sur les improvisations qui caractérisaient les rares groupes qu’on laissait revenir : «Demandons que les katibas soient bien entraînées pour éviter pertes en hommes et matériel en cours de route : nous ne comprenons pas pourquoi les compagnies qui viennent de l’Extérieur pour acheminer des armes sont retenues deux, trois et même quatre mois. Le fait serait acceptable si pendant ce délai, les compagnies recevaient instruction militaire… Cette négligence se traduit dans le fait que des armes sont remises à des djounoud qui ne savent même pas les démonter. Ainsi, beaucoup de ces djounoud sont morts et leurs armes sont récupérées par l’ennemi…» Comme on peut le constater, les conditions dans lesquelles sont prévus les franchissements de la frontière algéro-tunisienne sont on ne peut plus connues en Wilaya III. Mais le plus notable est ce qu’ont rapporté les djounoud qui ont eu la chance de parvenir à destination ou qui ont rejoint la Kabylie après avoir repris le chemin vers la France d’où ils étaient venus. La volonté de garder le maximum de soldats aux frontières ne fait aucun doute. Ce qui a amené Amirouche à contacter directement les cadres qu’il connaissait en Tunisie pour leur demander de rentrer «même si on les en empêchait.» Djoudi Attoumi écrit : « Pour la Wilaya III seulement, il y eut une vingtaine de compagnies qui avaient pris le chemin de la Tunisie.
    Seules cinq ou six d’entre elles étaient revenues, après avoir affronté la ligne Morice… d’autres wilayas avaient envoyé autant de compagnies, sinon plus ; ce qui fait qu’il y eut une concentration des troupes le long des frontières qui, au lieu de rentrer dans les maquis, étaient restées sur place pour une raison ou pour une autre… La Wilaya II comptait à elle seule 4200 combattants bloqués le long de la frontière tunisienne. Ce fut la naissance de l’armée des frontières. » En quoi la proposition d’une offensive généralisée contre un barrage électrifié serait-elle a priori disqualifiée ? Pourquoi la constitution de grosses unités serait-elle par principe évacuée du débat ? Dien Bien Phu fut un désastre français. L’attaque fut menée par une concentration de troupes qui sont venues à bout de l’armée française. En 1959, l’adhésion des masses algériennes n’avait rien à envier au soutien que la paysannerie indochinoise apportait au Parti communiste vietnamien. Il ne s’agit pas de spéculer aujourd’hui sur les actions qui auraient pu et dû être engagées en 1958-59 mais de comprendre que les oppositions entre les dirigeants de l’extérieur ont grevé le potentiel de la direction du FLN, dont une partie était déjà obnubilée par l’après-guerre.
    La patrie otage de la tribu
    Ces oppositions avaient pris plusieurs formes. Il n’est pas besoin d’insister sur la candeur feinte de M. Ould Kablia quand relance la rengaine du duo Krim- Mohamedi Saïd qui aurait disposé de toute latitude pour gérer la situation politico-militaire de l’intérieur alors que :
    - Premièrement, toutes les transmissions étaient maîtrisées par le MALG ;
    - Deuxièmement, Mohamedi Saïd était déjà pris en charge depuis longtemps par «les envoyés spéciaux» du MALG, pour reprendre l’expression d’un ancien de l’armée des frontières, afin de le soustraire à Krim avant de le lui opposer ; manipulation qui, naturellement, n’évacue en rien la responsabilité des concernés.
    Laisser entendre que si quelque indélicatesse a été commise dans l’élimination d’Amirouche ne peut relever que des deux anciens responsables de la Wilaya III est du réchauffé ; M. Benachenhou étant déjà passé par là. Mais ces insinuations faisant des assassinats de certains responsables pendant ou après la guerre une conséquence d’un atavisme kabyle, pour commodes et répandues qu’elles soient ne sont pas le plus important dans nos préoccupations actuelles. Aujourd’hui, il s’agit de nous interroger sur le fait de savoir si ces manœuvres récurrentes et qui existent toujours ont servi la guerre de Libération et, plus tard, le développement de notre pays. La question mérite d’être posée car, outre qu’elle permettrait de remettre un certain nombre de choses en ordre dans notre histoire, elle aurait l’avantage appréciable d’éclairer la scène politique aujourd‘hui. Au printemps 2008, les citoyens de Chlef, excédés par des promesses différées depuis le seisme de 1980, manifestent leur désespoir par des émeutes au cours desquelles des milliers de jeunes s’en prennent, comme c’est souvent le cas en pareilles circonstances, à tout ce qui représente l’Etat. Des centaines d’entre eux sont interpellés et incarcérés dans des conditions inhumaines. La structure du RCD local dénonce la violence de la répression et les violations de loi qui ont marqué toutes les procédures. Le wali, dont il faut rappeler qu’il appartient à ce que Nordine Aït Hamouda appelle la «tribu élue» n’a rien trouvé de mieux que d’avertir les familles et les citoyens qu’ils devaient se méfier d’un parti régionaliste, ennemi de la nation. Continuant leur travail, les militants de notre parti organisent la solidarité avec les parents des jeunes détenus, constituent un collectif d’avocats et en appellent à nos parlementaires pour suivre l’évolution des poursuites engagées contre une centaine de jeunes. Le soutien des députés du RCD donne de l’espoir et une dynamique citoyenne se développe à Chlef. Les jeunes emprisonnés étaient revendiqués par la cité comme les porte-parole de tous. Dépassé, le wali, disqualifié par une gestion des plus contestables, en appela au gouvernement qui dépêcha à Chlef un de ses membres. Nous sommes le 2 mai 2008. Le ministre, trouvant un climat particulièrement tendu, déclara devant tous les cadres de la Wilaya qu’ils ne devaient pas laisser revenir à Chlef des gens qui n’ont rien à y faire. Ces «gens» étaient des députés de la nation qui avaient le malheur d’être élus démocratiquement. Le ministre en question s’appelle Daho Ould Kablia. La radio locale, encouragée par ce sectarisme, embraie sur l’aubaine et déversa son fiel sur les Kabyles. Pour bien montrer que le MALG imprègne et soumet toujours la vie institutionnelle, il faut rappeler la destitution illégale du maire de Bériane qui avait refusé de déserter le RCD pour rejoindre un parti de la coalition gouvernementale. Le blocage du projet du PNUD — institution représentée à Alger et qui active normalement dans notre pays — destiné à assainir l’environnement à Tizi- Ouzou, représente l‘une des discriminations administratives les plus insupportables de l’Algérie indépendante. Pour l’instant, le ministère des Affaires étrangères se contente d’ignorer son méfait. On remarquera que les trois abus commis à Chlef, Bériane et Tizi- Ouzou relèvent de responsables appartenant tous au même clan. C’est dire que la culture du MALG est ancienne, dévastatrice et qu’elle continue de l’être. Il n’est pas interdit d’aimer sa région. Cela peut même être un premier éveil à l’intérêt de la collectivité. Il y a problème quand cette attention est conditionnée par la haine des autres. Ces archaïsmes sont le principal handicap du développement du pays. La gestion des affaires de l’Etat par l’opacité et la relation clanique témoigne de la fragilité de la conscience nationale. L’affaire remonte à loin. J’ai essayé d’apporter dans mon livre des éléments de réflexion sur les ressorts et les motifs qui ont amené la direction extérieure du FLN à tant de déchirements en pleine guerre. Pourquoi la responsabilité politique n’a pas prévalu au moment où la patrie devait être préservée des affrontements qui ont psychologiquement et politiquement mené l’Algérie à une implosion qui veut qu’aujourd’hui encore un responsable ne se sente en sécurité que s’il s’entoure de ses proches, indépendamment de toute considération idéologique. Ce manque d’adhésion à un dénominateur commun a permis à l’axe franco-égyptien de peser sur des esprits peu convaincus par la valeur de leur algérianité, pressés de s’exiler dans une identité plus valorisante. En s’ouvrant aux services spéciaux égyptiens sur les dangers que représentaient les Kabyles pour la nation arabe, Ben Bella ne faisait pas que jouer pour éliminer des adversaires politiques. Il était sincère. En disant que la Révolution algérienne ne dépendait ni du Caire ni de Moscou ni de Londres, Abane projetait un destin algérien qui dérangeait autant les Français que les Egyptiens. L’aide de Bourguiba, acquis à l’émancipation du sous-continent nord-africain, ne pouvait suffire devant la convergence objective des intérêts géostratégiques du Caire et de Paris. Proche de Nacer et bien connu des Français qui l’avaient testé comme soldat et détenu, Ben Bella représentait un bon compromis pour les deux puissances contre une entité algérienne forte et autonome. L’antikabylisme est moins préoccupant dans ce qu’il occasionne comme dommage à une région que dans ce qu’il révèle comme refus ou perte de confiance dans la construction d’un destin national solidaire et démocratique. La question de la femme et celle de l’antikabylisme sont les deux voyants dont il faut surveiller les évolutions sur le tableau de bord politique de la nation. Tant que l’on esquive ces deux tabous, l’Algérie vivra dans la mutilation civique et l’incertitude nationale. La perte de la citoyenneté sera compensée par la misogynie et le régionalisme étouffant la régionalisation ouvrira la porte à d’autres tutelles qui déposséderont notre peuple de sa souveraineté.
    L’Histoire et la morale
    M. Ould Kablia me reconnaît le droit de ne pas avoir d’atomes crochus avec Boumediène mais il m’invite à ne pas mêler Boussouf aux turpitudes algériennes, ce dernier ayant quitté volontairement le pouvoir à la veille de l’indépendance dès lors «qu’il a vu les inclinations des nouvelles alliances à s’orienter vers un pouvoir autoritaire d’exclusion et de déni des principes ». Un autre intervenant du sérail me proposait un deal rigoureusement inverse : pour lui, il fallait doper Boumediène et enfoncer Boussouf. A titre personnel, je n’ai jamais confondu les genres. Je n’ai aucun problème ni avec Boussouf ni avec Boumediène ni, d’ailleurs, avec M. Ould Kablia. Mais je ne suis pas partie prenante de ce bazar historique où chacun fait son marché selon ses appétits et ses humeurs. La chose est historiquement établie: Boumediène est une création du patron du MALG. Le fait que le colonel de l’armée des frontières se soit fait les dents sur son tuteur est un classique dans les pouvoirs nés dans l’opacité et la violence. Boussouf avait une conception policière du pouvoir, Boumediène était partisan de l’arbitraire militaire. Au final, nous avons eu les deux. Le grand perdant est le citoyen, c'est-à-dire l’Algérie. On l’observe aujourd’hui même. Une certaine tendance se dessine en faveur de la conception policière dans la gestion de la cité algérienne. Y a-t-il pour autant plus de liberté, de progrès ou de justice dans notre pays ? Au fond, le maquillage importe peu. Par définition, l’abus ignore la loi. Les amateurs et bénéficiaires de l’autoritarisme qui peuvent se disputer les avantages du pouvoir ne voudront jamais faire de la citoyenneté l’arbitre de la vie publique. M. Ould Kablia, qui donne l’impression de vouloir valoriser une certaine aristocratie policière au détriment de la plèbe militaire, partage avec ses frères ennemis la même conception du pouvoir. Il intervient sur un livre qui commence par interpeller la nation sur une indignité politique et une faute morale commises en son nom. Il n’a pas soufflé mot sur la séquestration des ossements de deux héros de la guerre, crime symbolique qui hantera longtemps nos consciences. L’histoire de l’Algérie fut, comme celle de tant de révolutions, dure, violente et quelquefois injuste. Je ne serai pas avec les analystes plus ou moins «parfumés » qui jugent, décrètent et condamnent avec d’autant plus d’arrogance qu’ils sont loin du pays et qu’ils s’occupent à élaborer des mises en scène pour complaire à leur galerie d’accueil ; je serai toujours avec celles et ceux qui ne veulent pas que des erreurs ou des fautes commises pendant la guerre où rien ne se déroula comme prévu et rien ne se termina comme souhaité, se reproduisent en temps de paix. Pour cela, la vérité est un impératif.
    Saïd Sadi