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  • Elections en Algérie : mascarade par excellence

     

    Par Le Matin DZ |
     

    Ça y est, c’est parti pour une énième mascarade électorale. Les élections locales du 29 novembre prochain se préparent comme les précédentes : dans le bricolage caractérisé des partis, dans l’opportunisme démesuré des candidats et dans l’indifférence totale de la population.

    Daho Ould Kablia, le ministre de l'Intérieur

    En effet les listes de la honte, dont le délai imparti à leur dépôt a expiré le 11 octobre dernier, sont confectionnées dans une ambiance de mécontentement, de contestation et de cacophonie. A ce désordre s’ajoute évidemment la contrainte de la représentation féminine qui doit être au moins de 30% sur chaque liste. Et depuis que le militantisme féminin se décrète, la femme se trouve au centre des sollicitations. Car, sans ce sésame féminin, la liste est systématiquement rejetée par l’administration.

    Une administration zélée qui représente un gouvernement renégat qui lui, dans sa version Sellal, n’a pas respecté cette loi de la représentation féminine. Pourtant cet intérêt porté à la présence de la femme dans les institutions de l’Etat, est annoncé tambours battants dans le cadre des soit disant réformes présidentielles déclenchées suite aux événements de janvier 2011. A moins que le gouvernement n’est pas considéré comme une institution d’Etat mais comme un club privé. En effet, l’actuelle équipe gouvernementale ne compte que 2 femmes, bien que la chambre basse du parlement en compte 146 députées.

    Mais il s’avère que cette mesure vise plus à pervertir l’acte politique qu’à se soucier de la participation de la femme dans la gestion des affaires publiques. D’ailleurs, plusieurs femmes sans le vouloir ni le désirer se retrouvent à la présente APN avec un parcours et une formations politiques nuls. Pis, sans militantisme ni conviction, elle devient la façade d’un acte pervers dont les concepteurs visent plus à la ridiculiser. En guise de reconnaissance pour ce 30% empoisonné, les femmes députées auront toujours la main levée pour faire passer toutes les lois.

    Le militantisme ne se décrète pas et pour la femme et pour l’homme. L’acte de militer est porté par la force de la conviction. Aussi prétendre représenter le peuple en étant son élu, c’est devenir de fait, un homme politique. Mais, La chkara, la cooptation, l’allégeance ne font pas l’homme politique. Elles façonnent uniquement un servile qui court derrière ses intérêts et ceux de ses maitres. Un flatteur qui caresse dans le sens des poils, quitte à vendre principes et convictions. Il est encore un transfuge qui change de partis et de positions à chaque échéance ou occasion. Il est la veille de droite, la matinée de gauche. Il est islamiste pour les législatives et devient nationaliste ou démocrate pour les locales. Il est trotskiste ou socialiste lors d’un scrutin et devient libérale ou capitaliste lors du prochain vote. Il est opposant et souteneur au même temps.

    Pis, il est un opportuniste qui marchande sa candidature, un escroc qui implique des aliénés et des malades mentaux, un trabendiste qui vend des accréditations ou des détachements et dernièrement, un pervers qui embarque la femme dans la chose qu’elle maitrise le moins. La politique, la vraie bien évidemment, lui importe peu. C’est l’argent derrière lequel il court, qui le motive, l’incite et le pousse. Quant à la gestion de la cité, c’est son dernier souci. Il s’affiche le temps que dure une échéance électorale, prend ce qu’il gagne et s’éclipse pour revenir au prochain rendez-vous avec les mêmes armes et les mêmes bagages pour remporter le même butin.

    Il pullule les partis, qu’ils soient de grosse pointures ou de petites tailles, qu’ils soient de tendances "pouvoiriste", islamiste ou démocrate. Les partis acceptent alors et encouragent l’acte caricatural de la politique. Le chiffre compte pour s’imaginer implanter partout, même s’il est gonflé par la présence de ces opportunistes sans loi ni foi. Pourtant, ce n’est pas une honte de bien se regarder dans la glace. Les partis politiques sont ainsi manipulés par le pouvoir qui les fait participer à des mascarades électorales qu’il organise suivant les règles qu’il fixe. Ils sont là, ces partis, pour cautionner et donner une façade démocratique à la caste la plus autocratique qu’a connu le pays. La caste, elle, ne reconnait aucune loi, y compris celle de la représentation féminine.

    Zoubir Zerarga

  • L’Algérie ou l'impossible transition politique

     

    Par Le Matin DZ |

    Le chapitre des législatives semble clos sans qu’il donne lieu ne serait-ce qu’à un début de changement.

    Sans changement, Daho Ould Kablia invite les Algériens à la prochaine élections

    Le gouvernement provisoire de sa majesté le Président de la République s’attèle d'ors et déjà à préparer des élections de renouvellement des institutions locales. Les partis politiques qui avaient crié à la fraude électorale y prendront part bien que les conditions légales de leurs organisations soient les mêmes que celles qui ont présidé aux législatives. Avec ceci de particulier, le seuil éliminatoire est revu à la hausse de deux points supplémentaires.  

    Si les mêmes causes conduisent inéluctablement aux mêmes effets ; les mêmes conditions ne conduiraient-elles pas aux mêmes résultats ?

    Depuis octobre 1988, les Algériennes et les Algériens ont participé à 14 élections dont 5 présidentielles, 5 législatives dont une avortée et 4 élections locales sans compter les consultations référendaires et le vote des lois fondamentales.

    Pendant ce temps, nous aurons tout connu : Annulation des élections, dissolution des Assemblées locales, assassinat de Mohamed Boudiaf, mort de centaines d’Algériennes et d’Algériens, destruction du tissu industriel du fait de la politique de réajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international et des actes terroristes qui avaient visé toutes ces unités publiques qui employaient des centaines de milliers de travailleurs.

    Sur le plan international, l’Europe de l’Est a vu le Mur de la honte s'effondrer sous la pression de l’élan démocratique des Allemands, les dictatures les plus sanguinaires et les plus policées s’écrouler jusqu’à même l’empire soviétique qui leur avait donné naissance. Le Moyen-Orient a connu deux guerres qui ont fini par l’occupation de l’Irak, la destitution et le jugement de Saddam, la fin de la guerre civile au Liban suites aux accords de Taif, l’émergence de l’Iran, la chute de Najibullah en Afghanistan, la chute des Talibans qui l’avaient chassé, la défaite d’Israël au Sud Liban, la partition du Soudan, la chute de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi …

    Notre régime récalcitrant a prouvé au monde qu’il a une capacité de régénérescence que lui envient toutes les dictatures du monde. La rente des hydrocarbures aidant, il a réussi à s’offrir une paix sociale en dépit des grèves et protestations endémiques.

    Depuis les législatives de mai dernier, le pays plane sans pilote au milieu des turbulences que connaît le monde depuis les tempêtes qui ont tout balayé devant elles. 

    Qu'importe ! Les citoyens participeront aux élections locales, les partis politiques également, dans le même cadre législatif et réglementaire et sous le contrôle de la même Administration et avec les mêmes pratiques. Nous reconduirons le système pour une autre mandature et nous continuerons à crier à la fraude, à la corruption et à la mauvaise gouvernance.

    Abdelaziz Djeffal

  • Deux grands perdants de ces élections : Bouteflika et le FFS.

     

    Commentaire d’Addi Lahouari à la « lettre à Hocine Aït Ahmed » de Saïd Radjef

    Bonjour Said,

    Très belle lettre, belle analyse. Il a été difficile en effet aux démocrates de critiquer le FFS en raison de la ligne qu’il a défendue depuis 1963 et aussi du respect qu’a la population algérienne d’Est en Ouest pour Aït Ahmed.
    Mais revenons à ces élections et à leurs résultats où il y a eu deux grands perdants: Bouteflika et le FFS.

    1. Le plus grand perdant de ces élections, c’est Bouteflika. Il me semble qu’il y a un courant dans l’armée qui veut que le scénario égyptien se produise en Algérie pour sortir le pays des conséquences de l’annulation des élections de décembre 1992. L’armée veut se racheter du coup d’Etat de janvier 1992 et être du côté de la population. Elle espère et attend un soulèvement que craint Bouteflika parce qu’il en serait la principale victime. Bouteflika tablait sur des résultats favorables aux islamistes, ce qui donnerait une Assemblée nationale similaire à celle de l’Egypte ou de la Tunisie d’aujourd’hui, ce qui ferait l’économie d’un soulèvement. Les militaires ne l’entendent pas de cette oreille. Ils veulent un soulèvement et pour cela ils ont fait élire le FLN pour exaspérer les jeunes et démentir Bouteflika qui parlait d’un véritable changement à la dimension de celui du 1er Novembre 1954. Les militaires ont fait apparaître Bouteflika comme un menteur. La leçon à retenir est que Bouteflika n’a aucune prise sur l’administration qui s’avère être contrôlée par le DRS. Ould kablia est fidèle à Bouteflika mais il obéit aux ordres du DRS qui a réparti les quotas. En Algérie, c’est toujours le pouvoir réel qui a le dernier mot.
    Je ne dirais pas que les islamistes sont des perdants parce ces islamistes de Boujerra et de Menasra sont les islamistes du régime et ils sont prêts à n’importe quelle mission que leur confie le régime.

    2. Le deuxième perdant, et cela fait mal pour tous les démocrates, c’est le FFS qui est ramené par le DRS à la taille du PT. De mon point de vue, soit le FFS se retire de cette fausse Assemblée nationale soit il se discrédite complètement. Le FFS ne pouvait que perdre dans des élections où les conditions politiques ni en amont (l’offre électorale) ni en aval (le déroulement et les procédures) ne sont réunies pour un scrutin représentatif des vrais courants politiques de la société et de leurs poids respectifs. Il faut que le FFS se retire pour préserver son image car il va y avoir du nouveau. Le régime algérien est usé et l’Algérie a besoin d’un régime nouveau. C’est ce que pensent des militaires qui n’attendent que le soulèvement pour effacer le coup d’Etat de 1992.

    Lahouari Addi

  • Participation du FFS aux prochaines élections : Normalisation du champ politique et neutralisation de la société civile



    Kaddour CHOUICHA

    lanation.info
    Mardi 20 Mars 2012

    Ce qui n’était qu’une hypothèse vient de se concrétiser, le FFS participera aux élections législatives.

    La teneur des deux derniers écrits de son président ainsi que le texte final adopté par son Conseil national indiquent nettement qu’il a été très difficile de concilier cette décision avec l’image qu’a entretenue le FFS, les mises en garde sévères du FFS envers qui s’aviserait de critiquer cette décision n’en sont qu’une illustration. Pourtant on ne peut oublier les remarques et critiques lancés par le FFS à tous ceux qui, à un moment ou un autre, ont adopté la même démarche.

    S’agissant d’une décision très importante qui touche la sphère politique et non privée, il faut bien que les cadres du FFS acceptent le débat, qui n’a rien à voir avec l’invective, sans que cela soit considéré comme du lèse majesté.

    Il me faut avouer ici que je viens de trouver une réponse, certes tardive, sur un comportement qui m’était apparu comme fort étrange sinon inexplicable. En effet pour avoir été, avec d’autres camarades, les initiateurs de l’appel qui a mené à la naissance de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD), il m’était apparu incompréhensible que l’ex secrétaire général du FFS puisse dans un premier temps affirmer que derrière tout cela il y a le DRS (heureusement que nous n’étions que trois au départ) puis dans un deuxième temps affirmer que les marches et rassemblement ne servent à rien « nous avons usé tellement de semelles » a été la métaphore utilisée dans une interview au quotidien El Khabar puis dans un deuxième temps affirmer à travers une interview au quotidien El Chourouk que « les organisations syndicales feraient mieux de s’occuper des problèmes de leur adhérents et de laisser la politique aux concernés ». On notera que le FFS a tout de même profité de la dynamique en tenant un meeting, certes réussi, à la salle El Atlas pour dire à ceux et celles qui espéraient le voir reprendre le terrain des luttes « circulez y a rien à voir ».

    La suite des évènements semble donner raison au FFS et à ceux qui considéraient que nous n’étions que des rigolos, sinon des vendus, mais nous n’avions pas pour leitmotiv le célèbre « Dégage » adressé au régime mais un « bouge-toi » adressé aux citoyens, que l’on retrouve actuellement dans les arguments du FFS sous la forme de « remettre du mouvement dans le statu quo ». Et il faut bien constater que la dynamique créée persiste malgré la séparation de la CNCD au niveau d’Alger alors que celle d’Oran reste groupée autour d’un noyau après que l’assassinat du militant Kerroumi ait jeté l’effroi au sein d’un grand nombre de citoyens.

    Si le FFS est d’abord comptable devant ses adhérents, il doit accepter que les citoyens de notre pays, devant lesquels tous les partis comptent se présenter, débattent de ses positions.
    A cet égard nous voyons la participation du FFS aboutir à plusieurs résultats :

    -En premier lieu une entrée d’argent car il en faut pour faire bouger un parti
    -Une aspiration de nouveaux éléments qui seront, pour la plupart, loin de l’esprit FFS quelque soient les précautions prises, l’attrait de la mangeoire vaut bien des compromissions pour beaucoup de prétendants. Cet apport d’éléments n’est pas sans impliquer une dilution de ce qu’est l’esprit FFS (l’expérience des partis ayant suivi la même trajectoire est là pour le prouver).
    -Une remobilisation des militants avec un éloignement même momentané et certes douloureux, des éléments pour qui la décision de participation est pour le moins contraire à l’éthique du FFS et je suis loin de me réjouir de cela.
    -La participation au maquillage soigné du régime car des députés « bagarreurs » ne donneront que plus de charme et d’attrait à cette démocratie particulière tant adorée par le régime.
    -La participation à la fragilisation de l’esprit de résistance que l’on retrouve chez beaucoup de militants, même ceux n’ayant pas fait un bout de chemin avec le FFS
    -La participation à la fragilisation de la société civile car il est sûr que pour être présent dans un nombre de Wilayas suffisant, le FFS comptera sur les animateurs de la société civile. La tentation que représente le poste de député ne manquera pas de vider la société civile car « si le FFS le fait pourquoi pas nous ? » diront beaucoup d’entre eux.

    D’ailleurs cette fragilisation se décline suivant plusieurs versants puisque le premier a été la promulgation de la nouvelle loi sur les associations qui sera sûrement suivi par la promulgation du code du travail qui est sûrement finalisé mais qui attend le moment propice pour apporter un verrouillage supplémentaire au sein du champ syndical.

    Pour l’observateur attentif, le processus de fragilisation est déjà bien lancé puisque les accusations de financement extérieur sont lancées par les porte-voix du régime. La LADDH dont le Conseil National a refusé la proposition de prise en charge de l’observation des élections pour accorder plus de légitimité verra la pression croître pour raison de défaut d’alignement, même les organisations syndicales seront mises sous pression pour, parait-il, avoir été financées par l’organisation Américaine SOLIDARITY Center qui active dans le champ syndical. Les portes-voix oublient juste de dire que cette organisation est à titre officiel en Algérie et qu’elle a été invitée par l’UGTA pour mettre en œuvre des actions de formation, alors l’UGTA a-t-elle été financée et est-elle membre de la CNCD (il suffit d’interroger le site de Solidarity Center pour apprendre que l’activité essentielle de cet organisme est dirigée vers l’UGTA et qu’ensuite viennent les syndicats autonomes). Il est vrai que le régime Algérien accorde à ces organisations la possibilité d’activer en Algérie et cela pour soigner son image de marque mais en même temps refuse d’accorder une accréditation officielle se donnant ainsi la possibilité de faire réagir ses portes voix pour crier à la trahison.

    De plus si chaque personne a le droit de vivre là où il lui sied, il est tout de même déplacé que l’auteur du livre, qui tombe à point par hasard, « Arabesque Américaine » qui vit dans un autre pays, se permette de dénigrer Fodil BOUMALA (avec qui tout un chacun peut ne pas être d’accord) en l’accusant d’être financé par les étrangers (un traitre quoi !) parce qu’il a fait un déplacement aux Etats-Unis. Dans le même ordre d’idée ,il est tout de même heureux que la presse Algérienne ait noté que la responsable Américaine aux affaires étrangères ait tenu à présenter « sa » société civile Algérienne sans que notre personnel politique et leur porte-voix ne crient à la traitrise eux qui la jouent chatouilleux sur la question du « nationalisme ».

    Le régime Algérien pense avoir terminé la normalisation du champ politique et dirigera plus d’attention vers la société civile car il sait que la véritable opposition se trouve dans l’union des acteurs du champ politique avec ceux animant la société civile. La CNCD ne fût qu’une première expérience qui montre tout le potentiel qui existe, car qu’on le veuille ou non, je ne pense pas que le changement dans notre pays se fera par épuisement malthusien de l’actuel pouvoir ou par l’alternance acceptée qu’elle soit peu ou prou négociée. Le changement se fera quand la population décidera de sortir dans plusieurs villes pour se réapproprier le pays, plus nous serons nombreux à construire ce moment moins il en coûtera au pays et surtout à sa population.

    Ce moment nécessite l’union de toutes celles et de tous ceux qui veulent le changement réel mais auparavant nous devons prendre le temps de construire les compromis nécessaires car la fracture qui remonte aux années 90 (éradicateur-réconciliateur) continue de peser de tout son poids sur la construction d’un front commun. Quand à l’éventualité d’une intervention étrangère qui pointerait à l’horizon elle est bien réelle puisque le régime Algérien travaille depuis plusieurs années à désarmer intellectuellement et politiquement la population Algérienne (ceci sans parler de l’état désastreux au niveau socio-économique) et à gérer le pays avec une violence telle qu’une frange de la population arrivera à la conclusion qu’il vaut mieux se débarrasser des autorités quelque soit la solution.

    Seule une alternative politique plurielle mais unie pourra nous débarrasser des uns (poursuite de la dictature) et des autres (remodelage du pays pour asservir sous une autre forme leur appétit).

    Pour avoir participé avec d’autres à l’activité de la CNCD, pour avoir pu débattre même avec ceux qui étaient contre il me semble que nous sommes en train de construire ce moment. A ce titre personne n’a le droit d’insulter l’avenir en créant et en alimentant d’autres ruptures au sein de ceux et de celles qui partagent la fidélité à celles et à ceux qui se sont sacrifiés pour le pays, pour sa liberté et pour la liberté dans la dignité et la justice sociale.

    Kaddour CHOUICHA militant syndical

  • Ouyahia-Belkhadem, un même combat : l’idéologie de la rente

     

     

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    Les deux compères : Belkhadem-Ouyahia

    "Un roi fit venir un économiste. Celui-ci arriva avec une encyclopédie en 18 volumes ; le roi le fit mettre à mort. Le second arriva avec un gros dictionnaire ; le roi le chassa. Un troisième vint et dit : "Sire, un repas gratuit, cela n'existe pas" ; le roi le nomma premier ministre." Milton Friedman

    Il n’existe pas un homme politique au monde qui accepte d’être à la tête d’un honorable gouvernement quand il se sait faisant parti d’une formation ayant obtenu aux dernières consultations législatives moins de la moitié de la totalité d’un principal rival. Encore moins un Etat digne possédant à ses commandes un illuminé qui désigne un adjoint pour le soutenir dans une faction perdante au cours d’un grand vote populaire.

    Après 136 sièges glanés dans les élections de 2007, le FLN se voit confier le rôle de la chefferie du gouvernement et c’est le ne-rate-rien de Belkhadem qui sera Premier ministre. Mais le président de la République qui dispose d’une Constitution à la Merlin-Pinpin le zigouille une année après pour mettre à sa place le leader de la formation qui a obtenu 61 sièges, en l’occurrence Ahmed Ouyahia. Ça se raconte, la blague, que les deux partis, avec le MSP de Soltani, le nahnahien, se regroupent en "alliance présidentielle" afin de laisser accroire aux populations, habituées au banditisme de l’urne et à tous les fourbis au sommet, qu’une majorité forte et intelligente encadre le chef de l’Etat dans ses gesticulations médiatico-administratives, au demeurant fort oiseuses.  

    Régenter par l’absurde

    Toutefois le commun du réflexe de moralité, d’un côté comme de l’autre, c’est-à-dire du point de vue de la Présidence et de l’avis de la formation du RND, la plus simple et juste courtoisie était que le successeur du secrétaire général du FLN à la tête du gouvernement soit un cadre de ce parti. Au moins, zâama, pour que l’opinion qui veut se faire la corvée de suivre le gigotement des dirigeants algériens pour donner l’impression d’être utile à leur pays, parvienne à dessiner des contours de rationalité dans l’intelligence globale qui doit normalement unir et déterminer ces trois partis, au demeurant dérobés dans les multiples interfaces de l’Administration, des armes et de la mosquée.

    Quand l’idée même de désigner le chauffeur de Belkhadem à sa place au poste de numéro deux de l’Etat ou qu’Ouyahia cède demain sa fonction à son coiffeur n’étonne ni n’intéresse désormais outre mesure les citoyens sains d’esprit de ce pays ; parce qu’ils n’ignorent finalement plus que leurs concitoyens qui s’acoquinent dans les relations de pouvoir finissent avant la sénilité par croire eux-mêmes à leurs conceptions paranoïaques de leur pays, d’abord que l’Algérie est une jolie poubelle chargée d’intéressants vestiges de denrées à ramasser face à laquelle il suffit juste d’avoir des mains prédestinées et le teint de visage à l’épreuve de toutes les formes d’irradiation pour s’en servir.

    De l’origine du mal

    Ce n’est par le combat politique dans le sens d’une passion sociale pour une cause claire et précise que les deux compères, le chef du RND et le patron du FLN – je ne sais pas pourquoi je suis vraiment triste d’être chaque fois obligé d’écrire ces trois glorieuses lettres pour parler de cette ubiquité associative qui porte atteinte à la dignité des habitants de ce pays qui ne tardera pas par parvenir à dégoûter les purs nationalistes de tous les noms de martyrs de la planète - sont arrivés dans les rênes du pouvoir comme on expliquerait classiquement qu’un socialiste sacrifie-t-il sa jeunesse pour faire valoir, par exemple, des lois et des textes d’application dans son environnement patriotique pour de grosses taxes sur les fortunes et le bénévolat dans l’exercice parlementaire, pour la promotion du mouvement syndical libre et autonome et le droit au travail et à la formation pour la jeunesse.

    Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem ont rencontré Larbi Belkheir, l’"entrepreneur" de l’après-Boumediene, chacun dans son petit coin ; nationaux  natifs quasi lambda vaquant normalement à leur métier d’anodins citoyens, le premier arrivé par hasard à la Présidence pour accomplir son service militaire à titre civil, diplômé de l’Ena, le second dans un lycée de Tiaret enseignant puis gérant, dans lequel gravitait une espèce d’aura familiale respirant l’odeur du colossal cacique frendi. Et ensuite, le régime algérien marchant sur la tête au lieu de l’intérieur qui réussit à mettre les aventuriers et les opportunistes au-devant des scènes d’intérêt matériel, comme - c’est prouvé – les imams laissent faire les gros spéculateurs de lucre qui s’installent derrière eux pour les prières, l’un et l’autre, donc,  se retrouvent-ils côte à côte pour servir un programme présidentiel dont je défie le plus érudit dans notre cher pays de nous dire lequel, autrement dit sur quelle perspective d’humanité claire il est possible de l’esquisser.

    Alger entre le Hidjaz et la tour Eiffel

    Ouyahia éradicateur ? Où, quand et comment s’est-il donc habillé en combat pour affronter la menace armée ? Les citoyens ont vu plutôt Abdelhak Benhamouda le faire bien avant d’inventer le Rassemblement national démocratique raflé au vol juste après sa mort par une bureaucratie discursive dont faisait partie l’actuel chef du gouvernement. Belkhadem wahhabo-zaouiiste, sentant les frappes de Liamine Zeroual sérieusement porteuses, se rallie du côté des forts toutefois un talent complet calé sur la carpette. Mais tel un prédateur devinant l’approche d’une proie, il subodore un compromis à la sollicitation de Liamine Zeroual et il se met à orchestrer une manipulation unique en son genre dont l’intègre Ali Benflis paiera les frais. Il récupère Sant'Egidio au sein même des mouvances dans le parti de Abdelhamid Mehri. A l’arrivée de Bouteflika, il comprend la danse qui consistera à dédramatiser coûte que coûte, tant sait-il que les islamistes les plus pernicieux et les plus riches sont dans sa formation.

    Pour dire les choses plus clairement, c’est justement cette "alliance présidentielle-là" que Liamine Zeroual refusait en démissionnant. Il était intéressé par les consultations mais il ne voulait pas d’une action nationale, un pied à Athènes un autre à Spartes, c’est-à-dire un Etat qui ne sort de la tourmente que grâce à la bénédiction de Riyad et de Paris.

    Ce n’est pas le cas pour les larrons en foire, Belkhadem et Ouyahia, le couple du nec plus ultra de l’idéologie de la rente. Qui officieraient avec n’importe quel chef d’Etat qui ne perd pas de vue qu’ils sont de la servitude la plus abjecte, capable de graves actions antinationales n’étonnant pas que l’après mai 2012 ferait de ce pays  une nouvelle pauvre Algérie, franco-saoudienne, qui achète et dépense dans la langue de Molière et prie et prêche dans celle de Mohamed Abdou, le crooner.

    Nadir Bacha

  • Bras de fer DRS-présidence pour le contrôle des élections

     

    Par
     
     Le président s'entendra-t-il avec les Renseignements pour mener les élections comme il le souhaite ?

     

    Le bras de fer continue entre la présidence et le DRS pour le contrôle des prochaines élections se fait de plus en plus manifeste.

    Après l'épisode du retard de l'ouverture de l'Année judiciaire, dû au conflit d'autorité à propos de changements à la tête de la Cour suprême, voulus par Bouteflika, voici maintenant que le DRS veut faire remplacer le président du Conseil constitutionnel, Boualem Bessaïah, proche du clan présidentiel, arrivé au terme de son mandat.

    Les deux dirigeants de la Cour, nommés en octobre 2006, soit depuis 5 ans (le président de la Cour, Kaddour Berradja, et le procureur général, Mohamed Guettouche) sont des hommes du DRS et contrôlent toutes les Cours et tribunaux, chargés de superviser les élections. Ils sont plus puissants que le ministre de la Justice, Belaid Belaïz, proche de Bouteflika. Quant au Conseil constitutionnel, c'est lui qui validera les résultats.

    Le lancement de l'artillerie médiatique implique qu'il va être remplacé incessamment sous peu. Cela veut dire que les résultats des élections seront triturés selon les désirs du pouvoir, soit par le clan d'Oujda de Bouteflika soit par le clan du DRS, ou les deux à la fois comme d'habitude.

    Rappelons à titre d'exemple qu'au Maroc, les mêmes institutions ont repêché le parti Istiqlal. A la première annonce des résultats, il était crédité d'une trentaine de sièges. Et à l'annonce finale, il se voit attribuer 60 sièges (?)

    L'enjeu du prochain scrutin n'est pas le score des islamistes, pratiquement acquis, mais ceux du FLN et FFS, et l'enterrement du RND, voulu par Bouteflika, mais refusé par le DRS qui le contrôle à 100%.

     

    Saad Lounès