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  • Dégradation de la situation sociale

     

  • Lu dans la presse étrangère

    Assassinat de Ali Tounsi : Lu dans la presse étrangère

    par Yazid Alilat, Le Quotidien d'Oran, 27 février 2010

    L'assassinat de Ali Tounsi a été largement repris par la presse internationale, qui s'interrogeait sur les circonstances politiques dans lesquelles est intervenu ce terrible événement. Autant dans la presse francophone qu'anglophone, la mort subite de celui qui a réorganisé la police nationale et l'a modernisé, a été largement commentée.

    Le Wall Street Journal, la Bible des milieux de la finance internationale, rapporte l'assassinat de M.Tounsi, tout en mettant en exergue les circonstances dans lesquelles est intervenu son assassinat, notamment avec le scandale qui éclabousse Sonatrach. La presse française n'est pas en reste, et a réservé de larges espaces à la disparition d'un homme qui a été le héros de la lutte antiterroriste», et qui s'est employé à faire de la police la cheville ouvrière de la lutte contre le terrorisme, notamment dans les zones urbaines». Sous sa houlette, précisent plusieurs titres de la presse française, la police algérienne a mis en place un important dispositif de sécurisation de la capitale et de ses environs après les attentats suicides perpétrés à l'aide de voitures piégées à Alger en avril et décembre 2007 par la branche maghrébine d'Al Qaida». La capitale, qui n'a pas enregistré d'attentat islamiste depuis plus de deux ans, compte environ 3,5 millions d'habitants. Le chef de la police prévoyait de porter les effectifs de ses forces à 200.000 à fin 2010 contre 140.000 fin 2007, et la police compte quelque 9.000 femmes, soit 7,8 % des effectifs», relève la presse de l'Hexagone. Crise de démence ou règlement de comptes, les tensions se multiplient au sommet du pouvoir», titre Le Figaro, journal des milieux financiers et de la droite française. Le Figaro, qui reprend le communiqué officiel du ministère de l'intérieur, relève que durant sa longue carrière, Ali Tounsi ne s'est pas fait que des amis. Personnage aussi puissant que controversé, cet ancien officier de la Sécurité militaire s'est retrouvé maintes fois au centre des jeux d'influence du pouvoir algérien. En septembre 2009, il confiait à des journalistes que ses services, éclaboussés par des scandales de corruption et des bavures à répétition, étaient la cible d'une conspiration». Et, ajoute le même quotidien, paradoxalement, cet homme de l'ombre avait manifesté une volonté de transparence peu commune, qui jurait avec la traditionnelle langue de bois. Alors que le discours officiel minimisait l'importance du terrorisme résiduel au nom de la réconciliation nationale, il n'hésitait pas à jouer les trouble-fête en appelant à la vigilance contre la bête immonde». «Depuis quelques mois, ses démêlés avec le ministre de l'Intérieur», Yazid Zerhouni, son ancien camarade des services dans les années 1970, s'étalaient dans la presse. Au-delà des susceptibilités de préséance, les deux hommes étaient, dit-on, à couteaux tirés pour le contrôle réel de la police. Un corps dont les effectifs sont passés de 120 000 éléments en 2005 à 200 000 en 2009, avec un taux appréciable de féminisation, malgré les pesanteurs de l'intégrisme et des traditions. Depuis que le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) s'est attaqué aux «hommes du président» impliqués dans des affaires de corruption, notamment les dirigeants de Sonatrach incarcérés ou placés sous contrôle judiciaire, les salons algérois bruissent de rumeurs sur une fracture au sommet de l'État. Yazid Zerhouni joue pour le camp du président Bouteflika, alors qu'Ali Tounsi est resté fidèle au général Tewfik Médiène, patron du DRS», poursuit encore Le Figaro qui estime que l'assassinat du chef de la police, sur fond de crise latente dans le sérail, pourrait annoncer d'autres secousses». Pour le Journal du Dimanche (JDD), le climat n'était pas au beau fixe entre (Ali Tounsi et son assassin). Une querelle avait apparemment déjà opposé Ali Tounsi et son agresseur. Jeudi, «l'homme n'était pas content, il a sorti son pistolet et a tiré», selon des témoignages anonymes que reprend JDD. Des policiers présents sur les lieux de la fusillade ont tenté de riposter. Sans succès. Un important dispositif de sécurité a été mis en place autour du siège de la police.» Toute la presse française, qui a réservé une large place à la mort de Ali Tounsi, revient également sur les mobiles de son assassinat, en reprenant des informations données par la presse algérienne. Pour Le Nouvel Observateur, plusieurs journaux ont indiqué jeudi qu'une enquête ordonnée récemment par Ali Tounsi sur des contrats passés avec des fournisseurs de pièces de rechange d'hélicoptères et de matériels informatique avait révélé l'implication de l'auteur de cet assassinat dans «des transactions douteuses». «L'auteur des coups de feu n'a pas accepté les conclusions de cette enquête et n'était pas prêt à se soumettre à une quelconque sanction administrative ou à faire l'objet de poursuites judiciaires. Il est passé à l'acte après avoir eu vent de son prochain limogeage». Bref, l'assassinat du Directeur général de la Sûreté Nationale constitue l'un des sujets les plus abordés jeudi et vendredi par la presse internationale, arabe et française notamment qui s'interrogeaient sur les grilles de lectures à donner à ce meurtre, au moment où des enquêtes sur des soupçons de corruption sont menées par les services de sécurité.

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    Violations des droits humains > Répression

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    Répression

     

  • PLONGÉE AU CŒUR DE LA RELATION ALGÉRO-FRANÇAISE Paris-Alger : comment Ça va ?



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    Par : Mounir Boudjema, Liberté, 25 février 2010

    Lundi, 9h30. Six journalistes algériens débarquent au Quai d’Orsay, le sanctuaire de la diplomatie française. L’objet de la mission est de s’enquérir de la relation algéro-française qui peut se résumer actuellement à la température polaire qui règne à Paris. À l’entrée, on découvre que le plan Vigipirate est passé au rouge, mais les contrôles ne sont pas zélés. À peine un scanner, même pas corporel, pas de quoi provoquer un scandale diplomatique matinal.

    Le long du couloir, une exposition photos rappelle le drame en… Haïti. Les visages héroïques des sauveteurs français ou l’autre manière de faire de la diplomatie. Haïti. Un drame planétaire qui mobilise “la maison” de Bernard Kouchner qui a donné au Quai des accents d’ONG interventionniste. Kouchner, celui qu’Alger a toujours regardé avec méfiance du fait de son appartenance à la famille socialiste et son invariable droit d’ingérence. Bernard Kouchner que nos consœurs de l’Expression et d’El Watan ne cessent de réclamer. “Vous savez, il est trop occupé actuellement”, leur répond-on poliment.

    Ziani au Quai d’Orsay ?
    Premier passage obligé, les porte-parole. Ceux qui portent le message de la diplomatie française. Romain Nadal est le sous-directeur de la presse. Petit bouc poivre et sel, lunettes cerclées, aux manières chirurgicales. Il nous explique la façon de communiquer du Quai d’Orsay avec les points de presse électroniques, les communiqués en plusieurs langues et les réactions en temps réel. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu une pensée émue pour Mourad Medelci, notre MAE, dont la communication se rapproche davantage de l’huître que de la diplomatie. Mes pensées sont interrompues par l’entrée en matière sympathique de M. Nadal : “J’ai été dans un café où il y avait un poster de l’équipe algérienne sur le mur. Et savez-vous quoi ? Ils m’ont dit que je ressemblais à un joueur algérien de votre équipe nationale.”
    Cette réflexion attire comme un sourire attristé à mes confrères qui semblaient accablés qu’on leur parle football et autre Saâdane en ce lieu si lointain de Khartoum. J’étais tout aussi effondré surtout que je ne voyais pas réellement à qui pouvait bien ressembler le monsieur. Peut-être à Ziani… par la taille. Bref, l’échange était du même acabit avec des “communicants” qui font bien leur travail, mais qui semblaient tellement loin de ce qui nous préoccupait. À savoir : comment cela va-t-il entre Paris et Alger ?

    L’UPM : “le machin” de Sarkozy
    Après cette réunion sans grand intérêt, on débarque à la mission interministérielle de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Les deux diplomates français qui occupent le lieu ont la lourde tâche de rendre le fantasme de Nicolas Sarkozy une réalité. L’édifice qui fait face à l’Élysée, précisément face au jardin où Sarkozy fait semblant de faire son jogging chaque matin, est majestueux avec sa pierre d’Aix, ses lignes parfaites et ses murs qui semblent résister au temps. L’endroit était, jusqu’à récemment, le lieu de résidence des chefs d’État étrangers en visite à Paris. C’est là que le président Bouteflika avait résidé en juin 2000. Et c’est là que l’indécrottable Kadhafi avait posé sa tente au mépris de siècles de culture.
    Jean-Christophe Menet arrive. Ce diplomate s’excuse et semble désarçonné par ces journalistes qui avaient déjà squatté la salle de réunions, véritable musée, avec ses porcelaines et ses bustes en marbre noir. En attendant l’UPM, on prend des photos comme des Japonais. L’UPM. En voici un sujet qui nous éloigne de notre question de base : que se passe-t-il entre Alger et Paris ? Menet, un trentenaire aux mains nerveuses, distille son discours sur “le défi”, “l’aventure” et l’extraordinaire “pari” qu’est cette Union qu’a proposée Sarkozy et qui a tant de mal à fédérer les 43 pays signataires et encore plus de mal à convaincre Alger de s’y investir. J’ai eu une pensée pour Bouteflika qui doit se dire que cette union, qui réunit à sa tête Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak, ne semble exister que pour l’embêter. Sarkozy qui tisse son projet du Maroc à Israël a eu la mauvaise idée, pour le président algérien, de favoriser Moubarak, notre “meilleur nouvel ennemi”. Juré, ce n’est pas pour reparler football. L’Algérie n’est nulle part. Ni dans ce projet et ses secrétariats ni dans le discours de M. Menet qui a le mérite de tenter de nous convaincre que nous y avons notre place dans cette Méditerranée. “N’est-ce pas une normalisation déguisée avec Israël que Paris propose ?” osais-je. Et nous voilà repartis pour cinq autres minutes de langue de bois. Mais en français dans le texte. À force d’entendre cela, je me rappelle curieusement les photos d’Haïti sur les murs en me disant que cela aurait été bien que ce soient des photos de Gaza. Ses enfants, ses femmes et ses immeubles détruits par Israël. Qu’en dirait Kouchner ?
    Il est temps de prendre congé du jeune diplomate qui a capté que ce sujet ne nous fait pas sauter au plafond. D’ailleurs, il était très haut le plafond de cette salle de réunion qui sent la naphtaline et les pas feutrés des rois de France.

    Intégration contre islam
    Le déjeuner est programmé au restaurant Le Vauban, pas loin de la Concorde, où je distingue des Japonais avec des appareils photos. Un pléonasme parisien. J’étais tout aussi surpris que les collègues ne dégainaient pas les leurs. Benoît Normand nous y attend. Normand de nom et d’appartenance. Silhouette imposante, chevelure blanche et costume rayé élégant, qui semble sorti des salons privés londoniens. Il préside le Haut-Conseil à l’intégration (HCI) créé par Michel Rocard. À ne pas confondre avec notre Haut-Conseil islamique. Un organe consultatif qui a eu l’avantage ou l’inconvénient d’avoir soufflé l’idée du débat sur les “valeurs communes” des Français, transformé par Eric Besson en débats sur “l’identité nationale”. Le HCI, c’est la boîte à idées de la France multicolore.
    Benoît Normand sait de quoi il parle. Entre le duo de saumon aux épinards et le chablis, il nous explique, chiffres à l’appui, que les Algériens ne sont pas aussi nombreux qu’auparavant à bénéficier de la nationalité française. À peine. Burqua, banlieues, excisions, traditions et immigration, tous les sujets y passent avec mesure, sens didactique et une précaution extrême de ne pas choquer les musulmans que nous sommes. “Ce ne sont tout de même pas les bouddhistes qui vous posent problème ?” demande-t-on. Pour M. Normand, il y a cinquante mosquées répertoriées comme salafistes, mais que la France se doit d’intégrer tout le monde. Le HCI conseille le gouvernement Fillon qui puise dans ce think thank des idées pour réussir sa politique d’intégration. Une politique qui, selon notre interlocuteur, intéresse même les Canadiens actuellement. J’ai eu alors une pensée inquiète pour nos exilés algériens au Québec. Faites attention, les idées d’Hortefeux voyagent.

    Où est passé Robert Menard ?
    Au quartier de la Bourse, l’once d’or flambe. Au siège de Reporters sans frontières (RSF), l’accueil est cordial. Dans les locaux flambants neufs de cette ONG dont l’histoire avec l’Algérie est tumultueuse, on s’est débarrassé des vieux meubles, dont… Robert Menard. RSF veut tourner la page avec la presse algérienne et n’hésite pas à se livrer à l’autocritique. Sur le mur, une affiche reflète l’état de la liberté de la presse dans le monde. L’Algérie est en rouge. La Lybie en noire. “Qu’est-ce qu’il faut faire pour passer à l’orange ?” demandai-je. “Briser les monopoles, notamment audiovisuels et publicitaires”, réplique la représentante du bureau Afrique du Nord. Paradoxalement, le débat glisse vers l’état de la presse en… France. Notre confrère d’El Khabar évoque la liberté de la presse sous Sarkozy. Bug. La représentante va ramener son directeur qui tranche avec Menard. Moins excité et plus constructif, il explique, sans entrer dans le détail, le recul de la presse française dans le monde. En sortant, je tombe nez à nez avec les portraits des journalistes emprisonnés en remarquant que la photo de Taoufik Ben Brik côtoie celle de Hafnaoui Ghoul. Malaise.

    Paris otage d’Alger !
    Retour au Quai d’Orsay. Anne Claire Legendre, de la sous-direction d’Afrique du Nord, nous accueille. Elle est la cheville ouvrière de la relation. On va enfin entrer dans le vif du sujet. Mais cette blonde, à la coupe carrée, à l’allure d’asperge, maîtrise également les non-dits. On. Elle préfère s’effacer au profit de son chef.
    “Double P.”, c’est de lui qu’il s’agit. Dans un bureau plein de portraits de rois, de princes, de souverains et de présidents arabes, travaille celui qui est considéré comme “l’architecte” des relations algéro-françaises. Diplomate chevronné de père en fils, souhaitant garder l’anonymat, il détecte d’emblée qu’on ne veut plus entendre des poncifs sur la relation et ouvre le feu sans sommation : “Les relations algéro-françaises ne se portent pas bien actuellement. Elles sont d’autant moins bonnes que votre Parlement veut adopter un texte antifrançais que je déplore (…)” ; en référence au projet de loi de 125 parlementaires algériens qui veulent criminaliser la colonisation.
    Voilà, on est dans notre sujet. Il poursuit son exposé sur le fait que la France est “otage de la proximité”, et accuse certains responsables algériens, sans les nommer, de “presser le bouton France quand cela va mal chez vous”, évoque un “dialogue en panne” et indique que la relation bilatérale n’est pas “là où elle devrait être”. En bon communicant, Double P. dit les choses et arrondit les angles aussitôt. Son message, sur le mode “indigné”, témoigne d’un ras-le-bol français, réel ou surjoué, de servir de punching-ball au pouvoir algérien. Paris veut que le président Bouteflika arrête d’utiliser la relation et sa détérioration, comme un alibi de politique intérieure.
    Le propos mordant intéresse mes consœurs qui insistent sur la liste noire qui condamne les Algériens à faire du striptease dans les aéroports français et… américains. Double P. botte en touche, précisément chez notre ambassadeur Sbih qui serait informé de la situation sur une liste qui devait “rester secrète”, selon lui. Le débat commence à tourner en rond du moment qu’il n’est pas réellement nouveau et qu’il revient à la surface comme un cadavre mal lesté. On doit prendre congé de Double P. qui a fait son effet. En clair, le gouvernement français ne peut être tenu pour responsable dans l’affaire Hasseni, les moines de Tibhirine et encore moins la liste noire. Rien de nouveau sous le soleil, surtout qu’il n’y en avait pas.

    Allez l’OM…
    Le séjour marseillais commence à la Commanderie de l’OM, le centre d’entraînement d’un club qui a le mérite d’être le seul sujet fédérateur entre Marseillais. Le cœur de la ville bat pour son club, souvent au Stade vélodrome où Arabes, Comoriens, Antillais, Africains, juifs ou Arméniens se mélangent sans se taper sur la gueule. Car en dehors de l’enceinte, pas de merci.
    Jean Claude Dassier, le président de l’OM, écharpe mauve et élégance parisienne, semble avoir été contaminé par la faconde marseillaise. Il parle sans discontinuer.

    L’ancien patron de l’info à TF1 a pris les rênes de ce club en ne sachant pas dans quelle marmite il a mis les pieds. Il s’en rend compte et indique recevoir “cent fois plus d’appels” que lorsqu’il dirigeait la rédaction de la première chaîne française.
    Il dresse la politique du club axé sur le centre de formation où pointent quelques jeunes talents algériens. Face à lui, se tiennent des journalistes qui piaffent d’impatience de lui poser la question.
    La seule, l’unique, l’indispensable et vitale question qui va probablement faire basculer les relations algéro-françaises. Celle qui va certainement provoquer une nouvelle crise entre Paris et Alger : “Est-ce que oui ou non l’OM va recruter Chaouchi ?”
    Voilà. 2 heures d’avion, trois heures de TGV, des heures en bus pour arriver à ça. Que mes confrères harcèlent le pauvre Dassier sur le cas d’un gardien de but que même sa propre équipe refuse d’enrôler. Le président de l’OM, compatissant et ignorant jusqu’à l’existence du gardien de l’ESS, nous donne du grain à moudre : “Je ne le connaissais pas jusqu’à hier, mais on verra en juillet”. Dassier condamne au passage les supporters qui sont sortis avec les drapeaux algériens, “des voyous”, dira-t-il qui ne “représentent pas votre pays”. J’ai pensé alors à Chaouchi qui lui aurait mis un coup de boule pour moins que ça.

    Générations décomplexées
    Karim Zeribi, sourire ultrabright, cheveux soignés et corps d’athlète, cet ancien footballeur qui avait eu la cheville et la carrière brisées a bien rebondi dans la société marseillaise, gravissant les échelons jusqu’à devenir un élu régional écouté et courtisé, aussi bien par la gauche que par la droite. Il fait partie de ces Français, d’origine algérienne, qui n’attendent pas la charité des politiques mais sont partisans du compter sur soi. Dans le hall du Palais des sports, celui qui gère la RTM (rail et tramway de Marseille) nous explique comment il faut refuser le communautarisme, la politique des quotas, mais surtout organiser la communauté algérienne comme un lobby puissant. Ce qui est loin d’être le cas. Entre deux poignées de main et des sourires électoraux, Zeribi tient un discours décomplexé qui consacre la double appartenance algérienne et française et la laïcité républicaine : “Les incidents de Marseille après la victoire de l’équipe d’Algérie sont le propre de voyous et pas de musulmans comme l’avait dit Gaudin. J’aurais pu crier au scandale, mais il ne faut pas nous stigmatiser, les Français d’origine algérienne.”
    Ce quadra dynamique est celui d’une nouvelle France, fière de sa citoyenneté, mais également attachée à ses racines. Reste qu’il a eu la désastreuse idée d’emmener sa famille en vacances en… Égypte un mois après le match. “Malgré nos passeports français, ils ne nous ont pas lâchés à la PAF jusqu’à ce qu’on dise qu’on était algériens”, raconte Zeribi, qui affiche sa laïcité. Le déjeuner se termine, le fils de Zeribi, qui a 20 ans, me montre fièrement un article de la Provence qui explique que la chaîne de fast-food Quick s’est mise à la viande hallal : “Vous voyez, on avance” ! Autre génération, autre vision.

    Marseille, la 49e wilaya
    Dans les entrailles réaménagées de la mairie de Marseille, le défilé commence. Ceux des Français d’origine algérienne, entre associatifs, militants, élus locaux, entrepreneurs ou universitaires qui vivent la relation algéro-française au quotidien. Et comme il se doit, ils la vivent mal.
    Et comme pour souligner le débat de l’heure. On commence par le plus urgent ! La mosquée de Marseille qui focalise les attentions et les polémiques. Amri, de l’association de la mosquée, qui a à peine le sens de l’exagération, souligne que la mosquée de Marseille est “attendue depuis un siècle”, qu’elle va coûter 22 millions d’euros et que le gouvernement français ne veut d’un financement d’un pays musulman qu’à hauteur de 25%. L’Arabie Saoudite, le Maroc, l’Algérie et la Turquie ont fait des promesses de “dons”, mais sans suite.
    Intervient alors l’imam… Ghoul. Un nom qui à le chic pour me mettre sur la défensive. Ghoul indique que ce projet va permettre à l’islam “de France” à sortir “des garages et des caves” et qu’il veut éviter “la mainmise” d’un pays étranger. Pourtant, la mosquée de Cannes a été construite avec un don de 1,5 million d’euros du P-DG de la chaîne Iqra. Des histoires de minarets et de gros sous qui ne sont pas lointaines de celles de la Grande mosquée d’Alger.
    Place aux chercheurs et aux militants associatifs. Le chercheur Chachoua a des mots durs pour définir la relation Algérie-France et n’exclut pas sa “dimension historique”. “Nous sommes les petits-enfants de la colonisation (...) L’intégration est un terme ambigu pour remplacer l’assimilation. Ce terme qui n’est plus opérant traduit l’inachevé.” Et de conclure : “On ne peut pas avoir deux terres, deux sangs, deux pays.” Le propos rebondit indéniablement sur ces jeunes Franco-Algériens qui se sont livrés à la casse à Marseille après les matchs Algérie-Égypte, ce qui a fortement choqué l’opinion publique française : “Les drapeaux algériens après la victoire sont révélateurs de la dégradation du sentiment d’appartenance à la France.” Une phrase de Malraux me taraude les concernant : “Ce pays qu’on quitte mais qui ne quitte jamais.”
    Je ne sais quel malheureux journaliste tente de savoir ce que fait l’Algérie, à travers le ministre de la Solidarité Djamel Ould-Abbès, pour les Algériens de l’immigration : “Il y a quatre députés indignes du métier politique. Ils ne savent rien. On ne sait pas ce qu’ils font.” Je me dis que ces Algériens, fiers de leur patrie d’origine, n’ont pas dû être invités aux colloques d’Ould- Abbès à… Djenane El-Mithak.

    Sabeg défend le patron Retour à Paris.
    Restaurant Chez Françoise. Salle des Premiers ministres. Sur les murs, des caricatures de Chirac, Balladur, Rocard ou Juppé. On attend sagement Yazid Sabeg. Les viennoiseries aussi. Mine patibulaire, pas d’une première fraîcheur, le commissaire à la diversité et à l’égalité des chances débarque pour le café. Un personnage qu’on reconnaît à sa taille XXXL et dont l’intelligence est proportionnelle. “On vit une pause dans les relations algéro-françaises. On a toujours besoin l’un de l’autre. Mais le facteur historique pèse beaucoup sur la relation (…) Il faut arriver à ce qu’il ait un geste fort comme dans le couple franco-allemand”, indique le commissaire pourtant connu pour être fort en gueule mais qui choisit ses mots. Le café commençant à faire son effet, Sabeg, homme d’affaires à succès, déploie le verbe de celui qui ne doit rien à personne : “Il n’y a pas de sujets qu’on ne puisse pas dépasser” ; et définit l’axe d’effort sur la mémoire : “Il faut que la France fasse un geste très fort, comme avec l’Allemagne. Dans le cas de ce projet de loi, il y a aussi les plaintes des pieds-noirs et des harkis qui ont des choses à dire. À travers l’amnistie, cette affaire a été soldée sur le plan juridique. Il reste le plan politique. Il n’y a pas de sujets sur lesquels on ne peut pas dialoguer.” Sabeg clôt en une phrase la polémique naissante entre Alger et Paris avant de se lancer dans un éloge à celui qui l’a nommé : “Le président Sarkozy est très attaché à une relation de confiance avec Bouteflika mais il n’est ni un acteur ni un témoin de la guerre d’Algérie et de ce fait, il est une page blanche complètement vierge sur cette histoire.” En un mot, il faut chercher le responsable de la crise “historique” ailleurs qu’au palais de l’Élysée.

    Paris fauché attend les sous d’Alger
    Thomas Courbe travaille aux finances à Bercy. Il est le directeur chargé des relations internationales. Il a une chemise à carreaux. Courbe sort des graphiques. Cela ne s’invente pas : “Comparativement à la Chine, l’Espagne ou l’Italie, la France reste le premier partenaire, mais il y a un très fort rééquilibrage depuis 2005. Marché absolument stratégique. La concurrence est très rude, notamment en projets intensifs en main-d’œuvre.”
    Son assistant, qui s’occupe de l’Algérie, a également une chemise à carreaux. Plus petits, les carreaux. Il paraissait tellement jeune qu’on aurait dit qu’il est né avec la dernière crise financière. Il ne parle pas, il murmure. Une discrétion qui semble contaminer tous les acteurs économiques français qui multiplient les précautions pour ne pas altérer une relation économique problématique. Qu’en est-il de la LFC 2009 : “De manière globale, les importations ont été très freinées. Ce qui était le but (…) Les mesures prises sont comprises à Paris.”
    Dans l’antre de l’économie française, je sens monter un indescriptible sentiment de fierté nationale lorsqu’on aborde les fameuses lignes de crédit françaises qui n’ont plus lieu d’être. D’un côté, un plan de relance de l’économie française à 26 milliards d’euros. De l’autre, une cagnotte algérienne de 150 milliards de dollars juste pour 2010. Une situation que nous confirment les deux experts : “L’État algérien n’aura pas besoin de financements extérieurs. Votre Banque centrale a un niveau de réserves très élevé.” Et de conclure qu’Alger peut même acheter des bons de Trésor français sous forme d’obligations. J’ai failli chanter Qassaman.

    El-Mouradia, version parisienne
    La barrière se lève. On est en zone protégée. Les alentours du palais de l’Élysée sont décrétés quartier où l’on ne doit pas trop flâner sous peine de sanctions pénales. On n’est pas trop dépaysé du fait que le palais d’El-Mouradia est tout aussi protégé. En descendant du Van, on a le malheur de se tromper de trottoir. Un policier très remonté vient nous remettre sur le bon côté. On ne badine pas avec la sécurité. Dans une salle à manger royale, un diplomate de la cellule élyséenne nous reçoit. Il avait fait l’Algérie, pas la guerre, mais l’ambassade, vingt ans auparavant, et fait partie du groupe de sherpas qui conseillent Sarkozy. D’emblée, il qualifie la liste noire, l’affaire Hasseni et celle des moines de Tibhirine de “petits parasites”. “Des irritants”, mais indique que “les deux présidents savent que la relance est tellement prépondérante. Ils ne peuvent pas mettre en péril cette relation”.
    Concernant l’action des députés algériens, le diplomate plaide l’ignorance : “Pas de matière pour en parler. L’avant-projet de loi a été transmis, est-ce que la loi va être votée ? On n’en sait rien, et le processus est loin d’être achevé. On n’a pas de commentaires à faire. Certains députés français se sont émus. Vous ne pouvez pas réagir à quelque chose qui n’existe pas. Le gouvernement en Algérie a son mot à dire sur le devenir, qui doit passer par des stades et des étapes. Que veulent-ils ? Criminaliser les actes, des individus ? On n’en sait rien.”
    Qu’en est-il de la visite de Bouteflika à Paris, évoquée depuis une année ? “Nous, on n’est pas fâchés. Il est le bienvenu à tout moment avec un léger préavis. Nous le recevrons avec plaisir.” Un message qu’a dû transmettre le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, et le conseiller diplomatique du président français Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, dont la visite n’a pas été annoncée.
    On sort en file indienne comme des demandeurs d’asile qui se font reconduire à la frontière. Entre nous, on discute, on analyse, on tente de synthétiser une semaine de rendez-vous. Une semaine de mots qui partent dans tous les sens dès qu’il s’agit de parler de l’Algérie et la France. Ou de l’Algérie contre la France. Paradoxalement, je me suis mis à parler comme tout ce beau monde avec des poncifs bien rodés genre : “On est des voisins et personne de nous ne peut déménager”, “on est condamné à s’entendre” ou encore “notre relation a toujours été passionnelle”. Je comprends que j’ai passé trop de temps à Paris. Il faut qu’on rentre chez nous. Il est vendredi et dans cette grisaille parisienne, il est rare de distinguer un rayon de soleil optimiste pour l’avenir. On annonce du mauvais temps pour un mois supplémentaire à Paris. En Algérie, l’hiver colonial a tout de même duré 132 ans.



    Des diplomates français évoquent leur vision des relations bilatérales
    Paris-Alger : les sujets qui fâchent

    Par : Mounir Boudjema

    Alors que Claude Guéant et Jean-David Levitte, la garde rapprochée de Sarkozy, sont dépêchés à Alger, les diplomates français à Paris ne dissimulent pas leurs ressentiments quant à la relation tumultueuse avec l’Algérie.

    Un jour avant l’arrivée non annoncée du SG de l’Élysée et du conseiller diplomatique du président français, des sources diplomatiques françaises proches de Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères, se montraient amères quant au refus d’Alger de programmer la visite du MAE français : “Je vous confirme qu’il y a de grandes difficultés d’Alger pour trouver une date. Il faut sortir de cette spirale où les deux se rendent coup pour coup. Ce sera le message de Kouchner à Alger. Il a émis le souhait de se rendre en Algérie pas pour réparer des pots cassés ou se réconcilier, mais pour une visite de travail avec un des partenaires essentiels de la France dans cette région”, nous indique-t-on, avant d’ajouter : “On a du mal à la programmer. Prévue en janvier, elle a été reportée d’un commun accord. On essaie de trouver des dates. Le plus tôt sera le mieux pour Kouchner.”
    Or, ce message c’est bien les “hommes du Président” qui l’ont transmis au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, pour la circonstance, a convié aux entretiens le MAE, Mourad Medelci, et même le numéro deux des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé de la Coopération maghrébine. Un signal protocolaire qui implique que la visite de Kouchner est devenue caduque.
    Le même Kouchner, qui lance dimanche le fameux : “La génération de l'indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple”, pour expliquer l’échec des relations ou probablement pour répondre au désaveu de l’Élysée qui envoie, dans son dos, des émissaires de haut niveau. D’ailleurs, dans la même journée, Sarkozy a également recadré Kouchner sur le dossier palestinien.
    Mais revenons aux sources diplomatiques françaises qui nous ont offert une vision assez pessimiste du couple Alger-Paris quoi qu’en disent les émissaires de Sarkozy : “Les relations bilatérales ne sont pas bonnes, mais elles ne sont pas non plus détestables. On aurait aimé qu’elles soient plus chaleureuses.” Elles ne risquent pas de s’améliorer avec les négociations en cours de l’accord de 1968 puisque Paris veut supprimer le statut dérogatoire des Algériens pour le dossier de la circulation des personnes et pousse Alger à accepter la réciprocité en termes de délivrance de visas long séjour pour les Français qui se rendent en Algérie. “On ne veut pas figer les positions”, indique une diplomate qui nous renvoie aux négociations entre les deux ministères de l’Intérieur.
    En évoquant le dossier de la mémoire, les positions semblent plus que figées du côté français. Du moins de la part de nos interlocuteurs qui excluent catégoriquement toute idée d’excuses officielles ou d’actes de repentance de Paris : “Pour Sarkozy, la repentance est profondément ancrée dans sa vision politique comme il l’a dit dans le discours en Algérie (Constantine). C’étaient des paroles fortes contre le système colonial. C’est l’un des éléments de réponse de Kouchner, il a parlé de la fondation pour la mémoire en cours de création. Est-ce que cela répond à la question de la repentance ? Pas entièrement. Les choses sont loin d’être mûres du côté français. La demande de Bouteflika était sophistiquée, il a parlé de ‘voie originale’. Il faut qu’on ait un retour. Une manière de répondre à la revendication de Bouteflika. Il y aura d’autres initiatives pour tenter de répondre. Il faut se parler. Pas seulement dans les hémicycles. Il faut sortir du cycle des déclarations du style ‘Insultant, scandaleux, martyrs’. Un processus de réconciliation ne passe pas nécessairement par un processus de repentance. Il n’y a aucune chance que cela se passe comme entre l’Italie et la Libye. Les problèmes qu’on ne sait pas résoudre, on les contient”.
    De là à s’inquiéter de l’initiative des 125 parlementaires algériens qui ont déposé un avant-projet de loi criminalisant la colonisation, les diplomates ne veulent pas sombrer dans la paranoïa et croient, en définitive, que cette initiative ne sera pas soutenue, jusqu’au bout, par le gouvernement algérien : “On a constaté que le gouvernement ne l’avait pas inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée et avait la maîtrise de ce projet. Ce n’était pas d’origine gouvernementale, et on est loin de son adoption. On a dit que c’est préoccupant, ce qui est dans la gamme des qualificatifs, et à une échelle assez basse. S’il est adopté, on utilisera le terme scandaleux (...) Il faut accorder le bénéfice du doute. Si ce projet passe, ce sera un problème bilatéral important. C’est évident, il n’est pas passé, pas inscrit, et le gouvernement n’a pas pris position. La sagesse du gouvernement algérien est de ne pas encourager cette initiative qui risque de provoquer des réactions politiques très fortes. Alger peut forcer le gouvernement français à accompagner le mouvement. Si ce texte passe, le gouvernement français ne va pas dire que c’est bien. On va le condamner (…)”. Ce qui peut être assimilé à une menace à peine voilée.
    Évoquant la liste noire, ces sources indiquent : “Je comprends que cette liste ait pu choquer, heurter la sensibilité des Algériens. Mais laissez-moi essayer à sa plus juste mesure d’expliquer ce qui s’est vraiment passé dans ce dossier. Cette liste n’est pas une liste qui stigmatise l’Algérie, elle ne concerne que les compagnies aériennes et les personnes qui prennent ces compagnies, de toutes nationalités, qui partent d’Algérie. C’est un vieux dispositif qui existe depuis un an. Il n’y a aucune contrainte supplémentaire pour les personnes, pas de fouilles supplémentaires. Le Quai d’Orsay rend souvent hommage à la coopération dans la lutte antiterroriste avec l’Algérie qui n’est pas un pays terroriste.” Elles révèlent que l’accord est entré en vigueur avec Alger depuis… février 2009 !
    Mais le plus dur est à venir dès qu’on aborde le dossier du Sahara occidental sur lequel la diplomatie française franchement pro-marocaine ne cache pas son parti pris et condamne l’action de l’envoyé spécial onusien, Christopher Ross, qui est pour elle “vouée à l’échec (…) Est-ce qu’on a une position pro-marocaine ? Nous, on ne le croit pas. On ne croit pas à la viabilité d’un Sahara occidental indépendant. On pense que ce sera une perspective qui déstabilisera la région (…) Ce qui me frappe sur ce dossier, c’est que c’est un théâtre d’ombres depuis 30 ans, entre le Maroc et une partie qui se nomme le Front Polisario, une partie qui est aidée clairement par l’Algérie. C’est votre choix politique, et nous le respectons. L’Algérie en tire la conséquence ; elle n’est pas une partie en conflit. Elle est plus que ça. La France n’a pas cette approche. Une approche entre les deux solutions extrêmes, indépendance ou annexion”.
    Paris veut pousser Alger à être partie prenante des négociations, ce qui risque de faire grincer des dents. À la lumière de ces déclarations qui ont le mérite de ne souffrir d’aucune ambiguïté en comparaison avec le langage conventionnel de la diplomatie française, on se demande à Alger si ce n’est pas le chant du cygne de Kouchner sur le dossier algérien qui, avec ses déclarations, gère probablement sa sortie.

  • Assassinat de l’un des piliers du régime répressif algérien


    Assassinat de l’un des piliers du régime répressif algérien

    Secrétariat du Mouvement Rachad, Le 25 février 2010

    Le colonel Ali Tounsi a été assassiné par balles aujourd’hui, jeudi 25 février 2010, au siège de la Direction générale de la sureté nationale à la tête de laquelle il avait été placé il y quinze par le général Zeroual.

    Radié de la sécurité militaire au milieu des années 1980, lorsque son passé de collaborateur de l’armée française à la fin de la Guerre de libération fut dévoilé, Ali Tounsi sera rappelé par les généraux putschistes au milieu des années 1990 pour diriger la police algérienne.

    A son arrivée à la tête de ce service, le nombre des victimes de la répression connaitra une croissance exponentielle et en particulier le nombre des disparitions forcées dans les centres qui relevait de son autorité directe comme la tristement célèbre école de police de Châteauneuf, véritable laboratoire de torture systématique, dirigée par l’un de ses proches le commissaire Mohamed Issouli.

    Sous couvert de « modernisation de la police » et avec des moyens financiers quasi illimités tirés de la rente pétrolière, il contribuera à faire de l’Algérie l’état policier parmi les plus quadrillés de la planète[1]. Faut-il rappeler que l’effectif la police algérienne est aujourd’hui officiellement de 200000, celui de la gendarmerie est de 110000 sans parler des effectifs des autres services de sécurité (forces armées et milices paramilitaires).

    Ali Tounsi, un autre des protagonistes les plus sanglants de la tragédie vécue par notre pays s’en va. Il restera pour l’histoire récente de l’Algérie l’un des exécutants les plus zélés des crimes de masse commis durant la décennie rouge contre le peuple algérien.

    Secrétariat du Mouvement Rachad
    Le 25 février 2010

  • L’Algérie et l’Union pour la Méditerranée : qui dit vrai ?

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    Y-a-t-il un problème Algérie dans le projet d’Union pour la Méditerranée ? Oui, disent les uns. Non, réplique la ministre française de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie. Exprimant le point de vue des premiers, notre confrère « Le Soir d’Algérie » croit savoir que « l’Union pour la Méditerranée sera ordonnancée de telle sorte qu’Alger s’en trouvera, de fait, marginalisée, mise dehors » et qu’à partir du 13 juillet prochain, « l’Algérie se verrait isolée dans la nouvelle configuration euro-méditerranéenne. » Cette marginalisation se ferait au profit de l’Egypte, de la Tunisie et du Maroc. L’Egyptien Moubarak se verrait intronisé co-président avec un chef d’Etat ou de gouvernement de la Rive Nord, de l’Union pour la Méditerranée. La Tunisie héritera, pour ce qui la concerne, du très convoité secrétariat général du nouveau géant qui naîtra à Paris en juillet. Le Maroc s’est vu promettre, fermement, le poste de secrétaire général. Le nom de son occupant est même dans toutes les gorges profondes bruxelloises.

    « Méfiez-vous des rumeurs ! » répond Michèle Alliot-Marie, à Alger. « Elle s’est montrée évasive, voire gênée aux entournures quand elle a été interrogée sur des informations récurrentes faisant état de la répartition des postes clés dans les structures décisionnelles de la future Union pour la Méditerranée, rapporte El-Watan. « Méfiez-vous des rumeurs », lance M. A. M, le sourire en coin. Et de préciser qu’« on ne va pas mettre la charrue avant les bœufs », manière de suggérer qu’il sera d’abord procédé à la création de cette entité puis viendront les strapontins.

    La ministre jure que « l’Algérie, qui jouit d’une position stratégique et fondamentale dans la région, est à même de jouer un grand rôle dans cette union ».
    Crise ou pas ? Nous y reviendrons.

    K.L.

  • Les RG doivent disparaître

     

    files.phpboutef hulk.jpegLes RG doivent disparaître


    Plus de vingt ans après les événements d’Octobre qui ont endeuillé le pays, la question du « fonctionnement » de la police revient malgré tout à l’ordre du jour. Que peut-il bien y avoir au-delà de cette « pseudo » guerre des chefs qui a transpiré, dernièrement dans la presse, entre le directeur de la DGSN et le ministre de l’Intérieur, autour d’une soi-disant réorganisation de ce corps de sécurité ? Au point où Ali Tounsi a parlé de « conspiration ». Derrière ce « conflit de compétences », les observateurs avertis se sont rendus compte que l’un des enjeux et non des moindres est le contrôle sans partage des Renseignements généraux. El Watan a d’ailleurs rapporté, selon des sources internes à l’institution (voir les éditions des 15 et 24 septembre), que des responsables des RG au niveau d’un nombre de wilayas du pays sont soupçonnés fortement d’avoir « monté de faux rapports, impliquant des hautes personnalités et même des officiers de police ». En clair, les RG auraient été purement et simplement manipulés. Rien que cela ! Alors qu’en 2005, Ali Tounsi avait annoncé, devant toute la presse réunie, la destruction de milliers de « dossiers tendancieux », concernant entre autres des cadres et des hauts fonctionnaires de l’Etat, laissant croire que cela ne se reproduirait plus.

    Il y a décidément de quoi être inquiet quand, trois ans après cette annonce médiatique, on constate que rien n’a changé. Et surtout la facilité avec laquelle les RG peuvent être instrumentalisés, sans qu’il y ait le moindre recours, la moindre protection, la moindre garantie à la préservation de l’intégrité morale des individus contre de telles atteintes aux libertés. Les RG, hérités de l’organisation française de la police en Algérie avant 1962, sont très vite devenus après l’indépendance, ce qu’ils sont actuellement, une police politique dont les premières cibles sont les partis politiques, l’opposition au régime en place, les associations, les syndicats, la presse… Tels qu’ils ont été « reconduits » chez nous et tels qu’on les a vus fonctionner – y compris dans le pays où ils ont été inventés – notamment par le fichage des citoyens sans que cela ne soit réglementé ni « balisé » par la loi, ils ne peuvent que conduire à de graves atteintes à la démocratie.

    Et surtout, parce que souvent leur méthode de travail, si elle n’est pas orientée à dessein dans le souci de nuire à la personne concernée, est à la base erronée, parce que subjective. Par conséquent, ils ne peuvent être que facilement instrumentalisés, que ce soit dans le cadre des fameuses enquêtes d’habilitation ou toute autre « instruction » qu’elle soit requise par les magistrats ou par d’autres cercles du pouvoir. Tous ces faits sont autant d’arguments qui plaident pour une disparition pure et simple de cette police politique que sont les RG. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que ni Yazid Zerhouni ni Ali Tounsi ne sont favorables à une telle éventualité.



    Par Reda Bekkat

  • L’après-Tounsi : Une succession et des questions

    L’architecture de l’appareil de sécurité à l’épreuve de l’hémorragie des ses cerveaux

    L’après-Tounsi : Une succession et des questions

    Dans la biographie de Ali Tounsi, il est clairement souligné que le maquisard Si El Ghaouti a fait ses classes dans les rangs du MALG, véritable archétype du renseignement militaire, durant la guerre de Libération nationale.


    Lorsque le commissaire divisionnaire Lakhdar Dehimi, responsable de la formation dans l’organigramme de la DGSN, a prononcé vendredi dernier, à El Alia, l’oraison funèbre en hommage au défunt Ali Tounsi, il s’est longuement attardé sur le travail de modernisation entrepris par son ex-patron dans le corps de la police nationale et sur le « professionnalisme » qu’il y a imprimé. Extraits : « Combien il est pénible de parler d’un DGSN valeureux qui s’est voué à combattre le crime sous toutes ses formes. Un mentor éclairé qui a su rénover le système de formation de la police nationale et développer ses méthodes au point de la hisser au même niveau que les polices des pays avancés. Il a ainsi formé des générations de policiers prêts à relever tous les défis que lui lancent les forces du mal. » Le défunt a mis un point d’honneur à professionnaliser la police, à moderniser ses méthodes de recherche et d’investigation et à perfectionner la procédure des enquêtes criminologiques.

    C’est grâce à lui également qu’a été mise sur pied la police de proximité, en tenant compte de la dimension humaine et en insistant sur le respect des droits de l’homme, même dans les pires circonstances. L’orateur s’est également appesanti sur l’effort consenti par feu Ali Tounsi en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail de ses hommes. Il faut dire que tous les hommages qui lui ont été rendus par ses anciens compagnons ont souligné ce travail de fond accompli par le DGSN assassiné. Cela n’occulte pas évidemment les différends et les schismes que sa gestion a pu susciter.

    Au fait, qui a succédé à Smaïn Lamari ?

    Ces effusions hagiographiques nous amènent à nous poser une question qui coule de source : comment se dessine « l’après-Tounsi », l’homme laissant derrière lui une institution orpheline justement de sa forte personnalité, et de sa façon de concevoir le métier de « flic », un métier fondamentalement impopulaire et ingrat qu’il s’est évertué, sa vie durant, à humaniser et rendre plus sympathique ? Il faut dire que la problématique n’est pas nouvelle. Rappelons-nous la « panique » soulevée en haut lieu par la disparition subite du numéro deux du DRS, l’ancien patron de la DCE (direction du contre-espionnage), Smaïn Lamari, terrassé par une crise cardiaque le 27 août 2007. « La démission fracassante » du général de corps d’armée Mohamed Lamari en 2004 après plus de dix ans passés à la tête de l’état-major de l’ANP avait, elle aussi, laissé perplexes les spécialistes du sécuritaire qui ne donnaient pas cher de la peau de son successeur.

    Dans la biographie de Ali Tounsi, il est clairement souligné que le maquisard Si El Ghaouti a fait ses classes dans les rangs du MALG, véritable archétype du renseignement militaire, durant la guerre de Libération nationale. Un autre « malgache » donc qui vient corroborer cette hypothèse que l’ossature du Système Bouteflika est en partie fondée sur cette vieille fraternité des armes qui a vu d’autres têtes d’affiche de la bande à Boussouf rappelée aux affaires. On comprend dès lors la difficulté, en termes de « ressources humaines », de recruter en haut lieu, tant est délicat le choix des profils. Certes, l’Algérie dispose d’une réserve de cadres à même d’assurer la relève. Il est aisé, toutefois, de deviner que ce n’est pas tant en termes de compétences que d’allégeance que le problème se pose, sur fond de « networking », de jeu d’alliances, de guerre des positions et d’équilibres ténus à préserver entre différents clans du pouvoir.

    L’enjeu est de savoir qui va contrôler quoi et comment étendre sa mainmise sur un appareil aussi puissant que la DGSN. Si exécrables que puissent être les rapports entre Bouteflika et Toufik, entre Toufik et Zerhouni, entre Zerhouni et une frange de hauts fonctionnaires de la DGSN, la tradition veut que le système fonctionne par un subtil jeu d’équilibres entre les services de sécurité, le cabinet présidentiel et les centres névralgiques de la décision économique. La règle en l’espèce qui a toujours prévalu était dictée par la devise, « celui que tu connais vaut mieux que celui que tu ne connais pas », le règne des mêmes étant interprété comme un « gage de stabilité ».

    Avis de tempête au sommet

    Aussi, la chute d’un pilier de l’un des clans en présence est fatalement suivie d’une secousse dont la magnitude dépend de son importance dans l’échiquier. Et pour revenir aux conséquences immédiates de la disparition d’un personnage de l’envergure de Ali Tounsi, lui qui a pesé sur le système de police algérien au long de 15 bonnes années, le problème se pose surtout en termes de pérennisation d’une vision, d’un style de gestion et de préservation de la cohésion du paradigme sécuritaire. Il n’est pas dit que la transition se fera forcément dans la douleur. Ce qui est certain, c’est que le rétablissement des équilibres va passer inéluctablement par un jeu de coulisses pour s’attacher le plus de fidélités possibles.

    D’ailleurs, le dérapage tragique d’un homme-clé comme le colonel Choueib Oultache par qui la débâcle est arrivée n’est-il pas en lui-même symptomatique de la complexité du choix des hommes aux postes les plus sensibles de l’appareil sécuritaire ? Le pouvoir va ainsi réfléchir à deux fois avant de désigner à Ali Tounsi un successeur définitif. La presse avance qu’un DGSN par intérim vient d’ores et déjà d’être nommé en la personne de l’ex-chef de sûreté de wilaya de Boumerdès, le divisionnaire Abdelaziz Afani (lire El Watan d’hier). Sera-t-il l’homme de la situation ? Souhaitons-lui, en tout cas, bonne chance. En tout état de cause, le régime donne le sentiment de patauger, de partir en vrille, de se chercher de nouveaux repères et de nouvelles prises.

    Depuis quelques années, c’est une véritable tempête qui est en train de souffler la pyramide du pouvoir et qui s’abat sur ses parrains les plus en vue. Les uns sont emportés par la vieillesse et la maladie, les autres sont froidement liquidés ou victimes de complot. Et les derniers esclandres financiers ne sont pas faits pour arranger les choses. La bourrasque qui vient de décapiter le personnel pensant de Sonatrach a provoqué à son tour une « crise de management » pour les sphères dirigeantes qui doivent se demander comment assurer, là encore, le remplacement de ces exécutants de seconde main, tous ces hauts cadres consentants qui gèrent avec une forme bien singulière d’abnégation les affaires de l’Etat en acceptant stoïquement de servir de boucs émissaires quand la justice vient à alpaguer des scandales qu’il n’est plus possible d’étouffer.

    Autant de pertes qui saignent le pouvoir dans sa chair sans jamais toutefois l’atteindre au cœur. Une hémorragie qui aurait pu être annonciatrice d’une rupture, à tout le moins, d’un changement « par défaut », paresseusement adossé à la molle mécanique du temps et de la biologie, et aux luttes intestines qui mineraient le Palais. Mais faute d’une véritable alternative émanant de la société, le système continue à se régénérer au milieu d’un chaos généralisé qui semble s’emparer du pays. Le régime va-t-il finir par s’auto-éliminer sans passer par la case « révolution » ? Mystère et boule de gomme…


    Par Mustapha Benfodil

  • Bouteflika ne s’est pas recueilli sur la dépouille mortelle d’ali Tounsi

    Contrainte physique ou acte politique ? Le contexte singulier de la disparition du premier policier du pays nécessite un acte de présence plus significatif. Le président Abdelaziz Bouteflika s’est contenté d’un message pour présenter ses condoléances à la famille du défunt Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), assassiné jeudi. Le chef de l’Etat ne s’est donc pas recueilli sur la dépouille mortelle du DGSN et n’a pas non plus assisté à son enterrement qui a vu la présence de nombreux hauts dirigeants civils et militaires. Deux frères du président, à savoir Saïd et Nacer, y étaient. Cette absence du premier magistrat du pays aux obsèques signifie-t-elle un acte politique ou s’agit-il d’une arton152443-61b10.jpgcontrainte physique ? La question a été assurément posée par plus d’un ! Surtout dans un pays où l’on affectionne le langage crypté et où l’on se jette volontiers dans des lectures des plus rocambolesques sur des luttes d’influence au sommet de l’Etat. Certes, rien de protocolaire n’oblige le chef de l’Etat à assister aux funérailles d’un haut responsable, mais le contexte singulier de la disparition du premier flic du pays nécessite un acte de présence plus significatif. L’assassinat du DGSN dans son bureau par un proche collaborateur est des plus surprenants et ne peut que ternir davantage, aussi bien sur le plan national qu’international, l’image d’un pays déjà suffisamment écorché par la masse de scandales de corruption qui éclaboussent de hauts responsables de l’Etat. Des médias étrangers n’ont pas hésité à faire un lien entre l’assassinat du patron de la police et la campagne de lutte contre la corruption en cours depuis quelques mois. Pourquoi donc le chef de l’Etat n’a pas opéré une sortie publique lors de ce douloureux événement ? Certains observateurs expliquent cela par son état de santé qui, faut-il le rappeler, il a été opéré d’un ulcère hémorragique à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce en décembre 2005. Ainsi, le président, qui ne ratait aucune occasion pour se mettre sous les feux de la rampe, est de moins en moins présent sur le plan médiatique. Depuis sa réélection pour un troisième mandat en avril 2009, ses déplacements, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, se comptent sur les doigts d’une seule main. S’il s’est rendu à l’enterrement du général-major Smaïn Lamari, mort le 27 août 2007, le président a brillé par son absence aux cérémonies de recueillement et aux enterrements à la fois de l’ancien président du Sénat, Bachir Boumaza, décédé le 6 novembre 2009, du général-major Mostafa Beloucif, ancien ministre de la Défense du temps du président Chadli Bendjedid, mort le 15 janvier dernier, et du général à la retraite Larbi Belkheir, décédé le 28 janvier dernier. Si elles n’ont jamais cessé, les interrogations sur l’état de santé du président reviennent avec insistance ces derniers mois. Certes, il a reçu, il y a plus d’une semaine, le vice-président syrien Farouk Al Charaâ, comme aussi, il a pris part en janvier dernier en Ethiopie au 22e Sommet du comité des chefs d’Etat et de gouvernement chargé de la mise en œuvre du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Néanmoins, son agenda semble réduit aux rendez-vous les plus importants. Même si d’autres raisons ont été invoquées par les médias, le chef de l’Etat n’a pas reçu l’envoyé spécial de l’Elysée, Claude Guéant, le 22 février, ni même le vice-ministre saoudien de l’Intérieur, chargé des Affaires de sécurité, le prince Mohamed Ben Nayef Ben Abdelaziz Al Saoud, le 9 février, qui a pourtant ramené avec lui un message du roi Abdallah Ben Abdelaziz Al Saoud. Le secret et le silence qui entourent l’évolution de son état de santé fait courir toutes sortes de rumeurs. Pourtant, à sa sortie de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris le 17 décembre 2005, le président Bouteflika avait promis de ne rien cacher au peuple. Il avait déclaré à la télévision algérienne, en compagnie de son médecin traitant, le professeur Messaoud Zitouni, qu’« on ne peut pas être responsable de la Oumma et cacher des choses à son peuple ». Par M. A. O.

  • Hafidh Ouardiri répond à Kadhafi:

    26 février: Hafid Ouardiri répond à Kadhafi

    ouardiri ezzeddine.pngHier soir, Marianne Grosjean en appelait aux musulmans de Suisse de rabattre le caquet à Kadhafi Sur son blog Jean-Noël Cuénod écrit "L’Hirsute des Sables, fait son intéressant". Tout un  programme!.

    Cet après-midi, Haykel Ezzeddine est allé demander son avis à Hafi Ouardiri, directeur de la Fondation de l'Entre-Connaissance pour connaître son avis sur la question et pour nous expliquer le sens du mot "Jihed". Je cite un extrait de sa réponse publiée sous le titre Hafidh Ouardiri répond à Kadhafi:

    (...) Nous musulmans de Suisse nous nous trouvons condamné à la double peine. Celle causée par ce type de provocation stupide  et celle venant de ceux, adeptes d'une politique populiste, qui saisiront cette occasion rêvée pour l'instrumentaliser contre nous comme ils savent bien le faire. Je crois que le véritable "jihad" à savoir « l'effort » qui devrait être fait de toute urgence est celui de réunir toutes les bonnes volontés de chaque côté pour régler au plus vite cette situation envenimée qui a des accents belliqueux pour régler ce problème, libérer l'otage emprisonné et rétablir des relations normales et fécondes entre les deux pays, pour l'Europe, pour le monde et pour tous les musulmans qui ne sont rien d'autres que des victimes prises en otages dans cette affaire à épisodes multiples.  Vivement la paix !"

    Ci-dessous la sélection des blogs Tribune des dernièes 24 heures. N'hésitez pas à cliquer sur les liens affichés dans la colonne de droite pour découvrir la richesse de notre blogosphère. Et sur les titres des citations pour accéder directement aux billets. Bonne lecture!

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  • MOUAMAR EL GADHAFI EL DJIHAD EN SUISSE!!!!!!!

    http://www.youtube.com/watch?v=Bsw7YXSuTgQ&feature=player_embedded

     

    La mosquée de Genève condamne l'appel au «djihad» de Kadhafi

    SUISSE-LIBYE | Pour l'iman, la déclaration du leader libyen est "indigne".

    © KEYSTONE-archive | La mosquée de Genève.
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    Liens en relation avec l'article :


    ATS | 26.02.2010 | 18:31

    L'imam de la Mosquée de Genève «condamne totalement» l'appel à la guerre sainte contre la Suisse lancé jeudi par Mouammar Kadhafi. «Utiliser l'islam dans ce conflit est absolument inacceptable et malsain», estime Imam Youssef Ibram.

    «Nous condamnons l'instrumentalisation de la religion dans les conflits et les affaires d'intérêts personnel», souligne l'imam de la Mosquée de Genève vendredi dans un communiqué. «Ceci est indigne de notre religion et de l'enseignement que nous a transmis notre Prophète», ajoute-t-il.

    Les fidèles ont été très choqués en entendant les propos du numéro un libyen, a-t-il précisé. Mouammar Kadhafi n'a aucun crédibilité auprès des musulmans d'occident, selon l'imam.

  • roi boutef

  • « Un artifice pour maintenir l’impunité »


    « Un artifice pour maintenir l'impunité »

    Salah Hannoun (Membre de l’ONG Avocats sans frontières)


    Avocat au barreau de Tizi Ouzou, Salah Hannoun est aussi militant des droits de l’homme et membre de l’ONG Avocats sans frontières. Il s’est illustré lors des événements tragiques de Kabylie en étant membre du collectif de défense des victimes du printemps noir. Dans cet entretien, il nous livre sa vision du projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale.


    En tant que juriste, quelle lecture faites-vous du projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale ?

    De prime abord, il y a lieu de signaler que les rédacteurs de la charte n’ont pas pris la précaution de faire mention dans le corps du texte de sa valeur juridique. Le flou est-il voulu ou a-t-il été escamoté au profit des objectifs politiques avoués et cachés ? Tout porte à croire que l’analyse politique et juridique tend vers la prise en charge des deux options. Le débat actuel doit porter sur la place d’un texte purement politique et populiste dans un dispositif juridique ayant identifié avec précision la « hiérarchie des normes juridiques ». Dans cette logique, un texte dogmatique approuvé par voie référendaire a-t-il une place supra ou infra-constitutionnelle ? Quelle est sa situation juridique face aux conventions internationales ratifiées par l’Algérie et dont la place supra-constitutionnelle est expressément indiquée dans le corpus de la constitution elle-même ? La Constitution de 1996 stipule que la souveraineté et le pouvoir constituant sont entre les mains du peuple, or il est à noter que ce projet de charte est un patchwork de dispositions juridiques et de professions de foi, à mi-chemin entre la loi et un texte doctrinaire. Il porte en lui des atteintes fondamentales et à la Constitution et aux conventions internationales relatives à la défense des droits humains. En effet, la Constitution algérienne, qui est la loi fondamentale de l’Algérie, approuvée par voie référendaire, consacre le respect de la vie, de l’intégrité de la personne humaine ainsi que la protection de tous ses droits. Idem pour les conventions internationales ratifiées par l’Algérie qui proscrivent le recours à l’impunité et le déni de justice, dans le processus de paix, de justice et de protection des droits de la personne humaine. Or ce projet de charte porte en lui la négation de ces principes fondamentaux puisque nous considérons qu’il n’est qu’un artifice pour maintenir l’impunité vis-à-vis des responsables de cette « tragédie nationale ». De même, les dispositions qu’il contient peuvent être adoptées par voie parlementaire et en faisant appel aux pouvoirs réglementaires et législatifs, dans le cadre de la Constitution. Mais comme nous sommes dans une logique de plébiscite, alors tous les artifices juridiques sont valables. Le respect de la norme juridique interviendra un jour... Pour nous, ab initio, ce projet de charte n’a d’existence que par son dernier paragraphe par lequel le Président sollicite une sorte de « pleins pouvoirs ».

    Vous avez été l’un des avocats des familles des victimes du terrorisme, est-ce que le texte proposé est à même de panser leurs blessures et capable d’enclencher un processus de réconciliation nationale ?

    De par le monde, jamais processus de réconciliation n’a réussi à aboutir vers la cicatrisation des plaies tant que son socle réside dans la négation des souffrances des victimes et de leurs ayants droit. Les pays ayant tenté ces expériences d’amnésie (les exemples du Chili et de l’Argentine sont édifiants), par le truchement des lois d’amnistie, ont fini, des décennies après, par se rendre à l’évidence que la consécration de l’impunité est le meilleur soliflore pour la haine qui minera les générations futures. Jamais le concept de la paix n’a réussi à fleurir en harmonie avec la démocratie et la modernité dans un pays ayant consacré l’impunité comme fertilisant. Et les conventions internationales qui insistent sur le principe de la justice sont le fruit de ces expériences et de la lutte internationale contre ce raisonnement par l’absurde. Aussi la notion du pardon est tellement personnelle que rien ni personne ne peuvent se substituer à l’être qui a vécu dans les tréfonds de sa vie les déchirements de son corps et de son âme. Or dans ce projet, il n’y a rien de nouveau pour les victimes du terrorisme. Après les lois sur la « concorde civile » et la « grâce amnistiante », ce projet d’amnistie qui ne dit pas son nom consacre encore une fois la volonté politique d’un pouvoir qui, en sus du détournement des prérogatives du Parlement, veut aller plus loin dans sa compromission scélérate avec l’islamisme politique et militaire. Le tout se fera au détriment de toutes ces victimes du terrorisme islamiste pour lesquelles, encore une fois, on enlève la possibilité d’un procès équitable. Un procès qui permettra aux victimes de s’exprimer dans des tribunaux, en confrontant leurs bourreaux. Ce sera l’exutoire nécessaire face à un traumatisme profond qui continue de sévir. C’est la condition sine qua non pour le pansement des blessures intérieures. Sur un autre plan, aujourd’hui, les victimes du terrorisme islamiste assistent impuissantes face à la consécration du reniement comme politique nationale de gouvernance. Même l’origine idéologique du terrorisme islamiste est écartée au profit de vocables insignifiants du genre « terroristes sanguinaires », « agression criminelle inhumaine », etc. Ces victimes n’ont comme choix que d’assister impuissantes, comme en 1995 et en 2000, à cette messe durant laquelle le pouvoir se réconciliera avec ses propres factions et avec les « égarés » du système éducatif, de la justice dépendante du pouvoir politique, de l’Islam religion d’Etat, de la corruption, de la torture, des exécutions extrajudiciaires, etc. Pour toutes ces victimes, 29 septembre 2005 est un jour constitutif de la seconde république, celle de la trahison du serment de ceux qui luttèrent pour une république moderne, démocratique et laïque. Une certitude : dans le droit international, une règle impérative de droit consacre l’intangible principe de l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, et aucune loi d’amnésie ne peut l’abroger. Et l’Algérie finira par s’y soumettre. Un jour ou l’autre. Amnistie ou pas !

    En tant que l’un des avocats des familles des victimes des événements dits du printemps noir en Kabylie, que prévoit la charte pour les coupables d’assassinats dans cette région du pays ?

    La visite de Bouteflika en Kabylie s’inscrit dans la logique des tentatives actuelles voulant faire croire que les dossiers inhérents à la crise de Kabylie sont réglés ou en voie de l’être. Ce qui est un leurre. Comme pour les victimes du terrorisme islamiste, les victimes de la sanglante répression des événements du printemps noir doivent prendre leur mal en patience pour espérer qu’un jour justice leur sera rendue. Ce qui s’est passé en Kabylie n’est pas considéré par le pouvoir comme faisant partie de la « tragédie nationale ». Et pour cause, il ne peut tout de même pas se faire hara-kiri... A l’image de tous les crimes d’Etat, celui qui a été orchestré par le pouvoir en Kabylie continuera pour longtemps à creuser les sillons de la rupture entre eux. Même si nous commençons, avec du recul, à mieux cerner les tenants et aboutissants de ces actes génocidaires, l’impunité sera consacrée de fait et de jure, car les responsables politiques des assassinats des 123 jeunes Kabyles trônent toujours sur les cimes du pouvoir de l’arbitraire et de l’injustice. Même si les gendarmes, dont nous attendons toujours l’illusoire « promesse » de traduction devant des juridictions pénales de droit commun, sont identifiés comme les auteurs matériels de ces assassinats, les commanditaires continuent toujours à faire régner la loi de l’omerta. Et ce n’est pas la « relance » récente de certains dossiers d’instruction, en violation du principe de la valeur de la chose jugée, qui nous fera oublier le traitement inique par la justice du dossier des victimes du printemps noir de Kabylie durant quatre ans. En définitive, ce projet de charte consacrera l’impunité dans son acceptation la plus large : l’impunité offerte au terroristes islamistes et son corollaire la mise sous silence de la responsabilité de l’Etat dans certaines situations liées à des actes de tortures, d’enlèvements, séquestrations, exécutions extrajudiciaires... Et si le véritable consensus se situait à ce niveau-là ?


    Par Mahmoud Mamart

  • « La corruption et l’impunité sont l’autre visage des Etats répressifs »


    « La corruption et l'impunité sont l'autre visage des Etats répressifs »

    Me Boudjemaâ Ghechir. Président de la LADH



    - Après avoir absous les terroristes de leurs crimes, le pouvoir protège ses dignitaires contre des poursuites pourtant méritées ; l’impunité est-elle devenue un mode de gouvernance en Algérie ?
    - Effectivement, le pouvoir en Algérie, sous le signe de la réconciliation nationale et après avoir absous les terroristes de leurs crimes, protège ses dignitaires contre les poursuites pourtant bien méritées comme vous le dites. Les terroristes ont attaqué des institutions étatiques et s’en sont pris à des civils. Ils ont commis des atteintes généralisées aux droits de l’homme, y compris des massacres de civils, des enlèvements, et autres actes de torture. Nombreuses sont les femmes qui ont été violées ou réduites à l’esclavage sexuel. Les forces de sécurité ont fait disparaître des milliers de personnes, se sont rendues responsables d’exécutions sommaires, de détentions arbitraires et d’actes de torture, sans craindre de devoir rendre compte de leurs actes. Les mesures présentées comme des initiatives positives en vue de réaliser la paix et de mettre fin à la tragédie nationale, (la loi de la Rahma, la concorde civile et la loi de la réconciliation nationale) ont, en réalité, institutionnalisé l’impunité, car parmi les personnes visées, certaines sont soupçonnées d’actes criminels. Ainsi, dix ans après le début d’un conflit qui a coûté plus de deux cent mille vies et a fait des centaines de milliers de blessés, d’orphelins, de veuves, de sans-toit, et de disparus, les autorités et certains groupes armés ont conclu des accords pour ramener la paix tant souhaitée par la population civile. Cependant, des inquiétudes existent quant à la voie empruntée pour atteindre la paix. Ces accords secrets ont consacré l’impunité pour leurs auteurs, et aucune mesure concrète n’a été prise à ce jour pour ôter l’impunité aux membres des services de sécurité responsables de violations des droits de l’homme. Pour la plupart, les victimes et leurs familles n’excluent pas le pardon, mais pas sans que justice soit rendue. Une paix durable ne peut se construire au détriment de la vérité et de la justice, ni reposer sur l’impunité, qu’elle soit accordée aux membres des forces de sécurité ou des groupes armés. Pour le président de la République, cette façon de faire est dictée par les équilibres politiques, ce qui confirme clairement que l’Etat algérien est un Etat-système, réduit à gérer l’équilibre en son sein, enfermé dans une crise multidimensionnelle qui est la conséquence de plusieurs causes constituant dans leur ensemble un obstacle à la construction d’un Etat moderne ayant pour mission de générer un mode de gouvernance qui assurera la primauté de droit et l’Etat de droit. Si l’on veut éviter que notre avenir ne connaisse la barbarie qui a marqué notre passé, pour qu’à l’horreur du terrorisme ne s’ajoute pas l’impunité, la parole doit être donnée à la justice. Il faut rejeter la situation confuse où tout le monde est coupable et où tout le monde est innocent. Il faut identifier les assassins et les traduire en justice. Traduire un criminel devant la justice s’inscrit dans cette recherche de paix sociale, le but de la justice est multiple, à savoir : retisser le tissu social, restaurer les normes et les valeurs, sanctionner les torts et prévenir la récidive. Le but de la réconciliation nationale est de tourner la page ; mais avant de tourner la page, il faut d’abord la lire, apprendre par cœur son contenu, donner aux victimes – seulement les victimes – la possibilité de décider de clore le chapitre des violations commises. Beaucoup de victimes et leurs proches souhaiteraient pouvoir tourner cette page mais n’en sont tout simplement pas capables dans la mesure où elles ont l’impression que la justice n’a pas été rendue. La lutte contre l’impunité est un élément central de la réparation et l’équité.
    - S’agit-il d’une vieille pratique du système ou d’un fait nouveau ?
    - On ne doit pas oublier la réaction du pouvoir face à certains événements politiques ayant ensanglanté notre pays. Le pouvoir a décrété l’amnistie générale après les événements du 5 octobre 1988 et les noms qui ont été cités pour avoir supervisé les séances de tortures pendant ces événements ont été nommés à des responsabilités importantes. L’affaire Massinissa Guermah et l’affaire des gendarmes de la brigade de Kaïs et beaucoup d’autres événements sont restés sans sanction. On peut conclure donc que le système politique algérien tient au sacro-saint principe de l’impunité qui est érigé en mode de gouvernance.
    - Est-ce la marque de Bouteflika ou alors les exigences du système actuel ?
    - Je crois que ce sont les exigences du système qui privilégient cette solution. D’ailleurs, le Président a été très clair, il a déclaré que « les équilibres politiques ne permettent pas plus. »
    - Barkat et Saïdani sont-ils des cas isolés ou est-ce l’arbre qui cache la forêt ?
    - Barkat, Saïdani et Cie forment une des dimensions de la crise du système politique algérien. Le niveau de corruption qui affecte les administrations publiques et la classe politique est au rouge depuis déjà plusieurs années. L’Algérie reste à la traîne, y compris dans le monde arabe. Qui n’a pas en mémoire les scandales financiers qui ont éclaboussé l’histoire de notre pays, le nombre de commissions d’enquête mises en place et dont les rapports n’ont jamais quitté les tiroirs de ceux qui les ont élaborés ? Le citoyen algérien qui ne s’est pas encore expliqué le scandale des 26 milliards des années 1990, ni le scandale El Khalifa qualifié d’arnaque du siècle, ni celui de la BCIA et encore moins celui de la BEA, et les nombreuses affaires qui n’ont pas encore livré leurs secrets, découvre le cas Saïdani et le cas Barkat et se demande toujours si ceux qui étaient à l’origine des scandales sont au-dessus des lois. Lorsque la corruption s’installe dans les rouages de l’Etat, le Trésor public devient le porte-monnaie particulier de certains responsables. Les lois deviennent gênantes et les astuces, pour les contourner, deviennent la règle cardinale. La corruption et l’impunité sont l’autre visage des Etats répressifs, dont les politiques sont basées sur la violation des droits de l’homme, des règles de la démocratie et des principes de la bonne gouvernance. En Algérie, la lutte doit être menée à l’échelle nationale par des efforts communs entre les citoyens, les médias, la justice et les honnêtes responsables qui doivent faire face à l’impunité des crimes économiques et les crimes contre la dignité humaine. Le phénomène met à nu aussi les limites de la réforme de la justice… Effectivement, car l’impunité est un phénomène politique, social et juridique. L’appareil judiciaire est incapable d’assurer la protection des droits et libertés des citoyens. La justice est exercée dans un cadre où s’entrecroisent des influences et des pressions directes et indirectes, faisant du juge un simple comptable de décisions rendues. Elle est incapable de déclencher l’action publique contre les responsables de certains rangs et certains hommes d’affaires sans l’aval des autorités politiques. Même le ministre de la Justice est incapable d’exercer ses prérogatives pour dénoncer au procureur général les infractions à la loi pénale de certaines personnes.
    - Les mécanismes anticorruption sont neutralisés…
    - La loi 01/06 est dépréciée par trois facteurs : primo, elle a abrogé des articles du code pénal qui était plus sévère, deuxio, elle parle de code de conduite des agents publics, mais jusqu’à maintenant, aucun code n’a été adopté. Et enfin, l’organe national de lutte et prévention contre la corruption, rattaché normalement à la Présidence, n’a pas été installé jusqu’à ce jour, ce qui démontre que les pouvoirs publics n’ont pas la volonté de prévenir ni de s’attaquer au fléau.
    - Quel impact sur le moral de la société ?
    - La corruption est politiquement et économiquement d’une gravité extrême, parce qu’elle entretient l’impression du « tous pourris », pervertit la libre concurrence commerciale et économique et appauvrit les pays. Bernanos disait : « L’énorme proportion des coupables finit toujours par détruire chez les non-coupables le sens de la culpabilité ». Si dans la société le crime partage le quotidien avec la corruption, le simple citoyen s’est donc résigné à suivre les exemples des corrompus, des escrocs et des trafiquants, voyant qu’ils restent impunis. Il s’est convaincu, à travers tous les exemples des scandales qu’a connus le pays et à travers les temps qui ne changent pas, que dans le monde de la politique et le monde des affaires et même dans la vie quotidienne, l’immoralité et le vice sont devenus des vertus cardinales. L’échelle des valeurs s’est renversée. Les journaux parlent clairement des candidats au Sénat prêts à payer des millions pour chaque voix. Le secteur privé qui est appelé à participer effectivement dans l’économie et de prendre l’initiative sans qu’il soit acolyte ni avec les organismes de l’Etat ni complice dans les affaires de corruption, est constitué, à l’exception de quelques entreprises, par des prête-noms, introduits dans les organismes de l’Etat et impliqués dans les affaires de corruption. Pour lutter contre les effets dévastateurs de la corruption avec son corollaire, l’impunité, il faut un changement de règles dans la société afin que la lutte contre la corruption devienne plus efficace. Il faut suspendre les immunités diplomatiques, parlementaires et judiciaires le temps des enquêtes financières, instaurer l’obligation légale faite aux dirigeants politiques de justifier de l’origine licite de leur fortune, et la mise en place d’une veille bancaire autour de ces mêmes personnes et de leur famille.
    - A l’instar d’autres voix, notamment dans la presse, vous avez dénoncé l’impunité à plusieurs reprises, pensez-vous que le pouvoir Bouteflika pourrait un jour faire marche arrière ?
    - Personnellement, je suis pour le moment pessimiste. Le bout du tunnel est très loin et la situation en Algérie est lestée par des spécificités : le pouvoir séduit la foule par la propagande, en usant du monopole des médias lourds comme moyen de persuasion de la population, et par là même désavouer ses opposants et combattre les idées qui le contrarient ; les allégeances personnelles, familiales, régionales et claniques sont les caractéristiques principales dans la gestion des institutions de l’Etat ; le refus de toute participation populaire, par peur de perdre le pouvoir et le privilège. Les responsables considèrent le peuple comme incapable, de telle façon qu’ils se sont substitués à lui dans la gestion des affaires. Le peuple n’est appelé qu’à avaliser les choix des décideurs ; les règles de droit sont bafouées, surtout par les autorités qui leur accordent peu de crédit, et l’arbitraire qui perdure a fini par désabuser la population à l’égard des lois ; le pouvoir exerce une mainmise totale sur la société alors que les citoyens se sentent complètement délaissés et expriment de plus en plus violemment leur désespoir ; la rupture totale entre administration et administrés ; les journalistes indépendants qui dénoncent la corruption et les atteintes aux droits de l’homme sont harcelés par la justice ; la faiblesse des institutions ; notre société évolue dans l’état de délabrement qui caractérise les structures politiques, économiques et sociales, ce qui menace de provoquer une série de ruptures qui pourraient s’avérer irrattrapables. On peut alors conclure que l’état actuel des choses ne peut permettre la construction d’un Etat moderne, un Etat de droit avec une justice forte et indépendante ; surtout que l’attachement à l’Etat de droit tant prôné par le pouvoir actuel représenté par Bouteflika s’avère n’être que de vains mots, destinés à séduire l’opinion internationale.


  • Crime et chuchotements



    Le mobile du crime ayant visé le patron de la DGSN, Ali Tounsi, assassiné dans son bureau par un de ses collaborateurs en charge de l’unité des hélicoptères, serait-il lié à des dossiers de corruption mettant en cause le responsable de cette unité, comme révélé par des indiscrétions de la presse et qui lui ont valu d’être suspendu par sa hiérarchie ? L’argument de l’acte de « démence » par lequel le ministère de l’Intérieur avait expliqué l’assassinat de M. Tounsi, s’il est biologiquement crédible – le self-control de l’instinct animal qui sommeille en chacun de nous varie en fonction de la personnalité et de la capacité à faire face à l’adversité – n’explique pas, en revanche, pourquoi et comment on en est arrivé à un tel drame.

    Seule l’enquête judiciaire déterminera quelles sont les véritables motivations qui ont poussé le meurtrier à faire usage de son arme et à liquider froidement le patron de la police. Si, bien évidemment, l’enquête qui a été ouverte ne connaîtra pas le même sort que les autres enquêtes judiciaires sensibles engagées avec la même volonté proclamée de la quête de la vérité avant de sombrer fatalement dans l’oubli. Une chose est en tout cas certaine, c’est qu’avec ce grave précédent où un différend entre deux cadres dirigeants d’une institution de la République se règle par la voie des armes et de la liquidation physique, à travers un crime signé et assumé par son auteur qui est identifié et connu, cela donne toute la mesure de la difficulté de la lutte anticorruption et de son caractère à haut risque de par les enjeux et les intérêts de personnes, de groupes et de clans qu’elle sous-tend.

    L’assassinat du patron de la police n’est pas un simple fait divers à mettre sur le compte d’un forcené qui n’a pas pu contrôler ses pulsions devant son supérieur. Le meurtrier n’est pas un simple policier subalterne à la dégaine facile, comme la DGSN a eu à révoquer et à traduire en justice bon nombre d’éléments du genre au cours de ces dernières années. C’est un cadre dirigeant, un gestionnaire qui ne pouvait pas, par conséquent, ne pas mesurer la gravité de son acte. Même pour laver sa conscience des accusations de corruption, fussent-elles infondées, portées contre lui et dont la presse s’est faite l’écho, ou pour se venger de son supérieur hiérarchique qui ne l’aurait pas couvert à son goût, sa fonction, l’institution stratégique qu’il servait auraient dû l’inciter à la retenue.

    A ne pas franchir ce pas fatidique qui relève d’un comportement inspiré des méthodes mafieuses qui fonctionnent à la gâchette. Ce drame qui survient à l’échelle d’une administration centrale, la DGSN, qui a occupé le devant de l’actualité avec l’effort d’assainissement entrepris depuis quelque temps en son sein — lequel est diversement apprécié à l’intérieur et en dehors de l’institution — renseigne sur la prévalence de ce mal qui ronge la société, la corruption, y compris dans les secteurs stratégiques censés servir le citoyen et non des intérêts personnels. Il renseigne également sur les résistances et les écueils qui se dressent sur la voie de la lutte anticorruption qui dérange beaucoup d’intérêts. Avec ce qui s’est passé à la DGSN, on n’ose même pas imaginer dans quelle tornade le pays serait projeté si demain des scandales touchant des personnalités influentes au sein du pouvoir venaient à être déférées devant la justice !


    Par Omar Berbiche

  • L'otage français libéré au Mali : Pierre Camatte serait un agent de la DGSE

    L'otage français libéré au Mali : Pierre Camatte serait un agent de la DGSE L’otage français libéré au Mali : Pierre Camatte serait un agent de la DGSE Pour le libérer, l’Etat français n’a pas hésité à opérer un véritable forcing, provoquant au passage une crise diplomatique sans précédent entre le Mali, l’Algérie et la Mauritanie. L’ex-otage au Mali, Pierre Camatte, un « paisible retraité de 61 ans, engagé dans l’action humanitaire », ne serait en réalité qu’un agent de la DGSE, les services de renseignement français. C’est du moins ce qu’a rapporté, jeudi dernier, le site d’information Bakchich. Le site tient pour preuve une audition à l’Assemblée nationale du coordinateur national du renseignement à la présidence de la République, l’ex-ambassadeur en Algérie et en Irak, Bernard Bajolet. M. Camatte, l’agent secret libéré mardi dernier après trois mois de détention, écrit Bakchich, a été « carbonisé par son propre patron ». L’ex-otage au Mali, Pierre Camatte, un « paisible retraité de 61 ans, engagé dans l’action humanitaire », ne serait en réalité qu’un agent de la DGSE, les services de renseignement arton152356-a6fbe.jpgfrançais. Le 27 janvier, « le M. Espionnage de Sarko » était interrogé, en commission de la défense, par le député socialiste Guillaume Garot : « Quelles informations pourriez-vous nous transmettre sur les agents de nos services retenus en otage, leur nombre, leur situation ? Quelles sont les perspectives les concernant ? » M. Bajolet a répondu : « Nous avons actuellement huit otages. Un au Mali, Pierre Camatte, quatre au Soudan, un en Somalie et deux en Afghanistan. » Les propos de l’ancien ambassadeur sont reproduits tels qu’ils figurent dans le compte rendu de l’audition publié sur le site de l’Assemblée nationale. L’agent secret « carbonisé » par son patron L’espion, démasqué par son propre chef, « travaillait sous couverture pour mieux surveiller les mouvements dans ce qui est devenu l’une des bases arrières des terroristes algériens de l’ex-GIA enrôlés aujourd’hui sous la bannière de Ben Laden ». Pour certains, note encore la même source, P. Camatte œuvrait à éradiquer le paludisme dans le nord-est du Mali pour le compte d’une ONG jusqu’ici inconnue baptisée Icare. Pour d’autres, un peu mieux informés, ce Vosgien présidait surtout le comité de jumelage entre Gérardmer dans les Vosges et Tidarmené au Mali, une association dûment enregistrée à l’hôtel de ville. « Camatte paraît donc doté, comme on dit dans les services, d’une "légende" très crédible justifiant ses allers-retours incessants entre la France et le Mali. » L’affiliation de Camatte à la DGSE ? L’Elysée dément. « C’est une fausse information. Pierre Camatte n’est pas agent de la DGSE », réagit la présidence française dans un communiqué. Le 26 novembre 2009, alors qu’il se trouvait dans un hôtel de Ménaka, au nord-est du Mali, Camatte fut l’objet d’un kidnapping. Il aurait ensuite été « revendu », selon les services de sécurité maliens, à Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a décidé de le monnayer et de l’échanger contre quatre terroristes d’Al Qaîda, emprisonnés au Mali. Il s’agit de Mohamed Ben Ali, 31 ans, et Tayed Nail, 29 ans,(Algériens), Houti Karito, 26 ans, (Burkinabé) et Beib Ould Nafa, 25 ans (Mauritanien), arrêtés à Kidal avec des armes de guerre lors d’une patrouille militaire, en avril 2009. Sous la pression française, Bamako plie. Après un simulacre de procès, les quatre islamistes sont remis à Al Qaîda. Pour « sauver le soldat Camatte », la diplomatie française s’est fortement distinguée par une débauche exceptionnelle d’énergie (deux visites en moins d’un mois de Bernard Kouchner, le ministre des AE, dans la capitale malienne). Un passage en force qui a laissé des traces aussi bien à Alger qu’à Bamako. L’Algérie et la Mauritanie ont décidé de rappeler leurs ambassadeurs à Bamako, le 24 février. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères considère que la libération par Bamako de « terroristes recherchés par des pays voisins est un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste s’activant dans la région sous la bannière d’Al Qaîda ». Le porte-parole de l’Union pour la République (parti au pouvoir en Mauritanie), Saleh Ould Dehmache, a jugé que la décision malienne est à même « d’encourager et rétribuer les forfaits de ces groupes hors la loi qui menacent la paix dans toute la région ». Par Mohand Aziri

  • Algérie : dix-huit ans après le déclenchement de la « sale guerre », le combat contre l’impunité avance




    Algeria-Watch, 11 janvier 2010

    Le 11 janvier 2010 marque le dix-huitième anniversaire du putsch des généraux d’Alger contre leur peuple. Ce jour-là, en 1992, le pays a basculé dans le non-droit et le terrorisme d’État. Pendant plus de trois ans, l’État a fonctionné sans Constitution, sans Parlement, sans président, tandis qu’une mise au pas progressive de tous les secteurs de l’administration et de la société a permis, dans une atmosphère de plus en plus marquée par la terreur, de démanteler les acquis sociaux.

    Pour briser dans l’œuf la volonté de changement exprimée par la majorité des électeurs qui s’étaient exprimés en faveur du Front islamique du salut (FIS) au premier tour des élections législatives, les généraux « janviéristes » à l’origine de ce coup d’État ont ensuite poussé la terreur à son paroxysme, dans une « sale guerre » qui se révèle une sinistre répétition des exactions de l’armée française lors de la guerre de libération (1954-1962), en particulier dans les méthodes utilisées et le nombre de tués (plus de 200 000 personnes).

    À cette différence (essentielle) près que, cette fois, les assassins et les tortionnaires étaient des militaires algériens, commandés par les généraux de la police politique (le Département de renseignement et de sécurité, DRS, ex-Sécurité militaire) et de l’Armée nationale populaire (ANP), héritiers indignes des combattants de la guerre de libération. Leur seul objectif : préserver l’accaparement à leur profit et celui de leurs clientèles des milliards de dollars de la rente pétrolière. Ce régime d’essence totalitaire imposé par ces « décideurs » est toujours en vigueur aujourd’hui, incarné notamment par le général Mohamed « Tewfik » Médiène, chef inamovible du DRS depuis septembre 1990 (âgé de 70 ans à ce jour).
    Le divorce est complet entre la société et le pouvoir

    À partir de janvier 1992, les «  janviéristes » ont déclenché la guerre totale : des camps de concentration aux centres de détention au secret, des dizaines de milliers de personnes ont été enlevées, torturées, exécutées ou ont disparu ; des assassinats ciblés aux massacres collectifs, des dizaines de milliers ont été victimes de groupes armés d’obédiences multiples, commandités par différents centres coordonnés par le DRS.

    La particularité de l’Algérie, si proche à la fois de l’Europe et des autres pays du Maghreb et du Machrek, c’est que la terreur y a sévi à huis clos. Tout au long des années 1990, les chefs du DRS ont réussi à éloigner de nombreux témoins algériens et étrangers à coup d’assassinats et attentats à la bombe. Ceux qui osaient mettre en doute la version officielle d’un terrorisme sauvage qui n’agirait que pour « enfoncer le pays dans le Moyen-Âge » risquaient leur vie et étaient traités au mieux d’imbéciles, au pire de complices voire de terroristes. Rappelons-nous le courage des mères de disparus qui, dès 1997, ont interpellé les autorités algériennes avec les mots suivants : « Vous nous les avez enlevés vivants, rendez-les nous vivants. » Quelle réponse ont-elles obtenu ? « Il n’y a pas de “disparus”. Il n’y a que des terroristes. Même leurs familles sont des terroristes1. » À ce jour, il est interdit d’incriminer des agents de l’État pour leurs crimes : non seulement aucune plainte n’est recevable, mais est passible d’une peine de prison de trois à cinq ans toute personne qui « utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’État, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international2 ».

    Si ces « années de sang » ont décimé l’opposition dans toutes ses facettes à la fois politiques, associatives, culturelles, ni les multiples élections, ni les distributions d’argent, ni une « réconciliation » dictée d’en haut n’ont pu lever le lourd contentieux entre la société et le pouvoir. Celui-ci s’est totalement discrédité et ce ne sont pas les scènes de liesse lors de la victoire de l’équipe de football en novembre 2009 qui traduiraient une reconquête d’une quelconque confiance des Algériens. Le divorce est consommé, car trop de morts s’interposent, trop de souffrances persistent en raison du refus de faire la lumière sur ces crimes, de reconnaître les responsabilités et de sanctionner les coupables. En attendant, les victimes sont contraintes de côtoyer leurs bourreaux et les commanditaires continuent de se pavaner dans les cercles du pouvoir.

    Les responsables des graves violations des droits humains, qualifiées par certains experts de l’ONU de « crimes contre l’humanité », sont de plus en plus souvent cités nommément. Les chaînes de commandement sont dans de nombreux cas établies. Désigner aujourd’hui le DRS comme le principal responsable de crimes s’est banalisé. En revanche, cette avancée ne se traduit pas encore par une volonté politique de l’opposition d’exiger la vérité et la justice en Algérie même comme préalable à toute sortie de crise. Or l’exemple de l’Argentine montre que c’est grâce à la revendication obstinée de vérité et de justice par les familles de victimes qu’il a été possible dans ce pays, bien des années après la fin de la dictature militaire ayant sévi de 1976 à 1983, d’obtenir l’abrogation des lois d’amnistie qui protégeaient les chefs et les agents criminels de cette dictature et de faire juger nombre d’entre eux.
    Luttes sociales et mobilisations pour la vérité et la justice

    Mais l’année 2009 a montré que de nombreux combats sont menés malgré le souvenir de la terreur et la répression encore aujourd’hui régulièrement déclenchée pour venir à bout des revendications sociales et politiques. Des luttes pour plus de justice sociale sont de plus en plus souvent lancées par des syndicats autonomes ou autres organisations et ont montré, tels les syndicats de l’éducation qui ont suivi une grève de trois semaines en novembre 2009, que la victoire est accessible. S’ajoute à cela que, sur ce front social, la bataille de l’information a connu une avancée décisive : alors qu’il y a quelques années leurs grèves étaient à peine connues au-delà des concernés, aujourd’hui la presse algérienne et en partie internationale s’en fait l’écho. Un Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien s’est créé « dans le but d’informer l’opinion sur la réalité des luttes syndicales algériennes, de les soutenir et de lever les équivoques entretenues par un système qui n’a plus que la violence et la coercition comme leviers sur la société3 ».

    La chape de plomb qui entoure les crimes commis à la suite du coup d’État de 1992 a connu elle aussi de nouvelles fissures. Le combat mené pour la vérité sur les disparitions forcées fait des progrès malgré les manœuvres de l’État pour clore ce dossier définitivement : en l’absence de toute enquête judiciaire visant à établir les circonstances exactes de ces enlèvements suivis de disparitions et de poursuites des responsables, des milliers de cas ont été recensés par des ONG de défense des droits humains, publiés4 et transmis au Groupe de travail sur les disparitions forcées de l’ONU5 ; et des dizaines ont fait l’objet de plaintes auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU. Mais en cette année 2009, il faut surtout se réjouir de la première mobilisation d’enfants de disparus avec la constitution en mai 2009 de l’association Mich’al des enfants de disparus de Jijel, qui « assument la responsabilité qui leur incombe pour soutenir leurs aînés et continuer un combat de longue haleine6 ». Aujourd’hui, les langues se délient, les victimes et leurs familles ne se terrent plus de peur des représailles : elles parlent de leurs souffrances et désignent nommément les hommes qui les leur ont infligées, leurs grades et les services où ils sont affectés.

    La recherche de la vérité passe aussi par la dénonciation des agissements de structures relais de l’État et notamment, dans le domaine des droits de l’homme, de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH). La « commission Ksentini », comme elle est communément appelée, existe surtout par la voix de son président Me Farouk Ksentini, qui, au lieu de rappeler au gouvernement algérien ses engagements et obligations en matière de respect des droits de l’homme, fustige régulièrement les organes de l’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme. Il refuse par exemple la visite dans le pays de rapporteurs spéciaux de l’ONU sur la torture ou les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires ; et il a prétendu que la moitié des disparus sont en réalité des personnes « qui ont rejoint le maquis et qui sont mortes par la suite ou des personnes qui se trouvent cachées à l’étranger7 ».

    Force est de constater que son rôle n’est pas de représenter les victimes de violations face à l’État, mais au contraire, de protéger celui-ci de leurs accusations contre ses agents. En conséquence, la rétrogradation du statut international de la « commission Ksentini » en juin 2009 par le Comité international de coordination des institutions nationales (CCI)8, qui a repris dans sa décision les arguments développés par l’organisation Alkarama9, est une satisfaction pour les défenseurs des droits humains. Après quelques modifications de pure façade, la Commission a soumis une nouvelle demande de « statut A » qui lui permettrait d’être autrement plus présente aux divers niveaux de l’ONU que présentement. Il reste à espérer que les experts reconnaîtront que cette institution ne remplit pas son rôle d’« interface » entre la société et le pouvoir, et qu’elle reste une institution satellitaire de celui-ci.
    Avancées dans l’affaire des moines de Tibhirine

    Il est un autre dossier où des avancées ont été réalisées ces derniers mois : l’affaire de l’enlèvement et de l’assassinat des moines de Tibhirine en 1996, que la justice française avait quasiment enterrée pendant de longues années. En juin 2009, elle a connu un rebondissement avec le témoignage d’un ancien officier du contre-espionnage français en poste à l’époque des faits à Alger, selon lequel une « bavure » de l’armée algérienne serait à l’origine de la mort des religieux. Le juge français en charge de l’enquête depuis 2008 semble disposé à traiter ce dossier avec tout le sérieux nécessaire. Cette affaire, telle que présentée par les officiels algériens et français et relayés jusqu’à présent par la plupart des médias, comporte tant d’invraisemblances et de contradictions que de plus en plus souvent une responsabilité du DRS dans le déroulement de ce drame est évoqué dans les médias, ce qui n’était pas le cas il y a encore peu de temps.

    Pouvoir mettre en cause pénalement des responsables du DRS pour l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibhirine contribuerait aussi à lever un tabou qui persiste à ce jour dans d’autres cas d’exécutions extrajudiciaires, mais surtout dans le dossier des massacres collectifs commis durant la « décennie de sang » et en particulier entre 1996 et 1998. Des groupes non identifiés (se revendiquant des Groupes islamiques armés), composés de plusieurs dizaines d’individus, ont pu alors commettre ces tueries notamment à Bentalha et Raïs, faisant à chaque fois plusieurs centaines de victimes, avant de s’enfuir alors que ces lieux étaient encerclés par l’armée. À ce jour, aucune enquête sérieuse n’a été diligentée et aucun procès digne de ce nom n’a jugé les responsables et leurs commanditaires.

    Si aujourd’hui la peur des victimes de témoigner est progressivement surmontée, les responsables des graves crimes commis en Algérie savent qu’à défaut de poursuites dans leur pays, ils ne sont plus à l’abri de la justice internationale. La plainte pour acte de torture déposée au mois d’octobre contre Bouguerra Soltani, en visite en Suisse, est là pour le leur rappeler.


    Notes

    1 Le Monde, 24 septembre 1997.

    2 Ordonnance n° 06-01 du 28 Moharram 1427 correspondant au 27 février 2006, portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, article 46.

    3 CISA, « Entre répression et manipulations : le courageux combat des syndicats autonomes algériens », 15 novembre 2009, <www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/cisa_combat_syndicalistes.htm>.

    4 L’association Algeria-Watch et le docteur Salah-Eddine Sidhoum avaient établi en 2002 une liste de près de 4 000 disparus, complétée en 2007 par plus de 1 500 fiches individuelles de disparus. Ce travail se fondait sur les informations recueillies notamment par les avocats des familles de disparus et les organisations des familles de disparus. Algeria-Watch continue depuis à compléter cette banque de données grâce à l’engagement d’associations comme Mich’al, dont un des objectifs est de répertorier les cas de disparitions forcées dans la région de Jijel (voir Algeria-Watch et Salah-Eddine Sidhoum, « Les disparitions forcées en Algérie : un crime qui perdure », janvier 2007, actualisé janvier 2009, <www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/cas_disparitions/disparitions_introduction.htm>).

    5 Alkarama et Algeria-Watch, « Algérie : plus de cent autres cas de disparition forcée de la région de Jijel devant l’ONU », 31 décembre 2009, <www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/100_cas_presentes_onu.htm>.

    6 Association Mich’al des enfants de disparus de Jijel, Communiqué de presse n° 1, 24 juin 2009, <www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/amedj_constitution.htm>.

    7 Le Quotidien d’Oran, 8 décembre 2005. Alors qu’il avait soutenu quelques mois plus tôt que « les éléments des forces de sécurité algériennes sont responsables, à titre individuel, de 6 146 cas de disparitions de civils » (Le Monde, 3-4 avril 2005).

    8 Alkarama for Human Rights, « Algérie : l’institution nationale des droits de l’homme devant le Comité international de coordination des INDH », 20 juin 2009, <http://fr.alkarama.org/index.php?option=com_content&view=article&id=478>.

    9 Alkarama for Human Rights, « Algérie-ONU : l’institution nationale des droits de l’homme (CNCPPDH) sur la sellette », 15 mai 2009, <http://fr.alkarama.org/index.php?option=com_content&view=article&id=461>.

  • Algérie: Menaces de mort contre le Dr Salah-Eddine SIDHOUM

    4.jpg, militant des Droits de l’Homme Posté par Le Quotidien d'Algérie, 19 février 2010 Ce jour, vendredi 19 Février 2010 à 08h45, le Dr Salah-Eddine SIDHOUM militant bien connu des Droits de l’Homme en Algérie – actuellement privé de sa connexion Internet – m’a informé, depuis son téléphone mobile qu’il a été appelé plusieurs fois la veille, entre 21h00 et Minuit, par un individu qui l’a, à chaque fois grossièrement insulté et menacé de mort. Le numéro du mobile d’où sont partis ces appels et ces menaces est : — 07 70 44 82 11 –. Je porte cette grave information à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale, pour dénoncer les méthodes mafieuses des insatiables criminels, tenants du pouvoir politique – civil et militaire – en Algérie, qui n’ont pas eu assez de plus de 18 ans d’Etat d’Urgence de plus de 200.000 morts, de plus de 20.000 disparus et du pillage de dizaines de milliards de dollars volés au détriment du peuple et du patrimoine national algérien. Signé : Abdelkader DEHBI. PS: A signaler que le Docteur Sidhoum avait lancé, depuis quelques jours seulement, une vaste initiative pour enquêter sur les avoirs des barons du régime à l’étranger. Il avait sollicité la collaboration d’avocats et de groupes d’avocats, amis de l’Algérie, pour étudier les voies et moyens en vue de déposer plainte contre ces satrapes, et demander officiellement à la communauté internationale de geler ces comptes, ainsi que toutes les possessions de ces barons du régime, partout dans le monde, en attendant de les restituer au peuple algérien.

  • Histoire et Identité : Les Arabes ont-ils conquis l’Algérie?

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    Le débat secouant la société algérienne sur la question cruciale de l’identité arabe ou berbère de l’Algérie nécessite un retour à la source de ce clivage. L’origine en est, bien entendu, l’expansion arabe en Afrique du nord. Certains affirment que les Arabes n’ont jamais conquis l’Algérie, d’autres se revendiquent une origine arabe justifiant ainsi l’identité arabe de l’Algérie. Qu’en est-il en réalité? Afin de répondre à cette question, deux périodes, marquées  par deux mouvements d’expansion majeurs,  doivent être prises en considération : La période de la première expansion et celle ayant trait à la seconde, celle les Béni-hillals

    Première vague: Période 700-973

    Les Arabes, après avoir imposé leur dominations sur La Tripolitaine (Libye) et l’Ifrikiya (Tunisie) s’imposeront face aux  Berbères (698) dirigés par Tarik Ibn-Ziad, les intègrent  à leur armée et continuent leur expansion vers l’Ouest en suivant l’axe Biskra-Tlemcen et Tanger pour finalement conquérir l’Andalousie (711). Dans  le cadre algérien, seul le Constantinois fera l’objet, de leur part d’une présence de type militaire, caractérisée, par ailleurs,  par une forte méfiance vis-à-vis des populations locales. En effet, la région  voit l’installation, sur son sol, de forteresses dans le Hodna et le Mzab qui montaient la garde face à l’Aurès et d’autres dans la région de Annaba  contre  la Kabylie, renforçant par là même l’enracinement des populations berbères dans les montagnes. Les Arabes établiront avec les Berbères des relations distantes, marquées surtout par le désir de soumettre les habitants au payement de l’impôt (villes) ou du tribut (campagnes). Cette politique déclenchera de la part des communautés Berbères de nombreuses insurrections qui s’étaleront durant tout le 8ème siècle et créeront un contexte approprié à la naissance d’un mouvement d’opposition non- arabe: il s’agit du kharidjisme (700-799),  qui est le premier mouvement de remise en cause de  la présence ethno-arabe en Afrique du nord. Les révoltés berbères adhèrent, en effet, à ce mouvement, de type islamique, et l’utilisent comme idéologie de contestation et de mobilisation face au pouvoir arabe. Il se localisera  dans le Mzab, et  mènera, sous la direction de Ibn Rustum, émir de Tahart, la  guerre contre les troupes arabes mais il ne réussira pas à s’étendre en dehors des régions sahariennes. Les troupes arabes, dirigées par le gouverneur du Mzab, Aghlab vaincront  les Kharidjites, et les obligeront à s’engager à vivre dans leurs cités du Mzab. Les Aghlab bénéficient, pour cette victoire du pouvoir au Maghreb. En effet en 800, le premier Aghlab obtient  le titre Émir et il le lèguera à ses héritiers. La dynastie aghlabide règnera sur le Maghreb pendant tout le 9ème siècle (800-900). Elle  concentra ses actions sur la Tunisie et le Maroc, régions riches et prospères et sources d’impôts et de tribut. Les Aghalabides ne s’intéressèrent pas au territoire proprement algérien car celui-ci n’offrait aucun intérêt économique. Même le Constantinois, proche du centre du pouvoir (Kairouan) est ignoré, car il brille, comparativement à la Tunisie, par sa pauvreté. Pauvre, la région est délaissée à elle-même, de sorte que les Aghlabides n’entreprirent aucune campagne pouvant aboutir à l’installation d’une population arabe dans cette contrée. Plus encore, ils établirent avec les populations un rapport basé sur la force et la distance, rapport symbolisé  par les forteresses, comme mentionnées ci-haut. Cette marginalisation, dont étaient victimes les Berbères, en fera un terrain fertile pour les ennemis des Aghlabides, à savoir, Les Fatimides. Alliés du mouvement abbaside, les aghlabides vont, en effet, être la cible d’un deuxième mouvement de remise en cause de leur présence en Afrique du nord, entre 900 et 976. Il s’agit du chiisme. Adeptes de l’imam Ali, les chiites ou Fatimides, se posèrent en adversaires des Abbassides au pouvoir en Orient et au Maghreb. La contreverse portait sur la succession du prophète de l’Islam. Une guerre entre les deux camps s’en suivit et le conflit se transposa au Maghreb. Les dirigeants arabes du mouvement, réussirent à convaincre certaines tribus berbères du Sud-constantinois de se joindre à leur lutte. Ces Berbères vont constituer la force de frappe de l’armée fatimide et participer aux assauts contre le pouvoir arabe en Afrique du nord. La guerre entre les deux tendances (Abbassides et Fatimides) s’est étalée  de 902 à 946  pour finalement se conclure par la victoire des fatimides. Ce mouvement, dirigé par des Arabes avec des groupes berbères, comme supports, qui a eu comme champs d’action  l’axe Tunisie-Sahara-Maroc mais  non pas l’Algérie-nord (constantinois, Kabylie, Algérois, Oranie), n’eût pratiquement aucun impact  sur la composition ethno-berbère de la population algérienne. Bien plus encore, sa victoire sur les Aghlabides donna lieu à un événement majeur qui allait faire chuter la présence arabe en Algérie au point zéro. Il s’agit de la décision du calife fatimide Al-Mu’izz, dernier suzerain arabe au Maghreb (Tunisie), de conquérir l’Égypte. Cette action entreprise, avec l’aide d’une armée composée de 100 000 cavaliers Berbères (Kotamas,Sanhadjas), originaires en majorité du sud-constantinois, vit le départ des populations arabes d’Afrique du nord et la transmission du pouvoir à des Berbères islamisés(Zirides). Cette évolution aboutit à une disparition totale de l’élément arabe en Algérie de sorte qu’on peut dire que la première vague arabe ayant établi sa domination sur l’Afrique du nord, ne fut pas, dans l’espace algérien, une colonisation de peuplement. La présence arabe se localisa, en effet, en Tunisie, au Maroc et en Andalousie, en raison de leur potentiel dans les domaines agricole et abricole. L’Algérie fut essentiellement une zone de passage suivant l’axe Sud-constantinois-Biskra-Tahert-Tlemcen. Qu’en sera-t-il avec la deuxième vague, celle des Béni-hillal (1051) ? Sera-t-elle une colonisation de peuplement, ou bien un mouvement passager sans aucun effet sur le caractère berbère de l’Algérie ?

    Seconde Vague : Les Béni-hillals (1051-1163)

    Ces tribus arabes, ont  migré en Afrique du nord en 1051. Leurs mouvements se sont inscrits par rapport à trois axes. En premier la Tunisie. Les tribus arabes renversent le pouvoir central des Zirides et imposent leur domination. Chaque chef de tribu accapare une principauté, impose son autorité, soumet les habitants des villes à payer une redevance et  les cultivateurs et arboriculteurs à donner une partie de leurs récoltes de blé, de dattes, et d’olive (un tribut), se charge du commerce ou bien le contrôle. En deuxième, le Maroc. Leur avancée, dans un premier temps vers l’Ouest est stoppée nette par des tribus berbères (Zénètes), fidèles au pouvoir marocain, de sorte qu’ils ne conquérront pas le Maroc. Ils rebrousseront chemin vers la Tunisie, ou bien s’adonneront à la razzia, soit des villes limitrophes des hauts plateaux, provoquant ainsi la ruine de Tahert, soit à l’encontre des caravanes commerciales allant de l’Est à l’ouest entraînant ainsi un déplacement des routes commerciales traditionnelles vers l’intérieur du Sahara. En troisième lieu, le Sahara:Une partie des tribus se retrouvent intégrées avec le temps dans le commerce transaharien sillonnant les régions sahariennes. Un commerce surtout autour de  Sidjilmassa, zone ou les nomades allaient échanger la poudre d’or contre le sel, pour passer ensuite par vingt quatre oasis-escales, lieu de chargement des dattes et finalement pour se diriger vers l’Orient, l’Andalousie ou bien, le Maroc ou la Tunisie, une région qui par ailleurs a reçu le plus grand nombre de nomades arabes. Qu’en est-il, sur ce point de l’Algérie, en d’autres mots, les nomades arabes se sont-ils établis dans l’espace formant aujourd’hui l’Algérie ? Quatre zones, pouvant permettre de répondre à cette question, sont à distinguer : Le Constantinois, la Kabylie/Aurès, l’Algérois et l’Oranie. S’agissant du Constantinois, exposé à la Tunisie, il est marqué par une paix relative entre Arabes et Berbères  pendant les cinquante premières années. Néanmoins, par la suite les Arabes poussèrent leurs incursions et les razzias vers cette région restée sous l’autorité des Hammadides, dynastie berbère. L’émir An-nasir, chef  de cette dynastie, ébranlé par les attaques arabes évacua la région et reflua vers l’ouest, au-delà des montagnes de la petite Kabylie. Il fonda An-nasiriya (bédjaia), un lieu choisit car les montagnes, inaccessibles aux chameaux, moyen de déplacement des nomades, offraient une protection certaine contre les attaques arabes. L évacuation par l’émir du constantinois créa un champ libre pour les troupes arabes. Vont-elles l’occuper comme dans le cas de la Tunisie ? Le Constantinois qui donnait sur la Tunisie se composait, schématiquement, de trois régions: a)- la plaine d’Annaba qui n’offrait pas de point d’ancrage, c'est-à-dire une économie agricole, en d’autres mots une paysannerie pouvant, comme dans le cas de la Tunisie, fournir un tribut ou un impôt. C’est une région parcourue par des éleveurs de moutons, vivant à la limite de la survie, refusant de payer des impôts ou un tribut. Les montagnes environnantes constituaient pour eux un refuge sûr face aux incursions arabes. De fait, la plaine d’Annaba ne constituait pas un fort attrait pour les nomades arabes. Ces derniers ne s’établirent pas dans cette région. b)- Axe plaine d’Annaba-Sud constantinois. Cette zone qui allait de la plaine d’Annaba au sud-constantinois était une région boisée parcourue aussi par des éleveurs berbères, relativement pauvres, et qui, en cas d'attaques nomades, se réfugiaient dans les montagnes. Ils le firent d’ailleurs, fuyant les razzias arabes, donnant lieu ainsi à la naissance de villages encore présents aujourd’hui. Comme dans le cas précédent, les Arabes, impuissants à obliger les Berbères de cette région à leur fournir des moyens de subsistance, ne s’y établirent pas. c)- La troisième région est le sud de Constantine, une région marquée par deux éléments ayant suscités la convoitise des tribus arabes (Athbej) : une activité agricole autour de la production de céréales qui soumit les paysans au harcèlement et aux razzias ainsi qu’une route empruntée par des caravanes venant du Sahara et se dirigeant vers le port de Bédjaia ou la Tunisie. Cette région qui était sous contrôle des hammadites devint le théâtre de batailles fréquentes entre les nomades arabes qui contrôlaient une bonne partie de la Tunisie et les Berbères. Les nomades cherchaient à imposer leur domination aux paysans ainsi que leur contrôle sur cette nouvelle route caravanière allant du Sahara à Bédjaia, devenue port d’exportation. L’issue du conflit entre les deux groupes semblait incertaine quand une élément extérieur à la région allait précipiter les événements : La montée en puissance des Mouahidines (Almohades) au Maroc. Abdelmoumem, l’émir de cette dynastie, décida, en effet, d’organiser une expédition militaire  afin d’imposer son autorité sur l’Ifrikiya ou les Hillaliens disposaient du pouvoir. Une bataille qui dura quatre jours eût lieu en 1151 à Sétif. L’armée almohade  fit face aux Hillaliens, les écrasa et les entraîna à fuir la région vers le désert tunisien et libyen. Les troupes almohades poursuivirent leur déploiement vers la Tunisie, dans le but de mettre fin définitivement au pouvoir des Béni-hillals : Début 1159, Tunis fut conquise, Mahdiya prise, ainsi que Sfax, Sousse, Gabès et Tripoli. Défaits et définitivement terrassés, les Arabes disparaîtront totalement comme pouvoir de l’ensemble de l’Afrique du nord. Ils se disperseront au point ou peut-être beaucoup d’entre eux retourneront vers l’Orient. On n’entendra parler d’eux par la suite, dans les écrits de Ibn-khaldoun, que comme individus enrôlés comme soldats-mercenaires dans les armées marocaines. En ce qui a trait à l’Algérie, la plus grande des conséquences de cette victoire  fût la disparition de l’ethnie arabe du Constantinois. Une disparition qui évita à cette région la même évolution que la Tunisie. Une situation que la Kabylie et les Aurès ont pu aussi éviter en raison de la topographie. Les montagnes furent en effet, une forteresse à laquelle les Arabes évitèrent de s’attaquer. En effet, ils n’y mirent jamais les pieds. Et pour cause, les nomades, ne sont à l’aise que dans le désert ou bien dans les plaines. Des régions qui ne les attirent que dans un cas: la présence d’une paysannerie qu’ils peuvent soumettre et exploiter à outrance. Une situation qui n’existe, par ailleurs, ni dans l’Algérois, ni dans l’Oranie et qui explique que ces deux régions n’aient pas été investi par les nomades arabes, n’aient pas connu de présence ou de conquête arabe. L’Algérois, région boisée, ne fut pas aussi une zone attractive. Les plaines de l’Algérois étaient, en effet, boisées, non cultivées, relativement désertes. Il n’existait pas dans cette région, comme dans le cas de la Tunisie, une paysannerie pouvant susciter la convoitise des Arabes. L’Oranie offrait le même visage que l’Algérois. Plus encore, elle était non seulement boisée mais aussi couverte de marécages. Cela dit, si pour la Kabylie et les Aurès, le désintérêt des Arabes pour ces régions est évident du fait de leur inaccessibilité aux chameaux, leur principal moyen de déplacement, dont ils ne se séparent jamais, s’agissant de l’Algérois et de l’Oranie, les nomades auraient pu, dirait-on, occuper le sol et travailler la terre ou bien devenir éleveurs de bétails. La réponse est non car une telle situation est inimaginable et  impossible et elle s’explique par la sociologie des nomades. En effet les nomades ne se voient que dans le nomadisme qu’il pratique dans le désert à travers le convoyage des caravanes, le transport des marchandises, les razzias et l’élevage des chameaux. Activité noble par excellence. En dessous, vient la catégorie élevant le mouton, une situation dégradante. En dessous de ce dernier, l’éleveur de bœufs ou de buffles relève de la dernière catégorie, celle des affreux sédentaires. Le travail de la terre est étranger à la vie du nomade, une activité méprisante et dégradante, car le nomade rejette la sédentarisation. Il est toujours en mouvement. Le seul compromis pour lui de se stabiliser dans un environnement précis est la possibilité, comme dans le cas de la Tunisie, de soumettre au servage une population paysanne, population qu’il exploite à fonds, poussant, par inconscience, les paysans à la ruine et à la fuite. Une situation, le ramenant à la vie d’éleveur et de nouveau au départ vers d’autres cieux. Un cycle signalé par Abdellah Laroui, dans son livre, Histoire du Maghreb. Une telle situation ne pouvait se réaliser dans  l’Algérois et dans l’Oranie étant donné l’absence d’une économie agricole et arboricole (arbres fruitiers). Un cas de figure qui explique pourquoi les tribus arabes n’ont pas imposé leur domination sur l’Algérie. La présence arabe a été restreinte dans l’espace algérien, au Sahara (Mzab) t elle finira aussi par disparaître. En effet, le déclin du commerce transaharien autour de l’or de sidjilmassa, voies détournées par les Portugais arrivés par l'Océan, mettra fin à leur présence dans cette région. Tous ces faits expliquent pourquoi le phénomène de la migration des tribus arabes en Afrique du nord n’a pas abouti à leur installation dans l’espace algérien. L’analyse de cet aspect sous l’aspect de la sociologie des nomades et de leur philosophie de la vie (nomadisme et mépris de la sédentarisation), la topographie algérienne (montagnes-forteresses), l’économie pratiquée (éleveurs de bétails dans le constantinois, absence de paysans), la géographie (plaines marécageuses et boisées), l’attrait du Maroc et la Tunisie, régions très prospères sur le plan économique et dirigées par des pouvoirs, notamment le Maroc, grands recruteurs, après 1151 (bataille de Sétif) de  Hilaliens, comme mercenaires,  permet de comprendre pourquoi l’Algérie n’a pas subi  de conquête ou de colonie de peuplement arabe, et que, les Algériens, même ceux  parlant l’arabe algérien ( en réalité un mélange de l’arabe classique et du berbère), sont dans leur totalité des Berbères.

    ARISTOTE,

  • Assassinat de Tounsi : Les faits selon Radio Kalima

    Contrairement à la version du ministère de l’intérieure qui parle d’acte de démence, nos informations indiquent clairement qu’il s’agit d’un acte réfléchi et froidement exécuté. Selon nos informations recueillies à Alger, le directeur général de la sureté nationale, M Ali Tounsi, a été assassiné dans son bureau jeudi 25 février à 10h du matin. Ce jour là, il a rendez vous avec M. Oultache Chouaib, directeur de l’unité aérienne de la sureté nationale, (la flotte d’hélicoptères de la police) basée à Dar El Beida. Depuis quelques temps, les relations entre les deux hommes se sont détériorées. A la suite d’un différent entre les deux hommes, M. Ali Tounsi, patron de la police depuis près de quinze ans, a fait comprendre à M. Oultache Chouaib qu’il ne comptait plus sur son travail et qu’il envisageait de le mettre à la retraite, tout comme d’autres cadres de la DGSN. Cette décision n’était visiblement pas du gout de l’ancien militaire. Ce colonel à la retraire, âgé de 64 ans, pilote d’aviation, est parfaitement sain d’esprit et il n’est pas du genre à se laisser faire. Lors de ce rendez vous, il entendait bien le faire comprendre à son patron. M. Oultache arrive à 10h précise et les deux hommes s’enferment dans le bureau de Tounsi. Les deux hommes s’enferment dans l’immense bureau du patron de la police. Une fois à l’intérieur, le colonel sort son arme et tire froidement cinq balles sur Ali Tounsi qui décède dans son bureau. Son premier forfait accompli, l’homme sort. Il demande à la secrétaire de Tounsi, qui n’a rien vu ou entendu ( Le bureau du DGSN est insonorisé) d’appeler d’autres responsables de la DGSN. Le chef de la sécurité d’Alger arrive parmi les premiers sur les lieux. Il voit l’assassin avec une arme à la main. Eclate alors une fusillade qui fait plusieurs blessés dont M. Oultache. L’assasssin, touché, est évacué vers Ain Naadja avec les treize autres personnes blessées dans la fusillade dont le directeur de cabinet de Ali Tounsi et le chef de la sureté d’Alger.

    Pourquoi le ministère de l’intérieure veut il faire croire à un acte de démence, alors que les conflits entre des cadres de la DGSN et le ministère de l’intérieure sont un secret de polichinelle. A plusieurs reprises, en 2008 et en 2009, des décisions de Ali Tounsi, de nominations de hauts cadres dans l’institution qu’il dirige, n’ont pas été validé par son ministre de tutelle, Yazid Zerhouni. Les désaccords entre les deux hommes sur les nominations des cadres à des postes sensibles sont sorties du cercle restreint et se sont retrouvées dans la presse.

    Quel mobile a t-il donc poussé un homme de 64 ans, expérimenté, à commettre l’irréparable? Il faudra trouver autre chose que la version de la démence pour expliquer un geste pareil dans un contexte politique perturbé. Il faudra probablement attendre l’enquête pour comprendre les véritables motifs d’un tel acte, à condition, bien sur, qu’on ne cherche pas à se cacher derrière la folie pour éviter de chercher dans la raison.

     

  • actualites'dans le monde

  • Le nom de Bouteflika n'est pas jugé digne du Nobel 2007

     

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    imagespouvoir.jpegLe 12 octobre prochain, on saura le nom du vainqueur du prix Nobel de la Paix 2007. Ce ne sera pas celui de l’Algérien Abdelaziz Bouteflika. Pourtant le nom du président figure parmi les 181 personnalités présélectionnées grâce à la pression du « Comité de soutien au prix Nobel » dirigé par des députés du RND et du FLN et à un lobbying développé à coups de millions de dollars puisés dans le budget de l’Etat . Mais ce travail de propagande n’a, au final, convaincu personne, à commencer par Geir Lundestad, qui dirige l'Institut norvégien Nobel, où se réunissent les membres du comité : Bouteflika ne figure même pas parmi les trente favoris. Aucune personnalité d’Oslo ne le soutient. Même la juge Eva Joly, norvégienne et influente à Oslo, invité à Alger dans ce but, a dressé du président algérien le portrait peu glorieux d’un « geôlier » qui emprisonne les journalistes.Le prix Nobel de la Paix 2007 irait à un des grands militants qui luttent pour faire cesser les problèmes climatiques dramatiques auxquels le monde fait face : Sheila Watt-Cloutier, de la communauté Inuite (notre photo), l'ex-vice-président américain Al Gore ou Rajendra Pachauri, le président du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec).

    Ce sera l’une de ses personnalités qui recevra les honneurs et le chèque d'une valeur de 1,5 million de dollars (1 million d'euros environ) le 12 octobre à Oslo

    Al Gore est en bonne place pour être récompensé pour son film “Une vérité qui dérange” qui a mis en lumière les risques induits par le réchauffement climatique,. Sheila Watt-Cloutier elle, est citée sa hargne à sensibiliser la planète au sort des cultures indigènes menacées par une montée des eaux.

    Abdelaziz Bouteflika est recalé pour son image détestable de dirigeant totalitaire qui persécute les citoyens, les journalistes et les opposants, pour son hégémonisme que trahit son désir d’arracher un 3è mandat et pour l’exécrable image que renvoie son pouvoir, l’un des plus corrompus de la planète selon Transparency

    Pourtant un autre chef d’Etat candidat au Nobel, le président bolivien Evo Moralès, a bénéficié d’une bien meilleure impression. Ancien dirigeant syndical arrivé au pouvoir par les urnes et premier président indigène de l’histoire de la Bolivie, le socialiste Evo Morales est particulièrement apprécié des mouvements sociaux indigénistes d’Amérique latine, qui appuient sa candidature au Nobel de la paix.

     

  • Alger en émoi après l'assassinat d'Ali Tounsi

    La capitale Alger est bloquée, après l'attentat qui vient de coûter la vie au Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) Ali Tounsi victime, jeudi 25 février, d’un attentat dans son bureau à Alger.
    Les barrages de police et même, dit-on, de l'armée, encadrent la ville.
    Aucune information n'a encore filtré sur les circonstances de cet assassinat attribué à un collaborateur de M. Tounsi.

  • Assassinat de Tounsi : quelle version croire ?

    Comment le directeur général de la Sûreté nationale algérienne, Ali Tounsi, a t-il été tué jeudi ? "Par balles par un de ses collègues lors d'une réunion à Alger", a confirmé le ministère de l'Intérieur, qui ajoute, dans un communiqué que "le décès de M. Ali Tounsi est survenu à 10H45 (09H45 GMT) lors d'une séance de travail au cours de laquelle un cadre de la police, apparemment pris d'une crise de démence, a utilisé son arme et blessé mortellement le colonel Ali Tounsi, après quoi il a retourné l'arme contre lui, se blessant gravement", a indique le communiqué. Il précise que l'auteur de l'assassinat a été transféré à l'hôpital, et qu'une enquête judiciaire a été ouverte pour "déterminer les circonstances de ce douloureux événement".

    Mais pourquoi et comment ? Et qu'est devenu l'assassin ? Qui est-il ?

    Une source policière interrogée par l'Associated Press indiquait que l'auteur de l'assassinat, un colonel, avait retourné contre lui son arme après avoir abattu Ali Tounsi, et blessé deux autres cadres assis à ces côtés au cours de cette réunion.

    Selon d'autres sources, l'auteur de l'assassinat à été abattu dans au cours d'une riposte par des cadres de la police présents à la réunion.

    Selon la même source interrogée par l'Associated Press, le tireur a agi en réaction à son limogeage par le patron de la police qui le soupçonnait de "malversation dans la gestion de dossiers liés à des travaux en faveur de la DGSN".

    Vétéran de la révolution, Ali Tounsi, âgé de 73 ans, était à la tête de la Direction générale de la sûreté nationale depuis dix ans au cours desquels la police algérienne a été en première ligne dans le lutte contre le terrorisme islamiste.

    Ali Tounsi, lui-même victime d'une tentative d'assassinat terroriste en 2004, était un personnage important dans le paysage sécuritaire algérien, connu pour ses positions radicales contre les terroristes.

    Il y a quelques moins la presse algérienne faisait état de divergences entre Ali Tounsi et le ministre de l'Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni au sujet de certaines nominations au sein de la hiérarchie de la police que ce dernier avait désapprouvées.

    Le meurtre d'Ali Tounsi intervient dans un climat de tensions politiques en Algérie sur fond d'un scandale de corruption visant la direction de la compagnie pétrolière nationale, Sonatrach.

    Le communiqué du ministère de l’Intérieur

    « C'est avec beaucoup de consternation que le ministre d'Etat ministre de l'intérieur et des Collectivités locales déplore en ce jour à 10h45 le décès de M. Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale.


    « Le décès de M. Ali Tounsi, Directeur Général de la Sûreté nationale est survenu lors d'une séance de travail, au cours de laquelle un cadre de la police, apparemment pris d'une crise de démence a utilisé son arme et a blessé mortellement le Colonel Ali Tounsi, après quoi il a retourné l'arme contre lui se blessant gravement et a été transféré à l'hôpital.

    « En cette douloureuse circonstance, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales présente ses sincères condoléances et exprime sa sympathie émue à la famille du défunt et à l'ensemble du corps de la Sûreté nationale et tient à souligner le patriotisme de feu Colonel Ali Tounsi, compagnon d'armes et cadre valeureux, qui a consacré toute sa vie au service de la nation, à la lutte antiterroriste durant les seize dernières années et à la modernisation de la Sûreté nationale.

    « Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales fait appel à l'ensemble des personnels de la DGSN pour maintenir l'impulsion et la dynamique engagées par le défunt dans leurs missions au service des institutions de la République.


    « Une enquête judiciaire est ouverte pour déterminer les circonstances de ce douloureux événement ».

  • Le FFS dénonce une grave atteinte aux liberté

    LE P/APC DE OUAGUENOUNE EMPÊCHÉ DE SE RENDRE AUX PAYS-BAS

    Le FFS dénonce une grave atteinte aux liberté

    El Watan, 23 février 2010

    La mesure obligeant les maires et leurs adjoints à demander une autorisation au ministère de l’Intérieur pour participer à des rencontres et séminaires à l’étranger est mise en application.

    Le président de l’APC de Ouaguenoune (Tizi Ouzou), Ali Belkheir, est le premier à en subir les conséquences. S’apprêtant à se rendre à Rotterdam pour assister au 7e Forum de l’Alliance mondiale des villes contre la pauvreté prévu du 24 au 26 février en cours, l’élu FFS a été refoulé à l’aéroport d’Alger. C’est ce qu’a annoncé son parti dans un communiqué rendu public hier. « Cette interdiction de participer à une rencontre organisée sous l’égide des Nations unies atteste de la volonté du pouvoir d’empêcher toute ouverture politique, économique et culturelle du pays. Il confirme sa tendance archaïque de sous-développement politique et culturel », dénonce le FFS dans son document.

    Le parti de Hocine Aït Ahmed estime que cette interdiction « est tout simplement une atteinte aux libertés ». « Dans un contexte mondial de crises multiples, de changement climatique, énergétique, alimentaire et de l’eau, au lieu d’encourager la formation de l’élite locale qui aura la responsabilité de mener des actions au niveau local pour faire face au défi de la pauvreté, le pouvoir continue de soumettre le pays aux interdits, à la violence et à l’opacité », souligne-t-on dans ce communiqué. Le FFS, ajoute la même source, « dénonce cette interdiction et prend à témoin les instances internationales sur cette gravissime et inqualifiable atteinte aux libertés ». Pour rappel, Ali Belkheir avait formulé, le 14 décembre 2009, une demande d’autorisation au wali de Tizi Ouzou. Une demande qui a été rejetée.

    Par M. M.

  • LA CORRUPTION ALGERIENNE

    images chevre.jpgDe la corruption algérienne Omar Benderra, Ghazi Hidouci, Salima Mellah, Algeria-Watch, 24 février 2010 Quelques années après la rocambolesque affaire Khalifa, les médias algériens nous apprennent à nouveau que les grands projets d’infrastructure de la présidence Bouteflika 1 et 2 et la non moins grande « nouvelle percée » de l’Algérie sur les marchés des hydrocarbures donnent lieu à des malversations de grande ampleur. Nous l’apprenons par les fuites d’enquêtes et par des articles de journaux. Convenons qu’autrement, on n’en aurait rien su. Tout serait demeuré dans l’ombre et relèverait purement de l’ordre des conjectures. Et voila que beaucoup souhaitent entendre les voix de l’« opposition » – ou à défaut celles d’opposants – et s’étonnent des réticences de certains à entrer dans une controverse initiée par le régime. Cela pose la question du rôle réel de la corruption dans le système de pouvoir algérien, ainsi que celui des campagnes « anticorruption » régulièrement conduites par celui-ci. Sans grande subtilité, la communication sur ces affaires récentes vise deux objectifs principaux. Le premier objectif martelé, de sorte à ce que nul doute subsiste dans des esprits suspicieux, est que les officiers de « police judiciaire » des services secrets – de fait police politique disposant de pouvoirs exorbitants au droit commun – sont l’expression de la régulation souveraine, une police républicaine qui ne mérite que l’éloge et dont le peuple se doit d’être fier. Le second objectif officiel est que le gouvernement n’est pas en reste, il tente d’apporter des réponses. Lui aussi mérite donc confiance et respect ; il a en effet lancé une vaste campagne de lutte contre la corruption dans ses propres appareils, visant, avec une impartialité émérite, jusqu’à ses propres membres. Revenue de biens des illusions, l’opinion publique dans toute sa diversité n’est absolument pas surprise par les dérives et les scandales. Les citoyens considèrent très habituellement que le mal est bien plus grand et bien plus profond que ce que les révélations de presse pourraient laisser accroire. L’opinion est également habituée à vérifier qu’au bout du compte, fatalement, seuls des seconds couteaux, voire des innocents, payent. Mais cela n’empêche pas la rumeur publique, cette fois comme les autres, de se mettre en mouvement et d’enfler au fil du temps. Cette réalité sociale mériterait d’être analysée. Cela serait bien plus utile que de perdre un temps précieux dans un débat récurrent qui se résume en fait à n’envisager ces affaires de corruption qu’en tant que spectacle d’une lutte entre le mauvais et le pire ou même entre méchants clans réglant leurs comptes. En effet, les gens rêvent toujours, s’acharnent à espérer – et c’est bien trop humain pour qu’on puisse le leur reprocher – de la possibilité d’une justice dans ce pays. Ils sont prêts à y croire, même si cette justice se manifeste subrepticement et comme par accident. Pour un honnête homme, soucieux de donner un sens moral à sa vie, il est dans la nature des choses que, de temps à autre, des coupables soient sanctionnés. Qu’il en aille autrement serait désespérant… accepter l’impunité comme allant de soi est partout inadmissible. Le match supposé – toujours plus où moins truqué – vaut donc le coup d’être regardé. Mais, simultanément, c’est très perceptible, l’opinion n’est pas convaincue ; la qualification officielle des faits, les noms des coupables présumés paraissent peu crédibles et la nature des délits – leur ampleur - fort minorée. La rumeur fait état de dérives qui reflètent mieux l’importance des sommes détournées et désigne davantage de coupables à un niveau élevé de responsabilité dans l’État. La confiance, si tant est qu’elle n’ait jamais prévalu, a précédé les harragas : elle a depuis longtemps déserté nos rivages. L’affaire de corruption change de registre, devient plus politique et les gens en arrivent enfin à oublier presque le scandale pour souhaiter la mise en cause du gouvernement ou, plus exactement, au-delà du gouvernement, du vrai pouvoir qui tire les ficelles et n’exerce aucune responsabilité légale dans la conduite des affaires. L’opinion n’est pas dupe. Elle devine toutefois que ce pouvoir de l’ombre, non matérialisé, peut toujours, en cas de pourrissement, prétendre qu’il n’exerce aucune autorité et s’afficher comme une alternative. Les citoyens ne sont pas crédules. Ils savent bien que cette revendication ne sera jamais prise en compte, mais ils l’entretiennent pour ne pas perdre totalement espoir et faire comme si le droit au respect et à la dignité leurs étaient toujours reconnu. Un peu comme pour l’équipe nationale de football ; c’est important par défaut et l’illusion tient lieu de stimulant… Il faut bien essayer de vivre, jusqu’à ce que l’exutoire s’évanouisse et que l’on soit amené à penser à autre chose… Tout cela est tellement triste et en même temps compréhensible : nul ne peut jeter la pierre à ceux qui mordent à de tels appâts… Il faut seulement rappeler encore que notre pays n’est pas dans une situation d’État de droit, de respect des libertés, de responsabilité et de justice où la corruption serait un sport pratiqué uniquement à la marge de notre vie sociale par des délinquants marginaux comme le serait, par exemple, le vol à l’étalage. La réalité est que le système politique lui-même n’existe que par effraction ; la délinquance contrôle le politique, la violence d’État et donc les dimensions financières et commerciales de la vie du pays. Qui se souvient de Mohamed Boudiaf ? Symbole de l’innocence politique poussée à un degré rare, l’homme historique de la guerre anticoloniale a cru pouvoir lutter contre la corruption sans changer le système. On sait ce qu’il advint. Alors où commence et où s’achève la corruption algérienne ? Existe-t-elle vraiment ? Il n’est pas besoin de savantes analyses pour appréhender une réalité brutale connue de tous. Comment nommer corruption la captation criminelle systématique des richesses publiques organisée par ceux-là mêmes chargés de l’interdire et de la réprimer ? Ceux-là mêmes qui libèrent les matraques policières sur les crânes de pacifiques médecins payés au lance-pierre ou de tranquilles enseignants réduits à la misère. Dans l’organisation du pouvoir algérien, le vol est la règle. Ce qui fait exception dans ce système est bien la probité, le sens de l’intérêt général et du bien commun. Toute l’économie est organisée sur le mode du prélèvement abusif d’autorité. Au XXIe siècle cette pratique ne peut être affichée ainsi qu’elle a pu l’être à d’autres époques, il faut bien faire croire que nous sommes en République et en Démocratie, que la délinquance est comme partout marginale et qu’il y a une police qui s’en occupe. Signifier indirectement – c’est ce que tente de faire cette campagne de presse – que la corruption est une déviance, par définition circonscrite, équivaudrait à en reconnaître le caractère dérogatoire et suggérer qu’elle est une exception à un ordre régulier, fondé sur le droit et la morale. Il est inutile de poser la question de la nature illégale et illégitime du système algérien, l’exercice serait bien trop formel pour susciter autre chose que l’ennui… Et qu’y aurait-il de moral dans ce système politique ? La question ne peut provoquer que le sourire où un haussement d’épaules quand il est de notoriété publique que même le projet de super-mosquée est une source d’enrichissement illicite… Le détournement de bien public, la captation illégale des ressources nationales sont la règle et la raison d’être du pouvoir qui régente l’Algérie. Les scandales qui jalonnent à intervalles réguliers la chronique de ce pays sont les péripéties habituelles d’un système qui se régule sporadiquement par élimination de réseaux ou d’individus devenus gênants, comme l’affaire Khalifa, ou relevant de seigneurs de la guerre ayant disparu de la scène, comme pour l’affaire Zeggar. Qui, sous peine de se couvrir de ridicule, pourrait contester ce qui est, de longue date, une vérité d’évidence ? La corruption est bel et bien l’un des aspects naturels du fonctionnement d’un système depuis longtemps arrivé à maturité et stabilisé tant dans ses structures que dans les modalités de sa reproduction. L’Algérie appartient à quelques chefs de l’armée – notamment ceux qui dirigent les services de police politique – et à leurs hommes d’affaires, algériens ou non, chargés de maintenir les filières et d’administrer les fortunes disséminées à travers le monde, sous toutes les formes possibles. Personne, nulle part, ne rend compte à des institutions réelles : celles qui existent sont des paravents sans aucune autre fonction que purement théâtrale. La gestion économique et administrative quotidienne est confiée aux clientèles et aux réseaux qui opèrent sur un mode prébendier ou de quasi-affermage. Où serait donc la corruption dans un pays où l’État est privatisé de facto depuis des lustres ? La nature de l’organisation de pouvoir qui tient en joue la société algérienne est connue et, depuis le temps, parfaitement identifiée, même par les plus naïfs. D’autant que ses mécanismes apparaissent de manière visible depuis l’augmentation significative des prix des hydrocarbures en 1999. Les généraux décideurs sont au sommet du système de prédation, ils en sont les pilotes, la tumeur mère qui diffuse ses métastases dans le corps social. Comment cette organisation pourrait-elle admettre, après 200 000 morts, une autre logique que la sienne ? Le chef de l’État (ou ce qui en tient lieu), les ministres et autres figurants d’une cour des miracles politique participent tous d’une économie politique du détournement à ciel ouvert avec toutes les complicités extérieures qu’ils souhaitent. Il est vrai que les dirigeants des grandes démocraties avancées ne sont pas moins vénaux ou cupides que ceux des démocraties spécifiques du tiers monde. La lutte commune contre le terrorisme et le containment de l’islamisme n’expliquent pas tout. Évoluant dans des cadres de droit, l’enrichissement des élites de pouvoir au Nord ne peut provenir que des prélèvements et des rétrocommissions issus des échanges avec des pays comme le notre. Les paradis fiscaux sont fréquentés également par les « civilisés » et les autres. La prédation algérienne est internationale. Même s’il est également vrai que d’autres pays, y compris ceux qui bénéficient d’États de droit, connaissent le phénomène à des degrés divers, il en est peu où la corruption massive et généralisée se résume, comme c’est le cas en Algérie, à un transfert massif des richesses nationales vers l’étranger. Ce qui se traduit par l’affaiblissement continu et durable du pays et à l’appauvrissement de ses habitants. La corruption n’est pas une fatalité. Certains pays ont même su recycler de manière productive la corruption de leurs élites ; le Japon ou la Corée hier et la Russie, peut-être, aujourd’hui. Cela a été dit, mais répétons-le : le crime et la délinquance forment le socle d’un pouvoir hors du droit, hors-la-loi, composé d’individus malhonnêtes et incompétents, cent fois coupables de haute trahison envers leur peuple. Attendre comme le font certains, parfois de bonne foi, que l’« opposition » dénonce la corruption selon l’agenda de ce pouvoir, du fait d’une agitation médiatique autour d’arrestations de subalternes par la police politique secrète serait faire preuve, au moins, d’une admirable crédulité. Après tant d’années de mensonges et de manipulations, de crimes de masses et de vol généralisé à visages découverts, on pourrait penser que les plus naïfs, ou les plus aveugles, auraient fini par comprendre l’environnement criminel installé en Algérie. Dans ce système, la corruption est la loi.

  • ALGÉRIE Le chef de la police Ali Tounsi assassiné

    Le chef de la police Ali Tounsi assassiné

    Ali Tounsi, le directeur général de la sûreté nationale, a été assassiné par un collaborateur lors d'une réunion dans son bureau au siège de la police à Alger © AFP

    VOS OUTILS

    Le directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi, a été assassiné par balle jeudi par un collaborateur lors d'une réunion dans son bureau au siège de la police à Alger, a annoncé le ministère algérien de l'Intérieur.

    "Le décès de Ali Tounsi est survenu à 10 h 45 (9 h 45 à Paris) lors d'une séance de travail au cours de laquelle un cadre de la police, apparemment pris d'une crise de démence, a utilisé son arme et blessé mortellement le colonel Ali Tounsi, après quoi il a retourné l'arme contre lui, se blessant gravement", a précisé un communiqué du ministère.

    L'auteur de l'assassinat a été hospitalisé, selon ce texte. Une enquête judiciaire a été ouverte pour "déterminer les circonstances de ce douloureux événement", ajoute le communiqué.

  • Interview : pourquoi l'Algérie s'enfonce dans la corruption

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    Dans l’entretien qu’il a donné au Jour d’Algérie, Djillali Hedjadj, porte-parole de l’association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) explique comment et pourquoi l’Algérie a dégringolé à la 99è place dans le dernier classement de Transparency international pour devenir l’un des pays les plus corrompus de la planète.

    1. Des critères de calcul indiscutables

    Djilali Hadjadj : L’Indice de perceptions de la corruption (IPC) de Transparency International classe les pays en fonction du degré de corruption perçue dans les administrations publiques et la classe politique. C’est un indice composite, un sondage de sondages, faisant appel à des données sur la corruption tirées de sondages d’experts réalisés par divers organismes indépendants.

    L’IPC 2007 se fonde sur 14 enquêtes et sondages différents réalisés par 12 organismes internationaux. Transparency International entend s’assurer que les sources utilisées sont de la plus haute qualité et que les enquêtes sont effectuées selon le plus grand niveau d’intégrité. Pour être retenues, les données doivent être bien documentées et suffisantes pour permettre de juger de leur fiabilité. Toutes les sources doivent fournir un classement des nations et doivent mesurer l’ampleur générale de la corruption. L’IPC classe les pays selon une échelle allant de 0 (haut degré de corruption perçu) à 10 (faible degré de corruption perçu). Pour qu’un pays soit noté et classé, il doit faire l’objet de 4 enquêtes au minimum et les résultats de ces enquêtes doivent converger. Par rapport au classement de 2006, l’Algérie recule de 15 places, et son score perd 1/10e de point. Elle a fait l’objet de 5 enquêtes. Les scores et classements de l’Algérie les 4 années précédentes étaient en 2006 : 3,1 sur 10 et 84e place ( sur 163 pays), en 2005 : 2,8 et 97e place (sur 159 pays),en 2004 : 2,7 et 97e place (146 pays) et en 2003: 2,6 et 88e place (sur 133 pays).
    Parmi les questions posées dans ces enquêtes et sondages demandés : l’existence ou non de corruption, les conflits d’intérêt, les détournement des fonds, la possibilité d’être confronté à des agents publics officiels corrompus, allant de la petite corruption à la grande corruption politique, la capacité du gouvernement à sanctionner et à contenir la corruption, le «contrôle de la corruption» par le gouvernement, qui comprend les aspects liés à la corruption dans le législatif, le judiciaire, l’exécutif et dans la collecte des impôts, les aspects de l’accès à la justice et aux services de gouvernement sont également concernés, l’étendue de la corruption pratiquée par les gouvernements, etc.

    2. Il n’y a pas de volonté politique de lutter contre la corruption

    Djilali Hadjadj : La volonté politique pour lutter contre la corruption ne se mesure pas au nombre de discours et de déclarations évoquant la lutte contre la corruption. Elle se mesure à l’existence ou pas d’objectifs clairs, d’une stratégie nationale, d’un programme d’action et d’un calendrier précis. Or à ce jour, rien n’a été fait dans ce sens par le gouvernement algérien. L’existence de lois et d’une réglementation contre la corruption est nécessaire pour peu que ces textes soient conformes aux Conventions internationales contre la corruption (Nations unies et Union africaine) que l’Algérie a ratifiées ; or ces textes (loi contre la corruption du 20 février 2006, décret présidentiels du 22 novembre 2006 relatifs à la déclaration de patrimoine des hauts fonctionnaires et portant création de l’agence gouvernementale contre la corruption ) non seulement sont très en retrait par rapport aux Conventions susmentionnées, mais même certains textes ne sont toujours pas appliqués ! A titre d’exemple, l’agence en question n’a toujours pas été mise en place 10 mois après la publication de son décret, et la déclaration de patrimoine des hauts fonctionnaires (dont la liste, très incomplète au demeurant, a été établie par voie réglementaire) n’est pas fonctionnelle car elle doit se faire auprès de l’agence. Plus grave encore pour les autres catégories de «déclarants», le processus de déclaration de patrimoine est éclaté et dispersé, sans mécanisme de suivi et de contrôle, et surtout non effectif, l’actuel chef du gouvernement et secrétaire général du parti du FLN ne se donnant même pas la peine de rendre publique sa propre déclaration !

    3. Transparency International n'en veut pas à l’Algérie comme le dit le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib khelil en l’accusant d’être partiale et de travailler pour les intérêts de certains pays dont les entreprises ne sont pas présentes sur le marché algérien tels l’Allemagne

    Djilali Hadjadj : Chacun est libre de porter un jugement sur la crédibilité et l’objectivité d’une ONG, et Transparency International n’échappe pas aux critiques. Mais il faut cependant noter que toutes les évaluations et classements faits régulièrement maintenant depuis plusieurs années, par nombre d’ organisations internationales – intergouvernementales ou non-gouvernementales – se rejoignent au niveau des résultats : droits de l’homme, bonne gouvernance, climat des affaires, possibilités d’investissement, sécurité…etc. Vous constaterez avec moi que l’Algérie est malheureusement très mal classée au niveau de toutes ces évaluations. La sempiternelle théorie du complot contre l’Algérie ne tient plus la route. Pourquoi le ministère algérien de l’Energie et des Mines ne conteste pas les classements établis par la Banque mondiale dont il a été salarié pendant de longues années ? L’affaire BRC, qui relève de sa tutelle, est là pour lui rappeler qu’au lieu de remettre en cause l’indépendance de telle ou telle ONG, il devrait s’atteler, avec le gouvernement dont il fait partie, à prendre des mesures efficaces pour que l’Algérie améliore son score et son classement dans ces évaluations internationales.

    4. A propos de «la grande corruption» prévalant au niveau des transactions internationales dans lesquelles vous affirmez que l’Algérie «est devenue un acteur important».

    Djilali Hadjadj : Vous conviendrez avec moi que les 200 milliards de dollars affectés par l’Algérie pour la commande publique sur 5 ans – 2005/ 2009 – sont l’objet d’une très rude concurrence, notamment pour les grands projets nécessitant l’appel à de grandes firmes internationales. Cette concurrence n’est pas toujours transparente et le rôle des lobbyistes et autres intermédiaires plus ou moins véreux, tant en interne qu’en externe, est déterminant pour l’obtention de marchés se chiffrant à plusieurs milliards de dollars et où la pratique de versement de pots-de-vin est très courante. Nombre de grands marchés attribués ces dernières années ont été l’objet d’irrégularités dans plusieurs secteurs d’activité, et certains volets de l’affaire Khalifa illustrent on ne peut mieux l’existence de ces irrégularités dont la violation de la réglementation sur les marchés publics n’est pas des moindres.

    5. La réglementation sur les marchés publics bafouée au plus haut niveau de l’Etat .

    Djilali Hadjadj : Depuis 2003, le Conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat a autorisé à plusieurs reprises l’utilisation du gré à gré pour des marchés plus ou moins importants. Je rappelle que dans la réglementation sur les marchés publics (contenant de nombreuses insuffisances), le gré à gré doit être l’exception, et encore en le balisant par des garde- fous. Or à ce rythme, il risque de devenir la règle, et l’alibi du respect des délais pour la réalisation du programme 2005-2009, est brandi maintenant par de nombreux ministres et walis pour obtenir le feu vert afin d’user du gré à gré. L’affaire du gré à gré pour les Jeux Africains en est un exemple terrifiant. Quelques exemples du gré à gré libéré par le Conseil des ministres : la reconstruction de Boumerdès après le séisme de 2003, ce qui peut se comprendre ‘ l’achèvement et la gestion de l’aéroport d’Alger ‘ la gestion de l’eau à Alger ‘ d’important d’équipements médicaux ‘ la construction du siège du Conseil constitutionnel ‘etc.

    Tout récemment encore, le ministre des affaires religieuses annonçait, suite à l’ouverture des plis pour les études de la grande mosquée d’Alger, que ce sera au président de la République de choisir «l’heureux élu» parmi les 5 bureaux d’études retenus lors de la première sélection ! En vertu de quelle loi et de quelle réglementation sur les marchés publics, ce ministre annonce-t-il pareille décision ?

    Entretien réalisé par Boudjemaa M.