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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 183

  • Le challenge de Ould Kablia au lourd héritage de son prédécesseur : Déboulonner dix ans de « zerhounisme… »

     


    Le challenge de Ould Kablia au lourd héritage de son prédécesseur : Déboulonner dix ans de « zerhounisme… »

    Les fréquents déplacements de Daho Ould Kablia et les décisions rapides qu’il a prises pour redresser une situation, jugée chaotique, créée par son prédécesseur sont compris par les Algériens comme une « dézerhounisation » de la vie publique. Les observateurs de la scène nationale tablent à l’avenir sur moins de verrouillage des activités partisanes et une meilleure approche des libertés politiques et syndicales. Propulsé ministre de l’Intérieur à la faveur du dernier remaniement ministériel, le successeur de Zerhouni, doit-on en convenir, a du pain sur la planche. Car la mission principale de Daho Ould Kablia, détrompez-vous, n’est pas tant de « pacifier » une Algérie déjà largement « fliquée », mais plutôt de liquider le lourd héritage de l’ancien numéro 2 de la Sécurité militaire. Force est de constater qu’en dix ans de « zerhounisme », l’Algérie a considérablement régressé au chapitre des libertés collectives et individuelles, et ce ne sont pas les efforts consentis par M. Ould Kablia en termes de « com » qui vont chasser cette image de « pays fermé » qui nous colle à la peau.



    L’agenda du nouveau ministre de l’Intérieur, il faut le dire, est chargé. M. Ould Kablia multiplie depuis quelque temps les réunions avec les walis en commençant par ceux des grandes villes, à savoir Alger, Constantine et Oran. Longtemps confiné dans le rôle de « Monsieur collectivités locales » dans le dispositif présidentiel, le gouvernement semble miser sur sa fine connaissance des ramifications de l’administration locale, pour hisser son cœfficient de popularité. Personnalité réservée, de profil plus « technocratique » que politique, dans le « subconscient » du gouvernement, M. Ould Kablia serait ainsi celui qui apporterait des correctifs à la gestion « Zerhouni », marquée tout au long de ses dix ans de « règne » par des bourdes monumentales. Son plus grand tort reste évidemment sa vision fondamentalement « policière » de la société. Sa gestion des événements de Kabylie, son verrouillage systématique de la vie partisane, syndicale et associative par l’interdiction systématique de toute nouvelle formation, son hermétique quadrillage de l’espace public, comme c’est le cas à Alger où depuis la marche historique du 14 juin 2001, toute manifestation de rue est prohibée, l’interdiction à certaines personnalités « hostiles » et autres opposants étrangers de fouler le sol national, comme ce fut le cas récemment avec l’opposante tunisienne Sihem Bensedrine, autant de faits qui donnent une image peu glorieuse des « années Zerhouni », même si l’on sait que la responsabilité est partagée au sommet, le pouvoir étant cosolidaire dans ses dérives totalitaires.

    Les derniers jours de Zerhouni (avant d’être « promu » vice-Premier ministre, un poste flou pour le moment, une voie de garage selon certains) auront été marqués par le matraquage des enseignants grévistes et autres catégories sociales frondeuses, l’interdiction à peine masquée du 3e congrès de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme et la fermeture d’un espace symbolique aussi emblématique que la Maison des syndicats. Comment occulter, dans la foulée, l’affaire de la carte d’identité et du passeport biométriques et leurs 15 kilos de paperasses ineptes ? Il faut dire qu’avec cet épisode, la « bureaucratie policière » avait atteint le summum de sa sophistication et de sa bêtise. Last but not least : l’histoire retiendra que c’est sous le règne de Zerhouni que le DGSN, Ali Tounsi, a été assassiné, et l’on se souvient, là encore, de la confusion à laquelle ses déclarations brouillonnes et embarrassées ont donné lieu. Voilà donc en quelques mots le challenge de Ould Kabilia. Pour si peu que l’Exécutif ait réellement un souci de feed-back et un minimum d’inquiétude à se faire quant à son style de gouvernance et sans vouloir être naïfs, il y a lieu de croire que l’une des missions de Ould Kablia serait de « dézerhouniser » l’administration et donner d’elle une image moins sombre.

    Déjà, Ould Kablia s’est attelé à démanteler la complexe bureaucratie sécuritaire montée autour du passeport biométrique en allégeant la procédure de son obtention. Pour la gouvernance locale, il a annoncé depuis Oran une « charte de l’éthique » pour les walis en exhortant les préfets de la République à plus de transparence et à plus d’ouverture et de communication sur leur gestion. Aura-t-il l’audace, le désir, le projet, et surtout, les coudées franches pour soulager les Algériens du poids du « zerhounisme », ne serait-ce qu’en supprimant quelques barrages parfaitement inutiles et ne servant qu’à resserrer l’étau sur des vies déjà assez tenaillées comme cela ? Nous ne nous faisons, évidemment, aucune illusion à ce propos. Mais souhaitons tout de même que les prochains jours ne donnent pas tout à fait raison à notre réalisme…



    Par Mustapha Benfodil

  • Libertés académiques : Les chercheurs scandalisés




    Les pouvoirs publics sont-ils en train de verrouiller les libertés académiques ? La liberté des universitaires et des chercheurs est-elle menacée ? Ce sont autant d’inquiétudes que les enseignants universitaires expriment, après que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique eut introduit des mesures restrictives sur la participation des enseignants chercheurs en sciences sociales aux congrès et colloques à l’étranger. Il est laissé à l’appréciation des recteurs de décider si un enseignant doit participer à un colloque ou à un séminaire à l’étranger.


    Un tour de vis et un bâillonnement de la pensée libre, voire un retour à « l’ignoble autorisation de sortie imposée aux citoyens dans les années 1970 ». Des universitaires, scandalisés par une directive « policière », affirment ne pas « se laisser faire » et se disent décidés à « riposter » à ce qui s’apparente à une police de la pensée qui s’installe au sein de l’université. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui s’est saisi d’un cas d’enseignants « accusés » d’avoir pris des positions « allant à l’encontre de celles de l’Etat algérien au sujet du Sahara occidental » lors d’un colloque organisé au Maroc, a décidé de « priver » des chercheurs algériens de prendre part aux manifestations scientifiques à l’étranger. Ce sont la libre circulation et le droit à l’expression – pourtant garantis par la Constitution algérienne – qui sont menacés.

    La chercheuse universitaire Khaoula Taleb-Ibrahim dénonce une « tentative d’enfermement ». « Il y a un risque d’atteinte aux libertés académiques », s’est plaint pour sa part Hassan Remaoun, historien de l’université d’Oran et chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc). Il a estimé que la décision du ministère est « une mauvaise chose et ce n’est pas une bonne méthode. Elle est autoritaire. Il ne faut pas que le ministère de l’Enseignement supérieur devienne une annexe des services de sécurité ou du ministère de l’Intérieur », a indiqué M. Remaoun. Ce dernier a estimé, par ailleurs, que l’Etat « peut intervenir, mais il ne faut pas que l’universitaire fonctionne sous injonction ». Evoquant, le cas des enseignants ayant participé au colloque au Maroc, M. Remaoun a précisé que les chercheurs « ne sont pas des diplomates » et, de ce fait, ils ont le droit d’avoir une opinion en toute liberté.
    La police de la pensée s’installe à l’université

    Mais « cela dit, ils doivent être responsables », estimant qu’il y a toujours « des tentatives de manipulation et que le politique instrumentalise souvent la recherche ». C’est pour cette raison que le chercheur du Crasc préconise qu’il y ait « un minimum d’autonomie de l’université algérienne », en rappelant que « même lorsque l’Algérie vivait dans l’isolement durant les années 1990, Le CNRS (France) n’a jamais interdit à ses chercheurs de venir en Algérie ». Même sentiment de révolte et d’indignation chez Zoubir Arous, chercheur en sociologie à l’université d’Alger : « La situation est grave. Il s’agit là d’une velléité de restreindre les libertés académiques et une grave atteinte à la fonction de l’enseignant. Le chercheur est un producteur et diffuseur du savoir, et brider ses déplacements équivaudrait à limiter la diffusion du savoir dans la société », a-t-il mis en garde. L’oukase des autorités politiques exprime « une situation politique caractérisée par un recul tragique des libertés. L’enseignant n’est pas un homme politique pour qu’on lui applique des lois du ministère de l’Intérieur », avertit Z. Arous, qui fait le parallèle avec les années 1970 lorsque « les autorités politiques décidaient du contenu du sermon que devaient lire les imams ».

    De son côté, Abderezak Dourari, professeur en sciences du langage à l’université d’Alger, a considéré que « s’il y a un incident, ce n’est pas une raison pour limiter la liberté d’opinion des chercheurs, même s’il s’agit de questions sensibles ». Le CNES, dans une déclaration rendue publique hier, dit regretter « l’intronisation de la mesure restrictive de participation aux congrès à l’étranger qui ne peut être considérée que comme "pénalisante" qui porte atteinte à toute la communauté universitaire » et « n’arrange guère la promotion de la recherche scientifique en Algérie ». « Ce serait vraiment malhonnête de qualifier tous les enseignants chercheurs partant à l’étranger dans ce cadre de faire du tourisme ou autres activités. Certes, il y a peut-être une minorité qui altère l’image de marque de l’université algérienne par des participations qui suscitent des interrogations, mais en contrepartie, il y a une majorité qui honore dignement ses engagements. » S’il y a des dérapages, « ils sont en grande majorité dus à la complicité de l’administration qui tolère des participations nébuleuses », fait savoir le syndicat du supérieur. En somme, la position des autorités politiques à travers de telles mesures traduit une suspicion à l’égard des chercheurs et enseignants significative d’un pouvoir qui verrouille tous les espaces démocratiques.


    Par Hacen Ouali

  • Le panier de la ménagère toujours coûteux: Quels prix pour le ramadhan ?





    par Yazid Alilat, Le Quotidien d'Oran, 24 juin 2010

    Le coût de la vie s'est établi au mois de mai dernier à 5,3%, légèrement en hausse par rapport à celui enregistré au mois d'avril (5,2%), selon l'Office national des statistiques (ONS). Ainsi, pour cette période, l'IPC (indice des prix à la consommation) s'est établi en hausse de 4,33% durant les cinq premiers mois de l'année.

    L'IPC a été tiré vers le haut par une surchauffe des prix des biens alimentaires, avec une augmentation de 5,83% par rapport à la même période de l'année 2009. Les produits agricoles frais passent à +4,48% et les produits alimentaires industriels à +6,98%. Excepté la pomme de terre (-21,25 %), des oeufs (-12,54 %), la viande de poulet (-8,83 %) et des légumes frais (-0,06%), le reste des produits s'est caractérisé par des hausses, dont la plus prononcée a touché le sucre et les produits sucrés (+45,01%) et les fruits frais (+42,91%). La même tendance a été constatée pour les poissons frais (+16,41%), les viandes de bœuf (+13,44%), les boissons non alcoolisés (+16,7%), les viandes de mouton (+8,2%) et les huiles et graisses avec +8,07%.

    Même hausse, par ailleurs, pour les biens manufacturés (+3,21%) et pour les services à 2,80% au cours des cinq premiers mois de 2010. Par ailleurs, tous les produits de consommation du panier, représentatifs de la consommation des ménages ont enregistré des hausses entre le mois de janvier et mai 2010 : le groupe «alimentation-boissons» passe à +5%, l'habillement-chaussures (+4,4%), «logement et charges» (+2,9%), «santé-hygiène corporelle» (+2,9%) et enfin le groupe «meubles et articles d'ameublement» (2,6%).

    Le taux d'inflation s'est établi, d'autre part, en hausse de 1,4% au mois de mai 2010 par rapport au mois précédent (+0,9%). Durant cette période, les prix des biens alimentaires ont connu une hausse de 2,2%, due essentiellement à la hausse des prix des produits agricoles frais (5,3%). Par contre, légère décrue pour les prix des produits alimentaires industriels, qui ont été orientés à la baisse (-0,2%), alors que les biens manufacturés et les services sont restés stables à 0,8% et 0,3%. Par ailleurs, les produits agricoles frais restent orientés vers la hausse au mois de mai dernier : la pomme de terre (+36,53%) et les fruits frais (+8,13%), la viande de poulet (+3,13%) et la viande de bœuf (+1,21%).

    Comparativement au mois d'avril 2010, les principaux produits du panier sont restés stables, même s'ils sont légèrement orientés à la hausse. Il est clair que le rythme de l'inflation est tiré vers le haut par une hausse constante, et jusqu'à présent non maîtrisée, des prix des produits agricoles, mais également agro-alimentaires. Les prix des produits agricoles de saison, comme la tomate (+ de 40 DA), la courgette (35-45 DA), les haricots verts (40-60 DA) ou le poivron (50-80 DA) sont toujours orientés vers le haut, alors que à pareille période, une grande décrue était attendue par les ménagères. Quant aux fruits, ils restent globalement élevés, avec des nectarines entre 80 et 140 DA, les cerises toujours à plus de 300 dinars ou la banane à plus de 100 dinars/kg. Le mois de ramadhan sera assurément chaud, chaud pour la ménagère.

  • Condamné une énième fois par contumace : Où est passé Abderrazak El Para ?



    El Watan, 24 juin 2010

    L’affaire Abderrazak El Para ressurgit. Lundi dernier, le tribunal criminel près la cour de Batna a jugé et condamné par contumace cet ex-terroriste, pour avoir, entre autres forfaits, pris part à l’attaque, en mars 2003, d’un convoi militaire au nord-est de Batna, qui a coûté la vie à deux militaires.

    Ce n’est pas la première fois qu’El Para est jugé par contumace. Extradé le 27 octobre 2004 vers l’Algérie par la Libye, après sa capture par les rebelles du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad, Abderrazak El Para a été jugé par contumace 8 mois plus tard. En effet, le 25 juin 2005, le tribunal criminel d’Alger l’avait condamné par défaut à la réclusion à perpétuité pour « création d’un groupe terroriste armé ». Ce jugement par contumace a été justifié par le fait qu’El Para était encore considéré par la justice comme « en fuite ». Le 18 mars 2007, le même tribunal criminel d’Alger devait juger à nouveau El Para, une fois de plus par contumace. Mais le procès a été reporté. La raison invoquée est que la procédure judiciaire a été engagée avant qu’El Para soit arrêté et remis aux autorités algériennes.

    Il fallait donc attendre qu’une nouvelle procédure soit lancée. Après une longue attente, le procès d’El Para a été annoncé pour le 24 mars 2008. Mais il n’aura pas lieu. Pas plus que celui qui était prévu le 13 juillet 2008. En novembre 2009, le procureur général près la cour d’Alger, Zaghmati Belkacem, avait déclaré qu’El Para ne se trouvait dans aucune des prisons qui sont à Alger. Et depuis, le doute s’installe sur le sort d’El Para. Que devient-il ? Où est-il passé ? Pourquoi il n’a jamais été présenté à la justice ? Difficile de répondre tant l’affaire El Para est entourée de beaucoup de zones d’ombre. De son vrai nom Saïfi Amari, El Para, émir de l’ex-GSPC, doit répondre de plusieurs affaires terroristes. Il est considéré comme le cerveau du kidnapping de 32 touristes européens lors d’une prise d’otages, en 2004, qui a duré 7 mois. Il avait été impliqué dans un attentat contre des militaires et des groupes d’autodéfense, à Tébessa et Biskra, en février 2003.

    Par M. A. O.

  • L'affaire des otages du consulat français



    "Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté,
    alors il échoue à tout."
    Albert Camus.


    Le temps de la révolte

    Soldats de carrière et idéalistes, dès nos premiers pas dans l’institution militaire qui représente pour nous l’honorable descendante de l’armée de libération nationale (ALN), nos aînés nous enseignent un code de l’honneur très strict. Nous devons être intègres, irréprochables et prêts à donner nos vies à tout moment.
    Ils nous inculquent des valeurs qui sont sensées nous rendre digne du port de l’uniforme, ils nous enseignent que l’armée nationale populaire est le ciment de la nation et le fer de lance de notre liberté et que nous sommes par conséquent, le dernier rempart contre la barbarie et le chaos qui guettent la jeune république.
    Pour nous, l’ennemi est bien connu, ils nous l’ont largement défini. Des pancartes et des écriteaux accrochés aux murs de tous les établissements militaires sont là pour nous le rappeler à tout instant. Notre mission est très claire et devient au fil du temps notre raison de vivre. Nous voulons tellement honorer la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour donner naissance à une Algérie libre, que servir notre pays est devenu plus qu’un devoir: une religion.

    Nous, la nouvelle génération d’officiers issus des grandes écoles militaires, nous croyons à notre mission sacrée, celle dictée par la constitution : la défense de la nation et la sauvegarde de la république. Mais les idéaux pervertis et l’irresponsabilité pernicieuse que nous rencontrons au sein de l’institution militaire, joints à la cupidité, à l’affairisme aveugle, au clanisme, au régionalisme, à la soif de pouvoir, à la manipulation et au manque total de respect de la vie humaine, nous  incitent à rompre le silence.
    Un silence très pesant et parfois déchirant qui fait des uns des complices et des autres des lâches. Dénoncer est devenu plus qu’un devoir républicain. Notre témoignage est une obligation humanitaire. Une manière de rendre justice aux dizaines de milliers de victimes et aux valeureux qui se sont sacrifiés en essayant d’apporter un peu de lumière et de justice.

    Après des années de loyaux services, durant lesquelles nous nous sommes appliqués à faire notre devoir de militaires, le constat est amer. Nous avons vu venir la catastrophe avec l’effondrement de tous les principes qu’on nous a minutieusement professé. Devenir militaire en Algérie n’a plus qu’un synonyme : Devenir riche, puissant et au-dessus de la loi.
    Notre sort aurait pu être le même que celui de centaines de militaires qui succombent aux multiples tentations, mais pour une Algérie juste et souveraine, nous engageons un combat sans merci contre ceux qui transforment l’espoir des Algériens en déception et le rêve en cauchemar. Contre ceux qui utilisent les dépouilles comme un tremplin pour grimper toujours plus haut et s’assurer une place au soleil.

    Les commandeurs de l’institution militaire qui ont pris la situation sécuritaire en main et ont depuis longtemps trahi leur mission en commençant par anéantir les principes humains les plus fondamentaux. Manigancer pour leurs propres comptes avec un égoïsme sans égal, est devenu leur principale préoccupation dans le but de servir des intérêts personnels et mesquins. En définitive, Ils ont conduit le pays dans une impasse ténébreuse, avec pour seul horizon, un spectacle de guerre et de désolation.

    L’Algérie est pratiquement le seul pays au monde où la violence envers les civiles est un instrument institutionnalisé qui sert quotidiennement à gérer la vie politique et économique. Cette violence est devenue avec les années un mode avéré de contrôle des populations.
    Dès l’instant où le premier citoyen a été torturé, le corps armé dans son ensemble a cessé d’être digne et la république s’est vue affliger la pire des humiliations.
    La première victime a entraîné une seconde et dans une tourmente assourdissante qui dure encore, le compte final est terrifiant.

    Douloureux est d’admettre que certains officiers de l’ANP ont très largement dépassé dans le geste barbare de la torture le plus atroce des colonisateurs français. Une torture que certains psychopathes qui font honte à la race humaine, imaginent et mettent en pratique poussant à chaque fois les limites de l’intolérable. Ces Terminators «comme ils aiment bien être dénommés», ont réalisé l’œuvre la plus macabre de toute l’histoire de l’Algérie, elle compte des dizaines de milliers de victimes et plus de quarante milles disparus.
    Rien ni personne ne peut décrire fidèlement les supplices de ces femmes et de ces hommes que le temps a oublié

    L’humanité prend bien trop de temps à digérer les leçons de l’existence et oublie bien vite les brûlures de l’histoire. Les plus récents génocides en Bosnie, au Rwanda, en Algérie (pour ne citer que ceux là) sont des preuves qui interpellent et se rejoignent à la même finalité : tant que les décideurs optent pour l'élimination de l’autre pour asseoir un règne, une idéologie ou un gouvernement le résultat que nous connaissons restera toujours le même et la folie meurtrière prendra à chaque fois le dessus.


    Le putsch

    Révéler les dessous de l’infiltration et le but de la manipulation, n’est sûrement pas chose facile. Il n’est pas toujours évident d’expliquer cette pratique si l’on considère la complexité des mécanismes employés et les motivations qui caractérisent chaque opération de ce genre.
    Il serait affolant de découvrir combien l’opinion française autant que l’opinion algérienne ont pu être habilement menées dans un monde de machination. Il reste malheureusement fort à parier que tant que l’omerta est de rigueur, les illusionnistes régneront en maîtres.

    Depuis le début de la crise en Algérie, les généraux janviéristes (généraux auteurs du coup d’Etat de janvier 1992) font tout pour que la guerre contre leurs adversaires du front islamique du salut (FIS) dépasse la frontière du territoire et prenne une dimension internationale. Pour exporter le drame algérien, les moyens les plus abominables sont mis en œuvre.
    En France, après l’arrêt du processus électoral, la classe politique française condamne presque unanimement les putschistes, du moins en apparence !
    Bien qu’hostiles à l'avènement des islamistes au pouvoir, les politiciens en général, ne peuvent en aucune manière avaliser publiquement le renversement d’une conjoncture politique au moyen d'un coup d'état militaire. D'où la déclaration officielle de F. Mitterrand, condamnant en première annonce l'arrêt du processus électoral en le qualifiant "d'acte pour le moins anormal" et ce bien qu’il est avisé de l’imminence du coup d’Etat très peu de temps auparavant.

    Pour les généraux algériens, il faut à tout prix mobiliser la classe politique française dans son ensemble, en comptant sur l’appui indispensable des «amis de l’Algérie». C’est vital pour la survie même du commandement militaire. Ils mettent tout leur poids pour rallier le maximum de figures politiques à leur cause et obtenir par la même occasion, le soutien de la presse et de l’opinion publique française.

    Dans l’hémicycle de la démocratie française, des porte-voix perfides s’élèvent pour dénoncer la  passivité de la France face à l’avancée de l’intégrisme. Les mots d’ordres : sauvegarde de la démocratie, liberté et droit de l’homme ne sont que chimères, puisque les motivations réelles pour de telles prises de position ne sont que l’avidité du gain.
    Réaliser cet objectif va entraîner d’autres pays européens à en faire de même et avec l’appui de la France, toutes les portes de la légitimité politique vont s’ouvrir.
    Les moyens matériels mis en œuvre sont colossaux, et les généraux ne reculent devant aucune dépense, même humaine, pour mener à bien leur plan.

    Le cauchemar

    Sept étrangers dont deux Français, François Bartellet et Emmanuel Didion ( deux géomètres travaillant dans la région de Sidi Bel Abbas ) sont morts en Algérie du 21 septembre 1992 au 22 octobre 1993. Le désarroi pour les étrangers vient de commencer et un autre épisode de la sale guerre vient marquer la surenchère.

    Le 24 octobre 1993, trois fonctionnaires du consulat français, Jean Claude et Michèle Thévenot et Alain Fressier, sont enlevés par un commando « islamiste » dirigé par un certain Sid Ahmed  Mourad alias Djaafar el-Afghani, ce dernier réclame la libération de son ancien chef et membre fondateur du sinistre groupe islamique armé (GIA), Abdelhak  Laayada alias Abou Adlane, extradé par les autorités marocaines quelques mois auparavant.

    En pleins préparatifs pour la fête de la Toussaint, la nouvelle de l’enlèvement des fonctionnaires français a l’effet d’une bombe. Elle choque ce jour là des millions de Français les projetant de plein fouet au cœur du drame algérien. Le peuple français est confronté pour la première fois à la violence de la réalité algérienne. La distance entre les deux pays devient négligeable et tous les yeux sont rivés vers cette terre en feu.

    Cette affaire est en vérité plus complexe. Le vrai-faux enlèvement des agents consulaires français n’est qu’un petit acte d’une représentation où les victimes ne sont que les dindons d’une farce minutieusement préparée par les stratèges de la manipulation.

    La planification de cette machination remonte à quelques mois auparavant, exactement à la période de la compagne des législatives de 1993 en France. Les sondages sont favorables à la droite et une éventuelle victoire de l’opposition remettrait en cause la politique nonchalante des socialistes à l’égard de l’islamisme.
    Les services algériens inquiets de l’activisme des militants islamistes en France signalé par le représentant da la direction du renseignement et de la sécurité (DRS) en l’occurrence le commandant Souames Mahmoud alias Habib (officiellement premier secrétaire de l’ambassade, décédé en 1997 à Paris), dépêchent à Paris « en urgence » un émissaire spécial à Charles Pasqua. Ce dernier, en pleine compagne électorale, se méfiant des retombées d’une fuite sur une rencontre avec les services algériens, alors qu’il traîne toujours l’affaire Mécili,  laisse le soin à son bras droit et homme de confiance Jean Charles Marchiani de rencontrer l’émissaire algérien : Le général Smain Lamari, le tout puissant sous-directeur de la DRS et patron de la direction du contre-espionnage (DCE).

    Entres barbouzes chevronnés le courant passe très bien et dans le climat feutré d’un hôtel de luxe, Smain Lamari exprime l’inquiétude d’Alger face au manque de fermeté de la gauche vis-à-vis des islamistes présents sur le sol français. Il lui prouve, documents à l’appui, que la France est devenue la plaque tournante du trafic d’armes et de collecte de fonds pour les maquis en Algérie ; en quelques sorte la base arrière du terrorisme islamiste.


    Il se plaint à son interlocuteur du mépris des politiques français à l’égard des militaires algériens et la pseudo-fixation qu’ils font sur les atteintes aux droits de l’homme, alors que la situation générale est gravissime.
    Marchiani lui fait remarquer que les socialistes ne font que de la gesticulation intellectuelle, et que les droits de l’homme ne sont pour lui qu’une chose abstraite. Il promet qu’en cas où les urnes confirmeraient les sondages, la situation changerait radicalement. Marchiani exprime aussi des craintes et avoue à Smain que rien n’est sûr vu que les socialistes disposent de moyens matériels gigantesques et peuvent créer la surprise à cause des dernières mesures électoralistes.
    Smain comprend vite que son interlocuteur le sollicite financièrement, et rétorque que l’Algérie n’oublie jamais ses amis et promet de faire rapidement ce qu’il faut pour leur venir en aide. Dans un climat de satisfaction mutuelle, un rendez-vous est pris juste après le deuxième tour des élections.

     


    Yves Bonnet

    Entre temps un jeune officier de la DRS en poste à Paris livre une mallette contenant 500.000 francs en liquide à un politicien de la droite et proche des services du contre-espionnage français dans un hôtel de luxe situé à la porte de Maillot. La somme n’est qu’un acompte dérisoire devant le montant total de l’aide apportée aux hommes du RPR et qui se chiffre par millions de francs. Le financement se fait entre autre, grâce à des commissions reversées lors de marchés frauduleux. C’est le cas, par exemple, pendant l’achat par l’Algérie de matériel d’écoute très sophistiqué (des Renault espace bourrées d’électronique servant à la détection) et des équipements de sécurité facturés quatre fois leurs prix réels par une société spécialisée dans le domaine. Le directeur de la dite société qui est un élément très proche à la fois de l’ancien patron de la direction de la surveillance du territoire (DST), en l’occurrence le fameux Yves Bonnet et du ministre de l’intérieur Charles Pasqua, a empoché pour ses amis une commission faramineuse.
    Voilà un exemple parmi tant d’autres sur les circuits déviés du financement d’un grand parti politique français par les services algériens et la corruption de certaines figures politiques de premier plan. Nous reviendrons dans un autre dossier avec plus de détails sur les relations troubles de certains politiciens français avec les services algériens et le rôle majeur joué par la mafia politico-financière.

    Une fois les élections passées, les résultats des urnes donnent une large majorité à la droite et sonnent le retour de Pasqua et compagnie aux affaires. Ce dernier va transformer le sol français d’une présumée base arrière de l’islamisme en une réelle arrière cour des services secrets algériens.
    Les généraux algériens sont pressés et les choses vont alors très vite dès l’installation du gouvernement Balladur. Dans la semaine qui suit l’installation du préfet Philippe Parant en remplacement de Jacques Fournet à la tête de la DST, une réunion de première importance est organisée à la place Beauvau.
    Une délégation restreinte conduite par le général Smain, comprenant le lieutenant-colonel Farid, commandant des services opérationnels de la DCE et bras droit du général Smain, le commandant Habib et M’hamed Tolba, le chef de la direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Du côté français : le nouveau directeur de la DST, le général Philippe Rondot.

    Les Algériens présentent une liste nominative comprenant plus de 600 noms de présumés militants islamistes soupçonnés d’activisme au profit des maquis en Algérie avec des détails époustouflants sur l’étendue de leurs activités en Europe! Les responsables français découvrent hébétés que la DRS a gardé intacts ses réseaux de correspondants «indicateurs» de l’ancienne SM (sécurité militaire devenue DRS).
    Parmi les noms, il y a ceux de gens inconnus des services français, des étudiants, des commerçants, des citoyens algériens en situation irrégulière et des réfugiés politiques. Les Algériens donnent aussi à leur homologues français une autre liste rouge de militants activement recherchés en Algérie pour terrorisme.

    Le préfet Philippe Parant rassure le général Smain Lamari et lui garantit que la France ne tolérera plus l’activisme islamiste sur son sol et lui promet de soulever un rapport complet à son ministre de l’intérieur et qu’une enquête approfondie serait entreprise par ses services, mais lui fait remarquer délicatement que la décision finale concernant la suite de cette coopération naissante reviendrait aux politiques, mais cette remarque n’est pas du goût des Algériens.

    Quelques semaines après cette réunion, les services de la DST et les RG localisent la totalité des militants ; des contacts directs sont pris avec certains responsables de cette mouvance dont Moussa Kraouche. Ce porte-parole de la Fraternité algérienne en France (FAF), organisation satellite du front islamique du salut a toujours accepté de rencontrer des agents de la DST et des renseignements généraux (RG) et soutient publiquement la lutte armée en Algérie qu’il considère «légitime».
    Les services français surveillent de prés la nébuleuse islamiste, pour eux, la FAF est un groupuscule qui pour s’affirmer cherche des relais auprès des grandes associations musulmanes sans plus, et aucune action sérieuse n’est prise à son encontre.
    Au même moment, les politiciens (principalement de droite) et les médias prennent le relais pour dénoncer ouvertement le manque de fermeté et le laxisme des capitales européennes à l’égard des terroristes du FIS.

    Lors d’une conversation avec son homologue algérien, Charles Pasqua lui fait comprendre que la France est un Etat de droit et qu’elle ne peut réprimer des gens sur le simple fait qu’ils expriment une opinion. La presse et les organisations de défense des étrangers et des droits de l’homme prendraient dans un tel cas leur défense et feraient tout pour ameuter l’opinion publique qui est très sensible au principe de la liberté d’expression. «Si les intérêts de la France sont menacés, là c’est une autre histoire» commente Pasqua.

    Si monsieur Pasqua ne peut se permettre de dire ouvertement aux Algériens «donnez-nous un prétexte solide pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière», cela va autrement pour le barbouze J.C. Marchiani. Il propose à ses amis de la DRS de monter une opération de provocation contre des intérêts français en Algérie sans dommages physique (sans perte d’hommes, une opération blanche).
    Les Algériens qui n’attendent que ça, sautent sur l’occasion et proposent l’explosion d’une voiture piégée devant l’ambassade de France. Marchiani, l’expert des coups tordus depuis l’affaire Marckovic, fait comprendre à Smain Lamari qu’une prise d’otages serait mieux exploitée émotionnellement et l’impact médiatique serait plus grand. Il exige « pour la sécurité des futurs vrais-faux otages » que ce soit les services qui montent toute l’opération sans l’intervention d’islamistes même manipulés et contrôlés de prés.


    J.C.Marchiani


    Les Algériens proposent plusieurs scénarios de prise d’otages : le kidnapping de l’ambassadeur avec son chauffeur et son escorte, l’enlèvement de religieux d’origine française ou des fonctionnaires du consulat. Marchiani opte pour la dernière proposition. Il conforte ce choix en disant que de simples fonctionnaires sont plus faciles à gérer! Le ravissement de l’ambassadeur pouvant entraîner des victimes parmi le personnel d’escorte sécuritaire français.

    Le 23 octobre, téléguidé par les services opérationnels de Smain, un contact algérois de Djaafar el-Afghani l’informe que le groupe de Climat de France (une localité pas loin de Bab El-oued) a l’intention d’enlever des français, sans autres précisions.
    Cette démarche est une précaution prise par les services pour parasiter un éventuel démenti de la part des groupes armés.
    A cette époque les groupes armés sont autonomes et l’absence d’une direction nationale offre aux «émirs» une certaine liberté d’action. C’est la raison pour laquelle plusieurs attentats contre des militaires ou des membres des services de sécurité sont revendiqués par plusieurs groupes en même temps et parfois d’autres attentats sont restés sans revendication. Cette situation facilite la tâche du département d’infiltration et de manipulation (DIM), une sous-direction de planification des opérations à la DRS.

    Le lendemain, 24 octobre un commando spécial composé de six hommes appartenant tous au service action de la DCE (une unité faisant partie du service opérationnel de la direction du contre-espionnage, respectivement sous le commandement du lieutenant-colonel Farid et le général Smain Lamari), avec à sa tête le capitaine Rachid Belhout et le lieutenant Mustapha Aouina comme second (leurs vrais noms), enlève les trois fonctionnaires français et les emmène à bord d’une camionnette G5 abattant à son passage un pauvre policier.
    Les otages sont séquestrés dans une maison appartenant au service et un communiqué revendiquant l’enlèvement est transmis de suite aux médias réclamant la libération de Abdelhak Laayada.
    Après le branle-bas de combat médiatique, une chasse à l’homme est déclenchée à Alger et plusieurs militants islamistes sont appréhendés à l’occasion. L’assaut donné par les forces spéciales contre une maison à Ouled Eslama pas loin d’ Alger n’est qu’une vulgaire mise en scène.

    François de Grossouvre (officiellement chargé de l’organisation des chasses présidentielles, en réalité, attaché des renseignements auprès de F. Mitterrand), l’homme de confiance du président, alerte ce dernier et lui révèle l’implication des services algériens dans cette prise d’otages ; l’information lui vient d’une source qu’on ne nommera pas pour des raisons de sécurité car cette personne se trouve toujours en Algérie.
    Aussitôt, l’Élysée exige de Matignon d’être associé au suivi du dossier puisque cela relève de la politique étrangère qui reste toujours le domaine du président. Une mission est confiée à un spécialiste de l’Algérie qui est envoyé auprès du Ministre de l’intérieur algérien, mais Pasqua obtient de le faire accompagner par l’un de ses envoyés très spéciaux sous le prétexte fallacieux de faire entendre une seule voix de la France.
    Pasqua ne veut surtout pas que les décideurs algériens pensent que le dossier algérien lui échappe. Il veut aussi éviter par la même occasion que les retombées d’une libération, qu’il sait imminente, ne profitent politiquement au président de la république F. Mitterrand. Il faut bien rappeler au passage que cette rivalité entre droite et gauche, remonte à la crise déjà vécue entre les deux camps pendant la guerre du Liban et la prise d’otages français qui a eu lieu en ce temps.

    Au ministère de l’intérieur algérien, le général Smain rassure ses interlocuteurs français et plus particulièrement l’homme de l’Élysée, il leur fait un large exposé sur le danger du terrorisme islamiste et  les menaces qu’il représente de part ses relais en France et dans certains pays européens.
    Il les rassure quant au sort des otages en leur disant qu’ils sont localisés et que ses hommes sont préparés à tout faire pour éviter de mettre en danger la vie des ressortissants français pendant leur intervention.
    Sans aucune gêne, Smain Lamari fait remarquer aux émissaires français que les autorités algériennes attendent bien entendu un geste en échange. Il laisse ensuite entendre qu’il n’arrive pas à comprendre les raisons pour lesquelles, les gens signalés par ses soins aux autorités françaises, continuent de mener librement leur propagande à la sortie des mosquées et récoltent des fonds pour acheter ensuite des armes. Smain prend même un ton menaçant en annonçant « que dans le cas où la politique de complaisance du gouvernement français envers les gens du FIS ne cessera pas, ses services ne resteront pas les bras croisés face au large soutien logistique et financier des maquis venant de l’autre rive de la méditerranée. Il promet que ses services agiront pour éradiquer le problème à la source.
    De son côté, M’hamed Tolba, le patron de la police accorde pour la première fois une interview à la chaîne TF1 où il donne des assurances. Il faut dire que jusque là les étrangers enlevés sont généralement retrouvés morts au bout de 48 heures.

    La décision de libérer les trois fonctionnaires du consulat est prise par le commandement dans la nuit du 26 octobre.
    Pendant ce temps, dans le quartier populaire de Ben Aknoun, les «otages» sont maintenus au secret sous la bonne garde des officiers du service opérationnel (appelé aussi service action ; ce service fait partie du centre opérationnel connu sous le nom de code «ANTAR» ) de la DCE.
    Une altercation entre deux membres du commando ravisseur a failli tourner au drame à cause d’un abus d’alcool. Les sous-lieutenants Tayeb Ramdani et Samir Guettaf en charge de surveiller les deux otages, en viennent presque aux armes et leur état d’ébriété met la puce à l’oreille de Alain Fressier. L’odeur de l’alcool et le comportement des deux officiers finissent par gripper la machine bien huilée de la DRS. Alain Fressier n’hésite nullement à remettre en cause l’appartenance islamiste de ses ravisseurs. En effet, connaissant bien l’Algérie et les islamistes Algériens ainsi que leurs comportements, il exprime son étonnement au chef du groupe, le capitaine Rachid Belhout en lui demandant, comment des gens qui luttent pour l’installation d’une république islamique consomment de l’alcool ?

    Le capitaine Rachid Belhout informe le lieutenant-colonel Farid de cet incident qui informe à son tour le général Smain Lamari.
    Les répercussions de cet incident survenu pendant la soirée mettent particulièrement Smain Lamari hors de lui et sèment un vent de panique ; c’est ce qui entraîne une libération tardive des deux hommes. Les deux otages français échappent de très peu à une mort certaine à cause du commentaire de Alain Fressier.
    Michèle Thévenot est libérée en premier le 27 octobre, habillée en tchador et quelques heures plus tard les deux autres captifs sont libérés à leur tour. Entre les deux libérations, il n’a y a pas plus de trois heures.

    Les militaires algériens veulent que les «otages» soient interrogés (briefing) par des hommes sûrs pour éviter toute fuite et qu’ils soient soustraits à la presse! Pour ne pas faire de commentaires sur la libération des otages, les services d’Alain Jupé invoquent des raisons de sécurité pour expliquer le mutisme des ex-otages. Les autorités françaises ont pour la première fois de leur histoire interdit à des otages libérés de parler librement à la presse.
    En éloignant les trois otages (affectés vers de nouvelles fonctions dans l’Océan indien), Charles Pasqua croit avoir enterré la vérité.



    Alain Fressier, Jean Claude Thévenot et Michèle Thévenot





    En Algérie, quatre membres du commando sont arrêtés sous l’ordre du général Smain Lamari, quelques jours après les familles Ramdani et Guettaf sont informés que leurs enfants sont morts en service commandé.

    L’enlèvement des agents du consulat français a réussi et s’est fait avec la bénédiction du ministre de l’intérieur Charles Pasqua et la complicité de Jean Charles Marchiani. Le premier et le dernier dénouement heureux d’une prise d’otages en Algérie!

    C’est le ministre algérien de l’intérieur qui livre la version officielle finale en déclarant : «les ravisseurs sont au nombre de neuf, quatre sont tués et quatre sont en fuite, leurs portraits sont diffusés et ils sont recherchés activement. Le neuvième est arrêté et donne aux forces de sécurité une adresse à Oued Slama à 25 km au sud Alger. Les forces de sécurité donnent l’assaut et le bilan est d’un mort et un blessé qui parle à son tour avant de mourir et donne une autre adresse. Un autre assaut des forces de sécurité et un autre blessé aussi qui donne des informations avant de succomber à ses blessures. Jean Claude Thévenot et Alain Fressier sont ensuite retrouvés ligotés dans une salle de prière située à Oued Koriche».
    Pour ce qui est de madame Thévenot, la version officielle dit qu’elle est restée trois jours avec son mari avant que ses ravisseurs ne lui changent d’endroit! Sur sa demande, elle est déposée à sa libération chez monseigneur Thessier, l’archevêque d’Alger d’où elle appelle l’ambassade de France. Elle est par contre porteuse d’une lettre de menace manuscrite qui est rédigée en toute hâte à l’intention des Français présents en Algérie en particulier :


    * les étrangers qui seront en Algérie le mois prochain risquent de se faire tuer.
    * il n y’aura plus de prise d’otages et ce sera plus violent qu’en Égypte.

    Cette version étant trop bien réglée pour être plausible conduit en effet certains experts à douter de la responsabilité des commandos islamistes. A Paris la rumeur dit qu’il y a manipulation de la part du gouvernement algérien et trois versions circulent concernant le scénario de cette libération. A ce propos, une chaîne de télévision française privée soulève des interrogations sur les vrais commanditaires de cette affaire à cause des zones d’ombres qui l’entourent.

    Le pouvoir marque un point; Merbah assassiné depuis peu, c’est une revanche pour le gouvernement qui veut afficher sa maîtrise de la situation. Cette libération est un succès pour les services de sécurité algériens, ce qui va améliorer l’image du gouvernement algérien en France, mais aussi un coup de publicité extraordinaire pour le GIA qui met au devant de la scène l’éternelle piste islamique qui va servir à la DRS pour mener d’autres opérations.

    Les retombées politiques de cette affaire sont extraordinaires pour les généraux d’Alger, les parlementaires européens demandent en cette occasion l’annulation de 6 milliards de dollars de la dette algérienne contractée auprès de la CEE, (un argent qui s’est évaporé dans le labyrinthe des généraux), tout en appelant à une nouvelle politique vis-à-vis de l’Algérie anti-intégriste.

    Stephan Hessel, ancien ministre conseiller à Alger entre 1964 et 1969 et président de l’association France-Algérie déclare à cette occasion : «On n’aura le fin mot de l’histoire que dans quelque temps».

    Le ménage DRS-DST

    Anéantis par la prise d’otages au Liban en guerre, les services français sont dans l’embarras le plus total et se débattent en vain dans le bourbier libanais pour la récolte de renseignements qui peuvent mener aux ravisseurs. Malgré de bons rapports avec les autorités libanaises, le gouvernement français est hors circuit dans cette zone où la situation échappe à tout contrôle. Les rues de Beyrouth sont devenues la propriété des milices de toutes tendances, dont celle proche du Hezbollah iranien qui a kidnappé des otages français. A cette période, l’Algérie jouit d’un crédit important auprès des Iraniens suite à la résolution pacifique de la crise des otages de l’ambassade américaine.
    De plus la sécurité militaire du temps de Boumediene a implanté à Beyrouth, grâce à l’aide du KGB, un centre d’écoute très avancé, ce qui lui donne une longueur d’avance dans le domaine du renseignement.
    Pour essayer de résoudre le problème des otages, les services français dépendent entièrement de la bonne volonté du MOSSAD qui monnaye bien ses informations qu’il distille au compte-gouttes.

    Avec l’arrivée en France de la gauche au pouvoir et le récent changement de président en Algérie, une nouvelle ère est née. L’histoire dira que l’arrivée de Chadli Bendjedid au pouvoir a permis à certains éléments «plus motivés», favorables au rapprochement avec la France, d’accéder à la sphère de décision et contribuer ainsi d’une manière très efficace à la fusion du mur de glace qui est dressé entre les deux pays depuis l’indépendance.
    Profitant de la nouvelle conjoncture, des responsables français émettent une demande de collaboration avec la sécurité militaire dans le but de libérer les otages. Pour se faire plusieurs va-et-vient entre Paris et Alger sont nécessaires pour venir à bout de tous les différends. Yves Bonnet, directeur de la DST à l’époque, fait de la réussite de cette approche avec la sécurité militaire algérienne un point d’honneur. Du succès de ce concubinage peu ordinaire dépend sa carrière personnelle et professionnelle.
    En fin de compte le marché est conclu entre les deux services DST et SM : une aide pour la libération des otages au Liban en échange d’informations sur les activités du parti de Ben Bella, le MDA.
    Du temps où la sécurité militaire algérienne était redoutable (les années Boumediene), il était évidement impensable d’imaginer un seul instant une coopération avec les services français surtout ceux de la DST!

    Depuis cette date la coopération entre la DRS (la nouvelle appellation de la SM) et la DST s’est largement développée et les exemples ne manquent pas :
    Le cas le plus frappant (en période de paix) de cet échange souvent illégitime est l’affaire Mécili. A cette époque la sécurité militaire algérienne possède un service spécialisé qui s’occupe des Mouvements de Libération. Commandé vers la fin des années quatre-vingt par le commandant Mahmoudi (le dernier directeur), ce service avait la charge d’entraîner les commandos volontaires de chaque mouvement et de subvenir à leurs besoins logistiques. C’est ainsi que des Palestiniens, des Basques de l’ETA, des Irlandais de l’IRA et d’autres ont séjourné à plusieurs reprises dans un camp spécial d’entraînement dépendant du service non loin de Médéa à environ 85 Km au sud-ouest d’Alger. Comble du comble lorsqu’il s’agit pour Alger de condamner aujourd’hui publiquement  le terrorisme!

    Concernant les Basques de l’ETA : un commando dirigé par un certain Domingo Iturbe Abásolo, alias Txomin ayant causé beaucoup de soucis aux Français et aux Espagnols qui demandent officiellement à Alger son extradition ou son refoulement. Pour satisfaire cette demande il est envoyé au Mali pour 48 heures puis revient. Un peu plus tard, lorsque Txomin se montre non disposé à négocier la fin de la lutte en Espagne, Il est liquidé le 25 février 1987.
    Nous passons sur les motifs qui ont mené à la liquidation le 07 avril 1987 de Ali Mécili, un ancien du Ministère de l’armement et des liaisons Générales (MALG : le service de renseignement algérien pendant la guerre de libération), par un homme de main de Smain Lamari, le capitaine Abdel-Malek Amalou alias capitaine hassane. Après son arrestation par la police française, Le tueur a droit à un billet première classe vers Alger. La relation entre la liquidation de Txomin et Mécili est l’on ne peut plus claire.

    Ca ne s’est malheureusement pas arrêté à cet assassinat, car l’oligarchie militaire en Algérie ne fait pas dans les demis-mesures. La liquidation des opposants au régime est une pratique tout ce qu’il y a de plus courant ; le représentant du FIS à Paris Abdel Baki Sahraoui est une victime dont le cas aurait dû susciter bien des interrogations dans un pays qui réclame la paternité des droits universels de l’homme. Sa liquidation est nécessaire pour ne laisser apparaître sur le champs politique et médiatique qu’une seule tendance du FIS, celle de Rabah Kebir qui est déjà bien amadoué par Jean Charles Marchiani depuis quelques mois.

    Pour la DST française, sous traiter des affaires pour le compte de la DRS est devenu chose courante, histoire de rendre service aux copains. En plus des informations piégées qui sont transmises par le service algérien à leurs homologues français afin de les mettre sur des pistes bien spécifiques plutôt que d’autres, les responsables du renseignement algérien demandent des services ponctuels, comme ils l’ont fait tout récemment en demandant :

    *une assistance pour l’identification et la localisation des membres du mouvement algérien des officiers libres (MAOL) et plus particulièrement du porte-parole, le colonel Baali Ali.
    *La neutralisation des sites Internet du MAOL par leurs experts.

    Notons au passage que plusieurs militaires qui se sont réfugiés en France (pour diverses raisons) durant les années 90(surtout à la fin) ont été réexpédiés à la demande d’Alger et ce malgré les conventions internationales en terme de droit d’asile ! Les officiers victimes de cette pratique (qui ont refusé pour la plupart de cautionner une hiérarchie criminelle) se sont retrouvés dans la prison militaire de Blida après une correction bien spécifique aux déserteurs.
    Il y a beaucoup à révéler sur cette «coopération» peu ordinaire où la loi n’a pas droit de regard, pour ce qui nous concerne, en plus des intérêts personnels des uns et des aspirations politiques des autres, cette coopération rentre dans un autre cadre et sert un but stratégique qui est celui de mettre les bâtons dans les roues du concurrent!

    L’aide des services algériens aux autorités françaises est très souvent discret, si ce n’est les fuites répandues par certaines sources qui le mettent parfois sous les feux de la presse. La livraison de missiles français par les Algériens aux Iraniens (un avion Cargo militaire algérien aux couleurs d’air Algérie livre des missiles français via Chypres) pour le compte des français. Cette livraison est faite entre autre pour satisfaire le gouvernement iranien durant la période de jugement des assassins d’un opposant iranien.

    Pour Alger, l’aide des services français est plus que normale, puisqu’en combattant l’intégrisme dans son nid, Alger rend service à Paris et prévient sa prolifération en Europe! Un argument largement évoqué par des politiciens qui clament un soutien ouvert et sans limites aux militaires d’Alger. Certains politiciens joignent l’utile à l’agréable et ne font pas de différence entre les affaires et la politique.

    Durant la chasse aux dirigeants du FIS à l’étranger, de grands moyens sont déployés et la priorité est donnée à la surveillance des responsables comme Ben Azouz Zebda qui est un des leaders et membre fondateur du FIS et connu pour être un affairiste redoutable. Il a pour mission, la collecte des fonds nécessaires à l’effort de guerre. Installé en Turquie, où Il réussit à monter une grande affaire, il se déplace beaucoup vers les capitales du golf en quête de financement.

    A la fin de l’année 92, des agents de la DRS le suivent pour identifier l’origine de ces fonds et incriminer les généreux donateurs. Il se rend au début de l’année 93 au Soudan et en guise de bienvenue, une soirée (à la Soudanaise) est organisée en son honneur dans la maison d’un notable. L’officier en charge de l’opération de surveillance arrive à le photographier à l’intérieur même de la maison avec les dignitaires présents ce soir là. La surprise est plus que formidable lorsqu’à la DRS on relève sur les photos la présence parmi les invités d’un homme fantomatique : Illich Ramirez Sanchez alias «Carlos».
    Pour Smain, cette découverte est un cadeau du ciel, une bénédiction car après l’éloignement de Carlos de la Syrie, c’est au Yémen que les services étrangers perdent sa trace.

    Le général Smain Lamari sait que le général Philippe Rondot et Charles Pasqua veulent tous deux mettre la main sur cet homme qui leur a mené la vie dure. Plus encore le général Rondot puisque Carlos est l’une des raisons de son éviction du SDECE (service de documentation extérieure et de contre espionnage, ancêtre de la DGSE). Le timing est plus que parfait, avec Charles Pasqua au ministère de l’intérieur, Le général Philippe Rondot à la DST comme l’un des meilleurs spécialistes français du monde arabe, Smain Lamari est sûr que la nouvelle va mettre les intéressés dans tous leurs états. Il se déplace en personne à Paris pour montrer les photos aux général Rondot.
    Le Calcul est judicieux! Smain sait qu’il aurait beaucoup à gagner en informant Rondot et non le ministre de l’intérieur Charles Pasqua; il veut consolider une relation qu’il a mis beaucoup de temps à construire. La suite, c’est un coup médiatique sans précédent pour la droite, une légion d’honneur pour le général Philippe Rondot, une revanche bien lourde de la DST sur la DGSE.

    Nous laissons aux ouvrages spécialisés le chapitre de la guerre entre les services français et ses conséquences sur la vie politique. Toujours est –il en ce qui nous concerne que pour la DRS (et spécialement la DCE), la DST est devenue le copain d’à côté. Ayant bâti cette relation sur une base plus personnelle que professionnelle, Smain Lamari est devenu un personnage incontournable qui met à mal la position même du général Toufik, ce qui décide ce dernier à bouger et veiller en personne sur l’évolution des rapports avec les services de la DST.

    D’un autre côté, il va sans dire que la DGSE reste pour la DRS un service très hostile à cause des prises de positions de celle-ci après les élections qui ont failli porter le FIS au pouvoir. Les recommandations de la DGSE au gouvernement français n’étant pas du goût d’Alger car préconisant aux politiques de se faire avec la nouvelle situation et de se préparer à traiter avec un gouvernement FIS de la même manière qu’ils traitent avec les pays du golf.


    La brouille entre la DRS et la DGSE vient aussi du fait que les éléments de la DGSE sont plus rigides car astreints à la discipline militaire ; la marge de manœuvre réservée aux affaires est nulle. Pour la DGSE, l’Algérie est toujours un adversaire à surveiller de très près et pour cause, l’affaire des moines de Tibhirine est un exemple très flagrant dans ses tenants et aboutissants. Cette tragédie qui a choqué par son atrocité tous les Français a mis la DGSE dans un embarras certain. Un des objectifs principaux de cette macabre machination est de discréditer une fois pour toute la centrale du renseignement extérieur français. Les généraux de la DRS soufflent le chaud et le froid et prennent activement part à la vieille querelle dont ils tirent un grand bénéfice.



    Le réseau dormant

    Dès l’arrivée de la droite au pouvoir et suite au manque de personnel qualifié pour la surveillance des ressortissants algériens présents sur le sol français, les responsables des services de sécurité du ministère de l’intérieur français demandent à M’hamed Tolba (au moment où il est directeur de la police algérienne) de les renforcer en moyens humains sûrs, efficaces et capables de se reconvertir facilement sur le sol français ; une affaire qui fait tache d’huile au sein de l’administration de la police nationale.


    M’hamed Tolba

    M’hamed Tolba orchestre une vraie hémorragie au sein de la DGSN, plusieurs dizaines de jeunes officiers de police ayant fait leurs preuves sur le terrain sont sélectionnés par ses soins et envoyés en France. Le motif de leur déplacement étant bien singulier, «des vacances en France» en guise d’encouragement aux officiers méritants et ayant fourni le plus d'efforts. Une fois arrivés à bon port, les policiers algériens sont pris en charge et approchés par des officiers de la DST qui ont déjà le dossier complet de chacun des agents potentiels.

    Soudoyés par les promesses d’une belle carrière, la plus grande majorité des officiers dépêchés par Tolba succombe aux propositions et opte pour un changement de carrière avec l’acquisition immédiate de la nationalité française en prime. Même le fils de Ali Haroune, Abdel-Malek Haroune choisit cette reconversion rocambolesque!
    Ces officiers de police fraîchement recrutés sont pour la plupart utilisés par les renseignements généraux (RG). Les plus sûrs d’entre eux sont récupérés par la DST pour les investir dans les services de recherches ou dans le centre d’écoute téléphonique pour aider à la transcription des conversations entre individus algériens qui utilisent le plus souvent dans leurs discussions un langage codé que seuls des algérois peuvent comprendre.
    Notons au passage, que les policiers (tous grades confondus) qui fuient le feu en Algérie pour se réfugier en France sont tous approchés par les services de la police française. Sous la menace d’un rapatriement ou le refus d’une carte de séjour, ils finissent presque tous par collaborer ; certains plus perméables que d’autres pour des raisons bien simples que nous verrons plus loin dans le texte.

    Malheureusement pour Tolba, dès leurs entretiens avec les agents des services français, trois officiers parmi ceux qu’il a envoyé prennent immédiatement contact avec le chef du bureau de la DRS à l’ambassade d’Algérie, le commandant Habib. Ce dernier  alerte sa direction de tutelle à Alger et de fil en aiguille, le général Toufik découvre la «trahison» du patron de la police nationale.
    Le général Toufik saisit l’occasion et ordonne au commandant Habib d’investir tous les policiers qui se mettent en contact avec lui et de leur expliquer la nécessité de leur présence au sein des services français pour des raisons de sécurité nationale. Il veut en faire des agents doubles et leur promet un tas d’avantages sociaux en plus de ceux perçus par le gouvernement français.
    La discrétion la plus absolue est recommandée par Habib à ses jeunes taupes et des instructions très strictes leurs sont données concernant les modes de contact avec le service.

    Cette opération de renflouement des services de sécurité français par des sujets algériens est ordonnée par Charles Pasqua en personne, et c’est grâce à lui aujourd’hui que des officiers de sécurité se retrouvent à des postes importants au sein de la police française dont certains au sein même de la DST comme agents doubles. Le pire pour L’ex. ministre de l’intérieur français c’est que le général Toufik a par la suite dépêché d’autres soi-disant policiers (des éléments de la DRS) qui ont rejoint le territoire français et qui activent…,officiellement comme…


    Charles Pasqua

    Près de quatre cents agents ou collaborateurs ont ainsi regagné le sol français et formé un réseau dormant clandestin constituant ainsi un moyen terrible de chantage qui a fait ses preuves dans…et ce grâce à monsieur Charles Victor Pasqua.

    Pour ce qui est de M’hamed Tolba, il espère devenir grâce à son apport le médiateur exclusif entre les services algériens et les services français avec la création d’un super service de sécurité intérieure similaire à la DST en Algérie. Mais c’est sans compter avec les ambitions du général Smain Lamari qui a en tête les mêmes projets. Pour ne pas soulever les suspicions des services français, Tolba est démis de son poste à la DGSN en douceur et nommé consul à Lyon. Il vit toujours dans la même ville où il gère une grande Boulangerie -Pâtisserie dans un centre commercial de renom en plus des nombreuses affaires qu’il possède en France et en Suisse.

    C’est Smain Lamari qui prend la relève et s’impose comme unique médiateur grâce à son passé avec les services de la DST et ses relations plus que privilégiées avec son ex. directeur Yves Bonnet. Un autre général, Saidi Fodil est démis de ses fonctions de directeur de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE, l’équivalent de la DGSE) lorsqu’il revendique la coopération avec les services étrangers prétextant qu’elle dépendait de la DDSE et non de la DCE (une mini-guerre des services ). Ce même général est par la suite liquidé pour des raisons du même genre en 1996 au début de la période présidentielle de Zeroual.

    Dans la pêche aux agents, la friction entre les deux services français DST et DGSE a donné des étincelles et les deux partis ont souffert des effets du choc entre poids lourds.

  • wan two tri adieu mandela

  • AFFAIRE DU SCANDALE SONATRACH


    L’instruction de l’affaire du scandale Sonatrach abordera, dans les prochains jours, une nouvelle étape. Selon certaines indiscrétions, le juge en charge du dossier entamera l’instruction de fond avant de renvoyer le dossier devant la chambre d’accusation. Cette dernière devra statuer sur les griefs retenus contre les mis en cause.
    Abder Bettache - Alger Le Soir) - Il est à noter qu’il s’agit là de l’une des phases les plus importantes de l’instruction de toute affaire à caractère criminel. Selon des avocats, cette phase qui sera sans aucun doute ponctuée par l’étape de la confrontation, permettra au juge instructeur de «situer véritablement les dessous de l’affaire». Nos sources considèrent, à ce propos, que «l’instruction de fond est totalement différente des premières auditions. Le magistrat en charge du dossier aura pour principal tâche d’établir son ordonnance où seront mentionnés les chefs d'inculpation. Une copie du dossier sera remise au procureur de la République avant de saisir la chambre d’accusation qui, à son tour, statuera sur le dossier devant une juridiction, sur la base d’un arrêt de renvoi.» Il y a lieu de noter que lors de la première étape, le juge d’instruction avait auditionné, en premier lieu, les personnes placées sous mandat de dépôt, puis celles se trouvant sous contrôle judiciaire ou en liberté provisoire, avant de convoquer les témoins. Cette première étape peut durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant que le magistrat ne s’engage dans l’ultime étape qui est celle de la confrontation entre les différentes personnes mises en cause. Dans l’affaire Sonatrach, la première étape a duré environ trois mois. Cette étape, qualifiée d’importante, a été minutieusement suivie par les avocats de la défense qui voulaient saisir la moindre défaillance pour faire appel auprès de la chambre d’accusation ou saisir le juge instructeur. Sur un autre plan, il n’est pas exclu que les robes noires exploitent le moindre fait nouveau qui interviendrait lors de cette instruction de fond pour faire appel tant auprès de la chambre d’accusation qu’auprès de la Cour suprême. L’enjeu étant pour les avocats de la défense d’éliminer le maximum de chefs d’inculpation à l’encontre de leurs clients. Ceci étant et conformément au Code de procédure pénale, le début de l’instruction de cette affaire ne peut être effectif qu’«une fois que la chambre d’accusation aura statué dans les différents appels interjetés par le ministère public ou introduits par les avocats de la défense ». La chambre d’accusation a confirmé l’ordonnance de renvoi du juge instructeur qui a décidé de placer sous mandat de dépôt au moins sept personnes, et de mettre sous contrôle judiciaire cinq autres, dont l’ex-patron de Sonatrach. Cela dit, la principale question qui se pose est celle de l’éventuelle convocation par le juge instructeur de l’ex-ministre de l’Energie en sa qualité de témoin. Pour les observateurs de la question judiciaire, le témoignage de Chakib Khelil dans cette affaire n’est pas à exclure, «d’autant plus que l’ex- ministre était au courant de tout ce qui se passait au sein de la compagnie Sonatrach». A rappeler que cette affaire a éclaté au début de l’année en cours, à la suite d’une enquête préliminaire menée par des officiers de la police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) de l’armée, et qui a abouti à la présentation au parquet d’Alger de l’ensemble des cadres dirigeants de Sonatrach. Sur les quatorze personnes mises en cause, sept ont été mises sous mandat de dépôt, dont les deux fils de l’ex-P-dg de Sonatrach, l’ancien P-dg du CPA et son fils, deux vice-présidents de Sonatrach et un entrepreneur privé, alors que l’ex-P-dg, deux autres vice-présidents et trois cadres de Sonatrach ont été placés sous contrôle judiciaire. La chambre d’accusation a rejeté toutes les demandes de mise en liberté provisoire présentées par les avocats au profit de leurs mandats.

  • Mondial : Algérie-USA ou les nordistes contre les sudistes


    Le général Bradley dirigera la bataille contre les Sudistes. L’officier commandant ces derniers porte le nom de Saâdane. Bruxelles analyse le rapport de force.
    De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
    Avec un coach dont le nom évoque plus un officier yankee dans la guerre Nordistes-Sudistes, les USA du football sont, pourtant, une belle équipe. Bradley a fabriqué, dans l’indifférence générale — les Américains s’en foutent complètement du football — un ensemble sérieux, digne, offrant du spectacle et apportant des résultats. Dans un pays-continent où le baseball, le basket et l’athlétisme ne peuvent pas faire de la place à un autre sport, coach Bradley a su imaginer, inventer, concevoir. Son idée initiale, soutenue, fortement, il est vrai par les instances fédérales du football américain, est simple, trop simple, affreusement simple. Puisque les Américains installés durablement boudent le football, «nous allons travailler avec ceux qui l’aiment, qui le pratiquent. Avec ou sans nous». Ainsi donc, Bradley I a recruté large parmi les Latinos, et notamment les nouveaux arrivants (Brésiliens, Colombiens, Mexicains, Péruviens, Chiliens, Honduriens, Salvadoriens...). Dans des stades toujours vides, sans supporters, sans sponsor, sans suivi médiatique, le sélectionneur américain, amoureux du foot, a persévéré et a choisi de continuer sa mission. Il a qualifié régulièrement les États-Unis aux phases finales des quatre dernières Coupes du monde. Bradley a aussi joué la carte de la stabilité (ça lui a été facile, vu le dédain affiché par l’Amérique envers le foot). Ce qui lui laisse des marges de manœuvre importantes. Aujourd’hui, la presse spécialisée (britannique et non pas américaine, raisons invoquées à l’entame de l’article), parle de l’ère Bradley II. Pour les experts anglais, le team US est entré dans une autre phase de son évolution. Pour les spécialistes du Royaume-Uni, les prochaines années verront un intéressement américain pour le football. La Perfide Albion cherche-t-elle par là à relativiser son échec devant les troupes de Bradley lors du premier match du Mondial anglais ? Les Britanniques gonflent-ils, à dessein, les USA pour mieux faire accepter à leur opinion le piètre nul réalisé contre les Américains ? L’autre contre-performance des Anglais contre l’Algérie, ici, — la presse du royaume a été féroce envers Capello et son équipe — place le match USA-Algérie de demain dans une position inédite. Le match nul n’arrangeant ni l’Amérique, ni l’Algérie, du football, du spectacle et des buts, il y en aura. Forcément. Des quatre équipes composant le groupe où évolue notre pays, trois ne sont pas intéressées par le partage des points (l’Angleterre, l’Algérie et les USA). Seule la Slovénie peut sauver sa tête par un drawn. Les Anglais le permettront- ils ? Pas sûr. Les chances des Fennecs sont intactes.
    A. M.

  • IL A FAILLI SUBIR LE SORT DE CHAKIB KHELIL le salaud

     

    Comment Nouredine-Yazid Zerhouni s’est-il retrouvé, du jour au lendemain, vice-Premier ministre ? «Pas de bon gré», nous révèle une source très bien informée.
    Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Tout a commencé le lundi 26 mai dernier. Ce jour-là, la liste du nouveau gouvernement avait été «convenue» à la résidence El Mufti. Dès lors, Bouteflika implique Ouyahia à qui il demande de faire quelques propositions «dont certaines ont été acceptées». Le jeudi d’après, Bouteflika reçoit Ouyahia pour finaliser la liste qui devait être annoncée le soir même. Mais voilà que, dans l’après-midi, un «petit problème » se pose : le Premier ministre informera le président que Zerhouni «n’est pas près d’accepter le poste qu’on lui avait prévu. Il préfère rester à l’Intérieur». Conséquence ? Cela retarde quelque peu l’annonce. Et le lendemain matin, Bouteflika revient à la charge. Toujours via Ouyahia et non pas en contactant directement celui que l’on disait très proche de lui. Vainement ! Ouyahia informe à nouveau Bouteflika du refus catégorique de Zerhouni. Et là, nous révèle encore notre source, Bouteflika pique une colère noire, enjoignant dans la foulée au Premier ministre d’annoncer le nouveau gouvernement dans l’après-midi même, quitte à le faire sans Zerhouni ! C’est alors qu’Ouyahia intervient pour la dernière fois auprès de l’ex-ministre de l’Intérieur pour obtenir une réponse définitive : «Je dois de toutes les façons envoyer le communiqué à l’APS d’ici quatre heures au maximum.» C’est cette phrase d’Ahmed Ouyahia qui aurait fini par convaincre Zerhouni qu’il n’avait plus le choix. Et qu’il n’avait plus le même appui auprès de Bouteflika. D’ailleurs, en finissant par accepter ce nouveau poste «pompeux mais vide», selon la formule de notre source, il a tout juste évité le sort d’un Chakib Khelil, éjecté du gouvernement, ou de cet autre ex-pilier du cercle présidentiel, Hamid Temmar, désormais contenu dans un portefeuille insignifiant ! Et à ce nouvel état de fait, à savoir la réduction du «rang» de Zerhouni, quelques signes qui ne trompent pas : d’abord, la campagne tous azimuts de «dézarhounisation », pour ainsi dire, que mène son successeur. Ainsi, par exemple, du très controversé dossier du passeport biométrique que Dahou Ould Kablia a débarrassé de toutes ces «étrangetés» qu’avaient prévues Zerhouni. Ensuite, les modestes locaux affectés pour le nouveau vice-Premier ministre, les mêmes qu’avait eu à occuper Aboudjerra Soltani, lorsqu’il était ministre d’État sans portefeuille. Cela signifie que l’on ne prévoit pas de grandes missions ou attributions à son nouveau locataire. Même si l’on parle de l’imminence d’un décret présidentiel fixant les missions dudit vice-Premier ministre.
    K. A.

  • le dessein humouristique



  • Censuré à Alger : le livre Poutakhine sort en Europe

    Le livre "POUTAKHINE, journal presque intime d'un naufragé" de Mehdi El Djezaïri, interdit en Algérie, est sorti à Paris, apprend-on auprès de l'auteur.

    Mehdi El Djezaïri organise une rencontre-débat le lundi 21 Juin à 18 heures à Paris.(*)

    Le livre est considéré comme un pamphlet contre le président Bouteflika. Mehdi El Djezaïri a lancé le défi de trouver « un seul mot d’insulte dans les 432 pages du livre ». « Sauf à considérer que poser une question à son Président est en soi une insulte. La question que j’ai posée en exergue : “Où étiez-vous Monsieur le président quand l’Algérie saignait et pleurait ses enfants ?” a été régulièrement posée depuis 1999 », a-t-il écrit. « Il n’y a pas de censure au Salon du livre. Au salon d’Alger comme aux salons de Tunis, de Casablanca ou de Paris, il existe un décret qui précise les raisons qui font qu’un livre ne soit pas diffusé », a indiqué Khalida Toumi, faisant référence au décret exécutif n°03-278 du 23 août 2003 fixant le cadre réglementaire de diffusion de livres et ouvrages en Algérie. L’article 10 de ce texte stipule : « Sont interdites, sur le territoire national, l’introduction et la diffusion de livres et ouvrages édités sur quelque support que ce soit et dont le contenu se caractérise par l’apologie du terrorisme, du crime et du racisme ; l’atteinte à l’identité nationale dans sa triple dimension ; l’atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale et à la sécurité nationale ; l’atteinte à la morale et aux bonnes mœurs ; la falsification du Saint Coran et l’offense à Dieu et aux prophètes. »

    Plusieurs libraires d’Alger avaient été convoqués par la brigade de recherche et d’investigation (BRI) du commissariat central, où ils ont été sommés de restituer le reste du quota du livre Poutakhine.
    L’auteur, Mehdi El Djezaïri, fait l’objet d’une grave persécution par les services de police.

    L.M.

    (*) Rencontre-débat avec l'auteur, lundi 21 Juin à 18 heures à l'adresse suivante: Café LA GRAPPE D'ORGUEIL, 5 rue des Petits Carreaux 75002 Paris; métro Sentier.

  • «Zéro, one, two, three…» viva…

    par Kamel Daoud

    Peut-on «marquer» un zéro en football ? Oui disent les Algériens. Zéro est un score que l'on peut inscrire contre son adversaire. Selon une mythologie identitaire, les «Arabes» ont inventé le zéro. Conclusion ? L'équipe – blonds, bruns, mats - des Algériens vient de le réinventer. Un zéro magnifique, honorable, nationale, le plus beau zéro obtenu par un pays depuis l'indépendance. Contrairement à ce qu'on nous a toujours enseigné dans les écoles, le zéro peut être un score. Il faut donc redéfinir à nouveau ce chiffre et savoir d'où il vient et comment nous l'avons regagné. Le zéro, selon Internet, ce nouveau système de défense algérien est né sous le nom de Sifr, devenu zefiro en italien et zéro en langue occidentale. Selon Wikipidea, c'est «un symbole marquant une position vide dans l'écriture des nombres en notation positionnelle». Une phrase à mâcher tout doucement. C'est donc un objet mathématique qui «exprime une absence». Il est indivisible et ne divise personne. A bien lire, le zéro a été d'abord babylonien, puis indien, avant d'être arabe, italien puis occidental, puis anglais et, enfin, algérien. Sauf que le zéro anglais ne ressemble pas au nôtre. Le leur est une soustraction, le nôtre est une addition. Nous, on vient de l'axe moins l'infini vers zéro, eux, c'est le contraire : ils se rétractent de plus cinq vers le zéro. Donc notre zéro est â fêter et il l'a été : il nous a fallu du temps, de l'effort, des joueurs motivés, le film de «la bataille d'Alger» visionné en Afrique du Sud et 4000 supporters pour y arriver. Le vide peut être l'objet de toute une vie, comme vous le diront Buddha et Saadane.

    Donc nous sommes fiers de notre zéro. Il est beau, bien tracé et racé, il ressemble à une auréole ou un gros dinar céleste. C'est un bon commencement. Avec un zéro à gauche de un, on peut gonfler un chèque ou acheter une route, ou vaincre les anglais, ou avoir son bac ou dire une insulte en binaire. Dans la phrase de «one, two, three», il n'y pas de place pour le zéro mais ça ne fait rien, justement. Quand on inscrit un zéro, on en inscrit déjà dix mille sans que personne ne vous démente. Ce zéro a donc été chanté, klaxonné et revendiqué comme une victoire. Du point de vue mathématique, c'est une absurdité et une misère si un peuple en arrive à fêter le vide comme une joie pleine. Mais du point de vue de l'architecture du monde et des rapports de puissance, nous revenons de loin déjà. Du pays où on ne comptait pas, vers le pays où on peut compter au moins un zéro. Etrange phrase : on ne peut dire «zéro» mais seulement «un zéro». Il y a toujours un Un qui lui tient la main pour qu'il ne se perde pas dans l'infini.
  • Oran la nuit: Circulez, il n'y a rien à voir !

    par El Kébir A.

    Oran doit-elle attendre le ramadhan pour vivre la nuit ? Certes, durant la saison estivale, les Oranais se plaisent aussi à sortir la nuit, mais le même entrain, qu'ils éprouvent lors du mois de jeûne, où on peut voir les rues grouillantes de monde jusqu'au petit matin. Ceci est un fait.

    Aux alentours de 18-19h, après l'heure de pointe, les rues se mettent à se vider. Et quand arrive 20h, quand la nuit s'installe, là, on peut dire qu'on ne trouve plus un chat dans les parages…ou plutôt, on ne trouve que des chats !

    Est-ce à dire pour autant que le centre-ville, dès la tombée de la nuit, se retrouve comme désert ? La réponse est bien sûr non : si les Oranais ne traînent pas trop dans les rues, ils traînent ailleurs ! Si quasi aucune fête n'anime la rue oranaise, là où il y a de l'ambiance, c'est bien sûr dans les établissements de restauration, les pizzerias notamment, et aussi, plus rare, quelques cafés qui affichent «open» après la tombée de la nuit. Un établissement, situé à l'USTO, est l'un de ces endroits où les gens se plaisent à se rendre, surtout en soirée. Un peu plus loin, sur la route de Canastel, un autre café attire le plus de clientèle nocturne.

    Pour le centre-ville plus précisément, deux lieux viennent d'ouvrir récemment, et restent ouverts jusqu'aux alentours de 22-23h. Le gérant de l'un de ces établissements ambitionne d'ouvrir son salon 24h sur 24. «Mais pour cela, nous confie-t-il, il nous faut des autorisations, et vu qu'on vient à peine d'ouvrir, je pense qu'on doit encore attendre un peu !». Quant aux restaurants dits de luxe, ouverts jusqu'«après minuit», ils ne sont pas si nombreux. Et leurs prix, bien évidemment, sont hors de portée du plus grand nombre. Ils sont fréquentés par une certaine clientèle.

    On l'aura alors compris, le soir, ce n'est pratiquement que dans les «intérieurs» où il y a de la vie à Oran. Cette situation est attribuée entre autres au fait qu'absolument tous les restaurants que compte la ville soient dépourvus de terrasses. «En fait, nous dit un connaisseur, cet état de fait est aussi dû à la crise qu'a vécue l'Algérie durant la décennie noire, et qui a fait que les gens se sont habitués à ne pas sortir la nuit. Il faut à présent qu'ils reprennent leur ancienne habitude». Effectivement, mis à part le côté «restauration», il faut dire que tous les autres secteurs de divertissement que compte la ville sont quasiment absents la nuit venue.

    La cinémathèque d'Oran, à titre d'exemple, n'affiche qu'une seule séance par jour, celle de 15h, et ce n'est pas demain la veille qu'elle se mettra à projeter la séance de 21h. «En fait, il s'agit d'un cercle vicieux, nous dit son responsable, on ne projette pas de films le soir parce qu'il n'y pas de public, mais si on demande au public pourquoi il ne sort pas la nuit, il nous répond qu'il n'a nulle part où aller !». Il en est de même pour le conservatoire et le théâtre, qui ne sont ouverts la nuit qu'à l'occasion d'évènements culturels. Il reste bien évidemment, les nouveaux ronds-points d'Oran Est qui attirent toujours du monde.
  • Il était une fois le coup d'Etat du 19 Juin 1965

    par Ali Brahimi

    La fin de la première décade de juin de cette année avait coïncidé avec le coup d'envoi de la compétition en Coupe du Monde de football, éclipsant toute autre actualité.

    Cependant, la majorité de la population nationale est polarisée, durant toute l'année, autour des préoccupations lancinantes ne cessant de s'accumuler au fil du temps. Et que ledit événement sportif, malgré le formidable engouement qu'il a suscité au sein de la jeunesse algérienne, ne représente en fin de compte qu'une goutte d'eau d'extase dans un océan de malheurs.

    Pour le reste, c'est-à-dire une minorité de gens soi-disant aisés et à l'abri des désagréments de la vie, leurs tracas sont de tout autre nature. A l'évidence, leurs soucis grouillent tout autrement, que ci-dessus, au niveau de leurs tempéraments. Et, à l'évidence, ces gens-là perçoivent différemment la victoire ou la défaite des Verts.

    En effet, cette frange particulière de la population oriente ses ambitions au gré des conjonctures et ne s'y intéresse qu'à l'orientation des événements. A l'image d'une girouette. A brève échéance, elle se concentrerait sur des schémas confortant sa position sociale et raffermissant ses intérêts, visibles et scellés à l'intérieur du système national de gouvernance lequel, pour sa part, se soucie beaucoup plus sur les événements conjoncturels – décidément – au lieu de ceux liés aux priorités et perspectives structurelles fondamentales dans le long terme.

    A ce dernier propos, nous citons, à titre indicatif : mettre en place un ensemble de mécanismes judicieux afin de changer, de fond en comble, les méthodes actuelles de gestion des ressources humaines et naturelles et des affaires de l'Etat et, surtout, d'éviter, autant que possible, les reniements des certitudes d'hier tout en sachant, à l'évidence, que nul n'est immuable. En revanche, le bon sens l'est !

    En attendant des jours meilleurs dans ce sens, des jeunes s'accrochent pathétiquement à toutes sortes de défoulements dont, justement, les hypothétiques victoires de l'Equipe Nationale du Football. Toutefois, cet enivrement collectif éphémère n'aboutirait qu'à des impasses sinon aux plaisirs à effet de feu de paille. Il n'en demeure pas moins que la majorité de la jeunesse espère se mettre en diapason avec le rythme de cette saison haute en couleur. Et de lorgner, avec autant d'espoirs dans les esprits, vers de meilleurs nouveaux horizons. En principe, c'est ça la nature profonde d'un jeune : rêver avant et réaliser ensuite !

    Malheureusement, une partie de la jeunesse se complaît allégrement dans l'ankylose et observe de moins en moins la beauté des choses qui nous entourent, sinon les interprètent faussement, encore moins qu'elle sache discerner, comme le savaient par coeur ses aînés, le début, la fin et la durée des saisons, les qualificatifs et les genres des importants facteurs climatiques correspondants, favorables et défavorables, sur les tempéraments des êtres vivants, etc.

    Tout un savoir ancestral parti en fumée. En effet, nous vivons une période caractérisée par les oublis des nobles principes, d'une vie en harmonie avec le chevauchement des saisons, remplacés par ceux nous compliquant l'existence et, par conséquent, à la merci des caprices du climat et des catastrophes naturelles. A l'image de celles des dernières tornades orageuses dans les wilayas du Sud-est du pays provoquant d'importants dégâts souvent conjugués aux étourderies du genre humain de plus en plus disposé à la défiguration de son milieu physique, à la vie facile, la vanité, les fuites en avant, etc.

    En revanche, nous observons, de temps à autre, des enfants et des jeunes gens en train d'effectuer des randonnées, pour ceux possédant les moyens de faire ces excursions, dans les différents milieux naturels terrestres et marins. Ils apprennent, indéniablement, beaucoup de choses intéressantes sur leur environnement. Malheureusement, d'autres enfants sont dans d'autres galères les étouffant. D'après les chiffres annoncés, cette semaine, par des institutions internationales, dans le domaine, il existe plus de 100 millions d'enfants qui travaillent péniblement et autant vivotent en livrant leurs corps aux vampirismes ignominieux, au lieu qu'ils aillent s'instruire dans les sanctuaires du savoir. Puisque leurs familles vivent dans l'extrême pauvreté, cette jeunesse démunie la décompense par différentes drogues et sensations fortes dont le… football - devenu un motif de défoulement collectif dans l'hémisphère Sud.

    Dans l'hémisphère Nord, le solstice d'été correspond au 21ou 22 juin. Sous nos latitudes, il tomberait une semaine avant et se retarde autant en fin de l'été. En d'autres termes, le climat enfonce les populations de ces contrées, plus que celles du Nord, dans les aléas du changement climatique. Tous les gens de bonne volonté l'ont dit, le répètent à chaque occasion, sans qu'ils s'en lassent et encore moins qu'ils ont froid aux yeux ou de ménager quiconque sur ses agissements, notamment vis-à-vis de l'enfance en proie à toutes les mystifications soustractives à l'infini.

    Dans l'un de nos articles intitulé : «Juin, le mois des soustractions», paru au Quotidien d'Oran du 17 juin 2007, nous avons mis en exergue son importance au plan du bilan, à mi-parcours des différentes actions programmées par les institutions, en cette fin de période semestrielle.

    Toutefois, ce qui nous semblerait utile de rappeler, toujours d'actualité à certains égards, c'est les coïncidences, d'hier et d'aujourd'hui, en termes de similitudes bizarres et surprenantes, voire suspectes. Les découragements, conjugués aux mensonges, sont susceptibles de provoquer les pires frictions et, donc, les brutaux divorces entre gouvernants et gouvernés, entre les membres d'une famille… !

    Commençons par le commencement, et sur un tout autre plan, toutefois intimement lié à ci-dessus et ci dessous:

    JUIN 1962, LE MOIS DES MIRACLES ET DES MIRAGES

    «Lors de cette période charnière du 1er Janvier - 5 juillet 1962, des Algériens et Algériennes ont pu sauvegarder les acquis moraux et matériels de la victoire contre l'OAS – Organisation armée secrète – de la soi-disant Algérie française, et les «marsiens» : combattants zélés de dernière heure. Des milliers ont eu le privilège d'accéder au sacrifice suprême pour l'avoir fait. D'autres patriotes sont en train de disparaître jour après jour. En silence ! Qu'ils soient tous bénis.

    Ce dont il s'agit dans cette «saga» est de tout autre nature. Une fortuite de notre Histoire. Une de plus ! Le produit d'une montagne et d'une souris : un hybride monstrueux. Lui-même n'a jamais su d'où il est issu ni comment il fut élevé, encore moins comment il est parvenu à ce niveau. Par contre, il sait bien le rôle de sa mission. Ce fut l'un des initiateurs du «syndrome marsien» dans notre région, lequel s'est propagé à l'identique, avec des nuances dans d'autres lieux du pays. Bizarre ! Du vide dû à la conjoncture particulière de cette période d'anarchie sciemment entretenue par «Je leur souhaite d'avoir du bon plaisir» ainsi formulé par le Général De Gaulle – surnommé la grande Zohra –, entre autres bons souhaits.

    Cet hybride auxiliaire ainsi inspiré avait eu l'idée diabolique d'organiser, en pleine canicule, un rassemblement de toute la population de ma ville pour aller voir un groupe de soi-disant combattants défiler. A 15 km du patelin ! Ce fut comme dans un film hollywoodien. Inouï ! Femmes, hommes, enfants, vieux, malades, aveugles, débiles…7 000, 10 000 personnes ? Allez savoir. Une marée humaine comme hypnotisée, à pied, en véhicules, charrettes, …Ahurissant !

    Sous un soleil de plomb, un immense cercle humain s'est formé autour de l'arène.

    Comme s'ils attendaient que des hommes hors du commun allaient surgir. Abasourdis par les cris des organisateurs zélés et d'enregistrements rayés de chants patriotiques amplifiés par de haut-parleurs de crieurs publics assourdissant les spectateurs ainsi parqués comme du bétail. Les hommes se disputaient les «premières loges», les enfants pleuraient, des femmes enceintes gémissaient et s'évanouirent. Aucune assistance appropriée. Un aveugle âgé, comme s'il était dans un autre monde, répétait sans cesse : Merci Seigneur, même aveugle, mon cœur les sentirait. Plus qu'émouvant. Indescriptible !

    Enfin, après une éternité et telle une délivrance, une vingtaine d'individus pénètrent dans cette cour des miracles. En tenue kaki et ayant l'air débraillé, avec des armes hétéroclites, en rangs désordonnés, ce groupe se brinqueballait devant cette foule entassée à l'image d'un bétail. Des youyous fusaient. Des flacons de parfums aspergeaient la cohorte survoltée. Puis un impressionnant branle-bas du retour désordonné. Avec tous les risques !

    Après donc ce grand carnaval humiliant, tout ce beau monde en sueur, bronzé, enfariné dans la poussière, assoiffé, affamé, dépouillé de son argent, ses bijoux, désacralisé par la force des nouvelles réalités amères, dépité en profondeur de son âme, reprenait le chemin du retour. Hagard ! Une image de fin de monde. A l'image d'une fresque apocalyptique. Notre hybride avait bien réussi sa promesse. En long et en large, en genre et en nombre. Misérable est cette journée de juin 1962 pour ceux qui ont eu la poisse de l'avoir supportée. Un calvaire qui a marqué profondément l'imaginaire collectif local. Indélébile !

    Au cours de cette même période, un autre marsien, ne sachant ni lire ni écrire, est devenu chef de chantier des travaux publics. Un jour, il fait établir, par un écrivain public, une liste d'ouvriers sur une feuille… volante et se dirigea tout droit vers le receveur des contributions diverses. Il demanda à ce dernier de lui remettre le salaire de ses ouvriers. Ledit fonctionnaire demanda les autres documents comptables réglementaires. Marsien lui promit qu'il les aurait par la suite. Il empocha l'argent et ne fournira aucun autre document. Et bien sûr le trou sera comblé par trois fois. Ce fut, en quelque sorte, le promoteur, voire le père spirituel de la lignée des Khalifa ramasseurs du Trésor public.

    Un autre jour de juin 1962, devant la place centrale de notre patelin, toujours pleine par des gens de tous âges, en ces moments féeriques, un avion de l'armée française survolait l'esplanade. Alors, un autre «extraterrestre», dans le but d'impressionner l'assistance, interpelle son secrétaire et il lui dit expressément, devant la population en attente du sensationnel : «Prends vite le numéro de cet avion, nous le réquisitionnons. Des signes avant-coureurs d'autres Khalifa !». Fin de l'extrait.

    19 JUIN 1965 RENIÉ PAR LES UNS ALORS QU'IL EST HONORÉ PAR LES AUTRES

    45 ans déjà depuis le énième coup d'Etat en terre d'Algérie. En effet, d'autres ont été effectués par le passé et même après le 19 juin 1965, incriminé de tous les maux y compris de ratage de la vie personnelle, aujourd'hui oublié, voire renié par ses fervents défenseurs d'hier. A chaque fois, l'on trouve des qualificatifs édulcorés à ces complots : Messaliste, Centraliste, Activiste, FLNiste, primauté de l'Intérieur sur l'Extérieur, Gouvernementaliste, Réajustement, Redressement et… ? A trop d'utilisation d'euphémismes, l'on chavire dans les concepts saugrenus. Ainsi, tous nos coups d'Etat et nos déboires à l'occasion sont enrobés par des terminologies tantôt adoucissantes tantôt du tape-à-l'œil.

    En dépit de tout, le 19 Juin 1965 reste un jalon, parmi d'autres, du genre, et qu'il avait pour ambition tout à fait justifiée afin de relancer une certaine idée de la Révolution, telle que qualifiée et perçue à l'époque, et ce pour construire l'Etat algérien. Le défunt Ahmed Medeghri, l'un des activistes du coup d'Etat du 19 Juin, est considère comme le bâtisseur des collectivités locales estimées, à juste titre, comme les bases d'un Etat moderne décentralisé. Quoi qu'on dise de ses impairs et impacts ainsi que de ses répercussions ou qu'il soit incriminé de torts et malchances, strictement engendrés par des déboires et comportements d'ordre personnel, il n'en demeure pas moins que ses suites ont engendré des espoirs immenses et des acquis considérables pour des générations de cadres dont plusieurs constituent une fierté pour le pays

    Le 19 Juin 1965 est intervenu dans un contexte particulier. La majorité de ses principaux auteurs n'est plus de ce monde. Quelques mohicans sont encore en vie. Parmi eux, il y a ceux qui regrettent d'y avoir participé et l'affichent ouvertement en maintes occasions sciemment médiatisées. C'est comme s'ils avaient un compte personnel à régler avec le défunt Houari Boumediene. Alors qu'il n'avait à rien à faire dans leurs déceptions puisque elles sont intervenues après sa disparition. Donc, c'est à eux-mêmes qu'ils doivent s'en prendre. Dans tous les cas de figure, ils en souffrent et pâtiront encore post mortem !

    Le défunt Tayebi Larbi, disparu peu après la mort du premier chef de l'ANP, était un fidèle ami convaincu du défunt Président du Conseil de la révolution. Il avait baptisé, en juin 1976, l'ex ITA - Institut de Technologie Agricole du 19 juin 1965 – de Mostaganem. Le prétendu héritier désigné en 1977 comme annoncé par le soi-disant mandaté, dans les années 1980, dans le seul but de faire agacer à qui de droit, avait humilié le sage Tayebi Larbi en l'accusant exagérément d'avoir détourné de l'argent pour faire construire une… mosquée dans ledit patelin de l'ex-ministre de l'Agriculture lequel, lors du coup d'Etat du 19 Juin 1965, se trouvait dans l'ascenseur du siège de la Wilaya d'Oran, bloqué toute la nuit du renversement du premier Président de l'Algérie indépendante. Ainsi suspendu dans l'ascenseur en panne, il ne savait rien de ce qui était advenu du putsch.

    Depuis, il fut atteint de claustrophobie – la peur de l'étouffement – qu'il traînera en souffrance jusqu'à sa mort. Ainsi, son destin personnel lui aurait permis de ne renier aucun de ses actes ni incriminer quiconque à sa place. C'est ce qu'on désigne par : se sentir en diapason avec sa conscience.

    En fin de compte, la faute à Juin ou à la bêtise humaine ? Juin n'est qu'un moment de l'année, parmi d'autres, dans la vie d'un être, d'un pays… d'un coup d'Etat. Par contre, la bêtise humaine c'est une autre Histoire !!!
  • Près de 300 commerçants menacés d'expulsion: Litige foncier entre le ministère de la Justice et la commune d'El Biar

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    Près de 300 commerçants menacés d'expulsion: Litige foncier entre le ministère de la Justice et la commune d'El Biar

    par Oualid Ammar

    Près de 300 commerçants, installés sur ce terrain, attendent de savoir quelle sera, après sa saisine, la décision du Conseil d'Etat dans cette affaire où le ministère de la Justice et la commune d'El Biar se disputent 19.140 m² situés à proximité du Conseil Constitutionnel.

    Après une intégration de 28 ans dans le patrimoine de la commune, voilà que le ministère de la Justice, le revendique. Selon les documents détenus par des parties concernées, depuis maintenant près de deux ans, le ministère de la Justice demande l'annulation de l'acte de propriété de la commune d'El Biar, car il est en possession d'un document similaire depuis 1976. Le ministère avance que son document est authentique parce que l'arrêté lui a été remis par les services des Domaines, et qu'il contient toutes les mentions légales, dont l'enregistrement de l'acte de propriété. Pour récupérer ce terrain, le ministère de la Justice fait valoir, aussi, qu'il est destiné à des fins d'utilité publique. S'il est admis en tant que partie civile, le ministère entend obtenir réparation du préjudice subi par «l'occupation illégale» du terrain et il réclame notamment que les frais de démolition des locaux commerciaux bâtis sur ce terrain, soient à la charge des commerçants.  

    Une «hiba» non notifiée

    Les documents, dont un plan cadastral, révèlent que ce terrain a une histoire juridique particulière. A l'origine, il appartenait à des Français à travers un établissement dénommé «Bon Pasteur» qui en ont fait don, par un acte de «hiba» (donation), en 1976 au ministère de la Justice. Cet acte de «hiba» n'a jamais été notifié ni à la commune, ni aux commerçants, tous ignoraient son existence, relève-t-on. Selon le plan cadastral que nous avons pu consulter, la parcelle litigieuse n'entre pas dans la surface objet de la «hiba». On se demande alors, s'il n'y aurait pas deux plans ou, si simplement il n'y aurait pas confusion sur les parcelles ?

    Quoiqu'il en soit sur ce terrain de 19 140 m² dont a pris possession la commune d'El Biar, en 1981, plusieurs commerces ont vu le jour. Ce terrain avait été acquis par la commune d'El Biar, qui à l'époque lui avait coûté 765.000 dinars. Quand bien même cette transaction aurait pu être entachée juridiquement, la commune a été propriétaire de cette parcelle continuellement et «sans interruption pendant quinze ans» depuis 1981, et selon le code civil elle devient propriétaire par «prescription acquisitive», soulignent des juristes. Cela dit, le 28 décembre 1981, c'est le wali d'Alger qui avait transféré la propriété de douze lots dont celui-là, à la commune d'El Biar, en la sommant de verser la valeur vénale de ces lots à la Caisse Centrale des Domaines d'Alger.

    Ce qui fut fait, indiquent des fonctionnaires communaux. Par ailleurs, un avocat interrogé sur cette affaire souligne que «cette parcelle est sortie du champ du domaine public au domaine privé de la commune par la volonté du propriétaire légal des biens de l'Etat». En portant sa revendication en justice, le ministère de la Justice a remporté la première manche. La Chambre administrative de la Cour d'Alger, à Bir Mourad Rais, a dernièrement tranché en sa faveur. N'ayant pu avoir accès au jugement, on en ignore pour le moment l'argumentaire juridique. Par contre, on sait qu'il ordonne l'expulsion des commerçants du «Centre commercial de Ben Aknoun», lesquels n'ont pas encore eu notification de cette décision. Pour certains d'entre eux, il ne reste plus que le Conseil d'Etat comme recours.

    Les commerçants dépités et tendus

    La quiétude habituelle du centre commercial a été bouleversée par cette décision. Ils sont près de 300, entre commerçants et artisans, à être installés dans les lieux depuis 28 ans. «Nous nourrissons au moins 1.500 personnes», affirme un des occupants, fils de chahid. D'autres dont des moudjahidine, soulignent qu'ils sont devenus propriétaires de leur fonds de commerce, des fonds qu'ils ont valorisés. Naturellement, ils sont très inquiets et ils s'interrogent sur leur sort. «Nous expulser signifierait que nous sommes des indus occupants, alors que nous occupons les lieux de la façon la plus légale par rapport à nos obligations vis-à-vis de la commune d'El Biar et des impôts, notamment», souligne un de ces commerçants. «C'est navrant parce qu'on nous met au ban de la société, alors qu'on est des citoyens à part entière, qu'on paie nos impôts, que nous avons des familles à charge», renchérit un autre commerçant qui se demande pourquoi il ferait les frais d'une affaire qui le dépasse complètement.

    Plusieurs locataires de ce centre commercial ne désespèrent pas qu'une solution «où prime la raison» soit trouvée, une solution qui ferait l'économie de l'exacerbation de la tension sociale, déjà perceptible sur place. Laquelle? On suggère que la commune d'El Biar, si elle ne parvient pas à conserver «son bien», puisse recaser tous ces commerçants dans un autre espace similaire. D'autres commerçants entendent saisir le Conseil d'Etat pour qu'il tranche définitivement dans ce singulier dossier foncier.
  • " Si vous voyez de la fumée..."

    En tant qu'ancien du MAE, je voudrais témoigner en mon âme et conscience qu'à la fin 1978, lorsque Bouteflika savait qu'il allait être chassé du MAE, ses sbires, notamment les GAOUAR, MERI, YOUNES et consorts avaient passé des jours et des nuits à brûler les documents et archives compromettants dans un conteneur qui se trouvait dans la cour de l'ancien siège du MAE, qui est aujourd'hui celui du Secrétariat Général du Gouvernement. Je me souviens comme si cela datait d'hier que mes collègues et moi les voyions sortir de ce conteneur les yeux en larmes et gonflés de fumée.Ils nous faisaient pitié et rire en même temps. On les appelait "el firane" ( les rats ). Si jamais vous voyez donc de la fumée sortir du bunker d'El Mouradia, ne paniquez pas et n'appelez surtout pas les pompiers car cela signifie tout simplement que les imposteurs vont bientôt quitter les lieux. Et ça sera la meilleure nouvelle que le pays ait jamais eue depuis plusieurs décennies. Le peuple algérien saura la clébrer à sa manière, c'est à dire avec panache, coups de klaxon et youyous. Voilà où plus de dix ans de cupidité et de stupidité auront mené Bouteflika et son clan...
    Bounif


    En tant qu'ancien du MAE, je voudrais témoigner en mon âme et conscience qu'à la fin 1978, lorsque Bouteflika savait qu'il allait être chassé du MAE, ses sbires, notamment les GAOUAR, MERI, YOUNES et consorts avaient passé des jours et des nuits à brûler les documents et archives compromettants dans un conteneur qui se trouvait dans la cour de l'ancien siège du MAE, qui est aujourd'hui celui du Secrétariat Général du Gouvernement. Je me souviens comme si cela datait d'hier que mes collègues et moi les voyions sortir de ce conteneur les yeux en larmes et gonflés de fumée.Ils nous faisaient pitié et rire en même temps. On les appelait "el firane" ( les rats ). Si jamais vous voyez donc de la fumée sortir du bunker d'El Mouradia, ne paniquez pas et n'appelez surtout pas les pompiers car cela signifie tout simplement que les imposteurs vont bientôt quitter les lieux. Et ça sera la meilleure nouvelle que le pays ait jamais eue depuis plusieurs décennies. Le peuple algérien saura la clébrer à sa manière, c'est à dire avec panache, coups de klaxon et youyous. Voilà où plus de dix ans de cupidité et de stupidité auront mené Bouteflika et son clan...
    Bounif

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    L'ACTUALITE EN VIDEO

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    Saadane et Boudebouz à chaud après Algérie -Angleterre

  • Commémoration : La Ladh se souvient de Youcef Fathallah

     


    Voilà 16 ans que nous a quittés Youcef Fathallah. Le militant des droits de l’homme était président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), quand il est tombé sous les balles assassines du terrorisme islamiste un certain 18 juin 1994.


    C’était l’époque où l’élite algérienne était ciblée par les bras armés du FIS. La Ligue, aujourd’hui présidée par Me Boudjemaâ Ghechir, a rendu hommage, hier, au regretté à travers un communiqué dans lequel il est rappelé que « Fathallah a passé sa vie en militant pour la liberté et les droits de l’homme en Algérie et il a été assassiné par une main criminelle pour ce qu’il portait comme principes et ce qu’il représentait comme valeurs et son combat tient toujours et c’est un honneur de le poursuivre ». Profitant de l’occasion, les militants de la Ligue ont exprimé leur regret de constater que « le rêve du défunt en une Algérie vivant en paix et où les droits de l’homme sont respectés au sein d’une gouvernance démocratique est encore loin de portée et que la machine à tuer du terrorisme aveugle continue à faucher la vie des innocents alors que les acquis réalisés par les Algériens au prix du sang et des larmes dans le domaine de la démocratie, les libertés et les droits de l’homme ont enregistré un recul alarmant ».

    Les militants exigent aussi que « la main soit levée sur la société algérienne et ne pas contraindre ses citoyens dans la pratique de leurs droits individuels et collectifs, y compris leur droit en la nationalité, la levée de l’état d’urgence, l’arrêt du harcèlement sur la presse indépendante et les activistes intéressés par le changement démocratique et la promotion des droits de l’homme, les libertés syndicales et l’édification de l’Etat de droit, et la séparation entre les pouvoirs et la justice indépendante », peut-on lire dans le même document. Il est aussi demandé au gouvernement d’établir un programme de développement capable de contribuer sérieusement à l’absorption du chômage, résoudre la crise de logement et rendre l’espoir à la jeunesse qui, devant l’impasse, se réfugie dans la drogue et la harga. Enfin, la Ligue de Me Ghechir confirme la requête adressée au président de la République de faire du 18 juin une journée nationale des droits de l’homme.

     

    Par Nouri Nesrouche

  • Louisette Ighilahriz. Moudjahida : « Il a commis des actes odieux au nom du pouvoir politique français »

    il etait sous les ordre de mitterand à l'epoque 1ere ministre de la france

     

    - Le général Bigeard est mort sans reconnaître avoir pratiqué la torture en Algérie. Vous qui l’aviez accusé d’avoir torturé des militant(e)s du FLN, cela vous inspire quoi ?

    Que de la douleur. J’espérais qu’il allait reconnaître avoir pratiqué la torture en Algérie et qu’il allait présenter des excuses à ses victimes pour qu’il libère sa conscience. Hélas, il ne l’a jamais fait. Bien évidemment, il a tout le temps nié avoir fait subir lui-même la torture, même s’ il a reconnu sa pratique. Mais il n’a raconté que des mensonges. Je me rappelle, comme si c’était aujourd’hui, lorsque j’ai été arrêtée le 28 septembre 1957, après la bataille de Chebli. On m’a emmené dans les locaux du 10e régiment au Paradou. Bigeard était là. Il a lui-même pratiqué la torture, certains de ses soldats l’ont reconnu. J’ai, depuis longtemps, mené un combat pour qu’il reconnaisse ses crimes, mais je suis peinée du fait qu’il parte sans qu’il présente des excuses à ses victimes. Quand je l’ai accusé d’avoir pratiqué la torture, il avait déclaré : « Louisette est une affabulatrice. » Et même quand le général Massu avait admis la pratique de la torture, il l’avait aussi traité de sénile. Il avait également reproché au général Paul Aussaresse d’avoir admis, dans ses mémoires, la pratique de la torture. Mais je maintiens que ce général a pris part directement à la torture. Je suis profondément déçue et malade de ne pas voir ce tortionnaire reconnaître son crime.

    - La France officielle l’a qualifié de grand héros, quel commentaire faites-vous ?

    Il est normal que la France le présente comme un héros. Il est l’homme le plus gradé de l’armée française. La France, celle de droite notamment, le vénérait de son vivant parce qu’il n’a pas présenté ses excuses à l’Algérie. Mais cela ne va pas changer la nature de cet homme qui n’est que synonyme de mort, d’exactions et de torture. Il symbolise une page des plus sombres de l’histoire de la France. Il est responsable de beaucoup de disparitions durant la Bataille d’Alger. Mais je dois dire aussi qu’il a commis des actes odieux au nom du pouvoir politique français qui l’avait envoyé en Algérie pour la « pacifier ».

    - Est-il aujourd’hui nécessaire que ces officiers français ayant « servi » en Algérie présentent des excuses à leurs victimes ?

    C’est plus que nécessaire. Vous savez, lorsqu’on est torturé, on vit avec des stigmates et des blessures toute la vie. On endure ces sévices atroces tant qu’on est toujours vivant. Je suis malade de voir Bigeard partir sans avoir présenté ses excuses. Des excuses pour apaiser ma douleur et celle de toutes les victimes. Le fait qu’il n’a pas présenté ses excuses prolongerait ce film cauchemardesque qui dure depuis la guerre de Libération nationale. On ne peut pas tourner cette page douloureuse sans que le bourreau reconnaisse son crime devant sa victime.

     

  • Annaba : Emeutes à Sidi Salem


    Des manifestations ont secoué hier, tôt le matin, la cité Sidi Salem, dans la commune d’El Bouni.


    Durant plusieurs heures, des centaines de personnes ont investi la voie publique, dressé des barrages sur l’autoroute reliant Annaba à El Tarf, notamment le tronçon menant à l’aéroport Rabah Bitat. Les mécontents manifestaient leur colère en raison des retards accusés dans le recasement des familles du quartier appelé communément La SAS. « Nous voulons être recasés dans les 2000 logements érigés et achevés face au pôle universitaire d’El Bouni. Ils nous reviennent de droit ! », ont exigé les protestataires particulièrement remontés. Quinze policiers ont été blessés par des jets de pierres et des cocktails Molotov, lors des échauffourées qui ont éclaté, selon le bilan des services de sécurité.

    Interpellés lors de ces affrontements, plus de 20 émeutiers ont été arrêtés pour être, après leur audition, traduits devant le juge d’instruction près le tribunal d’ El Hadjar. Située à 6 km de la commune du chef-lieu de la wilaya, la cité Sidi Salem offre un visage hideux de ce que peuvent être les ensembles d’habitations précaires. Eté comme hiver, les quelque 3000 familles qui y habitent, la majorité depuis plus d’une cinquantaine d’années, vivent dans la misère. C’est également un bidonville à l’ombre duquel se sont développés des fléaux, tels que la délinquance, la prostitution, le trafic et la consommation de la drogue.

     

    Par M. F. Gaïdi

  • anelka vire'

  • bon parleur mais c'est tout,dr en parlotte,mais ne fera rien soyez vigilant!

    MR MINISTRE DE LA SANTE' CITE' DANS L'AFFAIRE KHALIFA tab tab !! Prenons acte !!

    evenement&art9&2010-04-03img1.jpgLors des 3es Journées médicales organisées jeudi à Blida par le bureau de la région Centre du Syndicat national des praticiens de la santé publique, Djamel Ould Abbès, nouveau ministre de la Santé, qui a pris part à cette manifestation, a tenu à souligner que le temps des grèves touchant son secteur est révolu.

  • BIGEARD EST MORT L’homme pour qui la torture était un mal nécessaire


    Le général Bigeard vient de décéder à l’âge de 94 ans. Si du côté français l’heure est aux hommages à un «grand serviteur et combattant de la France», du côté algérien, y compris pour ceux qui n’avaient que quelques années pendant la guerre de Libération nationale, ce nom est fortement associé aux peurs et aux terreurs que ses paras déclenchaient ; aux massacres et autres «bienfaits» du même acabit ; à la guerre qu’il engagea contre les combattants du FLN, notamment dans la Bataille d’Alger, à la torture enfin qu’il qualifiait de «mal nécessaire».
    De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
    Les hauts faits d’armes du général Bigeard, c’est d’abord lui qui en parle et dans un ton et des formules qui ont toujours tenté de justifier l’injustifiable et l’innommable, même si cet innommable est «l’exercice de la torture» dont l’a accusé Ighilahriz et qu’il nia jusqu’à sa mort, l’imputant au seul Aussaresses. Bigeard a d’abord sévi au Vietnam, où il prit part, avec un bataillon de parachutistes coloniaux, à la bataille de Diên Biên Phu jusqu’en mai 1954, date à laquelle il fut fait prisonnier. Sa revanche sur l’enfer indochinois, il pense la prendre avec la guerre d’Algérie où il va commander le 3e régiment de parachutistes coloniaux et penser laminer et écraser — pacifier, sécuriser, disaient-ils — l’Algérie, leur «département». S’il a réussi à coffrer la majorité des responsables du FLN dans la bataille d’Alger, il n’a pas arrêté le cours de la révolution algérienne, objectif ultime et unique de Bigeard et du pouvoir colonial. Il a même été l’objet d’attentat dont il sortit, dit-il, grâce «à la baraka». A Louizette Ighilahriz, qui l’accusait nommément d’avoir pris part aux tortures que la militante avait subies en prison pendant trois mois (voir article du Monde du 20 juin 2000), Bigeard rétorquait qu’il n’était pas, à cette période, à Alger et qu’il ne pouvait donc avoir été son tortionnaire. Et comme pour convaincre, le général Bigeard ajoutait, et en toutes occasions, qu’il avait toujours eu de l’estime pour Larbi Ben M’hidi. «On était même devenus copains, même s’il représentait le camp adverse. » Ben M’hidi, «ce copain de Bigeard», a eu, comme tout le monde sait, le sort qu’ont connu beaucoup des chefs de la bataille d’Alger, l’exécution pure et simple. Sans vouloir accabler un mort, ce «grand militaire» qui a sévi jusqu’au bout et toujours nié, se prévalant de «sa mission militaire, une guerre subversive que les soldats français ont été contraints de mener pour sauvegarder la population française et algérienne», lorsqu’il a eu à quitter la scène militaire et politique (secrétaire d’Etat 1975- 1976 à la défense sous Giscard et député de droite entre 1978 et 1988), ses écrits témoignent, s’il le fallait, du respect que ce «grand homme» vouait à ceux qui n’ont fait que lutter pour se libérer de l’emprise coloniale. A propos de repentance, dans son ouvrage intitulé Adieu ma France, il écrit : «La France est la risée du monde entier… mais pourquoi aller se coucher comme ça, alors que tout le monde sait qu’il s’agissait d’une autre époque ? Pourquoi éprouver le besoin de se repentir, quand les autres…» Et à propos de la torture qu’il nie avoir pratiquée, il tonnera, en toute occasion, que «c’est un mal nécessaire».
    K. B. A.

  • Mondial : LA COUPE DU MONDE DE MOHAMED BENCHICOU La dernière bataille d’Alger


     

    La maison de La Casbah, à la fin du film, s’était effondrée, mais pas notre équipe nationale, vendredi soir, à la fin du match. L’idée de projeter le film était, finalement, plutôt féconde. En plus de Boudebouz, quelqu’un avait pensé, en effet, à Ali la Pointe pour gagner le match contre l’Angleterre, et Saâdane, qui ne savait pas comment contrer Steven Gerrard et Wayne Rooney, avait trouvé l’idée excellente.
    Raouraoua, lui, avait jubilé, clamant qu’il aurait même aimé ajouter le renfort du colonel Haouès et de Zighout Youcef pour neutraliser Michael Carrick et Joe Cole. Alors, un des dirigeants, en arborant sa Rolex, a donné un coup de fil sur son téléphone Vertu Ferrari à 18 000 euros, avec fond d’écran et sonnerie réalisée à partir de l’enregistrement du démarrage du moteur de sa Ferrari 612 Scaglietti. Le lendemain, le film La Bataille d’Alger était là. Et c’est ainsi que Karim Ziani, Yebda, Matmour et toute la bande des joueurs algériens se sont retrouvés à regarder La Bataille d’Algerdans leur hôtel à San Lameer, en Afrique du Sud, tenus de s’inspirer d’un film sorti en 1966, racontant la Bataille d’Alger de 1957, afin de gagner un match de Coupe du monde en 2010. L’homme à la Rolex avait d’abord parlé aux joueurs, d’un ton grave : «Vous verrez comment les combattants algériens, avec rien, ont pu résister aux parachutistes français venus en force pour mater Alger. Quoi, Capello serait-il plus fort que le général Bigeard et Jamie Carragher que Massu ?» Un vieux supporter, grincheux, avait rétorqué qu’à l’inverse des combattants de la Bataille d’Alger, les joueurs n’allaient pas combattre «avec rien» et qu’il était bien difficile de ressentir l’émotion d’Ali la Pointe quand on gagne 100 000 euros par mois, qu’on regarde l’heure sur une Rolex à 40 000 euros et qu’on téléphone avec un Vertu Ferrari à 18 000 euros assorti à sa Ferrari 612 Scaglietti garée dans la villa de Marbella. «Et ne l’oubliez pas : la mère d’Ali la Pointe a vécu dans le besoin, à Miliana, depuis 1962…» Personne ne l’avait écouté et le film s’était achevé, comme on le sait, par l’écroulement de la maison de La Casbah, la maison du 5, rue des Abderames, où s'étaient réfugiés les quatre résistants du FLN, Ali Ammar, dit «Ali la Pointe», Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Boumahdi et P'tit Omar et que les militaires français plastiquèrent le 8 octobre 1957. La demeure s’est effondrée sur ses quatre occupants, entraînant dans sa chute l’écroulement de la maison voisine. Bilan : 17 morts dont 8 enfants.
    Cinq rue des Abderames,
    Notre orgueil porte une adresse.
    Un laurier pour quatre cadavres...
    On dit que Halliche a pleuré devant l’image du gamin P’tit Omar, de son vrai nom Yacef Omar, jeune martyr de 12 ans qui fait partie des quatre héros emblématiques de la Bataille d’Alger et dont aucune rue ne porte le nom. «Pourquoi ?» demanda- t-il à Raouaraoua. Occupé à téléphoner, ce dernier n’avait pas répondu, mais le supporter grincheux avait murmuré : «La misère d'un enfant n'intéresse personne !» Un joueur remplaçant avait marmonné : «Et dire que nos enfants ne savent rien de P’tit Omar…» On entendit le supporter grincheux répondre à lui-même : «Nos enfants nous sont volés, de toutes les façons. Ils sont vos otages. Dans vos écoles, on leur enlève de la tête ce que nous y avons mis.»
    - Qui leur enlève ce que vous y avez mis ? s’inquiéta l’homme à la Rolex.
    - Ceux qui savent que la lumière crée le peuple et que la nuit enfante la plèbe.
    - C’est quoi cette histoire de la nuit ? Quel rapport avec le match ?
    - Nos enfants nous sont volés. Ils naissent éveillés, ils grandissent en benêts. Une population de nigauds arrange les puissants. Ils savent que chaque enfant qu'on instruit est un homme qu'on gagne. Ils n’aiment pas les hommes qu’on gagne. Ils préfèrent l'ignorance. L’ignorance, c’est ça la nuit, monsieur ! L’ignorance du monde, de leur passé, de leur prestige. C’est ça la nuit. La nuit qui commence l'abîme. Nous vivons dans l’abîme. Et cherche le rapport avec le match !
    Antar Yahia, lui, était subjugué par Hassiba Ben Bouali, membre d’un des réseaux des fedayin le plus décisif de la Bataille d'Alger, celui des poseuses de bombes, et fut heureux de noter qu’une grande rue porte son nom à Alger ainsi qu'un grand lycée et l'université de Chlef, sa ville natale.
    Cinq rue des Abderames :
    Notre orgueil porte une adresse.
    Un laurier pour quatre cadavres...
    Cinq rue des Abderames...
    Derrière cette porte, fils
    A l'odeur d'un églantier,
    Tu chercheras l'offrande de Hassiba
    Entre les seins désespérés de La Casbah.
    Cinq rue des Abderames. C'est l'heure de la lune et du muletier, ta tête blonde contre deux chars, tes vingt ans et la haine de Bigeard. Néfissa arrête la fontaine, la poseuse de bombe va mourir... Cinq rue des Abderames... Derrière cette porte, à l'odeur d'un églantier, je chercherai l'offrande de Hassiba, entre les seins désespérés de La Casbah. J'irai humer dans ta nouvelle rue, ce qui nous reste de gloire, mais j'ai peur d'y perdre pied, pèlerin abandonné, dans une cathédrale chimérique. Trouverai-je dans les derniers galets et dans le ressac de la mer, un sel de grandeur et un soupçon d'immortalité ? Le match est pour vendredi… Lui, il redoute Peter Crouch, le joueur de Tottenham. Un vrai renard d’avant-centre. Peter Crouch et Frank Lampard. Comment défendre le drapeau vert face à Peter Crouch et Frank Lampard ? Peter Crouch, un demi-siècle après Bigeard, une éternité après Hassiba Ben Bouali…
    Hassiba, dans quelle éternité as-tu existé ?
    Même Sidi Ramdane a oublié...
    Qu'ai-je à dire à cette foule orpheline
    Vêtue de tes serments,
    Et de la prophétie des Aurès,
    Que j'ai vu implorer le néant,
    Autour d'un soldat inconnu,
    De la sauver de l'infini ?
    Cette foule orpheline qui crie aujourd’hui, écoute bien, «One, twoo, three, viva l’Algérie…
    Le match est fini. Nous avons résisté à l'Angleterre. Cinq rue des Abderames... Notre errance vient d'une tombe abandonnée. Il nous a manqué un jour d'humilité pour arroser le laurier et un instant de mémoire pour réparer la lampe du muletier. Cinq rue des Abderames... Il n'y a plus d'heure dans nos pendules après l'heure ultime. La dernière sommation, le regard solitaire de Ali, l'ultime caresse à P'tit Omar et le cri déchirant de Bab Edzira... A l’heure du match, tout le monde avait oublié le film. Seul le supporter grincheux se parlait à lui-même : «Il nous a manqué un jour d’humilité…J'ai perdu, fils, l'heure où se féconda notre honneur, Comment te dire le ventre qui enfanta nos rêves ?
    Hassiba, j'ai marché hier dans ta nouvelle rue
    Pour marchander ma part d'éternité
    Et j'ai égaré mon nom dans ton obscurité :
    Hassiba, ne pourrais-tu, un jour
    Allumer un réverbère sur nos doutes
    Qu'on donne un âge à nos fiertés,
    Un visage à nos illusions
    Et un nom à nos mères ?»
    M. B.

  • Tous à l’aéroport !

     


    Par Hakim Laâlam
    Email : laalamh@yahoo.fr

    A l’allure où va ce Mondial, je la vois bien la finale.

    Suisse-Honduras !

    Le match s’est joué à 19 heures 30. Cette chronique, je devais, comme tous les autres jours, la remettre avant 16 heures 30, pour des «considérations de bouclage» comme le veut ce métier cruellement frustrant par rapport aux jobs de télé et de radio. Alors, oui, je ne sais pas quelle a été l’issue de ce foutu match Algérie-Angleterre. Par contre, sans savoir donc si nous sommes encore dans la course ou si nous préparons déjà nos valises pour rentrer «aux pays», en Algérie, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Grèce, en Ecosse ou ailleurs, je ne veux garder que cette image en tête. C’était à trois heures de la rencontre, au marché. Quelques courses, des kémiate et des «occupe-bouche» pour suivre le match. Et elle était là. En compagnie de son papounet. 4 ans. Peut-être 6. Habillée de pied en cap des couleurs nationales. Trois belles barres verte, rouge et blanche sur chacune de ses joues adorablement rebondies. Ça, voyez-vous, aucun autre team, aucun autre coach n’a réussi à le créer avant. La dernière fois où j’avais assisté à ce genre de scènes, c’était à l’issue de ce RFA-Algérie à Gijón. Moins arthrosé, moins sérieux, moins constipé, j’étais sorti ce jour-là «gueuler ma race» de bonheur. Ce bonheur du foot que je n’ai retrouvé qu’avec cette version des Verts 2010. Et cette gamine toute fière de gambader entre les étals du marché, le noisette de ses yeux en amandes baignant dans les eaux d’El Khadra. Pour ça, pour Antar Yahia qui s’exprime en dialectal dans les vestiaires soudanais d’Algérie-Égypte faisant s’esclaffer ses coéquipiers et toute l’Algérie, pour ces émigrés algériens tabassés sur la Canebière parce qu’ils voulaient fêter la victoire et la qualif’, pour ces «grands-mères des ponts aériens», pour ces «affamés de bonheur» dans ce pays qui ne leur en donne presque jamais et qui brandissaient fièrement leurs passeports fabriqués en moins de deux heures, pour tout cela, moi qui ne connais, qui ne peut connaître le résultat de la rencontre Algérie-Angleterre, à cause de ces foutues considérations de bouclage, je me permets humblement de faire cette proposition : quelle que soit l’issue de ce Mondial pour les Verts, exigeons que notre équipe rentre d’abord sur Alger pour que nous allions nombreux, les plus nombreux possibles, leur dire merci pour ce bonheur qu’ils nous ont offert. Cette parenthèse d’éden dans l’enfer de notre vie quotidienne. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

     

  • Attentats kamikazes du 11 décembre 2007 : Les révélations des auteurs présumés


    Vers la fin du mois de Ramadhan, Fassila, les Hamzaoui Rabah et Hamid meurent tous dans une embuscade tendue par les éléments de l’ANP. Toute la stratégie du GSPC bascule.



    Des changements apparaissent. Abdelmoumen Rachid, dit Houdeifa, est nommé à la tête de la zone 2, et Bouzegza à la tête de la phalange Al Farouk et de la seriat (section) qui active dans la capitale. Bouzegza a pour mission de faire oublier la mort de ses compagnons en multipliant des attentats à Alger, notamment contre des cibles sensibles. Le choix est fait : les sièges de la Présidence, de l’ONU, du Conseil constitutionnel (ancien et nouveau). Les lieux sont filmés et surveillés par Bakour Fouad, Khouchane Youcef et Bouzegza. D’autres objectifs, comme la direction des ressources humaines de la Sûreté nationale, le commandement de la Gendarmerie nationale à Bab Djedid, l’ancien bureau du chef de gouvernement situé derrière la présidence de la République ont été également retenus. Les images vidéo prises sont restées dans la mémoire du téléphone portable de Fassila, ce qui pousse Bouzegza à charger Bakour de faire d’autres enregistrements sur les lieux. Un mois après, le film est remis à Bouzegza.

    Le 3 décembre, ce dernier lui demande de procurer deux citernes de 2000 litres chacune. Il lui donne les caractéristiques des citernes, chacune coupée en trois, dont le compartiment centre doit être d’une capacité de 800 litres. Bakour fait la commande auprès d’un atelier à Corso, pour le montant de 140 000 DA la citerne. Bouzegza le charge plus tard de trouver un hangar à louer pour une durée d’un mois, aux alentours de la capitale. Tous les contacts entrepris avec les agences immobilières s’avèrent vains. Khouchane et Bakour se déplacent à Tidjellabine pour acheter chacun un camion Jac, (aux prix de 53 et 58 millions de centimes) sur ordre de Bouzegza. Le soir même, une agence immobilière contacte Bakour et lui propose un hangar à Birkhadem qu’il va visiter en compagnie de Bouzegza et Khouchane ainsi que son frère Lamine. Mais la location est abandonnée par Bouzegza qui l’informe que la confection de l’engin et son montage sur les véhicules se feront à Bouguerrai, dans la villa abandonnée.

    Le 7 décembre 2007, le frère de Bakour accompagne Bouzegza à bord de la 607 de Fouad, jusqu’au douar Ben Tafat, pour voir Bechla Rabah, le kamikaze qui s’est fait exploser devant les bureaux de l’ONU. Il revient avec sa photo que Bakour va coller sur le permis de conduire falsifié et qui porte le nom de Chebli. Le 9 septembre, Bakour Fouad enregistre les deux véhicules, un en présence du kamikaze, à la commune de Aïn Benian, et l’autre à Rouiba en présence de Bouzegza. Le premier véhicule a été pris par Khouchane et Bakour qui l’ont conduit à Bouguerrai pour acheter deux tonneaux de petite ferraille et une citerne, qu’ils ont remplie après avec de l’essence avant de les charger à bord. Bakour va partir et laisser le véhicule entre les mains de Khouchane. Le deuxième camion a été conduit par Bouzegza jusqu’à Aït Yahia Moussa, où il l’a remis à Bakour qui l’attendait pour le remplir d’explosifs (quantité globale de 1600 kg) et transporter Charef Larbi, le kamikaze, qui a foncé sur le Conseil constitutionnel, Bourihane Kamel, dit Abou Hafs Al Fermache (édenté) ainsi que d’autres terroristes jusqu’au lieu du rendez-vous avec Bouzegza pour lui passer le volant. Bakour reprend sa 607 et rentre chez lui.

    Vers 23h, Bouzegza le joint par téléphone pour lui ordonner de le rejoindre le lendemain à 7h dans un café à Boudouaou. Sur place, Bouzegza était en compagnie des deux kamikazes. Il lui demande de leur organiser une visite des lieux ciblés. Ce qu’il fit. Sur le chemin du retour, il leur demande de faire leurs vœux, avant de rejoindre Bouguerrai. Les deux veulent prendre un bain et dîner pour la dernière fois. Il les emmène à El Hamiz et exauce leurs vœux avant de les transporter à Souk Al Had, où son frère Lamine devait prendre le relais pour les accompagner à bord de sa Renault Trafic. Fouad revient à Boudouaou, où Bouzegza l’attendait. Les deux sont rejoints par Fettouche Tahar et Khouchane. Les deux véhicules achetés sont conduits par Bouzegza et Khouchane vers un atelier de fabrication de citernes pour fixer celles qu’ils ont achetées. Le soir, les deux véhicules sont repris, mais à Thenia, Bouzegza donne le volant à Bakour Fouad. A Bougueraï, ils trouvent une quinzaine de terroristes, à leur tête Bourihane Kamel, qui les attendent dans la villa abandonnée. Le 11 décembre, vers 6h, Bakour Fouad se dirige à bord de sa 607 vers Boudouaou, où Bouzegza et les deux kamikazes, Khouchane, Fettouche et son frère Lamine l’attendent. Bouzegza achète cinq puces Mobilis, qu’il place dans des mobiles neufs qu’il détenait, avant d’en donner deux aux kamikazes, un à Bakour Fouad et un autre à Khouchane.

    Bakour a pour mission de servir d’éclaireur à Bechla Rabah, jusqu’au siège de l’ONU et Khouchane et Fettouche doivent guider Charef Larbi, jusqu’au Conseil constitutionnel. Arrivé à Bir Mourad Raïs, plus précisément à la rue Saïdi Mohamed Saïd, Bakour ralentit et, derrière lui, le véhicule de Bechla aussi. Il lui fait signe de rouler doucement et d’attendre le coup de fil. Arrivé à hauteur de Hydra, il entend l’explosion du premier véhicule. Celui qui a ciblé le Conseil constitutionnel. Il téléphone à Bechla Rabah, mais il n’y a pas de réponse. Bechla avait un problème d’audition. Il insiste. Une fois la rue Saïdi Saïd entamée, il entend une forte déflagration. Bechla s’est fait exploser mais en retard. Il détruit la puce utilisée et rentre chez lui. Il se terre au domicile de Khouchane à Aïn Naâdja pendant des jours au cours desquels il reste en contact avec Bouzegza, qu’il a accompagné à certains endroits. Parfois, il fait appel à son frère Lamine pour lui tenir compagnie ou accompagner quelques terroristes.



    Par Salima Tlemçani

  • L’enquête de la Brigade de recherche criminelle sur les phalanges de la mor


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    C’est ce qui ressort des déclarations des mis en cause, que ce soit lors de l’enquête préliminaire menée par les officiers de la Brigade de recherche criminelle (BRI) d’Alger ou de l’instruction à la charge du juge du pôle judiciaire spécialisé près le tribunal de Sidi M’hamed.



    Les aveux des uns et des autres permettent de reconstituer les faits et d’avoir le film de cette journée d’horreur du 11 décembre 2007, mais également celui de l’attentat à l’explosif contre le personnel de Browm Rooth and Condor (société algéro-américaine), en novembre 2006, et de l’attentat manqué contre le chef de la police judiciaire près la sûreté de wilaya de Boumerdès. Les détails sont hallucinants et montrent comment le GSPC enrôle des jeunes anonymes pour leur confier des opérations criminelles dévastatrices. L’enquête de la BRI commence avec un fait anodin. Le 27 janvier 2008, des policiers arrêtent une 607, pour vérification de papiers, à Aïn Naâdja. Le conducteur, Bakour Fouad, panique un peu. Une fouille du véhicule est opérée. Les policiers découvrent huit téléphones portables et un fixe. Bakour est arrêté, quelque temps plus tard, tous les membres présumés de la phalange Al Farouk, à laquelle il appartient depuis 2006, et qui seraient les auteurs des attentats suicide sont appréhendés.

    Dans un de leurs domiciles, à Seghirat, les policiers récupèrent une kalachnikov, une grenade et un engin explosif prêt à l’utilisation ainsi que des équipements électroniques, des cachets contrefaits, des CD contenant des enregistrements sur la technique de fabrication de bombes, sur des attentats terroristes, des embuscades contre les forces de sécurité et des prises d’otages, et aussi un gyrophare. Le gros lot pour les policiers. Fouad Bakour aurait rejoint le maquis grâce à une de ses connaissances, Kazadri Ahmed de Bouadil, à Boumerdès, après lui avoir présenté un terroriste du nom de Bouzegza Abderrahmane en présence d’un autre, Hamzaoui Rabah, dit Ousama, dans une maison abandonnée à Bouadil. Les discussions portaient sur la constitution d’un réseau de logistique composé de jeunes inconnus des services et du recrutement de son frère Lamine. Il accepte et propose deux noms de ses amis qui, selon lui, avaient des dispositions à rejoindre le maquis. Il s’agit de Khouchane Youcef, ingénieur en bâtiment, et Fettouche Tahar Yacine, ingénieur en mécanique, qui travaillait à BRC. Jusqu’au mois de mars 2007, Bakour est très proche de Bouzegza qui l’accompagne, y compris chez lui, que ce soit à Seghirat, Corso ou Boumerdès, et qu’il présente à sa famille comme associé de son frère Lamine.



    Par Salima Tlemçani