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  • le dessein humouristique



  • Censuré à Alger : le livre Poutakhine sort en Europe

    Le livre "POUTAKHINE, journal presque intime d'un naufragé" de Mehdi El Djezaïri, interdit en Algérie, est sorti à Paris, apprend-on auprès de l'auteur.

    Mehdi El Djezaïri organise une rencontre-débat le lundi 21 Juin à 18 heures à Paris.(*)

    Le livre est considéré comme un pamphlet contre le président Bouteflika. Mehdi El Djezaïri a lancé le défi de trouver « un seul mot d’insulte dans les 432 pages du livre ». « Sauf à considérer que poser une question à son Président est en soi une insulte. La question que j’ai posée en exergue : “Où étiez-vous Monsieur le président quand l’Algérie saignait et pleurait ses enfants ?” a été régulièrement posée depuis 1999 », a-t-il écrit. « Il n’y a pas de censure au Salon du livre. Au salon d’Alger comme aux salons de Tunis, de Casablanca ou de Paris, il existe un décret qui précise les raisons qui font qu’un livre ne soit pas diffusé », a indiqué Khalida Toumi, faisant référence au décret exécutif n°03-278 du 23 août 2003 fixant le cadre réglementaire de diffusion de livres et ouvrages en Algérie. L’article 10 de ce texte stipule : « Sont interdites, sur le territoire national, l’introduction et la diffusion de livres et ouvrages édités sur quelque support que ce soit et dont le contenu se caractérise par l’apologie du terrorisme, du crime et du racisme ; l’atteinte à l’identité nationale dans sa triple dimension ; l’atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale et à la sécurité nationale ; l’atteinte à la morale et aux bonnes mœurs ; la falsification du Saint Coran et l’offense à Dieu et aux prophètes. »

    Plusieurs libraires d’Alger avaient été convoqués par la brigade de recherche et d’investigation (BRI) du commissariat central, où ils ont été sommés de restituer le reste du quota du livre Poutakhine.
    L’auteur, Mehdi El Djezaïri, fait l’objet d’une grave persécution par les services de police.

    L.M.

    (*) Rencontre-débat avec l'auteur, lundi 21 Juin à 18 heures à l'adresse suivante: Café LA GRAPPE D'ORGUEIL, 5 rue des Petits Carreaux 75002 Paris; métro Sentier.

  • «Zéro, one, two, three…» viva…

    par Kamel Daoud

    Peut-on «marquer» un zéro en football ? Oui disent les Algériens. Zéro est un score que l'on peut inscrire contre son adversaire. Selon une mythologie identitaire, les «Arabes» ont inventé le zéro. Conclusion ? L'équipe – blonds, bruns, mats - des Algériens vient de le réinventer. Un zéro magnifique, honorable, nationale, le plus beau zéro obtenu par un pays depuis l'indépendance. Contrairement à ce qu'on nous a toujours enseigné dans les écoles, le zéro peut être un score. Il faut donc redéfinir à nouveau ce chiffre et savoir d'où il vient et comment nous l'avons regagné. Le zéro, selon Internet, ce nouveau système de défense algérien est né sous le nom de Sifr, devenu zefiro en italien et zéro en langue occidentale. Selon Wikipidea, c'est «un symbole marquant une position vide dans l'écriture des nombres en notation positionnelle». Une phrase à mâcher tout doucement. C'est donc un objet mathématique qui «exprime une absence». Il est indivisible et ne divise personne. A bien lire, le zéro a été d'abord babylonien, puis indien, avant d'être arabe, italien puis occidental, puis anglais et, enfin, algérien. Sauf que le zéro anglais ne ressemble pas au nôtre. Le leur est une soustraction, le nôtre est une addition. Nous, on vient de l'axe moins l'infini vers zéro, eux, c'est le contraire : ils se rétractent de plus cinq vers le zéro. Donc notre zéro est â fêter et il l'a été : il nous a fallu du temps, de l'effort, des joueurs motivés, le film de «la bataille d'Alger» visionné en Afrique du Sud et 4000 supporters pour y arriver. Le vide peut être l'objet de toute une vie, comme vous le diront Buddha et Saadane.

    Donc nous sommes fiers de notre zéro. Il est beau, bien tracé et racé, il ressemble à une auréole ou un gros dinar céleste. C'est un bon commencement. Avec un zéro à gauche de un, on peut gonfler un chèque ou acheter une route, ou vaincre les anglais, ou avoir son bac ou dire une insulte en binaire. Dans la phrase de «one, two, three», il n'y pas de place pour le zéro mais ça ne fait rien, justement. Quand on inscrit un zéro, on en inscrit déjà dix mille sans que personne ne vous démente. Ce zéro a donc été chanté, klaxonné et revendiqué comme une victoire. Du point de vue mathématique, c'est une absurdité et une misère si un peuple en arrive à fêter le vide comme une joie pleine. Mais du point de vue de l'architecture du monde et des rapports de puissance, nous revenons de loin déjà. Du pays où on ne comptait pas, vers le pays où on peut compter au moins un zéro. Etrange phrase : on ne peut dire «zéro» mais seulement «un zéro». Il y a toujours un Un qui lui tient la main pour qu'il ne se perde pas dans l'infini.
  • Oran la nuit: Circulez, il n'y a rien à voir !

    par El Kébir A.

    Oran doit-elle attendre le ramadhan pour vivre la nuit ? Certes, durant la saison estivale, les Oranais se plaisent aussi à sortir la nuit, mais le même entrain, qu'ils éprouvent lors du mois de jeûne, où on peut voir les rues grouillantes de monde jusqu'au petit matin. Ceci est un fait.

    Aux alentours de 18-19h, après l'heure de pointe, les rues se mettent à se vider. Et quand arrive 20h, quand la nuit s'installe, là, on peut dire qu'on ne trouve plus un chat dans les parages…ou plutôt, on ne trouve que des chats !

    Est-ce à dire pour autant que le centre-ville, dès la tombée de la nuit, se retrouve comme désert ? La réponse est bien sûr non : si les Oranais ne traînent pas trop dans les rues, ils traînent ailleurs ! Si quasi aucune fête n'anime la rue oranaise, là où il y a de l'ambiance, c'est bien sûr dans les établissements de restauration, les pizzerias notamment, et aussi, plus rare, quelques cafés qui affichent «open» après la tombée de la nuit. Un établissement, situé à l'USTO, est l'un de ces endroits où les gens se plaisent à se rendre, surtout en soirée. Un peu plus loin, sur la route de Canastel, un autre café attire le plus de clientèle nocturne.

    Pour le centre-ville plus précisément, deux lieux viennent d'ouvrir récemment, et restent ouverts jusqu'aux alentours de 22-23h. Le gérant de l'un de ces établissements ambitionne d'ouvrir son salon 24h sur 24. «Mais pour cela, nous confie-t-il, il nous faut des autorisations, et vu qu'on vient à peine d'ouvrir, je pense qu'on doit encore attendre un peu !». Quant aux restaurants dits de luxe, ouverts jusqu'«après minuit», ils ne sont pas si nombreux. Et leurs prix, bien évidemment, sont hors de portée du plus grand nombre. Ils sont fréquentés par une certaine clientèle.

    On l'aura alors compris, le soir, ce n'est pratiquement que dans les «intérieurs» où il y a de la vie à Oran. Cette situation est attribuée entre autres au fait qu'absolument tous les restaurants que compte la ville soient dépourvus de terrasses. «En fait, nous dit un connaisseur, cet état de fait est aussi dû à la crise qu'a vécue l'Algérie durant la décennie noire, et qui a fait que les gens se sont habitués à ne pas sortir la nuit. Il faut à présent qu'ils reprennent leur ancienne habitude». Effectivement, mis à part le côté «restauration», il faut dire que tous les autres secteurs de divertissement que compte la ville sont quasiment absents la nuit venue.

    La cinémathèque d'Oran, à titre d'exemple, n'affiche qu'une seule séance par jour, celle de 15h, et ce n'est pas demain la veille qu'elle se mettra à projeter la séance de 21h. «En fait, il s'agit d'un cercle vicieux, nous dit son responsable, on ne projette pas de films le soir parce qu'il n'y pas de public, mais si on demande au public pourquoi il ne sort pas la nuit, il nous répond qu'il n'a nulle part où aller !». Il en est de même pour le conservatoire et le théâtre, qui ne sont ouverts la nuit qu'à l'occasion d'évènements culturels. Il reste bien évidemment, les nouveaux ronds-points d'Oran Est qui attirent toujours du monde.
  • Il était une fois le coup d'Etat du 19 Juin 1965

    par Ali Brahimi

    La fin de la première décade de juin de cette année avait coïncidé avec le coup d'envoi de la compétition en Coupe du Monde de football, éclipsant toute autre actualité.

    Cependant, la majorité de la population nationale est polarisée, durant toute l'année, autour des préoccupations lancinantes ne cessant de s'accumuler au fil du temps. Et que ledit événement sportif, malgré le formidable engouement qu'il a suscité au sein de la jeunesse algérienne, ne représente en fin de compte qu'une goutte d'eau d'extase dans un océan de malheurs.

    Pour le reste, c'est-à-dire une minorité de gens soi-disant aisés et à l'abri des désagréments de la vie, leurs tracas sont de tout autre nature. A l'évidence, leurs soucis grouillent tout autrement, que ci-dessus, au niveau de leurs tempéraments. Et, à l'évidence, ces gens-là perçoivent différemment la victoire ou la défaite des Verts.

    En effet, cette frange particulière de la population oriente ses ambitions au gré des conjonctures et ne s'y intéresse qu'à l'orientation des événements. A l'image d'une girouette. A brève échéance, elle se concentrerait sur des schémas confortant sa position sociale et raffermissant ses intérêts, visibles et scellés à l'intérieur du système national de gouvernance lequel, pour sa part, se soucie beaucoup plus sur les événements conjoncturels – décidément – au lieu de ceux liés aux priorités et perspectives structurelles fondamentales dans le long terme.

    A ce dernier propos, nous citons, à titre indicatif : mettre en place un ensemble de mécanismes judicieux afin de changer, de fond en comble, les méthodes actuelles de gestion des ressources humaines et naturelles et des affaires de l'Etat et, surtout, d'éviter, autant que possible, les reniements des certitudes d'hier tout en sachant, à l'évidence, que nul n'est immuable. En revanche, le bon sens l'est !

    En attendant des jours meilleurs dans ce sens, des jeunes s'accrochent pathétiquement à toutes sortes de défoulements dont, justement, les hypothétiques victoires de l'Equipe Nationale du Football. Toutefois, cet enivrement collectif éphémère n'aboutirait qu'à des impasses sinon aux plaisirs à effet de feu de paille. Il n'en demeure pas moins que la majorité de la jeunesse espère se mettre en diapason avec le rythme de cette saison haute en couleur. Et de lorgner, avec autant d'espoirs dans les esprits, vers de meilleurs nouveaux horizons. En principe, c'est ça la nature profonde d'un jeune : rêver avant et réaliser ensuite !

    Malheureusement, une partie de la jeunesse se complaît allégrement dans l'ankylose et observe de moins en moins la beauté des choses qui nous entourent, sinon les interprètent faussement, encore moins qu'elle sache discerner, comme le savaient par coeur ses aînés, le début, la fin et la durée des saisons, les qualificatifs et les genres des importants facteurs climatiques correspondants, favorables et défavorables, sur les tempéraments des êtres vivants, etc.

    Tout un savoir ancestral parti en fumée. En effet, nous vivons une période caractérisée par les oublis des nobles principes, d'une vie en harmonie avec le chevauchement des saisons, remplacés par ceux nous compliquant l'existence et, par conséquent, à la merci des caprices du climat et des catastrophes naturelles. A l'image de celles des dernières tornades orageuses dans les wilayas du Sud-est du pays provoquant d'importants dégâts souvent conjugués aux étourderies du genre humain de plus en plus disposé à la défiguration de son milieu physique, à la vie facile, la vanité, les fuites en avant, etc.

    En revanche, nous observons, de temps à autre, des enfants et des jeunes gens en train d'effectuer des randonnées, pour ceux possédant les moyens de faire ces excursions, dans les différents milieux naturels terrestres et marins. Ils apprennent, indéniablement, beaucoup de choses intéressantes sur leur environnement. Malheureusement, d'autres enfants sont dans d'autres galères les étouffant. D'après les chiffres annoncés, cette semaine, par des institutions internationales, dans le domaine, il existe plus de 100 millions d'enfants qui travaillent péniblement et autant vivotent en livrant leurs corps aux vampirismes ignominieux, au lieu qu'ils aillent s'instruire dans les sanctuaires du savoir. Puisque leurs familles vivent dans l'extrême pauvreté, cette jeunesse démunie la décompense par différentes drogues et sensations fortes dont le… football - devenu un motif de défoulement collectif dans l'hémisphère Sud.

    Dans l'hémisphère Nord, le solstice d'été correspond au 21ou 22 juin. Sous nos latitudes, il tomberait une semaine avant et se retarde autant en fin de l'été. En d'autres termes, le climat enfonce les populations de ces contrées, plus que celles du Nord, dans les aléas du changement climatique. Tous les gens de bonne volonté l'ont dit, le répètent à chaque occasion, sans qu'ils s'en lassent et encore moins qu'ils ont froid aux yeux ou de ménager quiconque sur ses agissements, notamment vis-à-vis de l'enfance en proie à toutes les mystifications soustractives à l'infini.

    Dans l'un de nos articles intitulé : «Juin, le mois des soustractions», paru au Quotidien d'Oran du 17 juin 2007, nous avons mis en exergue son importance au plan du bilan, à mi-parcours des différentes actions programmées par les institutions, en cette fin de période semestrielle.

    Toutefois, ce qui nous semblerait utile de rappeler, toujours d'actualité à certains égards, c'est les coïncidences, d'hier et d'aujourd'hui, en termes de similitudes bizarres et surprenantes, voire suspectes. Les découragements, conjugués aux mensonges, sont susceptibles de provoquer les pires frictions et, donc, les brutaux divorces entre gouvernants et gouvernés, entre les membres d'une famille… !

    Commençons par le commencement, et sur un tout autre plan, toutefois intimement lié à ci-dessus et ci dessous:

    JUIN 1962, LE MOIS DES MIRACLES ET DES MIRAGES

    «Lors de cette période charnière du 1er Janvier - 5 juillet 1962, des Algériens et Algériennes ont pu sauvegarder les acquis moraux et matériels de la victoire contre l'OAS – Organisation armée secrète – de la soi-disant Algérie française, et les «marsiens» : combattants zélés de dernière heure. Des milliers ont eu le privilège d'accéder au sacrifice suprême pour l'avoir fait. D'autres patriotes sont en train de disparaître jour après jour. En silence ! Qu'ils soient tous bénis.

    Ce dont il s'agit dans cette «saga» est de tout autre nature. Une fortuite de notre Histoire. Une de plus ! Le produit d'une montagne et d'une souris : un hybride monstrueux. Lui-même n'a jamais su d'où il est issu ni comment il fut élevé, encore moins comment il est parvenu à ce niveau. Par contre, il sait bien le rôle de sa mission. Ce fut l'un des initiateurs du «syndrome marsien» dans notre région, lequel s'est propagé à l'identique, avec des nuances dans d'autres lieux du pays. Bizarre ! Du vide dû à la conjoncture particulière de cette période d'anarchie sciemment entretenue par «Je leur souhaite d'avoir du bon plaisir» ainsi formulé par le Général De Gaulle – surnommé la grande Zohra –, entre autres bons souhaits.

    Cet hybride auxiliaire ainsi inspiré avait eu l'idée diabolique d'organiser, en pleine canicule, un rassemblement de toute la population de ma ville pour aller voir un groupe de soi-disant combattants défiler. A 15 km du patelin ! Ce fut comme dans un film hollywoodien. Inouï ! Femmes, hommes, enfants, vieux, malades, aveugles, débiles…7 000, 10 000 personnes ? Allez savoir. Une marée humaine comme hypnotisée, à pied, en véhicules, charrettes, …Ahurissant !

    Sous un soleil de plomb, un immense cercle humain s'est formé autour de l'arène.

    Comme s'ils attendaient que des hommes hors du commun allaient surgir. Abasourdis par les cris des organisateurs zélés et d'enregistrements rayés de chants patriotiques amplifiés par de haut-parleurs de crieurs publics assourdissant les spectateurs ainsi parqués comme du bétail. Les hommes se disputaient les «premières loges», les enfants pleuraient, des femmes enceintes gémissaient et s'évanouirent. Aucune assistance appropriée. Un aveugle âgé, comme s'il était dans un autre monde, répétait sans cesse : Merci Seigneur, même aveugle, mon cœur les sentirait. Plus qu'émouvant. Indescriptible !

    Enfin, après une éternité et telle une délivrance, une vingtaine d'individus pénètrent dans cette cour des miracles. En tenue kaki et ayant l'air débraillé, avec des armes hétéroclites, en rangs désordonnés, ce groupe se brinqueballait devant cette foule entassée à l'image d'un bétail. Des youyous fusaient. Des flacons de parfums aspergeaient la cohorte survoltée. Puis un impressionnant branle-bas du retour désordonné. Avec tous les risques !

    Après donc ce grand carnaval humiliant, tout ce beau monde en sueur, bronzé, enfariné dans la poussière, assoiffé, affamé, dépouillé de son argent, ses bijoux, désacralisé par la force des nouvelles réalités amères, dépité en profondeur de son âme, reprenait le chemin du retour. Hagard ! Une image de fin de monde. A l'image d'une fresque apocalyptique. Notre hybride avait bien réussi sa promesse. En long et en large, en genre et en nombre. Misérable est cette journée de juin 1962 pour ceux qui ont eu la poisse de l'avoir supportée. Un calvaire qui a marqué profondément l'imaginaire collectif local. Indélébile !

    Au cours de cette même période, un autre marsien, ne sachant ni lire ni écrire, est devenu chef de chantier des travaux publics. Un jour, il fait établir, par un écrivain public, une liste d'ouvriers sur une feuille… volante et se dirigea tout droit vers le receveur des contributions diverses. Il demanda à ce dernier de lui remettre le salaire de ses ouvriers. Ledit fonctionnaire demanda les autres documents comptables réglementaires. Marsien lui promit qu'il les aurait par la suite. Il empocha l'argent et ne fournira aucun autre document. Et bien sûr le trou sera comblé par trois fois. Ce fut, en quelque sorte, le promoteur, voire le père spirituel de la lignée des Khalifa ramasseurs du Trésor public.

    Un autre jour de juin 1962, devant la place centrale de notre patelin, toujours pleine par des gens de tous âges, en ces moments féeriques, un avion de l'armée française survolait l'esplanade. Alors, un autre «extraterrestre», dans le but d'impressionner l'assistance, interpelle son secrétaire et il lui dit expressément, devant la population en attente du sensationnel : «Prends vite le numéro de cet avion, nous le réquisitionnons. Des signes avant-coureurs d'autres Khalifa !». Fin de l'extrait.

    19 JUIN 1965 RENIÉ PAR LES UNS ALORS QU'IL EST HONORÉ PAR LES AUTRES

    45 ans déjà depuis le énième coup d'Etat en terre d'Algérie. En effet, d'autres ont été effectués par le passé et même après le 19 juin 1965, incriminé de tous les maux y compris de ratage de la vie personnelle, aujourd'hui oublié, voire renié par ses fervents défenseurs d'hier. A chaque fois, l'on trouve des qualificatifs édulcorés à ces complots : Messaliste, Centraliste, Activiste, FLNiste, primauté de l'Intérieur sur l'Extérieur, Gouvernementaliste, Réajustement, Redressement et… ? A trop d'utilisation d'euphémismes, l'on chavire dans les concepts saugrenus. Ainsi, tous nos coups d'Etat et nos déboires à l'occasion sont enrobés par des terminologies tantôt adoucissantes tantôt du tape-à-l'œil.

    En dépit de tout, le 19 Juin 1965 reste un jalon, parmi d'autres, du genre, et qu'il avait pour ambition tout à fait justifiée afin de relancer une certaine idée de la Révolution, telle que qualifiée et perçue à l'époque, et ce pour construire l'Etat algérien. Le défunt Ahmed Medeghri, l'un des activistes du coup d'Etat du 19 Juin, est considère comme le bâtisseur des collectivités locales estimées, à juste titre, comme les bases d'un Etat moderne décentralisé. Quoi qu'on dise de ses impairs et impacts ainsi que de ses répercussions ou qu'il soit incriminé de torts et malchances, strictement engendrés par des déboires et comportements d'ordre personnel, il n'en demeure pas moins que ses suites ont engendré des espoirs immenses et des acquis considérables pour des générations de cadres dont plusieurs constituent une fierté pour le pays

    Le 19 Juin 1965 est intervenu dans un contexte particulier. La majorité de ses principaux auteurs n'est plus de ce monde. Quelques mohicans sont encore en vie. Parmi eux, il y a ceux qui regrettent d'y avoir participé et l'affichent ouvertement en maintes occasions sciemment médiatisées. C'est comme s'ils avaient un compte personnel à régler avec le défunt Houari Boumediene. Alors qu'il n'avait à rien à faire dans leurs déceptions puisque elles sont intervenues après sa disparition. Donc, c'est à eux-mêmes qu'ils doivent s'en prendre. Dans tous les cas de figure, ils en souffrent et pâtiront encore post mortem !

    Le défunt Tayebi Larbi, disparu peu après la mort du premier chef de l'ANP, était un fidèle ami convaincu du défunt Président du Conseil de la révolution. Il avait baptisé, en juin 1976, l'ex ITA - Institut de Technologie Agricole du 19 juin 1965 – de Mostaganem. Le prétendu héritier désigné en 1977 comme annoncé par le soi-disant mandaté, dans les années 1980, dans le seul but de faire agacer à qui de droit, avait humilié le sage Tayebi Larbi en l'accusant exagérément d'avoir détourné de l'argent pour faire construire une… mosquée dans ledit patelin de l'ex-ministre de l'Agriculture lequel, lors du coup d'Etat du 19 Juin 1965, se trouvait dans l'ascenseur du siège de la Wilaya d'Oran, bloqué toute la nuit du renversement du premier Président de l'Algérie indépendante. Ainsi suspendu dans l'ascenseur en panne, il ne savait rien de ce qui était advenu du putsch.

    Depuis, il fut atteint de claustrophobie – la peur de l'étouffement – qu'il traînera en souffrance jusqu'à sa mort. Ainsi, son destin personnel lui aurait permis de ne renier aucun de ses actes ni incriminer quiconque à sa place. C'est ce qu'on désigne par : se sentir en diapason avec sa conscience.

    En fin de compte, la faute à Juin ou à la bêtise humaine ? Juin n'est qu'un moment de l'année, parmi d'autres, dans la vie d'un être, d'un pays… d'un coup d'Etat. Par contre, la bêtise humaine c'est une autre Histoire !!!
  • Près de 300 commerçants menacés d'expulsion: Litige foncier entre le ministère de la Justice et la commune d'El Biar

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    Près de 300 commerçants menacés d'expulsion: Litige foncier entre le ministère de la Justice et la commune d'El Biar

    par Oualid Ammar

    Près de 300 commerçants, installés sur ce terrain, attendent de savoir quelle sera, après sa saisine, la décision du Conseil d'Etat dans cette affaire où le ministère de la Justice et la commune d'El Biar se disputent 19.140 m² situés à proximité du Conseil Constitutionnel.

    Après une intégration de 28 ans dans le patrimoine de la commune, voilà que le ministère de la Justice, le revendique. Selon les documents détenus par des parties concernées, depuis maintenant près de deux ans, le ministère de la Justice demande l'annulation de l'acte de propriété de la commune d'El Biar, car il est en possession d'un document similaire depuis 1976. Le ministère avance que son document est authentique parce que l'arrêté lui a été remis par les services des Domaines, et qu'il contient toutes les mentions légales, dont l'enregistrement de l'acte de propriété. Pour récupérer ce terrain, le ministère de la Justice fait valoir, aussi, qu'il est destiné à des fins d'utilité publique. S'il est admis en tant que partie civile, le ministère entend obtenir réparation du préjudice subi par «l'occupation illégale» du terrain et il réclame notamment que les frais de démolition des locaux commerciaux bâtis sur ce terrain, soient à la charge des commerçants.  

    Une «hiba» non notifiée

    Les documents, dont un plan cadastral, révèlent que ce terrain a une histoire juridique particulière. A l'origine, il appartenait à des Français à travers un établissement dénommé «Bon Pasteur» qui en ont fait don, par un acte de «hiba» (donation), en 1976 au ministère de la Justice. Cet acte de «hiba» n'a jamais été notifié ni à la commune, ni aux commerçants, tous ignoraient son existence, relève-t-on. Selon le plan cadastral que nous avons pu consulter, la parcelle litigieuse n'entre pas dans la surface objet de la «hiba». On se demande alors, s'il n'y aurait pas deux plans ou, si simplement il n'y aurait pas confusion sur les parcelles ?

    Quoiqu'il en soit sur ce terrain de 19 140 m² dont a pris possession la commune d'El Biar, en 1981, plusieurs commerces ont vu le jour. Ce terrain avait été acquis par la commune d'El Biar, qui à l'époque lui avait coûté 765.000 dinars. Quand bien même cette transaction aurait pu être entachée juridiquement, la commune a été propriétaire de cette parcelle continuellement et «sans interruption pendant quinze ans» depuis 1981, et selon le code civil elle devient propriétaire par «prescription acquisitive», soulignent des juristes. Cela dit, le 28 décembre 1981, c'est le wali d'Alger qui avait transféré la propriété de douze lots dont celui-là, à la commune d'El Biar, en la sommant de verser la valeur vénale de ces lots à la Caisse Centrale des Domaines d'Alger.

    Ce qui fut fait, indiquent des fonctionnaires communaux. Par ailleurs, un avocat interrogé sur cette affaire souligne que «cette parcelle est sortie du champ du domaine public au domaine privé de la commune par la volonté du propriétaire légal des biens de l'Etat». En portant sa revendication en justice, le ministère de la Justice a remporté la première manche. La Chambre administrative de la Cour d'Alger, à Bir Mourad Rais, a dernièrement tranché en sa faveur. N'ayant pu avoir accès au jugement, on en ignore pour le moment l'argumentaire juridique. Par contre, on sait qu'il ordonne l'expulsion des commerçants du «Centre commercial de Ben Aknoun», lesquels n'ont pas encore eu notification de cette décision. Pour certains d'entre eux, il ne reste plus que le Conseil d'Etat comme recours.

    Les commerçants dépités et tendus

    La quiétude habituelle du centre commercial a été bouleversée par cette décision. Ils sont près de 300, entre commerçants et artisans, à être installés dans les lieux depuis 28 ans. «Nous nourrissons au moins 1.500 personnes», affirme un des occupants, fils de chahid. D'autres dont des moudjahidine, soulignent qu'ils sont devenus propriétaires de leur fonds de commerce, des fonds qu'ils ont valorisés. Naturellement, ils sont très inquiets et ils s'interrogent sur leur sort. «Nous expulser signifierait que nous sommes des indus occupants, alors que nous occupons les lieux de la façon la plus légale par rapport à nos obligations vis-à-vis de la commune d'El Biar et des impôts, notamment», souligne un de ces commerçants. «C'est navrant parce qu'on nous met au ban de la société, alors qu'on est des citoyens à part entière, qu'on paie nos impôts, que nous avons des familles à charge», renchérit un autre commerçant qui se demande pourquoi il ferait les frais d'une affaire qui le dépasse complètement.

    Plusieurs locataires de ce centre commercial ne désespèrent pas qu'une solution «où prime la raison» soit trouvée, une solution qui ferait l'économie de l'exacerbation de la tension sociale, déjà perceptible sur place. Laquelle? On suggère que la commune d'El Biar, si elle ne parvient pas à conserver «son bien», puisse recaser tous ces commerçants dans un autre espace similaire. D'autres commerçants entendent saisir le Conseil d'Etat pour qu'il tranche définitivement dans ce singulier dossier foncier.
  • " Si vous voyez de la fumée..."

    En tant qu'ancien du MAE, je voudrais témoigner en mon âme et conscience qu'à la fin 1978, lorsque Bouteflika savait qu'il allait être chassé du MAE, ses sbires, notamment les GAOUAR, MERI, YOUNES et consorts avaient passé des jours et des nuits à brûler les documents et archives compromettants dans un conteneur qui se trouvait dans la cour de l'ancien siège du MAE, qui est aujourd'hui celui du Secrétariat Général du Gouvernement. Je me souviens comme si cela datait d'hier que mes collègues et moi les voyions sortir de ce conteneur les yeux en larmes et gonflés de fumée.Ils nous faisaient pitié et rire en même temps. On les appelait "el firane" ( les rats ). Si jamais vous voyez donc de la fumée sortir du bunker d'El Mouradia, ne paniquez pas et n'appelez surtout pas les pompiers car cela signifie tout simplement que les imposteurs vont bientôt quitter les lieux. Et ça sera la meilleure nouvelle que le pays ait jamais eue depuis plusieurs décennies. Le peuple algérien saura la clébrer à sa manière, c'est à dire avec panache, coups de klaxon et youyous. Voilà où plus de dix ans de cupidité et de stupidité auront mené Bouteflika et son clan...
    Bounif


    En tant qu'ancien du MAE, je voudrais témoigner en mon âme et conscience qu'à la fin 1978, lorsque Bouteflika savait qu'il allait être chassé du MAE, ses sbires, notamment les GAOUAR, MERI, YOUNES et consorts avaient passé des jours et des nuits à brûler les documents et archives compromettants dans un conteneur qui se trouvait dans la cour de l'ancien siège du MAE, qui est aujourd'hui celui du Secrétariat Général du Gouvernement. Je me souviens comme si cela datait d'hier que mes collègues et moi les voyions sortir de ce conteneur les yeux en larmes et gonflés de fumée.Ils nous faisaient pitié et rire en même temps. On les appelait "el firane" ( les rats ). Si jamais vous voyez donc de la fumée sortir du bunker d'El Mouradia, ne paniquez pas et n'appelez surtout pas les pompiers car cela signifie tout simplement que les imposteurs vont bientôt quitter les lieux. Et ça sera la meilleure nouvelle que le pays ait jamais eue depuis plusieurs décennies. Le peuple algérien saura la clébrer à sa manière, c'est à dire avec panache, coups de klaxon et youyous. Voilà où plus de dix ans de cupidité et de stupidité auront mené Bouteflika et son clan...
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    Saadane et Boudebouz à chaud après Algérie -Angleterre

  • Commémoration : La Ladh se souvient de Youcef Fathallah

     


    Voilà 16 ans que nous a quittés Youcef Fathallah. Le militant des droits de l’homme était président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), quand il est tombé sous les balles assassines du terrorisme islamiste un certain 18 juin 1994.


    C’était l’époque où l’élite algérienne était ciblée par les bras armés du FIS. La Ligue, aujourd’hui présidée par Me Boudjemaâ Ghechir, a rendu hommage, hier, au regretté à travers un communiqué dans lequel il est rappelé que « Fathallah a passé sa vie en militant pour la liberté et les droits de l’homme en Algérie et il a été assassiné par une main criminelle pour ce qu’il portait comme principes et ce qu’il représentait comme valeurs et son combat tient toujours et c’est un honneur de le poursuivre ». Profitant de l’occasion, les militants de la Ligue ont exprimé leur regret de constater que « le rêve du défunt en une Algérie vivant en paix et où les droits de l’homme sont respectés au sein d’une gouvernance démocratique est encore loin de portée et que la machine à tuer du terrorisme aveugle continue à faucher la vie des innocents alors que les acquis réalisés par les Algériens au prix du sang et des larmes dans le domaine de la démocratie, les libertés et les droits de l’homme ont enregistré un recul alarmant ».

    Les militants exigent aussi que « la main soit levée sur la société algérienne et ne pas contraindre ses citoyens dans la pratique de leurs droits individuels et collectifs, y compris leur droit en la nationalité, la levée de l’état d’urgence, l’arrêt du harcèlement sur la presse indépendante et les activistes intéressés par le changement démocratique et la promotion des droits de l’homme, les libertés syndicales et l’édification de l’Etat de droit, et la séparation entre les pouvoirs et la justice indépendante », peut-on lire dans le même document. Il est aussi demandé au gouvernement d’établir un programme de développement capable de contribuer sérieusement à l’absorption du chômage, résoudre la crise de logement et rendre l’espoir à la jeunesse qui, devant l’impasse, se réfugie dans la drogue et la harga. Enfin, la Ligue de Me Ghechir confirme la requête adressée au président de la République de faire du 18 juin une journée nationale des droits de l’homme.

     

    Par Nouri Nesrouche

  • Louisette Ighilahriz. Moudjahida : « Il a commis des actes odieux au nom du pouvoir politique français »

    il etait sous les ordre de mitterand à l'epoque 1ere ministre de la france

     

    - Le général Bigeard est mort sans reconnaître avoir pratiqué la torture en Algérie. Vous qui l’aviez accusé d’avoir torturé des militant(e)s du FLN, cela vous inspire quoi ?

    Que de la douleur. J’espérais qu’il allait reconnaître avoir pratiqué la torture en Algérie et qu’il allait présenter des excuses à ses victimes pour qu’il libère sa conscience. Hélas, il ne l’a jamais fait. Bien évidemment, il a tout le temps nié avoir fait subir lui-même la torture, même s’ il a reconnu sa pratique. Mais il n’a raconté que des mensonges. Je me rappelle, comme si c’était aujourd’hui, lorsque j’ai été arrêtée le 28 septembre 1957, après la bataille de Chebli. On m’a emmené dans les locaux du 10e régiment au Paradou. Bigeard était là. Il a lui-même pratiqué la torture, certains de ses soldats l’ont reconnu. J’ai, depuis longtemps, mené un combat pour qu’il reconnaisse ses crimes, mais je suis peinée du fait qu’il parte sans qu’il présente des excuses à ses victimes. Quand je l’ai accusé d’avoir pratiqué la torture, il avait déclaré : « Louisette est une affabulatrice. » Et même quand le général Massu avait admis la pratique de la torture, il l’avait aussi traité de sénile. Il avait également reproché au général Paul Aussaresse d’avoir admis, dans ses mémoires, la pratique de la torture. Mais je maintiens que ce général a pris part directement à la torture. Je suis profondément déçue et malade de ne pas voir ce tortionnaire reconnaître son crime.

    - La France officielle l’a qualifié de grand héros, quel commentaire faites-vous ?

    Il est normal que la France le présente comme un héros. Il est l’homme le plus gradé de l’armée française. La France, celle de droite notamment, le vénérait de son vivant parce qu’il n’a pas présenté ses excuses à l’Algérie. Mais cela ne va pas changer la nature de cet homme qui n’est que synonyme de mort, d’exactions et de torture. Il symbolise une page des plus sombres de l’histoire de la France. Il est responsable de beaucoup de disparitions durant la Bataille d’Alger. Mais je dois dire aussi qu’il a commis des actes odieux au nom du pouvoir politique français qui l’avait envoyé en Algérie pour la « pacifier ».

    - Est-il aujourd’hui nécessaire que ces officiers français ayant « servi » en Algérie présentent des excuses à leurs victimes ?

    C’est plus que nécessaire. Vous savez, lorsqu’on est torturé, on vit avec des stigmates et des blessures toute la vie. On endure ces sévices atroces tant qu’on est toujours vivant. Je suis malade de voir Bigeard partir sans avoir présenté ses excuses. Des excuses pour apaiser ma douleur et celle de toutes les victimes. Le fait qu’il n’a pas présenté ses excuses prolongerait ce film cauchemardesque qui dure depuis la guerre de Libération nationale. On ne peut pas tourner cette page douloureuse sans que le bourreau reconnaisse son crime devant sa victime.

     

  • Annaba : Emeutes à Sidi Salem


    Des manifestations ont secoué hier, tôt le matin, la cité Sidi Salem, dans la commune d’El Bouni.


    Durant plusieurs heures, des centaines de personnes ont investi la voie publique, dressé des barrages sur l’autoroute reliant Annaba à El Tarf, notamment le tronçon menant à l’aéroport Rabah Bitat. Les mécontents manifestaient leur colère en raison des retards accusés dans le recasement des familles du quartier appelé communément La SAS. « Nous voulons être recasés dans les 2000 logements érigés et achevés face au pôle universitaire d’El Bouni. Ils nous reviennent de droit ! », ont exigé les protestataires particulièrement remontés. Quinze policiers ont été blessés par des jets de pierres et des cocktails Molotov, lors des échauffourées qui ont éclaté, selon le bilan des services de sécurité.

    Interpellés lors de ces affrontements, plus de 20 émeutiers ont été arrêtés pour être, après leur audition, traduits devant le juge d’instruction près le tribunal d’ El Hadjar. Située à 6 km de la commune du chef-lieu de la wilaya, la cité Sidi Salem offre un visage hideux de ce que peuvent être les ensembles d’habitations précaires. Eté comme hiver, les quelque 3000 familles qui y habitent, la majorité depuis plus d’une cinquantaine d’années, vivent dans la misère. C’est également un bidonville à l’ombre duquel se sont développés des fléaux, tels que la délinquance, la prostitution, le trafic et la consommation de la drogue.

     

    Par M. F. Gaïdi

  • anelka vire'

  • bon parleur mais c'est tout,dr en parlotte,mais ne fera rien soyez vigilant!

    MR MINISTRE DE LA SANTE' CITE' DANS L'AFFAIRE KHALIFA tab tab !! Prenons acte !!

    evenement&art9&2010-04-03img1.jpgLors des 3es Journées médicales organisées jeudi à Blida par le bureau de la région Centre du Syndicat national des praticiens de la santé publique, Djamel Ould Abbès, nouveau ministre de la Santé, qui a pris part à cette manifestation, a tenu à souligner que le temps des grèves touchant son secteur est révolu.

  • BIGEARD EST MORT L’homme pour qui la torture était un mal nécessaire


    Le général Bigeard vient de décéder à l’âge de 94 ans. Si du côté français l’heure est aux hommages à un «grand serviteur et combattant de la France», du côté algérien, y compris pour ceux qui n’avaient que quelques années pendant la guerre de Libération nationale, ce nom est fortement associé aux peurs et aux terreurs que ses paras déclenchaient ; aux massacres et autres «bienfaits» du même acabit ; à la guerre qu’il engagea contre les combattants du FLN, notamment dans la Bataille d’Alger, à la torture enfin qu’il qualifiait de «mal nécessaire».
    De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
    Les hauts faits d’armes du général Bigeard, c’est d’abord lui qui en parle et dans un ton et des formules qui ont toujours tenté de justifier l’injustifiable et l’innommable, même si cet innommable est «l’exercice de la torture» dont l’a accusé Ighilahriz et qu’il nia jusqu’à sa mort, l’imputant au seul Aussaresses. Bigeard a d’abord sévi au Vietnam, où il prit part, avec un bataillon de parachutistes coloniaux, à la bataille de Diên Biên Phu jusqu’en mai 1954, date à laquelle il fut fait prisonnier. Sa revanche sur l’enfer indochinois, il pense la prendre avec la guerre d’Algérie où il va commander le 3e régiment de parachutistes coloniaux et penser laminer et écraser — pacifier, sécuriser, disaient-ils — l’Algérie, leur «département». S’il a réussi à coffrer la majorité des responsables du FLN dans la bataille d’Alger, il n’a pas arrêté le cours de la révolution algérienne, objectif ultime et unique de Bigeard et du pouvoir colonial. Il a même été l’objet d’attentat dont il sortit, dit-il, grâce «à la baraka». A Louizette Ighilahriz, qui l’accusait nommément d’avoir pris part aux tortures que la militante avait subies en prison pendant trois mois (voir article du Monde du 20 juin 2000), Bigeard rétorquait qu’il n’était pas, à cette période, à Alger et qu’il ne pouvait donc avoir été son tortionnaire. Et comme pour convaincre, le général Bigeard ajoutait, et en toutes occasions, qu’il avait toujours eu de l’estime pour Larbi Ben M’hidi. «On était même devenus copains, même s’il représentait le camp adverse. » Ben M’hidi, «ce copain de Bigeard», a eu, comme tout le monde sait, le sort qu’ont connu beaucoup des chefs de la bataille d’Alger, l’exécution pure et simple. Sans vouloir accabler un mort, ce «grand militaire» qui a sévi jusqu’au bout et toujours nié, se prévalant de «sa mission militaire, une guerre subversive que les soldats français ont été contraints de mener pour sauvegarder la population française et algérienne», lorsqu’il a eu à quitter la scène militaire et politique (secrétaire d’Etat 1975- 1976 à la défense sous Giscard et député de droite entre 1978 et 1988), ses écrits témoignent, s’il le fallait, du respect que ce «grand homme» vouait à ceux qui n’ont fait que lutter pour se libérer de l’emprise coloniale. A propos de repentance, dans son ouvrage intitulé Adieu ma France, il écrit : «La France est la risée du monde entier… mais pourquoi aller se coucher comme ça, alors que tout le monde sait qu’il s’agissait d’une autre époque ? Pourquoi éprouver le besoin de se repentir, quand les autres…» Et à propos de la torture qu’il nie avoir pratiquée, il tonnera, en toute occasion, que «c’est un mal nécessaire».
    K. B. A.

  • Mondial : LA COUPE DU MONDE DE MOHAMED BENCHICOU La dernière bataille d’Alger


     

    La maison de La Casbah, à la fin du film, s’était effondrée, mais pas notre équipe nationale, vendredi soir, à la fin du match. L’idée de projeter le film était, finalement, plutôt féconde. En plus de Boudebouz, quelqu’un avait pensé, en effet, à Ali la Pointe pour gagner le match contre l’Angleterre, et Saâdane, qui ne savait pas comment contrer Steven Gerrard et Wayne Rooney, avait trouvé l’idée excellente.
    Raouraoua, lui, avait jubilé, clamant qu’il aurait même aimé ajouter le renfort du colonel Haouès et de Zighout Youcef pour neutraliser Michael Carrick et Joe Cole. Alors, un des dirigeants, en arborant sa Rolex, a donné un coup de fil sur son téléphone Vertu Ferrari à 18 000 euros, avec fond d’écran et sonnerie réalisée à partir de l’enregistrement du démarrage du moteur de sa Ferrari 612 Scaglietti. Le lendemain, le film La Bataille d’Alger était là. Et c’est ainsi que Karim Ziani, Yebda, Matmour et toute la bande des joueurs algériens se sont retrouvés à regarder La Bataille d’Algerdans leur hôtel à San Lameer, en Afrique du Sud, tenus de s’inspirer d’un film sorti en 1966, racontant la Bataille d’Alger de 1957, afin de gagner un match de Coupe du monde en 2010. L’homme à la Rolex avait d’abord parlé aux joueurs, d’un ton grave : «Vous verrez comment les combattants algériens, avec rien, ont pu résister aux parachutistes français venus en force pour mater Alger. Quoi, Capello serait-il plus fort que le général Bigeard et Jamie Carragher que Massu ?» Un vieux supporter, grincheux, avait rétorqué qu’à l’inverse des combattants de la Bataille d’Alger, les joueurs n’allaient pas combattre «avec rien» et qu’il était bien difficile de ressentir l’émotion d’Ali la Pointe quand on gagne 100 000 euros par mois, qu’on regarde l’heure sur une Rolex à 40 000 euros et qu’on téléphone avec un Vertu Ferrari à 18 000 euros assorti à sa Ferrari 612 Scaglietti garée dans la villa de Marbella. «Et ne l’oubliez pas : la mère d’Ali la Pointe a vécu dans le besoin, à Miliana, depuis 1962…» Personne ne l’avait écouté et le film s’était achevé, comme on le sait, par l’écroulement de la maison de La Casbah, la maison du 5, rue des Abderames, où s'étaient réfugiés les quatre résistants du FLN, Ali Ammar, dit «Ali la Pointe», Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Boumahdi et P'tit Omar et que les militaires français plastiquèrent le 8 octobre 1957. La demeure s’est effondrée sur ses quatre occupants, entraînant dans sa chute l’écroulement de la maison voisine. Bilan : 17 morts dont 8 enfants.
    Cinq rue des Abderames,
    Notre orgueil porte une adresse.
    Un laurier pour quatre cadavres...
    On dit que Halliche a pleuré devant l’image du gamin P’tit Omar, de son vrai nom Yacef Omar, jeune martyr de 12 ans qui fait partie des quatre héros emblématiques de la Bataille d’Alger et dont aucune rue ne porte le nom. «Pourquoi ?» demanda- t-il à Raouaraoua. Occupé à téléphoner, ce dernier n’avait pas répondu, mais le supporter grincheux avait murmuré : «La misère d'un enfant n'intéresse personne !» Un joueur remplaçant avait marmonné : «Et dire que nos enfants ne savent rien de P’tit Omar…» On entendit le supporter grincheux répondre à lui-même : «Nos enfants nous sont volés, de toutes les façons. Ils sont vos otages. Dans vos écoles, on leur enlève de la tête ce que nous y avons mis.»
    - Qui leur enlève ce que vous y avez mis ? s’inquiéta l’homme à la Rolex.
    - Ceux qui savent que la lumière crée le peuple et que la nuit enfante la plèbe.
    - C’est quoi cette histoire de la nuit ? Quel rapport avec le match ?
    - Nos enfants nous sont volés. Ils naissent éveillés, ils grandissent en benêts. Une population de nigauds arrange les puissants. Ils savent que chaque enfant qu'on instruit est un homme qu'on gagne. Ils n’aiment pas les hommes qu’on gagne. Ils préfèrent l'ignorance. L’ignorance, c’est ça la nuit, monsieur ! L’ignorance du monde, de leur passé, de leur prestige. C’est ça la nuit. La nuit qui commence l'abîme. Nous vivons dans l’abîme. Et cherche le rapport avec le match !
    Antar Yahia, lui, était subjugué par Hassiba Ben Bouali, membre d’un des réseaux des fedayin le plus décisif de la Bataille d'Alger, celui des poseuses de bombes, et fut heureux de noter qu’une grande rue porte son nom à Alger ainsi qu'un grand lycée et l'université de Chlef, sa ville natale.
    Cinq rue des Abderames :
    Notre orgueil porte une adresse.
    Un laurier pour quatre cadavres...
    Cinq rue des Abderames...
    Derrière cette porte, fils
    A l'odeur d'un églantier,
    Tu chercheras l'offrande de Hassiba
    Entre les seins désespérés de La Casbah.
    Cinq rue des Abderames. C'est l'heure de la lune et du muletier, ta tête blonde contre deux chars, tes vingt ans et la haine de Bigeard. Néfissa arrête la fontaine, la poseuse de bombe va mourir... Cinq rue des Abderames... Derrière cette porte, à l'odeur d'un églantier, je chercherai l'offrande de Hassiba, entre les seins désespérés de La Casbah. J'irai humer dans ta nouvelle rue, ce qui nous reste de gloire, mais j'ai peur d'y perdre pied, pèlerin abandonné, dans une cathédrale chimérique. Trouverai-je dans les derniers galets et dans le ressac de la mer, un sel de grandeur et un soupçon d'immortalité ? Le match est pour vendredi… Lui, il redoute Peter Crouch, le joueur de Tottenham. Un vrai renard d’avant-centre. Peter Crouch et Frank Lampard. Comment défendre le drapeau vert face à Peter Crouch et Frank Lampard ? Peter Crouch, un demi-siècle après Bigeard, une éternité après Hassiba Ben Bouali…
    Hassiba, dans quelle éternité as-tu existé ?
    Même Sidi Ramdane a oublié...
    Qu'ai-je à dire à cette foule orpheline
    Vêtue de tes serments,
    Et de la prophétie des Aurès,
    Que j'ai vu implorer le néant,
    Autour d'un soldat inconnu,
    De la sauver de l'infini ?
    Cette foule orpheline qui crie aujourd’hui, écoute bien, «One, twoo, three, viva l’Algérie…
    Le match est fini. Nous avons résisté à l'Angleterre. Cinq rue des Abderames... Notre errance vient d'une tombe abandonnée. Il nous a manqué un jour d'humilité pour arroser le laurier et un instant de mémoire pour réparer la lampe du muletier. Cinq rue des Abderames... Il n'y a plus d'heure dans nos pendules après l'heure ultime. La dernière sommation, le regard solitaire de Ali, l'ultime caresse à P'tit Omar et le cri déchirant de Bab Edzira... A l’heure du match, tout le monde avait oublié le film. Seul le supporter grincheux se parlait à lui-même : «Il nous a manqué un jour d’humilité…J'ai perdu, fils, l'heure où se féconda notre honneur, Comment te dire le ventre qui enfanta nos rêves ?
    Hassiba, j'ai marché hier dans ta nouvelle rue
    Pour marchander ma part d'éternité
    Et j'ai égaré mon nom dans ton obscurité :
    Hassiba, ne pourrais-tu, un jour
    Allumer un réverbère sur nos doutes
    Qu'on donne un âge à nos fiertés,
    Un visage à nos illusions
    Et un nom à nos mères ?»
    M. B.

  • Tous à l’aéroport !

     


    Par Hakim Laâlam
    Email : laalamh@yahoo.fr

    A l’allure où va ce Mondial, je la vois bien la finale.

    Suisse-Honduras !

    Le match s’est joué à 19 heures 30. Cette chronique, je devais, comme tous les autres jours, la remettre avant 16 heures 30, pour des «considérations de bouclage» comme le veut ce métier cruellement frustrant par rapport aux jobs de télé et de radio. Alors, oui, je ne sais pas quelle a été l’issue de ce foutu match Algérie-Angleterre. Par contre, sans savoir donc si nous sommes encore dans la course ou si nous préparons déjà nos valises pour rentrer «aux pays», en Algérie, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Grèce, en Ecosse ou ailleurs, je ne veux garder que cette image en tête. C’était à trois heures de la rencontre, au marché. Quelques courses, des kémiate et des «occupe-bouche» pour suivre le match. Et elle était là. En compagnie de son papounet. 4 ans. Peut-être 6. Habillée de pied en cap des couleurs nationales. Trois belles barres verte, rouge et blanche sur chacune de ses joues adorablement rebondies. Ça, voyez-vous, aucun autre team, aucun autre coach n’a réussi à le créer avant. La dernière fois où j’avais assisté à ce genre de scènes, c’était à l’issue de ce RFA-Algérie à Gijón. Moins arthrosé, moins sérieux, moins constipé, j’étais sorti ce jour-là «gueuler ma race» de bonheur. Ce bonheur du foot que je n’ai retrouvé qu’avec cette version des Verts 2010. Et cette gamine toute fière de gambader entre les étals du marché, le noisette de ses yeux en amandes baignant dans les eaux d’El Khadra. Pour ça, pour Antar Yahia qui s’exprime en dialectal dans les vestiaires soudanais d’Algérie-Égypte faisant s’esclaffer ses coéquipiers et toute l’Algérie, pour ces émigrés algériens tabassés sur la Canebière parce qu’ils voulaient fêter la victoire et la qualif’, pour ces «grands-mères des ponts aériens», pour ces «affamés de bonheur» dans ce pays qui ne leur en donne presque jamais et qui brandissaient fièrement leurs passeports fabriqués en moins de deux heures, pour tout cela, moi qui ne connais, qui ne peut connaître le résultat de la rencontre Algérie-Angleterre, à cause de ces foutues considérations de bouclage, je me permets humblement de faire cette proposition : quelle que soit l’issue de ce Mondial pour les Verts, exigeons que notre équipe rentre d’abord sur Alger pour que nous allions nombreux, les plus nombreux possibles, leur dire merci pour ce bonheur qu’ils nous ont offert. Cette parenthèse d’éden dans l’enfer de notre vie quotidienne. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

     

  • Attentats kamikazes du 11 décembre 2007 : Les révélations des auteurs présumés


    Vers la fin du mois de Ramadhan, Fassila, les Hamzaoui Rabah et Hamid meurent tous dans une embuscade tendue par les éléments de l’ANP. Toute la stratégie du GSPC bascule.



    Des changements apparaissent. Abdelmoumen Rachid, dit Houdeifa, est nommé à la tête de la zone 2, et Bouzegza à la tête de la phalange Al Farouk et de la seriat (section) qui active dans la capitale. Bouzegza a pour mission de faire oublier la mort de ses compagnons en multipliant des attentats à Alger, notamment contre des cibles sensibles. Le choix est fait : les sièges de la Présidence, de l’ONU, du Conseil constitutionnel (ancien et nouveau). Les lieux sont filmés et surveillés par Bakour Fouad, Khouchane Youcef et Bouzegza. D’autres objectifs, comme la direction des ressources humaines de la Sûreté nationale, le commandement de la Gendarmerie nationale à Bab Djedid, l’ancien bureau du chef de gouvernement situé derrière la présidence de la République ont été également retenus. Les images vidéo prises sont restées dans la mémoire du téléphone portable de Fassila, ce qui pousse Bouzegza à charger Bakour de faire d’autres enregistrements sur les lieux. Un mois après, le film est remis à Bouzegza.

    Le 3 décembre, ce dernier lui demande de procurer deux citernes de 2000 litres chacune. Il lui donne les caractéristiques des citernes, chacune coupée en trois, dont le compartiment centre doit être d’une capacité de 800 litres. Bakour fait la commande auprès d’un atelier à Corso, pour le montant de 140 000 DA la citerne. Bouzegza le charge plus tard de trouver un hangar à louer pour une durée d’un mois, aux alentours de la capitale. Tous les contacts entrepris avec les agences immobilières s’avèrent vains. Khouchane et Bakour se déplacent à Tidjellabine pour acheter chacun un camion Jac, (aux prix de 53 et 58 millions de centimes) sur ordre de Bouzegza. Le soir même, une agence immobilière contacte Bakour et lui propose un hangar à Birkhadem qu’il va visiter en compagnie de Bouzegza et Khouchane ainsi que son frère Lamine. Mais la location est abandonnée par Bouzegza qui l’informe que la confection de l’engin et son montage sur les véhicules se feront à Bouguerrai, dans la villa abandonnée.

    Le 7 décembre 2007, le frère de Bakour accompagne Bouzegza à bord de la 607 de Fouad, jusqu’au douar Ben Tafat, pour voir Bechla Rabah, le kamikaze qui s’est fait exploser devant les bureaux de l’ONU. Il revient avec sa photo que Bakour va coller sur le permis de conduire falsifié et qui porte le nom de Chebli. Le 9 septembre, Bakour Fouad enregistre les deux véhicules, un en présence du kamikaze, à la commune de Aïn Benian, et l’autre à Rouiba en présence de Bouzegza. Le premier véhicule a été pris par Khouchane et Bakour qui l’ont conduit à Bouguerrai pour acheter deux tonneaux de petite ferraille et une citerne, qu’ils ont remplie après avec de l’essence avant de les charger à bord. Bakour va partir et laisser le véhicule entre les mains de Khouchane. Le deuxième camion a été conduit par Bouzegza jusqu’à Aït Yahia Moussa, où il l’a remis à Bakour qui l’attendait pour le remplir d’explosifs (quantité globale de 1600 kg) et transporter Charef Larbi, le kamikaze, qui a foncé sur le Conseil constitutionnel, Bourihane Kamel, dit Abou Hafs Al Fermache (édenté) ainsi que d’autres terroristes jusqu’au lieu du rendez-vous avec Bouzegza pour lui passer le volant. Bakour reprend sa 607 et rentre chez lui.

    Vers 23h, Bouzegza le joint par téléphone pour lui ordonner de le rejoindre le lendemain à 7h dans un café à Boudouaou. Sur place, Bouzegza était en compagnie des deux kamikazes. Il lui demande de leur organiser une visite des lieux ciblés. Ce qu’il fit. Sur le chemin du retour, il leur demande de faire leurs vœux, avant de rejoindre Bouguerrai. Les deux veulent prendre un bain et dîner pour la dernière fois. Il les emmène à El Hamiz et exauce leurs vœux avant de les transporter à Souk Al Had, où son frère Lamine devait prendre le relais pour les accompagner à bord de sa Renault Trafic. Fouad revient à Boudouaou, où Bouzegza l’attendait. Les deux sont rejoints par Fettouche Tahar et Khouchane. Les deux véhicules achetés sont conduits par Bouzegza et Khouchane vers un atelier de fabrication de citernes pour fixer celles qu’ils ont achetées. Le soir, les deux véhicules sont repris, mais à Thenia, Bouzegza donne le volant à Bakour Fouad. A Bougueraï, ils trouvent une quinzaine de terroristes, à leur tête Bourihane Kamel, qui les attendent dans la villa abandonnée. Le 11 décembre, vers 6h, Bakour Fouad se dirige à bord de sa 607 vers Boudouaou, où Bouzegza et les deux kamikazes, Khouchane, Fettouche et son frère Lamine l’attendent. Bouzegza achète cinq puces Mobilis, qu’il place dans des mobiles neufs qu’il détenait, avant d’en donner deux aux kamikazes, un à Bakour Fouad et un autre à Khouchane.

    Bakour a pour mission de servir d’éclaireur à Bechla Rabah, jusqu’au siège de l’ONU et Khouchane et Fettouche doivent guider Charef Larbi, jusqu’au Conseil constitutionnel. Arrivé à Bir Mourad Raïs, plus précisément à la rue Saïdi Mohamed Saïd, Bakour ralentit et, derrière lui, le véhicule de Bechla aussi. Il lui fait signe de rouler doucement et d’attendre le coup de fil. Arrivé à hauteur de Hydra, il entend l’explosion du premier véhicule. Celui qui a ciblé le Conseil constitutionnel. Il téléphone à Bechla Rabah, mais il n’y a pas de réponse. Bechla avait un problème d’audition. Il insiste. Une fois la rue Saïdi Saïd entamée, il entend une forte déflagration. Bechla s’est fait exploser mais en retard. Il détruit la puce utilisée et rentre chez lui. Il se terre au domicile de Khouchane à Aïn Naâdja pendant des jours au cours desquels il reste en contact avec Bouzegza, qu’il a accompagné à certains endroits. Parfois, il fait appel à son frère Lamine pour lui tenir compagnie ou accompagner quelques terroristes.



    Par Salima Tlemçani

  • L’enquête de la Brigade de recherche criminelle sur les phalanges de la mor


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    C’est ce qui ressort des déclarations des mis en cause, que ce soit lors de l’enquête préliminaire menée par les officiers de la Brigade de recherche criminelle (BRI) d’Alger ou de l’instruction à la charge du juge du pôle judiciaire spécialisé près le tribunal de Sidi M’hamed.



    Les aveux des uns et des autres permettent de reconstituer les faits et d’avoir le film de cette journée d’horreur du 11 décembre 2007, mais également celui de l’attentat à l’explosif contre le personnel de Browm Rooth and Condor (société algéro-américaine), en novembre 2006, et de l’attentat manqué contre le chef de la police judiciaire près la sûreté de wilaya de Boumerdès. Les détails sont hallucinants et montrent comment le GSPC enrôle des jeunes anonymes pour leur confier des opérations criminelles dévastatrices. L’enquête de la BRI commence avec un fait anodin. Le 27 janvier 2008, des policiers arrêtent une 607, pour vérification de papiers, à Aïn Naâdja. Le conducteur, Bakour Fouad, panique un peu. Une fouille du véhicule est opérée. Les policiers découvrent huit téléphones portables et un fixe. Bakour est arrêté, quelque temps plus tard, tous les membres présumés de la phalange Al Farouk, à laquelle il appartient depuis 2006, et qui seraient les auteurs des attentats suicide sont appréhendés.

    Dans un de leurs domiciles, à Seghirat, les policiers récupèrent une kalachnikov, une grenade et un engin explosif prêt à l’utilisation ainsi que des équipements électroniques, des cachets contrefaits, des CD contenant des enregistrements sur la technique de fabrication de bombes, sur des attentats terroristes, des embuscades contre les forces de sécurité et des prises d’otages, et aussi un gyrophare. Le gros lot pour les policiers. Fouad Bakour aurait rejoint le maquis grâce à une de ses connaissances, Kazadri Ahmed de Bouadil, à Boumerdès, après lui avoir présenté un terroriste du nom de Bouzegza Abderrahmane en présence d’un autre, Hamzaoui Rabah, dit Ousama, dans une maison abandonnée à Bouadil. Les discussions portaient sur la constitution d’un réseau de logistique composé de jeunes inconnus des services et du recrutement de son frère Lamine. Il accepte et propose deux noms de ses amis qui, selon lui, avaient des dispositions à rejoindre le maquis. Il s’agit de Khouchane Youcef, ingénieur en bâtiment, et Fettouche Tahar Yacine, ingénieur en mécanique, qui travaillait à BRC. Jusqu’au mois de mars 2007, Bakour est très proche de Bouzegza qui l’accompagne, y compris chez lui, que ce soit à Seghirat, Corso ou Boumerdès, et qu’il présente à sa famille comme associé de son frère Lamine.



    Par Salima Tlemçani

  • Torturée par Bigeard, Louisette Ighilahriz déclare : « J’espère qu’il aura le châtiment qu’il mérite »

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    L’ancienne combattante algérienne, Louisette Ighilahriz, qui a relancé, en 2000, le débat sur la torture pendant la guerre d’Algérie, a estimé que le général Marcel Bigeard, décédé hier, aurait pu « présenter ses excuses » aux Algériens et « libérer sa conscience » avant sa mort.


     

    « Jusqu’à la dernière minute, je croyais qu’il allait reconnaître ses actes et présenter ses excuses aux Algériens », a déclaré, à l’AFP, Mme Ighilahriz. Le général Marcel Bigeard, grande figure des guerres d’Algérie et d’Indochine, est décédé vendredi matin à l’âge de 94 ans à son domicile en France. « Chez nous, le nom de Marcel Bigeard est synonyme de mort et de torture. Il aurait pu libérer sa conscience avant de mourir. J’en suis profondément déçue, malade », a-t-elle ajouté. « Maintenant, il est entre les mains de Dieu devant lequel il doit répondre de ses actes. J’espère qu’il aura le châtiment qu’il mérite », a-t-elle encore dit. Mme Ighilahriz avait relancé, en 2000, le débat sur la torture pendant la guerre d’Algérie, dans un témoignage recueilli par le quotidien français le Monde. La militante indépendantiste algérienne avait révélé à cette occasion, puis dans un livre paru en 2001, Algérienne, avoir été torturée à Alger par des militaires français de la 10e division parachutiste (DP), entre le 29 septembre et le 20 décembre 1957, sur commandement de Bigeard.

  • ALGERIE AU MONDIAL LA FETE AU RENDEZ-VOUS CHEZ LES ROSBIFS 0-0


    Il pensait à Boudebouz, ce mercredi-là de juin,  quand la mendiante se plaqua contre le pare-brise de la voiture, un bébé dans les bras, « Sadaquat el-moumnine…Dieu vous le rendra ! », et que le chauffeur du taxi avait pesté contre elle. « Vas-t-en, feignasse ! » De la mosquée avait surgi une voix péremptoire : « Allahou Akbar ! Il n’y a de divinité que Dieu… »  « C’est bientôt l’heure de la prière », avait alors murmuré le chauffeur entre ses dents. « C’est bientôt l’heure du match Chili-Honduras », s’était dit l’homme au bleu Shangaï. La passagère en jean avait donné une pièce et lui n’avait rien donné. Il ne donne aux pauvres que le vendredi, jour de prière et cela tombe bien, vendredi c’est le jour d’Algérie- Angleterre…Il fera un vœu. Après tout, l’Angleterre, c’est juste une équipe comme tant d’autres… La passagère en jean avait donné une pièce et la mendiante avait alors fait un signe discret à la fillette au grand couffin qui avait tapoté, à son tour, sur la vitre du taxi, d’une main menue et tremblante. « Achète-moi une galette, elle est de ce matin ! » Le chauffeur d’une voix rauque et exaspérée, l’avait brutalement remballée : « Déguerpis, petite vermine, vas à l’école au lieu de jouer à la vagabonde ! »  Puis, en s’adressant à la passagère en jean : « Qu’est-ce que cela va être pendant le ramadan, avec tous ces parasites ! C’est dans deux mois et ils vont pulluler comme des rats. » Personne n’avait relevé. Lui avait toutefois remarqué que la fillette pleurait, et qu’elle avait caché ses larmes sous un sourire dérisoire en direction du minaret impavide. « Allahou Akbar ! Il n’y a de divinité que Dieu… » Le taxi ralentit à l’approche de l’hôpital d’Hussein-Dey.  Un embouteillage se profilait. Les sirènes ininterrompues des ambulances étaient venues l’angoisser. Le chauffeur ronchonna : « Je vais rater l’heure de la prière ! » Et lui avait alors marmonné : « Je vais rater le match Chili-Honduras ». Il comptait le voir  sur l’écran plasma qu’il venait d’acheter à crédit.  Tant pis : il y a Espagne-Suisse, juste après. Puis il se remit à penser à Boudebouz. Il se disait que Saâdane n’avait pas d’autre choix que de le titulariser, ce vendredi qui vient, face à l’Angleterre et qu’après tout, l’Angleterre, Lampard, Rooney, c’est une équipe comme les autres…Et l’Algérie, ma foi, l’Algérie, c’est quand même un grand pays… Enfin, presque…Il y avait juste ce petit malaise…Cette chronique du Soir d’Algérie…Il n’avait pas aimé. Vingt des vingt-trois joueurs de l’équipe d’Algérie sont nés en France. Antar Yahia à Mulhouse, Hassan Yebda à Saint-Maurice dans le Val-de-Marne, Karim Matmour, à Strasbourg ; Karim Ziani à Sèvres, Madjid Bougherra à Longvic, Ghezzal à Décines-Charpieu, Nadir Belhadj à Saint-Claude dans le Jura, Djebbour à Grenoble… « Les tirailleurs français de l’équipe d’Algérie », avait titré un journaliste français. Un peu humiliant. L’Algérie de Belloumi incapable de produire des footballeurs ! Une terre de football… Il se souvient avoir toujours tapé dans un ballon de football et, dès l’âge de dix ans, toujours rêvé d’en avoir un qui ne fût qu’à lui. Il pourrait ainsi dicter sa loi dans le quartier, participer à tous les matchs et surtout interdire à Rabah, dit Galoufa, de jouer. Il détestait Rabah, toujours premier de la classe et qui ne ratait jamais une occasion de l’humilier en public. Et puis Galoufa aimait l’USMA, le club des frimeurs, alors que son cœur à lui battait pour le Mouloudia, l’équipe du peuple. Ce serait son tour, enfin son tour ! de plastronner, brandissant le ballon à l’heure du match, formant lui-même les deux équipes puis, d’un revers de la main, de prononcer le bannissement du fanfaron : « Toi, Galoufa, tu ne joues pas ! » Il devinait sa tête penaude, ses yeux incrédules, son air décontenancé : « Pourquoi je ne joue pas ? » Il le toiserait de haut : « Parce que tu ne sais pas jouer !... Qu’est-ce que tu dis, Galoufa, tu joues mieux que moi ? Je profite que ce soit mon ballon ?... Eh bien, oui, c’est mon ballon, et tu risques de l’envoyer sous un camion tellement tu ne sais pas jouer, Galoufa ! Va d’abord apprendre ! »

     

    Oui, une terre de football…De football et de bien d’autres choses et il lui revenait à présent ces résidus d’adolescence où l’on avait tant juré, sur la foi du psaume et du poème, qu’Alger est le havre de Dieu, tant juré que nous resterons beaux et forts et que la mer ne nous prendra pas...  Que s’est-il donc passé entre-temps ? Le chauffeur du taxi avait changé de grimace. Il s’était mis à tempêter contre les « fils de la France oubliés ici » qui lui ont fait rater la prière. L’homme au bleu Shangaï pensa à Antar Yahia, Yebda et Matmour…Le chauffeur regarda la passagère en jean avec une lueur perfide dans les yeux : « Vous faites la prière, ma sœur ? À votre allure... » Elle n’avait pas répondu.  Elle n’avait pas envie de bavarder avec ce chauffeur grincheux et bigot. Elle était calme et détendue. «  J’dis pas ça pour vous fâcher, mais tant qu’on ne reviendra pas à la voie de Dieu et du Prophète, on ne l’emportera pas sur les mécréants… Si tu lisais le Saint Coran, ma fille… « C'est Lui qui a envoyé Son messager et la religion de vérité pour la faire triompher sur toute autre religion. Dieu suffit comme témoin. » La jeune fille avait préféré admirer Alger qui exhibait ses premières fleurs de l’été. Les hardis bougainvilliers mauves montaient à l’assaut de timides hortensias roses et bleus, sur la façade des maisons d’Alger. L’homme au bleu Shangaï savait qu’il avait raté le match Chili-Honduras, mais il s’était remis à penser à Boudebouz et se répétait que Saâdane n’avait pas d’autre choix que de le titulariser, vendredi face à l’Angleterre. Il était, curieusement, moins sûr que l’Angleterre, Lampard, Rooney, c’était une équipe comme les autres…Un peu moins persuadé que l’Algérie était un grand pays…Il parcourut un journal du jour. En Angleterre, le gouvernement de David Cameron a décidé que les salaires des ministres vont baisser de 5%, en signe d’austérité. Terminée la voiture avec chauffeur et les voyages en 1ère classe. En page politique, une information troublante : l’ancien ministre algérien de l’Energie est soupçonné d’enrichissement personnel par détournement de l’argent du pétrole. Sacrés Anglais ! A la télé, sur la chaîne Channel Four,  il avait même vu des spots publicitaires pour l'avortement.

    En descendant du taxi, l’homme au bleu Shangaï savait qu’il avait raté le match Chili-Honduras et ne pensait plus à Boudebouze. Il faisait chaud et les hommes sortaient de la mosquée, d’autres entraient dans le dernier bar d’Hussein-Dey, blasés, les mêmes hommes se dit-il, qui avaient tant juré, autrefois, qu’Alger est le havre de Dieu, qu’ils resteront beaux et forts et que la mer ne les prendra pas, les mêmes hommes qui lui paraissaient, ce mercredi-là de juin, certes dépités de n’être pas restés beaux et forts…mais secrètement consolés de ce que la mer ait quand même pris quelques-uns de leurs enfants.

    Il opta alors, lui aussi, pour une bière et cessa de penser à Boudebouze, caressant du regard ce Hussein-Dey berceau de son enfance, qui a su résister à tous les outrages, depuis du temps de son rival Galoufa, le premier de la classe, et de son meilleur ami Mahi, le fils du coiffeur, émerveillé de l’insolence triomphante qu’affichaient ces taudis dénudés face à la déchéance, de leur façon désinvolte de consoler Alger. Puis il se dit, en décapsulant la première Beck’s, que Rooney ou Lampard n’y pourront jamais rien, Alger restera quand même magnifique.

    M.B.

  • La "mise au point" de Rama Yade

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    Un communiqué publié mardi soir explique que "la secrétaire d'Etat a dormi deux nuits à la Résidence de France au Cap et une nuit dans une chambre d'hôte à Knysna, dont le coût s'est élevé à 120 euros", confirmant ce que le Canard a écrit.

    "La secrétaire d'Etat n'a donc pas dormi dans l'hôtel mentionné par Le Canard enchaîné. Une pré-réservation de précaution avait été faite par l'ambassade au début du mois de mai, compte tenu des travaux engagés à la Résidence de France et des contraintes hôtelières liées aux réservations durant la Coupe du monde. Le choix de descendre à la Résidence, au Cap, comme à Johannesburg lors de son prochain déplacement en Afrique du Sud, a toujours été privilégié par la secrétaire d'Etat. Elle a donc demandé l'annulation de ces réservations."

    Un peu plus tard, dans les couloirs de l'Assemblée, Rama Yade a confié à des journalistes que les dépenses de son voyage en Afrique du Sud décrites par le Canardétaient des "constructions imaginaires" : "On voit qu'on ne touche pas impunément aux intérêts financiers les plus lourds sans que l'on cherche à vous les faire payer d'une manière ou d'une autre", a déclaré la benjamine du gouvernement.

     

  • Confédération Syndicale Internationale (CSI) Rapport annuel 2010



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    Algérie
    Population : 34.900.000
    / Capitale : Alger
    Conventions fondamentales de l’OIT ratifiées : 29 - 87 - 98 - 100 - 105 - 111 - 138 - 182


    Les nombreuses actions de protestation des syndicats autonomes ont été réprimées par les autorités, particulièrement dans le secteur de l’éducation et de la santé. Le militantisme de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a souvent été ignoré, voire combattu par les employeurs qu’il s’agisse de l’Etat, de sociétés mixtes, privées ou de multinationales. Les amples pouvoirs d’intervention des autorités entravent le droit de grève.
    Droits syndicaux dans la législation

    L’organisation syndicale est entravée par des restrictions excessives et par les interventions du gouvernement. Pour être reconnu, un syndicat doit représenter au moins 20% des travailleurs d’une entreprise et obtenir l’autorisation préalable du gouvernement.

    Les grèves légales sont difficiles à organiser parce qu’elle doivent être précédées d’un vote à bulletin secret de l’ensemble du personnel. En outre, conformément à la loi du 6 février 1990, les autorités peuvent soumettre un conflit du travail à la Commission nationale d’arbitrage. Le gouvernement peut aussi interdire une grève s’il juge qu’elle aura des répercussions économiques graves ou l’assimiler à une action subversive ou terroriste si elle fait obstruction à des services publics ou entrave le trafic ou la libre circulation dans des lieux publics. Enfin, conformément à l’état d’urgence décrété en 1992, les délits précités sont assortis de lourdes peines, y compris de peines de prison pouvant aller jusqu’à 20 ans.
    Informations complémentaires concernant la législation
    Droits syndicaux dans la pratique et violations en 2009

    Contexte : Le 9 avril, Abdelaziz Bouteflika a été réélu pour un troisième mandat à la présidence du pays avec 90% des voix. Les violations des droits humains ont continué. Fin 2009, la grogne sociale était de plus en plus manifeste. L’inflation a atteint 5,7% en moyenne durant les 11 premiers mois de l’année, mais les prix des produits frais ont explosé (plus de 21%) durant la même période.
    Des multinationales hostiles aux syndicats et au dialogue social : Dans le sud algérien très riche en hydrocarbures où opèrent une vingtaine de multinationales, les travailleurs et leurs représentants ont critiqué tout au long de l’année le mépris de plusieurs de ces compagnies pour la législation du travail. Les protestations des travailleurs et de syndicalistes n’ont pas été prises en compte par les autorités. Pour avoir osé contester des décisions qu’ils jugeaient injustes et des conditions de travail insatisfaisantes, des militants ont été fréquemment harcelés, menacés ou licenciés par leurs employeurs. Il leur a été extrêmement difficile de faire entendre leur voix. L’état de santé de Myriem Mehdi en grève de la faim depuis le 10 novembre après avoir été arbitrairement licenciée par la société British Gas était jugé très préoccupant fin 2009. Soutenue par ses collègues, elle avait refusé de se plier à un changement radical de son horaire de travail. Durant plusieurs mois, elle avait fait l’objet de menaces et de pressions diverses. La situation vécue depuis trois ans par Yacine Zaïd illustre aussi le mépris de certains employeurs pour les libertés syndicales et le dialogue social (cf. « Yacine Zaïd face à l’injustice de Compass » dans « violations »).

    Les syndicats autonomes continuellement réprimés : Les syndicats autonomes de plus en plus représentatifs ces dernières années dans les secteurs de l’éducation et de la santé ont toujours autant de mal à faire entendre leurs revendications auprès des autorités. Certaines de ces organisations n’ont d’ailleurs toujours pas pu se faire enregistrer et n’ont donc pas d’existence légale. Leurs noms sont parfois usurpés par des dissidents soutenus par le pouvoir pour tenter de saper cette représentativité. Ces organisations autonomes ne sont quasiment jamais consultées. Ainsi, malgré leurs demandes, elles n’ont pas été associées aux négociations salariales triennales en fin d’année. Au refus de reconnaissance et à l’ingérence dont elles sont victimes, il faut ajouter que beaucoup de leurs actions de protestation, très nombreuses tout au long de l’année, ont été jugées illégales et durement réprimées.

    Le syndicat des enseignants contractuels en première ligne face aux autorités : Les membres du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC) ont, tout au long de l’année, été malmenés par les autorités. De très nombreux rassemblements prévus devant la Présidence de la République ont été dispersés dans la violence, notamment le 10 février, le 23 mars et le 5 août. Durant les 3 semaines de grève des syndicats autonomes de l’éducation en novembre, des militantes et militants du CNEC ont été battus et interpellés. Les sit-in des enseignants contractuels ne se sont pas pour autant arrêtés. Le 4 décembre, toujours devant la Présidence de la République, les policiers ont matraqué les contestataires, l’un d’eux a dû être évacué d’urgence dans un hôpital, une douzaine ont été arrêtés et détenus durant plusieurs heures. Lors du dernier rassemblement du CNEC, le 29 décembre, 38 manifestants ont été embarqués au commissariat. Le nombre des enseignants contractuels est estimé à au moins 30 000 personnes. Certains vivent dans cette précarité depuis une quinzaine d’années. Beaucoup de contractuels ont été révoqués abusivement, notamment en raison de leur militantisme syndical. Ils sont régulièrement menacés par la justice, comme les 7 enseignants convoqués le 6 août par un procureur sans qu’aucune plainte n’ait été dressée contre eux. En octobre, à Annaba, un coordinateur régional du CNEC a été condamné à une peine de 6 mois de prison et à une amende de 20 000 DZD (200 euros environ) pour avoir porté un écriteau et protesté devant la direction locale de l’Education.

    Tentative des autorités de museler un syndicat autonome : Début janvier, les autorités ont décidé de la fermeture du local régional du Syndicat autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) situé à Bedjala. En outre, elles ont tenté de nommer Felfoul Bekacem à la tête de cette organisation à la place de Rachid Malaoui. Ce dernier avait été arrêté le 6 janvier en compagnie de plusieurs autres syndicalistes lors d’une marche de soutien au peuple de Gaza. Quant à Felfoul Bekacem, le prétendu nouveau secrétaire général de la SNAPAP, il avait publiquement appuyé la candidature du président Bouteflika à un troisième mandat.

    Peines de prison pour 15 militants enseignants : Le 21 janvier, à Constantine, 15 enseignants membres du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (CNAPEST) ont été condamnés à 2 mois de prison avec sursis pour attroupement non autorisé, refus d’obtempérer et ports d’écriteaux incitant au désordre. Les faits remontent au 2 juillet 2008, lors d’un sit-in organisé devant le siège de la direction de l’Education pour protester notamment contre la non-reconnaissance de leur organisation. Le 27 avril, en appel, les 15 enseignants du syndicat autonome ont été relaxés. Le CNAPEST a publiquement dénoncé les pressions antisyndicales et les menaces dirigées contre plusieurs responsables locaux dans différentes villes du pays.

    Absence de syndicat à Orascom, leader de la téléphonie mobile : Le 8 mars, 200 travailleurs d’Orascom Telecom ont organisé un sit-in pour protester notamment contre l’absence de syndicat dans cette filiale d’un groupe égyptien.

    Licenciement massif de grévistes à la Sonatro : Le 14 avril, 320 travailleurs de la Société nationale des travaux routiers (SONATRO), dont 22 militants syndicaux de la section locale de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ont été licenciés pour "abandon de poste". Ils avaient entamé une action de protestation pour dénoncer les conditions de travail inhumaines, le paiement d’arriérés de salaire et, plus globalement, la mauvaise gestion et la faillite programmée de leur entreprise. La direction de cet ancien fleuron de l’économie du pays et les autorités n’ont répondu à aucun appel au dialogue malgré les sit-in quotidiens devant le siège de l’entreprise. Le 15 juillet, l’un des grévistes licenciés est décédé à son domicile d’une crise cardiaque.

    Pressions antisyndicales chez Electro-Industries : À Azazga (wilaya de Tizi Ouzou), la direction de la société Electro-Industries a multiplié les manoeuvres et les pressions antisyndicales. Elle a refusé de reconnaître la section syndicale de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), a opéré des retenues sur les salaires de grévistes et porté plainte contre plusieurs militants. Après deux mois de protestations (mars et avril), les travailleurs ont obtenu des autorités publiques que le directeur soit remplacé.

    Sanctions contre 11 travailleurs de la santé : En juin, dans la wilaya de Mascara, 11 travailleurs du secteur de la santé dont plusieurs syndicalistes de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ont été suspendus. La direction locale de la Santé les a réintégrés en septembre. Benbekar Sadek, secrétaire général de la section UGTA de l’hôpital de Ghriss a toutefois fait l’objet d’une mutation. Cette pratique qui consiste à sanctionner des travailleurs des services publics a régulièrement été dénoncée par des militants de l’UGTA. Le simple fait de dénoncer une mauvaise gestion, des conditions de travail déplorables ou l’absence de dialogue social peut être à l’origine de ces sanctions.

    Quatre-vingts dockers en grève licenciés : Lors d’une grève menée du 25 juin au 4 juillet au port à conteneurs d’Alger, le nouveau gestionnaire, le groupe Dubaï Port World, a licencié 300 dockers exaspérés par les promesses salariales non tenues, la dégradation des conditions de travail, de sécurité et d’hygiène. L’intervention de la Coordination nationale des syndicats des ports d’Algérie (CNSPA) devait permettre la réintégration des grévistes, mais sur ce point aussi, les nouveaux exploitants n’ont pas tenu parole, refusant de réembaucher 80 d’entre eux.

    Quarante-cinq grévistes licenciés par le groupe limonadier Ifri : À Ouzellaguene (wilaya de Béjaïa), la direction de l’unité de mise en bouteille d’eau minérale du groupe Ifri a licencié 45 travailleurs dont trois des quatre membres de la section syndicale après un mouvement de grève du 1er au 4 août. La Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH) qui a défendu les grévistes licenciés a estimé que la sanction est illégale.

    Pas de dialogue social chez Carravic : En août, à l’appel des syndicats affiliés à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) de deux unités de production de la société avicole Carravic situées à El Asnam et Aïn Alloui (wilaya de Bouira), les travailleurs ont stoppé le travail durant plusieurs semaines afin de dénoncer le mépris de la direction à l’égard des travailleurs et de leurs représentants.

    Vaste mouvement de grève dans l’éducation et répression brutale : En fin d’année, les autorités algériennes ont tenté d’empêcher une grève des syndicats d’enseignants en la déclarant illégale. Parmi ces organisations, on comptait le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation (SATEF), l’Union nationale des travailleurs de l’éducation et de la formation (UNPEF), le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (CNAPEST), le Conseil national des enseignants contractuels (CNEC) et le Conseil des lycées d’Algérie (CLA). La grève qui a démarré le 8 novembre et qui s’est terminée fin novembre, a été l’une des plus dures de ces dernières années dans ce secteur. Plus de 500.000 enseignants ont soutenu cette action, forçant les autorités à négocier avec leurs représentants. Au cours des rassemblements, de très nombreux militants, tant des femmes que des hommes, ont été frappés et arrêtés. En particulier, le 10 novembre quand une cinquantaine d’enseignants ont été arrêtés. Meriem Maârouf, présidente du CNEP a expliqué qu’un grand nombre de femmes se trouvaient parmi les victimes des brutalités policières, notamment une enseignante enceinte qui a été frappée au ventre et qui a dû être hospitalisée, de même qu’un homme qui a perdu connaissance du fait des coups portés sur la tête. Les personnes arrêtées ont subi des interrogatoires avant d’être relâchées par petits groupes au milieu de la nuit.

    Yacine Zaïd face à l’injustice de Compass : Fin décembre, Yacine Zaïd en était à sa 24ième comparution devant un tribunal. Il a dû faire face à des accusations multiples du groupe britannique Compass. Cette compagnie qui sous-traite la restauration et d’autres services logistiques pour les multinationales actives dans le secteur des hydrocarbures avait licencié Yacine Zaïd juste après la création d’une section syndicale de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et de son élection à sa tête en décembre 2006 . Au moins 10 autres membres du syndicat avaient également été écartés. Seule consolation à ce jour, Yacine Zaïd a réussi, via son blog, à attirer l’attention et à trouver un soutien auprès d’organisations syndicales étrangères et internationales (cf. « Des multinationales hostiles aux syndicats et au dialogue social » dans « Pratiques »).

  • David Pearce à Ouargla : « Nous œuvrons à l’amélioration de l’image des Etats-Unis en Algérie »

     

    David Pearce à Ouargla : « Nous œuvrons à l’amélioration de l’image des Etats-Unis en Algérie »
    El Watan, 17 juin 2010
    L’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en Algérie, son Excellence David Pearce, a effectué, mardi dernier, une visite de travail à la wilaya de Ouargla où il a rencontré le wali Ahmed Melfouf, avec qui il s’est entretenu sur les possibilités du développement des échanges, notamment culturels.
    Après avoir reçu une délégation d’enseignants d’anglais qui viennent de rentrer d’un séjour linguistique organisé par l’ambassade à leur profit, le diplomate a consacré l’après-midi à l’inauguration du coin américain, le quatrième du genre en Algérie après celui d’Alger, d’Oran et de Constantine. Un protocole de coopération entre l’ambassade des Etats-Unis et l’université de Ouargla a également été signé hier avant la tenue d’une rencontre avec la communauté universitaire de Ouargla. A l’occasion, l’ambassadeur américain s’est exprimé dans un arabe maîtrisé sur l’importance des fenêtres ouvertes sur l’Amérique dans le renforcement du rayonnement culturel des USA. Il a par ailleurs fait part de son entière satisfaction quant à l’amélioration de l’image de son pays telle que perçue par les Algériens à travers des coins américains ouverts en Algérie, des passerelles de dialogue, selon lui.
    Situé au-dessus de la faculté des lettres arabes de l’université de Ouargla, le coin américain sera donc essentiellement un espace d’apprentissage de la langue anglaise et de rencontres pour les clubs linguistiques ainsi que pour la recherche documentaire grâce à des terminaux d’Internet et une collection d’ouvrages et CDROM dédiés à l’histoire, la politique, l’économie, le commerce, les médias et les sciences. Des posters de personnages, qui ont marqué l’histoire de l’Amérique, mais aussi des cartes géographiques, interpellent le regard des visiteurs. L’ambassadeur des Etats-Unis a également assisté à la cérémonie de remise des diplômes à 40 élèves de l’école Hassi School, qui a bénéficié d’un financement de l’ambassade des Etats-Unis dans le cadre de son programme Access de soutien au développement des compétences linguistiques de jeunes collégiens et lycéens issus de milieux défavorisés.
    Par Houria Alioua

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    El Watan, 17 juin 2010
    L’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en Algérie, son Excellence David Pearce, a effectué, mardi dernier, une visite de travail à la wilaya de Ouargla où il a rencontré le wali Ahmed Melfouf, avec qui il s’est entretenu sur les possibilités du développement des échanges, notamment culturels.
    Après avoir reçu une délégation d’enseignants d’anglais qui viennent de rentrer d’un séjour linguistique organisé par l’ambassade à leur profit, le diplomate a consacré l’après-midi à l’inauguration du coin américain, le quatrième du genre en Algérie après celui d’Alger, d’Oran et de Constantine. Un protocole de coopération entre l’ambassade des Etats-Unis et l’université de Ouargla a également été signé hier avant la tenue d’une rencontre avec la communauté universitaire de Ouargla. A l’occasion, l’ambassadeur américain s’est exprimé dans un arabe maîtrisé sur l’importance des fenêtres ouvertes sur l’Amérique dans le renforcement du rayonnement culturel des USA. Il a par ailleurs fait part de son entière satisfaction quant à l’amélioration de l’image de son pays telle que perçue par les Algériens à travers des coins américains ouverts en Algérie, des passerelles de dialogue, selon lui.
    Situé au-dessus de la faculté des lettres arabes de l’université de Ouargla, le coin américain sera donc essentiellement un espace d’apprentissage de la langue anglaise et de rencontres pour les clubs linguistiques ainsi que pour la recherche documentaire grâce à des terminaux d’Internet et une collection d’ouvrages et CDROM dédiés à l’histoire, la politique, l’économie, le commerce, les médias et les sciences. Des posters de personnages, qui ont marqué l’histoire de l’Amérique, mais aussi des cartes géographiques, interpellent le regard des visiteurs. L’ambassadeur des Etats-Unis a également assisté à la cérémonie de remise des diplômes à 40 élèves de l’école Hassi School, qui a bénéficié d’un financement de l’ambassade des Etats-Unis dans le cadre de son programme Access de soutien au développement des compétences linguistiques de jeunes collégiens et lycéens issus de milieux défavorisés.
    Par Houria Alioua

     

  • Ils refusent toujours de fournir des justifications aux demandes de visas rejetéesLes consulats de l’espace Schengen font fi des consignes émanant de l’UE

     

    Ils refusent toujours de fournir des justifications aux demandes de visas rejetées
    Les consulats de l’espace Schengen font fi des consignes émanant de l’UE
    El Khabar, 17 juin 2010
    La majorité des ambassades de l’UE ne respectent pas les nouvelles consignes données par cette dernière, portant sur les procédures d’octroi de visas Schengen. Selon quelques témoignages, les consulats européens ne prennent pas la moindre peine de donner une justification du rejet des demandes de visas, sachant que l’UE a exigé aux représentations consulaires des pays membres à fournir des justifications aux demandeurs et de leur donner une réponse dans un délai ne pas dépassant 15 jours.
    Quand l’Union européenne a déclaré, en mars dernier, qu’elle allait alléger les procédures d’octroi de visa à destination de l’espace Schengen, les algériens ont salué ce geste, eux qui subissaient les humiliations devant les consulats des pays occidentaux à Alger. Selon certains observateurs, « les consulats se basent sur les règlements intérieurs qui les régissent et ne se soumettent pas aux instructions émises par Bruxelles. Hafid Selhani, un jeune homme originaire de Hamadi, dans la wilaya de Boumerdes, a déclaré à El Khabar qu’il a déposé deux demandes de visa près le consulat de France à Alger, hélas il a reçu une réponse défavorable, « quand j’ai demandé des justifications, comme le stipulent les instructions de l’UE, on m’a notifié que le règlement intérieur leur donne le droit de ne pas fournir des justifications », ajoutant « qu’il n’a reçu aucune réponse du recours qu’il a introduit suite au refus de sa première demande, bien que je me suis acquitté des frais de traitement du dossier », regrette-t-il. Il y a lieu de relever que les ambassades font des gains considérables grâce aux frais de traitement des dossiers de visa dont la quasi-totalité est rejetée sans que les services consulaires des pays européens daignent présenter des justifications.
    Bien que le consulat de France impose des procédures « moins rigoureuses » par rapport aux autres consulats, il a conservé les mêmes traditions. A signaler que les demandeurs de visa, du moins ceux qui viennent du centre du pays, sont moins critiques, notamment suite à l’instauration du système des rendez-vous, ce qui a épargné les demandeurs des abaissantes queues devant le consulat.
    Dans ce sens, ce dossier constitue l’un des divergences existant entre l’Algérie et l’UE ; l’Algérie a adressé plusieurs protestations à Bruxelles, la dernière a eu lieu, hier, lors de la réunion tenue entre le ministre algérien des AE, Mourad Medelci, et son homologue espagnol, dont le pays assure la présidence tournante de l’EU.
    17-06-2010
    Par A. Keddadra

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    El Khabar, 17 juin 2010
    La majorité des ambassades de l’UE ne respectent pas les nouvelles consignes données par cette dernière, portant sur les procédures d’octroi de visas Schengen. Selon quelques témoignages, les consulats européens ne prennent pas la moindre peine de donner une justification du rejet des demandes de visas, sachant que l’UE a exigé aux représentations consulaires des pays membres à fournir des justifications aux demandeurs et de leur donner une réponse dans un délai ne pas dépassant 15 jours.Quand l’Union européenne a déclaré, en mars dernier, qu’elle allait alléger les procédures d’octroi de visa à destination de l’espace Schengen, les algériens ont salué ce geste, eux qui subissaient les humiliations devant les consulats des pays occidentaux à Alger. Selon certains observateurs, « les consulats se basent sur les règlements intérieurs qui les régissent et ne se soumettent pas aux instructions émises par Bruxelles. Hafid Selhani, un jeune homme originaire de Hamadi, dans la wilaya de Boumerdes, a déclaré à El Khabar qu’il a déposé deux demandes de visa près le consulat de France à Alger, hélas il a reçu une réponse défavorable, « quand j’ai demandé des justifications, comme le stipulent les instructions de l’UE, on m’a notifié que le règlement intérieur leur donne le droit de ne pas fournir des justifications », ajoutant « qu’il n’a reçu aucune réponse du recours qu’il a introduit suite au refus de sa première demande, bien que je me suis acquitté des frais de traitement du dossier », regrette-t-il. Il y a lieu de relever que les ambassades font des gains considérables grâce aux frais de traitement des dossiers de visa dont la quasi-totalité est rejetée sans que les services consulaires des pays européens daignent présenter des justifications.Bien que le consulat de France impose des procédures « moins rigoureuses » par rapport aux autres consulats, il a conservé les mêmes traditions. A signaler que les demandeurs de visa, du moins ceux qui viennent du centre du pays, sont moins critiques, notamment suite à l’instauration du système des rendez-vous, ce qui a épargné les demandeurs des abaissantes queues devant le consulat.Dans ce sens, ce dossier constitue l’un des divergences existant entre l’Algérie et l’UE ; l’Algérie a adressé plusieurs protestations à Bruxelles, la dernière a eu lieu, hier, lors de la réunion tenue entre le ministre algérien des AE, Mourad Medelci, et son homologue espagnol, dont le pays assure la présidence tournante de l’EU.

    17-06-2010Par A. Keddadra

     

  • Des ONG en «trouble-fête» politique

     

    Des ONG en «trouble-fête» politique
    par M. Saadoune, Le Quotidien d'Oran, 16 juin 2010
    Dans la relation entre l'Algérie et l'Union européenne, la dimension économique est dominante. Au plan politique, ainsi que l'indiquait récemment une source membre de la délégation algérienne, présente depuis hier au Luxembourg, pour le 5ème conseil d'association, les choses sont officiellement au beau fixe. La source en question a souligné que le dialogue politique entre l'Algérie et l'Europe «se déroule bien» et qu'il «n'y a pas de gros problèmes». C'est sur ce terrain, devenu il est vrai particulièrement «calme» ces dernières années, que la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l«Homme (LADDH), le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA), la FIDH et Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) ont décidé d'intervenir sous forme de «lettre ouverte». Une «intrusion» qui critique la situation des droits de l'homme en Algérie et reproche à l'Union européenne de ne pas trop s'y intéresser. La «lettre ouverte» exprime ses «vives préoccupations» sur la situation des droits de l'homme en Algérie et rappelle à l'Union européenne que la «réalisation effective des droits de l'Homme est non seulement une priorité de la politique extérieure de l'Union européenne (UE)».
    Dressant un tableau critique de la situation des droits de l'homme et des libertés syndicales en Algérie, les organisations concernées reprochent, implicitement à l'Union européenne, d'occulter les aspects politiques et notamment ceux relatifs aux droits de l'homme. Les organisations des droits de l'homme ont souvent critiqué le fait que l'article 2 de l'accord d'association ne se traduise pas de manière effective et soit relégué au second plan par rapport aux relations économiques.
    Pour rappel, l'article 2 en question dispose que «le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'Homme, tels qu'énoncés dans la déclaration universelle des droits de l'homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel» de l'accord d'association.
    L'état d'urgence «ne respecte pas le principe de nécessité»
    Le maintien de l'état d'urgence en Algérie figure en tête des reproches des ONG. Non seulement le maintien de l'état d'urgence «ne respecte pas le principe de nécessité», est «contraire à la Constitution algérienne» mais, ajoutent-elles, il est «régulièrement utilisé pour restreindre l'exercice des droits de l'Homme en Algérie et notamment pour entraver l'exercice effectif de la liberté de réunion et de manifestation pacifique des organisations non gouvernementales indépendantes». Les ONG évoquent également un rapport sur la «mal vie en Algérie» et dénoncent un contexte algérien de misère économique et sociale «d'un peuple vivant dans un pays doté de richesses et de ressources naturelles considérables». Selon eux, la situation est imputable à une «corruption généralisée» et à une «inégale répartition des richesses ». La répression menée contre les mouvements sociaux est critiquée. La manière dont les grèves ont été réprimées «montre que les libertés syndicales et le droit de grève sont en danger en Algérie» indiquent les auteurs de la lettre. Dans un message qui s'adresse surtout à l'Union européenne, les ONG s'inquiètent de «l'absence de définition d'objectifs concrets concernant les droits de l'Homme dans le cadre des relations UE-Algérie». Ils craignent qu'en l'absence d'un «cadre de coopération permettant l'identification de réformes indispensables en matière de droits de l'Homme et de démocratie, le développement des relations entre l'UE et l'Algérie ne parvienne pas à contribuer à l'amélioration de la situation des droits de l'Homme en Algérie».

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    par M. Saadoune, Le Quotidien d'Oran, 16 juin 2010
    Dans la relation entre l'Algérie et l'Union européenne, la dimension économique est dominante. Au plan politique, ainsi que l'indiquait récemment une source membre de la délégation algérienne, présente depuis hier au Luxembourg, pour le 5ème conseil d'association, les choses sont officiellement au beau fixe. La source en question a souligné que le dialogue politique entre l'Algérie et l'Europe «se déroule bien» et qu'il «n'y a pas de gros problèmes». C'est sur ce terrain, devenu il est vrai particulièrement «calme» ces dernières années, que la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l«Homme (LADDH), le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA), la FIDH et Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) ont décidé d'intervenir sous forme de «lettre ouverte». Une «intrusion» qui critique la situation des droits de l'homme en Algérie et reproche à l'Union européenne de ne pas trop s'y intéresser. La «lettre ouverte» exprime ses «vives préoccupations» sur la situation des droits de l'homme en Algérie et rappelle à l'Union européenne que la «réalisation effective des droits de l'Homme est non seulement une priorité de la politique extérieure de l'Union européenne (UE)».
    Dressant un tableau critique de la situation des droits de l'homme et des libertés syndicales en Algérie, les organisations concernées reprochent, implicitement à l'Union européenne, d'occulter les aspects politiques et notamment ceux relatifs aux droits de l'homme. Les organisations des droits de l'homme ont souvent critiqué le fait que l'article 2 de l'accord d'association ne se traduise pas de manière effective et soit relégué au second plan par rapport aux relations économiques.
    Pour rappel, l'article 2 en question dispose que «le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'Homme, tels qu'énoncés dans la déclaration universelle des droits de l'homme, inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel» de l'accord d'association.L'état d'urgence «ne respecte pas le principe de nécessité»
    Le maintien de l'état d'urgence en Algérie figure en tête des reproches des ONG. Non seulement le maintien de l'état d'urgence «ne respecte pas le principe de nécessité», est «contraire à la Constitution algérienne» mais, ajoutent-elles, il est «régulièrement utilisé pour restreindre l'exercice des droits de l'Homme en Algérie et notamment pour entraver l'exercice effectif de la liberté de réunion et de manifestation pacifique des organisations non gouvernementales indépendantes». Les ONG évoquent également un rapport sur la «mal vie en Algérie» et dénoncent un contexte algérien de misère économique et sociale «d'un peuple vivant dans un pays doté de richesses et de ressources naturelles considérables». Selon eux, la situation est imputable à une «corruption généralisée» et à une «inégale répartition des richesses ». La répression menée contre les mouvements sociaux est critiquée. La manière dont les grèves ont été réprimées «montre que les libertés syndicales et le droit de grève sont en danger en Algérie» indiquent les auteurs de la lettre. Dans un message qui s'adresse surtout à l'Union européenne, les ONG s'inquiètent de «l'absence de définition d'objectifs concrets concernant les droits de l'Homme dans le cadre des relations UE-Algérie». Ils craignent qu'en l'absence d'un «cadre de coopération permettant l'identification de réformes indispensables en matière de droits de l'Homme et de démocratie, le développement des relations entre l'UE et l'Algérie ne parvienne pas à contribuer à l'amélioration de la situation des droits de l'Homme en Algérie».

     

  • Tibéhirine : les révélations cachées dans le coffre-fort du juge

    photo_14516377_small.jpgFabrice Arfi, Mediapart, 28 mai 2010

    La scène est sans doute inédite dans les annales judiciaires. Le 14 avril 2008, le juge antiterroriste Marc Trévidic demande à la greffière Isabelle Jamin, chef du service de l’instruction, de dresser un « procès-verbal de constatation » parfaitement surréaliste.

    Quelques jours plus tôt, le magistrat a découvert que son cabinet était doté d’un coffre-fort, dont il n’avait pas la clef. Et pour cause : celui-ci n’avait été utilisé que par son prédécesseur, le juge Jean-Louis Bruguière – il a pris sa succession mi-2007 –, qui ne lui en avait pas signalé l’existence. Le juge Trévidic obtient de la greffière qu’elle ouvre le fameux coffre, dans lequel il trouve notamment un CD-Rom, une cassette vidéo et deux cassettes audio rangés dans un carton.

    Les documents en question sont quatre pièces à conviction de l’affaire des moines de Tibéhirine, ces sept religieux français enlevés en mars 1996 et décapités quelques semaines plus tard, en Algérie. Le juge Bruguière n’avait pas cru bon les archiver dans son dossier d’instruction. Afin de remédier à cette anomalie juridique, son successeur n’a d’autre choix que de procéder à une sorte de perquisition au sein de son propre cabinet. Du jamais vu.

    L’épisode n’est pas anecdotique : parmi les documents découverts par Marc Trévidic dans le coffre-fort, figurent notamment les aveux de plusieurs repentis des Groupes islamiques armés (GIA), soupçonnés d’être à l’origine du rapt et de l’assassinat des moines trappistes. La parole de ces déserteurs avait été recueillie en 2006, par la police algérienne, dans le cadre d’une commission rogatoire internationale.

    Mais seule une transcription écrite de ces entretiens filmés avait été versée au dossier d’instruction par le juge Bruguière, donc à la disposition des parties civiles, représentées par l’avocat parisien Patrick Baudouin. Les documents restants, c’est-à-dire les bandes-vidéo et audio de ces dépositions (en arabe), avaient donc été mis au coffre. Au secret, en somme.

    Courant mai 2008, le juge Trévidic prend l’initiative de les faire traduire. En intégralité. Et le résultat, parvenu au cabinet du magistrat près de deux ans plus tard, le 15 mars 2010 précisément, est susceptible de relancer l’affaire, qui prend une tournure de plus en plus embarrassante pour Alger.

    Il s’avère en effet que la police algérienne avait livré à la justice française, il y a quatre ans, une version soigneusement expurgée de ses auditions avec les repentis, vraisemblablement dans le but de cacher de gênantes révélations. Durant leur interrogatoire, face caméra, deux d’entre eux avaient en effet nommément mis en cause dans le rapt des moines un cadre du GIA, un certain Abderrazak El-Para – ce qui n’apparaît jamais dans les transcriptions.

    Il y a peut-être une raison à cela. Ombre insaisissable du terrorisme algérien, El-Para est un personnage trouble, adjoint de l’émir du GIA Djamel Zitouni. De nombreux indices laissent aujourd’hui penser que El-Para (comme Zitouni, d’ailleurs) fut en réalité un agent de l’appareil sécuritaire et militaire algérien, infiltré au sein du GIA puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) afin de manipuler ces deux mouvements et d’entretenir un climat de terreur favorable au pouvoir algérien et à sa politique.

    L’apparition de son nom dans l’affaire des moines de Tibéhirine n’est donc pas anecdotique ; elle relance les interrogations sur l’implication éventuelle de l’État algérien dans la disparition des religieux français.

    Le plus explicite des deux témoignages de repentis impliquant El-Para émane d’un dénommé Fethi Boukabous. Ce dernier a affirmé aux enquêteurs algériens avoir vu, alors qu’il était dans le maquis au printemps 1996, certains membres du groupe qui venait de kidnapper les moines. Ils étaient munis des papiers d’identité des otages : « Quand j’ai gagné le maquis pour rejoindre le “Groupe islamique armé”, en fait les moines ont été amenés de Médéa (à 80 kilomètres au sud-ouest d’Alger) […]. Ils sont venus avec Abderrazak Al-Para et Abou Loubaba. On nous a aussi montré des jumelles à (rayons) infrarouges et aussi leurs passeports, des rouges. Après on les a dirigés ailleurs. Ils ne sont pas restés sur place. »

    « Un sacré coup de main au régime »

    D’après les éléments livrés par Fethi Boukabous, son groupe se trouvait alors dans la région de « Tala Es-Ser ». « Le jour en question, explique-t-il encore, on était réuni autour d’un feu et on attendait d’être servi le temps qu’on prépare un chevreau dans la cuisine. Et puis on voit débarquer (nos compagnons). Ils étaient arrivés dans l’après-midi. Un peu fatigués. Ils nous ont ensuite tout relaté nous disant qu’ils avaient amené les moines et que voilà il s’est passé ceci et cela. Ils nous ont dit que les moines ont été acheminés à l’hôpital (une infirmerie secrète du GIA située dans la région de Bougara) puis ils nous ont montré leurs passeports. »

    De plus en plus précis, le repenti affirme que les moines ont été transportés à bord de « deux véhicules 504 bâchés ». « Ceux qui ont amené les moines, poursuit-il, c’était Abderrazak Al-Para et Abou Loubaba. Ils les ont déposés au niveau de la “Batha” de Khemaïs puis un groupe les a acheminés à l’hôpital. Abderrazak Al-Para et Abou Loubaba se sont quant à eux rendus chez nous. Ils ont apporté avec eux les passeports et les jumelles à infrarouges. »

    Un second repenti, lui aussi interrogé par les autorités algériennes en 2006, a évoqué le nom d’Abderrazak El-Para comme appartenant au groupe ayant participé à l’enlèvement des moines de Tibéhirine, même si affirmations sont plus nuancées que celles de Fethi Boukabous. Il s’appelle Redouane Kechniti. Et dans son cas aussi, les mentions d’El-Para ont miraculeusement disparu des transcriptions écrites de son interrogatoire livrées à la justice française par la police algérienne.

    Parfois surnommé le « Ben Laden du Sahara », Abderrazak El-Para est un ancien parachutiste, membre de la garde du général Khaled Nezzar, l’un des principaux responsables du putsch de janvier 1992, année au cours de laquelle il aurait déserté l’armée pour rejoindre les maquis islamistes. Il est surtout considéré par les meilleurs connaisseurs du dossier algérien comme un agent double, chargé en fait par les services secrets d’Alger d’infiltrer et manipuler la mouvance islamiste.

    En février 2005, Le Monde diplomatique avait raconté par le menu dans quelles circonstances l’ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne était « officiellement » passé à la guérilla, dans les rangs des Groupes islamiques armés (GIA) puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).

    L’article affirmait notamment que El-Para avait donné « un sacré coup de main au régime » algérien, en janvier 2003. Le 4 janvier, à la veille de l’arrivée à Alger d’une importante délégation militaire américaine venue envisager une reprise des ventes d’armes à l’Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste, son groupe avait attaqué un convoi militaire près de Batna, provoquant la mort de 43 soldats.

    « Evoquant un enregistrement vidéo qui se révélera plus tard un faux, les services secrets de l’armée algérienne, le tout-puissant département de renseignement et de sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire), s’efforcent d’en persuader l’opinion internationale : El-Para serait un “lieutenant de Ben Laden” chargé d' “implanter Al-Qaida dans la région du Sahel” », rappelait Le Monde diplomatique. Qui ajoutait : « Peu après, les États-Unis allègent l’embargo sur les armes à destination de l’Algérie et annoncent la vente d’équipements militaires antiterroristes. »

    Le juge et la raison d’État

    El-Para, à l’origine d’autres attentats sanglants visant des Européens ou des Américains, aurait donc été chargé de manipuler les islamistes algériens afin de contraindre les Occidentaux à soutenir le régime. Une « stratégie de la tension » aussi effroyable qu’efficace.

    En septembre 2007, le site Algeria-watch.org, particulièrement bien informé sur les dessous obscurs de la vie politique et militaire algérienne, a révélé, avec luxe détails, comment El-Para, arrêté par les autorités tchadiennes au mois de mai 2004 puis extradé en Algérie, fut ensuite miraculeusement porté disparu par Alger, qui le fit juger par contumace avant de le déclarer en fuite.

    « Le black-out officiel qui a suivi son arrivée à Alger, ainsi que les grotesques “procès par contumace” conduits par une justice aux ordres, ne peuvent avoir qu’une explication : El-Para était un agent du DRS, au sein des GIA, puis du GSPC, et les chefs des services, piégés par son interception imprévue par les rebelles tchadiens, ne pouvaient se permettre la moindre apparition publique du personnage », concluait Algeria-watch.org.

    L' “évaporation” des éléments conduisant à Abderrazak El-Para dans la procédure menée par Jean-Louis Bruguière relance les interrogations sur le comportement de l’ancien magistrat dans certains dossiers sensibles, qu’il s’agisse du génocide rwandais, de l’attentat de Karachi ou donc de l’assassinat des moines de Tibéhirine. Selon Me Patrick Baudouin, le président d’honneur de la fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), qui l’a qualifié en juillet 2009 dans un entretien à Mediapart de « juge de la raison d’État », M. Bruguière « instruisait avec le souci constant de ne pas contrarier les services algériens ».

    Selon l’avocat, qui défend des proches des religieux français assassinés, le magistrat « travaillait d’ailleurs en permanence avec la DST [Direction de la surveillance du territoire, le contre-espionnage], dont les liens avec la police et les services secrets algériens étaient notoires ».

    Me Baudouin rappelait dans cet entretien que Jean-Louis Bruguière avait refusé l’audition du général François Buchwalter, à l’époque attaché de défense à l’ambassade de France à Alger. Il avait fallu l’arrivée de Marc Trévidic pour que ce militaire soit enfin entendu, en juin 2009. Les déclarations de ce témoin important, susceptibles de mettre en cause les autorités algériennes dans la mort des moines, provoquèrent une véritable déflagration des deux côtés de la Méditerranée.

    Source: http://www.mediapart.fr/journal/france/270510/tibehirine-
    les-revelations-cachees-dans-le-coffre-fort-du-juge

     

  • VERDICT DANS LE PROCÈS DE L’AFFAIRE DU FOSC DE SONELGAZ Les dix-neuf cadres acquittés



    Explosion de joie hier au tribunal correctionnel de Bir-Mourad-Raïs ! Les dix-neuf cadres du groupe Sonelgaz, dont le président du conseil de surveillance et d’orientation du FOSC, Telli Achour, poursuivis pour cinq chefs d’inculpation, et pas des moindres, à savoir «dilapidation de deniers publics, abus d’autorité, passation de marchés non conforme à la réglementation et collecte de dons sans autorisation», ont été acquittés.
    Abder Bettache - Alger (Le Soir) - C’est vers 9h du matin que la présidente du tribunal correctionnel de Bir- Mourad-Raïs a prononcé le verdict, à la grande joie des mis en cause, finalement acquittés. Certains prévenus, dont trois femmes, ont même éclaté en sanglots, ne pouvant contenir leur émotion. Une émotion qui a atteint son paroxysme lorsqu’une une fille s’est jetée dans les bras de son père, poursuivi dans cette affaire et finalement innocenté. «Nous avons souffert le martyre durant deux années. Aujourd’hui, la justice nous a réhabilités, en confirmant notre innocence. Nous sommes des cadres au service d’une institution respectable de la République. Nous ne sommes ni des corrupteurs, ni des corrompus», lancera à notre adresse un membre du conseil d’administration du FOSC. La justice a prononcé une peine de deux mois de prison avec sursis à l’encontre du président du conseil de contrôle et du directeur du FOSC, pour «avoir participé à une collecte de dons au profit des travailleurs». Une décision qui a surpris l’assistance et les avocats, ces derniers estimant «que la sentence prononcée n’est nullement justifiée sur le plan du droit pénal». Les avocats de la défense comptent faire appel de cette décision, en s’appuyant sur «des principes de droit et autres réglementations autorisant ce genre de collecte dans le cadre de la solidarité syndicale». Il y a lieu de rappeler que pour de nombreux observateurs, dont des hommes de loi, «cette affaire ne s’appuie sur aucun fondement juridique, d’autant plus qu’aucun dépôt de plainte n’a été enregistré et qu’aucune partie civile n’a été constituée». Le représentant du groupe Sonelgaz, dont dépend le FOSC, présentera cet argumentaire à l’adresse de la présidente du tribunal correctionnel : «Notre groupe n’a subi aucun préjudice. En conséquence, l’entreprise n’a pas à se constituer partie civile.» Il est à rappeler que cette affaire a éclaté en 2007, au lendemain de la réception par les services de police de lettres anonymes faisant état de malversations dans la gestion du fonds des œuvres sociales et culturelles du groupe Sonelgaz. Aussitôt, les responsables du groupe Sonelgaz, à leur tête le P-dg, avaient ordonné une mission d’audit, qui mènera ses investigations durant trois mois, du 4 juillet au 9 octobre 2007. «Aucune irrégularité dans la gestion du FOSC n’a été constatée », conclura le rapport. Il est également important de signaler que l’autre fait marquant du procès qui s’est tenu le 18 mai dernier est celui du rejet par le tribunal de la «constitution de la partie civile». Ainsi, la présidente du tribunal correctionnel a rejeté en pleine audience la requête des avocats de trois ex-syndicalistes. Ces derniers avaient introduit une requête, s’autoproclamant «défenseurs des intérêts des travailleurs en leur qualité de syndicalistes». Une requête, selon les avocats de la défense, aux relents de «manipulation et d’affaire montée de toutes pièces par des forces occultes qui veulent porter atteinte au groupe Sonelgaz». Deux des personnes voulant se constituer partie civile, et «à l’origine de cette affaire», sont «un ex-élu dont le mandat est arrivé à terme le 8 juin 2007 et qui a été suspendu de toute activité syndicale et du comité de participation, et un agent en congé de maladie psychiatrique depuis plusieurs mois, et dont il a été mis fin au détachement auprès du FOSC, et qui devait donc réintégrer son unité d’origine ». Selon une source proche du dossier, «c’est cette rivalité syndicalo-syndicale, avec pour toile de fond la déstabilisation du groupe Sonelgaz, qui a été à l’origine de la saisine par la justice de cette affaire».
    A. B.