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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 127

  • J. Edgar Hoover : "Quelque part, Bernard Squarcini est mon fils (...)

    Un entretien avec J. Edgar Hoover, ça ne se refuse pas... L’autocrate taré, obsessionnel des écoutes, raciste pathologique et ennemi acharné des "rouges", a dirigé le FBI pendant un demi-siècle. Et il a littéralement construit l’agence de renseignement sur ses haines et ambitions. L’interlocuteur idéal, donc, pour évoquer la DCRI et son instrumentalisation politique.

     

    J. Edgar Hoover : "Quelque part, Bernard Squarcini est mon fils spirituel"

    Entretien de l’au-delà

    samedi 27 novembre 2010, par JBB

    Ce n’est pas la première fois qu’Article11 établit des connexions avec l’au-delà. C’est même devenu une sorte de spécialité maison, les courriers post-mortem s’accumulant dans notre boite aux lettres. Pourtant, jamais encore nous n’avions été en contact direct avec un décédé. C’est désormais chose faite.

     

    Quand J. Edgar Hoover - qui présida 48 ans durant aux destinées du FBI [1] - s’est matérialisé dans mon salon en braillant qu’il s’ennuyait comme un rat mort dans ses habits de spectre, j’ai vite oublié ma frayeur initiale pour me focaliser sur l’essentiel : faire parler l’infâme. Sujet : son regard de professionnel dévoyé sur la très décriée Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

    Je voudrais quand même vous le dire, en préambule : au panthéon des pires salopards du XXe siècle, vous êtes l’un des mieux placés...

    Mais j’en ai autant à votre service, mon petit ! Vous avez d’ailleurs de la chance que je ne sois plus en activité : je vous aurais réglé votre compte en deux-temps trois-mouvements. Avec moi, les gauchistes, coco et autres subversifs de trouble obédience ne la ramenaient pas, ils filaient droit. Heureusement, d’ailleurs : si je n’avais été là pour faire obstacle à leurs sombres agissements, l’Amérique serait rouge aujourd’hui et le Capitole s’appellerait Kremlin... Remarquez, avec Obama, l’Amérique est noire, ce n’est sans doute pas un progrès...

    Nul besoin de rappeler l’immonde raciste que vous étiez, contentez-vous de répondre aux questions...

    Quelle ironie... Avant, la question, c’est moi qui la pratiquais - et tout ce qui va avec : chantage, bastonnades, manipulations et autres intimidations. Mais bref... que voulez-vous savoir ?

    J’aimerais votre avis d’expert sur ce service qui se veut, de la bouche même du ministère de l’Intérieur, un « FBI à la française ». Peut-on parler de filiation entre la toute récente DCRI, créée en 2008 [2], et votre FBI ?

    Peuh... Votre Direction centrale du renseignement intérieur, ce sont des petits joueurs ; ils ont tant à apprendre, encore... Mais je le reconnais : quelque part, ils sont sur la bonne voie.

    Comment ça ?

    Tel que je le conçois, un vrai service de renseignements se doit d’être politique et autonome. C’est une nébuleuse se développant dans l’ombre, à la fois instrumentalisée par quelques hommes de pouvoir et en-dehors de tout contrôle.

    Dans l’idéal, cette nébuleuse prend d’autant plus de latitudes avec la légalité qu’elle a étendu son emprise à toute la société. En un monde de contrôle, un service de renseignement efficace et viril - j’ai toujours détesté les invertis ! - est l’expression absolue de ce contrôle et sa négation même : personne ne contrôle les contrôleurs, hors un clan et ses intérêts personnels. Et encore...

    Et encore ?

    Regardez mon parcours : ce FBI que j’ai dirigé 48 ans durant - 48 ans ! - était devenu une entité propre, autonome de tout pouvoir à l’exclusion du mien. Il n’était plus que l’instrument de mes obsessions politiques et de mes intérêts particuliers, totalement indépendant des autorités politiques et législatives. Songez que des huit présidents qui se sont succédés sous mon règne, pas un n’a réussi à me destituer. Pas un ! Certains auraient bien aimé, à commencer par cet âne bâté de Kennedy, mais ils n’en avaient simplement pas la possibilité : j’étais trop puissant.

    C’est en cela que votre DCRI et mon FBI diffèrent largement : j’étais seul maître à bord quand Bernard Squarcini répond aux ordres et attentes du clan sarkozyste. Il a encore des progrès à faire même si, quelque part, il est mon fils spirituel ; il œuvre lui-aussi à l’instrumentalisation personnelle d’un service de renseignement. Que Sarkozy le charge de trouver celui qui, au ministère de la Justice, a transmis à des journalistes des extraits de procès-verbaux dans l’affaire Woerth ou qu’il lui demande de prouver que c’est bien Rachida Dati qui, au début de cette année, colportait des rumeurs sur sa vie privée, Bernard s’exécute, prenant à chaque fois plus d’importance dans le dispositif. A chaque coup fourré, il monte en puissance. Ça, ça me plaît !

    Bernard Squarcini, votre fils spirituel ? Vous n’exagérez pas un brin ?

    Détrompez-vous... Bien sûr, les temps ont changé, les vrais hommes ne peuvent plus s’affirmer aussi librement que dans les années cinquante : Bernard est plus lisse, policé. Mais si vous prenez le temps d’étudier posément les choses, vous constaterez que nous avons beaucoup de points communs .

    Je vous rappelle que j’ai assis l’essentiel de mon pouvoir en constituant des dossiers, sur tout et tout le monde. Comment croyez-vous que je procédais ? Je faisais poser des micros partout et multipliais les écoutes téléphoniques, sans m’embarrasser d’un quelconque souci de légalité. Journalistes, communistes ou apparentés, femmes de petites vertus et politiciens, opposants et agitateurs divers : tous ont eu droit à l’attention très privée de mes hommes. Et moi, je n’étais plus qu’une grande oreille : c’est si bon, de tout savoir...

    En ce domaine, la DCRI fait preuve, depuis sa création, d’une semblable obsession. L’une de vos feuilles de chou - communisante, cela va sans dire - ne vient-elle pas de révéler que les hommes de votre « FBI à la française » se branchaient illégalement sur les ordinateurs de particuliers [3] ? N’a t-elle pas, un peu avant, publié comment les mêmes se faisaient, tout aussi illégalement, communiquer des fadettes [4] par les opérateurs téléphoniques ? N’est-elle pas - enfin - poursuivie par Bernard Squarcini pour avoir mis à jour l’existence d’un "cabinet noir" à la DCRI, chargé d’espionner les médias au bénéfice de votre président ? Allons, ne soyez pas naïf : Bernard est mon digne héritier. Vos politiciens de tous bords et journalistes l’ont bien compris, qui répugnent désormais à utiliser des téléphones non sécurisés [5].

    Les écoutes, donc. Avez-vous autre chose en commun avec Squarcini ?

    Hors le physique, vous voulez dire ? Parce que - c’est peut-être un point de détail - je trouve que nous nous ressemblons un peu sur ce plan. Le même embonpoint, de semblables cheveux clairsemés et une identique façon de considérer nos interlocuteurs, par en-dessous [6]...

    Ça, on s’en fiche. Je pensais à des pratiques semblables...

    Il est en effet une autre que nous partageons, le recours constant à la menace extérieure. C’est un fait : l’instrumentalisation des services de renseignement s’opère, presque toujours, en agitant le spectre d’un danger étranger. Sous mon règne, il s’agissait du « péril rouge » : le bloc soviétique m’a permis de légitimer tous les abus, qu’il s’agisse de mettre l’appartement de Marilyn Monroe sur écoute, de passer des accords officieux avec la Mafia ou de faire bastonner les éléments subversifs. Chez vous, c’est le terrorisme islamique qui permet de justifier les pires errements, et Bernard Squarcini ne manque jamais d’en faire longuement état. Jusqu’à se répandre dans les médias, pour affirmer [7] qu’il « y a des raisons objectives d’être inquiets »et que « la menace n’a jamais été aussi grande ». Joli coup, je n’aurais pas fait mieux.

    Je note aussi avec plaisir que Squarcini - sans faire preuve à leur égard de la même haine absolue que la mienne - sait comment il convient de traiter les gauchistes. Sans pitié. Mutatis mutandis... je piétinais sans relâche les cocos, lui démonte les anarcho-autonomes ; dans les deux cas, une même construction politico-policière permet de ranger au rang de péril imminent ce qui relève d’une agitation marginale. J’ai réellement le sentiment que Bernard met ses pas dans les miens quand il dénonce cette « frange de l’ultra-gauche autonome »« ces mouvements contestataires »« cette mouvance situationniste » et ce « milieu alternatif » [8], avant de conclure doctement : « Nous sommes dans l’antichambre du passage à l’acte. » Ah oui, très bien ! Vraiment !

    Ça vous met en joie ?

    Bien entendu ; je n’ai pas tant d’occasions de me réjouir depuis que j’ai cassé ma pipe. Et puis, voir que - d’une certaine façon - mon œuvre se perpétue, fusse sous d’autres formes et d’autres latitudes, est réellement un plaisir.

    Vous savez, un homme du métier le reste toujours, même mort. Je guette, je scrute, j’observe ce qu’il se passe ; je continue à "écouter", en quelque sorte. Et quand je constate l’apparition d’un service de renseignement aussi tordu et malsain que celui que j’ai si longtemps contrôlé, je ne peux que me féliciter. C’est évidemment encore meilleur quand, comme moi, on connaît les sous-titres, qu’on n’ignore rien de la cuisine interne et de la tambouille d’arrière-cours. Cela permet alors d’apprécier à sa juste valeur la déclaration de votre ministre de l’Intérieur qui, il y a quelques jours, osait cette sortie offusquée : « Vous savez, la DCRI, ce n’est pas la Stasi ou le KGB. (...) Il n’y a pas de police politique dans notre pays, évidemment. » Évidemment...

    Un dernier mot, avant que vous ne retourniez brûler en enfer ?

    Juste un encouragement : ne lâche rien, Bernard, tu tiens le bon bout ! Et je sais de quoi je parle...

  • académies de manipulation ,lisez!!!!!


    Distinction de l'élite et des élites

    Il y a une fondamentale différence entre le concept que nous appellerons l'élite humaine, et ce qu'il est convenu d'appeler les élites socio-politiques, économiques ou professionnelles. L'élite, au sens que nous lui donnons, est universelle, de tout temps, de tout espace, de toute ethnie, de toute nation ou partie du monde, de toute religion ou conception du monde, de toute classe, de toute idéologie. Même des pires idéologies, qui peuvent la tromper, mais qu'elle finit toujours par désavouer et combattre. L'élite est de n'importe quelle obédience politique, à laquelle elle n'obéit jamais contre sa conscience, lorsque le Bien et le Mal sont en conflit. Puissante ou faible, riche ou pauvre, plus ou moins instruite - mais sage -, policée ou rustique, populaire ou impopulaire, l'élite humaine se définit par l'éthique véritable (la morale, pas le moralisme; la vertu, pas l'obscurantisme), par la responsabilité, la justice, la charité, la bonté, le service et, le cas échéant, le sacrifice. Mais sacrifice de ses intérêts, de ses plaisirs ou même de sa vie à la vie et non à la mort des autres.

    L'homme de paix et l'homme de guerre peuvent être une même élite. L'un, s'il n'est pas médiocre et ne s'accommode pas du mal par lâcheté ou intérêt. L'autre, s'il est "grand", comme l'écrivait Charles Péguy, "non parce qu'il tue, mais parce qu'il meurt. Ou parce qu'il sait qu'il va mourir. Et y consent. Et que ce n'est pas si simple que cela, d'accepter de mourir". Evidemment, c'est une définition chevaleresque du temps où le guerrier se mesurait au guerrier et non à la population civile désarmée. Quand les terroristes mêmes visaient des responsables particuliers d'un terrorisme d'Etat puissant, détenant le monopole de la force, et non des gens sans défense. "Les personnes civiles innocentes et sans armes devaient être intouchables. Cet impératif était valable autant pour le mutin marginal et désespéré que pour le monarque couronné et oint, dans la mesure où ils voulaient prétendre à l'honneur et au prestige du héros", rappelle le philosophe hongrois G.M. Tamas de l'Académie hongroise des sciences de Budapest à propos des attentats de New York, le 11 septembre 2001 et du conflit qui s'ensuit, comme des conflits qui ont précédé. (in Nepsabadsag de Budapest, cité par Le Courrier international en septembre 2001). On assiste à une "gigantesque déchéance morale", constate-t-il, à juste titre, sans préciser toutefois que cette déchéance est ancienne et cyclique au cours des siècles.

    Déchéance morale de l'usage idéologique et politique de la mort par des élites

    Pour Tamas, ce déclin moral qu'est le terrorisme semble parallèle à la "décadence militaire" depuis que des "déséquilibrés sociopathes" (comme les qualifiait Wilhelm Reich) de tous bords politiques et idéologiques ont inventé notamment des guerres mondiales, à commencer par celle de 1914-1918, comme instrument de basculement des rapports de force historiques. Rappelons que Karl Marx lui-même avait soigneusement élaboré ce concept de "guerre de progrès". Tamas, bien instruit à Budapest de la pensée et de l'histoire des révolutions et du marxisme, rappelle que "les premiers véritables groupes de terroristes ne se sont formés que récemment (au XIXème siècle) contre la Sainte Alliance, au sein du mouvement des carbonari, qui s'appuyait sur des loges d'illuminés clandestins". Marx, pour sa part, avait raffiné sa pensée de guerre de progrès au contact des illuministes anglais et américains, autant que des nihilistes intellectuels et révolutionnaires russes. Nous reviendrons plus tard sur cet intéressant cas de figure de convergence. Bornons-nous dans le cas présent à mettre en doute le caractère véritablement élitaire de tous ceux qui se considèrent comme des élites pour savoir provoquer et semer la mort, afin d'avancer dans leurs bons ou mauvais projets politiques et sociaux

    L'artisan de paix, comme le soldat de l'élite humaine, développent leur force morale suivant la prescription universelle du Droit des Gens, formulée avec justesse par Montesquieu, qui commande de se faire entre les hommes "le plus de bien en temps de paix et le moins de mal en temps de guerre". Formule que l'on peut, d'ailleurs, vider de son sens élitaire et tourner, chacun à son profit, comme toutes les formules. Mais, tout de même, recommandation fondamentale qui unit civils et militaires, et aussi laïcs et religieux d'élite contre civils, militaires, laïcs et religieux qui signent leur faillite en "déshonorant la sainteté de Dieu et la dignité de l'Homme" (Jean Paul II, le 21 octobre 2001).

    Les soldats français se sont vu rappeler en février 2001 cette devise de l'Evangile et des Lumières, remise à l'ordre du jour dans leur dernier manuel du Droit des conflits, où la "morale" figure en bonne place auprès de l'"honneur", de la "loyauté" et des "capacités intellectuelles et physiques". En effet, "toute bataille gagnée au mépris de la dignité humaine est tôt ou tard une bataille perdue". Perdue pour les hommes et l'élite humaine.

    Car, les choses se présentent un peu autrement pour de simples élites qui, comme l'indique leur nombre pluriel, ne sont plus universelles, mais divisées et subdivisées en catégories d'appartenance, de profession, de capacité, de compétence, d'astuce, de ruse, de richesse, de puissance, de succès, de popularité, etc... - toutes choses excellentes, mais relatives.

    En effet, si le culte de la mort, mais aussi d'une vie dégradée, si la fascination du sordide, la culture de la bêtise, l'abrutissement et l'abaissement de son prochain, le recours et l'incitation à la violence et à l'assassinat, l'usage du mensonge, de l'intoxication et de la désinformation, l'abus de calculs politiques et d'intérêts idéologiques, de manoeuvres économiques et financières, assurent le pouvoir, l'argent, les victoires ou les plaisirs de ces élites - et même des "masses" qu'elles "gèrent" ou gouvernent - elles ne sont pas, toutefois, l'élite. Elles dominent et dirigent sans doute, souvent avec efficacité, et on leur reconnaît cela. Mais elles n'inspirent pas toujours le respect, ni même la confiance, que l'élite , elle, inspire généralement. Lorsqu'elle est une élite authentique, c'est à dire qu'elle saurait aussi gouverner et gérer si le gouvernement et la gestion lui étaient confiés, et non seulement indiquer la voie.

    Elites conjoncturelles ou élites universelles ?

    Dans un numéro consacré à la "Sociologie de l'Europe" (éd. L'Harmattan, coll: Cultures et conflits, 2001), on lit que "les élites européennes se définissent selon les attitudes psychosociologiques du moment". Il en découle que la place et le rôle des élites varient suivant leur zone, leur caractère, leur environnement, leur savoir-faire, les opportunités et les modes. Ces élites-là, souvent qualifiées de "nouvelles élites", car elles sont mutantes, "se" démocratisent. C'est à dire qu'elles cherchent à s'imposer à l'échelle populaire et globale de masse. Mais, démocratisent-elles les peuples du globe, à commencer par les leurs ? C'est à dire leur donnent-elles les fondements qui pourraient en faire une élite humaine construite pour vivre, travailler, s'épanouir et durer dans le Bien et le Beau? Comme autant de personnalités distinctes, diverses et même divisées, sachant toutefois s'observer, échanger, se respecter et se vouloir du bien, même sans s'aimer, sans forcément s'imiter et sans jamais s'agglutiner. Et sans être arbitrairement regroupées et intégrées. Et pourtant solidaires d'une même conception éthique, humaniste, digne et vivable pour eux-mêmes et le monde.

    L'écrivain Charles Dantzig fait une remarque critique dans son dernier livre "Nos vies hâtives" (car tout va et vient, et tout est éphémère, y compris les élites): "C'est que j'oublie le plaisir que l'homme éprouve à ressembler... Surtout être comme les autres. Dans "De l'Allemagne", Mme de Stael dit des Français: "Ils vont où tout le monde va, disgrâce ou crédit, n'importe: si quelques uns se font passer pour la foule, ils sont certains qu'elle y viendra réellement". Le premier oppresseur du Français, c'est lui-même". Les nouvelles élites démocratisées, ou qui se démocratisent, non seulement en France, se font aujourd'hui passer pour la foule. Afin de capter celle-ci, renifler "l'humeur des masses", s'y adapter. Pour y puiser prestige et privilèges socialement et politiquement corrects et assurés.

    L'élite raisonne de façon plus universelle, plus désintéressée et modeste, mais aussi indifférente aux "attitudes psychosociologiques du moment", qui caractérisent, paraît-il, les élites. L'élite fait don de soi, avec discrétion, et en toute liberté. L'élite pauvre considère parfois les privilèges et le prestige des élites avec admiration, mais sans envie. Non qu'elle n'en ait pas envie, mais elle ne jalouse pas. Elle respecte les élites dignes d'estime, les autres élites lui indiffèrent: celles qui possèdent des qualités évidentes, elle les met à contribution, ou leur prête son concours. Parfois, l'élite vit dans l'ombre et la pauvreté, et elle n'a d'accès ni aux élites actives, ni aux moyens d'influencer celles-ci et la vie publique. Cependant, l'élite bonifie et embellit toujours la vie autour d'elle.

    C'est aux fruits de l'élite qu'on reconnaît celle-ci, dans sa vie publique, professionnelle et même dans sa vie privée. Elle est une des composantes constantes des "élites traditionnelles", comme des "nouvelles élites". L'élite conserve et progresse en même temps, et se renouvelle par l'éducation, l'action et l'exemple. Tandis que les élites traditionnelles ou nouvelles élaborent avant tout des "modes de renouvellement, de structuration, de logique d'action... et d'émergence progressive d'une nouvelle société", selon un document de l'an 2000.

    "Des élites légitimes ?"

    Un dossier rassemblé par Michel Bauer s'intitule "Des élites légitimes?" (Problèmes politiques et sociaux, n°848, 1er déc. 2000, La Documentation Française). Le point d'interrogation concerne-t-il les élites (sont-elles des élites?), ou leur légitimité (sont-elles légitimes?). Ce qui attire l'attention dans ce dossier, c'est l'absence de toute référence à la morale, à l'éthique dans la formation et la reconnaissance des élites. Ce qui explique sans doute le pessimisme de l'interrogation sur leur qualité et leur légitimité. Le dossier, érigeant "l'ouverture" en idéal, se réfère, semble-t-il, à la pensée de Karl Popper sur la "société ouverte" et sur l'ingénierie sociale. Celle-ci est appelée ici en novlangue "dirigeance", et assimilée à la "transformation et modernisation de l'ordre social", contrairement à la "domination", qui tend à la "consolidation de l'ordre social et notamment des privilèges". L'auteur, Michel Bauer, opère une distinction politique et idéologique entre les élites: "Plus elles sont fermées et homogènes, et plus elles tentent d'imposer leur conception de l'efficacité, et tolèrent des glissements aux marges de la loi; plus elles sont ouvertes et différenciées, et plus elles sont respectueuses de la loi". Distinction contestable, car tous les nombreux cas de corruption, par exemple, que nous fournit l'actualité et que nous a fournis le passé récent - depuis que la "société ouverte" post ou néo-marxiste s'impose en Europe - démontrent que "fermées" ou "ouvertes", "homogènes" ou "différenciées", les élites ou leurs membres mis en cause ont commis simplement des actes contraires à la morale privée et publique.

    C'est sous le règne d'élites à majorité moderniste, quasiment enchaînées par leur relativisme, souvent esclaves de leur hédonisme libertaire, et poussées vers ce que l'on a pu appeler "l'ouverture sur le néant" nihiliste, où elles dirigent les "masses", que l'éducation et la culture officielles ont parfois sciemment effacé la notion de bien et de mal. Des juristes, par exemple, de gauche et de droite, progressistes et conservateurs, religieux ou laïcs, constatent que "la loi n'est plus la justice", dans certains cas, ou que l'humanisme recule devant le scientisme, que la vie devient un "produit". Finalement, nous sommes ramenés à une situation où l'absence de morale fait de la "dirigeance" des élites modernistes l'équivalent de la "domination" des élites conservatrices immorales.

    C'est donc le sens du bien et du mal, de ce qui est moral ou immoral, qui distingue l'élite de l'anti-élite ou de la pseudo-élite. Il y a de tout dans les élites: l'élite y côtoie l'anti-élite et la pseudo-élite. Mais il n'y a pas de fausses élites, même "légitimes", dans l'élite.

    La morale, boussole de l'élite

    Quelque temps après le cours que j'ai fait le 9 mai 2001 sur l'élite et les élites, exprimant notamment le regret que m'inspirait l'absence de référence éthique dans le dossier de la Documentation, une satisfaction m'a été indirectement donnée dans le message du Président de la République Française à la 31ème Conférence générale de l'UNESCO, le 15 octobre 2001. En effet, le Président français a cité parmi les grands crimes contre l'humanité du XXème siècle la Shoah nazie et le Goulag communiste. Ce qui est une nouveauté dans le discours officiel de Paris. Puis, il a situé d'emblée la mission de la France dans la réalité "politique, morale et culturelle... inséparable de l'affirmation claire et sans concession des valeurs qui nous font ce que nous sommes".

    Le nouveau message de la France, dont le chef du Gouvernement avait insisté en l'an 2000 pour effacer de la Charte européenne toute référence aux racines religieuses chrétiennes dans l'histoire et la civilisation de l'Europe, a dit tout autre chose à l'UNESCO, soulignant "l'apport essentiel des religions à la vie des hommes, lorsqu'elles les élèvent au dessus de leur simple condition pour accéder à l'absolu; lorsqu'elles les éloignent de la haine et des égoïsmes..."

    Poursuivant le discours de l'élite, par dessus les idéologies et les stratégies politiques des élites, le Président de la République plaida à la tribune pour "cette culture humaniste, dont l'essence même est de rassembler autour de principes éthiques". Le défi contemporain de l'élite mondiale "requiert ouverture d'esprit, confiance, imagination, mais aussi esprit de responsabilité, force d'âme et fermeté, afin de résister à tout ce qui peut mettre en cause la liberté et les droits de la personne. Il requiert amour, mais aussi que chacun ait conscience de ses devoirs à l'égard de tous. Pour que toutes les convictions, toutes les opinions, toutes les religions puissent coexister...".

    Les Français sont "un peuple laïque, mais respectueux des religions et marqué par son histoire religieuse (à souligner -AV)... Ne craignons pas d'affirmer l'existence d'une éthique universelle... Elle est un humanisme. Elle est de tous les peuples, de toutes les nations, de toutes les religions, car aucune religion ne s'est construite sur l'anéantissement des hommes, leur indifférenciation, le refus de les voir accéder au beau et au bien...".

    Morale, éthique, religion, âme, amour, beau, bien, nous revenons au langage de l'élite humaine, aux sources de l'humanisme universel religieux et laïque, mais en tous cas affirmant la transcendance de l'homme, possédant une conscience, qui est l'éternelle boussole de l'élite.

    Les élites peuvent-elles pervertir l'intelligence ?

    Il ne suffit pas même d'être "l'aristocratie de l'intelligence", comme disait Ernest Renan, pour être l'élite. Il faut surtout appartenir à la noblesse morale et à celle du cœur, de l'esprit et de l'âme. Sans cela, les élites elles-mêmes, conservatrices ou progressistes, dans tout système idéologique, politique, économique et social, et à tous les niveaux de réflexion et d'action, peuvent pervertir ce qu'elles touchent, comme peuvent le pervertir aussi les masses, soit incultes et immorales, soit que des élites cultivées, mais immorales, auront démoralisées.

    La démocratie, comme la religion, ne sont pas à l'abri de perversions intellectuelles, socio-culturelles et politiques. L'une peut dégénérer en démocratie totalitaire, et l'autre en religion fanatique. Totalitarisme et fanatisme ne sont pas forcément le fait de peuples - ils le sont même rarement -, mais plutôt d'idéologues, d'inquisiteurs (ou rabbins, mollahs etc...), de dirigeants de toute sorte, donc des élites intelligentes et/ou puissantes, qui recourent à toute la panoplie de systématisation, de captation mentale, d'éducation, de mobilisation, d'organisation, de manipulation, y compris, parfois, des populaces.

    Les populaces ne sont pas le peuple, encore moins la nation. Il s'agit de fragments de foule qui perdent leur conscience, leur raison, leur dignité et leur cœur au point d'agir de façon dégradante et inhumaine. Des populaces sont un instrument de choix des régimes totalitaires et fanatiques. Mais, il y a aussi des populaces dans des systèmes parfaitement démocratiques. Là aussi, c'est la culture, le système d'éducation, d'information, la justice et le gouvernement d'un pays où sévissent des populaces qui sont en défaut, c'est à dire ses élites. En France, on appelle parfois ces populaces "les jeunes" (de 12 à 30 ans ou plus!)! C'est une désinformation socio-politique qui crédite ce genre de populace du doux qualificatif de "jeune", lui enlevant, ainsi qu'aux gouvernants, toute chance de réfléchir sur la réalité. On dirait qu'il faut, au contraire, adapter le discours à une assimilation idéologique "collectiviste de masse" ("les" jeunes, comme meute) de la démocratie. Alors que la vraie démocratie consiste en réalité à donner une chance égale à toute personne individuelle de devenir élite pour former d'authentiques élites dirigeantes et une société saine de citoyens libres, égaux et responsables.

    Le nivellement par le bas en guise de démocratie est pratiqué par des systèmes totalitaires, qui justifient leur totalitarisme et leur nécessaire répression par le besoin de discipliner une masse, incapable (en réalité privée de la capacité) d'auto-discipline personnelle élitaire, garante de la liberté et des libertés civiques, mais aussi de la sécurité des personnes, de la santé, de l'hygiène et de l'ordre publics.

    Démission des élites et massification du monde

    Dès 1946, Georges Bernanos, dans un cycle de conférences aux "Rencontres de Genève", avait mis en garde les élites politiques et intellectuelles, qui assimilaient la "démocratie populaire" de Staline à la démocratie et se livraient à une confusion de concepts philosophiques et humains catastrophiques pour une partie du monde, contre leur erreur ou leur hypocrisie, et contre leur suffisance:

    "Non! Je ne suis pas dupe de cette sollicitude des nouvelles élites démissionnaires pour les masses. Tous ces gens-là proclament aujourd'hui l'avènement des masses, mais c'est pour ne pas avouer qu'ils renoncent envers elles à des devoirs trop lourds. Ils proclament l'avènement des masses, faute de se sentir la force et le courage d'en faire autre chose que des masses...

    "La civilisation existe précisément pour qu'il n'y ait pas de masse, mais des hommes assez conscients pour ne jamais constituer des masses, même s'ils sont entre eux rassemblés... Le monde moderne honore les masses, il n'est pas loin de les adorer. En les adorant, il s'adore et se divinise lui-même parce qu'il se reconnaît en elles. Oui, dans les masses travailleuses, par exemple, ce n'est pas la misère ou le travail qu'il glorifie, mais la masse, le Total, le Total sacré, dont la civilisation totalitaire porte le nom trois fois saint. Le monde moderne a laissé se former un type d'hommes chez lesquels le plus grossier instinct social s'est développé pathologiquement au dépens du sens social, du génie social: d'hommes qui s'agglutinent par une espèce de nécessité physique, soit pour se tuer entre eux, soit pour jouir ensemble, qui sont ainsi forcés de mettre en commun ce qui leur reste de haine ou d'amour...

    "Nazi ou marxiste, l'homme à la mitraillette, l'animal totalitaire, l'instrument de précision du parti unique, et dont la conscience est aussi facile à manoeuvrer que le mécanisme soigneusement graissé de son arme, ne ressemble nullement aux haillonneux insurgés des faubourgs... Pour que de tels êtres apparussent dans le monde, il n'eut pas suffi d'un monde injuste, il fallait qu'y fut profondément dégradée la notion du juste et de l'injuste, et une telle dégradation était l'œuvre d'intellectuels."

    Aboutissement de la convergence Est-Ouest et globalisme

    Cette analyse qui date d'un demi siècle n'a pas pris une ride et définit toujours en partie la situation actuelle. La convergence Est-Ouest entre le communisme et le libéralisme matérialistes qui s'ébauchait alors inspira à Bernanos une conférence prophétique en 1947, à Genève, un an avant sa mort. On tente toujours de faire oublier que la Guerre froide fut postérieure à 1947, et qu'elle fut précédée d'une phase de convergence très avancée, qu'il a suffi de reprendre et de poursuivre dans les années 1970-1980-1990-2000. On le voit encore plus clairement à la lumière des événements de l'automne 2001, qui vont peut-être asseoir la domination du globalisme, aboutissement de la convergence Est-Ouest.. Mais, revenons à 1947 et à l'avertissement de Georges Bernanos à Genève:

    "La menace qui pèse sur le monde est celle d'une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, sous un nom ou sous un autre, qu'importe! De l'homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité... Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l'hitlérisme, que le monde moderne n'en poursuivrait pas moins son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semblent aspirer les démocraties elles-mêmes...

    "Qu'est-ce qui pourrait bien rester de l'homme?... Il est englobé (l'homme englobé du globalisme - AV) corps et âme dans l'économie, c'est l'apparition réelle d'une nouvelle espèce d'homme, l'homme économique, l'homme qui n'a pas de prochain, mais des choses... Il s'agit de savoir si la technique disposera corps et âmes des hommes à venir, si elle décidera, par exemple, non seulement de leur vie et de leur mort, mais des circonstances de leur vie, comme le technicien de l'élevage des lapins dispose des lapins de son clapier... (on ne saurait nationaliser facilement l'industrie de la reproduction, à moins qu'on ne réussisse à mettre les marmots en bouteilles, tentait de se rassurer Bernanos, qui avait ainsi, sans le savoir, pressenti la FIVette. Renouant d'ailleurs avec les "bébés en flacons" de l'eugénisme darwinien analysé par Aldous Huxley dans "Proper Studies", traduit en français sous le titre "Le plus sot animal", éd. La Jeune Parque, 1945 - AV).

    "Le spéculateur se fait une certaine idée de l'homme. Il ne voit en lui qu'un client à satisfaire, des mains à occuper, un ventre à remplir, un cerveau où imprimer certaines images favorables à la vente de produits (ou d'idées -AV)... Votre pensée n'est plus libre. Jour et nuit, presque à votre insu, la propagande, sous toutes ses formes, la traite comme un modeleur le bloc de cire qu'il pétrit entre ses doigts... Si l'on me demande quel est le symptôme le plus général de cette anémie spirituelle, je répondrai certainement: l'indifférence à la vérité et au mensonge...

    "La formation de l'homme totalitaire précède la formation du régime totalitaire. Evidemment, l'espèce de citoyen dont je viens de parler est plus commode à manier qu'une autre, et les démocraties trouvent que c'est là un matériau humain qui facilite grandement leurs expériences de dirigisme ("dirigeance"! - AV) les plus absurdes, pour ne pas dire les plus désespérées. Les démocraties, à coup de règlements contradictoires, sont en train de créer tout doucement un type d'homme parfaitement adapté d'avance aux dictatures... Ce que j'espère ? Une mobilisation générale et universelle de toutes les forces de l'esprit, dans le but de rendre à l'homme la conscience de sa dignité...".

    C'est à dire un sursaut de l'élite en tout homme. Et non le nivellement moral et culturel, voire politique, où l'on a tendance à voir la solution de facilité de l'édification d'une société ouverte par le globalisme. Celui-ci est, encore une fois, convergence idéologique du matérialisme marxiste et libéral, et non seulement une globalisation ultra-libérale. L'éducation et la culture ne peuvent pas renoncer, comme elles l'ont partiellement fait depuis 1968, au moins en France, aux Etats Unis, mais aussi dans d'autres parties du monde, à forger chez l'homme ce qu'il a de meilleur, à lui inculquer la responsabilité élitaire de faire le bien et d'éviter le mal. On ne peut renoncer à ce que l'on appelait jadis, même parmi les laïcs endurcis "l'édification de l'âme" (lisez "Cuore" d'Amicis). Ce qui est animé est vivant. Ce qui est inanimé - sans âme - est mort. Des hommes sans âme et des sociétés sans élite annoncent la mort des civilisations par cette "culture de la mort" et la fascination du mal contre lesquelles ne cesse de mettre en garde l'élite humaine. Les élites peuvent se reconstituer, à condition que l'élite demeure; que le concept d'élite ne soit pas perverti ou effacé. L'élite ouvre au bien et conserve le bien, elle ferme au mal ces portes que le mal ancien ou moderne ne peut franchir.

    "L'homme moyen n'est nullement orgueilleux de son âme, disait encore Bernanos, il ne demande qu'à la nier... Il croit découvrir qu'elle n'existe pas, avec une sorte d'incompréhensible fierté. L'inquiétude métaphysique chez l'homme moyen, est presque tout entière dans cette négation sournoise, cette feinte, ces mille ruses qui ne tendent toutes qu'à déposer quelque part, n'importe où, cette âme, ce fardeau, cette conscience harassante du bien et du mal. Pourvu que cette âme n'existe pas! Si elle existe, par malheur, pourvu qu'elle ne soit pas immortelle! Bien loin d'être la consolante illusion des simples, des ignorants, la croyance à la liberté, à la responsabilité de l'homme, est tout au long des millénaires la tradition des élites (terme pluriel que l'écrivain utilise au sens que nous donnons à l'élite - AV)...". (Cf. Georges Bernanos, "La Liberté pourquoi faire?", éd. Gallimard, 1995)

    Alexandra Viatteau Lire la deuxième partie de ce texte d'Alexandra Viatteau

    Ecrire à l'auteur : Alexandra Viatteau, cours sur la Désinformation (Journalisme européen), Université de Marne-la-Vallée, Département des Aires culturelles et politiques, Cité Descartes, 5 boulevard Descartes, Champs sur Marne, 77454, Marne-la-Vallée, Cedex 2, France.

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  • la francafrique !!!!!!!

    BOB A SAVOIR.. voilà le genre de manipulations que les algériens ont eu de la part des voyous du pouvoir d'Alger et qui peuvent se répéter. Dans le cadre de la Françafrique la france a utilisé aussi ce genre de manip.------- Les dix stratégies de manipulation de masses Share | par Admin | Catégorie : A lire | 9 commentaire(s) Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Nous la reproduisons ici. Elle détaille l’éventail, depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie de la dégradation jusqu’à maintenir le public dans l’ignorance et la médiocrité. 1/ La stratégie de la distraction Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » 2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple : laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics. 3/ La stratégie de la dégradation Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement. 4/ La stratégie du différé Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu. 5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » 6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements… 7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » 8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte… 9/ Remplacer la révolte par la culpabilité Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution !… 10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. Noam Chomsky

  • BÉJAÏA Affrontements entre manifestants et la police à Amizour



    La ville d’Amizour a renoué avec les scènes de trouble, en début de soirée jeudi passé, a-t-on appris de source locale.
    Un groupe de jeunes insurgés a pris d’assaut le siège de l’APC en l’arrosant de pierres et autres projectiles. L’intervention des forces de l’ordre qui ont usé de tirs de gaz lacrymogène pour disperser la foule en furie a donné lieu à de violents affrontements entre les manifestants et la police, a précisé notre source. Il aura fallu l’intervention d’autres citoyens de la localité pour apaiser les esprits des jeunes révoltés et ramener le calme. A l’origine de ces heurts, croit-on savoir, la dégradation du cadre de vie, le manque de logements, le chômage, etc.
    A. K.

    le soir d'algerie

  • très bon article:à lire

    Révolte dans le Monde Arabe : les leçons de l’Algérie post-octobre 1988

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    L’actualité chaude au monde arabe s’est invitée jeudi dernier à l’université du Québec à Montréal  lors d’une conférence organisée par l'Observatoire sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et par la la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques.

    Miloud Chennoufi,  professeur au Collège des forces royales de Toronto a mis en garde l’opposition tunisienne contre les risques de cette période de transition après la chute de Benali.  "Les luttes intestines au sein de l’opposition vont profiter au régime", a tenu à souligner celui qui a exercé le métier de journaliste en Algérie.  

    Il a rappelé qu’en Algérie post-octobre 1988, l’ouverture démocratique n’a pas été exploitée pour la mise en place d’institutions de transition pouvant mener à un apprentissage démocratique. Les partis se sont lancés rapidement dans une bataille sur des projets de sociétés. Plusieurs erreurs ont été "sciemment" commises par le pouvoir dont la légalisation de partis islamistes radicaux, rappelle celui qui pense que la légalisation de partis islamistes modérés aurait suffi. 

    Le pouvoir algérien, machiavélique qu’il est, croyait qu’en autorisant les partis islamistes radicaux, l’attention allait se polariser sur eux et les gens finiraient par lui revenir. Ajouté à cela un mode de scrutin qui a fait que 3 millions de voix sur 13 millions d’inscrits ont permis un raz de marrée islamiste lors des élections législatives de 1991. 

    La suite, tout le monde la connait : le retour de l’armée aux affaires et un régime similaire à celui de Moubarak en Egypte (capitalisme prédateur, corruption, de plus en plus de misère…). Pour Miloud Chennoufi qui rejette et la laïcité jacobine et l’islamisme radical, des islamistes  "fréquentables" existent et se recrutent chez les frères musulmans progressistes ou chez ceux qui gouvernent en Turquie présentement. 

    Analysant l’actualité et l’épouvantail islamiste brandi par les média occidentaux, Miloud Chennoufi dit que ceci ne vient pas de nulle part. Le fond de la pensée occidental est simple sur le sujet : dans les pays arabes c’est soit la dictature ou la théocratie. 

    Samuel Huntington, l’auteur du Choc des civilisations, la résume bien en affirmant que "dans le monde arabe, on ne trouvera pas un seul journaliste ou universitaire  qui défendra les valeurs démocratiques". 

    De son côté le tunisien d’origine Kamel Béji, économiste et professeur de politiques publiques à l’université Laval est revenu sur le "miracle" économique tunisien durant les 23 années de règne de Benali. Il a souligné que ce "miracle" a été possible parce que, entre autres, tous les voisins de la Tunisie traversaient des crises (guerre civile en Algérie, embargo sur la Libye et transition au Maroc). Mais ce miracle ne profitait pas à tout le monde au pays de Bourguiba.

    Nationaliser tous les acquis du clan Benali-Trabelsi,est l’une des actions préconisées par celui qui dit être content à l’idée de "ne plus avoir peur comme auparavant à chaque fois qu’il rentrait en Tunisie que l’agent de la police des frontières le trouve fiché  pour un paragraphe critique sur une quelconque politique de Benali qu’il  aurait écrit dans une thèse !".

    Rachad Antonius, né en Egypte et professeur en sociologie, a rappelé que l’apprentissage de la mobilisation dans sn pays d'origine ne date pas des évènements actuels et qu’à titre d’exemple en 2008 sur Facebook un appel à la grève générale a été lancée pour le 6 avril. Ce jour là, il n’y a pas eu de grève mais le pays était pratiquement à l’arrêt.

    Le rôle que peut jouer la diaspora ? "Aucun sauf le soutien", affirme Miloud Chennoufi.  "Le changement viendra de l’intérieur. La diaspora suivra et sera à la disposition de cette dynamique", a-t-il ajouté. Pour Rachad Antonius, au Canada, "la diaspora peut compter sur la société civile mais pas sur les gouvernements occidentaux qui continuent à entretenir des rapports coloniaux avec le monde arabe". 

    A noter que les interventions du public étaient d’un niveau inégal. Certains présents originaires de Tunisie, visiblement pas encore revenus d’avoir renversé Benali dont le nom n’est jamais cité directement, ont tiré le débat vers le bas en confondant débat universitaire public et forum populaire.

    Samir Ben
  • la main de l'étranger ou la main de boutef et toufik par anticipation!!!!


    Marche du 12 février : "Aucun refus jusqu'à présent" de la part de la wilaya d'Alger

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    Dans une déclaration reprise par l'APS, Mustapha Bouchachi, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), et l'un des initiateurs de la marche du 12 février, a fait savoir que "jusqu' à présent, il n'y a pas eu de refus pour organiser notre  marche de la part de la wilaya d'Alger". 

    D'autre part, la wilaya d'Alger a demandé aux initiateurs de cette marche "de reformuler la demande", révèle ainsi Mustapha Bouchachi. Ce dernier a tenu à préciser que la levée de l'état d'urgence "n'était pas le but essentiel" des initiateurs de la marche. 

    "Comment peut-on lever l'état d'urgence et isoler Alger des autres wilayas du pays?", s'est interrogé par ailleurs le président de la LADDH qui ne voit aucune justification à " l'interdiction de l'organisation de marches pacifiques". 

    Pour rappel, dans un entretien accordé à El Watan et paru dans notre quotidien Le 01 février, Mostefa Bouchachi  a affirmé que la marche du 12 février prochain est maintenue quelle que soit la décision de la wilaya d’Alger et du ministère de l’Intérieur.  

    Dans cet entretien, il avait expliqué également "qu'il n’y a aucun texte de loi qui interdise une marche dans n’importe quelle wilaya, qu’elle soit Djelfa ou Alger. Toutes les wilayas du pays sont des wilayas d’Algérie".

    "De ce fait, le système politique, représenté par un groupe de ministres, ne peut pas demander à des jeunes, nés et grandis sous état d’urgence, de présenter leurs revendications de manière pacifique", a-t-il relevé.  

     

     

    Abderrahmane Semmar
  • En Egypte, dans les coulisses, la politique reprend ses droits, suivez al djazira inter for the people english,les autres la normale sur astra et hotbird en + live ,direct news

    les commentaires svp sont ouverts n'importe quelle langues internationales!!! commentez

    Une manifestante égyptienne place Tahrir, le  4 février 2011.
    Une manifestante égyptienne place Tahrir, le 4 février 2011.
    AFP/PATRICK BAZ
    Par RFI

    Toute la journée, ce vendredi 4 février 2011, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues du pays pour réclamer une nouvelle fois le départ du président Moubarak et la formation d’un gouvernement de transition. Contrairement à ce qui s’était passé mercredi et jeudi, les manifestations se sont déroulées dans le calme même si dans la soirée il y a eu des échanges de tirs sur la place Tahrir selon l’AFP. Parmi les manifestants, des responsables politiques comme le secrétaire général Amr Moussa. Et dans les coulisses, l'organisation politique de la transition se discute.

    Avec nos correspondants et envoyés spéciaux,

    Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, le 24 septembre 2010, à New York.
    REUTERS/Chip East
    Le secrétaire général de la Ligue arabe qui rejoint une manifestation hostile à un des régimes dont son organisation dépend, c’est du jamais vu ! Mais Amr Moussa est un personnage charismatique de la scène politique égyptienne et sa popularité reste forte. Il s’est dit prêt à être un acteur dans la transition de pouvoir mais a estimé qu’il fallait rétablir le calme pour passer à l’étape suivante.

    C’est un point de vue que partagent la plupart des partis d’opposition laïcs qui pensent que pour récolter maintenant les fruits de la fronde, il faut négocier avec le gouvernement un changement de constitution avant d’aborder les présidentielles. La constitution actuelle rend quasiment impossible la participation de candidats indépendants à la course au poste suprême. Elle exige l’aval d’un grand nombre d’élus au Parlement, au

    Notre dossier spécial
    Sénat et dans les conseils régionaux, des assemblées où le parti du président Moubarak règne en maître.

    Les partisans de la négociation veulent aussi des garanties de transparence des élections comme une supervision des magistrats et de l’ONU. Reste à convaincre les manifestants de quitter la rue ce que pour l’instant ils refusent, tout comme le président Moubarak de se désister.

    Pour les Frères musulmans, le départ de Hosni Moubarak est un préalable

    Depuis une semaine, sur la place Tahrir, le carré des Frères musulmans augmente de surface au fil des jours et des manifestations. Des manifestants qui prient en dehors des heures de prières, tandis que les autres participants restent debout ou assis. A Alexandrie, fief de la confrérie, les Frères musulmans étaient prédominants dans la manifestation qui s’est déroulée autour de la mosquée Qaëd Ibrahim.

    Même s’ils s’en défendent les Frères musulmans ont pris le train de la contestation en marche. Désormais ils sont de plus en plus présents : une présence qui a forcé le gouvernement à les inclure dans les éventuelles négociations, même si la confrérie reste officiellement interdite. Les Frères musulmans ont le sentiment que la révolution peut aboutir et qu’ils seront alors les mieux placés. La confrérie est donc intraitable : elle ne négociera que quand le président Moubarak sera parti.

    Une position que partagent une partie des jeunes mobilisés sur le réseau social Facebook ainsi que l’opposant Mohammed el-Baradei.

  • Le "jour du départ" a mobilisé des centaines de milliers de personnes

     

    Egypte :

     

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    Des manifestants, au Caire, le 4 février 2011

    Des centaines de milliers d’Egyptiens sont descendus dans les rues, vendredi 4 février 2011, pour réclamer le départ du président, Hosni Moubarak, au onzième jour des protestations. Le Caire était noir de monde, mais en province ils étaient également nombreux à avoir répondu à l’appel à la mobilisation : ils étaient des dizaines de milliers à Alexandrie, Mansoura et Louxor, selon des sources de sécurité.


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    Egypte

    La manifestation se déroulait dans le calme au Caire. Les partisans du président, à l’origine de violents affrontements, mercredi 2 février et jeudi 3 février 2011, qui ont fait 8 morts et 915 blessés, selon le ministère de la Santé, n’étaient pas visibles aux abords de la place, où l’armée avait déployé des dizaines de véhicules pour créer une zone tampon. Sur la place Tahrir, des dizaines de milliers de manifestants ont participé à la prière hebdomadaire. Après la prière, les manifestants ont scandé "Irhal, irhal" ("Dégage, dégage") à l’adresse de Hosni Moubarak. Les manifestants ont reçu la visite du secrétaire général de la Ligue arabe, l’égyptien Amr Moussa, très populaire dans son pays, venu pour aider à "l’apaisement", selon son bureau. Dans la matinée, il n’avait pas exclu de se présenter à la succession de M. Moubarak, qui a dit ne pas vouloir briguer un nouveau mandat. Le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, s’est lui aussi rendu sur la place dans la matinée pour évaluer la situation. C’était la première visite d’un haut responsable du régime depuis le début de la contestation. "L’homme vous a dit qu’il n’allait pas se représenter", a-t-il lancé à la foule à propos de M. Moubarak. Les violences envers les journalistes continuent, comme en témoigne Benjamin Barthe, envoyé spécial du Monde sur place. Des dizaines de journalistes étrangers ont été battus, interpellés ou intimidés ces deux derniers jours. La chaîne satellitaire qatarie Al-Jazira, qui couvre les manifestations de manière intensive, a annoncé que son bureau du Caire avait été saccagé par des inconnus.

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    Des manifestants se détendent, au Caire, le 4 février 2011

    Dans une interview à la chaîne de télévision américaine ABC, Hosni Moubarak a dit qu’il "en avait assez d’être président", mais qu’il ne pouvait quitter son poste "de peur que le pays ne sombre dans le chaos". Le guide suprême des Frères musulmans, principale force d’opposition, Mohammed Badie, a déclaré être prêt au dialogue avec le vice-président, Omar Souleiman, mais uniquement après le départ de M. Moubarak. Et il s’est dit favorable à une "période transitoire que dirigera le vice-président".

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    Des manifestants, à Alexandrie, le 4 février 2011

    La communauté internationale continue de faire pression sur le président égyptien. Les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne ont demandé que la transition démocratique en Egypte commence "maintenant" et ont menacé à demi-mot de revoir leur aide économique si les violations des libertés publiques se poursuivaient, dans une déclaration commune adoptée lors d’un sommet, à Bruxelles. Selon le New York Times, les Etats-Unis discutent avec des responsables égyptiens pour que M. Moubarak cède le pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par Omar Souleiman. De son côté, le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, dont le pays est en froid avec Le Caire en raison de son traité de paix avec Israël, a appelé à un régime islamique en Egypte. Plusieurs manifestations de soutien au mouvement populaire égyptien ont eu lieu un peu partout dans le monde.

    Agence France Presse

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    Des manifestants, à Alexandrie, le 4
  • Egypte : La raison d’être du chaos

     

    Suivi d’un commentaire

     

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    Un manifestant blessé prie, au Caire, le 3 février 2011

    La demande pour un départ immédiat du président, Hosni Moubarak, est un "appel au chaos", a déclaré, jeudi 3 février 2011, le vice-président égyptien, Omar Souleimane, appelant les Frères musulmans, principale force de l’opposition, au dialogue, à la veille de nouvelles manifestations.


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    Egypte

    Des affrontements entre partisans et opposants au président Moubarak ont fait, depuis mercredi 2 février 2011, sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, huit morts, selon un nouveau bilan du ministère égyptien de la Santé, cité par l’agence officielle Mena. L’appel au départ du président Moubarak est un "appel au chaos", a déclaré M. Souleimane, lors d’une interview à la télévision nationale, au 10e jour d’une vague de contestation sans précédent à travers le pays, et à la veille de nouvelles manifestations prévues par l’opposition. Les violences sont le résultat "d’un complot" fomenté par des gens en Egypte même ou à l’étranger, a déclaré M. Souleimane, nommé, samedi 30 janvier, au poste de vice-président, une fonction qui avait été abolie sous la présidence de Moubarak, à la tête de l’Etat. "Il est possible qu’il y ait plusieurs desseins étrangers, ou des Frères musulmans (...) ou de certains partis ou d’hommes d’affaires. La plupart de ceux qui sont toujours à la place Tahrir ont des desseins spécifiques", a-t-il ajouté, appelant l’opposition à quitter cette place emblématique qu’elle détient depuis vendredi 29 janvier, à l’issue d’affrontements meurtriers entre opposants et forces de l’ordre. Le vice-président, ancien chef des puissants services de renseignement, a toutefois appelé les Frères musulmans, bête noire du régime, à un dialogue avec le pouvoir. "Nous les avons contactés, ils ont été invités (...). Ils hésitent", a déclaré M. Souleimane. "Je dis qu’ils hésitent, ils ne refusent pas et il est de leur intérêt de (participer au) dialogue, qui est une occasion précieuse pour eux", a-t-il ajouté. Les Frères musulmans, qui participent aux manifestations anti-Moubarak, sont officiellement bannis de la sphère politique et font régulièrement l’objet d’arrestations, mais sont tolérés dans les faits et disposent d’influents réseaux d’aide sociale. Considérés comme la principale force d’opposition en Egypte, ils avaient remporté 20 % des sièges aux élections législatives de 2005. Ils ont boycotté le second tour des dernières législatives de novembre/décembre 2010 en accusant le régime de fraudes et de violences. La confrérie islamiste a annoncé qu’elle refusait que le président, Hosni Moubarak, reste à la tête de l’Etat jusqu’à la fin de son mandat en septembre. Le chef de l’Etat a affirmé qu’il ne comptait pas se représenter pour un sixième mandat. M. Souleimane a assuré, jeudi 3 février, que le fils du président Moubarak, Gamal, n’allait pas être candidat non plus à la présidentielle. Des conditions et des restrictions sur les candidatures à la présidence sont nécessaires pour que tout le monde soit rassuré à propos du futur dirigeant du pays", a précisé M. Souleimane.

    Agence France Presse

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    Omar Suleiman

    Commentaire

    Le blabla d’Omar Souleimane se distingue par son hypocrisie.

    On mentionnera que cet individu, en tant que responsable des services secrets, était le tortionnaire en chef directement sous les ordres de Hosni Moubarak qui, bien entendu, approuvait ses méthodes. De ce fait, sa prétention de vouloir rassurer "à propos du futur dirigeant du pays" soulève d’évidentes questions quant aux critères envisagés pour sélectionner les candidats à la présidence. D’autant plus qu’Omar Souleimane et Hosni Moubarak, non contents d’être des tortionnaires, ont également favorisé un climat de corruption généralisée et mené une politique délibérée d’injustice sociale, sous prétexte de favoriser la compétitivité de l’économie égyptienne et dans le but d’engraisser l’oligarchie locale sur le dos de la masse de la population. Enfin, l’aspect chaotique de la situation actuelle est délibérément provoqué par eux, puisqu’ils sont derrière les agressions perpétrées par les partisans du régime (essentiellement des policiers et des voyous rémunérés) à l’encontre des manifestants et des journalistes. Autrement dit, là où il y avait des manifestations pacifiques, ils ont créé une logique de guerre civile, après quoi ils viennent se présenter comme des remparts contre le chaos. On relèvera qu’une tactique similaire a été utilisée, en Tunisie, par Zine El Abdine Ben Ali, qui avait lâché contre le peuple des tueurs et des voyous qui assassinaient et pillaient. Cette situation de chaos était ensuite attribuée aux manifestants, en sorte que Zine El Abdine Ben Ali puisse apparaître comme un rempart contre le chaos.

    En réalité, quelle est la raison d’être du chaos ? Quand une situation s’oppose à la logique interne de l’intérêt général -le principe d’organisation de la création-, il se crée un problème fondamental. Ce problème fondamental suscite automatiquement des cascades de problèmes secondaires, qui suscitent eux-mêmes d’autres cascades de problèmes secondaires dans une logique de chaos grandissant. La logique interne du phénomène veut que le problème fondamental, à force de multiplier les cascades de problèmes secondaires, anéantisse l’environnement dont il dépend et s’anéantisse avec lui. Il s’agit donc fondamentalement d’un phénomène d’autodestruction.

    En l’occurrence, le problème fondamental est le despotisme de Hosni Moubarak, avec tout ce qu’il implique de mépris à l’égard de la population. La répression féroce des opposants et la politique d’injustice sociale délibérément menées sont des problèmes secondaires suscités par le problème fondamental. Il en va de même de la corruption, laquelle était censée assurer au régime le soutien de l’oligarchie qui bénéficiait de cette corruption. Tout cela a eu pour conséquence de discréditer le régime en lui faisant perdre toute légitimité aux yeux de la masse de la population. La logique de chaos était à l’oeuvre, mais elle ne se manifestait pas publiquement, puisque l’opposition était muselée par la terreur ou emprisonnée. Dans ce contexte, la révolution n’est pas le chaos mais, bien au contraire, un phénomène visant à rétablir une société conforme à la logique interne de l’intérêt général. Bien entendu, il y a toujours le risque que cette révolution soit manipulée par des extrémistes ou des opportunistes désireux de substituer au despotisme abattu leur propre despotisme, mais un tel dévoiement s’oppose, lui aussi, à la logique interne de l’intérêt général et crée, lui aussi, une logique de chaos.

    On constate qu’en Tunisie le gouvernement provisoire consécutif à la révolution contre Zine El Abdine Ben Ali n’a eu aucune peine à mettre un terme à la logique de chaos, parce qu’il a pris toute une série de décisions fondamentales conformes à la logique interne de l’intérêt général.

    Pour résoudre un problème fondamental, la logique interne de l’intérêt général utilise deux méthodes. D’une part, elle déclenche l’autodestruction du problème. D’autre part, elle se sert d’un problème pour résoudre un problème complémentaire, par symbiose.

    Frank BRUNNER

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    Un partisan du régime capturé par des manifestants, au Caire, le 3 février 2011
  • Egypte : Comment Al-Jazira témoigne de la révolte


    , par Mathilde GERARD avec Zakarya MOUKINE BILLAH

     

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    Vue des locaux d’Al-Jazira au Caire, le 30 janvier 2011

    Brève arrestation de six de ses reporters au Caire, camion satellitaire pris à partie par des manifestants sunnites à Tripoli, au Liban, furie de l’Autorité palestinienne après la publication des "Palestine Papers" révélés par WikiLeaks... La chaîne qatarie d’informations en continu Al-Jazira dérange, et depuis la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali, en Tunisie –qu’elle a intensément couvert malgré les difficultés sur le terrain–, fait peur à de nombreux régimes arabes.


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    Egypte

    La situation est particulièrement tendue en Egypte. Non seulement Al-Jazira n’est plus diffusée par le satellite d’Etat égyptien Nilesat depuis dimanche 30 janvier 2011, mais depuis mardi 1er février et la "marche du million" au Caire, elle connaît des difficultés de transmission sur les satellites Arabsat et Hotbird, l’obligeant à chercher des fréquences alternatives. "Il est clair que certains pouvoirs ne veulent pas que nos images appelant à la démocratie et aux réformes soient accessibles au public", estime la chaîne satellitaire dans un communiqué diffusé mercredi 2 février. Dès la première manifestation en Egypte du 25 janvier, un reporter de la chaîne commentait en direct les brutalités policières contre les manifestants et soulignait : "L’équipe d’Al-Jazira n’est pas épargnée par ces événements. Notre cameraman Mohamed Al-Arabi a été arrêté par la police et s’est fait confisquer son matériel. Les autorités ont saisi ses images qui montrent des accrochages entre les forces de l’ordre et les manifestants." Lundi 31 janvier, six journalistes de la version anglaise d’Al-Jazira ont été brièvement arrêtés par les autorités. L’un d’entre eux, Dan Nolan, a raconté en direct sur Twitter son arrestation : "Nous ne savons pas si nous sommes juste arrêtés ou sur le point d’être renvoyés. Nous sommes six coincés par l’armée, à l’extérieur de l’Hôtel Hilton. Notre matériel a été saisi." Et de préciser, quelques heures plus tard : "Quatre soldats sont entrés dans notre chambre, armés d’AK-47, leurs baïonnettes se balançant négligemment alors qu’ils emportaient les caméras." Mercredi 2 février, lors d’une journée d’affrontements violents entre partisans et opposants au régime, plusieurs journalistes étrangers ont été pris pour cible. Jeudi 3 février au matin, le journaliste d’Al-Jazira Adam Makary racontait sur Twitter : "Des voyous empêchent des étrangers et journalistes d’entrer place Tahrir, j’ai vu des soldats en arrêter certains."

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    Des manifestants, à Alexandrie, le 3 février 2011

    Malgré les difficultés d’opération sur le terrain, Al-Jazira a continué sa couverture des événements en Egypte. Les téléphones de son bureau du Caire ont été coupés ? Les reporters ont trouvé des moyens alternatifs de télétransmission. Des journalistes ont été interdits d’entrée sur le territoire égyptien ? La chaîne a complété ses informations et images par celles envoyées par des internautes via Twitter ou YouTube. Son signal a été brouillé ? Les présentateurs ont précisé sur quelle chaîne satellitaire pouvaient se tourner les spectateurs en cas de transmission interrompue, d’autres chaînes du bouquet Nilesat s’étant montrées solidaires d’Al-Jazira. La chaîne qatarie a fait une force de ses difficultés de production et de diffusion, se présentant comme le chantre de la démocratie face aux régimes autocratiques. Dans une tribune publiée sur le Huffington Post, le directeur général d’Al-Jazira, Wadah Kanfar, précise que le "but ultime" de la chaîne est "de peindre un tableau plus complet des réalités du Moyen-Orient. Nous pensons que bien informée, la population peut faire de meilleurs choix –des choix qui, nous l’espérons, conduisent à un futur pacifique et démocratique". Ces nobles ambitions peuvent toutefois comporter des risques. "Nous devons faire attention, confiait récemment au New York Times Mohammed Krichen, journaliste tunisien d’Al-Jazira. Nous ne pouvons penser que notre rôle est de libérer le peuple arabe de l’oppression. Mais nous ne pouvons pas non plus ignorer les mouvements populaires."

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    Des manifestants, à Alexandrie, le 3 février 2011

    La chaîne, dont la moitié du capital est détenue par l’émirat du Qatar, sert-elle les intérêts de son propriétaire ? Al-Jazira a été lancée, en 1996, dans l’objectif d’asseoir l’influence de ce petit pays, enclavé géographiquement entre deux géants, l’Arabie saoudite et l’Iran. Selon un câble diplomatique révélé par WikiLeaks en décembre, l’ambassadeur américain au Qatar, Joseph LeBaron, écrivait, en juin 2009, que "la capacité d’influence d’Al-Jazira sur l’opinion publique de la région représente un important levier pour le Qatar" et que la chaîne constitue "l’outil diplomatique et politique le plus précieux du pays". Mais le diplomate expliquait aussi dans la même note que "la couverture d’événements au Moyen-Orient par la chaîne est relativement libre et ouverte, bien qu’Al-Jazira se garde de critiquer le Qatar et le gouvernement".

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    Des habitants observent une manifestation, à Alexandrie, le 3 février 2011

    Sur de nombreux dossiers, qu’il s’agisse de la crise politique libanaise ou du blocus de Gaza, Al-Jazira a été accusée d’ouvrir trop fréquemment ses micros aux islamistes –le Hezbollah au Liban ou le Hamas à Gaza. Mais la chaîne diffuse aussi le point de vue officiel et, ces derniers jours, a par exemple donné la parole à des cadres du régime de Hosni Moubarak. Al-Jazira s’est toutefois fait une spécialité de l’usage du polyptyque ("split-screen", ou écran divisé), qui permet d’offrir un contre-point au discours officiel. On a pu voir ainsi sur le même écran des images diffusées par la télévision d’Etat égyptienne, vendredi 28 janvier, montrant une vue tranquille du Caire, la nuit pendant le couvre-feu, juxtaposée à l’image d’un car de police attaqué par une foule de manifestants. La technique de l’écran divisé a également été utilisée pour retransmettre l’intervention de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, le même soir, et contre-balancer ainsi le discours diplomatique, confronté aux images de la rue. Par l’emploi de ces techniques spécifiques (écran divisé, interventions en direct de ses reporters, utilisation de vidéos envoyées par les internautes), Al-Jazira contribue à façonner le récit de cet "hiver arabe". "La chaîne est pourtant "tellement 2005", note l’analyste Marc Lynch, du magazine Foreign Policy. Mais elle est de loin le média le plus regardé et le plus influent du monde arabe." Avec ses 40 millions de téléspectateurs, la chaîne a mis en place un cadre dans lequel peuvent être interprétées les révoltes tunisienne, égyptienne, et peut-être demain algérienne ou yéménite. "Un événement ne parle pas de lui-même, poursuit Marc Lynch. Pour qu’il acquière un sens politique, il doit être interprété et contextualisé. Les Arabes ont collectivement compris que les manifestations [à Amman, Tunis, Sanaa ou Alger] s’inscrivaient dans un récit plus large de contestation populaire des régimes autoritaires arabes et de la diplomatie américaine qui les soutient."

    Mathilde GERARD avec Zakarya MOUKINE BILLAH

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    Une capture d’écran d’Al-Jazira
  • CONFÉRENCE NATIONALE DE LA SANTÉ Les syndicats autonomes se retirent.SAGE DECISION BRAVO.



    Le Syndicat des praticiens généralistes, des spécialistes, des maîtres-assistants, professeurs et docents et le Conseil de l’Ordre des médecins ont décidé de ne pas participer aux travaux de la conférence nationale sur la santé publique. La raison ? Ils refusent de cautionner un travail auquel ils n’ont pas été associés et qui va tracer la politique du secteur pour une trentaine d’années.
    Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le ministre de la Santé reconnaît qu’il a besoin de l’implication du partenaire social pour restructurer le système de la santé publique, en agonie. Pour ce faire, il a réuni, dans le cadre de la première conférence nationale de santé publique, les différents acteurs de la santé pour une concertation autour d’un nouveau plan de santé. Or, les assises de la santé, longtemps revendiquées par le partenaire social pour aborder les problèmes qui secouent le secteur, se feront finalement sans les principaux concernés. Les syndicats autonomes des médecins généralistes, spécialistes et des hospitalo-universitaires ainsi que le Conseil de l’ordre des médecins ont décidé de boycotter les travaux de cette conférence. Ces derniers sont catégoriques. «Nous n’allons pas cautionner un projet aussi important sans l’avoir au préalable consulté pour faire des propositions.» Ces syndicats ne contestent pas la démarche en elle-même de la refonte du système de santé mais plutôt la manière de faire du ministre. Alors qu’ils devaient discuter en ateliers d’un avant-projet de loi sur la santé publique préparé par le département de la Santé, ces derniers ont été surpris d’apprendre que leur travail consistera à remplir un questionnaire. Il n’est pas question déclarent les différents syndicats de «participer à cette mascarade. Il s’agit de l’avenir de la santé des Algériens et il est inacceptable de prendre ce projet à la légère». D’autant, poursuivent-ils, que le ministère a déjà préparé un avant-projet de loi sur la santé qu’il refuse de soumettre aux syndicats pour concertation. «De quoi ont-ils peur ?», s’interrogent les syndicalistes. «Le ministre lui-même a avoué que le projet est fin prêt depuis le mois d’octobre dernier. Quel est l’intérêt de notre participation à cette conférence si ce n’est de valider un travail déjà ficelé», a dénoncé le professeur Djidjli, représentant des hospitalo-universitaires. De son côté, le docteur Youcefi, représentant des médecins spécialistes, est tout aussi catégorique : «nous ne pouvons être mis devant le fait accompli. Il ne s’agit pas d’un projet scientifique sur lequel nous pouvons émettre des propositions constructives, mais dans l’intérêt de la santé, on ne peut cautionner cela». Le président du conseil de l’ordre des médecins, le docteur Bekkat, enchaîne dans le même sens : «Nous avons été invités pour faire de la figuration et ces pseudo-travaux ne déboucheront sur rien.» Le Docteur Merabet, président du Syndicat des praticiens généralistes, rappelle, pour sa part, qu’il était sceptique bien avant le démarrage de cette conférence, mais qu’«en toute bonne foi, nous avons décidé d’aller jusqu’au bout». Ce dernier aurait préféré l’organisation d’assises régionales avant d’aller vers une démarche nationale sans «pouvoir rien apporter ». Les syndicats, qui ont dénoncé l’exclusion du Syndicat national des paramédicaux de cette conférence, demandent que l’avant-projet de loi sur la santé, préparé au niveau du ministère de tutelle, leur soit soumis pour pouvoir en débattre dans des délais raisonnables. Ces derniers ne comptent pas laisser des personnes étrangères au secteur décider de leur sort. Sans lancer d’ultimatum, ils attendent la réaction du ministre avant d’envisager des actions.
    S. A.

  • la marche pacifique,serieux.tout le monde nous regarde,mais apportez vos caméras!!!!

    MARCHE DU 12 FÉVRIER À ALGER
    La manifestation est maintenue


    Les décisions du Conseil des ministres de jeudi n’y changent rien : la marche nationale pacifique à Alger à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) est maintenue.
    Farid S. - Alger (Le Soir) - Les annonces du Conseil des ministres ont raté leur objectif inavoué, à savoir entamer la détermination de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui a décidé d’organiser une marche à Alger. Jeudi, après la réunion du Conseil des ministres, les membres de la coordination, sans tenir de conclave formel, se sont consultés, et chacun a réitéré sa détermination de marcher le 12 février. La coordination milite pour le changement et non seulement pour une levée de l’état d’urgence qui, au demeurant, reste hypothétique. Le rappel du maintien de la décision pourrait être formalisé aujourd’hui, à l’occasion de la réunion du comité d’organisation de la marche, mis sur pied, rappelons-le, vendredi dernier lors de la seconde réunion de la coordination. Le comité, réuni le lendemain, soit samedi, a, tout en arrêtant six mots d’ordre pour la marche, réitéré son appel au peuple algérien, aux partis, syndicats et associations de la société civile à rejoindre la marche. La coordination se réunira, elle, le 9 février prochain, pour mettre au point les derniers détails relatifs à la marche. Il est attendu que d’autres partis, syndicats et associations se joignent à l’initiative. Rappelons que le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales Daho Ould-Kablia avait, dans un entretien au quotidien Liberté, réaffirmé que les marches restaient interdites à Alger. Mercredi, en marge de la session de clôture du Parlement, le vice-Premier ministre, Yazid Zerhouni, a déclaré, pour sa part, que la marche du 12 février serait interdite. Le Conseil des ministres est resté sur le même avis que les deux ministres. «Rein ne l’entrave (marche) dans toutes les autres wilayas, pour autant que les demandes et les conditions exigées soient réunies (…). Certes, la capitale fait exception dans ce domaine pour des raisons d’ordre public bien connues, mais certainement pas pour y empêcher une quelconque expression», a noté le communiqué du Conseil des ministres. La Coordination nationale pour le changement et la démocratie a déposé, mercredi dernier, une demande d’autorisation auprès de la Wilaya d’Alger. Le RCD, qui avait dénoncé la tentative de manipulation de jeunes pour chahuter la marche, a informé, jeudi, que «les jeunes chômeurs interpellés par les services de M. Ould- Kablia durant 4 jours viennent d’être libérés, après avoir été fortement conditionnés, pour s’opposer à la marche du 12 février 2011, initiée par «les ennemis de la nation». La LADDH est inféodée aux Américains, les partis politiques constituent hizb frança, quant au Snapap, il est, rien que ça, financé par les Juifs, qui contrôlent le BIT». Ce même parti affirme que les délais de garde à vue n’ont pas été respectés et que «les chômeurs auraient dû mériter depuis longtemps une attention de la part de l’Etat pour être formés, soignés et, le cas échéant, protégés contre les tentations de la délinquance».
    F. S.

  • H’mimed et la théorie des féculents !

    H’mimed et la théorie des féculents !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : laalamh@yahoo.fr
    Zerhouni à l’APN : «En Algérie, les choses évoluent
    graduellement.» Je suis d’accord avec Nounou !
    Chez nous, les choses évoluent vraiment graduellement.
    D’abord…

    …100 volts. Ensuite 220 volts.
    Ensuite 360 volts. Et enfin, Allah yarham !

    Très sincèrement, je serais passé à côté de cette phrase- là, j’aurais défensivement conclu à la seule conclusion possible : j’ai raté ma carrière ! Non ! Non ! Non ! Ne me dites pas le contraire. Ne me dites surtout pas «mazal el baraka yal hadj !» Ne pas commenter cette phrase-là, je ne me le serais jamais pardonné. D’ailleurs, comment ne pas revenir sur cette pépite, ce joyau taillé par H’mimed ? Impossible. Mes consœurs et confrères ont demandé au Premier ministre de s’exprimer sur les dernières rumeurs faisant état de son remplacement à la tête du gouvernement et d’un remaniement de l’exécutif. Et H’mimed a répondu : «Vous, les journalistes, vous ne savez pas faire la différence entre des lentilles et des haricots !» Voilà ! J’ai cette phrase sur les bras, et il faut que je me démerde avec. Parce qu’attention, je ne suis pas un naïf, moi ! Je sens bien, moi, que derrière cette déclaration, se cache un message codé. Comme ces messages que la résistance française basée à Londres, durant la Seconde Guerre mondiale, diffusait à la radio à destination des maquisards, des moudjahidine de Fafa : «Le bateau rose à trois mâts n’allumera ses moteurs qu’en cas de forte houle», ou encore «La perdrix baguée volera dans le sens du mistral, à moins de croiser des essaims de guêpes folles et enragées.» Je classe la réplique de H’mimed à ce niveau-là de cryptage. Pas moins. Et je vais consacrer ce qu’il me reste de vie à tenter de la décrypter, cette énigme. Je dois procéder par ordre, scientifiquement. H’mimed commentait une rumeur. Et que disait cette rumeur ? Que lui, Si Ahmed, allait être remplacé par Youcef Yousfi, l’actuel ministre de l’énergie scandaleuse. Première question : d’entre les deux, H’mimed et Youyou qui est la lentille et qui est le haricot ? Je suis réellement devant un casse-tête à côté duquel les hiéroglyphes égyptiens passeraient pour une devinette de Pif. Et il faut absolument que je me méfie des raccourcis, des solutions trop évidentes, des explications téléphonées. Et si les lentilles et les haricots ne désignaient ni H’mimed ni Youyou ? Si l’actuel chef de l’exécutif voulait nous désigner en termes voilés les deux produits phares qui seront au centre des prochaines émeutes sanglantes en Algérie ? Rappelez-vous ! Lors du premier épisode des émeutes, fin décembre, début janvier, l’huile et le sucre étaient en vedette. Cette fois-ci, les guet-stars, ce seraient les lentilles et les haricots. Pourquoi pas ! Dès lors, il faudrait donc que nous, journalistes, allions fouiller, fouiner du côté des lobbys algériens des féculents. Piste intéressante, mais semée d’embûches, de pièges pouvant vous… péter à la figure au moindre faux pas. Les lentilles et les haricots, c’est un monde où l’on ne parle qu’un seul langage, celui des calibres. Vérifiez par vous-mêmes, c’est toujours mentionné sur les paquets. Et rappelez-vous surtout d’une chose, lorsqu’on veut signifier à quelqu’un que c’est la fin pour lui, généralement, généralement-major même, on lui lance à la figure cette réplique : «pour toi, c’est la fin des haricots ». C’est une explication tentante. Pour les haricots, bien sûr. Mais alors, et les lentilles ? Qu’est-ce que j’en fais, moi, des lentilles ? Je ne vais tout de même pas les fumer pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue !
    H. L.

  • sougueg fareregh rouh t'rouh ,quitte la ville , retourne chez toi!!!!!

    Émeutes en Algérie : "ces dépassements sont regrettables", affirme Abdelaziz Bouteflika

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    "Aucune revendication ne saurait autoriser l'atteinte aux personnes  et aux biens. Ces dépassements sont regrettables. Ils surviennent alors que  le pays n'a jamais autant réalisé pour rattraper ses retards et répondre aux  diverses attentes sociales de la population", a réagi Abdelaziz Bouteflika, lors d'un Conseil des Ministres tenu jeudi à Alger, à propos des récentes émeutes qui ont ébranlé le pays au début de cette année.  

    Néanmoins, selon le communiqué du Conseil des ministres, le Chef de l'Etat reconnait que "les récentes manifestations sont, sans aucun doute, l'expression d'inquiétudes et d'impatiences chez nos compatriotes".  "Il est donc de notre devoir d'en tenir compte et d'y répondre par des  efforts accrus", souligne-t-il. 

    "II y a quelques années, mon engagement à prendre en charge les attentes  et les espérances de notre peuple comptait déjà comme priorité, la paix, la concorde et la réconciliation nationale. Ces deux exigences vitales se concrétisant  progressivement, l'horizon nouveau étant la relance du développement", relève encore Abdelaziz Bouteflika. 

    Le Chef de l'Etat a également demandé à ses ministres de "répondre aux besoins de notre peuple avec une prise en charge  affinée des urgences et une qualité de service et de prestations publiques meilleures,  et de rassurer aussi nos compatriotes, face aux effets de la crise économique  mondiale".  

    Selon les dépêches de l'APS, "le président de la République s'est incliné à la mémoire  des victimes des récents troubles" avant d'entamer  les travaux du Conseil des Ministres "par un examen des évènements survenus dans le pays". 

    Abderrahmane Semmar
  • la politique de la terre brulée 2011,dictateurs périmés !!!!!

    L’insoutenable odeur putride du dictateur
    qui n’en finit pas de finir !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : laalamh@yahoo.fr
    Algérie. Marche du 12 février prochain. La demande d’autorisation
    a été déposée hier. Et le ministère de l’Intérieur a répondu
    «Non !»…

    … avant-hier !

    Que c’est moche un dictateur qui s’accroche à son trône. Il s’en dégage une odeur insoutenable de putréfaction. De ces odeurs qui vous prennent à la gorge et qui n’incitent qu’à foutre le feu purificateur dans le tas, afin de débarrasser la terre de ses relents infects. On pense que l’immonde potentat va ramasser ses affaires, ses couches 3e âge et enfin rentrer chez lui, dégager de là, et lui, non. Lui rampe presque aux pieds du fauteuil, s’y agrippe avec des doigts encore rougis par le sang des répressions qu’il a ordonnées et crie que combattant hier, il demeure combattant aujourd’hui et ira au bout. Au bout de son peuple ? Impossible mission, guerre perdue d’avance. Que c’est pitoyable un dictateur qui ne comprend pas les cris de la rue. Qui fait semblant de ne pas les comprendre. Il se fait appeler par les grands de ce monde, se fait sermonner, raccroche le téléphone, essuie sa face encore enduite d’urine et revient se planter devant «ses administrés» pour leur dire qu’il ne lâche pas. Qu’il ne lâchera pas encore. Qu’il ne veut pas lâcher. Bon Dieu ! Il y a de la limace diarrhéique dans un dictateur qui s’accroche à son trône. Les traces d’incontinence appellent furieusement à la grosse lessive, au nettoyage sévère. Les bennes à ordures sont déjà là, les serpillières, les bidons de détergents et les jets à grande pression en position, et lui, le dictateur, pleurniche qu’il ne veut que le bien de son pays, qu’il ne partira qu’avec le sentiment du devoir accompli. Tous les dictateurs de la planète se ressemblent dans leur, hélas, trop lente décomposition mortifère. Ils n’en finissent pas de finir. Ils éternisent leur départ. Ils jouent les prolongations sur des stades jonchés de cadavres, leurs victimes. Dieu que c’est sale un dictateur qui s’accroche aux basques de l’histoire et dont les revers sont autant de gifles qu’il ne ressent même plus tellement ses joues sont flétries, inertes, de l’inertie de la mort proche. Je n’ai qu’une envie, tellement c’est gerbant, c’est d’éteindre cette foutue télévision pour ne plus voir ses flicaillons envoyés par le dictateur foutre le barouf place Ettah'rir, au Caire, et y semer la zizanie, la division. C’est moche, un dictateur qui s’accroche à son trône. Tous les dictateurs de cette terre se ressemblent de mocheté partagée. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

  • encore lui , un fou de chez boutef , arme' , la police ,police secrète ,drs, instances internationales ,obama, sarkozy , tous complices et voyous et baltaguiya.

    Yazid Zerhouni : "En Algérie, les choses changent graduellement"

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       	Yazid Zerhouni a affirmé mercredi à l'APN que les situations en Egypte, Tunisie et l'Algérie n'étaient "pas similaires".     

    zoom | © D.R

     

    Pour le vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni, aucun parallèle ne peut être établi entre la Tunisie, l'Egypte et l'Algérie. "les situations dans les trois pays ne sont pas similaires", a-t-il fait savoir à la presse en marge de la cérémonie de clôture de la  session d'automne de l'Assemblée populaire nationale (APN).

    Selon Yazid Zerhouni, l'Algérie  a accompli de nombreux progrès qui lui permettent de se prémunir contre un mouvement de contestation sociale et politique. Et pour cause, "au niveau des politiques sociales, l'Algérie est le pays où les transferts sociaux sont les plus élevés au monde", a-t-il souligné devant des journalistes présents à l'APN.  

    "Deux millions de logements  ont été construits. Il y a 10 millions d'élèves dans les différents paliers de l'enseignement et 1,5 million d'étudiants", a-t-il ajouté pour convaincre ses interlocuteurs de la justesse et l'efficacité des politiques publiques initiées ces dernières années par les pouvoirs publics. 

    "Il y a des avancées en Algérie, les choses changent graduellement", a encore signalé l'ancien ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Enfin, au sujet de l'autorisation de la marche du 12 février, Yazid Zerhouni n'a pas manqué de rappeler que "les marches ne sont pas autorisées dans la capitale". 

    Abderrahmane Semmar
  • Algérie: l’autre pays du Maghreb sur la sellette

    Photo prise le 7 janvier dernir à Alger.

    Deux jours après la chute de Ben Ali en Tunisie, les yeux se tournent désormais vers le reste des pays arabes et du Maghreb. La révolution des jasmins peut-elle se propager à d’autres pays qui connaissent les mêmes problèmes ? La semaine dernière en Algérie, de violentes émeutes ont secoué le pays. Pendant cinq jours, la jeunesse est descendue dans la rue pour dénoncer ses mauvaises conditions de vie. Mais contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie, le mouvement n’a pas dépassé le stade des émeutes de jeunes. La société civile et les partis d’opposition, que le gouvernement a tout fait pour casser et pour les priver de tous les moyens de lui nuire, n’ont pas rejoint le mouvement. Et le calme est revenu sans apporter le changement politique rêvé par beaucoup d’Algériens.

    Contre les violences, la tactique de la marginalisation

    Petit retour en arrière. Mercredi 5 janvier, des violences éclatent dans la soirée dans le quartier populaire de Bab el Oued à Alger. Des jeunes manifestent contre la flambée des prix de certains produits de base comme le sucre et l’huile qui touche le pays depuis le début de l’année 2001. Un peu plus tôt dans la journée, ce sont plusieurs quartiers d’Oran, la deuxième ville du pays, qui se sont embrasés. Dès le lendemain les émeutes gagnent en intensité et se propagent à une dizaine d’autres villes du pays. Partout le même scenario. Des centaines de jeunes descendent dans les rues et se confrontent violemment à la police et aux forces anti-émeutes qui tentent de maintenir l’ordre. Ils lancent des pierres et s’attaquent aux bâtiments des services publics, aux administrations, mais aussi à certains commerces, notamment ceux qui leur renvoient l’injustice qu’ils vivent au quotidien. Des concessionnaires automobiles et un restaurant à la mode sont saccagés. Ces violences vont durer cinq jours.

    Pour éviter la propagation à d’autres franges de la société, les autorités algériennes tentent de marginaliser le mouvement. D’abord en gardant le silence. Ni le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ni le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ne s’expriment, renforçant par là même le sentiment de divorce avec la population. Le ministre de la Jeunesse, Hachemi Djiar, dénonce lui l’action des jeunes en affirmant que la violence « n’a jamais donné des résultats, ni en Algérie ni ailleurs », et les appelle à « dialoguer de façon pacifique et civilisée, loin des actes de vandalisme qui ne mènent nulle part ». Sur le terrain les policiers reçoivent la consigne de limiter au maximum l’affrontement direct et de ne pas faire de blessés parmi les manifestants. Ils utilisent des gaz lacrymogènes et des balles à blanc. Mais deux jeunes sont tués. L’un touché par un tir à balle réelle et l’autre mortellement blessé après avoir reçu une grenade lacrymogène au visage. Au total, mille personnes seront arrêtées, et huit cents blessées dont sept cents parmi les forces de l’ordre selon les chiffres officiels.

    Une même revendication : plus de liberté

    Les médias publics taisent pendant trois jours ce qui se passe dans le pays. Quand la télévision et la radio d’État évoquent pour la première fois les violences, c’est pour donner la parole aux habitants qui se plaignent des dégâts causés par les manifestants. Mais la presse privée et surtout Internet relaient le mouvement. Sur les réseaux sociaux, les images des émeutes circulent presque instantanément. Des dizaines de « groupes » et de « forums » sont créés, malgré les difficultés que connaissent les internautes pour se connecter. Pendant plusieurs jours, Facebook et Twitter seront ainsi quasi inaccessibles. Une censure qui accroit la solidarité entre Algériens et Tunisiens, qui se battent finalement pour la même chose : plus de liberté. Car aux mots d’ordre initiaux sur la cherté de la vie, ont succédé des revendications plus profondes sur les conditions de vie d’une jeunesse sans espoir ni perspectives d’avenir. « Ces populations expriment des préoccupations non seulement d’ordre social, mais aussi d’ordre économique, culturel, cultuel (…) Aujourd’hui, ce mouvement contestataire multiforme, qui a tendance à se radicaliser et à être de plus en plus violent, se propage dans d’autres régions du pays et touche les petites villes et les localités notamment de l’extrême sud, connues pourtant pour leur calme imperturbable », analyse le sociologue Nacer Djabi.

    Face à cette détresse, le gouvernement ne propose que des mesures économiques et strictement conjoncturelles : des exonérations de charges pour faire baisser les prix de l’huile et du sucre. Pour les Algériens c’est un nouveau scandale. Pour beaucoup, les importateurs et les grossistes, qui ont construit leur richesse par la corruption et le détournement de la manne pétrolière, renforcent encore un peu plus leur position dans un pays qui importe la grande majorité des biens qu’il consomme. D’ailleurs, certains les accusent d’avoir sciemment déclenché ces « émeutes de la faim » pour mettre en difficulté les autorités qui tentent en ce moment de reprendre la main sur le commerce informel qui gangrène l’économie du pays.

    Dans le fond, rien n’est réglé

    Aujourd’hui, le calme est revenu dans le pays mais dans le fond rien n’est réglé. L’émeute semble être devenue le seul moyen d’expression et de rébellion d’une population ignorée de ses dirigeants. Le pays a d’ailleurs connu d’autres mouvements de protestation ces derniers mois, pour réclamer des logements, la construction de routes, etc. À chaque fois, ces mouvements s’éteignent aussi vite qu’ils ont commencé. Difficile alors de croire à un changement imminent. L’opposition a pourtant décidé ces derniers jours de prendre le relai sur le terrain, sans doute piquée au vif par la réussite de la protestation chez le voisin tunisien, souvent moqué de ce côté de la frontière. Mais la situation en Algérie est différente de celle de la Tunisie et la mobilisation est difficile. La population qui a vécu plus de dix ans de terrorisme craint toujours un retour à la violence et une récupération d’un éventuel mouvement par les islamistes. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie, parti laïc dirigé par l’opposant Saïd Sadi, appelle tout de même à une marche samedi prochain à Alger. Une marche que le pouvoir algérien a d’ores et déjà interdite.

    Images CC Flickr magharebia et amekinfo

  • la communauté international est responsable de ce qui se passe au maghreb.

    Si vous ne lisez pas trop la presse, si votre seul mode d’information est le journal de 20 heures ou les flashs radio du matin, vous ne saurez probablement pas de quoi je parle quand je dis : « Ce qui s’est passé à Sidi Bouzid, c’est important. ». Et je ne pourrai pas vous en vouloir, parce que personne ne vous parle de ce qui est sûrement l’événement le plus important de ces vingt dernières années dans le bassin méditerranéen.

    Depuis maintenant trois semaines et l’immolation par le feu d’un jeune vendeur à la sauvette [en], Mohamed Bouazizi, à qui la police avait confisqué ses produits, la révolte gronde en Tunisie. Partie de Sidi Bouzid, ville sans histoire du centre du pays, plus connue pour son taux de chômage spectaculaire que pour quoi que ce soit d’autre, les manifestations et rassemblements de foules commencent à gagner la destination de plage préférée des Français, dans son ensemble, jetant les bases d’une révolte qui, si elle arrive à toucher toute la population tunisienne, pourrait changer la face d’une nation qui ne vit qu’à moitié depuis vingt-trois ans. Depuis l’accession au pouvoir de son président, Ben Ali, et de ses multiples « réélections ».

    La Tunisie, à part Djerba, Nabeul, Hammamet, le club Mickey où beaucoup d’entre vous ont passé un été ou deux, c’est aussi une économie « florissante », basée sur une classe moyenne assez importante et alimentée par une surconsommation générale. Quand on se balade dans les rues de Tunis, sur les bords de mer de Sousse ou dans la zone commerciale du Lac Palace, sur la route de la Marsa ou de Sidi Bou Saïd, il est difficile de réaliser que le fruit est pourri de l’intérieur. C’est parce que les Tunisiens font de leur mieux, depuis des années, pour garder la face. Derrière ces sourires, cette hospitalité, et cette joie de vivre communicative, la réalité est tout autre. Dans un pays qui compte autant de policiers que la France pour une population six fois moins importante (sic), un droit basique, la liberté d’expression, est bafoué chaque jour. Les événements qui secouent la Tunisie depuis trois semaines en sont un exemple criant.

    La fortune de quelques-uns fait le malheur de tout le reste d’une population

    La révolte qui s’organise (et que certains comparent déjà à celle qui, en Roumanie, a mis à terre le régime Ceaucescu, [en]) est le fruit d’une politique d’abandon d’une grande partie du pays par un gouvernement qui veut avant tout contrôler son image et ses relations extérieures. Là ou le littoral et le tourisme sont fortement subventionnés, vitrines qu’ils sont du boom économique et social tunisien, le reste du pays est laissé à l’abandon. Comme dans beaucoup de républiques bananières d’Afrique, la fortune de quelques-uns fait le malheur de tout le reste d’une population. Sauf qu’ici, les grands groupes industriels et commerciaux sont presque tous trustés par l’entourage, la famille et les proches du président Zine El Abidine Ben Ali.

    C’est cette situation, un taux de chômage chez les jeunes diplômés impressionnant, et un bâillon perpétuel posé sur toute voix tentant de s’élever contre le régime en place, qui ont créé la poudrière à laquelle le suicide de Mohamed Bouazizi vient de mettre feu. Ce qui est en train de se passer est historique parce que, pour la première fois, les Tunisiens se soulèvent pour un ras-le-bol général. Ce qui est en train de se passer est historique parce que, pour la première fois aussi, le gouvernement semble dépassé. S’appuyant sur la répression, comme à son habitude, le premier réflexe de Ben Ali a été de faire de cette révolte un événement invisible, instrumentalisé par les « ennemis de la Tunisie ». Pas de média nationaux pour couvrir les évènements, pas, ou peu de médias internationaux, où, comme à leur habitude en Tunisie, intimidés ou étroitement surveillés. Contrairement à l’Iran l’année dernière, il semblerait que la chanson de Gil Scott Heron se retrouve ici confirmée. This revolution will not be televised. [vidéo]

    Les informations, elles, arrivent par Internet. Par les comptes Twitter et surtout Facebook de milliers de Tunisiens qui partagent, sans relâche, des vidéos des manifestations, des rassemblements et de la répression. Là encore, le gouvernement tente d’endiguer le flot d’images pour ne pas écorner la sienne. Que ce soit par des articles sur des médias contrôlés « commentés » par des faux intervenants, ou par un blocage pur et simple des accès internet de la population depuis quelques jours, ou pire, l’accès forcé aux boîtes mails et aux comptes Facebook de centaines d’activistes et d’opposants au régime, la chape de plomb que l’on tente de poser sur ces mouvements populaires est pesante. Anonymous, rassemblement d’« hacktivistes » bien connus pour leur attaque ayant mis hors-service Amazon.com et Paypal.com, punis pour avoir censuré et empêché les paiements destinés à Wikileaks en décembre dernier, ont maintenant tourné leur force de frappe vers les organes de censure d’Internet tunisiens.

    Le silence de la communauté internationale et des médias

    Tout cela se passe à deux heures d’avion de Paris, dans un pays où vous aviez déjà peut-être prévu de passer vos prochaines vacances. Dans un pays où la communauté internationale laisse une classe dirigeante corrompue et avide de gain personnel faire sa loi et renier à sa population ses droits les plus basiques, parce que la petite Tunisie est une amie de longue date. Un pays où mes parents sont nés et où, même si je suis aujourd’hui français, mes racines courent encore profond. Le fait même que je sois parcouru d’une angoisse palpable en appuyant sur le bouton « publier » du blog en dit long sur les méthodes et la situation en Tunisie. La peur des représailles pour dire ce que l’on pense dépasse les frontières. Même dans ce confortable salon du 9ème arrondissement.

    Ce qui importe plus que tout aujourd’hui, c’est que cette révolte à huis-clos ne le soit plus. Que les efforts et les cris des Tunisiens se fassent entendre pour que, lorsque la répression dure arrivera (et elle arrivera), Ben Ali et ses méthodes ne puissent laisser libre cours à leur violence à l’abri des regards indiscrets. Que le poids du regard du reste du monde pèse sur les épaules du gouvernement et donne des ailes aux opposants. Ce qui importe plus que tout aujourd’hui, c’est de prendre tout cela au sérieux, parce qu’il en va de la survie d’un pays, d’une nation, de sa population.

    Nous sommes en train de vivre un moment historique, et il me parait impensable que les principaux médias français ne s’en fassent pas l’écho. Il me paraît inimaginable que France 2, TF1 ou M6 ne soient pas en alerte permanente pour des événements qui secouent un pays qui a donné à la France une partie non négligeable de sa population. Un peuple entier est en train de se libérer. De se lever et de reprendre le contrôle de sa destinée. Un peuple qui en est là aujourd’hui parce que la France coloniale s’est mise sur son chemin, il y a de cela un siècle.

    Et il faudrait faire comme si de rien n’était ?

    Pour information, donc, vous trouverez ci-dessous toute une série d’article exposant au mieux la situation en Tunisie (Merci NaddO_). Informez-vous. Soyez au courant, ne restez pas insensibles :
    How a man setting fire to himself sparked an uprising in Tunisia, The Guardian
    This week in the Middle East, The Guardian
    Tunisia’s inspiring rebellion, The Guardian
    TUNISIA: Dependence on Europe fuels unemployment crisis and protests, LA Times
    La jeunesse défie le président Zine el-Abidine Ben Ali, France 24
    Sidi Bouzid trouve des soutiens jusqu’à Tunis, Jeune Afrique
    Des manifestations contre le chômage secouent la Tunisie, L’Express
    Tunisie : la crise sociale qui s’étend est le revers de la bonne santé économique, Le Monde
    « Les Tunisiens, fatigués d’un pays tenu par quelques familles », Rue 89
    Tunisia uprising vs Iran election aftermath. Similarities and differences, par Octavia Nasr, éditorialiste libanaise

  • DERNIÈRE RÉVÉLATION DE WIKILEAKS Pourquoi les Américains ne lâchent pas Moubarak


    30 Janvier 2011 - Page : 24

    Le 19 mai 2009, l’ambassade des Etats-Unis au Caire rédige un portrait du président Hosni Moubarak, à la veille d’un voyage du Raïs à Washington, selon un télégramme diplomatique révélé par WikiLeaks et consulté par Le Monde.
    Prévue fin mai, cette visite aura lieu, finalement, en août, en raison du décès d’un petit-fils de Moubarak.
    Le Raïs espère tourner une page délicate des relations américano-égyptiennes à la faveur de l’élection de Barack Obama à la Maison-Blanche, ses espoirs seront couronnés lorsque le président américain viendra prononcer au Caire, le 4 juin 2009, son discours à l’attention du Monde arabo-musulman.
    «C’est un réaliste véritable et expérimenté, un conservateur inné et prudent qui n’a que peu de temps à consacrer à des objectifs idéalistes. Il a considéré le président Bush comme un naïf, contrôlé par ses subordonnés et absolument pas préparé à l’après Saddam Hussein et notamment la montée de l’influence régionale iranienne», est-il écrit.
    «Il ne cesse d’assurer qu’à ses yeux l’Irak a besoin à sa tête d’un militaire fort, énergique, mais juste. Nous estimons que cette description renvoie à l’idée que Moubarak se fait de lui-même: un homme fort mais juste, qui assure à son peuple les besoins essentiels.»
    «Rien n’illustre mieux la vision du monde que se fait Moubarak que sa réaction à la demande d’une ouverture de l’Egypte à une compétition démocratique authentique et d’un relâchement du contrôle envahissant de ses services de sécurité (...). Sa compréhension de base de la région le prédispose à une extrême prudence (...). Partout où il a vu des efforts américains (pour encourager les réformes), il pointe du doigt le chaos et la perte de stabilité qui s’en sont ensuivis.»
    Cette précaution s’applique également à son mode de fonctionnement. «Aucun conseiller ou confident ne peut véritablement parler en son nom, est-il aussi indiqué. Il a empêché chacun de ses principaux conseillers de s’écarter de leurs sphères de compétences, délimitée de manière très stricte».
    «Le ministre de la Défense (Mohammed) Tantawi, poursuit le télégramme diplomatique, maintient en apparence les forces armées affûtées, les officiers se satisfont de leurs privilèges et Moubarak ne semble pas s’inquiéter du fait que ces forces ne sont pas très bien préparées face aux menaces extérieures de ce siècle. Le chef des services de sécurité, Omar Soliman et le ministre de l’Intérieur (Habib) Al-Adly maintiennent la bête (le terrorisme) aux abois et Moubarak n’est pas du genre à perdre le sommeil du fait de leurs petites manoeuvres.»
    «Gamal Moubarak et une poignée de responsables s’occupent de l’économie et du commerce, estime le diplomate américain qui rédige ce câble, mais Moubarak s’opposera à toute nouvelle réforme dès lors qu’il la considèrera comme une menace potentielle pour l’ordre public et la stabilité».
    «Moubarak est un Egyptien classique qui hait l’extrémisme religieux et ses interférences en politique. (Il) veut épargner à son peuple les violences que provoquerait, selon lui, le fait de retirer la bride des libertés civiles et individuelles.
    Dans l’esprit de Moubarak, il vaut mieux laisser souffrir quelques individus plutôt que de risquer de plonger la société dans le chaos», conclut le télégramme diplomatique.

    R.N

  • La révolte égyptienne appartient aux jeunes et rien qu’aux jeunes!


    ABDERRAZAK MOKRI ANALYSE LA SITUATION
    «Les Frères musulmans n’ont rien à voir»
    30 Janvier 2011 -

     

    Quel est le rôle des Frères musulmans dans le soulèvement en Egypte? En réponse à cette question, le vice-président du MSP, Abderrazak Mokri, a clairement indiqué: «Non ce n’est pas vrai, ce ne sont pas les Frères musulmans qui dirigent les émeutes, ce sont les jeunes.»
    Il existe trois équations qui font la politique des gouvernements arabes: les gouvernants arabes, les Occidentaux et les islamistes. «Les gouvernants arabes sont arrivés à un degré avancé de corruption, qui choque les Occidentaux», a expliqué M.Mokri. Les Occidentaux réclament des explications à leurs «protégés» -arabes- en déplorant leurs pratiques. Afin de détourner l’attention des Occidentaux, «les gouvernants arabes utilisent les islamistes comme épouvantail», a expliqué M.Mokri, mais sur ce coup, «les manifestations des jeunes ont mis hors jeu la carte de l’épouvantail islamiste». Dans un communiqué, au cinquième jour des manifestations contre le régime du président Hosni Moubarak, les Frères musulmans, principale force d’opposition en Egypte, ont appelé hier à une passation pacifique du pouvoir. Par cette déclaration, les Frères musulmans appuient les propos du vice-président du MSP.
    «Ce sont les jeunes qui se sont révoltés, à leur propre initiative», a constaté M.Mokri, «nous vivons un moment historique, un réveil du Monde arabe, à sa tête la Tunisie suivie par l’Egypte, mené par des jeunes», a-t-il poursuivi. Selon le numéro deux du MSP, les pressions continues sur les jeunes, ont rendu inévitable l’explosion dont nous sommes témoins. «Ni les Frères musulmans, ni les partis politiques et encore moins les Occidentaux ne sont derrière la révolte en Egypte», a affirmé M.Mokri, «ce sont les régimes arabes qui sont soutenus par les Occidentaux, qui disent que les jeunes sont manipulés», a-t-il poursuivi. Selon l’invité de la Chaîne III de la Radio nationale, Obama a décidé de ne plus soutenir ni subventionner la démocratie en Egypte, car cela risquerait d’amener les islamistes au pouvoir, avec l’impact que cela pourrait avoir, selon lui, sur l’avenir d’Israël et des accords de paix signés entre l’Egypte et l’Etat hébreu en 1979. «Les enveloppes allouées à la démocratie sont à la baisse, ce qui confirme un recul de la part des Occidentaux d’instaurer la démocratie dans le Monde arabe» a indiqué M.Mokri. Concernant le volet national, M.Mokri s’est prononcé «à titre personnel» pour des élections législatives anticipées, sujet, a-t-il tenu à préciser, qui n’a pas été à l’ordre du jour de son parti, membre de l’Alliance présidentielle. «Je suis d’accord pour la dissolution du Parlement, de discuter et de débattre cette question, car le Parlement est absent», a-t-il expliqué avant de poursuivre: «Le Parlement ne joue aucun rôle sur la scène politique, il est en marge de la société, il serait donc logique de le dissoudre.» La position ainsi défendue par M.Mokri est proche de celle que préconise le camp du Parti des travailleurs (PT) et celui du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Cette suggestion est intervenue dans le cadre des solutions présentées comme indispensables à l’apaisement de la crise politique que traverse le pays. «Les ingrédients d’autres manifestations, d’autres protestations et de crise existent encore», a-t-il signalé. La révolte de la Tunisie aura des effets de contagion sur tout le Monde arabe, et ça a commencé en Algérie, selon lui. «Un ras-le-bol des jeunes, le chômage, la frustration par rapport à la démocratie, absence de société civile», c’est ce cocktail qui a mené aux émeutes qu’a connues l’Algérie entre le 4 et le 8 janvier 2011, a soutenu Abderrazak Mokri. A ces revendications politiques et économiques, une brève analyse a été présentée par l’invité de l’émission de la radio Chaîne III, ainsi que les solutions, selon lui, à adopter. Dans ce sens, il a insisté sur la nécessité d’un développement économique qui repose sur les entreprises, au lieu de compter aveuglément sur les réserves d’hydrocarbures du pays, ainsi que la distribution égale des richesses, comme de lutter contre la corruption qui induit un sentiment d’injustice et de colère qui mènent à la révolte. Sur le plan politique, il a demandé la levée de l’état d’urgence, l’autorisation de créer des associations, la révision de la loi électorale et la dissolution du Parlement. «Il faut des élections libres, équitables et transparentes», a-t-il précisé. Interrogé sur l’état de santé de l’Alliance présidentielle, l’invité de l’émission a répondu que la coalition ne jouait pas son rôle en ce moment: «L’Alliance est en panne», a-t-il conclu.

    Nardjes FLICI

  • Le scandaleux silence des Occidentaux,usa aussi , israel aussi!!!!!

    L BARADEI, LE PRIX NOBEL DE LA PAIX EN RÉSIDENCE SURVEILLÉE


    La mise en résidence surveillée de Mohamed El Baradei, prix Nobel de la paix en 2005, n’a suscité aucune réaction de la part des Occidentaux. Un silence «scandaleux» est observé par ces derniers qui, pourtant, n’ont jamais manqué une occasion d’apporter leur soutien indéfectible à d’autres prix Nobel. Les capitales occidentales ont ainsi soutenu le dalaï-lama au Tibet, Sang Suu Kyi en Birmanie et Lech Walesça en Pologne pour avoir mené et soutenu les mouvements de protestation et d’émancipation dans leurs pays respectifs et d’avoir pris position contre leurs régimes dictatoriaux. Cependant, l’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea) n’a pas bénéficié, paraît-il, du même soutien que ses pairs. Volontairement ignoré par l’Occident d’un côté et des pays arabes de l’autre, Mohamed El Baradei s’est vu contraint de subir, seul, les affres du régime Moubarak. C’est dire que les Occidentaux soutiennent toutes les initiatives entreprises par des prix Nobel, mais pas celle entamée par un prix Nobel arabe. Le tort d’El Baradei, relèvent bon nombre d’observateurs, est d’avoir demandé aux Israéliens de faire état de leur puissance nucléaire. D’autres, quant à eux, soulignent qu’il est reproché à l’ancien chef de l’Aiea, sans doute, ses positions qui s’inscrivent en partie contre les intérêts occidentaux dans le monde arabe en général et en Egypte en particulier.
    Présenté comme étant l’homme de l’alternative, le leader de l’association du Mouvement de changement, créée l’an dernier dans la foulée de la présidentielle égyptienne, avait déclaré, à la suite des violents événements frappant l’Egypte, qu’il est, plus que jamais, prêt à assumer la transition politique et fédérer les rangs de l’opposition égyptienne. Ainsi, il s’est dit confiant et sûr de lui à «mener la marche de la révolte égyptienne à bon port si ce dernier lui confie sa destinée». «je suis prêt à mener la transition politique en Egypte si le peuple le veut. Et s’il le veut je ne le décevrais pas», a-t-il tranché, tout en promettant de liguer les Egyptiens autour de la nécessité du changement à la tête de l’Etat égyptien.
    «Je descendrai dans la rue aujourd’hui, samedi, avec mes collègues pour contribuer à apporter un changement, et pour dire au président Moubarak qu’il doit partir», a fait savoir El Baradei dans une déclaration à France 24 M. Et de poursuivre, que «le discours a été totalement décevant» et il soutient que: «les protestations vont se poursuivre avec plus d’intensité jusqu’à la chute du régime».
    Soutenu et bénéficiant d’une aura internationale, le prix Nobel de la paix en 2005 fait, parait-il, trembler le régime de Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans. «C’est l’homme consensuel, voire l’homme providentiel», jugent bon nombre d’observateurs de la scène politique égyptienne.

    Kamel Lakhdar CHAOUCHE

  • Al Masrya TV démasquée par Al Jazeera, Al Arabya et BBC Arabic,vive entv!!!!!


    29 Janvier 2011

    «C’est de cette boîte d’allumettes que viennent tous mes problèmes.»
    Hosni Moubarak, lors de sa visite du siège d’Al Jazeera à Doha


    Le président égyptien, Hosni Moubarak, a, selon certains experts en communication, peur de s’exprimer à la télévision pour apaiser la tension que vit son pays. Il a toujours, selon ces experts, peur de subir le même sort que le président tunisien Ben Ali, qui s’est exprimé trois fois sur la télévision et qui a conduit à la révolution du Jasmin et à la chute inattendue du régime. En plus d’une révolution démocratique, c’est avant tout une révolution médiatique où les chaînes de télévisions d’information continue, Internet et les réseaux sociaux, ont eu leur part de succès et d’amplificateur de cette révolution. Depuis vendredi à 14h, (heure de la fin de la prière), trois télévisions ont maintenu le «live» sur les émeutes au Caire et l’affrontement parfois violent entre les manifestants hostiles au régime, et la police et les flics en civil. La couverture quasi permanente d’Al Jazeera, BBC Arabic et Al Arabya a obligé la puissante télévision d’Etat égyptienne Al Masrya, à diffuser (contre son gré) des images en direct des manifestations. Les spins doctors du régime égyptien ont convaincu le président de montrer les images des émeutes pour ne pas cacher le soleil avec le tamis. Des images soigneusement choisies. Des plans d’ensemble qui ne montrent pas la répression de la police et qui mettent l’accent seulement sur la fumée qui se dégage de la manifestation, tentant de minimiser l’action de la protestation. Al Masrya tente aussi de montrer des images de policiers en civil tabassant des manifestants. Celle-ci indique que les émeutes ont touché seulement le quartier de la Corniche au Caire, alors qu’Al Jazeera diffusait des images des émeutes à Suez et qu’Al Arabiya, proche du régime saoudien, a indiqué aussi que, tous les quartiers du Caire manifestent, soit 10 millions d’habitants, ce qui est un peu exagéré. En voulant contester les images des autres chaînes satellitaires, Al Masrya s’est discréditée. En effet, les images qu’elle diffuse peuvent aussi provoquer (si la répression se poursuit) un effet inverse, puisque Al Jazeera et surtout BBC piquent les images de la télévision égyptienne et les commentent à leur manière. L’erreur du pouvoir égyptien était aussi de s’en prendre à la presse internationale, France 24, LCI et I-Télé qui ont mit l’accent sur l’arrestation de quatre journalistes français, interpellés au Caire. Alors qu’Al Jazerra a passé toute la matinée à commenter l’arrestation et l’agression dont a été victime l’une des vedettes de la télévision qatarie, l’Egyptien Ahmed Mansour. Mais l’image la plus «parlante» et qui risque de faire le tour du monde, c’est celle du correspondant de BBC arabic, Assad Saoui, qui est apparu du haut des 20 étages de la tour où se trouve le bureau de la BBC au Caire, la tête en bandage et la chemise blanche couverte de sang, après une agression par la police égyptienne. Ceci s’ajoutera à l’image d’un manifestant abattu, en direct, par une balle dans la tête, (qui a fait le tour du monde) alors qu’il était loin des policiers. Ces images et d’autres, serviront à amplifier la contestation au Caire qui conduirait peut-être à la chute du régime Ben Ali... heu... je voulais dire... Moubarak.

    amirasoltane08@live.fr

    Amira SOLTANE

  • Le dernier quart d’heure du Pharaon?


    MOUBARAK NOMME OMAR SOULEIMANE VICE-PRÉSIDENT ET AHMAD CHAFIC PREMIER MINISTRE

    30 Janvier 2011 -

    Un transport de troupes transformé en bus par les manifestants

    La nomination du chef du Renseignement, le général Omar Souleimane arrange aussi bien les Américains, les Israéliens que l’armée égyptienne.

    L’Egypte s’achemine-t-elle vers un scénario à la tunisienne? A suivre l’évolution des événements, tout laisse croire que le régime de Hosni Moubarak vit son dernier quart d’heure. Le Raïs a tenu hier, une réunion jugée «importante» à la Présidence. Comme première décision, il a procédé à la nomination, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1981, d’un vice-président. Il s’agit du chef du Renseignement égyptien Omar Souleimane. Une décision prise conformément à l’article 139 de la Constitution égyptienne qui donne droit au président de la République de nommer un ou plusieurs vice-présidents. Juste après sa nomination à ce poste, le patron du Renseignement a prêté serment au siège de la Présidence. A la tête de ce département sensible de l’armée, le général Souleimane, né en 1934, joue un rôle politique important depuis plusieurs années et est responsable de dossiers délicats de politique étrangère, notamment celui du conflit israélo-palestinien. Il s’agit d’une personnalité qui fait le consensus aussi bien dans les pays arabes qu’en Occident. Les monarchies et les gouvernements arabes ont soutenu cette démarche. C’est le cas de Washington et de Tel-Aviv. Vu son expérience dans la gestion du conflit israélo-palestinien, le chef du Renseignement égyptien est pressenti pour apporter un plus à la crise que traverse son pays et, notamment à l’éternel conflit qui mine le Moyen-Orient. Avec la nomination d’un général au deuxième poste de la République, le régime égyptien reste fidèle à l’installation des militaires au haut sommet de l’Etat. A présent, tous les dirigeants de ce pays sont issus de l’armée. Pour simple rappel, Mohammed Naguib, qui a pris le pouvoir de 1953 à 1954, avait le grade de général principal, Gamel Abd El Nasser était colonel, Anouar El Sadate était maréchal de camp et Hosni Mobarak a le grade de maréchal en chef. Ce qui confirme l’appartenance du pouvoir égyptien à l’armée et l’arrivée d’un autre général au gouvernement. M.Moubarak a choisi le ministre de l’Aviation, le général Ahmad Chafic, pour occuper le poste de Premier ministre. Contrairement aux capitales étrangères qui ont applaudi la nomination de Omar Souleimane au poste de vice-président, la rue égyptienne s’est soulevée contre cette démarche. Les manifestants ont bravé le couvre-feu pour dire «non» à la nomination d’un autre militaire à ce poste. L’issue de la crise réside, selon les manifestants, dans le départ de Moubarak et son clan et non dans l’arrivée aux commandes d’un autre dirigeant issu du même régime. «Ni Moubarak, ni Souleimane, on en a assez des Américains!», scandaient les manifestants. Pour ces derniers, cette nomination «n’est pas le bon choix». «Souleimane est l’homme de Moubarak et cela ne reflète pas un signe de changement», ajoutent-ils.
    Les observateurs analysent que Moubarak a opté pour le chef du Renseignement pour lui succéder en cas de vacance du pouvoir et barrer la route à l’opposant Mohamed El Baradei. Ce dernier n’a pas mis du temps pour réagir. Il a promis la poursuite de la contestation jusqu’au départ du président et son clan mis en place dans la journée d’hier. Il a appelé à mener des élections honnêtes sans le parti au pouvoir. A peine de retour dans son pays, le prix Nobel de la paix en 2005, s’est dit prêt à mener la transition. Selon les mêmes observateurs, l’arrivée de M.Souleimane n’est qu’une façon de barrer la route à M.El Baradei. Dans un autre registre, tous les regards des dirigeants et gouvernements de la planète sont braqués sur les événements en Egypte. Washington, Paris, Bruxelles, Berlin, Tokyo, Stockholm, l’Union européenne, l’ONU ont toutes apporté leur soutien au peuple égyptien en appelant le président Moubarak à être à la hauteur des aspirations du peuple et cesser avec la violence envers les manifestants. Cela témoigne du rôle important qu’occupe ce pays dans les enjeux politiques au Moyen-Orient.

    Tahar FATTANI

  • La société civile se réveille et s’organise ,le pouvoir aussi!!!!!!


    Les initiatives se multiplient dans les milieux des journalistes et des intellectuels

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    L’initiative, louable, prise par la LADDH de convaincre les partis politiques, les syndicats et les ONG d’aller vers une démarche unitaire «pour provoquer le changement en Algérie», a eu pour effet de tirer la société de sa torpeur.


    Depuis la tenue de la première réunion de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) le 21 janvier dernier, la société civile a commencé à s’organiser à travers tout le pays pour intégrer la dynamique lancée par l’organisation dirigée par maître Mustapha Bouchachi.
    C’est ainsi que mercredi dernier, un groupe de journalistes issus de plusieurs journaux et travaillant dans plusieurs grandes villes du pays a mis sur pied une association baptisée Collectif des journalistes algériens autonomes (COJAA). Ce collectif qui fédère déjà de nombreux professionnels des médias réclame, au même titre que la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, la levée de l’état d’urgence.


    Dans un appel lancé durant la soirée de mercredi, les animateurs du COJAA exigent, en outre, l’ouverture des champs politique et médiatique, la consécration des libertés individuelles et collectives, et la dépénalisation du délit de presse. «Les journalistes algériens, qui ont toujours été à la pointe du combat pour la démocratie et la justice sociale et qui ont, en outre, payé un très lourd tribut pour défendre la liberté d’expression et de la presse en Algérie, ne peuvent pas rester aujourd’hui en marge de l’histoire et se contenter de se comporter en simples spectateurs devant le combat courageux mené par la société tout entière pour arracher le droit à la parole et à la liberté», soulignent les animateurs du COJAA dans leur communiqué n°1.
    Le Collectif des journalistes algériens autonomes qui doit décider dans les tout prochains jours de la position à adopter concernant la marche nationale que compte organiser à Alger, le 12 février prochain, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, regroupe des noms connus de la presse nationale  tels Mustapha Benfodil, Zoubir Khlaïfïa, Hassan Moali, Houari Barti, Ali Cherarak, Zouaimia El Hadj Larbi ou encore Amine Esseghir.


    Une autre initiative allant dans le même sens a été initiée également mercredi dernier par un autre groupe de journalistes parmi lesquels on retrouve l’ancien secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), Rabah Abdallah. Ces journalistes organisés autour du Comité national pour la liberté de la presse (CNLP), réclament, eux aussi, «la levée de l’état d’urgence et l’ouverture des champs politique et médiatique». Le CNLP, qui a pris la décision vendredi de rejoindre la CNCD, appelle ainsi «l’ensemble des journalistes convaincus de l’impératif de l’instauration d’un Etat de droit où les libertés et la citoyenneté sont consacrées à se mobiliser pour porter haut cette revendication démocratique en cette phase décisive de l’histoire de notre pays».


    Des intellectuels s’impliquent


    Durant le courant de la semaine dernière, des hommes politiques et des universitaires ont, pour leur part, publié un manifeste pour des droits et libertés dans lequel ils soulignent «la nécessité urgente de rétablir la perspective démocratique par la levée de l’état d’urgence comme condition première pour jouir pleinement des droits de l’homme et des libertés publiques garantis par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie et l’ouverture des espaces politique, syndical, associatif et médiatique nécessaires à la promotion et au respect du pluralisme, indispensable à la vitalité du pays et à son développement».
    Ce manifeste qui a requis le soutien de plusieurs centaines de personnes parmi lesquelles le professeur Issad, juriste de renom et ancien président de la défunte commission de réforme de la justice, réclame, par ailleurs, «la construction de l’Etat de droit, condition sine qua non à l’indépendance de la justice et à l’égalité de tous devant la loi (…) et la séparation des champs politique et religieux pour garantir l’autonomie individuelle, socle de la modernité politique».
    Les initiateurs du Manifeste pour des droits et libertés déclarent «agir en faveur d’un mouvement d’opinion pour la concrétisation, par des moyens pacifiques (…)». A signaler, enfin, qu’un groupe de journalistes a appelé à la tenue, aujourd’hui, d’un rassemblement à la maison de la presse Tahar Djaout d’Alger pour «dénoncer le jeu auquel se livre une certaine presse pour dénigrer toute action allant dans le sens du changement démocratique en Algérie».

    Zine Cherfaoui
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    Ould Kablia : « aucune marche ne sera autorisée à Alger »

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    Le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a, dores et déjà, répondu à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui a appelé à une marche le 12 février à alger.

    «Aucune marche ne sera autorisée par les autorités à Alger», a rappelé Ould Kablia dans une interview accordée ce dimanche 30 janvier au quotidien Liberté

    «Les marches sont interdites à Alger», a-t-il réitéré en assurant que «le refus n’est pas n’est pas seulement signifié à l'opposition», mais à «toutes les marches».

    «Si un parti de l'Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) envisage demain d'organiser une marche à Alger, je peux vous dire en tant que ministre de l'Intérieur, qu'elle sera interdite», a-t-il ajouté.    

    Le ministre a expliqué que l'interdiction des marches était justifiée par des raisons de sécurité.

    A ses yeux, «aucun parti, aucune association ne peuvent maîtriser une marche, , garantir qu’elle se déroule de manière pacifique».

      «Alger est une ville de trois millions d'habitants. Il y a des problèmes qui peuvent ne pas être pris en compte par les organisateurs des marches», a-t-il assuré.

    Le ministre a notamment évoqué l’éventualité de l’intrusion «d'éléments qui n'ont rien à voir avec l'objectif de la marche et qui sont là pour créer des troubles, pour casser, sans compter qu’il y a toujours la problématique du terrorisme». Ceci avant d’enchaîner que «les terroristes peuvent profiter de cette occasion pour pénétrer à Alger».  

    Interrogé au sujet de la levée de l’état d’urgence, le ministre a indiqué que «c’est une question qui relève du gouvernement et non du ministère de l’Intérieur, estimant par ailleurs que «l’état d’urgence ne gène nullement un certain nombre d’activités».