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  • APPEL DE AHMED BENBITOUR Pour le rassemblement des forces du changement

    La nation est en danger et le pays est à la dérive. C’est le moment d’exprimer notre solidarité avec notre jeunesse. Les mécontents, c’est-à-dire l’immense majorité de notre peuple, n’ont aucune confiance dans ce pouvoir. Ils ne réagiront positivement à aucun geste des autorités en place. C’est l’impasse. Cette double violence du pouvoir et de la société menace de devenir incontrôlable à tout moment. Le rassemblement auquel nous appelons tous nos concitoyens se fixe les objectifs immédiats suivants : 1. Unifier les forces du changement, pour obtenir l’instauration des conditions minimales du changement pacifique : la levée de l’état d'urgence, l’ouverture du champ politique avec la possibilité de créer de nouveaux partis politiques représentatifs de la population et de la jeunesse en particulier, ainsi que l’ouverture du champ médiatique. 2. Promouvoir, par une saine compétition politique arbitrée par le peuple lors d’élections non manipulées, l’arrivée à tous les échelons du pouvoir d’une nouvelle génération de dirigeants politiques, compétents et honnêtes, aptes à mener un véritable programme de développement assis sur un projet démocratique et moderne, et à bâtir des institutions et des mécanismes de gouvernance et de fonctionnement solides et modernes. 3. Sauvegarder les ressources de l’Algérie par la mise en œuvre des prérogatives de contrôle sur l’exécutif d’un parlement légitime en ce qui concerne les recettes d’hydrocarbures. Les citoyens qui se joignent à cet appel prennent l’engagement de ne pas utiliser le combat de la jeunesse de 2011 à des fins personnelles ou idéologiques, ni d’attiser la violence entre Algériens, ou de prôner l’anarchie ou l’effondrement de l’administration ou de l’Etat. C’est le moment de penser à nos enfants et de construire l’Algérie dont ils vont hériter. Mobilisés et unis, rien ne nous sera impossible. Vive l’Algérie ! Dr Ahmed Benbitour - Janvier 2011

  • Général Rachid Ammar : Officier d’Honneur

      « L’armée ne tire pas » : l’homme fort de la Tunisie est général

    Par Samy Ghorbal, Rue89, 16 janvier 2011

    (De Tunis) Sur le papier, Fouad Mebazaa est officiellement président par intérim. Mais l’ancien président de la Chambre des députés, 78 ans, est un homme à la santé chancelante, qui n’a ni autorité, ni envergure, ni ambition. Il ne voulait pas du pouvoir et n’a pas été préparé à l’exercer.

    Le vrai homme fort n’est donc ni le Président, ni le chef du gouvernement, Mohamed Ghannouchi, un technocrate spécialiste des questions économiques et financières, mais Rachid Ammar, le chef d’état-major de l’armée de terre.
    Limogé par Ben Ali pour avoir refusé de tirer sur le peuple

    Agé de 63 ou 64 ans, ce Sahélien natif de Sayada, une petite bourgade du littoral, était totalement inconnu du grand public il y a encore quelques semaines. Mais il a eu le courage de s’opposer à Ben Ali, quand le dictateur tunisien a appelé la grande muette à la rescousse pour mater l’insurrection populaire dans les villes de Kasserine, Thala et Sidi Bouzid.

    « D’accord pour déployer les soldats, afin de calmer la situation, mais l’armée ne tire pas sur le peuple », a-t-il fait savoir. Limogé séance tenante par Ben Ali et assigné à résidence, il a été rétabli dans ses fonctions par Mohamed Ghannouchi le 14 janvier, lors du dénouement de la crise.

    La retenue de l’armée a évité un effroyable carnage. Fidèle à une tradition de non-ingérence dans les affaires politiques héritée de la présidence Bourguiba, elle a
    tenu à ne pas apparaître sur le devant de la scène. Mais c’est bien elle qui a rendu possible le départ de Ben Ali.

    « Elle a joué un rôle déterminant et s’est clairement placée du côté de la transition », commente Néjib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste, un des principaux chefs de file de l’opposition, qui est pressenti pour participer au gouvernement d’union nationale.

    Ben Ali a marginalisé l’armée au profit d’une police pléthorique

    Fondée en 1957, l’armée tunisienne, qui n’aurait donc pas tiré un seul coup de feu contre les manifestants, a été délibérément marginalisée par le président Ben Ali au profit de l’autre composante de l’appareil sécuritaire, la police, dont les effectifs (120 000 hommes) ont quadruplé au cours des vingt dernières années.

    Avec seulement 35 000 hommes – dont 27 000 pour l’armée de terre – l’armée tunisienne est sous-dimensionnée et sous-équipée. Elle ne possède que douze hélicoptères. Quatre sont affectés à la surveillance du couvre-feu dans la capitale, et tournoient toutes les nuits au-dessus de Tunis et sa banlieue, pour sécuriser l’agglomération et prévenir les exactions des miliciens inféodés à l’ancien régime.

    Zine el-Abidine Ben Ali, qui était lui-même militaire, se méfiait de ses frères d’armes. En avril 2002, un mystérieux accident d’hélicoptère avait décapité l’état-major des forces terrestres au grand complet. Et tué les treize plus hauts gradés, dont le chef d’état-major, le général de brigade Abdelaziz Rachid Skik, personnalité très respectée de la troupe.

  • Un jeune tente de s’immoler par le feu à Mostaganem

       	Touati Senouci sur son lit d'hôpital

    zoom | © Elwatan

    Touati Senouci sur son lit d'hôpital

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    Un jeune homme s’est aspergé le corps d’essence dimanche matin. Senouci Touat, 34 ans, chômeur de son état s'est présenté face à la direction de la sureté de wilaya pour commettre cet acte de désespoir.

    C'est grace à l’intervention d’agents de l’ordre présents en nombre que le drame a été évité de justesse. En effet, c’est au moment où le jeune homme mettait le feu à son corps, qu'il est rapidement pris en charge par des policiers qui parviendront à éviter la propagation du feu qui avait pris au niveau des jambes.

    Accourus depuis leur caserne centrale, des éléments de la protection civile, distante d’une centaine de mètres du lieux de l’incident lui prodigueront les premiers soins avant de le transférer vers le service des urgences de Tigditt où il a été mis sous observation.

    Agé d’une trentaine d’années, l’homme exhibait plusieurs demandes d’embauche, ainsi que des lettres adressées à différentes administrations, malheureusement, elles sont demeurées sans suite. La police judiciaire a ouvert une enquête.

     

    Yacine Alim
  • اضواء على الأحداث - عبد الباري عطوان| Emeutes Algérie & Tunisie

  • Saïd Sadi : «Les grandes manœuvres commencent»

     

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       	said Sadi, Président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, au cours d'un meeting à Alger

    zoom | © Lyes Hebbache Archives

    said Sadi, Président du Rassemblement pour la culture et la...


    Pour Saïd Sadi , des réseaux de casseurs ont infiltré les rangs des manifestants lors des dernières émeutes. "Les grandes manœuvres commencent", déclare le président du RCD, Saïd Sadi, à l’ouverture, hier à Alger, des travaux du conseil national du parti


    . Selon lui, les signes de ces manœuvres sont perceptibles bien avant les dernières émeutes ayant secoué plusieurs wilayas du pays. Il cite dans ce sens des cas d’infiltration des manifestants à Alger pour discréditer la protestation, signalés dans des quartiers à Alger. «On a souvent entendu parler de la manipulation des émeutes. Les réseaux dormants du DRS et certaines officines ont été restructurés. On leur a délivré des cartes numérisées avec photo barrées de deux traits rouge et vert et portant la mention demandant aux autorités civiles et militaires de faciliter la tâche aux porteurs de cette carte. Nous avons des informations précises confirmant cela», affirme-t-il. Pour le leader du RCD, ce sont ces réseaux de casseurs qui ont infiltré les manifestants lors des dernières émeutes.

    Poursuivant, Saïd Sadi analyse ce qui se passe en Tunisie, tout en faisant le lien avec l’Algérie. «Le régime policier tunisien a réussi une vraie avancée économique et lorsque la situation économique du pays se porte bien, les couches moyennes s’élargissent et les revendications politiques suivent. En Algérie ce n’est pas le cas. Les couches moyennes se rétrécissent», souligne-t-il. Mais le premier responsable du RCD se montre confiant. Selon lui, le changement aura bel et bien lieu en Algérie. «Il (le changement) sera plus troublant et je n’espère pas qu’il soit sanglant. Car il y a des incohérences du système totalitaire. Le fait de nier les raisons politiques d’une manifestation prouve que le pouvoir agit dans la précipitation et l’affolement», explique-t-il.
    Dans la foulée, Saïd Sadi rejette d’un revers de la main l’idée lancée par le pouvoir qui consiste à dire que l’opposition est inexistante. Il soutient le contraire. «Le projet alternatif pour l’Algérie existe. Tous les sujets qui font actuellement partie du débat public, c’est nous qui les avons initiés. Malheureusement, le pouvoir reprend nos idées avant de les pervertir», lance-t-il, en citant le code de la famille, la réforme de la justice… et la régionalisation.

     

    La jeunesse s’est déconnectée de l’islamisme


    Le président du RCD réitère, dans ce sens, sa démarche visant à contacter «toutes les forces politiques qui veulent vivre dans un Etat de droit afin d’arriver à un consensus sur une plate-forme de revendications acceptables». Poursuivant son analyse de la situation du pays, Saïd Sadi affirme que la jeunesse s’est déconnectée de l’islamisme. Pour lui, l’image que renvoient les dirigeants algériens chez la jeunesse est celle de la «harga» et «du vol ».


    Ce faisant, il tire une conclusion : «On est dans la fin du système. La crise algérienne est d’abord sociologique et il y a un divorce objectif entre le régime et la société.» S’exprimant sur les rapports entre l’Occident et les pays du Sud, il relève également un changement, en particulier depuis le discours d’Obama à Accra (Ghana). «Certains pays du Nord ont commencé à se montrer un peu plus critiques envers les pays du Sud. La relation bâtie sur les marchés est dépassée. Le système FLN qui avait assuré la sécurité dans la région n’est plus crédible. Beaucoup de pays ont compris que ce qui se passe au Sahel est dû à la fragilité du pouvoir algérien qui a pollué la région», estime encore Saïd Sadi.    

    La marche aura lieu samedi prochain :

    La marche du RCD aura finalement lieu samedi prochain. La décision a été prise à l’issue de la réunion du conseil national du parti, tenue hier à Alger. Prévue pour mardi prochain, l’action a été ajournée, comme l’expliquent des membres du conseil national du RCD, pour mieux la préparer. Malgré l’interdiction du ministère de l’Intérieur, le RCD se montre déterminé à battre le pavé dans la capitale, où les marches sont interdites depuis plusieurs années. «Nous allons faire notre marche. Les échos qui nous reviennent de la base confirment l’adhésion des militants à cette démarche. Mais lors de la réunion du secrétariat national, nous avons pensé à décaler cette action à samedi prochain.

    Les militants pensent qu’il faut se donner plus de temps pour une meilleure organisation», a souligné Saïd Sadi dans son allocution prononcée à l’ouverture des travaux du conseil national. Appelant à la levée de l’état d’urgence, Saïd Sadi exhorte également ses militants à organiser des actions à l’intérieur du pays : «Il ne faut pas que la marche nationale empêche les initiatives régionales.»

    Madjid Makedhi
     
  • Canada : la diaspora tunisienne fête la chute de Benali

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       	 Plusieurs centaines de Tunisiens résidents au Canada ont bravé le froid et la neige qui se sont abattus sur la métropole canadienne pour exprimer leur joie après le départ de Benali.

    zoom | © Medias Maghreb

    Plusieurs centaines de Tunisiens résidents au Canada ont bravé le froid et la neige qui se sont abattus sur la métropole canadienne pour exprimer leur joie après le départ de Benali.

    Les Tunisiens de Montréal ont célébré hier par une grande marche la chute du désormais ex-président tunisien,  Zine El-Abidine Benali.

    Plusieurs centaines de Tunisiens résidents au Canada ont bravé le froid et la neige qui se sont abattus sur la métropole canadienne pour exprimer leur joie après le départ de Benali. Les manifestants ont sillonné les rues du centre-ville de Montréal jusqu’au siège du consulat tunisien.

    L’inquiétude quant à l’avenir du pays préoccupe la diaspora tunisienne qui appelle à un réel changement  politique après 23 ans de règne du président déchu. Un appel a été lancé au gouvernement canadien pour qu’il fasse pression sur les autorités tunisiennes pour une démocratisation du régime.

    Des Algériens et d’autres sympathisants de différents partis politiques de la province du Québec ont rejoint la manifestation tunisienne.  D’autres manifestations ont eu lieu  dans la ville de Québec et à Ottawa.  Ce sont environ 17 000 Tunisiens qui vivent au Canada. La majorité est basée dans la région de Montréal. 

    Samir Ben
  • La révolte « criminelle des jeunes algériens » en Algérie et le soulèvement populaire en Tunisie

     

     Par Ahmed ROUADJIA

    En qualifiant l’explosion de colère des jeunes en octobre 1988 de « chahut de gamins » suivie subséquemment d’un massacre innommable de plusieurs centaines d’entre eux, l’ex-président de l’Amicale des Algériens en Europe, Ali Ammar, fut immédiatement gratifié d’un poste de ministre de l’information avant d’être nommé ambassadeur d’Algérie  en Afrique. En caractérisant une partie des jeunes émeutiers de janvier 2011 de « criminels », M. Daho Ould Kablia, Ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales,  ne fait en fait  que reproduire et confirmer la tendance invariante de l’idéologie du régime politique à considérer toute manifestation revendicative, pacifique ou violente, comme un acte attentatoire contre l’Etat, la nation ou le peuple .La réponse qu’il a toujours jugée comme juste ou  appropriée à de telles manifestations, c’est la manière « musclée » dont le pénal n’ en est que l’expression achevée. Les hommes de ce régime dont beaucoup ont  pourtant été des nationalistes chevronnés, anti- colonialistes, comme Ould Kablia lui-même, n’ont pas pu ou voulu se départir de leurs vieilles certitudes,  et qui sont l’envers négatif de la souplesse de l’esprit, de la nuance, de l’aptitude à s’adapter à l’air du temps, aux circonstances et à l’évolution du monde actuel qu’ils regardent encore  et toujours avec les lorgnettes des années cinquante. Frappés d’un autisme incurable, ce régime  et les hommes qui le perpétuent, se considèrent comme les détenteurs d’une vérité absolue et immuable ; ils ont toujours raison envers et contre tous. Ils n’admettent ni contradiction ni raison concurrente, ou très difficilement. Tous ceux qui s’écartent, même d’un iota, de l’idéologie rigide qui structurent leur pensée,  représentations du monde et  actes politiques, sont  considérés ou bien comme des « déviants », ou bien comme des anti- nationaux en puissance.

    Les émeutiers passés au crible par M . Daho Ould Kablia

    Fort d’une idéologie rigide et figée, héritée du nationalisme d’antan, populiste et révolutionnaire, nos dirigeants prisent plus l’autoritarisme que la raison politique que fonde l’esprit d’écoute et de délibération. D’où leur tendance fâcheuse à vouloir traiter les problèmes politiques et sociaux  qui surgissent à la surface en termes de « force » ou de  coercition. D’où le recours, parfois abusif, au pénal comme mode de gestion des crises et des conflits sociaux. La manière avec laquelle M. Daho Ould Kablia, a commenté les émeutes récentes, résume de manière fidèle la pensée dominante de tous ses pairs qui participent à la reproduction indéfinie de ce régime depuis 1962. Dans une interview qu’il a accordée au journal de 20heures de l’ENTV en date du 8 janvier, M. Ould Kablia minimise d’abord les  émeutes avant de criminaliser les actes de ces jeunes désespérés. Se faisant le défenseur de l’Algérie et du nationalisme algérien, il accuse d’une part ces jeunes révoltés de donner au pays une image négative à l’extérieur, et, d’autre part, les télévisions étrangères qui auraient tendance à grossir de manière démesurée les émeutes…ces violences donneraient l’occasion aux « ennemis de l’Algérie » de s’en réjouir, selon le ministre de l’Intérieur, d’amplifier une situation qui « ne correspond absolument pas à la réalité ».  La réalité, selon lui, c’est que les télévisions étrangères mentent en prétendant que le peuple algérien  vit dans « al miséria » ( la misère) et qu’il ne mange pas à sa faim (« maouche Yakoul »), ce qui relèverait d’une volonté délibérée de falsifier l’image de l’Algérie, d’après le ministre.

    Ce mektoub qui fait une victime…

    Dans un langage fait d’un mélange cocasse  d’arabe dialectal et d’un français aussi démodé qu’ approximatif, le ministre de l’Intérieur tente de minimiser la gravité des évènements tout en se contredisant. Tantôt, il déclare que les évènements ont été amplifiés, tantôt il reconnaît leur gravité, qui, en dépit de tout, n’ont fait, dit-il, que trois victimes, dont l’une  a été retrouvée carbonisée dans l’hôtel incendié à  Tidjellabine et elle   ne l’a été en fait que par « son mektoub » ( !). Le mektoub seul aura  donc retranché  très tôt à la vie ce jeune que fut Taïeb Ghaimi, 19 ans ! Quant à l’autre victime dont il n’a pas cité le nom, mais qui serait le jeune Azzeddine Labza d’Ain Hadjel, qui avait vingt ans, elle était retrouvée «  allongée parterre  on ne sait comment, tuée probablement par ses compagnons … ». Seule la troisième victime (Abdelfatah Akriche ?) reconnaît le ministre, a été effectivement tuée suite à une « bévue » de la police…

    La criminalisation des revendications sociales et politiques.

    Les trois victimes, les 800 blessés et les 1100 arrêtés durant ces quatre jours d’émeutes seraient des hors-la-loi, et le ministre de l’Intérieur le pense haut et fort puisqu’il qualifie sans nuances tous ces révoltés de « criminels », de trafiquants de drogue, de voleurs et de contrebandiers, etc. Qu’elles soient violentes ou pacifiques, les revendications sociales  qui ne cadrent pas avec la vision étriquée et autoritaire du régime sont réputées illégitimes et n’appellent pas un traitement politique, mais une réponse pénale. Ce n’est pas seulement l’état d’urgence instauré depuis près de 20 ans qui justifient et expliquent  de telles mesures scélérates, et donc anticonstitutionnelles. Ce sont les schèmes de pensée qui structurent la représentation archaïque et régalienne  des hommes du pouvoir qui expliquent  le culte absolu qu’ils vouent à la force saisie comme moyen approprié et quasi exclusif de «  la bonne » gestion des affaires publiques. Cette vision unilatérale se fait évidemment au détriment du droit et de la réflexion politique qui se trouvent être au cœur des préoccupations essentielles  des Etats modernes . Prisonniers d’une conception qui accorde la part belle à l’autoritarisme qui fait l’économie systématique de  la réflexion et de l’intelligence politique, ces hommes du pouvoir n’ont retenu de la science juridique, et donc du droit saisi dans ses divers contenus, que sa dimension pénale. De là s’explique le dévoiement de notre droit réduit à son seul contenu répressif ou presque. Le langage tout comme les actes politiques de nos dirigeants  s’en ressentent de manière profonde. Le travail à la chaîne que mènent au quotidien nos cours pénales en est le témoignage éclatant de la criminalisation des actes et des revendications, violents ou pacifiques, des citoyens lésés ou privés de repères sociaux, culturels ou politiques.

    Les propos de notre Ministre de l’Intérieur sont à cet égard fort significatifs de la mentalité qui informe  l’esprit de nos dirigeants et préside à leurs actes politiques. Dans une interview qu’il a accordée à un journal électronique ( cf. http://www.algerie-plus.com/actualite/exclusif-interview-du-ministre-de-linterieur-daho-ould-kablia/), il précise bien que« les personnes impliquées dans des blessures graves, dans les attaques contre les citoyens relèvent de la cour criminelle. Elles vont être passées en flagrant délit. » Pour lui,  ces émeutiers  dont il admet le mal-vivre constitue une minorité radicale qui s’est placée « en position de fracture totale par rapport au reste de la société. Leurs agissements criminels faits de violence, de destruction et de vols n’ont épargné ni les biens publics ni les biens privés. Ils s’en sont pris aux intérêts de citoyens de condition modeste dont les magasins ont été pillés et leurs voitures incendiées. Ces jeunes n’ont obéi qu’à des instincts revanchards car ne mesurant pas toutes les conséquences de leurs actes. » ( Cité par El Watan 10 janvier 2011, p.3). Ils risquent d’être condamnés à de lourdes peines, allant de 1 à 2 ans de prison ferme, voire pour certains jusqu’à 10 ans doublées d’amendes.

    Les jeunes sont coupables de violences gratuites et immotivées

    A en croire notre ministre de l’Intérieur qui dit ne s’occuper que de « l’ordre public » et non de la politique qui ressort de la compétence du Président et du Premier ministre, les jeunes émeutiers sont habités d’une violence consubstantielle à leur « nature », qui n’a aucun rapport avec  la situation politique et économique de l’Etat dont le caractère sain n’est contesté que par l’opposition et « les ennemis de l’Algérie ». Le pouvoir et les politiques qu’il avait à conduire et qu’il conduit ne sont nullement responsables de ces  explosions cycliques et soudaines de la jeunesse. Les causes en sont ailleurs. Elles résideraient dans le caractère intrinsèquement violent de celle-ci. Contrairement aux jeunes de la  génération de 1990 et de 2000 dont on a découvert, selon le Ministre, les « problèmes » qu’ils considèrent comme « insolubles pour leur avenir »,  ceux  d’aujourd’hui se signalent par « une dose de violence plus importante qui est justement née de cette période qu’ils ont vécue lors de la décennie 90. Ils sont extrêmement nihilistes et pessimistes. Il y a des raisons que nous connaissons: le manque de loisirs, une scolarité perturbée, un milieu familial désintéressé, l’influence de la rue et des médias étrangers. Il y a des besoins différents des besoins des jeunes d’autres époques. Ils aiment toutes choses qu’ils ne sont pas en mesure d’acquérir autrement que par le vol, par la contrebande, le trafic de drogue. Ils ne trouvent pas de dérivatif dans la musique, le sport, les voyages. Leur univers c’est la rue de leur quartier. »

    Les petits larcins et les grands vols

    Mais tous ces facteurs négatifs cités par le ministre ( manque de loisirs, scolarité perturbée, milieu familial démissionnaire, influence de la rue et des médias étrangers…)auxquels s’ajoutent le chômage et le désœuvrement ne constituent –ils pas la cause qui mène justement ces jeunes  vers ces chemins dangereux que sont le vol, la contrebande, le trafic de drogue ? Mais que représentent ces petites rapines au regard des grands détournements , de la contrebande, du trafic en tous genre opérés sur les ressources de la nation par certains de ces hauts dignitaires du régime ? Que représentent ces petits larcins commis par des jeunes exclus ? Les grands marchés de la SONATRACH, de l’autoroute EST-OUEST, l’affaire al Khalifa, celle de la BADR et d’autres établissements  financiers et industriels publics pillés par leurs propres gestionnaires , ne constituent-ils pas des dégâts incommensurables et sans aucune commune mesure avec ces petits trafics et vols de survie commis par nos jeunes « paumés », sans repères ni perspectives à l’horizon qui déchante ? Ces questions, le Ministre les esquive évidemment tant elles soulèvent l’implication de bon nombre d’acteurs institutionnels dans le pillage des ressources vitales de l’Etat. Les pratiques de jeunes délinquants que l’on met en exergue servent de masque et d’alibi à l’agiotage et aux grands crimes  économique organisés par des réseaux fortement enracinés dans les interstices de l’Etat et qui en minent les fondements.

    Notre ministre chargé de l’ordre public ne voit pas ou ne veut pas voir que ce qui menace cet ordre dont il est le gardien attitré ce ne sont pas ces jeunes casseurs d’établissements publics, et de ces petits trafiquants de drogue, mais ce sont bel et bien ceux qui investissent les circuits politiques et économiques officiels  et qui parasitent par leurs actes de sabotage le fonctionnement normal de l’Etat et qui en donnent l’image peu glorieuse d’un « Etat voyou », tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières.

    Le silence énigmatique du président de la République face aux évènements

    Comme je l’ai toujours écrit, nos politiques ne sont pas seulement victimes d’une surdité verbale, d’une sorte d’aphasie, comme en témoigne le style parler de la plupart de nos ministres. Ils souffrent également de cette morgue hautaine, de ce mépris qu’ils affichent sans gêne ni honte envers leur peuple considéré comme indigne du respect ou d’égards. Pour eux, la communication, le face-à-face avec lui ne peut se faire autrement que par le biais du « silence » ou par l’alternance de la carotte et du bâton. Mais que dire du Président Bouteflika dont l’éloquence est notoire, et qui tranche de manière criante avec l’ânonnement de la plupart de ses ministres et ses députés aux faces pâlissantes  ? Pourquoi le président se fait –il silencieux à ces heures graves ? Son silence mystérieux qui dure depuis plusieurs mois, comment l’expliquer ? Est-il politiquement justifié ? en donnant procuration à son Ministre de l’Intérieur de parler à sa place au peuple et à sa jeunesse révoltée, le président a sans doute jugé que ces émeutes ne ressortent pas du domaine de la politique, mais de  l’ordre  « sécuritaire » qui relève de la police et de la justice pénale. D’ailleurs le Ministre de l’intérieur le dit explicitement : il n’est qu’un simple exécutant de la volonté du président : « Je suis, dit-il,  ministre de l’Intérieur, j’ai une responsabilité. Je me suis engagé sur les problèmes d’ordre public mais les problèmes politiques, je laisse le soin à ceux qui en ont la charge. Mais ce que les gens ne savent pas c’est que le Président de la République et le Premier ministre parlent en donnant des instructions à ceux qui sont chargés de gérer les secteurs. Le président de la République donne des orientations et de instructions au ministre de l’Intérieur pour les problèmes sécuritaires. Il donne des instructions au ministre du Commerce pour ce qui est de son secteur. » Cela est clairement dit. C’est nettement souligné : nos dirigeants parlent entre eux, se donnent des consignes en cercles quasi fermés, par-dessus la tête du peuple auquel ils ne jugent guère nécessaire de s’adresser directement à lui, sinon par l’entremise du responsable de l’ordre public en la personne de M. Le Ministre de l’intérieur. Et ce ministre est convaincu que le gouvernement actuel, celui de l’alliance présidentielle, a fait les bons choix en matière  politique pour le pays au point  que l’opposition qui aurait  tenté de récupérer à son profit  le mouvement de protestation a échoué « totalement » .

    Ce n’est pas la démocratie qui résout nos problèmes, c’est «  le libéralisme économique », version sauvage.

    Pour le ministre qui traduit fidèlement le point de vue du pouvoir, ces manifestations de mécontentement de jeunes ne traduisent pas le « rejet du pouvoir actuel », mais  seulement la satisfaction  de leurs  attentes strictement économiques et sociales ; elles ne renvoient pas à des demandes plus ou moins clairement formulées en vue de la démocratie( ouverture du champ culturel et politique ), mais uniquement à des satisfactions matérielles dont la solution se trouverait dans la maitrise des mécanismes financiers économique du « libéralisme » adopté par l’Algérie. Mais qu’on lise les propos du Ministre pour  mesurer à quel point il présente comme marginales les revendications démocratiques formulées de manière explicites ou implicites  par les partis d’opposition et par le petit peuple au regard des demandes économiques, qui seraient à ses yeux bien plus déterminantes que tout le reste et auxquelles le gouvernement trouverait les solutions appropriées : « ….beaucoup de responsables, dit le Ministre Ould Kablia, de certains partis ou de certaines associations disent qu’il faut considérer ces manifestations comme un rejet du pouvoir actuel et que seule une démocratie et plus de liberté, plus de participation des citoyens au champ médiatique, peuvent régler les problèmes. On en doute. S’il y avait un autre gouvernement que celui qui est en place il aurait peut-être eu des problèmes plus graves parce que les problèmes économiques et sociaux ne sont pas théoriques. Ce n’est pas la cité d’Isis, la cité idéale qui va les régler. Les problèmes sociaux, les problèmes économiques, la jeunesse, la démographie, l’emploi, les études, les diplômés au chômage; tout cela ce n’est pas en jouant sur des paramètres de démocratie et de liberté qu’on va les régler à notre avis. C’est une affaire de moyens financiers, de mode d’organisation. On a choisi un mode d’organisation au plan économique: c’est le libéralisme, c’est l’ouverture du marché mais un libéralisme à visage social avec des transferts sociaux extrêmement importants qui sont loin de ce  que peuvent faire beaucoup d’autres pays, même développés. »

    Mais comment peut-on se convertir au « libéralisme économique » du jour ou lendemain, et comme par enchantement, tout en refusant les réquisits démocratiques ?Est-il possible d’être « libéral » en économie tout en refusant de l’être en politique ? Pourtant les deux termes de l’équation sont indissociables et vont de pair. Mais ce libéralisme économique revendiqué par nos dirigeant à tort et à travers  n’est  en fait qu’une fiction, puisqu’il n’obéit à aucune règle transparente, et se trouve complètement soumis aux forces aveugles de l’informel et de l’agiotage conduits sur une grande échelle. Ce prétendu libéralisme économique dont les modalités relèvent d’une pratique « sauvage » est célébré paradoxalement comme une solution de rechange à tous les problèmes que vit le pays.

    L’exemple de la Tunisie à méditer…

    En célébrant  durant 23 ans les vertus  du libéralisme économique et en chantant les louanges d’une démocratie de façade,  tout en évacuant d’un revers de main les revendications politiques  et démocratiques d’une société civile sevrée de liberté  et soumise à une surveillance policière,  le régime de fer de Zine El Abidine Ben Ali  vient de s’effondrer, tel un château de cartes, sous la pression de ceux-là même qu’il n’avait de cesse de contraindre à la soumission, au silence et à la servitude. Notre régime politique qui s’obstine a  avoir toujours raison envers et contre tous, et qui pense que seules la force et la répression pourraient avoir le dernier mot, devrait réviser ses jugements et sa stratégie avant qu’il ne soit trop tard. Si, contrairement à la Tunisie, nous avons acquis depuis bien longtemps une grande liberté d’expression qui n’a pas de parallèle dans le monde arabe, nous n’avons pas moins perdu au change : l’illusion que nous étions libres et que notre régime politique était bien plus  préférable à des régimes totalitaires, comme la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, etc. On pensait et on pense encore que tous ces pays « frères » sont moins chanceux que nous, moins bien « gâtés » en liberté et en démocratie, et c’est  ce sentiment illusoire qui nous a toujours  procuré tout à la fois satisfaction et « fierté » d’être plus libres et plus « virils »  que les autres qui nous a amenés à pratiquer plus le dénigrement du régime et de tous nos adversaires « idéologiques » plutôt qu’à faire l’examen critique, objective et impartiale, du système politique à l’ombre duquel nous vivons. Si la liberté d’expression, bien réelle que nous avons acquise, nous a servi comme un véritable défouloir, mais aussi d’un exutoire aux problèmes de notre quotidien, elle ne nous a pas permis pour autant à en tirer les profits escomptés : la critique responsable et constructive du fonctionnement de notre société politique et civile, et partant, la mise à profit de cette liberté d’expression octroyée ou arrachée pour créer des réseaux de sociabilité civile et  citoyenne susceptibles de faire un contrepoint au monopole politique détenu par les clans et les coteries du pouvoir.

    L’opposition tunisienne, toutes étiquettes politiques  par  ailleurs confondues, avait su, malgré l’incroyable répression qui s’était abattue des années durant  sur ses membres, à créer les conditions propices à l’émergence d’une élite politique et syndicale relativement unifiée face à un pouvoir frappé du syndrome du sclérose et  de la surdité. Elle vient d’administrer désormais la preuve, en dépit de son hétérogénéité, de ses capacités mobilisatrices et unitaires qui ont achevé de mettre à bas un système politique détesté et honni de tous. Le libéralisme économique et le pouvoir plus qu’autoritaire sur lesquels tablait ce régime détestable pour perdurer n’ont pas pu résister aux coups de boutoir de la foule enragée.

    L’Algérie pourrait-elle connaître le même sort que la Tunisie ?

    Il est bien difficile de prédire ce que réserve exactement l’avenir à notre pays que rattrapent des fièvres récurrentes et de crises politiques devenues quasi cycliques. Mais ce qui est certain, c’est que  si changements il y aurait, ils prendraient une tournure bien différente que celle prise par la Tunisie qui semble émerger progressivement, mais sûrement, d’une longue léthargie politique. Si nos dirigeants actuels continuaient à se complaire dans leur belles certitudes et dans leur confiance presque sans bornes dans le « tout sécuritaire » et le « tout répressif », ils ne manqueraient pas d’être surpris un jour par des évènements graves qu’ils n’auraient pas pu prévoir, faute de clairvoyance politique ou d’anticipation. Il n’est de meilleure politique, qui puisse garantir sécurité et stabilité, que celle qui s’ouvre à la société civile et qui gagne sa confiance et sa collaboration active et librement consentie. C’est parce que le régime de poigne de Ben Ali a formé dès sa naissance un corps hostile par rapport à la société et fonctionnant sur le mode d’espionite qu’il a fini par ôter à cette dernière toute confiance qu’elle aurait pu investir en lui. La rupture radicale qui vient de se produire entre ce régime exécrable et le peuple démontre l’inanité d’une politique fondée presque exclusivement sur la force  répressive.  La leçon tunisienne ne permet-elle pas de tirer quelques enseignements pour l’avenir ?

    Mais qu’en est-il  maintenant de notre pays, et surtout de notre opposition politique ? Celle-ci  est tout, sauf une opposition crédible sur laquelle on pourrait miser. A son propos, je ne craindrai pas de reprendre à mon compte l’appréciation qu’il en a faite Daho Ould Kablia lorsqu’il déclare : «  Moi, j’estime que les partis sont importants par le nombre de leurs militants. Pour la plupart, j’estime que leur impact sur la société est très faible. Aucun parti n’à une doctrine politique déterminée. Tous se ressemblent, tous chantent la même antienne, tous disent vouloir la démocratie, le développement, la croissance et le bonheur mais personne n’a les armes qu’il faut pour régler ces problèmes. » Cela est vrai. Sur ce point au moins, le ministre n’a point tort. Mais là cependant où il pèche par un excès de zèle partisan, c’est quand il chante les louanges du programme présidentiel en affirmant que «  C’est un gros succès que nous puissions nous appuyer sur les trois partis de l’Alliance présidentielle. De toute manière, il n’ y a pas d’action à inventer. C’est le programme du président qui a été adopté. La mise en œuvre se fait avec ses contraintes au niveau des études, de l’exécution, du suivi, de la gestion. Les organigrammes des administrations qui gèrent ce programme d’investissement de 280 milliards de dollars sont les mêmes que ceux des années 70. Aucune APC n’a un ingénieur, un urbaniste, un architecte, un ingénieur des eaux. C’est une génération d’hommes de métier qui est en train d’être formée. Quand on me dit qu’il y a deux millions d’étudiants, pour moi ce n’est pas un sujet de fierté. Ce n’est pas le nombre qui compte (…). Les Algériens n’aiment pas le manuel. Nous faisons appel à de la main d’œuvre étrangère, dans le BTP, l’agriculture. Il faut réfléchir à cela. »

    Réfléchir à tout cela, c’est avant tout se demander si importer la main d’œuvre étrangère pour faire le boulot que les Algériens pouvaient faire s’ils étaient bien formés et bien encadrés, constitue ou non un « sujet de fierté ». Comment cette Alliance présidentielle composite, hétéronome,  et sans autre liberté d’action que  celle qu’elle reçoit du Président pourrait-elle réussir  et former des hommes de métier là où les gouvernements qui ont succédé depuis 1970 ont lamentablement échoué ? Dire par ailleurs que les « deux millions d’étudiants » que comptent nos universités ne sont pas un « sujet de fierté », c’est reconnaître que la faillite de notre système éducatif  est un fait accompli et entièrement endossable à la responsabilité du pouvoir politique qui a toujours mis et continue à mettre l’accent sur la croissance quantitative au détriment de la qualité…

  • Ferhat Mehenni : " Bouteflika, s’il n’est pas déjà mort, connaîtra bientôt le même sort que Ben Ali"

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    "La Kabylie remarque que pour 66 morts, Benali est tombé. Bouteflika, après 127 morts en Kabylie a eu le culot de se représenter à deux reprises devant nous pour obtenir nos suffrages.", relève l'opposant Ferhat Mehenni, président du Gouvernement provisoire kabyle (GPK), dans un communiqué.

    Après 23 ans à la tête de la Tunisie, Benali prend la fuite avec au moins 66 cadavres sur la conscience. Le vaillant peuple tunisien est venu à bout de celui qui l’a tant bâillonné. Le Gouvernement Provisoire Kabyle (l’Anavad) souhaite à la Tunisie un avenir de liberté, de démocratie et de respect des droits humains dans la stabilité politique et la prospérité économique.

    Les médias français qui relaient l’information sur la Tunisie, de manière ininterrompue depuis le début des événements, a étrangement gardé le silence sur ceux qui se déroulaient en même temps à travers le territoire du voisin algérien.

    En Algérie, sur le plan politique, malgré une semaine de violences populaires qui ont touché l’ensemble du pays et occasionné de nombreux morts et blessés, l’homologue de Benali n’a même pas daigné s’adresser aux Algériens. Aujourd’hui, s’il lui reste un minimum de dignité, il doit démissionner.

    Bouteflika, s’il n’est pas déjà mort, connaîtra bientôt le même sort.

    La Kabylie qui, pour la 10e fois, va commémorer dans la douleur ses 127 morts du « Printemps Noir » 2001, ne renoncera pas à le chasser du pouvoir et à lui faire payer les crimes dont il a la responsabilité, à la tête du régime. Tant que justice ne sera pas rendue pour nos enfants assassinés ceux-ci nous interpelleront. Et ceux qui sont tombés ces jours-ci dans d’autres parties du pays appellent aussi justice. (...)

    L’Anavad demande une enquête internationale sur les crimes du régime comme l’assassinat de plusieurs opposants kabyles dont Krim Belkacem, Mouloud Mammeri, Tahar Djaout, Matoub Lounes, l’assassinat des 127 victimes du Printemps Noir de 2001 et celles d’aujourd’hui.

    La Kabylie remarque que pour 66 morts, Benali est tombé.  Bouteflika, après 127 morts en Kabylie a eu le culot de se représenter à deux reprises devant nous pour obtenir nos suffrages. Il continue de narguer  les Kabyles, qu’il traite à ce jour en étrangers.

    Aujourd’hui, le peuple kabyle est décidé à s’affranchir de l’oppression et de la répression dont il est victime depuis tant d’années. La communauté internationale sera bientôt amenée à reconnaître notre Gouvernement Provisoire Kabyle pour franchir cette ultime étape de notre combat.

    L’heure est donc historique. (...)La victoire est toute proche. Restons unis.

    Paris le 15/01/2011

    Pour l’Anavad, le Président Ferhat Mehenni

  • Ben Ali s’engage à partir en 2014 : et Bouteflika aussi ,said aussi, empasille' aussi , h'mimed aussi, tout le pouvoir algerien!!!!!!!

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    Regardez bien cette photo : des milliers d'habitants de Tunis ont bravé le couvre-feu et envahi le centre de la capitale et les grandes avenues des banlieues à Carthage et à Sidi Bou Saïd, quelques minutes après le discours télévisé du président Ben Ali dans lequel il annonçait ne pas avoir l'intention de briguer un nouveau mandat. On se filmait, on se congratulait. C'était le grand soir, à Tunis. Et sans doute la première fois qu'une foule pouvait décemment célébrer l'avènement annoncé d'une démocratie au Maghreb et dans un pays arabe.
    Ainsi terminent les despotes : dans l’indignité ! Ils s’en vont sous les youyous et les chants de liesse de leur propre population.
    Les Tunisiens le confirment qui sont heureux d’avoir contraint leur tyran à renoncer au pouvoir à vie. «On a la liberté d'expression, la liberté de l'information, la liberté de l'Internet!», criait Mahmoud, avenue Bourguiba. «On va préparer la démocratie, on va préparer une commission pour juger les corrompus!», ajoutait un de ses amis. «Et tous les corrompus, du haut en bas!», hurlait un garçon. (Le Figaro)
    Ainsi voudrait donc terminer Bouteflika ?
    Il  se pose, en effet, la question : Ben Ali s’en va en 2014 (ce qui reste trop loin, au demeurant), et Abdelaziz Bouteflika ?
    A trop vouloir rester au pouvoir, à trop mépriser le peuple, nos monarques autoproclamés quittent le trône la tête basse, chasés, désavoués, déshonorés, après avoir accompagné leurs pays vers la décadence. Ils ne voient pas le temps passer et le gouffre s’installer entre eux et la jeune population. « Le président Ben Ali n'avait plus d'autre choix que de capituler. Dans cette escalade de la violence, il avait été pris à son propre piège. La presse, aux ordres du pouvoir, n'était plus lue. La télévision officielle plus regardée. Entre le président et son peuple, il n'y avait plus rien d'autre que la force. Et donc une impasse absolue », écrit Le Figaro.
    Le regretté M’hammed Yazid, ancien ministre de l’Information au sein du GPRA a laissé cette déclaration avant de partir : « On continue d’avoir comme gestionnaires des affaires du pays des gens qui ne croient pas à la démocratie. Ces mêmes gens ont été amenés et installés à la tête du pays par un système qui perdure depuis l’indépendance. A partir de 1962, nous avons connu une usurpation du pouvoir par des institutions qui s’inscrivaient dans la logique du parti unique. Et cela explique les développements qui nous ont amenés à avril 1999 où un président dit de “consensus” a été installé à El Mouradia à la suite d’une mascarade électorale. »
     
    Comme Ben Ali, la famille et les proches de Bouteflika ont pillé le pays  (dixit l’ambassadeur de France in WikiLeaks) ; comme Ben Ali, Bouteflika a institué la corruption. Mais ses hommes sont mêlés à des scandales bien pires que ceux qu’on prête à Ben Ali. Les malversations commises par l’équipe Chakib Khelil se chiffreraient, à elles seules, à 52 milliards de dollars, selon une source de l’Energie, d’où la déclaration éloquente de Youcef Yousfi : « Les faits reprochés à l’ancienne équipe sont gravissimes »
    Bouteflika a décapité l’Etat, vidé les institutions…
     « Bouteflika ne pouvait se contenter du poste de président de la République, dit son vieux compagnon Chérif Belkacem. Il a voulu s’emparer de tous les postes, celui de ministre comme celui de député ou celui de maire. C’est pour cela qu’il n’y a plus aujourd’hui d’autorité nulle part, celle de l’Etat, celle du maire ou celle du ministre… Il faudra résoudre ce problème d’autorité après le départ de Bouteflika. »
     Comme Ben Ali, Bouteflika a abandonné la jeunesse et fermé toutes les perspectives
    A-t-il retenu les leçons des émeutes ?
    Il est à craindre que non.
    Comme Ben Ali, Bouteflika pense que le pouvoir ne se restitue pas. Il se consomme jusqu’à la mort, puis il se transmet Ainsi ont toujours pensé tous les autocrates arabes Hafez El Assad, de Bourguiba, de Kadhafi, de Saddam ou de leurs copies médiocres comme Ben Ali, rois-roturiers et monarques absolus. 
    Le pouvoir ne se restitue pas pour deux raisons.
    La première est que pour le nouveau président « civil », ex-capitaine putschiste, le pouvoir est un butin de guerre.
    Il appartient aux plus forts. A un clan. Son clan. Le clan des vainqueurs.
    Le pouvoir est un butin de guerre que l’on a conquis en mettant sa tête sur le billot. 
    Le billot ? C’est la guerre de libération, celle que Bouteflika dit avoir menée contre l’occupant français puis, à l’indépendance, au sein du groupe de militaires qui ont confisqué le pouvoir au peuple pour ne plus jamais le rendre : le clan d’Oujda formé autour de l’état-major général de l’ALN, dirigé alors par le colonel Houari Boumediene et qui avait écarté, à la dernière minute, et par la force, le Gouvernement provisoire de Benyoucef Benkhedda, le GPRA, pour s’emparer des rênes de commande en Algérie
    Il fera alors ce que fait Moubarak en Égypte, qui en est à sa nième modification de la constitution, Kadhafi en Libye, Hafez El Assad en Syrie, Ben Ali en Tunisie : paver le chemin à l’héritier disponible, le frère, puisqu’il n’y a pas de fils, le frère qu’il compte fortement impliquer dans l’exercice du pouvoir.
    Ainsi a fait Moubarak avec son fils Gamal, ainsi a fait Ben Ali qui viola deux fois la constitution, ainsi procédait Saddam avec son fils aîné, le tristement célèbre Oddei qui lui aurait succédé s’il n’y avait eu l’invasion américaine ; ainsi fit Hafez El Assad avec son rejeton Bashar ; ainsi s’apprêtait à faire Kadhafi avec son fils Seif-El-Islam…
    Le pouvoir appartient aux triomphateurs, aux conquérants. Pas au peuple. Mais à ceux qui « se sont battus au nom du peuple »

    La seconde raison pour laquelle il ne rendrait pas le pouvoir est que le pouvoir est « son dû ». 
    Le pouvoir est une affaire de clan.
    Ce 15 avril 1999, Bouteflika s’installait à vie, parce que ce pouvoir, c’est le sien, celui de la « famille ».
    Aussi, quand Bouteflika dit sur Europe 1 devant Jean-Pierre Elkabach.  : « J’aurais pu prétendre au pouvoir à la mort de Boumediene, mais la réalité est qu’il y a eu un coup d’Etat à blanc et l’armée à imposé un candidat », il parlait de la succession dans le cadre du clan. 
    « Boumediene m’a désigné comme son successeur par une lettre-testament qu’il a laissée avant sa mort. Cette lettre se trouvait à un moment donné aux mains d’Abdelmadjid Allahoum . Qu’est devenue cette lettre ? Je voudrais bien le savoir, car je l’ai vue cette lettre ! »
    Quand il posa, avec détermination, en octobre 1999, cette question à Khaled Nezzar, le général en restera stupéfait. « J’ai exprimé ma surprise. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel testament », raconte le général . Aucun dirigeant politique algérien n’a jamais entendu parler de cette lettre-testament.    
     Mais l’anecdote est significative de l’état d’esprit qui habitait l’homme à son intronisation : il revenait au pouvoir non pas en tant qu’élu de la nation mais en tant qu’héritier, monarque rétabli dans son « droit » à la succession.
    Il est même cocasse d’entendre Bouteflika sur Europe 1 devant Jean-Pierre Elkabach.  « J’aurais pu prétendre au pouvoir à la mort de Boumediene « mais la réalité est qu’il y a eu un coup d’Etat à blanc et l’armée à imposé un candidat »
    Le pouvoir est une affaire de clan.
    Ecoutez Belkhadem hurler : « Bouteflika se présentera en 2014 ! »
    Lui ou son frère Saïd…
    La coterie qui s’agglutine autour de Bouteflika ne veut pas entendre d’alternance.
    Alors, oui, la vraie préoccupation aujourd’hui est : combien de morts encore pour débarrasser le pays du clan Bouteflika, et de ses acolytes ?

    L.M.

  • Révélations : Les quatre conditions saoudiennes à Ben Ali

    On en sait un peu plus sur les circonstances de la fuite et de l'accueil de l'ex-président Zine-Eddine Ben Ali par les autorités saoudiennes après qu'il se fût enfui de Tunisie, acculé par les manifestations populaires.

    Ben Ali a quitté la Tunisie dans la précipitation, à bord d'un appareil militaire, certains journaux annonçant qu'il craignait d'être arrêté, d'autres qu'il était déguisé en femme voilée.

    Selon le journal saoudien Elaph, le royaume n'a accepté de lui offrir l'asile qu'à de draconniennes conditions qui ont été formulées à l'ancien président alors qu'il était encore dans l'appareil.

    - Interdiction de toute activité politique
    - Aucune initiative à partir du territoire saoudien
    - Aucune déclaration à la presse
    - Aucun mouvement de capitaux vers l'Arabie Saoudite

    Autrement dit, l'accueil de Ben Ali prend l'allure d'un statut de réfugié politique

    N.B.

  • Contre le régime de Bouteflika : Appel au rassemblement vendredi 14 janvier à 17h30

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    Jamais dans l’Histoire de notre pays, et notamment depuis la désignation au pouvoir de Abdelaziz Bouteflika , les libertés fondamentales n’ont autant reculé, au point qu’on peut se demander si elles existent toujours ou si elles sont vouées à disparaître sous les coups de butoir des généraux.  Nous avons connu depuis l'indépendance les crimes d'Etat les plus lâches. Nous avons connu depuis l'indépendance tous les visages de la dictature. Nous avons connu depuis l'indépendance la gestion des affaires de l'Etat par les ennemis de peuple. Nous avons connu depuis l’indépendance un pouvoir violent qui n’écoute pas son peuple ni l’opposition démocratique. Nous avons connu depuis l’indépendance une école sinistré qui produit des consommateurs et non pas des acteurs ; Nous vivons aujourd’hui l’Etat d’urgence, injustice, confiscation des droits les plus fondamentaux…

     Vous vous inquiétez pour votre sécurité, pour l’éducation de vos enfants, pour vos soins,pour l’avenir de votre pays, alors, venons ensemble pour donner un nouveau souffle au mouvement. Pour que dans la République que nous voulons, la sagesse, la tolérance, l'écoute et la hauteur de vue remplacent la force aveugle de la répression et le bain de son. Osons-nous lever pour faire revenir les libertés individuelles et collectives.

    Osons nous lever pour faire revenir l’écoute, la tolérance et la paix en Algérie ! Osons nous lever pour mettre fin à la dictature algérienne !Le pouvoir algérien est comme un virus. Il préfère évoluer dans les milieux malsains pour faire profit et cacher tout. Il maîtrise parfaitement la politique de la violence c'est son climat préféré pour rester plus longtemps au pouvoir et c'est pour cela qu'il parle aujourd'hui de Qaida en Afrique pour prolonger le climat de guerre . Y en a marre de la guerre . Vive la paix !Enfin un Etat démocratique ! « Ni Etat intégriste ni Etat militaire ». 

    Collectif de Soutien aux Mouvements Populaires :
    - CISA - Comité International de Soutien au Syndicalisme Autonome Algérien, - CFDA Comité de Soutien aux Familles des Disparus en Algérie), - CJAF - Collectif des Journalistes Algériens en France. - Coordination de l'Appel du 19 Mars, - PIR - Parti des Indigènes de la République, - UEAF - Union des Etudiants Algériens de France

    Rassemblement de Solidarité et de soutien au mouvement de la jeunesse algérienne
    Vendredi 14 Janvier 2011, à partir de 17h30 au :
    Parvis des Libertés et des droits de l'Homme,
    Place Trocadéro, Paris,
    Métro Trocadéro et Champs de Mars
  • Tunisie, un Octobre réussi

     

    Par : Mustapha Hammouche
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    Ben Ali aura tout tenté pour assurer la survie de son système. Après avoir dénoncé, dès le 28 décembre, “la récupération politique” du suicide du jeune Mohamed Bouazizi, il montrait du doigt, le 10 janvier, les “voyous cagoulés” qui commettaient “des actes terroristes” et promettait 300 000 emplois pour 2011-2012 ; le 12 janvier, il limogeait son ministre de l’Intérieur et désignait une commission d’enquête sur la corruption et la libération des manifestants n’ayant pas “participé à des actes de vandalisme” ; le soir même, le couvre-feu était instauré pour Tunis ; le 13, il s’engageait à quitter le pouvoir en 2014, dit “avoir compris” les manifestants et promet la liberté totale de la presse et la démocratie ; le 14, il limoge son gouvernement et promet, encore, des législatives “dans six mois”, puis quitte le pays après avoir désigné son Premier ministre pour le remplacer “provisoirement”.
    Mais après son départ, ses héritiers cèdent sur le provisoire et adoptent la situation de la vacation définitive du pouvoir en proclamant la présidence par intérim du président de l’Assemblée nationale. Tout au long de ces “concessions”, le soulèvement s’est amplifié et la répression s’est aggravée. Il devient, au fil des heures, clair que les Tunisiens veulent mettre fin au système Ben Ali et exigent que le mode de transition les mette à l’abri d’une régénération du système.
    Même après le pathétique “je vous ai compris” du maître de Carthage, et y compris dans sa fuite, il n’a pas échappé aux Tunisiens et observateurs que Ben Ali n’a pas renoncé à la virtualité d’un retour et encore moins à la perpétuation d’un Benalisme sans Ben Ali.
    S’ils ne l’avaient à l’esprit, le destin du soulèvement d’octobre 1988 en Algérie conforte objectivement la vigilance du mouvement tunisien et la clairvoyante résolution d’aller jusqu’au bout de l’objectif de renversement du système politique.
    En Algérie, les réformes partielles du lendemain des émeutes d’octobre 88 n’ont pas abouti à l’instauration de la démocratie justement parce que la condition d’évacuation du système politique n’ayant pas été remplie. Celui-ci a exploité son rôle de maître d’œuvre du projet démocratique pour se régénérer. Une scène politique polluée par l’irruption programmée de l’intégrisme, l’entretien tactique du régionalisme, une liberté de presse écrite seulement, des moyens financiers suffisants pour la corrompre et convertir les opposants… Ajoutons à ces atouts, une école qui a éradiqué la citoyenneté et une société qui a troqué les valeurs de civisme contre un intégrisme religieux débridé et l’on comprend que, plus de vingt ans après Octobre, les Algériens subissent un régime encore plus autoritaire que celui contre lequel ils se sont soulevés. Ce déficit sociopolitique algérien qui explique l’impasse dans laquelle finissent toutes les initiatives contestataires en Algérie.
    Mais la Tunisie, quant à elle, en plus de ne pas subir “la malédiction du pétrole”, n’offre pas à son régime les moyens de corrompre les consciences à grande échelle et entretenir une société civile maison ; elle a fait “l’erreur” de construire une école moderne qui forme à la citoyenneté et des institutions qui diffusaient le sens de l’état dans la société. C’est ce qui explique la clarté et la ténacité de la demande populaire d’une démocratie républicaine.

  • la rue gronde no moment



  • Il exige la dissolution de toutes les institutions “élues” Le RCD organise une marche samedi prochain

     

    Par : Arab Chih

    Le parti de Saïd Sadi endosse au régime “la responsabilité totale de la crise qui s’est, une fois de plus, soldée par des morts, des blessés et des dégradations de biens publics”.

    Point désarçonné par le refus opposé à sa demande d’organiser une manifestation pacifique dans la capitale, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a non seulement maintenu sa décision de marcher samedi 22 janvier, mais a fait monter son action revendicative d’un cran en exigeant rien moins que la dissolution de toutes les institutions “élues”.
    Outre le départ des membres des assemblées locales (APC et APW) et des députés, le parti de Saïd Sadi réclame ainsi, du chef de l’état, Abdelaziz Bouteflika, de remettre son mandat.
    Pour assurer la participation la plus large et la visibilité politique la plus nette, le RCD invite tous les patriotes à une marche populaire le samedi 22 janvier 2011 qui s’ébranlera de la Place du 1er-Mai jusqu’au siège de l’APN afin d’exiger : la libération de tous les prisonniers arrêtés lors des dernières manifestations, la levée immédiate de l’état d’urgence dont la seule fonction est d’étouffer la vie publique et de couvrir la corruption, l’ouverture du champ politique et médiatique et la restauration de toutes les libertés individuelles et collectives garanties par la constitution et la dissolution de toutes les institutions “élues”, a annoncé le RCD dans un communiqué rendu public, hier, à l’issue de la réunion de son conseil national tenue à El-Biar.
    “Ces revendications constituent un consensus sur lequel peuvent se retrouver l’ensemble des Algériennes et des Algériens adhérant au principe de l’état de droit et respectueux des valeurs de Novembre et de la Soummam”, estime le RCD qui, devant la gravité de la situation, a décidé d’en appeler à “la mobilisation vigilante de tous les patriotes algériens soucieux de l’honneur et du destin de la nation pour dépasser les sectarismes partisans afin de sortir d’un système politique qui sévit depuis un demi-siècle”. Solidaire avec les familles des victimes des derniers évènements qui ont secoué l’Algérie et la Tunisie en observant une minute de silence à leur mémoire, le RCD a tenu à exprimer “sa solidarité pleine et entière avec toutes les forces politiques et sociales qui œuvrent à l’instauration d’une vie publique transparente et démocratique portée par des institutions légitimes dans notre région”.
    Très critique vis-à-vis du système politique algérien, le RCD qualifie ce dernier d’“historiquement condamné, moralement disqualifié et politiquement dangereux”.
    Et d’ajouter : “Isolé, discrédité et inopérant, le gouvernement cafouille, improvise et manœuvre pour survivre au lieu de montrer un minimum de lucidité pendant qu’il en est encore temps”. Le parti de Saïd Sadi endosse au régime “la responsabilité totale de la crise qui s’est, une fois de plus, soldée par des morts, des blessés et des dégradations de biens publics”.
    Et les dernières mesures prises par le gouvernement pour calmer la rue en ébullition ne trouvent pas grâce aux yeux du RCD. “Outre leurs incohérences, les dernières mesures arrêtées par l’exécutif sont anticonstitutionnelles. La fiscalité et les taxes relèvent du législatif. Or, la loi de finances 2011 est votée depuis le mois de décembre. Ces inconséquences illustrent, jusqu’à la caricature, le délabrement d’un pouvoir sans assise ni vision”, explique-t-il.
    Travaillant pour l’avènement d’une Algérie démocratique et sociale, le RCD en appelle à la responsabilité des Algériens pour “agir vite pour sauver le pays du chaos”.

  • Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales, Syndicat national des maîtres-assistants



    Encore une fois, notre pays vit des moments très difficiles qui nous montrent que 50 années après l’indépendance, l’Algérie se recherche encore. Comment se fait-il que le pays dont les investissements publics sont parmi les plus élevés au monde puisse connaître cela ?
    Cet énième épisode de mécontentement populaire mérite à notre sens mieux que les explications surnaturelles de notre ministre de l’Intérieur qui pense que ces troubles sont l’œuvre de petits voyous sans véritable conscience politique. Pour mémoire, les émeutes d’Octobre 88 ont été aussi qualifiées par un ambassadeur devenu ministre de la République de chahut de gamins, la suite tout le monde la connaît. Malaise général, corruption. Emeutes à répétition, jeunes et moins jeunes qui essayent de fuir le pays au péril de leurs vies, pourquoi tout cela ? C’est vrai que l’Algérie a de l’argent pour construire un million de logements et des autoroutes clés en main, malheureusement, ces dirigeants sont en panne d’idées. Après des années d’un avant toute vers l’économie libérale et des tentatives de privatisation tous azimuts avec les résultats désastreux que l’on sait, on assiste à une marche arrière toute avec un retour vers l’économie centralisée et une tendance au protectionnisme d’antan. Le problème, c’est que cette politique d’une chose et son contraire a été et reste menée par la même équipe installée au pouvoir depuis des décennies !!!. Schizophrénie ? Non, c’est plutôt de l’incompétence et l’incapacité d’avoir une vision et une stratégie de développement globale, claire et juste. Pour ne pas être nihiliste, on dira que des réalisations ont été certes réalisées, mais pour les axes les plus importants du programme présidentiel, c’est l’échec. La dépendance aux hydrocarbures reste totale, l’économie est encore en panne, le chômage est devenu endémique chez les jeunes, la corruption touche nos institutions les plus prestigieuses et les promesses de bonne gouvernance avec tout ce que cela sous-entend ont été complètement oubliées .
    Pourquoi ce gâchis ?
    La raison est qu’ aucun pays ne peut se développer sans démocratie. Un pouvoir, aussi éclairé soit-il, ne peut fonctionner et être utile à son pays sans contre-pouvoir. Ce contre-pouvoir qui va titiller, contrôler, alerter, discuter des programmes qui engagent le pays est représenté par les partis de l’opposition, les élus du peuple, la société civile, les syndicats, la presse libre, etc. Ce contre-pouvoir est une manne plus importante pour le développement d’un pays que les centaines de milliards de dollars investis dans des plans quinquennaux sans lendemain. Pour l’anecdote, lors des dernières élections dans un grand pays démocratique outre Méditerranée, le parti au pouvoir avait laminé le principal parti de l’opposition. A la question posée au leader de ce parti par les journalistes de savoir ce qu’il pensait de cette victoire écrasante, il eut la réponse suivante : pour le parti que je représente, c’est une très bonne chose, mais pour mon pays, c’est une situation très dangereuse car la démocratie ne peut fonctionner sans une opposition forte. Je suis très jaloux aussi quand je vois M. Erdogan, Premier ministre turc, monter à la tribune du Parlement de son pays et réclamer plus de moyens pour l’opposition qui, à l’occasion, ne se privera pas de lui mener la vie dure !!! Nos dirigeants n’ont jamais compris ou accepté cela. Les Algériens veulent le droit et la liberté de créer des syndicats, des associations, des partis politiques, ils revendiquent aussi le droit de se réunir et de manifester de manière pacifique. Les Algériens veulent l’alternance au pouvoir de manière pacifique pour que ceux qui échouent partent en laissant la place à d’autres dans le respect des règles du jeu démocratique. Aucune manifestation ou réunion publique n’est autorisée en dehors de celles de la famille révolutionnaire, de l’UGTA ou des associations satellites du pouvoir. Que M. Louh, ministre du Travail et des Affaires sociales, qui est un ancien syndicaliste nous dise combien des syndicats ou associations ont pu obtenir leurs agréments depuis qu’il est à la tête de ce département. Les Algériens veulent une télévision qui les représente et non pas une institution qui consacre une page spéciale au Soudan avec des douktours importés en occultant complètement les barricades et les fumées des bombes lacrymogènes qui pleuvaient sur la place du 1er-Mai et que le directeur général de cette institution ne pouvait pas ne pas voir à travers la grande baie vitrée de son grand bureau. Que reste-t-il aux Algériens pour s’exprimer de manière pacifique et participer à la vie de la cite à part le langage des pneus brûlés et des émeutes violentes ? Et même si on ne peut que condamner les destructions et les actes de pillage, nous ne pouvons occulter que c’est la conséquence logique de ce verrouillage systématique de la vie publique et politique. Les droits humains ne se résument plus aux droits à la santé et au travail, les libertés fondamentales en sont partie intégrante. Nous devons impérativement tirer des leçons de ce qui se passe dans notre pays. L’ouverture du champ politico- médiatique, le respect du droit syndical et associatif, une presse libre, une opposition forte et jouant pleinement son rôle sont les seuls garants pour qu’à l’avenir, les frustrations et les colères puissent être canalisées et exprimées de manière pacifique et constructives pour notre pays. Voilà ce que veulent et revendiquent les Algériens. Malheureusement, nous avons l’impression que l’autisme de nos dirigeants a encore de beaux jours devant lui. A grands renforts d’experts et de syndicats maison, on veut réduire cette énième crise à un malentendu dû à la hausse des prix de quelques denrées alimentaires de base ; funeste erreur. C’est faire insulte à l’intelligence du peuple algérien que de penser que ses enfants qui plus est seraient de petits voyous sont morts pour faire baisser le prix de l’huile et du sucre !!! Le propre de l’homme est d’oublier l’orage quand il fait beau, disait Machiavel, nos dirigeants auront-ils le courage et la sagesse de contredire cet adage en profitant de cette accalmie pour se remettre en question et redonner à notre grand pays la place qu’il mérite dans le concert des nations ? Le peuple algérien a subi le socialisme, le libéralisme, le dirigisme, le populisme, l’islamisme avec les résultats que l’on connaît. Et si on essayait tout simplement sur lui la démocratie ?
    Pr N. Djidjeli Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires

  • Marche populaire le samedi 22 janvier 2011

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    Résolutions du conseil national du 15 janvier 2011
    Auteur:
    Publié: 15/01/11

    Le RCD a tenu son conseil national le 15 janvier 2011 à Alger.
    A l’ordre du jour figurait prioritairement le climat social et politique que vivent notre pays et ses voisins. Le conseil national du RCD a observé une minute de silence à la mémoire des victimes tombées en Algérie et en Tunisie. Il assure leurs familles de sa fraternelle compassion et exprime sa solidarité pleine et entière avec toutes les forces politiques et sociales qui œuvrent à l’instauration d’une vie publique transparente et démocratique portée par des institutions légitimes dans notre région.

    Au niveau national, le conseil national du RCD impute au régime la responsabilité totale de la crise qui s’est, une fois de plus, soldée par des morts, des blessés et des dégradations de biens publics. Ces explosions sont la conséquence directe des dévoiements de notre indépendance pour laquelle notre peuple a payé le tribut le plus lourd.

    Devant la gravité de la situation, le RCD en appelle à la mobilisation vigilante de tous les patriotes algériens soucieux de l’honneur et du destin de la Nation pour dépasser les sectarismes partisans afin de sortir d’un système politique qui sévit depuis un demi-siècle.

    A ce titre et pour assurer la participation la plus large et la visibilité politique la plus nette, le RCD invite tous les patriotes à une marche populaire le samedi 22 janvier 2011 qui s’ébranlera de la place du 1er mai jusqu'au siège de l’APN afin d’exiger :

    1. La libération de tous les prisonniers arrêtés lors des dernières manifestations ;
    2. La levée immédiate de l’état d’urgence dont la seule fonction est d’étouffer la vie publique et de couvrir la corruption;
    3. L’ouverture du champ politique et médiatique et la restauration de toutes les libertés individuelles et collectives garanties par la constitution ;
    4. La dissolution de toutes les institutions « élues ».

    Ces revendications constituent un consensus sur lequel peuvent se retrouver l’ensemble des Algériennes et des Algériens adhérant au principe de l’Etat de droit et respectueux des valeurs de Novembre et de la Soummam.

    La Nation algérienne est en péril. Le système politique actuel est historiquement condamné, moralement disqualifié et politiquement dangereux.

    Isolé, discrédité et inopérant, le gouvernement cafouille, improvise et manœuvre pour survivre au lieu de montrer un minimum de lucidité pendant qu’il en est encore temps.

    Outre leurs incohérences, les dernières mesures arrêtées par l’exécutif sont anticonstitutionnelles. La fiscalité et les taxes relèvent du législatif. Or la loi des finances 2011 est votée depuis le mois de décembre. Ces  inconséquences illustrent jusqu'à la caricature le délabrement d’un pouvoir sans assise ni vision.

    Le combat de la Nation algérienne a inspiré la libération et l’émancipation de nombreux autres peuples.

    • Nous avons la responsabilité d’agir vite pour sauver la patrie du chaos ;
    • Nous avons le devoir de protéger les repères et les symboles de notre peuple.
    • Nous avons le droit de vivre dans la dignité et l’honneur dans notre pays.

    Gloire à nos martyrs.

    Vive l’Algérie démocratique et sociale.

     

    Alger, le 15 janvier 2011

     
  • monde diplo sur l'algerie

    jeudi 13 janvier 2011

    Algérie : les raisons d’un soulèvement

    En 2010, l’Algérie a connu entre 9 000 à 10 000 émeutes. Et l’année 2011 a commencé par une semaine de violentes manifestations d’ampleur nationale : des jeunes en colère ont pris pour cibles les édifices publics et les commerces privés des « protégés de l’Etat », comme les présente Kamel (1), un jeune de Bab el-Oued. Le 5 janvier, c’est justement de ce quartier de la banlieue d’Alger qu’est partie la révolte, à la suite, toujours d’après notre interlocuteur, de l’agression d’un marchand ambulant dont l’étalage a été renversé par des policiers en civil. Les jeunes de Bab el-Oued ont refusé cette énième provocation, eux qui ont cru vainement que leur sort allait s’améliorer quand les autorités locales leur avaient promis l’octroi d’emplacements légaux sur le marché de la ville. La répression a fait quatre morts et des centaines de blessés.

    Loi financière catastrophique

    La rapide propagation de ces manifestations à tout le pays a été interprétée comme la conséquence de la flambée des prix de l’huile et du sucre (2). En réalité, le coût de ces deux produits de première nécessité n’est pas le seul à avoir connu une hausse vertigineuse (plus de 20 % entre le 31 décembre 2010 et le 1er janvier 2011). Depuis le vote parlementaire de la Loi de finance complémentaire (LFC), le 21 juillet 2009, le portefeuille du citoyen algérien est soumis à un régime drastique (3). A cela s’ajoutent les multiples pénuries comme, ce dernier mois, celles du lait et de la farine.

    La LFC 2009 prône le « patriotisme économique » et compte donner la chasse aux « fraudeurs ». L’Etat algérien entend ainsi occuper le terrain qu’il a abandonné depuis plus de vingt ans, ce qui a permis l’explosion du marché informel – qui représente, selon El Watan, 40 % de l’économie du pays. Mais il est passé en force, sans consulter aucun des acteurs économiques et sociaux, et n’a proposé aucune amélioration structurelle pour faciliter la réalisation de son projet. Rappelant qu’en Algérie « le monde du travail n’accapare pas plus de 20 % du PIB [alors que] le pouvoir et ses clientèles s’en attribuent 80 % sans créer de richesses », M. Athmane Mazouz, chef du groupe parlementaire du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), a voté contre cette loi, car, selon lui, elle ne repose « sur aucune vision à même d’offrir une perspective de développement national ».

    Les dirigeants algériens ont oublié que l’Etat avait encouragé le marché informel dans les années 1990 pour résister aux pressions du Fond monétaire international (FMI), ou, dans le cas du marché de l’alcool, pour résister aux islamistes. Le président Abdelaziz Bouteflika et son premier ministre Ahmed Ouyahia ont donc mis en place une batterie de lois pour assurer la traçabilité des transactions financières des importateurs et des commerçants algériens, afin de les imposer. Interrogé sur les effets de cette loi, un « négociant de café vert travaillant avec l’Algérie depuis 1996 » dénonce une « gestion des importations archaïque » assortie d’une « manne pour les banques »  ; pour lui, trop de documents et de garanties sont exigés, avec un coût supplémentaire allant de 500 à 1 000 dollars par dossier… A ses yeux, l’augmentation des prix que connaît actuellement l’Algérie n’est qu’un début, car de moins en moins d’exportateurs veulent travailler avec le pays, ce qui va provoquer une raréfaction des produits. « Il y a trop de risques financiers, le CREDOC (4) n’est plus utilisé nulle part ailleurs dans le monde, et la marchandise peut vous être renvoyée pour un simple problème d’étiquetage en arabe. »

    Un petit pansement et on recommence

    Face à la colère des Algériens, MM. Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia ne se sont pas encore exprimés publiquement. Cependant, une réunion interministérielle s’est tenue trois jours après le début des manifestations pour décider de l’annulation des taxes et des droits de douane sur les huiles et le sucre roux jusqu’au 31 août prochain (5). L’exécutif pose donc un pansement sur le front d’un corps social enfiévré… « On avait espéré que la rue soit écoutée, au lieu de cela 1200 jeunes ont déjà été arrêtés, déplore Mustapha Bouchachi. Beaucoup d’entre eux ont subi des violences policières et sont incarcérés. » Le président de la Ligue algérienne des droits humains (LADDH) craint que les manifestations de ce début d’année ne se reproduisent ; selon lui, le pouvoir doit lever l’état d’urgence instauré en 1992, dont le maintien « ne vise plus les intégristes mais la société civile ».

    Au moment où les étudiants, les syndicats et les partis d’opposition s’organisent pour poursuivre le mouvement de manière pacifique, les autorités publiques sont accusées d’empêcher l’accès au réseau social Facebook. A une société assoiffée de liberté, l’Etat n’a que des verrous à offrir…

    Ali Chibani

    (1) Le prénom a été changé.

    (2) Certains politiques, le ministre de l’intérieur Daho Ould Kablia en tête, ont accusé les « lobbies » industriels mécontentés par la Loi de finance complémentaire de 2009. D’autres sources politiques et syndicales nous ont aussi parlé de probables règlements de comptes entre les clans militaires composés de pro et d’anti-Bouteflika.

    (3) Ainsi, la hausse des prix à la consommation entre octobre et novembre 2010 a atteint 0,8 % à Alger.

    (4) Le Crédit documentaire est l’une des contraintes mises en place par la LFC 2009.

    (5) Avec une réserve de change estimée à 155 milliards de dollars, l’Etat algérien estime pouvoir résoudre tous les conflits sociaux par de petites augmentations de salaire sectorielles ou par des décisions « exceptionnelles et limitées » comme les détaxations.

  • Decès du jeune d’Annaba qui s’est immolé

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    Le jeune de Tebessa Mohcen B qui s’est immolé dans la matinée de samedi a succombé à ses blessures vers 18 heure de la même journée à l’hôpital des Grands brûlés d’Annaba.

    Chômeur de son état, ce jeune de 26 ans, résidant dans la commune de Boukhadra, 35 km au nord de Tebessa, s'est immolé après avoir essayé un refus du maire de lui donner un poste de travail. Ce qui l’a poussé à s'asperger d'un liquide inflammable, au sortir du siège de l'APC et de mettre le feu à son corps.

    Rabah Beldjenna
  • notre ami boutef 1er

  • quittez le pouvoir

  • hogra fi l'algerie

  • Moncef El Marzouki : «Le pouvoir est dans la rue»

      

    El Watan, 15 janvier 2011

    Pour le chef de file de l’opposition démocratique tunisienne, Moncef El Marzouki, la Tunisie vit une deuxième indépendance. Le peuple a exigé le départ de Ben Ali du pouvoir et c’est fait. El Marzouki, président du Congrès pour la République (CPR) qui se trouve à Paris en ce moment, a décidé de rentrer au pays comme tous les autres opposants tunisiens pour participer à l’instauration de la démocratie en marche en Tunisie. Il réclame le jugement de Ben Ali pour des crimes contre l’humanité et appelle à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et la tenue des élections présidentielle et législatives libres et démocratiques.

    - Ben Ali quitte le pouvoir sous la pression populaire et le Premier ministre Ghannouchi lui succède provisoirement.

    Le pouvoir est dans la rue. Aucune autre personne ou groupe ne peut se proclamer président. C’est le peuple qui a déposé le dictateur Ben Ali et c’est à lui de choisir librement et démocratiquement ses dirigeants. Tous les sbires de Ben Ali doivent partir du pouvoir.
    Nous sommes en train de vivre une deuxième indépendance. Après celle contre l’occupation extérieure, le peuple se soulève contre l’occupation intérieure, car il s’agit bel et bien d’un état d’occupation où une minorité opprime le peuple depuis des années. Nous devons être à la hauteur de cette indépendance. En ce qui me concerne, je rentre au pays dans deux ou trois jours. Le peuple vient de briser l’une des dictatures les plus cruelles au monde. C’est la fin d’une longue nuit d’oppression.
    Le discours et la décision de dissoudre le gouvernement et de tenir des élections législatives anticipées sont la dernière carte du Président. On avait peur qu’il puisse berner les gens, mais rapidement on a vu comment le peuple a réinvesti la rue aujourd’hui (hier, ndlr) dans toutes les villes tunisiennes et surtout dans la capitale. C’est une réponse magnifique. Les manifestants sont clairs dans leurs revendications, ils réclament le départ de Ben Ali. Ils se sont rassemblés pacifiquement devant le siège du ministère de l’Intérieur qu’il faudrait raser d’ailleurs et ériger à la place une statue de la liberté. C’est notre bastille.

    - L’armée semble prendre les choses en main…

    Les événements se précipitent s’accélèrent. Effectivement, l’armée semble prendre le contrôle du pays. L’aéroport de Tunis est sous le contrôle de l’armée ; des membres de la famille Trabelsi y ont été arrêtés. Le camarade du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT), Hamma Hammami, vient d’être libéré. On se dirige inévitablement vers un coup d’Etat. J’ai demandé à l’armée d’intervenir pour déposer le dictateur. Mais je tire la sonnette d’alarme. L’armée doit jouer un rôle positif dans la transition démocratique.

    - Certains partis de l’opposition ont pris acte des décisions du président Ben Ali annonçant l’idée d’un gouvernement d’union nationale…

    Ecoutez, ce sont des partis déconsidérés, qui ont perdu tout honneur. Après tant de répression – qui a fait plus de 100 morts et des milliers de blessés – et des années de dictature cruelle, il est hors de question d’accepter de travailler avec ce monsieur. Le peuple sait que ce président est un menteur. Depuis son arrivée au pouvoir, il ne fait que mentir au peuple. La solution réside dans le départ de Ben Ali et l’instauration d’un gouvernement d’union nationale, sans Ben Ali et ses sbires.  Nous revendiquons aussi son jugement pour crimes commis contre les 30 opposants tunisiens morts sous la torture et les 100 Tunisiens assassinés durant ces événements. Jugement aussi pour le pillage de toutes les richesses du pays et l’argent volé au peuple, par lui, par sa famille et celle de sa femme.

    - Comment voyez-vous l’évolution de la situation dans le pays ?

    Le peuple vient de remporter une victoire éclatante contre l’arbitraire, qui n’a que trop duré. C’est à ce peuple de décider de la nouvelle direction à donner au pays. C’est sa victoire. Nous militons depuis des années, nous avons subi les pires atrocités d’un régime dictatorial. Nous demandons la tenue d’élections présidentielle et législatives anticipées dans les plus brefs délais. En dehors de cela, aucune autre proposition ne sera acceptée ni par le peuple ni par l’opposition. Toutes les forces politiques de l’opposition sont condamnées à agir et à être à la hauteur des sacrifices consentis par notre peuple.

    Hacen Ouali

  • Des dizaines de personnes se rassemblent à Alger

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    Des dizaines de personnes se rassemblent à Alger

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    Une centaine de citoyens se sont rassemblés samedi à Alger sur la "Place de la Liberté de la Presse" pour soutenir le mouvement de protestation qui a fait vaciller le régime de Ben Ali en Tunisie. Journalistes, artistes, militants des organisations des Droits de l'Homme et étudiants, ces citoyens n'ont pas manqué de réclamer aussi  le changement en Algérie. 

    "One, two, tree, viva la Tunisie", "Barakat, Barakat El-Hogra", "Libérez l'Algérie", "Urgence, abandonnez l'Etat d'Urgence", tels sont les slogans scandés samedi à partir de 13 H par une centaine de personnes qui se sont réunies au boulevard Hassiba Ben Bouali, sur "la Place de la Liberté de la Presse", pour exprimer leur ras-le-bol contre les régressions et les atteintes aux libertés publiques en Algérie.

    Avec des banderoles brandies à bout de bras, des chants patriotiques entonnés en choeur et des appels à la mobilisation pour une démocratisation de la vie publique en Algérie, ces manifestants ont rapidement attiré l'attention des badauds et des policiers. Ces derniers ont pris place tout au long du boulevard Hassiba Ben Bouali pour empêcher les manifestants de marcher dans la rue.

    Tout a été donc fait pour que le rassemblement reste circonscrit uniquement à "la Place de la Liberté de la Presse". Et après quelques minutes de cris de révolte et d'appels à la mobilisation, les policiers ont arraché les banderoles qui revendiquaient une nouvelle ère en Algérie.

    Les manifestants tiendront, tout de même, tête aux forces de l'ordre en continuant à chanter  leur soif de démocratie jusqu'à ce qu'ils décident eux-mêmes de se disperser dans le calme. 

    Abderrahmane Semmar