Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 10

  • Deux jeunes s'immolent à Jijel et Tebessa !

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

    Deux jeunes empêtrés dans des problèmes sociaux se sont immolés par le feu vendredi et samedi à Jijel et Tébessa. Après s'être aspergé d'essence, ces jeunes ont laissé les flammes dévorer leur corps pour exprimer leur mal-être et leur ras-le-bol contre la précarité et les injustices sociales. 

    Vendredi soir, à 21 H, un jeune de 26 ans, répondant aux initiales H.S, s'est immolé en plein centre-ville de Jijel, sur l'avenue Emir Abdelkhader  ! Sous le choc, les passants se sont accourus pour secourir ce jeune malheureux qui a voulu en finir avec sa vie pour dénoncer la mal-vie qui le terrasse au quotidien.

    Transféré par la suite à l'hôpital de Jijel, le pauvre jeune a été admis au service de réanimation et demeure jusqu'à l'heure actuelle sous surveillance médicale. Souffrant de brûlures au troisième degré, ce jeune semble hors de danger, selon des sources locales. 

    A Tébessa, Mohcen B, un chomeur de 26 ans, résidant dans la commune de Boukhadra, 35 km au nord de Tebessa, s'est lui aussi immolé, samedi. Selon des sources locales, c'est le refus du maire de lui donner un poste de travail qui l'a poussé à s'asperger d'un liquide inflammable, au sortir du siège de l'APC et de mettre le feu à son corps. Il a été évacué vers l'hôpital d'Annaba. Son état de santé est très critique. Le maire a été relevé de ses fonctions par le wali qui s'est déplacé sur les lieux.

    Abderrahmane Semmar
  • Boumerdès : un citoyen s’immole à l’intérieur du siège de la daira de Bordj-Menaiel

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

     

    Un citoyen répondant au nom de Aouichia Mohamed, a tenté de mettre fin à ses jours en s’immolant, le 12 janvier dernier, dans l’enceinte du siège de la daira de Bordj-Menaiel, à 30 km à l’est de Boumerdès.

    Le malheureux, âgé de 41 ans et père de six enfants, travaillait comme agent de sécurité à la daira de Bordj-Menaiel. Il a recouru à cet acte suprême suite à son « exclusion arbitraire » de la liste des bénéficiaires de logements sociaux  de sa localité, Cap Djenet.

    Nos sources indiquent, que la victime s’est immolée dès sa sortie du bureau d’un responsable de la même institution, lequel lui avait de tout temps promis de l’aider pour bénéficier d’un nouveau toit qui répond aux besoins de sa famille.

    N’ayant pas reçu de réponses rassurantes et convaincantes, la victime passa à l’action, en mettant le feu à son corps après l’avoir aspergé d’essence. Le drame a été évité de justesse grâce à l’intervention de l’un de ses collègues, qui a eu le réflexe de le pousser à terre avant d’éteindre le feu à l’aide de l’eau.

    L’auteur de cet acte désespéré a été évacué par la suite vers le service des urgences de l’hôpital de la ville où il est toujours sous observation médicale. Une source médicale nous a indiqué que ses jours ne sont pas en danger.

    La victime vit dans des conditions intenables. Son logement a été sérieusement endommagé suite au séisme de 2003. Les autorités lui ont promis de lui attribuer un logement, mais en vain.

    Ramdane Koubabi
  • Date de péremption largement dépassée ! périmé et dangereux le pouvoir algerien

     

     



    Par Hakim Laâlam  
    Email : laalamh@yahoo.fr
    B. Hergma, médecin exerçant à Mekla, en Kabylie. Il s’exprime à
    jeun à propos des émeutes: «L’Algérie doit changer de régime ! »

    Moins d’huile, moins de sucre et plus de thé ?

    J’ai le cœur au bord des lèvres ! En termes plus crus, hachakoum, j’ai envie de vomir. Comment ne pas gerber son petit déjeuner lorsque vous parviennent les odeurs fétides qui se dégagent du débat du moment, un débat porté sur la place publique. Un ministre qui passe son temps à parler d’huile et de sucre. Des industriels de l’agroalimentaire qui lui répondent sur le même registre épicier : «Non ! Tu n’as pas respecté l’accord conclu et le bidon d’huile, tu l’écoules à 654,32 DA, alors que nous étions convenus qu’il ne serait commercialisé qu’à 645,23 DA !» Et les opérateurs de rétorquer : «Non ! Nous avons respecté à la virgule près les tarifs arrêtés en commun. Voyez le sucre ! Il est cédé à 99,69 DA !» Je ne sais pas si le Primperan a vu son prix augmenter, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il va m’en falloir une bonne rasade pour ne pas rendre mes tripes ! M’enfin ! C’est tout ce que vous avez retenu des émeutes de ces derniers jours ? C’est là la seule leçon que vous tirez de ce «janvier noir» ? Ezzit ou Essoukour ? Toute cette colère, tous ces affrontements, tous ces saccages, et vous passez votre temps, une calculette à la main, apposant des étiquettes sur des fioles d’huile et des sachets de sucre ? Bon Dieu ! Mais qu’est-ce donc que ce bouchon qui obstrue vos oreilles et vos yeux ? De quelle matière est-il fait que vous n’entendiez toujours pas et que vous ne voyiez rien ? La rue gronde la fin d’un système sénilement rentier, et vous lui balbutiez une mercuriale, vous lui caquetez de petites additions et soustractions de bazar ? Au moment où un dictateur voisin renonce enfin, se prépare à baisser rideau sur son échec répété depuis 1987, sur son «œuvre» d’enfermement d’une population sous le timbre écrasant d’une carte postale touristique, juste à côté, à un jet d’autocratie anachronique, son homologue et la cour qui lui prête allégeance à l’ombre des derricks érigent l’autisme criminel en mode de gestion permanente. Allô ! Allô ! Allô ! Ici la rue ! Les colères de la rue ne se jaugent pas au litron d’huile ni au kilogramme de susucre ! La rue est enfin arrivée à la limite de votre date de péremption. Vous êtes périmés ! PERIMES ! Si vous étiez un médicament, vous seriez dangereux pour la santé publique. Vous n’êtes pas un médicament. Mais vous êtes tout de même dangereux. Pour la survie de l’Algérie. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.
    P. S. : ne pouvant répondre individuellement aux nombreuses marques de sympathie qui m’ont été adressées après l’envol de ma mère pour son dernier voyage, je voudrais ici, en mon nom et au nom de tous les miens, vous remercier pour ces soutiens et ces messages de réconfort en ces moments de douloureuse séparation. Merci du fond du cœur ! Le Fumeur de Thé.

    mes sincéres condoléances hakim à lui nous appartenons et à lui nous retournerons.

  • Mondialisation et résistances sociales au Maghreb

    merci fréres et soeurs tunisiens

       

    http://www.michelcollon.info/Mondialisation-et-resistances.html

    Mohamed Tahar Bensaada

    14 janvier 2011

    Les émeutes sociales qui font la une de l’actualité maghrébine en Tunisie et en Algérie révèlent au grand jour le grand décalage entre les attentes populaires en matière de politique sociale d’une part et les modèles de développement économique imposés par les pouvoirs en place dans la région de l’autre. Si le mode d’insertion à l’économie internationale reste marqué essentiellement par la dépendance des bourgeoisies locales à l’égard du centre du capitalisme mondial, les formes varient d’un pays à l’autre et posent des problèmes structurels différents par-delà la similitude des conséquences sociales vécues par les populations défavorisées.

    La crise du modèle tunisien

    Le fait que les émeutes aient commencé en Tunisie est à lui seul instructif. Il ne s’agit pas de n’importe quel modèle de développement dans la région. Il s’agit du « meilleur » modèle si on s’en tient aux critères des institutions économiques et financières qui régentent le capitalisme mondial. Sous la protection d’un Etat policier particulièrement répressif, le pays s’est taillé une part non négligeable dans la division régionale et internationale du travail. Des salaires relativement bas assurent un véritable dopage social et encouragent l’investissement direct étranger.

    Le développement d’une industrie locale de substitution aux importations (ISI), grâce aux facilités administratives d’un Etat devenu entremetteur au service du capital étranger, assure l’enrichissement d’une bourgeoisie « nationale » sous-traitante au service des multinationales et la consolidation d’une bureaucratie civile et policière corrompue qui constitue la base sociale du régime. Ces options économiques sont présentées dans un pays pauvre en matières premières comme le prix à payer pour assurer l’emploi et le développement d’un pays qui ne peut compter autrement que sur la manne touristique.

    Mais la dépendance économique a son revers de la médaille. Dès le retournement de la conjoncture économique internationale de 2009, la Tunisie s’est trouvé piégée par un modèle artificiel avec toutes les conséquences néfastes sur l’emploi et le revenu intérieur. Jusqu’ici, les émeutes et les manifestations populaires pointent du doigt les conséquences sociales d’un modèle de développement (chômage des jeunes, cherté de la vie, absence d’infrastructures et de projets économiques dans les régions du centre et de l’ouest du pays…) mais tôt ou tard, le mouvement social sera appelé à remettre en question un modèle fondé sur la dépendance et le développement inégal. Cette remise en question ne saurait éluder plus longtemps la question de la mondialisation qui, contrairement aux discours dominants du FMI et de la Banque mondiale, n’a fait qu’engendrer plus de dépendance et de sous-développement sans les effets d’entraînement technologique supposés.

    Mais dans un pays politiquement verrouillé, les perspectives à court terme ne sont pas des plus optimistes : à l’ombre de l’autoritarisme musclé du régime, les forces qui surfent sur la vague du populisme religieux attendent leur heure. L’empire américain ne saurait rester indifférent aux évolutions d’une région en contact direct avec le Moyen Orient. Par-delà les discours idéologiques servis ici et là, les enjeux géopolitiques primeront sur tout le reste. Peu importe la couleur idéologique du changement escompté, pourvu qu’elle assure la stabilité et la pérennité des intérêts de l’empire dans la région. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la dernière réaction américaine en date, à savoir la convocation de l’ambassadeur tunisien par le Département d’Etat pour lui signifier les préoccupations de Washington quant à l’exigence du « respect des libertés individuelles » et à l’accès au Net.

    Paradoxalement, la crise du modèle tunisien est apparue au grand jour au moment où fortes de la caution intéressée des institutions économiques et financières internationales, des voix libérales pseudo-modernistes en Algérie n’hésitent pas à chanter les bienfaits du modèle tunisien. On connaît la chanson : un pays sans pétrole ni gaz qui réussit des performances économiques enviables et qui commence de ce fait à attirer les investissements d’entrepreneurs algériens fuyant la « bureaucratie » et des touristes algériens cherchant le « farniente » à moindre prix !

    La crise du modèle algérien

    Si en apparence, les mêmes causes produisent les mêmes effets, les émeutes sociales qui ont éclaté en Algérie révèlent néanmoins des enjeux sociaux et politiques plus complexes. Comme en Tunisie, les émeutes sociales sont un révélateur politique sérieux : en l’absence de canaux sociaux et institutionnels démocratiques, il ne reste que la rue comme mode d’expression de la révolte sociale. On peut déplorer les violences et les atteintes aux biens et aux personnes mais la responsabilité première incombe au gouvernement qui a fait des autres canaux politiques et syndicaux des chambres d’enregistrement et d’exécution des demandes du pouvoir et les a ainsi transformés en coquilles vides sans crédibilité ni influence sur la population.

    Comme en Tunisie, il s’agit de la faillite d’un modèle de développement basé sur la dépendance même si elle a prend dans ce dernier cas une autre forme. Une économie qui s’est spécialisée dans la mono-production et la mono-exportation des hydrocarbures pour officiellement répondre aux exigences de l’accumulation primitive qui nécessite d’énormes capitaux. Mais ce modèle qui date maintenant de plus de quarante ans n’a pas donné les résultats escomptés. Non seulement, la dépendance à l’égard des hydrocarbures n’a pas assuré les bases d’un développement agricole et industriel indépendant mais elle a aggravé le cercle vicieux de la dépendance à l’égard du marché mondial dominé par les multinationales : le pays importe jusqu’à 70% de son alimentation et la part de l’industrie nationale dans le PIB est descendue à …5% !

    Bien entendu, ce serait succomber à une schématisation outrancière que de réduire la nature de classes du régime algérien à celle des régimes tunisien et marocain. Dans les deux derniers cas, nous avons affaire à des régimes autoritaires et compradores qui sont directement liés aux centres du capitalisme mondial comme l’illustre leur alignement géopolitique systématique sur les projets américains dans la région, leur armement exclusivement d’origine occidentale et surtout leur intimité organique avec les lobbies israéliens qui font chez eux le beau temps et la pluie. Dans le cas de l’Algérie, pour des raisons historiques liées au processus de décolonisation du pays, l’insertion dépendante à l’économie internationale, qui a obéi et continue d’obéir aux fluctuations des rapports de forces internes et externes, apparaît sous un jour plus contradictoire.

    Par définition, la bourgeoisie bureaucratique qui a toujours été hégémonique dans le bloc social au pouvoir n’est pas homogène. En son sein, il existe des fractions qui aspirent à un développement économique national auto-centré et des fractions alliées à la bourgeoisie compradore spécialisée dans l’importation des produits finis et qui n’a aucun intérêt à voir une industrie nationale se substituer aux importations des biens et des services. Au gré des rapports de forces fluctuants, les luttes d’intérêts se reflètent dans des politiques économiques et sociales divergentes.

    C’est ainsi que les fractions de la bourgeoisie compradore s’opposent par tous les moyens à toute politique économique visant à freiner ou à diminuer les importations en vue de les remplacer par une production locale. Pour ne retenir que quelques chiffres révélateurs de l’année 2009 : les valeurs des importations algériennes ont atteint 40 milliards de dollars ! La valeur des seules importations alimentaires a dépassé les 8 milliards de dollars ! La valeur des importations de médicaments a dépassé quant à elle les 2 milliards de dollars ! Derrière chaque fraction de la bourgeoisie compradore spécialisée dans tel ou tel créneau d’importation, il y une multinationale, un Etat impérialiste et bien entendu un grand bureaucrate et/ou un général algérien ! D’où l’interférence systématique des questions économiques et des questions politiques et l’interférence non moins systématiques des questions intérieures et des questions extérieures à caractère géopolitique ou diplomatique.

    Pour des raisons propres à chacune des fractions de la bourgeoisie algérienne et de leurs alliés naturels au pouvoir, la paix sociale reste un dénominateur commun. Aucune fraction ne peut continuer à vaquer à ses affaires sans un minimum de paix sociale et de stabilité assurées par le rouleau compresseur d’un Etat militaro-policier. Les dépenses sociales annuelles de l’Etat algérien sont estimées à 12 milliards de dollars. Dans ces dépenses, il faut compter notamment le soutien de l’Etat aux prix des produits de large consommation (farine, lait, huile) qui sont revendus sur le marché intérieur à des prix inférieurs à ceux du marché mondial.

    Si le soutien aux prix des produits de première nécessité apparaît comme la contrepartie financière pour s’assurer une paix sociale indispensable à la pérennité du système, il n’en demeure pas moins que cette politique, en apparence sociale, fait directement le jeu de la bourgeoisie compradore qui contrôle les circuits de l’importation et de la distribution des biens alimentaires et ce, depuis le démantèlement des monopoles publics à la faveur de la politique de privatisation imposée au pays par les institutions financières internationales au pays depuis la crise de la fin des années 80. Cette politique de dérégulation anarchique s’est aggravée au milieu des années 90 quand les seigneurs de la guerre ont profité d’une crise particulièrement sanglante pour dépecer le pays et se partager ses morceaux en toute impunité pendant que la majorité des Algériens cherchaient tout simplement à sauver leur peau…

    Manne pétrolière et rivalités entre fractions bourgeoises

    La flambée des prix du pétrole depuis 2006 allait constituer une aubaine pour de larges secteurs de la bourgeoisie compradore. Les autorisations d’importation allaient exploser en quantité et en valeur assurant un matelas financier propice à toutes les manœuvres économiques et politiques. Mais cette nouvelle donne n’est pas sans générer des tendances contradictoires. Si elle a bénéficié aux importateurs de biens et de services, l’augmentation de la manne pétrolière a aussi contribué à consolider des fractions de la bourgeoisie d’entreprise dans les secteurs du BTP et de l’industrie non sans alimenter au passage les circuits de la corruption au profit de la bourgeoisie bureaucratique qui détient les leviers de l’autorisation administrative des projets d’investissement.

    Mais chose moins visible, l’augmentation de la manne pétrolière a fini par renforcer le statut des jeunes officiers appartenant à la génération de l’indépendance et formés dans des académies modernes tant en Algérie qu’à l’étranger et ce, à la faveur de la mise en œuvre d’un programme de professionnalisation et de modernisation de l’armée. Ces jeunes officiers, convaincus de leur rôle éminent dans le sauvetage de la république lors de la décennie rouge, regardent avec envie et mépris l’enrichissement des analphabètes de l’import-import et n’hésitent plus à pointer du doigt la corruption de certains de leurs supérieurs incompétents et leur alliance contre-nature avec les barons de l’économie informelle. De ce fait, ils joignent ainsi leurs voix à celles des secteurs de la bourgeoisie technocratique et industrielle et des classes moyennes qui se verraient mieux loties dans un système fondé sur l’intelligence et le travail.

    La réussite d’un capitaine d’industrie comme Issad Rebrab, même s’il n’aurait sans doute jamais atteint une telle réussite sans le coup de pouce de quelques généraux amis qui lui ont permis de bénéficier d’un prêt avantageux de la Banque mondiale au milieu des années 90, est regardée comme un modèle à suivre : on peut réussir et faire fortune en produisant localement, en créant de la valeur et de l’emploi et en comptant sur la matière grise algérienne. Une bourgeoisie nationale basée sur l’industrie ne serait plus aussi utopique que certains voudraient le présenter.. Si la dépendance à l’égard des multinationales n’est pas supprimée du jour au lendemain, du moins elle pourrait être atténuée et limitée à certaines matières premières ou à certaines technologies difficiles à maîtriser à court terme. Même s’il ne faut pas oublier les enjeux économiques et de pouvoir qui se cachent derrière ces luttes entre fractions bourgeoises rivales, il est important de les situer par rapport à l’enjeu capital qui reste celui du mode d’insertion dans l’économie internationale. Vues sous l’angle de la mondialisation, ces luttes acquièrent une importance considérable dans la mesure où de l’issue de ces dernières dépend en grande partie la nature des rapports que le pays pourrait avoir avec le système mondial. C’est pourquoi, l’issue de ces luttes ne saurait laisser indifférent le mouvement social.

    Le populisme au secours de la bourgeoisie compradore

    Les émeutes sociales qui ont éclaté ces derniers jours en Algérie s’inscrivent dans ce contexte particulièrement complexe. Les tentatives maladroites du gouvernement d’assainir les circuits commerciaux de distribution, si elles ne pouvaient que satisfaire les secteurs de la bourgeoisie nationale, n’allaient pas laisser les barons de la bourgeoisie compradore les bras croisés. Seuls les imbéciles qui gouvernent actuellement l’Algérie pouvaient croire que cette réforme allait passer naturellement.

    A moins que la grossière maladresse du gouvernement n’ait finalement été qu’une manœuvre souterraine pour donner le signal d’alarme aux alliés économiques et matrimoniaux qui contrôlent le commerce de gros. De quoi s’agit-il exactement ? Le gouvernement a pris une mesure draconienne en vue d’assainir le commerce de gros : plus d’opérations commerciales sans documents officiels (registre de commerce) et plus d’opérations commerciales supérieures à 500 000 DA ( 5000 euro) en cash. Pour ce genre d’opérations, seuls les chèques seront désormais autorisés à partir de mars 2011. Comment ont réagi les barons du commerce de gros ? Avant même l’entrée en vigueur de la mesure gouvernementale, ils ont inclus la TVA et une autre taxe locale (au total 20%) sur leur prix de vente aux commerçants. Si on ajoute à cela les manœuvres de rétention des biens de première nécessité comme la farine, on comprend aisément la flambée des prix et les émeutes qui s’en ont suivi.

    Soucieux de sauvegarder la paix sociale à tout prix (même au prix de la compromission de l’avenir de la société à moyen terme) le gouvernement algérien a reculé et a décidé de suspendre les mesures en question. Ferme et intraitable quand il s’agit de réprimer les manifestations pacifiques des travailleurs de l’industrie, de la santé et de l’éducation, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de capituler devant une bourgeoisie parasitaire formée pour partie de délinquants économiques qui refusent d’opérer avec des factures, de payer la TVA et les impôts. Comment assurer les services à la collectivité sans impôts ? C’est une question qui ne traverse même pas l’esprit de cette bourgeoisie vorace et archaïque.

    Mais le plus grave, c’est que cette bourgeoisie continue d’avoir des relais d’influence au sein de l’Etat et de la société. Hier, elle a pu exiger et avoir la tête du principal représentant de la bourgeoisie nationale, l’ancien ministre de l’économie et des finances, le professeur Abdelatif Benachenhou. Ce dernier était partisan d’un programme de régulation des dépenses publiques à des fins de développement industriel et technologique pour barrer la route aux fractions de la bourgeoisie compradore et à leurs alliés au sein de l’Etat décidés à se jeter sur la manne pétrolière comme des affamés. Pire, en l’absence d’un véritable mouvement social organisé et conscient de la complexité des enjeux de la mondialisation et de ses effets dévastateurs sur la société, cette bourgeoisie compradore en vient à profiter des émeutes sociales qu’elle a réussi à instrumentaliser dans une stratégie conservatrice puisque le gouvernement a fini par accepter un sordide deal avec elle : tu surseois à l’augmentation des prix et en contrepartie je surseois aux mesures régulatrices et je ferme les yeux sur ton commerce informel, ainsi tu continueras à accroître ta fortune clandestine et je continuerai à avoir la paix sociale…Le blanchiment de l’argent sale (drogue, terrorisme, corruption) a encore de beaux jours devant lui…

    A travers ce deal qui ne dit pas son nom, la perpétuation de l’alliance de la bourgeoisie bureaucratique et de la bourgeoisie compradore au détriment du développement du pays et de la société risque malheureusement de durer encore quelques années, tant que le prix du baril de pétrole continue à assurer au gouvernement les recettes indispensables pour porter à bout de bras le corps d’un système économique et politique en putréfaction avancée…Ce sombre tableau est d’autant plus appelé à perdurer que le niveau lamentable des élites politiques algériennes, au pouvoir comme dans l’opposition, ne laisse entrevoir à court terme aucune perspective de sortie du cercle vicieux de l’autoritarisme et du populisme qui se nourrissent mutuellement pour briser tout élan de changement véritable.

    Trop d’intérêts s’opposent aujourd’hui à la mise en œuvre d’un programme de réformes visant, non pas une utopique déconnexion par rapport au système mondial, mais seulement la redéfinition d’une nouvelle insertion dans la division internationale du travail, plus à la hauteur de l’histoire du pays et de ses potentialités naturelles et humaines et plus respectueuse de son environnement et de ses habitants.

    L’empire américain veille au grain. S’il ne saurait tolérer des changements radicaux dans une région aussi sensible, il n’a pas non plus intérêt à y voir s’installer le chaos, du moins pas pour le moment. La manne pétrolière peut servir à assurer à court terme un semblant d’équilibre et de stabilité. Les luttes de fractions continueront parce qu’elles se nourrissent des tendances profondes qui structurent l’économie et la société algériennes. La classe moyenne qui vit de son effort et de son travail, et qui commence à peine à relever la tête après deux décennies de dérégulation, de précarisation et de violences, a tout intérêt à s’organiser pour prendre part à ces luttes si elle veut faire pencher la balance au profit du travail et de l’intelligence car c’est seulement à cette condition que le système basé sur l’économie rentière, la paresse et la corruption pourra être dépassé et avec lui toutes les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la cohésion de la société et l’indépendance du pays.

    Source : Oumma.com

  • Le chef de l’état est fan du régime tunisien Bouteflika perd son ami Ben Ali

     

    zoom
    Imprimer Envoyer à un ami Flux RSS Partager

    Le régime autoritaire tunisien est tombé. Poussé par des milliers, voire des millions de manifestants qui réclamaient sa tête, Ben Ali a fini par céder.

    Pour une fois, le maître de Carthage, qui traitait ses compatriotes comme s’ils étaient des sujets corvéables à merci, affiche profil bas et quitte son pays en cachette, à l’abri des regards. Triste fin pour un homme qui se faisait «élire» par des scores brejnéviens à faire pâlir d’envie les dictateurs africains.
    Son bras armé, qui a tué plus de 60 Tunisiens, n’a pas réussi à lui acheter la paix et lui obtenir un sursis. Pas plus que le sacrifice de son ministre de l’Intérieur, puis de tout son gouvernement. Le palais de Carthage, symbole de l’oligarchie à la tunisienne, s’est lézardé et son occupant depuis 23 ans est poussé à la porte de sortie. Sans gloire.


    Et c’est toute l’image surfaite d’une «république stable», qui se trouve froissée à la face du monde. Une image qui vaut à la Tunisie de Ben Ali d’être citée en «modèle». Le président Bouteflika est d’ailleurs un fan de la gouvernance façon Ben Ali ; c’est-à-dire une population casernée obéissant au doigt et à l’œil au chef avec ou sans galons.
    Abdelaziz Bouteflika, qui est à peu près de la même extraction idéologique – libéralisme économique doublé d’une glaciation politique – devrait être choqué par ce qui se passe chez son ami Ben Ali. Il devrait mesurer le fossé qui sépare le peuple de ce pays faussement heureux qu’il chérisse à la caste qui le gouverne. Et par ricochet, il devrait prendre conscience de son propre échec après plus d’une décennie de règne. Si le régime de Ben Ali que Bouteflika affectionne tant – mais qu’il n’a pas encore réussi à calquer en Algérie – subit un tel rejet populaire, Bouteflika devra alors tirer les conclusions. Tout comme son ami Ben Ali.


    Ben Ali et Bouteflika : même combat…


    Curieusement, le «modèle» vient de changer de visage au grand bonheur de nos voisins de l’Est. Les Tunisiens, qu’on a coutume de  présenter chez nous comme un peuple peureux et obéissant, écrasé sous la botte de Ben Ali, vient de donner une leçon de courage et d’engagement patriotique à tout le monde arabe. Aux Algériens surtout. Quand on voit ces foules immenses organisées et civilisées massées à l’avenue Bourguiba ou devant le ministère de la «terreur», demander à Ben Ali de se «casser», on a la chair de poule. Ironie du sort, le modèle de lutte citoyen nous vient de Tunisie. Mais c’est le bon modèle pas celui de l’asservissement et de l’humiliation populaire, imposé par Ben Ali depuis 1987 et qui charme tant notre président. Ce modèle-là est désormais honni à l’intérieur pour être exportable chez nous. En revanche, la rue, en Tunisie, qui a maintenu héroïquement la pression est en passe d’arracher des acquis démocratiques considérables, voire de déboulonner un régime en putréfaction. En Algérie, le pouvoir et ses relais s’en sortent plutôt à bon compte des dernières émeutes. Comme d’habitude…  Quelques poignées de dinars soustraites aux prix de l’huile et du sucre lui ont suffi pour «huiler» à nouveau sa machine répressive et brandir la matraque contre qui voudrait incommoder sa tranquillité.

     

    De la gestion «commerciale» d’un mal-être


    Le régime a donné des Algériens une image peu flatteuse de tubes digestifs qui ne se révoltent que pour leur ventre. En clair, Bouteflika et son équipe ont réussi à «acheter» la paix en payant le différentiel des prix. Le message est limpide : ces révoltes n’ont rien de politique. Autrement dit, le régime de Bouteflika n’est aucunement visé par la vague d’émeutes qui a secoué le pays quand bien même la mèche a été allumée par son gouvernement. Au final, Bouteflika et son équipe, aidés il est vrai par une société civile «maison» et des «experts» à la petite semaine, ont réussi l’épreuve. S’agissant des dégâts, les pétrodollars qui auraient pu servir la relance économique, la vraie, iront à la reconstruction de ce qui a été détruit. La boucle est bouclée et «l’Algérie forte et digne» rentre tranquillement dans les rangs sous la conduite éclairée de son excellence… 

      
    Tant qu’il y aura l’argent, tout peut être acheté, y compris les consciences… 


    Mais cette gestion «commerciale» d’un mal-être social, économique, culturel et politique du pays a certainement ses limites.
    Un vieux ministre de l’Intérieur, âgé de 78 ans, peut-il, en effet, comprendre les aspirations d’un jeune de 18 ans de la génération facebook et de Twitter qu’il traite de criminel ? Il y a, incontestablement, un problème générationnel dans un pays majoritairement jeune gouverné par une gérontocratie  aux allures tribales.   La chute à la Ceausescu de Zine El Abidine Ben Ali devrait servir de bonne leçon tunisienne. La volonté des peuples est inébranlable, que ce soit à Sidi Bouzid (Tunisie), à Sidi Rached (Algérie) ou à Sidi Ifni (Maroc). Le Maghreb des peuples commence visiblement à se libérer des carcans autoritaires qui l’enserrent. La Tunisie a déjà entamé son printemps démocratique et proclame haut et fort l’automne de la dictature.           

    Hassan Moali
  • Le ministère de l’Intérieur a rejeté sa demande d’autorisation Le RCD maintient sa marche à Alger

     

    le seul parti opposition en algerie face au pouvoir dictateur

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte


    zoom

    Niet ! Il n’y aura pas de marche à Alger. Les autorités l’ont rappelé encore une fois au RCD. «Je vous informe que votre demande est rejetée», a écrit le wali d’Alger dans une correspondance adressée, jeudi 13 janvier, au parti de Saïd Sadi qui avait formulé, la veille, une demande d’autorisation d’une marche populaire, à Alger, devant être organisée mardi prochain.


    En effet, comme il fallait s’y attendre, le ministère de l’Intérieur, représenté par les responsables de la wilaya d’Alger, a été prompt à signifier, sans explication aucune, l’interdiction de cette action visant à accompagner la contestation sociale légitime, exprimée lors des dernières émeutes.


    Cette réponse négative irrite le RCD qui a voulu prendre au mot le gouvernement qui, en dénonçant le recours à la violence comme moyen d’expression, avait invité les partis et les citoyens à s’exprimer de manière pacifique. Dans un communiqué rendu public jeudi soir, le RCD qualifie le rejet de cette demande «d’expression d’un pouvoir aux abois». «Après 24 heures de tergiversations, le ministère de l’Intérieur vient d’opposer, sans la moindre explication, un refus catégorique à la demande d’autorisation de la marche du RCD. Ce refus est un aveu. Il est l’expression d’un pouvoir aux abois, miné par ses déchirements et plus que jamais obsédé par ses seuls intérêts», affirme le RCD dans son document. Cette attitude des autorités confirme, selon le RCD, «leur peur et leur irresponsabilité». «Déplorer les violences de manifestants après avoir infiltré des délinquants dans leurs rangs ; refuser les manifestations pacifiques à l’opposition et la faire accuser par ses relais de démission ou d’abandon ; fermer la scène politique et médiatique et espérer la stabilité participent à la fois de la peur et de l’irresponsabilité», ajoute le communiqué.


    Le RCD ne compte pas se taire. Réuni hier pour préparer le conseil national prévu pour aujourd’hui, le secrétariat national du parti a décidé de maintenir la marche prévue pour le 18 janvier.
    «La direction nationale du Rassemblement décide du maintien du principe de la marche et débattra en conseil national des modalités de sa mise en œuvre», a annoncé le parti dans un nouveau communiqué.
    «On ne peut indéfiniment censurer, corrompre et se plaindre des débordements qui découlent mécaniquement d’une telle politique. Le RCD a toujours pris ses responsabilités à chaque phase déterminante pour le destin de la nation. Il appartient à tout un chacun d’en faire de même», ajoute-t-il encore.


    Outre l’organisation d’une marche à Alger, le RCD a exigé également un débat général à l’APN sur les causes des dernières émeutes.
    Mais cette dernière exigence risque de connaître le même sort que celui réservé à la demande d’autorisation d’une marche à Alger.
    Pourtant, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, avait reproché aux partis de l’opposition de ne pas solliciter d’autorisation pour les manifestations pacifiques. Avant lui, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, avait dénoncé le recours à la violence comme moyen d’expression, invitant les citoyens à utiliser des procédés pacifiques pour exprimer leurs doléances. Mais ces déclarations ne sont finalement que conjoncturelles. 

    Communiqué du RCD :

    Le secrétariat national du RCD s’est réuni le 14 janvier 2011. La préparation du conseil national, prévu pour aujourd’hui 15 janvier, s’est appliquée à établir l’ordre du jour en fonction de la situation politique et sociale prévalant dans le pays et la région. L’évolution tunisienne démontre que la fermeture et la répression ne peuvent en aucune façon constituer des réponses durables aux demandes de liberté et de justice. Concernant l’analyse de la situation algérienne, la direction nationale du RCD observe que les réflexes de violence et de censure sont toujours privilégiés par un système politique sourd et coupé des réalités politiques et sociales du pays.

    A ce titre, le refus injustifié et injustifiable opposé par le ministère de l’Intérieur à la demande d’autorisation de la marche du RCD est une décision irresponsable et inadmissible. La direction nationale du Rassemblement décide du maintien du principe de la marche et débattra, en conseil national, des modalités de sa mise en œuvre. On ne peut indéfiniment censurer, corrompre, réprimer et se plaindre des débordements qui découlent mécaniquement d’une telle politique. Le RCD a toujours pris ses responsabilités à chaque phase déterminante pour le destin de la nation. Il appartient à tout un chacun d’en faire de même.

    Madjid Makedhi
  • ALGERIE TJR EN DUEIL

  • lakouba bouteflika1er

    EN DIRECT: Ben Ali quitte le pouvoir en Tunisie

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte


    Le président Ben Ali a quitté la Tunisie, selon des sources proches du gouvernement.

    Le président Ben Ali a quitté la Tunisie, selon des sources proches du...

    20h55 - Aucune demande - La France "n'a reçu aucune demande d'accueil" du président tunisien en fuite et examinerait toute éventuelle requête "en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes", fait savoir le ministère des Affaires étrangères.
    20h57 - Larmes sportives - "On a pleuré sur le terrain", racontent les handballeurs tunisiens en Suède après avoir appris en plein match contre la France le départ de Ben Ali. La partie avait commencé par une minute de silence en hommage aux victimes des troubles. C'est au cours de la seconde mi-temps qu'ils ont finalement appris la nouvelle, avec "soulagement".
    20H47 - Alitalia - La compagnie italienne suspend "pour des raisons de sécurité" tous ses vols en direction et en provenance de la Tunisie jusqu'au 17 janvier inclus. Elle a en revanche assuré tous les vols prévus ce vendredi.
    20h40 - "Fier d'être Tunisien" - "Ce qui se passe est historique: un chef arabe tombe sous la pression de son peuple, on peut être fier d'être Tunisien", lance Kamel Yousfi qui manifeste sa joie avec ses compatriotes à Marseille.
    20h37 - Souhait d'apaisement - "La France souhaite l'apaisement et la fin des violences. Seul le dialogue peut apporter une solution démocratique et durable à la crise actuelle", et "la France se tient aux cotés du peuple tunisien dans cette période décisive", ajoute l'Elysée.
    20h32 - Paris "prend acte" - "La France prend acte de la transition constitutionnelle" en Tunisie, "annoncée par le Premier ministre Ghannouchi", selon un communiqué de l'Elysée.
    20h28 - Ni Malte, ni l'Italie - "Ben Ali ne vient pas à Malte et le gouvernement n'a aucune indication qu'il viendra à Malte", a déclaré le chef de la diplomatie maltaise, Tonio Borg.Des rumeurs ont aussi fait état de son arrivée en Italie, mais le ministère italien des Affaires étrangères les a qualifiées d'"infondées".
    20h25 - Querelle d'interprétation - Un constitutionnaliste, Sadok Belaïd, estime sur la télévision El Jazira, que, selon la Constitution, c'est le président de la chambre des députés, Fouad Mebazaa, et non le Premier ministre qui aurait dû assurer l'intérim de la présidence.
    20h19 - RSF se réjouit - "Un prédateur de la liberté de la presse s'en va", se réjouit Reporters sans frontières (RSF), pour qui le départ de Ben Ali "doit entraîner une rupture totale avec les années de répression".
    20h10 - "Transition démocratique" - Martine Aubry, première secrétaire du PS, estime que "le départ du président Ben Ali doit permettre la transition démocratique" et demande à la France de "s'engager sans ambiguité en faveur de la démocratie en Tunisie".
    20h05 - "Ben Ali s'est enfui" - Après l'entrée en vigueur du couvre-feu à Tunis, un homme s'est aventuré hors d'un hôtel de l'avenue Bourguiba, criant "le peuple s'est soulevé et Ben Ali s'est enfui". Il a été ramené manu militari à l'intérieur par des policiers des unités anti-émeutes.
    20h01 - Vers le nord - L'avion de Zine El Abidine Ben Ali survolait peu avant 19H00 GMT l'espace aérien maltais "en direction du nord", selon un porte-parole du ministère maltais des Affaires étrangères.
    19h55 - Réunion au sommet - Nicolas Sarkozy et François Fillon sont en réunion à l'Elysée pour parler de la situation en Tunisie, et "aucune information n'atteste la venue de Ben Ali en France", affirme la présidence française.
    19h50 - Tirs - Des tirs d'armes automatiques sont entendus dans le centre de Tunis sous couvre-feu, selon des journalistes de l'AFP.
    19h43 - Touristes bloqués - Le voyagiste Thomas Cook Belgique suspend le rapatriement de 540 clients en vacances en Tunisie. Un premier avion a ramené à Bruxelles 180 touristes vendredi matin. Deux autres vols étaient prévus dans la journée, mais ils ont été annulés.
    19h42 - Le PS inquiet - "La plus mauvaise issue serait que le peuple tunisien se libère d'un régime autoritaire pour que cette liberté nouvelle lui soit confisquée par un autre régime autoritaire", s'inquiète le porte-parole du PS français, Benoît Hamon.
    19h37 - Transavia - La filiale low-cost d'Air France-KLM, Transavia, maintient pour l'heure ses vols du week-end au départ ou en provenance de Tunisie. "Tant que les aéroports ne sont pas tous fermés, nous préférons maintenir ces vols pour permettre de rapatrier les passagers en France", indique son PDG Lionel Guérin.
    19h32 - Réaction américaine - Le peuple tunisien "a le droit de choisir ses dirigeants", déclare la Maison Blanche.
    19h20 - Joie au Canada - Le Collectif de solidarité tunisien de Montréal, organisateur de plusieurs manifestations contre le pouvoir de Ben Ali, se dit "heureux" de son départ.
    19h16 - Réformes - Le président par intérim promet de "mettre en oeuvre toutes les réformes sociales et politiques qui ont été annoncées en collaboration avec les partis politiques et les composantes de la société civile".
    19h14 - "Pas d'information" - L'Elysée affirme à l'AFP n'avoir "pas d'information" sur une éventuelle arrivée en France de Ben Ali.
    19h12 - Respecter la Constitution - Mohammed Ghannouchi s'engage à "respecter la Constitution".
    19h04 - Air France - Tous les vols d'Air France à destination de Tunis sont annulés jusqu'à nouvel ordre, ainsi que les sept vols prévus au départ de l'aéroport tunisien samedi et dimanche, d'une capacité totale de quelque 1.100 passagers.
    18h57 - Appel à l'unité - Le président par intérim Mohammed Ghannouchi appelle tous les Tunisiens à l'unité.
    18h49 - Aéroports fermés - Les principaux aéroports tunisiens sont fermés, mais l'espace aérien est encore officiellement ouvert, rendant possible le survol du pays, selon un porte-parole des autorités de sécurité aérienne françaises.
    18h45 - INTERIM - Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi annonce à la télévision qu'il assure l'intérim de la présidence.
    18H37 - BEN ALI QUITTE LE PAYS - Le président Ben Ali a quitté la Tunisie, selon des sources proches du gouvernement.
    18h34 - Marchés inquiets - L'agence de notation Fitch Ratings annonce qu'elle envisage d'abaisser la note de la Tunisie (actuellement fixée à "BBB") au vu des troubles sociaux qui, s'ils se prolongeaient, pourraient avoir des "conséquences négatives" sur l'économie du pays.
    18h26 - Bandeau - L'information qu'une "annonce très importante" sera faite "sous peu" est apparue sur le bandeau qui déroule les informations nationales et internationales alors que Tunis7 diffusait un documentaire.
    18h18 - Les sportifs aussi - Une minute de silence en hommage aux victimes des troubles est observée avant le match entre la Tunisie et la France lors du Championnat du monde de handball, à Kristianstad, en Suède.
    18h17 - Partis d'opposition - Les principaux partis d'opposition tunisiens, légaux comme interdits, demandent "le départ de Ben Ali et l'instauration d'un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d'organiser des élections libres" dans une déclaration commune publiée à Paris.
    18h12 - Annonce imminente - La télévision publique indique qu'une "annonce très importante pour le peuple tunisien sera faite sous peu".
    La crise en Tunisie s'accélère: la contestation prend la forme d'un affrontement entre la population, qui poursuit et amplifie ses manifestations, et le pouvoir, qui a décrèté l'état d'urgence. SUIVRE NOTRE DIRECT.

    AFP
     
  • ENTV : L’ouverture, c’est terminé !

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

    Après

    les attaques des ministres qui se seraient plaints du traitement infligé par les reportages, l’ouverture décidée par Nacer Mehal a été définitivement enterrée par les émeutes. En compensation, la direction promet deux nouvelles émissions au franc-parler dès ce mois-ci.



    Après 48 heures de flottement médiatique, et pour contrer la couverture de la chaîne qatarie Al Jazeera, la direction de l’ENTV aurait décidé, de sa propre initiative, de couvrir les émeutes qui secouaient l’Algérie depuis lundi 3. Les journalistes ont été priés de tourner des sujets pour les différents journaux, mais en évitant soigneusement d’aborder les raisons qui ont conduit aux émeutes. Ordre leur est donné d’axer leurs reportages sur les dégradations occasionnées et de privilégier les intervenants qui condamnent les saccages. Au siège de l’ENTV, on reste droit dans ses bottes et on assume cette couverture médiatique et l’orientation donnée par la direction dans le traitement des évènements. «Nous assumons notre parti pris, déclare un journaliste de la rédaction. Nous avons privilégié une couverture où nous donnions la parole aux citoyens qui dénonçaient les nombreux pillages et dégradations commis durant les événements. On ne voulait pas verser de l’huile sur le feu. 

    Pour une fois il n’y a eu ni intervention ministérielle ni celle de la Présidence pour nous dicter ce qu’on devait faire…» Cette couverture confirme en réalité la fin de l’ouverture telle que voulue par Nacer Mehal, ministre de la Communication, qui avait exigé de la direction de la télévision de couvrir les problèmes de la société algérienne, dès son arrivée à son poste. Cette ouverture avait fait grincer des dents au sein de la direction de la chaîne qui plaidait pour une ouverture graduée de l’antenne, alors que le ministre était pour le passage en force. «Ça devenait trop dangereux pour le pouvoir, confirme une source proche de la direction de la télévision. Les reportages que nous diffusions mettaient en lumière les ratés de certains ministres dans la gestion de leur département.» Le coup de grâce est arrivé lors du Conseil du gouvernement du mois de décembre, au cours duquel le ministre de la Communication aurait essuyé de très fortes critiques de la part de ses collègues du gouvernement. Ces derniers se seraient plaints du traitement qui leur était réservé dans les sujets diffusés au cours du journal télévisé.

     

    Thouraya Zarfaoui bientôt en prime


    Face à cette bronca ministérielle, décision est prise de mettre l’ouverture aux oubliettes. «La direction de l’ENTV a été instruite de cette décision, confirme un journaliste de la chaîne. Au cours de la conférence de rédaction, on nous a demandé de ne diffuser qu’un seul reportage au cours du journal télévisé au lieu des trois habituels et de supprimer, au montage, tout ce qui pouvait gêner les responsables.» Le ministre a dû, par ailleurs, au cours du mois de décembre, affronter un autre revers avec la nomination d’Abdelhamid Kacha à la tête de l’Agence presse service alors qu’il avait bataillé en coulisses pour qu’El Hadi Benyekhlef qui assurait l’intérim, depuis sa nomination à la communication, soit confirmé dans ses fonctions. «Entre le nouveau DG de l’APS et le ministre, le courant n’est jamais passé quand il travaillait ensemble à l’APS, confie un journaliste de l’agence. Ils ne se sont jamais appréciés.»

    Nacer Mehal pourra au moins se consoler avec la nouvelle émission politique qui devrait être lancée ces jours-ci dans la grille des programmes de l’ENTV. Une émission que le ministre, un habitué des effets d’annonce, avait dévoilée à l’Assemblée nationale. Selon nos informations, cette émission est fin prête et n’attend plus que le feu vert du ministre pour être diffusée. Elle devrait s’intituler «Saat Hiwar» et être animée par Thouraya Zarfaoui, accompagnée d’un journaliste de la presse publique et de deux du privé. Elle serait programmée en prime time, le mardi. La direction de la télévision a, aussi, planché sur une autre émission, de débat cette fois-ci, et qui devrait permettre d’aborder tous les problèmes que connaît la société algérienne. L’émission serait présentée par Samia Azzi et s’appellerait «Ahouel Ness». L’émission serait bimensuelle et diffusée en seconde partie de soirée, le mercredi.

    Salim Mesbah
  • ben ali et trabelsi dehors et boutef aussi


     


    Tunisie: état d'urgence décrété, espace aérien fermé, touristes rapatriés

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte


     

    zoom | © D.R

    Le régime du président tunisien, confronté   depuis un mois à une contestation sans précédent de son pouvoir, a décrété  vendredi 14 janvier l'état d'urgence dans l'ensemble du pays et limogé le gouvernement alors que des milliers de touristes européens étaient rapatriés.

     L'armée a pris en fin d'après-midi le contrôle de l'aéroport international   de Tunis Carthage et l'espace aérien a été fermé, a indiqué à l'AFP une source   aéroportuaire. Les manifestants, rassemblés par milliers vendredi à Tunis et en province,   exigent toujours le départ immédiat de Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir   depuis 23 ans, ne se satisfaisant pas de ses promesses de quitter le pouvoir   seulement au terme de son mandat en 2014.

    De violents heurts se sont produits dans l'après-midi entre des groupes de   manifestants et des policiers anti-émeutes pendant lesquels un photographe   français a été blessé à la tête par un tir de grenade lacrymogène, selon des   journalistes de l'AFP sur place.  

    Le bilan de la répression du mouvement de contestation du régime tunisien s'est par ailleurs encore alourdi, avec au moins 15 morts jeudi soir et le   tourisme, secteur-clé de l'économie, était affecté par la crise, avec la rapatriement de milliers de touristes européens.  Le gouvernement tunisien a annoncé avoir décrété l'état d'urgence dans l'ensemble du pays avec un couvre-feu de 18H00 à 06H00 du matin, l'interdiction   des rassemblements sur la voie publique et l'autorisation donnée à l'armée et à   la police de tirer sur tout "suspect" refusant d'obéir aux ordres.

    Un peu plus tôt, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, cité par l'agence   officielle TAP, a indiqué que le président Ben Ali avait décidé "dans le cadre   de mesures (d'apaisement) annoncées jeudi, de limoger le gouvernement et   d'appeler à des élections législatives anticipées dans six mois".  Il a ajouté avoir été chargé de former le nouveau gouvernement.Le ministère français des Affaires étrangères, dans une actualisation   vendredi de son site internet, conseille désormais "vivement" aux personnes se   rendant en Tunisie "de différer tout voyage qui n'aurait pas un caractère   d'urgence" dans ce pays.  "Je vous ai compris", avait martelé le chef de l'Etat jeudi soir dans sa   troisième intervention télévisée depuis le début des violences, appelant   notamment les forces de sécurité à ne plus tirer à balles réelles sur les   manifestants.  "Non à Ben Ali", "Soulèvement continu", "on préfère la disette à Ben Ali"   lui ont répondu vendredi des centaines de manifestants dans la capitale, qui se   sont rassemblés devant le ministère de l'Intérieur.

    Mais l'après-midi, la police les a dispersés à coup de grenades   lacrymogènes. En quelques minutes, la rue s'est vidée de la foule et quelques   manifestants ont lancé des pierres, des chaises et des parasols de terrasses de   cafés en direction des policiers.     Des blindés de l'armée se sont déployés devant le ministère de l'Intérieur alors que des unités anti-émeutes pourchassaient des jeunes manifestants dans   les escaliers d'immeubles résidentiels et dans un centre commercial, où ils se   sont repliés. Selon un témoin, d'autres blindés de l'armée se sont positionnés devant le   ministère des Affaires étrangères ainsi que devant le bâtiment de la Télévision   et radio nationale.

    Des manifestations ont également eu lieu en province. A Sidi Bouzid   (sud-ouest) d'où est parti le mouvement de contestation, quelque 1.500   personnes ont défilé aux cris de "Ben Ali dehors", tandis qu'à Regueb, une   localité proche, 700 personnes ont lancé des slogans hostiles au président. 

    Selon la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH),   66 personnes ont été tuées depuis le début mi-décembre des émeutes. Mais jeudi   soir, 13 civils ont été tués à Tunis et sa banlieue et 2 autres à Kairouan,   selon des témoins et des sources médicales. 

    Les violences ont par ailleurs commencé à affecter le tourisme après que   des pillages se sont produits jeudi dans la station balnéaire très fréquentée   de Hammamet (nord).     Thomas Cook a annoncé vendredi qu'elle allait rapatrier le jour même vers   l'Allemagne quelque 2.000 touristes, ainsi que 1.800 Britanniques et Irlandais,   tandis que son concurrent TUI Travel annulait des départs de Grande-Bretagne.   Des rapatriements vers la Belgique sont aussi en cours. 

    AFP
  • Tunisie: manifestations pour le départ du président Ben Ali, au lendemain de son discours

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte


    Des manifestants ont commencé vendredi matin à parcourir le centre de Tunis en criant des slogans hostiles au président Zine El Abidine Ben Ali au lendemain d'un discours apaisant du chef de l'Etat après un mois d'émeutes sanglantes

    diaporama
    Des manifestants ont commencé vendredi matin à parcourir le centre de Tunis...
    Imprimer Envoyer à un ami Partager

    Des manifestations hostiles au président Zine El Abidine Ben Ali se sont poursuivies vendredi matin dans le centre de Tunis au lendemain d'un discours apaisant du chef de l'Etat qui tente de mettre à l'escalade d'une contestation sans précédent.
    "Non à Ben Ali", "Soulèvement continu, non à Ben Ali", ont crié les manifestants qui n'ont pas été inquiétés par les policiers.
    La foule, qui gonflait rapidement pour atteindre plusieurs centaines de personnes a été bloquée par un barrage de police au milieu de l'Avenue Bourguiba pour l'empêcher de marcher vers le ministère de l'Intérieur.
    "Le ministère de l'Intérieur est un ministère de la terreur" et "hommage au sang des martyrs" ou encore "non, aux Trabelsi (NDLR: la belle famille du président) qui a pillé le pays", ont également scandé les manifestants.
    Dans sa troisième intervention depuis le début d'un mois d'émeutes inédites en 23 ans de pouvoir, le président Ben Ali s'est engagé jeudi soir à partir au terme de son mandat en 2014 et a ordonné la fin des tirs à balles réelles contre les manifestants.
    Les troubles et leur répression ont déjà fait au moins 66 morts dans le pays, selon une ONG.
    "Je vous ai compris", a martelé à plusieurs reprises le chef de l'Etat, âgé de 74 ans.
    Il a également annoncé une baisse des prix du pain, du lait et d'autres produits et services alors que la révolte avait commencé par des protestations contre le chômage et la vie chère avant de prendre un tour politique.
    "C'est une excellente mesure, car ça va soulager des milliers de pauvres, les prix ont trop flambé", a dit à l'AFP un passant sur l'avenue Habib Bourguiba, dans le centre de Tunis, où des conducteurs de voiture klaxonnaient en signe de joie.
    Mais une grève de deux heures restait programmée vendredi dans la région de Tunis à l'appel du syndicat unique et des internautes et étudiants se sont aussi mobilisés pour le maintien de rassemblements dans la journée.
    Les sites internet qui étaient bloqués en Tunisie étaient de nouveau accessibles jeudi soir, peu après la promesse du président de garantir "la liberté totale" de l'information et de l'accès au web.
    "Ben Ali vous a mis dans la poche, ne baissons pas les bras, continuons le combat pour la liberté!" prévient vendredi matin une étudiante sur Facebook.
    "Il ne suffit pas de déverrouiller Dailymotion et de Youtube pour tourner la page, trop de sang a coulé", renchérit l'animateur d'une émission matinale sur Radio Mosaïque, une radio privée.
    Jouant l'ouverture après le discours présidentiel à la nation, le ministre tunisien des Affaires étrangères Kamel Morjane a estimé que la formation d'un gouvernement d'union nationale était "tout à fait faisable" et "même normale".
    Interrogé par une radio française sur la possibilité d'un gouvernement d'union nationale, il a répondu: "Avec le comportement de gens comme M. Néjib Chebbi, je crois que c'est faisable, c'est même tout à fait normal".
    M. Morjane faisait référence à Mohammed Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP), formation légale d'opposition mais non représentée au Parlement.
    Le chef de la diplomatie tunisienne a aussi confirmé qu'il y aurait bien des élections législatives anticipées avant la présidentielle de 2014.
    Le discours présidentiel avait été plutôt bien accueilli jeudi soir par les différentes composantes de l'opposition, harcelée sous le régime du président Ben Ali.
    Mais des sceptiques comme l'avocat et défenseur des droits de l'Homme Mohamed Abbou ont dit ne pas croire le président en déclarant qu'il "se moque des Tunisiens avec des promesses sans lendemain".
    Alors que des pillages se sont produits jeudi dans la station balnéaire de Hammamet, prisée par les touristes européens, des voyagistes belges ont décidé par précaution d'évacuer d'autorité leurs centaines de clients actuellement en vacances en Tunisie.

    AFP
  • Barons de l'informel : 1 société civile : 0

    zoom

    Après les émeutes et les «solutions» du gouvernement, qui sort gagnant de ce bras de fer ? L'informel, selon plusieurs experts qui pointent la puissance de ses réseaux. «El Hadj», 56 ans, l'un des plus grands barons de l'informel algérien, se dévoile et met à nu un gigantesque engrenage mafieux. El Watan Week-end l'a rencontré. Il nous livre en brut ses explosives confessions.

    Mon âge, peu importe, je le compte en jours, non pas en années, car les jours pour moi ont une signification importante. A chaque jour son virage et pour d’autres, leurs tourments. Mon enfance ne m’évoque pas de souvenirs, à part celui de mon village. Je suis natif de Ferdjioua. Ma jeunesse, en revanche, est pleine d’aventures. A chaque jour, une rencontre. Et à chaque rencontre, une péripétie nouvelle. Peu avant les événements d’Octobre 88, je marchandais, rue de Chartres à la Basse-Casbah. Comme chaque matin, j’étalais ma marchandise, je saluais mes voisins et je hélais les clients : «Six serviettes à 1 DA !» Ce n’était pas chose facile, affronter ces regards, ces dames distinguées et ces vieux délicats. En 1989, j’ai été contacté par un officier de la Sécurité militaire qui se présenta alors comme émigré. Il me proposa une nouvelle activité, le change de devises, et de laisser tomber mon étal à la Basse-Casbah. Un business juteux puisque cela me permettait de gagner 1000 DA par jour. Une fortune inespérée pour moi qui gagnais à peine 200 DA la journée, somme insuffisante pour subvenir aux besoins de ma petite famille. La place de l’Opéra (square Port Saïd) devint mon nouveau territoire, la place financière la plus forte de toute l’Algérie, juste à côté du Palais de justice d’Alger. Le choix de la place n’était pas fortuit : c’est le carrefour entre la sortie de la gare routière, la gare des taxis et, le plus important, la sortie du quai des voyageurs du port d’Alger.


    2 millions en urgence


    Je me suis installé au café mitoyen de l’hôtel Terminus, pas loin de la rue de la Liberté. Drôle ! Ou étrange. Une symbolique qui fera de cette place le signe du commerce informel où tout s’échange, se négocie, où tous les coups bas sont permis aussi. L’affaire devint florissante. Mon carnet d’adresses était rempli de clients potentiels, avec qui les rencontres étaient programmées à l’avance. Mon parrain venait en fin de semaine récupérer ses dividendes. Avant de disparaître. Un ami m’a alors prévenu : «Fais attention, c’est un agent !» Je décida de reprendre seul l’affaire, en recrutant autour de moi. J’ai rendu visite à mes anciens amis du marché de la rue de Chartres et je leur ai proposé l’affaire. Un soir maussade, mon parrain refit surface et me déclara : «Il faut arrêter de vendre les devises !» Sans la moindre explication. «Mon supérieur a besoin de deux millions de francs en urgence», m’a-t-il ensuite ordonné. Je me suis tout de suite exécuté. Une semaine après, j’ai remis le sac des «Pascals» à l’agent qui me proposa de partir à Marseille dans la semaine. Visa en poche, j’embarquai sur un vol Alger-Marseille d’Air France. A mon arrivée, une personne m’approcha et me demanda de le suivre. Il m’expliqua que je devais prendre attache avec des grossistes et envoyer la marchandise en Algérie. Il prit le soin de m’indiquer la liste et les adresses de commerçants.


    Un terrain en cadeau


    J’ai pris la commande, quarante conteneurs de café. Mon contact me ramena un sac d’argent : «Tu payes avec ça, le compte est bon.» A mon retour à Alger, j’ai rendu visite à mes employés au square Port-Saïd et j’ai fait les calculs de mon business. La récolte était bonne : dix millions de francs français. Je n’ai plus revu mon premier contact. Un autre a pris le relais,  Daoud. J’ai appris plus tard que Daoud était commandant dans l’armée. Je recevais les ordres et j’appliquais à la lettre ses instructions. En guise de remerciement, un lot de terrain à Kouba m’a été offert. Malgré tout, je n’étais pas tranquille. Mais je devais continuer, je ne pouvais plus faire marche arrière. J’ai multiplié les déplacements à Marseille, d’autres agents prenaient attache avec moi. Ce n’était en vérité que des intermédiaires de généraux que j’allais rencontrer plus tard. J’importais mes premiers conteneurs de café et de légumes secs sans déranger le business des généraux. Eux, à coup de milliards, déversaient des tonnes de sucre, de blé, de bois au port d’Alger. Je me suis aperçu qu’à Marseille je n’étais pas le seul à faire ce «travail» pour le compte des hauts gradés. Je voulais voler de mes propres ailes. Alors avec des associés, nous avons recruté des proches et nous les avons placés à des postes sensibles, dans la justice, la police, les douanes, les ministères et au sein même de l’armée. Les généraux pour lesquels nous sous-traitions n’ont affiché aucun refus et se sont mis à les installer dans leur nouveau poste.


    Impossible de reculer


    Ils étaient trop occupés pour se rendre compte de ce que nous complotions. Les opérations d’importation continuaient et nous nous occupions de l’écoulement des marchandises dans le marché. Pour cela, on avait mis en place un vrai circuit de distribution. Les marchés de Tadjenent, El Eulma, El Hamiz, Barika et Semar recevaient des marchandises importées du monde entier. Nous les gérions par la manière forte et personne ne pouvait nous concurrencer. Nous bénéficions des largesses du pouvoir et nous, nous nous servions comme nous voulions en lots de terrain et en appartements. Et pour couronner le tout, des permis de port d’arme nous ont été délivrés par la police, terrorisme oblige, mais aussi pour les affaires. Au square Port Saïd, nous recrutions des jeunes de nos patelins. Nous montions en grade et nos noms étaient sur toutes les lèvres. Des hommes politiques de toutes les obédiences et même des hauts responsables de l’Etat s’ajoutaient à notre cercle de connaissances. Nous déléguions leurs transactions à des personnes tiers. Pour protéger nos clients et garantir leur anonymat, nous avons établi des registres de commerce sous de faux noms, de fausses adresses, au nom de personnes décédées ou qui souffrent de troubles mentaux ! Je sais, je sais, nous avons trahi le peuple. Mais nous ne pouvions pas reculer, le coup est parti. Un jour, je rendis visite à un général qui n’est plus de ce monde aujourd’hui. Ce jour de brume, il me parla politique, d’un général pour lequel les affaires semblaient ne plus marcher, d’une bourde qu’il aurait commise, d’un président mou et gênant. Des intrigues, encore des intrigues. Je ne comprenais pas son discours, ni ses confessions ni d’ailleurs la raison qui l’a poussé à me parler de cela. J’appris plus tard, en Suisse, que Liamine Zeroual avait  démissionné. Un agent de l’ambassade est venu me voir et me demanda de procéder comme prévu au versement. Une berline grise fut mise à ma disposition. J’ai été hébergé chez un ami importateur qui venait d’acquérir un hôtel à Genève. Je suis resté quatre mois dans sa maison, où confort et luxe s’entremêlaient.


    Cevital et Khalifa


    J’ai eu droit à un massage thaïlandais, des sensations auxquelles mon corps et mon esprit n’avaient jamais goûté. Maintien ou limogeage du président, cela ne m’évoquait plus rien. Mais devant l’insistance de mon ami, je compris l’enjeu, moi qui n’étais pas politisé. «As-tu entendu parler de Bouteflika ?» me demande le haut gradé. «Non», ai-je répondu tout de suite. «Si le vent le ramène par là, je te le présenterai», me dit-il. Cela ne  s’est jamais passé. De retour à Alger, j’ai rendu visite à ma mère, très malade. Grâce à mes connaissances, elle a été hospitalisée à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja. Mes enfants avaient grandi, ils avaient quitté l’école et je leur ai confié la gestion des stocks et la vente directe aux grossistes. Ils ont pris la température et ont compris que leur père n’était qu’un grand baron du change de devises et de l’importation. De quoi leur donner  fierté et orgueil. Mais au fond, j’étais toujours morose. J’ai accompli le hadj avec un général de l’armée. Depuis, je m’appelle «El Hadj». C’était à l’époque la mode, tout le monde avait pour nom «El Hadj». Se faire appeler ainsi était devenu une protection et assure l’anonymat. Dans les salons, on ne parlait que de Bouteflika, futur président. Il nous a été présenté comme le messie. «Ne craignez rien, vos affaires sont à l’abri», nous rassurait-on. Justement, on parlait beaucoup de business en haut lieu. Des groupes industriels et financiers émergeaient et prenaient de l’ampleur : Blanky, Cevital et Khalifa étaient considérés pour nous comme une menace. Ce qui s’est confirmé par la suite.


    «amis» protecteurs


    Certains ont commencé à parler investissement et cela nous a beaucoup dérangés ! Nous avons décidé alors d’agir et de surveiller toutes les transactions aux ports et d’identifier leurs fournisseurs à l’étranger. Entre-temps, nous avons inondé le marché de marchandises à bas prix. Pas de place pour les intrus. Nous avons fait de Dubaï notre nouvel Eldorado. En  France, le jeu était devenu trop dangereux et de nouveaux acteurs arrivèrent. On parlait de gros investissements français en Algérie et nos «amis» généraux se tournaient leurs pourvoyeurs.  Khalifa est ensuite devenu le copain des hauts responsables de l’Etat. Quelque chose se tramait alors que nos contacts commençaient à nous lâcher. Nous l’avons vécu comme une trahison, un drame. L’entourage du président avait fermé le jeu. Mais nous avons vite réagi. Une crise alimentaire se profilait alors à l’horizon, l’arrêt de l’importation en masse des produits de première nécessité allait provoquer une crise, surtout à la veille du Ramadhan. Nous avons relancé nos circuits et l’équation du jeu du pouvoir ne pouvait plus se faire sans notre consentement. Khalifa a été notre premier objectif. Grâce à nos contacts, nous avons réussi à prendre attache avec l’entourage du président et ses conseillers les plus proches. Khalifa, suite au lobbying d’un conseiller à la Présidence ainsi que d’un haut responsable militaire, ouvrit la ligne Alger-Dubaï.


    Dubaï business


    Une nouvelle aubaine, le transfert d’argent vers l’étranger allait enfin reprendre, les milliards que nous avions engrangés pouvaient enfin circuler ailleurs. Le vol inaugural avait connu un engouement particulier. Sur la liste des voyageurs, il y avait des noms, bien connus, qui sont devenus nos amis. Les réseaux ainsi tissés, le business reprenait de plus belle. Nous avons alors effectué des placements dans des banques et avons procédé à l’achat de biens immobiliers. Nous avions tous des téléphones cellulaires ATM. Nous avons consolidé les marchés sous notre houlette. L’Algérie ne manquait de rien. Nos informateurs, placés un peu partout dans l’administration, nous ont appris que de nouvelles têtes émergeaient dans le business. Il ne s’agissait en fait que des conseillers du président, des chefs et des décideurs politiques. L’essence de leur politique : «L’argent est le pouvoir». Nous avons alors participé à leur financement, le RND, le FLN et le MSP. Ces derniers étaient les plus loyaux, leur business passait par nous. Les politiques étaient là pour nous défendre. Et même si le gouvernement tentait de promulguer des lois à l’encontre de nos intérêts, ça bloquait, grâce à nos amis, qui étaient en contrepartie généreusement remerciés.


    «Un sale jeu»


    Mais l’entourage du Président, ambigu et barricadé, était difficile d’accès. Heureusement que nos amis militaires étaient là pour nous aider. Entre-temps, Abdelmoumen Khalifa prenait de l’ampleur et dérangeait : on le vit à la télévision en compagnie du Président. Du jamais vu ! Pendant ce temps, la Kabylie était en feu (événements de 2001), nos amis militaires étaient préoccupés par la situation et ne donnaient aucun signe. Après la Kabylie, il «fallait en finir avec la bête». L’affaire Khalifa a alors éclaté. Nous avons appris que Khalifa s’était trop éloigné des deux clans au pouvoir et avait échappé à leur contrôle. Il fallait des boucs émissaires et la justice s’en est occupée. C’était le début de la guerre des clans. Mais pour nous, les affaires reprenaient dans l’ombre. Nous tenions toujours debout, car, au pouvoir, ils ont tous compris que sans nos services le trafic et les affaires n’auraient pas lieu. Au square Port-Saïd, des nouveaux clients apparaissaient, des investisseurs étrangers pour la plupart (tunisiens, syriens, égyptiens, libanais...), tous liés à Djezzy, pour acheter des euros. De très hauts cadres de l’Etat continuaient à nous solliciter pour le transfert d’importantes sommes d’argent… Mais le jeu est devenu de plus en plus sale. Dangereux. J’ai alors décidé de me montrer plus discret et j’ai accompli un autre hadj. Je voulais être loin. Maintenant, la location de mes biens immobiliers me suffit. Mes enfants ont pris le relais, mais ils ont été rattrapés par d’autres gens, beaucoup plus féroces. Ils font à leur tour ce que leur père n’aurait jamais dû faire : le business de l’argent sale ! Le jour où vous ne verrez plus de «cambistes» au square Port-Saïd, on pourra alors dire que l’Algérie a changé ! 

    Zouheir Aït Mouhoub
  • Société civile, à la barre !

     

    normalement c'est les pouvoirs publiques à la barre.

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte


     

    On ne les pas entendus ni avant, ni pendant, ni après les émeutes. Mais que font les représentants de notre société civile ? Pour comprendre, El Watan Week-end a organisé une table ronde avec Abdelmoumène Khelil, secrétaire général de la Ligue algérienne des droits de l’homme, Fayçal, président du Comité de quartier de Bab El Oued, Abdelmalek Rahmani, coordinateur national du Conseil national de l’enseignement supérieur, Ahmed Khaled, président de l’Union nationale des associations des parents d’élèves, Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique, et Sofiane Limane, initiateur du groupe Action pour le changement en Algérie. Ils savent d’où vient le problème et ont accepté le débat.

    Une société civile «incapable de penser le changement»

    Pourquoi n’a-t-on pas entendu la société civile lors de ces émeutes ? Aucune organisation ou association n’a bougé. Ou alors, elles se sont contentés de diffuser des communiqués. Un constat établi même par Fayçal, qui en veut aux organisations et associations «d’avoir fermer leurs portes depuis des années face aux jeunes avides de renseignement et d’orientation». Rachid Malaoui explique cela par la politique des pouvoirs publics «qui ont d’abord cassé toutes les organisations structurées, ce qui nous a déstabilisés».  Puis les restrictions dans la liberté d’expression. Abdelmoumène Khelil explique qu’il n’est vraiment pas possible d’être actif sur le terrain à l’écoute des jeunes «alors que la Ligue elle-même n’arrive pas à se réunir, reprenant ainsi une expression de Me Bouchachi lorsqu’il a été interdit d’organiser une rencontre sur la peine capitale en disant que dans un pays de 2 millions de mètres carrés, il n’y avait pas 500 m2 pour se réunir. Au rythme où vont les choses, il n’y aura plus d’organisation et même celles existantes ne peuvent pas se régénérer et elles disparaîtront au fil du  temps. Il ne faut donc pas tomber dans le piège du discours officiel en incriminant la société pour son absence.» Sofiane Limane explique l’inertie de la société civile par «son incapacité à concevoir toute idée de changement. C’est un état d’esprit, un désespoir peut-être ? Une démotivation… essentiellement due à l’environnement hostile. Si vous n’êtes pas dans une association qui soutient le pouvoir, quel média serait prêt de vous recevoir pour véhiculer votre message ?» Et d’accuser les pseudo-contre-pouvoirs : «Croyez-vous que les associations inculquent l’esprit de Novembre à notre jeunesse ? Non. La plupart ne sont là que pour être les garantes d’une assiette électorale.» Pour Abdelmalek Rahmani, «la société civile est beaucoup plus préoccupée par d’autres détails. L’élite cherche un statut social mais pas intellectuel…» En affirmant que les jeunes ont désormais perdu confiance de la société civile, le coordinateur du CNES revient sur la question de la division de la société civile en expliquant que ce «jeu» semble plaire à certains qui y trouvent leur compte. Les intervenants évoquent également le problème de la formation. «Les syndicats s’impliquent seulement dans des revendications salariales et pas plus», regrette Rachid Malaoui.

     

     

    Internet pour «surpasser les canaux classiques de l’opposition »

    Face à la mobilisation Internet, aux différents groupes qui se créent sur Facebook et Twitter mais aussi sur Youtube, et appellent à une mobilisation dans les rues, à des marches et des protestations, Abdelmalek Rahmani juge qu’à «l’ère de la technologie, il faut réformer, tout repenser. Les institutions de l’Etat classique sont décalées, alors soit on suit le rythme, soit on paie cash». Pour Rachid Malaoui, le fait que des internautes rapportent une certaine censure sur le Net est une preuve que la mobilisation en ligne arrive à faire pression grâce au poids qu’elle a acquis. «Internet est un peu le dernier recours de ces jeunes qui ne peuvent pas s’exprimer librement ailleurs.» Et d’ajouter : «Cette nouvelle génération de militants doit être encouragée et soutenue» car, selon lui, «les jeunes ont besoin d’un espace de liberté adéquat avec notre esprit, notre volonté et notre espérance !» Quant à Sofiane Limane (lui-même initiateur d’un groupe militant sur Facebook qui a d’ailleurs appelé à une marche hier à 13h30, place du 1er Mai à Alger-Centre), il juge qu’«il est temps pour nous, nouvelle génération algérienne, que nous soyons enfin pourvus d’un espace de rencontre et d’échange qui nous permettra de surpasser les canaux classiques de l’opposition, qui se trouvent aujourd’hui dans notre si cher pays, essoufflés par le manque d’efforts et d’idées neuves, étouffés par la matrice dirigeante ou même gangrenés par la corruption». Et de préciser : «La nouvelle tendance serait d’exporter cette volonté de changement au-delà des claviers pour se placer sur la scène politique et participer à la construction de l’Algérie de demain, une Algérie différente… Une Algérie plurielle.» Il insiste sur le fait qu’en plus de se mobiliser sur le Net, il faut mener des combats sur le terrain. «Chaque investissement dégage une rentabilité, et la nôtre serait d’exporter notre révolte pacifique sur le terrain concret pour toucher les centres de décisions.»

     

     

    Après le souci de la sécurité, place aux droits fondamentaux

    L’augmentation des prix de l’huile et du sucre : telle serait, d’après la version officielle, la seule raison des émeutes qui ont ébranlé le pays la semaine dernière ? Rachid Malaoui évoque d’autres facteurs plus «profonds». «Le problème ne se résume pas à la perturbation des prix des produits de large consommation, le mal est plus grave. Les syndicalistes et les représentants de la société civile, censés revendiquer les droits des citoyens sont réprimés à la moindre manifestation (pacifique), pour ceux qui ne se sont pas faits corrompre par le gouvernement.» Et d’ajouter : «Les jeunes se sont retrouvés, donc, seuls, sans encadrement et usant de la violence comme dernier recours». De son côté, Fayçal soulève le problème de «l’absence de dialogue entre les jeunes et les responsables». Selon lui, «une certaine frustration les fait sombrer dans la délinquance et la vengeance de la manière la plus violente. Les jeunes constatent que la loi n’est pas appliquée à tout le monde. Ils se disent permis de casser une vitrine et de voler un magasin car, selon leur discours, «ceux qui ont volé des milliards dans des affaires de corruption demeurent impunis !» Sofiane Limane pense que ces émeutes ne sont qu’«une énième preuve du ras-le-bol de la population algérienne et un signal parmi tant d’autres, qui avertissent ce pouvoir, briseur de rêves. Il faut chercher les causes dans l’injustice que vit la société au quotidien, la corruption qui a gangréné l’environnement, la marginalisation que vit la population depuis... toujours !» Abdelmalek Rahmani reconnaît que «les luttes intestines» au sein même de la société civile ont fragilisé sont impact. «Celle-ci s’est effritée et a perdu la confiance des jeunes», déplore-t-il. A ce sujet, le coordinateur national du CNES ne manque pas de proposer aux différentes associations et représentants de la société civile de s’autocritiquer afin d’accomplir leur mission en mettant de côté leurs ambitions personnelles. Abdelmoumène Khelil, «ce qui se passe aujourd’hui en Algérie est le fruit d’une accumulation de dix années de malvie. Au sortir de la période du terrorisme, le citoyen algérien a pris conscience de la légitimité de réclamer ses droits fondamentaux, contrairement à la période précédente où il se contentait d’être en sécurité». Par ailleurs, la question cruciale du chômage «serait à l’origine de ce marasme que vit la société algérienne depuis des années», selon Ahmed Khaled.

     

     

    Des solutions et… de la «désobéissance sociale» !

    Plus de 1300 personnes passées devant les juges, dont 900 sont déjà derrière les barreaux : le gouvernement a imaginé que la solution serait de punir ces jeunes qu’il considère comme délinquants. «Complètement absurde», s’indignent les participants. Moumène Khelil, assure que la solution aux problèmes de la société serait d’abord de rendre des comptes, assurer une transparence. «Et en priorité, lever l’état d’urgence.» Et d’ajouter : «Il faut que les jeunes émeutiers soient libérés.» Rachid Malaoui partage son avis, puisqu’il insiste : «Notre première revendication sera de demander la libération de ces jeunes et de les amnistier. Il faudrait que leur casier judiciaire soit vierge, un jeune qui a été en colère à cause d’une injustice sociale ne peut pas être emprisonné, car plus tard, il sera délinquant.» Il affirme qu’il serait prêt à appeler à une grève générale. De son côté, Ahmed Khaled assure qu’il faut que les jeunes se rapprochent de la société civile et que donc «l’Etat doit donner plus de prérogatives aux associations afin de convaincre les jeunes. C’est aussi une question d’éducation parentale». Pour Abdelmalek Rahmani, «l’autonomie de la société civile épargnera à l’Algérie ces crises cycliques. Les jeunes représentent la population la plus vulnérable. Il faut voir émerger une conscience citoyenne». Il dénonce la pression que subit la société. «Le seul moyen de la rendre efficace, c’est de lui offrir une liberté d’expression», la solution serait donc, selon lui, «une mobilisation générale». Selon Fayçal, président du comité du quartier de Bab El Oued, il faut «créer de comités de quartier à travers les wilayas du pays et travailler en coordination», ce qui contribuera, selon lui, à «établir un dialogue entre la population, notamment les jeunes et les représentants du gouvernement. Pour porter le message de la société». Selon Sofiane Limane, «il faudrait l’union de toute la partie civile : associations, syndicats, partis, avocats, médecins, journalistes, militants des droits de l’homme, enseignants... autour d’un seul projet de changement, un projet clair, daté et concret avec des objectifs qui sont : la levée de l’état d’urgence, l’ouverture du champ audiovisuel en Algérie et l’instauration d’un Etat de droit avec une justice indépendante». Et pour obtenir tout cela, il prône «la désobéissance sociale ! Marcher, occuper les rues... pacifiquement pour porter notre cause sur tous les supports médiatiques beaucoup de volonté et plus d’action».

     

     

    En Tunisie, les émeutes sont «portées par un projet de société»

    La Tunisie est, depuis, presque un mois le théâtre d’une contestation sans précédent violemment réprimée. Les manifestations dans ce pays voisin ont commencé après le suicide d’un jeune suite à la saisie des marchandises qu’il vendait sur un marché. D’autres suicides ont suivi ce triste événement. Depuis, les Tunisiens ne désertent plus les rues pour dénoncer, entre autres, le chômage, l’injustice et la cherté de la vie. Les jeunes manifestants ont, aussitôt, été rejoints, dans leur rébellion, par le reste de la société, notamment l’élite. «Nos émeutes sont aveugles et irréfléchies !, s’emporte Sofiane Limane. Les leurs sont encadrées et visent un projet de société bien défini. Ceci répond au degré de civisme du peuple tunisien. Je ne sous-estime pas, par-là, le civisme de notre société, mais disons que les contextes sont différents et aussi que la motivation fait défaut chez nous, contrairement à eux !  Nous sommes jeunes, et nous sommes prêts à suivre l’exemple. Hélas pour une grande partie, la représentation de la société civile repose sur al charia al thawria, et non pas la compétence et la sagesse !» Pour expliquer l’absence de la société civile aux côtés des émeutiers en Algérie, Rachid Malaoui évoque la stratégie de division du pouvoir. «Chez nous, la peur du régime et des lois ont fait des syndicats des syndicats digestifs. Le gouvernement algérien a réussi à diviser les segments de la société et à miner les militants. Certains ont même refusé de signer le communiqué que nous avons rendu public, il y a quelques jours, portant notre soutien à la contestation contre les injustices sociales», dénonce le président du Snapap. Abdelmoumène Khelil rebondit sur la question de l’opinion publique en s’interrogeant sur «la raison du changement de position du peuple algérien vis-à-vis du mouvement de colère des jeunes qu’il cautionnait à ses débuts».

    Lamia Tagzout, Nassima Oulebsir, Nina Sellés
  • Fouka Moha, pris en otage pour un retour au calme

     

    zoom
    Imprimer Envoyer à un ami Flux RSS Partager

    Fouka, localité marquée par la pauvreté, le chômage et le désoeuvrement, a été le point de départ des émeutes qui ont bouleversé le pays en ce début de mois. Si le calme est revenu dans le Quartier Communal, théâtre d’affrontements violents avec les forces de l’ordre pendant des jours, les émeutes menacent de reprendre très vite, dès que Moha, un non-émeutier arrêté par la police, sera libéré.

    «Les mesures du gouvernement sont dérisoires et ne règlent pas nos problèmes. On s’est calmés, mais je vous promets que ça va reprendre très vite et de plus belle», annonce brutalement Hakim, 25 ans, émeutier du Quartier Communal de Fouka. Lundi, en début d’après-midi, le calme s’est réinstallé dans cette localité de la région de Tipasa, au point précis du premier embrasement de colère qui a contaminé les autres villes du pays. Un calme trompeur. Si les émeutes qui ont débuté le lundi 3 janvier se sont atténuées le vendredi 7, la menace continue de planer dans le coin. Capuche sur la tête, veste en cuir recouvrant un survêtement défraîchi, Hakim n’est pas près d’en dire plus pour l’instant. Sa véhémence l’empêche d’avoir un discours récapitulatif clair ou quelques projections précises sur la situation. Il faudra attendre.

    Difficile de reprendre son souffle après des soirées entières à crier sa révolte, à coups de jets de pierre contre la police et de pneus brûlés pour bloquer la route. Au Quartier Communal, Haï Ali Amar, dit «Château», les émeutes ont été propres et n’ont ciblé aucun bien privé. «Notre ennemi, c’est l’Etat, explique Farouk, habitant du quartier. On s’est donc limités à brûler les bus de Ouyahia (de l’Office national des œuvres universitaires, ndlr) pour l’exprimer. Les gens n’ont pas été agressés et les biens privés ont été sauvegardés, on n’est pas des vandales.» Le phénomène des émeutes n’est pas nouveau, notamment dans cette même région où, en 2006, de violents affrontements ont eu lieu pour des histoires de logements mal attribués. Diar Echems (Alger), devenu l’emblème de la protestation violente sur le logement, mais aussi dans plusieurs autres régions du pays où le ras-le-bol citoyen mène souvent à l’émeute.

     

    Des émeutes payantes


    Mais ces émeutes qui apparaissaient jusque-là de façon sporadique ont pris une autre tournure depuis l’explosion de colère à Fouka le 3 janvier dernier, qui, pour la première fois depuis plus d’une décennie, a réussi à créer un impressionnant effet dominos, de ville en ville. Hausse des prix de l’huile et du sucre, mal-vie, chômage, crise du logement, manque de perspectives, rupture avec les dirigeants… la liste est longue. Mais comment les émeutes de Haï Ali Amar se sont précisément déclenchées ? Hakim, reprend son souffle et raconte : «Ce sont les vieux du quartier qui nous ont poussés à nous révolter mais sans faire de mal à quiconque. Il était juste question de faire entendre nos voix. On s’est organisés, on a cotisé - chacun a vidé ce qu’il avait dans la poche - pour payer le transporteur d’un container, puis on s’est servis chez le vulcanisateur pour les pneus avec lesquels on a bloqué la route. Et tout le monde nous a rejoints pour scander nos slogans contre Ouyahia, lihabbel ezawalya (qui a rendu fou les pauvres)». A première vue, Hakim peut paraître désoeuvré et aveuglé par la colère, mais plus il confie ses impressions, plus son discours gagne en sagesse et clairvoyance. «Les jeunes du quartier sont des gens bien et ils ne veulent de mal à personne, mais l’injustice nous pousse à bout. L’émeute est le seul moyen d’exprimer notre révolte.» Un de ses amis prend la relève : «On a de l’eau une fois tous les cinq jours. En été, c’est une fois par mois, pas de boulot. Pas de mariage. On s’entasse dans nos appartements et en plus il faut supporter que le maire vienne nous narguer avec son indifférence ?!», raconte Imad, avec un sourire qui mêle subtilement ironie et tristesse.


    100 000 DA pour nous déstabiliser


    Les langues se délient et les détresses se font écho. Ali baisse la capuche de Hakim pour montrer sa blessure à la tête. Il donne en spectacle ses mains écorchées par les jets de pierres puis explique : «Vous croyez que ça nous fait plaisir d’en arriver là ? Ils peuvent continuer à nous faire passer pour des casseurs, mais nous, nous avons bien compris ce qu’il se passe. A Koléa, quelqu’un que je connais a perçu la somme de 100 000 DA pour organiser la casse et les agressions qui visent à déstabiliser notre mouvement de contestation.» Ces jeunes déterminés et tenaces ont fait entendre leur voix mais n’ont pas eu gain de cause, et pourtant ils ont cessé leur mouvement de contestation. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Mercredi 5, une heure du matin, Moha, 27 ans, s’est réfugié dans la R4 de son frère à l’entrée de la maison pour parler au téléphone, à sa fiancée. Une impasse parallèle à la route bloquée par les révoltés du quartier Haï Ali Amar. Les jeunes continuaient à jouer avec les nerfs des flics qu’ils semaient à chaque fois qu’une tentative de les arrêter était entreprise, pendant que Moha, résigné, en marge, refaisait probablement le monde grâce aux échos de voix de sa bien-aimée. Samir raconte : «Un groupe de cinq jeunes a emprunté l’impasse pour prendre la fuite. Ils ont réussi, les flics sont tombés sur Moha.» Un voisin a assisté à la scène mais n’a pas osé sortir le secourir, de peur d’être, lui aussi, embarqué : «Ils l’ont battu et entraîné jusqu’à la route principale.» La sœur de Moha, le regard plein de larmes qu’elle retient avec fierté, poursuit : «Il ne faisait pas partie des émeutiers, quand on est sortis pour le chercher, on a retrouvé la porte de la voiture ouverte, ses deux téléphones sur le siège et son bonnet jeté par terre un peu plus loin. Ça fait déjà une semaine et on refuse de nous laisser le voir au commissariat. Nous sommes morts d’inquiétude.» Le père de Moha aura finalement réussi à le voir hier :«Il a effetivement été battu», confirmait-il au téléphone.



    Boutef attendu sur l’ENTV


    Ses larmes tombent, mais Safia, 29 ans, précise quand même : «C’est nous qui avons imploré les jeunes du quartier de cesser les émeutes, parce que certains contacts nous ont confirmé que Moha était maltraité et que ça risquait d’empirer si les émeutes ne prenaient pas fin.» Hakim confirme : «Nous avons cessé notre mouvement vendredi dès qu’on a su qu’on lui faisait subir des supplices. On s’est dit qu’il fallait qu’ils le relâchent. Une fois fait, on leur montrera de quel bois se chauffent les jeunes de Fouka !» Vendredi a justement été une journée décisive dans le quartier. Après l’appel de la prière, les jeunes ont décidé de reprendre leur contestation. Encore une fois, des pneus brûlés pour bloquer les routes et des slogans pour fustiger Ouyahia, qu’ils ont choisi comme fort symbole de l’Etat à abattre. Après deux heures d’affrontements désespérés, une rumeur annonce que le Président ferait un discours au JT de 20h. La contestation cesse, tous les  regards se tournent alors vers l’écran fade et inanimé de l’ENTV. Non, pas de Boutef au JT ni de Ouyahia d’ailleurs. Scandalisés par ce qu’ils interprètent comme du mépris, les jeunes réinvestissent la rue. Puis, la rumeur folle, entre deux jets de pierres : «Moha serait torturé si on n’arrête pas l’émeute», explique Hadji, 23 ans. Ils poursuivent leur démonstration de colère jusqu’à 1h du matin et décident que ce sera la dernière, jusqu’à la libération de Moha. Hadji promet d’ailleurs : «Quand Moha sera libéré, on reprendra nos émeutes et tous ces flics qui n’ont pas hésité à tirer sur les tuyaux de gaz pour mettre le feu verront.»


    Un stade pour 600 millions de centimes


    Il reprend son souffle et se corrige : «Non, ce n’est pas vrai, on ne leur en veut même pas. Ce sont des zawalya (pauvres) comme nous et on le leur a dit ! Cela dit, un des officiers paiera quand même, un d’entre eux qui n’est pas comme les autres.» Qui est cet officier ? Hakim répond avec une colère qui redouble d’intensité : «Il est là depuis cinq ans, et il fait sa loi dans le quartier, il ne paye rien et nous méprise tous. Au premier soir des émeutes, il est venu négocier notre silence avec le maire, et comme nous avons été intraitables, on a eu droit à des insultes inaudibles, inacceptables. Etant donné qu’il n’y a pas de justice pour nous défendre, nous nous défendrons seuls.» Dans ce quartier, exemple représentatif de plusieurs autres, oubliés par les politiques, le pain est introuvable depuis des jours, le lait n’est disponible qu’en petite quantité, l’huile et le sucre ne sont plus sur la liste des achats. Les routes sont mal goudronnées, et des ordures jonchent le sol à chaque encablure. «Une absence totale de l’Etat, réplique Ali, la trentaine. Juste avant les émeutes, on a appris que le stade du quartier a été refait pour 600 millions de centimes. Vous vous imaginez, quatre projecteurs et un grillage pour cette somme ! On est livrés à nous-mêmes, au chômage, et ils nous prennent pour des débiles. Comment ne pas se soulever ?» Rien n’est réglé mais le calme est revenu à Fouka depuis quelques jours. Ce calme ne tient qu’à un fil, que ces jeunes couperont certainement lorsque Moha sera libéré.

    Bouredji Fella
  • A qui profite la destruction des groupes industriels algériens ?

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

     

    Cevital n’a pas le droit de baisser les prix. Même si le groupe industriel de Issad Rebrab se retrouve dans ses comptes, il ne peut pas offrir aux consommateurs algériens du sucre et des huiles moins cher.

    C’est, paraît-il, la loi. C’est là, également, la logique d’un Etat qui a complètement failli à réguler le marché et qui reprend des réflexes autoritaires. Au lieu de s’attaquer aux importateurs et aux grossistes, qui foulent aux pieds loi et règlements, le gouvernement cible les créateurs de richesses. Un gouvernement tellement aveugle qu’il n’arrive pas à voir que le monopole n’est pas dans la production mais dans l’importation. Qui importe le sucre roux ou blanc ? Et qui sont les grossistes dominant le marché ? Le ministère du Commerce, qui donne des signes inquiétants d’amateurisme, a-t-il les moyens de contrôler les grossistes et les importateurs ? Peut-il les obliger à respecter l’usage de la facture comme le veut la loi qu’il prétend appliquer  ?


    Logique de l’à-peu-près


    «La notification adressée à Cevital est une procédure administrative dont le but est d’obtenir des éclaircissements de la part du groupe agroalimentaire concernant les nouveaux prix qu’il pratique sur le sucre et l’huile», a dit le ministre, Mustapha Benbada. Devant l’opinion publique, le gouvernement s’est mis à nu. Si des producteurs sont capables d’offrir un kilo de sucre à moins de 90 DA pourquoi les en empêcher ? A écouter les officiels, qui meublent les ondes de la télévision et de la radio étatiques dans un discours à sens unique, le prix de 90 DA le kilo de sucre est parfait. Ce n’est pas l’avis des ménages. Ce prix est élevé par rapport au pouvoir érodé par l’inflation. Idem pour celui de la bonbonne de cinq litres d’huile. Les prix des produits, composés d’huile ou de sucre, comme les biscuits ou les chocolats, ont également augmenté. Mais là, le gouvernement n’a rien vu. Aucun rappel à l’ordre. L’Algérie est probablement le seul pays au monde qui «interdit» aux privés de vendre à perte. Comme si l’économie algérienne, pilotée par la logique de l’à-peu-près, ne fonctionnait pas, à plusieurs niveaux, à perte. Des manques à gagner chiffrés en milliards de dinars. Il n’y a qu’à citer l’exemple de la gigantesque évasion fiscale que le gouvernement n’arrive pas à quantifier. Un gouvernement, qui, malgré ses appareils sécuritaires, est incapable de mettre fin à l’informel ou de tracer les fonds détournés vers l’étranger. L’échec, aujourd’hui largement établi, des réformes bancaires peut être traduit par «une volonté politique» de ne pas secouer les palais de la spéculation ni de troubler ceux qui vivent «à l’ombre» du système.


    Gestion politisée


    Il en est de même pour l’inexistence de bureaux de change. L’absence d’un impôt sur les grosses fortunes est une autre illustration de cette tendance endémique dans la gestion «politisée» de l’économie du pays. Le harcèlement que subit aujourd’hui le groupe algérien Cevital, sous prétexte de lutte contre «le monopole», pour reprendre l’expression comique actuel, semble répondre à une action concertée pour mettre au pas l’industriel algérien, en faire une exemple pour que le royaume de l’importation soit  rassuré. Les médias étatiques, radio, télévision et APS, se sont mis en ordre de marche pour attaquer  Cevital, interdisant à Issad Rebrab toute possibilité de défense. Sauf qu’en agissant de la sorte, Issad Rebrab est aujourd’hui apprécié au niveau populaire pour la simple raison qu’auprès de l’opinion nationale, il passe pour un industriel qui a voulu offrir du sucre et de l’huile moins chers aux Algériens et que le gouvernement l’a empêché de le faire ! Voilà à quoi peut aboutir la communication stalinienne de ceux qui n’ont rien compris aux avertissements lancés dernièrement par la rue algérienne. Le Parti des travailleurs, qui a cessé d’être un parti d’opposition, et l’UGTA, qui, contrairement à son homologue tunisienne, l’UGTT, a choisi de se ranger du côté des autorités, se sont curieusement «réunis» pour s’attaquer «au monopole destructeur de certains opérateurs  privés qui fragilisent le tissu social».


    Position à la carte


    Le PT et l’UGTA ont évoqué «les actes de spéculation» donnant l’impression de ne s’attaquer qu’à Cevital, un groupe qui compte des milliers de salariés, et d’oublier les importateurs. Cette position «à la carte» banalise davantage un parti et un syndicat qui, hier, étaient quelque peu crédibles et qui ne sont devenus que des amplificateurs du discours dominant d’aujourd’hui. Un petit bilan de ces dix dernières suffit à montrer que l’Algérie est devenue un cimetière immense pour ses groupes industriels. Il n’y avait aucune raison pour détruire le groupe Khalifa même si son patron était impliqué dans des malversations. Les pays avancés poursuivent en justice les patrons coupables d’actes de gestion contraires à la loi mais maintiennent en vie les entreprises dont ils étaient responsables pour ne pas perdre les emplois ou les parts de marché. Après Khalifa, les pouvoirs publics ont mis à genoux les groupes Tonic et Blanky. Qu’ont-ils gagné en contrepartie ? Rien. Sauf des chômeurs en plus. Pour conclure, les autorités algériennes semblent agir contre l’intérêt national. C’est peut-être la seule façon de comprendre cette tentation de vouloir  casser les ressorts les plus efficaces de l’économie du pays. 

    Fayçal Métaoui
  • Le sort de Ahmed Ouyahia en pointillé…

    les bus du cous ca va !!!bien sur vous avez renvoyer les étudiants à pieds malgré l'emeute, et mettreà abrit vos bus de peur que l' emeute  les brulent!!!!!!!

      El Kadi Ihsane, Maghreb Emergent, 12 Janvier 2011

    Le premier ministre a symboliquement un pied dehors. Son cours économique est détricoté par des mesures en faveur de l’importation et de l’informel. Son impopularité atteint des sommets. Mais la position du président Boutéflika, qui peut lui sortir l’autre pied, s’est affaiblie en 2010 avec les affaires de corruption de son clan. Statut quo entre deux « ambulances ? »

    Les émeutes de la jeunesse exclue n’ont pas produit en Algérie, d’effets politiques à chaud. En Tunisie, il a fallu une semaine de manifestations spontanées après le coup de tonnerre de Sidi Bouzid pour mettre en route les élites syndicales, associatives et l’opposition politique au régime de Zine Ben Ali. Rien de tout cela en Algérie. Le ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, se félicite de ce que personne ne soit en mesure, dans son pays, de faire jonction avec les émeutiers : « la tentative de récupération a échoué. Ceux qui disent qu’il va falloir encadrer ce mouvement et le canaliser se trompent lourdement » a-t-il déclaré sur le site Algérie Plus. En conséquence, « la même feuille de route continue »  épilogue t’il. Il y’a pourtant des raisons d’en douter. Le premier ministre Ahmed Ouyahia est en très mauvaise situation. Il n’a pas signé le communiqué du conseil interministériel –sans images – qui prenait les décisions « anti crise » et a du subir la plupart des options de réponses dictées par la présidence. L’annonce par Mustapha Bendaba, ministre du commerce, rétablissant à la télévision les pratiques du commerce au noir à la fin d’une réunion avec les fournisseurs d’huile et de sucre, est un désaveu direct. Dans le même sillage Daho Ould Kablia a pris  des libertés pour déclarer, toujours sur Algérie Plus « Personnellement, j’ai toujours avancé l’idée qu’on ne peut engager que les batailles qu’on est sûrs de gagner. La bataille de l’informel doit faire l’objet d’une stratégie du moyen et du long terme (…) On a essayé de le maîtriser il y a deux ans en imposant le chèque mais on a reculé car pour imposer le chèque il faut avoir des structures qui répondent (…) est-ce que c’est réalisable tout de suite ? Moi, je dis non. Ca viendra progressivement ». Désavoué par ses ministres sur le front de la lutte contre l’informel, il a du également avaler la couleuvre de la promotion des importations du sucre et de l’huile avec la levée des droits de douanes et de la TVA. Des mesures qui visent, dans le premier cas, ouvertement  l’industrie locale de raffinage du sucre, dominée par le groupe Cevital.

    Une question d’interprétation des évènements

    « La tendance dans les situations de crise est de faire bloc au début » rappelle un ancien ministre. La suite est d’un autre cru. Ahmed Ouyahia est t-il capable de s’approprier toutes les mesures et de continuer comme s’il n’avait pas été démonisé ? «  Bien sur. Son parcours n’atteste pas d’une grande rigueur de principe. Et si le président ne lui demande pas de remettre le tablier, il ne le fera pas » pense l’ancien ministre. Ahmed Ouyahia est donc très affaibli, mais pas nécessairement chancelant. Son sort dépendra alors de la lecture des évènements faite par le président de la république. Pour Said Medar, analyste politique, le scénario le plus probable est que « Boutéflika interprète les émeutes comme un complot contre lui, comme l’a laissé entendre Belkhadem avant de nuancer son propos. Il ne pensera pas alors que le départ de Ouyahia va régler sa précarité. Il pourrait même penser le contraire s’il se persuade qu’il y’ a la main des services dans ces émeutes ». Le clan présidentiel a pris beaucoup de coups en 2010. Sous le feu des enquêtes économiques du DRS (département du renseignement et de la sécurité), il a du subir l’effondrement de sa mainmise sur Sonatrach et son « pilotage » des gros contrats d’équipement comme l’autoroute Est-Ouest. Abdelaziz Boutéflika s’est séparé de deux ministres clés de sa gestion, Chakib Khelil et Nourredine Zerhouni, et a du se résoudre à mettre en semi retraite Hamid Temmar (aujourd’hui ministre de la prospective), un autre point d’appui  au sein du gouvernement. Les émeutes de la jeunesse démunie peuvent lui offrir l’occasion d’une revanche clanique sur la partie du gouvernement qui obéit à d’autres fidélités, à commencer par le premier ministre. Les jours d’après indiquent qu’il n’en aurait pas l’énergie. Mais pas pour autant la volonté.

  • La France officielle offre ses services pour mater les peuples du Maghreb

    quelle honte madame aliot marie,l'algerie qui vous à donner une lecon 1er novenbre54 avec les vraix moudjahidines ,je vous renvoi aux livres d'histoireet lisez les mémoire general giap celui vietnam occupez vous cote d'ivoire!!!! si vous en sortiez de ce bourbier que vous avez fabriqué!!!!!

      *In Tunisia-watch

    Paris propose à Alger et Tunis son « savoir faire » dans la gestion des manifestations

    La France propose officiellement à la Tunisie « son savoirfaire » dans la gestion des questions sécuritaires lors des manifestations publiques. Critiquée à l’Assemblée nationale française par les députés de l’opposition sur la retenue française au sujet de la situation en Tunisie, la ministre française des Affaires étrangères, Mme Alliot Marie, a indiqué ce mardi 11 janvier que le gouvernement français « ne peut que déplorer qu’il puisse y avoir des violences qui concernent ces peuples amis », selon des propos rapportés par l’AFP, ajoutant que « la priorité doit aller à l’apaisement après des affrontements qui ont fait des morts ».

    « Notre premier message doit être celui de l’amitié entre les peuples français et tunisien, et on ne doit pas s’ériger en donneurs de leçons face à une situation complexe », a-t-elle dit à propos de la Tunisie tout en invitant les dirigeants à « mieux prendre en compte les attentes » des populations. La diplomate française a expliqué le mécontentement social et politique par « énormément d’attentes de la part des jeunes », « particulièrement de jeunes formés, de pouvoir accéder au marché du travail ». « Le président Nicolas Sarkozy entend dans le cadre du G8 et du G20 répondre aux préoccupations et aux besoins qui sont ceux de la Tunisie et de l’Algérie en la matière », a-t-elle affirmé.

    Et pour mieux gérer les questions sécuritaires au cours des manifestations publiques, Mme Alliot Marie a proposé le « savoirfaire » de son pays en la matière. « Le savoirfaire, reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité, permet de régler des situations sécuritaires de ce type. C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays (Tunisie et Algérie) de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité », a-t-elle dit.

    Depuis le début des émeutes, c’est la première fois qu’un officiel français de haut rang s’exprime sur les violences survenues en Tunisie et en Algérie. Mais à l’unanimité les observateurs ont relevé la retenue de Paris, sans doute en raison des intérêts qu’elle entretient avec ces deux pays, ses deux anciennes colonies.



  • Appel à un Rassemblement des Algérie à Montréal samedi 15 janvier

    » Appel à un Rassemblement des Algérie à Montréal samedi 15 janvier

    Devant la situation intolérable des Algériens étouffés par la dictature et privés de leur droits et libertés, nous, Algériennes et Algériens du Canada, appelons à un rassemblement ce samedi 15 janvier 2011 à 11h30 à Montréal – Saint Louis Square (Carré Saint-Louis)  sur la rue Saint Denis.

    Soyons nombreux pour exprimer notre solidarité avec notre peuple et appuyons ses revendications sociales et politiques pour que vive enfin un État de droit en Algérie.

    1. La levée immédiate de l’État d’urgence;
    2. L’arrêt de la répression et la libération des jeunes arrêtés lors des émeutes;
    3. L’ouverture du champ médiatique pour permettre aux Algériens d’exprimer librement leurs préoccupations et leurs inquiétudes;
    4. L’ouverture politique pour permettre à la société civile de s’organiser et de revendiquer pacifiquement le changement démocratique, seule alternative pour sortir véritablement le pays de crise qui perdure.

    SVP, chers compatriotes, ne manquez pas ce rendez-vous avec l’histoire!

    L’avenir de notre pays dépend de notre volonté à tous, où que nous soyons. Le Monde qui nous regarde.

    Vive l’Algérie libre et démocratique!

    Pour le Collectif des Algériens solidaires des luttes sociales et politiques en Algérie

    Zehira Houfani (écrivain et journaliste)

    Omar Aktouf (Professeur HEC et auteur)

    Pour le Comité des étudiants Algériens de Montréal

    Nacer Mahdi

    Pour information complémentaire : zehira@sympatico.ca



  • Algérie : les raisons d’un soulèvement

     

      Le Monde Diplomatique

    jeudi 13 janvier 2011

    En 2010, l’Algérie a connu entre 9 000 à 10 000 émeutes. Et l’année 2011 a commencé par une semaine de violentes manifestations d’ampleur nationale : des jeunes en colère ont pris pour cibles les édifices publics et les commerces privés des « protégés de l’Etat », comme les présente Kamel (1), un jeune de Bab el-Oued. Le 5 janvier, c’est justement de ce quartier de la banlieue d’Alger qu’est partie la révolte, à la suite, toujours d’après notre interlocuteur, de l’agression d’un marchand ambulant dont l’étalage a été renversé par des policiers en civil. Les jeunes de Bab el-Oued ont refusé cette énième provocation, eux qui ont cru vainement que leur sort allait s’améliorer quand les autorités locales leur avaient promis l’octroi d’emplacements légaux sur le marché de la ville. La répression a fait quatre morts et des centaines de blessés.

    Loi financière catastrophique

    La rapide propagation de ces manifestations à tout le pays a été interprétée comme la conséquence de la flambée des prix de l’huile et du sucre (2). En réalité, le coût de ces deux produits de première nécessité n’est pas le seul à avoir connu une hausse vertigineuse (plus de 20 % entre le 31 décembre 2010 et le 1er janvier 2011). Depuis le vote parlementaire de la Loi de finance complémentaire (LFC), le 21 juillet 2009, le portefeuille du citoyen algérien est soumis à un régime drastique (3). A cela s’ajoutent les multiples pénuries comme, ce dernier mois, celles du lait et de la farine.

    La LFC 2009 prône le « patriotisme économique » et compte donner la chasse aux « fraudeurs ». L’Etat algérien entend ainsi occuper le terrain qu’il a abandonné depuis plus de vingt ans, ce qui a permis l’explosion du marché informel – qui représente, selon El Watan, 40 % de l’économie du pays. Mais il est passé en force, sans consulter aucun des acteurs économiques et sociaux, et n’a proposé aucune amélioration structurelle pour faciliter la réalisation de son projet. Rappelant qu’en Algérie « le monde du travail n’accapare pas plus de 20 % du PIB [alors que] le pouvoir et ses clientèles s’en attribuent 80 % sans créer de richesses », M. Athmane Mazouz, chef du groupe parlementaire du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), a voté contre cette loi, car, selon lui, elle ne repose « sur aucune vision à même d’offrir une perspective de développement national ».

    Les dirigeants algériens ont oublié que l’Etat avait encouragé le marché informel dans les années 1990 pour résister aux pressions du Fond monétaire international (FMI), ou, dans le cas du marché de l’alcool, pour résister aux islamistes. Le président Abdelaziz Bouteflika et son premier ministre Ahmed Ouyahia ont donc mis en place une batterie de lois pour assurer la traçabilité des transactions financières des importateurs et des commerçants algériens, afin de les imposer. Interrogé sur les effets de cette loi, un « négociant de café vert travaillant avec l’Algérie depuis 1996 » dénonce une « gestion des importations archaïque » assortie d’une « manne pour les banques » ; pour lui, trop de documents et de garanties sont exigés, avec un coût supplémentaire allant de 500 à 1 000 dollars par dossier… A ses yeux, l’augmentation des prix que connaît actuellement l’Algérie n’est qu’un début, car de moins en moins d’exportateurs veulent travailler avec le pays, ce qui va provoquer une raréfaction des produits. « Il y a trop de risques financiers, le CREDOC (4) n’est plus utilisé nulle part ailleurs dans le monde, et la marchandise peut vous être renvoyée pour un simple problème d’étiquetage en arabe. »

    Un petit pansement et on recommence

    Face à la colère des Algériens, MM. Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia ne se sont pas encore exprimés publiquement. Cependant, une réunion interministérielle s’est tenue trois jours après le début des manifestations pour décider de l’annulation des taxes et des droits de douane sur les huiles et le sucre roux jusqu’au 31 août prochain (5). L’exécutif pose donc un pansement sur le front d’un corps social enfiévré… « On avait espéré que la rue soit écoutée, au lieu de cela 1200 jeunes ont déjà été arrêtés, déplore Mustapha Bouchachi. Beaucoup d’entre eux ont subi des violences policières et sont incarcérés. » Le président de la Ligue algérienne des droits humains (LADDH) craint que les manifestations de ce début d’année ne se reproduisent ; selon lui, le pouvoir doit lever l’état d’urgence instauré en 1992, dont le maintien « ne vise plus les intégristes mais la société civile ».

    Au moment où les étudiants, les syndicats et les partis d’opposition s’organisent pour poursuivre le mouvement de manière pacifique, les autorités publiques sont accusées d’empêcher l’accès au réseau social Facebook. A une société assoiffée de liberté, l’Etat n’a que des verrous à offrir…

    Ali Chibani

    (1) Le prénom a été changé.

    (2) Certains politiques, le ministre de l’intérieur Daho Ould Kablia en tête, ont accusé les « lobbies » industriels mécontentés par la Loi de finance complémentaire de 2009. D’autres sources politiques et syndicales nous ont aussi parlé de probables règlements de comptes entre les clans militaires composés de pro et d’anti-Bouteflika.

    (3) Ainsi, la hausse des prix à la consommation entre octobre et novembre 2010 a atteint 0,8 % à Alger.

    (4) Le Crédit documentaire est l’une des contraintes mises en place par la LFC 2009.

    (5) Avec une réserve de change estimée à 155 milliards de dollars, l’Etat algérien estime pouvoir résoudre tous les conflits sociaux par de petites augmentations de salaire sectorielles ou par des décisions « exceptionnelles et limitées » comme les détaxations.



  • Les familles désemparées face à la dictature

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

     

    H’ram aâlihoum… Pourquoi enfoncent-ils nos enfants davantage ?» Mahdia, 57 ans, est désemparée. Elle est la mère de l’un des 1100 jeunes gens qui ont été appréhendés par les forces de l’ordre durant les émeutes qui ont secoué le pays.

    Les yeux bouffis et cernés, le visage pâle, elle fait les cent pas dans le salon de son logement. Depuis une vingtaine d’années, cette famille de neuf enfants vit dans une cave située dans un quartier de Belcourt. Le sort de son fils ? «Je m’en remets à Dieu… C’est tout ce qu’il me reste à faire», s’apitoie-t-elle. «Avec quoi voulez-vous que j’engage un avocat ? Il se défendra tout seul, lors de son procès prévu dimanche», dit-elle, pensive. Puis elle interroge : «Cela risque de le pénaliser ?»
    A côté des émeutiers qui sont pris en charge par des avocats de renom, des centaines d’autres se retrouvent seuls face au broyeur judiciaire. Et ce, même s’ils sont innocents. «Mes fils font de petits boulots pour se débrouiller. Mais ce ne sont pas des délinquants !», s’indigne Mahdia. Deux de ses fils ont été arrêtés dans la soirée de vendredi dernier. Alqors que l’un d’eux, âgé de 20 ans, a été remis en liberté dimanche, son aîné croupit à El Harrach. «Mon pauvre enfant, il est malade, vous savez. Dépressif à 24 ans. Il est même suivi par un psychiatre», relate, dans un récit saccadé, Mahdia.


    Son autre fils, un large pansement recouvrant l’arrière de son crâne, l’interrompt et raconte, fébrile, la soirée de leur arrestation : «Nous étions dehors et en voyant qu’il y avait du grabuge pas très loin, nous nous sommes réfugiés dans un taxiphone.»  Il poursuit : «Des éléments de la brigade antiémeute ont forcé la porte du local. Nous étions une dizaine. Pourtant, mon frère et moi sommes les seuls à avoir été arrêtés.» Prenant une profonde inspiration, le jeune homme continue péniblement : «Traînés à l’extérieur, les agents nous ont roué de coups, avant de nous embarquer dans leur fourgon.»
    Mahdia, la tête entre les mains, s’écrie: «Mon fils a eu le nez cassé. Nous l’avons vu mardi.» Sa voix se brisant dans un sanglot, le cadet explique : «Il avait le visage tuméfié et le nez encore en sang. Il en crachait même. Il nous a affirmé qu’aucun soin médical ne lui a été administré.» Donc aucun certificat médical ou autre document attestant d’un quelconque mauvais traitement. «Ils nous ont demandé un tas de papiers, même des actes originaux que l’on doit établir à Barika !», s’exclame un autre frère. Et ce n’est que mardi, après plusieurs allers et retours, que les parents du jeune homme ont pu lui rendre visite. «Ils ne m’ont même pas laissé lui apporter d’effets personnels, d’habits propres», s’indigne la mère. 

    Entendus par le procureur de la République dimanche dernier, les deux frères, pourtant arrêtés dans les mêmes conditions, n’ont pas connu le même sort. «Il nous a dit : vous êtes frères, alors je vais en libérer un», affirme-t-il. Et de nombreux jeunes, arrêtés au cours de ces événements, ne savent pas à quoi ils doivent leur liberté. «J’ai été relâché hier, mais on ne m’a rien expliqué. Et c’est le cas d’autres garçons que je connais et qui se sont retrouvés dans la même situation», souffle un habitant de Bab El Oued. Il est pourtant âgé de 19 ans et n’est, de ce fait, plus mineur. Un cocard sur le visage, le blanc de l’œil injecté de sang, le jeune homme jure ses grands dieux qu’il n’a rien fait. «Je crois que je me trouvais au mauvais endroit au mauvais moment», estime-t-il.


    Ce qui semble être le cas du fils d’Oum Elkheir, 52 ans.
    Agé de 22 ans, son enfant était juste sorti quelques minutes dans sa rue de Belcourt. «Je le regardais par la fenêtre. Je lui ai crié de remonter, mais il ne m’a pas écouté», dit-elle en essuyant ses larmes. Décrit par l’ensemble des habitants du quartier comme un garçon des plus calmes et des plus tranquilles, «de peur, il n’a même pas pu se défendre lorsque les policiers l’ont agrippé», poursuit la mère de 6 enfants. «C’est juste qu’il avait sur son téléphone la vidéo d’une scène d’émeute», assure-t-elle.
    La famille n’a pas encore pu parler au jeune homme, incarcéré à la prison d’El Harrach. «Je suis allée le voir samedi au commissariat. Mais impossible de l’approcher», s’indigne-t-elle. Tout comme Mahdia, elle aussi n’a d’autre solution que d’attendre, dans son appartement vétuste, le retour de son fils. En ayant comme unique recours de s’en remettre à Dieu…                

    Ghania Lassal
  • quel menteur , comme barkat, la santé c'est ca , incompétence,et bas niveau des ministres!!!!!

    Les augmentations salariales dans le secteur de la santé tarderont à voir le jour. Seuls les fonctionnaires relevant du corps des administrateurs des services de santé publique pourraient en disposer début 2011. Selon le ministre Djamel Ould-Abbès, aucune augmentation salariale au profit des fonctionnaires de ce secteur n’est à attendre. En pratique, rien ne plaide pour cette option.
    - menteur- voleur de bus- khalifa-ta fille conseillere du ministere de la santé- escroc- tlemcen- clan oujda- et boucoups d'autre chef inculpation..............

    Conformément à la loi et à l’accord bipartite de septembre 2006 conclu entre le gouvernement et la Centrale syndicale UGTA, les augmentations salariales dans le secteur de la Fonction publique devraient intervenir selon un processus et des échéanciers bien précis. Il s’agit, en premier lieu, de finaliser les négociations entre le partenaire social et l’employeur sur la question du statut particulier, avant d’entamer la dernière ligne droite, à savoir le régime indemnitaire.
    C’est le cas, voire la démarche suivie pour les fonctionnaires relevant des corps spécifiques de l’éducation nationale, ceux relevant des corps communs, ou encore les chercheurs permanents, les enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires et les agents contractuels.
    Sur ce chapitre, il est à noter que dix décrets relatifs aux régimes indemnitaires des fonctionnaires et agents publics ont été finalisés sur les 45 statuts particuliers adoptés et publiés au Journal officiel. Pour le secteur de la santé, sept statuts particuliers encadrent les fonctionnaires de ce secteur.
    Il s’agit des statuts de l’enseignant-chercheur hospitalo-universitaire, des fonctionnaires appartenant au corps des administrateurs des services de santé, des psychologues de la santé publique, des fonctionnaires appartenant aux corps des praticiens médicaux généralistes de santé publique, des fonctionnaires appartenant aux corps des praticiens médicaux spécialistes de santé publique et des physiciens médicaux de santé publique.
    Or, sur les sept statuts adoptés, seuls deux décrets portant régimes indemnitaires ont vu le jour. Il s’agit respectivement des décrets sur le régime indemnitaire de l’enseignant-chercheur hospitalo-universitaire et des fonctionnaires relevant du corps des administrateurs des services de santé publique. C’est au niveau de la Direction générale de la Fonction publique que toutes ces opérations seront finalisées.

    Propos contradictoires

    Lors de ses différentes sorties médiatiques, voire depuis son installation à la tête du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould-Abbès n’a cessé d’annoncer en grande pompe que les augmentations salariales seront imminentes.
    Cependant, il ne peut y avoir de revalorisation salariale tant que les régimes indemnitaires n’ont pas été finalisés. Seuls les chercheurs hospitalo-universitaires et les fonctionnaires relevant du corps des administrateurs des services de santé publique sont pour le moment concernés. Les autres fonctionnaires, tels les paramédicaux, les sages-femmes et les biologistes, ne seront pas près d’être augmentés.
    Question : à quelle logique obéissent les déclarations du ministre Ould-Abbès ? Sur quelle base juridique s'appuie- t-il pour annoncer des augmentations salariales au profit des 200 000 fonctionnaires ?
    M. Ould-Abbès est-il au courant du processus jusque-là suivi dans le secteur de la Fonction publique et portant augmentation salariale ? Ou encore fait-il dans le populisme au détriment de la réglementation ? Des questions qui sont restées sans réponses, puisque nos tentatives d’avoir des éclaircissements à ce sujet auprès de la cellule de communication du département de la santé ont été vaines.
    Et pourtant du côté du partenaire social, la sonnette d’alarme a été tirée il y a quelques jours. En date du 13 décembre dernier, le secrétaire national en charge des conflits sociaux avait imputé la responsabilité au ministre de la Santé.
    «Des propositions qui reposent sur la dynamique du dialogue social n’ont reçu jusqu’à présent aucune réponse positive par le ministre de la Santé», lit-on dans la lettre, dont une copie est en notre possession. Et d’ajouter : «Bien au contraire, nous relevons une volonté délibérée d’éloigner de ce processus de négociation la représentation syndicale de l’UGTA.
    Tout en condamnant cet acte, il y a lieu de remédier à cette situation qui risque de porter préjudice au climat social et aux relations mutuelles.» Les représentants des travailleurs évoquent un éventuel dérapage, «d’où l’urgence de programmer une réunion de travail pour la finalisation des projets de statuts particuliers et des régimes indemnitaires».
    Djamel Ould Abbès parle d’augmentation salariale pour l’ensemble du personnel du secteur de la santé, mais la réalité du terrain est tout autre. L’élaboration des textes inhérents aux différents statuts et régimes indemnitaires qui couvrent les personnels de la santé accuse un retard très important, notamment pour les corps qui constituent l’ossature du secteur de la santé. L’enjeu est désormais de taille. Le retour à la table de négociation constitue la seule issue pour éviter l’implosion dans le secteur de la Fonction publique.

  • Belkhadem contredit Ould-Kablia et tire sur Ouyahia possesseur de tous les bus du cous de l'algerois

    HIER À LA CHAÎNE I :


    «Sincèrement, je ne peux accuser une quelconque partie d’être derrière les derniers événements qui viennent de secouer le pays.» C’est ce qu’a affirmé, hier mercredi, Abdelaziz Belkhadem, le ministre d’Etat, représentant personnel du président de la République, lors de son passage à l’émission «Tahaoulate» de la Chaîne I de la Radio nationale.
    Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Pas de manipulation donc dans la violente vague des émeutes de la semaine dernière pour le ministre qui parle, il faut bien le souligner, au nom de Abdelaziz Bouteflika. «Nous regrettons qu’il y ait eu trois morts durant ces événements», car, tenait-il à préciser, «la personne annoncée pour morte à Annaba n’est pas à attribuer à ces mêmes événements ». Pour Belkhadem, «c’est l’image du pays qui en pâtit «dans cette affaire. Il s’explique : «Si en 1988, beaucoup d’ingrédients étaient réunis pour expliquer l’ampleur de l’explosion comme les pénuries, le chômage, la baisse des recettes pétrolières, ce n’est pas le cas de nos jours.» Aussi, il n’omettra pas de rappeler que le pays «n’avait plus investi depuis 1986. A cette situation de non-investissement, était venue se greffer la décennie de terrorisme et de terreur qui a ravagé l’Algérie». A l’arrivée, «lorsque le président Bouteflika accédait au pouvoir en 1999, il y avait trop de retard cumulé. Le chômage, par exemple, dépassait à l’époque les 30%». Il en vient alors à «la politique de développement engagée par le président» avec les différents plans dont les montants sont considérables. Ce qui lui permet une bonne opportunité pour décocher une petite pique à l’endroit de… Ahmed Ouyahia. Même indirecte, c’est quand même le Premier ministre qui sera visé à travers la phrase qui suit : «Le président s’occupe des grands choix stratégiques pour le pays. Quant à la gestion quotidienne, elle est laissée au gouvernement. Il y a trois ans ( Belkhadem était alors chef du gouvernement, ndlr), le gouvernement a pu endiguer le phénomène de la spéculation qui frappait de manière récurrente le prix de la pomme de terre et ce, en procédant à l’achat de toute la production aux agriculteurs, au prix de saison. De la sorte, on inondait le marché dès que la pénurie commençait à menacer.» Ce qui l’amène à dire : «Il faut que nous prenions nos précautions à l’avenir pour prévoir des situations comme celle de fin décembre dernier où nous avons été pris de court par les montées brutales des prix du sucre et de l’huile sur le marché mondial.» Belkhadem parlera ensuite des monopoles : «Il est anormal que l’importation d’un produit aussi important que le sucre soit sous le monopole de cinq personnes. Il faut casser ces monopoles sur tous les produits stratégiques. Du sucre au médicament». En revanche, Belkhadem préconise «l’encadrement du marché informel exercé par les petits commerçants. Essayer de l’intégrer dans l’économie nationale formelle au lieu de tenter de l’éradiquer». Reconnaissant par ailleurs qu’il «existe effectivement des tares et des insuffisances», comme la corruption, certaines injustices dans les distributions de logements, Belkhadem estime injuste d’accuser les partis et la société civile. «C’est faux que d’affirmer que ce sont les partis politiques et la société civile qui sont responsables des derniers événements.» ! Et là, c’est directement le ministre de l’Intérieur qui est visé. Daho Ould-Kablia avait en effet accusé les partis politiques et la société civile d’être responsables des événements, par leur passivité.
    K. A.

  • Actualités : ORGANE DE PRÉVENTION ET DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION La poudre aux yeux ?



    A la corruption qui, au fil des années, s’est métastasée telle une gangrène pour pourrir y compris les segments les plus prépondérants de l’économie nationale, la plus haute autorité politique du pays a répondu par l’institution, puis la mise en place d’un nouvel instrument de prévention et de lutte.
    Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir) - L’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, mis sur pied y a de cela une quinzaine de jours, en application d’un décret présidentiel publié, lui, quatre années après la promulgation de la loi contre la corruption, participe de ces mesures que l’Etat a mises en branle afin d’endiguer le grave phénomène de la corruption. En soi, une telle initiative pourrait être louable. D’autant qu’elle intervient à un moment où de lourds dossiers de corruption sont étalés sur la voie publique. Les affaires scabreuses meublent quasiment sans discontinuer la chronique médiatique, faisant apparaître une corruption à grande échelle, touchant des colosses économiques à l’instar de la Sonatrach ainsi que des projets d’envergure, comme les chantiers de l’autoroute Est-Ouest. C’est important que l’Etat prenne conscience de la gravité de la situation et de la dangerosité du fléau, mais faudra-t-il encore que sa démarche pratique procède d’une bonne intention, d’un engagement sérieux et résolu. Car il n’est pas dit que la multiplication des observatoires dédiés à la lutte contre la corruption soit en elle-même gage de réussite. Pour mener à bien une campagne de lutte contre la corruption, la volonté politique est plus que nécessaire. Or, c’est cette dernière dont il y a lieu de douter, puisque ce n’est pas tant le déficit en matière d’organismes de lutte contre la corruption qui a favorisé l’expansion du fléau. La corruption a poussé à l’ombre d’institutions dévitalisées. L’on sait ce qui est advenu de la Cour des comptes, réduite qu’elle a été à une institution somnolente. La lutte contre la corruption ne saurait se suffire des effets d’annonce, au demeurant itératifs dans l’expression et discours officiels. D’ailleurs, n’étant pas accompagnés d’engagements ferme, les discours, nombreux dédiés à la lutte contre la corruption, sont restés lettre morte. Et les engagements fermes, pour être traduits en actions efficaces sur le terrain, il est vital et impératif que la mission soit confiée à des compétences intègres. C’est à travers le profil des missionnés pour lutter contre la corruption que se perçoit la sincérité de l’engagement. Sans probité, la lutte restera un vain mot.
    S. A. I.

  • L’étrange sommation de Benbada à Cevital

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

     

    On a déduit par exemple 22% de 630 DA, prix anciennement appliqué pour cinq litres d’huile Elio pour arriver au prix d’usine de 495DA  pratiqué par Cevital actuellement», explique M. Rebrab.

    Les nouveaux prix du sucre et de l’huile appliqués par le groupe Cevital depuis quelques jours ont mécontenté les autres opérateurs qui l’accusent de
    casser les prix. Contacté hier, le PDG de Cevital, Issad Rebrab, réfute ces accusations et déclare appliquer strictement l’accord conclu avec le gouvernement en répercutant les baisses de taxes accordées aux opérateurs sur les prix : «Nous n’avons fait que répercuter la défiscalisation de 22% accordée par le gouvernement sur nos prix d’usine.»
    Ce dernier fait remarquer que l’accord prévoit un prix maximum de 90 DA le kilo de sucre et 600 DA les cinq litres d’huile, ce qui  n’empêche aucunement les opérateurs de faire jouer la concurrence dans un marché libre. «Il faut bien qu’il y ait une compétition entre les producteurs», déclare Rebrab qui précise que son groupe cède en sortie d’usine, le kilo de sucre à 75,5 DA, le sac de 50 kg de sucre à 69,5 DA et la bonbonne de 5 litres d’huile à 495 DA «Nous laissons une marge aux distributeurs, aux grossistes, aux demi-grossistes et aux détaillants, et ainsi de suite jusqu’à l’épicier qui peut donc vendre,  par exemple, le  kilo de sucre à moins de 90 DA,  prix plafond fixé par le gouvernement.»


    M. Rebrab estime tout à fait logique de s’astreindre à répercuter la baisse des taxes pour en faire bénéficier le consommateur. «La baisse des taxes ne signifie pas que cet argent reste dans nos poches mais qu’il bénéficie au consommateur», souligne le patron de Cevital.  M. Rebrab s’inquiète en fait de voir la défiscalisation de 52,1% accordée aux importateurs – alors que les producteurs ne bénéficient que de 22% –  mise à profit pour  inonder le marché du sucre. «Je suis obligé de défendre mon activité contre les étrangers qui risquent de saturer le marché», nous dit M. Rebrab qui estime que les mesures du gouvernement favorisent les importateurs au détriment des raffineurs qui risquent de mettre la clé sous le paillasson. «Si je ne baisse pas les prix, ce sont les étrangers qui vont inonder le marché. Je ne peux pas laisser faire cela alors que notre production est excédentaire et que nous sommes déjà placés sur le marché extérieur. L’année dernière, nous avons exporté 400 000 tonnes de sucre et cette année nous exporterons 800 000 tonnes», affirme M. Rebrab. Interrogé à propos d’une mise en demeure que le ministère du Commerce lui a envoyé pour lui demander de se conformer aux termes de l’accord signé avec le gouvernement, Issad Rebrab affirme qu’il n’a  pas reçu de «mise en demeure» mais plutôt «une lettre signée par le directeur de la lutte contre la fraude et la concurrence au ministère du Commerce, à laquelle il a répondu» par l’argumentaire qu’il nous a exposé ci-dessus. Le patron de Cevital qui doit rencontrer le même responsable du ministère du Commerce aujourd’hui, a également demandé, nous dit-il, à rencontrer le ministre du Commerce, M. Benbada, pour obtenir des explications sur la polémique qui entoure les prix du sucre et de l’huile.


    Il est à noter que, selon une dépêche de l’APS, plusieurs opérateurs dans la production et la transformation du sucre et de l’huile se sont élevés, ces deux derniers jours, contre les nouvelles pratiques exercées par Cevital pour «casser les prix de ces deux produits, élargir sa part de marché et maintenir sa position dominante sur ces deux produits».
    Face à cette situation, le groupe agroalimentaire Cevital a été sommé, selon l’APS, par le ministère du Commerce à se conformer à l’accord conclu dimanche dernier avec les opérateurs économiques, producteurs et importateurs, du sucre et d’huile pour faire baisser les prix de ces deux produits. Les équipes de contrôle dépêchées par la direction du contrôle des prix et de la répression des fraudes pour vérifier l’application de cet accord «ont constaté que les prix appliqués par Cevital sur le sucre et l’huile ne sont pas conformes aux termes de l’accord», selon une source du ministère du Commerce citée par l’APS. «Ces pratiques déloyales auxquelles a eu recours à partir de mardi cet opérateur ont provoqué une anarchie totale» sur le marché, affirment les mêmes sources, selon lesquelles, «il n’a pas appliqué les termes de l’accord convenu avec le ministère du Commerce pour faire baisser les prix de ces deux produits».       

     

    Zhor Hadjam
  • Le RCD appelle à une marche pacifique pour mardi prochain à Alger

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte


    Le RCD appelle à une marche pacifique pour mardi prochain à Alger

    zoom | © D.R

    L’heure n’est plus aux tergiversations, mais aux actions. Le parti de Saïd Sadi a déposé, hier, une demande d’autorisation pour l’organisation d’une marche populaire le 18 janvier à Alger.

    L’itinéraire choisi va de la place du 1er Mai jusqu’à l’APN. L’objectif est de permettre aux Algériens d’exprimer pacifiquement leurs inquiétudes et leurs revendications et ce, dans un cadre concerté. Une telle démarche, de l’avis du RCD, vise à aboutir à la mise en œuvre d’une phase de transition permettant au peuple algérien de décider librement de son destin.

    Tout en dénonçant le sort réservé aux émeutiers, le RCD pense que les sanctions qui s’abattent sur les jeunes manifestants sont, en dépit des violences qu’ils ont pu commettre, une manœuvre injuste et dilatoire. La conjoncture actuelle appelle d’autres décisions que le recours à un juridisme fallacieux. Le parti de Saïd Sadi estime que face à la révolte, le pouvoir algérien s’enfonce dans l’irresponsabilité en se réfugiant dans le mépris et la répression d’une jeunesse exaspérée.
    Devant cette impasse, le RCD invite l’ensemble des forces patriotiques, toutes sensibilités confondues, à demeurer mobilisées pour déjouer les provocations et la désinformation.


    Le RCD a instruit ses structures régionales pour nouer des contacts avec l’ensemble des forces politiques et sociales acquises à l’avènement d’un Etat de droit afin d’initier toute action en faveur d’une prise en charge des revendications citoyennes, notamment la libérations de tous les détenus.
    L’heure, de l’avis du RCD, n’est pas aux spéculations partisanes : «Il est encore temps de sauver l’Algérie du chaos par un engagement citoyen à la mesure des enjeux. Nos aînés ont libéré la terre algérienne d’un ordre politique anachronique pour lui substituer un Etat démocratique et social. Le devoir de tout Algérien est d’honorer ce sacrifice et cette promesse», souligne le RCD. Le parti Ahd 54 et l’Alliance nationale républicaine (ANR) ont également réagi en qualifiant la situation qui sévit dans le pays de «préoccupante». Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54, revendique une élection présidentielle anticipée.

     

    Ahd 54 propose une élection anticipée


    Il estime que le soulèvement populaire qui a touché la majorité de nos villes n’est que le résultat de cet acharnement d’un pouvoir qui n’a laissé aucun espace à la société civile ainsi qu’aux partis politiques. «Pendant quelques jours, les jeunes ont fait vaciller un gouvernement en perte de vitesse qui n’arrive plus à trouver de solutions pour sortir le pays de ce marasme qui dure depuis des années», souligne M. Rebaïne, qui condamne le silence des hauts responsables et d’un pouvoir défaillant qui ne répond plus aux attentes de tout un peuple qui subit les affres de cette politique. «Les dernières épreuves prouvent encore une fois que le Président a raté un autre rendez-vous avec l’histoire», s’insurge ce parti, qui pense que pour sortir le pays de cette spirale infernale, il faut aller vers une élection présidentielle anticipée : «L’élection anticipée est l’unique solution pour que le pays ne sombre pas davantage dans le chaos et pour une refonte institutionnelle au service du peuple, afin d’instaurer une véritable démocratie.»
    De son côté, lors de la réunion de son bureau, l’ANR a qualifié la situation actuelle de «préoccupante» et doit faire l’objet d’une attention.

    particulière pour éviter une dérive aux conséquences dramatiques. Les émeutes que connaît le pays depuis plus d’une semaine, avec leur lot de destructions sont, de l’avis de l’ANR, l’expression de la protestation des jeunes qui ne connaissent que désespoir et désillusion. «Ces manifestations étaient inéluctables, prévisibles pour tous, sauf pour un gouvernement tout occupé à colmater les dégâts occasionnés par les scandales de la corruption qui n’en finissent pas, un gouvernement qui aujourd’hui cède devant les vampires de l’économie parallèle et de leurs diktats», fait remarquer l’ANR. Pour ce parti, les mesures prises par le gouvernement ne sont que des palliatifs qui ne règlent rien et qui, en fin de compte, ne sont qu’une fuite en avant. Ce parti soutient que le gouvernement, avec le verrouillage du champ politique, le peu de considération accordé aux représentants de la société civile et l’absence de dialogue avec les organisations professionnelles, ne peut se suffire de quelques mesures d’ordre technique, à caractère purement économique. «L’Algérie, qui n’a jamais connu une aussi bonne aisance financière, souffre de mauvaise gouvernance, laissant la plus large partie de sa population dans la misère matérielle et la désespérance. L’Algérie doit changer et profondément changer», note l’ANR.       

    Nabila Amir