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  • L’autoamnistie des généraux criminels est inconstitutionnelle et illég

    Algeria-Watch : L’autoamnistie des généraux criminels est inconstitutionnelle et illégale « L’autoamnistie des généraux n’empêchera pas que la vérité puisse être faite sur les crimes contre l’humanité commis en Algérie depuis 1992. Et elle ne pourra empêcher les poursuites judiciaires à l’encontre des criminels à l’extérieur de l’Algérie, puisque la loi sur laquelle elle repose est illégale. » Nous assistons aujourd’hui en Algérie à une ultime tentative d’effacement de la vérité et de liquidation de la justice. Le 28 février 2006, le président algérien a adopté une ordonnance et trois décrets d’application de la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale ». Celle-ci, promulguée en août 2005 et soumise à un référendum le 29 septembre 2005, n’avait pas trompé les Algériennes et Algériens. Des mesures présentées une fois de plus comme « réconciliatrices » n’étaient en fait que destinées à tourner une page dans le mensonge et le déni. Ils ne furent donc pas nombreux à prendre le chemin des urnes, même si le pouvoir a fait état d’une participation record de 80 % et de 98 % de votes en faveur de la Charte. Fort de ce score falsifié, le président Bouteflika avait annoncé devant les députés que les textes d’application seraient soumis aux débats du Parlement. Cinq mois plus tard, il n’en est même plus question. L’intention déclarée du législateur ne peut étouffer le bruit de bottes, puisque nul n’ignore que les généraux putschistes détenteurs du pouvoir réel, passés maîtres dans la « sale guerre », le sont aussi dans la mascarade légaliste. Après l’interruption des premières élections législatives pluralistes de 1991 en raison de la victoire du parti islamiste FIS, la suspension de la Constitution, la dissolution du Parlement, la démission du président, quelques généraux avant tout soucieux de préserver leurs privilèges ont instauré l’état d’urgence et promulgué la loi antiterroriste. Le pays a été plongé dans l’horreur, vivant hors les lois qui le régissaient jusque-là. À partir de 1995, le commandement militaire a organisé le retour à une légalité de façade, balisée et quadrillée. L’« édification institutionnelle » a été prônée par ceux-là mêmes qui, pendant des années, à coups de ratissages, de massacres et de déplacements de populations, ont gravement porté atteinte à la cohésion sociale. Le prétendu « processus démocratique » a été imposé par la désignation des candidats à la présidence, la mise au pas des partis d’opposition ou leur interdiction, les fraudes flagrantes lors des scrutins. Le Parlement qui en est issu joue à merveille le rôle de théâtre de marionnettes qui lui a été assigné par les « décideurs ». En octobre 1997, sur arrière-fond de massacres quasi-quotidiens de civils, la « classe politique » a tacitement accepté qu’un accord secret – dont elle ignorait tout des modalités – soit conclu entre des factions armées et le commandement militaire, court-circuitant aussi bien la présidence que les politiques du FIS. De cet accord, rien n’a filtré jusqu’à ce jour. Mais les mesures prises par la suite dans le cadre de la « concorde civile » en 1999 et celles prévues par l’ordonnance présidentielle de février 2006 traduisent la volonté d’organiser l’opacité autour des crimes commis lors des années de la « sale guerre », et d’assurer l’impunité aussi bien aux islamistes acceptant de se soumettre qu’aux membres des forces de sécurité et aux miliciens ayant été impliqués dans la lutte antiterroriste. C’est ainsi que, dans les textes d’application de la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale », l’État ne reconnaît aucune responsabilité de ses institutions dans les graves violations des droits humains commises depuis des années. Aucune mention n’est faite des dizaines de milliers de torturés et d’exécutés sommairement par des agents de l’État, ni des massacres de civils revendiqués par des groupes armés se réclamant de l’islam et sur lesquels planent de très sérieux doutes quant à leur instrumentalisation par les services secrets de l’armée (le DRS, département de renseignements et de sécurité). Les disparus sont, selon le quatrième chapitre de l’ordonnance, les seules victimes évoquées du terrorisme d’État. Ces milliers de disparus, pourtant reconnus par la commission mandatée par le président de la République comme étant des victimes des forces de sécurité, obtiennent le statut de victimes de la « tragédie nationale » au même titre que toutes les victimes. Leurs familles peuvent demander un jugement de décès qui leur donne accès à des indemnisations. Aucun recours n’est permis, aucune plainte ne sera reçue. La vérité et la justice sont sacrifiées sur l’autel de la raison d’État. Une raison d’État qui détermine une seule catégorie de coupables, les adeptes du « terrorisme islamique ». Une main généreuse leur est apparemment tendue, puisque le chapitre deux de l’ordonnance prévoit l’extinction des poursuites judiciaires pour les personnes qui n’ont commis ni massacres, ni viols ou attentats à la bombe ; en bénéficieront ceux qui, recherchés ou condamnés par contumace, se rendront dans un délai de six mois, ainsi que les détenus non condamnés définitivement. Les condamnés de cette catégorie seront graciés, tandis que ceux ayant commis des crimes de sang verront leurs peines réduites ou commuées. Ces mesures sont analogues à celles de la loi dite de « concorde civile » de 1999, qui avait déjà assuré l’impunité à des milliers de criminels : elle prévoyait une amnistie « sous contrôle » pour ceux qui se soumettaient au pouvoir, et même ceux ayant commis des crimes de sang et des viols pouvaient bénéficier de la « probation » s’ils acceptaient de collaborer dans la « lutte contre le terrorisme ». La nouvelle ordonnance prévoit que les personnes ayant bénéficié de la loi de concorde civile peuvent aujourd’hui recouvrir leurs droits civiques, mais elle interdit par ailleurs « l’activité politique sous quelque forme que ce soit pour toute personne responsable de l’instrumentalisation de la religion », sans que cette notion soit explicitée. Cela confirme que le « deal » de 1997 entre militaires des deux bords prévoyait l’abandon de toute activité politique en échange de l’abandon des poursuites. La disposition la plus choquante de cette ordonnance est énoncée dans son chapitre six, qui assure l’impunité à tous ceux, qualifiés d’« artisans de la sauvegarde de la République », ayant participé directement ou indirectement à la lutte contre le terrorisme. L’article 45 stipule qu’« aucune poursuite ne peut être engagée, à titre individuel ou collectif, à l’encontre des forces de défense et de sécurité de la République, toutes composantes confondues […]. Toute dénonciation ou plainte doit être déclarée irrecevable par l’autorité judiciaire compétente ». Aujourd’hui, c’est donc la loi elle-même qui codifie l’impunité. Cette impunité existait déjà de facto – puisqu’aucune plainte de victime ou parent de victime du terrorisme d’État n’a abouti à ce jour –, mais elle était principalement le fait d’une justice aux ordres, qui n’hésitait pas à bafouer la loi. La seule exception à cette « règle » semble avoir été la condamnation à mort, le 23 janvier 2006, de l’ancien officier Habib Souaïdia, suite à la plainte de parents de trois hommes enlevés par les forces de sécurité en juillet 1994 et disparus ensuite (Habib Souaïdia, dans un communiqué, a donné les noms des officiers du DRS qui sont les véritables auteurs de ces crimes). En réalité, il a subi les foudres de ses ex-supérieurs pour avoir publié en France, en 2001, son livre La Sale Guerre , dans lequel il dénonçait les méthodes illégales de lutte contre le terrorisme et les crimes commis par l’armée. Mais cette condamnation à mort, survenue à la veille de l’ordonnance d’amnistie, est aussi une claire incitation à se taire adressée à tous les membres des forces de sécurité qui seraient tentés de révéler les atrocités dont ils ont été les témoins. La disposition lavant les militaires de tout crime est d’ailleurs accompagnée, dans l’article 46 de l’ordonnance, d’une menace de condamnation de trois à cinq ans de prison pour « quiconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’État, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servi, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international ». Le pouvoir algérien bafoue ainsi tout droit à la justice, mais aussi tout droit à la vérité et tout droit de savoir. Si l’ordonnance n’innove pas par rapport à la loi de 1999 quant au traitement réservé aux membres des groupes armés, sa principale nouveauté est donc l’instauration d’une autoamnistie pour les putschistes et leurs subordonnés, ceux qui tiennent toujours les rênes du pays, qu’ils soient en fonction comme les généraux Mohamed Médiène, chef du DRS, et son adjoint Smaïl Lamari (tous deux depuis septembre 1990), ou en retrait à l’exemple des généraux Larbi Belkheir, conseiller du président aujourd’hui ambassadeur au Maroc, Mohamed Lamari, ex-chef d’état-major de l’armée, ou Khaled Nezzar, ex-ministre de la Défense. Tant que la vie politique dans le pays restera contrôlée par le DRS, tant que l’état d’urgence et la loi antiterroriste resteront en vigueur, la question de la légitimité des décisions du pouvoir algérien sera posée. L’ordonnance et les décrets promulgués prévoient une amnistie qui va objectivement à l’encontre des objectifs déclarés : elle n’aboutira pas à la paix et la réconciliation, car celles-ci ne peuvent être imposées par les militaires à coups de décrets ; elle n’encourage pas la recherche de la vérité, condition sine qua non pour la justice et le pardon, et au contraire, elle exacerbera les tensions dans une société éprouvée par une « sale guerre » où souvent, pour survivre, il fallait choisir un camp. Enfin, cette amnistie des criminels au sein des corps de l’armée et de ses supplétifs dans les milices est inconstitutionnelle, et viole clairement les normes du droit international que l’Algérie s’est pourtant engagée à respecter. En effet, l’article 132 de la Loi fondamentale stipule que « les traités ratifiés par le président de la République, dans les conditions prévues par la Constitution, sont supérieurs à la loi ». Or, l’article 2.3 du « Pacte international relatif aux droits civils et politiques », ratifié par l’Algérie le 12 septembre 1989, stipule que « les États parties au présent Pacte s’engagent à garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnus dans le présent Pacte auront été violés disposera d’un recours utile, alors même que la violation aurait été commise par des personnes agissant dans l’exercice de leurs fonctions officielles ». Dans l’esprit comme dans la lettre, cette disposition est clairement violée par l’ordonnance présidentielle du 28 février 2006, ce qui rend celle-ci nulle de plein droit. L’autoamnistie des généraux n’empêchera donc pas que la vérité puisse être faite sur les crimes contre l’humanité commis en Algérie depuis 1992. Et elle ne pourra empêcher les poursuites judiciaires à l’encontre des criminels à l’extérieur de l’Algérie, puisque la loi sur laquelle elle repose est illégale. Algeria-Watch, 5 mars 2006 http://algeria-watch.de/fr/aw/autoa...

  • Algérie : dix-huit ans après le déclenchement de la « sale guerre », le combat contre l’impunité avance Algeria-Watch, 11 janvier 2010

    Algérie : dix-huit ans après le déclenchement de la « sale guerre », le combat contre l’impunité avance

    Algeria-Watch, 11 janvier 2010

    Le 11 janvier 2010 marque le dix-huitième anniversaire du putsch des généraux d’Alger contre leur peuple. Ce jour-là, en 1992, le pays a basculé dans le non-droit et le terrorisme d’État. Pendant plus de trois ans, l’État a fonctionné sans Constitution, sans Parlement, sans président, tandis qu’une mise au pas progressive de tous les secteurs de l’administration et de la société a permis, dans une atmosphère de plus en plus marquée par la terreur, de démanteler les acquis sociaux.

    Pour briser dans l’œuf la volonté de changement exprimée par la majorité des électeurs qui s’étaient exprimés en faveur du Front islamique du salut (FIS) au premier tour des élections législatives, les généraux « janviéristes » à l’origine de ce coup d’État ont ensuite poussé la terreur à son paroxysme, dans une « sale guerre » qui se révèle une sinistre répétition des exactions de l’armée française lors de la guerre de libération (1954-1962), en particulier dans les méthodes utilisées et le nombre de tués (plus de 200 000 personnes).

    À cette différence (essentielle) près que, cette fois, les assassins et les tortionnaires étaient des militaires algériens, commandés par les généraux de la police politique (le Département de renseignement et de sécurité, DRS, ex-Sécurité militaire) et de l’Armée nationale populaire (ANP), héritiers indignes des combattants de la guerre de libération. Leur seul objectif : préserver l’accaparement à leur profit et celui de leurs clientèles des milliards de dollars de la rente pétrolière. Ce régime d’essence totalitaire imposé par ces « décideurs » est toujours en vigueur aujourd’hui, incarné notamment par le général Mohamed « Tewfik » Médiène, chef inamovible du DRS depuis septembre 1990 (âgé de 70 ans à ce jour).

    Le divorce est complet entre la société et le pouvoir

    À partir de janvier 1992, les «  janviéristes » ont déclenché la guerre totale : des camps de concentration aux centres de détention au secret, des dizaines de milliers de personnes ont été enlevées, torturées, exécutées ou ont disparu ; des assassinats ciblés aux massacres collectifs, des dizaines de milliers ont été victimes de groupes armés d’obédiences multiples, commandités par différents centres coordonnés par le DRS.

    La particularité de l’Algérie, si proche à la fois de l’Europe et des autres pays du Maghreb et du Machrek, c’est que la terreur y a sévi à huis clos. Tout au long des années 1990, les chefs du DRS ont réussi à éloigner de nombreux témoins algériens et étrangers à coup d’assassinats et attentats à la bombe. Ceux qui osaient mettre en doute la version officielle d’un terrorisme sauvage qui n’agirait que pour « enfoncer le pays dans le Moyen-Âge » risquaient leur vie et étaient traités au mieux d’imbéciles, au pire de complices voire de terroristes. Rappelons-nous le courage des mères de disparus qui, dès 1997, ont interpellé les autorités algériennes avec les mots suivants : « Vous nous les avez enlevés vivants, rendez-les nous vivants. » Quelle réponse ont-elles obtenu ? « Il n’y a pas de “disparus”. Il n’y a que des terroristes. Même leurs familles sont des terroristes1. » À ce jour, il est interdit d’incriminer des agents de l’État pour leurs crimes : non seulement aucune plainte n’est recevable, mais est passible d’une peine de prison de trois à cinq ans toute personne qui « utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’État, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international2 ».

    Si ces « années de sang » ont décimé l’opposition dans toutes ses facettes à la fois politiques, associatives, culturelles, ni les multiples élections, ni les distributions d’argent, ni une « réconciliation » dictée d’en haut n’ont pu lever le lourd contentieux entre la société et le pouvoir. Celui-ci s’est totalement discrédité et ce ne sont pas les scènes de liesse lors de la victoire de l’équipe de football en novembre 2009 qui traduiraient une reconquête d’une quelconque confiance des Algériens. Le divorce est consommé, car trop de morts s’interposent, trop de souffrances persistent en raison du refus de faire la lumière sur ces crimes, de reconnaître les responsabilités et de sanctionner les coupables. En attendant, les victimes sont contraintes de côtoyer leurs bourreaux et les commanditaires continuent de se pavaner dans les cercles du pouvoir.

    Les responsables des graves violations des droits humains, qualifiées par certains experts de l’ONU de « crimes contre l’humanité », sont de plus en plus souvent cités nommément. Les chaînes de commandement sont dans de nombreux cas établies. Désigner aujourd’hui le DRS comme le principal responsable de crimes s’est banalisé. En revanche, cette avancée ne se traduit pas encore par une volonté politique de l’opposition d’exiger la vérité et la justice en Algérie même comme préalable à toute sortie de crise. Or l’exemple de l’Argentine montre que c’est grâce à la revendication obstinée de vérité et de justice par les familles de victimes qu’il a été possible dans ce pays, bien des années après la fin de la dictature militaire ayant sévi de 1976 à 1983, d’obtenir l’abrogation des lois d’amnistie qui protégeaient les chefs et les agents criminels de cette dictature et de faire juger nombre d’entre eux.

    Luttes sociales et mobilisations pour la vérité et la justice

    Mais l’année 2009 a montré que de nombreux combats sont menés malgré le souvenir de la terreur et la répression encore aujourd’hui régulièrement déclenchée pour venir à bout des revendications sociales et politiques. Des luttes pour plus de justice sociale sont de plus en plus souvent lancées par des syndicats autonomes ou autres organisations et ont montré, tels les syndicats de l’éducation qui ont suivi une grève de trois semaines en novembre 2009, que la victoire est accessible. S’ajoute à cela que, sur ce front social, la bataille de l’information a connu une avancée décisive : alors qu’il y a quelques années leurs grèves étaient à peine connues au-delà des concernés, aujourd’hui la presse algérienne et en partie internationale s’en fait l’écho. Un Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien s’est créé « dans le but d’informer l’opinion sur la réalité des luttes syndicales algériennes, de les soutenir et de lever les équivoques entretenues par un système qui n’a plus que la violence et la coercition comme leviers sur la société3 ».

    La chape de plomb qui entoure les crimes commis à la suite du coup d’État de 1992 a connu elle aussi de nouvelles fissures. Le combat mené pour la vérité sur les disparitions forcées fait des progrès malgré les manœuvres de l’État pour clore ce dossier définitivement : en l’absence de toute enquête judiciaire visant à établir les circonstances exactes de ces enlèvements suivis de disparitions et de poursuites des responsables, des milliers de cas ont été recensés par des ONG de défense des droits humains, publiés4 et transmis au Groupe de travail sur les disparitions forcées de l’ONU5 ; et des dizaines ont fait l’objet de plaintes auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU. Mais en cette année 2009, il faut surtout se réjouir de la première mobilisation d’enfants de disparus avec la constitution en mai 2009 de l’association Mich’al des enfants de disparus de Jijel, qui « assument la responsabilité qui leur incombe pour soutenir leurs aînés et continuer un combat de longue haleine6 ». Aujourd’hui, les langues se délient, les victimes et leurs familles ne se terrent plus de peur des représailles : elles parlent de leurs souffrances et désignent nommément les hommes qui les leur ont infligées, leurs grades et les services où ils sont affectés.

    La recherche de la vérité passe aussi par la dénonciation des agissements de structures relais de l’État et notamment, dans le domaine des droits de l’homme, de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH). La « commission Ksentini », comme elle est communément appelée, existe surtout par la voix de son président Me Farouk Ksentini, qui, au lieu de rappeler au gouvernement algérien ses engagements et obligations en matière de respect des droits de l’homme, fustige régulièrement les organes de l’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme. Il refuse par exemple la visite dans le pays de rapporteurs spéciaux de l’ONU sur la torture ou les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires ; et il a prétendu que la moitié des disparus sont en réalité des personnes « qui ont rejoint le maquis et qui sont mortes par la suite ou des personnes qui se trouvent cachées à l’étranger7 ».

    Force est de constater que son rôle n’est pas de représenter les victimes de violations face à l’État, mais au contraire, de protéger celui-ci de leurs accusations contre ses agents. En conséquence, la rétrogradation du statut international de la « commission Ksentini » en juin 2009 par le Comité international de coordination des institutions nationales (CCI)8, qui a repris dans sa décision les arguments développés par l’organisation Alkarama9, est une satisfaction pour les défenseurs des droits humains. Après quelques modifications de pure façade, la Commission a soumis une nouvelle demande de « statut A » qui lui permettrait d’être autrement plus présente aux divers niveaux de l’ONU que présentement. Il reste à espérer que les experts reconnaîtront que cette institution ne remplit pas son rôle d’« interface » entre la société et le pouvoir, et qu’elle reste une institution satellitaire de celui-ci.

    Avancées dans l’affaire des moines de Tibhirine

    Il est un autre dossier où des avancées ont été réalisées ces derniers mois : l’affaire de l’enlèvement et de l’assassinat des moines de Tibhirine en 1996, que la justice française avait quasiment enterrée pendant de longues années. En juin 2009, elle a connu un rebondissement avec le témoignage d’un ancien officier du contre-espionnage français en poste à l’époque des faits à Alger, selon lequel une « bavure » de l’armée algérienne serait à l’origine de la mort des religieux. Le juge français en charge de l’enquête depuis 2008 semble disposé à traiter ce dossier avec tout le sérieux nécessaire. Cette affaire, telle que présentée par les officiels algériens et français et relayés jusqu’à présent par la plupart des médias, comporte tant d’invraisemblances et de contradictions que de plus en plus souvent une responsabilité du DRS dans le déroulement de ce drame est évoqué dans les médias, ce qui n’était pas le cas il y a encore peu de temps.

    Pouvoir mettre en cause pénalement des responsables du DRS pour l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibhirine contribuerait aussi à lever un tabou qui persiste à ce jour dans d’autres cas d’exécutions extrajudiciaires, mais surtout dans le dossier des massacres collectifs commis durant la « décennie de sang » et en particulier entre 1996 et 1998. Des groupes non identifiés (se revendiquant des Groupes islamiques armés), composés de plusieurs dizaines d’individus, ont pu alors commettre ces tueries notamment à Bentalha et Raïs, faisant à chaque fois plusieurs centaines de victimes, avant de s’enfuir alors que ces lieux étaient encerclés par l’armée. À ce jour, aucune enquête sérieuse n’a été diligentée et aucun procès digne de ce nom n’a jugé les responsables et leurs commanditaires.

    Si aujourd’hui la peur des victimes de témoigner est progressivement surmontée, les responsables des graves crimes commis en Algérie savent qu’à défaut de poursuites dans leur pays, ils ne sont plus à l’abri de la justice internationale. La plainte pour acte de torture déposée au mois d’octobre contre Bouguerra Soltani, en visite en Suisse, est là pour le leur rappeler.


    Notes

    1 Le Monde, 24 septembre 1997.

    2 Ordonnance n° 06-01 du 28 Moharram 1427 correspondant au 27 février 2006, portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, article 46.

    3 CISA, « Entre répression et manipulations : le courageux combat des syndicats autonomes algériens », 15 novembre 2009, <www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/cisa_combat_syndicalistes.htm>.

    4 L’association Algeria-Watch et le docteur Salah-Eddine Sidhoum avaient établi en 2002 une liste de près de 4 000 disparus, complétée en 2007 par plus de 1 500 fiches individuelles de disparus. Ce travail se fondait sur les informations recueillies notamment par les avocats des familles de disparus et les organisations des familles de disparus. Algeria-Watch continue depuis à compléter cette banque de données grâce à l’engagement d’associations comme Mich’al, dont un des objectifs est de répertorier les cas de disparitions forcées dans la région de Jijel (voir Algeria-Watch et Salah-Eddine Sidhoum, « Les disparitions forcées en Algérie : un crime qui perdure », janvier 2007, actualisé janvier 2009, <www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/cas_disparitions/disparitions_introduction.htm>).

    5 Alkarama et Algeria-Watch, « Algérie : plus de cent autres cas de disparition forcée de la région de Jijel devant l’ONU », 31 décembre 2009, <www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/100_cas_presentes_onu.htm>.

    6 Association Mich’al des enfants de disparus de Jijel, Communiqué de presse n° 1, 24 juin 2009, <www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/amedj_constitution.htm>.

    7 Le Quotidien d’Oran, 8 décembre 2005. Alors qu’il avait soutenu quelques mois plus tôt que « les éléments des forces de sécurité algériennes sont responsables, à titre individuel, de 6 146 cas de disparitions de civils » (Le Monde, 3-4 avril 2005).

    8 Alkarama for Human Rights, « Algérie : l’institution nationale des droits de l’homme devant le Comité international de coordination des INDH », 20 juin 2009, <http://fr.alkarama.org/index.php?option=com_content&view=article&id=478>.

    9 Alkarama for Human Rights, « Algérie-ONU : l’institution nationale des droits de l’homme (CNCPPDH) sur la sellette », 15 mai 2009, <http://fr.alkarama.org/index.php?option=com_content&view=article&id=461>.

     

  • INITIATEUR DE LA CORRUPTION ET DECADENCE DE L'ALGERIE

    La mort du général Larbi Belkheir : rappels sur le parcours d’un grand criminel

    (extraits du livre Françalgérie. Crimes et mensonges d’États, 2004)

    Algeria-Watch, 31 janvier 2010

    Avec son décès survenu le 28 janvier 2010, le général Larbi Belkheir a emporté dans la tombe bien des sombres secrets du pouvoir algérien. Surtout, comme avant lui le général Smaïl Lamari (ancien numéro deux du DRS, disparu en septembre 2007), il a échappé à la justice des hommes. Alors que son parcours au cœur du pouvoir depuis 1980 et son rôle éminent dans le déclenchement, en janvier 1992, de la « sale guerre » qui a fait quelque 200 000 morts, des milliers de disparus, des dizaines de milliers de torturés dans les rangs du peuple algérien auraient justifié de longue date sa mise en cause pour crimes contre l’humanité. Une plainte déposée contre le général Larbi Belkheir en 2003 pour faits de torture, avait été, sans surprise, classée sans suite.

    Au-delà des commentaires médiatiques qui ont complaisamment salué la disparition d’un « faiseur de rois » au sein du sérail algérois, il nous a paru important de rappeler l’origine et la nature de son pouvoir. C’est dans les années 1980 que Larbi Belkheir, en tant que conseiller du président Chadli Bendjedid, a construit les fondements d’un système de pouvoir toujours en place aujourd’hui à Alger. Un système fondé sur deux piliers : la corruption généralisée et le contrôle de la société par la police politique, la Sécurité militaire (devenue DRS en 1990). Ce système s’est alors construit dans une étonnante symbiose avec certains cercles politiques et économiques français, dont Belkheir était sans doute, en Algérie, le principal interlocuteur. C’est la fameuse « Françalgérie », objet de la somme remarquablement documentée de Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie. Crimes et mensonges d’États (La Découverte, 2004 ; édition de poche actualisée : La Découverte, 2005). Nous en publions ici le chapitre 3, qui décrit l’ascension des « réseaux Belkheir » dans les années 1980, ainsi que le début du chapitre 30, où l’on verra leur rôle joué par Larbi Belkheir dans l’« élection » d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République en 1999.

    Chapitre 3. Les réseaux Belkheir à la conquête du pouvoir

    Comment, après la disparition de Boumediene, une équipe au départ aussi fragile que celle de Larbi Belkheir a-t-elle pu, en quelques années, parvenir à une mainmise quasi-totale sur l’appareil de l’État algérien ? L’environnement international a certainement été un facteur favorable. Car pour la France, victime d’une perte d’influence et inquiète du resserrement des liens entre l’Algérie et les États-Unis, le général Larbi Belkheir est une carte maîtresse.

    La rivalité France/États-Unis et l’élimination de Messaoud Zéghar

    En 1979, l’arrivée au pouvoir de l’imam Khomeyni en Iran s’accompagne de la prise en otage de plusieurs dizaines d’Américains réfugiés à l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Le 20 janvier 1981, l’affaire connaît un dénouement heureux, grâce notamment à l’Algérie. L’artisan discret de la libération des Américains est en effet le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia. En remerciement, Ronald Reagan se montre plus que disposé à raffermir les liens avec l’Algérie…

    Lorsque François Mitterrand devient président en mai 1981, l’une de ses priorités est de rétablir des rapports plus « sains » avec l’Algérie, partenaire ombrageux pendant les années Boumediene. En août 1981, le nouveau ministre des Relations extérieures Claude Cheysson parle même d’un « coup de passion » entre la France et l’Algérie. Dans la foulée de cet enthousiasme, « Chadli gracie et fait libérer onze ressortissants français détenus en Algérie sous diverses inculpations, dont l’espionnage (1) ».

    Vingt ans plus tard, Jean de la Guérivière, correspondant du Monde à Alger de 1982 à 1985, évoque en ces termes cette nouvelle et inattendue lune de miel : « La première facture du “coup de passion” fut un accord [du 3 février 1982] aux termes duquel la France payait le gaz algérien à un prix supérieur [de 27 %] au cours mondial, en échange de la promesse d’importants marchés — notamment pour la construction d’un métro à Alger (jamais réalisé [et toujours en travaux en… 2004]). Trois mois plus tard, François Mitterrand se rendait en visite officielle outre-Méditerranée. Il y recevait un accueil enthousiaste, avant de signer un communiqué commun proclamant la volonté des deux pays d’“ouvrir la voix à des formes originales et exemplaires” de coopération (2). » En quelques mois, les ministres du premier gouvernement d’union de la gauche (Jean-Pierre Cot, Édith Cresson, Charles Fiterman, Jack Lang, Louis Mermaz, Alain Savary, Pierre Mauroy lui-même…) défilent alors en rangs serrés à Alger.

    L’ancien journaliste du Monde précise : « Lionel Jospin, alors premier secrétaire du PS, fut aussi l’un des invités, affirmant que son parti et le FLN ne devaient pas “s’endormir dans le confort des relations d’État entre la France et l’Algérie”, mais s’agaçant qu’un journaliste lui demande s’il avait parlé des prisonniers politiques à ses hôtes. Quelques grands patrons français imitèrent les politiques, tels Loïk Le Floch-Prigent, alors à la tête de Rhône-Poulenc, une des rares entreprises à gagner beaucoup d’argent en Algérie grâce au marché des médicaments, ou Francis Bouygues, bénéficiaire, grâce aux bons offices du communiste Charles Fiterman, ministre des Transports, d’un contrat pour la construction d’une voie ferrée de cent trente-sept kilomètres (3). »

    D’autres compagnies françaises vont bientôt affluer : Les Chantiers modernes, pour l’aéroport d’Alger ; Bouygues, Dumez, SAE, SPE, Fougerolles, Pitance et L’Avenir, pour la construction de logements (4). Entre 1981 et 1983, le montant des échanges entre les deux pays est presque doublé et en 1984, ils atteignent 48,5 milliards de francs.

    Mais c’est indiscutablement l’accord gazier de février 1982 qui constitue l’événement économique le plus important du moment dans les relations entre les deux pays, et qui marque sans doute une étape majeure dans la consolidation de ce que l’on appellera plus tard la « Françalgérie », cette puissante intrication des réseaux de corruption algériens et d’une partie de l’establishment politique et économique français.

    Au cours de cette période de réchauffement très net entre Alger et Paris, le sort s’acharne en revanche sur certaines personnalités algériennes jouant un rôle important dans les relations algéro-américaines, comme le ministre des Affaires étrangères Mohamed Seddik Benyahia. Le 31 mai 1981, il échappe miraculeusement à la mort lors du crash de son avion à Bamako. Un an plus tard, il n’aura pas cette chance : le 3 mai 1982, alors qu’il assure une mission de médiation entre l’Iran et l’Irak en guerre, l’avion d’Air Algérie dans lequel il voyage est abattu par la chasse irakienne. D’après Hanafi Taguemout, « un responsable des services secrets algériens [révèle à l’époque que] c’est bien intentionnellement, et après avoir formellement identifié l’appareil et les passagers à son bord que la chasse irakienne a tiré (5) ». Pas de survivant. Avec Seddik Benyahia, disparaît une grande figure de l’Algérie indépendante, qui était aussi un homme clé des relations entre l’Algérie et les États-Unis.

    La disparition de Benyahia est bien le fait de la seule volonté de Saddam Hussein, qui reprochait aux Algériens de pencher plutôt du côté iranien. En revanche, c’est par des raisons exclusivement internes que s’explique l’élimination politique d’un autre acteur important des relations algéro-américaines, Messaoud Zéghar. Depuis la mort de son mentor et protecteur Houari Boumediene, Zéghar n’a eu de cesse d’essayer d’entrer en contact avec Chadli Bendjedid, pour lui offrir ses services. Mais ce dernier, qui craint sa puissance financière et son entregent international, se méfie de lui. Et surtout, un obstacle incontournable se dresse devant Zéghar : Larbi Belkheir.

    Le 17 décembre 1982, le président Chadli effectue une visite officielle en Belgique, à l’issue de laquelle il fait une escale à Paris, où il a un entretien en tête à tête avec François Mitterrand. Quelques jours plus tard, alors que Messaoud Zéghar se trouve aux États-Unis, Kamel Lahrèche, le chef de la DRE, la nouvelle centrale de renseignement algérienne à l’étranger, lui fixe un rendez-vous urgent, à Alger, pour le 5 janvier 1983. Zéghar rentre précipitamment, persuadé qu’il a enfin trouvé la clé d’accès à la présidence. Mais Lahrèche ne se présente pas au rendez-vous. Et lorsque les officiers de la SM viennent arrêter Zéghar le matin du 8 janvier, ils le trouvent devant le téléphone à attendre l’appel promis. Ignorant ce qu’ils cherchent, méconnaissant jusqu’aux motifs de l’arrestation qu’ils opèrent, ils fouillent la maison de fond en comble et trouvent finalement « des armes, des appareils de transmission, des documents ».

    Messaoud Zéghar demande à passer un coup de téléphone. Il compose le numéro personnel de… Larbi Belkheir, discret artisan de son arrestation. « La SM est venue m’arrêter… Elle fouille ma maison… Je ne comprends pas… » À l’autre bout du fil, Larbi Belkheir le rassure : « Cela doit être une erreur. N’ayez crainte. Faites ce qu’on vous dit. Je vais régler le problème (6). » Zéghar fait ce qu’on lui dit et suit les agents, pour… trente-quatre mois d’une incarcération au cours de laquelle aucun supplice ne lui sera épargné. Il en sortira blanchi de tous les délits dont il sera accusé, mais délesté de sa colossale fortune, 2 milliards de dollars, par ses persécuteurs, à l’issue d’une interminable série de rançonnages.

    Une lettre envoyée au président Chadli lui demandant de lui « permettre de convoquer [ses] gestionnaires et de procéder à la liquidation de [ses] biens », dont, dit-il, il est « disposé à reverser la valeur à l’État algérien (7) », restera sans suite. Taguemout racontera également que s’échangeront en Suisse « des valises pleines à craquer de billets de banque » et autres « documents ultraconfidentiels mettant en cause des personnalités politiques algériennes de premier plan (8) ». Mais ne parviendront finalement à la justice que quelques « pièces à conviction » où « figurent les noms des personnalités décédées ou en conflit avec l’équipe de Chadli (9) »… Une chose est sûre, l’un des hommes clés de l’ère Boumediene est éliminé, et une autre passerelle avec les États-Unis vient de s’écrouler…

    La « moralisation » de l’action publique, paravent de la corruption

    Et ce sont bientôt de nouveaux réseaux de corruption, d’une ampleur bien plus grande qu’au temps de Boumediene, qui vont progressivement se mettre en place. Mais leurs instigateurs vont opérer avec une grande habileté, s’abritant derrière une série de mesures… « anticorruption », qui présentent le double avantage d’avancer masqué et de servir à éliminer les concurrents.

    Dès mars 1980, à l’instigation de son conseiller Larbi Belkheir, Chadli Bendjedid crée la Cour des comptes, placée sous la tutelle de la Présidence de la République, dans le but de… « moraliser la vie politique (10) ». En s’appuyant sur ses rapports, il lance en avril 1983 une opération spectaculaire : « Une centaine de magistrats, greffiers et agents des services pénitentiaires seront déférés devant des commissions de discipline pour concussion ou abus de pouvoir (11). » Cette campagne ne touche d’abord que des lampistes, avant que des personnalités de haut rang soient impliquées : Ahmed Benchérif, Abdelaziz Bouteflika, Mohamed Salah Yahiaoui…

    « La plupart de ces procédures seront étouffées », indique Benjamin Stora, et « la corruption atteint des proportions inégalées. La pratique des “commissions” pour l’implantation des sociétés étrangères sur le territoire algérien se développe à grande échelle (12). » En 1984, Larbi Belkheir double la Cour des comptes d’un « corps d’inspection » à la Présidence, qui lui offre une arme supplémentaire pour accentuer la pression sur ses adversaires. « Ces deux institutions deviennent vite un instrument redoutable de règlement de comptes pour éliminer des responsables dans tous les domaines […] et les remplacer par des éléments acquis à sa cause (13) », affirmera plus tard le ministre du Plan de l’époque, Abdelhamid Brahimi (14).

    L’un des buts de ces initiatives n’est en fait nullement d’assainir la gestion du pays, mais de révéler au grand jour l’existence de grandes fortunes, pour normaliser une opulence impossible à justifier au regard des réalités politiques et économiques des décennies précédentes. Il s’agit aussi de banaliser l’impunité, en exposant des hommes voués à la disgrâce, ceux-là mêmes qui peuvent dénoncer les pillages dont ils sont avisés. Ce sont ainsi les plus malveillants qui jugent ceux qui le sont un peu moins qu’eux, dans un milieu où la prédation est la norme, un univers d’où est exclue l’écrasante majorité de la population.

    Pour étendre leur mainmise sur l’ensemble du secteur économique, au sommet duquel les directeurs changent au gré des remaniements conjoncturels, les stratèges inventent les BSP (Bureau de sécurité et de prévoyance), installés dans chaque entreprise, des mouchards officiels en quelque sorte, pour camoufler les vrais agents de la SM, plus discrets. Chargés de rendre compte des gestes et propos de chacun, ils contribuent à alourdir un peu plus la chape qui s’abat sur le monde du travail. Désormais, rien ne semble échapper aux yeux et aux oreilles des services de sécurité.

    Le « clan Chadli » et la « maison Belkheir »

    Aux yeux de nombre d’observateurs, toutes ces initiatives de la présidence participeraient de la mise en place d’un « clan Chadli ». Le journaliste Djillali Hadjadj l’exprimera ainsi dans son ouvrage Corruption et démocratie en Algérie : « Un frère de Chadli, Khelifa Bendjedid, fut wali de longues années durant, dans des régions importantes et à fort budget. Un autre, H’Zem Bendjedid, [accapare] à Annaba un hôtel, des lots de terrain et des fonds de commerce, [et] plusieurs appartements sociaux. Le gendre du président, Kaddour Lahouel, fit la pluie et le beau temps dans la toute nouvelle wilaya de Tipaza […]. Un cousin du président, modeste employé d’Air Algérie, fut promu P-DG de la compagnie, puis nommé ambassadeur au Vénézuéla (15). » Quant à la famille de l’épouse du président, Halima, elle ne serait pas en reste, bénéficiant de « passe-droits, privilèges, placements à des fonctions “rentables” tant dans la fonction publique que dans le secteur économique (16) », etc.

    Mais le vrai pouvoir est ailleurs, et Chadli ne s’érige ainsi qu’un clan de pacotille ; il ne fait qu’honorer de ses signatures tous les contrats que lui fait remonter son directeur de cabinet et ange gardien Larbi Belkheir, lequel veille sur sa quiétude. Ce dernier se charge d’effectuer le « tri de ce qui doit arriver sur le bureau du président ». En effet, écrira Ghazi Hidouci, alors responsable du secteur économique à la présidence, « la règle consiste à éviter de l’embarrasser, car il n’aime pas gérer ; par ailleurs, il pourrait prendre des décisions intempestives (17) ». Chadli n’a en effet ni le temps, trop occupé à ses missions de villégiature, ni l’envie, et surtout pas la compétence, pour se consacrer à l’étude de dossiers liés à une géopolitique compliquée, ou s’appesantir sur des considérations de gestion économique aux traîtresses ramifications.

    Selon Ghazi Hidouci, le président « quitte son bureau au milieu de la journée. S’engage alors une deuxième catégorie d’activités […]. C’est le temps de la communication avec les privilégiés admis au sein du sérail, de l’évaluation des choix, des montages et des décisions stratégiques. […] Fréquentent les lieux les amis sûrs ou impliqués, sans considération de rang ou de fonction. Le système est éclectique : journalistes en vue, hommes d’affaires, vieux compagnons de route, chefs d’entreprise et quelques ministres connus pour faire partie du domaine de la présidence (18) ». Quant au Premier ministre et autres hauts responsables, ils « sont convoqués pour des raisons précises, lorsque les jeux sont faits ; il s’agit de leur expliquer, sans notes, ce que l’on attend d’eux », après quoi ils doivent évacuer les lieux. Puis vient le soir, à partir de 17 heures. « C’est alors l’heure des réunions discrètes, en cercle fermé, hors de la présidence, [où] la langue de bois disparaît complètement, [où] se traite l’information vraie et s’élaborent les montages décisifs […]. Se rassemblent, en fonction des sujets traités, les véritables hommes de confiance, les hommes d’influence qu’on ne retrouve dans aucun organigramme et les vrais amis étrangers, qui se déplacent spécialement mais furtivement lorsque les circonstances l’exigent (19). »

    Larbi Belkheir — tout comme les chefs de la SM — est au cœur de ces conciliabules, mais il cultive un profil bas vis-à-vis de l’extérieur. Pour William Byrd, un banquier américain spécialiste de l’Algérie, « les vrais décideurs sont invisibles, on ne peut jamais leur demander des comptes (20) ». Nommé ministre du Plan en 1979, Abdelhamid Brahimi, ancien combattant de l’ALN et ex-responsable (depuis 1976) du bureau de la Sonatrach aux États-Unis, s’aperçoit rapidement que, sous ses faux airs de « collaborateur “fidèle, docile et discipliné” du président », Larbi Belkheir est en réalité le détenteur effectif du pouvoir. Dès 1980, il tente d’en avertir le président Chadli : « Je lui ai conseillé d’écarter Belkheir avant qu’il ne soit trop tard, que ses liens avec la France ne posent trop de problèmes. Il m’a dit : “Non, il est aux ordres, au garde-à-vous !” Je lui ai alors dit : “Un jour, il vous renversera.” C’est ce qui est arrivé en 1992 (21). »

    Le portrait brossé par Brahimi est édifiant : « Belkheir est associé à toutes les décisions importantes de l’État. Il est devenu incontournable pour les nominations aux emplois supérieurs de l’État, y compris celles des membres du gouvernement… Il joue un rôle décisif dans le choix des membres du comité central du FLN, dans le suivi du fonctionnement de l’armée et des services de sécurité civils et militaires, dans la nomination des walis, des chefs de daïra, des directeurs généraux des banques et d’entreprises publiques et des ambassadeurs (22)… » Bref, nombre de ceux qui jouissent d’une autorité quelconque dans le pays lui doivent sa nomination, alors qu’il agit dans un anonymat quasi-total.

    Mais qui sont les « vrais amis étrangers » qu’évoque Ghazi Hidouci ? De son poste privilégié, explique le journaliste Chérif Ouazani, Larbi Belkheir « apprend à côtoyer les grands de ce monde et noue des relations avec ceux qui, dans leur sillage, ont des fonctions clés. Jean-Louis Bianco, secrétaire général de l’Élysée, et Hubert Védrine, conseiller diplomatique de François Mitterrand, deviennent des habitués de la maison Belkheir. George H. Bush était vice-président quand il entretenait une correspondance plus que courtoise » avec lui (23).

    L’explosion des circuits de corruption

    Alors que la population subit les effets des échecs économiques de la gestion Boumediene, Chadli lance un vaste programme d’approvisionnement. Viande, fromage, lait, fruits secs et exotiques…, le port d’Alger ne désemplit plus. Vaste campagne d’importation de téléviseurs couleur, de réfrigérateurs, de machines à laver, de machines à coudre, de fers à repasser, de jouets… Le prix du pétrole au zénith en ce début des années 1980 — il chutera en 1983, et surtout en 1986, et la donne changera — permet ainsi à une économie fondée sur le gâchis de s’instaurer.

    Cette ruée au fromage de Hollande et au gadget, si elle permet à la population de goûter à des saveurs et à des loisirs inédits, ne résout en rien les véritables problèmes du pays, à commencer par la faiblesse de la production nationale, incapable de satisfaire les besoins de base de la population (« en 1984, rappelle Benjamin Stora, le pays importe 40 % de la consommation nationale de céréales, 50 % des produits laitiers, 70 % des matières grasses, 95 % du sucre (24) »). Pis, elle saigne les caisses de l’État de « plusieurs milliards de dollars », estime Djillali Hadjadj (25). Selon lui, ce projet suivi « personnellement » par Chadli, par le biais de ses « collaborateurs directs » — dont Larbi Belkheir, comme le révéleront plusieurs témoignages et une commission parlementaire lancée dix ans plus tard —, a d’autres desseins que de contenter la population : il permet de capter des commissions sur les marchés d’importation contrôlés par les décideurs. Ce qui relevait durant la décennie 1970 de la malversation honteuse semble maintenant être érigé en stratégie d’État.

    William Byrd explique pourquoi « il est plus intéressant d’importer que de produire sur place : cela permet de prélever des commissions qui sont directement payées en devises sur un compte à l’étranger. Je dirais que 10 % à 15 % de la facture des importations part en corruption. Cela fait environ 1,5 milliard de dollars par an. Si vous faites produire localement, vous pouvez prélever des petites commissions, mais elles vous seront payées en dinars, personne n’en veut. L’économie de rente a donc des effets très pernicieux : elle tue l’économie locale (26). »

    Mais le secteur de la consommation n’est pas le seul concerné par cette « modernisation ». Dès 1979, Larbi Belkheir lance un immense projet de construction d’un complexe commercial sur les hauteurs d’Alger, Ryadh-El-Feth, à côté duquel est érigé un sanctuaire dit « des martyrs ». Le contrat de plusieurs millions de dollars est confié à la SNC-Lavalin, une société canadienne, qui rapporte du Canada personnel et matériaux de construction. La gestion du complexe commercial, qui sera marquée par de nombreuses malversations, sera confiée à un proche de Belkheir, le colonel Senoussi.

    Chadli fait ensuite raser tout un quartier populaire d’Alger, le Hamma à Belcourt. Les familles expulsées sont relogées « à la périphérie de la capitale dans des conditions inhumaines (27) ». Le chantier de construction pharaonique qui s’ouvre sur les terrains libérés (hôtel, bibliothèque nationale, etc.) permet « de détourner des sommes colossales, tant à travers les entreprises étrangères détentrices des marchés de réalisation et d’équipement que par le biais des importations confiées aux sociétés d’État (28) ».

    Rien n’échappe à la fièvre dépensière, toute transaction étant susceptible d’engendrer des commissions, à l’achat et à la vente. Puis, les marges bénéficiaires étant sans doute jugées trop étroites, « des produits subventionnés du secteur public, dont la distribution est de plus en plus désorganisée, [sont] vendus au marché noir », expliquera Ghazi Hidouci (29). Mais si le marché noir produit des marges plus importantes, elles sont hélas en dinars, monnaie dévalorisée, difficile à négocier. Pour contourner les restrictions au change, l’astuce s’impose d’elle-même : les produits subventionnés — huile, sucre, café, semoule, savon, etc. — sont repris par des grossistes, qui leur font passer la frontière vers l’Afrique subsaharienne. Le plus connu de ces transitaires hors normes s’appelle alors Hadj Bettou (30). Installé à Tamanrasset, dans le sud du pays, il dispose d’un véritable parc de semi-remorques, qui ravitaillent Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Libye. Éviter les barrages de gendarmerie et les patrouilles militaires le long de la frontière est un jeu d’enfant, grâce à ses complices au plus haut niveau. Dès lors, l’Algérie ne sert plus que d’escale pour les marchandises initialement destinées à la population, étape rendue nécessaire pour permettre à leur prix de baisser, par la grâce des subventions de l’État.

    Cette surenchère dans la corruption se traduit dès lors par l’évaporation littérale de la marchandise : les marchés algériens sont asséchés, on ne trouve plus rien, même hors de prix. Mais ce n’est pas fini, car les stratèges du réseau rivalisent d’imagination. Ainsi, nous expliquera l’ancien banquier Omar Benderra, membre de l’équipe conceptrice des réformes économiques à la fin des années 1980, vivant aujourd’hui en Europe, « un des procédés les plus utilisés, c’est la faillite : dès que le commerce extérieur fut libéralisé, des kyrielles, des milliers d’entreprises d’import-import se sont créées. Il était de notoriété publique que ces entreprises étaient tenues par des hommes de paille : une seule opération d’importation avec crédit public, puis faillite. On ne payait ni impôts ni taxes douanières, on ne remboursait pas le crédit, on prenait l’argent (31) ». La défunte société laisse ses créances aux banquiers, membres du réseau, qui ont pour mission de gérer la paperasse nécessaire pour clore le dossier. Le truand n’a alors plus qu’à changer de quartier, pour relancer une opération analogue, avec un autre chef d’agence complaisant (l’un des acteurs de ce type d’arnaque défraiera la chronique à partir de 1988, un certain Mouhouche, qui, parti de rien, deviendra milliardaire et roulera sur l’or, en Ferrari bien entendu (32)).

    Peu à peu, l’essentiel de l’économie algérienne et du commerce va s’organiser autour des commissions versées aux « hommes du secteur » (pour reprendre le terme de Belaïd Abdesslam), dont Larbi Belkheir va parvenir à s’imposer progressivement comme l’invisible parrain. Ce racket a ceci de particulier que tout ce qui peut le contrarier est voué à l’élimination, par n’importe quel moyen : révélations de journalistes, mise en piste de concurrents, instrumentalisation des institutions, adoption de nouvelles lois… Toute initiative susceptible de remettre en cause le monopole de cet « État noir » est interdite. S’engage alors un véritable sabotage de l’économie algérienne, au profit du tout-import.

    Mais quid de la substance de cette économie, quelle part de ces importations profite au citoyen ? Selon Akram Belkaïd, journaliste au quotidien français La Tribune, les gros contrats d’importation n’ont aucune utilité pour le peuple algérien : « On importe des choses dont on n’a pas besoin, des équipements qui ne sont plus de mise, avariés ou qui ne serviront pas au bien-être de la population. C’est une caractéristique de l’économie algérienne, l’importation d’éléphants blancs, coûteux, dont les importateurs savent très bien qu’ils ne serviront à rien, mais qui alimentent leurs comptes en banque à l’étranger (33). » Plus grave encore, la volonté de transformer en devises étrangères les sommes colossales issues de la corruption donne lieu à une demande si forte que le dinar, valant un franc français sur le marché parallèle en 1979, n’en finira plus de dégringoler, jusqu’à un palier de cinq dinars pour un franc en 1986, avant de poursuivre son inexorable chute (34).

    Au cours de ces années 1980, il n’est pas rare qu’un scandale éclate publiquement : spéculation foncière au bénéfice de la nomenklatura, importation de produits avariés, pneus rechapés qui se délitent en quelques kilomètres, médicaments périmés, appareillages déclassés, infrastructures réformées avant leur inauguration… Mais l’écho est terne, les instances qui doivent logiquement se saisir des dossiers étant toutes parties prenantes de l’escroquerie : police, douane, syndicat, justice, fisc… Pire, révéler un scandale — outre les risques qu’encourt le téméraire — est un premier pas dans un processus obscur qui doit aboutir à son classement, en sacrifiant, pour la forme, quelques lampistes si le besoin s’en fait sentir, sachant qu’il sera toujours possible de les réhabiliter quelques semaines après, quand les projecteurs se seront détournés de l’affaire…

    Ainsi, lors des « années Chadli », l’enrichissement personnel des « décideurs » et la corruption, qui étaient auparavant utilisés par Boumediene comme un moyen de pouvoir parmi d’autres, deviennent progressivement une fin en soi, voire la principale raison d’être du régime. Dans la mesure où l’une des principales sources de cette corruption est constituée par les commissions occultes sur les flux d’importation, dont les entreprises françaises assurent une part prépondérante, les autorités françaises de l’époque ne peuvent ignorer cette dérive du pouvoir algérien. Et les bonnes relations entretenues avec Paris par la « maison Belkheir » jouent un rôle majeur dans le développement des réseaux de la « Françalgérie ». Mais, à Paris, ses secrets restent bien gardés…

    Conflits et réorganisation au sommet de l’armée

    Grâce à ces soutiens et à celui des anciens « déserteurs de l’armée française » (DAF) qui montent en grade au sein de l’armée algérienne, le secrétaire général de la présidence étend progressivement son influence. Pour autant, le général Belkheir, le leader du « clan français », est encore loin d’avoir conquis la totalité du pouvoir réel, à savoir la haute hiérarchie de la Sécurité militaire et de l’armée. Car au sein du haut commandement militaire, le colonel Kamel Abderrahim, chef de file de ce que certains ont appelé le « clan des anciens maquisards » ou des « Orientaux » (car ayant suivi une formation militaire au Moyen-Orient pendant la guerre d’indépendance), jouit d’un certain prestige aux yeux de nombre d’officiers de l’ANP, du fait du rôle qu’il avait joué dans sa modernisation, à la demande de Boumediene, à la fin des années 1970. C’est pourquoi, en 1984, Belkheir pousse Chadli à lancer un nouveau programme de « modernisation » de l’institution militaire, qui servira aussi aux DAF à contrer le poids des anciens maquisards. Pour y parvenir, écrit la journaliste Nicole Chevillard, « Chadli marginalise donc la vieille garde de l’ANP tout en tentant de moderniser l’instrument lui-même (l’armée algérienne est alors équipée aux trois quarts de matériels soviétiques), de diversifier ses fournisseurs, de le former à des techniques plus performantes et de constituer une véritable armée de professionnels (35) ».

    L’ex-colonel Mohammed Samraoui précise pour sa part que cette restructuration mise en œuvre par Belkheir a été conçue « à la fois pour prévenir les risques de coup d’État (36) et pour mettre à l’écart toute une génération d’officiers issus de l’ALN — notamment les partisans farouches du parti unique et de l’idéologie socialiste. Cette épuration fut l’occasion pour le général Larbi Belkheir, le véritable homme fort du pouvoir, de mettre au pas les “services” ou du moins de les affaiblir en vue des “échéances” à venir et de placer en leur sein des hommes de confiance membres de son clan, fidèles à sa politique et qui exécuteraient docilement ses directives (37) ».

    Pour faire évoluer le rapport de forces entre les deux clans principaux, Chadli — « et surtout Belkheir dans son ombre », précise Nicole Chevillard — use d’un artifice permettant de diversifier postes et pouvoirs : « Avant lui, le plus haut grade de la hiérarchie militaire était celui de colonel. Il va créer de toutes pièces des “généraux” et même des “généraux-majors”. Le 24 octobre 1984, Mostefa Belloucif et Abdellah Belhouchet sont ainsi nommés généraux-majors tandis que Khaled Nezzar, Kamel Abderrahim, Rachid Benyelles (qui arrive sur ces entrefaites au secrétariat général du ministère de la Défense) et Mohamed Attaïlia (dit “le manchot”, commandant de la 1 (re) région militaire, celle d’Alger) sont, eux, nommés généraux (38). »

    Ancien maquisard, Mostefa Belloucif prend d’emblée une mesure lourde de sens : il met sur la touche les anciens officiers de l’armée française s’étant ralliés après 1962. Pour les DAF comme Larbi Belkheir ou Khaled Nezzar qui avaient déserté, eux, pendant la guerre d’indépendance, mais qui ont toujours été considérés avec défiance par les anciens maquisards, il s’agit d’un signe inquiétant.

    L’équilibre entre les deux groupes paraît cependant maintenu, le général Belloucif, une fois nommé, désignant ensuite comme adjoints, d’un côté le général Abderrahim et, de l’autre, le général Nezzar (ex-DAF et très proche de Belkheir). Mais en 1986, la marginalisation du général Abderrahim (il est nommé chef de la Marine, quasi-inexistante en Algérie) et la nomination de son adversaire, Khaled Nezzar, à la tête de l’armée de terre font à nouveau pencher le balancier en faveur des DAF, les anciens de l’armée française. L’équilibre entre les deux clans reste donc fragile et, nous le verrons, il ne résistera pas aux intrigues du « clan Belkheir ».

    Consolider son pouvoir est en effet pour lui d’autant plus décisif que la société algérienne, largement paralysée sous l’ère Boumediene, commence à bouger…

    Le « Printemps berbère » et la naissance de la Ligue des droits de l’homme

    Le 19 mars 1980, suite à la publication en France d’un ouvrage consacré aux poèmes kabyles anciens (39), le célèbre écrivain et ethnologue Mouloud Mammeri est invité à donner une conférence à l’université de Tizi-Ouzou, capitale de la Kabylie. Mais il est intercepté par les autorités quelques kilomètres avant d’entrer en ville. Avisés de son arrestation, étudiants, enseignants et personnels occupent l’université, qui entre en ébullition. Pendant un mois, grèves et marches se succèdent. Les travailleurs des complexes industriels de la région et le personnel des hôpitaux se déclarent solidaires du mouvement, qui s’amplifie au fil des jours. Les mots d’ordre sont « Libertés démocratiques » et « Respect des langues et cultures nationales ». La contestation s’étend peu à peu à Alger.

    Dans la nuit du 19 au 20 avril, les forces de l’ordre investissent l’université, les hôpitaux et les cités universitaires de Tizi-Ouzou. La répression fait d’innombrables blessés. Des centaines d’enseignants, d’étudiants, de médecins et de travailleurs sont arrêtés. Pourtant, la mobilisation ne faiblit pas. Mieux : elle bénéficie d’un large écho à l’étranger. En mai, hormis vingt-quatre prisonniers inculpés d’« atteinte à la sûreté de l’État », la plupart des détenus sont relâchés, non sans que les hommes de la SM, fidèles à leurs habitudes, se soient efforcés de recruter les contestataires les plus actifs… Après avoir refusé d’entrer dans la combine, Arezki Aït-Larbi, alors étudiant en médecine, révélera le procédé employé par la SM pour le retourner : « Le 8 mai 1980, j’ai été transféré à Bouzaréah, dans les locaux de la Sécurité militaire. Un officier m’avait proposé le marché suivant : “Je vous libère ce soir. Vous aurez un logement, une voiture et un salaire. À la fin de vos études, vous aurez un cabinet médical dans la ville de votre choix. Mais, en contrepartie, vous me remettrez un rapport hebdomadaire sur les activités de vos amis” (40). » Pour quelques refus, combien d’individus ont accepté — et continué depuis — de collaborer avec la SM ? Sans doute beaucoup…

    Au cours du mois de juin 1980, la mobilisation menaçant de s’étendre, le pouvoir relâche les vingt-quatre détenus. Mesure d’apaisement supplémentaire, le régime autorise durant l’été l’organisation d’un séminaire sur la culture, qui aboutit à la publication d’un document remis au ministère de l’Éducation nationale. Le document tombera vite dans l’oubli, mais il aura permis au régime d’obtenir un rapide retour au calme, d’occuper les agitateurs et de permettre aux services de sécurité de recenser dans le détail les militants actifs — avec l’aide de militants du PAGS, qui inaugure là une phase nouvelle de collaboration avec le régime pour contrer la mouvance démocratique et culturaliste naissante.

    À l’université de Tizi-Ouzou, un groupe d’enseignants, d’étudiants, de médecins, de syndicalistes et de travailleurs se constitue, sous la dénomination de Mouvement culturel berbère (MCB), autour de la personnalité du docteur Saïd Sadi. Psychiatre de formation, il était depuis 1979 l’un des responsables en Kabylie du FFS (le parti que son leader Hocine Aït-Ahmed, exilé en Suisse, s’efforçait alors de redynamiser après des années de répression). La nature précautionneuse d’Aït-Ahmed ne peut cependant pas cohabiter avec l’esprit aventuriste de Saïd Sadi. De fait, dès le lendemain des événements, ce dernier se démarque de son mentor à l’aura encombrante.

    De 1982 à 1986, alors que le MCB, contraint à la clandestinité, s’efforce difficilement de résister à la répression, des émeutes éclatent dans plusieurs grandes villes (Oran, Sétif, Constantine, Annaba, Alger même). Mais à chaque fois, elles sont réprimées, les meneurs arrêtés et torturés, et souvent « retournés » par la SM.

    C’est dans ce climat que, le 30 juin 1985, des militants du Mouvement culturel berbère (MCB), dont Saïd Sadi, des avocats connus pour leur engagement, dont Me Abdennour Ali Yahia et Me Hocine Zahouane, des personnalités du monde scientifique, dont le professeur en psychiatrie Mahfoud Boucebsi, fondent la Ligue algérienne des droits de l’homme et demandent son affiliation à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH). Elle va connaître un baptême du feu tonitruant.

    Le 5 juillet 1985, jour de la commémoration officielle de l’indépendance, l’association non agréée des enfants de chouhada (les martyrs de la guerre de libération) décide de défier les autorités en allant déposer, en marge des cérémonies officielles, une gerbe de fleurs au pied d’un monument aux morts, au centre de Tizi-Ouzou. La police intervient et arrête tous les dirigeants de l’association présents sur les lieux. Pour avoir protesté contre ces arrestations, Me Ali Yahia est arrêté à son tour le 9 juillet, puis Me Mokrane Aït-Larbi, son second, le 21 août, puis le secrétaire général adjoint, le docteur Hachimi Naït-Djoudi, le 16 septembre. Durant tout l’été, de nombreux autres militants sont incarcérés : Ferhat Mehenni, Saïd Sadi, Saïd Doumane, Lounis Aït-Menguellet…

    Leur procès se tient en décembre 1985, en présence de délégués de la FIDH. Il est largement couvert par la presse internationale. Le régime se révèle alors sous son vrai visage. Agissant dans une quasi-illégalité, l’appareil judiciaire accumule des irrégularités dénoncées par les prévenus. Ceux-ci écopent de peines allant de six mois à trois ans d’emprisonnement ; leur seul tort : défendre la liberté, la justice, la culture, et avoir déposé une gerbe de fleurs à la mémoire de héros de la révolution.

    Les arrestations, le procès, relèvent-ils d’une provocation de la part du régime ? D’une volonté de mesurer la détermination de cette Kabylie qu’on dit prête à exploser ? De tester la capacité de l’opinion internationale à réagir ? En fait, tout cela à la fois, et l’enseignement principal à en tirer est que, hormis la sympathie dont jouit la Kabylie à l’étranger, et notamment dans la presse française, l’opposition organisée dans cette région reste très faible. En quelques mois, le régime parvient à retourner des dizaines de militants démocrates du MCB et à infiltrer à l’intérieur de ce mouvement plusieurs agents qui s’emploieront efficacement à semer la zizanie (certains d’entre eux connaîtront, dans les années 1990, une carrière politique brillante dans les rangs de partis satellites du pouvoir).

    Quant à la nécessité d’incarcérer les principaux agitateurs, de leur infliger des peines sans rapport avec la gravité des délits commis, cela ne doit rien au hasard.

    « L’art d’une domination, c’est d’assimiler ce qui pourrait être hostile » : voilà un adage dont le pouvoir a fait une religion. Durant toute cette année 1985, des rumeurs circulent selon lesquelles un courant moderniste du régime, dont Larbi Belkheir serait le chef de file, est opposé au sort réservé aux militants emprisonnés. Il s’agit bien sûr d’une habile mise en condition, dont l’autre volet est la pression psychologique exercée par les conditions de détention. Seul dans un cachot humide et sans lumière, nu sur le sol, dans le froid, après avoir subi brimades et coups, il faut avoir une foi militante d’acier pour résister. De nombreux témoins évoquent les sollicitations dont les détenus font alors l’objet de la part d’agents de la SM.

    Pour inciter nombre d’opposants à se retourner, les représentants des services leur affirment que leurs intérêts convergent avec ceux de certains hauts dirigeants. Le but n’est pas de les pousser à se renier, mais au contraire de les conforter dans leurs idéaux, de leur indiquer que des forces au sommet de l’État les partagent, mais qu’elles ne peuvent agir que si toutes les bonnes volontés leur accordent leur soutien, en particulier en Kabylie, qui est l’avant-garde du combat pour la démocratie, etc.

    Dans un ouvrage paru en France en 1996, le leader du MCB Saïd Sadi évoquera ainsi sa détention au pénitencier de Lambèse, un « vrai cauchemar » (41). Mais six mois après son arrivée, on lui demande de s’« établir à l’infirmerie [où] il y a des lits, du chauffage et même une petite télévision ». Sa mission : aider aux consultations. Par solidarité avec ses camarades détenus, il refuse. Mais en juin 1986, il est transféré à la prison d’El-Harrach, où il peut achever de purger sa peine dans des conditions avantageuses, les autorités allant jusqu’à l’autoriser à finir la préparation de sa thèse de doctorat en psychiatrie sous la direction du professeur Mahfoud Boucebsi.

    Me Abdennour Ali Yahia, cofondateur de la Ligue algérienne des droits de l’homme, explique cette relative clémence ainsi : « Après le procès de 1985, [Saïd Sadi] a assez vite été ramené à Alger ; et il sortait de prison bien avant qu’il ne soit [officiellement] libéré. C’était El-Hadi Khédiri qui était ministre de l’Intérieur et j’ai eu vent de contacts très sérieux entre lui et Sadi (42). »

    Parallèlement à la répression et à la discrète reprise en main de certains militants, le pouvoir, dès la création de la ligue des droits de l’homme de Me Ali Yahia, suscite la création d’une autre « Ligue algérienne des droits de l’homme », dirigée par Me Omar Menouer et qui « regroupe des personnalités liées au FLN et à l’extrême gauche (43) ». Encore un grand classique du mode de gestion de la SM : chaque fois qu’une organisation d’opposition apparaît, si elle n’est pas immédiatement réduite au silence, elle se voit doublée, pour l’affaiblir, par une « organisation clone » contrôlée par le régime. Et pour faire bon poids, en mars 1987, une troisième Ligue des droits de l’homme sera créée dans le sillage du régime ! Présidée par Me Miloud Brahimi — que nous avons évoqué lors de l’insurrection de Chaâbani en 1964 et qui échappa de justesse à la répression de Ben Bella en se réfugiant en Suisse —, elle bénéficiera du soutien direct de la présidence et du ministre de l’Intérieur, El-Hadi Khédiri (44). « Un soutien interprété, non sans raison, écrit l’historien Mohammed Harbi, comme une preuve de la volonté du régime de “récupérer” les droits de l’homme et qui sera à l’origine de son surnom de “ligue légitimiste”. » Elle fusionnera en février 1989 avec la « ligue Menouer ». Quant à l’organisation fondée par Me Ali Yahia, elle ne sera officiellement reconnue (sous le nom de Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, LADDH) que le 8 septembre 1989, avec l’ouverture politique.

    Mais au cours de ces années 1980, la contestation va prendre aussi d’autres formes : l’islam politique devient progressivement une force qui compte. Et la police politique, la SM, s’y intéresse également de très près…

    L’émergence islamiste et l’étrange « épisode Bouyali »

    Au début des années 1980, ce qu’on appellera ensuite l’« islamisme » est peu présent sur la scène politique, malgré l’émergence à l’université des « Frères musulmans », suscitée à l’époque de Boumediene pour contrer les mouvements estudiantins laïques. Cette organisation s’est ensuite trouvée confortée par la politique d’arabisation de l’éducation et l’afflux d’enseignants venus du Proche et Moyen-Orient, mais elle est longtemps restée relativement marginale.

    À l’époque, l’un des principaux acteurs islamistes est Mostafa Brahami, étudiant à Alger. Dans un entretien qu’il nous a accordé en mars 2002, il ne remet pas en cause cette filiation initiale avec le régime, mais il affirme qu’une scission s’est opérée dès 1976. Cette mouvance, souvent considérée comme indifférenciée, était en effet constituée de deux courants hostiles. Bien que partageant l’idéal de l’arabisation — ce qui a favorisé leur instrumentalisation par le régime —, ils étaient dans le fonds profondément divisés.

    Les premiers sont d’anciens militants laïcs de l’arabo-baâthisme convertis à l’« orientalisme » (sous l’influence des courants islamistes du Moyen-Orient) et qui n’ont pas coupé le cordon ombilical avec leur mentor au sommet de l’État, Mohamed Chérif Messaâdia, le numéro 2 (et futur secrétaire général) du FLN (45). Parmi les personnalités qui émergent de ce courant, un certain Mahfoud Nahnah. En 1976, à l’occasion du débat sur la Charte nationale, il avait été arrêté et condamné à quinze ans de prison pour « sabotage » après avoir été surpris la nuit en train de scier un poteau électrique sur la route de Bougara près d’Alger. Gracié en 1980 par le président Chadli, Nahnah traînera ensuite la réputation de travailler avec les services, soupçon que ses actes et ses déclarations ne cesseront de conforter au fil des ans (46).

    L’autre courant islamiste est constitué pour l’essentiel d’universitaires, souvent francophones. Leur hostilité à l’approche islamiste « internationaliste » des leaders « orientaux » leur vaudra de la part de Nahnah le sobriquet d’« algérianistes », qualificatif qu’ils s’approprieront bien plus tard. Leur ambition affichée : contribuer à l’édification d’un pays islamique moderne, dans le respect des spécificités culturelles algériennes (47).

    Le champ d’action de ces divers groupes ne dépasse pas encore l’enceinte de l’Université d’Alger et de quelques mosquées. C’est en novembre 1982 qu’ils défraient pour la première fois vraiment la chronique, lorsque des affrontements à la cité universitaire de Ben-Aknoun entre islamistes et militants de gauche font une victime, proche de ces derniers, Kamal Amzal. Suite à ces graves incidents, les autorités imposent la fermeture de la mosquée située à l’intérieur de la fac centrale d’Alger et de nombreux islamistes sont arrêtés, dont Mohamed Saïd et Mostafa Brahami. Une semaine plus tard, fait inédit, près de 5 000 islamistes se rassemblent pour écouter l’imam Abassi Madani lire un « manifeste en douze points » et stigmatiser le régime qui tarde à concrétiser ses promesses d’instauration d’un « État islamique ». Toute manifestation étant interdite, Abassi Madani et de nombreux autres militants sont aussitôt arrêtés.

    En marge de cette mouvance islamiste en pleine ascension, s’agitent quelques individus qui sont persuadés que le recours à la violence est la seule voie d’opposition valable. Leur leader est un imam du nom de Mustapha Bouyali. Selon le journaliste Abed Charef, l’organisation que cet ancien maquisard veut mettre sur pied à la fin des années 1970 « est une simple manière de protester contre la “déviation des mœurs” à laquelle il veut remédier (48) ». En 1980, plusieurs hommes se joignent à lui, dont un certain Ahmed Merah, qui lui sert de logisticien et d’homme à tout faire. Merah bénéficie-t-il dès cette époque d’accointances au sein de la Sécurité militaire ? Il semble en tout cas doué d’une extraordinaire capacité à déjouer les forces de l’ordre. Tantôt islamiste, tantôt délinquant, tantôt terroriste, tantôt commerçant, il peut se rendre à El-Oued pour acheter des armes et les ramener dans l’Algérois pour soutenir Bouyali, y repartir pour les revendre, construire une villa en un temps record, dérober les caisses des entreprises où il travaille — 2,4 millions de dinars dans une entreprise de BTP d’El-Achour près d’Alger, en 1981 —, voler des voitures, trafiquer leurs papiers pour se les approprier. Dans un pays où obtenir des papiers légaux relève d’un interminable parcours d’embûches, Merah existe sous seize fausses identités, et ce avec une facilité déconcertante. À la fin des années 1990, une fois ouvertement rallié à la Sécurité militaire, Merah se vantera de ses exploits dans deux ouvrages autobiographiques publiés à compte d’auteur à Alger (49). Des aveux qui viendront nourrir a posteriori les soupçons de manipulation du mouvement de Bouyali par les services algériens.

    En juillet 1981, Bouyali et ses hommes créent le Mouvement islamique algérien (MIA) et expérimentent une première bombe. Repéré, Bouyali échappe trois mois plus tard à une tentative de kidnapping, à la sortie de son travail, par des agents de la SM (50). Il se réfugie dans le maquis de Bougara, d’où il mène avec ses hommes quelques actions armées. Fait étonnant, le chef de la police (Directeur général de la sûreté nationale) de l’époque, El-Hadi Khédiri, expliquera quelques années plus tard qu’il est alors entré en contact avec lui, pour le convaincre qu’il n’avait aucune raison de fuir, mettant la tentative d’enlèvement dont il avait fait l’objet sur le compte d’une « bavure » (51). « C’est donc dissimulé sous une kachabia, racontera El-Hadi Khédiri, que Bouyali se rendit à mon bureau, entouré de Hadj Yalaoui, de Khali, en tout douze responsables de l’Office national des moudjahidines de Chéraga. Au cours de cet entretien, Bouyali expliqua que son activité se limitait à la daâwa [prédication]. Je lui garantis alors la liberté de prêche pour peu qu’il ne dépasse pas la ligne rouge de la violence (52). »

    Cette entrevue rocambolesque entre le patron de la police et celui qui était alors officiellement l’ennemi numéro un du pouvoir sera suivie de péripéties tout aussi invraisemblables, complaisamment relatées par Ahmed Merah dans ses livres, et qui semblent surtout attester que l’épopée de Bouyali relève peut-être davantage d’une expérience complexe des laboratoires de la SM que d’une entreprise terroriste autonome. Le 17 janvier 1983, Ahmed Merah est arrêté (53). Son aventure se prolonge en prison, où, selon lui, il fait l’objet d’intenses sollicitations qui l’amèneront, en 1985, à signer une lettre où il affirme que Mahfoud Nahnah n’est pas le recruteur en chef de jeunes volontaires algériens pour l’Afghanistan (54), ce qui permet à celui-ci d’échapper au procès des islamistes qui s’annonce.

    De ce début d’aventure, seul Bouyali — très probablement un authentique militant islamiste, inconscient des manipulations de la SM dont son mouvement est l’objet — est rescapé de la bande. Isolé, il tente de s’implanter à l’ouest du pays, où naissent des embryons d’organisation. Celui de Sidi Bel-Abbès est notamment animé par un nommé Bachir Lefkih, impliqué lui aussi selon Ahmed Merah dans le recrutement de « volontaires » pour l’Afghanistan (55).

    Le « code de la famille » et l’instrumentalisation de l’islamisme

    Parallèlement à la gestion de l’affaire Bouyali, qui sera très médiatisée, mais somme toute très mineure au regard du faible nombre de personnes concernées — elle jouera en revanche un rôle important, on le verra, à partir de 1990 —, le « cabinet noir » de Chadli, c’est-à-dire Belkheir et ses alliés, joue une carte publique autrement plus importante pour tenter de rallier la mouvance islamiste « sérieuse », qui commence à se structurer et peut constituer une menace pour le pouvoir.

    Le 29 mai 1984, le régime fait voter par l’Assemblée nationale populaire un nouveau « Code du statut personnel et de la famille » qui entérine certains des aspects les plus rétrogrades de la tradition musulmane (ce code officialise pour les femmes algériennes un statut d’éternelles mineures, autorise, même de façon limitée, la polygamie et, en pratique, la répudiation de la femme par le mari). Cette mesure parfaitement opportuniste s’inscrit dans la droite ligne des calculs déjà « schizophréniques » de Boumediene avec sa « Charte nationale » de juin 1976, dont elle constitue comme une caricature cynique : pour Belkheir, elle est le symétrique de ses entreprises de séduction de la mouvance laïque et francophone (dont la frange oppositionnelle la plus résolue était celle, on l’a vu, du Mouvement culturel berbère). Il s’agit de donner des gages à ceux, bien plus nombreux, qui entendent, au nom de l’islam, mobiliser le peuple contre les « impies » corrompus ; en espérant que l’infiltration par la Sécurité militaire de leurs organisations naissantes suffira à neutraliser les plus virulents et les plus honnêtes. Un calcul d’apprenti sorcier, on le verra…

    En avril 1985, se tient le procès de cent trente-cinq islamistes accusés notamment d’appartenance au MIA. Une nouvelle fois, la clémence des autorités à leur endroit conduit à s’interroger sur la volonté du régime de lutter contre leurs excès. Ahmed Merah est condamné à dix ans de réclusion, un verdict clément au vu d’une interminable liste de chefs d’accusation qui lui faisaient risquer la peine de mort. Pour n’avoir pas dénoncé un vol de TNT dont il ignorait tout, Ali Benhadj écope pour sa part de trois ans de prison ferme. Parmi les islamistes présents dans le box, quarante-six sont relaxés, dix-neuf ont déjà purgé leur peine. Combien parmi eux travaillent déjà pour la SM ? Sans doute une bonne partie…

    Profitant de ces libérations, Mustapha Bouyali reconstitue le MIA : Meliani Mansouri, Abdelkader Chebouti, Azeddine Baâ sont ses nouveaux compagnons (56). C’est donc en partie infiltré par la SM que s’engage sa nouvelle épopée. La nuit du 26 août 1985, à la veille de l’Aïd, il réalise une opération qui fait grand bruit : l’attaque d’une caserne de police à Soumaâ, près de Boufarik (dans la grande banlieue d’Alger), où un impressionnant stock d’armes et de munitions est dérobé. On dénombre une victime, l’adjudant-chef Mohamed Boukezoula, qui aurait été, selon la presse, poignardé par Abdelkader Chebouti pour l’empêcher de donner l’alerte (les assaillants prétendront pourtant l’avoir laissé vivant, dans un état qui n’inspirait pas d’inquiétude (57)).

    Le groupe Bouyali est bientôt démantelé. Meliani Mansouri est arrêté, son frère tué. D’autres arrestations suivent dont, le 6 novembre 1985, celle d’Abdelkader Chebouti. Mais Mustapha Bouyali et ses hommes courent toujours. Ils se réfugient dans la forêt de Larbaâ, à l’est d’Alger. Le 3 janvier 1987, Bouyali décide de changer de refuge. Son chauffeur, qui collabore depuis un moment avec les forces de l’ordre, les aide à lui tendre une embuscade. Au cours de l’assaut, Bouyali meurt criblé de plus de quatre-vingts balles et plusieurs de ses camarades sont tués.

    Hormis l’attaque de la caserne de police de Soumaâ, pour dérober un stock d’armes, que El-Hadi Khédiri affirme avoir toutes récupérées (58), les principales actions de Bouyali relèvent moins d’une entreprise terroriste que de la geste d’un « bandit d’honneur ». Le procès du MIA se déroulera du 15 juin au 10 juillet 1987 (59). Trois des prévenus seront condamnés à mort : Meliani Mansouri, Abdelkader Chebouti et Mohamed Amamra. Mais une bonne étoile veille sur eux, elle va leur éviter l’exécution. Nous y reviendrons… Tandis que la SM s’efforce par toutes ces manœuvres de contrôler, voire d’instrumentaliser, toute opposition, elle va bientôt trouver des occasions inattendues — dont certaines dramatiques — d’étendre son influence… en France même. [...]

    Chapitre 30. Les généraux face à la menace de la justice internationale (extraits)

    Le clan Belkheir face au « syndrome Pinochet »

    Pour nombre d’observateurs, si le choix de Belkheir et des hommes de son clan s’est porté [en 1999] sur Abdelaziz Bouteflika — fort de son aura diplomatique internationale acquise sous les années Boumediene — pour occuper le devant de la façade civile du régime (1), c’est d’abord pour lui confier une mission stratégique : leur éviter de se retrouver un jour devant la justice internationale, à l’instar du dictateur chilien Augusto Pinochet, arrêté à Londres en octobre 1998. Comme on le sait, le général Pinochet échappera finalement à la justice (il pourra, impunément, regagner le Chili le 2 mars 2000), mais sa mésaventure a profondément frappé ses homologues d’Alger, ainsi que le relèvera en 2002 un juriste algérien cité par le quotidien Libération : « Cette vieille génération qui tient tout, le pouvoir, le pétrole, se retrouve soudain frappée du syndrome Pinochet. Alors, elle se demande : “Mais où va-t-on mourir ?” (2). »

    Selon l’ex-adjudant Abdelkader Tigha, c’est dès 1996 que les officiers du DRS commencent à avoir peur des tribunaux internationaux. À l’époque, les médias européens et américains commencent à aborder le problème des disparitions forcées, il faut trouver une parade. Cette question fait alors l’objet d’une grande attention dans le bilan d’activité du DRS : « Ils voulaient trouver un système de défense contre Amnesty International, racontera en septembre 2001 le dissident du DRS. S’ils ont établi la “concorde civile”, c’est pour échapper au sort de l’extradé (3) et pour fermer les portes aux activistes de l’opposition à l’étranger (4). »

    L’analyse de Tigha est juste, mais elle doit être décodée. Car le projet de loi, dit de « concorde civile », que présente le 8 juillet 1999 le nouveau président Abdelaziz Bouteflika à l’instigation de ses parrains, ne concerne pas ces derniers : ce projet prévoit la dispense de toute poursuite pour les islamistes non impliqués dans des assassinats collectifs, des viols, ou des attentats dans des lieux publics. À l’époque, en effet, la culpabilité des généraux éradicateurs dans les crimes atroces de la « sale guerre » n’a officiellement aucune raison d’être simplement mentionnée : à la différence de Pinochet et de leurs homologues latino-américains des années 1970, les généraux du « clan Belkheir » n’ont pas ménagé leurs efforts, on l’a vu tout au long de ce livre, pour ne jamais apparaître au premier plan. C’est derrière la façade civile de l’« Algérie Potemkine » et l’instrumentalisation des « groupes islamistes de l’armée » que, depuis janvier 1992, ils ont mené contre leur peuple une guerre d’une sauvagerie qui semble directement inspirée de celle des conquérants français de l’Algérie dans les années 1830.

    Mais le général Larbi Belkheir, le chef du sinistre orchestre qui a joué cette partition de mort depuis plus de sept ans, n’ignore pas qu’un jour, lui et les siens seront nécessairement rattrapés par la vérité et l’exigence de justice — en premier lieu sur l’insoluble question des « disparus » —, malgré l’efficacité redoutable de leur dispositif de désinformation et leurs soutiens au plus haut niveau de l’État français. C’est pourquoi, fin calculateur, Belkheir prend les devants par Bouteflika interposé : l’absolution des crimes perpétrés par les moudjahidines islamistes, manipulés ou non, est un préalable indispensable à l’absolution future des crimes des généraux éradicateurs et de leurs complices — thème qui sera, on le verra, l’enjeu majeur de l’élection présidentielle prévue pour avril 2004.

    Cette option s’est d’autant plus logiquement imposée aux chefs du « clan éradicateur » — les généraux Larbi Belkheir (lequel reprend alors officiellement du service comme directeur de cabinet du président Bouteflika, qu’il convient de surveiller au plus près), Mohamed Lamari, « Toufik » Médiène, « Smaïn » Lamari et consorts — que le « gros » du travail a été fait : des dizaines de milliers de militants islamistes, de femmes et de jeunes apolitiques ont effectivement été « éradiqués » et peuplent les cimetières de tombes « X, Algérien » et les charniers clandestins ; les cadres islamistes qui étaient nécessaires à la garniture de la façade « démocratique » du régime ont été dûment récupérés et nombre d’autres ont été contraints à l’exil ; et des centaines de milliers de citoyens, terrorisés, contraints à l’exode, vivent désormais dans la plus extrême précarité aux portes des grande villes du pays.

    Adoptée par le Parlement, puis par référendum en septembre 1999, la loi de « concorde civile » ne fait qu’avaliser une amnistie déjà en vigueur dans les faits pour des criminels islamistes collaborant avec le régime. Exemple : l’émir Mustapha Kertali. À l’automne 1997, cet ancien maire islamiste de Larbaâ devenu un sanguinaire chef terroriste profite de la trêve militaire signée entre le pouvoir et l’AIS pour réintégrer une vie normale. Dès lors, l’ancien chef terroriste circule en ville armé et protégé par les militaires, ce qui choque profondément ses anciennes victimes : « Un jour, une jeune fille a été enlevée, à moitié égorgée et jetée devant une mosquée à Larbaâ, nous a raconté en 1998 une responsable associative de la région. C’est le groupe de Kertali qui avait fait le coup — et il était présent. Le lendemain, une ambulance de l’hôpital de Meftah était venue la chercher. Le groupe de Kertali a fait alors un faux barrage : ils ont jeté la fille dans le fossé et brûlé l’ambulance. Quand l’armée a récupéré le corps, elle fut enterrée, mais quatre personnes seulement osèrent assister à son enterrement. Et désormais, sous prétexte qu’il s’affirme repenti, il est protégé par le pouvoir (5)… »

    Gage de la réussite apparente de la « concorde », beaucoup de maquisards — dont des centaines d’agents du DRS au sein des groupes islamistes, ainsi récupérés à peu de frais par la police politique — rendent les armes. Et, logiquement, l’intensité du terrorisme baisse : de plusieurs centaines ou milliers de morts par mois durant la période 1992-1998, on passe à quelques dizaines « seulement », souvent victimes d’actes de banditisme et de liquidations mafieuses opportunément maquillés en « terrorisme résiduel ». Plus important encore que ces chiffres, la peur s’éloigne d’Alger et la ville est de nouveau fréquentable pour les étrangers. Seul souci pour les hommes du « clan Belkheir » : certains représentants de l’ex-FIS refusent toujours, eux, de se rallier au régime.

    L’assassinat d’Abdelkader Hachani

    Le 22 novembre 1999, Abdelkader Hachani, cet ex-dirigeant du FIS respecté pour sa modération, est assassiné par balles dans la salle d’attente de son dentiste, à Alger. Le jour même, interrogé sur la chaîne de télévision qatarie Al-Djazira, Kameredine Kherbane, activiste islamiste en Europe, affirme : « J’ai eu un entretien téléphonique avec le défunt il y a environ trois semaines. Il m’a dit que le général Toufik lui a envoyé un émissaire porteur des clefs d’une Daewoo et d’une villa à Hydra et qu’il a refusé (6). »

    Hachani aurait-il payé son refus de se rallier au régime ? D’après Abdelkader Tigha, alors en poste au Centre principal des opérations de Hydra (CPO, dit centre « Antar »), l’assassinat de l’ex-numéro trois du FIS a été organisé par le général Smaïl Lamari pour torpiller définitivement toute possibilité de compromis politique avec le FIS : « Depuis des années, nous avions un dossier très important sur Hachani. On écoutait toutes les communications téléphoniques qu’il avait avec Rabah Kébir, en Allemagne. Il gênait, il fallait trouver quelque chose pour le liquider définitivement. »

    Suivi jour et nuit par un véhicule de surveillance du CPO, Hachani sera finalement victime de ses « anges gardiens » : « Le 22 novembre, notre équipe était là-bas, devant l’immeuble, affirme Tigha. Deux de nos gars sont montés chez le dentiste. Au moment de l’assassinat, je me trouvai au bureau, en face du commandant Chetibi Farouk, dit “Rouget”. Puis un autre membre du commando a appelé. J’ai répondu moi-même au téléphone et il m’a demandé de lui passer le commandant Farouk. C’était un de nos agents, un islamiste “retourné” qui devait évacuer le tueur à bord de sa Volkswagen Jetta. Il s’appelait Djamel Bouziane. Il a demandé au commandant où il devait déposer “le gars”, c’est-à-dire le tueur de Hachani. Le commandant lui a hurlé de se débrouiller. Alors il a pris le tueur, qui s’appelait “Fatah”, et il l’a déposé à Belcourt. Après l’assassinat, la Brigade mobile de police judiciaire de Oued-Koriche fut la première à intervenir. Arrivés très rapidement sur les lieux, ils ont aperçu notre véhicule, c’était une Super 5 Saga. Quand ils ont vu nos gars avec des “klachs” dedans, ils ont pensé que c’était les tueurs et ils les ont braqués. Cela a déclenché un véritable scandale devant l’immeuble. Smaïl Lamari a du intervenir par radio, il a dit : “Arrêtez, ce sont mes éléments !” Après quelques semaines, les services ont déclaré devant toute l’opinion que le tueur de Hachani avait été arrêté. C’était une arrestation rapide, car on savait où il se trouvait. C’était le Centre Antar qui avait tout coordonné (7). »

    Le 12 avril 2001, lors de son procès, l’assassin présumé de Hachani dénoncera publiquement un complot : « Mes aveux ont été arrachés sous la torture. Les conditions de mon incarcération sont inhumaines. […] Le général Toufik est venu me voir plusieurs fois. Il me proposait un marché : reconnaître le crime contre un emprisonnement qui ne dépasserait pas quatorze à quinze ans. » Malgré ces révélations, le juge condamnera l’accusé à la peine capitale (8).

    En cet automne 1999, à l’évidence, l’élimination de Hachani s’inscrit dans la stratégie de « normalisation » prescrite au président Bouteflika par le « clan Belkheir ». Une stratégie d’autant plus nécessaire que commencent alors à être rendues publiques des révélations spectaculaires sur les agissements du général Belkheir et de ses amis éradicateurs. Dont celles des dissidents du Mouvement algérien des officiers libres (MAOL).

    Des révélations dévastatrices

    Avant même de devenir président, Bouteflika avait pourtant tenté d’amadouer les responsables du MAOL : « Au printemps 1999, il avait demandé à nous voir à Madrid, nous a raconté le capitaine Ouguenoune. Un contact s’était alors établi avec Ali [colonel, alors porte-parole du MAOL] et [il] nous a dit : “Je vous promets de faire de mon mieux pour résoudre la crise algérienne, mais promettez-moi de m’aider.” Il voulait mettre à la retraite pas mal de généraux, dont Toufik Médiène. On a dit que dans ces conditions, on était d’accord pour rentrer à Alger, mais à condition que tout le monde soit jugé (9). »

    Une fois élu, Bouteflika prend à nouveau contact avec les représentants du MAOL : « Il nous a demandé si on avait l’intention de faire un putsch », relate l’ex-capitaine Ouguenoune. Comme Ali refusait de répondre à cette question, Bouteflika lui a dit : « Promettez-moi de ne rien faire, je vous promets, je vais changer l’Algérie. Ne vous étonnez pas si je parle de vous à la presse étrangère. Ce sera une façon de vous donner ma réponse. » Le 7 novembre 1999, le président Bouteflika évoque effectivement le MAOL sur Europe 1, mais de façon ambiguë : « Je n’aime pas les tracts et je n’aime pas ce que font les déserteurs de l’armée à partir d’Internet. C’est aussi valable que des lettres anonymes (10). » Au moment où le service d’action psychologique du DRS, par ses relais médiatiques habituels, en Algérie et en France, tente de discréditer le MAOL en l’assimilant au GIA, reconnaître qu’il est bien composé d’anciens militaires est déjà une façon d’asseoir sa crédibilité. Mais le ton très critique adopté par Bouteflika déçoit les porte-parole du MAOL : « Il avait été rappelé à l’ordre par Belkheir », estime le capitaine Ouguenoune.

    Signe que les généraux éradicateurs ont senti le danger, les sympathisants du MAOL restés en Algérie subissent à cette période une purge particulièrement meurtrière (11). « Par la suite, la Sécurité militaire, mais aussi la DST, ont tenté de nous récupérer par d’autres moyens, affirme le capitaine Ouguenoune. Ils ont par exemple proposé de nous racheter notre site Internet contre beaucoup d’argent. Ils ont proposé à Ali dix millions de francs. Je pense que les services français ont paniqué après la publication de la liste des mercenaires [français et sud-africains présents à Alger après le coup d’État de 1992 et publié quelques mois auparavant sur le site Internet du MAOL]. C’était la première fois que des militaires français étaient mis en cause (12). »

    N’ayant pas réussi à corrompre les représentants du MAOL, Alger aurait tenté d’assassiner l’ex-colonel B. Ali, célèbre mais mystérieux représentant du mouvement. Selon la presse algérienne, il se serait ensuite réfugié aux États-Unis début 2002 (13). Depuis cette date, il n’a plus donné signe de vie. Quant au site Internet du MAOL, il est presque en sommeil depuis la fin 2001. Après avoir défrayé la chronique de la Françalgérie et contribué à lever le voile sur les très graves exactions du régime algérien, le MAOL conserve donc une partie de ses mystères. On ignore, par exemple, pourquoi le colonel B. Ali — dont les révélations que nous avons citées ont été largement recoupées — n’a jamais révélé sa véritable identité alors que le « capitaine Haroun », lui, est connu sous son vrai nom, Hacine Ouguenoune, depuis 2000 et a témoigné à plusieurs reprises à la télévision à visage découvert.

    À partir de la fin 1999, d’autres témoins clefs du drame algérien viennent confirmer certaines des terribles révélations du MAOL. En septembre, le documentaire Bentalha, autopsie d’un massacre est diffusé par « Envoyé spécial », sur France 2 : fruit de plusieurs mois d’enquête, il donne la parole à des témoins qui affirment que le groupe de tueurs ayant assassiné plus de quatre cents habitants dans leur village à l’automne 1997 a agi sous la protection de forces spéciales de l’armée algérienne. En octobre 2000, la chaîne française Canal Plus diffuse à son tour une enquête sur l’implication du DRS dans l’assassinat en juin 1998 du très populaire chanteur kabyle Lounès Matoub (14). Le même mois, les Éditions La Découverte publient le livre de Nesroulah Yous, survivant du massacre de Bentalha, qui confirme l’existence d’une étroite collusion entre les massacreurs et les responsables des forces de sécurité (15).

    En février 2001, c’est Habib Souaïdia, un jeune officier des forces spéciales de l’armée, qui publie La Sale Guerre, un récit autobiographique détaillant par le menu des massacres, des tueries, des destructions, des vols, des viols, attribués aveuglément par tous les médias aux terroristes islamistes mais qu’il affirme commis par des militaires (16). Vendu à plus de 70 000 exemplaires, le livre de Souaïdia détruit en quelques semaines l’image d’un régime garant de la sécurité des Algériens et rempart contre le terrorisme international. Ceux qui s’en tiennent aux faits, et non aux discours de propagande, découvrent les généraux sous leur vrai visage, celui d’assassins dont les escadrons de la mort n’hésitent pas à s’acharner sur des enfants, des femmes enceintes, des vieillards, des intellectuels, des journalistes…

    Pour Larbi Belkheir et ses collègues, l’heure est grave. Une vaste campagne dénonçant les « officiers félons » et une « grossière manipulation » est lancée par le DRS dans toute la presse algérienne. Parmi bien d’autres mensonges, le quotidien arabophone El-Youm publie le 17 février 2001 une interview de Omar Chikhi, présenté comme un ancien terroriste repenti, « fondateur du GIA en 1992 », dans laquelle il se vante notamment d’avoir « assassiné des journalistes ». Nous l’apprendrons plus tard de la bouche d’Abdelkader Tigha, Chikhi collaborait en fait de longue date avec le DRS, et plus précisément avec le CPMI de Ben-Aknoun : « C’était plus qu’un agent du CPMI, explique Tigha. Il habitait sur place. Il entrait, sortait, c’était comme chez lui. C’était un ancien terroriste utilisé pour la gestion des sous-groupes [du GIA]. […] On l’avait recruté, puis il est devenu familier. Il sortait avec les cadres pour des opérations de chasse aux terroristes (17). »

    Le tollé unanime de la presse algérienne face aux prétendues « révélations » de Chikhi (18), prises évidemment au premier degré, bute cependant contre une réalité : les étrangers que le régime voudrait convaincre ne lisent pas la presse algérienne et les Algériens qui la lisent sont quant à eux souvent convaincus que les accusations contre les généraux sont fondées… Bref, pour se dédouaner, le « clan Belkheir » doit trouver plus convaincant. [...]

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    Notes

    1 Hanafi Taguemout, L’Affaire Zéghar. Déliquescence d’un État : l’Algérie sous Chadli, Publisud, Paris, 1994, p. 162.

    2 Jean de la Guérivière, « Le “coup de passion” franco-algérien de 1981 », Géopolitique africaine, n° 3, été 2001.

    3 Ibid.

    4 Le Monde, 10 mars 1989.

    5 Hanafi Taguemout, L’Affaire Zéghar, op. cit., pp. 164-165.

    6 Ibid., pp. 13-14.

    7 Ibid., p. 73.

    8 Ibid., pp. 172-173.

    9 Ibid., pp. 78-79 et p. 84.

    10 Djillali Hadjadj, Corruption et démocratie en Algérie, La Dispute, Paris, 2001, p. 40.

    11 Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie indépendante, La Découverte, coll. « Repères », Paris, 2001, p. 83.

    12 Ibid.

    13 Abdelhamid Brahimi, Aux origines de la tragédie algérienne (1958-2000). Témoignage sur Hizb França, Hoggar, Genève, 2000, p. 256.

    14 Son livre, que nous avons déjà cité plusieurs fois, est intéressant à plus d’un titre. Acteur de premier plan, Brahimi apporte de nombreuses informations inédites et il est indiscutablement un des rares membres du sérail algérois à avoir vraiment rompu avec lui, dénonçant publiquement, avec courage et sans « rouler » pour aucun clan, le caractère mafieux du système (ce qui lui a valu de nombreux déboires, tant en Algérie qu’en France).

    Et, en même temps, par ses nombreuses omissions et ses jugements à l’emporte-pièce, et souvent erronés, il témoigne d’une étonnante ingénuité : pour lui, pratiquement toute l’histoire de l’Algérie depuis son indépendance se résume à un complot de la France pour garder le contrôle de son ancienne colonie et de ses richesses. À privilégier cette seule dimension, assurément présente comme nous le montrons ici, Abdelhamid Brahimi passe dans son livre à côté de l’essentiel : la complexité et la richesse de la société algérienne, dont nombre d’acteurs politiques de premier plan, en désaccord avec lui sur tel ou tel point, sont bien loin, pour autant, d’être des tenants du « parti de la France », le hizb frança du sous-titre de son livre.

    15 Djillali Hadjadj, Corruption et démocratie en Algérie, op. cit., p. 41-43.

    16 Ibid.

    17 Ghazi Hidouci, Algérie, libération inachevée, La Découverte, Paris, 1995, p. 115.

    18 Ibid., p. 116.

    19 Ibid.

    20 Interview de William Byrd pour le documentaire de Jean-Baptiste Rivoire et Guillaume Barathon, La Corruption en Algérie, op. cit.

    21 Abdelhamid Brahimi, entretien avec les auteurs, février 2002.

    22 Ibid.

    23 Chérif Ouazani, « Pleins feux sur Larbi Belkheir, un homme d’influence », loc. cit.

    24 Benjamin Stora, Histoire de l’Algérie indépendante, op. cit., p. 86.

    25 Djillali Hadjadj, Corruption et démocratie en Algérie, op. cit., p. 50.

    26 William Byrd, entretien avec les auteurs, mai 2002.

    27 Djillali Hadjadj, Corruption et démocratie en Algérie, op. cit., pp. 47-48.

    28 Ibid.

    29 Ghazi Hidouci, Algérie, libération inachevée, op. cit., p. 139.

    30 Djillali Hadjadj, Corruption et démocratie en Algérie, op. cit., p. 80.

    31 Omar Benderra, entretien avec les auteurs, avril 2002.

    32 Rabha Attaf, « L’affaire de la BCA », in Algérie en contrechamps, Peuples méditerranéens, n° 70-71, 1995, pp. 125-133.

    33 Akram Belkaïd, entretien avec les auteurs, mars 2002.

    34 Début 2004, on atteindra vingt dinars pour l’équivalent d’un franc, soit 120 à 140 dinars pour un euro.

    35 Nicole Chevillard, Nicole Chevillard, Algérie : l’après-guerre civile, Nord-Sud Export, Paris, 1995, p. 41.

    36 « À cette occasion, explique Samraoui, les forces aériennes, les forces navales et les forces terrestres ont été créées ; leurs unités dépendaient organiquement de chaque chef de région militaire, mais elles ne recevaient désormais leurs ordres opérationnels que du chef d’état-major de l’ANP. Ainsi, un chef de région ne pouvait plus donner l’ordre à des unités de l’ANP de marcher sur Alger. Il s’agissait en fait d’un double contrôle : l’un au niveau régional, où sont stationnées les unités de combat, l’autre au niveau opérationnel. »

    37 Mohammed Samraoui, Chronique des années de sang. Algérie : comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes, Denoël, Paris, 2003, p. 31.

    38 Nicole Chevillard, Algérie : l’après-guerre civile, op. cit., p. 41.

    39 Mouloud Mammeri, Poèmes kabyles anciens, Maspero, Paris, 1980 (nouvelle édition : La Découverte, Paris, 2001).

    40 Arezki Aït-Larbi, Au nom du peuple, vous êtes accusé d’atteinte à l’autorité de l’État, qu’avez-vous à dire ?, Imedyazen, Paris, 1985, p. 97.

    41 Saïd Sadi, L’Heure de vérité, Flammarion, Paris, 1996, p. 117.

    42 Me Abdennour Ali Yahia, entretien avec les auteurs, février 2002.

    43 Mohammed Harbi, « Les ligues des droits de l’homme », in Reporters sans frontières (dir.), Le Drame algérien, La Découverte, Paris, 1995, p. 157 sq.

    44 En fait, tant Me Omar Menouer que Me Miloud Brahimi (de même que son frère, Lakhdar Brahimi) avaient été conviés aux premières consultations pour créer la première ligue algérienne. Mais le chef de la police, El-Hadi Khédiri, leur avait alors donné pour consigne de n’accepter de s’y joindre qu’à la condition d’en exclure Me Abdennour Ali Yahia, qui en deviendra finalement le président, mais sans eux.

    45 Voir Séverine Labat, Les Islamistes algériens. Entre les urnes et le maquis, Le Seuil, Paris, 1995, p. 68 sq.

    46 Libération, 17 mars 1991.

    47 Séverine Labat, Les Islamistes algériens, op. cit., p. 79 sq.

    48 Abed Charef, Algérie, le grand dérapage, L’Aube, La Tour d’Aigues, 1994, p. 27.

    49 Ahmed Merah, L’Affaire Bouyali. Comment un pouvoir totalitaire conduit à la révolte, Alger, 1998 ; L’Affaire Bouyali. Devant la cour de sûreté de l’État, Alger, 2000.

    50 Abed Charef, Algérie, le grand dérapage, op. cit., p. 28.

    51 Ahmed Merah, L’Affaire Bouyali. Comment un pouvoir totalitaire conduit à la révolte, op. cit., p. 68.

    52 El-Hadi Khediri, « Le syndrome de la capitale », in Sid Ahmed Semiane (dir.), Octobre, ils parlent, Le Matin, Alger, 1998, p. 104.

    53 Ahmed Merah, L’Affaire Bouyali. Comment un pouvoir totalitaire conduit à la révolte, op. cit., p. 113.

    54 Dans les années qui suivront l’invasion soviétique de l’Afghanistan, en 1979, des centaines de jeunes Algériens s’y rendront pour tenter de combattre auprès des maquis islamistes — nous aurons l’occasion d’y revenir (voir infra, chapitre 10, p. xxx). Le 5 novembre 2001, dans une interview au quotidien algérien El-Youm, Mahfoud Nahnah reconnaîtra y avoir engagé trente groupes composés de cinq à dix hommes chacun, précisant qu’il n’était pas seul sur ce terrain.

    55 Ahmed Merah, L’Affaire Bouyali. Devant la cour de sûreté de l’État, op. cit., p. 68.

    56 Abed Charef, Algérie, le grand dérapage, op. cit., p. 31.

    57 Ahmed Merah, L’Affaire Bouyali. Devant la cour de sûreté de l’État, op. cit., p. 83.

    58 El-Hadi Khediri, « Le syndrome de la capitale », loc. cit.

    59 Abed Charef, Algérie, le grand dérapage, op. cit., p. 33.

     

    Notes du chapitre 30

    1 Malgré les réticences de certains d’entre eux ; ainsi Khaled Nezzar, qui n’est sans doute pas le plus malin des généraux éradicateurs, traitera-t-il Bouteflika de « vieux canasson » avant les élections.

    2 Florence Aubenas, José Garçon, Renaud Lecadre, Cédric Mathiot, « La face cachée de l’empire Khalifa », Libération, 30 octobre 2002.

    3 Référence à l’ancien chef d’État Slobodan Milosevic, extradé de l’ex-Yougoslavie vers la Cour internationale de justice de La Haye en juin 2001.

    4 « Algérie : les révélations d’un déserteur de la SM », Nord-Sud Export, loc. cit.

    5 Entretien de l’un des auteurs avec une responsable associative de la région de Larbaâ, 9 septembre 1998.

    6 Cité par Youcef Zirem, Algérie, la guerre des ombres, GRIP, Bruxelles, 2002, p. 34.

    7 Interview d’Abdelkader Tigha pour le documentaire Services secrets : révélations sur un « vrai-faux » enlèvement, op. cit.

    8 Cité par Youcef Zirem, Algérie, la guerre des ombres, op. cit., pp. 34-36.

    9 Interview de Hacine Ouguenoune pour le documentaire Attentats de Paris : enquête sur les commanditaires, op. cit.

    10 Interview d’Abdelaziz Bouteflika par Jean-Pierre Elkabbach, Europe 1, 7 novembre 1999.

    11 Voir Y. B. et Samy Mouhoubi, « Algérie : un colonel dissident accuse », loc. cit.

    12 Voir MAOL, « L’affaire des mercenaires », op. cit.

    13 « Ali Baâli : “Les contrats avec l’Algérie pèsent bien plus que le MAOL” », Algeria-Interface, 4 avril 2002 ; Redouane Noussaïr, « Le MAOL sous la loupe du FBI. Le colonel Baâli arrêté aux États-Unis, Le Jeune Indépendant, 29 janvier 2003 ; Djamel Zerrouk, « Le colonel Ali Baâli libéré par le FBI », Le Jeune Indépendant, 3 février 2003.

    14 Michel Despratx, Jean-Baptiste Rivoire, Lounis Aggoun, Marina Ladous, Algérie, la grande manipulation, op. cit.

    15 Nesroulah Yous (avec la collaboration de Salima Mellah), Qui a tué à Bentalha ?, Qui a tué à Bentalha ? Algérie, chronique d’un massacre annoncé, La Découverte, Paris, 2000.

    16 Habib Souaïdia, La Sale Guerre, La Découverte, Paris, 2001.

    17 Interview d’Abdelkader Tigha pour le documentaire Services secrets : révélations sur un « vrai-faux » enlèvement, op. cit.

    18 Liberté, El-Watan, 19 février 2001.

     

  • Affaire Sonatrach

     

    La compagnie ne s’est pas constituée partie civile

    El Watan, 2 février 2010

    Aucune partie ne s’est constituée auprès du tribunal de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger, pour défendre les intérêts de Sonatrach dans le scandale qui a éclaboussé ses cadres dirigeants, il y a plus de deux semaines, a-t-on appris de source judiciaire.

    Selon cette dernière, le dossier n’a connu aucun rebondissement. Plus de deux semaines après l’inculpation du PDG de Sonatrach et de trois de ses vice-présidents, aucune procédure de constitution de partie civile n’a été introduite auprès du tribunal de Sidi M’hamed pour défendre les intérêts de la compagnie pétrolière. Légalement, celle-ci a, certes, suffisamment de temps, même jusqu’à la veille du procès, pour constituer des avocats et aller plaider sa cause. Néanmoins, la rapidité avec laquelle le ministre de l’Energie, Chakib Khelil, a annoncé la prise en charge par son département de la défense des cadres dirigeants poursuivis, laisse sous-entendre qu’à ce jour, il ne croit pas à la gravité des faits reprochés aux mis en cause, même si jusqu’à maintenant, ils bénéficient tous de la présomption d’innocence.

    Le ministre avait expliqué sa décision en se référant à la convention collective. Or, celle-ci garantit effectivement la protection juridique des travailleurs de Sonatrach, mais uniquement, selon l’article 5, lorsque ces derniers font l’objet « de diffamation, d’outrage, d’injure, de menaces, de brimade, de voie de fait, de pression ou de tentative visant à les influencer ou les inféoder ». Et uniquement dans ces cas-là, la compagnie doit procéder ou faire procéder à la réparation des préjudices matériels et moraux. Ce qui n’est pas le cas pour l’affaire actuellement en instruction. Chakib Khelil, qui avait surpris l’opinion publique avec son « je ne savais pas », a encore plus surpris en annulant la constitution d’un collectif d’avocats pour les prévenus quelques jours seulement après qu’il l’ait annoncée. Ne savait-il pas que Sonatrach ne pouvait rester en dehors d’un dossier judiciaire qui concerne sa gestion et qu’à un moment ou un autre, elle serait obligée de se constituer partie civile auprès du tribunal et de défendre ses intérêts ? Ne croit-il pas que le dossier qui est entre les mains du juge d’instruction est très lourd et risque d’éclabousser d’autres cadres de la compagnie ? Encore une fois, le ministre fait preuve d’une ignorance totale de la convention collective qui lie les travailleurs à Sonatrach. Parce que celle-ci, faut-il le préciser, indique également dans son article 12 qu’il est interdit « d’avoir des intérêts directs ou indirects dans une entreprise ou société concurrente, cliente ou sous-traitante, sauf accord de l’entreprise ». Peut-on croire que le ministre ne savait pas que le PDG de Sonatrach a violé cette disposition en accordant plusieurs marchés de gré à gré, qui dépassent les centaines de millions d’euros, à une entreprise algéro-allemande dans laquelle son fils est actionnaire ?

    Autant de questions auxquelles la justice tentera d’apporter des réponses, évidemment s’il y a vraiment une volonté de découvrir la vérité. Selon des sources judiciaires, le dossier est actuellement au même stade, et ce, depuis l’incarcération de sept prévenus et la mise sous contrôle judiciaire de sept autres, il y a près de 20 jours. Il faudra attendre l’examen de tous les pourvois introduits par la défense et le parquet auprès de la chambre d’accusation près la cour d’Alger pour contester les premières décisions du magistrat instructeur. Ce dernier ne peut prendre aucun acte tant que la chambre d’accusation n’a pas statué. A ce titre, notre source a indiqué que « le juge n’a ni convoqué les prévenus pour des auditions dans le fonds et encore moins lancé des mandats d’arrêt contre qui que ce soit. L’instruction ne fait que commencer et ne concerne que le dossier lié aux équipements de télésurveillance, c’est-à-dire les marchés de gré à gré décrochés par la société algéro-allemande. Il faudra attendre après mercredi, dernier délai imparti à la chambre d’accusation pour rendre ses décisions. L’instruction reprendra la semaine prochaine ».

    Par Salima Tlemçani

  • Les droits de l’Homme sous interdiction !

    Ligue algérienne de défense des droits de l'homme

    Communiqué

    Les droits de l’Homme sous interdiction !

     

    La LADDH apprend avec consternation la décision des services de la Wilaya d’Alger d’interdire la tenue du séminaire de formation pour les journalistes qui devait se tenir à Zeralda le 26,27 et 28 mai. La décision de la DRAG de la Wilaya d’Alger datée du 25 mai 2009 signifiant le refus d’autorisation n’est pas motivée.

     

    La LADDH dénonce avec la plus grande énergie cette interdiction qui porte le signe de l’arbitraire et de l’autoritarisme. Elle constitue une atteinte manifeste aux libertés de réunion et d’association consacrées dans la Constitution algérienne et garanties par le Pacte international des droits civils et politiques.

     

    La LADDH considère que cette interdiction vise aussi à empêcher des jeunes journalistes à bénéficier d’une formation de base en matière des droits de l’Homme qui permettra de couvrir d’avantage les violations des droits de l’Homme, et de mieux se protéger en le faisant.

     

    Pour rappel, le séminaire de formation sur le rôle du journaliste dans la protection des droits de l’Homme devait regrouper 25 jeunes journalistes venus d’Alger, Annaba, Tlemcen, Oran, Djelfa, Tizi Ouzou et Bejaia, et représentants plusieurs quotidiens nationaux, avec la participation de deux formateurs Maghrébin en l’occurrence Maître Sayouri Jamila de l’association marocaine ADALA, et Maître Hammami Ayachi de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme.

     

    Alger le 25 mai 2009

    Le président

    Maître Bouchachi Mostefa

    LADDH:
    5 Rue Pierre Viala (Frères Alleg)
    hauteur 101 Didouche Mourad-Alger
    tel/fax: 00213 21 23 80 86
    mail: la_laddh@hotmail.fr
    site: www.la-laddh.org

  • La répression multiforme que subit le SNAPAP continue de plus belle

    La répression multiforme que subit le SNAPAP continue de plus belle

    Ce jour, mardi 13/02/2007 nous avons surpris des jeunes etudiants n'ayant aucune relation avec notre syndicat occupant notre deuxieme siege national (le premier ayant été spolié par un groupe d'individus appuyés par les autorités) situé à Bab Ezzouar (Alger) aprés son effraction.

    Nous avons pris attache avec le commissariat de police de Bab Ezzouar , la police nous a informés que ces jeunes ont défoncé les portes et changé les serrures en présence d'un huissier de justice, ceci sur ordre du procureur de la Cour d'El Harrach qui leur delivré un mandat.

    Nous n'avons pas été informés de ce mandat de procureur alors que notre syndicat est propriétaire de ce local.

    Il s'agit d'une action purement arbitraire. Les cadres syndicaux du SNAPAP vont observer un sit-in devant le siège national le 28 Février 2007 pour dénoncer cette action inacceptable.

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  • Un ancien officier algérien tabassé dans le métro

    Un ancien officier algérien tabassé dans le métro

    Réfugié à Paris, auteur de «la Sale Guerre», Habib Souadia pourrait avoir été victime d'une vengeance d'Alger.

    Par José GARÇON, Libération, 24 janvier 2007

    L'affaire pourrait n'être qu'une altercation qui tourne mal si la victime n'était pas un ex-militaire algérien, aujourd'hui réfugié politique en France. Auteur en 2001 de la Sale Guerre, un livre à succès qui dénonce les exactions de l'armée algérienne au cours des affrontements de la décennie 1990 en Algérie, Habib Souadia est, ce 11 janvier vers 20 heures, dans le métro avec sa femme, ligne 7, direction Mairie-d'Ivry. Faute de place, elle seule s'assied. «Mais on se parlait et c'était clair qu'on était ensemble», raconte Souadia. A la station Place-d'Italie, un homme prend soudain la jeune femme par les cheveux et l'insulte de manière très ordurière, avant de descendre du wagon. Habib le rattrape sur le quai sans voir qu'un autre homme est aussi descendu.

    Rage. Alors que Souadia l'interpelle, une pluie de coups de poing le met à terre sur ce quai quasi désert. «Ils avaient une rage incroyable. Pendant que l'un me tenait, l'autre m'a donné un coup de genou en pleine figure avant de s'acharner à coups de pied sur mes jambes», raconte Habib. Les agresseurs ­ deux jeunes algériens ­ s'enfuient en courant vers la sortie. «Fracture du nez, gros oedème de la jambe», constate l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

    Hasard ? Peut-être, mais le 11 janvier n'est pas une date anodine outre-Méditerranée. C'est le jour où, en 1992, les généraux algériens ont annulé les élections remportées par les islamistes du FIS après avoir «démissionné» le président Chadli. Le jour où l'engrenage de la violence s'est enclenché dans le pays. Or à Paris, ce matin du 11, Souadia a trouvé les vitres de sa voiture brisées. «Comme pour m'obliger à prendre le métro.»

    Ex-membre d'une unité d'élite chargée de la lutte anti-islamiste, Habib Souadia a payé le prix fort ­ condamné à mort par contumace en 2006 en Algérie ­ pour avoir été le premier militaire à témoigner à visage découvert contre les généraux, y compris dans un procès à Paris en 2002 ( Libération du 1 au 6 juillet 2002). «Depuis, il est la bête noire du régime car il reste l'un des rares opposants à refuser de baisser les bras», estime son éditeur François Gèze.

    Plainte. En 2005, Souadia est en contact avec Brahim Merazka, un des officiers à avoir déserté l'Algérie de la sale guerre. Installé à Orléans, ce capitaine, qui a enquêté sur des massacres les 12 et 21 mars 2001 dans la région de Tipaza, meurt le 9 août 2004 dans cette ville. Ecrasé à un feu rouge.


    A la même période, l'appartement de Souadia est «visité». Quelques dossiers disparaissent, dont un sur ces tueries. Le commissariat, arguant de l'absence d'effraction, refuse d'enregistrer la plainte de Souadia. Une lettre adressée au ministre de l'Intérieur essuie une réponse analogue.

    Le 23 décembre, deux semaines avant l'agression du métro, le site Algeria-Watch publie un article sur les viols de femmes pendant la sale guerre. «Systématiquement attribuée aux "terroristes", cette violence a aussi été le fait des militaires», affirme l'auteur. Il s'appelle Habib Souadia.

  • Elle est menée par l’IGF et les services de sécurité Enquête sur les privatisations des entreprises publiques

    El Watan, 1er février 2010 Dans le prolongement des enquêtes ouvertes sur la gestion de Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, et les conditions d’octroi du gigantesque marché de l’autoroute Est-Ouest, des sources crédibles affirment que le gouvernement a dernièrement ordonné à l’IGF et aux services de sécurité de passer au peigne fin tous les dossiers liés aux opérations de privatisation des entreprises publiques économiques. Le but : vérifier que le processus n’a pas été entaché d’irrégularités. Pour ne pas faire les choses à moitié, les autorités auraient demandé aux services chargés de l’enquête de s’intéresser à toutes les opérations de privatisation conclues depuis 1993 à nos jours. La décision des pouvoirs publics de vérifier la légalité des opérations de cession des entreprises publiques conduites depuis le début des années 1990 vient en réalité satisfaire une demande régulièrement formulée par les syndicats. Ces derniers n’arrêtent pas de dénoncer, en effet, le non-respect par de nombreux repreneurs algériens ou étrangers de leurs cahiers des charges. A tire d’illustration, les 270 travailleurs que compte la filiale du groupe Metanof de M’sila sont montés une nouvelle fois au créneau, au mois de décembre 2009, pour dénoncer la privatisation, il y a quatre ans, de leur société. Le non-respect par le repreneur de ses engagements a été alors avancé comme la raison essentielle du courroux des travailleurs. Les exemples de privatisation contestés sont légion. Est-il nécessaire aussi de revenir sur le conflit qui a opposé pendant de longs mois les travailleurs de PMA (société de production de machines agricoles) avec leur ancienne direction au sujet justement de la privatisation de la société. L’objet du litige avait trait au fait que la direction voulait « céder » la société à un Européen, alors que la loi avait donné la possibilité aux travailleurs de l’acquérir. A signaler, en outre, que les syndicalistes se plaignent souvent du fait aussi que de nombreux investisseurs aient décidé, après l’acquisition d’entreprises publiques pour lesquelles ils ont soumissionné, de changer d’activité, alors que la loi ne les autorise aucunement. Des investisseurs qui ont, très souvent, racheté ces entreprises avec l’argent du contribuable. Interrogé hier, pour donner son opinion concernant l’initiative prise par le gouvernement, le patron d’un bureau de consulting étranger, qui a tenu à garder l’anonymat, a précisé que celle-ci n’est « intéressante que si et seulement elle répond à une volonté d’apporter la transparence qui jusque-là fait grandement défaut au processus de privatisation des entreprises publiques ». Notre interlocuteur rappelle, à ce propos, que le ministère chargé de ce dossier n’a toujours pas tenu sa promesse de publier les noms des véritables bénéficiaires des privatisations. Le fait, dit-il, que de nombreuses cessions se sont déroulées dans une totale opacité a amené les observateurs locaux et étrangers à douter, dans une très large mesure, de la crédibilité et de la régularité du processus engagé. L’autre élément qui aurait décidé les pouvoirs publics à déterrer le dossier des privatisations s’explique par le fait aussi que dans beaucoup de cas, il a été établi que des entreprises publiques, bien que possédant des actifs pour le moins important, ont été cédées pour une bouchée de pain. Ce qui, précise-t-on, va à contresens des intérêts du pays. Nos sources citent à titre d’exemple le cas d’un homme d’affaires libanais qui a pu racheter un hôtel situé sur la côte ouest d’Alger et deux grandes entreprises publiques avec la modique somme de 3 milliards de dinars. Dans le même ordre d’idées, l’on indique que les pouvoirs publics veulent veiller, à l’avenir, à ce que des épisodes analogues à celui qui a vu, le 10 décembre 2007, Orascom céder pour dix milliards de dollars la cimenterie que l’Etat venait de lui vendre pour beaucoup moins ne se reproduise pas. En s’emparant de l’égyptien Orascom-Ciment, Lafarge s’était, rappelle-t-on, offert une entrée, par la grande porte, sur le marché algérien. Par Zine Cherf

  • AVIS DU PEUPLE- LECTEURS EL WATEN SUR MEDECINS BASTONNE'S PAR LE POUVOIR

    Le 4.02.2010 à 10h04
    Les médecins bastonnés850095760.jpgimages.jpg

    le peuple n’est pas une masse anonyme et inconsciente à qui une élite pourait dicter sa conduite et imposer "sa loi". chaque fois que les hommes se reclamant de la " révolution" ont voulu contraindre et bousculer les masses, ils ont causé des dommages considérables. on doit faire notre, cette pensée de montesquieu : " pour faire de grandes choses, il ne faut pas etre un si grand génie, il ne faut pas etre au dessus des hommes, il faut etre avec eux ". le monolithisme et le conformisme de pensée, l’uniformisation dans le carcan de quelques schema figés ou morts enferme la nation dans un " concept depassé". la nation au contraire est une réalité encore jeune, riche en potentialités pour une part encore etouffées sous la domination de cette oligarchie dirigeante. aujourd’hui, la cause juste par excellence, c’est la solidarité agisssante pour que l’algérie reprenne la tete haute, sa place dans la marche au progrés et qui doit etre presente dans tous les domaines de la creation humaine. le patriotisme intransigeant qui nous anime choisira le chemin du progres, du bonheur et de la grandeur du pays. faute de debats, les dirigeants sont enclins à ceder aux sentiments d’euphorie, d’arrogance, voir a l’exaltation (idée qu’il serait possible dans notre pays de diriger toute l’economie a partir d’un centre unique) qui entretiennent la surestimation de leur action et la sous-estimation des risques majeures notamment du coté de ceux qui se considerent "écrasées" ou "bafoués".les signes d’éssoufflement de cette politique apparaissent avec évidence, au risque d’assister a une veritable implosion, il convient de presider une nouvelle facon de faire de la politique ou les principes et les pratiques democratiques se revelent compatibles avec les tendances lourdes des sociétés developpées pour que, dans le long terme, ait pu se reveler viable ce type de regime politique et apprecier dans quelle mesure la democratie reste l’avenir de la societe de demain. la violence n’est pas un signe fort pour ce regime, un symptome de santé pour ce systeme (...). le travailleur a le droit de protester et avec raison contre l’exploitation dont il est victime,la contestation, c’est bien et c’est necesssaire, c’est un droit mais qu’est ce qu’un droit lorsqu’on ne dispose pas des moyens de l’exercer librement. une autre politique creera les conditions ou chacun, dans un esprit republicain. aura les moyens de faire usages de ces libertés. qu’ils s’agissent des libertés d’expression, de reunion, de manifestation, des libertés d’organisation syndicale et politique pour les incorporer a la democratie de demain, et ce faisant, les renforcer, les elargir, les etendre aux divers domaines de la vie economique et sociale car la liberté ce n’est seulement pas la possibilité de "protester", c’est la possibilité pour l’homme de se realiser pleinement, avec la societe actuelle nous sommes loin du compte. ce pouvoir couvre cette politique conservatrice, dangereuse (...). fraternellement lhadi

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    Le 4.02.2010 à 09h48
    Les médecins bastonnés

    On y passera tous un par un .

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    Le 4.02.2010 à 09h47
    Les médecins bastonnés

    l’objectif de ce pouvoir est que cequi reste comme médecin algérien parte à l’étranger. Ainsi, boutef, ouyahya et surtout belkhadem auront netoyé ce pays de tous ses intellectuels pour les remplacer par les douctours égyptiens et les douhate wahabite d’arabie saoudite. Leur projet de société est ficelé et sa mise en œuvre a démarré depuis la démission du général AMARI.

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    Le 4.02.2010 à 09h46
    Les médecins bastonnés

    Pour sortir le vieux loup de Ouajda de son antre et le renvoyer chez lui, il faut que toutes les grèves et manifestations se déroulent en permanence sur la place du Golfe avec tout l’attirail nécessaire au bon gréviste, à savoir pancartes, hauts parleurs, tambours etc...

    C’est la seule manière de l’extraire du koursi-lit dans lequel sa fratrie, qui fait la pluie et le beau temps, l’a vissé en 1999.

    Ni lui ni les forces anti-émeutes, qui ne savent plus où donner de la tête tant les protestas deviennnent nombreuses et régulières.

    Nous n’acceptons plus d’être méprisés par une bande de voyous venus de l’étranger piller le pays, à l’ombre de l’ANP qu’ils ont asservie en corrompant certains de ses chefs.

    Vive l’Algérie !

    A bas les corrompus !

    A bas les traîtres !

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    Le 4.02.2010 à 09h42
    Les médecins bastonnés

    C"est cela le vrai visage de ce pouvoir. Aucune contestation. Ils font ce qu’ils veulent. C’est une dictature corrompue, ils sortiront par la petite porte de l’histoire ! Si on était dans un pays où c’est le mérite qui l’emporte, pensez vous un seul instant que ce Barkat aurait pu devenir ministre ! Alors quand on est incompétent qu’est ce qu’on peut faire, on envoie les flics ! C’est la seule réponse qu’ils connaissent. Personne ne bouge ! cela prouve que ce pouvoir est vraiment fragile. Car quand on est fort on a pas peur de débattre et de faire que ses idées passent.

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    Le 4.02.2010 à 09h42
    Les médecins bastonnés

    Incapacité de gérer un pays, le clan de Boutef est ses amis se distinguent en massacrant les médecins. C’est plus facile de bousculer un docteur en médecine que d’arrêter les docteurs en terrorisme, qui eux recevoint des primes et des rentes pour rentrer... à la maison afin de s’allier avec le pouvoir contre la société civile et terroriser les citoyens medecins et travailleurs. AFFLIGEANT ! Monsieur le Président. Et nous qui avons voter pour vous pour moderniser le pays. Depuis que vous êtes la la situation est catastrophique pour les algériens. L’histoire vous inscrira comme le plus mauvais président algérien depuis l’indépendance.

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    Le 4.02.2010 à 09h33
    Les médecins bastonnés

    en lisant cet article j’ai eu les larmes aux yeux .je n’ai pas accepte qu’un MEDECIN soit malmene par un agent qui n’a aucun niveau c’est ecoeurant

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    Le 4.02.2010 à 08h48
    Les médecins bastonnés

    Croyez-moi,en lisant l’article je n’ai pu me contenir.La pression doit se manitenir.Le régime fidéle à ses pratiques d’un autre age est traqué :l’embrasement du front social,gréves touchant plusieurs secteurs ,scandales de corruption .Cette caste au pouvoir n’a cure des doléances des algeriens(ils se soignent à l’etranger,leurs progénitures font leur etudes l’etranger,ils possédent la double nationalité...)parce qu’ils n’ont rien d’algérien. Ils pillent ,détournent ,dilapident les richesses du pays avec la bénédiction de "fakhamatouhou" et le silence des deux chambres(vendus). L’heure de ce systéme est proche,il agonise.

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    Le 4.02.2010 à 08h47
    Les médecins bastonnés

    pauvre Algerie ,nos soigneurs sont devenus des bourreaux à l’oeil de se regime qui ne cesse pas de matraquer la population y compris ces cadres ,pourquoi ne pas faire cela aux voleurs des deniers public ,qui ont vidé les poches de cette pauvre patrie ?

    répondre



    Le 4.02.2010 à 08h42
    Les médecins bastonnés

    Bonjour à Toutes et Tous, faut pas oublier que notre pays, l’Algérie VIT TOUJOURS et encore pour LONGTEMPS sous état d’urgence .Il n’est pas étonnant donc que des tentatives récurrentes de revendication sociales soient ÉTOUFFÉES comme un POUSSIN dans L’ŒUF. Que dire des MANIFS dites POLITIQUES surtout pas en parler , sujet TABOU. Que dire de ce et ces ministres (qui n’ont de ministre que le nom)qui forts de leurs cooptation et protection (opposé d’élection et exposition au suffrage populaire)disent URBI ET ORBI qu’ils n’ont que faire de ce que raconte la presse au peuple, considérant l’une et l’autre comme charge vénale...

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    Le 4.02.2010 à 08h21
    Les médecins bastonnés

    On en arrive à tabasser des medecins ! Mais quelle honte ! Ce pays n’a donc plus aucun espoir de se relever ?

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    Le 4.02.2010 à 08h04
    Les médecins bastonnés

    ces gents iresponssable du pouvoir mafieux doivent disparaitre car tout ce malaise causer par l incompetence du ministre tutel ,400 euros pour un medecin qui bosse de 7 h00 jusqu a minui je trouve ca flagrant ,alors le peuple algerien est deriere vous car avant tout vous battez pour un systeme de santé et que chacun de nous aura besoin un jour il faut qu il soit efficace et bien representer ce pouvoir deffaillant ne pense a rien qu au milliards .

    répondre



    Le 4.02.2010 à 07h18
    Les médecins bastonnés

    ON BASTONNE , ON MEPRISE, ON RELEGUE.......................NOS ENFANTS, ET OUI NOS ENFANTS CAR CES CADRES SONT NOTRE CHAIR QUE L’ON BAT, QUEL’ON MALTRAITE.NOUS RENDRONS TOUS DES COMPTES POUR NOS ACTES SUR TERRE , ET QUEL TERRIBLE JUGEMENT EST RENDU AUPRES DE NOTRE CREATEUR.CES MEDECINS ONT AUSSI DES DROITS SUR L’ALGERIE , IL FAUT LEUR DONNE LEUR DU.

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    Le 4.02.2010 à 07h15
    Les médecins bastonnés

    et voila la derniere les medecins algeriens , maltraité voila ce qu’il merite et ce peuole qui dort les yeux ouvert ? maintenant a qui le tour ? l’algerie de la corruption et encouragé par le systeme qui nous couverne ? j’ai plein de choses a vous dire de ce qui se passe chez nous , et vous parler des egyptciens nous somme pire merci c’est mon point de vue

    répondre



    Le 4.02.2010 à 06h58
    Les médecins bastonnés

    voila le vrai visage de l’algérie ou un joueur de football a plus d’importance qu’un médecin. dites moi s’il vous plait qui est le plus utile à sa nation celui qui sauve des vies ou celui qui amasse des milliards à son propre compte. pauvre algérie tu cours vers le néant.

    répondre



    Le 4.02.2010 à 05h34
    Les médecins bastonnés

    C’est une honte , une malediction est tombe sur l’Algerie depuis son independance et elle ne partira pas si le peuple ne fera rien. Il n’ y a que chez nous ou l’on bastonne une profession noble , il faut dire aussi , que ce qui font semblnt de gouverner se soignent a l’etranger C’est une honte de gouverner avec la matraque .

    répondre



    Le 4.02.2010 à 04h55
    Les médecins bastonnés

    c’est une honte,, rien n’a changé en algérie finalement..un président à vie et une misere indéfinie. dalila

    répondre



    Le 4.02.2010 à 04h12
    Les médecins bastonnés

    Bonjour,

    Avant tout, je tiens à témoigner du respect profond que j’éprouve envers les médecins et spécialement algériens. C’est la crème de la société. C’est le métier le plus noble de toute la terre.

    Je leur dirai de ne pas se taire et de réclamer leurs droits et le premier c’est leur fiche de paie. Il faut multiplier leurs salaires par 3 au minimum. Je n’arrive pas à concevoir qu’un médecin gagne moins de 120 000 DA net par mois. Alors là à imaginer des médecins au chômage ! ellah yehdi ma khlaq !!!

    Pour pousser nos chers médecins à ne pas baisser les bras, je leur dirai qu’ici au Québec, un jeune médecin qui vient juste de terminer ses études gagnent 10 000$ brut soit 750 000DA brut par mois. Je parle des médecins généralistes. Le salaire moyen des généralistes ici est de 180 000$/année donc 15 000$/mois soit 1 125 000 DA par mois (en Brut).

    Les spécialistes tournent autour de 220 000 ou 240 000$ par année (Je ne souviens plus du chiffre exact), soit 20 000$ mois ou 1 500 000 DA par mois (en brut toujours). Certes qu’on ne va pas payer les médecins algériens comme les médecins québecquois mais il faut que garder des proportions. Le coût de la vie ici est de 2 à 3 fois le coût de la vie en Algérie. Il faut donc que les salaires des médecins algériens soient entre 1/3 et 1/2 des salaires de leurs homologues du Québec. Donc un minimum de 250 000 DA brut. Je ne sais pas ce que ça donnera en net après avoir payé les côtisations sociales et les impôts ! Peut être 120 000 DA ou plus ! ça devra être le minimum pour un médecin.

    N’allez pas dire que le Québec est plus riche que l’Algérie car c’est faux. Il a 200 milliards de $ de degtte. Chaque québecquois est endetté de 25 000$. Nous chaque Algérien a presque 5000$ si on divise les réserves de change par habitant.

    Ce qui distingue ce peuple généreux c’est sa foi en l’échelle des valeurs ! Ils éprouvent un immense respect aux gens qui triment (Qui a trimé plus qu’un médecin ???)

    La majorité des médecins au Québec travaillent pour le gouvernement dans les hôpitaux et ils sont respectés à fond. Ils ont tous les moyens à leur disposition.

    Aucune profession ne gagne plus que les médecins sauf les grands patrons des grandes entreprises, peut être les ministres.

    A titre d’exemple, un Directeur gestionnaire(pas les grands patrons) dans une banque peut gangner de 100 000 à 120 000$ l’équivalent d’un médecin débutant.

    Alors SVP peuple algérien, si vous voulez que l’Algérie se redresse, il faut respecter l’échelle des valeurs. Les médecins doivent avoir les meilleurs salaires car ce sont les meilleurs élèves au lycée puis à l’université et puis leurs études sont tellement difficiles et longues qu’ils doivent avoir tous les honneurs en plus des responsabilités qu’ils ont de prodiguer des soins. Le jour où le médecin sera respecté, vous verrez comment les hôpitaux vont fonctionner à merveille. Ici à Québec le médecin a un poids tellement inimaginable chez nous !

    Avant de terminer, Je demande à mr le président de la république, car je pense que c’est la seule institution qui peut décider chez nous d’instruire son ministre et le responsable de la fonction publique de donner les meilleurs salaires aux médecins, aux enseignants universitaires, aux enseignants tout court. C’est le moment de redresser notre pauvre Algérie ! Donnez les meilleurs salaires aux gens instruits et les jeunes vont se redresser automatiquement lorsqu’ils sauront que pour gagner bien sa vie, il faut trimer dur et d’une pière on aura gagner deux coups !

    Si j’ai dit des bétises, staghfir lah.

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    répondre
    Les médecins bastonnés

    Tu n’as pas trouvé mieux pour comparer que le système québécois de la santé, qui laisse les gens mourir sur les listes d’attente. L’ordre des médecins est une vraie mafia au Québec, et il tient les citoyens et le gouvernement québécois par les c.... Le meilleur système de santé au monde c’est le système français.




    Le 4.02.2010 à 03h43
    Les médecins bastonnés

    Ceci me rappelle la grève des enseignants à Alger où des grands professeurs de renommée mondiale ont été matraqués par des policiers et sur lesquels on a lâché les chiens. Les ordres ont été donnés par un certain Ouyahia. Mon mari était l’un de ces profs.Je suis de tout coeur avec vous, à mon avis il faut que tout les travailleurs et professionnels de l’Algérie entière s’arrêtent en même temps, on verra après ce que fera le pouvoir actuel. Honte à ces personnes du pouvoir qui ont le culot de repousser et matraquer ses intellectuels.Il n’osent pas discuter pour regler les conflits car la plupart sont des voleurs et sans aucun niveau, alors comment voulez-vous qu’ils vous rencontrent,ils sont incapables de vous tenir tête intellectuellement et il préfèrent utiliser la matraque par les policiers qui vont venir se faire soigner par vous dès qu’ils sentiront la nécessité. Honte à nous de les laisser nous mener et mener notre pays à la dérive. ils mérite qu’on leur fasse la même chose que Shaucheskou(excusez-moi je ne sais pas écrire le nom de ce dictateur.)

    répondre



    Le 4.02.2010 à 02h23
    Les médecins bastonnés

    Quelle honte !!!!!!!!!Les mots n’arrivent pas à sortir de ma gorge. La blouse blanche"symbole" devient la blouse de la misère dans ce foutu bled.

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    Le 4.02.2010 à 02h11
    Les médecins bastonnés

    cest scandaleux ce que le pouvoir algeriens a fait subir au medecins ,on sest que vous avez les moyens de regler leurs problemes alors faite vite la vie de tout lepeuple algeriens est entre leurs main mais vous on sest que lavion est toujours pret a senvoler vers les medecin etranger en cas de besoin alors ayez pitie de se meirveilleux peuple qui aime lalgerie 123 viva lalgerie si ca deborde c votre responsabilite

    répondre



    Le 4.02.2010 à 01h51
    Les médecins bastonnés

    j’ai honte de ce gouvernement de bandits qui bastonnent les enseignants et les medecins...

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    Le 4.02.2010 à 01h10
    Les médecins bastonnés

    on a pas le droit de frapper et de maltraiter les sauveurs de vie au contraire !ils méritent tout le Respect du monde, les Medecins c’est la base et la sécuritée d’un pays, c’est une grande honte et scandaleux ! pour l’état Algérien

    répondre



    Le 4.02.2010 à 00h38
    Les médecins bastonnés

    Où va-t-on si notre police bastonne nos médecins qui ne demandent que leurs droits.

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    generaux entrain de dormir en plein discour 'cest ca l'algerie,des praticiens tabasse's et spolier  de leur dignite' c'est ca l'algerie   koulchi festi - vive l'algerie libre indepedante de toute cette racailles du maire au president ga3 fi chakara wahda ou rmi el bhar yakoulhoum  kima kla harraga allah yarhamhoum



  • Débrayage des praticiens: Des interventions chirurgicales reportées

    Débrayage des praticiens: Des interventions chirurgicales reportées

    par M. Aziza, Le Quotidien d'Oran, 1er février 2010

    La grève des praticiens de la santé et des spécialistes, qui en est aux 6e et 4e semaines, n'a pas été sans conséquences sur la qualité du service au niveau des différentes structures de santé publique. Les patriciens de la santé en grève reconnaissent que les impacts de la grève se font ressentir de plus en plus.

    «Des interventions chirurgicales dites non urgentes et des actes spéciaux d'exploration ainsi que des consultations ont été reportés», nous dira le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyès Merabet. Et d'ajouter: «Il est vrai aussi que le calendrier vaccinal pour les bébés et les enfants est compromis, mais la solution est entre les mains du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière qui continue d'afficher son indifférence totale, que ce soit pour les praticiens grévistes ou pour les autre citoyens». Il souligne que le calendrier vaccinal a été déjà chamboulé avant la grève des praticiens de la santé en raison de l'indisponibilité des vaccins, pour dire que le système de santé publique souffrait déjà bien avant le débrayage d'un véritable déséquilibre. Lyès Merabet a précisé que les praticiens assurent tout de même le service minimum aux soins intensifs, aux cas urgents ainsi qu'au service lié à l'acte vaccinal contre la grippe A/H1N1.

    Les praticiens grévistes se disent conscients de la situation, mais ils précisent que la balle est dans le camp du ministère. Ils estiment que cette indifférence, voire « ce mépris » affiché à l'égard des praticiens de la santé et à leur mouvement de grève, qui a engendré un rétrécissement dans la prise en charge des malades, va à l'encontre des principales missions de la tutelle qui est sommée d'assurer les soins et une meilleure prise en charge des malades. Les blouses blanches affirment qu'ils attendent impatiemment la fin de cette crise. «Nous sommes des Algériens, des parents ayant des enfants et des personnes ayant des membres de la famille et des proches malades. On est tous soucieux de la santé de nos concitoyens, mais on doit lutter pour arracher notre droit afin de parvenir à assurer à nos concitoyens une meilleure prise en charge dans le secteur public », a souligné Merabet. Tout en insistant qu'« on est ouvert au dialogue », les praticiens disent qu'ils sont toujours en attente d'une réaction positive pour mettre fin au débrayage.

    En attendant cette réaction, les deux syndicats, le SNPSP et le SNPSSP, ont choisi de sortir dans la rue dès mercredi prochain pour une marche vers la Présidence. Lyès Merabet précise : « Nous avons eu deux propositions, soit supprimer carrément le service minimum, soit marcher dans la rue. Nous avons préféré la rue pour ne pas pénaliser davantage les citoyens », a-t-il indiqué. « Pourtant, on sait très bien qu'on va être tabassés ».

    Enfin, les grévistes s'engagent à rattraper les retards, une fois que la tutelle aura décidé de trouver un compromis qui arrange les praticiens de la santé et répondu à leurs revendications principales, à savoir la révision du statut et la valorisation du régime indemnitaire.

  • Comment le pouvoir politique a castré la loi

    Décriminalisation de la corruption

    Comment le pouvoir politique a castré la loi

    El Watan, 1er février 2010

    Dès son intronisation en 1999, Abdelaziz Bouteflika avait affiché sa position vis-à-vis du phénomène de la corruption en Algérie en déclarant, dans l’un de ses nombreux discours, que « dans ce pays, les gens volent en utilisant la loi ».

    Dix ans après, ses compatriotes ne savent plus comment interpréter cette périphrase. Car il est vrai que la volonté politique de venir à bout du fléau est incontestable et les scandales qui éclaboussent jour après jour de hauts responsables du pays sont de nature à confirmer l’idée. De Houari Boumediène à Liamine Zeroual en passant par Chadli Bendjedid, la loi réprimant la corruption a suivi une courbe de plus en plus sévère jusqu’en 2001, où le pouvoir politique a choisi de desserrer l’étau avant d’achever de démonter l’arsenal juridique en 2006. Enquête. En 1966, après la prise de pouvoir par Boumediène, de nouveaux textes de loi voient le jour et placent la barre très haut en matière de lutte contre la corruption. L’article 119 du code pénal punissait tout contrevenant coupable d’avoir détourné une somme égale ou inférieure à 1000 DA de 2 à 5 ans de prison. Un dinar de plus et vous risquiez la réclusion criminelle pour une durée qui pouvait aller jusqu’à 20 ans. Pour le profane, il faut savoir que tout acte contraire à la loi est classé par le législateur, selon sa gravité, comme crime, délit ou simple infraction et est puni en conséquence, tel qu’affirmé dans l’article 5 du code pénal. En 1969, l’article 119 est amendé pour réviser à la hausse le seuil de criminalisation, fixé désormais à 5000 DA. Une décision qui reflète l’évolution de la monnaie algérienne et non une quelconque indulgence du pouvoir en place et un recul vis-à-vis du devoir d’installer les garde-fous nécessaires contre la tentative de corruption. D’ailleurs, un autre amendement intervient en 1975 pour introduire la peine de mort dans les affaires touchant à la corruption. De quoi conclure que durant cette période, la volonté politique de protéger la richesse nationale des prédateurs ne manquait pas. Dans de nombreux discours, Houari Boumediène avait préparé la voie à une réforme complète de l’appareil répressif. S’adressant aux magistrats, au terme d’un séminaire tenu en février 1966, le président du Conseil de la Révolution avertissait : « Vous n’ignorez pas le fléau qui s’est abattu sur la plupart des pays nouvellement promus à l’indépendance et qui n’a pas épargné le nôtre. Des abus, des détournements sont commis au préjudice de l’Etat. Vous êtes quotidiennement saisis de telles affaires. Si nous ne mettons pas un terme à ces méfaits, les pires conséquences en découleraient. » Joignant l’acte à la parole, Houari Boumediène crée la Cour spéciale de répression des crimes économiques (ordonnance n°66-180 du 21 juin 1966) qui va apporter la célérité dans les procédures et la sévérité des peines prononcées. Pourtant, à l’époque, le phénomène n’était pas généralisé : la preuve, de 1966 à 1973, la Cour spéciale n’aura jugé que 40 affaires(*).

    Le successeur de Boumediène, Chadli Bendjedid, fera preuve de la même volonté de brider l’esprit de lucre. Du moins, dans son attitude vis-à-vis de la législation. Des amendements aux textes anticorruption interviendront cependant, en 1988, sur fond de réformes économiques, mais dans le même sens. Ainsi, l’article 119 sera revu, cette fois, pour réviser encore une fois à la hausse le seuil des sommes détournées qui criminalisent l’acte avec, en prime, l’introduction de la peine de perpétuité quand l’argent détourné dépasse 3 millions de dinars. L’histoire retiendra que Chadli fera sortir par la petite porte Bouteflika en le déférant devant la Cour des comptes pour une affaire de détournement de deniers publics. C’était en 1985 et l’actuel Président sera sacrifié par le régime.

    Après 1999, le chaos…

    L’arsenal juridique qui agissait en amont et en aval comme garde-fou et instrument de répression assez dissuasif contre la corruption connaîtra cependant des « réformes » assez troublantes avec l’accession de Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République. L’amendement du code pénal, en juin 2001, par Ahmed Ouyahia, alors ministre de la Justice sous le gouvernement Benflis, fut le premier acte. Le nouveau code, qualifié de liberticide par les militants des droits de l’homme, les partis démocrates et une large partie de la presse touchée directement par des articles répressifs, va alléger les peines prévues dans le cadre du crime économique. A commencer par la suppression de la peine de mort, une peine « exagérée », selon le qualificatif utilisé par Ahmed Ouyahia devant le Parlement, le 22 avril 2001. Cette première entorse se fera sentir dès l’éclatement de l’affaire Khalifa. L’affaire en question sera révélée en 2003, en pleine bataille électorale. Elle causera un préjudice financier avoisinant les deux milliards de dollars et fera chavirer un nombre important d’organismes et de sociétés du secteur public, dupés par l’arnaque du siècle. Le séisme Khalifa produira des répliques de magnitudes aussi fortes dans l’économie nationale. BCIA, BRC, CGA et, plus proches de nous, l’autoroute Est-Ouest, les thoniers turcs, Sonatrach…

    La liste est longue et non exhaustive. Début 2005, sous prétexte de ratification par l’Algérie de la convention internationale de lutte contre la corruption (avril 2004), A. Bouteflika charge Tayeb Belaïz, son nouveau ministre de la Justice, de préparer un projet de loi dans ce sens. Le projet de loi 01/06 relative à la prévention et la lutte contre la corruption, qui sera débattu et approuvé le 13 avril 2005 par le Conseil des ministres, est étoffé par les plus belles professions de foi faites dans l’esprit des conventions onusiennes. En vérité, ce sera un véritable cadeau empoisonné. En juin 2005, devant l’APN présidée par Amar Saïdani (celui-là même qui sera cité plus tard dans l’affaire d’un détournement de 300 milliards de centimes de la CGA), le projet passera comme une lettre à la poste. Le débat est focalisé par le FLN (54 intervenants) sur l’article 7 de la loi, préconisant l’annulation du mandat de député en cas de non-déclaration du patrimoine. Les députés obtiendront l’annulation de l’article 7 et oublieront de discuter le plus important, à savoir la déclassification de l’infraction de crime à délit contenue dans l’article 29. Cet article stipule en effet : « Est puni d’un emprisonnement de 2 ans à 10 ans tout agent public qui soustrait, détruit ou dissipe ou retient sciemment et indûment à son profit ou au profit d’une autre personne tout bien, tout fonds ou valeur publique ou privée, ou toute chose de valeur qui ont été remis soit en vertu soit en raison de ses fonctions. » L’opération « mains propres » déclenchée récemment, impliquant de hauts dignitaires, fera certainement tomber quelques têtes et quelles que soient les véritables motivations de la campagne, n’est-il pas déjà trop tard vu les menues sanctions qui attendent les coupables ?

    Une loi scélérate

    L’histoire retiendra qu’un seul député aura découvert le pot aux roses et soulevé le problème. Il s’agit de Messaoud Allouache, député FLN de Batna, qui, lors de la séance du 13 juin 2005, souligne, en plénière, que l’article 29 de la loi en débat annule les articles 119 et 119 bis du code pénal. Dans son commentaire, il affirme : « Au moment où on s’attendait à ce que cet article du projet de loi durcisse les sanctions à l’encontre des corrompus et de ceux qui détournent l’argent public, au contraire, l’article a remplacé le crime de corruption par le délit puni de 2 à 10 ans de prison, par conséquent on va mettre sur un même pied d’égalité celui qui détourne un milliard et celui qui détourne 100 millions de centimes, comme le receveur de la poste. » Six mois après (janvier 2006), le Sénat vote la loi sans surprise et sans la moindre objection. Les premiers « bénéficiaires » de cette « bonté divine » sont les accusés de l’affaire Khalifa, car grâce au principe de rétroactivité de la loi, c’est la plus douce qui est appliquée. Il fut un temps où ils auraient écopé de la perpétuité, voire exécutés pour leurs méfaits. Aujourd’hui, grâce à la « réforme » de la justice, même Moumen Khalifa n’a commis qu’un délit pour lequel il ne risque pas plus de 10 ans de prison, à moins d’une accumulation de peines.

    La montagne a accouché donc d’une souris, et la suite est connue : des milliers de milliards sont détournés et le phénomène a l’effet d’un tsunami, de l’aveu même du pouvoir, sans parler de la dégringolade humiliante et non moins alarmante dans le classement de Transparency International de la corruption au sein des Etats. Pendant ce temps, le Parlement n’a rien vu, n’a rien entendu et n’a rien dit. Combien de locataires du palais de Zighoud Youcef connaissent d’ailleurs la mission dont ils sont chargés et le contenu de l’article 100 de la Constitution : « Dans le cadre de ses attributions constitutionnelles, le Parlement doit rester fidèle au mandat du peuple et demeurer à l’écoute permanente de ses aspirations. » Sait-on au moins que le code pénal considère le fait de mettre le feu à des pailles est considéré comme un crime passible de la réclusion à temps de 10 à 20 ans (article 396) ? A la lumière du feuilleton de scandales, de malversations qui ébranlent l’outil économique national, de nombreux juristes estiment qu’il est urgent de revoir de fond en comble cette loi et durcir l’arsenal juridique contre la tentative et l’acte de corruption. En dépit de la loi 01/06 et la batterie de mesures décidées pour renforcer les actions de contrôle et de répression, la « décriminalisation » de la corruption a fini par neutraliser tout le dispositif et produit l’effet inverse à toutes les professions de foi.

    *Les Crimes économiques de Seddik Taouti. Editions OPU, nouvelle édition de 1979

    Par Nouri Nesrouche

  • صدامات عنيفة بين الأطباء وقوات مكافحة الشغب

     

    عت اشتباكات عنيفة بين الأطباء المتظاهرين وقوات مكافحة الشغب ظهيرة أمس عند المدخل الرئيسي لمستشفى مصطفى باشا وسط العاصمة، حيث انزلق التدافع القوي بين قوات مكافحة الشغب والأطباء إلى مواجهات بالأيدي وشد ومد من "مآزر الأطباء" التي تمزقت على ظهور المتظاهرين...

    • واضطرت قوات الأمن لطلب تعزيزات أمنية، ووسط التدافع القوي والشد والجذب مع قوات الأمن سقط خمسة أو ستة أطباء وطبيبات أرضا ورفسهم المتدافعون بالأقدام من بينهم طبيبة سقطت أرضا وحملها رجال الأمن إلى الرصيف لتأخذ نفسها، كما تسببت حالة التدافع بين الأطباء وقوات الأمن التي استمرت لأكثر من ساعة في حالات إغماء، وتطايرت "نظارات الأطباء" في كل مكان، وتمكن العدد الهائل من الأطباء من دفع الأطواق الأمنية المحاصرة للمستشفى وتجاوزوا عتبة المستشفى بحوالي مترين، إلا أن قوات مكافحة الشغب طاردتهم وألقت القبض عليهم فورا، وتم اقتياد الأطباء الذين حاولوا مقاومة رجال الأمن إلى محافظة الشرطة، ومن بينهم طبيبين وطبيبة، ورغم انزلاق الأمور بسبب حدوث اشتباكات عنيفة وصدامات بين الأطباء وقوات الأمن، إلا أن رجال مكافحة الشغب لم يستعملوا العصي لضرب الأطباء، بل رفعوها في أيديهم للتهديد بالضرب فقط.
    • وأمام فشل قوات الأمن في مواجهة العدد الكبير من المتظاهرين، تم إرسال تعزيزات طارئة لقوات مكافحة الشغب مدججة بالواقيات المضادة للصدمات لتمكينهم من التغلب على العدد الهائل من المتظاهرين الذين فاق الـ 3000 أو 4000 طبيب أو أكثر، وإثر تدخل نائب الأرسيدي محمد خندق ورئيس كتلة الصحة في البرلمان شواكي كانا حاضرين مع المتظاهرين رفقة رئيسي النقابة كل من يوسفي ومرابط لدى محافظة الشرطة تم إطلاق سراح الموقوفين دون تحرير محاضر لهم.
    • وتمكنت قوات الأمن من دفع الأطباء إلى الوراء وإعادتهم إلى داخل المستشفى بعد أن كادت تنفلت الأمور من أيديها لولا وصول التعزيزات... وأخيرا استسلم الأطباء لرجال الأمن وبدأوا في إنشاد النشيد الوطني ونشيد بلادي... بلادي أنت حبي ومرادي، كما هتفوا "الجيش الشعب معاك يا طبيب"،... رافعين "فزاعة كتلك التي تستعمل في الحقول"، صنعوها بواسطة مئز أبيض خاص بالأطباء، وعلقوا عليه قفازات طبية وسماعة وكمامة، وكتبوا في ظهر المئزر "احنا ماشي كلاب حنا زبدة البلاد"، كما رفعوا لوحات رسم فيها دماغ الطبيب على أنه هيكل عظمي يتآكل... واستعمل الأطباء لأول مرة مكبّر الصوت والصفارات والأعلام الجزائرية، ورفع بعض المتظاهرين "بطاقات حمراء" كتلك التي يستعملها الحكام في مباريات كرة القدم، لكنهم وجهوا بطاقاتهم لوزير الصحة والحكومة.. واستعملت قوات الأمن أكثر من 300 عنصر لقوات مكافحة الشغب ورجال الأمن بالزي المدني لمنع الأطباء من القيام بالمسيرة في الشارع.
    • الإشتباكات تحولت إلى "فرجة مجانية" للمواطنين بساحة أول ماي، بعضهم عبر عن سخطه على الأطباء المضربين وبعضهم بدا متحسرا على أوضاعهم، ومنهم الناقمين على الحكومة.
    • وقال الدكتور محمد يوسفي، رئيس النقابة للأخصائيين الممارسين في الصحة العمومية في تصريحات للصحافة أن الوزارة بعثت صباح أمس "فاكسا" للنقابة الوطنية للممارسين الأخصائيين للصحة العمومية تدعوهم فيه لحضور اجتماع تشاوري مع الوزارة حول نظام التعويضات، مضيفا أن دعوة الوزارة مرفوضة شكلا ومضمونا، لأنها ليست دعوة حوار بل "ذر للرماد" في العيون، حيث أنها لم تدعنا للحوار حول كل مطالبنا، بل للحوار حول نظام العلاوات والتعويضات في حين أنه تم تجاهل باقي المطالب تماما، وقال يوسفي أنه عندما يشن العمال إضربا لمدة شهرين سواء كانوا أطباء أو غيرهم يجب أن يتم عقد اجتماع صلح مع الوزارة بحضور الوظيف العمومي ومفتشية العمل والوزارة والنقابات المضربة من أجل وقف الإضراب، طبقا لما ينص عليه القانون، وهو ما لم تلتزم به الوزارة، مضيفا "دعوة الوزارة شكلية، وجهتها لنا بهدف إقامة الحجة علينا وليس بهدف التحاور معنا".greve_ph_aaleb_572148410.jpg

     

  • JUSTIFIE L'INJUSTIFIABLE PAS CREDIBLE DU TOUT



    Actualité (Jeudi 04 Février 2010)

    Affaires de corruption
    Ouyahia : “La responsabilité politique n’est pas établie”- tab tab depuis 40ans que  tahalbou fiha   sonatrach bezef  maragtouha  ou chaab meskine walou-dilem1.jpg
    Par : Djilali Benyoub
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    “Le sujet n’est pas nouveau, il est récurrent”, a-t-il dit en soulignant qu’il n’est pas dans la tradition de juger ou de commenter de telles affaires avant que ne se prononce la justice.

    “Nous devons vivre la lutte contre la corruption en toute sérénité”, a déclaré hier Ahmed Ouyahia dans une conférence de presse après le sommet de l’Alliance présidentielle. Tout le monde l’attendait sur cette question suite au scandale de la Sonatrach. Et Ouyahia, en tant que responsable du RND, mais aussi Premier ministre, s’est prononcé de manière à calmer les esprits en disant que les révélations n’ont pas surpris l’État. “Le sujet n’est pas nouveau, il est récurrent”, a-t-il dit en soulignant qu’il n’est pas dans la tradition de juger ou de commenter de telles affaires, avant que ne se prononce la justice. Même réponse à la question de la responsabilité politique des ministres dans ces scandales : “Tant que la justice ne s’est pas prononcée, il y a la présomption d’innocence. La responsabilité politique n’est pas établie,” dit-il en rappelant la campagne dite “mains propres” des années 1990. Donc, no comment. Il reconnaîtra toutefois que l’affaire Sonatrach a pris cette ampleur en raison des “milliards”, sans oublier, a-t-il précisé, les autres affaires qui ont lieu tout au long des douze mois de l’année. Il rappellera à ce sujet les chiffres du ministre de la Justice : “Plus de 4 000 affaires de corruption depuis 2006.” Que faire alors ? Ahmed Ouyahia, qui hérite du témoin de l’Alliance transmis par Soltani du MSP, évoquera d’abord l’instruction du président de la République relative à la lutte contre la corruption, avant d’annoncer la mise en place de l’observatoire de lutte contre la corruption avant la fin du mois de mars prochain. L’observatoire n’ayant logiquement qu’un rôle préventif, le dispositif sera renforcé par la mise en place d’une instance de lutte contre la corruption avec un pouvoir répressif parallèlement à l’amendement de la loi sur la corruption et l’installation de conseillers juridiques, des magistrats détachés, dans les ministères, la commission des marchés publics.
    Des conseillers qui accompagneront les opérations d’octroi des marchés publics. Il n’a pas manqué de légèrement égratigner la presse qu’il estime avoir jugé les accusés avant la justice. Sentence d’ailleurs mentionnée dans son discours d’ouverture du sommet où il a mis l’accent sur la montée des phénomènes de désordre, de la violence et de la corruption.
    Mais si Ouyahia a parlé en dernier, lors de l’ouverture, en mettant principalement en avant les faits de la conjoncture actuelle, notamment la corruption et la liste noire américaine, Soltani a choisi plutôt de mettre en évidence les échecs de l’Alliance, particulièrement lors du renouvellement de la moitié du Sénat. En effet, le MSP est sorti dernier de la classe en perdant son groupe parlementaire. Et contrairement à Belkhadem, qui a annoncé surprendre tout le monde, qui s’est contenté de féliciter le président sortant, Soltani, et souhaitant bonne chance à son successeur, Ahmed Ouyahia, lui a répondu lors de la conférence de presse en déclarant que tous les partis ont fait des alliances lors de ce scrutin et le renvoyant au texte fondateur de l’Alliance qui garantit une autonomie pour les trois partis qui la composent.
    D’autres questions ont été évoquées avec le secrétaire général du RND, notamment la crise avec l’Égypte, les relations avec la France, la liste noire américaine, le vaccin contre la grippe porcine…

  • La marche des médecins avortée

    Ils voulaient porter leurs revendications à la présidence de la République07A_290641483 (1).jpg
    La marche des médecins avortée
    04-02-2010

    Photo : Riad
    Par Nabila Belbachir

    Le spectacle était honteux et désolant, durant la matinée d’hier ! Ce n’est qu’après la libération des trois médecins, dont une femme,  que les praticiens et spécialistes ont décidé  d’abandonner  leur tentative de marcher vers le siège de la Présidence à El Mouradia, et de ne plus franchir le cordon de sécurité placé juste à l’entrée du CHU Mustapha pacha. Il était 12h30 lorsque les contestataires ont décidé  de mettre à exécution leur menace de sortir dans la rue. Ainsi, après avoir organisé un rassemblement et fait un tour dans l’enceinte  de l’hôpital, les grévistes ont pris la direction du portail central pour investir la rue où une armada d’agents de l’ordre les attendait juste à l’entrée.  Refoulés, repoussés, malmenés et bousculés, les contestataires ont pu, toutefois, franchir le cordon de sécurité et sortir dans la rue. Immédiatement, trois praticiens, dont une femme, sont arrêtés puis  relâchés. La colère est montée d’un cran. Les policiers ont malmené et bousculé le docteur Yousfi, président du Syndicat des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), initiateur de cette action de protestation, qui s’est évanoui avant d’être secouru par ses confrères et consœurs. Deux autres médecins ont été embarqués de force en direction du commissariat tout proche, avant que les agents de l’ordre ne changent d’avis après l’intervention de deux parlementaires. De vraies interactions entre les deux corps, médical et sécuritaire,  mais qui n’étaient pas empreintes de violence. C’est sur les coups de 9 h que des agents de la police antiémeute ont pris d’assaut la place du 1er Mai. Toutes les ruelles donnant accès à l’hôpital central étaient quadrillées par un dispositif de sécurité des plus importants. Cet arsenal, soigneusement préparé tôt dans la matinée était destiné à empêcher les protestataires de se rendre au siège de la Présidence pour faire entendre leur cri de détresse à des pouvoirs publics qui demeurent sourds à leurs revendications. «Nous ne sommes pas des terroristes ni des criminels, nous sommes des praticiens», «nous ne sommes pas des chiens, nous sommes des médecins et la crème de ce pays», criaient les praticiens et spécialistes.  Ils étaient plus de 300 «blouses blanches» à être venus de douze wilayas du centre du pays, entre autres de Blida, de Médéa, de Tizi Ouzou, de Boumerdès, de Bouira et de Béjaïa, pour participer à ce sit-in  et marcher jusqu’à la présidence de la République.  Après deux heures de protestation, la foule s’est dispersée dans
    le calme.  Les grévistes sont déterminés à ne pas baisser les bras et à arracher leurs droits. Dans ce contexte, M. Merabet, président du Syndicat des praticiens de santé publique (SNPSP) a fait savoir que «nous ne baisserons pas les bras, nous irons jusqu’au bout». D’ailleurs, un rassemblement aura lieu mercredi prochain devant le ministère de la Santé. Un point de presse sera organisé  samedi, par l’intersyndicale (SNPSP- SNPSSP), pour donner plus de détails sur les actions à venir.images.jpgimages (2).jpg

  • PROTESTATION DES PRATICIENS DE SANTÉ PUBLIQUE Leur marche vers la présidence empêchée


    Leur marche vers la présidence empêchée

    Actualités : PROTESTATION DES PRATICIENS DE SANTÉ PUBLIQUE
    Leur marche vers la présidence empêchée


    La marche décidée hier par les praticiens spécialistes et généralistes de santé publique a été empêchée. A l’appel de leurs deux syndicats, le SNPSSP et le SNPSP, ils devaient quitter l’hôpital Mustapha-Pacha pour marcher vers la Présidence. Mais les forces de l’ordre, fortement présentes, avaient déjà bouclé toutes les issues de l’hôpital.
    Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Les blouses blanches qui ont décidé d’investir la rue hier vers 12h30 en ont été empêchées par les forces de l’ordre, venues en force. Les praticiens de santé publique se sont d’abord rassemblés à l’intérieur de l’hôpital Mustapha-Pacha, à Alger, pendant plus d’une heure. Cartons rouges à la main, ils clamaient divers slogans : «Barkat dehors» ; «One, two, three, où va l’Algérie ?» ; «La santé publique en crise» ; «Monsieur le ministre, win rak ?» Les milliers de praticiens présents ont ensuite marché autour de l’hôpital avant de décider de sortir. Devant la porte d’entrée, les forces de l’ordre, présentes en force depuis 10h du matin, avaient bouclé la grande porte de l’hôpital. A leur arrivée, les praticiens, en blouse blanche, ont été repoussés par les forces de l’ordre à l’intérieur de l’hôpital, avant que celles-ci ne décident de fermer le portail pour ne plus laisser personne sortir. Les forces de l’ordre, matraque à la main, n’ont visiblement pas fait peur aux praticiens, qui se sont battus pour essayer d’atteindre la sortie. Les forces de sécurité, qui pensaient avoir maîtrisé les praticiens en colère, se sont vite rendu compte que la détermination des praticiens était plus forte qu’ils ne le pensaient. Un groupe a finalement réussi à sortir de l’hôpital, dont le président du SNPSSP. Ce dernier, qui a tenu tête aux forces de l’ordre, a été finalement vite maîtrisé. Mis à terre, le docteur Youcefi, rejoint par quelques-uns de ses collègues ainsi que par le vice-président de l’APN et le président de la commission santé de l’Assemblée, qui avaient réussi à sortir pour lui porter aide, ont été contraints de réintégrer l’enceinte de l’hôpital. «Cela fait deux mois que nous sommes en grève et personne ne nous entend. Et aujourd’hui, vous voulez nous empêcher de sortir dans la rue ?», criait une femme médecin. Des citoyens, qui ne comprenaient pas ce qui se passait, ont assisté, offusqués, à cette scène. «Comment peuvent-ils recevoir des praticiens en blouse blanche avec des matraques ?», s’indignait un citoyen en colère. «Honte à vous !», renchérissait une dame. Les praticiens de santé publique, qui vont organiser un rassemblement mercredi prochain devant le siège de leur tutelle, ont décidé de revoir la nature des actions de protestation à initier. «Nous allons vers des actions encore plus radicales », promettent-ils. Selon le docteur Merabet, président du SNPSP, les praticiens ont proposé de procéder à une démission collective. «Une proposition qui n’est pas encore retenue mais qui n’est pas non plus exclue», a-t-il précisé. Les praticiens de santé publique se disent déterminés à aller jusqu’au bout de leur mouvement, jusqu'à satisfaction de leurs revendications. «Nous ne reculerons devant aucune pression, jusqu'à ce que les pouvoirs publics décident de revenir à des négociations, sur une base visant à nous permettre de vivre décemment et d’assurer une meilleure prestation de santé», affirmeront les représentants des deux syndicats, réitérant leur pleine disponibilité à la négociation.
    S. A.

  • MEDECINS BASTONNE'S PAR LE POUVOIR

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    Les médecins bastonnés

    La police les a empêchés de marcher sur la présidence

    Les médecins bastonnés

    Les syndicats des praticiens et spécialistes de santé publique ont été empêchés, hier, de marcher sur la Présidence. Ils étaient près d’un millier, rassemblés dans l’enceinte du centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha, à vouloir sortir dans la rue afin de tenter de marcher vers El Mouradia. Déjà dans la matinée, la tension était palpable. Un dispositif de sécurité impressionnant encadrait de toutes parts la place du 1er Mai. Des fourgons de police et des brigades antiémeute encerclaient l’hôpital, filtrant les allées et venues. Dans l’enceinte de l’établissement, point de ralliement des grévistes, les médecins attendent, certains dépités, d’autres nerveux, mais tous déterminés à crier « à la face de ce pouvoir » leur ras-le-bol. Des délégations ont même fait le voyage depuis d’autres wilayas afin de prendre part à cette manifestation.



    Et si l’ambiance est plutôt bon enfant, les grévistes ne cachent toutefois pas leur colère. « Ce silence total des autorités est incompréhensible. En méprisant de la sorte le système de santé publique, ce sont les Algériens que l’on méprise », s’indignent-ils. Le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), affirme que depuis l’enclenchement de la grève ouverte, « le ministère de tutelle n’a pris ni formellement ni informellement attache avec nous afin de mettre fin au conflit ». Le ministre, Saïd Barkat, en « prend pour son grade ». Agglutinés derrière de grandes banderoles, des médecins brandissent des rectangles de carton rouge. Imitant un arbitre de football, ils lancent  : « Coffi Barkat, dehors ! » « L’on sait très bien qu’ils n’en ont cure du système de santé publique. Nous nous battons pour l’avenir des malades, même si eux ne font rien pour le défendre », estime le docteur Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP). « S’ils ne s’inquiètent pas outre mesure des répercussions de cette grève, c’est tout simplement parce que l’activité médicale, en temps normal, est réduite à sa plus simple expression », ironise-t-il. « Les moyens sont là. Seulement, les milliards de dollars sont détournés à d’autres fins », accuse-t-il, pendant que les Algériens vivent dans la misère, avec un pouvoir d’achat en berne et une inflation galopante. « Même le service public, gratuit, est menacé par l’incurie des autorités, qui font la sourde oreille et entretiennent sciemment le pourrissement au sein de la société », poursuit le Dr Merabet.

    A mesure que la foule grossit, des pancartes hostiles et corrosives apparaissent, les slogans et les chants fusent. Puis le silence et le calme se fait dans l’assemblée, qui converge vers le milieu de la place centrale de l’hôpital. Les médecins se rassemblent autour de l’horloge. Les présidents des deux syndicats prennent la parole à l’aide d’un porte-voix  : « Quels que soient les risques encourus, nous marcherons. Ils prétendent que nous sommes manipulés. Oui, nous le sommes. Mais par nos fiches de paie de misère, par nos conditions d’exercice exécrables, par le mépris et la négligence des autorités. » Le signal est donc donné, sous les youyous. Dans la foule, des membres du Snapap, M. Khendek, le vice-président de l’APN, des parlementaires, des députés du RCD et du PT sont venus apporter leur soutien au mouvement de protestation. Certains manifestants parient même quant au traitement que vont leur réserver les policiers. « Jamais ils n’oseront malmener un médecin. Le symbole de la blouse blanche est trop respecté », lance l’un d’entre eux. Et un autre de répondre  : « Ils ne vont pas se gêner. » La tournure prise par les événements lui a malheureusement donné raison. A mesure que la masse avance vers le portail de l’établissement, la haie d’éléments des forces antiémeute postés tout au long de l’entrée se resserre. Boucliers et matraques en avant, ils reçoivent l’ordre de ne surtout pas laisser les médecins sortir dans la rue. Coûte que coûte. Les blouses blanches, arrivées à quelques centimètres de la clôture humaine bleue, marquent une pause. Les députés et les présidents des syndicats tentent de parlementer avec les responsables des services de sécurité et de négocier une sortie « pacifique ». Ces derniers n’en démordent pas. Qu’à cela ne tienne. Puis c’est le choc frontal. Le chaos. La honte. Les manifestants se pressent contre les forces antiémeute et tentent de toutes leurs forces de les faire céder. Une vieille dame frappe de ses frêles mains un bouclier en scandant  : « Nous sommes des médecins, pas des terroristes ni des chiens. » La pression se faisant de plus en plus forte, les casques bleus sont débordés. Une vingtaine de manifestants réussissent à échapper au cordon de sécurité, mais ils n’ont pas fait un pas qu’ils sont « cueillis » par des policiers qui les attendaient de pied ferme. Les médecins sont carrément soulevés. Les agents tentent de les embarquer. Mais ils résistent. Ils sont alors poussés, tiraillés de toutes parts, maltraités. Même les députés, dans la cohue, sont malmenés et chahutés.

    Trois syndicalistes, deux hommes et une femme, sont emmenés manu militari au commissariat. « Nous ne sommes pas vos ennemis, les ennemis sont ceux qui mettent le pays à genoux », lance l’un d’eux aux policiers. « Durant la décennie noire, nous nous sommes sacrifiés et nous étions là pour vous, pour recoller les morceaux des morts et panser les blessés que vous nous ameniez. Vous n’avez pas le droit de nous frapper », sanglote une femme à l’adresse d’un agent qui l’empoigne. A l’extérieur, dans le groupe, deux hommes s’effondrent. L’un d’eux est le docteur Yousfi. Tandis que ses confrères lui portent secours, la foule restée à l’intérieur continue, dans les cris et les chants, de pousser. « Honte à vous qui bastonnez des médecins », vocifère une praticienne, ajoutant, à l’adresse des photographes de presse  : « Montrez au monde entier la façon dont, chez nous, on traite les médecins  ! » Le Dr Yousfi se relève, titubant et chancelant. Mais cela ne dissuade pas pour autant les policiers de l’empoigner violemment. Il s’accroche alors à un panneau de signalisation. Il est rejoint par le Dr Merabet. Ils négocient avec un commissaire et obtiennent la libération de leurs collègues en échange de leur reddition aux forces de l’ordre. « Nous partons, mais continuez  ! », lancent-ils toutefois à la volée. Ce que les médecins feront durant près de deux heures, sous un soleil de plomb.

    Les forces antiémeute décuplent leur répression, repoussant avec force, voire avec violence les tentatives des frondeurs. Relâchés par les policiers, les deux présidents reviennent à la manifestation. Ils remercient les protestataires pour leur participation et la large adhésion. Puis le rassemblement se disperse, sous l’œil vigilant des brigades antiémeute, visiblement soulagées. Toutefois, les syndicalistes assurent que la protestation n’est pas finie. Car en dépit de l’avortement de cette marche sur la Présidence, ils considèrent cette journée comme « une réussite ». « Nous avons montré que nous sommes disposés à aller jusqu’au bout et nous avons pu mobiliser tout ce monde. Nous leur avons fait peur, mais ce n’est que le début », promet le Dr Merabet avant de s’excuser. « Un médecin, après s’être fait bastonner, s’est écroulé. Il a été évacué vers les urgences de cardiologie. Nous devons lui rendre visite », dit-il, indigné. Le rendez-vous pour la prochaine manifestation est déjà pris pour mercredi prochain. Cette fois, devant le ministère de la Santé.



    Par Ghania Lassal

  • Les députés sans voix et sans pouvoir !

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    Les parlementaires ont pris congé, hier, sans avoir travaillé depuis l’ouverture de la session d’automne du Parlement.

     

    Les députés eux-mêmes le reconnaissent, malgré l’entêtement des présidents des deux chambres à dresser un bilan « satisfaisant ». Et quel bilan  ? En cinq mois, les « élus du peuple » n’ont débattu qu’un seul projet, en l’occurrence celui de la loi de finances 2010 et ont adopté quatre ordonnances présidentielles. Quelle prouesse  ! Ils n’ont même pas réalisé la moitié du programme de cette session, qui était de 11 projets de loi inscrits initialement. Si ça ne tenait qu’à cela, les Algériens pourraient être cléments avec eux. Mais nos parlementaires, qui disposent de larges prérogatives de contrôle, semblent avoir pris goût à la paresse et au manque d’initiative. Alors que les scandales de corruption éclatent en cascade, les députés, eux, regardent ailleurs. Ils ne sont point inquiétés par la dilapidation à grande échelle des deniers publics, alors que l’une de leurs prérogatives est de veiller à ce qu’ils soient dépensés de manière rationnelle et dans des projets qui favoriseront l’amélioration du quotidien des Algériens.

    Du scandale Khalifa à celui de Sonatrach, les parlementaires algériens restent toujours de marbre. Ils n’ont initié ni des commissions d’enquête sur les grandes gabegies ni interpellé le gouvernement pour avoir des réponses claires sur cette situation. Au contraire, à force de céder devant l’Exécutif, les députés ont fini par remettre en cause même leur crédibilité. Ils ne pèsent pas lourd. Les ministres du gouvernement semblent avoir compris cela et ils ne se précipitent pas pour répondre à leurs rares sollicitations. Une preuve supplémentaire que le pouvoir législatif s’effrite à mesure que les législatures passent. Le rôle de l’institution parlementaire devient aujourd’hui de plus en plus minime. Elus pour produire et adopter des projets de loi, nos élus ont délaissé, plutôt forcés, l’une de leurs principales missions qui est de proposer des textes législatifs. Ils ne participent pas également aux débats sur les questions sensibles qui touchent directement à la vie politique et économique du pays. Depuis mai 2007, date du début de l’actuelle législature, le Parlement ne cesse de donner des exemples prouvant sa soumission. Il devient ainsi une simple « chambre d’enregistrement » des projets de loi de l’Exécutif et les députés qui y siègent sont des machines à adopter, sans contester, des projets de loi.

     

    Par Madjid Makedhi

    Interpellé sur le scandale de Sonatrach
    Khelil : “Je ne réponds pas !”
    Par : Rubrique Radar

    Le ministre de l’Énergie et des Mines, Chakib Khelil, a, encore une fois, éludé les questions soulevées par les journalistes sur l’affaire Sonatrach qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Interpellé par un confrère en marge de sa visite de travail, avant-hier, dans la wilaya de M’sila, le ministre a carrément refusé d’émettre le moindre commentaire. “Je ne réponds pas à cette question”, a-t-il rétorqué. Ainsi, après le fameux “je ne savais pas”, M. Khelil semble avoir trouvé une autre réplique aux questions de plus en plus gênantes sur ce scandale. Réplique qui s’avère, toutefois, dans la même veine que la première.



  • Zerhouni et Chakib Khelil esquivent le débat

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    Zerhouni et Chakib Khelil esquivent le débat

    Interrogés par la presse sur les scandales de corruption

    Zerhouni et Chakib Khelil esquivent le débat

    Le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, n’a jamais pensé déposer sa démission suite au scandale qui a éclaboussé l’une des plus importantes entreprises du pays  : Sonatrach. « Je ne démissionne pas de mon poste de ministre. Pourquoi le ferai-je alors que la justice peut innocenter les cadres dirigeants incriminés  ? », c’est par cette sentence que le ministre de l’Energie a répondu à ceux qui ont cru un moment qu’il allait claquer la porte, comme cela se fait dans les pays qui se respectent. Hier, en marge de la cérémonie de clôture de la session d’automne de l’Assemblée populaire nationale, M. Khelil donnait l’impression de narguer son monde.


    Chakib Khelil persiste et signe qu’il ignore entièrement les griefs retenus contre les cadres incriminés  : « Je ne peux pas vous donner les détails de l’affaire car je ne sais pas pourquoi les cadres en question sont poursuivis par la justice. Je n’ai aucun dossier ni preuve concernant cette enquête. J’ignore tout. » Mais à la question de savoir s’il était normal qu’un ministre soit en retrait de ce qui se trame à la Sonatrach, une entreprise pétrolière qui fait vivre tout le pays, le ministre a eu cette réponse basique  : « Effectivement, ceci n’est pas du tout normal, mais sachez qu’il existe beaucoup de choses qui fonctionnent de façon anormale  ! » M. Khelil, se défendant, ne comprend pas pourquoi la presse le tient pour responsable de ce qui s’est passé à la Sonatrach  : « Je ne me suis jamais senti visé dans cette affaire, ni moi ni le clan présidentiel », rétorque-t-il aux journalistes qui l’on interpellé. « En tant que ministre, je gère tout le secteur de l’énergie et des mines et je m’occupe de sa politique et de son application ainsi que du contrôle. Je ne gère pas Sonatrach ni Sonelgaz ou les autres entreprises relevant du secteur, qui en compte plus d’une cinquantaine. Je suis le ministre du secteur de l’énergie et des mines », a-t-il précisé d’un ton déterminé.

    Revenant sur le sort des cadres incriminés, le ministre a d’abord critiqué la presse qui, de son avis, joue le rôle de la justice en condamnant à l’avance des gens qui peuvent être innocents. « Nous n’avons pas besoin d’interférences dans cette affaire ni de la part de la presse ni de la part de certaines personnes qui saisissent ces opportunités pour faire des contributions », a indiqué M. Khelil. Pour le ministre, l’affaire liée à la passation de marchés au sein du groupe Sonatrach doit être traitée dans la sérénité totale  : « Il faut laisser la justice faire son travail. Ces responsables sont des citoyens algériens et des hauts cadres de la nation et du groupe Sonatrach, qui défendent les intérêts du pays et ils ont le droit d’être défendus jusqu’à ce que la justice les juge coupables. » Il ajouta que les Algériens ne doivent pas perdre de vue que les responsables arrêtés sont les plus grands cadres de la nation et de Sonatrach qui ont défendu mordicus les intérêts de l’Etat et ont géré l’entreprise avec courage et bravoure. Les journalistes présents à l’APN ont interrogé le ministre sur la véracité de l’information concernant l’instruction qu’il aurait donnée pour que Sonatrach se constitue partie civile dans l’affaire.

    Le ministre a d’abord refusé de commenter l’information, avant de rappeler qu’il n’était pas le PDG de Sonatrach  : « C’est à Sonatrach de se débrouiller et de prendre la décision qui lui semble appropriée. »Interrogé à propos de la lettre, publiée dans le journal El Watan, de Hocine Malti, ancien vice-président de Sonatrach, adressée aux enquêteurs du DRS et dans laquelle il donne des précisions sur certains contrats signés avec plusieurs firmes, Chakib Khelil a préféré répondre par l’ironie  : « Tout le monde connaît Chakib Khelil, mais qui parmi vous connaît Hocine Malti  ? » S’exprimant sur le même sujet, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Zerhouni, a soutenu que le scandale qui secoue Sonatrach et l’arrestation de plusieurs de ses cadres ainsi que la mise sous contrôle judiciaire de Mohamed Meziane, son PDG, ne relèvent nullement d’une opération « mains propres ». « Ces affaires qui sont apparues au grand public sont au niveau de la justice, alors laissons la justice faire son travail. Je vous fait savoir que les affaires de corruption ne concernent pas uniquement l’Algérie, des affaires plus importantes que celle-ci ont éclaté à travers le monde », a révélé M. Zerhouni. A une question portant sur le sujet de l’inscription de l’Algérie sur une liste de pays dont les citoyens sont soumis à des mesures spécifiques de contrôle et l’éventuel recours à l’application de mesures de réciprocité, M. Zerhouni a répondu  : « Si c’est nécessaire, nous appliquerons le principe de la réciprocité. Mais pour l’heure, nous ne connaissons pas encore le contenu de nouvelles mesures. » Le ministre a précisé que « ce dossier est traité actuellement par le ministère des Affaires étrangères ».


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    Par Nabila Amir


    Nos hauts responsables sont-ils au dessus de la loi ? : De l'immunité à l'impunité
    Nos hauts responsables sont-ils au dessus de la loi ? : De l’immunité à l’impunité

    L’affaire de la plainte du RCD déposée auprès du tribunal de Bir Mourad Raïs contre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement constitue, convient-il de le souligner, sinon une première, à tout le moins une action rarissime dans les annales politico-judiciaires de notre pays. Il n’est pas courant, en effet, de voir nos hauts responsables, particulièrement ceux hissés à un certain rang dans la hiérarchie (ministres, Premier ministre, députés, sénateurs, généraux, walis…) de se voir poursuivis pour répondre de leur gestion ou pour quelque autre affaire que ce soit, en rapport ou non avec leur fonction.



    C’est même tabou. Si l’on épluchait toutes les archives de nos greffes cumulées depuis l’indépendance, il serait bien difficile de trouver trace d’une audience où un « gros bonnet » aurait comparu devant un tribunal, en tout cas pas dans l’exercice de ses fonctions. Même en consentant un grand effort de mémoire, les (rares) affaires qui ressortent sont toujours les mêmes : l’affaire Belloucif, l’épisode des démêlés de Bouteflika avec la Cour des comptes, l’affaire Hadj Bettou, l’affaire des cadres gestionnaires sous le premier « mandat » d’Ouyahia, l’affaire de quelques walis qui eurent maille à partir avec la justice (l’ex-wali de Blida, l’ancien wali d’Oran, etc). Sans oublier bien sûr l’affaire Khalifa. Pour ne nous en tenir qu’à ce dernier scandale qu’Ouyahia lui-même a qualifié d’« escroquerie du siècle », il est utile de rappeler qu’il avait donné lieu au procès le plus retentissant et le plus médiatique de ces dernières années.

    Mais, à bien y regarder, combien de hautes personnalités, occupant les plus hautes fonctions de l’Etat, ont été appelées à la barre pour s’expliquer sur les dessous de cette grosse mascarade politico-financière ? Certes, quelques noms qui auront été les têtes d’affiche de ce « big trial », ont tout de même « daigné » faire le déplacement au tribunal criminel de Blida où l’affaire a été jugée. Nous devons nous empresser de rappeler que ces augustes commis de l’Etat furent entendus à titre de témoins. Citons, pêle-mêle, Mourad Medelci, alors ministre des Finances, Mohamed Terbèche, autre premier argentier du pays mais qui n’était plus en exercice lors du procès, Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité, Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre de l’Habitat, le gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Laksaci, ou encore le patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd. Une belle brochette de pontes donc… Pourtant, au terme de deux mois d’audiences aussi émouvantes que spectaculaires, aucune personnalité du sérail ne sera inquiétée, tempérant par là même les ardeurs de ceux qui y voyaient un peu trop vite un procès « exemplaire » qui aurait la vertu de ramener une ribambelle d’apparatchiks aux dimensions de « simples justiciables ». Il suffit de voir les verdicts qui sont tombés, et surtout les têtes qui ont été conduites à l’abattoir.

    Bouteflika intouchable

    Pour revenir à l’action en justice lancée par le RCD contre le n°1 et le n°2 de l’Exécutif, la formation de Saïd Sadi avait annoncé dans un premier temps le refus du parquet de Bir Mourad Raïs d’enregistrer la double plainte du parti. Signalons que ces plaintes ont été déposées contre Abdelaziz Bouteflika pour « abus des biens de l’Etat » pendant la campagne présidentielle d’avril 2009, et contre le Premier ministre Ahmed Ouyahia pour avoir traité les partisans du boycott de « traîtres ». Le parquet de Bir Mourad Raïs a réagi par la voix du procureur Bouderbali qui, dans un communiqué rendu public ce mardi, a précisé que les plaintes du RCD ont bel et bien été enregistrées, précisément le 31 août, en soulignant que « les deux plaintes sont présentement à l’étude (…). Les suites légales qui leur seront réservées seront communiquées à leur auteur au moment opportun, selon les voies d’usage et conformément à la loi ». Si l’opinion ne se fait guère d’illusions quant au traitement qui sera réservé à cette affaire, toujours est-il que l’initiative du RCD est à saluer. Nonobstant la qualité et la fonction des personnalités mises en cause, il est un argument de forme avancé par les juristes dans le cas des plaintes déposées contre le chef de l’Etat, dont il convient, insistent-ils, de tenir compte : l’immunité du président de la République. « La Constitution est claire : le chef de l’Etat ne peut être poursuivi qu’en cas de haute trahison, auquel cas, il comparaît devant une juridiction spéciale », a tenu à préciser un avocat contacté par nos soins. « Cela est valable pour tous les pays du monde », ajoute-t-il en évoquant dans la foulée la procédure appelée « impeachment » (mise en accusation) en usage aux Etats-Unis pour destituer le président ou quelque haute figure institutionnelle.

    Un préalable : l’indépendance de la justice

    Pour sa part, le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, maître Mustapha Bouchachi, a indiqué, dans un entretien téléphonique, que « dans la législation algérienne, chaque citoyen a le droit de saisir la justice contre un ministre, un Premier ministre ou un député ». Ceci pour le principe. Interrogé sur la frontière entre « immunité » et « impunité », Me Bouchachi explique que « s’il y a immunité, il y a une procédure de levée de cette immunité. Lorsque la plainte est déposée, la justice n’a pas le droit de rejeter la plainte. Si par exemple on a affaire à un député, on peut procéder à une levée de l’immunité en saisissant l’Assemblée nationale afin de permettre le déclenchement de l’action publique ». Le parquet peut-il « s’autosaisir » quand un scandale éclaboussant quelque haut fonctionnaire de l’Etat et en rapport direct avec sa gestion, est révélé au grand jour par voie de presse ou par quelque autre canal ? La réponse du président de la LADDH est sans appel : « Le parquet a le devoir d’ouvrir une enquête chaque fois qu’une information lui parvient, sur les affaires de corruption ou autres, par le biais de la presse ou par le fait d’un simple citoyen. Malheureusement, ce que nous constatons est que le parquet n’agit pas lorsque l’information en question met en cause des symboles du régime. »

    Et de plaider en faveur d’une indépendance réelle de la justice, sans laquelle, aucun gouvernant ou quelque nabab jouissant de protections officielles, ne peut être poursuivi pour ses abus. « Force est de convenir que nous n’avons pas une justice indépendante. Et cela ne peut être acquis sans une réforme de la justice qui, elle-même, exige l’édification d’un Etat démocratique fondé sur le principe de la séparation des pouvoirs. Sans démocratie, sans un Etat de droit, il ne peut pas y avoir de justice indépendante dans notre pays », prévient Me Bouchachi. Il est bien triste de constater que l’indépendance de la justice n’est pas dans les mœurs, encore moins dans l’agenda, du « système Bouteflika ». Notre confrère El Khabar Hebdo vient de consacrer sa dernière une à un scandale financier qui aurait entaché la gestion de Saïd Barkat, l’un des hommes-clés du président, au moment où il était à la tête de l’agriculture. Quelles suites pourrait-on attendre de ce genre de révélations et les dizaines d’autres que fait régulièrement la presse ? Qui doit répondre du sang des 126 victimes des événements de Kabylie ? Sans citer la série ignominieuse des assassinats politiques. A commencer par la liquidation de Mohamed Boudiaf, un crime d’Etat qui n’a sanctionné aucun des hauts responsables civils ou militaires qui étaient en poste en juin 1992. Mais il est vrai que chaque procès, chaque enquête, sur l’une ou l’autre de ces affaires peu glorieuses, s’avère être une boîte de Pandore que Bouteflika et sa cour veillent scrupuleusement à ne jamais ouvrir…



    Par Mustapha Benfodil


    La responsabilité juridique des ministres

    L’affaire Khalifa et les personnes qu’elle implique soulève nombre de questions juridiques.



    Les derniers rebonds marqués par l’implication à peine voilée du secrétaire général de l’UGTA, mais également du ministre des Finances, Mourad Medelci et aussi de Bouguerra Soltani, ancien ministre du Travail et de la Sécurité sociale ont fait mouche auprès de la société civile. Hormis les questions entourant leur implication réelle et éventuellement criminelle dans cette affaire où se mêlent argent et politique, quelles sont leurs responsabilités juridiques ? La loi les soumet-elle à un régime protecteur ou peuvent-ils se voir reprocher leurs actes devant un tribunal ? Selon le magistrat Louafi, les ministres appelés à témoigner dans une affaire criminelle bénéficient de la protection légale prévue pour tout type de témoin. Cependant, s’il apparaît lors du jugement de l’affaire Khalifa que l’implication d’un ministre est sérieusement établie, une information ne peut être diligentée par l’instruction que sur autorisation du chef du gouvernement. Le magistrat ne précisera pas s’il s’agit là d’une disposition législative ou d’une coutume de bienséance. A son avis, un ministre ne peut être poursuivi en justice sans l’aval du président de la République. Cependant, selon Tayeb Belloula, avocat, la loi est muette à ce sujet. D’un strict point de vue juridique, un ministre peut être poursuivi et inculpé pour crime ou délit commis dans l’exercice de ses fonctions. « Dans ce cas, la compétence est attribuée à la Cour suprême. Il appartient alors au procureur général près cette cour de désigner un magistrat de cette même cour afin de procéder à l’instruction du dossier conformément aux dispositions du code de procédure pénale, sauf en ce qui concerne les attributions de la chambre d’accusation qui sont dévolues à une formation de la Cour suprême », précise maître Belloula. Si le magistrat instructeur pense que les faits reprochés sont criminels, il transmet le dossier au procureur général près la Cour suprême qui elle-même saisit une formation de la Cour suprême qui rendra soit un non-lieu, soit elle renvoit l’inculpé devant la juridiction compétente. « A l’exception de la juridiction dans laquelle l’inculpé exerçait ses fonctions », précise l’avocat. C’est là le seul privilège (privilège de juridiction) accordé aux ministres. Ils ne disposent d’aucune forme d’immunité à l’instar des députés et des sénateurs qui ne peuvent faire l’objet de poursuites sans la levée de l’immunité par le Parlement.



    Par Zineb A. Maiche


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  • Violence et corruption : cas de l'Algérie

     

     

  • TRIPARTITE =RIEN

    La tripartite n’a pas calmé le front social
    La protesta continue
    Par Ahmed Haniche


     

    La tripartite n’a pas calmé le front social

    La protesta continue

    Par Ahmed Haniche

     

     

    Déception n Les décisions prises lors de la tripartite n’ont pas répondu aux attentes des milliers de travailleurs de la fonction publique et même de ceux du secteur économique. Le retour à la grève était alors inévitable.

     

    Une montagne qui a accouché d’une souris. C’est ainsi qu’on peut qualifier l’issue d’une rencontre longtemps attendue par les fonctionnaires. Depuis la douzième tripartite, tenue en octobre 2006 et qui a relevé le Salaire minimum garanti (Snmg) à 12 000 DA, les travailleurs attendaient un autre geste des pouvoirs publics leur permettant de vivre dans la dignité, d’autant que les prix des produits de première nécessité n’ont cessé de connaître des augmentations insoutenables.

    Mais après plus de deux années de patience, la récente tripartite a encore déçu les employés qui ne savent plus à quel saint se vouer pour s’assurer une vie décente. «Les responsables nous ont abreuvés de promesses et nous renvoyaient à chaque fois à la treizième tripartite. Nous les avons crus. Mais il s’est avéré que lors de la tripartite, c’est le gouvernement qui dicte sa loi et les autres partenaires se contentent de signer des documents.

    Aujourd’hui, nous ne savons plus quoi faire pour faire aboutir nos revendications les plus légitimes», résume, Tahar, fonctionnaire dans une administration publique. Pour lui, une augmentation de 3 000 DA du Snmg est insignifiante, au vu de la cherté de la vie et la hausse sans cesse des prix des produits et services. Seuls les cadres supérieurs ont bénéficié des décisions de la dernière tripartite. Les simples fonctionnaires ont été profondément déçus.

    Les luttes menées par les syndicats autonomes de différents secteurs (éducation nationale, santé publique, enseignement supérieur…) n’ont pas eu l’effet escompté, d’autant que seule la centrale syndicale avait pris part aux «négociations».

    En dépit de leur force de mobilisation démontrée à plusieurs reprises, les pouvoirs publics ne veulent toujours pas inviter ces syndicats à prendre part à cette rencontre où «se décide le destin des travailleurs». Alors, ces syndicats optent, encore une fois, pour des mouvements de grève en vue de se faire entendre.

    Ainsi, il s’avère que la satisfaction affichée par les trois parties signataires de l’accord de la tripartite n’a fait que susciter la colère des travailleurs qui ont décidé de radicaliser leurs mouvements de protestation.

    Aussitôt les décisions de la tripartite annoncées, les syndicats autonomes ont annoncé de nouveaux débrayages. Si ces derniers tentent d’obtenir satisfaction de leurs doléances en paralysant les activités des secteurs concernés, les pouvoirs publics préfèrent faire la sourde oreille, laissant pourrir une situation des plus préjudiciables au développement national.

     

  • Grève des praticiens à Constantine «Incidence négative» sur les structures de santé

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    Grève des praticiens à Constantine «Incidence négative» sur les structures de santé

    par A. Mallem

    A Constantine, le coordinateur de wilaya de l'intersyndicale composée par le SNPSP et le SNPSSP, le Dr Belkhalfa, questionné sur l'évolution de la grève, dira que l'incidence est « négative et notable à travers toutes les structures de santé de la wilaya. Dans la plupart de celles-ci, les malades ne sont pas examinés. Il n'y a pas de contrôle ni de suivi, les rendez-vous ne sont pas honorés. Il y a uniquement les urgences et les vaccins qui sont assurés, ainsi que les gardes, et moi-même j'étais de garde pas plus tard qu'hier !».

    Ce praticien annonce «que l'intersyndicale poursuivra la grève en tenant parallèlement des sit-in hebdomadaires, dont le prochain, assure-t-il, va être organisé demain mercredi devant la maternité du CHUC et sera suivi par une marche et un autre sit-in de protestation devant le cabinet du wali.

    La plupart des responsables gestionnaires des établissements de santé publique étant à Alger auprès de leur ministère de tutelle pour discuter du plan de contrôle de gestion des établissements, ce sont des sources médicales proches de plusieurs de ces établissements qui ont communiqué des chiffres, avec par exemple des taux de participation approximatifs de 8% de grévistes pour l'établissement public de santé de proximité Ben M'hidi, 80% de participants à la grève à l'hôpital El-Bir, 30% à celui d'El-Khroub, 70% à l'établissement spécialisé de Sidi Mabrouk, etc. En ce qui concerne le centre hospitalo-universitaire Dr Benbadis, le Dr Zermane, directeur général de l'établissement, interrogé sur les répercussions de la grève dans son établissement, a affirmé que l'impact est pratiquement nul, du fait que les deux syndicats réunis ne comptent qu'une quarantaine de spécialistes éparpillés à travers les services du CHUC, et un mouvement de grève, si mouvement il y a, n'aura aucune incidence car ce grand hôpital compte 3OO hospitalo-universitaires et 997 résidents.

    Toujours est-il que selon une source de la direction de la santé de la wilaya, «les répercussions sur les prises en charge sont relatives, dans la mesure où il y a d'abord l'application du service minimum obligatoire, les non-grévistes maintiennent d'un façon assez satisfaisante le programme de travail des établissements de santé publique. images chevre.jpg
  • Santé publique, le malaise





    Agitation n: Les praticiens de la santé publique continuent d’observer des mouvements de protestation. Ils revendiquent des salaires décents et de meilleures conditions de travail.

    Fin janvier, des dizaines de médecins, venus de différentes wilayas du pays, ont observé un sit-in et une marche à l’intérieur de l’hôpital Mustapha-Pacha (Alger). Ils voulaient sortir dans la rue, mais les éléments des forces de l’ordre, toujours présents pour étouffer toute tentative de ce genre, leur ont interdit de quitter l’enceinte hospitalière.
    Tous les employés de ce secteur sont en agitation constante. Médecins, spécialistes, paramédicaux et psychologues dénoncent le silence du ministère de la santé quant à leurs revendications socioprofessionnelles. Le premier responsable du secteur, Saïd Barkat, n’a pas encore montré une volonté de dialoguer sérieusement avec les protestataires. Les différents syndicats (Unpef, Snpsp, Snpssp…) se sont entendus pour une paralysie totale du secteur. Les principales revendications se résument en deux points essentiels : le statut particulier et le régime indemnitaire.
    Le Dr Mohammed Youcefi, secrétaire général du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), a expliqué, dans ses diverses sorties médiatiques, que la grève constitue l’unique solution pour sauver la santé publique d’une situation désastreuse et faire entendre les revendications des praticiens.
    Les médecins veulent être associés à toutes décisions les concernant et non se contenter d’appliquer les directives du ministère. Les syndicalistes estiment que le secteur est délaissé car il est géré par une loi datant de 1985 et les praticiens n’ont jamais été associés à l’élaboration du statut particulier. Ces dernières années, les responsables n’investissent que dans le matériel, alors que les ressources humaines, élément essentiel dans toute entreprise de développement, sont délaissées. Une attitude qui ne mènera qu’à la dégradation d’une situation déjà catastrophique.
    Pourquoi construire de nouveaux établissements hospitaliers et acquérir un nouveau matériel médical si les médecins, les paramédicaux et autres fonctionnaires ne sont pas suffisamment motivés ? La réaction négative du ministère de la santé vis-à-vis de la grogne des praticiens ne fait qu’accentuer le calvaire des malades qui éprouvent d’énormes difficultés à se faire soigner, des rendez-vous – soins et interventions chirurgicales – étant reportés à des dates ultérieures.
    Les notions du service public et du droit à la santé se trouvent ainsi bafouées sans que les responsables daignent intervenir pour mettre fin à cette situation des plus préjudiciables. Ce n’est certainement pas les augmentations de salaires et de primes revendiquées par les praticiens qui vont ruiner le trésor public !

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  • ALGERIAN WATCH

    ctualité

  • Réfugiés - Persécutions après refoulement * George Joffe: “Le nombre de demandeurs d’asile algériens a baissé” (Liberté, 14.10.09) * Ces algériens qui sollicitent l’asile politique (EW, 17.05.09) * L’Algérien Harkat arrêté au Canada (Exp.,

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    Réfugiés - Persécutions après refoulement

  • Algérie: Les cinq plus gros scandales


    Le viaduc de Oued R’kham, sur l’autoroute est-ouest

    En une décennie, l’Algérie est passée du statut de pays fortement endetté (une ardoise de 33 milliards de dollars en 2000) à celui de nouveau riche, puisqu’elle disposait, au 31 décembre 2009, d’une réserve de change s’élevant à 146 milliards de dollars. Cette cagnotte lui a permis de traverser sans encombre la crise qui a secoué les places financières en 2009. Mieux : l’État investit, bon an mal an, une moyenne de 30 milliards de dollars dans son effort de reconstruction. Une somme considérable qui, compte tenu d’une corruption érigée en système de fonctionnement, représente une « rapine » annuelle de l’ordre de 3 milliards de dollars, si l’on s’en tient à la « norme » mondiale de 10% de commissions occultes lors de la passation de marchés publics.
    En bons musulmans, corrompus et corrupteurs algériens évitent de parler de pots-de-vin. Dans les années 1960, on utilisait le terme de qahoua (« café », en arabe) pour désigner les dessous-de-table perçus par un fonctionnaire véreux. La génération suivante adopte une autre terminologie : tchipa, pour chip, mise de départ du joueur de poker. La tchipa fait partie du quotidien et intervient à tous les niveaux, de l’officier d’état civil qui, sans elle, ne délivre pas d’extrait de naissance, au dirigeant du grand groupe industriel, public ou privé, lors de la conclusion de contrats d’équipement ou de réalisation. Dans le discours officiel, la lutte contre la corruption a toujours été érigée en priorité absolue. Mais il a fallu attendre les années 2000 pour assister, en février 2006, au premier grand procès lié à un scandale financier : celui de Khalifa. Depuis, plusieurs affaires de corruption ont éclaté au grand jour. Voici les cinq plus gros dossiers en cours d’instruction ou récemment jugés.

    Brown & Roots Condor

    En juillet 2006, les limiers de l’Inspection générale des finances (IGF) bouclent une enquête sur le joint-venture algéro-américain Brown & Roots Condor (BRC), fruit d’un partenariat entre Sonatrach et Halliburton. Les principaux clients de BRC sont Sonatrach et le ministère de la Défense. Le rapport de l’IGF est accablant (voir J.A. n° 2400 du 8 janvier 2007). Entre 2001 et 2005, BRC obtient quarante et un marchés de gré à gré, en violation du code régissant les marchés publics, pour un montant total de 2,1 milliards de dollars. Selon l’IGF, « ces transactions sont entachées de graves irrégularités ». Violation du code des marchés publics, recours systématique à la sous-traitance au détriment des prestataires algériens, surcoûts, détournement de contingents de franchises fiscales, achat de mobilier et d’équipements surfacturés auprès de fournisseurs étrangers. Selon l’opposante Louisa Hanoune, le préjudice subi par le Trésor public est évalué à 73 milliards de dinars (750 millions d’euros à l’époque).
    En pleine tourmente judiciaire, un attentat terroriste cible un convoi transportant des cadres étrangers de BRC, au Club des pins, station balnéaire qui sert de résidence d’État. Les deux actionnaires de BRC décident, en septembre 2007, la dissolution de l’entreprise. Quant au procès, il n’aura jamais lieu. Ce n’est pas le premier rapport de l’IGF classé sans suite.

    Algérie Télécom

    L’opérateur historique de téléphonie mobile, Algérie Télécom, n’en finit pas de collectionner les affaires. En 2007, un de ses anciens directeurs généraux, Brahim Ouarets, est poursuivi avec dix autres cadres de la compagnie et des entrepreneurs privés pour dilapidation des deniers publics, conclusion de marchés douteux et falsification d’écritures publiques. Montant du préjudice : 222 millions de dinars (2,3 millions d’euros). Ouarets est condamné à cinq ans de réclusion criminelle. Deux ans plus tard, en octobre 2009, son successeur, Slimane Kheireddine, écope d’une peine identique pour une affaire de concussion. Mais les malheurs d’Algérie Télécom ne sont pas pour autant terminés. Mouloud Djazaïri, ancien dirigeant du groupe, et son directeur des finances et de la comptabilité (DFC), Afedjane Mouloud, ont été condamnés à des peines d’un à trois ans de prison ferme. Les deux hommes étaient poursuivis pour malversations et corruption liées à des passations de marchés publics. Le montant du préjudice subi par Algérie Télécom dans cette dernière affaire s’élève à 2,38 milliards de dinars (21,7 millions d’euros).

    Pêche au thon rouge

    L’affaire éclate en mai 2009, quand des garde-côtes découvrent un réseau de pêche illicite de thon rouge dans les eaux territoriales algériennes. Six ressortissants turcs, un armateur algérien, le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH), ainsi que son directeur des pêches maritimes et océaniques (DPMO) sont poursuivis pour pêche et transbordement illicites, trafic d’influence et usurpation de fonction. Jugés par le tribunal d’Annaba, les prévenus risquent entre six et huit ans de réclusion. Une autre personnalité pourrait être rattrapée par des affaires liées à la pêche au thon : Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et ex-ministre d’État. Selon des informations rapportées par la presse algérienne, le chef des Frères musulmans algériens serait impliqué dans des contrats douteux accordés à des sociétés chinoises. Les faits remonteraient à la période allant de 1996 à 1998, époque durant laquelle l’ancien ministre occupait les fonctions de secrétaire d’État à la pêche. Plusieurs semaines après ces révélations, l’intéressé n’avait toujours pas opposé de démenti.

    Banque nationale d’Algérie

    Principal accusé dans cette affaire de détournement de 21 milliards de dinars (204 millions d’euros), Achour Abderrahmane, commerçant de son état, est condamné en juin 2009 à dix-huit ans de prison pour association de malfaiteurs, dilapidation de fonds publics, escroquerie et émission de chèques sans provision. Le directeur régional de la Banque nationale d’Algérie (BNA) et le responsable de l’agence de Cherchell (à 70 km à l’ouest d’Alger) écopent de quatorze ans de réclusion criminelle. Entre 2002 et 2005, divers mouvements de fonds douteux ont été effectués dans trois agences de la banque, à Bouzaréah, dans la banlieue de la capitale, à Koléa et à Cherchell. L’enquête révèle que les dirigeants de ces trois établissements avaient accordé d’importants prêts à des industriels, des hommes d’affaires et des importateurs, sans tenir compte des règles prudentielles. Pis, les bénéficiaires de ces crédits s’élevant à des centaines de millions de dinars se sont révélés être des entreprises fictives appartenant à Achour Abderrahmane. En fuite au Maroc, ce dernier avait fini par être extradé vers l’Algérie en octobre 2006.

    Autoroute est-ouest

    En octobre 2009, Mohamed Bouchama, secrétaire général du ministère des Travaux publics, ainsi que le chef de cabinet du ministre sont placés sous mandat de dépôt. La justice les soupçonne d’avoir favorisé un consortium chinois, Citic-CRCC, en échange de commissions tournant autour de 530 millions de dollars. Cette entreprise chinoise est chargée de la réalisation de deux des trois lots d’autoroute, celui du centre (169 km pour 2,6 milliards de dollars) et celui de l’ouest (359 km pour 3,6 milliards de dollars). Deux intermédiaires privés, plusieurs cadres du ministère dirigé par Amar Ghoul, ainsi qu’un colonel du DRS sont placés en détention préventive. Le nom du sulfureux homme d’affaires franco-angolais Pierre Falcone, condamné dans l’affaire de l’Angolagate, est également évoqué dans ce dossier comme intermédiaire entre Algériens et Chinois durant les négociations pour l’octroi des marchés.
    L’enquête menée par une équipe du DRS est à l’origine de ces arrestations. Alertés par des services étrangers sur des flux financiers douteux dans certaines capitales d’Europe, particulièrement en Espagne, les limiers des services secrets procèdent à l’arrestation de Chani Medjdoub, ressortissant algérien résidant au Luxembourg. Les aveux de ce dernier ont permis de remonter la chaîne des responsabilités et des complicités.

    Jeune Afrique

  • Le mouvement de grève du secteur de la santé se fissure à Oran


    VIVE LE SNPSP -SNPSSP LA GRE'VE EST TJR ACTUALITE' RDV  POUR LE 3 SOYEZ PRET  COURAGE

    Alors que l’appel a connu un large écho aux premiers jours

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    De notre correspondant à Oran
    Mohamed Ouanezar


    Le mouvement de grève générale auquel ont appelé les syndicalistes du secteur a connu un large écho auprès des médecins et autres résidents. Une grande majorité des secteurs sanitaires de la wilaya a été touchée par ce mouvement qui a été suivi, selon les syndicalistes, à près de 80%, nous dit-on. Au cours de la journée d’hier, celui-ci a connu des cassures, à travers certains établissements de la wilaya, apprend-on auprès des syndicalistes. Alors que la première journée de grève a connu une large adhésion auprès de la base, il semblerait que les bruits de coulisses et les échos contradictoires au sujet de l’aboutissement du mouvement sont à l’origine d’un fléchissement de ce débrayage, nous dit-on. C’est ainsi qu’on apprend que les secteurs sanitaires des communes de Boutlelis et de Meissonnier, ainsi que le secteur sanitaire de la localité de Aïn El Beïda ont rompu leur mouvement de grève pour reprendre leurs activités professionnelles. Les raisons de cette reprise ne sont pas explicitées ni admises par les uns et les autres. Néanmoins, certains syndicalistes estiment que «ce mouvement de grève, largement suivi à l’échelle de la wilaya, est avant tout un message aux pouvoirs publics. Aujourd’hui, nous arrivons à un stade où il faudra négocier avec nous en tant que partenaire à part entière au sujet des préoccupations du secteur», note-t-on au syndicat des médecins d’Oran. Hier encore, l’activité tournait au ralenti au niveau de l’hôpital d’Oran où des groupes des «blouses blanches» étaient visibles durant toute la journée. «Certains ont décidé de reprendre leurs activités parce qu’ils considèrent que la grève a déjà produit ses effets. Mais, en ce qui nous concerne, nous continuons notre débrayage tant que nous n’avons pas obtenu de réponses claires et positives à nos doléances», note C. H. une jeune médecin à Oran. «Regardez les enseignants de l’éducation. Ils ont réussi à améliorer leurs salaires et à obtenir gain de cause à la suite de leur large mobilisation et l’unité de leurs rangs. Pourquoi pas nous qui attendons depuis des années que nos conditions s’améliorent ?», renchérit-elle à ce sujet.

     

  • Le quai d’Orsay conseille les Français de boycotter l’Egypte

     

    La malédiction des fennecs s’abat sur les pharaons : images.jpeg

    La tension entre l’Algérie et l’Egypte autour des matchs de qualification au Mondial continue de faire des vagues dans le pays des pharaons. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les violentes émeutes qui ont eu lieu ces derniers jours, au Caire, pourront causer de grands préjudices pour ce pays touristique. Le gouvernement Moubarak semble collectionner les mauvaises notes et après avoir terni l’image de l’Egypte aux yeux du monde dans une expédition médiatique d’une rare bassesse contre l’Algérie, il risque désormais de causer de grandes pertes à l’économie égyptienne, notamment le secteur du tourisme. Le tourisme est la première ressource en devises de l’Égypte et l’un de ses principaux secteurs d’activités avec des recettes de l’ordre de 7 milliards de dollars par an, supérieures au transfert des émigrés égyptiens de l’étranger. Cette rente est désormais fragilisée par les dernières émeutes qui ont secoué l’Egypte suite à l’élimination de l’équipe nationale de football. Mardi soir, le ministère français des Affaires étrangères et européennes a recommandé aux ressortissants français de ne pas se rendre en Egypte.
    «A la suite des matchs de football qui ont opposé récemment l’Egypte et l’Algérie, la tension persiste avec des risques de comportements agressifs. Il convient dans ces conditions d’observer une grande prudence et de se tenir à l’écart de tout incident», avertit le quai d’Orsay dans un communique publié mardi sur son site Internet. Le ministère français des Affaires étrangères et européennes prend au sérieux les derniers incidents survenus en Egypte tout en estimant que les touristes français et en particulier ceux originaires du Maghreb pourraient être victimes de la colère de la foule. Les autres pays européens pourraient emboiter le pas à la France en conseillant à leurs citoyens de bouder cette destination et notamment après la circulation d’informations sur l’agression au Caire par des supporters égyptiens le 14 novembre dernier d’un bus de touristes européens. Les fans des pharaons auraient pris des touristes anglais pour des supporters algériens. Les Egyptiens avaient caillassé le bus causant un traumatisme crânien à un touriste britannique avant de découvrir leur bévue. Autre risque pour la sécurité des touristes européens est la menace terroriste qui demeure encore sérieuse.
    Les autorités égyptiennes ont d’ailleurs annoncé le 8 avril avoir arrêté et démantelé un groupe de 49 personnes qui projetaient des actions terroristes en Egypte, précise-t-on dans le communiqué du ministère français des Affaires étrangères et européennes. Le quai d’Orsay signale en outre que «l’Egypte est aujourd’hui confrontée à une accélération de la contagion au virus H1N1. Les autorités égyptiennes recommandent la prudence quant à la fréquentation des lieux à forte densité humaine. Elles ont par ailleurs mis en place des dispositifs de contrôle aéroportuaire, parmi lesquels la mesure de la température corporelle. En cas de doute, ce contrôle peut conduire à un isolement et à des tests sanguins.
    La fermeture des établissements scolaires prévue à l’occasion des fêtes du Bairam devrait être prolongée à titre préventif pour une période qui pourrait s’étendre, au minimum, du 25 novembre au 5 décembre.
    Cette mesure est susceptible d’être étendue», ajoute-t-on de même source. Le pays de Moubarak semble ainsi s’enfoncer peu à peu au fond du gouffre. Le tourisme qui représente 11,1% du PIB égyptien et emploie 12% de la population active pourrait souffrir dans les prochaines semaines de la récession. L’année dernière l’Egypte a accueilli 13 millions de visiteurs, dont 1,8 million de Russes. Le nombre de touristes français est estimé à 600.000 par an.dilem1.jpg

  • Saïd Barkat revoit sa copie 0sur20


    STRATÉGIE DE VACCINATION CONTRE LA GRIPPE PORCINE

    02 Février 2010 - La campagne de vaccination a été un échec

    Le ratage de la campagne de vaccination semble être derrière la prise d’une telle décision.

    Une nouvelle stratégie vaccinale contre la grippe A/H1N1 est nécessaire. Cette décision, motivée essentiellement par la situation épidémiologique et virologique actuelle de la maladie en Algérie, vient d’être prise conjointement par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et le comité des experts.
    Le département de Saïd Barkat a expliqué, dimanche dernier, que cette décision trouve sa justification dans la situation qui prévaut dans le monde et qui, selon les spécialistes, «est marquée par un certain déclin de l’activité grippale». Pas seulement, «la non-adhésion à la vaccination de la population et, notamment du personnel de la santé», a été également prise en compte.
    En effet, l’on se rappelle que la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1, entamée officiellement le 30 décembre dernier, n’a pas drainé une grande foule.
    Les trois étapes, qui devaient cibler le corps médical, les femmes enceintes et les corps constitués, ont été un avant-goût d’une campagne qui a fait plus de bruit pour rien. Prenant en considération les données factuelles de la situation dans le monde, le ministère de la Santé a précisé avoir relevé que la pandémie subsiste toujours et son évolution demeure «imprévisible».
    S’appuyant sur l’avis d’experts nationaux et internationaux, en termes de dynamique et de virulence du virus pandémique, la tutelle prévient qu’«une nouvelle vague n’est pas à exclure».
    Sur le plan clinique de la maladie, le ministère rappelle que les décès enregistrés jusque-là, ont concerné particulièrement les femmes enceintes, les malades chroniques ainsi que les sujets âgés. S’agissant de la situation épidémiologique de la maladie, la même source ajoute qu’elle se caractérise par un total cumulé de cas confirmés, estimé à 916 cas et 57 décès enregistrés à la date du mercredi 17 janvier 2010.
    Par ailleurs, le département de Saïd Barkat a rappelé que, depuis le 3 décembre 2009, et sur la base d’une instruction ministérielle redéfinissant les modalités de prise en charge curative, seules les formes sévères, les personnes à risque élevé de complications et celles présentant une morbidité associée au syndrome grippal, sont hospitalisées.
    Les autres malades, rappelons-le, après diagnostic du virus H1N1, ont reçu leur traitement à base de Tamiflu à la maison.
    Toujours sur le plan épidémiologique, le ministère de la Santé relève que le premier pic a été atteint à la quatrième semaine du mois de décembre 2009 et ce, après que 166 cas sévères aient été enregistrés. Paradoxalement, et depuis la première semaine de janvier 2010, une nette diminution de cas contaminés a été constatée. Aucun décès n’a été enregistré depuis cette période également.
    Sur le plan géographique, les cas de personnes infectées par le virus pandémique ont été déclarés dans 46 wilayas au total, à l’exception de Adrar et Naâma. Alger, elle, reste la wilaya la plus touchée par la grippe A/H1N1 sur le territoire national avec un taux égal à 26%.
    Concernant la réception du vaccin contre cette grippe, le ministère de la Santé indique qu’à ce jour, 1.538.000 doses ont été réceptionnées sur les 20.000.000 de doses commandées, ajoutant que «jusqu’à l’heure actuelle, une lettre de crédit a été ouverte pour 2.400.000 doses» et que, par conséquent, «862.000 doses restent à livrer dans les prochains jours».
    Cela impliquerait-il, de ce fait, que l’Etat n’a pas l’intention de suspendre la réception du très controversé vaccin, comme l’a laissé entendre, il y a quelque temps, M.Slim Belkessam, responsable de la communication au sein du ministère de la Santé?
    L’Algérie maintiendra-t-elle encore sa décision pour la réception du total des 20 millions de doses commandées auprès du laboratoire GlaxoSmithKleine, et ce malgré le ratage de la campagne de vaccination et le déclin de la maladie?
    Le ministère, lui, n’a pas jugé utile d’apporter des éclaircissements dans ce sens.

    Meriam SADAT

     

  • النقابات المستقلة تهدد بشل الشارع الجزائري: الدولة تستجيب لمطالب القطاع الصناعي وتتجاهل الوظيف العمومي••؟


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    عاد، الحديث عن انشغالات الجزائريين اليومية، بعيدا عن الأجواء الرياضية التي شغلت الرأي العام الجزائري، أول هذه الإنشغالات تلك الاضرابات التي باتت تصنع الحدث، بداية من إضراب سلك التعليم الذي دعت إليه النقابة الوطنية لعمال التربية، على لسان أمينها العام عبد الكريم بوجناح، الذي أكد أن: ''الحوار مع الوزارة لم يأت بالنتائج المطلوبة، وعليه يجب الإستمرار في الضغط عليها من خلال العودة للإضراب إلى غاية استجابتها للمطالب''.· هو، إذن، الغليان الاجتماعي الذي استفاق عليه الشارع الجزائري في العديد من القطاعات، بعد التربية، الصحة والنقل.· عصب الحياة اليومية للمواطن، في الوقت الذي سارعت فيه السلطات للتجاوب مع الإضربات في القطاع الصناعي خوفا من تأثر العجلة الاقتصادية بها، متجاهلة المطالب الاجتماعية·

    بالرغم من صعوبة الإلمام التام بكل تسميات النقابات المستقلة في مختلف القطاعات، والتي فاق عددها العشرة، إلا أنها باتت تشكل حديث العام والخاص في الشارع الجزائري، نظرا لارتباطها بالحياة اليومية على غرار الصحة، التربية والنقل.. والجدير بالذكر أن قطاع الصحة الذي يهدد بالإضراب بسبب عدم تجاوب السلطات مع مطالبه، يضم أكثر من 300 ألف عامل في القطاع الصحي العمومي، في حين أن قطاع التربية يضم أكثر من مليون عامل، وهي إشارة إلى أن هذين القطاعين، لوحدهما، كفيلان بشل الحركة في البلاد، وهو ما تأكد مع إضراب قطاع التربية· هذا الإضرب الذي اضطر الوزارة الوصية للجلوس إلى طاولة الحوار، واعتبره المراقبون حدثا مهما، إذ هي المرة الأولى التي تعترف فيها وزارة التربية بثقل نقابة عمال التربية، بعدما نجحت هذه الأخيرة في تجنيد الغالبية العظمى لعمال القطاع·

    والجدير بالذكر أن هذه الإضرابات تتم في الوقت الذي تواصل فيه الحكومة الإصرار على عدم إدراج النقابات المستقلة عن الاتحاد العام للعمال الجزائريين في الحوار الثلاثي الذي يجمع بين ممثلي أرباب العمل والحكومة· وهو المنطق الذي ترفضه النقابات المستقلة بدليل

    إدراجها ضمن سلسلة مطالبها ضرورة التعامل معها باعتبارها نقابات شرعية تمثل العمال ولا بد من إشراكها في الحوار· على أن هذا المطلب جزء من قائمة مطالب يعتبرها العمال حساسة وضرورية. ولا يقتصر الأمر على رفع الرواتب، وإنما يشمل القانون الأساسي الخاص بكل قطاع مهني، بالإضافة الى إعادة النظر في نظام التعويضات، الذي بات يشكل مشكلة حقيقية بين الوزارات المعنية والنقابات المستقلة·

    يحدث كل هذا الحراك النقابي في الوقت الذي يسعى فيه عبد المجيد سيدي السعيد، الأمين العام للإتحاد العام للعمال الجزائريين، لإخماد النار، غير أنها باتت مهمة صعبة على اعتبار أن فتيل نيران الغضب الاجتماعي تشتعل في كل مكان، ما كشف محدودية تحكم نقابة سيدي السعيد في ساحة الشغل، بالرغم من المكانة التي تمنحها لها الدولة من خلال التعامل معه بشكل حصري·

    هذا الوضع جعل النقابة المركزية تبدو كعملاق من ورق لا يكاد يسمع له كلمة في الأحداث الدائرة، بل أكثر من ذلك، تسعى الحكومة للإستجابة النسبية لمطالب النقابات المستقلة في محاولة لإيهام الرأي العام بأنها استجابة لمطالب المركزية· وقد أجمع الملاحظون، على غرار الأستاذ ناصر جابي، المختص في علم الاجتماع العمالي والنقابي، الذي يؤكد أن: ''النقابة المركزية مهددة بخسارة القاعدة العمالية التي ترتكز عليها في وجودها''، مضيفا أن النقابات المستقلة أثبتت قوتها عبر التجاوب الكبير للعمال معها في مختلف القطاعات التي باتت تتحكم فيها بشكل كلي·

    أمام هذا الوضع الذي فلت فيه الأمر من أيدي النقابة المركزية التي طالما لعب أمينها العام دور الإطفائي الذي يهدئ من حدة الصراع، وبالتالي تأجيل مناقشة المشكلات الرئيسية التي يعاني منها عالم الشغل لغاية الثلاثية السنوية، والتي، بدورها، لا تقدم الكثير، وأمام إصرار وعزيمة النقابات المستقلة التي بدأت تجني ثمار عمل سنوات من خلال اعتراف السلطات بقوتها واضطرارها للجلوس إلى طاولة الحوار، يبدو أن الجبهة الاجتماعية في طريقها إلى منعرج جديد قد يشل الجزائر، سيما وأن الإشارات التي ترسلها الدولة لا توحي باهتمامها بمطالب عمال الوظيف العمومي وكل القطاعات التي تمس حياة المواطن، على عكس التجاوب الذي حدث مع القطاعات الصناعية مثلما هو الحال مع إضراب أرسيلور ميتال·

    سامية بلقاضي