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  • Une femme malade interpelle le ministre de la Santé

    «Il faut en finir avec cette humiliation»

     

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    Elle traîne trois maladies : diabète, hypertension et dermatomyosite. Elle arrive à peine à se mouvoir sans son fauteuil roulant.

     

    Et comme un malheur ne vient jamais seul, Fertassi Yamina, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a fait les frais d’une administration hospitalière peu soucieuse des souffrances des petites gens. Lundi dernier, cette vieille femme habitant dans la commune d’El-Hamiz, se rendit à l’hôpital de Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger, accompagnée de son fils pour son rendez-vous. Sur place, elle devait se faire administrer un médicament nécessaire pour son traitement contre la dermatomyosite, une pathologie (rare) inflammatoire systémique touchant essentiellement la peau et les muscles squelettiques.

    «J’arrive tôt le matin le jour de mon RDV. On me fait poireauter de 10h jusqu’à 14h. En fin de compte,  j’apprenais que le médicament qu’on devait m’administrer sur place était indisponible. Je protestais, mais c’était peine perdue», raconte-t-elle, ulcérée. Renseignement pris, il s’avère que cet hôpital public n’a pas a été approvisionné par la Pharmacie centrale des hôpitaux. Notre interlocutrice rentre donc bredouille à la maison, le cœur en peine. Pourtant, la veille, on lui a assuré que tout devait se passer sans anicroches. Une semaine auparavant, Fertassi Yamina a vécu la même mésaventure. Presque le même scenario. Toujours la même rengaine : pas de médicament ! «Cette fois-ci, je me suis sentie humiliée», confie -telle.

    Ce triste sort réservé à cette courageuse dame n’est pas un cas isolé. Ce sont des milliers de malades, livrés à eux-mêmes, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Si elle tient à rendre hommage au personnel médical de l’hôpital de Ben Aknoun, sa colère noire n’épargne pas l’actuel ministre de la Santé qu’elle considère comme le premier responsable de cette catastrophique situation : «Il passe son temps à parler d’un Eden. C’est faux. Il devrait aller plutôt voir de visu ce qui se passe dans les hôpitaux. Manquer de médicaments dans un pays riche de son pétrole est une honte. A défaut de médicaments et d’équipements adéquats, les médecins ne peuvent rien faire pour les malades. Ce ministre doit prendre conscience qu’on ne doit plus jamais jouer avec la souffrance des gens. Il faut en finir avec cette humiliation.» Son cri de colère sera-t-il entendu ? 

     

    H. L.
  • Les anges exterminateurs

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    En plein milieu du feuilleton «la cavale de Chakib Khelil, prédateur de Sonatrach», coincé aujourd’hui entre les juges américains et algériens, tombe l’annonce de l’extradition vers Alger par les Britanniques de Abdelmoumen Khalifa. «Il ne manquait plus que lui», fut la réaction courroucée des gens du pouvoir, affolés par ce cadeau empoisonné de Londres qui tombe en plein précampagne électorale. Et à un moment où le mot d’ordre gouvernemental est l’enjolivement, sous toutes ses facettes, du bilan Bouteflika en prévision de sa candidature – ou de celle d’un homme lié au pouvoir – à l’élection d’avril 2014. Ces deux personnages sulfureux ont en commun le pillage systématique de biens publics durant la première décennie 2000.

    Pour ce faire, ils ont mis à profit les contradictions et les failles du pouvoir politique, l’un activant dans la sphère privée, l’autre dans le domaine public. Ils ont enrichi des proches, des alliés et des complices, y compris au sein de l’Etat et à l’extérieur du pays. Leur atout majeur a été la bienveillance des autorités politiques bernées par le «profil» qu’ils se sont confectionné sur mesure : Moumen Khalifa, un «génial manager» et Chakib Khelil, un brillant ministre de formation américaine aux allures de Texan. Des anges qui ont vite fait de se révéler exterminateurs. Le président de la République, lui-même, a cédé à cette fascination jusqu’à l’éclatement au grand jour de grands scandales touchant à leur gestion et à leurs méfaits.

    S’il s’est résolu à laisser faire la justice, le chef de l’Etat a toutefois pris la précaution de sauver certaines «têtes politiques», parmi elles le secrétaire général de l’UGTA qui avait pourtant avoué, devant le juge, sa responsabilité de donneur d’ordre dans la mise à disposition d’El Khalifa Bank de l’argent des caisses de sécurité sociale. L’opinion publique en a été profondément choquée. Dans les affaires Sonatrach, le chef de l’Etat porte la responsabilité d’avoir maintenu vaille que vaille Chakib Khelil à la direction du secteur de l’Energie, lui conférant les pouvoirs absolus alors même que dès le début de son règne apparaissaient des signes sur les dérives de sa gestion. Le plus flagrant fut la loi sur les hydrocarbures visant à brader les ressources du sous-sol du pays aux multinationales du secteur. Le texte fut annulé in extremis après une lourde crise au sein du sérail.

    Que ce soit dans l’affaire Sonatrach ou dans le dossier Khalifa, des innocents ont payé lourdement, certains par l’emprisonnement, d’autres par l’exil forcé. Plusieurs cadres dirigeants de valeur ont passé de nombreuses années dans les geôles. Outre le considérable préjudice porté à l’argent de l’Etat, des milliers de citoyens ont été ruinés. Des seconds couteaux ont payé, des fusibles ont sauté. Le drame a sévi dans des centaines de familles. Dans les deux cas et à ce jour, ni la justice ni la vérité n’ont triomphé et tout indique que ce n’est pas demain que cela se fera. Chakib Khelil est sur les traces de Abdelmoumen Khalifa, c'est-à-dire voué à un long exil doré dans un pays occidental, en l’occurrence les USA, dont il porte la nationalité. Et l’ex-golden boy, quand bien même il se retrouve devant un tribunal algérien, n’aura aucune crainte car son silence vaut de l’or dans un système immergé tout entier dans la corruption la plus totale.

     

    Ali Bahmane
  • L’homme moderne

     

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    Il doit avoir entre 30 et 40 ans, se rase tous les deux jours, fait du sport une fois par semaine et, pour le reste, pense qu'il a encore le temps. Intelligent et moyennement cultivé, il n'a pas d'avis politique – il sait simplement que la politique c'est compliqué – ni de doctrine économique – il désire juste trouver du travail et tout ce qu'il veut en magasin. L'homme moderne se soigne sur internet, a connu sa femme sur facebook, prend ses rendez-vous par SMS et, depuis quelque temps, se rend à ses lieux de rendez-vous par la 3G. Il regarde les infos en streaming podcast, consulte la météo sur son portable et s'informe sur twitter. L'homme moderne est individualiste, il ne connaît que trois séries de chiffres par cœur : celles de ses deux téléphones ainsi que le montant exact de sa fiche de paye. Mais en groupe, il préfère voir un match du Barça plutôt que la finale de la Coupe d'Algérie, tout comme il préfère les soirées-blagues de Mascara entre amis plutôt que de flâner seul dans les rues à la recherche d'inspiration.

    Car l'homme moderne parle bien mais écoute mal, écrit mais ne lit pas, se réveille bien mais dort mal. L'homme moderne voyage mais ne s'aventure pas, sait prendre des photos mais ne sait pas regarder, s'habille bien et mange mal. Pourtant, il sait faire un peu la cuisine mais préfère que sa femme la fasse, n'a rien contre laver la vaisselle mais prétexte toujours qu'il n'a pas le temps. Car l'homme moderne a ceci de moderne qu'il ne se pose que rarement la question de la modernité. Quand on lui demande si celle-ci est compatible avec la religion telle que pensée aujourd'hui, avec un clergé de psychopathes qui explique quotidiennement la vie et les interdits et un Dieu espion qui surveille comme la NSA les moindres fait, geste, e-mail, parole de chacun, l'homme moderne s'énerve et s'angoisse. C'est à ce moment-là que l'homme moderne devient généralement archaïque.

     

    Chawki Amari
  • Abdelsellal Malek dixit "FAKAKIR"

     

    Vous reprendrez bien un peu de Sellal ? Après une petite accalmie, expliquée par les analystes par des froncements de sourcils venus d'en haut, l'inégalable Premier ministre est revenu à son sport favori. Dernière déclaration : «L'Algérie sortira du pétrole grâce aux nanotechnologies.» De quoi parlait-il ? De la taille de son président ou des ambitions lilliputiennes d'un pays qui rêve de nanisme ? D'un 4e mandat ou d'une nouvelle technique de fraude électorale tellement discrète qu'elle serait invisible à l'œil nu de l'observateur ? En tout cas, le retour de Sellal sur la scène politique comique montre que l'autoroute Est-Ouest vers les hauts sommets semble tracée pour lui, à l'inverse de son concurrent goudronneur, Amar Ghoul ou autre Benflis. Sellal fait des blagues partout, y compris avec votre argent puisqu'il en distribue à tout le monde en dehors de tout programme économique ou de plan de développement sérieux.

    L'idée aura fait son chemin, Sellal président, Premier ministre, premier mandat, l'actuel Président s'étant visiblement résigné à rester assis et mettre son Premier ministre sur la rampe de lancement, sur des accords de non-agression futurs. Ce sera Abdelmalek Sellal ou Abdelsellal Malek, même s'il ne faut pas imaginer un grand bouleversement dans les méthodes d'un régime qui préfère encore dormir que bouger, manger que faire du sport et dépenser plutôt que travailler. S'il est plus moderne et libertaire que le vieux ministre des Affaires étrangères de Boumediène, Sellal est un enfant du système. Il ne sortira probablement pas l'Algérie du pétrole et ne la fera pas entrer dans les nanotechnologies avant son 3e mandat. Il va avoir 66 ans en 2014, pendant que l'Algérie en aura 52, et restera de fait plus vieux que son propre pays. Oui, on l'a appris hier, le nouveau ministre des Affaires étrangères autrichien s'appelle Sebastien Kurz. Il a 27 ans.

     

    Chawki Amari
  • Bizbouss

     

     

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    Le sucre est cher, un peu de tendresse. Venue d'en haut pour une fois : le Président nous embrasse, c'est du moins Sellal qui l'a dit après l'avoir vu, transmettant ainsi les salutations du régent à son peuple. On aurait évidemment préféré qu'il nous embrasse directement, qu'il passe à la télévision pour nous dire qu'il nous embrasse ou qu'il envoie un SMS pour nous écrire qu'il nous embrasse, un message groupé bien sûr, payé sur le budget com de la Présidence. Mais c'est un geste affectueux quand même et d'ailleurs étonnant puisque le Président ne nous a jamais réellement portés dans son cœur, préférant envoyer des messages de condoléances aux Norvégiens après un attentat terroriste plutôt qu'aux Algériens pour une agression similaire.

    Mais c'est gentil, il nous envoie son salut, comme celui d'un vieil oncle exilé dans un pays lointain, qui aimerait nous voir mais ne peut pas. Justement, s'il ne peut venir nous voir, peut-on aller le voir ? Non, il faut être Premier ministre, algérien ou français, diplomate ou général. A ce propos d'ailleurs, l'un de ces diplomates a révélé après une entrevue que le Président ne pouvait pas parler. Comment a-t-il fait alors pour transmettre à Sellal ses embrassades au peuple ? Peut-on lire sur les lèvres un baiser ? Non, on peut l'écrire et c'est probablement ce qui s'est passé.

    Le Président a écrit à Sellal, qui a lu et transmis. Le Président va bien et il vous embrasse. Devant l'absence de vision ou d'information, c'est déjà l'amorce d'un bilan de santé et un début de programme pour 2014. Des embrassades, partout, comme pour Maradona et sa femme, ou comme pour les retrouvailles annoncées avec l'extradé ex-trader Khalifa. Bonne nouvelle, on se sentira moins seuls. Et Chakib Khelil ? Lui, c'est différent, personne ne l'a demandé en Algérie, même pas son ex-employeur, il ne viendra donc pas. Mais on l'embrasse bien fort. En dinars seulement.

     

    Chawki Amari
  • «Adressez-vous à la nation, Monsieur le Président»

     

    Des comités de soutien à Bouteflika

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    Après l’avoir appelé à renoncer au quatrième mandat pour lequel ses proches font un forcing, l’animateur général des comités de soutien du président Abdelaziz Bouteflika, Abdelghani Touhami , lui a adressé une autre lettre, envoyée avant-hier, dans laquelle il le presse de sortir de son silence.

    L’expéditeur parle au nom des coordinateurs des comités de soutien qui partagent le même point de vue concernant le quatrième mandat. «Nous vous transmettons les revendications des commissions, en particulier, et celles des Algériens, en général, quant à la préparation des prochaines élections et leur importance pour l’avenir du pays», lui écrit-il d’emblée.

    Soulignant l’intense activité des réseaux de soutien ces dernières semaines et le débat auquel ont participé 350 coordinateurs, il ressort, selon Abdelghani Touhami, une vive préoccupation suscitée par l’opacité qui entoure la prochaine élection présidentielle. Les Algériens, affirme-t-il au chef de l’Etat, ont «peur de l’avenir». Selon lui, «les conditions dans lesquelles se prépare la prochaine échéance électorale ont créé des tensions qui risquent de mener vers l’explosion sociale et de graves visions dans la société présageant ainsi d’un avenir incertain dans un contexte marqué par la précipitation des événements en Afrique, dans le monde arabe et à nos frontières».

    «Nous avons besoin plus que jamais, en ces moments difficiles, et en cette étape historique et cruciale, d’union, de consensus et de solidarité entre les Algériens pour un avenir dont il faut clarifier les contours aujourd’hui, pas demain», alerte l’animateur général des comités de soutien au président Bouteflika.
    Pour Abdelghani Touhami, «le prochain président de l’Algérie, selon les sondages des réseaux de soutien, ne peut faire face aux défis qui se posent à l’Etat s’il n’a pas le consensus populaire autour d’un véritable programme politique, sécuritaire et économique». Le prochain Président, souligne-t-il encore, «doit être un digne héritier des valeurs de la guerre de Libération nationale, un homme à principes, fin connaisseur des disfonctionnements de la justice pour rétablir les citoyens dans leurs droits, capable de mettre en place un groupe de travail national susceptible d’appliquer une politique économique à même de garantir une vie digne aux Algériens, de réhabiliter la puissance de l’Etat en luttant sans merci contre la corruption et mettre en place des mécanismes de contrôle de la dépense publique».

    Dans sa lettre adressée avant-hier au chef de l’Etat, Abdelghani Touhami, qui parle au nom de 350 coordinateurs des comités de soutien, appelle le locataire d’El Mouradia à «désamorcer un pays miné et le placer dans la sérénité en prononçant au plus vite un discours à la nation et ne pas attendre deux mois pour le faire». Il est urgent d’arrêter, précise-t-il, ceux qui veulent précipiter le pays dans l’inconnu. «Votre silence, écrit Abdelghani Touhami, sera utilisé par ces gens malintentionnés pour diviser la voix du peuple et sa volonté.» Il appelle le président Bouteflika à s’adresser en urgence aux Algériens à travers un discours historique, maintenant. Après, précise-t-il, «ce n’en sera pas un». 

    Said Rabia
  • Le sondage et le sondé

     

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    Dans les pays avancés où l'opinion publique compte, les sondages se font régulièrement sur des questions essentielles liées au destin commun ou sur d'autres plus superflues. Dans les autres pays, par contre, ces sondages sont inexistants, les régimes contrôlant les élections et les électeurs tout comme les pensées et les penseurs, sur une idée forte d'isolation : «Si tout le monde sait ce que tout le monde pense, il sera difficile de vendre n'importe quoi à tout le monde.» C'est cette logique de la fragmentation permanente, conduisant chacun à naviguer sans savoir ce que pense l'autre, qui permet à un régime autocratique de durer.

    Sauf que dans d'autres pays, encore, le sondage est plus complexe à mettre en œuvre car les sondés ne sont pas tous égaux. Dans le cas du pays que l'on connaît le mieux, que pourrait-on y sonder si on en avait l'occasion ? On pourrait commencer par une question classique : «Pensez-vous que la prochaine élection sera honnête ?» Ou équivalente : «Souhaitez-vous que Bouteflika se présente à la prochaine élection ?» On pourrait ici ajouter une question spécialement dédiée aux Algériens : «Voulez-vous que votre réponse au sondage apparaisse ?» Plus pernicieuse encore, une question qui ne se pose pas en démocratie : «Pensez-vous que ceux qui réalisent ce sondage sont des gens sérieux ?» Ou : «Pensez-vous que ce sondage sera publié et que ses résultats seront vrais ?» Mieux : «Pensez-vous que le résultat de ce sondage, s'il est vrai, influera de quelque manière que ce soit sur quelque chose ?» Sauf qu'à partir de là, étant entendu que le régime ne veut pas de sondages, on peut se demander si les sondés en veulent. Question subsidiaire tout aussi perverse : «Pensez-vous que votre voisin donnera la même réponse que vous à ce sondage ?» Oui, le jour où les sondages seront tout à fait banals en Algérie, il faudra que le statisticien soit aidé par un psychiatre.

     

    Chawki Amari

     

     
  • MARADONA EN ALGERIE

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  • Santé de Bouteflika : Les interrogations

    zoom | © photo : afp
     

    La convalescence du président Bouteflika, entamée il y a six mois, se prolonge et inquiète l’opinion publique à trois mois de la présidentielle. Des spécialistes indiquent à ce propos que «la récupération totale de ses facultés est quasiment impossible» et que le centre du langage serait sévèrement atteint.

    La convalescence du président de la République, entamée depuis six mois et qui se prolonge indéfiniment, inquiète et suscite rumeurs et interrogations. Ses courtes apparitions à la télévision, en train de recevoir des personnalités politiques algériennes et étrangères, restent insuffisantes pour rassurer le grand public.

    Son incapacité à tenir des réunions de plusieurs heures et effectuer le travail intense d’un chef d’Etat montre bien qu’il n’a pas vraiment récupéré toutes ses facultés motrices altérées par l’accident vasculaire cérébral ischémique (AVC)», commente un spécialiste en neurologie.
    Certains médecins supposent que l’état du président s’est peut-être amélioré, mais personne n’est en mesure de dire avec exactitude le niveau de cette amélioration tant son bilan de santé est un secret impénétrable. «Nous ignorons encore quel est le territoire atteint au plan neurologique par cet AVC. Tant que nous n’avons pas de données du dossier médical, nous ne pouvons pas nous prononcer sur ses aptitudes futures. Car il faut d’abord déterminer les causes de cet accident et voir aussi comment est l’état de son cœur, de ses reins, etc. Ce qui est sûr, c’est qu’un sujet âgé reprend difficilement après un AVC», nous confie un autre spécialiste, en précisant que le premier geste, à savoir la thrombolyse, n’a pas été fait. Un professeur de médecine estime que si l’on ne récupère pas dans le premier mois qui suit l’AVC, il est très difficile de retrouver toutes ses capacités motrices.

    La rééducation pourra lui permettre de recouvrer l’usage partiel de certaines fonctionnalités affectées. Cela d’autant plus, insiste ce professeur, qu’«on ne sait pas dans quel état il a été évacué». Le risque de récidive est toujours pesant, estiment les spécialistes. Car «on ne revient pas à l’intégrité des territoires atteints par l’AVC», signale-t-on, tout en précisant que «lorsqu’une cellule est morte dans le cerveau, surtout chez les personnes âgées, elle ne peut se régénérer, et c’est le même cas pour les neurones».

    Les séquelles de l’AVC ne se limitent pas au déficit partiel de la force musculaire, commente-t-on dans le milieu médical, «il y a aussi une atteinte du centre du langage. Nous ne l’avons pas entendu parler et il ne s’est pas adressé à son peuple pour le rassurer», relèvent des spécialistes en neurologie, pour lesquels il est clair que le temps de récupération sera très lent, car cela dépend de plusieurs facteurs.

    L’âge et la nature des lésions de la surface de la zone ischémique constituent pour ces médecins spécialistes un facteur aggravant. Il est à rappeler que le dernier bulletin de santé du président de la République, signé par ses «médecins accompagnateurs», avait été rendu public le 11 juin dernier, pour affirmer que Abdelaziz Bouteflika avait eu un AVC le 27 avril et non pas un accident ischémique transitoire comme cela avait été annoncé le jour de son attaque «sans retentissement sur ses fonctions vitales».  Son transfert à Paris, justifient ses médecins, avait été décidé pour «un complément d’exploration à l’issue de laquelle ses médecins lui ont recommandé d’observer, à l’institution nationale des Invalides, une période de soins et de réadaptation fonctionnelle en vue de consolider l’évolution favorable de son état de santé».

    Djamila Kourta
  • #Ãlgerie Une pente douce mais sûre

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    L'enfoncement. Descendre, toujours, s'enfoncer encore. Jusqu'au point où la situation perd son aspect dramatique pour devenir risible. Une affaire Guerrara où les Mozabites accusent la police d'apartheid ; deux procès, un trafic de cocaïne jugé à Alger et un autre relatif à l’assassinat d’un militant politique à Oran, où des accusations de torture sont avancées. Avec, pour la dernière affaire, un tribunal qui refuse d’autoriser la défense à faire citer des témoins, à examiner les preuves avancées par l'accusation et à procéder au contre-interrogatoire de ses témoins, y compris le légiste qui a réalisé l’autopsie du professeur Kerroumi.

    Dans le même temps, un refus de visa pour Amnesty international, une interdiction de célébration pour la Journée contre la corruption, la dispersion par la police d'une manifestation devant le Palais du gouvernement, une conférence sur les droits de l'homme interdite à Constantine et le ministre de la Justice qui refuse de répondre à la question que tout le monde se pose au sujet du mandat d'arrêt algérien contre Chakib Khelil. Rien d'anormal, sauf qu'en cette Journée internationale des droits de l'homme et devant ces refus délibérés, Farouk Ksentini n'a rien trouvé de mieux que de décerner, au même moment, à Bouteflika, le prix national des droits de l'homme. Sur les 39 millions d'Algérien(ne)s, l'imprononçable CNCPPDH n'a pu trouver aucun militant harcelé ou figure de la lutte pour les droits de l'homme.

    Ayant cherché sans succès dans son répertoire téléphonique, Ksentini a donc décerné le prix à son Président, qui n'a d'ailleurs pas daigné assister à la cérémonie. Dans la foulée, on aurait aimé que le ministre des Sports remette aussi à Bouteflika la coupe d'Algérie de football. Ou, mieux, décerner à Ksentini le prix du meilleur cireur de l'année. Mandela, ne reviens pas à Alger. Ils sont capables de te mettre en prison. Juste pour rire.

     

    Chawki Amari
  • Un magistrat américain enquête sur Chakib Khelil

    Corruption

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    le 12.12.13 | 10h00

     

    L’étau commence à se resserrer autour de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, accusé de détournement de deniers publics. «Le dossier Chakib Khelil est toujours ouvert, nous sommes en contact avec des ONG américaines, notamment Transparency International, qui nous ont révélé qu’un magistrat américain est en charge d’enquêter sur l’ancien ministre de l’Energie et des Mines», a indiqué, hier, lors d’une conférence de presse à Alger, Atoui Mustapha, président de l’Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC).
                      

    Atoui Mustapha qui a préféré taire le nom de ce magistrat, n’a pas voulu s’étaler plus sur ce sujet au risque, a-t-il précisé, de gêner les investigations de la justice américaine concernant cette affaire. Il a toutefois tenu à assurer que «c’est un magistrat qui a déjà eu, par le passé, à gérer des affaires de corruption en Amérique latine et qui a donné des résultats».

    Cette information corrobore ainsi les révélations faites il y a quelques jours par l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, qui avait déclaré que la justice américaine divulguera bientôt des informations sur l’affaire Khelil.  «Ce n’est pas tout à fait un scoop», déclare, pour sa part, non sans une pointe d’ironie Djillali Hadjadj, président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AALC). Contacté par téléphone, celui-ci a considéré qu’il y a lieu d’ajouter des éléments d’information par rapport à cette affaire. «Le FBI était déjà au fait de l’affaire Chakib Khelil dans toute sa dimension. Le ministère de la Justice américain, patron du FBI, transmettait régulièrement au département d’Etat et à la Maison-Blanche des données sur cette affaire.

    Le FBI avait dressé un inventaire chiffré des biens immobiliers, des avoirs bancaires de Chakib Khelil, son épouse et ses enfants majeurs, aussi bien aux USA qu’en dehors», a-t-il indiqué. Selon Djillali Hadjadj, outre Chakib Khelil, sur instruction des magistrats américains, le FBI enquête aussi sur Farid Bedjaoui, également au cœur de l’enquête sur le scandale Sonatrach, et ce, en coopération avec les magistrats français, italiens et canadiens. A ce titre, le FBI et la Gendarmerie royale canadienne (GRC), qui est dotée d’une unité anticorruption, coopéraient, selon notre interlocuteur, à propos des deux mis en cause, Farid Bedjaoui et Chakib Khelil. Et dans cette affaire, précise Djillali Hadjadj, «les entreprises italiennes ENI et Saipem (filiale du groupe ENI) cotées à New York, avaient montré leurs dispositions à travailler avec le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, afin de reconnaître qu’elles avaient versé des pots-de-vin à des dirigeants de la société Sonatrach, à Farid Bedjaoui et Chakib Khelil». Ce qui permettra à ces deux entreprises, a-t-il ajouté, «de s’en sortir avec une très forte amende de plusieurs dizaines, voire des centaines de millions de dollars».

    Par ailleurs, affirme notre interlocuteur, qui regrette que «la justice algérienne traîne la patte sur cette affaire», les magistrats américains travaillent avec leurs homologues français sur les avoirs en France de Chakib Khelil et Farid Bejaoui.
    Selon Djillali Hadjadj, le gouvernement américain a fait voter en 2010 un dispositif législatif (loi Dodd Frank) visant à garantir la transparence dans les industries extractives. En vertu de cette loi, il est fait obligation à toute les multinationales qui exercent dans les ressources minières et gazières, qui sont cotées à la Bourse de New York, de déclarer et d’afficher publiquement tout ce qu’elles versent financièrement dans les pays où elles ont des marchés, ce qui permettra, en termes de lutte anticorruption, d’avoir des instruments complémentaires. «Ce qui explique pourquoi Saipem avait montré sa disposition à travailler avec la SEC», selon Hadjadj.

    Le refus d’agrément, une décision politique :

    Le président de l’ANLC est revenu hier sur la décision du ministère de l’Intérieur portant rejet de la demande d’agrément de son organisation, créée voilà une année et demie. «En tenant compte des arguments fournis par le ministère de l’Intérieur, qui sont dénués de tout fondement, nous estimons que le rejet de notre demande d’agrément est une décision politique», a déclaré Atoui Mustapha.

    Les membres de cette association, qui affirment que «ce refus implique qu’il n’y a pas de volonté de lutter contre la corruption dans notre pays», comptent à ce titre saisir le Conseil d’Etat à l’effet de revoir leur dossier d’agrément.  «Nous allons saisir le Conseil d’Etat, nous espérons dans ce cas avoir un magistrat qui fasse preuve de sagesse et statuera en notre faveur», a indiqué Halim Feddel, secrétaire général adjoint de cette association, non sans avertir que «si la justice refuse de nous donner l’agrément, nous avons la possibilité de saisir les instances internationales et d’écrire aux chefs d’Etat étrangers».

    En dépit du refus d’agrément de leur association, ces militants ne sont pas restés les bras croisés, ils ont décidé de peaufiner une stratégie de lutte contre la corruption en recourant à des actions de sensibilisation, de dénonciation des cas de corruption et en prenant attache avec des ONG étrangères.

    Ainsi, pour Atoui Mustapha, «le problème de la corruption en Algérie est un problème de mainmise du pouvoir exécutif sur tous les pouvoirs». «Il y a des magistrats honnêtes, mais ils sont victimes du système car la justice n’est pas indépendante. Elle est impuissante», estime de son côté Halim Feddel, qui fait part de certains cas de corruption, dont une affaire de dilapidation du foncier à Alger par un ex-ministre dont il a refusé de divulguer le nom. «Ce ministre a acheté un grand hôtel au Canada», s’est-il contenté de dire.    

    R. B.

  • L'envers de l’envers

     

    Sans avoir réellement vérifié, il semble que l'Algérie soit le seul pays au monde où les comités de soutien apparaissent avant l'annonce d'une candidature. Bouteflika, bien sûr, dont les comités de soutien fleurissent alors que lui-même ne s'est toujours pas défini par rapport à la présidentielle de 2014. Mais il n'est pas seul, des comités de soutien à Hamrouche ont récemment apparu alors que l'ex-chef de gouvernement, le plus audacieux sur les réformes, ne s'est officiellement pas présenté. Là où ailleurs, l'annonce d'une candidature est suivie de la mise en place d'un bureau de campagne, de la levée de fonds et de la structuration de groupes de soutien, tout se passe à l'envers en Algérie, en commençant par la fin.

    Cette loi empirique des contraires amène une question : et si l'on était sur la bonne voie, mais que l'on se trompait simplement de sens ? Bouteflika était président avant l’élection, ce qui est un contresens, mais il a été réélu avant de se représenter. Les exemples sont nombreux. On dépense l'argent avant la loi de finances, on dilapide avant de générer, on enquête sur les corrompus après qu'ils se soient enfuis et les dénonciateurs de la corruption sont suspects avant d'être écoutés.

    Les gouvernants utilisent des promesses futures comme bilans réalisés, on vote avant de connaître les programmes, on parle avant de réfléchir, on revend une voiture avant de l'avoir achetée et la majorité des Algériens(nes) rajoutent du sel dans le plat avant même d’y goûter. On torture des suspects après qu'ils aient avoué, mais on les juge avant qu'ils ne passent devant un tribunal. On épouse des femmes avant de les connaître et on les frappe avant qu'elles ne vous trompent, tout comme on parle d'héritage de la maison avant de la construire. Comment remettre tout cela à l'endroit ? C'est simple : il suffit de tout faire à l'envers. En quelques semaines, tout sera à l'endroit.

     

    Chawki Amari
  • logement en algerie =essence

    DILEM DU 12 DECEMBRE 2013