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  • Le maire de Mascara condamné à 18 mois de prison ferme.

    La Cour d’appel de Mascara a condamné, ce dimanche, le président de l’Assemblée populaire communale (APC) de Mascara, l’ex-receveur municipal et l’ex-directeur des finances et de l’administration à une peine de 18 mois de prison ferme assortie d’une amende de 20 millions de centimes pour chacun.


    Le représentant du ministère public a requit, notons-le, à l’encontre des mise en cause la peine de 6 mois de prison ferme assortie d’une amende de 20 millions de centimes. Le président de l’APC de Mascara, l’ex-receveur municipal et l’ex-directeur des finances sont poursuivi en justice pour les chefs d’inculpation de ratification de marché non conformes à la réglementation, dilapidation de deniers publics et usage de faux sur documents commerciaux et bancaires. L’affaire pour laquelle sont inculpés fait suite à la conclusion d’un marché avec un fournisseur de la wilaya de Tiaret. « Un engin de travaux publics fut acheté pour un budget de 800 millions de centimes au profit de ladite APC de Mascara et le paiement de la facture s’est fait en deux tranches. Cela a attiré les soupçons des pouvoirs publics et une enquête judiciaire s’est soldé par la présentation des concernés devant la justice », nous dit-on. A. Souag


    Par A. Souag

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  • Des milliers de jeunes filles victimes de la barbarie intégriste et de l’omerta : Violées par les intégristes, abandonnées par l’état


    Des milliers de jeunes filles victimes de la barbarie intégriste et de l'omerta : Violées par les intégristes, abandonnées par l'état


    Officiellement, les femmes violées n’existent pas, L’état ne les a pas reconnues comme étant des victimes du terrorisme. La SARP, qui a eu à prendre en charge quelques-unes de ces femmes, avoue ne pas disposer de statistiques à ce sujet. Région de Chlef, année 1997. La violence terroriste fait rage. La folie meurtrière n’épargne personne, hommes, femmes, enfants, vieillards. Alors que le pays est mis à feu et à sang par ces « fanatiques de Dieu », M., jeune bergère de 14 ans, fait paître son troupeau à quelques pas de son village, ne se doutant pas que sa jeune vie allait être brisée. Elle est attaquée par un groupe de terroristes qui pullulent dans cette région. Enlevée et séquestrée des semaines durant dans les maquis, elle y vivra l’inimaginable. L’innommable. L’enfer. La barbarie sous sa forme la plus abjecte. Les mots manquent et ne sauraient décrire ou qualifier l’étendue de l’horreur de ces actes. Immobilisée, la fillette verra passer sur son frêle corps des dizaines d’hommes par jour, parfois même jusqu’à 50.


    Tous les jours. Pendant plus d’un mois. Le viol collectif n’est d’ailleurs pas la seule atrocité que ses agresseurs lui feront subir. Régulièrement battue jusqu’au sang, elle se verra assener un coup de hache à la tête, qui ne l’acheva pas, mais lui laissa une cicatrice qui court de part et d’autre de son crâne. Quand elle est retrouvée par des militaires, elle est plus morte que vive. Mais son calvaire était loin de prendre fin, tant les stigmates de cette épreuve sont insurmontables, et tant la société et l’Etat sont impitoyables à son égard. Voire même indifférents au calvaire enduré et à ses souffrances. L’histoire de M. n’est évidemment pas « un cas isolé ».

    Comme elle, ce sont des milliers de femmes et jeunes filles, parfois même mineures et à peine pubères, à avoir été violées par les terroristes. Parfois enlevées lors de descentes punitives dans les villages, elles ont été gardées captives durant des mois, des années même dans les campements. Certaines ont été agressées chez elles, lors d’incursions, sous le regard de leur père, de leur mère, de leur mari, et parfois même de leurs enfants, avant d’être tuées dans certains cas. Plus nombreuses qu’il n’est dit… Combien sont-elles au juste ? Personne ne peut le délimiter avec précision. Seules des approximations existent. 3000 ; 6000 ; 8000 ? A l’époque, et même aujourd’hui, établir une liste exhaustive de ces victimes relève de l’impossible. Et les collectifs qui ont tenté de recouper de telles données se sont heurtés à plusieurs écueils.

    La Société algérienne de recherche en psychologie (SARP), par exemple, qui a eu à prendre en charge quelques-unes de ces femmes, avoue ne pas disposer de statistiques à ce sujet. « Nous avons entendu des chiffres, donnés par différents intervenants. Mais, personne, même nous et les autres associations qui avions eu à prendre en charge ce dossier ne pouvons prétendre les avoir toutes répertoriés. L’on a beau chercher, au niveau du ministère de l’Intérieur entre autres, mais des chiffres n’existent pas. Et pour cause, personne ne connaît réellement l’étendue des dégâts », affirme Mme Cherifa Bouatta, psychologue, vice-présidente de la SARP.

    Tout le monde s’accorde toutefois à dire que la réalité dépasse ce qu’il est avancé. « Rares sont celles qui s’en sont sorties vivantes. Et encore plus rares celles qui, rescapées, en ont parlé et ont été "identifiées " comme telles »", assure Mme Cherrifa Kheddar, présidente de l’association Djazairouna des familles victimes du terrorisme et de défense des droits des femmes. « Ce sont des familles entières qui ont été décimées dans les zones isolées. Dès lors, impossible de dresser des bilans. De même, elles sont des centaines à avoir disparu sans laisser de traces, et nul ne sait ce qu’il est advenu d’elles », explique, quant à elle, Mme Hanifa Benghanem, directrice du Centre national algérien des femmes victimes de violence et en situation de détresse (CNAFVVSD), sis à Bou Ismaïl. « Par exemple, continue-t-elle, il y a quelques temps, une dame d’un certain âge est venue me trouver. Elle était en possession de photos de deux jeunes filles, ses filles. Elles avaient été enlevées par les terroristes, et les autorités lui avaient assuré qu’elles avaient été recueillies dans un centre. Hélas, cette mère a eu beau frapper à toutes les portes, et ce, des années durant, nulle trace de ses filles. »

    Cette histoire traduit bien le flou qui entoure cette période sanglante. Mais elle révèle aussi et surtout, un Etat qui n’a pas su, pu, ou voulu, s’occuper de ces victimes. Et encore moins les prendre en charge et les reconnaître.

    Violées mais pas victimes

    Car, officiellement, ces femmes n’existent pas. L’Etat ne les a pas reconnues comme étant des victimes du terrorisme. Et il ne les reconnaît toujours pas. On a refusé de leur accorder un statut, et par là-même, une indemnisation. Une femme enlevée, violée, battue par des terroristes, n’est pas considérée en Algérie comme une victime de guerre. « Certaines ont même dû monter un dossier les présentant comme des blessés pour se voir attribuer une rente », raconte Mme Kheddar, forte des connexions que lui confère son poste dans l’administration wilayale. « Mais ce n’est pas chose aisée, tant les PV, attestations médicales et autres documents à fournir qu’il faut trafiquer sont nombreux », tempère toutefois Mme Bouatta. Réchappées de l’enfer, elles se sont pour la plupart retrouvées seules, dans le désarroi le plus total, sans aucune aide ni ressource. Et les arguments avancés par les dirigeants de l’époque pour justifier ce déni sont révélateurs du cauchemar qu’ont endurées ces femmes, et du regard porté sur elles. « Des associations et des organismes avaient demandé à l’Etat une reconnaissance de ces filles », raconte Mme Bouatta, « l’on nous a répondu par la négative, car leur donner un statut de ’’femmes violées par les terroristes’’ aurait été les stigmatiser ».

    Leur apposer sur le front une étiquette, les marquer à l’encre indélébile. Leur rappeler indéfiniment leur agression. Un viol n’est-il pas d’ores et déjà une cicatrice que l’on garde toute une vie ? « Ce n’est pas émotionnellement ou psychologiquement qu’on voulait les préserver. L’on considérait en haut lieu qu’une quelconque reconnaissance officielle ferait d’elles des femmes non mariables, parce que tout le monde les sauraient femmes violées. Elles étaient donc indésirables et personne ne voulait d’elles comme épouses potentielles », explique la psychologue. Car, mêmes victimes, elles étaient souillées, et portaient la honte, la culpabilité. De même, il a été rapporté qu’un ministre avait légitimé ce refus en affirmant que « si on les indemnisait, tous les mois lorsqu’elles recevraient leur pension, on leur rappellerait l’acte de viol et que, quelque part, cela équivaudrait à de la prostitution… »

    Déni de mémoire

    L’on comprend dès lors pourquoi la seule préoccupation de ces femmes a été de disparaître, de se faire oublier, et qu’elles ne sont qu’une minorité à s’être manifestées. Face à cet état de fait, à ce mépris déguisé en compassion, les associations de femmes, la SARP et d’autres organismes militant pour leurs droits avaient demandé, et recommandé, de les répertorier en tant que « victimes de terrorisme », sans pour autant mentionner la nature des sévices subis. Requêtes à laquelle aucune suite n’a évidemment été donnée. Mais ce n’est pas parce que l’on ne vous regarde pas que vous cessez d’exister. « Elles voulaient tout simplement être reconnues, admises. Politiquement et donc socialement et familialement »., analyse Mme. Bouatta. Car cette absence de considération est une tentative de les effacer, de les occulter de l’histoire du pays. De se débarrasser d’un fardeau embarrassant. « Cela a un nom, c’est un déni de mémoire », déplore-t-elle.

    Elles ont survécu à l’horreur

    Echapper à ses violeurs, et après ? Quelque temps après avoir été retrouvées, certaines femmes, l’on s’en souvient tous, avaient trouvé la force, et le courage, de témoigner. A visage découvert, elles avaient raconté leurs histoires, à la presse, aux autorités, et à des spécialistes, psychologues et psychiatres, pour certaines. Et aujourd’hui, après plus de dix ans, que sont-elles devenues ? Retrouver leurs traces, ou du moins les victimes « reconnues » , n’est pas chose aisée. Elles ont simplement toutes « disparu ». Même celles qui avaient été recueillies dans des foyers, ou des centres « spécialisés », ou qui étaient en contact avec des associations et des psychologues. Certes, les personnes qui avaient pansé les meurtrissures de ces femmes reçoivent sporadiquement des nouvelles de quelques unes d’entre elles, qui ont accepté de garder le contact. Mais elles sont rares, et refusent catégoriquement, des années plus tard, de témoigner ou d’entrer en contact avec des journalistes.

    Même si l’histoire de toutes ces femmes est individuellement révoltante, chacune des intervenantes garde en mémoire le parcours d’une fille. Un cas qui les a émues plus que les autres, et dont la souffrance et l’angoisse n’a jamais pu quitter leur pensée.

    De la prostitution à la sérénité

    L’association Djazaïrouna, qui active dans la région de Blida, a eu à en prendre en charge près d’une vingtaine, pour la plupart des filles natives de la ville ou de l’un des villages alentours. « Si elles s’étaient dirigées vers nous, ce n’était pas du fait des autorités ou des éléments qui les avaient retrouvées. Dans la plupart des cas, c’était un proche parent, qui ne sachant pas quelle attitude adopter face à elles, nous les confiaient », raconte la présidente. « Nous avons par exemple eu le cas d’une jeune fille, L., qui était accompagnée de son frère aîné », se souvient-elle. A l’âge de 17 ans, elle assiste au massacre de sa famille lors d’une attaque contre son village. Volontairement ou non, les assaillants l’épargnent, et quittent les lieux, la laissant pour morte après lui avoir fait subir les pires sévices.

    C’est donc son frère, seule famille qui lui reste, qui l’accueille. « Elle allait tellement mal qu’elle a versé dans la prostitution. Son frère, n’y tenant plus, l’a donc amenée au siège de l’association. Mais ce dont elle avait réellement besoin était d’être éloignée le plus possible du milieu dans lequel elle baignait, les lieux où elle avait vécue cette tragédie, car cela ravivait le traumatisme. Hélas, nous n’avions pas de foyer d’accueil, et c’est une structure dans la capitale qui s’est chargée d’elle », narre-t-elle, poursuivant « seulement, elle n’a pas supporté le régime très strict de l’établissement. Elle s’en est donc échappée, a repris ses "activités", et a complètement coupé les ponts avec nous », s’attriste Mme Kheddar. Jusqu’au jour où, quelques années plus tard, cette dernière reçoit un appel d’elle, ou plutôt de « la nouvelle elle ». « Elle s’est mariée, avec un monsieur beaucoup plus âgé qu’elle. Elle a eu trois enfants. Elle a pu refaire sa vie. Je l’ai revue depuis. Elle s’est assagie. Elle semblait paisible, sereine », se réjouit-elle.

    Et dans le lot de ces filles dont la vie a été brisée par ces viols, elles sont malgré tout quelques unes , quelques années après ces épreuves,à avoir pu « passer à autre chose », refaire leur vie et fonder un foyer. Ainsi, M., la jeune bergère de 14 ans citée précédemment, a, elle aussi, trouvé la force de surmonter l’atrocité des actes subis. « Elle était la dernière de la dizaine de filles violées par les terroristes qui avaient trouvé refuge dans notre centre de Bousmaîl, dont trois mineures. Elle s’est récemment mariée, et je crois même qu’elle attend un enfant », annonce, satisfaite, Mme Hanifa Benghanem, directrice du Centre national algérien des femmes victimes de violence et en situation de détresse (CNAFVVSD).

    Les sentiers abrupts de la rémission

    Mais le chemin de la rémission n’a pas été des plus aisés. Il fut long, douloureux et escarpé. « Lorsque nous l’avons reçue, c’était encore une fillette, dans un état indescriptible. Elle avait le visage tuméfié, des plaies sur tout son corps décharné, sans parler de son appareil génital, qui présentait de nombreuses déchirures. Son crâne, rasé, laissait voir une cicatrice qui allait jusqu’au front », dit-elle, en fermant les yeux, ajoutant, « c’était insupportable que d’assister à cela…j’en ai été malade… ». Et la prise de contact n’a pas été des plus faciles. « Une fois un tant soit peu rétablie physiquement, il lui fallait se refaire une santé mentale. Elle était emmurée dans un silence qui a duré plus de six mois. Elle rasait les murs, le regard tantôt vide, tantôt apeuré. Chaque nuit, elle faisait des cauchemars à n’en plus finir, où elle revivait les mêmes scènes d’enfer. Et chaque nuit, nous devions lui administrer des injections médicamenteuses pour qu’elle se calme et qu’elle puisse se reposer.

    De même, dès qu’il faisait noir ou obscur, à cause de coupures de courant, elle piquait des crises d’hystérie. Elle pleurait, criait, était atteinte de "folie furieuse" », se remémore douloureusement Mme Benghanem. Comment s’en est-elle sortie ? Comment a-t-elle pu réussir à prendre le dessus sur son traumatisme ? « Ce qui l’a sauvé, c’est l’école » affirme la directrice. « Elle s’est jetée à corps perdu dans les études, et sa transformation a été impressionnante. Elle s’ouvrait aux autres pensionnaires et à nous autres, personnel, elle pouvait sortir », dit-elle, analysant « son attention était tout simplement reportée sur quelque chose d’autre. Ça lui a donné une bouffée d’oxygène dans l’asphyxie dans laquelle l’avaient confinée ces viols et leurs séquelles. Elle entrevoyait de l’espoir, de nouvelles perspectives enthousiasmantes. Elle aspirait à devenir policière.

    Non pas pour se venger, mais pour venir en aide aux personnes en détresse. Ensuite, elle tenta de devenir infirmière et pompière. Elle y échoua de peu », concluant, « des années plus tard, elle a réintégré, plus ou moins difficilement, la cellule familiale, à Chlef, et elle a fini par se marier là-bas ».

    Toutefois, et malheureusement, ces femmes violées n’ont pas toutes connues ce « happy ending ». Certaines ont tout bonnement disparu, en déménageant à l’autre bout du pays, surtout lorsqu’elles attendaient un enfant. Les femmes mariées, parfois mères de famille violées sous les yeux de leurs enfants, ont été répudiées, privées de leurs enfants, et se sont retrouvées toutes seules et sans aucune ressource. Plus tragiquement, certaines ont trouvé la mort, comme le raconte Mme Bouatta, de la SARP. « Nous avions reçu dans notre centre d’aide psychologique une jeune fille, S., violée par des terroristes. Elle était extrêmement mal en point. Elle présentait des passages à l’acte, des tentatives de suicide. Quand elle venait au centre, parfois elle était prise de violentes crises d’hystérie, elle allait jusqu’à devenir agressive et à casser des objets. Elle y venait d’ailleurs très souvent et, c’était la seule, à le faire de son propre chef », se souvient la psychologue.

    Malgré les nombreuses visites effectuées par cette jeune femme, elle ne parlait jamais de ce qui la rongeait. « Elle n’a parlé de son viol qu’une seule et unique fois. Malgré cela, nous avons tenté de la soutenir, de l’aider, d’autant plus qu’elle n’avait pas de famille ou de proches pour la porter », s’attriste Mme Bouatta, ajoutant, le visage sombre, « mais cela n’a pas été suffisant. Elle ne supportait pas du tout son état, elle était complètement démobilisée, et ce à tous les niveaux. Elle avait de très grandes difficultés à vivre avec ce qui lui était arrivé ». Devant l’état de détresse extrême de la patiente, nul autre choix que de l’orienter vers un centre psychiatrique, car « il fallait impérativement des médicaments afin de l’aider à inhiber un tant soit peu le traumatisme ». Par la suite, elle s’est enfuie de l’établissement dans lequel elle se trouvait, et la SARP n’eut plus de ses nouvelles. « Un jour, l’on nous a appris son décès…l’on a affirmé qu’elle a succombé à une maladie. Pourtant, nous autres, et même si nous n’avons aucune preuve formelle, avons la certitude qu’elle s’est suicidée », dit-elle, avant d’ajouter, pensive », " elle était tout simplement dans l’impossibilité de continuer à vivre ».


    Par Ghania Lassal

  • Ligues des droits de l’homme et partis réagissent : Menace sur les libertés syndicales

    Le conflit opposant les syndicats autonomes au ministère de l’Education a franchi une étape de non-retour. Le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a fait tout pour dresser l’opinion contre les enseignants grévistes. Il a mobilisé, à l’occasion, la justice, les partis de l’Alliance présidentielle et les parents d’élèves. Benbouzid, l’éternel ministre de l’Education, a osé menacer de dissoudre les syndicats relevant de son secteur. Comble de l’autoritarisme.

     

    Ainsi, c’est tout l’appareil gouvernemental avec ses ramifications administratives qui se dresse contre des enseignants qui ne demandent que le droit à « une vie digne ». Alors que le gouvernement et ses relais, qui s’acharnent contre des instituteurs, se sont tus lorsqu’il s’agissait de la corruption et des détournements des biens de la collectivité nationale. Face aux « assauts » du gouvernement. Partis et organisations ont tenu à exprimer leur entière solidarité avec les enseignants. Ainsi, pour le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh), Mustapha Bouchachi, il s’agit « d’une violation d’un droit constitutionnel qui est la grève. Nous pensons que le mouvement de protestation des enseignants est légitime dans le fond. Il l’est d’autant plus que la grève a respecté la procédure légale ». Le président de la Ligue, tout en assurant la solidarité de son organisation avec les enseignants grévistes, a appelé à « l’amorce d’un dialogue entre les parties au lieu de faire dans la menace ».

    Arbitraire et abus de pouvoir

    Cette façon de traiter un conflit social « risquerait à l’avenir de créer une atmosphère de suspicion entre les enseignants et le ministre et cela va à l’encontre des intérêts des élèves », a ajouté Bouchachi, avant de rappeler que « la grève est un droit constitutionnel ». Boudjemaâ Guechir, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Ladh), lui aussi, s’est dit scandalisé par l’attitude du ministre de l’Education. Il a dénoncé le fait que « le pouvoir fait toujours appel à la justice pour régler les conflits sociaux ». « Menacer des enseignants d’une telle manière équivaut à une violence et un abus de pouvoir », a-t-il condamné. Plus radical dans sa critique, le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, a assimilé la démarche des pouvoirs publics à un terrorisme d’Etat. « Nous assistons à un terrorisme d’Etat. Un gouvernement qui s’attaque à l’éducation est un gouvernement mal éduqué », a tranché le responsable du FFS.

    M. Tabbou a dénoncé le recours permanent à la violence et au chantage social qui sont devenus une méthode de traitement des crises sociales. Les menaces du ministère de l’Education, « sont une autre preuve donnée par le gouvernement que la justice est aux ordres », a constaté M. Tabbou. Pour lui, la bataille des enseignants concerne toute la société. Et c’est en ce sens que ce dernier a lancé un appel à « une solidarité nationale avec les enseignants pour faire face aux menaces du gouvernement ». Même sentiment d’indignation chez le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Boubekeur Derguini, chef du groupe parlementaire de ce parti, a qualifié les menaces de Benbouzid « d’arbitraires ».

    Cette manière de faire « renvoie aux pratiques du régime qui consistent à apporter des réponses policières aux revendications politiques et sociales légitimes », a jugé le parlementaire du RCD. Il a, par conséquent, estimé que « l’acharnement du ministre ne réglera jamais les problèmes, d’autant que les revendications avancées par les syndicats sont salutaires pour le secteur de l’éducation ».

     

    Par Hacen Ouali boutef.jpg

  • Une première à la radio nationale : Des journalistes et réalisateurs « cachetiers » en grève

    Depuis hier, le personnel « cachetier » des rédactions de trois radios de proximité a entamé une grève illimitée assortie d’une occupation permanente du lieu de travail. Pour eux, travailler au cachet est une forme d’« apartheid ». Une première dans les annales de la Radio nationale. Depuis hier, le personnel « cachetier » des rédactions de trois radios de proximité de la Radio algérienne (ex-Entreprise nationale de radiodiffusion sonore) a entamé une grève illimitée assortie d’une occupation permanente du lieu de travail. Les dizaines de journalistes et réalisateurs des radios El Bahdja, Radio Coran, Radio Net et Radio Takafa (Radio Culture), engagés dans ce mouvement inédit et désespéré, entendent ainsi briser, bruyamment, l’omerta, la loi du silence qui entoure leur insoutenable condition de « cachetiers » de l’ENRS. Travailler au cachet, une « forme d’apartheid », systématisée depuis des années au sein de la radio par l’employeur public, ont dénoncé les grévistes. Employés à plein temps, plus de 950 travailleurs au cachet sont recensés rien que pour les Radio Mitidja, Chaînes I, II et III, Internationale, Culture, Coran et Radio Net, en totale violation de la législation du travail et du nouveau code régissant les relations de travail au sein des entreprises de presse, affirme un des membres du collectif des travailleurs de la radio. La précarité du statut de « cachetier » dans lequel sont délibérément maintenus des centaines de journalistes et réalisateurs d’émissions radiophoniques contraste admirablement avec l’aisance financière et le succès qu’affichent ces chaînes locales auprès de l’audimat algérois. « La radio El Bahdja, véritable succès story, réalise à elle seule plus de 65% de l’audimat et capte plus de 45% des recettes publicitaires de la Radio nationale. Au cours de l’exercice 2009, ladite chaîne s’est même permis le luxe de reverser au Trésor public plus 54 milliards de centimes, résidus non consommés de la dotation publique », déclare Samir Larabi, journaliste à El Bahdja et présentateur du journal de 18h. Pour lui, « l’argument financier » ne peut aucunement servir de prétexte au maintien du statu quo dommageable aux personnels des rédactions. « L’ère des khemassine (serfs) est révolue. Nous voulons des CDI (contrat à durée indéterminée) en bonne et due forme, pas un statut de la honte comme celui que nous octroie la radio. » Larabi a vu, depuis 2002, année de son entrée à la radio El Bahdja, défiler les vagues de « titularisations ». Aucune d’elle ne l’a atteint. Nombreux sont les journalistes comme lui à ne pas avoir la tête de l’emploi. L’apartheid,version Khelladi A l’heure du rassemblement organisé à 11h devant le siège des chaînes de radios locales, sis rue Zabana (Alger), il y avait foule. Des syndicalistes (syndicat du port, du Cnes, de l’Enaditex), des journalistes, des militants associatifs, etc., ont tenu à marquer leur présence. Abdenour Boukhemkhem, le secrétaire général de la Fédération nationale des journalistes algériens, a fait un appel à la solidarité avec les grévistes. « Les journalistes grévistes exigent l’officialisation de leurs contrats de travail, dès lors que plus de deux tiers d’entre eux travaillent au cachet depuis plus de 9 ans. Cette relation de travail, rare au demeurant, est injuste et illégale dans une entreprise publique, propriété de l’Etat dans un secteur stratégique. La direction de la radio transgresse ainsi et de manière criante toutes les lois et autres réglementations régissant les relations de travail dans le secteur de l’information », déclare-t-il à l’assistance. Dans son speech, le syndicaliste rappelle une des décisions abusives prises mercredi dernier par les responsables de la radio à l’encontre des journalistes « cachetiers ». Ces derniers ont été informés du changement du système de rémunération. Le maigre salaire forfaitaire (entre 18 000 et 25 000 DA) qu’ils percevaient jusque-là devrait être suppléé par une rémunération à la « pige ». À la précarité du statut s’ajoute la modicité de la récompense. Lors d’un point de presse improvisé, Farid Toualbi, le directeur de la radio El Bahdja, fait mine d’être « surpris » par le mouvement de grève. Il tombe des nues. « Je suis étonné de découvrir une telle détresse au sein de la rédaction », déclare-t-il aux dizaines de journalistes qui ont pris d’assaut son bureau. Toutes les radios du monde recourent, selon lui, à la rémunération au cachet. La Radio algérienne ne fait pas figure d’exception, à ses dires. Toualbi, qui soutient que le « recrutement » à la radio ne relève pas de ses « attributions », promet une « solution globale », un « assainissement » des effectifs des « cachetiers ». « Les choses me dépassent. Je ne suis pas habilité à recruter. Une réunion devrait se tenir en fin de journée (d’hier) au niveau de la direction générale de la Radio algérienne. Des solutions seront proposées par le directeur général de la radio, Tewfik Khelladi. » Dans son communiqué rendu public hier, en fin de journée, la direction générale de la Radio algérienne a fait montre d’un ton musclé envers les grévistes. Il s’agit, d’après elle, d’une « occupation illégale » (de la salle de rédaction), « entamée au mépris de toutes les règles » et dont l’objectif est de « perturber un travail de service public ». Khelladi hausse le ton et annonce la liquidation du mouvement par les moyens répressifs. « Cette situation a conduit la direction (de la RA) à agir conformément à la loi, pour rétablir le climat et les conditions de travail au sein de la Radio ». A l’heure où nous mettons sous presse, un renfort policier a été dépêché sur les lieux. Le « Centre Zabana », bloc de plusieurs chaînes radio, était quadrillé par les forces de police. Une intervention musclée pour déloger les grévistes devrait intervenir dans la soirée. Par Mohand Aziri

  • La banque éclaboussée par un énième scandale : Quand l’argent de la BNA sert à financer des boîtes de nuit

    Les scandales se suivent et se ressemblent à la Banque nationale d’Algérie (BNA). Selon des sources proches des services de sécurité, des crédits de cette banque ont servi à financer des lieux de débauche (hôtels de passe et cabarets) dans les wilayas de Tipasa et de Sétif.


    D’après nos sources, d’anciens responsables de l’agence de la BNA de Koléa, actuellement poursuivis en justice dans le cadre de nombreuses affaires de malversations, ont octroyé un crédit de plusieurs millions de dinars à un certain C. A. destiné à la réalisation d’un projet présenté au départ comme un investissement « important ». En réalité, ce projet consistait uniquement en la construction, près de la plage Colonel Abbas (Zéralda), d’un petit hôtel qui deviendra vite un lieu de débauche. Des sources proches du dossier révèlent qu’un petit groupe de hauts responsables à la direction centrale de la BNA bénéficiaient au sein de cet établissement d’un traitement de faveur.

    Comprendre par là qu’ils avaient accès gratuitement aux diverses « prestations » offertes par la maison. Cette situation a amené, d’ailleurs, de nombreux observateurs à soutenir l’idée que ces mêmes responsables ont pesé de tout leur poids pour faciliter l’accès au propriétaire de l’hôtel en question aux ressources financières de la BNA. Le problème dans ce dossier est que cette banque dirigée depuis plusieurs années par Seghir Benbouzid ne pourra sans doute jamais récupérer son argent dans la mesure où l’hôtel construit par C. A. a fini par être détruit par les pouvoirs publics après avoir été répertorié comme construction illicite. C’est d’ailleurs à la suite de quoi que C.A., en prison depuis plusieurs mois déjà, a été arrêté par les services de sécurité et présenté à la justice.

    Zéralda n’est pas la seule localité où l’argent de la BNA a servi à ériger des cabarets et des boîtes de nuit à la réputation des plus sulfureuses. Selon toujours des sources proches du dossier, des établissements analogues à celui construit par C. A. ont été ouverts à Sétif et à Sidi Aïssa grâce à la générosité de la Banque nationale d’Algérie. Et comme ce fut le cas à Zéralda où un haut responsable de cette banque y séjourne chaque week-end aux frais de la princesse. Ce n’est pas tout. Ces trois derniers mois, la BNA a été souvent citée dans des scandales financiers, ce qui, bien évidemment, met en cause gravement sa gestion actuelle. En décembre 2009, le directeur central des crédits de la Banque nationale d’Algérie (BNA) avait fait l’objet, selon des sources judiciaires, d’un mandat d’amener. Selon certaines sources, il aurait été cité dans une affaire de corruption dont les ramifications remontent vers de nombreux hommes d’affaires établis à Annaba.

    Au mois de février dernier, c’était au tour du tribunal criminel près la cour d’Alger qui a prononcé des peines de 10 ans de prison ferme à l’encontre de trois individus jugés dans l’affaire de dilapidation de deniers publics au niveau d’agences relevant de la BNA et dont le montant a été évalué à 24 373 000 DA. Ceux-ci ont été condamnés chacun à 10 ans ferme pour complicité de détournement de deniers et falsification d’écritures bancaires et administratives. Les faits remontent, selon l’arrêt de renvoi, de 2002, suite à une plainte déposée par l’agence BNA de Bordj El Kiffan, victime du détournement d’une importante somme d’argent. Les investigations ont révélé que les deux mis en cause avaient effectué des malversations au niveau d’une dizaine d’agences BNA avec la complicité de l’accusé en fuite, Ben Akila Mohamed Amine, en sa qualité d’employé à la chambre de compensation de l’agence BNA de Zéralda.


    Par Aniss Z. images haut la main.jpeg

  • Je suis vous, mais jamais, jamais, jamais vous ne pourrez être moi

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    «...Je suis tout le monde et tout le monde me suit. Je suis le président. Le président du Parlement. Celui du Sénat aussi. Je suis le maire de Aïn Nasa et de Oued-A-Sec. Je suis le général des généraux qui n'existent plus finalement et qui n'ont été là que pour assurer l'intérim avant que je n'arrive. Et j'arrive depuis très longtemps. J'étais président de la République en même temps que Boumediene mais personne ne le savait. Sauf moi et l'histoire nationale qui était mon épouse et ma confidente. Nous nous sommes séparés et elle a fini par me revenir. Et donc je suis aujourd'hui tout et tous et même ceux qui ne le veulent plus. A la fois ministre, premier ministre, dernier ministre, directeur central, directeur de l'ENTV, rédacteur en chef de l'Algérie et son seul citoyen capable de la comprendre. A la fin, je suis tout. Unique Algérien car tous les autres veulent me le voler. Ce n'est même pas mon pays mais un pays qui est à moi. J'ai fait le vide et j'ai fait le plein. Je suis vous, mais jamais, jamais, jamais vous ne pourrez être moi.

    Un homme m'a dit « qu'adviendra-t-il de ce pays lorsque vous mourrez ? Avec quoi va-t-il se retrouver puisque vous êtes à la fois président et président de club et général et ministre et ministre des affaires étrangères ? ». Je n'ai pas répondu. Je l'ai convoqué et j'ai parlé pendant treize heures. Il en est mort.

    Puis il est sorti et n'a plus rien dit. Je m'aime. Et à la fois je n'aime personne. J'aime ce pays quand je suis hors de ce pays. Pas quand je suis dedans. Dedans, il n'y a que quelques ambassadeurs et trop d'Algériens.

    Dehors, c'est l'inverse. Parfois aussi je souffre : j'ai besoin des Algériens pour être l'unique Algérien valable à mes propres yeux et en même temps je ne les aime pas car tous veulent être à ma place comme moi je suis à la place de tous. Maintenant je suis fatigué.

    Ils m'ont accusé de détournement ? Aujourd'hui, ils sont tous corrompus. Ils m'ont méprisé ? Je les méprise tous aujourd'hui et en direct. Ils ont sali ma réputation, je salis la leur à chaque fois que je rencontre un ambassadeur ou un président étranger. Ils m'ont volé mon histoire ? Je leur prends leur dignité. Je suis les trois quarts de mon destin, ce peuple est le quart de son histoire nationale. C'était le but de l'équation initiale : revenir en 1979, reprendre les mêmes hommes qui m'ont chassé pour les revoir revenir vieux et repentis, écrasés et affables, demander des excuses pour m'avoir enterré vivant. C'était le but, mais maintenant je n'ai plus de buts. Sauf regarder. J'ai tellement attendu ce moment que lorsqu'il est enfin venu, je ne sais pas quoi en faire. Sauf continuer. Et c'est pourquoi après avoir été ministre, ministre du monde, président, immigré, exilé, roi errant, président, rassembleur et séparateur, peuple et destin, histoire et biographie, je m'ennuie. Il ne me reste rien à faire.

    Ce pays n'est plus que mon miroir. Un dossier dans mon tiroir. Une femme que je ne veux même plus épouser. Trente-six millions de personnes qui me demandent à manger sans travailler. Des millions qui tournent en rond et je suis le centre qui s'en amuse. Tout est dans mes mains et je m'amuse de garder les mains derrière le dos pendant qu'ils se mordent les doigts. »

    Kamel Daoud
    http://www.lequotidien-oran.com/?news=5134243

  • « La répression et la corruption sont le seul ciment de l’Etat »

    Message de Aït Ahmed au Conseil national du FFS : « La répression et la corruption sont le seul ciment de l’Etat »

    Constat sans complaisance ! Hocine Aït Ahmed, président du FFS, a dressé un tableau peu reluisant sur la situation sociopolitique du pays.arton153143-f94e6hocine.jpg


    S’adressant dans un message vidéo aux membres du conseil national, réunis ce week-end à Alger en session ordinaire, le père fondateur du parti n’a pas manqué de discernement, dénonçant à la fois « la précarité morale et sociale » des Algériens et la poursuite des pratiques liberticides d’un pouvoir, foncièrement opposé au pluralisme et aux droits de l’homme, qui n’a d’autres alternatives que la répression. « La répression et la corruption sont le seul ciment de l’Etat », atteste-t-il. Violence sociale, rétrécissement du champ d’expression libre, asservissement politique, corruption, détournement de la volonté populaire, crise de légitimité…

    Les institutions, la sphère médiatique et l’essentiel des organisations politiques, associatives et syndicales sont dévoyés de leurs missions et responsabilités, réduites à n’être qu’un outil de contrôle et de corruption politique et sociale », relève-t-il. La vie publique est en voie d’extinction. « Ne demeure plus, dit-il, qu’une gangue institutionnelle. » Cette situation, Aït Ahmed la place dans ce contexte de crise mondiale et de redéfinition des relations internationales. Des relations qui sont basées sur l’intérêt matériel, loin des idéaux et des valeurs démocratiques proclamés par la communauté des nations. Pour lui, il ne faut plus compter sur l’aide des pays démocratiques qu’il accuse sinon de complicité du moins de passivité car, estime-t-il : « Les puissances en mesure d’influer où d’influencer les régimes autoritaires observent une attitude floue et donnent une impression de valse hésitation. » « Au mépris des valeurs qui fondent la communauté des nations, elles (puissances) préfèrent délibérément continuer de soutenir et de protéger ces régimes », ajoute-t-il.

    L’appui des ONG reste, à ses yeux, insuffisant. Il n’est pas en mesure de renverser cette tendance lourde, « en l’absence d’une véritable société civile internationale ». Ce silence international sur la démocratie et les droits de l’homme dont souffre l’Algérie aujourd’hui est aussi la conséquence, selon lui, des enjeux et des équilibres géopolitiques régionaux voire mondiaux. Des enjeux qui sont à l’origine de cette « bienveillance voire complaisance envers un régime qui ne peut pas moderniser, stabiliser et encore moins démocratiser le pays ». M. Aït Ahmed évoque le destin lié des pays maghrébins et prévient quant à la contagion : « Rien de ce qui se passe dans l’un des pays du Maghreb n’est sans conséquence sur les autres. » La coupe est pleine.

    Les Algériens en ont marre ! « Autour de nous, la société se déstructure et se disloque. Les femmes et les hommes de ce pays ne savent plus, peut-être ne veulent plus et en tout cas ne peuvent plus, faire de la politique. » Que faire ? Pour Aït Ahmed, il est temps de changer de cap, de chercher d’autres instruments de navigation politique, car les méthodes actuelles, du moins celles employées par son parti, ont montré leurs limites.

    Il faut donc faire preuve d’ingéniosité en se posant un certain nombre de questions. « Au-delà des utopies mobilisatrices et de la radicalité de nos positions, avons-nous réussi à faire barrage à la restauration de la dictature ? Nos appels aux dialogues, nos mises en garde, nos initiatives, nos contrats et nos campagnes politiques ont-ils eu les résultats escomptés ? », s’interroge-t-il. Pour lui, le FFS ne peut pas « se suffire de déconstruire le discours du régime, dévoiler ses manipulations, ses complots et ses mystifications ». Il se demande ainsi si le parti ne doit pas « redéfinir » son planning stratégique, car, estime-t-il, le projet du FFS « n’est pas de prédire l’avenir mais de donner pour chacune de ses activités des objectifs et de définir la stratégie pour les atteindre ». Il appelle ainsi aux cadres dirigeants de revisiter les perspectives et les modes d’organisation du parti.

    Il suggère dans ce sens la tenue d’une conférence nationale d’évaluation démocratique et de transparence. Une conférence qui permettra, d’après lui, de trouver les moyens de « travailler plus intelligemment, plus lucidement et plus efficacement ». Pour lui, « la véritable élite politique est celle qui résiste au souci de soi ».


    Par M. A. O.

  • LE POUVOIR ALGERIEN EST ENTRAIN DE COMMETTRE UN CRIME CONTRE L'HUMANITE' DEVANT LA SCENE INTERNATIONALE

     

    Les syndicats autonomes et la LADH se solidarisent avec les enseignants

    Le CLA et le Satef appellent à des actions communes

    Menacés de radiation de la Fonction publique, les enseignants et les travailleurs du secteur de l’éducation nationale sont plus que jamais soutenus par les syndicalistes et les organisations des droits de l’homme.


    La solidarité intersyndicale s’organise. Des syndicats autonomes de l’éducation qui n’ont pas participé à l’action du Cnapest et de l’Unpef dénoncent « les agissements du ministère » et appellent à des actions communes pour contrecarrer « les atteintes au droit à la grève ». En effet, le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) vient de lancer un appel à tous les syndicats pour une action commune pour la défense des libertés syndicales et contre les atteintes au droit de grève tel que prévu par la loi. « Le conseil national du CLA se déclare en session ouverte, en contact avec les autres syndicats. Il déclare son soutien indéfectible aux enseignants et travailleurs et met en garde la tutelle quant à la mise à exécution de ses menaces de radiation.

    Le CLA qui ne restera pas sans agir, en appelle à la société civile et les parents d’élèves pour éviter un pourrissement qui hypothéquera l’avenir de l’école algérienne », affirme le syndicat dans un communiqué rendu public hier. Pour le CLA, la tutelle « n’a pas encore retenu les leçons du passé ». « Après avoir temporisé et poussé au pourrissement par une opacité entretenue concernant le régime indemnitaire, la tutelle déballe sa batterie de mesures répressives », déplore ce syndicat.

    Les enseignants contractuels

    Le CLA, lit-on dans le même communiqué, dénonce l’atteinte au droit de grève et le non-respect de la procédure prévue par la loi en cas de blocage, à savoir le recours à la médiation après échec des négociations. Il dénonce, de surcroît, le recours abusif à la justice pour réprimer des grévistes. « Nous dénonçons l’instrumentalisation de la justice par l’utilisation du référé comme épée de Damoclès au-dessus de la tête des enseignants », ajoute le même syndicat. Le soutien vient également du Satef. Dans un communiqué, ce dernier se dit « prêt pour une plainte commune des syndicats auprès de l’OIT pour mettre le gouvernement devant ses responsabilités et devant son devoir de respect des conventions qu’il a pourtant ratifiées ».

    Le Satef ne cache pas, lui aussi, sa réprobation quant au recours à la justice et son utilisation « comme un instrument de répression des droits syndicaux ». « Nous apportons notre soutien aux travailleurs et nous avertissons contre toute atteinte à leurs acquis professionnels, à leur tête leurs postes de travail », précise le Satef. Les enseignants contractuels affichent, eux également, leur solidarité avec les enseignants grévistes. « Nous sommes déterminés, en cas de besoin, à recourir à la grève pour soutenir nos collègues », souligne le bureau national des enseignants contractuels.

    Pour sa part, le CNES-USTHB affirme, dans une déclaration rendue publique à l’issue de son conseil syndical, que « les menaces proférées à l’encontre des enseignants dénotent un sentiment de panique et de désarroi chez ceux qui les expriment ». « Le conseil syndical élargi dénonce et condamne fermement cette menace d’un autre âge et exprime sa solidarité agissante et son soutien aux enseignants, aux médecins de la santé publique et au travailleurs dans leur lutte », ajoute le CNES. La Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH) précise, en rappelant que l’organisation d’une grève est un droit constitutionnel, que « la radiation d’un gréviste et les ponctions sur salaire sont une forme de violence exercée à l’encontre des grévistes qui n’ont fait qu’exercer leur droit constitutionnel ».

    De plus, la LADH met en garde contre le remplacement des grévistes par d’autres personnes sans expérience et qui serait une aventure qui risque de compromettre l’avenir des élèves.


    Par Madjid Makedhi

  • C'EST GRAVE CE QUI SE PASSE EN ALGERIE,Communiqué de l'intersyndicale

    Communiqué de l'intersyndicale

    Une réunion de l’intersyndicale des praticiens de la santé publique s’est tenue à Alger le 04 mars 2010 pour réévaluer la situation du mouvement de grève des praticiens de la santé publique L’intersyndicale a fait le constat que malgré la reprise du dialogue avec la tutelle à travers les réunions de conciliation, aucune avancée concrète n’est enregistrée quant à la prise en charge de nos revendications.

    Par conséquent, l’intersyndicale a décidé du maintien du mot d’ordre de grève inchangé dans sa forme actuelle, et annonce la reprise des rassemblements des praticiens ce mercredi 10 mars 2010 devant la Présidence de la République à Alger, ainsi que devant les sièges de wilaya à l’échelle nationale, tels que prévus initialement, à savoir Oran, Constantine, Annaba, Ouargla.

    Par ailleurs, et au vu des récents développements intervenus sur le front social, l’intersyndicale tient à exprimer son soutien aux syndicats de l’éducation nationale devant le comportement inadmissible des pouvoirs publics à leur égard. Cette situation ne peut que renforcer notre détermination à faire aboutir nos revendications légitimes et recouvrer nôtre dignité.

    Aussi, les adhérents sont appelés à rester unis, mobilisés et vigilants, afin d’éviter toutes les tentatives d’intimidation et de déstabilisation visant à casser nôtre union et nôtre mouvement.  Comm n° 02 intersynd.pdf


  • Boualem Sansal : «Nous vivons sous un régime national-islamiste»

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    Alors qu'il publie «le Village de l'Allemand», le grand romancier algérien s'explique, dans cette interview au Nouvel Observateur, sur les liens entre hitlérisme et islamisme, la politique de Bouteflika et les choix diplomatiques de Sarkozy. Ce qu'il dit est terrible

    En exergue, un mot du narrateur annonce la couleur du livre. Noire, très noire: «il y a des parallèles dangereux qui pourraient me valoir des ennuis». Ce n'est pas une coquetterie. Il n'y en a jamais chez Boualem Sansal. Dans son cinquième roman, deux frères d'origine algérienne tiennent leur journal. Ils vivent en France, banlieue parisienne, et apprennent avec horreur la destinée de leur père: Hans Schiller, héros du FLN, était officier SS; il vient de finir ses jours au bled, égorgé par le GIA.

    Pour son fils aîné, l'histoire des camps d'extermination se découvre dans son insupportable singularité, et s'inscrit dans sa chair, jusqu'à la folie. Pour le cadet, directement confronté à la «talibanisation» de sa cité, l'équation entre nazisme et islamisme s'impose avec cette certitude: «l'imam de la tour 17, il faut lui couper le sifflet». Entre leurs deux voix alternées, Sansal fraie la sienne, subtile mais ferme, qui dans une intrigue serrée noue sans faiblir les questions les plus brûlantes: banlieues, Algérie, nazisme, fanatisme... Servi par tant de talent, son courage force l'admiration. «Le Village de l'Allemand» est un coup de poing dans le gras de nos plus rassurantes illusions: la fin de l'histoire n'a pas eu lieu.

    G.L.

    Le Nouvel Observateur - Ce qui donne son titre au roman, c'est la destinée d'un criminel de guerre nazi, ancien SS qui a trouvé refuge en Algérie, où il est devenu un héros de la guerre d'indépendance en formant des combattants du FLN... S'agit-il d'une histoire vraie? Comment est né ce roman?

    Boualem Sansal. - «Le village de l'Allemand» est né d'une histoire vraie et d'un déluge de questions. Un jour, au début des années 1980, alors que j'étais en déplacement professionnel à l'intérieur du pays (dans la région de Sétif), je me suis arrêté dans un village (Aïn Deb, dans le roman), attiré par son «look» exotique. Il ne faisait pas couleur locale, il avait un petit air d'ailleurs. J'y ai pris un café et en arrivant à destination, j'ai questionné les personnes qui m'attendaient. J'avais à peine fini de dire «En venant chez vous, je suis tombé sur un drôle de village qui m'a fait pensé au village d'Astérix le Gaulois...» qu'on s'exclama fièrement: «Ah! le village de l'Allemand». On m'expliqua que ce village était «gouverné» par un Allemand, ancien officier SS, ancien moudjahid, naturalisé algérien et converti à l'islam. Dans la région, on le regardait comme un héros, un saint homme qui avait beaucoup fait pour le village et ses habitants. J'ai senti chez mes interlocuteurs une réelle admiration à l'évocation de son passé nazi, ce qui n'était pas pour me surprendre: la geste hitlérienne a toujours eu ses sympathisants en Algérie, comme d'ailleurs dans beaucoup de pays arabes et musulmans, et sans doute plus aujourd'hui en raison du conflit israélo-palestinien et de la guerre d'Irak. Avec quelque emphase pour bien m'éblouir, on m'expliqua que cet Allemand avait été envoyé par Nasser comme expert auprès de l'état-major de l'ALN et qu'après l'indépendance il avait enseigné dans la prestigieuse académie militaire de Cherchell. C'était en effet quelqu'un. J'avais voulu retourner au village et voir cet homme de près mais le temps m'avait manqué.

    Depuis, j'ai souvent pensé à cette histoire. Je lui trouvais beaucoup d'aspects intéressants: le côté aventureux et romantique de cet Européen venu se battre pour l'indépendance de l'Algérie, sa retraite dans un village du bout du monde, sa conversion à l'islam, l'ascendant sympathique qu'il a pris sur ses habitants. Il y avait aussi le côté noir, celui de l'officier SS ayant servi dans les camps d'extermination.

    N.O. - Comment cet aspect-là pouvait-il être occulté?

    B. Sansal. - En y pensant, je me suis avisé de quelque chose que je savais mais sans lui avoir jamais accordé plus d'importance que cela: la Shoah était totalement passée sous silence en Algérie, sinon présentée comme une sordide invention des Juifs. Ce constat m'avait choqué. Le fait est que jamais, à ce jour, la télévision algérienne n'a passé de film ou de documentaire sur le sujet, jamais un responsable n'en a soufflé mot, jamais, à ma connaissance, un intellectuel n'a écrit sur le thème. C'est d'autant plus incompréhensible que nous avons fait de notre drame durant la guerre d'Algérie, l'alpha et l'oméga de la conscience nationale. Je pense qu'à ce titre nous aurions également dû nous intéresser aux drames qui ont frappé les autres peuples, partout dans le monde. Il me semble qu'on ne peut avoir pleine conscience de sa tragédie et s'en trouver plus fort que si on considère aussi celles des autres. Quelle autre façon avons-nous de situer son histoire dans l'histoire humaine une et indivisible? Ne pas le faire, c'est quelque part mépriser sa propre histoire, c'est privatiser quelque chose qui appartient à l'humanité, pour en faire, par glissement naturel ou par calcul, au mieux une épopée que chacun peut agrémenter selon ses besoins, au pire un manuel de lavage de cerveau. En Algérie, au demeurant, on a réussi à faire les deux: une merveilleuse épopée en mouvement perpétuel et un abominable manuel de décérébration massive. Je me demande comment nous pourrions un jour sortir de ce double sortilège.

    N.O. - Pour reprendre le titre d'un livre paru en 1990, votre roman propose en somme une nouvelle vision, extrêmement sombre, des rapports entre «le croissant et la croix gammée» (1). D'autant qu'à l'arrière-plan se profile le rôle des services secrets égyptiens de Nasser... Ce passé-là en tout cas, volontiers méconnu - sinon occulté, nous entraîne très loin des visions manichéennes de la décolonisation qui ont souvent cours. N'est-ce pas une nouvelle façon pour vous de déconstruire l'histoire de la libération nationale en Algérie (dont vous avez déjà dénoncé les mythes, notamment dans «Poste restante: Alger» [1])?

    Boualem Sansal. - Quand j'ai décidé de faire de l'histoire de cet Allemand la trame d'un roman, je me suis retrouvé avec beaucoup de questions sans réponses. Je n'ai hélas pas pu me rendre dans ce village pour mener enquête. Tant de choses ont changé en Algérie depuis le début des années 1980 qu'il m'est vite apparu inutile de m'y rendre. Durant la «décennie noire», tout déplacement était suicidaire, le pays était sous contrôle des GIA. Et plus tard, alors que la sécurité sur les routes s'était améliorée, j'y ai renoncé, je me suis dit que le village était au mieux sous la coupe d'un notable issu de l'Alliance présidentielle, donc livré à la gabegie et à la corruption, au pire sous la férule d'un émir «résiduel» du GIA et que toute trace de cet Allemand avait dû être effacée. J'ai recueilli quelques dires ici et là, et puisé dans les livres pour reconstituer la possible trajectoire de cet homme, et d'une manière générale de ces criminels de guerre nazis qui se sont réfugiés dans les pays arabes.

    [2] En avançant dans mes recherches sur l'Allemagne nazie et la Shoah, j'avais de plus en plus le sentiment d'une similitude entre le nazisme et l'ordre qui prévaut en Algérie et dans beaucoup de pays musulmans et arabes. On retrouve les mêmes ingrédients et on sait combien ils sont puissants. En Allemagne ils ont réussi à faire d'un peuple cultivé une secte bornée au service de l'Extermination; en Algérie, ils ont conduit à une guerre civile qui a atteint les sommets de l'horreur, et encore nous ne savons pas tout. Les ingrédients sont les mêmes ici et là: parti unique, militarisation du pays, lavage de cerveau, falsification de l'histoire, exaltation de la race, vision manichéenne du monde, tendance à la victimisation, affirmation constante de l'existence d'un complot contre la nation (Israël, l'Amérique et la France sont tour à tour sollicités par le pouvoir algérien quand il est aux abois, et parfois, le voisin marocain), xénophobie, racisme et antisémitisme érigés en dogmes, culte du héros et du martyre, glorification du Guide suprême, omniprésence de la police et de ses indics, discours enflammés, organisations de masses disciplinées, grands rassemblements, matraquage religieux, propagande incessante, généralisation d'une langue de bois mortelle pour la pensée, projets pharaoniques qui exaltent le sentiment de puissance (ex: la 3ème plus grande mosquée du monde que Bouteflika va construire à Alger alors que le pays compte déjà plus de minarets que d'écoles), agression verbale contre les autres pays à propos de tout et de rien, vieux mythes remis à la mode du jour.... Fortes de cela, les dictatures des pays arabes et musulmans se tiennent bien et ne font que forcir. Plus que mille discours, cinq petits jours de Kadhafi à Paris ont suffi pour édifier les Français sur la nature de nos raïs. Ah, quelle morgue, ce Kadhafi! Maintenant, ils peuvent comprendre ce que nous subissons tous les jours qu'Allah nous donne à vivre sous leurs bottes.

    N.O. - Mais ce que raconte votre roman, c'est surtout la découverte du nazisme lui-même, aujourd'hui, par les deux fils de l'Allemand devenu Algérien. Pour eux, qui vivent dans une cité de la banlieue parisienne, cette découverte est un traumatisme. La question de la transmission de cet insupportable héritage est ainsi au cœur du livre - notamment à travers le texte de Primo Levi qui s'y trouve cité. Est-ce une question qui vous hante directement? S'agit-il de lutter contre une forme de négationnisme ambiant?

    Boualem Sansal. - Je me pose souvent la question: comment réagiront nos jeunes le jour où ils ouvriront les yeux et que tomberont les certitudes débilitantes qui ont été leur pain, leur lait et leur miel quotidiens depuis la prime enfance. On imagine le chaos. Ils devront repenser tout ce qui leur a été inculqué: religion, identité, histoire, société, Etat, monde. Je me dis avec tristesse qu'ils ne pourront pas mener ce travail de reconstruction et que probablement ils ne trouveront personne pour les aider. Les vieux auront aussi à se refaire. C'est parce que leurs yeux se sont quelque peu décillés au début des années 1980 sur l'impasse dans laquelle le FLN avait mis le pays, que les jeunes Algériens ont massivement rejoint le FIS et les groupes armés. Ils avaient besoin d'autres certitudes, c'était urgent. Vers quoi iront-ils maintenant qu'ils ont compris que l'islamisme ne payait que par la mort et que la voie de l'émigration leur était fermée? J'ai voulu m'engager dans cette problématique, le choc de la vérité, et j'ai choisi de le faire d'une manière à la fois positive, façon de ne pas insulter l'avenir et croire que nos jeunes sauront trouver une issue (comme Malrich, l'enfant des banlieues) et dramatique comme pour Rachel que la révélation de ce que fut le passé de son père a mené au suicide. Je ne sais pas si l'Allemand de Aïn Deb avait des enfants. Je lui en ai donné deux, Rachel et Malrich, et je les ai brutalement mis devant le passé de leur père. Ils ne sont pas réels mais je m'en suis voulu pour la douleur que je leur ai infligé.

    Devant ces révélations, se pose la terrible question: sommes-nous comptables des crimes commis par nos parents, d'une manière générale par le peuple auquel nous appartenons? Oui, cette question me hante et je n'ai pas de réponse. Je me dis que nous ne sommes responsables de rien mais en tant qu'héritiers, le problème nous échoit, nous n'y pouvons rien. Je me dis que nous n'avons à faire ni repentance ni excuse mais en tant qu'héritiers le problème nous échoit. Il n'y a pas de réponse mais il y a peut-être une solution: que les enfants des victimes et ceux des coupables se rencontrent et se parlent, autour d'une histoire qu'ils écriront eux-mêmes. Ensemble, de cette façon, ils éviteront peut-être le manichéisme que naturellement les acteurs de la tragédie portent en eux. N'est-ce pas d'ailleurs ce que nous faisons depuis que le monde est monde?

    N.O. - Votre Ministre des Anciens combattants a récemment déclaré que Nicolas Sarkozy devait son élection, en France, à l'appui d'un «lobby juif». Faut-il y voir une sorte de résurgence - ou de symptôme - du passé qu'évoque votre roman? Et que pensez-vous de la façon dont Sarkozy a réagi à cette provocation? De son attitude, en général, vis-à-vis des dirigeants algériens et sur les relations franco-algérienne?

    Boualem Sansal. - N'était la réaction française qui a éveillé notre attention, les propos scandaleusement antisémites d'un de nos ministres, comme ceux du chef du gouvernement contre Enrico Macias, seraient passés inaperçus chez nous. Il faut le savoir, nos oreilles sont saturées, nous n'écoutons jamais les insanités de nos sinistres gouvernants. De Ben Bella à Bouteflika, c'est le même discours de haine, enseigné dans nos écoles et nos mosquées, relayé et amplifié par la télévision et les officines de la propagande.

    Je trouve que Sarkozy a été pusillanime, il aurait dû différer sa venue, et demander officiellement à Bouteflika de désavouer publiquement son ministre. Il aurait dû maintenir Macias dans sa délégation. Sarko et sa délégation étaient les invités de l'Algérie, pas seulement de M. Bouteflika.

    Sarko et Boutef qui se donnaient allègrement du «Mon ami Abdelaziz» par-ci, «Mon ami Nicolas» par-là, n'ont pas été au bout de leur soudaine amitié. Pour nous, la chose est sacrée: L'ami de mon ami est mon ami. En foi de quoi, Macias, l'ami de Sarko, aurait dû, obligatoirement, trouver sa place dans le cœur de Boutef. Je ne me souviens pas, soit dit en passant, que celui-ci ait été mis devant pareil et inutile affront lorsqu'il est allé en France, à l'invitation de Chirac. Au contraire, il eu droit au grand jeu, Parlement, Champs-Élysées, petits fours et tutti quanti. En se dérobant, Sarko lui a donné quitus de son insulte (car nul ne doute qu'il ne soit derrière les déclarations de son ministre), il l'a même encouragé à récidiver et pour nous qui espérions voir les relations algéro-françaises enfin se tourner vers l'avenir et nous apporter un peu d'air et de progrès, c'est décevant.

    N.O. - Ce qui frappe de plein fouet à la lecture, ce qui est très violent dans votre roman, c'est évidemment le jeu de miroir entre le nazisme d'hier et l'islamisme d'aujourd'hui. Le journal de Rachel insiste sur la spécificité de l'Extermination. Mais son frère Malrich, qui perçoit l'imam de sa cité comme un SS, va jusqu'à écrire: «quand je vois ce que les islamistes font chez nous et ailleurs, je me dis qu'ils dépasseront les nazis si un jour ils ont le pouvoir». Dans quelle mesure partagez-vous ce point de vue?

    Boualem Sansal. - Nous vivons sous un régime national-islamiste et dans un environnement marqué par le terrorisme, nous voyons bien que la frontière entre islamisme et nazisme est mince. L'Algérie est perçue par ses enfants eux-mêmes comme une «prison à ciel ouvert», disent les uns, et comme «un camp de concentration», disent les autres qui meurent à petit feu dans les cités. On ne se sent pas seulement prisonniers de murs et de frontières étanches, mais d'un ordre ténébreux et violent qui ne laisse pas même place au rêve. Nos jeunes ne pensent qu'à se jeter à la mer pour rejoindre des terres clémentes. Ils ont un slogan qu'ils répètent à longueur de journée en regardant la mer: «Mourir ailleurs plutôt que vivre ici». Les Harragas (les brûleurs de routes) avant d'être des émigrés clandestins sont des prisonniers évadés. Ils devraient être accueillis en tant que tels et non comme des hors-la-loi que l'on punit de la manière la plus cruelle: en les renvoyant au pays.

    N.O. - En ce qui concerne la menace islamiste, plusieurs événements récents donnent hélas raison à l'inquiétude et à la noirceur qui imprègnent votre roman: les attentats qui viennent de se produire à Alger, par exemple. Des voix s'élèvent pour mettre en cause la responsabilité de la politique de «Réconciliation nationale» menée par le président Bouteflika. Est-ce aussi votre avis? Entre l'épisode sanglant des villageois égorgés par le GIA en 1994 - que l'on trouve dans votre livre - et ces attentats-suicides orchestrés par Al-Qaïda, quelle évolution voyez-vous se dessiner?

    Boualem Sansal. - La «Charte pour la Réconciliation nationale» de M. Bouteflika n'est pas un moyen de rétablir la paix et ce qui va avec, la justice, la vérité, la démocratie, la culture, la prospérité. Elle est un anneau de plus à la chaîne totalitaire que le régime du FLN a déroulée sur le pays depuis l'indépendance. Elle ne dit rien d'autre que cela: «Réconciliez-vous autour de moi, Bouteflika, que les islamistes cultivent leur champ et que les démocrates et les laïcs cultivent le leur, l'Algérie est riche pour tous». Nous avions une Algérie qui se battait pour la liberté, nous voilà avec deux Algérie séparées par un fossé plein de sang et d'amertume. En vérité, la Réconciliation avait un autre objectif: couvrir les chefs de l'Armée et des Services secrets coupables de crimes massifs durant la «décennie noire», redorer le blason du régime, apporter une pièce maîtresse au dossier de M. Bouteflika qui rêve d'être couronné Nobel de la Paix.

    Le Dr. Saïd Saadi, chef du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a récemment déclaré que l'Algérie était en voie d'«irakisation». Je partage ce point de vue. Tant que le régime sera là, le désordre ira croissant. Comme elle le fut dans les premières années de son indépendance, une terre d'expérimentation où tous les vendeurs d'utopies dans le monde venaient proposer leurs recettes-miracles, l'Algérie sera, comme l'Irak, un terrain où viendront s'affronter toutes les factions et toutes les mafias du monde. El-Qaïda l'a bien compris, elle y a installé une succursale. Hier, c'était les Frères Musulmans, puis les Afghans, aujourd'hui, c'est la nébuleuse El-Qaïda et demain, on rebattra les cartes et de nouveaux acteurs apparaîtront. Le système corrompu et nauséabond du FLN est ainsi, il attire les mouches. Le barrage à cela est une démocratie insérée dans l'ensemble maghrébin et l'Union méditerranéenne.

    N.O. - Comment lutter contre cette menace terroriste? Votre livre pose à de nombreuses reprises la question, mais n'apporte guère de réponse... Quel rôle peuvent jouer les démocraties occidentales? La façon dont Sarkozy vient de recevoir Kadhafi est-elle, comme il le dit, une voie possible pour encourager la démocratie face à l'islamisme?

    Boualem Sansal. - Avec des régimes comme ceux de Bouteflika et Kadhafi, les démocraties occidentales ne peuvent pas grand-chose. Tout ce qu'elles diront et feront sera retourné contres elles et contre nous. Nos leaders sont de redoutables tennismen. Ils connaissent tous les coups pour détruire les balles en vol. Comme d'habitude, ils se dresseront sur leurs ergots et crieront : ingérence, colonialisme, néocolonialisme, impérialisme, atteinte à nos valeurs islamiques, lobby juif, etc!

    La menace terroriste ne les gêne pas plus que ça. En tout cas, ils veulent la gérer selon leurs vues et besoins tactiques, loin du regard étranger. «Le terrorisme reste à définir», disait Kadhafi en Espagne. Bouteflika avait dit une chose similaire. La menace terroriste est pour eux pain béni, elle leur permet de maintenir la société sous étroite surveillance et ridiculiser ses prétentions démocratiques, toujours présentées comme susurrées par l'Occident dans le but d'affaiblir nos valeurs nationales.

    La méthode Sarkozy est peut-être une voie. En recevant les dictateurs, en travaillant avec eux, on les légitime, certes, mais peu à peu on les déshabille, on les montre sous leur vrai jour, on les implique dans des projets communs. Ne se sentant plus menacés par les discours de l'Occident sur les droits de l'homme, ils pourraient avancer sur la voie de la normalité (je le dis sans trop y croire). La méthode implique que dans nos pays, la société civile et les partis politiques se mobilisent pour accentuer la pression interne. Quoi qu'il en soit, il est trop tôt pour juger de l'efficacité de la méthode Sarko. J'aurais quand même préféré qu'il reçoive Kadhafi dans la discrétion, ce richissime bandit ne méritait pas tant d'égards.

    N. O. - Qui peut agir alors?

    Boualem Sansal. - La lutte contre l'islamisme, matrice du terrorisme, réclame un engagement des musulmans et de leurs théologiens. Il leur revient de sauver leur religion et de la réconcilier avec la modernité, faute de quoi l'islam finira par n'être plus que l'islamisme. Mais le danger dans les pays arabes et musulmans est tel qu'aucun théologien n'ose entreprendre ce nécessaire travail d'ijtihad. Et les intellectuels qui s'y emploient avec talent dans les démocraties occidentales (Soheib Bencheikh, Malek Chebel, Mohamed Arkoun, Abdelwahab Meddeb...) ne sont guère entendus dans nos pays. Mon humble avis est que l'islam a déjà trop pâti de l'islamisme et du nationalisme arabo-musulman, je ne vois pas comment il pourrait reprendre le chemin des Lumières qui jadis fut le sien.

    N. O. - L'islamisation de certaines cités de banlieue, en France, est également au cœur du livre: non seulement on y «fabrique» des talibans, mais c'est un véritable état (totalitaire) dans l'état (républicain) qui se dessine. Un état avec ses lois et son impôt: «la cité sera bientôt une république islamique parfaitement constituée», prophétise Malrich. Pire, il la compare à un «camp de concentration», dont les habitants, en proie au désœuvrement, seraient sous l'autorité tyrannique de l'imam leurs propres «kapos». Là-encore, ce diagnostic extrêmement radical (du personnage) vous semble-t-il justifié? N'est-il pas quelque peu caricatural? Et si non, sur quels éléments vous fondez-vous?

    Boualem Sansal. - Le diagnostic de Malrich n'est pas exagéré. C'est la triste réalité. Dans nos pays, les cités populaires abandonnées par l'Etat à la misère, au banditisme et à l'islamisme sont déjà des camps de concentration. Certaines banlieues françaises sont de la même manière sous la coupe des gangs mafieux et islamistes, en connexion avec les gangs d'Algérie et les réseaux salafistes d'El-Qaïda dans le monde. Le journaliste Mohamed Sifaoui, à travers ses enquêtes sur le terrain et ses documentaires, en a apporté la preuve. Moi-même, au cours de mes déplacements en France, j'ai eu l'occasion de le constater et de l'entendre de la bouche même des habitants de ces cités.

    N.O. - Le seul remède indiqué par votre roman, ici encore dans la filiation de Primo Levi, c'est l'usage de la parole, le souci de dire la vérité contre l'oubli, le mensonge, le silence. Pensez-vous que l'écriture peut être une arme politique? Au moment du 11 septembre 2001, vous aviez été l'un des rares et tout premiers intellectuels de culture musulmane à dénoncer le fanatisme. Vous sentez-vous moins seul aujourd'hui?

    Boualem Sansal. - Le Verbe est tout. Il peut tuer et ressusciter. Je ne me situe évidemment pas à ce niveau. J'écris pour parler, parler à des gens, des frères, des amis, des passants tranquilles, et même, s'ils le veulent bien, à ceux qui rêvent de détruire l'humanité et la planète.

    Ce sont les lecteurs qui font des livres une arme politique. Plus ils sont nombreux et plus ils sont forts, ils peuvent s'associer, crier, brandir le poing et chasser ceux qui nous font du mal avec leur fanatisme, leurs mensonges, leurs rapines, leurs crimes.

    Le 11 septembre a été pour nous tous un choc terrible. Ce jour, nous avons commencé à comprendre que l'islamisme était dans une démarche autrement plus radicale que celle que nous lui attribuions: lutter contre les tyrans en terres d'islam et instaurer la charia. Sa véritable démarche est l'extermination de l'autre, le croisé, le Juif, l'athée, le musulman laïc, la femme libre, le démocrate, l'homosexuel, etc (la liste ne cesse de s'allonger). Il n'est limité dans son projet que par l'absence entre ses mains d'armes de destruction massive. Devant une telle folie, la mobilisation a été bien timorée. Pire, ici et là, on a composé avec lui, on lui a fait des concessions (voile islamique, gestion des mosquées, éducation, prêches à la télé, fermeture des écoles enseignant en français...), on lui a abandonné des zones entières (des villes et des banlieues) et très peu aujourd'hui osent aborder frontalement la question de l'islamisme, encore moins celle de l'islam, otage de l'islamisme. En Algérie, en application de la «Réconciliation», ce mot, comme celui de terroriste et beaucoup d'autres, ont tout simplement disparu du vocabulaire des officiels. On parle «d'égarés manipulés par la main de l'étranger». On revient toujours au complot contre la nation algérienne.

    N.O. - En exergue, le narrateur principal indique que le livre contient «des parallèles dangereux qui pourraient [lui] valoir des ennuis». Ne craignez-vous pas vous-même d'en avoir? Vous avez dû quitter vos fonctions dans l'administration en 2003. Et votre dernier livre [«Poste restante : Alger» [4]] a été interdit en Algérie en 2006. Pensez-vous que celui-ci sera autorisé? Et pourquoi, au fond, restez-vous en Algérie, là où beaucoup ont préféré l'exil?

    Boualem Sansal. - Les censeurs sont légions dans nos pays et ils sont très vigilants. Ils traquent le mot, la virgule, l'attitude. «Poste restante Alger» a été interdit avant même d'arriver en Algérie. «Le Village de l'Allemand» le sera certainement. Comme il touche à plusieurs thèmes sensibles, je m'attends à un déluge de tirs croisés. Je le dis comme ça dans le but de provoquer une réaction inverse: un grand silence méprisant. C'est le mieux qui puisse arriver. Nos censeurs sont toujours très dangereux quand ils s'intéressent à quelqu'un.

    Comme beaucoup d'Algériens, les jeunes et les moins jeunes, je suis constamment taraudé par l'envie de «m'évader» du camp. Et toujours, au moment de ramasser mon baluchon et de prendre la clé des champs, je me dis que, après tout il est plus intelligent de détruire le camp, une pièce rapportée, que de fuir le pays. L'Algérie est un beau et grand pays, il vient de loin, il a une longue et passionnante histoire, ayant fricoté de près avec tous les peuples de la Méditerranée, il n'est pas né avec le FLN, il n'a rien à voir avec sa culture, ses camps, ses apparatchiks et ses kapos, un jour il reprendra sa route sous le soleil et sa terre reverdira. J'aimerais être là pour le voir.

    Propos recueillis par Grégoire Leménager

  • Paralysie des institutions étatiques: Le Conseil des ministres mis en veilleuse par la présidence de la République

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    Un lecteur s'est livré pour nous à une statistique révélatrice du gel progressif du Conseil des ministres, institution de l’Etat présidée par le Président de la république, durant l'année 2007. Des chiffres qui prouvent que l’Algérie est bel et bien gérée comme un fond de commerce personnel et non comme une République constitutionnelle. Le fonctionnement des institutions étatiques mis en place par le pouvoir ressemble déjà à celui de la « djoumloukia » promise par l’alliance au pouvoir.
    L’année 2007 a été la plus pauvre en matière de réunion du conseil des ministres depuis qu’Abdelaziz Bouteflika a entamé son premier mandat en avril 1999. Le dernier conseil des ministres remonte au 16 septembre où il a été approuvé le projet de loi de finances pour 2008 avec des prévisions 5,8 % de taux croissance économique et 3 % d’inflation.
    Selon le site de la présidence de la République (), le conseil n’a tenu cette année que 4 séances, soit une moyenne d’une réunion par trimestre. En 2006 le conseil des ministres a tenu 6 séances contre 8 en 2005 et 10 en 2004.
    Par contre, en 2003 il a été enregistré le même pic que celui observé durant les années 2000 et 2001 avec 14 séances par an. En 2002, le conseil s’est réunit à 9 reprises contre 5 en 1999 où le premier conseil des ministres sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika et Smaïl Hamdani chef du gouvernement s’est tenu le 29 juin plus de deux mois après sa prise de fonction.
    Au total, le conseil des ministres s’est réuni à 58 reprises lors du premier mandat de Bouteflika, soit une moyenne de près d’une réunion par mois.
    Le nombre de réunion du conseil des ministres a atteint, lors des quatre premières années de son second mandat, 26, soit une moyenne de près d’une séance tous les 51 jours.
    Abdelaziz Belkhadem a assisté en tant que chef du gouvernement à 7 réunions du conseil des ministres depuis sa désignation en mai 2006.
    L’ex-chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia a battu le record en assistant à 33 réunions devançant de peu Ali Benflis qui a participé à 31 séances.
    Ahmed Benbitour a assisté à 9 conseils des ministres et Smail Hamdani, nommé en décembre 1998 par l’ex-président Liamine Zeroual pour préparer les élections présidentielles d’avril 1999, à 4 réunions.

    Lind F

  • Démantelèment du secteur public : le gouvernement va privatiser 100 entreprises en 2008

    Le gouvernement a annoncé dimanche la privatisation de 100 entreprises publiques durant le premier semestre 2008, à l'ouverture du 3e Forum des investisseurs arabes à Alger. "L'opération de privatisation a connu un développement rapide depuis 2005, avec l'ouverture du capital de 350 entreprises publiques et la programmation de 100 autres à la privatisation durant le 1er semestre de l'année en cours", a précisé le ministre de l'industrie et de la promotion des investissements, Hamid Temmar. Les entreprises publiques "non solvables" seront dissoutes par l'Etat qui poursuivra la privatisation des autres sociétés et des banques, avait déclaré en octobre 2007 le chef du gouvernement algérien Abdelaziz Belkhadem. Le gouvernement algérien a, maintes fois, réaffirmé sa volonté de privatiser les entreprises d'Etat, trop lourdes à gérer, sauf celles dites "stratégiques" ou "de souveraineté", comme l'entreprise d'hydrocarbures Sonatrach, de l'électricité et du gaz Sonelgaz ou encore les chemins de fer. Des centaines d'entreprises avaient déjà été dissoutes entre 1995 et 1998 laissant des milliers de salariés au chômage. Depuis 2005, quelque 350 entreprises publiques ont ouvert leur capital au privé

    (Source AFP)

     

  • Attentats du 11 décembre : le gouvernement cherche à impliquer les familles des victimes dans le différend avec l’Onu

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    Le gouvernement cherche par tous les moyens à impliquer les familles des victimes des attentats du 11 décembre dans son différend avec l’ONU, à propos de la commission d’enquête indépendance dépêchée par l’organisation internationale. Pour ce faire, et en guise de « réponse » à Ban Ki-moon, le ministère de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, a imaginé d’organiser une rencontre avec les familles des victimes, au siège de son ministère, similaire à la cérémonie dédiée à la mémoire des victimes de l’attentat d’Alger, organisée hier à Genève. Cette rencontre, qui s’ouvrira mercredi matin, en présence des familles des disparus, est conçue par ses promoteurs comme une riposte directe à l’initiative onusienne, dénoncée comme une décision hostile par les autorités algériennes. Rappelons que la rencontre de Genève devait également se pencher sur santé physique et psychologique des les fonctionnaires onusiens blessés dans l’attentat.

    Il est attendu que le Secrétaire général de l’ONU donne des précisions au sujet de l’enquête indépendante.

    La réaction du gouvernement algérien, qui s’était jusque là contenter d’une simple condamnation verbale de la décision de M. Ban Ki-moon, a pris aujourd’hui une nouvelle dimension.

    La polémique entre l’ONU et les dirigeants algériens ne semble pas prête à s’éteindre.

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  • URGENT : l'ONU crée une commission d'enquête indépendante sur les attentats d'Alger

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    Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a décidé de créer une commission d'enquête indépendante sur les attentats d'Alger qui ont fait en décembre 17 morts parmi les personnels des Nations unies, a annoncé lundi sa porte-parole, Michèle Montas.

    Après avoir reçu de ses services un rapport préliminaire sur ces attaques, Ban Ki-moon a décidé "de nommer une commission indépendante pour établir tous les faits concernant les attaques d'Alger", a précisé la porte-parole. La commission "s'occupera aussi de questions stratégiques" liées à la sécurité à fournir aux employés mobilisés dans des opérations de l'ONU dans le monde, a-t-elle ajouté dans un communiqué.

    La commission d'enquête sera composée d'experts internationaux ne travaillant pas pour le système des Nations unies et cherchera une coopération totale des autorités algériennes. Sa composition et sa mission détaillée seront annoncées prochainement, a-t-elle ajouté. Michèle Montas a précisé que le rapport préliminaire reçu par Ban Ki-moon, réalisé par le sous-secrétaire général à la Sécurité, David Veness, ne serait pas rendu public.

    Les deux attentats suicide perpétrés le 11 décembre à Alger ont fait 41 morts, dont 17 employés de l'ONU. Revendiqués par la Branche d'Al-Qaïda au Maghreb (BAQMI, ex-GSPC), ils ont visé les sièges du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Hydra et celui du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun. A Hydra, 145 personnes travaillaient pour l'ONU, dont 115 Algériens et 30 étrangers. Les 17 tués étaient 14 Algériens et 3 étrangers.

    AFP

  • Alger a demandé à Ban Ki-moon de renoncer à son enquête, l'ONU refuse

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    Les autorités algériennes ont demandé à l'ONU d'abandonner son projet d'enquête à Alger.Vendredi, l’ambassadeur d’Algérie à l’ONU est allé voir le chef de cabinet de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU. Il lui a demandé de renoncer à la constitution d’une mission d’enquête internationale sur les attentats du 11 décembre à Alger.

    « Si cette mission est malgré tout constituée, a-t-il prévenu, l’Algérie ne coopérera pas, les experts internationaux ne seront pas les bienvenus dans le pays ». Autant dire que la commission ne pourra pas faire son travail.

    Mais l’ONU maintient sa position.

    Ce qui n’était qu’une querelle est alors en train de tourner à la crise diplomatique. L’organisation affirme que le responsable de la sécurité de l’ONU en Algérie avait demandé un renforcement des mesures de protection autour des installations onusiennes. Il n’a pas été entendu et a péri dans l’attentat.

    Selon l’ONU, la commission n’est pas là pour faire une enquête de police, mais simplement pour déterminer si toutes les précautions avaient été prises. Elle devra aussi en tirer des conséquences plus générales pour l’ONU, qui est de plus en plus souvent visée par des groupes proches d’al-Qaïda. Pour Ban Ki-moon, la commission doit donc faire son travail. Il en va de la sécurité de tous les personnels des Nations unies, déployés à travers le monde.

    Avec RFI et correspondant à New York, Philippe Bolopio

  • Deux braconniers Koweïtiens écroués à Béchar : ils chassaient une espèce protégée

    Jusqu’à présent, les braconniers originaires des pays du Golfe passaient toujours aux travers des mailles de la justice, parce que autorisés en « hauts lieux » à chasser dans le désert des espèces protégées, telle que l’outarde particulièrement prisée pour la qualité aphrodisiaque de sa chair. L’interpellation de deux Koweïtiens et trois autres complices algériens, samedi dernier, par les éléments de la gendarmerie du groupement de Béchar inaugure, peut être, la fin des passe-droits consentis par le président Bouteflika à ses riches amis Emiratis.

    L’histoire des deux braconniers kowetiens est rapportée par le Quotidien d’Oran qui raconte que les deux délinquants crapahutaient en plein désert dans la région de Béni-Ounif, à une centaine de kilomètres de Béchar, en compagnie de deux guides algériens, quand ils ont été pris en flagrant délit de braconnage par les gendarmes. Déférés devant le procureur de la République de Béchar, ils ont aussitôt été placés sous mandat de dépôt. Alertée, l’ambassade du Koweït à Alger a aussitôt dépêché un avocat auprès de ses ressortissants et tenter, en vain, de faire intervenir le gouvernement algérien. La justice est demeurée intransigeante, et pour une fois, force est restée à la loi !

  • Quand Ghoul indispose les siens

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    Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien arabophone Ennahar-aljadid fait part d’une nouvelle qui étonnera plus d’un. Incroyable mais vrai, il parait qu’il ne fait plus bon vivre coté club des pins. Pis, la vie devient de plus en plus insoutenable pour les privilégiés éternels de la résidence cossue de l’Etat! Et pour cause de ce réel , et j’imagine premier désagrément, des grands travaux publics effectués sous l’égide du virevoltant Ammar Ghoul, pour des besoins de modernisation et d’agrandissement du port de la madrague, dans la commune d’Ain El Benian. Travaux qui, contre toute attente, ont conduit à un déséquilibre brutal dans le milieu géologique de la région. En d’autre termes, cet énième chantier du ministre élu personnalité de l’année par les lecteurs du quotidien constantinois Ennasr a eu un impact brutal sur les courants maritimes, provoquant une interférence entre ces derniers, et ; par ricochet, transformant la vie à l’intérieur de la résidence en « un vrai enfer », selon les termes du journaliste. On apprend ainsi, selon le même journal, que le restaurant principal de la résidence a été complètement détruit, obligeant ses propriétaires à la fermer. D’autres édifices ont été saccagés à leur tour, à l’instar du bâtiment abritant les éléments de la protection civile. Ainsi donc, club des pins, livré à un tsunami, et sans pompiers ! Par ailleurs nombre de résidents ont été contraints d’évacuer leurs résidences, sous risques de périr sous les vagues furieuses. Au train où vont les choses, même le très solide Sheraton ne serait à l’abri des vagues. Il est utile de rappeler , cependant, qu’une expertise hollandaise réalisée en 1975 avait fortement déconseillé de toucher aux fondements du port de la madrague, ce qui n’a pas empêché le ministre, pourtant saisi en ce sens par la direction de l’environnement d’Alger, d’aller au bout de son projet.
    Après réflexions, ayant devant les yeux les images des pauvres familles algériennes laissées pour compte à chaque fois que des intempéries surviennent, et succombant à mon désir mesquin et sadique, je me rejoindrais moi aussi, volontiers, aux lecteurs du Ennasr. Pourvu que Ghoul se trouve à un projet du coté de …mais allons, basta cruauté !

    Farid Ben

  • NOS LECTEURS ET LE TROISIEME MANDAT : Le mauvais exemple

    Par Amine Benrabah Pourquoi New York, Paris, Londres et demain d'autres capitales devraient elles ménager un pouvoir aux abois, de plus en plus coupé de son peuple qu'il "dirige" à partir de palais (El Mouradia, du Gouvernement, Zirout Youcef etc...) devenus de véritables bunkers, à cause des mesures de sécurité mises en oeuvre pour les protéger contre la colère de leurs concitoyens livrés à eux-mêmes. Dans ces pays démocratiques, le Gouvernement risque carrément de tomber si un de leurs ressortissants venait à être assassiné à l'étranger et qu'il est prouvé que son Gouvernement ne l'avait pas informé, en temps opportun, des dangers qu'il encourerait s'il se rendait dans tel ou tel pays, pour une raison ou une autre. Un moment, sensibles, sans être réellement convaincus, au discours triomphaliste du clan présidentiel, qui a présenté la "Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale", unilatéralement élaborée dans l'urgence, comme la seule et unique possible solution à la crise multidimensionnelle algérienne, nos partenaires étrangers semblent comprendre aujourd'hui que cette politique de concessions unilatérales, de plus en plus importantes et dangereuses pour la cohésion, la stabilité et l'unité nationales, a surtout été mise à profit par les terroristes islamistes pour reconstituer leurs troupes décimées par les forces armées et de sécurité algériennes, aidées par les patriotes et la majorité du peuple algérien et pour réviser et adapter leur stratégie d'agression permanente, au terrain de l'ennemi, démobilisé par une surenchère politicienne suicidaire. On ne peut pas décemment demander à nos partenaires étrangers de faire fi de la dramatique réalité qui prévaut encore dans notre pays et de venir insvestir dans un pays que ses propres enfants, toutes catégories sociales confondues, fuient désespérément, de toutes les manières possibles. En tout état de cause, en se barricadant à double tour, dans leurs palais et en bloquant, pendant des heures, la circulation, lors de leurs déplacements, à Alger ou à l'intérieur du pays, les plus hauts responsbles du pays donnent le plus mauvais exemple possible à nos concitoyens et à nos partenaires étrangers, désireux de s'installer en Algérie. En réalité, en agissant ainsi, ces "responsables" nous confirment qu'ils sont restés fidèles et égaux à eux-mêmes, dans leur égocentrisme. Il est vraiment grand temps que nos "vénérables" dirigeants , qui fonctionnent avec une échelle de valeurs, pour le moins douteuses, qu'ils nous ont imposées depuis 1962 mais qui ne pourraient, en aucun cas être imposées à nos partenaires étrangers, malgré les énormes avantages et concessions qu'ils ne cessent de leur consentir, en contrpartie de leur "compréhension", sachent que le monde a beaucoup changé. Au lieu donc de s'entêter ridiculement, comme ils le font actuellement avec "l'affaire" (une autre ruse) de la révision constitutionnelle pour s'accrocher encore au koursi, le meilleur service que, ces figures usées, recyclées et ré-injectées, responsables de tant d'échecs dramatiques, puissent rendre au pays, est qu'ils partent, tous et maintenant, comme l'avaient fait, dans le respect et la dignité, leurs homologues étrangers, qui avaient pourtant apporté bien-être à leur peuple et prospérité à leur pays. Ces aveugles, sourds et muets articifiels, ces limaces "entêtées", comme dirait Rachid Boudjedra, qui n'ont produit que de la bave depuis 1962, doivent comprendre, une fois pour toutes, que cette fois-ci, sous aucun prétexte, ils ne nous imposeront leur logique tordue. Qu'ils aillent là où ils voudont, chez eux, chez les autres, le peuple algérien magnanime saurait fermer l'oeil sur leurs crimes et méfaits, si leur conscience leur permettaient d'avoir la paix de l'âme, qui leur manque le plus. Un pays, dont plus de 70% de la population est âgée de moins de 30ans, doit être gouverné par des hommes jeunes, sains d'esprit et de corps et qui ont une moralité sans taches.

  • Yasmina Khadra : « Le discours de Shimon Peres est inacceptable et je ne m’inclinerai jamais »

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    Dans un entretien à El Khabar, le directeur du Centre culturel algérien à Paris, l’écrivain Yasmina Khadra évoque les raisons qui l’ont poussé à boycotter le salon du livre de Paris.

    El Khabar : Confirmez-vous le boycott du salon du livre de Paris ?

    Mohamed Moulessehoul : Effectivement, j’ai pris la décision de boycotter le salon du livre de Paris, et cela reste une décision personnelle qui n’a rien à voir avec la vague de boycotts de tous les écrivains arabes et algériens.

    El Khabar : Quelles sont les raisons de ce boycott alors ?

    Mohamed Moulessehoul :Je ne veux pas participer à ce salon car ma conscience ne me le permet pas, et je crois que le discours prononcé par le président israélien a renforcer ma décision, car il a qualifié les boycotteurs d’ignorants et d’autres termes qui ne l’honorent pas. Par ailleurs, je ne peux pas participer à un salon destiné, en réalité, à défendre une cause politique, et qui demeure très éloigné du domaine culturel pour lequel il a été créé à l’origine.

    El Khabar :Devons-nous comprendre, de vos propos, que vous soutenez tous ceux qui ont boycotté ce salon ?

    Mohamed Moulessehoul :Je ne les soutiens pas car je ne les connais pas. Chacun est responsable de ses décisions, car il est motivé par ses propres raisons. J’ai appris, dans ma vie, à sauvegarder mon honneur, car même si mon parcours littéraire allait prendre une autre trajectoire à Paris, j’ai préféré autre chose. Je ne veux pas m’incliner, je crois à la paix, et cela n’est pas le chemin de la paix, à mon avis.

    El Khabar :Ne craignez-vous pas un acharnement des médias français à votre encontre, ce qui pourrait avoir une incidence sur votre parcours littéraire ici en France ?

    Mohamed Moulessehoul : Non mon frère, je suis ici en France depuis un certain temps, et je ne cèderai jamais aux pressions. Je n’ai peur de personne, et je n’ai aucune raison d’avoir peur. Il est sûr que je ne retournerai pas en arrière.

    Source: El Khabar

  • L'enquête sur la mort du général Saïdi Fodil crée une tension au sommet de l'Etat

    Le président Bouteflika vient de recevoir le premier rapport établi dans le cadre de la commission d'enquête sur ce qui s’appelle maintenant l’ affaire du général Saidi Fodil, a-t-on appris de source proche de la présidence.
    Le rapport met en cause les hauts responsables du DRS.

    Pour rappel, le président avait décidé récemment de mettre en place cette «Commission d’enquête autonome», composée de plusieurs magistrats et procureurs civils et militaires en vue de rouvrir certains dossiers et affaires d’assassinats qui ont marqué la décennie noire notamment ceux de feu Mohammed Boudiaf ou encore du Général Fodil Saidi.
    Le but serait de connaître le rôle joué par les différents chefs de départements et organes affilié au DRS, comme le département du contre espionnage et de la sécurité intérieure , et le département de la sécurité de l'armée.

    Le général Fodil Saidi ancien patron de la DDSE (département de la sécurité extérieure), qui s'est vu limoger arbitrairement de la tête de la DDSE pour ensuite être nommé a un poste moindre, celui de chef de la quatrième région militaire, fut victime d'un attentat qui lui avait coûté la vie et celle d'une dizaine de militaires qui l'accompagnaient, sur une route déserte de la région de Ourgla en 1996.

    Ce premier rapport a été établi par deux magistrats, dont l’un de la direction de la justice militaire, à destination des services présidentiels et dans lequel figurent deux  témoignages d'une très grande importance. Le premier est celui  d'un ex agent du DRS, franco-algérien, résidant à Qatar depuis quelques années, et qui prétend avoir fait partie d'une unité  secrète au sein des services de renseignements algériens, cette même unité qui aurait été  impliquée dans l'affaire Boudiaf, Saidi, et  d'autres affaires du même calibre dans les années 1990. Le second témoignage est celui d'un très haut gradé du ministère de la Défense nationale à la retraite est dont le témoignage aurait confirmé effectivement l'existence de cet organisme.
    Dans sa déposition  l'ex agent du DRS aurait désigné le général de corps d'armée Mohamed Mediène (Tawfik) chef du Département du renseignement et de la sécurité, et l'ancien patron du contre espionnage le général Smain Lamari comme les responsables hiérarchiques de cette fameuse unité qui regrouperait, selon lui, entre 250 jusqu'à 300 agents triés sur le volet, des agents formés aux techniques de renseignements et d'interventions les plus pointues.
    Le témoin à confirmé lors de son audition par les deux magistrats la participation de cette unité à l'opération de planification et d'exécution qui se solda par la mort de l'ancien chef de  la DDSE (direction de la documentation et de la sécurité extérieure).
    L'ex agent du DRS aurait identifié le général Tartag Bachir du  (DRS) alors colonel a l’époque, comme étant le chef du bras armé de cet organisme secret. D’autres  noms d'agents opérationnels des renseignements militaires ayants servi sous les ordres du général Tertag sont venus compléter la liste des mis en causes dans l’affaire du général Saidi dont Mohamed Alili,  Louenes Sadki ,  Houari Benhamou dit (le fixe)  appartenant tous a la DCSA (direction centrale de la sécurité de l'armée), les désignant  comme étant des chefs de groupes opérationnels au sein de l'unité en question.
    Dans la même déposition  l’ancien agent des services aurait validé la première liste établie par la commission d’enquête, et qui engageait la responsabilité des agents du contre espionnage impliqués dans cette affaire. Dans cette liste, on trouve les noms d'agents opérationnels dont certains ont reconnu avoir été dans les années 90 a plusieurs reprises en contact avec les agents chefs de réseaux de cette unité.
    Une  liste de plus d’une cinquantaine de nouveaux agents appartenant a cette unité devrait être mise a jour dit-il dans quelque temps.
    Le second témoignage est celui d’un  haut gradé de l’armée à la retraite proche de la sphère présidentielle, et qui dans sa déposition a incriminé une branche des services secrets (DRS) dans ce qu’il a appelé la création d’un Etat au sein de l’Etat.
    L’officier supérieur aurait dit-on sollicité le témoignage de l’ancien chef d'état-major de l’armée, le général Khaled Nezzar.    
    Le chef des services secrets algériens a immédiatement réagi.
    Quatre officiers du DRS se sont déplacés hier lundi au siège de la Présidence où ils ont rencontré le premier responsable des services de renseignements auprés du cabinet presidentiel de Bouteflika le général Nadjib, en présense de Said Bouteflika et quelques fonctinnaires de la présidence. Ils ont demandé à interroger dans leur locaux sis au centre principal operationnel (Antar) sis à Ben-Aknoun  l'ex agent du DRS franco-algerien installé au Quatar et qui à déposé auprés du procureur militaire et civil sur l'affaire Saidi . Said Bouteflika a fait comprendre à la deléguation du DRS que la Présidence tient à protéger le dit agent durant toute la procédure.
    Un rendez vous est prévu demain jeudi entre les representants des deux camps .

    L'affaire prend une trés serieuse tournure, un bras de fer entre le DRS et la Présidence.

    A.F.

  • Affaires Des Généraux algeriens,plus dictateur que moi tu meurs

    Le cours de l'histoire de l'Algérie a changé par la survenue de nombreux événements en une période de temps relativement courte. La métamorphose que l'armée a subit y a largement contribué. Dans une première phase, l'ANP a connu une série de changements profonds entre janvier 92, date du coup d'état contre Chadli Bendjedid et juin 92, date du meurtre de Mohamed Boudiaf, et qui se sont traduits par l'éloignement des "hommes" de Chadli des postes stratégiques. Les changements les plus importants sont survenus après l'assassinat du président Boudiaf, et c'est cette période critique qui a été la plus mouvementée et sans doute la plus sanglante de toute l'histoire de l'armée, surtout durant l'année 1997.

    Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter un peu dans le temps et plus précisément à la période qui a précédé les événements d'octobre 88; à cette époque mouvementée, les services de la sécurité militaire (DCSM) étaient en pleine décomposition suite à une série de décisions pseudo-politiques assassines prises à la fin des années 80.

    Le Syndrome Belkheir

    Larbi Belkheir qui était alors chef de cabinet de Chadli Bendjedid en charge de la question "Sécurité Nationale" avait tout fait pour diminuer de l'efficacité des services secrets ou du moins canaliser leur travail. Pour se faire, il avait réussi à convaincre Chadli de la nécessité d'une restructuration des services secrets en vue d'un meilleur contrôle des structures de l'état. Larbi Belkheir savait plus que quiconque qu'il fallait diviser pour durer, et diviser les services secrets n'était pas tâche facile et surtout pas à la portée du premier venu. C'était la raison pour laquelle il avait présenté son projet sous l'optique du modernisme occidental et du souci sécuritaire; en réalité, Chadli Bendjedid avait approuvé cette mesure, parce qu'elle allait le conforter dans son poste, mais aussi parce qu'il fallait absolument séparer Kasdi Merbah (l'homme qui l'avait amené au pouvoir) de ses anciens contacts qui étaient restés actifs au sein de la DCSM.

    Le général Medjdoub Lakhal Ayat qui avait été désigné à la tête de la direction centrale de la sécurité militaire (DCSM) après le départ de Kasdi Merbah, était un personnage tout à fait contraire à son prédécesseur. Ex-officier de l'armée française tout comme Chadli, sa passivité et son attachement au service de la personne de Chadli avaient été des facteurs décisifs pour sa nomination à la tête de la SM. Lakhal Ayat était tout à fait acquis aux thèses révisionnistes de son ami Larbi Belkheir, et avait accepté la division de la DCSM ainsi que la suppression de certains de ses plus importants services sans difficultés face aux insistances de Larbi Belkheir. C'était à cette occasion que le fameux service de la prévention économique (Le PE, une sous direction de la DCSM en charge des investigations de crimes économiques, détournements, malversations, corruption... etc) avait été dissous, à cause du nombre important d'affaires que le service traitait et envoyait pour être jugées à la court des comptes d'une part, mais surtout à cause de la qualité des personnes mises en cause par les investigations du service dans ces affaires et qui venaient de mettre à nu le noyau de ce qui sera quelques années plus tard connu sous le nom de la mafia politico-militaire.
    En réalité, au lieu de présenter à la justice les personnes mises en examen pour ce qui était à l'époque considéré comme un délit très grave, les choses ont été simplifiées par l'élimination d'un service tout entier par une simple décision politique; la porte était alors grande ouverte devant tous les rapaces qui n'ont pas perdu leur temps depuis.

    Tout cela n'était qu'un des objectifs primaires fixés par Larbi Belkheir, et non pas le plus important, il avait même réussi à imposer l'idée que le nouveau service qui remplaçait la DCSM avait besoin de jeunes cadres et que les anciens étaient bons pour la retraite, et ainsi des centaines de cadres de la DCSM furent mis à la retraite anticipée ou affectés vers d'autres secteurs et remplacés par de jeunes recrues sans la moindre expérience. La passation du savoir n'a jamais eu lieu entre les deux générations du service.

    Suite à cela, Chadli Bendjedid avait officialisé le projet de Belkheir par un décret présidentiel, et deux services avaient en effet vu le jour :

    * La Délégation Générale à la Documentation et à la Sécurité (DGDS), service responsable de la sécurité intérieure et extérieure du pays, constitué d'anciens cadres de la DCSM (les plus rapprochés de Lakhal Ayat et donc de Belkheir) et d'autres recrutés du civil sur concours ou recommandation.

    * La sécurité de l'armée (DCSA) qui avait pour mission la sécurité de l'armée avec pour seule recommandation de ne pas se mêler des affaires qui relevaient du secteur de la Sécurité intérieure, de la sécurité présidentielle, du secteur économique et surtout de la sécurité extérieure. En réalité la SA qui avait du temps de Merbah les pleins pouvoirs (puisqu'elle avait pour mission la sécurité de toute l'armée et par conséquent celle de toute la nation), était reléguée au second plan, celui de simple policier de l'ANP et de simple conseiller à la sécurité nationale.

    La fracture était profonde et les mécontents au sein même de la DCSA étaient nombreux, il était dur pour eux d'accepter après des années de loyaux services d'être mis sur une voie de garage. Les cadres de la DCSA avaient refusé cette politique des demi-mesures et avaient tout fait pour désobéir aux ordres reçus (avec la bénédiction de certains chefs) en travaillant sur des affaires qui relevaient désormais de la compétence de la DGDS malgre un appauvrissement très important en moyens materiels décidé par le commandement. La guerre des services commençait à faire rage, chaque service voulait s'imposer sur le terrain, et les potentialités des services opérationnels des deux côtés étaient par conséquent détournées de leurs vraies missions et les décideurs pouvaient ainsi faire des affaires sans être inquiétés.

    C'est grâce à la conscience de certains cadres de la DCSA que l'affaire "Mouhouche" par exemple avait vu le jour. Toutes les investigations avaient été faites dans le secret le plus absolu, le prénommé Mouhouche avait été trouvé coupable de détournement de plusieurs millions de dollars avec son complice Toufik Bendjedid (le fils aîné de Chadli), et c'était Larbi Belkheir qui avait donné un coup de pousse à Toufik Bendjedid pour l'obtention du prêt bancaire en devises auprès de la BEA. Quand l'affaire avait été rendu publique, Larbi Belkheir avait réussi à soustraire le fils de Chadli à la justice en l'envoyant par avion spécial à son oncle, en poste au Venezuela, et le petit capitaine procureur militaire de l'époque en l'occurrence le capitaine Belkacem Boukhari (devenu général après la condamnation des leaders du FIS en 90) avait été relevé de ses fonctions à Blida après avoir demandé à écouter Toufik Bendjedid. Il n'avait eu que les insultes de Belkheir au téléphone, avec l'arrogance qui était bien celle de ce dernier.

    Belkheir avait joué le rôle de sauveur pour Chadli qui lui cédait la gestion des affaires de l'état un peu plus chaque jour. Une autre affaire avait encore fait du bruit, incriminant l'un des bras droits de Belkhier ; ce dernier l'avait nommé comme directeur de Riadh El Feth (et avant cela comme responsable du projet de contruction de tout le site), le colonel Hocine Senouci avait géré le complexe pour son propre compte et pour celui de Belkheir allant même jusqu'à imprimer des tickets d'entrée pour le centre et qui rapportaient chaque jour des dizaines de milliers de dinars (cash reversé aux comptes des deux complices). Senouci fut arrêté par la DCSA puis relâché sans la moindre poursuite mise à part une réaffectation par Belkheir à la présidence de la république avec quelques millions de dinars en poche. Belkheir avait évoqué un vice de forme de la procédure: la DCSA n'etant pas autorisé à gérer ce genre de dossier qui était désormais clos. Les affaires qui mettaient à nu Belkheir étaient nombreuses, mais les pressions étaient trop fortes et parfois insupportables; à chaque fois qu'une affaire apparaissait, des sanctions suivies de mutations étaient prises contre les officiers qui avaient fait du zèle!

    Quelques mois avant les événements d'octobre (mis en scène par Larbi Belkheir & CO pour liquider le FLN des sphères du commandement de l'état au profit de la présidence), les services opérationnels de la DGDS (plus tard DGPS) étaient en plein délabrement. Dotés de nouvelles recrues sans expérience aucune, les services de renseignement en général avaient perdu leur efficacité habituelle ; même le travail qui était fait n'avait plus aucune relation avec la sécurité de l'état, et la plupart des dossiers traités, était ordonnée par le commandement et concernait des personnes bien précises. Ce travail était appelé au sein du service opérationnel : enquêtes de sécurité; leur seul but était la collecte d'informations capables de servir à court ou long terme comme moyens de pressions et de manipulations d'objectifs civils et militaires ! Un objectif visé était une cible atteinte même s'il fallait faire toute une mise en scène pour faire tomber la personne en question.

    Comme la compromission a toujours été le meilleur moyen de contrôle et de manipulation des sujets intéressants, Larbi Belkheir aidé par Lakhal Ayat, avait réussi de la sorte à construire une base de données très solide, visant à contrôler toute la classe politique du pays, tous bords confondus.

    Suite à la maladie inopinée du gènèral Lakhal Ayat, ce dernier avait demandé au président Chadli de prendre sa retraite. C'était le général Mohamed Betchine qui fut nommé par Chadli en personne au poste de directeur de la DGPS. Chadli avait pensé remplacer plus tard Larbi Belkheir par Betchine, comme il devait le faire quelques années auparavant par le géneral Bouceta, Mais Larbi Belkheir était toujours en alerte et savait agir le moment venu.

    En arrivant aux commandes de la DGPS (Direction Générale de la Prévention et Sécurité), après avoir passé plus d'une année à la tête de la direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA), le général Mohamed Betchine s'était vite entouré (comme de coutume), d'officiers en qui il avait confiance et sur lesquels il pouvait compter. La sensibilité de son nouveau poste lui avait imposé certains changements qu'il avait vite opéré à la tête des sous directions de la DGPS, en commençant par les plus sensibles, à savoir le service opérationnel ANTAR à Ben Aknoun, la DDSE, les finances et le chiffre.
    Il était impératif pour Betchine de faire un peu le ménage dans cette nouvelle direction qui avait souffert suite à la division de la direction mère (DCSM), et plusieurs officiers à la réputation douteuse ont été purement invités à faire valoir leur droit à la retraite anticipée. Parmi ces officiers figurait le lieutenant colonel Smain Lamari, qui a été chassé par Betchine en personne de son bureau au siège de la direction de la DRS à Dely-Ibrahim après que Smain soit venu demander à son nouveau chef la reconsidération de cette décision.
    Smain Lamari dit Elhadj avait alors demandé secours à Larbi Belkheir (avec qui il avait construit avec le temps des liens étroits) qui le sauva ainsi d'une triste fin en le nommant auprès de lui à la présidence de la république.

    Comme Betchine lui-même était un officier issu de l'armée régulière, il était biensûr évident que les officiers qu'il voulait auprès de lui soient pour la plupart de la même origine, le reste des officiers furent puisés dans les effectifs de la DCSA où il avait réussi à se construire une base d'appui avec des éléments comme le commandant Abdelhak Benzlikha alias Commandant Abdelhak qui était directeur du CPMI dans la période où Betchine était à la DCSA, et qui avait suivi Betchine à la DGPS et avait pris le commandement du centre opérationnel ANTAR.
    Tant que Betchine était à la tête de la DCSA, il était loin des pressions exercées par les différents acteurs du pouvoir, mais au moment où il est passé à la tête de la puissante DGPS, il fut astreint à plus d'obligations dont la plus rude était de rendre des comptes à Larbi Belkheir. Les deux hommes étaient courtois au début mais très vite cette courtoisie avait cédé la place à la discorde et à la mésentente; Larbi Belkheir voulait que tout le monde lui rende des comptes avant le président de la république et donnait même des ordres à Betchine qui n'était pas une personne à faire les petites courbettes face à ce moudjahid de seconde classe qu'il considerait en fait comme un homme au passé douteux.

    En novembre 89, Belkheir avait réussi son premier coup de stratège, en réussissant à convaincre Chadli Bendjedid de limoger Kasdi Merbah de son poste de Premier ministre sous prétexte d'une tentative de coup d'état que Kasdi préparait avec l'aide de Betchine d'une part, et de nommer Mouloud Hamrouche qui était le secrétaire général de la présidence (ami personnel de Betchine et rival de Belkheir au siège de la présidence) au poste de Premier ministre à la tête du nouveau gouvernement d'autre part; il venait ainsi de se consacrer maître absolu de la présidence de la république en accumulant le poste de chef de cabinet et celui de secrétaire général. Kasdi Merbah ne pouvait pas du tout imaginer qu'un officier de seconde zone comme Larbi Belkheir pouvait réussir toutes ces combines et avoir raison du maître de l'intelligence en Algérie, mais plus grave encore, il était loin de se douter que ce même officier allait ordonner sa liquidation physique quatre ans plus tard alors que Merbah préparait sa revanche avec le président Mohamed Boudiaf.

    Grand calculateur ou génie du mal, Larbi Belkheir préparait son dauphin Mohamed Mediene qu'il avait plaçé à la tête de la DCSA après le départ de Betchine en 1990, pour prendre sa chance. Quand Larbi Belkheir ne pouvait plus contrôler Betchine, il était très facile pour lui de convaincre une fois de plus Chadli de le remplacer. Le candidat au poste de la nouvelle direction unifiée DGPS-DCSA (Appelée DRS par décret présidentiel une fois de plus) était fin prêt ; le général Mediene Mohamed Alias Toufik, un produit fait maison que Belkheir avait façonné comme un artiste. Toufik était chef de sécurité au bureau de la 2ème région militaire à Oran (DRSM2) au moment où chadli était chef de région, les deux hommes se rencontraient très souvent autour d'une table pour jouer aux cartes avec entre autres Belkheir. Toufik était déjà à cette période très proche de Chadli qu'il couvrait vis-à-vis de la DCSM. Chadli avait eu des altercations avec l'officier prédécesseur de toufik au poste de DRSM2 parce que l'officier en question faisait son travail et menait des investigations sur l'enrichissement illégal de certains notables à Oran intimement liés à Chadli. La nomination de Toufik était une aubaine et les trois hommes ne se quittaient jamais.

    Smain Lamari a été promu après le départ de Betchine au grade de Colonel et nommé plus tard à la tête de la DCE (Direction du Contre Espionnage). Larbi Belkheir avait réussi (façon Frankenstein) à créer les deux monstres les plus redoutables de toute l'histoire de l'Algérie; sa seule motivation était l'enrichissement personnel et la protection de ses biens. Des années plus tard, les produits de cette macabre science du complot, surpassèrent le maître et restent encore à ce jour à leurs postes.

    De Chadli à Zeroual

    A la fin de l'année 1991, lorsque la situation en Algérie était bouillante, Le général Mohamed Lamari, alors chef des forces terrestres à l'état major de l'ANP, s'était distingué par son opposition à la politique pro-islamiste du président Chadli qu'il critiquait ouvertement dans les sphères du commandement de l'armée, et plus grave encore, il faisait même du lobying parmi les chefs de l'ANP et appelait au renversement de Chadli par la force. Ses cris étaient tellement forts qu'ils étaient même arrivés à la population civile qui parlait dans la rue de l'imminence d'un coup d'état contre Chadli. Le président de la république eut biensûr connaissance de ces rumeurs qu'il savait fondées, et devant la montée de la pression au sein de l'armée, il demanda au chef de la garde républicaine, le général Mohamed Dib, des informations sur la capacité du corps de la garde républicaine à contrecarrer un coup d'état. La question était surprenante pour le général Dib qui répondit par son incompétence à protéger le siège de la présidence sans l'appui d'armes lourdes car celles-ci avaient été reversées à l'état major de l'ANP au mois d'octobre 91, sur les ordres de Chadli lui-même. Chadli s'étonna de cette réponse qui lui fut confirmée par Larbi Belkheir; Ce dernier lui avait fait signer l'ordre sans même qu'il ne s'en aperçoive.

    Partisan farouche de la prise ouverte du pouvoir par l'ANP "comme au Chili", Mohamed Lamari agaçait Khaled Nezar par son arrogance et son indiscipline. Le terme "coup d'état" était un tabou dans le langage militaire, lourd de conséquences, mais Mohamed Lamari fonçait la tête baissée sans réfléchir, et au lieu de faire passer l'éviction de Chadli comme une décision volontaire et réfléchie de démission (pour diminuer l'effet à l'échelle nationale et internationale), les gesticulations de Mohamed Lamari avaient contrecarrer cela et le monde entier parlait de coup d'état militaire, pire il avait donné un argument de taille aux opposants de tout azimut : "l'illégalité", ce qui lui avait valu d'être demis de son poste de CFT le 19 avril 1992, et nommé à un poste fantôme de "conseiller au MDN". Presque tout de suite après, il fut invité à faire valoir son droit à la retraite.

    Après la liquidation de Boudiaf, l'ANP fut frappée de plein fouet par les retombés politiques et médiatiques de cette affaire. Le climat au sein de l'institution militaire était des plus électriques, et le fait qu'une poignée de généraux au sommet de cette même hiérarchie ait eu une telle initiative, était une chose tout à fait inadmissible mais surtout dangereuse pour l'avenir de l'ANP. Plusieurs officiers de haut rang s'étaient joints pour condamner ouvertement l'attitude laxiste du ministre de la défense, Khaled Nezar, face à la situation ainsi que celle des services en charge de la sécurité du président.

    Ce qui était très grave, est que la situation était sans précédent et que pour la première fois au sein même de l'ANP, des officiers avaient osé critiquer et exprimer ouvertement leurs refus et leur indignation face à un tel acte. L'image était très claire et les suspicions d'un complot n'avaient nul besoin de subsister puisque la certitude était acquise pour une bonne partie du personnel militaire. Pour la nouvelle génération d'officiers, combattre le terrorisme était une mission que l'armée pouvait endosser sans hésitation, mais liquider Si Tayeb, un des piliers de la révolution était tout à fait contraire aux principes même de fondement de l'ANP.
    Les généraux Khaled Nezar, Mohamed Touati et Toufik étaient dépassés par les répercutions de l'opération Boudiaf, et avaient très certainement misé sur l'esprit de rigueur militaire et le respect hiérarchique pour contenir toute forme de mécontentement. Le contraire s'était produit, et l'effet était dévastateur : la perte de confiance dans le commandement de l'armée était palpable, ce qui avait obligé les responsables à convoquer, en toute urgence, le conseil de la défense (Chefs de corps et régions militaires ainsi que les différents chefs d'états majors et les inspecteurs) au cinquième jour de l'assassinat du président Boudiaf.

    Le jour de la réunion, la gravité de la situation pouvait se mesurer par le poids du silence qui régnait dans la salle de réunion située non loin du bureau du ministre de la défense. Les généraux responsables de la crise en l'occurrence Khaled Nezar, Mohamed Mediene, Mohamed Touati, Mohamed Ghenim, Abdelmalek Guenaizia et BenAbbes Gheziel étaient assis en face du reste des cadres de l'ANP. Nezar et Toufik s'adressèrent successivement aux responsables de l'ANP sur un ton ferme et plutôt autoritaire qui soulignait bien le criticisme du moment et des assurances furent données pour que la justice puisse faire son travail avec le plus de transparence possible (en respectant le secret militaire). Il était bien évident à l'expression affichée par certains visages présents à cette réunion, que les arguments déguisés et les assurances présentées par le ministre et son responsable des services de la DRS étaient loin de convaincre, et cachaient mal une magouille qui sentait le sang.

    Quand la parole fut donné aux membres présents, de rares officiers avaient osé s'exprimer demandant des sanctions allant jusqu'à la démission de tous les responsables du corps de la sécurité "comme cela se fait dans toutes les armées du monde", parmi lesquels, le général Hocine Benhadid, le plus jeune général de l'ANP, le général Khelifa Rahim, chef de la deuxième région militaire et Le général Yahia Rahal, inspecteur des forces aériennes. Le général Toufik ne pardonna jamais au général Benhadid de s'être exprimé en premier comme l'aurait fait un fervent opposant à la politique des généraux putschistes, mais aussi et surtout d'avoir osé demander au ministre de la défense de prendre ses responsabilités et de sanctionner les responsables à haute échelle pour préserver la réputation de l'ANP.
    Même le général Mohamed Touati avait essayé d'y mettre du sien en banalisant la situation qu'il trouvait tout à fait normale vu l'infiltration de l'ANP par des éléments adhérant au courant islamiste; Boumaarafi était un exemple typique selon lui et pour palier a cette faille, il fallait selon ses termes "faire un peu le ménage dans la maison et sectionner tous les membres malades; "Si ton bras droit te gêne alors coupes-le". Certains officiers ne partageaient pas l'idée de ce "ménage" et ils le firent savoir; chaque mot prononcé, résonnait comme un obus dans la salle!

    Face au silence du chef d'état major Abdelmalek Guenaizia, Khaled Nezar finit par perdre son sang froid; ses dernières paroles étaient des menaces très claires contre tous ceux qui mettraient en danger l'unité du rang militaire. Les rares opposants avaient reçu des réponses en messages à peine voilés ; une nouvelle aire avait commencé pour les officiers de l'ANP. Le seul officier qui avait prit la parole après le ministre de la défense était le général Mohamed Lamari; son allocution n'avait pour objectif que le soutien inconditionnel des mesures proposées par Touati et s'était même permis de proposer à Khaled Nezar de prendre les rênes du pouvoir; les civils selon Mohamed Lamari étaient des bons à rien, indisciplinés qui ne pouvaient rien faire d'eux-mêmes ; le peuple algérien qu'il appelait,"société civile" n'avait aucune maturité politique, et donc incapable d'être confié la direction de l'état.


    Cette intervention avait sauvé Mohamed Lamari; Khaled Nezar qui cherchait des fonceurs qui ne reculaient devant rien, avait fini par trouver ce qu'il cherchait. Mohamed lamari fut convoqué le jour même au bureau du ministre qui lui annonça de bonnes nouvelles. Le nom de Mohamed Lamari fut rajouté in extremis à la liste des généraux (Mohamed Djenouhat, Tayeb Derradji, Khelifa Rahim et Djouadi Abdelhamid) promus au grade de "général major", le 05 juillet 1992. De plus un nouveau corps fut crée spécialement pour lui, le CCLAS (Commandement de Coordination de la lutte Contre les Activités Subversives), sa mission: La chasse au sanglier.

    Quelques semaines après, d'autres réunions, plus intimes, eurent lieu entre Khaled Nezar, Mohamed Touati, Mohamed Mediene, Abbess Gheziel et Abdelmalek Guenaizia, l'ordre du jour était la discussion de l'opération "Ménage". Les décisions qui avaient découlé de cette mesure étaient à peine croyables, des mises en retraite anticipée, des radiations sans droits, des arrestations et même des liquidations physiques de sang froid. Le général Mohamed Lamari était tout le temps sur le terrain et aidé par Toufik, il avait réussi plusieurs opérations sur tout le territoire de la première région militaire, sa devise était de frapper fort et vite les groupes terroristes et rentrer à la base avec zéro prisonnier. Le ministre de la défense lui accordait tous les moyens matériels et humains dont il avait besoin et ses hommes étaient choisis parmi l'élite des forces spéciales (Commandos). Ses méthodes "choc" ne faisait pas l'unanimité parmi les autres officiers de l'ANP, et il s'était fait beaucoup d'ennemis parmi lesquels les généraux : Hocine Behadid, Khelifa Rahim et surtout Abdelmalek Guenaizia, le chef d'état major qui se plaignait tout le temps à Khaled Nezar du comportement de son protégé, mais le ministre de la défense ainsi que Mohamed Touati prenaient toujours la défense de Mohamed Lamari.

    Dans le magazine officiel de l'ANP "Eldjeich" paru le 09 mars 1993, le général major Mohamed Touati (porte-parole du MDN et conseiller politique du ministre de la défense Khaled Nezar) avait pris l'initiative de publier un article dans lequel il avait longuement détaillé la position de l'ANP et avait expliqué les raisons du choix fait par le commandement de l'armée pour contrer l'islamisme. L'article signé par Touati était sans précédent de part son contenu, car en réalité le général Touati avait expliqué sa théorie (déjà connue et approuvée par les "Janviéristes" depuis le coup d'état contre Chadli) du tout sécuritaire ou l'éradication. Le message était adressé aux cadres de l'ANP qui devaient comme leurs chefs, adhérer aux fondements idéologiques de la lutte anti terroriste avec des convictions comparables aux arguments staliniens, la seule différence était que Touati avait mis l'accent sur l'unité de l'armée et la sauvegarde de l'Algérie qui était au seuil d'une guerre civile. L'article repris par la presse nationale était aussi destiné à la consommation locale, et visait la mobilisation d'une partie du peuple pour le soutien actif et l'aide des forces de sécurité dans leur combat contre le chaos et l'obscurantisme. Cet appel aux forces vives de la nation était aussi une incitation à la révolte et à la formation d'une résistance locale pour la lutte anti-terroriste.

    En claire, le plan de Touati était assez simple, pour ne plus entendre parler de l'islamisme il fallait suivre un plan précis:

    * Centraliser le pouvoir décisionnel au sein de l'ANP et dégager un noyau de commandement uniforme.

    * Identifier les éléments islamistes présents d'abord dans les milieux de l'ANP et les éliminer au cas par cas.

    * Punir avec le plus de sévérité toute personne appelant à la révolte ou à la désobéissance au sein de l'armée.

    * Assigner aux services secrets tous les moyens nécessaires à leur mission exclusive qui consiste en la récolte et l'exploitation rapide des informations.

    * Ne pas hésiter à pratiquer la méthode de l'exemple à ne pas suivre, pour montrer la fermeté du commandement. Récompenser les bons éléments avec beaucoup de générosité et veiller à leurs promotions (la politique du bâton et de la carotte).

    * Impliquer la société civile dans la lutte anti-terroriste et la création de milices d'autodéfense encadrées par des anciens moudjahidin ou des ex-militaires.

    * Soutenir la lutte des forces de sécurité par une campagne de propagande médiatique à l'échelle internationale.

    * La reprise par l'état de tous les lieux de culte et uniformiser le discours religieux à travers le pays.

    * Reformer la société algérienne dans les domaines sensibles de l'éducation, la famille et la justice.

    * Création de cours spéciales pour le suivit exclusif des affaires liées au terrorisme et l'application des mesures légales décidées pour la circonstance.

    * Organiser le soutien de la lutte anti-terroriste par la communauté intellectuelle et politique à l'échelle nationale et internationale.

     

    Ces mesures qui furent appliquées à la lettre par Mohamed Lamari, Toufik et Smain Lamari ont conduit l'Algérie à une situation catastrophique, car Touati avait omis un point très important : le peuple algérien ne croyait plus en ses dirigeants depuis octobre 88.

    Pour certains généraux, fervents défenseurs du projet de création d'une armée professionnelle loin de la politique, comme Le général Hocine Benhadid, l'implication de l'ANP dans les événements d'octobre en premier lieu, la destitution de Chadli en second lieu et la mort du président Boudiaf en dernier lieu avaient mis l'ANP dans une position très vulnérable vis-à-vis de la société civile. Le plus grave était que l'institution militaire avait perdu le crédit chèrement acquit pendant la guerre de libération ; en effet parler de l'ANP revenait à citer le passé glorieux de l'ALN et rappelait surtout l'amour et la confiance qui la reliait au peuple algérien, mais tout cela avait disparu. Le tout sécuritaire était une option sans aucune garantie de réussite et la crise politique devait et ne pouvait être traitée que par les politiciens.
    Cette conviction avait valu à Hocine Benhadid et à ses "alliés" d'être écarter de la sphère du commandement de l'armée au profit de jeunes loups comme Mohamed Lamari, Fodil Cherif, Said Bey et d'autres généraux qui adhéraient aux thèses éradicatrices de Mohamed Touati, le "Mokh".

    Tous les ennemis de Mohamed Lamari furent évincés par Khaled Nezar pour lui ouvrir le chemin vers le sommet, surtout que le ministre de la défense était malade et que ses voyages à l'étranger pour se soigner devenaient de plus en plus réguliers et que son absence du ministère n'arrangeait pas la situation. C'est lors d'une réunion, au début du mois de juillet 1993, au bureau du ministre de la défense, qu'un problème de taille fut soulevé entre les officiers janvieristes: la retraite de Nezar et le choix de son remplaçant. L'ambiance était très houleuse; Touati voulait le poste, Benabbes Gheziel et toufik ne voulaient pas faire de concessions. Khaled Nezar avait de la peine à raisonner les uns et les autres pour arriver à un compromis, et la seule alternative qui avait fait l'unanimité était celle de rappeler la personne qui avait le plus d'ancienneté après Khaled Nezar (pendant l'époque Chadli); cette personne était le général Liamine Zeroual. Le premier problème était réglé, mais Khaled Nezar ne voulait pas partir et laisser son clone (Mohamed Lamari) sans protection, il réussit à obtenir pendant cette même réunion, la démission de Abdelmalek Guenaizia de son poste au profit de Mohamed Lamari qui fut baptisé : Chef Suprême de l'ANP. Guenaizia fut envoyé à Berne comme ambassadeur d'Algérie en Suisse, une retraite bien paisible.

    La Liquidation des Généraux

    Après le départ de Toufik de la DCSA, il fut remplacé, pendant quelques mois, par le colonel Zeghloul, jusqu'à l'arrivée du colonel Kamel Abderrahmane, le seul officier promu au grade de commandant en novembre 88 pour acte de bravoure. Il avait alors sauvé un char Stationné à Elbiar à Alger, des flammes d'un cocktail molotov et avait payé son acte au prix fort, par de graves brûlures qui lui avaient laissé d'importantes séquelles, malgré des mois de soins au Val-de Grâce (Hopital militaire français situé à Paris).

    Le fait que Kamel était chef d'état major de la quatrième région militaire sous le commandement de Betchine était presque sans importance pour Le général Toufik, son dossier au sein de la DRS était très rempli et faisait de lui une marionnette parfaite. En effet c'était presque par hasard que son nom était apparu dans une affaire connue sous le code "Scanner" dans laquelle était impliqué le chef de service VIP ( du mot anglais very Important Personality) de l'hôpital central de l'ANP en l'occurrence Melle Benhamza Fatiha qui avait réussi à construire un réseau d'informateurs de haut niveau parmi ses relations et rendait compte à un officier de la DGSE (elle était tout simplement une espionne). Comme Benhamza était en charge des soins du Capitaine Kamel Abderrahmane, elle avait depuis novembre 88 établi une relation très personnelle avec cet homme qui avait un grand penchant pour les femmes. Quand Kamel fut promu au grade de colonel et juste avant de prendre son poste à la tête de la DCSA, Benhamza était toujours à son poste de directrice du VIP/HCA et continuait toujours de voir son colonel qu'elle recevait dans sa villa à Moreti, elle ne fut mise hors circuit que plus tard. Par égards à ses relations, elle ne fut jamais inquiétée et eut même droit à un bon pécule à sa sortie de l'HCA.
    Kamel Abderrahmane était le parfait serviteur de Toufik en qui il voyait le génie bienfaiteur, c'était la raison pour laquelle il n'avait presque aucune autorité sur son directeur des opérations, le colonel Tartag qui rendait compte directement au général Toufik. Kamel Abderrahmane fut limogé de la direction de la DCSA en 95 et nommé aux commandes de la 2ème région militaire à cause d'une faute très grave: il avait perdu, dans la nature, un élément très compromettant pour les chefs.

    C'est à ce moment là que Saidi Fodil devait prendre la tête de la DCSA, après un décret de nomination signé par Zeroual à la présidence de la république.

    Saidi Fodil fut de loin l'un des meilleurs directeurs de la DDSE; dès sa nomination à la tête de cette direction, il avait opéré un changement radical dans les modes de travail en introduisant les techniques modernes de gestion de l'information, mais il avait surtout essayé de mettre fin à la pratique des nominations parachutes aux postes de chef de bureau de sécurité (BSS) dans les ambassades algériennes à l'étranger, le plus souvent au prix d'une altercation avec ses superieurs Toufik et Smain. Travaillant à l'ombre du ministère des affaires étrangères, sa réputation de redoutable diplomate du secret, il l'avait acquis après le succès remporté lors de la résolution du conflit des Touaregs, qui risquait d'embraser la région entre l'Algérie, le Niger et le Mali, surtout que le côté français avait longtemps essayé d'en faire un cheval de bataille à la manière de la question de l'identité kabyle. De même qu'il avait réussi d'autres coups d'éclats comme celui de la récupération d'un dossier classé, renfermant des preuves de l'implication d'un officier des services algériens en poste à Ankara (Turquie) dans une affaire d'espionnage au profit de la CIA. Il avait aussi obtenu d'importants résultats sur d'autres plans hautement stratégiques pour la défense du territoire.

    Comme le bon travail ne peut être apprécié que par ceux qui sont profondément concernés par le devenir de la patrie et de son peuple, le couple Toufik et Smain avaient tout fait pour lui mettre des batôns dans les roues, afin de freiner l'ascension de cet officier parachuté par Zeroual, qui présentait une réelle menace, surtout qu'il était plus instruit que le reste des chefs à la DRS et incarnait la nouvelle génération d'officiers issus des grandes écoles. Les raisons de la discorde avec ses chefs étaient aussi variables que multiples, à commencer par ses liens étroits avec Zeroual et Betchine auxquels il rendait directement compte, sans passer par ses chefs hiérarchiques, le directeur de la DRS, Toufik ou le sous-directeur de la DRS, Smain.

    Le général Saidi Fodil, même appuyé par Zeroual ne pouvait affronter Toufik et Smain, et cela pour des raisons multiples, dont la plus importante était la non-disposition d'un service opérationnel propre à la DDSE doté de moyens et capable de mener des investigations comme l'étaient ceux de la DCSA et la DCE. Il était donc presque impossible d'engager des poursuites ou d'assurer un suivi opérationnel des informations récoltées à l'étranger par la DDSE souvent à un prix très élevé.

    Le poste de chef de bureau sécurité à l'étranger fut de tout temps très prisé par les officiers de la DRS, mais généralement les officiers sélectionnés pour les postes sensibles à l'étranger (comme celui de Washington, Paris, Genève, Rome, et Londres) étaient ceux qui bénéficiaient de la confiance des chefs. Il faut rappeler qu'un chef de bureau de sécurité en poste à Paris par exemple, est au courant de presque toutes les magouilles et les malversations des hauts fonctionnaires de l'état, c'est la raison pour laquelle la personne nommée à ce genre de poste doit faire partie du cercle de confiance immédiat de Toufik et Smain. La gestion des informations récoltées sert le plus souvent à manipuler les différents acteurs de la scène politique et militaire algérienne.

    Avec le temps il est devenu très clair pour l'ensemble du personnel de la direction qu'au sein même de la DRS deux catégories d'officiers coexistent: une qui travaille pour le bien-être de l'Algérie et une autre qui gère les affaires personnelles des chefs à l'intérieur et à l'extérieur du pays moyennant des miettes que les chefs cèdent à leurs serviteurs "au grès de leurs humeurs", surtout que la situation de manque à l'intérieur même de l'ANP encouragent les uns et les autres à rechercher l'intérêt personnel avant celui de la nation, et les chefs ont toujours donné l'exemple à suivre.

    Un des problèmes majeurs qui s'était dressé entre Saidi Fodil et Smain Lamari était le dossier de coopération sécurité avec les autorités françaises. Smain Lamari ne voulait surtout pas que l'on touche à sa chasse gardée, et toute forme de correspondance avec le bureau militaire à Paris (chef de l'antenne DDSE en Europe) devait passer d'abords par lui. Saidi Fodil trouvait que Smain lui marchait sur ses plats de bandes. Ainsi cette coopération avec les services français était la source de discorde permanente surtout que Saidi Fodil n'était même pas mis au courant des tenants et aboutissants de cette coopération qui avait pour lui un goût de collaboration "version Vichy" surtout après les concessions faites par Smain (en charge de la sécurité intérieure du pays) et Toufik concernant la sécurité de l'ambassade et des consulats français en Algérie où plus de trois cents militaires français (gendarme pour la plupart, anciens du groupe du GIGN) avaient élu domicile à Alger, officiellement pour la protection des Français en Algerie (comme avait été le cas au Tchad, et plus récemment au Rwanda).

    Les normes internationales ne tolèrent pas un nombre de militaires armés, supérieur au nombre des doigts de la main, au sein des ambassades, mais à Alger les choses étaient différentes; les questions de souveraineté avaient été abandonnées au profit d'un intérêt à très court terme, surtout après la prise d'otages de l'airbus de la compagnie francaise, Air France, à Alger en décembre 94.

    Plusieurs fois, pendant ou après une campagne d'arrestation d'islamistes algériens en France par la DST, Smain (accompagné du colonel Farid et de deux officiers) était le jour même à Paris, traitant les résultats de l'opération avec son homologue français. Cela agaçait Saidi Fodil qui se voyait doubler à l'extérieur et à l'intérieur du pays ; même ses plaintes auprès de Zeroual étaient vaines ; Zeroual lui-même était gardé tout à fait hors circuit, loin de ce qui se passait et de ce qui se tramait à l'ombre. En définitif, Saidi Fodil avait fini par admettre que le pouvoir central qui tirait toutes les ficelles, était entre les mains de Toufik et Smain, le reste n'était qu'un décor pour servir les besoins des penseurs.

    Le coup final était venu de l'affaire "JOBE"; dans cette affaire le chef du BSS à l'ambassade d'Algerie à Genève en l'occurrence le commandant Samir avait réussi (sous couvert d'un de ses amis algériens: Mohamed Hebri) à recruter un policier suisse nommé Léon Jobé travaillant pour le compte des services de sécurité intérieure Suisse (police fédérale Suisse) en charge de la surveillance des islamistes algériens résidents en suisse et c'est ainsi que Samir avait réussi à avoir une copie des dossiers des activistes islamistes, ainsi que ceux d'autres sujets intéressants pour la DRS tel que Hocine Ait Ahmed. Mais comme Jobe trouvait que les renseignements fournis valaient plus que la centaine de milliers de francs suisses qu'il avait reçu, vu leur importance pour le gouvernement algérien ; il était devenu plus gourmand qu'il ne fallait et faisait chanter Mohamed Hebri; il avait même commis la faute d'appeler le MDN et de demander à parler à Toufik. c'est à la suite de cela que Toufik avait décidé de le griller au lieu d'avoir un scandale avec les autorités suisses.

    Saidi Fodil était fou de rage lorsqu' il apprit la nouvelle en décembre 94; il était responsable de cette bavure puisque Samir était organiquement sous ses ordres. Ceci avait décidé Saidi Fodil à repartir à son corps d'origine, à savoir le commandement état major ANP, et devant sa persistance Zeroual n'avait trouvé autre alternative que de le nommer à la tête de la 4ème région militaire, son poste d'origine. A cette époque la lutte des clans présidence-MDN commençait tout juste à produire ses premières étincelles.

    Une des conditions d'acceptation du poste de la magistrature suprême par Zeroual était d'avoir les pleins pouvoirs afin d'agir en faveur d'une solution politique de la crise algérienne (qu'il avait préparé suite à de nombreuses visites faites aux chefs du FIS incarcérés à la prison militaire de Blida, avec le soutien des autres courants de la classe politique), la rectification de la constitution nationale pour consolider ses prérogatives, la nomination de Mohamed Betchine comme ministre de la défense et la constitution d'un comité de crise avec pour mission la réconciliation nationale.

    Zeroual, en fait, devait agir comme un vrai chef d'état selon l'accord passé avec Nezar et Toufik, mais après son éléction tant attendue et qui l'avait conforté dans son poste, Mohamed Lamari et Toufik ne pouvaient pas prendre le risque de perdre leurs postes en acceptant la nomination de Mohamed Betchine comme ministre de la défense par le nouveau président, c'était le premier désaccord entre Zeroual et le gouvernement secret de l'Algerie.
    Dans le même état d'esprit, Zeroual avait essayé de faire passer par force la nomination de son ami Saidi Fodil à la tête de la DCSA pour essayer d'avoir pied dans la structure opaque de la DRS, mais dès la signature, au debut du mois de Juin 96, du décret de nomination (qui était en fait un arrêt de mort pour son ami Saidi Fodil), Smain Lamari envoya le 03 Juin 96 une équipe de son escadron de la mort à la 4ème région (region de Ouargla) avec pour mission la liquidation de Saidi Fodil, et bien que sa voiture fut du type blindé, une charge de forte puissance placée sous la voiture lui ôta la vie sur une route droite et déserte le 04 Juin 1996; le maquillage en accident de la route était parfait et le travail de l'équipe de Smain, dépêchée par hélicoptère, accompli. Le message était très clair par rapport à Zeroual qui voulait jouer au président. Une commission d'enquête désignée par le président en personne devait faire toute la lumière sur les circonstances du décès de Saidi Fodil, mais le travail n'a jamais été effectué et le dossier mis aux oubliettes; Mohamed Lamari avait insisté pour baptiser la promotion sortante de l'academie militaire inter-armes de Cherchel, le 1er Juillet 96, promotion: Saidi Fodil.
    Pire encore, à chaque fois que Zeroual voulait appliquer ce qui avait été convenu avant les élections, il se voyait doubler et c'était par l'intermédiaire de la presse qu'il l'apprenait.

    Presque le même plan déjà suivi avec Boudiaf était appliqué avec Zeroual ,sauf que dans son cas, sa liquidation fut politique après lui avoir collé des dizaines de milliers de victimes sur le dos. Ce même dos qu'il tournait au peuple Algerien, sa peau étant, pour lui, bien plus chère.

    La plupart des grands massacres furent systématiquement organisés et planifiés, soit pour contrecarrer les efforts de paix de Zeroual, soit pour ralentir les élans de Betchine qui en avait beaucoup sur le cour.

    Saidi Fodil ne fut malheureusement pas le seul général qui à être écarté de cette manière. En 1995, le général Boutighane Ali (l'ennemi farouche de Mohamed Lamari, le chef d'etat major de l'ANP, à cause des méthodes inhumaines utilisées par ce dernier dans la lutte anti-térroriste depuis sa nomination à la tête du CCLAS), fut liquidé à cinq minutes de son bureau au MDN, sur une route principale à dix heures du matin. Le général Boutighane Ali entretenait d'étroites relations avec le général Hocine Benhadid qui fut évincé avec plus d'une centaine d'officiers superieurs car ils constituaient une menace pour le clan Lamari.

    Quand Zeroual était nouveau à la tête de l'état en 1994, il voulait avoir comme chef d'état major, un homme (un parent aussi) qu'il connaissait bien, le général Tayeb Derradji qui était réputé au MDN pour son honnêteté depuis son passage au service finances de l'ANP. Ce projet de nomination (qui était très possible à l'arrivée de Zeroual de part la notoriété de son poste de ministre) déchaîna la colère de Mohamed Lamari, qui demanda alors à Toufik de trouver une solution. Smain Lamari le sous-directeur de la DRS prit l'initiative de préparer la liquidation de Tayeb Derradji lors d'un voyage de quelques jours que celui-ci fit à Paris (chez son neveu), à la fin du mois d'octobre 94, en envoyant une équipe de tueurs pour faire le sale boulot.
    Toute l'opération fut minutieusement préparée par un certain S. Moustapha alias sous-lieutenant Hafid qui fut rappelé à la dernière minute par Toufik. En effet lorsque Mohamed Touati fut mis au courant de l'affaire, il exprima sa farouche opposition, vu les relations qui reliaient Tayeb Derradji au président d'une part et de la possibilité d'une révolte du clan chaoui à l'interieur de l'ANP d'autre part. Tayeb Derradji venait d'echapper à un vrai guet-apens. Le président Zeroual changea sa nomination plus tard au profit du poste de commandant de la gendarmerie, aprés que Benabbes Gheziel ait accepté de céder sa position moyenant une très importante somme d'argent (un million de dollars, prime de fin de fonction), et un poste permanent de conseiller au MDN.

    Toufik avait fait de même avec son chef de la DREC (EX DRE), le général Salim Benabdellah Alias Slim. Ancien officier pilote du président Chadli et ex-responsable du corps du "GLAM", cet officier instruit qui fut aussi pendant longtemps l'attaché militaire auprès de l'ambassade d'Algerie à Washington, avait désapprouvé les méthodes de gestion du directeur de la DRS. Les postes affectés à la DREC (Direction des Relations Exterieures et de la Coopération) avaient toujours attisé les convoitises de Toufik qui les distribuait à sa guise en forme de récompense à ses hommes de main qui en profitaient pour se faire de l'argent (des miettes par rapport aux chefs), au détriment des cadres qui devaient utiliser ces postes pour faire leur travail. A plusieurs reprises le général Slim s'était accroché avec Toufik et Smain concernant le travail. Il finit après une grave altercation avec Smain et craignant pour sa vie, de peur qu'il ne lui arrive la même chose que Saidi fodil, par abandonner son poste sans prévenir personne, au mois de Juillet 96. Il s'envola à Washington où vivait toujours sa famille, en laissant sa démission sur son bureau au siège du MDN. Le poste fut cédé ensuite à un fidèle de Toufik, le jeune général S.Attafi.

    Purification à la DRS

    Dans leur campagne de purification, les généraux Mohamed Mediene Alias Toufik et Smain Lamari n'ont rien épargné, pas le moindre détail. Ils ont mené une vraie opération de nettoyage à la manière fasciste en commençant par l'intérieur même de la DRS.
    Plusieurs officiers de très haut rang (dont certains issue du MALG) furent invités par la voix administrative à faire valoir leur droit à la retraite anticipée, sans préavis, et cela concernait les officiers qui avaient un comportement religieux "selon certains", c'est à dire qui faisaient leurs prières de manière régulière ou qui s'étaient rendu dans le passé à la Mecque pour faire leur devoir de pèlerinage ou avaient exprimé le désir de le faire, sachant que les listes des demandeurs de congé pour les lieux saints étaient disponibles au service du personnel de la direction.

    Une vraie chasse aux "sorcières" était engagée, et des cadres qui faisaient dans le passé la fierté de la DCSM s'etaient retrouvés à cause de leur appartenance présumée au courant islamiste, désignés comme des ennemies potentiels du service et donc de la nation parce qu'ils pratiquaient leurs devoirs religieux comme tout Algérien. En réalité leur vrai crime était celui d'être restés honnêtes et profondément nationalistes avec un sens aigu du devoir, sans adhérer aux vices (boisson, femmes, affaires illégales de tout genre) qui étaient devenus les critères du bon militaire. Il est tout à fait inimaginable de décrire ce que ces officiers (qui avaient donné leur jeunesse au service de l'Algérie et qui avaient pour certains plus d'ancienneté que Toufik et avaient occupé à un certain moment des fonctions plus importantes au sein de la DCSM) avaient vécu, en fin de carrière leurs vies furent brisées et leur honneur bafoué.

    Concernant le cas des officiers qui s'étaient exprimés ouvertement, soit en donnant leurs avis ou en dénonçant la politique du tout sécuritaire adoptée par le commandement de l'armée et avaient osé traîner du pied lorsqu'il s'agissait d'exécuter les ordres démoniaques de Toufik et Smain (qui pouvaient aller jusqu'à la liquidation physique), Toufik avait opté pour la méthode choc en intimant personnellement à Bachir Tertag (Directeur du CPMI: centre opérationnel de la DCSA à Ben-Aknoun) l'ordre d'arrêter ces officiers sous le motif classique devenu bien courant en ces temps: "propagation de propos subversifs visant à porter atteinte aux institutions de l'état".
    Même si les personnes qui étaient dans la ligne de mire n'avaient aucune relation avec le FIS, l'existence d'un parent même éloigné appartenant au parti dissous, était un motif bien plus que suffisant pour les mettre hors circuit, sous le chef d'inculpation :"relation avec une entreprise terroriste ou non-dénonciation d'une entreprise terroriste ". Le but était en fait de les casser et d'en faire des exclus et des traîtres.

    Ces mesures très répressives et sans commune mesure avec les soi-disant délits furent ordonnées par le directeur de la DRS et visaient plus particulièrement les officiers pour en faire des exemples à ne pas suivre parmi les esprits encore hésitants au sein de la boite (terme sous lequel était dénommée la DRS) surtout pendant les premières années du conflit.

    Toufik avait mis en ouvre une vraie machine de répression qui consommait exclusivement des vies humaines, des militaires qui se voulaient humanistes avant toute chose au service de la justice et du droit.

    L'ensemble des effectifs des centres opérationnels fut passé au peigne fin, et les nouveaux éléments furent triés sur le volet parmi les opportunistes et les délinquants de tous bords ; il ne fallait absolument pas qu'ils aient des diplômes universitaires; on ne voulait pas de personnes capables de réfléchir; ce qu'il fallait de préférence, c'était des ex sous-officiers promus pour la circonstance, des machines qui exécutent les ordres, n'importe quels ordres.

    C'est le CPMI (Sous le commandement du colonel Bachir Tartag alias Atman) qui fut chargé par Toufik du dossier des militaires gênants qu'il fallait absolument éliminer par n'importe quel moyen. Depuis la fin de l'année 92, le nom de Bachir Tartag est devenu synonyme de peur, de terreur et bien plus grave, ce nom incarne la mort, et la simple citation du centre de Ben-Aknoun suffit à donner des frissons au plus aguerri des officiers; la réputation que le commandant du CPMI a acquis lui a valu une place au soleil: la postérité.

    Quand un officier est arrêté (le plus souvent en plein jour et avec beaucoup de tapage) au sein même de l'établissement militaire d'attache, le chef du bureau de sécurité (officier de sécurité, détaché par la DRS dans chaque structure militaire à travers le territoire) est chargé d'entretenir un climat de peur et de suspicion qui rend la vie au sein des casernes, invivable à cause de la perte de confiance, même entre de très proches amis. Dès l'instant où un officier (quel que soit son grade) est sous les feux croisés des services opérationnels et est pointé du doigt par l'officier de sécurité de la caserne, il devient déjà un indésirable que le reste du personnel militaire n'ose plus approcher et d'autant moins lui adresser la parole. Tout le monde a peur d'être associé à cette personne coupable d'être différente du moule sculpté par Toufik et Smain.

    Cette stratégie de l'exemple à ne pas suivre est basée sur la moralité du proverbe qui dit : "encore plus virulente que la peste, la peur se transmet en un clin d'oil". A peine, arrêté, la famille de l'officier est délestée de tous les avantages sociaux à commencer par le logement; des dizaines de familles se sont retrouvées à la rue, le logement étant très vite attribué au plus méritant. Dans plusieurs cas, des familles furent obligées de sortir sans avoir le droit de prendre leurs affaires personnelles.

    Bachir Tartag a réussi à se construire une réputation des plus macabres, et à trop vouloir satisfaire Toufik en faisant un peu trop de zèle, il a fini par avoir presque autant de sang militaire sur les mains que tous les groupes terroristes réunis. La bavure est admise surtout lorsqu'il s'agit de liquider des témoins gênants ou des officiers à la conscience immaculée. Jamais un officier du service opérationnel de la DRS n'a fait aussi long feu au CPMI (centre principal militaire d'investigation).

    Les résultats obtenus par Tartag ont toujours incité Toufik à demander encore plus, jonglant avec les différents directeurs des services opérationnels sur le terrain (le GIS, Groupe d'Intervention Spéciale, commandé par le colonel Abdelkader Khemel, le Centre Antar, commandé à l'époque par le colonel Farid et le CPMI, commandé par Tartag), Toufik faisait figure de chef d'orchestre, et en jouant sur le principe sacro-saint du cloisonnement, il n'hésitait pas à monter un service contre l'autre pour inciter tout le monde à la concurrence et au surpassement.

    Il est à la fois difficile et même insoutenable de décrire ce que des officiers, sous-officiers de la république, des cadres militaires supérieurs ont vécu dans les centres opérationnels tel que le CPMI. Mais par devoir de justice, pour que leurs mémoires (pour ceux qui ont péri) soient respectées, il convient de raconter leurs calvaires et leurs descentes aux enfers de Tartag.

    A l'arrestation, le sujet est introduit dans la voiture, sa tête est placée entre ses jambes pour qu'il ne reconnaisse pas la destination ; une fois arrivé au centre, la voiture est stationnée devant la porte de la bâtisse qui sert de prison. Le sujet est descendu de la voiture et conduit à l'intérieur avec une cagoule qui est enlevée une fois à l'intérieur. Il est ensuite délesté de tous ses vêtements sous des regards humiliants, pour mettre une combinaison militaire aux odeurs nauséabondes (du même modèle que celle des mécaniciens mais de couleur verte), déjà utilisée par des dizaines de victimes et entachée de sang. Généralement le nouvel arrivé est accueilli par les cris et les supplices d'un autre détenu interrogé dans une des salles réservées à cet usage. C'est le premier choc que reçoit la personne arrêtée, qui devient à partir de ce moment, objet à tous les dépassements. La suite des événements dépend du futur décidé par les chefs pour la personne arrêtée, et suivant le cas une attitude bien spécifique est adoptée par les hommes de Tartag chargés de mener l'interrogatoire, et si le sujet jouit d'une recommandation supérieure, c'est Tartag en personne qui s'en charge.

     

    Schéma du batiment d'arrêt au CPMI (Ben-Aknoun)



    Si la personne est condamnée à mort, les séances de torture commencent immédiatement par des coups, et la combinaison n'est même pas nécessaire. Le cas du commandant Mohamed Abbassa, un officier marin, est un exemple typique. Arrêté au siège du MDN le matin du premier mercredi du mois de janvier 94; il fut transporté au CPMI où il décéda deux jours plus tard. Depuis le premier jour, ce fut Tartag en personne qui s'occupa de son cas; le motif de l'arrestation: "suspicion d'appartenance à une entreprise terroriste" (son nom avait surgi lors d'un précédent interrogatoire avec un autre officier qui osait dire "non"), et c'est biensûr des noms que Tartag voulait lui arracher, aidé par un autre officier du CPMI (lieutenant Mohamed) qui prenait du plaisir à torturer des officiers supérieurs, gifles et coups de manche à balai pour commencer. Il fut ensuite allongé tout nu sur un sommier métallique et attaché par des sangles et arrosé d'un seau d'eau. Le lieutenant Mohamed lui mis les électrodes aux pieds puis aux organes génitaux, Tartag dirigeait l'opération et demandait la collaboration sous peine de poursuites de la séance de vérité.

    A chaque fois que le courant était branché, le lit en entier se déplaçait. Et ce qui rendait Tartag plus nerveux était le silence et la résistance du commandant Abbassa. Et dans les rares moments de répit, la seule réponse de Abbassa était "vous ne savez pas ce que vous faites à l'Algérie, êtes vous seulement conscients ? ". Le chalumeau, la manche à balai, les bouteilles, les fourchettes, toute la panoplie de la torture fut employée par Tartag et son second, et à chaque fois que le commandant Abassa perdait connaissance, Tartag devenait encore plus furieux et le lieutenant tortionnaire était presque dans un état de transe. Au soir de la deuxième journée, ce fut un corps méconnaissable, enflé et brûlé, même au yeux, qui rendit l'âme en murmurant des mots à peine audibles. La dépouille n'eut même pas droit à un enterrement correct.

    Un nombre impressionnant d'hommes a péri dans des conditions atrocement semblables, et à chaque fois les corps étaient jetés pendant la nuit dans la rue comme des chiens que l'ont abat; ils avaient quand même droit à une mention dans les colonnes des journaux du régime "un terroriste a été abattu durant la nuit...". Devant ce spectacle de l'apocalypse, il faut dire que les plus chanceux étaient ceux que le commandement avait décidé de liquider par balle : comme c'était le cas du Docteur lieutenant-colonel Redouane Sari, docteur en physique nucléaire et chef du programme nucléaire Algérien. Il occupait aussi la fonction de conseiller spécial du ministre de la défense Khaled Nezar depuis 1990 et s'opposait farouchement à l'arrêt du processus électoral. En 93 Toufik et Smain avaient chargé une équipe de l'escadron de la mort pour exécuter la tâche.

    Un soir en rentrant chez lui à Bouzareah, du ministère de la défense, il fut intercepté sur la route par l'équipe de l'escadron 192, à dix minutes de sa demeure. Un travail propre, trois balles dans la tête et la mission était accomplie. Ils n'avaient même pas pris la peine de prendre ses armes (un Makarov et un Kalachnikov qu'il avait dans la malle de la Mazda bleu 626 du MDN). Redouane Sari eut quand même droit aux honneurs militaires lors de son enterrement, et de plus les terroristes qui avaient fait le coup furent abattus selon la presse.

    D'autres officiers ont eu un traitement très particulier, par des éléments de l'équipe de Tartag qui se sont spécialisés dans le remodelage et la rééducation. Casser les hommes est devenue leur mission, et pour casser un homme ils ont trouvé la formule : arracher cette qualité qui fait d'un homme, un homme, sa virilité, son honneur. En plus des castrations devenues assez courantes, le viol des hommes est pratiqué comme un moyen de contrôle et de soumission de certains durs aux yeux de Tartag. . Les éléments de l'équipe de Tartag avaient accès à toutes les commodités et se permettaient tout lors des arrestations, ils se servaient au passage de bijoux, d'argent, voitures et ont pour la plupart, amassé de vraies fortunes.
    Bien plus encore, quand une femme était au goût d'un des officiers en charge de l'arrestation, il était bien simple pour lui de revenir et de l'arrêter plus tard, même si elle était mariée, cela importait peu. Elle devenait "après son kidnapping", une complice, une terroriste aussi, puisque arrêtée sous le même chef d'inculpation que l'homme de la famille.

    Des années durant et le même cycle infernal faisait grossir la liste des fidèles un peu plus chaque jour. Des officiers cadres de la nation, des docteurs d'état, médecins, professeurs, ingénieurs, techniciens que l'Algérie avait formé au prix fort furent exécutés par des assassins, et traités comme des déchets de l'institution militaire.

    Les dépassements constituent encore un autre sujet que seules les victimes rescapées ont le droit de raconter, par égards et par respect pour leur dignité bafouée. Un dossier special sera consacré à ce sujet.

    Il va sans dire aussi que le centre opérationnel "ANTAR" situé aussi à Ben-Aknoun (côté parc Zoologique), et commandé par le colonel Farid, Sous la tutelle directe de Smain Lamari, fut aussi le théatre d'horribles évènements, puisqu'il est le repère de l'escadron de la mort et le berceau du fameux "GIA".

    l'Algérie Meurtrie

    Devant cette situation de désolation, qui a jeté le discrédit sur les institutions de l'état algérien à commencer par son armée, des êtres sans scrupules ont profité et profitent toujours de la situation qu'ils ont crée, en se remplissant les poches ; l'économie de la guerre leur a permis de multiplier leurs fortunes mais surtout de blanchir une masse d'argent colossale, que les uns et les autres ont réinvesti dans la reprise de sociétés et entreprises nationales coulées puis rachetées au dinar symbolique. Les rares cadres qui se sont dressés pour éviter la catastrophe se sont retrouvés grâce à l'agent "Ouyahiya" en prison. Le pillage à grande échelle d'un peuple profondément meurtri a jeté le peuple algérien dans les abîmes de la pauvreté, la famine et la dépendance. La société algérienne a vu apparaître ces dernières années des maux extrêmement graves : de la prostitution infantile pour un bout de pain, aux réseaux des dealers de drogue qui sont protégés d'en haut pour aider la jeunesse algérienne à oublier qu'elle a des droits sur ses dirigeants et sur son armée.

    Aucune armée au monde n'est aussi fameuse pour les affaires de corruption et d'enrichissement illicite que notre armée, et les individus suivants, se sont tout permis; ils croient, pour l'on ne sait quelle raison que l'Algérie est leur patrimoine personnel et qu'ils ont le droit de se la départager:

    * Général Larbi Belkheir:

    Sa fortune s'estime à plusieurs centaines de millions de dollars. Il a plusieurs biens immobiliers et fonciers en France, en Suisse, en Espagne, au Maroc, aux Etats-Unis et au Canada. Le général Belkheir a spolié les biens de l'état et du peuple algérien de trois façons. Quand il était secrétaire à la présidence, il avait la responsabilité du budget de cette institution. La deuxième source de sa rapine a été le projet Fiat que les Italiens ont essayé de monter en Algérie depuis 1985, sans succès à ce jour. Belkheir a touché d'immenses commissions pour ce projet. Son troisième cambriolage est le projet de construction de l'oléoduc gazier, projet qui devait être attribué à une compagnie nationale mais dont bénéfiçia une compagnie italienne; Belkheir obtient une rente mensuelle astronomique.

    * Le général Mohamed Lamari:

    Il touche des commissions de marché des compagnies pharmaceutiques françaises en Algérie. Il est l'ami et le partenaire de Mohamed Ait-Djeddou, le magnat de l'importation pharmaceutique en Algérie. Une grande partie des dizaines de millions de dollars qu'il a amassé vient en fait des contrats d'armement passés avec l'Afrique du sud et la France en particulier, en plus biensûr du pourcentage de la rente annuelle du pétrole.

    * Général Khaled Nezzar:

    Il a amassé sa fortune particulièrement lorsqu'il était ministre de la défense. Il a des comptes bancaires en France, en Suisse et aux Etats-Unis. Il possède de nombreuses villas à Alger, à Batna et à Constantine. Il détient des biens immobiliers et fonciers dans plusieurs wilayas. Il possède une villa aux Etats-Unis, achetée en 1992 avec l'argent du contribuable algérien. Son fils, qui a le monopole d'importation de plusieurs produits agro-alimentaires, a monté sa compagnie avec un prêt bancaire de la Banque nationale d'Algérie avec un taux d'intérêt avoisinant le zéro et un délai de paiement indéfini. Nezzar Junior s'est lancé dernièrement dans l'aviation civile avec une compagnie aérienne privée.

    * Général Mohamed Mediene:

    Il a une fortune colossale dont l'estimation n'est pas connue. Il est le principal actionnaire de la société sud-africaine de prospection d'or et de diamant dans le Hoggar. Il s'est assuré une rente importante de plusieurs multinationales de prospection pétrolière. Son homme de main qui supervise ses affaires et gère ses richesses est M.Hanchi. Le fils aîné de Mediene fait partie du conseil d'administration de Daweoo en Algérie et qui avec le démantèlement partiel, perfide de l'ENIE, contrôle une partie importante du marché d'importation de l'électronique, de l'électroménager et de la voiture.

    * Général Mohamed Betchine:

    Sa fortune s'élève à plusieurs dizaines de millions de dollars. Il possède des biens immobiliers immenses dans l'est algérien, mais aussi en Syrie, en Tunisie, en Suisse et en France. Il est le principal importateur et distributeur de sucre dans l'est algérien. Il contrôle une part importante du marché d'importation d'autres produits agro-alimentaires. Il possède plusieurs journaux et une maison d'édition. Il touche une rente régulière des compagnies pétrolières américaines Anadarko et Arco. Il a aussi touché des pots-de-vin dans les contrats de modernisation du système de défense aérienne.

    * Général Abdelmadjid Taghit:

    Il est dans une alliance d'affaires avec son frère qui a dirigé la Cosider. Il possède plusieurs biens immobiliers en Algérie. Il s'est enrichi considérablement en revendant des boutiques à Riadh El Feth acquises à des prix dérisoires.

    * Général Mohamed Attailia:

    Ex-chef de la 1ère région militaire, il est dans le brigandage des biens de l'état depuis 1965. Il possède un hôtel, un restaurant et une boucherie en France. Il possède aussi une usine de verrerie dans le midi de la France. Il a de vastes biens immobiliers en Algérie et des biens fonciers à Bouchaoui.

    * Général Smain Lamari:

    De part la sensibilité de son poste, il a réussi à monter un empire d'import-export et la plupart des transactions se font à l'extérieur du pays. En plus des biens achetés en France, il a eu de larges commissions sur les contrats d'armement réalisés avec les Français (couverture radar de l'ensemble du territoire). Avec des amis français, il reçoit en échange d'ouverture du marché algérien de généreuses commissions à chaque marché et assure aussi la protection des investisseurs. Sa fortune s'élève à plusieurs dizaines de millions de dollars.

    * Général Kamel Abderrahim:

    Commandant en chef des forces terrestres jusqu'en 1989, il possède des biens immobiliers en Algérie, ainsi qu'un restaurant et un hôtel en France. Il possède une usine ultramoderne de fabrication de consommables pour les hôpitaux à Ain Taya .

    * Général Moustafa Belloucif:

    Il s'est enrichi en s'accaparant les comptes bancaires du richissime Zeggar évalués à plusieurs millions de dollars. Il s'est aussi enrichi par la revente de biens de l'état achetés à des prix dérisoires. Il possède des biens immobiliers très cotés à Alger et à Annaba.

    * Général Mohamed Touati:

    Son importance au sein la hiérarchie militaire lui a permis d'utiliser à fond son influence et à recevoir en conséquence des commissions sur tous les grands projets d'investissement ou de prospection des champs pétroliers dont il assure la sécurité avec ses compagnies privées de protection moyennant un pourcentage sur chaque puits. Il possède des biens immobiliers dans tout le territoire national et de même en France et en Suisse. Sa fortune est de plusieurs dizaines de millions de dollars.

    * Général Mohamed Hartani:

    Ancien directeur de l'hôpital central de l'armée à Alger, c'est en cette qualité qu'il a amassé sa fortune. Il a touché d'immenses commissions de marché de Siemens et d'autres compagnies de matériaux de construction. Il est le représentant de Siemens en Algérie sous la couverture de son épouse. Il a des biens immobiliers en Algérie, en suisse, en France et en Allemagne. Il possède plusieurs commerces à Alger, à Constantine et à Annaba.

    * Général BenAbbes Gheziel:

    Il a amassé sa fortune, estimée à plusieurs millions de dollars, par les pots-de-vin et les commissions de marché dans l'achat d'équipements pour la Gendarmerie nationale, en particulier de la compagnie Beretta. Il a des biens immobiliers et fonciers en Algérie et en France. Il rapine aussi dans l'import-export.

    * Général Mohamed Dib:

    Ancien chef de la Garde républicaine, ce général discret a une fortune estimée à plusieurs millions de dollars. Il a amassé sa fortune par la restructuration de la Garde républicaine (commissions de marché lors de la rénovation de son infrastructure et achat au prix symbolique et revente des systèmes et matériels). Il possède des biens immobiliers et fonciers en Algérie.

    * Général Cherif Ouadani:

    Spécialiste du pillage, sa fortune s'élève à plusieurs dizaines de millions de dollars. Il possède des biens immobiliers dans les quartiers chics de Paris, des propriétés luxueuses et des chevaux à Deauville. Il est actionnaire à Peugeot dont il est le représentant en Algérie depuis 1990. Il a de grands biens immobiliers à Alger et à Tlemcen. Il possède une usine de confection de vêtements luxueux à Tlemcen. Il détient le monopole d'importation du textile en Algérie.

    * Colonel Hocine Senoussi:

    Bras droit de Belkheir, ami de Chadli, il a amassé sa fortune immense lors de la construction à Alger du monument Maqam Echahid. Il a touché des commissions de marché sur ce projet qui a coûté près de 350 millions de dollars au contribuable algérien. Il s'est aussi accaparé plusieurs magasins du complexe commercial de Riadh El Feth qu'il a revendu au prix fort. Il possède des biens immobiliers à Alger, à Oran et surtout à Tlemcen et biensûr à l'étranger.

    D'autres généraux tels que: Abdelmalek Guenaizia, Abdelhamid Djouadi, M. Lakehal Ayat, Abdelmadjid Cherif, Mohamed Ghenim, Said Bey.etc. ont aussi amassé des fortunes colossales, et la liste est malheureusement longue pour le reste des militaires corrompus, indignes de porter les emblèmes de l'ANP. Ce dossier de la corruption des chefs sera traité à l'avenir avec plus de détails.

    Il est vrai qu'après tous ces faits, il est difficile de se taire et d'ignorer avec le silence "malgré tout complice", ces pratiques qui salissent la réputation de notre armée et de notre pays.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres ne peut que condamner fermement les pratiques criminelles des généraux et autres officiers algériens, impliqués dans l'enrichissement illicite, et qui font durer le deuil du peuple et plongent l'Algérie dans le chaos afin de favoriser leurs opérations économiques et financières funestes.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres condamne également les "hommes de main" des généraux criminels, qu'ils soient civils ou militaires, qui veillent à la gestion de leurs affaires et à la fructification de leurs fortunes mal acquises. Ces "commis-affairistes" ont autant de responsabilité dans le pillage des richesses nationales que leurs mandataires galonnés.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres appelle tous les officiers et sous-officiers, à tous les niveaux de la hiérarchie militaire, et l'ensemble du peuple algérien à demander des comptes et à ne plus accepter cet état de fait où le bradage de notre patrie se passe sous nos yeux et en plein jour.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres tient à préciser à ceux qui disent que nous entachons l'image de l'armée par nos révélations, que le peuple algérien a le droit de connaître la vérité, il a aussi le droit de savoir que les vrais responsables de la faillite de l'Algérie sont ceux qui ont assassiné le président Mohamed Boudiaf, Kasdi Merbah, Saidi Fodil, Ali Boutiguene, Redouane Sari,.... ,tous les fidèles, Pr. Boucebsi, Tahar Djaout,....,et le peuple Algérien.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres affirme qu'il reste encore des hommes jaloux et fiers au sein de l'ANP qu'ils défendent et protègent au prix de leurs vies.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres lutte pour que l'armée nationale populaire retrouve sa fierté et son honneur d'antan et que vive l'Algérie

  • Au peuple Algerien... les mercenaires

     

    Nous avons cité auparavant les immenses concessions faites par les généraux et les bassesses auxquelles ils se livrent afin d'asseoir leur pouvoir tout en traînant l'honneur du peuple algérien et en premier lieu celui des cadres nationalistes de son armée, dans la boue. Pour se faire, la politique choisie par les généraux est d'impliquer le plus possible de cadres militaires (à tous les échelons), dans le génocide du peuple algérien, les obligeant ainsi a se soumettre malgré eux aux ordres démoniaques de leurs chefs, plus que ronges par le mal de la trahison.

    La question qui reste posée pour nombre de personnes est la suivante: comment des êtres qu'on n'ose même pas associer à la race humaine, peuvent-ils faire de telles choses a leur "patrie", a leur "peuple"? On trouve la réponse dans leurs actes, leurs manières d'agir, leur entourage le plus proche. On trouve tout simplement la réponse en consultant leur livre de chevet et en identifiant leur maître a penser.

    Actuellement à tous les niveaux sensibles du commandement de l'armée nationale populaire on retrouve obligatoirement un ou plusieurs militaires français qui dirigent et guident les généraux sur le sentier de la trahison, comme le faisaient d'ailleurs leurs pères trente cinq ans auparavant. Ce n'est ni par la compromission ni sous la pression que les généraux obéissent à des ordres qui vont à l'encontre de l'intérêt suprême de la nation; ils le font avec une profonde conviction et un sincère dévouement hérité de leurs pères qui n'avaient jamais manque de servir leurs maîtres gallois.

    Nous prèssentons au peuple algérien et aux cadres officiers, sous officiers de l'armée, les premiers concernés par la sécurité de l'armée, du peuple et de l'intégrité territoriale de l'Algérie et la sauvegarde de son honneur, la liste des mercenaires qui pensent pour leurs chefs et donnent les ordres qui vont dans le sens des intérêts que défendent ces mêmes individus dans les coulisses de l'Etat major de l'ANP.

    Les cadres nationalistes de l'ANP doivent à tout prix comprendre qu'il ne s'agit plus d'une coopération rentrant dans le cadre de la lutte "anti-terroriste", mais bien plus que cela; C'est malheureusement une reconquête maquillée du sol algérien

    La crise algérienne a été mise en scène par des généraux qui ne peuvent évoluer que dans des atmosphères obscures, car ils défendent des causes et des intérêts obscurs.

    Il y a plus de quarante ans, quand un Algérien était abattu, les tortionnaires disaient qu'un musulman était abattu. Aujourd'hui quand un Algérien est abattu, les descendants de ces tortionnaires et leurs complices harkis disent qu'un islamiste est abattu; Ils jouent sur les mots pendant Algérie est entrain de mourir. Quoiqu'ils puissent faire, ils ne pourront jamais effacer la mémoire d'un peuple profondément Musulman, profondément Algérien, profondément démocrate et plus encore profondément humaniste.

    Le temps est venu pour prendre les décisions qui s'imposent vu la gravite de la situation. Ni l'histoire, ni le peuple algérien (autrefois fier de son armée) ne nous pardonneront notre silence ou notre passivité complice; c'est pourquoi nous sommons les mercenaires ( qui ne manqueront pas d'être poursuivit un jour ou l'autre pour complicité de génocide contre le peuple algérien ) de quitter immédiatement le territoire algérien

    "Le respect de nos lecteurs ne nous permet pas d'employer le langage et les mots appropriés que ces mercenaires doivent entendre."

     

     

    Voici la liste des mercenaires:

     

     

     

    *Christian Le breton:

    Né le 17 avril 1955 a Grenoble. Grade commandant. Service d'affectation: le RAID. Il est en Algérie pour assister le général Fodil Chérif( bras droit du chef de l'ANP), l'un des officiers les plus importants en Algérie Son ordre de mission porte le numéro:38ALFSMD99 et sa couverture officielle est: responsable commercial dans une entreprise de forage Franco-Italienne.

    *Alain Robert Cholet:

    Né le 25 janvier 1958 a Metz. Grade capitaine. Il est charge d'entraîner les forces spéciales a Alger, surnomme par les ninjas "E'rrouji": le rouquin. Il a été l'adjoint du commandant Favier ( du GIGN) lors de l'assaut contre l'airbus d'Air France a l'aéroport de Marseille.

     

    *Jean Michel Pourtnes:

    Né le 31 décembre 1951 a Paris. Grade capitaine des services de communication et de transmission, spécialiste des techniques d'écoutes auprès des services secrets.

     

    *Armand Pierre Lafarge:

    Commandant du 42eme RT français (Régiment de Transmission). Il fournit les transmissions et les écoutes avec les moyens les plus modernes et les plus performants (RITA et système satellite); trois (03) de ses hommes conduisent des voitures (camionnettes) bourrées d'appareils électroniques ( pour la détection électronique sur le grand Alger) et sous couverture de fonctionnaires de la RTA ( Radio et Télévision algérienne). Il est à noter que cela est fait en étroite collaboration avec le sous-marin d'écoute français stationne au large des cotes algériennes.

     

    *Pascal Chotte:

    Né en 1960. Grade capitaine. Il est affecté auprès du général Smain Lamari. C'est un officier de la DGSE et son influence dépasse de très loin son grade.

     

    *Daniel Cariben:

    Né en 1966. Grade sergent chef. Il a fait partie de la première division blindée de Baden-baden, la plus puissante division de l'armée française.

     

    *Marcel Lehman Jean :

    Né en 1960. Grade sergent. Même corps d'origine.

     

    Les noms qui vont suivre sont plus secrets que le secret; Ce sont des professionnels qui jouent à la guerre en échange de parts de marche dans les puits de pétrole, armements, minerai de diamant et autres ressources importantes.

     

    *Damink Emanuel:

    Grade commandant sans affectation. C'est un des officiers les plus secrets, en mission auprès du général Mohamed Mediene dit Toufik, (il rentre dans son bureau sans même frapper à la porte).

     

    *Stefan Desmond:

    Grade capitaine, Sud Africain et ami personnel du général Sadek Kitouni (notre ambassadeur en Afrique du sud). Il est en mission auprès des services opérationnels de la DCSA en l'occurrence le colonel Bachir Tertague Alias colonel Atman, un spécialiste de la torture.

     

    *Barsony Uri:

    Grade commandant, un ancien de l'armée de l'apartheid, ami intime du général Fodil Chérif qui lui a attribue une solde de $45000 (Dollars américains), un ordre signe par le secrétaire général du ministère de la défense Nationale (le général Mohamed Ghenim ) date du 15 décembre 1997 pour les versements sur le compte ouvert au nom d'une femme (Mlle Francolini) au Canada a la CIBC, 1155; boul.rene-Levesque. Ouest Montréal. Québec. H3B 3Z4 tel: (00 1 514 876 3490).

     

    *Taylor Peter:

    grade colonel de la CIA a la retraite, ancien chef de l'antenne de la CIA en Europe et ami personnel du général Smain Lamari. Il est l'artisan du changement de la politique des USA vis-à-vis d'Alger. Il a touche une commission inimaginable après le contrat d'armement signe avec l'Afrique du sud. Il suit le général Mohamed Lamari comme son ombre, même a l'étranger. Il ne rate jamais une commission après chaque marche conclut.

     

    *Coblence Michael:

    Grade commandant, age de 48 ans, de nationalité américaine. Il accède au MDN par la grande porte et s'y déplace comme s'il était chez lui. Il s'occupe du service informatique de l'armée (SCIA) et a carte blanche dans tout ce qu'il entreprend. Sa couverture est conseille auprès du directeur général de la Sonatrach. Il a reçu une prime d'un (01) million de dollars en janvier 1998.

     

    Nous tenons à dire que cela n'est que la partie apparente de l'iceberg, ce qui viendra plus tard est encore plus incroyable.

    Des frères à nous ont payé le prix fort pour que ces informations voient le jour, notre seul but réside dans notre souhait d'une prise de conscience par nos collègues militaires et par le peuple algérien, des réalités que cachent les généraux.

  • Les paradis fiscaux des généraux

    Dans le monde bancaire occidental qui se veut irréprochable, honnête et consciencieux, il est tout à fait indigne que l'on puisse fermer les yeux sur des pratiques très graves aux suites plus que désastreuses pour des populations tout entières. Pire encore, il convient même de parler de complicité criminelle quand on se rend compte des conséquences directes de telles complicités sur la politique interne algérienne et les évènements qui s'y sont déroulés depuis près de deux décennies.

    En effet les responsables des banques étrangères concernées par ces pratiques de blanchiment en tout genre, connaissent très bien l'origine des fonds versés dans leurs banques par les responsables militaires algériens.
    Ces banques buandières traitent avec les généraux algériens avec une amabilité et une courtoisie déconcertante en fermant les yeux devant l'afflux de sommes d'argent faramineuses et de biens malhonnêtement acquis. Elles encouragent ainsi et de manière directe le recèle des biens du peuple algérien.

    L'histoire se répète et les responsables des banques mises en cause ferment les yeux encore une fois sur la spoliation du peuple algérien par des généraux véreux qui ont mis le pays à feu et à sang dans le seul et unique but de s'enrichir. Agissant en toute impunité derrière leur écran de fumée et de sang, les généraux assassins n'ont à aucun moment mesuré la portée de leurs machinations et n'ont jamais pris en compte le devenir de l'Etat algérien et le sort de son peuple meurtri.

    Comment la dette algérienne a-t-elle pu atteindre des montants aussi faramineux ?

    Pourquoi des gouvernements dits « démocratiques » peuvent-ils fermer les yeux sur des pratiques qu'ils condamnent publiquement mais qu'ils encouragent par leur silence ?

    Comment de puissants services de contrôle financier européens dotés des moyens d'investigations les plus pointus peuvent-ils tourner le dos aux agissements frauduleux de diverses banques qui couvrent et encouragent le vol ?

    La réponse à ces interrogations relève comme à l'accoutumé de la raison d'Etat qui fait que l'on doit taire tous les sens au nom de cette muselière anti-démocratique. Il est ainsi bien plus facile de faire et défaire des gouvernements, manipuler des dictateurs aux fortunes nauséabondes et par conséquent, se faire le maître du destin de populations entières.

    Le drame algérien trouve ses origines autant dans les banques en Suisse, en France, au Luxembourg et au Liechtenstein, que dans le cabinet noir des démons de l'apocalypse.
    Les généraux suivants, pour ne citer que ceux là comme exemples, bénéficient de la complicité des banques mises en cause pour mettre à l'abri des centaines de millions de dollars prélevés sur les comptes de l'Etat algérien au détriment des malades qui dépérissent dans les hôpitaux délabrés, des orphelins qui courent les rues et des hommes et femmes qui troquent leur honneur pour une bouchée de pain.

    * Le général major Larbi Belkheir:

    Il possède plusieurs comptes bancaires dans une banque à Genève en Suisse qui est le Crédit Lyonnais; ces comptes sont en gestion privée.
    Parmi ces comptes, les deux premiers ont été ouverts par Belkhier en personne durant l'année 1988 à  la dite banque située à la place Bel- Air,  Genève1204; l'un nominatif Larbi Belkheir dont le numéro est: 104088 C, dans lequel il a fait un premier versement à l'ouverture, d'un montant de 1.220.000 dollars,  c'est un compte dépôt rémunéré.
    Il a, à plusieurs reprises, utilisé la ligne directe de la présidence de la république  pour donner les directives à son gestionnaire qui répond au nom de Dominique Stocker ;  le téléphone est le n° 41227056666 ; l'enregistrement des conversations par le groupement contrôle réseau (GCR), organe d'écoute qui dépend du département du renseignement et la sécurité à l'appui.

    Son deuxième compte bancaire est un compte numéroté :  5039500321288 qui renferme plusieurs dizaines de millions de dollars issus de diverses transactions avec des firmes étrangères et de commissions de marché.

    Il a un autre Compte au Luxembourg  qui est aussi en gestion privé. Ce compte est géré par un certain Pascal Gurndrich, téléphone:  352476831300.

    * Le général major Mohamed Touati:

    Il possède  un compte dans la banque Crédit Lyonnais à Monaco, son adresse est, 01 avenue des Citronniers, 98000 Monaco. Mohamed Touati est un client plus ou moins riche, il possède sur son compte portant le numéro: 74293 M un peu plus que 8 millions de dollars.
    Le gestionnaire de son compte est monsieur Philipe Sarlin et son téléphone est: 37797973470.

    Les transferts de fonds passent sous la couverture d'achats d'ouvres d'art d'une galerie située à Monaco et qu'il possède avec un ancien officier de la Sécurité Militaire (SM), un certain Nourredine Benferhat.

    * Le général major Mohamed Lamine Mediene:

    Il a un compte numéroté en Suisse dans l'union des bancaires privés (UBP), 96-98 Rue du Rhône, Genève 1204 Suisse.
    Le numéro de son compte est : 121274552136KM94, il est géré par un certain S. Serval.
    Rien que ce compte renferme prés de 62 millions de dollars, une somme provenant pour la plupart des commissions de l'achat d'armements pour l'ANP. Rien que la société sud-coréenne ''Daewoo'' a versé plus de deux millions de dollars pour s'établir en Algérie après la liquidation de son premier directeur à Alger.

    * Le général major Smain Lamari:

    Grâce à ses contacts avec les milieux du patronat français et les hommes qui font du lobbying pour l'investissement en Algérie, il a réussi à faire une vraie fortune et possède à ce titre deux comptes  numérotés  au Crédit Suisse  en Private Banking.
    L'un d'eux est sous le numéro: 72796365197821 SP géré par un certain Carone Rolf, il renferme plus de 45 millions de dollars, une somme qui provient pour la plupart des commissions sur les marchés de privatisation et investissements étrangers. Le deuxième est aussi en Private Banking et renferme les Sommes amassées lors de contrats d'armement spécialement avec l'Afrique du sud.

    Cela n'est qu'un spécimen de quelques banques qui couvrent les malversations de certains généraux algériens sans que ces mêmes banques ne demandent aux richissimes titulaires des certificats sur l'origine des fonds déposés.

    A la lumière de ces exemples, le Mouvement Algérien des Officiers Libres demande officiellement aux banques mises en cause et toutes les banques abritant des comptes qui appartiennent à des responsables algériens, au nom des conventions internationales sur la protection des fonds publiques, au nom des lois internationales qui régissent le traitement de fonds d'origine douteux, au nom du code pénal international en vigueur contre le blanchiment d'argent, au nom des lois algériennes sur le détournement des biens et fonds publiques ce qui suit:

    (1)-La levée du secret bancaire des généraux algériens suivant :
    Khaled Nezar, Abdelmalek Guenaizia, Larbi Belkhier, Mohamed Lamine Mediene, Mohamed Lamari, Ahmed Boustila, Kamel Abderahim, Smain Lamari, Sadek Kitouni, Mohamed Ghenim, Abdelhamid Djouadi, Mohamed Betchine, Benabess Gheziel, Mohamed Touati, Taghrirt Abdelmadjid, Fodhil Chérif, Said Bey et Hacéne Beldjelti.

    (2)- Le gel de tous les comptes bancaires des personnes incriminées dans toutes les banques et l'interdiction de toutes opérations bancaires concernant ces comptes.

    (3)-La collaboration des banques avec les instances judiciaires nationales algériennes et internationales afin de mener à bien toutes les investigations nécessaires.

    (4)- La dénonciation de toutes transactions bancaires douteuses avec des responsables algériens.

    Des poursuites judiciaires seront engagées contre les banques complices qui refuseront de coopérer, au nom du peuple algérien qui ne va plus se taire et regarder ses richesses s'envoler.

    Il n'est plus admissible que le peuple algérien souffre le martyr et digère la misère ( plus de douze millions de pauvres soit plus du tiers de la population algérienne), alors que la fortune algérienne à l'étranger dépasse le chiffre de cinquante milliards de dollars.

    Il n'est plus acceptable que des généraux mafieux passible devant les instances judiciaires des peines les plus sévères puissent trouver abris dans des capitales qui prônent haut et fort l'égalité et la justice.

    Il n'est plus approuvable que le peuple algérien endosse des dettes dont il n'est pas responsable et qui hypothèquent l'avenir des générations futures, alors que les responsables se pavanent dans des cités protectrices et baignent dans le luxe et la luxure.

    Il n'est plus admissible que le sang algérien soit versé pour servir de bouclier à la déprédation et au gaspillage de l'Algérie par des généraux indignes qui se bousculent pour le partage des richesses.

    Il n'y a aucune raison pour que le secret bancaire (concernant les comptes des généraux mis en cause) ne soit levé, car s'agissant d'argent maculé, honteusement détourné au même titre que l'argent provenant du trafic de drogue ou trafic d'armes que les milieux introduits connaissent bien.

    Il n'est inadmissible qu'au moment où des victimes payent dans l'indifférence totale de leur personne pour subvenir à leurs besoins les plus simples, alors que l'argent algérien est indûment entreposé dans des banques  peu scrupuleuses.

    Pour toutes ces raisons nous appelons le peuple algérien à ne plus rester passif devant le saignement de l'économie algérienne et devant la vente de l'Algérie à de nouveaux colons.

    Il est impératif d'arrêter au plus vite et par tous les moyens légaux possibles les généraux responsables de cette calamité et les traduire au plus vite devant la justice afin de sauver l'Algérie et rendre justice à toutes les victimes.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres appelle l'ensemble des femmes et des hommes algériens à s'unir pour le combat contre les criminels véreux et leurs alliés dans le civil pour que la loi puisse être appliquée et que la souveraineté revienne au peuple qui ne croit plus les discours fantaisistes qui ne trouvent plus d'échos.

    Notre appel est aussi destiné aux enfants de Chouhadas et enfants de Moudjahidines intègres pour leurs demander de prendre leurs responsabilités devant le pourrissement de la situation dans le pays. Ce sont les premiers qui doivent demander des comptes aux généraux qui ont mis le serment de novembre 54 aux oubliettes, au nom du sang versé par les parents des uns et des autres, au nom du courage des martyrs qui rêvaient d'une Algérie meilleure que celle des généraux, au nom de tous les sacres saints de la guerre de libération.

    Aux officiers de l'armée nationale populaire qui réalisent enfin que le Mouvement Algérien des Officiers Libres ouvre pour une Algérie libre juste et souveraine, de prendre les mesures nécessaires qui s'imposent d'abords en refusant de servir de chair à canon, alors que les chefs se gavent, mais surtout en prenant leurs responsabilités devant le serment envers Dieu, envers le peuple et envers les Chouhadas, de protéger et de servir l'Algérie en toutes circonstances même devant la traîtrise des chefs et d'agir en conséquence.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres met en garde le président Bouteflika devant la gravité de la situation actuelle du pays. Même si lui, a rendu une partie de l'argent détourné durant son mandat de ministre des AE dans les années soixante dix, sa notoriété reste vacillante. Il y va de sa crédibilité aujourd'hui en tant que chef d'Etat qui clame à toutes les occasions qu'il est le chef suprême des forces armées, d'ouvrir une enquête sur les agissements mafieux des généraux de son armée. Nous le mettons au défi de prendre toutes les mesures qui s'imposent en commençant par ouvrir le dossier de son ami Larbi Belkheir.

    Il est des faits et des gestes qui sont inqualifiables, que les mots même les plus durs n'arrivent pas à décrire, c'est la raison pour laquelle les crimes perpétrés par les généraux resterons et pendant longtemps une honte pour l'armée algérienne.

    Le Mouvement Algérien des Officiers Libres mettra tout en ouvre pour démasquer tous les complices étrangers dans les cercles financiers internationaux et les banques complices à tous les échelons.

  • Le DRS enquête sur l’Entreprise portuaire d’Alger

    Des officiers du DRS ont été instruits pour lancer des investigations sur la gestion de l’Entreprise portuaire d’Alger (EPAL).
    Selon des informations obtenues par Radio Kalima à Alger, le PDG de l’entreprise, Abdelhak Bouraoui, a été récemment auditionné au centre d’investigation du Département du Renseignement et de la Sécurité, à Ben-Aknoun, centre connu sous le nom de « Antar ». La première audition du PDG de l’EPAL a eu lieu le 22 février dernier. Les enquêteurs cherchent à savoir dans quelles circonstances s'est déroulée l’acquisition par cette entreprise publique de plusieurs équipements tels que des clarks, des belles, des chariots et des stackers. Des soupçons pèsent sur ce matériel, acquis notamment auprès de fournisseurs en Suède et au Japon et l'enquête tente de déterminer s'il n'y a pas eu de sur-facturations. Les investigations concernent également l'acquisition de deux nouveaux remorqueurs qui devront être réceptionnées à la fin 2010 et au cours du premier semestre 2011. L’enquête lancée par le DRS fait suite à des informations parues dans la presse algérienne faisant étant d’investigations lancées par une commission de la Cour des Comptes.

    Khaled Bahbouh

  • Garboussi et trois autres prévenus devant le tribunal criminel

    ça y est, la Cour suprême vient de rejeter le pourvoi en cassation introduit par Saâd Garboussi, président de la Chambre de commerce et d’industrie Nemmemchas, et trois autres personnes y officiant, dans l’affaire les opposant aux ayants droit du défunt Abdelhaï Beliardouh et au journal El Watan, constitué partie civile.



    Comme on le sait, la cour de Tébessa avait déclaré le 7 février 2005 l’appel du parquet et des prévenus recevable sur la forme, mais sur le fond, elle avait confirmé le jugement d’incompétence matérielle du tribunal correctionnel du fait que l’affaire relève de celui criminel. L’on se rappelle qu’avant cela, le représentant du ministère public avait requis l’incompétence du tribunal correctionnel ou le cas contraire, 2 ans de prison ferme pour chacun des prévenus. A remarquer que le principal accusé Saâd Garboussi n’avait pas assisté au prononcé du tribunal de peur de faire l’objet d’un mandat de dépôt, comme la loi le permet.

    Selon Me Zoubeir Soudani, « la cour de Tébessa avait confirmé l’incompétence du tribunal correctionnel du fait que l’affaire est de nature criminelle donc de la compétence du tribunal criminel. Saâd Garboussi et les trois autres prévenus avaient alors introduit un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Celle-ci vient de le rejeter, précisément le 31 décembre 2008. Donc à présent, l’affaire sera renvoyée devant la chambre d’accusation de Tébessa qui décidera de son renvoi devant le tribunal criminel, où Garboussi et ses co-accusés doivent répondre de leurs actes ». Actes ou chefs d’inculpation suivants « enlèvement et séquestration ». Ce qui a profondément touché le journaliste sur le plan psychologique et l’a mené à la mort.



    Par A. Boumaza

  • Affaire BCIA-BEA

    Dix prévenus libérés par la chambre d’accusation

    Après plus de trois semaines de détention, jugée « arbitraire » par les avocats, les dix prévenus laissés en liberté durant l’instruction ont finalement retrouvé leur liberté, lundi soir, après que la chambre d’accusation ait statué en leur faveur.



    Ils avaient été placés sous contrôle judiciaire durant toute l’instruction, avant de se présenter la veille du procès, le 5 novembre dernier, devant le procureur général près la cour d’Oran, pour être mis en détention, en application de l’ordonnance de prise de corps, comme le stipule l’article 137 du code de procédure pénale. Pour les avocats, « cette décision n’est que justice rendue à ces prévenus, qui ont été victimes d’une détention abusive ». Au lendemain de l’ouverture du procès, le 9 novembre dernier (et son renvoi à une date ultérieure), les avocats ont réagi en déclarant : « Si cette prise de corps, comme le précise l’article 198 du code de procédure pénale, conserve sa force exécutoire contre l’accusé détenu jusqu’au prononcé du jugement par le tribunal criminel, elle ne peut se substituer à un mandat de dépôt au cas où l’affaire est renvoyée à une autre session. La personne doit être alors immédiatement remise en liberté et donc retrouver son statut antérieur, en attendant la prochaine session. » Or, ont-ils expliqué, ce ne fut pas le cas pour les dix prévenus, lors du renvoi du procès de l’affaire BCIA par le tribunal criminel d’Oran. Au lieu d’être remis en liberté, dès l’annonce de l’ajournement du jugement de l’affaire, ils ont été maintenus en détention, pour être privés de leur liberté pendant 22 jours. « Le maintien inacceptable en détention de 10 personnes venues en toute confiance accomplir un acte de procédure montre à l’évidence le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire au niveau de la cour d’Oran », ont noté certains avocats des prévenus. Pour eux, cette détention « irrégulière » vient s’ajouter à celle des frères Kherroubi Badreddine et Tewfik, lesquels ont, selon eux, obtenu, le 19 avril 2006, par arrêt de la chambre criminelle de la Cour suprême, la cassation de l’arrêt de renvoi du 13 juin 2005, de la chambre d’accusation près la cour d’Oran. « En application de l’article 29 de la nouvelle loi du 20 février 2006, qui a remplacé l’article 119 abrogé du code pénal, qui réduit l’infraction qui avait la forme criminelle en un délit, Kherroubi Badreddine et Tewfik, concernés par ce nouveau texte, devraient être remis en liberté. La mise en œuvre du nouveau texte est d’ordre public et aucune ambiguïté quant à l’exécution de son contenu n’est permise sous peine de se voir exposé, comme coupable de déni de justice. Mais les deux frères sont en détention depuis 37 mois », ont affirmé nos interlocuteurs. Ainsi, l’affaire BCIA semble, à chaque fois, connaître des rebondissements, et son jugement, une fois que le problème de l’exiguïté de la salle d’audience (prétexte évoqué par le parquet général pour justifier le deuxième renvoi), par le tribunal criminel pourrait se heurter, la prochaine fois, à en croire les avocats, à un autre « obstacle juridique », qualifié de majeur. « Il est connu de tous que, conformément aux dispositions de l’article 499 du code de procédure pénale, pendant les délais de recours en cassation, et s’il y a eu recours, jusqu’au prononcé de l’arrêt de la Cour suprême, l’exécution de la décision est suspendue », ont déclaré des avocats, avant de s’interroger si devant « cette réserve juridique de taille le tribunal criminel pourra-t-il tenir légalement son audience. Dans ce cas, se posera alors sérieusement le problème de la mise en liberté des accusés toujours en détention en vertu de l’arrêt de renvoi du 13 juin 2005 ». Force est de croire donc que les vices de forme soulevés à chaque fois par la défense risquent de retarder davantage le jugement de cette affaire de dilapidation de denier public, ayant causé à la Banque extérieure d’Algérie (BEA) un préjudice de plus de 13 milliards de dinars et valu le retrait d’agrément et la liquidation judiciaire de la BCIA. Ce scandale porte en fait sur des effets de commerce, tels les traites ou lettres de change avalisées par la BCIA pour être escomptées par la BEA. Il a éclaté en mai 2003, lorsque la BCIA n’était plus en mesure d’honorer ses engagements de rembourser les retraits effectués par les titulaires de comptes à la BCIA auprès de deux agences de la BEA. 57 personnes (des ex-fonctionnaires de la BCIA et de la BEA ainsi que des commerçants), dont 11 en état de fuite, ont été inculpées dans le cadre de cette affaire et en vertu de la nouvelle loi 06-01 du 20 février 2006, relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Le 6 novembre dernier, le procès s’est ouvert au tribunal criminel d’Oran, après plusieurs renvois, mais a lui aussi connu le même sort pour exiguïté de la salle.



    Par Salima Tlemçani

  • Cour d’appel : L’affaire des 9 quintaux de kif à la barre

    L’affaire des 9 quintaux de résine de cannabis était, hier, de nouveau inscrite au rôle de la Cour d’appel d’Oran.



    Des peines de 20 ans de prison ferme ont été requises pour chacun des quatre personnes impliquées dans un vaste réseau de trafic international de drogue. Il s’agit de quatre ex-officiers et un ex-agent de la police des frontières (PAF) qui étaient, à l’époque des faits, en poste au niveau du port d’Alger. Selon les débats qui ont caractérisé l’audience, les mis en cause ont été interpellés en avril 1999 au niveau du port d’Oran dans le cadre de cette affaire. Ces narcotrafiquants ont été surpris au moment où ils tentaient de transborder sur un paquebot à destination de la ville espagnole d’Alicante prés de 9 quintaux de kif traité. A l’issue d’un procès en première instance, qui s’est déroulé au niveau du tribunal correctionnel d’ Es Seddikia, les quatre inculpés ont écopé chacun d’une peine de 20 ans d’emprisonnement. Le plus grand baron de la drogue du pays, Ahmed Zendjabil, qui s’est livré aux forces de sécurité de Blida en 2005, condamné par contumace à la perpétuité à plusieurs reprises, a été cité lors de ce procès. Il aurait été la tête pensante dans ce trafic international. Le collectif des avocats de la défense des prévenus a introduit un pourvoi en cassation et l’affaire a été rejugée par la Cour d’appel d’Oran en 2004. Les quatre accusés ont bénéficié de l’acquittement au terme des délibérations à l’issue du premier procès en appel. Cette fois-ci c’est le représentant du ministère public qui a interjeté le pourvoi. Notons que les accusés ont nié les griefs retenus contre eux lors de leur trois comparutions.



    Par Rachid Boutlélis

  • Affaire des 2,5 kg de kif trouvés dans un commissariat

    Un verdict et des interrogations

    Le tribunal correctionnel de Bab El Oued a créé la surprise en annonçant hier le verdict concernant l’affaire des 2,5 kg de drogue trouvés dans le bureau de l’ancien chef de la brigade criminelle d’Alger, le commissaire Yacine Oussadit. Ainsi, ce dernier a bénéficié de la relaxe, alors que son adjoint, l’officier Benchaâlal a été condamné à 18 mois de prison, et Amirouche Gasmi a écopé de 10 ans de prison.



    Le ministère public avait requis, il y a une semaine, 10 années contre le commissaire, 5 ans contre son adjoint et 15 ans contre Bachir Gasmi. Cette affaire est la conséquence d’une crise liée à des luttes d’intérêts à haut niveau de l’institution policière. Ni les débats au cours du procès ni le verdict n’ont pu délimiter les responsabilités de chacun des prévenus, préférant charger au maximum Amirouche Gasmi, présenté comme un récidiviste dans les affaires de stupéfiants, chez lequel les 2,5 kg de kif auraient été trouvés. L’élément le plus important dans cette affaire, occulté lors du procès, a été de savoir comment Amirouche Gasmi, arrêté par les services de Yacine Oussadit, s’est retrouvé en liberté, pour être arrêté plus de deux ans après dans le cadre de cette affaire ? Les révélations des policiers témoins ont compliqué l’affaire puisqu’ils étaient sept à avoir affirmé que Amirouche Gasmi a été arrêté le 21 juillet 2003, avec 2,5 kg kif, puis remis sur instruction de l’actuel chef de la police judiciaire, Messaoud Zayane, à la Brigade de la lutte contre la drogue (BLD), dirigée alors par Lyes Bahouri, qui, lui, nie cette version. Trois autres policiers témoins ont, quant à eux, déclaré avoir subi des pressions et menaces de la part de l’adjoint de Oussadit, l’officier Bachir Benchaâlal, pour dire devant la justice, que la remise de Gasmi à la BLD a été faite sur instruction de Messaoud Zayane. Yacine Oussadit a reconnu n’avoir pas demandé de décharge à la BLD parce que la décision de remettre Gasmi à Lyes Bahouri a été prise sur instruction du chef Messaoud Zayane, et qu’à ce titre, « on ne demande pas de décharge au chef. Il y avait une confiance aveugle envers Zayane, qui était mon ami de 20 ans. Je ne pouvais penser à ce moment qu’il faille demander une décharge ». Mieux, Oussadit n’a, à aucun moment, pu expliquer au tribunal pourquoi son chef hiérarchique, qui est le commissaire Ali Adel, chef de la division centre, n’a pas été informé de cette prise ni de la remise de Gasmi à la BLD et au nom duquel le procès-verbal a été signé, alors qu’il était en congé. Ce dernier a jeté le pavé dans la mare faisant état de dysfonctionnement dans le service : « J’ai signalé ce dysfonctionnement à mes responsables. Normalement, je suis le chef du commissaire Oussadit qui avait la charge de la brigade criminelle. Mais souvent, il ne m’informait pas de ses actes de gestion. Il préférait communiquer directement avec le chef de la police judiciaire au lieu de passer par mes services ». Le commissaire a été relaxé. Déféré pour trafic d’influence, Bachir Benchâalal, adjoint de Oussadit, a nié avoir fait pression sur les trois agents de police qui l’ont accusé d’avoir fait pression sur eux pour que la remise de Amirouche Gasmi à la BLD soit faite sur instruction de Messaoud Zayane. Les officiers Merad Sofiane, Guenaz Redouane, Sara Tarek ont tous les trois affirmé devant le tribunal que Benchaâlal est venu les voir pour leur dire que Sebbouh, chef de Sûreté de wilaya, allait être nommé DGSN, et à ce titre, il va leur assurer des promotions et des logements dans le cas où ils témoigneraient contre Messaoud Zayane. L’un d’eux a même fait une troublante déclaration qui a jeté l’effroi dans la salle : « J’ai eu peur et j’ai signé le procès-verbal en le lisant à deux reprises et en laissant une marque, dans le cas où il sera trafiqué », a-t-il lancé. Benchaâlal a été condamné à 18 mois avec sursis. L’énigme de Amirouche Gasmi est restée telle quelle. Logiquement, toute la procédure de sa poursuite est frappée de nullité, à partir du moment où l’expertise a établi que le procès-verbal de la première audition est un faux. Ce cas de vice de forme aurait soulevé le tollé général dans un pays de droit. Lors du procès, il s’est avéré que l’interpellation de Amirouche Gasmi et la perquisition effectuée dans sa maison, ainsi que la confiscation de la drogue se sont faites sans le mandat du procureur. Ce qui constitue une autre grave violation des dispositions du code de procédure pénale et qui, au vu de la loi, mène tout droit vers la nullité de la procédure. Force est de croire donc que la justice n’a, pour l’instant, pas permis toute la vérité sur cette affaire, parce qu’elle a évité ce qui est important pour l’opinion publique, à savoir comment Amirouche Gasmi s’est retrouvé en liberté après avoir été arrêté en possession de 2,5 kg de kif, et par qui cette mesure a été décidée et surtout dans quel but le commissaire Oussadit a laissé traîner cette quantité de drogue dans son bureau pendant plus de deux ans.



    Par Salima Tlemçani