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  • Les Affaires étrangères démentent l’info d’"Al Quds Al Arabi"

    RSS - Actualité

    Par Le Matin |
     

    L’Algérie a qualifié, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, de "totalement infondé et absurde" le contenu d’un article paru dans le quotidien Al Quds Al Arabi et dans lequel il est fait référence à la situation politique et à la stabilité en Algérie.

    Le siège du ministère des Affaires étrangères. Le siège du ministère des Affaires étrangères.

    Ainsi donc l'information d'Al Quds al Arabi n'a pas laissé indifférentes les autorités algériennes. "L’article commis dans le quotidien Al Quds Al Arabi par un journaliste bien connu dans notre voisinage géographique immédiat, est un tissu d’inepties malveillantes et la référence fielleuse faite à la situation politique et à la stabilité en Algérie, est totalement infondée et absurde", a déclaré, samedi à l’APS, le porte-parole du MAE.

    Amar Belani ne nie pas le renforcement de la présence de marines américains en Espagne. Cependant, il estime que "les mesures dont il est question dans cet article ne sont pas dirigées contre un pays en particulier et elles concernent encore moins notre pays", a encore précisé M. Belani.

    Dans ses allégations, l’auteur de l’article rapporte que les Etats-Unis "s’apprêtent à déployer des forces d’intervention spéciales" au niveau d’une base militaire située à Séville au sud de l’Espagne, "dans la perspective d’éventuels développements dans la région du Maghreb arabe".

    L’auteur pense que ces développements "concerneraient, en premier lieu, l’Algérie, au regard des conséquences politiques que pourraient engendrer les prochaines élections présidentielles".

    R.N./APS

    Lire l'article : Le Pentagone envisagerait un soulèvement populaire en Algérie

  • Ain Temouchent :Des femmes bloquent la RN2

     

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    Du jamais vu : Des femmes, et uniquement des femmes, ont rejoint la RN2 distantes de deux kilomètres de leur agglomération, Chabat el Laham, pour bloquer la circulation entre Oran Tlemcen via Témouchent.

    Ces mères de familles, sans le moindre adolescent avec elles comme en toute émeute où ces derniers sont les plus nombreux, avaient quitté celle qui grondait en leur localité suite à l’affichage des listes d’attribution de logements sociaux.

    Elles constituent, c’est une évidence, la majorité des recalées au bénéfice du logement social. Une annexe de la mairie a été brulée, son mobilier incendié devant l’hôtel de ville.

    Des pneus brûlaient partout et la route reliant Témouchent à Hammam Bou Hadjar et tous l’est de la wilaya était bloquée.

    Pour d’aucun, ce surgissement de la gente féminine aux premières loges de la contestation sociale jusque dans une région rurale en dit long sur l’état d’esprit de la population et du ras le bol général.

     

    M. Kali
  • Wokood !


    Par Maâmar Farah
    J'avais 17 ans quand le grand Boumediène nationalisait le secteur de distribution de l'essence et du mazout. L'adolescent que j'étais était un peu triste car il avait pris l'habitude, concurrence oblige, de recevoir des porte-clés frappés aux sigles de Shell, BP et Total ou encore des illustrés et des cadeaux divers dont ces célèbres «scoubidous», tresses de fils en plastique aux couleurs de nos clubs favoris... Mais la vue de ce nouveau drapeau orange frappé du sigle Sonatrach avait le don de nous apaiser et de faire naître en nous une fierté incommensurable... Ces stations ont été reprises par une filiale algérienne : Naftal, fille de Sonatrach... avant que les sinistres larbins des seigneurs du Qatar ne pensent à les brader, s'apprêtant à les offrir, dans des conditions on ne peut plus dégradantes, à une compagnie de cette nouvelle puissance colonisatrice ! Ça s'appelle «Wokood» et ça rappelle l'immense feu qui prend de toutes parts, encerclant les Destruktors et les corrompus, enfin démasqués publiquement et qui s'agitent dans tous les sens, cherchant par tous les moyens à transférer des biens mal acquis... Quel plaisir de les voir au milieu du sinistre qui les enflamme !

    «C'est quoi le bonheur ? Les milliards ? Les biens matériels ? Les voyages ? Le luxe ? Pour moi, le bonheur est tout simplement d'être assis face à la mer, entouré par la mer, sur la terrasse du Thaïs Club...»
    Da Mokhtar de Thaïs (Béjaïa)

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  • Après son mini AVC, Bouteflika transféré au Val-de-Grâce à Paris

     

     

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    Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika,  a été transféré samedi en fin d'après-midi à  Paris, pour y effectuer des examens  complémentaires, sur recommandations de ses médecins traitant, a appris l'APS, samedi soir de source médicale. 

     

    Bien que son état général soit stable et "ne suscite pas d'inquiétude  particulière", ses médecins lui ont prescrit des examens complémentaires ainsi  que quelques jours de repos, a-t-on ajouté de même source, cité par l'APS.     

    Selon l'AFP,  qui cite des sources proches du dossier à Paris, M. Bouteflika est arrivé à   18H00 GMT à l'aéroport parisien du Bourget et il a été immédiatement conduit,   sous escorte militaire, à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, un établissement   parisien qui accueille régulièrement des personnalités françaises et étrangères   importantes  

     

    Elwatan.com
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  • L’étrange relation Algérie-Qatar

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Curieusement, dans les extraits, publiés par notre confrère El Watan, des messages adressés par Chakib Khelil à Abdullah Ben Hamad Al Attiyah, propriétaire de Qatar Fuel Woqod et ministre de l’Énergie qatari, la forme étonne moins que le fond.
    Peut-être parce que nos dirigeants n’ont jamais fait mystère de leur disponibilité à satisfaire les envies de leurs princiers “frères” et que seuls les termes dans lesquels était exprimée cette obligeance faisaient encore énigme. On savait que l’influence des émirs, qataris en particulier, est, on ne sait par quel mystère, telle qu’ils peuvent disposer, à leur guise, de toute ressource nationale, y compris écologique. Cela, ils nous infligent régulièrement la preuve depuis plus de dix ans : ni le principe universel de sauvegarde des espèces menacées ni nos lamentations n’ont jamais perturbé le passage de leurs caravanes quand ils viennent décimer l’outarde du côté de Nâama ou d’ailleurs. Autre illustration de cette inclination nationale à satisfaire les caprices des émirs “amis” : la mise à disposition, pour des projets fictifs, de terrains qu’ils laissent parfois en friche.
    Malgré tout, on était loin d’imaginer la relation d’obédience qui transparaît à travers les termes du courrier adressé par notre ministre à son homologue qatari. “Nous avons accepté vos requêtes et ferons notre mieux pour vous satisfaire”, écrit-il. On a de la peine à croire qu’il s’agit là du propos d’un membre du gouvernement d’un pays souverain à un collègue d’un micro-État qui se résume à une réserve de gaz et un quartier général de l’US Army.  
    Les efforts sémantiques que fait le ministre pour rassurer l’émir sur l’avenir de ses affaires en Algérie sont simplement prodigieux : “La nouvelle stratégie adoptée dans le domaine de l’énergie permet d’atteindre vos objectifs dans l’obtention du mégaprojet de stations-services localisé dans des régions stratégiques de l’Algérie. Nous vous informons que nous avons pris en considération vos recommandations et suivi vos directives”, écrit-il !
    Toujours prêt à rencontrer l’émissaire de l’émir — et non l’émir — à Rome ou à Genève — et non à Alger — Khelil ne semble ménager aucune concession pour que ces “infrastructures réalisées”, d’abord pour le compte du groupe Sontatrach, lui soient transférées dans les meilleurs délais et conditions. Il lui expose même le procédé : “Par le biais d’un avis d’appel d’offres international selon les termes et les conditions que nous avons déjà décidés.”
    Des mois, voire des années avant même la réalisation des fameuses infrastructures, est programmé “un appel d’offres international” dont le lauréat est préalablement désigné ! Le code des marchés publics sert-il à cela aussi ?
    Il n’est pas certain qu’il s’agisse là d’une forme de “coopération” pratiquée par le seul Khelil. Il n’y a pas longtemps, lors du voyage du Premier ministre au Qatar, l’Algérie a signé un contrat d’acquisition d’un méthanier qui sera armé par Hyproc. Mais où sont passés nos pétroliers et méthaniers pour qu’Hyproc en soit réduite aujourd’hui à gérer des bateaux pour compte ?
    La forme spécifique de l’impérialisme lobbyiste et affairiste qatari ne fait pas mystère. Mais dans le cas de l’Algérie, le pays n’a pas de besoins de trésorerie pour succomber à son hégémonie. D’où lui vient alors ce pouvoir ?

  • Nord-Mali : l’Algérie a fourni une aide logistique à l’armée française

     

    Riyad Hamadi

     

     

    Dans la guerre au Nord-Mali, l’Algérie ne s’est pas contentée d’autoriser les avions français à survoler son territoire. Elle a également fourni une aide logistique aux forces armées françaises engagées dans l’opération militaire au Nord-Mali, affirme, ce vendredi 26 avril, l’hebdomadaire français Le Point.

     

    « Les camions-citernes du service des essences des armées, intégrés à la brigade logistique, se sont rendus à cinq reprises à la frontière algérienne, par la piste partant de Tessalit, pour aller prendre livraison de centaines de mètres cubes de carburant livrés par l'Algérie », affirme le journal sur son site internet, citant le chef de corps du « 511 », le colonel Jean-Louis Vélut.

    suite

  • Bouteflika, le DRS et le 4e mandat

     

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    zoom | © Photo : H. Lyès
     

    Une information reprise par le journal online TSA fait état d’une agitation inhabituelle du clan présidentiel à la suite du déclenchement de l’opération «mains propres» lancée par le DRS. L’entourage de Bouteflika estime  que des menées subversives sont lancées contre le 4e mandat brigué par le Président. Il réplique en mettant en place, il y a trois semaines, une cellule spéciale.

    Pour une «première», c’en est une. Incontestablement. L’«entourage» du président de la République, chef suprême des armées, accuse – par source anonyme interposée –, nommément, les «services» du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) de vouloir torpiller ses projets futurs, à savoir briguer un quatrième mandat et réviser la Constitution.
    Par dérobades et faux-fuyants, la communication présidentielle, prisonnière de l’ère néolithique, tente d’allumer des contre-feux.

    Ne réagissant pas sur le fond, notamment à la mise en cause directe du conseiller et frère du président, Saïd Bouteflika, de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Energie et ami du président Bouteflika, respectivement cités dans l’octroi frauduleux, entre autres, de marchés publics à caractère sensible et stratégique à des groupes français et américains, ainsi que la mise en place d’un système gigogne de prévarication, le fameux «entourage du président de la République» préfère se perdre en conjectures, prétextant la lutte de clans, les tirs de barrage.  
    Selon le journal online TSA (Tout sur l’Algérie), l’«entourage du président Bouteflika – s’agit-il de Saïd Bouteflika himself?! – est désormais convaincu que l’opération «‘‘mains propres’’ lancée par le DRS n’a pas pour unique objectif de lutter contre la corruption, elle vise directement à empêcher le Président de briguer un quatrième mandat ; d’introduire certains articles dans la révision de la Constitution relatifs notamment à la création des postes de vice-président et de ministre de la Défense».


    «cellule spéciale» à la présidence


     TSA rapporte par ailleurs que l’entourage présidentiel a décidé de réagir «après avoir laissé le DRS prendre l’initiative, en multipliant les enquêtes de corruption sur les contrats attribués dans différents secteurs».
    Cette «cellule spéciale» mise en place «il y a trois semaines» à la Présidence, précise-t-on, composée de six membres, dont «deux grands spécialistes dans les enquêtes à la retraite, des experts en droit et un ancien attaché militaire dans un pays musulman (?)», est chargée de suivre l’évolution des enquêtes en cours sur la corruption, notamment le scandale Sonatrach II. «De hauts responsables et anciens hauts cadres de l’Etat sont impliqués dans ces scandales, arguait la source de TSA. Le Président veut s’assurer que ces enquêtes sont menées dans le cadre de la loi et que toutes les personnes impliquées, quel que soit leur rang, soient sanctionnées d’une façon exemplaire.»

    Cette cellule «spéciale» sera-t-elle l’interface du DRS et de son service central de la police judiciaire — créé en 2008 par décret présidentiel — ou un service parallèle ?
    Rappelons que le 3 mars dernier, le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait lancé officiellement les «activités» de l’Office central de lutte contre la corruption présidé par un magistrat proche du clan présidentiel. Le lancement tardif de cet office avait été interprété comme une volonté de «dessaisir» le DRS de ses missions de lutte contre la corruption. 
     

    Mohand Aziri
  • no moment

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  • Se faire prendre

     

    Se faire prendre Dans l'ouverture liée aux prochaines échéances, le régime semble avoir oublié un important élément de la population : sa jeunesse. En effet, si l'on ouvre des débats dans l'audiovisuel et on ouvre des enquêtes de justice comme on ouvre des boîtes de sardines, il reste ce problème naturel. Après Chéraga, capitale des matériaux de construction, à Constantine, capitale de la culture arabe pour 2015, on ramasse les couples dehors, et pour les filles, on leur fait subir un test de virginité à l'hôpital. On peut se poser encore la question de savoir comment un médecin peut pratiquer une telle auscultation tant est que sa fonction est de soigner un malade et que la non-virginité n'est pas une maladie.

    On peut aussi se poser la question de savoir ce que les policiers cherchent dans le sexe d'une jeune femme, tant est que juridiquement non plus et en attendant la révision de la Constitution, la non-virginité n'est pas encore un délit. Mais il faut surtout savoir que pour une jeune femme, ce test de virginité est d'une suprême humiliation. Si la malheureuse femme n'est pas vierge là où il faut, la police pourra, code pénal à l'appui, l'incarcérer pour prostitution, racolage sur la voie publique ou le grand classique : atteinte aux mœurs islamiques et aux valeurs de Novembre, certificat du médecin perceur à l'appui. Les jeunes ne votent peut-être pas, ce qui explique qu'ils soient ainsi maltraités et humiliés, mais la DGSN devrait, au lieu d'aller à Paris enseigner aux Français ses techniques de gestion de foule dans les manifestations, commencer d'abord à enseigner à ses policiers les lois et les bonnes manières. Puis, la sexualité chez les castors.

     

    Chawki Amari
  • Hypnose

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Belayat, l’actuel “animateur” du FLN, est connu pour son sens de l’humour. “Bouteflika a le droit d’être candidat, nous dit-il, mais nous pouvons choisir un autre”, sans sourire.
    Comme s’il pouvait se concevoir que celui qui, d’emblée, posait la condition d’“une majorité significative” — sinon “il rentrait chez lui” — accepterait aujourd’hui d’aller à une élection sans garantie de plébiscite.
    Même si Belayat fait semblant de l’ignorer, la situation même du FLN est tributaire de la décision de Bouteflika concernant sa candidature. En fait, la perspective nationale est suspendue à cette décision. Tout se passe comme si le pays est à l’arrêt en attendant que la question du quatrième mandat soit résolue. Rien ne doit être fait qui nécessite le règlement de ce préalable. Et la marche du pays est synchronisée de manière à ne pas bousculer la prise de décision du Président quant à son avenir politique.
    Ainsi, la rédaction du projet de réforme constitutionnelle est réglée sur l’échéance 2014. On voit mal, en effet, le pouvoir dévoiler les éléments de cette réforme avant que le régime n’ait tranché entre l’option de la continuité et celle de la succession. De toute manière, la nature des changements qui seront apportés au texte dépendront entièrement de ce choix.
    Ce sera, soit une Constitution pour un quatrième mandat, soit une Constitution pour une nouvelle présidence. On ne change pas un texte fondamental en fin de mandat pour améliorer
    ses qualités démocratiques. Ce n’est pas, au demeurant, la vocation du
    régime actuel ; si c’était le cas, on l’aurait éprouvé, depuis quatorze ans qu’il sévit.
    La lenteur du processus de “réforme” constitutionnelle n’a pas d’autres raisons que la nécessité de la caler avec le rendez-vous électoral de 2014. On en connaîtra les contours de la prochaine version qu’à la veille de la présidentielle, en ayant juste le temps de la voir adoptée, comme ce fut le cas de la révision “démocratiquement” adoptée en 2008.
    Entre-temps, tout ce qui peut renseigner sur les intentions du régime sera suspendu.
    Y compris la désignation des chefs de parti du pouvoir, Monsieur Belayat. Et la classe politique, pouvoir et ralliés, faux et vrais opposants, fera du courant d’air pour donner un semblant de vie publique au pays. Mais chacun s’efforce de trouver les mots pour s’exprimer sans oser l’affront d’un éventuel changement de régime mais sans oser un franc pari pour la continuité.
    La classe politique mais aussi la société resteront ligotées par cette pause imposée à la vie nationale. Chacun tentera de glaner ce qu’il peut comme acquis : les collectifs de fonctionnaires syndiqués, les commerçants, les prétendants aux logements sociaux…
    Il y a un gouvernement pour cela, qui fera patienter, par la promesse et par la dépense, tout ce beau monde, impatient de décrocher quelques droits ou avantages avant que le pouvoir
    n’ait encore renouvelé ou renforcé son assise.
    Même la justice, confrontée à des dossiers aux prolongements politiques évidents, doit s’adapter au temps politique. Ce qu’illustre l’étonnant report du procès Khalifa à “une prochaine” session. Rien qui puisse dévoiler les intentions du régime pour l’année prochaine ne doit apparaître. On laisse le peuple fantasmer sur une évolution consentie d’en haut avant de le prendre dans son sommeil, une nouvelle fois, par surprise, comme d’habitude, pour un autre tour.


    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

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  • Madjid Mendjich

    Il doit avoir près de 30 ou 40 ans et mesure entre 1,70 mètre et 1 ,80 mètre. Madjid Mendjich a été ainsi surnommé parce que le jour de son mariage, il n'est pas venu, sa femme étant déjà ailleurs, même si elle était présente à la cérémonie. D'ailleurs, Madjid Mendjich ne vient jamais, ne va nulle part, sauf une fois, à sa naissance, quand ses propres parents ont hésité, fallait-il faire un enfant de plus ? Madjid l'a compris plus tard, il est venu, pour la première fois, et c'était sa dernière hésitation. Madjid Mendjich n'est pas pour autant malheureux, il a un travail, relativement bien payé, un appartement, relativement bien conçu, et une femme, relativement bien élevée. Mais Madjid ne va plus nulle part, quand on l'invite à une soirée, un dîner, un petit-déjeuner ou un café, il répond simplement, mendjich, sans excuse ou alibi, ce qui a conforté son surnom. Mais si Madjid ne va nulle part, il a quand même une philosophie, vision de la vie pour attendre la mort, le seul endroit où il doit bien aller un jour ; Madjid sait que tout peut arriver dans la vie, il ne faut pas y aller mais attendre et laisser les choses venir d'elles-mêmes, si elles arrivent. Madjid ne va ni aux enterrements, ni aux fêtes, ni dans les bureaux de vote quand il est convoqué pour un renouvellement. Pire, quand il a obtenu son baccalauréat, Madjid n'est pas allé le chercher sachant qu'on peut travailler avec un salaire supérieur à celui d'un universitaire sans avoir le baccalauréat. Ses factures, Madjid ne va pas les payer, il a choisi le prélèvement automatique, ses amis, il ne va pas les voir, il attend simplement qu'ils viennent chez lui. Madjid, comme les autres, va sûrement être invité à signer la nouvelle Constitution, à laquelle il n'a pas participé. C'est sûr, Madjid n'ira pas. Madjid n'ira nulle part, car il sait qu'il est nulle part et que là où il est, c'est sûrement mieux qu'ailleurs. Chawki Amari

  • Tartag houm

     

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     C'est ainsi, des noms apparaissent puis disparaissent peu après, au gré des événements qui se font et se défont par oubli collectif. La seule constance est dans cette infinie course-poursuite entre voleurs et policiers, qui dure depuis un million d'années. Depuis quelques mois, par contre, tout le monde ne parle que des voleurs, Sonatrach en l'occurrence, face visible de l'iceberg fondu dans l'eau de mer de la matrice. Mais depuis quelques jours, on parle des policiers, ces incorruptibles chargés de débusquer le méchant.

    La justice étant sourde, aveugle et hémiplégique, c'est au DRS, organe extrasensoriel, qu'a été donnée la prérogative de mettre quelques kilogrammes d'honnêteté dans un monde de brutes, et plus particulièrement au général Tartag, grand pourfendeur de terroristes. Tartag va certainement tartguer tous les voleurs, mais si les officiers du DRS sont connus pour travailler avec d'étranges pseudos qui ressemblent à ceux du raï – cheb Toufik, cheb Tarik ou cheikh Smaïl – pour Bachir Tartag, on ne sait pas si c'est son vrai nom.

    Sauf que si réforme de la Constitution il doit y avoir, elle devrait aussi se pencher sur le cas du DRS. Quels sont ses pouvoirs ? Doit-il remplacer la justice et faut-il lui retirer la prérogative judiciaire ? Qui le contrôle et peut le sanctionner ? Car non concerné par l'équilibre des pouvoirs ou par la loi de finances, assemblage soudé de non-élus installés dans l'autorégénération en dehors de la biologie, du contrôle populaire ou même de celui de la Présidence, le DRS pose problème et fait peur à tous par son caractère divin, omniprésent, omniscient et dont les possibilités d'intervention sont immenses. La vraie question de la vraie question est d'ailleurs liée à la prochaine élection, elle-même liée à la prochaine Constitution ; le général Toufik va-t-il voter et a-t-il déjà voté en déposant un bulletin de vote en son nom dans une urne ?

     

    Chawki Amari
  • SNPSP:ALGERIA-WATCH

     

    Les praticiens de la Santé renouent avec la protesta

     

    par S. E. K., Le Quotidien d'Oran, 15 avril 2013

     

    Après une «trêve» de 6 mois, le Syndicat national des Praticiens de la Santé publique (SNPSP) a décidé d'un débrayage de 3 jours renouvelable pour les journées du 22, 23 et 24 avril, une action qui sera précédée d'un sit-in le 17 avril.

     

    Hier, le président du SNPSP Lyes Mérabet a expliqué dans une conférence de presse au siège national du syndicat à Alger, les raisons qui ont conduit le conseil national (réuni le 10 avril dernier) à opter pour le débrayage. Les praticiens de la Santé avaient cru, selon le conférencier, au moment de l'installation du nouveau ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari fin 2012 à une prise en charge réelle de leur dossier de revendications, surtout après le feu vert donné à la même période par le Premier ministre Abdelmalek Sellal pour que les questions liées à ce dossier soient définitivement réglées. La dernière grève du SNPSP remonte au 16 décembre 2012, mais elle a été gelée, explique Mérabet, pour «laisser du temps au nouveau ministre et de le laisser travailler dans la sérénité, d'autant qu'il nous a été promis de régler le dossier des praticiens de la Santé publique». Selon le conférencier « plus de 6 mois sont passés et nous nous trouvons à la même case». Et d'ajouter que le dossier de «revendications n'a connu aucune évolution depuis».

     

    Les praticiens de la Santé publique remettent sur la table leurs revendications socioprofessionnelles dès le 17 avril. Ils comptent les remettre à la tutelle lors du sit-in qu'ils organiseront devant le siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH) à Alger.

     

    L'application de l'accord négocié en 2011 concernant l'amendement du statut particulier est le point cardinal de la plateforme de revendications auquel viennent se greffer d'autres points comme l'accès au grade principal et au grade de praticien en chef. Lyes Mérabet insistera sur le problème des anciens praticiens de la santé, pharmaciens, ou encore chirurgiens dentistes qui ont obtenu leur diplôme sous l'ancien système de formation avant les réformes introduites il y a quelques années. Ces derniers qui se trouvent classés à la 13 n'ouvrent pas droit à la catégorie 16 comme le sont les praticiens, pharmaciens et chirurgiens dentistes issus de la réforme. Le SNPSP revendique une équivalence des diplômes pour les 2 catégories. Revalorisation des primes du Sud qui, selon le SNPSP, doivent être calculées sur les nouveaux salaires de base et également les primes de contagion et de garde dont la rémunération doit être augmentée.

    Le thème des droits syndicaux a pris une grande part au débat. Mérabet relèvera les nombreuses entorses commises à l'encontre du syndicaliste. Il signalera le cas d'infirmiers (10) et de médecins (3) qui ont été licenciés par l'hôpital de Bordj Bou Arreridj. Le conférencier signale que des «harcèlements et attaques verbales» contre le les militants syndicaux sont signalés dans des établissements de santé (Mila, M'Sila et Batna). Mérabet a estimé que les adhérents restent attachés à leurs revendications. Ils sont 11456 praticiens de la santé et 18 000 pharmaciens et chirurgiens dentistes à être adhérent au SNPSP, a-t-il indiqué.

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  • Le Maghreb par attouchements

     

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    Etrange coordination d’événements de part et d'autre de la ligne de front, sur le grand champ miné de l'édification maghrébine. Après Islam Khoualed, Algérien de 14 ans condamné au Maroc à une année de prison ferme pour attouchements sur un mineur marocain, c'est un épicier marocain qui vient d'être condamné, toujours au Maroc, à deux mois de prison pour attouchements sur un mineur algérien, par ailleurs fils d'un diplomate à Rabat. Echange diplomatique ou principe de réciprocité, ces deux histoires mettent face-à-face Islam, du nom d'une religion antisexuelle, et une épicerie, du nom d'un vieux commerce. Qu'en penser ? Que dans ces deux cas, si les victimes sont mineures, l'un des accusés est aussi mineur. Que dans ces deux cas d'affaires de mœurs mettant en jeu 4 personnes, il n'y a aucune femme, ce qui en dit long sur le Maghreb futur. Que si l'on parle beaucoup du prochain vice-président algérien, on ne savait pas qu'il y avait des vice-ambassadeurs.

    Que le mineur algérien a été condamné à une année de prison, mais l'épicier marocain, majeur, n'a eu que deux mois. Finalement, les lectures sont nombreuses pour attoucher au Maroc, il vaut mieux être Marocain et un épicier y est  mieux protégé qu'un fils de diplomate. C'est dans les conclusions que tout se complique. On peut imaginer la construction bloquée du Maghreb se redéployer sur des bases d'attouchements, discrets mais efficaces, loin des inimitiés de fond et des réunions bureaucratiques. Ou bien, au contraire, que ces deux affaires vont provoquer une nouvelle crispation entre les deux frères ennemis et préparer des attaques sexuelles de part et d'autre. En tout état de cause, si la frontière terrestre est toujours fermée, faisant de cette pudique ligne entre l'Algérie et le Maroc un record mondial, celui de la plus longue frontière fermée depuis le plus de temps, les frontières sexuelles restent bien ouvertes.

     

    Chawki Amari
  • Le capeur

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    On ne sait pas d'où le mot est tiré, de cap, capitaine ou caporal, du cap, avancée sur la mer qui fixe l'objectif au marin craintif, ou simplement de cape, cette large étoffe cousine du burnous qui sert à se recouvrir en signe d'allégeance. On sait simplement que le verbe caper est un verbe du 4e groupe qui se conjugue uniquement au présent et se définit comme authentiquement algérien. Dans un chapitre de la Moukadima qui a été censuré à l'époque par le ministère, Ibn Khaldoun aurait déjà parlé des capeurs, tribu basse d'origine indéterminée, connue pour embrasser les mains des princes, serrer celles des envahisseurs et porter un parapluie quand il ne pleut pas.

    Grâce à un mode atypique de reproduction asexuée par soumission, le capeur a réussi à défier le temps, et ces derniers temps d'ailleurs, comme à chaque échéance de répartition des pouvoirs, on peut le remarquer ; le capeur parle haut et fort, n'a jamais honte ni peur du ridicule. Entre animal et végétal, cousin du labrador et voisin du lierre d'appartement, le capeur n'a pas d'avis, il épouse celui des puissants. Car la grande qualité du capeur est son polymorphisme, il peut assumer toutes les fonctions ; quand il est député, wali ou ministre, le capeur est le premier à être d'accord, quand il est simple citoyen, il est le dernier à protester.

    Mais dans tous les cas, le capeur est aussi rapide qu'un lévrier, il sait que le premier qui cape est l'un des premiers à être récompensés. Car le capeur possède une philosophie de la vie particulière, articulée autour de la naissance, la ligature de l'appareil sexuel, le capage et la mort, qui signe simplement pour lui la fin du capage. Entre les deux, ce n'est pas pour lui une histoire de subsistance, le capeur pouvant être milliardaire et même avoir un journal ou un parti politique. Un capeur aime profondément caper et c'est à cela qu'on reconnaît un véritable capeur.

     

    Chawki Amari
  • EN ALGERIE:Entre les scandales, le pouvoir et l’opinion publique

     

    Moment de vérité pour les juges

     

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    Test de vérité pour le pouvoir judiciaire dont l’indépendance est à conquérir sinon à démontrer face à l’avalanche sans précédent d’affaires de corruption politico-financière. «Justice de nuit», aux ordres, juges soumis et corrompus, le système judiciaire algérien cumule les tares, essuie des critiques de toutes parts.  

     

    Un Gentil* juge a perquisitionné hier, dans le cadre de l’affaire Sonatrach, les bureaux de la Présidence et le QG du DRS et a saisi une quantité de documents compromettants, etc.» Un vulgaire poisson d’avril ? Même pas. Risible, certes, la perspective ne rejoint pas moins ce vieux rêve – devenu frustration nationale – d’Etat de droit, d’une justice indépendante. «Les juges debout (les procureurs, ndlr) sont assis et les magistrats assis (juges de siège) sont à genoux pour ne pas dire à plat ventre». A 95 ans, Me Ali Yahia Abdenour fantasme encore sur une nouvelle «cour» qui sera dédiée au jugement des «puissants», des oligarques, des «intouchables de la République». Militant nationaliste, tombé dans les bras du régime naissant à l’indépendance (il était député à la Constituante, puis ministre de l’Agriculture sous Ben Bella), Ali Yahia n’en a pas moins consacré ses 40 dernières années à la défense des droits humains.

    L’arbitraire, il en a vu de toutes les couleurs, toujours hideuses, dans les caves et sous-sol de l’ex-sécurité militaire, lui qui est devenu avocat à 48 ans, notamment à cause de «ça». Au banc des accusés ou comme avocat de la défense, Ali Yahia a longtemps frayé le long des cours et tribunaux révolutionnaires, les cours de sûreté de l’Etat, un Don Quichotte en robe noire faisant face aux juridictions d’exception reconduites au lendemain de l’indépendance. «La justice post-indépendance est une copie conforme de la justice coloniale. A la différence près que la justice coloniale appliquait le droit», proclame l’avocat sans donner aucunement l’impression de vouloir forcer les traits. «Cette justice a raté tous ses grands rendez-vous avec l’histoire : des crimes et assassinats politiques non élucidés, des massacres et des déplacements forcés de populations, des affaires de corruption politico- financières : les juges sont devenus des fonctionnaires de la Justice, oublient de rendre justice, de dire le droit.»

    La «justice de nuit», aux ordres, des juges soumis et corrompus, Mohamed Bakhtaoui, ancien président du tribunal d’Es Senia (Oran) connaît très bien. «Des juges amateurs de crevettes, dit-il ‘’Li Yakhalsou f’lbirou taâhoum’’, qui sortent de leurs bureaux avec des sacs d’argent, j’en ai vus ; ils sont promus, sont même au-devant de la scène.»  Révoqué en 2001 pour s’être opposé en 1999 à l’accaparement par la force d’un terrain à Oran par des potentats locaux du RND, proches de l’ancien ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia, Bakhtaoui, (qui fut membre fondateur du Syndicat des magistrats et préside actuellement l’Association des magistrats révoqués) parle d’interventions «quasi- systématiques» dans les affaires judiciaires.


    Belaïz et la «justice de nuit»


    Pour exemple, il cite l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Belaïz (2003-2012), avec qui il dit avoir travaillé en 1988. «Je peux vous certifier qu’il est intervenu personnellement dans une affaire de drogue traitée en première instance par le tribunal de Aïn Témouchent où des prévenus condamnés en appel par la cour de Sidi Bel Abbès à cinq ans de prison s’en sont finalement tirés avec un simple sursis.» «L’ex-ministre de la Justice, ajoute l’ancien magistrat, a fait ramener à la cour, de nuit, sous escorte policière, les juges en question et leur a intimé l’ordre de changer le verdict. Ce qui fut fait séance tenante.»  

    Ministère de la Justice, jeudi 14 février. «Je veux des requins pas du menu fretin» dixit Mohamed Charfi, le nouveau ministre de la Justice qui succédera à Tayeb Belaïz et ses dix années sonnantes et trébuchantes à la tête de ce ministère régalien. Charfi s’adressait aux présidents de cours et tribunaux, puis plus rien. Le silence. «Ne soyons pas naïfs, confie un haut responsable de la justice, l’indépendance de la justice, c’est une notion toute relative. Souvent la raison d’Etat l’emporte sur le principe de l’indépendance de la justice. Regardez ce qui se passe ailleurs, y compris dans les plus grandes démocraties au monde dont les systèmes judiciaires réputés indépendants connaissent des interférences. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France !» Les magnifiques bâtiments du ministère à l’architecture arabo-mauresque, ses passages labyrinthiques de marbre pavés exhalent des relents de solennité. Un air martial.

    Le silence a presque toujours été de rigueur en la chancellerie marquée au fer rouge par une décade du ministère de Tayeb Belaïz. L’ancien procureur général, président de la cour d’Oran, conseiller à la Cour suprême, homme de poigne et homme lige du président Bouteflika, est parachuté depuis 2012 à la tête du Conseil constitutionnel. Le ministère a, certes, changé de propriétaire, mais les stigmates de la «terreur» sont toujours là : dans les couloirs, on ne parle presque pas, on chuchote à peine. «Felta b’Felgua». «Ici, tu prononces un mot de travers, tu sautes», ose un cadre du ministère. Pas moyen de décrocher un rendez-vous avec le «pieux» ministre de la Justice, ancien conseiller du président Bouteflika, puis ministre de la Justice, tombé en disgrâce, car soupçonné de «Benflissisme» et enfin revenu sous les bonnes grâces du sultan d’El Mouradia. Le style et le profil de l’homme tranchent assidûment avec ceux de ses prédécesseurs réputés à la gâchette facile et amateur de chasse aux sorcières : Ahmed Ouyahia, Habib Adami et autres pâles copies de Talleyrand.


    Gros budget, petite réforme


    La demeure de la justice brûle, assaillie par les scandales de grosse corruption et le ministre garde des Sceaux perd la voix. «Il parlera. En temps opportun», rassure la chargée de communication du ministère. «Patientez, exhorte-t-elle, le ministre est un homme réfléchi, un intellectuel (qui) abhorre les actions d’éclat et campagnes tapageuses.» C’est d’ici d’El Biar que sont pilotés les 37 cours et 194 tribunaux d’Algérie et sont gérés les carrières de quelque 4000 magistrats, et c’est au perron de ce ministère à gros budget (157 milliards de dinars en dix ans, plus de 2 milliards de dollars) que se sont fracassées les fameuses 477 recommandations de la Commission Issad pour la réforme de la justice. Toujours plus de tribunaux, assurément moins de justice.

    Cour d’appel d’Alger, 25 mars. Quelques jours avant que ces lieux censés être des sanctuaires inviolables ne soient visités de nuit, théâtre d’un «cambriolage» insolite, unique dans les annales de la justice. Il est 15h, sur les écrans truffant le hall de la cour défilent en continu les 130 affaires enrôlées par la 3e Chambre correctionnelle. Des affaires de vol, d’agression, d’attentat à la pudeur, de détention et consommation de stupéfiants, d’outrage à fonctionnaire, etc : la «totale» radioscopie et bulletin de santé, de la société algérienne où violence, crimes et délits sont consommés comme autant d’«antidépresseurs bon marché».

    «C’est une justice de statistiques, pas une justice de qualité censée condamner le condamnable et innocenter l’innocent», commente Me Azzedine Semalit venu plaider une affaire en correctionnelle. «Comment voulez-vous qu’un juge qui doit rédiger 130 jugements en une semaine, traiter 130 autres affaires pour la semaine d’après puisse rendre une justice de qualité ? C’est quasiment impossible», constate l’avocat. Contraints et forcés par leur hiérarchie, sous la menace de la «moufatichia», l’inspection, le bras armé du ministère de la Justice, les juges sont réduits à «faire du chiffre» : les magistrats n’ont d’autre choix que de bâcler, selon ce défenseur, les procédures, omettant les vérifications d’usage, l’audition des témoins, les rapports d’expertise, produisant ainsi une «justice expéditive, à la chaîne».


    Procès expéditif, justice «à la chaîne»


    Des youyous fusent du premier étage de la cour où se tient un procès en criminelle, la seule juridiction pénale où est encore maintenu un jury populaire. «Bara’a !» «Ça doit être un acquittement», suppute Me Semalit. Devant les trois magistrats et le jury populaire – dont le nombre a été réduit par la «réforme Belaïz» à deux seulement (jury en minorité pour une justice rendue «au nom du peuple») –, comparaissent deux jeunots d’El Biar accusés de plusieurs cambriolages pour des faits et actes commis en 2011 passibles de 20 ans d’emprisonnement. Dans la salle d’audience, les victimes, dont une jeune femme séquestrée par ses agresseurs, écoutent tête baissée le greffier donnant d’une voix monocorde, lecture du long acte d’accusation. Les familles des accusés, plus bruyantes, prennent place derrière. Si l’accusé principal reconnaît les faits, son complice présumé, le «guetteur», surnommé «Zorro» niera en bloc, se disant «victime d’une vengeance» nourrie par son coaccusé et ami d’enfance juste «parce qu’il croit que je draguais sa sœur». Dans sa plaidoirie, l’avocate de «Zorro» arguera du «passé clean» de son client ; l’absence de témoins oculaires ; la jurisprudence : «La Cour suprême dit qu’il ne faut pas prendre les dénonciations d’un accusé pour des vérités établies.» Le procès est plié en deux heures : «Zorro» est libre.  Des procès expéditifs, l’appareil judiciaire, aux ordres du pouvoir exécutif ou de pouvoirs informels, des puissants et puissances de l’argent, en produit des tonnes.


    Les fantômes du procès Khalifa


    Châteauneuf. Journaliste, militant des libertés démocratiques, Arezki Aït Larbi est familier de ces îlots extra-judiciares, les centres de détention de l’ex-SM dont certains sont à quelques centaines de mètres de là. Là, précisément, où la justice n’a pas droit de cité. «C’est vers ce type d’endroits que des magistrats zélés, à l’image de ce qu’a été Abdelmalek Sayah, renvoyaient des détenus pour ‘compléments de torture’», dit-il. Récompensé pour son zèle déployé dans la répression judiciaire lorsqu’il était juge d’instruction à la Cour de sûreté de l’Etat (1982), Sayah a été promu à des postes diplomatiques et a été catapulté en mars dernier directeur de l’Office central de la lutte contre la corruption. Journaliste au Figaro, Arezki Aït Larbi a couvert l’acte I du procès Khalifa en 2007. «Autant le procès a été, selon lui, brillamment conduit par la juge Fatiha Brahimi, la présidente du tribunal, intègre et maîtrisant ses dossiers, autant il fut celui des «fantômes» de l’affaire Khalifa dont les parrains ont été superbement épargnés». Des «lignes rouges» avaient été fixées «en amont» par l’arrêt de renvoi.

    La chambre d’accusation a pris soin de nettoyer le dossier des personnalités sensibles : hauts gradés de l’armée, de la police, du DRS, des magistrats…, le frère du président Bouteflika, Abdelghani, avocat conseil du groupe Khalifa, cités pourtant dans l’instruction, n’ont pas été appelés à la barre. Aussi de hauts responsables dont des ministres (Bouchouareb, Tebboune, Medelci) présents aux audiences étaient cités comme témoins et n’ont pas été inculpés par la Cour suprême en dépit des lourdes charges qui pesaient sur eux.
    Place Mauritania. Siège de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l’homme. Veille du procès Khalifa-bis. C’est dans cette résidence fastueuse héritée du Dey d’Alger que reçoit l’avocat au cabinet prospère, Me Farouk Ksentini, président de cette instance rattachée à la Présidence. Avocat des droits de l’homme, – et de l’homme puissant –  Ksentini a été le conseil du wali de Blida, M. Bouricha, du président de la Chambre de commerce de Tébessa, Garboussi et autres caudillos  dit ne  s’attendre «à rien» du procès Khalifa-bis, procès dans lequel il est constitué (défense de Chachoua Abdelhafid, ancien inspecteur de police devenu directeur général chargé de la protection et de la sécurité chez Khalifa Group).

    «Trop tard, assène-t-il : l’affaire a refroidi et Khalifa (Abdelmoumen) a mis la mer entre lui et la justice.» Les faits dénoncés, susceptibles de poursuites sont déjà prescrits pour la plupart, argue-t-il. L’avocat trouve «scandaleux» que les pourvois en cassation aient pris  six ans pour être traités par la Cour suprême. «Déjà qu’on aurait dû faire l’économie du (premier) procès. C’était un simulacre, une parodie de justice.» De la justice, tout le monde, le pouvoir y compris, dit le plus grand mal. L’homme de loi ne rate en effet aucune occasion de tirer sur cette justice de «mauvaise qualité», sur la «réforme» qui s’est bornée à soigner le «décorum» des palais de justice, ses juges qui se conduisent en «domestiques», qui se déterminent «en fonction de la direction du vent». Les propos de cet «officiel», réputé proche du président Bouteflika, passent d’autant plus mal, choquent le corps des magistrats.


    Juge… et tais-toi !


    Beni Saf, jeudi, 8 novembre 2012. C’est dans un des bungalows d’El Nabil, complexe touristique (propriété des frères Medelci, parents du ministre des Affaires étrangères) au- dessus d’une des criques majestueuses à l’ouest de Beni Saf, qu’ont été arrêtés trois magistrats de siège et un procureur-adjoint en compagnie de vendeuses de charme, dont une mineure. L’«affaire» a fait grand bruit avant qu’elle ne soit vite étouffée : les gendarmes auteurs de l’arrestation ainsi que le dénonciateur ont été les «seuls» à trinquer. Motif : non- respect de la procédure de perquisition. Djamel Aïdouni, le secrétaire général du Syndicat des magistrats ne cache pas son désarroi face à cette affaire vaseuse.

    «Elle a fait beaucoup de tort à l’image de la magistrature», reconnaît-il non sans s’en prendre au sacro-saint principe de «l’obligation de réserve», épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des juges, arborée très souvent par la chancellerie comme prétexte pour congédier et où mettre sur la voie de garage des magistrats insoumis. «Le devoir de réserve est une notion élastique, dit-il. Où commence-t-elle et où s’arrête-t-elle ? On ne sait pas. Un juge qui danse lors d’un mariage d’un parent à lui ; un magistrat qui exprime un avis lors d’une conférence académique, est-ce une violation du devoir de réserve ?» Article 7 du statut de la magistrature : «En toute circonstance, le magistrat est tenu à l’obligation de réserve, de se préserver de toute suspicion et attitude portant préjudice à son impartialité et indépendance.» Juge… et tais-toi ! Siège du syndicat des magistrats.

    C’est au premier étage de l’ancien tribunal de Chéraga que le syndicat des juges a élu domicile. Plus de 20 ans d’existence, de beaux meubles de bureau au bois massif, identiques à ceux du ministère, dont il est devenu la succursale et un défunt esprit combatif, mort et enterré. De jeunes magistrats venus de leurs lointains tribunaux de l’Est papotent dans le secrétariat en attendant l’arrivée du patron de leur syndicat. Les juges, des «travailleurs comme les autres»,  parlent des dernières réductions de 50% obtenues, fruit d’une convention avec la CNAN et d’autres avantages, avec les opérateurs de téléphonie, etc.

    Djamel Aïdouni essaie d’être aux petits soins de ses syndiqués surtout que les rencontres régionales du SNM (à Ouargla, Oran, Médéa, Chlef…) lui ont fait entrevoir l’ampleur de la contestation : les juges s’estimant «mal défendus», «jetés aux chiens». «Vous savez, moi j’habite un quartier populaire. C’est un choix parce que je veux rester proche de la société réelle. Il y a plein de juges comme moi qui habitent des cités populaires dans des conditions indignes et à ce jour nous ne savons toujours pas si nous sommes considérés comme des cadres supérieurs de l’Etat ou de simples fonctionnaires.»

    Le premier président de la Cour suprême toucherait un salaire inférieur à 20 millions de centimes, «un salaire de wali, même pas celui d’un secrétaire d’Etat». Exit les pressions d’ordre politique, Aïdouni parle plutôt de «pressions sociales». Il s’agit aussi, selon lui, de garantir «l’indépendance matérielle» du juge, de le «mettre à l’abri de la tentation». Le secrétaire général décrit une corporation muselée, «socialement délaissée». «Nous n’avons pas le droit de grève, alors que la Constitution le permet à tous les Algériens. Nous n’avons pas le droit de briguer un mandat électif, d’être dans un parti politique. Même l’adhésion à une association est soumise à approbation de la chancellerie.»


    Née dans un palais


    Tribunal de Sidi M’hamed. Le tribunal est appelé à juger quelque un des plus grands scandales de corruption politico-financière de l’Algérie indépendante (Sonatrach I et II). Dans le hall du tribunal est exposée, ce samedi 30 mars, la dépouille de Amar Bentoumi, un des architectes du système judiciaire algérien. Décédé la veille, l’ombrageux avocat du PPA-MTLD (de l’OS,  Organisation secrète, du FLN, des «Benbellistes» en 1966 et des «chouyoukh», les leaders du FIS en 1992), premier ministre de la Justice de la République algérienne, est parti discrètement sans voir cet Etat de droit dont il a toujours rêvé. L’indépendance de la justice reconnaît-il, au crépuscule de sa vie, est restée un «vœu pieux».

    «Cette justice qui rend ses jugements au ‘nom du peuple’ mais qui en réalité n’a rien à voir avec celui-ci (édition spéciale El Watan, 5 juillet 2012)» «Les quelques magistrats indépendants que j’ai connus, ajoutait-il,  sont ceux de l’indépendance. Ils ont été éliminés les uns après les autres. Par la suite, il y en a eu des magistrats indépendants. Rares, mais il y en avait, vite étouffés par le pouvoir. Si on veut une justice indépendante, ma foi, il y a des règles immuables et élémentaires à respecter.» La justice est née dans ce tribunal aux airs de cathédrale, donnant échos au moindre chuchotement, de l’effort de centaines d’avocats volontaires, de cadis-juges, bachadels des mahkamas coloniales et autres employés de greffes et office de notaires et quelques magistrats français et algériens officiant dans les tribunaux marocains. C’est dans ce palais de justice qu’en octobre 1962, au 3e étage, dans quatre bureaux du parquet général de la cour d’Alger, qu’a été créée la première administration centrale de la justice, avant que celle-ci ne prenne siège à El Biar, dans les locaux d’une clinique psychiatrique abandonnée par les Européens d’Algérie. 



    (*) En référence au juge français Jean-Michel Gentil qui a mis en examen Nicolas Sarkozy, l’ex-président français.

     

    La réforme par les chiffres :

    - 4000 : C’est le nombre de magistrats actuellement en exercice. Il devrait atteindre bientôt les 6000.

    - 1200 : En matière d’accès à la justice et simplification des procédures, la réforme de la justice a dépassé toutes les espérances. L’ancien code de procédure civile était constitué de 400 pages, le code amendé en comprend plus de 1200 !

    - 156 : Entre 1999-2011, le ministère de la Justice a consommé quelque 156 milliards de dinars en budget de fonctionnement et d’équipement

    - 75 :  Pendant la période 1999-2011, le secteur a réceptionné 75 nouvelles structures de justice en remplacement des anciens sièges dont 25 cours de justice et 43 tribunaux

    - 14 : Après 40 ans de service, un juge perçoit un salaire de 14 millions de centimes. Le salaire du premier président de la Cour suprême est inférieur à celui d’un ministre délégué. Il est de l’ordre de 20 millions de centimes. Un juge débutant commence sa carrière avec 70 000 DA par mois.

     

    Inamovibilité des juges : l’arnaque

    Il s’agit là d’un principe universel, dont découle en partie l’indépendance des magistrats dont on ne trouve trace dans aucune des successives Constitutions.  La loi organique portant statut de la magistrature (du 6 septembre 2004) reconnaît au juge de siège, après dix ans de service effectif, le droit à l’inamovibilité. Mais une reconnaissance spécieuse et biaisée.

    L’article 26 de la loi en question évoque en effet le «droit à la stabilité» du magistrat ne dépendant pas du parquet, «toutefois, précise l’article en question, le Conseil supérieur de la magistrature peut décider de la mutation des magistrats, si les intérêts et le bon fonctionnement du service de la justice l’exigent, dans le cadre annuel des magistrats».

     

    Mohand Aziri