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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 188

  • L'argent des émigrés


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    Le directeur général de l’institut d’études méditerranéennes à Paris, M. Radi Medab a révélé que les transferts des immigrés algériens en France avoisinent les quatre millions d’euros annuellement, une somme qui dépasse les aides octroyées par l’union européenne aux pays du Maghreb arabe à savoir l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, auxquels la communauté transfère un montant de 10 milliards d’euros annuellement.

    M. Radi Medab  a assuré que les immigrants marocains viennent en première position avec un total de 5 milliards suivi des Algériens avec 4 milliards et les Tunisiens avec un milliard d’euros. Il explique en revanche que l’Algérie n’a pas investi dans ce transferts, assurant que le montant global transférés vers ces trois pays dépasse les aides financières octroyées par l’union européenne pour le développement.

    Dans ce contexte, le meme responsable souligne qu’il est de l’intérêt des banques algériennes d'ouvrir des filiales à l’étranger pour servir sa communauté dans les pays européens, et qui aiderait à établir des projets. Il souligne par ailleurs que les responsables de 14 banques euro méditerranéennes se sont réunis l’année dernière dans un consortium bancaire qui permettra d’introduire le secteur bancaire et les services financiers dans la région.

    SCE : CHOUROUK

  • Le pouvoir rassure : "L'Algérie a de l'argent !"

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    L'Algérie a terminé l'année 2008 avec de bonnes réserves financières et compte engranger de bonnes recettes en 2009;
    Voilà, en gros, le double message du pouvoir, à l'intention de l'opinion.
    Premier message : le pays disposait de 143,102 milliards de dollars de réserves à la fin décembre 2008, contre 110,18 milliards de dollars à la fin de l'année précédente et 77,781 milliards de dollars à fin 2006, a indiqué samedi la Banque d'Algérie à l'agence APS.

    Le taux de couverture des importations de biens et services par les réserves de change est de près de 36 mois, en raison de l'augmentation des importations des biens et services en 2008, selon la banque.

    Le 20 avril, le Centre national de l'Informatique et des Statistiques (CNIS) des Douanes avaient indiqué que les exportations algériennes avaient chuté en valeur de 42,07% au cours du premier trimestre 2009 par rapport à la même période 2008 pour s'établir à 10,74 milliards de dollars.

    Les importations avaient au contraire enregistré une hausse de 10,07% par rapport aux trois premiers mois de l'année précédente, pour atteindre 9,42 milliards de dollars.

    Cette baisse en valeur des exportations était due à la chute des cours du pétrole qui sont passés de 110 dollars le baril durant cette période 2008 à 52 dollars environ en moyenne durant le premier trimestre 2009, selon le CNIS.

    Les importations totales de l'Algérie en biens et services ont été de 48,37 milliards de dollars en 2008 (contre 33,28 milliards de dollars en 2007) dont 37,39 milliards de dollars pour les marchandises (contre 26,35 milliards de dollars en 2007), selon la Banque d'Algérie.

    (En avril, le CNIS des Douanes avait estimé les importations totales à 39,16 milliards de dollars, contre 27,63 milliards de dollars en 2007 (+41,71%)).

    Les hydrocarbures représentent plus de 97% des ressources en devises de l'Algérie.

    La Banque d'Algérie a précisé par ailleurs que les investissements directs étrangers nets engagés dans le pays se sont établis à 2,31 milliards de dollars en 2008, contre 1,37 milliard de dollars l'année précédente.

    Second message : les recettes d’exportations d’hydrocarbures de l’Algérie pourraient atteindre entre 45 et 50 milliards de dollars en 2009 selon le ministre Chakib Khelil.  Invité avant-hier de l’émission « Fi dairat edaoue » de l’ENTV, M. Chakib Khelil, a en effet, déclaré que « si les prix restent au même niveau qu’actuellement, nous aurons des revenus de l’ordre de 45 à 50 milliards de dollars », ce qui est, selon lui, dans la moyenne des « 48 milliards de dollars enregistrés entre 2000 et 2008 ». Au début de l’année, les prévisions n’étaient pas aussi encourageantes, puisque le ministre lui-même avait parlé de recettes d’à peine plus de 30 milliards de dollars à la fin de 2009, ce qui avait à un certain moment laissé planer le risque que certains projets pourraient être reportés.

    M. Khelil a indiqué qu’à la fin des quatre premiers mois de cette année, les recettes des hydrocarbures étaient entre « 13 et 14 milliards de dollars », ajoutant qu’il n’y a aucune raison pour qu’il y ait « une crise pour l’Algérie ». « Des revenus moyens nous ont permis de mettre en place une stratégie d’investissement et si les prix restent au même niveau, nous n’aurons pas de problème pour achever nos investissements », a-t-il assuré. Toutefois, le problème réside dans le fait que rien n’indique que les prix du pétrole resteront stables, a estimé le ministre. Selon lui, « il y a une sorte de reprise économique, c’est pour cette raison que les prix se stabilisent autour de 50 dollars le baril, mais personne ne sait quand la crise aura cessé ». Néanmoins, M. Khelil s’attend à ce que les cours du pétrole atteignent la barre des 60 dollars à la fin de cette année.

    Source : AFP/ Presses
  • Démocratie : L'Algérie à la 133è place sur 167

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    Moins d'un mois après les éléctions présidentielles contestées, un classement mondial vient rappeler que la démocratie est encore inexistante en Algérie. Preuve en est le rapport élaboré par The Economist Intelligence Unit sur l'index de la démocratie dans le monde dans lequel notre pays occupe la 133ème place sur un total de 167 pays. (Voir le rapport)

    Le rapport du The Economist Intelligence Unit a été élaboré sur la base de critères bien spécifiques tels que le pluralisme, le libre vote et le droit des citoyens à ester en justice des responsables du gouvernement ou des membres de la police.

    Le rapport a divisé les pays en quatre listes : les pays réellement démocratique dont le nombre est 30, les pays dont le système démocratique à des défauts (50), les pays dont le régime est qualifié d' «hybride» (36) et en dernier lieu les régimes autoritaires (51)

    30 nations vivent en démocratie parfaite, 50 en démocratie imparfaite, 36 en régime hybride et 51 en régime autoritaire.

    Les rédacteurs de ce document ont mis l'Algérie dans la catégorie dédiée aux «régimes autoritaires»

    Le rapport a salué les avancées enregistrées par certains pays. A titre d'exemple, le Népal est passé de la liste noire des régimes autoritaire
    en 2006 à celle des démocraties dites « hybrides». Idem pour le Pakistan ou la Sierra Leone.

    Ce classement de l'Algérie vient en effet confirmer les récents rapports élaborés par des organisations internationales, même le très diplomatique document, rendu publique la semaine dernière, de l'Union européenne a pointé du doigt les incuries en justice, liberté d'expression, lutte contre la corruption et le droit à la création des associations.

    C.N.

  • La République des prête-noms

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    QUATRIEME ET DERNIERE PARTIE : La République des prête-noms
    Durant l’été 2003, la presse [22] publie des dossiers accablants de spoliations par les plus hauts sphères de l’État. Le ministère des Affaire étrangères a été dépouillé de son patrimoine foncier, Abdelaziz Bouteflika se taillant un part de lion avec, parmi « quatre villas, plusieurs appartements et des immeubles appartenant à la Présidence », la villa Ali-Chérif de 9000 m2, boulevard Mohamed Bouagara. Achetée en 1991 à 20 DA (soit 0,20 €) le m2, sa valeur est aujourd’hui estimée à 5 millions d’euros. Autres bénéficiaires de ce dépeçage méthodique, Ahmed Ouyahia (a acheté au dinar symbolique une villa cédée par l’ambassade de Yougoslavie), Ahmed Attaf (une villa près de l’ambassade des USA qui a coûté 5 milliards de centimes à l’État), Ahmed-Taleb Ibrahimi et nombre d’autres « personnalités », les cessions se faisant souvent « sur interventions personnelles de Larbi Belkheir, sur simple coup de téléphone, et Mohamed Betchine. » Ces spoliations ont, comme chaque fois, une cascade d’incidences fâcheuses : en reprenant ces résidences des mains des missions diplomatiques étrangères, les ambassades d’Algérie dans les pays correspondants sont maintenant obligées de louer à prix d’or les locaux qu’elles occupaient jadis gracieusement. L’opposition assiste à cette razzia dans une quasi-indifférence. Ahmed Ouyahia, chef du RND, quant à lui « ne demande pas seulement la vente des terres, mais plus encore, il milite pour leur privatisation [23] »... Bouteflika le nomme derechef Premier ministre ! Razzia sur les ressources naturelles Sonatrach incarne la dernière présence algérienne dans le Sahara. Quelque contrôlée que soit cette société, son personnel algérien constitue un témoin gênant contre les spoliations à grande échelle qui s’y déroulent. Un témoin dont les dirigeants algériens n’ont eu de cesse de vouloir se débarrasser. En plaçant un malade en phase terminale de cancer comme PDG de Sonatrach, le ministre de l’Énergie et des mines Chakib Khelil garde la mainmise sur cette société, vouée selon lui à la privatisation, et préside à son démembrement. Tandis qu’il prépare les textes et travaille au corps l’APN pour faire adopter une loi sur les hydrocarbures, Nouredine Boukrouh, ministre de la Participation et de la coordination des réformes, assure la pédagogie du dossier : « Les Algériens, dit-il, interprètent mal la notion de privatisation et croient qu’elle est le contraire de la nationalisation. Il faut la démystifier et la désacraliser. Ce n’est qu’une modalité et non un idéal. Il faut également bannir les attitudes frileuses et éviter les prismes idéologiques. [...] La privatisation est la seule voie possible. L’État ne peut plus supporter les lourdes charges liées à l’assainissement des entreprises déficitaires [24] ». Cette société qui doit dégager des bénéfices colossaux serait donc simplement... déficitaire. Mais, à y regarder de près, on constate que le « déficit » de Sonatrach est inscrit dans le cahier des charges de ses dirigeants, qui s’évertuent à la ruiner, au bénéfice de sociétés privées, telle Brown Root&Condor (BRC, filiale du groupe Haliburton, anciennement dirigé par Dick Cheyney), qui croule sous les contrats tous plus douteux les uns que les autres, après avoir « fait faillite à travers plusieurs pays. Elle s’est installée [...] avec la bénédiction de Chakib Khelil, qui lui a offert le premier contrat, avec une participation de Sonatrach à 50 %, pour financer un projet de construction de logements Cnep qui n’a pas jusqu’à aujourd’hui vu le jour. » Parmi les innombrables arnaques où la Sonatrach est chargée en bout de course de régler la facture, celle de « deux tourelles construites par l’entrepreneur Chabani, ami de Belkheir, en difficulté de paiement, [qui] a offert de les vendre. »Desopérateurs,tellela CAAR à 250 milliards de centimes, ont refusé le prix fixé par Chabani ; elles seront finalement acquises le double par Sonatrach, transaction opérée avec Chakib Khelil, dans l’illégalité la plus absolue. « Achetées en l’état à 420 000 DA le m2, elles nécessiteront 320 000 DA le m2 pour leur finition (contrat confié à BRC, évidemment), pour un coût total de 740 000 DA le m2, soit plus de dix fois le prix réel. [25] » « BRC a pu intervenir sur le projet d’Aïn-Oussera puis à construire, pour le ministère de la Défense, deux hôpitaux militaires à Oran et à Constantine, ainsi que deux ensembles sportifs et des logements. » C’est aussi BRC qui réalise l’extension de la piste de l’aéroport de Tamanrasset pour permettre l’atterrissage de gros porteurs américains [26]. Spécialisée dans l’engineering, BRC est rapidement devenue en Algérie une société qui fait tout : pétrole, béton, transport aérien, services... Et si BRC peut saigner à ce point la Sonatrach, c’est qu’elle sait redistribuer ses prébendes : « BRC, c’est une poule aux œufs d’or autour de laquelle tourne beaucoup de monde : les amis de Chakib Khelil, bien sûr, le clan du président [Bouteflika], évidemment, mais aussi une société aérienne privée [Aigle Azur], des dirigeants de l’UGTA, d’honorables responsables militaires, des pontes du FLN, le fils de Zerhouni, des ministres. [...] Moumène Ould-Kaddour [patron de BRC] mène une vie de Pacha, [...] et passe ses soirées et ses week-ends au Sheraton [...], en famille avec Chakib Khelil et Réda Hemche », directeur de la cellule sponsoring de Sonatrach et consultant à la BRC. Les factures du Sheraton seraient effrayantes, « mais c’est Sonatrach qui paye [27] ». Le budget sponsoring de Sonatrach est colossal. S’il sert pour l’essentiel à payer les factures laissées par les ministres dans les hôtels de luxe parisiens, à seconder le groupe Khalifa pour arroser les médias français et le monde du show-business dans le cadre de l’Année de l’Algérie en France, etc., les journaux algériens ne sont pas délaissés. Et lorsque Sonatrach y achète à répétition des doubles pages [28] , c’est pour vanter les mérites... de la loi sur les hydrocarbures ! Les arguments de Chakib Khelil sont entendus : « préserver l’intérêt de la nation [29] », jurera-t-il : « Le seul objectif sera de créer de la richesse pour la collectivité nationale dont l’État est l’émanation, et il n’est question ni de privatisation, ni de restructuration, ni de démembrement de Sonatrach dans la nouvelle loi des hydrocarbures. Non seulement les acquis des travailleurs seront maintenus, mais nous travaillons toujours à améliorer leurs conditions de travail et à créer de nouveaux postes de travail. Je demande à tous les travailleurs, chacun à son poste, de redoubler d’effort et de m’aider à atteindre cet objectif pour le bien-être de tous les citoyens de notre cher pays. »
    En guise de bien-être, il y a, selon Inès Chahinez, celui de « Chakib Khelil et Réda Hemche par exemple, [occupés à] dilapider 10 milliards par mois en pots-de-vin politiques ; ou, plus grossier mais plus gracieux, comme Khalida Toumi qui distribue individuellement aux artistes des chèques de 500 000 dinars » pour en faire des VRP de Bouteflika. Les arguments faussement « nationalistes » de Chakib Khelil ne bernent personne, pas même Abdelmadjid Sidi-Saïd, le chef de l’UGTA, qui, devant l’énormité du sacrifice à bénir, se braque en déclarant que « la démarche entreprise par les autorités du pays, afin de confier la gestion du secteur des hydrocarbures aux multinationales étrangères, est dictée exclusivement de l’étranger ». Il décrit « la tentative de vendre les richesses pétrolières du pays comme un acte de haute trahison envers la nation » et affirme que « si nous sommes dans cette situation, c’est parce que nos gouvernants son vendus [30] ». Démagogie ? Lors de son passage à Alger, fin 2002, le Secrétaire d’État américain au Commerce, Marc Bodman s’est autorisé de dire : « Il faut que cette loi [sur les hydrocarbures] soit adoptée ». Face à la fronde, Chakib Khelil fait mine de renoncer au projet, pour mieux revenir à la charge en septembre 2004, une fois Bouteflika réélu, et constater « qu’il n’est pas normal, du point de vue économique, de continuer d’obliger le groupe Sonatrach à s’occuper de projets qu’il estime non rentables comme le transport par canalisations. [31] » On voit mal ce qui, « du point de vue économique », peut pousser des investisseurs privés à reprendre à la Sonatrach ces projets « non rentables », sinon pour ôter aux Algériens tout moyen de contrôle sur les volumes « transportés ». Bref, que cela passe par la cannibalisation du marché de l’importation, par le pillage des banques, par l’accaparement de la rente pétrolière, par la spoliation des domaines publics, par la dilapidation des biens et des entreprises publiques ou par quelque activité lucrative que ce soit, seule la loi du milieu compte et les bénéficiaires se recensent parmi un noyau dur aux effectifs réduits : Larbi Belkheir, Toufik Mediene, Smaïn Lamari, disposant d’un vivier inépuisable de prête-noms, secondés par des hommes dénués de scrupules, qu’ils aient pour nom Bouteflika, Khelil, Benachenhou, Ouyahia, Barkat, Temmar, Zerhouni, Tounsi, ou autre, pour concrétiser sous couvert des institutions les pires prédations...
    Tels sont les principaux « partenaires » algériens du « partenariat d’exception » que projette Jacques Chirac avec l’Algérie. Un partenariat avec la micro-colonie du Club des pins, un État malfaisant, qui livre son pays au dépeçage foncier, financier, social, économique, culturel... Car, les 30 millions d’Algériens ne sont évoqués dans les discussions bilatérales que pour trouver les moyens de les empêcher de grossir les rangs des « clandestins » en France, et pour ceux qui y sont déjà, de les renvoyer en Algérie sans créer de vagues. Pour ceux-là, le partenariat d’exception s’apparente à celui du racketteur avec des rackettés : ou ils se taisent et meurent en silence, ou ce sera encore pire pour eux [32], les recours auprès de qui ils peuvent se tourner étant eux-mêmes receleurs du racket, une bonne part de la manne détournée alimentant les alliés étrangers de ce dépeçage méthodique, des personnalités politiques, médiatiques, diplomatiques, du monde financier, policier, d’institutions internationales, etc. Nous l’avons vu, si la caution judiciaire est souhaitable pour cette rapine, elle n’est pas une nécessité absolue : un simple barbelé et des gendarmes suffisent à tenir en respect les paysans spoliés sur le littoral algérois. Le Sahara présente quant à lui un double inconvénient. Le rapt des ressources naturelles exige un cadre législatif explicite et cette vaste étendue est difficile à contrôler. Le ministre des Finances Abdelatif Benachenhou et celui de l’Énergie et des mines Chakib Khelil s’emploient à faire adopter (au nom des Algériens) les lois qui font perdre aux Algériens la souveraineté sur le Sahara. Quant à la sécurisation de ce territoire, qui de mieux alors pour y veiller que le gendarme du monde par excellence : les États-Unis d’Amérique ?

    MOUH

    FIN

  • ALGERIE DES PARRAINS

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    PREMIERE PARTIE : Larbi Belkheir, Toufik Mediene, Smaïn Lamari etla micro-colonie du Club des pins
    En avril 2004, aussitôt Abdelaziz Bouteflika « réélu » président, Jacques Chirac se rend à Alger pour l’en féliciter et l’inviter à engager entre leurs deux pays un « partenariat d’exception » [1]]. Ambition louable s’il s’agissait d’établir entre la France et l’Algérie des rapports de coopération économique, culturelle, touristique ou scientifique sains et bénéfiques pour les deux peuples. Or, il y a supercherie sur l’identité du partenaire, la micro-colonie du Club des pins qui domine et assujettit le pays et qui mène une guerre sans merci au peuple algérien, lequel ne sert que d’alibi à la manœuvre. Le score de 84 % par lequel les Algériens sont censés avoir désigné Abdelaziz Bouteflika donne la mesure du mépris que le régime leur voue, eux qui le reçoivent partout où il se rend avec des pluies de pierres et des volées d’injures. Aux yeux de l’opinion mondiale, le pouvoir entretient la fiction d’un renouveau. Or, Mohamed-Chérif Messaâdia, était le chef de file de la vieille garde « barbéfélène » jusqu’en 1988 où il fut sacrifié à l’autel de la « démocratisation » [2]. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, est le promoteur en 1984 du toujours en vigueur Code de la famille qui fait de la femme une chose. Le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, contribua dès 1962 à asseoir le pouvoir absolu de la Sécurité militaire, aux côtés d’Ali Tounsi, actuel chef de la Sécurité intérieure, connu pour avoir été durant la guerre d’indépendance membre du « commando Georges » de sinistre mémoire. Voilà quelques exemples de ces partenaires d’exception de la France, censés incarner la rupture avec le passé, sous la houlette d’Abdelaziz Bouteflika, fossoyeur en 1962 des rêves d’indépendance des Algériens et membre de l’équipe qui poussa - avec force assassinats - à l’exode un million d’Européens et des dizaines de milliers de Harkis. Déchu en 1979, condamné pour vol, il doit son retour en grâce en 1999 au fait qu’il présente aux yeux des vrais détenteurs du pouvoir, Larbi Belkheir, Toufik Mediene, Smaïn Lamari, le profil idéal pour masquer à l’opinion internationale la réalité cruelle d’une dictature féroce, un État terroriste, un sol vandalisé, un pays en voie de démantèlement. Une économie sinistrée L’analyse que fait le banquier américain William Byrd [3] de l’économie algérienne susciterait l’épouvante chez n’importe quel diplomate honnête désirant traiter avec l’Algérie. Pour un niveau d’investissement flatteur de 32 % du PIB de 1971 à 2000, les « investissements étrangers sont concentrés dans le seul secteur des hydrocarbures, dans un territoire loin des populations algériennes qui n’en profitent ni en matière d’emploi ni en autres retombées. » Le chômage est estimé à 30 % en 2001, le pire de l’ensemble des pays de la Méditerranée (hormis peut-être la Bosnie-Herzégovine), la réalité étant bien pire que ce que suggèrent ces données officielles fournies par l’OIT et le FMI. L’Algérie ne fonctionne que grâce à l’exportation des hydrocarbures (98 % du montant global) ; « 14 000 sociétés privées assurent l’équivalent de 90 % du volume global des importations du pays et dont la facture oscille entre 13 et 14 milliards de dollars par an » [4] ; tel est le résumé de l’accaparement d’un pays par une minorité parasite.
    Selon le banquier, « la rente issue du secteur des hydrocarbures a permis la constitution d’une vaste organisation clientéliste informelle opérant sous le couvert des institutions officielles » dont la « fonction fondamentale est de protéger les transactions d’une caste d’opérateurs économiques [...]. Dans cette organisation, les actes de régulation sont trop souvent le fait d’un clan du régime cherchant à entraver l’action d’un concurrent. » Des pseudo-« contrôles sanitaires » ne ciblant que « des importateurs non impliqués dans le système de pouvoir parallèle », des « capacités publiques [...] largement utilisées pour maintenir des positions dominantes sur un certain nombre de secteurs d’importation », des « impôts sélectifs [évalués] en fonction des relations dans le sérail militaro-sécuritaire et les agents du fisc [qui servent] de vecteurs de destruction des concurrents », des magistrats « relais des clans quand il s’agit d’éliminer juridiquement, voire d’emprisonner, des gestionnaires gênants pour les affaires de ces groupes d’intérêts », voilà quelques exemples de ce qui caractérise l’État algérien, une administration malfaisante, traître à son pays. Cette description d’un État à mettre au ban des nations rend pourtant à peine compte de la réalité d’un pays ravagé, une dépouille sur laquelle s’acharnent, telle une meute de vautours, les multinationales et les mafias politico-militaro-médiatico-affairistes. Nous allons examiner quelques aspects de cette folle mise à sac, dans des secteurs où les 30 millions d’Algériens, responsables présumés de tous les maux, ne peuvent servir d’alibi. Banques à tiroir ouverts Tout le monde a en mémoire le méga-scandale Khalifa, qui n’a jusqu’ici fait de victimes que parmi les clients civils de la banque et le Trésor public, devenu propriété privée des réseaux dont Larbi Belkheir, « conseiller à la présidence », est la figure tutélaire [5]. Parrain des institutions du pays, et jouissant de soutiens inconditionnels en France, Larbi Belkheir est à l’abri de toute poursuite ; quant à Moumène Khalifa, le prodigue « golden »-président du groupe, d’innombrables mandats d’arrêts internationaux ne l’empêchent pas de couler des jours tranquilles à Londres. L’épilogue de cette affaire n’est pas prêt d’être rendu, malgré des mises en examen spectaculaires : « L’ex-ministre des Finances Mohamed Terbèche, [...] Abdelmadjid Tebboune et Abdelmadjid Attar, respectivement ex-ministres de l’Habitat et des Ressources en eau, l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Abdelwahab Keramane, [...] l’actuel gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Mohamed Laksaci, et le premier vice-gouverneur, Ali Touati [...], en leur qualité, pour le premier, de gouverneur de la BA durant la période 2003 et, pour le second, en tant qu’ancien responsable du contrôle des changes. [6] » « Les responsables de ces organismes ont affirmé lors de l’instruction avoir pris la décision de retirer une grande partie de leur trésorerie des banques publiques pour les mettre dans les caisses d’El-Khalifa Bank à la suite d’“une instruction verbale” du ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune [...]. “En contrepartie des dépôts, les responsables d’El-Khalifa Bank versaient des dessous de table aux dirigeants.” » Ces fonds ont permis notamment à Khalifa TV d’arroser généreusement le PAF (paysage audio-visuel français) et d’acquérir la villa « la plus chère » de Cannes pour abriter des soirées pharaoniques où était convié le gratin du show-business français [7]. « La plus grande escroquerie que le pays a connue et qui a causé au Trésor public la perte sèche de près de 7 milliards de dollars » égrène l’inventaire des délits financiers imaginables : « transferts illégaux d’importantes sommes en devises [...] au profit d’au moins une cinquantaine de personnalités politiques, sportives et culturelles, [...] sommes énormes en devise offertes à travers les cartes Gold à des hautes personnalités de l’État, [dont] des patrons d’importantes institutions publiques ainsi que le frère du président de la République et ancien avocat du groupe Khalifa », salarié à raison d’« un demi-million de dinars par mois ». Les transferts illicites d’El-Khalifa permettent aussi aux frères Bouteflika d’acheter « l’appartement du 182 faubourg Saint-Honoré (Paris 8) » et au président de se distraire, puisqu’il « a embrassé Adel Imam en juillet [2003] grâce aux dollars tirés illégalement d’El-Khalifa à la demande de Khalida [Messaoudi] Toumi ». Le président serait intervenu pour que la chanteuse Amel Wahby touche de Khalifa « un chèque en devises de 500 000 euros et un autre en monnaie nationale de 6 millions de dinars », etc. Selon le ministre de la Justice, « de hauts responsables ont été auditionnés dans cette affaire et un seul inculpé a été retenu, à savoir M. Keramane, l’ancien gouverneur de la BA. » El-Watan, 12 septembre 2004, Le Jeune Indépendant, [8] Larbi Belkheir & Co. peuvent donc dormir tranquilles.

    MOUH

    A SUIVRE

  • Maghreb, terre de censure et de la prison ? Débat avec Benbrick, Lmrabet, Benchicou...

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    Depuis quelques mois, on constate une augmentation de la pression exercée sur les médias du Maghreb. Il est reproché tout débordement, ou critique potentielle du pouvoir. Et pour les contrevenants, cela peut aboutir à l'emprisonnement.

    Taoufik Benbrick, journaliste et écrivain tunisien engagé, vient de connaître cela, ayant été détenu pendant 6 mois pour avoir osé s'exprimer. 
    Ali Lmrabet, journaliste marocain, ancien Directeur de l’hebdomadaire Demain, a été incarcéré en 2004 pour "offense au roi". Il est interdit d’exercer sa profession pendant dix ans en 2005 ;
    Mohamed Benchicou, journaliste algérien, ancien directeur du Matin (liquidé), a purgé deux années de prison suite à la publication d’un livre sur le Président Bouteflika.
    Tous les trois seront lundi 17 mai à Montpellier dans une journée d’action et de réflexion autour du problème de la Liberté de la Presse au Maghreb, organisée par l’Association Coup de Soleil, le Club de la Presse de Montpellier, les Amis du Monde diplomatique.
    Ils seront aux côtés de  Mme Siham Bensedrine, journaliste tunisienne et militante des Droits de l’Homme en Tunisie, Directrice de Radio Kalima (radio libre) et de Yahia Bounouar ancien journaliste algérien du Matin, Directeur de Radio Kalima Algérie (radio libre).
    Ils expliqueront comment,  confrontés aux mêmes tracasseries administratives et aux mêmes persécutions judiciaires, les journalistes du Maghreb ont choisi de faire bouger les lignes en s’attaquant à tous les tabous qui étouffent et obstruent l’avenir des sociétés de la rive sud de la Méditerranée.
    Malmenés par les assignations et les emprisonnements, soumis en permanence à la menace de la disparition de leurs journaux et parfois interdits d’exercer leur profession, les journalistes du Maghreb ont plus que jamais besoin du soutien et de la solidarité des opinions publiques internationales.
    En dénonçant les archaïsmes et les ambiguïtés des trois pouvoirs, en s’attaquant de front aux dérives immorales de la corruption institutionnalisée, en plaçant les droits de l’homme au cœur des débats politiques, les journalistes du Maghreb entendent exercer une pression inédite sur la gouvernance de leurs trois pays en offrant à leurs sociétés les espaces de liberté dont elles ont besoin.
    Une rencontre unique et exceptionnelle, au service de la liberté d'informer.

    L.M.

    Conférence de presse à 11 heures au Club. Entrée libre.
    Débat à 19 heures  au

  • A qui ont profité les massacres en Algérie ?

    A qui ont profité les massacres en Algérie ?

  • Operation Boudiaf


    Mohamed Boudiaf



    Après le coup d'état, les généraux putschistes voulaient trouver un moyen pour calmer les populations en colère contre l'arrêt du processus électoral d'une part, et éloigner l'armee de la façade du commandement de l'état d'autre part. Ils avaient tout intérêt a agir derrière un gouvernement pseudo-civil ,pour ne pas s'attirer les foudres des états occidentaux, qui bien soulages de ne pas voir le FIS au pouvoir, ne pouvaient cautionner directement une dictature militaire.

    Les généraux: Khaled Nezar, Abdelmalek Guenaizia, Mohamed Lamari, Mohamed Mediene, Mohamed Touati devaient trouver le plus vite possible un chef d'état sur mesure, un homme qui remplirait des conditions bien précises.
    Comme base de départ, un critère était déjà règle: "l'heureux" élu devait être un ancien moudjahid bien entendu avec un passe révolutionnaire irréprochable, une victime du régime de Chadli et même de Boumedienne si possible, et il devait être aussi loin de tout clivage politique. Les critères ainsi définis, peu de candidats pouvaient satisfaire le cahier de charge de chef d'état.C'est presque par hasard que le général Nezar évoqua le nom de Mohamed Boudiaf: un homme qui répondait a tous les critères et qui pesait lourd dans la balance. Mais un problème de taille se posait: Mr Boudiaf, voudrait-il de ce poste empoisonne alors qu'il avait abandonne la politique depuis bien longtemps et s'etait consacre principalement a ses affaires et a sa famille? C'est alors que les généraux déciderent de lui envoyer un de ses amis les plus proches pour lui faire la proposition et c'est Ali Haroun qui fut charge de cette délicate mission. Tout le monde( les generaux en question) au SG du MDN (secretariat general du ministere de la defense nationale) retint alors son souffle. Des plus aux moins tentes, tous espèrerent une réponse positive de la part de Boudiaf.

    Au Maroc les deux amis se rencontrerent chez Si Mohamed, et Ali Haroun révéla le but de sa visite avec beaucoup d'emotion. Boudiaf ému mais non surpris,  promit d'y réfléchir et de donner une réponse au plus vite. Apres la consultation de sa famille et d'un ancien ami médecin marocain, il finit par accepter, non pour la splendeur du poste mais parceque l'heure etait grave et la situation du pays presentee par Ali Haroun etait des plus catastrophique. Boudiaf  fit ses premiers contacts a partir du Maroc avec d'anciens membres du PRS, et  informa le roi Hassan II qui prit cette nouvelle comme un don du ciel, car la crise du sahara occidentale allait peut-etre ainsi  trouver une solution.

    Les putchistes d'Alger furent informés de la nouvelle par Ali Haroun,et crurent voir une solution a la crise constitutionnelle qui menacait meme leur devenir. La nouvelle fut rendue publique et les préparatifs commencerent pour accueillir l'enfant sauveur du pays. Il va sans dire que Paris fut informee de ce choix la nuit même ou il avait été décide de joindre Boudiaf, qui était bien connu des Français, car ancien adjudant de l'arme française, médaille militaire et croix de guerre. Que pouvait-on faire de mieux pour satisfaire les amis d'outre mer? La boucle était ainsi bouclée et la légalisation du nouveau commandement politique du pays était ainsi réussie. Nezar avait contribue personnellement a l'acceptation de Boudiaf a la tète de l'institution militaire, mais certains officiers supérieurs qui desavouaient ce choix avaient pris cette nouvelle donnée comme une insulte. Ils n'avaient pas oublie que cette figure de la révolution s'était rangée aux cotes du roi Hassan II lors de la marche verte, qui avait entraine une guerre fratricide ou des centaines de militaires Algeriens avaient trouve la mort, sans parler des disparus et des prisonniers.

    A 73 ans Boudiaf était loin de se douter qu'il allait enfin rentrer en Algérie avec le titre du plus haut magistrat, a qui on déroulerait le tapis rouge. Le fait qu'il soit reste longtemps éloigne de l'Algérie constituait pour lui un handicap majeur mais pour les vautours du MDN un avantage certain. Néanmoins une fois au palais de la présidence, Boudiaf se fit relativement vite a sa nouvelle vie, et commenca a découvrir les secrets d'un état en plein délabrement et sur tous les plans. Mais le pire de tout, c'est qu'il se trouva au seuil d'une guerre civile masquée par de faux rapports de sécurité (Il légalisa toutes les mesures securitaires décidées contre les sympathisants du FIS qui risquaient de mettre le devenir de l'Algerie dans le doute le plus absolu selon ces memes rapports). Il était complètement guide par les decideurs du MDN dont il approuvait toutes les décisions sans commentaires, du moins au début.

    Peu a peu Boudiaf commenca a prendre certaines libertés et a essayer de s'entourer de ses proches et placer ses amis fidèles a tous les niveaux. Le plus gros morceau restait tout de même l'armee dans laquelle il ne trouva que peu d'écho. Boudiaf se vit annuler plusieurs décrets ou nominations qu'il fit en faveur de certains officiers qu'il voulait autour de lui, et les prises de bec avec les hauts fonctionnaires du MDN furent fréquentes, car le MDN donnait très souvent des contre-ordres; et la marge de manoeuvre du président devenait de plus en plus étroite. Sous écoute permanente et surveille de très près: les contacts de Boudiaf etaient aussitôt identifies et neutralises "si nécessaire" par les tirailleurs du général Toufik.
    Ce n'est que tardivement que Boudiaf comprit que seule une assise populaire, légale et solide pouvait lui donner suffisamment de force mais surtout le pouvoir legal d'entreprendre tous les changements qu'il voyait nécessaires a la sortie de l'Algérie de sa crise. Mais bien entendu, ces changements n'étaient pas au goût des forces ténébreuses au sein du pouvoir. Ces mêmes forces qui  écrivirent les différents scénarios de la politique Algérienne au travers du temps,  avaient d'autres projets.
    Boudiaf fut mis en garde par de rares fidèles au pouvoir et son chef de cabinet était harcelé par les appels téléphoniques d'une part et par les envoyés du MDN d'autres part, qui venaient lui demander de calmer Si Mohamed, car celui-ci prenait trop souvent, des decisions sans revenir prealablement aux dirigents du MDN.

    Fort d'un caractère têtu, Boudiaf  surprit tout le monde en décidant de rejuger le général Belloucif ; il venait ainsi de lancer au barons d'Alger un défit des plus audacieux et ce apres des consultations secrètes avec Kasdi Merbah. Il faut dire a ce titre que les deux hommes se connaissaient bien et etaient du meme bord politique, et c'est la raison pour laquelle Kasdi Merbah  promit son soutien a cet homme qu'il respectait autant qu'il respectait Si Abdelhafid Boussouf. L'appui de Kasdi Merbah etait de taille, surtout qu'il etait (sans nul doute) l'un des rares hommes les mieux informes de la realite Algerienne; il connaissait a ce titre, les vrais ennemis au pouvoir, et pour les combattre il avait besoin d'un president comme Boudiaf pour le soutenir. Merbah fut loin dans ses contacts, meme aupres de Toufik, (cet ancien sous-lieutenant qui travaillait a la Securite de l'armee (SA) quand Merbah etait chef de la SM); il avait reussi a lui arracher une promesse d'aide (une impartialite des services face aux changements que le president voulait entreprendre) pour sortir le pays de la crise. Jouer double jeu pour Toufik etait une nécessite: son poste a l'époque était très prise par des jaloux redoutablement dangereux, et s'assurer des faits et gestes de Boudiaf lui donnait une longueur d'avance.

    Au moment ou l'affaire Belloucif était sur le point d'être rejugee, le général Toufik lanca en pâture a la presse nationale l'affaire Hadj Betou (déjà connu par les services de sécurité pour ses trafics avec les pays du sud depuis bien longtemps) pour faire diversion, mais Hadj Betou n'était en fait qu'un maillon d'une chaîne qui remontait jusqu'au general Larbi Belkheir .
    La réouverture de l'affaire Belloucif avec ses différentes extensions allait amener a la barre: Chadli Bendjedid, Larbi Belkheir et bien d'autres âmes de l'ombre qui étaient encore plus coupables que Belloucif. Si juger Belloucif pour un détournement dont le montant était banal en apparence (par rapport au détournements des autres), cela allait entraîner aussi le jugement de Chadli et surtout de Larbi Belkheir pour haute trahison vu la vraie nature des faits lies a cette affaire. En realite tout avait commence par un projet de couverture radar de tout le territoire Algérien présente par Larbi Belkheir pour le compte du gouvernement Français. Le projet avait été refuse par Mustapha Belloucif alors secrétaire général du MDN et aussi par bon nombre d'officiers superieurs, a cause de son coût prohibitif (le montant total de l'époque dépassait les 4 milliards de francs nouveaux), ce contrat était surtout lourd de conséquences pour le développement du pays et allait aussi mettre tout le système de défense aérienne sous tutelle Française, c'etait la raison pour laquelle Beloucif avait refuse de l'adopter malgré les grandes pressions exercees par Larbi Belkheir et Chadli pour la signature de ce projet (Comble du destin, le general corps d'armee Mohamed Lamari  signa un contrat similaire en 1995, avec le gouvernement Francais biensur, sauf que cette fois-ci la facture etait plus lourde).

    Suite a son refus, Belloucif fut officiellement limoge par Chadli pour corruption et mauvaise gestion. Les preuves de son inculpation furent offert a Larbi Belkheir par ses amis Francais (détails du compte bancaire parisien de Belloucif, des vidéos comprometantes le montrant avec des agents féminins des services Français d'origine libanaise et autres détails sur le fonctionnement d'une fameuse clinique a Neuilly de laquelle il tirait de grands bénéfices). Face a cette politique de la compromission et du deshonneur Belloucif ne pouvait rien faire pour se defendre et devait encaisser sans pouvoir riposter. En realite Belloucif a ete descendu par les services Français. Paris ne voulait surtout pas de ce procès qui allait mettre a nue les relations qu'entretenait Larbi Belkheir avec les autorites Francaises pendant son exercice de la fonction de chef de cabinet du president Chadli (Jacques Attali: intime du président Français de l'époque François Mitterand etait le contact direct de Belkheir et son guide en matiere de politique Francaise en Algerie) et Boudiaf dans sa grande naïveté n'était pas au courant des tenants et aboutissants de cette affaire qu'il tenait tellement a déterrer et a rendre publique dans ses moindres détails.

    Des fautes, Boudiaf en avait commis, mais bien des fois, il n'avait guerre le choix. "L'Algérie avant tout" était son principe et son symbole, mais ce n'était certainement pas celui des décideurs en Algérie. La rue Algérienne demandait des comptes et réclamait encore justice pour les victimes d'octobre 88; Boudiaf le savait et c'est cette justice qui était finalement le luxe le plus difficile a obtenir. Mais Boudiaf ne désarmait pas; il chargea des proches qui partageaient ses idées d'une mission "impossible": metttre un plan pour nettoyer le pouvoir de toutes les personnes corrompus et juger les coupables publiquement, et ce fut encore une fois grace a l'aide de Kasdi Merbah qui avait presente a Boudiaf un dossier faramineux de plus de trois cents pages sur les activites de certains elements au pouvoir que cela allait pouvoir se realiser. Merbah avait meme recommande certains officiers du service pour entreprendre cette grande operation de nettoyage. Boudiaf avait pu ainsi choisir comme chef de mission un officier supérieur des services de la DRS, (un proche de Merbah, ami personnel du général Saidi Fodil et un révolutionnaire de la premiere heure), cette personne etait en l'occurrence le colonel Mourad, célèbre dans le milieu de la DRS pour le traitement des affaires les plus sensibles du service.

    Le colonel Mourad présenta au président un rapport préliminaire donnant un aperçu de l'étendu des dégâts de la corruption et de l'influence de la mafia "politico-financiere" en Algérie et un complement d'informations au dossier de Merbah en plus d'un plan d'action detaille auquel devait s'ajouter les preuves detenues par Merbah (amassees au cours de ses dix huit annees de service). Boudiaf avait ainsi des noms et savait pertinemment que le salut de l'Algérie ne pouvait venir qu'en montrant du doigt les vrais responsables du mal Algérien afin de rétablir cette confiance  perdue entre le peuple et ses gouverneurs. Mais cela se devait d'être fait dans les règles, c'est a dire par les moyens que lui offrait la loi et la constitution, il ne voulait surtout pas recourir aux méthodes basses.
    Sachant que les personnes mises en cause possédaient des comptes bien garnis a l'etranger surtout en Suisse et en France particulièrement ou l'argent partait dans des circuits de blanchiment et se transformait en biens immobiliers essentiellement. Le montant approximatif de cet argent était faramineux (environ 65 milliards de dollars s'etaient évapores en 12 ans, avec les prèts bancaires ajoutes).

    Le colonel Mourad fut charge par Boudiaf de faire des investigations sur ces detournements et voir la possibilité de récupérer au moins une partie de cette argent. Le président Boudiaf ne s'etait pas empêche de contacter directement le premier ministre Français de l'époque "Monsieur Pierre BÉRÉGOVOY", et de lui demander personnellement son appui pour mettre la lumière sur les agissements de certains responsables Algériens en France. Il obtint des assurances de monsieur Pierre BÉRÉGOVOY renomme pour son sens de l'honneur dans le milieu politique Français.
    Quelques jours plus tard, apres que Khaled Nezar eu accepte difficilement de signer leurs ordres de mission, le colonel Mourad et trois de ses collaborateurs se rendirent a Paris. Ils furent reçus par leurs homologues a Matignon, et le but du voyage était d'avoir des détails sur les comptes bancaires de certains hauts fonctionnaires Algériens comme: Larbi Belkheir, Nourdine Benkourtbi, Mohamed Atailia, Cherif Ouadani, Khaled Nezar, Moustapha Belloucif et bien d'autres. Il va sans dire que des deux cotes de la Méditerranée des hommes bien places avaient tire toutes les sonnettes d'alarme.

    A Alger, Larbi Belkheir et d'autres mis en cause par les démarches de Boudiaf deciderent d'opter pour la solution radicale lorsqu'ils apprirent le declenchement de cette operation de purification.
    Le voyage du colonel Mourad et de ses collaborateurs était biensur un échec, le refus de la justice française d'accorder une levée sur la confidentialité des comptes bancaires des mis en causes était sans appel. Une semaine apres le retour du colonel Mourad a Alger, il fut retrouve mort a Bachdjarah avec trois balles dans le cou. C'etait biensur les terroristes qui l'avait abattu, (version officielle); des trois autres militaires qui l'avaient accompagne a Paris (deux capitaines et un lieutenant) aucun ne survecut: ils furent tous abattus par des terroristes dans la quinzaine qui suivit. Il eurent quand même droit aux honneurs militaires.
    Boudiaf était hors de lui lorsqu'il apprit la mort du colonel Mourad, il  finit par comprendre a qui il avait affaire; ce qui le décida a laisser tomber ce poste maudit et a rentrer chez lui au Maroc sans dire a personne. Ce fut la premiere fois qu'un president Algerien abandonne son poste au milieu de la nuit.

    Quelques semaines avant le meurtre du président, le secrétariat du ministre de la défense nationale etait en ébullition, et les contacts entre les différents chefs s'etaient intensifies. Nezar et Toufik ne se quittaient plus et la signature par Nezar de l'ordre de mission du colonel Mourad en partance pour Paris avait tout accélére. Boudiaf avait donne trop de coups dans la fourmilière de la mafia Algérienne et beaucoup de tètes allaient tomber si les mesures qu'il avait pris seraient mises en exécution.
    Au début du mois de juin 92, lors d'une réunion nocturne des généraux Khaled Nezar, Toufik et Larbi Belkheir a sidi Fredj (centre familial militaire), l'option de la liquidation physique du president se posa comme la seule solution au problème Boudiaf, surtout que ce dernier venait juste de revenir du Maroc apres l'abandon de son poste de président qu'il ne réintègra qu'après le voyage de plusieurs responsables (dont le général M.Touati)  pour le persuader de continuer a servir son pays.

    Une semaine avant le meurtre du president Boudiaf, tous les dossiers qu'il avait constitue furent derobes durant la nuit, de son bureau a la presidence. Il savait a ce moment que les gens qu'il tentait d'ecarter allaient tout faire pour echapper encore une fois a la justice. Le jour meme ou Boudiaf etait a Annaba pour sa visite "finale", Larbi Belkheir accompagne de son jeune frere Abdelkader força l'entree pour se rendre au bureau du president, emportant a la sortie avec lui une autre quantite de documents.

    L'heure etait grave et le temps pressait; il fallait tout faire pour arrêter Boudiaf qui tentait de prendre de court  le camp adverse. C'est avec la collaboration du general Smain Lamari (colonel a l'epoque): sous directeur de la DRS et chef de la sécurité intérieure que Toufik mit les premières ébauches de la liquidation du président. Le scénario islamiste ne fut pas retenu pour des raisons de confidentialité; en effet l'utilisation d'agents islamistes n'aurait pas pu garantir une discrétion absolue de l'opération et le résultat aurait ete d'autant moins incertain face a l'efficacite des éléments du SSP (service de la securite presidentielle) et du GIS (groupe d'intervention speciale). La seule manière qui pouvait donner un résultat fiable c'etait celle d'une opération montee de l'intérieur: un tireur isole qui agirait de son propre chef (pour une raison ou une autre), ils  pourraient dire a la limite que l'assassin etait un déséquilibré mental et  ainsi classer l'affaire  avec un minimum de risque pris et un maximum de chance de succès.

    Ce fut le scénario de Smain Lamari qui prit forme peu a peu apres la bénédiction de Toufik, Nezar et Belkheir. L'escadron de la mort sous tutelle de Smain (cellule fantôme crée par Belkheir et Toufik, dirigee par Smain et composee d'elements du service operationnel tries sur le volet) eut la tache facile pour liquider tous les témoins et les éléments gênants du réseau Boudiaf. Même si la liste etait longue Smain prit un malin plaisir a liquider ses adversaires et les gens qui en savaient long, sans qu'aucun ne soit epargne.

    Le plan détaillé de l'assassinat de Boudiaf ne fut connu qu'après son exécution et ce par les quelques membres des services de sécurité, qui avaient côtoye Boumaarafi durant les premiers jours qui suivirent le drame. Et Boumarafi etait pendant ce temps, inquiet et surtout soucieux de transmettre son horrible secret a qui de droit.
    Le choix par Smain Lamari du sous-lieutenant Boumaarafi n'etait pas par hasard, il avait déjà remarque la froideur de cet élément et sa discrétion lors de précédentes opérations. Le colonel Smain, a l'époque: chef de l'opérationnel etait a ce titre  apte a juger qui etait le plus capable. Ce fut a Antar (Le centre opérationnel fétiche de Smain) que le colonel Smain donna a Boumarrafi les premières directives de l'opération sans citer la cible, l'incitant a rejoindre l'escadron de la mort pour purifier la patrie des traîtres qui voulaient détruire et vendre tout le pays. Il y va sans dire que les promesses de promotion et de soin  eurent un écho chez Boumaarafi. Avoir quelqu'un qui protège son dos est très important dans l'armee si on veut aller loin dans la hiérarchie, c'etait ce dont Boumaarafi avait besoin. Apres une série de rencontres, Boumaarafi était enfin prêt pour le jour "J". Il avoua apres son acte qu'après avoir pris connaissance de l'identité de l'homme qu'il devait abattre il ne pouvait plus sortir vivant du bureau de Smain s'il refusait la mission.

    La veille de l'opération un problème de dernière minute allait presque tout gâcher; le commandant Hamou (chef du GIS) n'avait pas designe le sous-lieutenant Boumaarafi pour la mission de Annaba. Le commandant du GIS ne supportait pas le sous-lieutenant Boumarafi qu'il tenait en partie responsable de la mort de son ami et ex-commandant du GIS en l'occurrence le commandant Abderrahmane (Lors d'une opération anti-terroriste au Telemley: le commandant Abdelrahmane et le sous-lieutenant Tarek, tout deux du GIS avaient ete tue sur place alors qu'ils essayaient de pénétrer une habitation. Boumarafi était sensé les couvrir, mais ils furent surpris par une pluie de rafale de klachinkove et même les gilets pare-balles qu'ils portaient ne leurs furent  d'aucun secours).
    Le colonel Smain mis au courant des partants pour Annaba appella Hamou pour lui ordonner d'émettre un ordre de mission individuel a Boumaarafi pour qu'il puisse faire partie de la mission. Hamou émit des réserves quant a l'efficacité de cet élément mais il finit par céder devant la persistance de son chef.

    L'équipe du GIS qui devait assister le SSP s'etait rendu sur les lieux par route un jour avant la visite du président pour affiner les mesures de sécurité. Le jour d'arrivée du président a Annaba, les éléments du GIS étaient en complète intégration avec ceux du SSP, c'est a dire qu'ils n'avaient aucune restriction de périmètre de sécurité. La raison etait très simple d'un point de vue professionnel: les éléments des deux corps étaient très entraînes et ceux du GIS particulierement, ils se connaissaient très bien et changeaient de mutation entre les deux corps au gré des chefs. Donc la finale de tout cela cetait qu'aucun element des deux corps n'aurait pu douter de l'intégrité d'un autre élément dans l'équipe de protection .

    Lorsque le président arriva a la maison des jeunes qu'il devait inaugurer, certains des éléments du GIS étaient derrière le rideau de la salle et une partie en dehors: couvrant la sécurité extérieure de l'arrière de la salle qui donnait sur une cite non loin de la maison des jeunes. Boumaraafi etait vêtu de la tenue d'intervention nouvellement reçue par les éléments du GIS (une tenue impressionnante de couleur bleue marine; des témoins confondront plus tard Boumaarafi au éléments d'intervention de la police a cause de cette tenue); avant l'arrivee du président, il se dressait dans l'arrière cour mais rentrait et resortait de la salle ou il faisait plus agréable en cette matinée de la fin du mois de juin.

    Tout se passait comme prévu et le président donnait un discours important visant a sensibiliser la population de l'est Algérien et a promouvoir son mouvement dont le symbole était "l'Algérie avant tout", toute la scene était biensur télédiffusee en direct sur tout le territoire. Derrière le rideau, les éléments de la protection rapprochée du président et des éléments du GIS discutaient a voix basse tandis que le chef du SSP: le commandant Hadjres etait entrain de discuter, tout en prenant une cigarette, avec le Commandant Hamou, le capitaine Zaidi sous-directeur du SSP, le capitaine Sadek responsable de la formation au SSP et le lieutenant Torki chef de mission de l'équipe du GIS. A l'entree de la porte arrière se tenait le lieutenant Yacine adjoint chef de mission du GIS et dans l'arrière cour devait se trouver le sous-lieutenant Boumaarafi assurant la sécurité.



     

    Mohamed Boudiaf 2



    A un moment ou toute l'attention du publique etait portée sur le discours du vieux révolutionnaire, une première  petite explosion  retentit dans la salle, precede d'un bruit de roulement. Boumaarafi venait de dégoupiller sa grenade et de la faire rouler sous le rideau; il surgit au meme moment  tirant une première rafale qui fit diversion dans le milieu du système de protection. .Les éléments du SSP et du GIS avaient cru a une attaque extérieure en voyant Boumaarafi tirer, mais celui-ci pointa son pistole mitrailleur (Berretta de calibre 9mm, parabellum: une arme très redoutable) a bout portant vers la tète du président Boudiaf, tirant une longue rafale. Tout le monde etait pris de panique et les éléments du SSP commencerent a tirer vers le rideau causant même des blesses parmi l'équipe elle même. La seule image que tout le monde avait retenu fut la fuite de Boumaarafi vers la porte arrière ou se trouvait le lieutenant Yacine sans même que ce dernier comprenne ce qui se passait. Le peuple Algérien venait de suivre en direct la liquidation de son président; on avait de la  peine a croire que cela se passait en Algérie. Une fois dans l'arrière cour Boumaarafi enjamba en toute hâte un mur de presque deux mètre de haut; seuls quelques policiers au loin et quelques passant avaient pu voir cette scène. Il se dirigea ensuite vers l'immeuble le plus proche et au res-de-chaussee il frappa au premier appartement qu'il trouva; une jeune femme lui ouvrit la porte sans doute impressionnee par la tenue et l'arme de Boumaarafi croyant a une décente de police. La seule chose que Boumaarafi  demanda fut d'appeler la police et de lui demander de venir en disant que le tueur du président voulait se rendre. La police contactee s'etait rendue assez vite a l'adresse indiquee. Les chefs du GIS et du SSP furent prévenus par le chef de la sûreté de la willaya, de l'arrestation de Boumaarafi qui s'etait rendu sans résistance. Au meme moment et dans une confusion totale, le président etait conduit dans une ambulance mal équipee et sans médecin vers un hôpital qu'on arrivait même pas a trouver. Le président etait très gravement touche et la mort fut presque instantanée: une décérébration aigue fut causée par les nombreuses balles qui avaient touche son cerveau.


     

    Mohamed Boudiaf 3




    A Alger le colonel Smain suivait biensur le deroulement de l'opération en direct sur la télévision et des les premiers instants de l'attentat il appella le GLAM (Groupe de Liaison Aérienne Ministériel) pou lui préparer d'urgence un appareil , puis il prit contact avec Mohammed Ouadeh (chef de la police nationale) et lui  demanda de le rejoindre ainsi qu'une équipe de Antar.


     

    Mohamed Boudiaf 4Mohamed Boudiaf 4


    L'equipe de la protection presidentielle (SSP et GIS) etait deprimee et inquiete mais des que la mort du president fut confirmee, tout le monde se trouva sous le choc; ils n'arrivaient plus a comprendre comment ni pourquoi cela s'etait-il passe. Réunie dans cette même salle, toute l'équipe vit arriver quelques heures plus tard le colonel Smain, Mohamed Ouadeh et quelques visages familiers; Smain s'entretint avec les chefs du GIS et du SSP pendant quelques instants, ensuite il  revint vers les elements de l'équipe pour leurs demander de leurs nouvelles. Il essaya de les rassurer avec ces mots: ''ne vous en faites pas; c'est un acte isole; ce n'est pas de votre faute, vous ne pouviez de toute façon rien faire devant ce fou et perdre un président est même arrive aux Américains''. Ils leurs donna ensuite  l'ordre de rentrer sur Alger. Puis Smain accompagne de Hadjres, Hamou et Ouadeh se rendirent a la sûreté de la wilaya ou Boumaarafi etait detenu; ce dernier avait-il a peine vu le colonel Smain Lamari qu'il sauta de sa chaise et  cria: "tu est venu espèce de salaud; tu es content comme ca (Djite ya ouahad achemata, rak farhan hakda)", l'atmosphère etait lourde et Smain  donna des instructions au éléments qui l'accompagnaient pour qu'il le transfert vers l'avion. le président fut entre temps rapatrie vers l'hôpital Ain Nadja (HCA) a Alger ou le médecin commandant Brixi: chef du service médecine légale  donna la version officielle de l'origine du décès.

     

    Mohamed Boudiaf 6
    L'Hopital Militaire HCA


    Presque en même temps le colonel Smain accompagnait Boumaarafi au service des urgences du HCA ou le médecin colonel Koutchoukali: chef du service psychiatrique examina Boumaarafi et lui administra une injection de calmant. Boumaarafi ne se laissait pas faire, il criait de toutes ses forces:"vous voulez me tuer, vous voulez me faire taire" et insultait Smain de tous les noms possibles. Une fois Boumaarafi presque endormi il fut conduit a la prison du quartier général pour sa première nuit en prison.

    La commission nationale d'enquête fut installée le 04/07/92 en toute hâte par le HCE, elle était composée de personnalites tries sur le volet par les generaux concernes. Elle etait composee de MM.Belhocine Mabrouk, Ahmed Bouchaib, M'hamed Ferhat, Youcef Fathallah, Kamel Rezag Bara et Allel Thaaliby.
    A l'issue de la première réunion de cette commission, Ahmed Bouchaib (ami intime de Boudiaf et ex-membre des vingt-deux en 1954) fut nomme: président et Kamel Rezag Bara: rapporteur.
    La commission en elle même avait peu de pouvoir mais par souci de transparence "fictive" et d'impartialité, elle avait fini (apres plusieurs rencontres avec les différents acteurs de l'assassinat du président Boudiaf) par présenter son rapport au HCE. Le rapport en lui même était très maigre et ne présentait ni une enquête judiciaire, ni un avis d'experts (vu l'inaptitude de ses membres) sur le meurtre du président. Le seul objectif de cette commission était de designer officiellement les boucs-emissaires a qui les vrais coupables voulaient faire endosser le crime. Le temps était un facteur déterminant qui jouait en défaveur des vrais commanditaires de l'assassinat; et la désignation de cette commission allait aider a apaiser les esprits choques par cette liquidation en direct.

    Des les premières heures de l'installation de cette commission, des pressions étaient exercees par Larbi Belkheir et Smain lamari pour designer Rezag Bara comme rapporteur. Ce dernier avait longtemps fait partie des agents les plus fidèles au service de la"DRS". C'est ainsi que le travail de la commission fut téléguide depuis le début, la poussant a mettre le point sur certains détails et non sur d'autres. Comme par exemple: la fausse lettre trouve chez Boumaarafi; son lien avec le courant islamiste; la responsabilité des éléments du GIS que Toufik venait tout juste de verser au SSP pour renfort (Il faut souligner le fait qu'a l'époque, les éléments d'élite de la protection presidentielle avaient été affectes a la protection exclusive des généraux putschistes). Mais la commission avait sciemment omis de mettre en cause Toufik, Smain Lamari ainsi que Larbi Belkheir, alors qu'ils étaient théoriquement les premiers responsables de ce qui venait d'arriver au président.

    A l'intérieur de la commission d'enquête il y'avait bien des distorsions et des différends profonds pour la nomination des vrais coupables. Les differents membres avaient tous cede aux pressions et aux intimidations des generaux, sauf Youssef Fathallah qui refusa jusqu'à la dernière minute de signer le rapport final, dans lequel il voulait inclure la responsabilité des dirigeants des corps de sécurité et a demander leurs démissions comme concequence logique au drame. Kamel Rezag Bara, biensur, ne manqua pas de rapporter les plus petits détails a ses chefs de la DRS. Il joua ainsi un rôle tres important dans le meurtre de youssef Fathallah (dans son bureau de la place Emir Abdelkader) un ans et demi plus tard, lorsque ce dernier commenca a écrire son propre rapport sur l'affaire Boudiaf.

    Un probleme se posa quant a l'instruction de cette affaire, et le juge d'instruction de Annaba  declara l'incompetence de la juridiction civile face a ce dossier qui etait normalement du ressort militaire. Mais le directeur central de la justice militaire de l'epoque Mohamed Elallem (apres avoir recu des ordres du general Khaled Nezar)  declara a la presse que cette affaire etait du ressort de la juridiction civile. Presque un mois apres le meurtre du president, la chambre d'accusation du tribunal de Annaba  decida que le tribunal de Annaba etait territorialement competent, cette decision etait basee sur l'article 40 du code penale.
    En fait les generaux qui avait planifie cet assassinat s'etaient vite appercus qu'il fallait a tout prix laisser la justice civile s'occuper de cette affaire par souci de transparence vis a vis du peuple qui sentait le complot d'une part, et des instances internationales d'autres part; mais plus important encore: des voix s'etaient levees et la rue accusait deja le general Larbi Belkheir qu'elle  designait comme le premier responsable du meurtre, ce qui l'avait pousse "alors ministre de l'interieur" a declarer a la presse nationale: "ni le ministre de l'interieur, ni son ministere ne peuvaient etre mis en cause dans les evenements tragiques de Annaba qui couterent la vie au president ". Une vraie course contre la montre s'etait engagee face aux Algeriens qui denoncaient le complot de la sphere politico-financiere contre un des symboles de la revolution mais plus simplement contre l'espoir d'un peuple en deperdition.

    Le procureur general du parquet de Annaba: Mohamed Tighramt, charge officiellement d'instruire ce dossier ordonna la poursuite de l'enquete par les officiers de la police judiciere de la gendarmerie nationale et la reconstitution des fait fut fixee pour la premiere semaine du mois d'aout 92. Les equipes du SSP et du GIS (munis comme d'habitude de leurs armes) se rendirent le samedi matin de la premiere semaine d'aout a Annaba, Boumaarafi fut conduit par avion quelques jours plutot. La reconstitution se deroula en presence des officiers de la gendarmerie nationale ainsi que plusieures autres personnalites en plus du juge d'instruction , mais la surprise vint a la fin de la reconstitution qui avait dure plus de cinq heures, lorsque le juge annonca l'arrestation des membres du SSP et du GIS. La surprise etait de taille et les membres des services de securite refuserent de rendre leurs armes aux gendarmes. A un moment donne un membre du GIS braqua son pistole mitrailleur Berretta contre les gendarmes qui essayerent de desarmer le commandant Hamou: chef du GIS, furieux apres ce qu'il venait d'entendre de la part du juge. Le commandant Hadjeres demanda a passer un coup de fil a la direction (DRS); de sa communication avec le general Toufik il n'eut que des insultes et un ordre de se plier a la loi; un language nouveau que le commandant du SSP n'avait jamais entendu de sa vie. Devant l'insistance des commandants Hadjeres et Hamou les elements officiers et sous officiers qui les accompagnaient rendirent leurs armes aux gendarmes et se constituerent prisonniers. Il furent conduits menotes aux mains vers le poste de gendarmerie ou ils passerent plus d'une semaine. Les officiers  furent places dans une meme grande cellule avec rien d'autre que le slip sur le corps. Apres l'altercation des membres de la DRS avec les gendarmes,  ces derniers se vengerent  surtout qu'ils avaient recu le support du chef de la gendarmerie ( le general Benabbes Gheziel) qui avait ete ecarte du sommet des decisions.

    Au total, deux officiers superieurs (le commandant Hadjeres: chef du SSP et le commandant Hamou: chef du GIS), trois officiers subalternes (le capitaine Zaidi: Adjoint chef du SSP, le lieutenant Torki: Chef de groupe et le lieutenant Yacine: adjoint chef de groupe) et dix huit autres sous-officiers en plus du prevenu principal: Boumaarafi allaient etre inculpes pour assassinat et plusieure autres chefs d'inculpations passibles de la peine capitale.
    Dans les coulisses du ministere de la defense nationale et apres les menaces de Larbi Belkheir, les generaux Khaled Nezar, Toufik (Mohamed Mediene), et le colonel Smain Lamari avaient pris une decision lourde de consequences et qui allait troubler toute la classe militaire surtout les services de securite: les membres des services qui etaient en mission a Annaba allaient etre sacriffies. Quand les familles des officiers rencontrerent le general Toufik, ce dernier n'avait trouve que des reponses evasives aux nombreuses questions qui lui avaient ete pose; "cela fait partie du travail, mais de toute facon ils continueront a recevoir normalement leurs soldes ". La declaration la plus incroyable vint du colonel Smain qui dit cyniquement a des officiers inquiets pour le sort de leurs collegues, "c'est eux ou vos chefs; que choisissez vous?".
    L'instruction de l'affaire  traina a Annaba et pour noyer l'instruction du dossier  les generaux deciderent de le transferer a Alger. Le juge charge de l'instruction  Annaba prit tres mal la decision et  demissionna de son poste, il fut oblige de revenir sur sa decision sous peine de represailles. Mohamed Tighramt n'avait pas  le choix, craignant pour sa vie, il n'hesita nullement a publier un dementi concernant sa demission qui avait deja ete annonce par la presse et la television.

    A Alger ce fut le procureur general du tribunal d'Alger: Abdelmalek Sayeh un ancien agent des services (agent exclusivement dirige par Smain Lamari qui l'avait recrute des annees auparavant quand Sayeh etait a l'ecole des juges) et ex juge de la court de la surete de l'etat de Medea. Mohamed Saada: un juge de seconde classe mais connu pour son honnetete, fut charge d'assister Sayeh afin d'etouffer le manque de rigueur de Sayeh. Sayeh Abdelmalek et Kamel Rezag Bara avaient pratiquement sauve l'avenir de leurs officiers manipulateurs (Toufik et Smain), et ils furent largement recompenses pour cela.
    Les prevenus (officiers et sous-officiers arretes a Annaba) furent transferes avec leurs dossiers par Avion sur Alger, quand ils  arriverent a l'aeroport militaire de Boufarik ( Sous une escorte impressionnante de gendarmes) ils furent decendus de l'hercule qui les transportait mains et pieds enchaines, les employes de l'aeroport eurent de la  peine a croire l'etat dans lequel se trouvaient les detenus. Avec Boumaarafi, les detenus furent transferes a la fameuse prison civile de Serkadji "Barberousse". Sauf que Boumaarafi fut place en isolement et sous surveillance video permanente. Le destin fit  que le commandant Hamou retrouva Abdelkader Hachani dans la prison de Serkadji, un des leaders du FIS qu'il avait arrete quelques temps auparavant.

    En tout, cinq officiers dont deux au grade suprerieur et dix huits sous-officiers dont certains avec plus de vingt ans d'experience furent sacrifies pour les besions du senario de transparence que les vrais commanditaires avaient ecrit. Les parents des officiers  engagerent des avocats pour soutenir les inculpes suite au silence des chefs qui ne voulaient plus les recevoir et du climat de trahision qui regnait. Lorsque Kasdi Merbah  apprit que les sous-officiers ne pouvaient pas se payer des avocats, il  chargea son propre avocat (et celui de son parti "MAJD") pour les defendre, ce qui n'etait pas une bonne nouvelle pour Toufik . Outre la mise a l'ombre des elements responsables de la securite du president, Toufik decida la mise sous scelles de la video qui fut enregistree avec Boumaarafi; les conditions d'enregistrement avaient ete tres tendu et Boumaarafi ne voulait absolument pas cooperer et ne cessait de faire des commentaires quant au conditions de sa detention et de ses craintes d'etre assassiner pour qu'il se taise. Ce ne fut qu'apres avoir recu de force, une injection de calmant qu'il se rendit a la salle d'enregistrement. La séance  fut une vraie catastrophe, les reponses de Boumaarafi aux questions que lui posait un officier derriere la camera etaient sans aucun sens, la majorite de ses dires etaient des insultes envers les commanditaires et des commentaires sur l'etat du pays. A la question:" avez vous des relations avec les islamistes du FIS?" il repondit: "ce n'est pas des barbus avec des djelabas qui oseront faire ce que j'ai fait".

    L'instruction de l'affaire Boudiaf fut tres mal faite et l'agent Sayeh Abdelmalek (actuellement recompense pour sa loyaute par un poste de consul en tunsie) fit tout pour noyer les indices qui remontaient jusqu'aux generaux commanditaires du meurtre. Jamais un agent des services n'eut un tel pouvoir et autant d'avantages; en plus des gardes du corps fournis par le service operationnel de ANTAR et un challet au club des pins, ce fut l'un des rares civils a avoir eu droit a une voiture blindee coutant les yeux de la tete au contribuable. Quand le parent d'un des officiers inculpes essaya d'intervenir et ss plaigna des depassements de Sayeh (aupres de son ami le ministre de la justice de l'epoque: Mahi Bahi) il recut des garanties personnelles pour que le dossier soit tranfere a un autre juge.Le ministre Mahi Bahi tint sa promesse et convoqua Sayeh, mais lors de l'entrevue entre les deux hommes, ce fut Mahi Bahi qui le plus ecouta les insultes de Sayeh apres que le ministre de la justice lui eu avoue son intention de le desaisir du dossier qui devait selon le ministre etre entre les mains de plusieures juges et non d'un seul.Sayeh Abdelmalek ne perdit pas  de temps et se rendit directement a Ghermoul ( Siege de la direction du contre espionnage: DCE) au bureau du colonel Smain lamari. Un seul coup de telephone de la part de Smain regla le probleme. Le meme jour au journal de vingt heures, la demission du ministre de la justice  fut annoncee, a la surprise du ministre lui meme.

    Une question posee par la commission d'enquete a Boumaarafi restait sans reponse: "pourquoi n'etes vous pas reste sur les lieux du crime apres votre acte, et pourquoi vous etes vous rendu dix minute apres au service de police''? Ce n'est pas Boumaarafi qui apporta la reponse a cette question, mais un de ses collegue du GIS " le sergent chef Kamel Aidoun". Ce sergent chef etait un des premiers elements du GIS et avait fait partie de l'equipe qui avait assure la securite du president a Annaba. Il  deserta de sa caserne du GIS a la fin de l'anne 1993, et ses raisons etaient plus que  justifiees; Smain Lamari voulait a tout prix sa peau comme il avait eu celle d'un autre sous-officier quelques mois auparavant, pour la simple raison que Kamal Aidoun avait faillit a sa mission a Annaba. Sa mission etait claire et les ordres qu'il avait recu une semaine avant le drame venaient directement de Smain Lamari qui lui avait dit: "suite a des soupcons qui entourent la loyaute de Boumaarafi, tu as carte blanche pour le liquider a la moindre faute".

    Sans trop savoir pourquoi  Kamel Aidoun s'etait trouve mal a l'aise apres avoir eu ces instructions et ce n'est qu'apres l'assassinat de Boudiaf qu'il  comprit; mais  le plus grave pour lui etait qu' il n'avait pas obeit a Smain. Pour plus de securite un autre sous-officier avait ete charge de la meme mission mais cet element "Algerois d'origine" avait mis son frere dans la confidence quelques jours apres le meurtre du president en lui disant: "je comprend maintenant pourquoi le vieux loup (qualificatif de Smain au sein du service) m'a demande de descendre Boumaarafi a Annaba''. Ce sous-officier  fut arrete par le commandant du centre ANTAR (a l'epoque: le commandant Farid) et torture pour un lien fictif avec un groupe terroriste, et son frere un peu plus tard  connut le meme sort mais la secret etait deja divulgue.

    C'etait pourquoi Kamel Aidoun avait deserte apres avoir confirme a des proches qu'il avait recu les memes ordres, mais ne pouvait tuer un collegue. L'echappee de Kamel fut de courte duree et Smain  mobilisa toutes les forces operationnelles pour retrouver ce specialiste des explosifs qui avait tourne la veste. Kamel fut abattu par des elements de l'intervention de la police nationale et son arme (Berretta 92F) fut reversee au GIS chargeur plein.
    Boumaarafi avait raison de se mefier de Smain, et c'est la raison pour laquelle il s'etait rendu a la police plutot qu'a ses collegues.

    Le bilan de l'operation Boudiaf fut lourd en vies humaines: plus d'une vingtaine de personnes au total furent liquides suite aux ordres de Smain ou Toufik pour proteger le grand secret, sans oublier l'assassinat de Kasdi Merbah qui avait decide de rendre publique les raisons de l'assassinat de Boudiaf. Meme Zeroual (alors ministre de la defense) n'avait pas reussi a le calmer et a le persuader de rendre les dossiers qu'il avait en sa possession et ce deux semaines avant sa liquidation. Le chef du bureau securite a l'ambassade d'Algerie en Suisse (le commandant Samir) recupera les dossiers en question rendus a la DRS par un parent du defunt Merbah.
    Il va sans dire que le massacre de Serkadji (qui avait coute la vie a pres de deux cents personnes) en fevrier 1995 etait directement lie a la volonte d'etouffer l'une des derniere preuve de l'implication flagrante de Nezar, Belkheir, Toufik et Smain dans le meurtre d'un des symboles de la revolution.

    Condamne en Juin 1995 a la peine capitale Lembarek Boumaarafi est actuellement incarcere a la prison militaire de Blida. L'execution de sa peine  est suspendue pour le moment.

     

    Mohamed Boudiaf 7

    Nous presentons nos condoleances aux familles de toutes les victimes de cette affaire qui reste une des plus noire que le service ait jamais connu. Pendant ce temps les vrais commanditaires du meurtre de Boudiaf (Khaled Nezar, Larbi Belkheir, Mohamed Mediene, et Smain Lamari et Mohamed Lamari par la suite) continuent d'assassiner tout un peuple.

     

  • Le peuple contre les généraux

     

    Les émeutes s’étendent à l’Ouest de l’Algérie
    Le peuple contre les généraux

    L'incendie gagne l'ouest du pays. Les comités de villages essaient d’identifier les éléments louches qui tentent de profiter de la situation pour nuire à l’image de ceux qui manifestent pour la démocratie et la liberté d’expression. Le pouvoir veut faire d'eux des pillards et des vandales vendus à l'étranger. Le divorce entre le peuple et le pouvoir est consommé.
    Les Algériens sont déterminés et prêts à tous les sacrifices. Le président pérore.

    Par Amale Samie

     

     

    La révolte se propage et touche d’autres régions du pays. Y compris à l'ouest, Relizane est en ébullition et Chlef a connu ses premières émeutes le 20 juin.
    Tout l'est de l'Algérie brûle. Le président Bouteflika, impavide, feint de croire que ce sont là de regrettables événements qu'il faut vite oublier et il s'arroge sans broncher le titre de sauveur: “Je suis là, je reste selon la volonté du peuple algérien qui m'a élu''. Les Algériens savent à quoi s'en tenir à ce sujet et tout cela apparaît dérisoire.
    Seulement, s'il a osé envoyer ses ministres au casse-pipe, mandatés pour marquer la présence de l'Etat en Kabylie, il préfèrera une tournée dans le grand sud où les militaires ont acheté quelques notables pour grossir les rangs clairsemés des partisans du chef de l'Etat. Personne n'est dupe. Et là, il s'est livré à une manœuvre machiavélique qui ne peut déboucher que sur la division des Algériens. S'adressant aux Touaregs, il a loué leur sens patriotique et leur patience ajoutant à peu près: “Je ne peux pas imaginer que vous pourriez brûler votre daïra ou votre bureau de poste". Tout sauf des vandales comme les Kabyles, en somme. C'est la manière présidentielle de respecter le peuple algérien.

    Défi

    Pendant ce temps, le Premier ministre Ali Benflis, dépassé, interdisait, le 17 juin, toute marche future à Alger. Ce à quoi la coordination des villages a répondu: “On a fini de marcher avec une autorisation, interdite ou pas, toute marche décidée par les représentants du mouvement aura lieu". Une manifestante, présente à la marche des femmes du 19 juin, interdite et transformée en sit-in, n'a pas mâché ses mots: “On ne demande pas d'autorisation à un gouvernement pourri qu'on a toujours vomi". Le peuple a répondu, par le biais de la Coordination des villages, qu'une marche aurait lieu le 5 juillet, le jour de la Fête de l'indépendance.

    • Les généraux algériens Mohamed Lamari, Guenaiziya, Rahal et Bouchareb.


    Les marcheurs d'Alger qui avaient été arrêtés le jeudi 14 juin, ont été pour la plupart libérés le surlendemain, mais la Coordination en Kabylie recherche toujours plus de cent vingt-deux manifestants, “portés disparus". Hors d’Alger, on se demande déjà si les gendarmes sont vraiment des gendarmes, tellement ils sont brutaux. Ils tuent. Plus de 20 morts, cette semaine. Ils recherchent un affrontement direct et massif pour casser définitivement la Kabylie diabolisée, accusée de séparatisme et de complicité avec le néocolonialisme.

    Cynisme

    La Coordination des villages, réunie le 18 juin, à Tizi Ouzou, a noté dans un communiqué que “le pouvoir, fidèle à sa logique criminelle, a démontré encore une fois […], par la répression et sa manipulation machiavélique, sa véritable nature féroce, perverse et cynique face à la démarche de notre mouvement d’essence pacifique”. Mais plus grave encore, le communiqué a ajouté que de nombreuses victimes avaient été “sauvagement assassinées”. Il est vrai que maintenant les forces anti-émeutes, les policiers en civil et d'autres éléments suspects qui infiltrent certaines manifestations sont dotés de couteaux et de barres de fer. Le pouvoir alterne pourrissement et répression. Des citoyens manquent à l'appel, Bejaïa est coupée du monde car le central téléphonique est parti en fumée, les services de l'Etat ne communiquent plus entre eux.
    Des journaux ont écrit qu'il y a déjà une pénurie de bombes lacrymogènes. L'ouverture des routes nationales entre l'est de l'Algérie et la capitale dépend chaque jour du bon vouloir des jeunes protestataires de Kabylie, des Aurès, de Guelma, Annaba, et Souk Ahras, ville frontière. Bouteflika assure qu'il ira jusqu'au bout de son mandat alors que de l'avis de la majorité des observateurs, le départ du président pourrait tempérer la révolte mais ne suffirait pas à résoudre le problème. Pourtant la deuxième révolution du peuple algérien reste fragile à certains égards. La contestation par l'insoumission, l'élection de représentants directs indépendants, la destruction des administrations et des autres symboles de l'Etat apparaissent comme légitimes à tous les Algériens dans ce combat qui n'exige rien de moins que la démocratie.
    Mais le pillage, les déprédations gratuites ne sont ni organisés ni commandités par les populations des villes résistantes, par leurs représentants et leurs porte-parole. Ces événements posent une terrible question. Se peut-il que des apprentis sorciers soient en train de comploter contre le peuple ? Les révoltés, la société civile, la presse combattante et les partis démocratiques sont formels : les “dirigeants" ont acheté des casseurs, des policiers en civil, voire des islamistes et des repris de justice. Au pillage fugace a succédé le pillage planifié et exécuté par les forces de l'ordre.

    Symboles

    Le pouvoir est prêt à tout depuis que l'Algérie ne le reconnaît plus et le qualifie d'assassin, quels coups tordus se manigancent dans les bunkers? Les généraux tentent aussi de dresser des Algériens contre d'autres Algériens, Arabes contre Imazighen, Algérois contre Kabyles. Touaregs contre gens du nord, commerçants contre protestataires.
    Même les gardes communaux ont été accusés par les gendarmes de fournir des informations aux émeutiers. Ils ont été parfois sommés de rentrer chez eux, et il a fallu l'arrivée de l'armée pour les “persuader" d'évacuer les lieux.
    Les provocations se multiplient et les gendarmes organisent des mises à sac dans les villes de Kabylie et d'ailleurs, ils cassent, au vu et au su de tout le monde. Ils attaquent les crèches, les hôpitaux, les magasins, ils tabassent sauvagement les passants qui leur tombent sous la main, ils abreuvent les citoyens d'obscénités, ils organisent des expéditions punitives jusqu'à l'intérieur des maisons qu'ils arrosent de grenades lacrymogènes. Ils vont chercher les jeunes là où ils se replient pour les provoquer. Et ils s'avancent en hurlant “Oui, nous sommes des assassins, vous êtes Oulad França, mort à Tamazight".
    Cherche-t-on à provoquer un soulèvement général pour le noyer dans le sang? L'armée va entamer un mouvement vers la Kabylie. La question de l'identité réelle des “casseurs" se pose avec acuité. À Annaba et à Khenchela, à l'extrême-est du pays, on a noté la “distribution de billets de banque à des "manifestants", des tatouages identiques sur les bras de certains “meneurs" ont été remarqués, on a même évoqué le cas de “cinq individus cagoulés et torse nu à la tête des manifestants de Guelma". Repris de justices, nervis des partis au pouvoir, Rassemblement national démocratique et FLN en tête, sans compter les islamistes agréés et infiltrés?
    Pour les émeutes de Tébessa, Batna et de Khenchela, les Algériens disent que les généraux auraient été ulcérés que leur région d'origine ait aussi scandé le même slogan féroce que les autres Algériens: “Pouvoir assassin". À la suite de quoi des émeutes plus que suspectes ont été allumées, ici ou là. Parfois, des manifestants découvraient avec stupeur que parmi des émeutiers inconnus il y avait des “indics" notoires.

    Accusations

    Mais le chaudron bout, et on verra même l'Etat patauger à plusieurs reprises, il y a sur le terrain des désaccords tactiques entre gendarmerie, police et compagnies nationales de sécurité. Deux querelles au moins ont dégénéré en batailles rangées sous l'œil narquois des manifestants qui montaient à l'assaut des brigades. Inexpérimentés, les organes de la représentation civile, nés spontanément, sont soumis à des forces contraires. Les partis d'opposition, FFS et RCD (ex-gouvernemental) en tête, ont été eux-mêmes surpris par l'ampleur des événements, ils cherchent à se rapprocher de leur base en menant le combat sur le champ politique contre la dictature. Mais la révolte populaire court trop vite. Même si un relais doit être trouvé. Les partis démocratiques, Parti du Travail de Louisa Hanoune, MDS, ex-communistes et d'autres partis gèrent aussi une partie de la révolution. Hocine Aït Ahmed s'active à l'ONU, aux USA, à Genève et devant l'Union européenne, il réclame une commission d'enquête internationale, il lance une alerte générale au génocide. Il a même invité Kofi Annan à venir à Alger.
    Deuxième péril: les révoltés ne connaissent pas les astuces de la gestion des marches. Leur inexpérience avait ouvert un boulevard aux pires provocations, le 14 juin, à Alger. D'où la répression féroce à la suite d'isolement de plusieurs tronçons de manifestants qui ne communiquaient plus avec les coordinateurs.
    L’est de l’Algérie est en rébellion ouverte contre l’État. Les jeunes ont installé l’insurrection perpétuelle. Ils apprennent la révolution en démystifiant la puissance des généraux.
    Mais la jeunesse algérienne, qui n'a pas peur de présenter sa poitrine aux balles, a déjà gagné.


  • video a la demande

     

    ecoute'et retenez ce n'est pas charlatant c'est un ancien commandant en exile , il sera si a voulu etre general ou major ,les autrorite' francaise ne donne aucune credibilite' a ce genre d'individus comme ils dise,  mais nous si , etant donner les immence profit que tire cette derniere avec les commis gouvernant franco-algerien

     

     

     

     

     

     

  • AUX ORIGINES DE LA TRAGEDIE ALGERIENNE (1958-2000)

    • LA CONSOLIDATION DU GROUPE DES « DESERTEURS » DE L'ARMEE FRANÇAISE _______________________ 9. La décennie rouge : tâche noire dans l'histoire de l'Algérie. Le règne de la médiocrité et de la violence (1989 - 2000) Les événements d'Octobre 88 ont servi de déclic non pas pour instaurer un système démocratique comme on l'a laissé entendre, mais pour sauver le régime et détourner le pouvoir au profit de leurs auteurs, tous proches de certains milieux français. En d'autres termes, les deux clans Belkheir et Hamrouche, instigateurs des événements d'octobre, ont choisi le « changement » comme moyen indispensable à la survie du régime et pour consolider leurs positions respectives. Les deux clans bénéficient, d'une certaine manière, de l'appui de la France qui ne met jamais ses œufs dans le même panier. François Mitterand, alors Président de la République, applaudit à l'effondrement du système du parti FLN et pense que l'heure est à « l'établissement de la démocratie » en s'exprimant sur les événements lors du Conseil des ministres du 12 octobre 1988151, c'est-àdire un jour après le retour au calme en Algérie. Une telle prise de position rapide reflète en fait l'implication de la France et de Mitterand dans le processus de « démocratisation » en Algérie dans le but de démolir le FLN. Partisans de « l'Algérie française » et de la guerre à outrance contre le FLN et contre le peuple algérien entre 1954 et 1962, certains dirigeants français dont Mitterand et certains appareils dans l'administration française retombent dans leurs fantasmes pour régler leurs comptes avec l'Histoire et avec le mouvement national algérien. Pour mieux comprendre la décennie rouge qui consacre en Algérie l'avènement du « parti de la France », nous allons la diviser en deux périodes de longueur inégale, mais d'importance équivalente. 151 Cf. Hubert Coudurier, Le Monde selon Chirac, p. 193 (Paris: Calman-Lévy, 1988). 9.1. Période 1989 – 1991 : le lancement de la démocratie de façade La désignation de Kasdi Merbah comme Premier Ministre en novembre 1988 pour une période plutôt éphémère (novembre 1988 septembre 1989) a été mise à profit par le clan Hamrouche pour se placer dans une situation plus favorable dans la course au pouvoir, pensant damer le pion au clan Belkheir. Certes, les deux chefs de clans ont besoin de la confiance du Président Chadli au cours de cette période pour mener à bien leur plan respectif. Mais Hamrouche, impatient, met les bouchées doubles. Il est très présent dans la préparation du VIème Congrès du FLN (novembre 1988) et de l'élection présidentielle (décembre 1988). Il anime avec zèle le groupe chargé d'adapter la Constitution française à l'Algérie, adoptée en février 1989. En même temps, son groupe animé par Ghazi Hidouci lui prépare en secret son programme de gouvernement dont il aura besoin en septembre 1989. Belkheir est aussi très actif avant, pendant et après le Congrès du FLN. Il s'implique dans l'organisation et la manipulation des résultats de l'élection présidentielle. En 1989, bien que concurrents, Belkheir et Hamrouche restent cependant d'accord sur deux points en particulier, mais pour des raisons différentes : • Gêner Kasdi Merbah et le harceler dans son action gouvernementale pour le faire échouer dans sa mission. Leur plan réussit. • Encourager au maximum la création de partis politiques pour atomiser la société civile et rester maîtres du jeu. La réalisation de ces deux objectifs devrait permettre aux deux clans d'avancer un peu plus, selon leurs calculs, pour s'emparer du pouvoir chacun pour son propre compte, convaincus tous deux que l'atomisation de la vie politique n'autorisera aucun parti politique de disposer de la majorité absolue dans la future l'Assemblée Nationale dans le cadre du système démocratique de façade qu'ils veulent instaurer152. 152 Les rapports des services de sécurité au chef de l'Etat, ainsi que les fuites provoquées au sujet d'un sondage d'opinion opéré par ces mêmes services, affirmaient que, lors des Il convient de rappeler que « les réformes politiques », engagées après les événements d'octobre 1988 et élaborées dans l'antichambre du pouvoir par des personnages fertiles en fourberies et en ruses, ont été octroyées sans consultation ni au sein du FLN dont les deux clans se réclament, ni ailleurs. Ces « réformes » ne constituent en fait qu'une mystification destinée à perpétuer l'exercice du pouvoir en place. On confond démocratie et multipartisme. On assiste ainsi, sous l'impulsion de la Présidence de la République, à une floraison de partis avec des programmes vagues, pratiquement identiques, à l'exception du FFS, (qui existe depuis 1964 mais qui n'a jamais été reconnu auparavant) du FIS et du parti communiste, dont les choix idéologiques et politiques respectifs sont clairs. Car ce qui est essentiel dans une démocratie, c'est d'accepter le principe fondamental de l'alternance du pouvoir en respectant le verdict populaire exprimé lors d'élections transparentes et honnêtes, puisque c'est le peuple qui constitue la source de la souveraineté. Or cela n'est pas admis en Algérie et ce refus vide la démocratie de son contenu. Ainsi, le multipartisme débridé et encouragé par le pouvoir ne vise en définitive qu'à l'émiettement de la société et à l'atomisation des forces politiques vives, dans le but inavoué de perpétuer un régime dépassé et discrédité153. C'est dans ce contexte de crise politique que Hamrouche est désigné comme Premier Ministre en septembre 1989. 9.1.1. Le clan Hamrouche La désignation de Hamrouche comme chef de gouvernement consacre l'élimination définitive de la course au pouvoir de son acolyte Hedi Khediri qui faisait courir des rumeurs entre 1987 et 1988 sur sa nomination imminente comme Premier Ministre. élections législatives prévues en 1991, le parti qui sera vainqueur (soit le FIS ou le FLN) dans ce rendez-vous électoral ne dépassera pas 25% des voix exprimées. 153 Ce multipartisme et cette atomisation de la société, mais non la démocratie, figurent d'ailleurs en bonne place dans le programme d'action des généraux putschistes, élaboré en 1991, et mis en œuvre dès le coup d'État de janvier 1992. Pour plus de détails sur ce programme, cf. Mémoires du général Khaled Nezzar, op. cit., pp. 217-230. Hamrouche s'appuie sur ce que l'on pourrait appeler l'aile « civile » de hizb França. Son action de au cours de son mandat de 21 mois s'articulera autour de trois volets : • Poursuivre « les réformes économiques ». • Gérer le dossier brûlant de la dette. • Conquérir le FLN et en faire un instrument pour renforcer son pouvoir. 9.1.1.1. Poursuite des « réformes économiques » On a beaucoup parlé des réformes entre 1989 et 1991, notamment des réformes économiques tant galvaudées par les media aux ordres d'un gouvernement du sérail qui se fait appeler pour la circonstance « gouvernement des réformes » et pour lequel elles ne constituent en fait qu'un fonds de commerce politique. Nous avons déjà évoqué dans le chapitre précédent le contexte dans lequel les réformes économiques ont été conçues et mises en oeuvre au cours de la première phase 1981-1985. Celles-ci ont été soutenues dans une seconde étape par d'autres mesures organisationnelles et juridiques arrêtées en 1986 et 1987. C'est dans le cadre d'une démarche globale et cohérente que ces réformes avaient été lancées en 1981 dans le but d'améliorer à terme les conditions de fonctionnement de l'économie, de renforcer l'efficacité des agents économiques et de réunir les conditions de maximisation de la production et du surplus ré-investissable. Le mandat de Merbah (novembre 1988 - septembre 1989) a été mis à profit par le clan Hamrouche pour préparer son programme de gouvernement et passer à l'offensive en vue de consolider sa position dans la course vers les cimes du pouvoir. a) Application des « réformes » Présenté à l'Assemblée Nationale Populaire (APN) en septembre 1989, le programme du gouvernement du sérail, dit des « réformes », s'articule autour des idées maîtresses suivantes : 1. Mettre un terme aux mécanismes administratifs qui constituent un frein au « développement des stratégies d'investissements et de production ». 2. Mettre fin au système d'organisation centralisé qui ne permet pas de réagir à la crise économique subie par l'Algérie. 3. Récupérer la rente confisquée par les spéculateurs et les « trabendistes » et l'affecter aux fins productives. 4. Faire que le Trésor n'intervienne plus pour financer les investissements des entreprises, les relations entre celles-ci et les banques devenant des relations commerciales. 5. Créer des offices chargés d'organiser la régulation des marchés de produits importés. 6. Appliquer la nouvelle loi relative aux prix (adoptée par l'Assemblée Nationale sous le gouvernement Merbah), lutter contre l'inflation en recourant à une politique monétariste et préserver le pouvoir d'achat de la population. En fait, le gouvernement Hamrouche s'est beaucoup éloigné du contenu de la réforme et de son programme adopté par l'APN, si bien que les actions qu'il a lancées dans de nombreux domaines ont eu des résultats négatifs. b) Résultats de la politique des « réformes » Quels sont les résultats de cette politique des « réformes » mises en œuvre entre 1989 et 1991 ? Nul ne peut nier la mauvaise application des « réformes » annoncées, comme en témoignent les faits suivants : 1. Pas de mise en place des mécanismes économiques devant remplacer les mécanismes administratifs. Il en résulte que les entreprises sont restées tiraillées entre l'ancien et le nouveau système. Pas d'autonomie effective des entreprises. Pas d'activités des fonds de participation154. 154 Créés par décret, les fonds de participation participent au capital d'entreprises publiques des différents secteurs par le biais des actions que leur transfère l'Etat. Ils exercent à ce titre leur droit de surveillance des activités de l'entreprise par l'intermédiaire de leurs représentants au sein du conseil d'administration de cette dernière. Les fonds de participation sont dotés d'un conseil d'administration dont les membres sont nommés par le 2. Continuation de l'ingérence administrative dans le fonctionnement des sociétés d'Etat. Dans ce cadre, la confusion des procédures d'approvisionnement et de financement extérieur des sociétés d'Etat est telle que les crédits à l'importation décidés par le gouvernement en décembre 1989 pour l'année 1990 ne sont même pas mis en place 8 mois plus tard. 3. Licenciement massif des cadres. Censés être les promoteurs des réformes et de l'autonomie des entreprises publiques, les cadres en sont devenus les premières victimes. 4. Aggravation de la situation économique et financière des entreprises publiques est due notamment à la non concrétisation des engagements pris par le gouvernement pour l'amélioration de leur situation financière. La décision annoncée par le gouvernement de transformer les crédits à court terme des entreprises publiques en crédits à moyen et long termes en 6 mois n'a jamais été mise en œuvre. 5. Marginalisation de l'agriculture. L'étouffement de l'agriculture est une autre caractéristique de l'application dogmatique des « réformes ». Pas de facteurs de production pour les agriculteurs. Pas de financement à cause de l'application aveugle du principe de commercialité, à cause des taux d'intérêt trop élevés et à cause de la politique monétariste restrictive. 6. En matière de commerce extérieur, légalisation du « trabendisme ». Au lieu de « récupérer la rente » confisquée par les spéculateurs et les « trabendistes » et de l'affecter aux fins productives, comme il l'a annoncé en septembre 1989 devant l'APN, le gouvernement préfère légaliser l'économie de comptoir privilégiant l'importation et la consommation au détriment des investissements productifs dans une perspective électoraliste. gouvernement. En fait, les fonds de participation ne constituent qu'un écran entre l'Etat, dont le capital est inaliénable, et l'entreprise, soumise aux lois du marché et donc candidate à la dissolution et à la liquidation. Ces fonds de participation ne constituent en fait qu'une mystification opérée par le clan Hamrouche pour déplacer la tutelle des entreprises d'état de leurs ministères respectifs vers le ministère des finances et le Premier Ministre. 7. Politique monétariste rigide. L'application stricte et brutale des mesures monétaristes arrêtées par le gouvernement a causé beaucoup de dégâts à l'économie nationale, d'où : • pas de relance de l'économie, contrairement à ce qui a été annoncé ; • baisse de la production et du taux de croissance économique ; • ralentissement, voire arrêt, d'unités de production publiques et privées ; • pénuries des matériaux de construction et ses conséquences fâcheuses sur le rythme de la construction ; • accroissement du chômage ; • augmentation rapide du taux d'inflation. 8. Aggravation des tensions sociales. Les grèves se multiplient à un rythme sans précédent, et s'étendent à l'ensemble des activités économiques et sociales, y compris l'administration. En effet, c'est la première fois depuis l'indépendance qu'une grève est déclenchée au siège du ministère des Affaires étrangères. Au total, la mauvaise application ou la non application des « réformes » s'est traduite par l'extension du mécontentement populaire, la démoralisation des cadres et la perte de crédibilité du « gouvernement des réformes ». Cette perte de crédibilité est aggravée par la manière dont le dossier de la dette extérieure a été géré. 9.1.1.2. Gestion de la dette extérieure La dette extérieure, considérée comme sujet tabou au cours des annés 1970, très redoutée par les citoyens est perçue comme le principal responsable de la crise économique. Les Algériens ont l'impression que les pouvoirs publics leur cachent la vérité à ce sujet. Le peuple algérien ne savait pourtant pas que l'Algérie a subi la thérapeutique du Fonds Monétaire International (FMI) en 1990 et 1991. En effet, le gouvernement Hamrouche a appliqué le programme du FMI sans le FMI, mais dans le cadre d'un accord signé avec la Banque Mondiale. Voici quelques mesures prises par le gouvernement algérien en 1990 après des négociations avec la Banque Mondiale pour l'obtention d'un prêt important et qui correspondent au programme d'ajustement structurel préconisé par le FMI. En ignorant, voire en dénigrant, les réformes économiques entreprises entre 1981 et 1884, puis en s'attribuant la paternité de ces réformes depuis 1989, le clan Hamrouche pense tirer seul les bénéfices d'une relance économique qu'il considère avec légèreté à sa portée. Les faits ont montré que non seulement le détournement à son profit de la politique des réformes n'a pas produit les effets escomptés et annoncés avec un grand tapage, mais également, que la mise en œuvre des « réformes » s'est éloignée sur le terrain des objectifs fixés. Là aussi, on se rend compte que l'écart entre le discours et le parcours est énorme. Sur cette question centrale, le clan Hamrouche est resté fidèle à l'ancien système qu'il prétend vouloir changer. Rien, en fait, n'a changé quant au fond, aux méthodes et à la démarche. L'Histoire retiendra la médiocrité de ce gouvernement et sa méconnaissance de la complexité des faits économiques et sociaux de l'Algérie ainsi que de la non prise en compte du phénomène de la mondialisation de l'économie. Sur le plan international, ce gouvernement s'est contenté de s'aligner sur les visées françaises en Algérie, en ignorant les dimensions et les véritables enjeux de la globalisation. L'absence d'une volonté politique de construction du Maghreb tendant à organiser l'intégration économique régionale et l'absence d'une politique dynamique de diversification des échanges extérieurs de l'Algérie avec le monde arabe et d'autres pays du Tiers Monde, pour réduire les retombées négatives de la globalisation suffisent pour illustrer les limites de cette politique partisane de la francophonie, politique qui considère que seules des relations privilégiées avec la France sont en mesure d'aider l'Algérie à sortir de sa crise économique et donc politique. La perte de crédibilité de ce gouvernement sur le plan interne ne l'a pas empêché de se tourner vers le FLN pour le conquérir et l'utiliser à des fins politiciennes pour rester au pouvoir, voire le consolider dans le cadre des élections législatives alors programmées pour le 27 juin 1991, et pour se positionner pour l'élection présidentielle à venir. 9.1.1.3. Tentative de domestication du FLN Il est clair que le FLN couvait une crise interne depuis fort long-temps. C'est pourquoi, l'évaluation objective de la portée de l'instrumentalisation du FLN par le gouvernement entre 1989 et 1991 mérite que soit rappelé le contexte de la crise où a été mené le FLN. a) Crise de légitimité du FLN Le FLN a toujours disposé d'un projet social viable inspiré par la philosophie de Novembre 1954, des idéaux et des valeurs nationales, de la plate-forme de la Soummam (1956) à la Charte Nationale (1976) en passant par la Charte de Tripoli (1962) et par la Charte d'Alger (1964). Le problème du FLN n'a jamais été un problème de doctrine, mais bien plutôt un problème d'application intimement lié au choix des hommes et aux méthodes de travail. La principale déviation réside dans l'écart entre le discours et le parcours, entre les textes fondamentaux adoptés et leur mise en œuvre. Disposant au départ d'un pouvoir hégémonique acquis par la légitimité historique et en considération des impératifs de reconstruction nationale, l'une des grandes erreurs du FLN fut de n'avoir éprouvé à aucun moment le besoin de se ressourcer à la légitimité populaire constamment renouvelée et seule garante de sa crédibilité et du succès de son action. Le fait d'agir par une sorte de procuration en dehors de toute légitimation populaire constamment vérifiée par des voies démocratiques a été à l'origine de la crise de légitimité. La priorité accordée depuis 1965 par le pouvoir à la construction de l'Etat a relégué au second plan la mise en place d'un véritable parti enraciné dans les masses. Officiellement parti au pouvoir, le FLN est devenu un parti du pouvoir. Il a en fait servi d'alibi, de légitimation, d'instrument au pouvoir de l'Etat et de simple appareil servant de courroie de transmission d'une politique conçue et mise en œuvre par les autorités du pays. Si la base militante a toujours été dans son écrasante majorité saine, le FLN s'est vidé au cours de ses crises successives d'un grand nombre de ses éléments sincères et patriotes pour laisser la place à l'infiltration au sein de l'appareil d'éléments opportunistes attirés par les privilèges de la responsabilité. L'absence de démocratie dans le fonctionnement interne du parti et d'un dialogue véritable et fécond entre la base militante et les instances de l'appareil, le rejet de toute critique constructive, la non prise en charge des préoccupations de la base, le choix non démocratique des responsables à tous les niveaux ainsi que celui des candidats aux élections communales, régionales (de wilaya) et législatives, tout cela a contribué à la sclérose du parti et à la rupture avec la base donnant naissance à une crise de confiance. C'est dans ce contexte que le clan Hamrouche a essayé de domestiquer le parti sous le couvert de « la rénovation du FLN ». b) « Rénovation » du FLN Certes, l'adaptation du FLN aux nouvelles conditions politiques s'impose, notamment à la suite de l'adoption de la Constitution de février 1989 qui ouvre formellement le champ politique à la compétition et à la démocratie. Or, pour réussir, toute tentative d'adaptation ou de rénovation du FLN devrait répondre à certains critères et aux exigences de l'avenir. Cela n'a pas été le cas. La « rénovation » du parti a été plutôt une opération politicienne détournée pour utiliser l'appareil du FLN comme couverture à la politique gouvernementale. Par cette opération, on a voulu non seulement éloigner de la scène politique un certain nombre de dirigeants patriotes et intègres non acquis, mais encore mettre en oeuvre une politique économique et sociale en contradiction avec les idéaux et les principes du FLN. La « rénovation » du parti a porté sur une sorte d'opposition qu'on a voulu créer entre les générations de militants, les jeunes et les moins jeunes, les anciens et les nouveaux. Cette démarche erronée utilisée par le clan Hamrouche comporte des clivages factices et dangereux pour la cohésion du parti et son efficacité. Elle constitue un facteur de division et de confusion supplémentaire ouvrant la voie aux opportunistes. Une démarche saine consisterait plutôt à créer une symbiose entre les générations de militants, la seule ligne de démarcation devant se situer au niveau du degré d'engagement et de fidélité non à l'égard des hommes, mais des principes, des orientations et de la doctrine du FLN ainsi qu'au niveau de la sincérité, de la compétence, de l'expérience et de l'intégrité de chacun. Si le problème est d'attirer la jeunesse vers le parti, il faut alors offrir une politique dans laquelle la jeunesse se retrouve, non pas par des slogans fractionnels mais par des actions concrètes qui reflètent les aspirations fondamentales du peuple algérien. En même temps, on annonce tapageusement dans les médias que le FLN est l'initiateur des « réformes » politiques et économiques lancées par la Présidence et par le gouvernement Hamrouche. Or c'est faux. Les réformes politiques n'ont pas été initiées par le FLN et n'ont même pas été discutées par le FLN, comme nous l'avons examiné dans le chapitre précédent. La base militante ainsi que la direction politique, c'est à dire le comité central, en ont pris connaissance en même temps que les citoyens par voie de presse. Les réformes politiques ont été élaborées en dehors de toute consultation préalable du FLN à quelque échelon que ce soit. Quant au dossier des « réformes économiques », il a été présenté par le gouvernement au comité central du FLN pour approbation lors de sa session du 1er mars 1990. Compte tenu du fait qu'il s'agit d'un document partiel qui ne peut être considéré comme un programme d'action et après de longs débats, le comité central a décidé de le considérer comme un document d'information. Pas plus. Par contre, le comité central a discuté et adopté d'autres mesures concrètes destinées à améliorer la situation économique et sociale que le gouvernement n'a pas respectées dans la mise en œuvre. La tentative de domestication du FLN, par voie de « rénovation », a finalement échoué même si le gouvernement continuait à disposer du soutien des opportunistes au sein du comité central. Aux partisans du clan Hamrouche qui invitaient alors des responsables de quitter le FLN et de créer d'autres partis, j'ai dit en son temps que « ceux qui croient aux principes et aux choix fondamentaux du FLN et qui militent pour leur concrétisation ne sauraient le quitter. Par contre, ce sont ceux qui ont dévié et dont les actions économiques et sociales se sont considérablement éloignés des textes fondamentaux du FLN qui devraient le quitter et créer leur propre parti. Il ne faut ni inverser les valeurs ni les rôles. Il est temps de sortir du 'trabendisme' politique »155. Au cours de cette période de transition caractérisée par la reconnaissance du multipartisme, de la liberté d'expression et de la compétition politique, la politique du gouvernement devrait être celle du FLN dont il se réclame et non l'inverse. Le temps est révolu où l'on utilisait l'appareil du FLN en faisant tout en son nom tout en ignorant ou dédaignant ses idéaux et ses principes. Le gouvernement a utilisé tous les moyens imaginables pour gagner les élections communales et de wilaya en juin 1990, notamment en envoyant en campagne électorale des ministres ainsi que des membres du comité central du FLN pour soutenir les candidats FLN dans les premières élections multipartites de l'Algérie depuis 1962. Mais la défaite du FLN aux élections communales et régionales de juin 1990 a montré, si besoin est, les limites de ce gouvernement156. C'est à ce moment-là que l'offensive du clan Belkheir s'intensifie pour éliminer Hamrouche et placer ses pions. 9.1.2. Le clan Belkheir 9.1.2.1. Rappel sommaire de la consécration de Belkheir Il convient de revenir un peu en arrière pour mieux situer le contexte de la succession de Hamrouche qui consacre la suprématie du clan Belkheir, qui représente en quelque sorte l'aile militaire du « parti français », et qui ne dispose plus alors de concurrent au sommet des institutions du pays. 155 Cf. Interview donnée par Abdelhamid Brahimi au quotidien El Moudjahid du 22 octobre 1990. 156 Sollicité pour faire campagne pour les candidats du FLN aux élections communales, j'ai décliné l'offre parce que je ne me reconnaissais plus dans les nouvelles orientations du FLN. C'est la raison pour laquelle j'avais démissioné du comité central en octobre 1990, tout en restant militant du FLN, auquel je reste attaché à ce jour par principe. En effet, Larbi Belkheir, appuyé par quelques officiers supérieurs anciens éléments de l'armée française qui constituent un clan bien soudé, n'a pas attendu 1989 pour consolider ses positions. En fait, son travail de sape et de minage a commencé dès 1980 lorsqu'il a été nommé secrétaire général de la Présidence de la République. Après avoir consolidé la confiance que le Président Chadli a placée en lui au cours de son premier mandat, Belkheir est passé à la vitesse supérieure pour renforcer son camp au sein des institutions de l'Etat, notamment à partir de janvier 1984. Ses actions s'étendent pratiquement à tous les domaines tant internes qu'externes. a) Sur le plan interne Sur le plan interne, Belkheir cultivant l'image du collaborateur « fidèle, docile et discipliné » du Président de la République, est associé par ce dernier à toutes les décisions importantes de l'Etat. Il est devenu incontournable pour la nomination aux emplois supérieurs de l'Etat, y compris celle des membres du gouvernement. D'autre part, comme le chef de l'Etat est aussi secrétaire général du parti FLN, Belkheir joue, entre autres, (concuremment avec les services de sécurité) un rôle décisif dans le choix des membres du comité central, soumis à l'approbation du Congrès du FLN, notamment lors du Vème Congrès (décembre 1983) et du VIème Congrès (novembre 1988) et intervient même dans le fonctionnement de l'appareil du FLN. Comme le chef de l'Etat est aussi ministre de la Défense, Belkheir est chargé du suivi du fonctionnement de l'armée et des services de sécurité civils et militaires. Son poids s'est considérablement accru après l'élimination du général major Mostefa Beloucif. Par ailleurs, en sa qualité de secrétaire général de la Présidence, puis de directeur du cabinet présidentiel, Belkheir joue un rôle très actif dans la nomination des walis, des chefs de daïra, des directeurs généraux de banques et d'entreprises publiques et des ambassadeurs (dans les pays considérés stratégiques) et en profite pour y placer des éléments qui sont fidèles à son clan en damant le pion aux ministres concernés. En 1984, il crée un corps d'inspection à la Présidence dont la direction est confiée à Ahmed Oundjela, un ancien magistrat proche de lui. Ce département d'inspection générale se superpose à la Cour des comptes créée en 1980 et placée sous la tutelle de la Présidence. Ces deux institutions deviennent vite un instrument redoutable de règlement de comptes pour éliminer des responsables dans tous les domaines (ministres, membres du comité central du FLN, walis, directeurs généraux de banques et de sociétés d'Etat, ambassadeurs, etc.) et les remplacer par des éléments acquis à sa cause. b) Sur le plan externe Sur le plan externe, Belkheir, investi de la confiance totale du chef de l'Etat, réussit à avoir la prééminence des relations extérieures notamment avec la France, l'Arabie Séoudite et le Maroc aux dépens du ministre des Affaires étrangères. Le Premier Ministre ainsi que tous les ministres concernés par des dossiers de coopération avec ces trois pays le savent. Ses relations officielles et officieuses avec la France sont spécifiques et très denses. Au fil des années, il devient le passage obligé pour les relations politiques, diplomatiques, économiques, militaires, sécuritaires et souterraines157 avec la France. Ses relations avec les différents milieux français sont très fréquentes, d'après les informations dont je dispose. Ses interlocuteurs privilégiés se trouvent au Palais de l'Elysée (Présidence de la République française) et à la place Beauveau (ministère de l'Intérieur) où il entretient des relations suivies. De nombreux faits et indices suggèrent que les relations multiformes de Belkheir avec les différents centres de décision français sont asymétriques et jouent en faveur des intérêts français en Algérie. En effet, il semble que de nombreux moyens sont utilisés du côté français pour infléchir l'action de l'Algérie dans différents domaines. Cela va du chatouillement de l'amour-propre et de l'orgueil des dirigeants algériens à la manipulation des faits pour orienter les décideurs algériens dans le sens souhaité par les milieux français non seulement dans le domaine extérieur, mais également dans le domaine intérieur. 157 Par « relations souterraines », nous entendons des relations avec certains services spéciaux français, connus pour leur mentalité colonialiste et leur comportement anti-algérien. L'extension du rôle de Belkheir dans les rouages de l'Etat et les succès enregistrés au profit de son clan au fil des années aiguisent son ambition. C'est ainsi qu'après les événements d'octobre 1988, il passe à l'offensive. 9.1.2.2. L'offensive du clan Belkheir L'action offensive de ce clan a été quelque peu perturbée, mais pas jugulée, par la nomination du gouvernement Hamrouche en septembre 1989. Dans l'intervalle, ce clan s'est attelé à procéder à des changements au sein de l'armée. En effet, l'élimination du généralmajor Mostefa Beloucif en novembre 1986 a inauguré une nouvelle phase caractérisée par la domination progressive de l'ANP, au plus haut niveau, par des « déserteurs » de l'armée française, rompant le fragile équilibre entre ces derniers et les généraux nationalistes, anciens maquisards. La nomination du général Khaled Nezzar comme chef d'état-major en 1989, en remplacement du général-major Abdallah Belhouchet, a accéléré ce processus. a) Les changements au sommet de la hiérarchie miltaire L'année 1989 marque un tournant dans le rôle de l'ANP dans le domaine politique. Dès 1962, l'emprise de l'armée sur le pouvoir politique est confirmé dans les faits. C'est l'ALN, devenue ANP, qui a installé Ben Bella aux commandes du jeune Etat en 1962. C'est aussi elle qui l'a destitué en 1965. Entre 1965 et 1978, Boumediène dominait seul la scène politique en représentant à la fois l'armée, l'Etat et le FLN. Durant cette période, l'armée n'était pas impliquée, en tant qu'institution, dans la gestion des affaires politiques du pays. Les missions de l'ANP, définies par la Charte Nationale, consistaient à : • « défendre l'intégrité du territoire et l'intangibilité de ses frontières ; • défendre la Révolution socialiste ; • contribuer au développement du pays et à l'édification d'une société nouvelle »158. 158 National Charter, édition Minisrty of Culture and Information, 1981, p. 90. Traduction de l'auteur. Mais la présence des militaires dans les rouages de l'Etat s'est faite dans un cadre institutionnel. La politique intérieure et extérieure étaient du domaine du Président Boumediène, seul. Entre 1979 et 1988, la mainmise de l'armée et des services de sécurité sur l'Etat et sur le FLN s'est faite avec la bénédiction du Président Chadli de manière également institutionnelle. Le rôle des militaires et des services de sécurité dans le fonctionnement des appareils de l'Etat et du FLN s'est considérablement accru au cours de cette période. L'adoption de la nouvelle Constitution le 23 février 1989 a été suivie le 4 mars 1989 par le retrait des militaires du comité central et de la direction du FLN. Ce retrait a été justifié officiellement par le respect de l'armée du multipartisme et du processus de démocratisation. Mais les événements montreront que ce retrait n'a été ni neutre ni innocent. Il consacrait en fait une coupure avec la période antérieure où l'armée respectait et défendait les choix politiques et idéologiques du pays. Désormais, les généraux « déserteurs » de l'armée française, mentalement colonisés, allaient s'orienter vers une politique caractérisée par l'islamophobie et par leur haine de l'arabophonie en se situant aux antipodes des constantes nationales et des composantes de la personnalité algérienne affirmées par toutes les Constitutions de l'Algérie depuis 1963. Pour avoir les mains libres, ces généraux, représentant un courant politique minoritaire, ont conforté leurs positions au sein de l'armée entre 1988 et 1990 en persuadant le Président Chadli à procéder à certaines nominations et mises à la retraite dont les victimes étaient des généraux qui n'appartenaient pas à leur mouvance ou à accepter la démission de certains généraux nationalistes. C'est ainsi qu'en 1988 il a été procédé aux changements suivants : • le général Medjdoub Lakhal Ayat, mis à la retraite ; • le général Mohamed Alleg, mis à la retraite ; • le général Ali Bouhadja, mis à la retraite ; • le général El Hachemi Hadjeres, mis à la retraite et affecté au secrétariat du FLN ; • le général Hocine Ben Maalem, affecté à la Présidence de la République ; • le général Larbi Si Lahcène, mis à la retraite et nommé ambassadeur ; • le général Zine El Abidine Hachichi, mis à la retraite et nommé ambassadeur. Ce mouvement, qui n'a affecté que les anciens maquisards, a été suivi en 1989 par le départ des généraux nationalistes suivants : • le général-major Abdallah Belhouchet, chef d'état-major, mis à la retraite ; • le général Kamel Abderrahim, sous-chef d'état-major, démissionne à la suite de la nomination du général Khaled Nezzar au poste de chef d'état-major dont il ne partage pas la conception de défense nationale et de fonctionnement de l'armée. Sa démission est acceptée. Il fait prévaloir ses droits à la retraite ; • le général Liamine Zeroual, sous-chef d'état-major démissionne après un désaccord avec le général Khaled Nezzar sur la réorganisation de l'armée. Il est mis à la retraite et est nommé ambassadeur ; • le général Abdelmadjid Chérif, mis à la retraite à la suite d'une réflexion faite sur le général Khaled Nezzar en présence du colonel Hartani, alors directeur de l'hôpital de Aïn Naadja, à Alger. En 1990, le général Mohamed Ataïlia a démissionné à la suite des instructions obstructionnistes données par le général Khaled Nezzar (qui venait d'être nommé ministre de la Défense) aux chefs des Régions militaires pour l'empêcher de mener correctement sa mission d'inspecteur général des armées159. Parallèlement, il a été procédé à la nomination des « déserteurs » de l'armée française aux postes suivants : • le général Khaled Nezzar, nommé chef d'état-major en 1989, puis ministre de la Défense en 1990 ; • le général Abdelmalek Guenaizia, nommé chef d'état-major en 1990, en remplacement du général Khaled Nezzar ; 159 Cf. L'interview donnée par le général Atailia au quotidien londonnien en langue arabe Al Hayat du 25 mars 2000. • le général Mohamed Touati, (proche du parti RCD), nommé conseiller du ministre de la Défense en 1990, poste qu'il occupe encore en 2000 ; • le général Abbes Ghazaiel, nommé commandant de la Gendarmerie nationale en 1988 ; • le colonel Mohamed Mediene160, nommé responsable de la Sécurité militaire en 1989, fonction qu'il occupe encore en 2000 ; • le général Mohamed Lamari a connu une ascension fulgurante à partir de 1989, date de mise à la retraite des généraux nationalistes cités plus haut. Il a été très actif dans la répression des émeutes d'octobre 1988. En 1992, il a créé et dirigé les troupes spéciales chargées de lutter contre les islamistes armés. Il est connu pour sa répression implacable du mouvement islamiste. En 1993 il est nommé chef d'état-major, poste qu'il occupe jusqu'à ce jour (au moment où ces lignes sont rédigées). Ces remaniements au sommet de la hiérarchie militaire, dont Larbi Belkheir et Khaled Nezzar étaient les inspirateurs, constituaient une étape décisive vers le coup d'Etat et avaient été suivis par d'autres changements dont nous parlerons plus bas. A travers ces changements, les généraux de hizb França, représentant un courant très minoritaire, visaient à dominer sans partage l'armée et à l'utiliser comme instrument d'une politique répressive et policière, loin des constantes nationales et de l'intérêt général du pays. Mais le succès politique imprévu du Front Islamique du Salut (FIS) sur le terrain en 1990 et 1991 a excité l'ardeur du clan de ces généraux, culturellement aliénés, à accélérer les choses et à passer à l'offensive. Partisan de la manière forte, le clan Belkheir accuse le gouvernement Hamrouche de laxisme et de mollesse face à la montée du « péril islamique ». Quelques exemples permettent d'illustrer la na 160 Bien que le général Mohammed Mediene n'ait pas fait l'armée française, il fait partie du clan des « déserteurs » par affinité politique et déracinement culturel, et en est un membre acharné et très actif. ture de cette offensive pour s'emparer du pouvoir, en faisant tout pour empêcher le FIS d'accéder au pouvoir démocratiquement. b) Elections communales Au lendemain des élections municipales de juin 1990, les généraux « déserteurs » de l'armée française ont été surpris par la victoire du FIS qui a remporté 55% des communes du pays. C'est à ce moment-là qu'une réunion regroupant les généraux Khaled Nezzar, chef d'état-major, Mostepha Cheloufi, secrétaire général du ministère de la Défense, Abbas Gheziel, commandant de la Gendarmerie nationale, et Mohamed Mediene alias Toufik, responsable de la Sécurité militaire, a eu lieu autour de Belkheir, au siège de la Présidence de la République, mais à l'insu du chef de l'Etat. Leurs discussions sur le succès inattendu du FIS et sur l'avenir immédiat du pays ont abouti à l'adoption d'un plan d'action destiné à empêcher le FIS d'arriver au pouvoir par la voie des urnes. Ils ont convenu d'essayer de convaincre le Président Chadli si-non d'annuler purement et simplement l'organisation des élections législatives prévues pour le premier trimestre 1991, du moins en différer la date pour gagner du temps. Enfin, ils ont conclu que si les élections législatives ont lieu malgré tout, ils préféreraient « transformer l'Algérie en un lac de sang que d'accepter une Assemblée Nationale dominée par le FIS »161. C'est ainsi que la préparation d'un coup d'Etat a commencé. Ils ont, en effet, réussi à faire différer trois fois la date de ces élections, malgré l'engagement public du chef de l'Etat sur des dates précises. Mais ils n'ont pu faire reporter la date du 26 décembre 1991, date à laquelle les élections législatives ont finalement eu lieu. La suite est connue. c) Mesures destinées à gêner le fonctionnement des municipalités dirigées par le FIS Belkheir et ses acolytes ont réussi à convaincre le gouvernement Hamrouche de prendre des mesures d'ordre administratif et régle 161 Ces informations m'ont été communiquées le lendemain de cette fameuse réunion par un cadre supérieur dont je ne peux dévoiler le nom et les fonctions pour des raisons de sécurité. mentaire destinées à gêner les activités des élus du FIS au niveau des municipalités. Dans ce cadre, des mesures réglementaires ont été arrêtées tendant à réduire les prérogatives des maires élus du FIS au profit des secrétaires généraux des mairies, leurs subordonnés, et au profit des chefs de daïra, tuteurs des mairies de leur circonscription administrative. Les élus du FIS se sont ainsi trouvés pris en sandwich entre de simples agents administratifs de la mairie et le chef de daïra, chargé de la tutelle des mairies. D'autre part, pour geler carrément l'action du FIS au niveau local, d'autres mesures ont été prises telles que celle tendant à réduire considérablement le budget ou à bloquer purement et simplement les crédits alloués aux municipalités contrôlées par le FIS. d) Multiplication des provocations du FIS Parmi les multiples provocations entreprises par Belkheir et les généraux du clan pour intimider les islamistes et les humilier en vue d'affaiblir politiquement le FIS, citons quelques exemples significatifs. D'abord, une vague de répression s'est abattue sur les dirigeants et les militants du FIS, notamment à l'occasion de la grève décidée par ce parti en juin 1991. Les autorités militaires ont envoyé, avant l'aube, des troupes à la place des Martyrs, à Alger, en tirant sur de paisibles manifestants qui y ont organisé un sit-in pacifique la veille. De nombreux manifestants ont été tués et d'autres grièvement blessés. Le syndicat créé par des islamistes, proches du FIS, a été dissous. Des milliers de responsables et de militants du FIS ont été licenciés pour fait de grève et un grand nombre d'entre eux ont été arrêtés par voie administrative. Cette vague de répression a été couronnée par l'arrestation en juin 1991 de Abassi Madani et de Ali Belhadj, respectivement président et vice-président du FIS, à la suite d'un voyage secret qu'aurait entrepris Belkheir à Paris. D'autre part, une grande publicité dans les médias a été donnée à une circulaire du ministère de la Défense imposant des restrictions sévères au personnel civil employés dans différents organismes placés sous la tutelle de ce ministère, y compris les hôpitaux, en interdisant aux hommes le port de la barbe et aux femmes le port du foulard, sous peine de licenciement. Enfin, une série de perquisitions ont été entreprises dans des mosquées par l'armée162. On a même vu des soldats fouler aux pieds le Coran, lors de telles perquisitions. De telles pratiques haineuses et détestables sont complètement étrangères aux mœurs des Algériens. Du jamais vu. e) Démission du gouvernement Hamrouche C'est dans ce climat de terreur, de violence et de violations de la Constitution, des lois, des droits de l'homme et des libertés fondamentales que Khaled Nezzar, alors ministre de la Défense, et Belkheir ont réussi à obtenir du Président Chadli la proclamation de l'état d'urgence. Ils ont pu également arracher du chef de l'Etat la décision de démettre le gouvernement Hamrouche, lui repro-chant manque de fermeté et laxisme. La démission de ce dernier est annoncée le 4 juin 1991, alors que le Président Chadli venait de confirmer publiquement son soutien à Hamrouche le 2 juin. Ils ont aussi pu obtenir la décision de reporter pour la troisième fois les élections législatives prévues pour le 27 juin 1991. La désignation de Ghozali comme Premier Ministre consacre la victoire de Belkheir, de Nezzar et du clan hizb França et constitue une étape décisive vers la prise du pouvoir, tout le pouvoir, qui se concrétise avec le coup d'Etat de janvier 1992. 9.2. Le coup d'Etat de janvier 1992 : coup d'envoi d'une longue période de violence Lorsque le FIS a remporté 188 sièges sur 220 au premier tour des élections législatives du 26 décembre 1991, tandis qu'il reste bien placé pour le second tour, l'armée a pris le pouvoir en déposant le Président Chadli Bendjedid et en annulant purement et simplement les élections. Les généraux de hizb França ont justifié leur coup d'Etat par les arguments suivants : 162 Source : Entretien que j'ai eu avec l'imam de la mosquée en question. 1) Le FIS veut s'emparer du pouvoir par la force (sic). 2) Si le FIS arrivait au pouvoir, il ne respecterait ni la Constitution, ni les lois et ruinerait le pays politiquement et économiquement. 3) La nécessité d'assurer l'ordre et de rétablir l'autorité de l'Etat. 4) La nécessité d'organiser le décollage économique et de lutter contre le chômage. Que s'est il passé en fait après le coup d'Etat ? Force est de constater que les généraux putschistes qui ne disposaient ni de la légitimité historique, ni de la légitimité populaire, ni de la légalité constitutionnelle, avaient pris le pouvoir par la force, en recourant à la répression et à la terreur, dans l'impunité et au mépris de la Constitution, des lois nationales et des conventions internationales, notamment celles relatives aux droits de l'homme, signées d'ailleurs par l'Algérie. L'insécurité s'était largement répandue au fil des années à l'ensemble du pays où l'autorité de l'Etat s'était évanouie. La situation politique, économique et sociale s'était lamentablement détériorée au cours de la décennie 1990, comme nous allons le voir plus bas dans le détail. A l'intérieur, les généraux putschistes comptent sur deux choses pour réussir : d'une part, sur la force pour mater les gens qui pen-sent différemment d'eux en luttant par les armes contre les idées et les convictions politiques des citoyens et, d'autre part, sur la promesse de vente de 25% des gisements de pétrole de Hassi Messaoud faite par Ghozali (qu'ils ont gardé comme Premier Ministre après le coup d'État) pour éponger la dette extérieure et lancer un grand programme de travaux publics destiné à résorber le chômage. Ils pensaient pouvoir de cette manière renverser le soutien populaire en leur faveur en deux ans (délai qu'ils se sont fixés euxmêmes et qui correspond à la fin du mandat du Président Chadli) et acquérir ainsi la légitimité, pour justifier leur maintien au pouvoir. A l'extérieur, la junte compte sur l'appui politique, diplomatique, financier et militaire de la France. Voyons maintenant de plus près ces trois points. 9.2.1. L'implication de la France dans la crise algérienne Il convient tout d'abord de rappeler que Mitterand, alors Président de la République, était ministre de l'Intérieur en novembre 1954, lorsqu'il a déclaré que la seule négociation possible avec le FLN était « la guerre par tous les moyens », et que Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur entre 1993 et 1995, connu pour son soutien massif aux putschistes algériens, était impliqué dans notre guerre de libération comme parachutiste dans l'armée française. Edouard Balladur, alors Premier Ministre, confie à Pasqua et non au ministre des Affaires étrangères « le dossier de l'Algérie », considérant la crise algérienne comme une affaire intérieure française. Pasqua recrute à cet effet, comme conseiller spécial pour l'Algérie, Jean-Claude Marchiani, ancien parachutiste qui a lutté contre la libération de l'Algérie. Il est assisté dans cette tâche par des pieds noirs, dont certains étaient membres de l'OAS (organisation armée secrète), connue pour ses crimes contre des Algériens innocents et pour ses activités destructrices à la veille de l'indépendance de l'Algérie. Ce groupe de responsables français qui a une forte présence dans l'administration française, notamment dans les services de sécurité, profite de la crise algérienne pour prendre leur revanche et d'entreprendre, par l'entremise de généraux algériens, anciens éléments de l'armée française, la sale besogne qu'ils ne pouvaient achever eux-mêmes durant notre guerre de libération nationale163. Quelques exemples permettent d'illustrer l'implication de la France dans la crise algérienne. • Nous avons la preuve d'une conversation téléphonique, la veille du coup d'Etat de janvier 1992, entre le Président Mitterand et le général Khaled Nezzar, alors ministre de la Défense, durant laquelle le Président français suggère à Nezzar de garantir au Président Chadli la vie sauve, en lui témoignant sa « compassion » et en lui promettant de l'aide164. 163 A titre d'exemple, cf. Benoist Rey, Les égorgeurs. Guerre d'Algérie, chronique d'un appelé, 1959-1960 (Paris: Monde librairie-Los Solidarios, 1999). Ce livre, plusieurs fois censuré et interdit de paraître en France, donne une idée sur des crimes abominables commis par des militaires français en Algérie au cours de la guerre de libération.. 164 C'est le capitaine Haroun, ancien officier de la sécurité militaire, qui a révélé le contenu de cette conversation téléphonique, dans son témoignage devant la Commission des droits de l'homme du Parlement britannique (House of Common) le 22 janvier 1998 à Londres. • Depuis le coup d'État, la France qui prêche la démocratie en Afrique depuis le sommet franco-africain de La Beaule a fourni au régime militaire algérien un soutien, certes discret mais sans faille dans les domaines politique, diplomatique, militaire et économique. Le rééchelonnement de la dette extérieure n'a obtenu l'aval du FMI en 1994 qu'avec le soutien de la France qui s'est chargée de vaincre les réticences et les résistances des Etats-Unis et de la Grande Bretagne en particulier. • Entre 1992 et 2000, les médias français soutiennent franchement le régime dictatorial algérien. D'ailleurs, seuls les « éradicateurs » algériens et leurs représentants français, champions de la désinformation, sont invités à s'exprimer sur la crise algérienne en leur permettant de s'adresser à l'opinion publique française, européenne et internationale, sans donner la moindre occasion aux réconciliateurs d'exprimer leurs points de vue même s'ils représentent l'écrasante majorité du peuple algérien. • La France s'est prononcée publiquement contre la constitution d'une commission d'investigation internationale pour enquêter sur les massacres collectifs commis par des unités spéciales de répression et par des milices créées par le régime à Médéa, Rais, Ben Talha, Beni Messous, Relizane, etc. en 1997 et 1998, et sur les violations des droits de l'homme : torture, enlèvements, exécutions extrajudiciaires, etc. D'autre part, la France a fait du lobbying à Genève pour éviter toute résolution condamnant les violations des droits de l'homme par le gouvernement algérien durant les travaux de la Commission des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, lors de sa session de mars-avril 1998 et de celle de juillet 1998165. Aujourd'hui chacun peut s'apercevoir que l'Algérie a perdu le prestige qu'elle a acquis durant 132 ans de résistance, dont près de 60 ans de guerre contre le colonialisme français (entre 1830 et 1881, puis entre 1954 et 1962). 165 Source : Joe Stork, Director of Advocacy-Middle East, Human Rights Watch, Washington D.C., qui a assisté aux travaux de la dite Commission des Nations Unies à Genève. Il est évident que la France est en train de reconquérir l'Algérie par d'autres moyens que ceux du colonialisme du siècle dernier. La France assure massivement son assistance militaire et la vente d'armes et d'équipements sophistiqués au régime militaire algérien pour renforcer le clan éradicateur et anti-démocrate en Algérie. Elle essaie, par l'entremise des généraux éradicateurs, d'alimenter une politique franchement hostile à la civilisation arabomusulmane dans laquelle se reconnaît le peuple algérien dans sa quasi totalité pour ramener l'Algérie au club de la francophonie166. La francophonie est devenue une idéologie pour reconquérir culturellement et économiquement les colonies perdues. Or l'Histoire nous enseigne que le colonialisme français s'était caractérisé en Algérie par une répression militaire, politique, économique et culturelle aveugle durant 132 ans. Cette répression multiforme était sanglante, farouche et inhumaine et fut suivie par une guerre sauvage contre le peuple algérien entre 1954 et 1962. Au lieu de payer des réparations à l'Algérie pour les innombrables crimes commis (des millions d'Algériens tués au cours du XIXème siècle et un million et demi de martyrs pour la seule période 1954-1962), les expropriations d'Algériens, ainsi que les di-verses destructions matérielles au cours de 132 ans d'occupation, certains milieux français font prévaloir cette période de sinistre mémoire et leurs préjugés pour s'octroyer des droits et la tutelle sur l'Algérie. Si des Français osent le faire au grand jour depuis 1992 c'est qu'ils bénéficient de la complicité d'Algériens, qui ne sont autres que les anciens éléments de l'armée française, qui contrôlent sans partage l'armée algérienne notamment depuis le coup d'Etat de janvier 1992, et ce, pour la première fois depuis l'indépendance de l'Algérie. La seule différence entre ces quelques généraux algériens et Mobutu, c'est que la Belgique a réussi à faire promouvoir Mobutu du grade de sergent-chef, grade qu'il avait à l'indépendance du Congo, au grade de général en deux ans, pour devenir chef d'étatmajor au terme de la troisième année et chef d'Etat au bout de la 166 Il convient de noter, dans ce cadre, que pour la première fois depuis l'indépendance (1962), le ministre des affaires étrangères algérien assiste à la réunion ministérielle de suivi de la conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France, tenue à Paris le 7 décembre 1999. quatrième année pour régner en dictateur et pour ruiner son pays. Pour la France, la promotion de sous-officiers et de souslieutenants algériens ayant opéré dans les rangs de l'armée française avant l'indépendance, au grade de général dans l'armée algérienne, a pris près de 30 ans. En effet, depuis 1989 et pour la première fois depuis l'indépendance de l'Algérie, l'ANP est dirigée au plus haut niveau par des anciens éléments de l'armée française. En 1990, le ministre de la Défense, le chef d'état-major et le secrétaire général du ministère de la Défense sont des « déserteurs » de l'armée française, soutenus par d'autres généraux de la mouvance française dans des postes clés tels que le responsable de la sécurité militaire et son adjoint, le sous-chef d'état-major chargé des forces terrestres ainsi que le conseiller du ministre de la Défense. Ces deux derniers ont « déserté » l'armée française en 1961, à quelques mois seulement du cessez-le-feu. C'est pourquoi le régime militaire algérien, discrètement soutenu par certains milieux français, s'oppose à la démocratie, à la transparence, à la souveraineté du peuple et à l'application de la Constitution (qui définit clairement le rôle de l'armée) pour sa sur-vie et pour la pérennité des intérêts culturels et économiques français en Algérie. La plupart des Algériens ont l'impression que ce qui passe en Algérie depuis le coup d'Etat de 1992 est la continuation de la guerre de libération nationale. Chacun sait en Algérie que les généraux éradicateurs constituent le prolongement de la France en Algérie. Politiquement et culturellement, le rêve de la France est de ramener à jamais l'Algérie sous sa domination sous le couvert de son adhésion au club de la francophonie. Autrement dit, la France essaie de renforcer ses relations politiques, économiques et militaires à son profit avec l'Algérie pour les rendre irréversibles, sous le couvert de la culture française. La levée de boucliers en France, et dans les milieux éradicateurs algériens, assortie d'attaques en règle contre la langue arabe des mois durant, et ce bien avant l'entrée en vigueur de la loi relative à la généralisation de l'utilisation de la langue arabe fixée au 5 juillet 1998, est à cet égard significative. L'assassinat du chanteur kabyle Lounes Matoub, concocté par quelques généraux, dont Mohamed Touati, Mohamed Mediene et Smail Lamari et attribué aux islamistes, intervient à ce moment précis pour provoquer, canaliser et orienter la colère de la Kabylie contre la loi sur la langue arabe167. La manœuvre cynique ainsi opérée par les milieux éradicateurs ainsi que les attaques indécentes orchestrées par le biais des médias contre le général Mohamed Betchine, ministre conseiller à la Présidence de la République a été telle qu'elle a obligé le Président Zeroual et son gouvernement à renvoyer l'application de la loi sur l'arabisation aux calendes grecques et à se séparer de son ministre conseiller. Les Algériens sont intoxiqués depuis le coup d'Etat de 1992 (qui a précisément gelé la loi sur la généralisation de l'utilisation de la langue arabe alors en vigueur) par une propagande haineuse entretenue par certains milieux français, relayée en Algérie par les médias contrôlés par les généraux éradicateurs déracinés et mentalement colonisés. Ces derniers adoptent la violence et la répression comme une politique destinée à détourner l'Histoire de son cours naturel en essayant de discréditer l'Islam et en traitant la langue arabe d'« ennemi » public. L'amalgame et l'irresponsabilité de ces milieux les poussent jusqu'à traiter les défenseurs de la langue arabe de « terroristes »168. Ces éradicateurs échoueront bien sûr tôt ou tard comme a échoué le colonialisme français dont ils constituent aujourd'hui le prolongement en Algérie. Mais entre-temps, que d'injustice, que de sang, que de crimes, que de larmes. Sur le plan économique, la France considère l'Algérie comme un marché captif. Dans ce cadre, l'Algérie subit des pertes substantielles à travers des opérations répétitives et juteuses. Ceci est dû à l'existence de réseaux d'intérêts français dans la hiérarchie militaire, dans l'administration algérienne et auprès de certains opérateurs économiques publics algériens qui agissent dans l'opacité. Citons deux exemples seulement à titre d'illustration : 167 Pour l'implication de ces généraux d'orientation française dans l'assassinat de Lounes Matoub, cf. Les révélations faites par « le mouvement algérien des officiers libres » sur Internet, www.anp.org. Cf. aussi le quotidien français Libération du 26 janvier 2000. 168 Cf. les quotidiens El Watan, Le Matin et Liberté dans leurs différentes livraisons de juin et juillet 1998. • Importation des médicaments L'Algérie couvre la quasi-totalité de ses besoins pharmaceutiques par l'importation de France de médicaments, souvent périmés, à des prix beaucoup plus élevés que ceux du marché mondial. Il y a toujours eu, de manière récurrente, des scandales étouffés dans ce domaine entre 1970 et 2000. La perte subie par l'Algérie est double : le surcoût non justifié des produits importés et le nonremplacement des quantités fort importantes des médicaments périmés qui sont systématiquement détruits. Dans ce contexte, les milieux officiels algériens affirment, en août 1996, que le ministre de la Santé vient d'annuler un contrat avec une firme française parce que les prix des médicaments importés dépassent de 65% non pas les prix internationaux mais les prix habituellement pratiqués par la même entreprise française et que cette situation dure depuis 1994169. • Importation de céréales L'importation massive de céréales de France depuis le coup d'Etat de 1992 se traduit par un surcoût supérieur à 30%. Ce surcoût est le résultat de la conjugaison d'un prix plus élevé que le cours mondial des céréales et des conditions financières élevées des crédits commerciaux consentis à cet effet. Lorsque l'on sait que les importations algériennes en provenance de la France atteignent 34% de ses importations totales au cours des années 1990 contre 17% au cours de la décennie 1980 et que si l'on inclut les importations informelles, les importations de France dépassent aujourd'hui 50% des importations totales algériennes, on se rend mieux compte des dommages commerciaux et financiers causés à l'Algérie au moment où l'Algérie a tant besoin des devises. On comprend ainsi mieux pourquoi certains milieux à Alger, et à Paris, sont contre la démocratie et contre la transparence en Algérie. 169 L'information a été donnée par la télévision algérienne le 6 août 1996 dans le journal télévisé à 20 heures locales. Mais aucune suite n'a été donnée à ces dépassements, comme hier et comme demain tant que le même régime est en place. D'autre part, certains dirigeants français répètent de temps à autre entre 1993 et 1997 que le rôle de la France en Algérie se limite à « l'aide économique » qu'elle apporte au pouvoir actuel pour surmonter les difficultés aiguës auxquelles il fait face et affirment que cette « aide est destinée au peuple algérien » (sic). Ces déclarations inspirent deux brefs commentaires : • « L'aide économique » dont parlent ces dirigeants n'est pas une « aide » destinée à l'Algérie, mais une aide à l'économie française. Chacun sait, en effet, que les crédits français à l'Algérie sont des crédits liés pour acheter uniquement des produits français. Et à quels prix. • La meilleure aide que la France pourrait apporter au peuple algérien est de ne pas intervenir, par généraux éradicateurs interposés, dans ses affaires internes pour laisser la démocratie s'exercer en Algérie et pour lui permettre de choisir librement et honnêtement les dirigeants en qui il a confiance. L'Algérie n'a besoin ni de tutelle, ni de courtiers. Le meilleur service que la France pourrait rendre à l'Algérie est qu'elle accepte que les relations économiques bilatérales soient équilibrées et transparentes et que soient pris en compte les intérêts des deux pays dans le cadre de la compétition internationale. Il ne saurait y avoir de stabilité en Algérie et dans toute la région sans retour à la souveraineté populaire et son respect. Mais le res-sentiment de certains milieux français à l'égard de l'Algérie trouble leur rationalité comme le fer perturbe la boussole. La fidélité des généraux éradicateurs à l'ancienne puissance coloniale est telle que, depuis 1992, ils ont eu recours aux mêmes méthodes que l'armée coloniale utilisait contre le peuple algérien du-rant la guerre de libération. 9.2.2. Retour aux méthodes coloniales 9.2.2.1. Similitude de l'approche du régime algérien depuis 1992 et de celle des autorités coloniales françaises Dans leur lutte contre la mouvance islamique, les généraux d'orientation française et leurs représentants dans les gouvernements Ghozali, Abdeslam, Malek, etc. et dans la presse utilisent les mêmes méthodes, voire les mêmes concepts et les mêmes mots que l'armée coloniale durant la guerre de libération entre 1954 et 1962 : action psychologique à travers la désinformation et l'intoxication, politique de la terre brûlée, quadrillage, ratissages, utilisation du napalm lors des attaques aériennes des maquis, des forêts incendiées, constitution de groupes d'autodéfense, création des brigades de la mort, assassinats de personnalités politiques, ouverture de camps d'internement dans le grand Sud algérien, torture, exécutions sommaires, enlèvements nocturnes, massacres collectifs d'Algériens innocents, exode de populations rurales pauvres vers des lieux considérés plus sûrs, etc. Les adversaires politiques de l'ordre établi sont traités de terroristes et d'éléments subversifs et sont privés des droits de l'homme les plus élémentaires. L'aveuglement dans le mimétisme du pouvoir colonial a poussé certains responsables éradicateurs comme Salim Saadi, alors ministre de l'Intérieur, à déclarer, en mars 1994, la « guerre implacable » aux islamistes, rappelant étrangement la déclaration que François Mitterand, alors ministre de l'Intérieur, a faite en novembre 1954 en affirmant que la seule négociation avec le FLN c'est « la guerre par tous les moyens ». La seule différence entre ces deux déclarations à 40 ans d'intervalle, c'est que Mitterand défendait « l'Algérie française » et que Salim Saadi milite pour la francisation de l'Algérie arabo-musulmane. Ceci montre bien que la nature de la lutte qui oppose le régime éradicateur algérien non pas aux islamistes seulement, mais aussi à la majorité écrasante du peuple algérien, est d'essence civilisationnelle. L'appareil de l'Etat et des services de sécurité sont encadrés et dominés par des éléments de hizb França très minoritaires dans l'Algérie d'aujourd'hui comme l'étaient hier les représentants du colonialisme français avant l'indépendance. 9.2.2.2. Primauté de l'économique pour occulter des problèmes politiques aigus En 1992, le Haut Comité d'Etat considère, comme l'a fait la France en 1954, que le problème n'est pas politique mais essentiellement économique. Les Français disaient hier que les « Français Musulmans » ont besoin de pain et non de politique et niaient la soif de liberté et d'indépendance des Algériens. Les généraux éradicateurs d'obédience française affirment depuis 1992 que c'est le chômage qui est la cause du gonflement des rangs du FIS et nient la soif de démocratie et de justice sociale des Algériens. Pour mettre en échec le FLN et l'ALN, le général De Gaulle annonce en 1958 le « Plan de Constantine » comportant un programme d'investissements destiné à lutter contre le chômage. En 1992, le programme économique de la junte consiste à réaliser le rêve de Ghozali, alors Premier Ministre, de vendre 25% des gisements de pétrole de Hassi Messaoud pour 6 à 7 milliards de dollars. Ces sommes permettraient de réduire la dette extérieure du pays et de lancer un vaste programme de construction d'un million de logements pour lutter contre le chômage, résorber la crise de logement et saper ainsi à la base le soutien des jeunes au FIS. Les généraux éradicateurs pensaient pouvoir renverser le soutien populaire en leur faveur et disposer ainsi de la légitimité pour justifier leur maintien au pouvoir. Les résultats sont éloquents : les généraux éradicateurs sont toujours au pouvoir (même si l'Algérie a eu entre 1992 et 2000 quatre chefs d'Etat et six Premiers Ministres), en fourvoyant le pays dans l'impasse avec l'accroissement sans précédent du chômage et le pourrissement grave de la crise politique. 9.2.2.3. Les menaces proviennent de l'extérieur Entre 1954 et 1962, la France accusait « l'extérieur » et notamment l'Egypte d'aider les « rebelles et les terroristes » algériens. Depuis 1992, les généraux éradicateurs et leurs gouvernements successifs accusent « l'extérieur » et notamment l'Iran et le Soudan d'aider les « terroristes » islamiques. Et comme pour accréditer ses accusations, le régime algérien a rompu ses relations diplomatiques avec ces deux pays. 9.2.2.4. Institutionnalisation de la violence En 1956, le Parlement français vote les pouvoirs spéciaux pour permettre au gouvernement Guy Mollet de renforcer la répression contre le peuple algérien. En 1992, le Haut Comité d'Etat déclare l'état d'urgence, d'ailleurs toujours en vigueur en décembre 1999. Les mesures de répression sont aggravées par le décret du 30 septembre 1992, copie aggravée du décret du 14 août 1941 pris par le gouvernement de Vichy170. Comme la violation de la Constitution et des lois en vigueur ne lui paraît pas suffisante pour « maîtriser » la situation sur le terrain, le régime algérien a excellé dans la violation des droits fondamentaux de l'homme : arrestations massives et arbitraires d'innocents parmi lesquels des élus municipaux, de nouveaux élus à l'Assemblée Nationale (élus au premier tour des élections législatives du 26 décembre 1991), des professeurs, des ingénieurs, des médecins, des avocats, des commerçants et des étudiants envoyés sans jugement dans des camps d'internement ou jetés dans des prisons dans des conditions de détention inhumaines. 9.2.2.5. La mouvance nationaliste et islamique sont « contre l'intelligence » Une vaste campagne est organisée depuis le coup d'Etat de 1992 par le régime algérien et par la presse française tendant à présenter les généraux de hizb França comme le parti des intellectuels et le FIS et les nationalistes comme le parti de l'obscurantisme et l'ennemi de l'intelligence. Le peuple algérien ne croit pas dans sa majorité à de telles assertions mensongères, comme il a rejeté des allégations du même type exprimées par le pouvoir colonial à l'égard du FLN et de l'ALN entre 1954 et 1962. Car, tout le monde sait que des intellectuels (médecins, avocats, professeurs, étudiants, etc.) sont injustement arrêtés, internés des années durant sans jugement, torturés, voire exécutés par des services de sécurité depuis 1992, comme l'ont été leurs aînés par l'armée française pendant la guerre de libération. La répression culturelle (contre la langue arabe pendant la période coloniale et contre la langue arabe et les langues étrangères autres que le français par hizb França) et le ridicule ont été poussés par l'administration algérienne au point où l'équivalence des PhD (doctorat) obtenus aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, fussentils de Harvard, MIT, Oxford ou Cambridge, ne sont pas automatiquement reconnus comme les diplômes français. Des enseignants 170 Cf. J. Vergès, Lettre ouverte à des amis algériens devenus tortionnaires, p. 27 (Paris: Albin Michel, 1993). d'universités attendent jusqu'à 8 ans et davantage pour voir leur PhD reconnu par les autorités universitaires et administratives algériennes. 9.2.2.6. « Après nous le déluge » En 1960-61, le général De Gaulle, relayé par la presse française, répétait que si l'Algérie choisit l'indépendance, ce sera le chaos. Depuis 1992, les généraux éradicateurs et leurs représentants dans les médias algériens et français soutiennent que si les islamistes arrivent au pouvoir, même démocratiquement, ce sera la guerre civile, ce sera l'Afghanistan. Etrange similitude dans l'art de l'amalgame et de la confusion. Le rappel de ces quelques vérités illustre bien le caractère sousjacent de la crise civilisationnelle qui sous-tend la crise politique. L'appareil administratif répressif et le système éducatif tronqué hérités de la période coloniale ont compliqué la situation conflictuelle en Algérie entre une minorité mentalement colonisée, amarrée à la France et qui détient le pouvoir par la force d'une part et, la majorité écrasante du peuple qui aspire à des changements profonds du système d'une manière démocratique d'autre part. 9.2.3. Le programme économique de la junte La primauté accordée à l'économique sur le politique par les généraux éradicateurs (qui n'ont aucun programme) justifie le maintien de Ghozali comme Premier Ministre après le coup d'Etat de janvier 1992 qu'ils considèrent capable de concevoir et mettre en œuvre un programme économique à la hauteur de la gravité des événements et avec lequel ils ont d'ailleurs beaucoup d'affinités politiques et culturelles. Le maigre programme économique de la junte consiste à mettre en œuvre la promesse de Ghozali, faite en été 1991, de vendre 25% des gisements de pétrole de Hassi Messaoud pour 6 à 7 milliards de dollars. Il s'agit de lancer, avec ces recettes providentielles, un vaste programme de construction d'un million de logements en quelques années pour lutter contre le chômage et résorber la crise de logement. Il s'agit aussi de réduire la dette extérieure de l'Algérie devenue un véritable boulet inhibant toute tentative de redressement économique. Les généraux éradicateurs espèrent ainsi surmonter la crise économique et améliorer la situation économique et sociale du pays. De tels résultats positifs leur permettraient d'obtenir l'adhésion populaire et justifier leur maintien au pouvoir. Quels sont en fait les tenants et aboutissants de la vente partielle de Hassi Messaoud ? 9.2.3.1. La vente de Hassi Messaoud Les données techniques à la disposition de Sonatrach, élaborées par des firmes étrangères et notamment par la firme américaine De Gloyer and Mac Naughton, montrent que les réserves pétrolières récupérables de Hassi Messaoud représentent 66% des réserves de l'Algérie et estimées alors à 478 millions de tonnes. La vente de 25% de ces quantités correspond à près de 120 millions de tonnes soit autour de 960 millions de barils. Céder ces quantités à 6 ou 7 milliards de dollars comme cela a été annoncé équivaut à vendre notre pétrole aux firmes multinationales à 6 ou 7 dollars le baril au lieu du prix du marché qui fluctuait alors entre 18 et 20 dollars le baril. Cela signifie qu'une telle opération, si elle s'était réalisée, aurait privé l'Algérie de 12 à 13 milliards de dollars. Ce qui aurait représenté un transfert net de richesses considérables d'un pays pauvre vers des pays riches. Si l'on se place maintenant dans l'optique des déclarations de Ghozali qui estime que les réserves récupérables de Hassi Messaoud non pas à 478 millions de tonnes mais à 5 milliards de tonnes (ce que nous contestons), la vente de 25% de Hassi Messaoud serait alors de 1,25 milliard de tonnes, soit 19 milliards de barils. Le cadeau fait aux entreprises transnationales se situerait dans ce cas entre 120 et 140 milliards de dollars au prix du marché. De plus, l'idée de faire appel aux firmes multinationales pour exploiter à bon marché les gisements existants est en soi contestable. Ce qu'il aurait fallu encourager par contre, ce serait l'association de ces firmes étrangères dans l'exploration et la découverte de nouveaux gi sements pour augmenter nos réserves pétrolières en prenant des mesures incitatives appropriées. Par ailleurs, Ghozali affirme en 1991 que la vente de 25% de Hassi Messaoud va pouvoir assurer des recettes additionnelles de l'ordre de 140 milliards de dollars en quelques années seulement grâce à l'augmentation des exportations induites. Le temps a montré que ceci est une vue de l'esprit. Nous avons déjà démontré l'inanité de telles déclarations fantaisistes et sensationnelles171. En fait, de telles déclarations spectaculaires et sans fondement visent à anesthésier l'opinion publique nationale pour la détourner des par-tis politiques dont la popularité s'accroît de plus en plus au fur et à mesure que l'on se rapproche des élections législatives fixées au 26 décembre 1991, remportées d'ailleurs par le FIS et hâtivement annulées. Ces déclarations visent également à présenter Ghozali comme l'oiseau rare pour conforter les généraux éradicateurs qui l'ont fait nommer Premier Ministre. Ces déclarations visent enfin à rassurer les puissances étrangères et notamment la France en ouvrant à leurs firmes l'accès de gisements existants à très bon compte, d'une part, et en présentant l'Algérie comme un pays riche et un marché potentiel important, leur offrir des débouchés. Ils verraient ainsi leurs exportations vers l'Algérie s'accroître de manière substantielle, d'autre part. En fondant sa « politique économique » sur la seule vente de 25% de Hassi Messaoud, le gouvernement Ghozali soutient que seule l'accélération des exportations pétrolières sortirait l'Algérie de sa crise économique et financière et de sa situation d'endettement extérieur grave. En réduisant son programme économique à la seule vente du pétrole, le gouvernement occulte de ce fait les problèmes fondamentaux tels que la nécessité de développement de l'agriculture, l'organisation de l'intégration économique nationale, la relance du secteur de la construction et du bâtiment et des travaux publics, l'assainissement de l'économie, la création d'emplois, la réforme 171 Nous avons critiqué avec détail la proposition de vente de 25% de Hassi Messaoud faite par Ghozali en son temps ; cf. Interview accordée par A.Brahimi au Jeune Indépendant, no.42 du 20-26 août 1991.Cf. aussi notre ouvrage Stratégies de développement pour l'Algérie, op. cit., pp. 348-352. fiscale, la réforme financière, la lutte contre la paupérisation rampante, etc. qui constituent autant de domaines urgents et cruciaux. Mais, malheureusement, ce n'est ni l'intérêt général, ni le développement réel de l'Algérie qui intéressent le gouvernement Ghozali et les généraux éradicateurs qui l'ont nommé. Il est clair que la vente de 25% de Hassi Messaoud s'inscrit plutôt dans la logique du « nouvel ordre mondial » déployé depuis la guerre contre l'Irak et caractérisé par le contrôle par les Etats Unis des réserves pétrolières gigantesques des pays du Golfe. Dans ce contexte, la France trouve le moment opportun pour contrôler à nouveau des gisements pétroliers algériens autrefois découverts par elle et nationalisés par l'Algérie en 1971 et en 1980. En somme, la France veut avoir son « Golfe » à elle. En effet, l'Algérie, outre sa position géopolitique stratégique, est devenue vulnérable par le poids très élevé de sa dette extérieure et constitue une cible « facile » pour les intérêts français. Dans ce cadre, le prêt de 100 millions de dollars consenti à la Sonatrach par la Banque mondiale avec un cofinancement à hauteur de 7,7 millions de dollars accordés par Total, société pétrolière française est très significatif. En effet, l'accord signé au début du mois d'août 1991 entre l'Algérie et le Banque mondiale sur ce prêt prévoit la « privatisation » des activités pétrolières ainsi que des conditions draconiennes de contrôle des activités de Sonatrach par la Banque mondiale. Ces conditions sont non seulement exorbitantes et disproportionnées par rapport au faible niveau du prêt et à la très forte capacité de remboursement de la Sontrach (dont les recettes extérieures tournent alors autour de 12 milliards de dollars par an), mais dérogent aux pratiques traditionnelles de la Banque mondiale. Le retour de l'entreprise française Total à Hassi Messaoud, dont les intérêts ont été nationalisés en 1980, semble avoir été bien organisé et bien enrobé. La vente de 25% de Hassi Messaoud, présentée comme une décision nationale salvatrice, a été en fait conçue par l'étranger et ne correspond nullement aux intérêts de l'Algérie. La mise en œuvre de cette politique de dénationalisation des hydrocarbures et de leur « privatisation » ainsi que l'habillage juri dique, financier et technique qui l'a accompagné ont donc été inspirés par l'extérieur, même si les acteurs visibles et moins visibles sont des Algériens dont certains font partie du gouvernement Ghozali. 9.2.3.2. Relance de l'économie La relance économique est basée sur la privatisation déguisée des hydrocarbures. En effet, cette politique de privatisation des hydrocarbures, inaugurée par Ghozali en 1991, comme cela a été rappelée plus haut, est revenue en surface en 1995 et 1996, aboutissant à l'adoption par le gouvernement d'une nouvelle législation réglementant le secteur pétrolier et gazier. En conséquence, des contrats de « partenariat » ont été signés par Sonatrach avec 36 firmes pétrolières internationales. Les périmètres d'exploration et d'exploitation confiés à ces firmes étrangères n'excluent plus les gisements pétroliers existants comme auparavant. En effet, l'exploitation par des opérateurs étrangers de gisements déjà découverts correspond à une perte sèche pour l'Algérie et à une braderie de ressources stratégiques épuisables et non renouvelables. Cette nouvelle politique de privatisation déguisée172 et de liquidation des hydrocarbures est présentée par le gouvernement algérien comme un succès politique et financier international, parce que ces contrats impliquent des investissements de l'ordre de 10 milliards de dollars sur une période de 20 ans. S'agissant des contrats, leur impact sur l'emploi et sur la balance des paiements ne peut être que négligeable. D'une part, ces investissements ne représentent ni un transfert de capital à travers la Banque d'Algérie (la Banque centrale du pays), ni une injection de devises étrangères dans l'économie algérienne. Ces investissements représentent plutôt la valeur des équipements importés et utilisés par les compagnies étrangères dans les différents gisements désignés à cet effet et servent également au 172 Les choses s'accélèrent en janvier 2000, puisque la privatisation de la Sonatrach, des banques et des compagnies d'assurances figure dans le programme du nouveau gouvernement et fait l'objet de commentaires divers de la presse algérienne. La privatisation de tels secteurs stratégiques et juteux ne se justifie nullement et correspond à une liquidation gratuite d'une bonne partie de la richesse nationale. paiement de différents services importés et des experts étrangers recrutés pour la circonstance. D'autre part, l'impact sur l'emploi est négligeable, compte tenu du niveau élevé de qualification du personnel requis, constitué essentiellement d'experts étrangers dont les salaires sont transférés à l'étranger. Le recours à la main d'œuvre algérienne non qualifiée sera forcément occasionnel et limité. Ainsi, les effets financiers des investissements pétroliers profitent davantage à l'étranger qu'à l'économie algérienne. Le gouvernement algérien et la presse aux ordres font l'éloge de ces contrats pétroliers et gaziers qui, disent-ils, vont contribuer à l'accroissement des exportations des hydrocarbures de l'Algérie et vont procurer au pays entre 14 et 15 milliards de dollars par an à partir de 2003. S'agissant de l' accroissement des exportations, l'Algérie, tenue par les accords de l'OPEP dont elle est membre, ne peut augmenter son quota à sa guise. Si elle le fait, d'autres pays suivront et les prix de pétrole chuteront automatiquement. La baisse du prix de pétrole ne peut pas être compensée par l'augmentation des quantités exportées, comme cela a été démontré sur le terrain au cours des 15 dernières années. S'agissant du niveau des recettes d'exportation des hydrocarbures estimé entre 14 et 15 milliards de dollars en 2003, présenté par le gouvernement en 1996 et 1997 comme un véritable boom financier, ne représente en définitive que le niveau déjà réalisé par l'Algérie entre 1979 et 1984, lorsque les revenus extérieurs procurés par les hydrocarbures variaient entre 13 et 14 milliards de dollars par an et ce, lorsque le dollar, unité de compte des transactions pétrolières, était beaucoup plus fort qu'aujourd'hui et que la population de l'Algérie ne dépassait guère 20 millions d'habitants. Ce que le gouvernement présente comme un succès financier sans précédent n'est en définitive qu'un retour au niveau des recettes d'exportation enregistré au cours de la première moitié de la décennie 1980, avec cette différence que la population algérienne se sera accrue de 12 millions en passant de 20 millions d'habitants au début des années 1980 à 32 millions en 2003. Avec le niveau des recettes d'exportation escomptées il sera impossible de satisfaire les besoins additionnels dans les domaines alimentaire, de l'emploi, des logements etc. Toute la politique du régime algérien est fondée sur la falsification, la désinformation et la manipulation des faits et des chiffres. Les importantes concessions faites aux firmes pétrolières étrangères au détriment de l'intérêt national sont ainsi présentées comme un succès politique et financier de l'Algérie au moment où la situation économique et sociale du pays se détériore lamentablement173. 9.2.3.3. Détérioration de la situation économique La situation économique de l'Algérie s'est gravement détériorée depuis le coup d'Etat de 1992 comme en témoignent les paramètres suivants. • La production intérieure brute (PIB) par tête d'habitant est tombée dramatiquement de 2500 dollars par an en 1990 à 1376 dollars en 1997 pour atteindre 1661 dollars en 1998174. • La marginalisation continue de l'agriculture se traduit par l'augmentation des importations des produits agroalimentaires au point où celles-ci coûte au pays près de trois milliards de dollars en 1998. • En 1997-98, le secteur industriel public et privé hors hydrocarbures fonctionne à moins de 20% de sa capacité installée. • Le taux d'investissement (rapport entre l'investissement et la PIB) hors hydrocarbures observé depuis le coup d'Etat de 1992 n'a jamais été si bas au cours des trente dernières années. Une importante part des ressources financières disponibles est utilisée pour accroître les importations de biens de consommation, d'équipements militaires et d'armement. Les dépenses militaires ont considérablement augmenté au cours de la décennie rouge. Ces dépenses se sont accrues de 45% en 1994 et de 144% en 1995 pour atteindre 2 milliards de dollars en 173 En 1996, lors des négociations de ces contrats entre Sonarach et les firmes pétrolières transnationales, « l'Algérie aux abois est en effet prête à accorder des concessions, ce qui constitue un retour en arrière comparé aux pratiques des pays du Golfe », comme le souligne Hubert Coudurier dans son ouvrage Le Monde selon Chirac, op. cit., p. 232. 174 Cf. The Economist Intelligence Unit, London, December 1999. 1996175. En 1998, ces dépenses ont augmenté de 100%. Tout cela au détriment des investissements productifs. Les dépenses militaires augmentent très rapidement pour répandre la terreur, tandis que la pauvreté s'étend à travers le pays résultant de l'aggravation de la situation économique. • L'activité du secteur du bâtiment et des travaux publics s'est ralentie considérablement au point que la crise de logement est devenue explosive. • Le chômage, en augmentation constante, a dépassé le cap de 40% depuis 1997 et atteint 50%, voire davantage dans beau-coup de régions du pays. Le chômage frappe particulièrement les jeunes. En effet, les jeunes, âgés entre 16 et 29 ans, représentent 83% des chômeurs. Le nombre des chômeurs est passé de 1 300 000 en 1992 à plus de 3 500 000 en 1998. Comme les opportunités de création d'emplois sont rares, en raison de la tendance vers la baisse des taux d'investissement, le chômage va s'aggraver encore davantage pour atteindre des niveaux dramatiques au cours des prochaines années, puisqu'il augmentera à un rythme de 260 000 en moyenne par an. • L'inflation, résultant de l'augmentation conjuguée des prix des produits importés (causée par la dévaluation du dinar) et des coûts de production, a dépassé 40% en 1994 et autour de 32% en 1995, niveaux jamais vus depuis l'indépendance. La situation est beaucoup plus grave en réalité quand on réalise que le pouvoir d'achat des citoyens a dramatiquement baissé par rapport aux décennies 1970 et 1980 lorsque le consommateur algérien consacrait 40% de son budget aux produits alimentaires. Le niveau général des prix des produits de consommation essentiels a augmenté à un taux annuel moyen supérieur à 90% au milieu des années 1990 (200% pour le café, 120% pour le pain, 110% pour le lait, 90% pour le sucre, etc.). A tel point que le salaire d'un cadre moyen n'est plus en mesure d'assurer la couverture des besoins essentiels du ménage, pour 175 Sources : The International Institute of Strategic Studies, Stokholm, Sweeden, 1996 ; The International Institute of Strategic Studies, London, UK, 1997. ne rien dire des titulaires de bas revenus et des chômeurs rongés par le dénuement et la pauvreté. • La dette extérieure est passée de 26 milliards de dollars en 1992 à 34 milliards en 1998 et dépasse 40 milliards de dollars, si l'on inclut la dette militaire qui est soigneusement dissimulée des statistiques officielles. La dette extérieure constitue un lourd fardeau qui va, dans le contexte économique actuel, aggraver la récession et inhiber les efforts de relance économique dans les années à venir. • Le contrôle des importations (dont la valeur varie entre 10 et 11 milliards de dollars par an) par une poignée d'hommes qui se sont substitués aux monopoles détenus auparavant par l'Etat et la généralisation de la corruption (estimée à 2 milliards de dollars par an) ont créé une nouvelle classe parasitaire de prédateurs qui détourne à son profit des fortunes colossales. Ceci est d'autant plus grave que le commerce extérieur représente en Algérie 65,7% de la PIB (production intérieure brute) en 1999 et 68,4% en 2000176. La privatisation de l'Etat et l'économie de marché dévoyée qui l'accompagne se sont traduites par une forte concentration de la richesse entre les mains d'une minorité ainsi que par la paupérisation, la pauvreté et l'exclusion sociale qui caractérisent désormais la société algérienne. Les promesses théâtrales de Ghozali ainsi que les promesses de relance de l'économie faites par le Président Liamine Zeroual pas-sent mais la misère matérielle et intellectuelle reste et s'aggrave au fil des années. Toute la politique du régime militaire d'orientation française est fondée sur la falsification, la désinformation et la manipulation des faits, non seulement dans les domaines politique et économique comme on vient de le voir, mais aussi et surtout dans le domaine sécuritaire qu'il privilégie en répandant la terreur. 9.2.4. La politique de la terreur Les généraux éradicateurs s'appuient sur quelques partis politiques marginaux, des pseudo-démocrates qui ont d'ailleurs été tous éliminés lors des premières élections législatives pluralistes du pays tenues le 26 décembre 1991 et qui ont, aussitôt après la proclamation des résultats, appelé à leur annulation. Leur élimination par les urnes est tout à fait naturelle et sans surprise puisqu'ils sont coupés des masses. Pour se maintenir au pouvoir, les généraux éradicateurs comptent principalement sur l'utilisation de la force et sur la division des partis politiques représentatifs (en les infiltrant et en les manipulant par le biais des services de sécurité). 176 Source : The Economist Intelligence Unit, London, December 1999. Au lendemain du coup d'Etat, la junte a engagé sa politique sécuritaire basée sur la répression tous azimuts. Des dizaines de milliers d'Algériens innocents, militants ou sympathisants du FIS, ont été arrêtés et envoyés soit en prison soit dans des camps d'internement au Sahara. La torture, les enlèvements à domicile ou au lieu de travail, les exécutions extrajudiciaires sont devenus depuis lors des pratiques quotidiennes. Dès la première semaine du coup d'Etat, des milliers d'officiers de l'armée, jeunes et moins jeunes, ont été mis à la retraite anticipée, parce que suspectés d'avoir des sympathies avec la mouvance islamique ou simplement parce qu'ils font la prière. Des unités spéciales chargées de la répression, telles que les « Ninja » ou les « escadrons de la mort », ont été mises sur pied. Leur nombre dépasse 60 000 hommes. Ils subissent un entraînement spécial, y compris le lavage de cerveau, et s'adonnent à la drogue. Les officiers encadreurs de ces unités spéciales auraient subi un stage en France. L'échelle de la répression s'étend vite au-delà des militants du FIS et touche pratiquement tous ceux qui osent dénoncer ou contrecarrer politiquement et pacifiquement la politique répressive du régime ou ceux qui ne pensent pas comme eux. Les assassinats de personnalités politiques ont été inaugurés très tôt à partir de 1992. Mohamed Boudiaf, proclamé chef d'Etat par des généraux en mal de nationalisme, a été exécuté sur leur ordre six mois seulement après parce qu'il a osé tenter de trouver une solution politique à la crise et osé s'attaquer au dossier de la corruption177. Kasdi Merbah subit le même sort parce qu'il a préconisé la réconciliation nationale et un dialogue entre le pouvoir et les partis représentatifs, y compris le FIS. De Boudiaf et Merbah à Abdelkader Hachani, assassiné en novembre 1999, en passant par le général Saidi Fodil (dont l'assassinat a été maquillé en accident de voiture), Boubekeur Belkaid, ancien ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Merbah et Abdelhak Benhamouda, alors secrétaire général de l'UGTA, les assassinats politiques reflètent la dégradation continue de la situation sécuritaire. « En Algérie, les crimes politiques ont tous conservés leur part d'ombre »178 et démontrent que la violence est une politique délibérée du pouvoir. La violence est, en effet, alimentée par la junte. Aux unités spéciales de répression fortes de 60 000 hommes créées en 1992, le pouvoir décide dès 1993-94 de former des milices. En même temps, les services de Sécurité militaire passent à l'offensive en créant ou en infiltrant et en manipulant les « groupes islamiques armés » (GIA)179. Redha Malek, alors Premier Ministre, et son ministre de l'Intérieur Salim Saadi demandent publiquement en 1993 la création de milices pour « terroriser les islamistes ». « Il est temps que la peur change de camp » déclare Redha Malek, ne faisant que paraphraser le ministre français de l'Intérieur de l'époque, Charles Pasqua qui avait invité quelque temps auparavant les autorités algériennes à « terroriser les islamistes ». 1) Depuis septembre 1993, les GIA, soutenus par les services de la Sécurité militaire, ont commencé à s'attaquer aux étrangers, aux journalistes et aux intellectuels. Cela a été fait pour diaboliser les islamistes et pour gagner le soutien de l'opinion publique en France et en Occident en vue de renforcer le pouvoir de la junte. Les Algériens disposent de preuves suffisantes dans ce domaine comme l'enlèvement des diplomates français puis leur libération, l'assassinat des Français lors de l'attaque du centre français de Ain Allah, situé à une centaine de mètres du quartier général de la sécurité militaire ou comme l'enlèvement et l'assassinat des sept moines de Tibehrine, très estimés d'ailleurs par la population et respectés par les islamistes de Médéa180, l'assassinat d'intellectuels comme le Professeur Boucebsi, Dr Boukhabza, etc., ou de journalistes tels que Tahar Djaout, Abada, Harirache et tant d'autres, ont été décidés par les services de sécurité et attribués aux islamistes. 177 Des informations détaillées sur les généraux, dont notamment Smail Lamari, qui ont commandité l'assassinat de Mohammed Boudiaf et de Merbah ont été fournies par le « mouvement algérien des officiers libres » dans leur site sur Internet déjà cité. 178 Cf. le quotidien français Le Monde du 25 novembre 1999. 179 Dr. Ahmed Djedai, alors premier secrétaire du FFS, n' a pas tort d'appeler les GIA les groupes islamiques de l'armée. Une fois l'objectif des éradicateurs atteint en moins de deux ans avec la mobilisation des médias en France contre la mouvance islamique, les assassinats des intellectuels et des journalistes ont subitement cessé comme par enchantement. 2) Dès 1994, au lieu de s'attaquer à des objectifs militaires et aux cercles responsables de l'annulation des élections législatives gagnées par le FIS auquel ils sont supposés appartenir, les GIA ont ciblé dès le départ l'AIS, et la base sociale du FIS. 3) En 1994 et 1995, des compagnies entières de soldats ont déserté leurs casernes avec armes et bagages pour rejoindre des islamistes dans les montagnes de Tablat, Larba ou dans la région de Ain Oussara. Tous les déserteurs ont été exécutés par les GIA. Par contre, lorsque de jeunes soldats désertent leurs unités pour rejoindre les maquis islamistes où les GIA ne sont pas implantés, comme cela est arrivé dans la région de Ain Defla au mois d'avril 1995, c'est à l'armée que revient la charge de les poursuivre avec de gros moyens (infanterie, artillerie et aviation combinées en même temps) en utilisant toutes sortes d'armement, y compris le napalm importé, dont l'usage est internationalement interdit. A la suite de ces attaques, l'armée annonce avoir tué plus de « 2000 terroristes ». On annonce cela au moment où le pouvoir affirme officiellement que le nombre des « terroristes » n'excède pas 2000 sur l'ensemble du territoire. Ce qui signifie que les deux mille victimes des raids de l'armée dans la région de Ain Defla en une seule journée sont en fait des civils. Ces innocents paysans qui habitent les montagnes ont été tués parce qu'ils sont suspectés d'aider des islamistes armés et des déserteurs que l'armée n'arrive ni à localiser ni à fortiori à atteindre. 180 Voir le témoignage de Ali Benhjar, émir de la « Rabita Al Islamia Li Da'wa wa Al Jihad », qui opère dans la région de Médéa, document dactylographié daté de juillet 1997 ; cf. aussi le quotidien Le Monde du 7&8 juin 1998. 4) Cheikh Mohamed Saïd et Abderrezak Redjam, deux leaders du FIS, ont rejoint les GIA en compagnie de nombreux militants en mai 1994 sans savoir que les GIA sont infiltrés et manipulés par les services de sécurité. Tous sans exception ont été sauvagement égorgés par les GIA. 5) Le cas de Antar Zouabri est frappant. Chef des GIA depuis 1996, il est décrit par la presse aux ordres comme un héros insaisissable. Maintes fois, sa mort a été annoncée officiellement par l'armée, mais chaque fois contredite sur le terrain. L'hebdomadaire français Paris-Match écrit, dans sa livraison du 9 octobre 1997, que les services secrets britanniques du Scotland Yard, ont été surpris de découvrir que les conversations téléphoniques entre « le siège » des GIA en Algérie et l'Egyptien soi-disant « cheikh » Hamza, leur représentant à Londres et responsable de la publication des GIA, Al-Ansar, émanaient en fait d'une caserne de l'armée algérienne. D'ailleurs, le quotidien El Watan, proche de la Sécurité militaire, mentionne dans son numéro du 27 avril 1998 que l'armée a entre-pris à l'ouest de l'Algérie une opération militaire d'envergure contre des groupes islamistes, opposés au GIA de Zouabri. 6) Les différents attentats organisés en France, notamment dans le métro de Paris et attribués au GIA, ont été planifiés par les services secrets algériens. Dans ce cadre, une personnalité française m'a affirmé que le Président Chirac a envoyé un message au Président Zeroual, après l'élection présidentielle algérienne de novembre 1995. Ce message souligne, entre autres, que le Président français ne permettra plus jamais aux services secrets algériens d'organiser des attentats en France. Comme par hasard, depuis cet avertissement français, il n'y a plus eu aucun attentat « islamiste » en France. Le GIA s'est immédiatement évaporé du paysage français par miracle. 7) La France et de nombreux pays occidentaux savent que les GIA sont infiltrés et hautement manipulés par la Sécurité militaire algérienne. En effet, depuis février 1995, de nombreux médias français tels que Radio France Internationale, les quotidiens Le Monde, Le Figaro, Libération, les hebdomadaires comme L'Express, le Point et bien d'autres organes ont mentionné plus d'une fois l'infiltration des GIA par les services secrets algériens. Le Monde du 5 mars 1998, par exemple, signale que tous les services secrets occidentaux sont convaincus que le GIA est infiltré par les services secrets militaires algériens pour discréditer les islamistes et maintenir un climat de terreur pour éviter toute révolte. Au total, que les crimes à grande échelle ou les massacres de familles entières soient l'œuvre des escadrons de la mort ou des milices ou des GIA manipulés, il est clair que la politique de terreur pratiquée entre janvier 1992 et avril 2000 (au moment où ces lignes sont rédigées) constitue pour le régime algérien une politique délibérée et réfléchie pour survivre et se maintenir au pouvoir par la force et la violence, en s'opposant à la libéralisation politique, au processus démocratique et à la volonté populaire. Cette répression physique est soutenue par une répression politique et culturelle puisque l'on assiste depuis le coup d'Etat de 1992 à une attaque systématique, par le biais des média contrôlés par la Sécurité militaire, contre les symboles de l'Algérie de toujours à savoir : l'Islam, la langue arabe, l'unité nationale, la solidarité, la justice sociale, etc. Le régime algérien, soutenu politiquement, diplomatiquement, financièrement et militairement par la France, s'attaque à ces symboles par le fer et le sang. Tout simplement parce que la majorité des Algériens a voté en faveur des islamistes en 1990 et en 1991. On a l'impression que la répression qui s'abat sur le peuple algérien depuis 1992 ainsi que le battage médiatique qui le sous-tend visent à faire regretter aux Algériens leur indépendance et à punir le peuple algérien pour le choix qu'il a souverainement exprimé lors des élections législatives de décembre 1991, hâtivement annulées. Tout cela fait partie de la campagne internationale de diabolisation de l'Islam, redevenu le nouvel « ennemi total » de l'Occident181. Le pouvoir algérien, en mal de légitimité, utilise la violence anti-islamique pour obtenir la reconnaissance internationale et devenir fréquentable. Conscient de son impopularité, (c'est le moins que l'on puisse dire) à l'intérieur et de son isolement relatif à l'extérieur, le pouvoir a essayé de se donner une légitimité en renouant avec le processus électoral en novembre 1995, mais pas avec la démocratie dont le peuple algérien est assoiffé. 181 Formule consacrée remise au goût du jour par Samuel Huntington, ‘The Clash of Civilizations' in Foreign Affairs, vol. 72, No3, Summer 1993. 9.2.5. De période de transition en période de transition : l'introuvable stabilité La première période de transition annoncée par le Haut Comité d'Etat (janvier 1992-décembre 1993 qui correspond à la fin du mandat du Président Chadli Bendjedid) a été un échec. En effet, le pouvoir pensait mettre à profit cette période pour résorber la crise politique et renverser la tendance en sa faveur. Force est de constater que les objectifs de stabilité politique et de relance économique fixés n'ont pas été atteints et que la crise multidimensionnelle s'est davantage aggravée. La deuxième période de transition (janvier 1994 - novembre 1995), caractérisée par la « nomination » de Zeroual comme chef d'Etat aboutit à l'impasse. Au cours de cette période ni la politique sécuritaire musclée qui a montré ses limites, ni les négociations minées entre le pouvoir et les deux leaders du FIS, Abassi Madani er Ali Benhadj, n'ont permis le retour à la normale. Le jeu politique est complètement fermé. Le contrat national signé à Sant' Egidio en janvier 1995 par six partis politiques représentatifs et le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme constitue incontestablement une contribution positive pour sortir l'Algérie de la crise et de la tragédie dans laquelle elle a été menée. Mais le pouvoir a raté une occasion en or pour mettre fin à l'effusion de sang et ouvrir une nouvelle période chargée de grands espoirs en rejetant le contrat national « globalement et dans le détail ». La paix est déclarée indésirable par le régime. La crise algérienne devient plus aiguë avec l'augmentation du nombre des victimes de la violence et l'extension de la paupérisation des populations. Cependant, le pouvoir finit par réaliser en 1995 son isolement tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Pour survivre et gagner du temps le régime, conscient de son manque de légitimité, décide de revenir au processus électoral interrompu en janvier 1992. De gros moyens ont été mobilisés pour d'une part améliorer son image politique à l'extérieur en poursuivant sa politique de la violence pour terroriser le peuple algérien et, d'autre part en promettant la relance économique dans un proche avenir182. C'est pourquoi le régime inaugure une nouvelle période de transition par le retour à la démocratie de façade. C'est dans ce cadre que l'élection présidentielle de novembre 1995 et les élections législatives et locales, organisées respectivement en juin et octobre 1997, visent essentiellement l'amélioration de la crédibilité du régime à l'extérieur, notamment auprès des pays occidentaux. En novembre 1996, des amendements de la Constitution sont adoptés. Ces amendements vident le Parlement de ses prérogatives. Les élections législatives de 1997 sont caractérisés par une fraude massive. Les statistiques officielles prétendent que le taux de participation a été de 65,5% au niveau national alors qu'il n'atteint même pas en réalité 50%, et qu'il a été de 43% à Alger alors qu'il ne dépasse guère 17% de source crédible. Le Rassemblement National Démocratique (RND), le parti présidentiel, créé trois mois seulement avant les élections est présenté comme le vainqueur en disposant de la majorité relative à l'Assemblée Nationale. Le Sénat, prévu par la nouvelle Constitution de 1996, comprend 144 membres dont 48, représentant le tiers bloquant, sont nommés par le Président Zeroual et 96, représentant les deux autres tiers, sont choisis parmi les élus locaux. Là aussi, la fraude a joué à fonds puisque le RND gagne 80 des 96 sièges. Tant et si bien que le Président Zeroual contrôle le Sénat avec une majorité de 128 soit 90% de ses membres. Alors que le chef d'Etat a besoin de 25% seulement des sénateurs pour bloquer n'importe quelle loi adoptée par l'Assemblée Nationale, au terme de la Constitution amendée en 1996. La fraude au niveau du taux de participation et au niveau des quotas des partis politiques illustre bien la fermeture du champ politique ainsi que l'état d'esprit des gouvernants. Les élections présidentielles de 1995 et les élections législatives et locales de 1997 n'ont apporté aucun changement. Le général Zeroual, chef d'Etat nommé en 1994, est devenu le Président Zeroual après les élections. Abdelkader Ben Salah, président du Parlement désigné, devient le président de l'Assemblée Nationale. Ahmed Aït Ouyahia, Premier Ministre avant les élections nationales est confirmé dans ses fonctions après les élections. 182 Concernant la relance de l'économie, on a vu plus haut l'echec des promesses faites par le Président Zeroual à ce propos. Le seul changement enregistré sur le terrain est l'aggravation de la situation dans tous les domaines, y compris celui de l'économie pour lequel des promesses et des engagements ont été pris publiquement par le Président de la République et par son chef de gouvernement. Cette troisième période de transition s'achève comme les précédentes. La crise politique s'aggrave. La situation économique et sociale devient catastrophique. Les promesses gouvernementales de paix et de relance économique passent, mais la misère reste. La quatrième période de transition démarre avec l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika à la Présidence de la République. La réconciliation nationale et le retour à la paix constituent le thème central de Bouteflika lors de la campagne électorale des présidentielles. Son discours politique entre les mois de mai et septembre 1999 a diagnostiqué sans complaisance la crise multidimensionnelle en identifiant les carences et les blocages du système et a provoqué un espoir immense. Toutefois, ce discours politique n'a pas été suivi, un an après son arrivée au pouvoir, de mesures concrètes sur le terrain pour améliorer la situation. Mais force est de constater que la recrudescence de la violence, alimentée par un clan au pouvoir, la formation tardive du gouvernement (8 mois après l'arrivée de Bouteflika au pouvoir) et l'échec précoce de la loi sur la concorde civile dénotent la prééminence des éradicateurs au sein du pouvoir. L'espoir suscité par le discours politique de Bouteflika a commencé à s'éroder rapidement. Comment peut-on, dans un tel contexte, réaliser les promesses de re-lance économique à « forte croissance », reprises à son compte par le nouveau Premier Ministre, nommé en décembre 1999. En 2000, le pouvoir pense résoudre la crise par la seule relance de l'économie en escamotant les autres aspects, notamment l'aspect politique, exactement comme l'a fait le Haut Comité d'Etat en 1992. Sans tirer les enseignements de cette longue période d'affrontement, de discorde, de passions violentes, d'atomisation de la société et d'échecs de toutes sortes. Nous voilà revenus, en avril 2000 à la case départ. C'est le cercle vicieux. Rappelons encore une fois de plus qu'entre janvier 1992 et avril 2000, l'Algérie a eu quatre chefs d'Etat, sept Premiers Ministres et des centaines de ministres dont certains sont remerciés juste quelques mois après leur nomination, tandis que les généraux Mohamed Lamari, Mohamed Me-diene (très lié à Larbi Belkheir et Khaled Nezzar), Mohamed Touati et Smaïl Lamari responsables du coup d'Etat de 1992, de la répression et de la détérioration de la situation dans tous les domaines sont toujours en fonction. Le prix est vraiment très élevé. En huit ans, l'Algérie est devenue méconnaissable. Elle a été ramenée 40 ans en arrière. D'ailleurs, le Président Bouteflika est fragilisé en moins d'un an d'exercice. Est-il libre de ses mouvements ? On constate que jus-qu'au mois d'avril 2000 (au moment où ses lignes sont rédigées) qu'il n'a pu engager sur le terrain aucune des réformes annoncées par lui pour redresser la situation dramatique du pays décrite par lui-même sans complaisance aux mois d'août et de septembre 1999, à l'exception de la création d'une commission nationale chargée de la réforme judiciaire. Quatre séries de faits témoignent de la fragilisation de Bouteflika : le mouvement des généraux intervenu en février 2000, les réactions à la privatisation (notamment celles de la Sonatrach, des banques et des terres agricoles), les protestations publiques véhémentes de l'UGTA et de certaines personnalités politiques contre la personne de Bouteflika et contre sa politique de concorde civile et enfin l'escalade de la violence. 1) Il est clair que le mouvement touchant le corps des généraux, annoncé le 24 février 2000 par la Présidence de la République, porte l'emprunte des généraux Mohamed Lamari et Mohamed Mediene alias Toufik. La mise à la retraite de plusieurs généraux anciens de l'ALN tels que Tayeb Derradji, Rabah Boughaba, Chaabane Ghodbane et Makhloufi Dib, entre autres, constitue l'aboutissement d'un long processus « d'épuration » de l'ANP des officiers supérieurs nationalistes entamé depuis 1989. L'équilibre, au sommet de l'ANP, entre maquisards et anciens éléments de l'armée française déjà altéré depuis la disparition de Boumediène et fragilisé depuis une dizaine d'années est définitivement rompu aujourd'hui. Ironie du sort, c'est le Président Bouteflika, fidèle à Boumediène et ancien officier de l'ALN (comme il aime le rappeler luimême), qui signe le décret mettant fin aux fonctions des derniers généraux de l'ANP, anciens maquisards. L'armée est désormais verrouillée et contrôlée par un clan minoritaire sur tous les plans. 2) La décision présidentielle d'accélérer le processus de privatisation ainsi que l'annonce de la privatisation de la Sonatrach à hauteur de 75%, de celle des banques et des terres agricoles ont été abondamment commentées par la presse. Certains articles du quotidien El Watan (proche du général Mohamed Mediene, alias Toufik) porte des critiques sévères sur le Président Bouteflika dans ses livraisons des 26, 27 et 28 février 2000 et signale les réserves des « décideurs » (c'est-à-dire les généraux éradicateurs) sur la manière dont la privatisation est abordée par les hommes du Président de la République en faisant état de divergences, dans ce domaine, entre Ahmed Benbitour, Premier Ministre et les trois ministres, fidèles à Bouteflika, chargés de la Participation et de la Coordination des réformes, de l'énergie et des mines, et des finances. Le FLN, membre important de la coalition, rejette la privatisation de la Sonatrach et des terres agricoles. L'UGTA menace, par la voix de son secrétaire général, de recourir à une démonstration de force pour dénoncer la politique économique du gouvernement. « Les politiques annoncées d'accélération des réformes et de réorganisation de l'économie nationale » ne sont pas conformes au « contenu et à la finalité du projet national de sortie de crise tel que compris et soutenu par l'UGTA », écrit Révolution et Travail, l'organe de l'UGTA183. Une dizaine de jours plus tard, le secrétaire général de l'UGTA menace le gouvernement en affirmant publiquement que « celui qui parle de privatisation sans passer par nous, nous le massacrerons »184. 3) Au cours des mois de mars et avril 2000, la presse dite « indépendante », proche de la sécurité militaire, souligne l'échec de la politique de concorde civile de Bouteflika et s'élève avec véhémence contre le projet d'amnistie générale qui serait en préparation au niveau de la Présidence de la République. Cette presse sert également de caisse de résonance aux pressions publiques exercées par l'UGTA et certaines associations et personnalités politiques, telles que Hachemi Cherif et Abdelhak Brerhi, qui s'opposent à la politique de concorde civile. Par ailleurs, le fait que Ghozali, ténor de hizb França et ancien Premier Ministre de Belkheir et de Nezzar185, multiplie des déclarations fracassantes contre la personne de Bouteflika et non contre son programme, sans souffler mot sur les dérives du régime militaire, montre bien que cette offensive contre le chef de l'Etat est orchestrée par les généraux éradicateurs. 183 Cf. le quotidien algérien Le Matin du 15 avril 2000. 184 Cf. le quotidien La Tribune du 26 avril 2000 qui reconnaît que le numéro 1 de l’UGTA « a développé, durant plus d’une heure, un discours d’une rare violence […et] en est arrivé jusqu’à déraper verbalement ». 4) L'escalade de la violence, au cours des derniers mois de l'année 1999 et des quatre premiers mois de l'année 2000, est due au clan hizb França au sommet de la hiérarchie militaire. Citons uniquement trois exemples significatifs pour illustrer le message politique déstabilisateur adressé au Président Bouteflika par les généraux de hizb França : Il est tout de même curieux que le massacre de 29 citoyens innocents, attribué aux islamistes, ait été commis en août 1999 à Béni Ounif, près de Béchar, dans une région où il y a la plus forte concentration militaire dans le pays et où aucune activité des islamistes armés n'a été signalée depuis le début des violences en 1992. Par ailleurs, au mois d’avril 2000 les autorités, par presse interposée, font état d'une « incursion du GIA au sud de Oujda », au Maroc. Les soi-disant islamistes s'étaient retirés en Algérie, nous dit-on, après avoir « pillé plusieurs habitations » et « semé la panique parmi les habitants de Jbel Osfour »186. Il est clair que ces crimes ont été organisés, à plusieurs mois d'intervalle, dans le but de faire torpiller toute tentative de rapprochement avec le Maroc. Les généraux de hizb França sont, en effet, connus pour leur hostilité au rétablissement des relations humaines et économiques avec le Maroc ainsi que pour leur opposition à tout projet de construction du Maghreb. A qui profitent donc ces crimes ? La réponse à cette question nous éclaire sur les commanditaires de tels actes abominables, sachant par ailleurs, que parmi les « lignes rouges » tracées au Président Bouteflika par les généraux de hizb França, le Maroc figure en bonne place. 185 En effet, ce sont les généraux Belkheir et Nezzar, « déserteurs » de l'armée française qui ont convaincu le Président Chadli de nommer Ghozali comme Premier Ministre, pour succéder à Hamrouche en juin 1991. Ce sont eux qui l'ont également maintenu à ce poste sous Boudiaf, après le coup d'Etat de janvier 1992. 186 Cf. La Tribune du 23 avril 2000. On nous signale, en outre, que le vendredi 21 avril 2000 le ministre de l'Agriculture Saïd Barkat avait échappé à un attentat, alors qu'il était en visite de travail à Magtaa Lazrag dans la commune de Hammam Melouane (wilaya de Blida). Une bombe a explosé à 15h30, soit quelques minutes après le départ du ministre à l'endroit précis où il se trouvait avec la délégation qui l'accompagnait187. Cette tentative criminelle a été également attribuée aux islamistes. Qui pourrait organiser un tel attentat bien calculé, pour faire davantage peur que de mal, lorsque l'on connaît les mesures draconiennes de sécurité prises lors des déplacements des délégations ministérielles ? Cela relève de la guerre psychologique dont seuls les services de sécurité détiennent les secrets. Le 23 avril 2000, on nous apprend que sept douaniers ont été assassinés non loin de Hassi Messaoud, région pétrolière de haute sécurité où les Algériens ne peuvent circuler sans laisser-passer délivré par les autorités. Cette région est, en effet, déclarée « zone d'exclusion » depuis 1994. La presse aux ordres a accusé les islamistes du Groupe Salfiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) de Hassane Hattab, basé dans la région de Tizi Ouzou, soit près de 900 km du lieu de l'assassinat des douaniers188. Le lieu et la date du crime ne semblent pas fortuits. L'assassinat des douaniers dans la « zone d’exclusion » ne constitue-t-il pas un message codé de hizb França au président-directeur général de la Sonatrach et au ministre de l'énergie, tous deux considérés comme des hommes de Bouteflika ? En tout cas, ce crime ignoble coïncide avec trois faits concomitants : • Certains médias français expriment publiquement leur déception et leur amertume en affirmant que « les autorités algériennes privilégient les firmes américaines dans l'exploitation des champs pétroliers »189. 187 Cf. La Tribune du 22 avril 2000. 188 Cf. El Watan du 23 avril 2000. • Le rachat par Sonatrach de 40% des parts de la société américaine Arco à Rhourde el Baguel en avril 2000 « a fait couler beaucoup d'encre (en France) dès lors que la compagnie française Elf – absorbée elle aussi par Total – s'est intéressée à l'acquisition de la part d'Arco »190. En effet, le gisement de Rhourde el Baguel a été convoité par Elf depuis 1998. • L'assassinat des douaniers a eu lieu une semaine après la signature d'un contrat de prospection et de développement de gisements pétroliers entre la compagnie américaine Amerada Hess Corp. et Sonatrach191, dans une région convoitée par la compagnie pétrolière française. Ces trois faits illustrent le sentiment de frustration et de déception de certains milieux français et de leur prolongement en Algérie, les généraux de hizb França. Ces quatre séries de faits montrent que le processus de déstabilisation du Président Bouteflika par les généraux éradicateurs a bel et bien été amorcé. Ce sont les mêmes méthodes qui ont été utilisées par ces mêmes généraux pour déstabiliser le Président Zeroual, lorsque les premières attaques ont été lancées contre lui et contre son proche collaborateur, le général Mohamed Betchine, par la presse aux ordres en novembre et décembre 1996. Il a résisté jusqu'à septembre 1998 lorsqu'il a annoncé sa « démission ». Que Bouteflika termine ou pas son mandat actuel, les gens pensent déjà au successeur. Le compte à rebours pour une cinquième période de transition a déjà commencé192. 189 Cf. La Tribune du 19 avril 2000. 190 Ibid. 191 Cf. le quotidien français Libération du 24 avril 2000. 192 Le quotidien français Libération signale, dans sa livraison du 15 avril 2000, que Chérif Belkacem, ancien ministre de Boumediène, vient d'appeler à une « nouvelle période transitoire qui devra être menée par un collège représentatif des institutions et de la société civile ». Finalement peut-on savoir, huit ans et demi après le coup d'Etat de 1992, quel modèle de société les généraux éradicateurs veulent instaurer en Algérie ? Souhaitent-ils instaurer le libéralisme ? Assurément non. Non point pour des raisons idéologiques, mais parce que le libéralisme préconise la liberté économique, la compétition et des risques. Or, le jeu de la libre entreprise et la transparence du marché mettront en péril les privilèges économiques, les gains faciles et les combines des groupes d'intérêt liés au clan des éradicateurs. Pourtant, ceux-ci sont soutenus politiquement par les libéraux comme le PRA et d'autres partis fabriqués par le pouvoir. Veulent-ils établir le communisme ? Certainement pas. Mais le soutien de certains communistes, comme le MDS, parti de El Hachemi Chérif, leur est précieux pour lutter contre la mouvance islamique et contre le mouvement nationaliste authentique. Veulent-ils instaurer le socialisme? Sûrement pas. Pour la simple raison qu'ils sont contre l'option socialiste, même s'ils sont soutenus politiquement par les socialistes du FLN et d'autres partis marginaux. Leur refus du socialisme se manifeste, entre autres, par leur hostilité au FFS, le plus vieux parti socialiste d'Algérie, un parti pourtant crédible et représentatif. Il est d'ailleurs candidat à la déstabilisation par les services de sécurité, notamment depuis 1999. Veulent-ils établir un système démocratique ? Evidemment non. Parce que les éradicateurs ne représentent qu'un courant très minoritaire coupé des masses s'appuyant sur des partis marginaux autoproclamés démocrates. C'est pourquoi, ils n'admettent ni la compétition politique honnête ni les libertés, en particulier la liberté d'expression. Ils s'opposent, par la force et la fraude, à la transparence et à la souveraineté du peuple. Ils disent non à tout. Ils disent non toujours. Leurs propos et leurs actes sont fondés sur la perversion, la dépravation et la corruption. Leurs actes consistent à éliminer des gens honnêtes et intègres, et à contrecarrer tout projet constructif et toute proposition positive en faveur de la paix, de la réconciliation nationale et de l'intérêt général. Ils ne sont ni libéraux, ni communistes, ni socialistes, ni démocrates. Ils ne veulent surtout pas entendre parler d'alternance basée sur des règles démocratiques. Leur système est pervers et est composé d'un mélange de tendances politiques contradictoires, dont le seul facteur commun repose sur le rejet de la civilisation arabomusulmane et sur leur alignement sur hizb França. En un mot, ils ont le pouvoir et tiennent à le garder à tout prix. C'est pourquoi, depuis le coup d'Etat de 1992, Mohamed Lamari et Mohamed Me-diene se sont attelés à changer systématiquement la physionomie de l'armée, à l'occasion des promotions périodiques des officiers, en favorisant la tendance hizb França au fil des années193. Ils pen-sent ainsi avoir verrouillé l'armée pour consolider leur pouvoir, celui d'un clan minoritaire et pour éviter tout changement, au mépris de la légitimité populaire et de la volonté de la majorité écrasante des Algériens. Le peuple algérien, quant à lui, aspire ardemment à la démocratie, à la liberté, à la paix, à la justice sociale et à la dignité. La question centrale qui se pose avec acuité, depuis quelques années, se rapporte à la nature même du régime. Le régime militaire actuel n'a ni points de repères idéologiques clairs, ni valeurs morales et spirituelles, ni programme politique, ni stratégie économique, ni vision à long terme. C'est l'impasse totale. D'ailleurs, le débat sur cette question cruciale est relancé en mars 2000 par la polémique entre Ali Kafi, (ancien chef de la wilaya II durant la guerre de libération et chef d'Etat entre 1992 et 1993) et Khaled Nezzar, (« déserteur » de l'armée française, ancien ministre de la Défense et membre du haut comité d'Etat entre 1992 et 1993), ainsi que le déballage public qui s'en est suivi, ont montré le vrai visage du régime. Les diverses sorties médiatiques du général à la retraite Khaled Nezzar, au cours des mois de mars et d'avril 2000 pour défendre les « déserteurs » de l'armée française mis en cause par Ali Kafi, consistent à nourrir la haine contre ceux qui pensent différemment de lui et de son clan minoritaire, et à justifier la violence et la répression qu'il souhaite voir s'intensifier194. Il agit en parrain du cercle fermé des « déserteurs » de l'armée française et se présente ainsi comme le porte parole de l'ANP, au moment où il n'a aucune fonction officielle. Il s'élève violemment contre les propos tenus par le général Mohamed Ataïlia195 qui préconise l'arrêt de l'effusion du sang en recommandant l'amnistie générale et la réconciliation nationale pour sortir l'Algérie de la tragédie où elle a été menée. Le leitmotiv du général à la retraite Nezzar est la violence, encore de la violence, toujours de la violence. Non seulement son agitation médiatique et ses discours triomphalistes ne font guère avancer le débat, mais illustrent bien l'inanité effarante de la démarche inaugurée par le coup d'Etat de janvier 1992 et fondée sur la violence et la répression. Le peuple algérien, fatigué de ses sorties médiatiques et des conséquences dramatiques de la guerre qui est menée en Algérie depuis plus de 8 ans par les « déserteurs » de l'armée française et par hizb França, n'aspire qu'à la paix et au changement par la voie démocratique. 193 Le lieutenant Messaoud Alili, qui s'est refugié en Espagne à bord de son hélicoptère en février 1998, m'a affirmé au cours d'un entretien, que l'état-major de l'armée organise les promotions des officiers, essentiellement sur des critères subjectifs et d'affiliation à leur mouvance. Tant et si bien que leurs sbires représentaient 80% du corps des pilotes en 1998, contre 20% en 1992. 194 En mars 2000, Khaled Nezzar traite publiquement Ali Kafi d'intégriste et d'agent des services égyptiens. Il l'a fait, en bon élève dans les mêmes termes que ses aînés, les dirigeants français, qui traitaient certains dirigeants de la Révolution algérienne d'agents égyptiens durant la guerre de libération. Le commandement de l'armée ne peut continuer à s'interposer et à imposer au peuple algérien majeur un régime dictatorial enrobé d'une démocratie de façade. L'armée et les services de sécurité devraient s'abstenir d'intervenir dans la vie politique en revenant au rôle qui leur a été défini par la Constitution. Au début de ce XXIème siècle et 38 ans après l'indépendance, d'aucuns s'interrogent si l'Algérie ne se portait pas mieux sous le statut colonial que sous le régime néocolonial des généraux de hizb França. Le fait qu'une telle question soit envisagée montre le degré de gravité et de déliquescence atteint aujourd'hui par la société algérienne. Je pense, pour ma part, que le peuple algérien refuse dans son écrasante majorité tant le colonialisme que le néocoloniasme. C'est pourquoi, il est grand temps de remettre au peuple sa souveraineté et la liberté de choisir ses représentants et ses dirigeants dans la transparence et la légalité. Seule la réconciliation nationale permet à l'Algérie de sortir de cette sinistre tragédie. Je considère pour ma part, que seule la réconciliation nationale est en mesure de sortir l'Algérie de la crise multidimensionnelle et de l'impasse actuelle grâce à un dialogue global entre le pouvoir et les partis politiques, autonomes et réellement représentatifs, sans exclusion. Le but de ce dialogue est de préparer le retour à la souveraineté populaire dans la transparence et dans la démocratie sans fraude, ni falsification des faits et des réalités. Le retour à la démocratie pas-sera nécessairement par une période de transition caractérisée en particulier par : • La fin de l'effusion de sang. • La levée de l'état d'urgence. • La libération de tous les détenus politiques. • Le désarmement des milices. • L'annulation de tous les textes législatifs et réglementaires répressifs arrêtés depuis janvier 1992. • La fin des pratiques répressives (arrestations arbitraires, enlèvement, torture, liquidations physiques extrajudiciaires). • Le respect des libertés, notamment la liberté d'expression, y compris l'accès des représentants des partis politiques aux médias lourds dont le fonctionnement est assuré par les impôts des citoyens. 195 Cf. L'interview donnée par le général Mohamed Atailia au quotidien londonnien en langue arabe « Al Hayat » dans sa livraison du 25 mars 2000. Seules des mesures d'apaisement de ce type, selon un plan déterminé avec un échéancier précis, sont en mesure de créer des conditions favorables au rétablissement de la paix et à la réconciliation nationale, nécessaires à la reconstruction du pays dans la solidarité et la justice sociale et garantes de la cohésion nationale et de la stabilité. Sans la réconciliation nationale et sans la paix il ne saurait y avoir de démocratie, ni de relance économique, ni de stabilité, ni d'investissements étrangers (en dehors des hydrocarbures où les investissements n'ont aucun impact sur l'emploi et sur la balance des paiements). Il est temps de régler politiquement la tragédie de l'Algérie qui s'est aggravée depuis 1992, de revenir au processus démocratique, et de respecter la souveraineté populaire afin de permettre l'émergence de responsables patriotes, compétents et soucieux de l'intérêt général pour gérer les affaires publiques dans la transparence. La paix et la stabilité de l'Algérie seront alors, mais alors seulement, assurées. Conclusion A une longue période de stabilité et de paix sociale où l'Algérie eut trois chefs d'Etat en 29 ans (1962 - 1991), a succédé une période d'instabilité, de turbulences et de répression au cours de laquelle il y a eu quatre chefs d'Etat, six Premiers Ministres et des centaines de ministres, près de 200 000 morts, des milliers de disparus, 600 000 déplacés de leur lieu de résidence196 et un million de victimes de la violence197 en huit ans (janvier 1992 - janvier 2000). Ces chiffres suggèrent qu'il y ait eu un changement à partir de 1992. En fait, la nature du régime est la même. Les différences enregistrées d'une période à l'autre sont des différences de degrés et non de nature. Parce que toutes ces périodes ont une multitude de facteurs en commun que nous avons évoqué dans les différents chapitres de cet ouvrage. La différence majeure entre ces périodes examinées tout au long de ce livre réside dans le fait que l'instabilité gouvernementale observée depuis 1992 contraste avec la remarquable stabilité des quatre ou cinq généraux (membres influents du clan des « déserteurs » de l'armée française) qui disposent du pouvoir réel depuis le coup d'Etat et l'annulation des élections législatives et occupent toujours les mêmes fonctions à ce jour. Le principe de la prééminence du militaire sur le politique, puisé dans notre guerre de libération, est remis en honneur pour la circonstance par les « déserteurs ». Mais, depuis 1992 nous avons affaire à un régime minoritaire et discrédité qui s'impose par la force contre la volonté du peuple. Il en est résulté d'ailleurs des conséquences dramatiques pour l'Algérie sur tous les plans. 196 Chiffre avancé par Abdellatif Benachenehou, ministre des finances et rapporté par la presse écrite algérienne le 29 mars 2000. 197 Ce chiffre a été cité par le Président Bouteflika lors sa conférence donnée à Crans Montana, en Suisse, quelques semaines après son accession au pouvoir. Le noyau dur du régime militaire n'a jamais eu le courage de s'emparer directement du pouvoir, ni d'imposer le modèle politique qu'il privilégie, à supposer qu'ils en aient un. Ce groupe restreint qui détient le pouvoir réel a préféré avoir recours à d'autres intermédiaires, connus pour leur nationalisme, pour les placer à la tête de l'Etat. Ils ont commencé par choisir Mohammed Boudiaf en janvier 1992, puis Ali Kafi six mois après, ensuite Liamine Zeroual en janvier 1994 avant d'être candidat à l'élection présidentielle de novembre 1995, mais sans achever son mandat pour être remplacé par Abdelaziz Bouteflika en 1999. Les faits montrent que ce clan, constitué d'un nombre restreint de généraux, se cache toujours derrière un chef d'Etat ou un projet présidentiel, tout en s'appuyant sur quelques partis marginaux fabriqués par le régime et autoproclamés démocrates, pour poursuivre sa politique éradicatrice en faisant prévaloir sa stratégie sécuritaire et répressive, fondée sur la confrontation et l'exclusion des courants politiques représentatifs. Cette politique de confrontation, fondée sur la division, la discorde, la haine, la guerre fratricide ainsi que sur l'atomisation de la société et le verrouillage de l'espace politique, en vue de se maintenir au pouvoir et sauver le régime, a été à l'origine de bien des dérives. Toutes les fausses solutions servies par le pouvoir entre 1994 et 1999 qui vont du simulacre de dialogue organisé dans le cadre de la conférence nationale par la Présidence de la République (1994) au projet de concorde civile (1999) en passant par les pseudonégociations entre la Présidence et les dirigeants du FIS, Abassi Madani et Ali Belhadj (1995) constituent l'expression du refus du changement et de l'alternance du pouvoir par la voie démocratique. Comme en témoigne le rejet spontané et brutal par le régime du contrat national signé par six partis politiques et la ligue algérienne de défense des droits de l'homme en janvier 1995, comprenant des propositions concrètes pour un règlement global de la crise. L'appropriation de l'Etat par ce clan qui foule aux pieds la Constitution et la souveraineté populaire a contribué à ruiner le pays dans tous les domaines. En effet, la politique répressive inauguré par le coup d'Etat de 1992 et les velléités de domestication de la société ont eu des conséquences politiques, économiques et sociales désastreuses. L'incompétence, la mauvaise gestion, la corruption, l'impunité, les dysfonctionnements de l'économie, de l'administration et de la justice, ont contribué à discréditer davantage le régime, à aggraver la crise de confiance et à accélérer la dégénérescence du système. Le pays est méconnaissable en ce début de millénaire. L'Algérie a été ramenée 40 ans en arrière. L'anéantissement de la classe moyenne, autrefois garante de la cohésion et de la paix sociales, l'extension de la pauvreté et l'exclusion sociale constituent une bombe sociale à retardement redoutable. L'aggravation de la situation économique, avec la chute des investissements productifs hors hydrocarbures, le ralentissement des activités économiques, la baisse dramatique du revenu par tête d'habitant, l'augmentation du chômage, l'inflation galopante, la paupérisation rampante, la généralisation de la corruption, le contrôle des importations par quelques barons, la dilapidation des richesses et de la rente pétrolière ont conduit l'Algérie au bord de l'abîme à la fin de la décennie 1990. La politique de terreur inaugurée par le coup d'Etat de 1992 avec tous les dépassements qu'elle comporte ainsi que l'éternelle « nécessité de rétablissement de l'autorité de l'Etat » ont servi en fait d'alibis au refus de la démocratie. Ainsi, l'approche sécuritaire, le discours politique qui la soustend et les pratiques policières qui ont tourné le dos à la volonté populaire, aux libertés, à la justice sociale et à la réconciliation nationale ont lamentablement échoué. Ni la falsification des faits, ni les déformations monstrueuses, ni la désinformation, ni les manipulations, ni les manœuvres dilatoires, ni le monologue, ni l'autosatisfaction des décideurs ne sortiront l'Algérie de la situation catastrophique où elle est plongée de-puis 1992. Les questions relatives à la légitimation, à la rationalisation et à la modernisation de l'Etat, à la réconciliation nationale et au rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés restent toujours posées et exigent sans plus tarder des réponses claires sous formes de réformes, de programmes d'action et de mesures concrètes pour sortir l'Algérie de cette terrible tragédie et la mettre sur les rails du développement économique et social. Sinon, la détérioration continue de la situation économique et sociale et l'aggravation du mécontentement populaire pourraient conduire à l'explosion populaire aux conséquences imprévisibles. Au cours des 8 dernières années, l'Algérie a perdu trop de victimes, trop de temps et trop d'argent et se trouve dans l'impasse. Il est temps que la raison et la sagesse prévalent sur la violence, la haine et la discorde. Seule la voie du dialogue, de la réconciliation nationale et le retour à la souveraineté populaire dans la transparence peuvent sortir l'Algérie de la tragédie catastrophique actuelle. Engagée dans une voie pacifique et démocratique, l'Algérie peut alors, mais alors seulement, être reconstruite dans la paix, la tranquillité, la fraternité, la solidarité et la justice sociale. C'est cette voie qui garantira la stabilité en Algérie, dans le Maghreb et dans le bassin méditerranéen. D'autre part, la globalisation ou la mondialisation de l'économie ne devrait pas servir de prétexte aux groupes occultes et aux barons de l'importation liés au régime pour imposer à l'Algérie le libéralisme sauvage, au mépris des intérêts du pays et des couches populaires. Il est temps de repenser totalement la politique algérienne poursuivie jusqu'ici à l'égard de la construction du Maghreb198. Car, seule l'intégration maghrébine peut permettre à l'Algérie et à ses partenaires maghrébins de faire face aux défis de la globalisation et les mettre sur la voie de la croissance économique durable et du développement. Fondée sur une approche structurelle, la construction du Maghreb devrait s'organiser autour d'objectifs communs d'investissements, de production et d'échanges en vue d'accroître les flux réels et financiers intra-maghrébins. L'établissement d'un espace économique maghrébin implique également la mise en œuvre d'une politique régionale commune de développement des ressources humaines pour renforcer la solidarité agissante entre les pays membres et rendre le processus d'intégration maghrébine irréversible échappant aux aléas et aux contingences politiques. Les défis et les enjeux sont de nos jours tels que les actions limitées au seul espace national ne sauraient être suffisantes dans un monde comme le nôtre, agité et chargé de contraintes extérieures considérables. 198 Cf. Abdelhamid Brahimi, Le Maghreb à la croisée des chemins à l'ombre des transformations mondiales (Genève: Hoggar et Londres: Centre for Maghreb Studies, 1996) En effet, le monde est aujourd'hui caractérisé par la constitution de regroupements régionaux et par l'existence ou la création de vastes espaces économiques. Dans ce contexte, la construction du Maghreb devient un impératif. Par ailleurs, pour être durable et solide, l'intégration maghrébine doit nécessairement s'accompagner de la démocratisation de la vie politique, économique, sociale et culturelle des pays maghrébins. Ainsi, dans sa marche vers l'unité et le progrès, le Maghreb carrefour des civilisations, peut jouer un rôle positif dans l'établissement de passerelles véritables entre le Nord et le Sud de la Méditerranée, et constituer un facteur appréciable de stabilité dans le Monde arabe, dans le bassin méditerranéen et en Afrique. Abréviations ALN : Armée de Libération Nationale ANP : Armée Nationale Populaire APC : Assemblée Populaire Communale APW : Assemblée Populaire de Wilaya BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Déve loppement CDF : Commandement Des Frontières CIG : Comité Interministériel de la Guerre CNRA : Conseil National de la Révolution Algérienne EMG : Etat Major Général FFS : Front des Forces Socialistes FIS : Front Islamique du Salut FLN : Front de Libération Nationale FMI : Fonds Monétaire International GIA : Groupes Islamiques Armés GNL : Gaz Naturel Liquéfié GPRA : Gouvernement Provisoire de la République Algérienne MALG : Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales MNA : Mouvement National Algérien MTLD : Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocrati ques OAS : Organisation Armée Secrète PCA : Parti Communiste Algérien PRS : Parti Révolutionnaire Socialiste SAS : Sections d’Action Spéciale UDMA : Union Démocratique du Manifeste Algérien UGTA : Union Générale des Travailleurs Algériens

  • Réponse du Dr Abdelhamid Brahimi dit abdelhamid la scienceà Khaled Nezzar

     

     

     

    Est-ce que Mr Khaled Nezzar est frappé d’amnésie ou est-il de mauvaise foi ?

    Mr Kaled Nezzar m’accuse de tous les maux et prétend que j’ai ruiné l’Algérie au cours des années 1980 en tant que ministre du Plan puis en tant que Premier Ministre.
    Son intervention au forum de « Chourouk el Youmi » est pleine d’insultes, de mensonges et d’amalgame en inversant les rôles et en falsifiant la réalité.
    Mon propos, aujourd’hui, ne consiste pas à le suivre dans son style trop bas et vulgaire. En effet, je me refuse de l’attaquer sur le plan personnel en évoquant des faits et actes au-dessous de la ceinture. Il s’agit pour moi de me situer plutôt sur le plan politique. Car, c’est sur ce plan que se situe mon interview accordée à la télévision al-Jazeera, dans son programme «Ziarah Khassah», à laquelle Mr Khaled Nezzar a réagi au cours de ce forum.
    Cette interview, diffusée par al-Jazeera, se présente comme une contribution modeste pour permettre aux Algériens de disposer d’éléments objectifs pour lever le voile sur la confusion et l’amalgame entretenus par la mouvance « Hizb França » depuis les événements tragiques d’octobre 1988. Notre approche part d’un triple constat :

    1. la volonté politique de cette mouvance d’imposer le modèle occidental au peuple algérien, notamment en renforçant l’influence française multiforme en Algérie ;
    2. les tentatives de mettre en oeuvre une politique économique libérale au détriment des intérêts supérieurs de l’Algérie ;
    3. l’hostilité à l’égard de l’Islam,  du monde arabe et à l’égard de la construction du Maghreb. Dans ce cadre trois exemples concernant Mr Nezzar suffisent :

    1- L’hostilité à l’égard de l’Islam est masquée par des déclarations stéréotyppées telles que « je suis musulman, je fais la prière, je pratique le jeûne etc. ». Rappelons que l’Islam est un tout et ne saurait se limiter à certains de ses aspects en reniant le reste. L’Islam offre précisément un ensemle de principes et un système de valeurs qui permettent de dégager, en dehors de la violence et du verbiage creux, des solutions adaptées dans la voie du savoir, du progrès, du développement, de la solidarité et de la paix. Ce que « Hizb França » rejette précisément.
    2- S’agissant du Maghreb, il suffit de rappeler la déclaration de Mr Nezzar à « El Watan » en 2002, lorsqu’il a été interrrogé sur l’ancien Président Chadli, il a affirmé que « je ne pardonnerai jamais au Président Chadli d’avoir signé le traité portant création de « l’Union du Maghreb Arabe » en 1989. »
    3- Concernant le monde arabe, il ne suffit pas de dire qu’il a été en Egypte après l’agression d’Israel, parce qu’en fait il a été envoyé par le Président Boumediene, qui avait alors publiquement déclaré la guerre à Israel.
    Par ailleurs, en mars 2002, Mr Nezzar traite publiquement l’ancien Président Ali Kafi d’intégriste et d’agent des services égyptiens. Il l’a fait en bon éléve dans les mêmes termes que ses aînés, les dirigeants français qui traitaient certains dirigeants de la Révolution algérienne d’agents égyptiens durant la guerre de libération.

    A cet égard, cette mouvance pratique la politique polititienne fondée sur la désinformation, la déformation des faits, la provocation et le mépris. A cela s’ajoutent l’hostilité, la suspicion et la méfiance à l’égard des intellectuels honnêtes et intégres .
    Notre approche consiste donc à contribuer précisémént à entreprendre un travail de clarification pour permettre notamment aux jeunes Algériens de prendre conscience des vraies dimensions de la crise dramatique qui secoue notre pays.
    C’est pourquoi, avant de répondre aux insultes de Mr Nezzar, il importe de donner une idée globale sur les résultats des  politiques de développement mises en oeuvre au cours des décennies 1970, 1980 et 1990.

    Rappelons à cet égard quelques faits essentiels enregistrés au cours des trois décennies 1970 (sous le Président Boumediene), 1980 et 1990 (lorsque les ex-officiers de l’armée française ont accédé au sommet de l’Etat algérien).

    I – La stratégie de développement mise en oeuvre au cours de la décennie 1970 a été fondée sur la priorité absolue du secteur industriel.

    1. Le secteur industriel, considéré comme le moteur du développement, a bénéficié de 60% de l’ensemle des investissements en Algérie entre 1967 et 1978. Pourtant, la plupart des sociétés nationales industrielles étaient asphyxieés et frappées de paralysie en 1978.
    2. Au lieu de dégager des bénéfices pour contribuer au développement comme devrait être leur rôle, ces sociétés nationales faisaient appel pour la plupart à des ressources budgétaires de l’Etat pour combler leur déficit chaque année.
    3. Sur le plan du commerce extérieur, non seulement les sociétés nationales étaient incapables d’exporter leurs produits hors hydraucarbures, comme elles étaient censées le faire, mais au contraire elles importaient les produits qu’elles étaient supposées produire pour répondre aux besoins de consommation interne.
    4. La dette intérieure et extérieure (c’est-à-dire en dinars et en devises) de ces socétés nationales avaient atteint 179 milliards de dinars en 1978, soit près de 40 milliards de dollars, représentant le double de la production intérieure brute de la même année.
    5. En 1978, les sociétés nationales industrielles tournaient en moyenne à 40% de leur capacité installée. Ce taux d’utilisation est montée à 80% entre 1980 et 1985 pour descendre dramatiquement par la suite au-dessous de 20% entre 1996 et 1999.
    6. Ces sociétés nationales étaient connues pour le recours excessif à l’assistance technique étrangère. En effet, entre 1973 et 1978, il a été signé 4.912 contrats d’assistance technique  (bureaux d’études et sociétés d’engineering) dans le secteur industriel pour un montant de 79,4 milliards de dinars, soit 18 milliards de dollars représentant 90% de l’ensemble de l’assistance technique étrangère en Algérie.

     

    Ainsi, au lieu d’être le moteur du développement, le secteur industriel était devenu plutôt une charge pour l’Algérie.
    Il convient de rappeler, par ailleurs, que cette approche s’est accompagnée par la négligence des secteurs de l’agriculture, des travaux publics avec l’aggravtion de la crise du logement ainsi que des secteurs sociaux. Concernant le seul secteur de l’agriculture, cela a abouti à l’importation massive des produits alimentaires essentiels tels que, par exemple, la pomme de terre et la tomate ainsi que la viande rouge, le poulet et les oeufs.

    II – Résultats des politiques de développement :l’évolution des principaux paramétres socio-économiques (1970 – 2000)

    1. Evolution de la Production Intérieure Brute (P.I.B.)

    La P.I.B. est passée de 86,7 milliards de dinars, soit 19,3 milliards de dollars en 1978 à 248,4 milliards de dinars, soit 55,2 milliards de dollars en 1985. La P.I.B. a presque triplé en 6 ans. La PIB a atteint 261,8 milliards de dinars, soit 55,8 milliards de dollars en 1989 pour chuter à 41 milliards de dollars en 1998.
    La PIB par tête d’habitant est passée de 360 dollars en 1970 à 850 dollars en 1975. Elle a atteint 2 560 dollars en 1985 et 2 270 dollars en 1989. Ensuite, la PIB par tête d’habitant a baissé à 1 200 dollars en 1995 et à 1 376 dollars en 1998, soit 54% de son niveau en 1985.

    1. Le chômage

    Entre 1979 et 1988, 1.030.000 emplois ont été créés. Le chômage est passé de 1.141.276 en 1988 avec un taux de 20% à plus de 3.000.000 en 1998 avec un taux de de 34%. Le nombre de chômeurs a presque triplé en 10 ans, période au cours de laquelle les ex-officiers de l’armée française ont accédé au pouvoir.

    1. La balance commerciale

    La bance commerciale des biens et services de l’Algérie a été déficitaire de 53,24 milliards de dinars, soit 12 milliards de dollars entre 1967 et 1978.
    Par contre, la balance commerciale des biens et services a été excédentaire entre 1979 et 1988 en dégageant un  excédent de 73,35 milliards de dinars, soit 16,3 milliards de dollars au cours de cette période.

    1. La dette extérieure

    La dette extérieure de l’Algérie était de 19,4 milliards de dollars en 1979, représentant 100% de la Production Intéreure Brute (PIB). Grace à des mesures d’assainissement économiques prises par le gouvernement, cette dette a été réduite à 12,7 milliards de dollars en 1984 soit 25% de la PIB, pour remonter à 21 millirds de dollars en 1989, soit 37,6% de la PIB. La dette extérieure est ensuite passée à 26 milliards de dollars en 1991 et à 40 milliards de dollars en 1998, si l’on inclut la dette militaire.

     

    5) L’habitat
    Entre 1967 et 1978, seulement 379 000 logements ont réalisés, soit 31 000 logements en moyenne par an.
    Par contre, 434 000 logements ont réalisés entre 1980 et 1984, soit près de 87 000 logements par an en moyenne avec plus de 117 000 logements pour la seule année 1983. Autrement dit, en 5 ans il a été réalisé plus qu’en 12 ans. Tout le monde sait que l’activité du secteur du bâtiment et de la construction a considérablement baissé au cours de la décennie 1990, avec l’arrivée au pouvoir des ex-officiers de l’armée française, puisque l’on enregistre la réalisation de 40 000 logements seulement par an, rendant la crise du logement explosive.

    6) Crise sociale  
    La crise sociale s’est aggravée depuis 1990 par le dysfonctionnement de l’économie et a non seulement pénalisé les titulaires de bas revenus, mais a fini par laminer la classe moyenne.
    D’autre part, l’aggravation des tensions sociales alimentée en  particulier par l’iflation (qui a atteint 45% en 1994, niveau jamais atteint depuis l’indépendance), le chômage, la répartition inégale des revenus et des richesses, a exaspéré les tensions sociales .
    La classe moyenne, fort importante jusqu’en 1986 et garante de la cohésion et de la paix sociales a commencé à s’éroder depuis 1992 pour s’évanouir à partir de 1995-1996.
    D’ailleurs, des sources officielles algériennes reconnaissent que la pauvreté absolue frappe plus de 14 millions d’Algériens en 1999 et s’est aggravée depuis.

    1. Crise morale

    La corruption, les détournements de fonds publics, les gains illicites, la bureaucratie (elle-meme génératrice de la corruption), des priviléges et des faveurs défiant la loi et la justice, l’accumulation des richesses par une minorité, non par l’effort mais par toutes sortes de combines et de procédés illicites ainsi que l’impunité ont contribué à affaiblir la cohésion sociale et à accroitre l’hostilité à l’égard des autorités qu’ils tiennent pour responsables de l’aggravation de leurs conditions économiques et sociales. L’ensemble de ces facteurs expliquent la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés.
    S’agissant de la corrution, Mr Nezzar déclare que celle-ci estimée par mes soins à 26 milliards de dollars en 1990 n’est pas du tout fondée et va jusqu’à nier l’existence de la corruption en Algérie. Pourtant, aujourd’hui, tout le monde reconnait l’ampleur de ce cancer. D’ailleurs, en 1996, le ministre de l’industrie avait estimée publiquement la corruption à 2 milliards de dollars par an. Il a été aussitot relevé de ses fonctions.
    Par ailleurs, la presse algérienne va jusqu’à avancer le chiffre de 36 milliards de dollars en 1999 et évoque même l’éventualité d’une amnistie fiscale alors en préparation à la Présidence de la République pour le blachissement en Algérie des fonds ainsi détournés.

    1. Crise politique

    La crise politique a certes ses origines dans la nature même du régime. Mais, cette crise politique a été aggravée par le coup d’état de janvier 1992 avec l’annulation des élections législatives, l’établissement de l’état d’urgence, le renforcement des mesures de répression (définies par le décret du 30 septembre 1992, copie aggravée du décret français du 14 août 1941 pris par le gouvernement de Vichy) ainsi que la violation de la Constitution et des droits de l’homme : arrestations arbitraires massives, enlévements, exécutions extra-judiciares, torture, etc.

     

    III – Des attaques personnelles haineuses fondées sur des mensonges

    Les faits, rappelés ci-dessus, montrent à l’évidence que la situation économique et sociale au cours de la décennie 1980, contrairament à ce que prétend Mr Nezzar, est loin d’être pire que celle des décennies 1970 et 1990 après l’accession au pouvoir des ex-officiers de l’armée française.
    S’agissant des événements d’octobre 1988, il existe suffisamment de preuves qui témoignent de l’implication de certains déserteurs de l’armée française, alors au sommet de l’Etat, notamment Larbi Belkheir et Khaled Nezzar, dans l’organisation et la supervision de ces émeutes. Ils ont organisé ces émeutes pour ensuite suggérer au Chef de l’Etat de profonds changements dans les hautes fonctions de l’Etat et du parti unique FLN ainsi que dans les orientations de la politique intérieure et extérieure de l’Algérie. Ils ont obtenu ce qu’ils voulaient. J’ai fait état de ces preuves, dans le détail, dans mon ouvrage « Aux origines de la tragédie algérienne, 1958 – 2000) », paru en français et en arabe, comme j’ai rappelé cela dans l’interview accordée à Al-djazair News à leur demande le 4 octobre 2009.

    Concernant les mensonges de Mr Nezzar sur mon rôle dans l’ALN, il suffit de rappeler les faits suivants.
    C’est à Constantine, où j’exerçais comme maître d’internat au lycée franco-musulman, que j’ai adhéré en 1955, à l’âge de 19 ans, au FLN sous la direction du frère si Mostafa Boughaba , encore en vie. En 1956, je rejoins l’ALN dans la wilaya 2 où j’ai côtoyé le frère dirigeant Lakhdar Bentobbal et où j’avais fait la connaissace des dirigeants historiques défunts comme Zighoud Youcef, Salah Boubnider (connu sous le nom de Sawt el Arab) et de Ali Kafi, toujours en vie. En 1957, j’étais aux frontières algéro-tunisiennes en compagnie du frère Yazid Benyezzar pour procéder à l’acheminement de l’armement et des munitions vers la wilya 2. De là, j’ai été envoyé par le frère colonel Ouamrane à l’Ecole Militaire de Syrie à Homs et non pas à Alep comme le prétend Mr Nezzar. Nous étions uniquement 5 Algériens à avoir fréquenté cette Ecole Militaire qui formait des officiers d’active sur la base du programme de Saint Cyr. J’y étais en compagnie des frères (par ordre alphabétique) Hocine Benmallem, Abderrezzak Bouhara, Kamal Ouarsti et Larbi Si Lahcène. En 1959, après notre sortie de l’Ecole Militaire, nous avons rencontré au Caire le frère Krim Belkacem, alors ministre de la Guerre. Il nous a demandé de rejoindre l’Ecole des cadres, située dans la région du Kef en Tunisie, comme instructeurs. Le frère Bouhara et moi-même avions insisté pour rejoindre les unités de combat et de rentrer à l’intérieur. Il nous a répondu qu’il était d’accord, mais que nous devions d’abord aller à l’Ecole des cadre pour une période de 3 à 4 mois. Nous avons accepté ce deal. Au cours de l’été 1959, j’ai rencontré aux frontières le frère Ali Kafi qui venait de l’intérieur pour se rendre à Tunis pour participer à la réunion historique des 10 colonels qui avait duré plus de 3 mois, en préparation de la réunion du Conseil de la Révolution qui s’est tenue par la suite à Tripoli. Il m’a demandé de l’accompagner à Tunis pour l’assister dans la traduction des documents rédigés en français. J’ai accepté. Cela m’a permis d’apprendre beaucoup de choses inédites et ceci a contribué à m’éclairer sur les aspects cachés de la crise que couvait la Révolution et à améliorer ainsi ma formation politique. Après la réunion des colonels, je reviens aux frontières, où je tentais avec le frère Yazid Benyezzar de franchir les lignes électrifiées Challe et Morice. Après plusieurs tentatives, le frère Yazid est tombé au champ d’honneur, alors que je n’étais pas loin de lui. Je poursuivais mes tentatives de rentrer à l’intérieur en compagnie du frère Mohammed Atailia, jusqu’au jour où au cours d’une tournée de reconnaissance en plein jour, nous avons été repérés et attaqués par l’aviation et l’artillerie françaises. Le frère Atailia réussit à abbattre un avion de reconnaissance avec son fusil Mass 49 . Les combats deviennent plus violents et c’est ainsi que le frère Atailia a été gravement blessé au bras, un autre djoundi est tombé au champ d’honneur, un autre a eu la jambe coupée, deux autres djounouds furent légèrement blessés. Nous avons réussis à les évacuer à dos de mulet jusqu’au PC de la Zône Nord où le frère Abderrahmane Bensalem mit à notre disposition une Land Rover pour l’hopital à Ghardimaou puis à Béja.

    En janvier 1960, le frère Boumediene, fraîchement nommé chef d’état major général me convoque à Ghardimaou et m’interdit de tenter désormais de traverser les lignes électrifiées, m’informe de sa stratégie et me propose de l’assister dans la formation de nouveaux bataillons avec le concours de 3 autres ex-officiers de l’armée française :le capitaine Zerguini, le capitaine Boutella et le lieutenant Slimane Hoffman. A la fin de cette mission, le colonel Boumediene me confie le commandement de la 7ème CLZN et désigne Khaled Nezzar à la tête de la 3ème CLZN. J’étais ainsi sur la ligne du front et je crois avoir dignement rempli mon devoir dans les différentes attaques que nous menions contre les troupes coloniales françaises jusqu’à l’indépendance « oul Hamdou li Allah ». Et Khaled Nezzar le sait bien, puisque nos unités respectives intervenaient dans la même zône.
    Les attaques personnelles haineuses et indignes de Khaled Nezzar sont sans fondement et ce ne sont pas les témoins patriotes et sincères qui manquent pour confirmer ce que je dis.

    Force est de constater que depuis 1992, la violence est devenue une politique délibérée du régime semant la haine, la discorde et la terreur parmi les fils d’un même peuple, peuple épris de dignité, de liberté et de justice sociale. C’est dans cette optique que se situe l’intervention médiatique de Mr Nezzar selon laquelle il se présente comme le porte-parole et le défenseur des ex-officiers de l’armée française.

    En conclusion, ni les scoops, ni les mensonges , ni la désinformation, ni l’amalgame, ni les discours brumeux, ni le monologue ne sauraient sortir l’Algérie de la situation dramatique actuelle.
    Bien au contraire, comme en témoignent les faits quotidiens, la misère, le chômage, le désespoir rongent les jeunes Algériens (les jeunes âgés de moins de 29 ans représentent plus de 73% de la population algérienne). C’est ce qui explique les tentatives d’évasion des jeunes vers l’extérieur par route ou par mer, appelés « harraga ».

    L’Algérie est devenue semblable à une marmite en pleine ébullition, prête à exploser, comme en témoignent les émeutes fréquentes dans les quatre coins du pays, du Nord au Sud et d’Est en Ouest.
    Seul un dialogue national global et sincère et le retour à la souveraineté populaire dans la transparence et dans la démocratie sans fraude, ni falsification des faits et des réalités, sont en mesure de sortir l’Algérie de la crise multidimensionnelle actuelle.
    Il est temps que la raison et la sagesse prévalent sur la violence, l’arrogance, la haine et la discorde.

    Abdelhamid Brahimi

    Le 26 octobre 2009

  • ALGÉRIE-FRANCE: LA FIN D'UNE ÉPOQUE les maux de toute l'agerie vient de france ,prennez vos generaux et votre racailles de gouvernants

    Depuis 1962,le monde a beaucoup changé. L'Europe après 1968 est passée à une autre étape de son histoire. Elle est passée d'une démocratie nationale à une démocratie multiculturelle et multiethnique. Les Algériens bénéficiant des accords d'Évian ont pu accéder au marché de travail français. De L'autre côté, en Algérie,on voyait s'installer des coopérants de toutes les nationalités, notamment des français, en nombre restreint sans commune mesure avec la masse d'algériens qui émigraient en France. Malgré cela, le mouvement de circulation entre les deux pays étaient là. Le désir de dépasser la tragédie du passé semblait très fort. On se souvient du voyage de Giscard D'Estaing en Algérie 1973. Un voyage qui ne fut accompagné d'aucun changement substantiel dans les relations économiques:La France ne répondant pas aux demandes de l'Algérie quant à un soutien solide pour son développement économique. Cela dit, malgré la réaction d'une extrême droite s'opposant à l'émigration, la popularité de l'Algérie au sein de la gauche était grande, d'autant plus que la majorité des Français avait un complexe de culpabilité par rapport aux événements de la guerre d'Algérie. Dans l'ensemble, les relations entre les deux pays étaient positives. Un état qui atteint son summum avec la visite de Chadli en France et Mitterrand en Algérie (année 80). Les relations semblaient sur le point de passer à une étape supérieure:une circulation intense entre les deux pays aussi bien des Algériens vers la France que des Français vers l'Algérie et éventuellement leur installation. Mais coup de tonnerre. Les événements des années 90,en Algérie allaient mettre fin à cette évolution:125 étrangers furent tués en Algérie dans les années 90, parmi lesquels des Français dont les moines de thibirine. Les attentats à Paris, par des Algériens accentuèrent la régression. Ces événements mettent fin à un projet:le dépassement, comme ce fut le cas entre l'allemagne et la France, du passé tragique entre la France et l'Algérie. Un nouvel état d'esprit français face au passé colonial commençait à émerger en France. Le sentiment de culpabilité des dirigeants français s'estompait progressivement: il fut ouvertement exprimé par le président Sarkozy qui affirma que les Français d'aujourd'hui ne se sentaient pas responsables des erreurs de leurs ancêtres.l es français changent de ton par rapport à l'Algérie, et affichent ouvertement leur irritabilité face aux revendications de type islamique des associations musulmanes et de certains individus(voile islamique). Les Musulmans de France n'ont pas compris que toute l'histoire de la France s'est construite sur la base de la laicité et que la religion n'avait pas de place dans l'espace public. Une affirmation dont les tenants de l'idéologie moderniste se firent un devoir de mettre en évidence, en accusant les Algériens de refuser de s'intégrer. La montée des mouvements islamiques dans le monde enflamma les banlieues et l'on vit défiler en permanence des personnalités ou intellectuels musulmans( Tarik, Ramada, Malek Chebel...)sur les plateaux de télévisions françaises. L'effet boomerang eût lieu:1)- Un rejet mental des musulmans étant donné la réticence des Français à l'expression de la religion sur la place publique. Les valeurs communes autour desquelles se meuvent les individus sont des valeurs de modernité. La religion est tolérée mais elle ne doit pas s'exprimer dans l'espace public. Elle le fût par des personnalités musulmanes, mais elle s'est retournée contre elles et contre tous les musulmans, plus précisément les Algériens, qui en raison des événements en Algérie, perdent toute la crédibilité et la sympathie ayant découlé de la guerre d'algérie. 2)- La France moderne est multiculturelle, comme d'ailleurs toutes les démocraties occidentales. C'est le nouveau visage du libéralisme. La conception de la vie en société se fait sur une base territoriale. On vit dans le même espace donc, on s'accepte. Les étrangers disposent des mêmes droits que les citoyens de souche. Entre les gens, existent un rapport a-religieux. C'est la nouvelle philosophie des démocraties libérales. Une vision hautement civilisée du monde nouveau:un pays qui ne s'y conforme pas tombe dans la marginalisation, l'oubli et le désintêret, plus encore, il est perçu comme un pays pratiquant l'ostracisme:c'est le cas de l'Algérie. Deux sources de cet ostracisme:La construction de la société sur une base communautaire d'essence musulmane et religieuse, excluant ouvertement ou tacitement les non-musulmans.La société est divisée en croyants et Kafirs(mécréants).2)-Le pouvoir est d'essence islamique et intolérant:il pourchasse les pratiquants des autres religions et surtout, une chose qui étonne les occidentaux qui, eux, au contraire acceptent les musulmans et leur financent même leurs mosqués, l'impossibilité pour les Chrétiens de construire des églises. Deuxième effet boomerang:ils ne nous acceptent pas, ils ne sont pas tolérants donc nous n'avons aucune raison d'être ouverts avec eux, d'autant plus que la construction de l'Europe permet, le cas échéant, de se pourvoir en main-d'oeuvre dans les nouveaux pays, proches culturellement. Deux conclusions ressortent de cette évolution:1)-Les Musulmans de France ont pêché par orgueil jusqu'à pousser le gouvernement français, irrité au plus haut point, à prendre des mesures de fermeture des frontières.2)-L'Algérie n'a pas évolué vers une démocratisation qui aurait permis le dépassement de la conception communautaro-islamique et la mise en place d'une société multiculturelle, à l'européene, à l'américaine, à la japonaise, à la canadienne,etc...dans laquelle toute personne, quelle que soit son origine, même française, aurait pu vivre. Le rejet des Algériens en France, la fin des accords priviligiés d'Évian est l'échec de l'Algérie sur le plan de la démocratisation. Le responsable algérien qui dit que, dans l'article que ''les Français oublient que l'Algérie est un pays particulier du fait de l'histoire entre les deux peuples et de l'importance de la dimension humaine entre les deux nations''émet un slogan dépassé par la réalité.1-) Il ne comprend pas que le passé colonial n'est plus un paramètre pour le gouvernement français dans sa définition des relations avec l'Algérie.2)- La ''dimension humaine'' n'est vrai que dans la mesure ou elle a lieu de l'Algérie vers la France. Cette phrase deviendra une réalité à double sens entre les deux pays le jour ou l'Algérie deviendra une démocratie. ARISTOTE

  • Caricature de la famille royale, Le quotidien Le Monde interdit au Maroc

    image Les autorités marocaines ont bloqué jeudi la distribution du quotidien français Le Monde qui a publié, dans son édition datée du jeudi 22 octobre, une caricature jugée irrespectueuse de la famille royale, a-t-on appris de source autorisée. Le Monde daté du vendredi 23 octobre sera également interdit à la vente au Maroc pour des raisons similaires, a-t-on ajouté de même source. Dans son numéro du 22 octobre, Le Monde a publié à la "Une" un dessin du caricaturiste Plantu montrant une main sortant de l'étoile à cinq branches du drapeau marocain et tenant un crayon dessinant un personnage coiffé d'une couronne, tirant la langue et avec ce qui ressemble à un nez de clown. "Procès au Maroc contre le caricaturiste Khalid Gueddar qui a osé dessiner la famille royale marocaine", dit la légende accompagnant cette caricature. "Nous n'accepterons jamais, au motif de la liberté d'expression, une atteinte systématique aux symboles nationaux", a déclaré à l'AFP un haut responsable marocain sous couvert de l'anonymat. La distribution au Maroc du Monde daté du 23 octobre sera bloquée "dans la même logique", a également annoncé cette source, car contenant une caricature dessinée par le Marocain Khaled Gueddar. Cette caricature a été publiée par le quotidien Akhbar Al Youm dans son édition datée des 26-27 septembre et fait actuellement l'objet d'un procès au Maroc, intenté par le ministère de l'Intérieur et un membre de la famille royale. Ce dessin de Khaled Gueddar fait allusion au mariage (le 25 septembre) du prince Moulay Ismaïl, cousin du roi Mohammed VI, avec Anissa Lehmkuhl, une ressortissante allemande de confession musulmane. Cette caricature, "en relation avec la célébration par la famille royale d'un événement à caractère strictement privé", a été jugée irrespectueuse par les autorités marocaines et le prince Moulay Ismaïl. Taoufik Bouachrine et Khaled Gueddar, respectivement directeur et caricaturiste d'Akhbar Al Youm, sont depuis poursuivis pour "non respect dû a un membre de la famille royale". Leur procès, commencé le 12 octobre devant un tribunal de Casablanca, reprendra vendredi. Début octobre, le ministère de l'Intérieur a posé des scellés au siège du journal, interdisant aux journalistes l'accès à leurs bureaux. Le 14 octobre, le tribunal administratif de Casablanca a rejeté la demande présentée par la défense du quotidien d'annuler la décision du ministère de l'Intérieur d'empêcher l'accès aux locaux du journal. Le 26 octobre, le même tribunal se prononcera sur une deuxième plainte, déposée par les avocats d'Akhbar Al Yaoum contre le ministère de l'Intérieur pour abus de pouvoir. Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a qualifié d'"illégale" la fermeture par les autorités des bureaux du quotidien. source AFP avec http://www.letemps.ma/

  • Inédit dans le monde arabe : Des bloggueurs ont fait trembler le régime de Moubarak

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    Du Caire, Hassane Zerrouky

    En pleine grève des ouvriers du textile de la cité industrielle de Mahala dans la vallée du Nil à 120 km du Caire, un appel à la grève générale, pour le 6 avril, contre la hausse des prix et la pénurie de pain subventionné, était lancé via Internet sur le réseau Facebook. « N’allez pas au travail, n’allez pas à l’université, n’ouvrez pas vos commerces, n’ouvrez pas vos pharmacies ... Nous voulons des salaires dignes, nous voulons du travail, de l’éducation pour nos enfants, des transports humains, des hôpitaux ... » indiquait l’appel des bloggueurs qui s’est dénommé « groupe du 6 avril ». Il demandait également aux égyptiens d’ « afficher le drapeau égyptien partout », de « s’habiller en noir », de « distribuer le slogan », et il ajoutait : « surtout ne pas oublier d’offrir une fleur à chaque policier ».

    Toujours est-il que l’appel a été relayé de bouche à oreille. L’idée de grève générale s’est répandue comme une traînée de poudre. L’écho a été tel que le pouvoir a réagi de manière très vive. Sur les chaînes publiques de la télé égyptienne, un communiqué du ministère de l’Intérieur égyptien, diffusé en boucle tout le long de la journée du 7 avril, avertissait que l’Etat serait intransigeant avec les fauteurs de troubles. La police anti-émeute s’est déployée et a quadrillé la capitale. Les parents ont pris peur et n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école.

    La grève générale n’a finalement pas eu lieu, mais ce dimanche 6 avril, Le Caire vivait au ralenti. La veille , des bloggueurs avaient été arrêtés dont Esraa Abdelfattah, jeune étudiante, créatrice du blog et initiatrice d’un mouvement inédit dans les annales égyptiennes et des pays de la région qui, de l’avis de nombreux égyptiens, a fait trembler le régime.

    Aujourd’hui, Esraa Abdelfatah et sa « complice », Nadia Moubarak (rien à voir avec le chef de l’Etat égyptien) ainsi qu’une vingtaine de bloggueurs, arrêtés dans un café du centre du Caire, sont en prison, en attente de jugement. De sa cellule, elle a écrit une lettre, publiée par le journal de gauche, El Badil, dans laquelle elle explique ce qui l’a incitée à lancer un tel appel.

    Quoi qu’il en soit, ce mouvement des jeunes bloggueurs, qui a pris de court l’opposition classique y compris les Frères musulmans, ne s’est pas éteint. En quelques jours, plus de 80 000 personnes l’ont rejoint sur Facebook. Mardi dernier, il est passé à une autre étape. Il a lancé un nouvel appel pour la journée du 4 mai, tout un symbole, puisqu’il s’agit de la date de naissance du président Hosni Moubarak. En plus de la libération d’Esraa Abdelfattah, il demande aux égyptiens de s’habiller en noir et de mettre des drapeaux noirs sur leurs balcons en signe de protestation contre la vie chère et pour le respect des libertés et des droits de l’homme. Quant à Esrra Abdelfatah et Nadia Moubarak, selon les deux journaux de gauche – El Badil et El Destour – elles ont été séparées de leurs camarades et transférées dans un lieu tenu secret. « Le ministère de l’intérieur a caché Esraa » accuse en « une » El Destour ». « Diparition d’Esraa » renchérit de son côté El Badil. Le reste de la presse égyptienne, dont l’officieux El Ahram, se sont également fait l’écho de l’emprisonnement de la jeune bloggueuse.

    L’affaire fait grand bruit au point d’éclipser médiatiquement les manifestations (elles ont eu lieu mercredi) des Frères musulmans protestant contre la condamnation à de lourdes peines de 25 de leurs membres dont le numéro trois de la confrérie, Kheirat el Chater, condamné à 5 ans de prison.

    Et de l’avis des journalistes et observateurs égyptiens que j’ai rencontrés, le pouvoir égyptien semble désarmé face à un mouvement né sur Internet, échappant aux formes classiques d’organisation, qui affirme sur son réseau Facebook ne pas être un parti politique, refusant de surcroît toute récupération politique d’où qu’elle vienne et qui mène un combat pacifique et civilisé sur les seuls thèmes de la vie chère, de l’augmentation des salaires, des libertés démocratiques et des droits de l’homme.

    H.Z on le fera nous aussi one two three viva l'algerie as dos tris viva la suisse

  • "Loi" sur la criminalisation du colonialisme : les dessous d'un canular

    La proposition de loi incriminant le colonialisme français n'était donc qu'un bluff politique. Le gouvernement n’a réservé aucune réponse à ce projet, alors que le délai réglementaire (deux mois après l’envoi de la mouture finale par le bureau de l’APN) a expiré. A l'Assemblée, on reconnaît que le pouvoir n'a jamais eu de réelle volonté politique de promulguer pareille loi. Seules les âmes candides qui continuent de prêter au président Bouteflika quelque scrupule politique en sont à croire qu’il agit par souci de défendre la mémoire. Il y a bien longtemps de la mémoire ne relève plus, pour Bouteflika, du différend historique mais du cabotinage conjugal, cette pratique un peu malsaine qui consiste à rappeler au conjoint un antécédent fâcheux chaque fois qu’on éprouve le besoin de lui extorquer une nouvelle déclaration d’amour. La méthode est classique : Bouteflika fait provoquer, en sous-main, un début d’incendie par des pyromanes qualifiés et se donne ensuite le loisir d’intervenir en pompier, prestation qu’il monnayera alors au plus haut prix. Selon les réponses qu’il reçoit de la France, le président algérien peut ainsi passer de la plus grande « indignation » envers le préjudice colonial à la plus béate des indulgences. Pour s’en convaincre il suffit de se rappeler qu’avant de brandir le spectre d’une « loi algérienne criminalisant la colonisation" – signée, soulignons-le, par 125 députés appartenant à la majorité présidentielle - Bouteflika avait publiquement renoncé, et deux fois plutôt qu’une, à exiger de la France repentance de ses péchés coloniaux. La plus récente fut même énoncée, comble de l’ironie ou du cynisme, de la bouche du président de l’assemblée populaire nationale, celle-là même dont on redoute qu’elle adopte une loi criminalisant la colonisation ! C’était en mai 2009, à la veille de la visite d'Etat que devait effectuer en juin à Paris le président algérien et à laquelle ce dernier tenait beaucoup. Abdelaziz Ziari, un fidèle de Bouteflika, avait alors affirmé au cours d’un point de presse dans la capitale française, que la question de la repentance « n’était pas à l’ordre du jour » et « n’a jamais, depuis l’indépendance, constitué un obstacle aux relations algéro-françaises ». Bouteflika voulait ainsi « proposer un cadeau » aux Français pour les amadouer. Or, pour revenir à cette "loi" criminalisant le colonialisme, rien ne se serait produit s’il n’y avait eu, au printemps dernier, cette décision française que Bouteflika considère comme un camouflet : le report, voire l’annulation de cette visite d'Etat qu’il devait effectuer en juin à Paris et que l’Elysée a jugé embarrassante car trop « proche » du scrutin bokassien du 9 avril à l’issue duquel le chef de l’Etat algérien avait été réélu avec plus de 90 % des suffrages, réélection alors qualifiée en France de « pharaonique ». L’Elysée (si on en croit le Parisien), redoutant que cette encombrante victoire ne soit évoquée par l’opposition et par les médias, avait décidé de la repousser à la fin de l’année, ce qui a fortement froissé Bouteflika, furieux d’être assimilé à un vulgaire dictateur infréquentable. La France avait, jusque-là, soigneusement dissimulé cette image du président algérien dans les vapeurs de la connivence diplomatique et politique. Mais la politique comme la diplomatie ou les complicités ne pouvaient plus rien contre l’arithmétique : comment, en effet, continuer à protéger un président qui a triomphé à hauteur de 91% quand on a taxé à longueur d’année, Robert Mugabe d’être le parangon de la dictature africaine, lui l’élu à « seulement » 85 % ? Le Français ordinaire ne comprendrait pas… Or, c’est le Français ordinaire qui va voter en 2012 ! Toujours est-il que, depuis, les représailles algériennes se sont multipliées à l’encontre de la France : difficultés aux entreprises françaises exerçant en Algérie, refus de recevoir des ministres de Sarkozy et ... l’annonce de cette « loi algérienne criminalisant la colonisation". Bouteflika entendait entretenir la pression jusqu’à être reçu par l’Elysée et briser ainsi sa soudaine « infréquentabilité » A ces représailles a répondu une surenchère parisienne (débat sur l’identité nationale, liste des pays à risque, propos de Kouchner…). Bouteflika a-t-il obtenu des "concessions" de l'Elysée ? On le saura bientôt. Mais la vérité est qu'il n’a jamais vraiment voulu cette loi. L.M.

  • Thaïlande Bain de sang à Bangkok :

    Thaïlande Bain de sang à Bangkok : au moins 5 morts et 46 blessés Les violences vendredi à Bangkok entre manifestants anti-gouvernementaux et forces de l’ordre ont fait cinq morts, selon un nouveau bilan fourni par les hôpitaux locaux. Les militaires ont ouvert le feu vendredi sur les manifestants antigouvernementaux lors d’affrontements en plein centre de Bangkok qui ont fait au moins cinq morts et 46 blessés, alors que le pouvoir tente de priver les "chemises rouges" de tout ravitaillement. En moins de 24 heures, quatre personnes ont été tuées et au moins 57 blessées, portant le bilan total de cette crise depuis mi-mars à 33 morts et près d’un millier de blessés. Trois journalistes ont été touchés par balles en couvrant les événements, un photographe du quotidien thaïlandais Matichon, un caméraman canadien de la chaîne de télévision France 24 et un autre caméraman de la chaîne câblée thaïlandaise Voice-TV. Les leaders des "chemises rouges", qui ont juré la chute du gouvernement, ont accusé le Premier ministre Abhisit Vejjajiva d’avoir commencé "la guerre civile" et exigé le retrait des troupes autour du quartier qu’ils contrôlent. "Je ne sais pas comment nous allons survivre ce soir si Abhisit n’est pas d’accord avec un cessez-le-feu. Nous espérons qu’il ne veut pas la guerre", a déclaré l’un des trois principaux cadres du mouvement, Nattawut Saikuar. Les heurts ont commencé en début de matinée lorsque l’armée a tenté de progresser en direction d’une avenue tenue par les manifestants, lesquels ont "tenté d’intimider les autorités avec des armes", selon le colonel Sunsern Kaewkumnerd, porte-parole militaire. Des échanges de coups de feu nourris ont été entendus à plusieurs reprises, jusqu’en milieu d’après-midi, le long de la limite sud du quartier touristique et commercial de Bangkok que les "rouges" occupent depuis début avril. Officiellement cependant, ces affrontements ne préfiguraient pas une opération pour déloger tous les manifestants par la force. "Les autorités ne lanceront pas pour le moment d’opération contre le site de Ratchaprasong, mais nous nous attendons à de nouvelles violences ce soir", a assuré M. Sunsern en exhortant les "rouges" à "mettre fin à leur rassemblement". Le ministre de la Défense, le général Prawit Wongsuwon, a indiqué pour sa part à l’AFP que l’opération était "destinée à faire pression sur les chemises rouges pour qu’ils reviennent à la table des négociations". L’armée cherche à étrangler les "rouges" sur le plan logistique dans l’espoir de réduire au maximum le nombre de manifestants, qui se retrouvent désormais sans électricité, sans approvisionnement en eau et nourriture, et sans passage des camions poubelles. Par El Watan avec AFP

  • Les syndicats autonomes face à de nouveaux défis : On ne peut plus les ignorer


    Les syndicats autonomes face à de nouveaux défis : On ne peut plus les ignorer

    Les syndicats autonomes face à de nouveaux défis : On ne peut plus les ignorer

    Exister malgré la répression. Dépasser le corporatisme. S’unir contre les tentatives de division. Sur tous les fronts, les jeunes syndicats autonomes amorcent une étape difficile. Car pour s’imposer comme partenaires sociaux, ils doivent désormais s’organiser. Mais la base est derrière eux. Même pas une surprise. Le propriétaire de la Maison des syndicats, à Bachdjarah, qui devait accueillir le premier Forum syndical maghrébin, a été convoqué par le wali d’Alger. Mais qu’importe, aujourd’hui et demain, le syndicat des personnels de l’administration publique (Snapap) maintient la rencontre où sont invités, entre autres, des Tunisiens, des Marocains et des Mauritaniens pour discuter de l’état de la lutte sociale au Maghreb. Cynique anecdote : jusqu’à demain, l’Algérie officielle accueille l’Organisation de l’unité syndicale africaine pour parler du « manque de dialogue social au centre des crises en Afrique » et exposer le cas de l’Algérie comme « un exemple à suivre ».


    Bloqués, matraqués, menacés… Depuis la rentrée sociale 2009, les syndicats autonomes ont pris l’habitude de se faire refouler partout où ils passent. Mais ils s’organisent. Le syndicat des professeurs du secondaire (Snapest) et de l’enseignement supérieur (Cnes), ont lancé début avril l’Union nationale des syndicats autonomes (Unsa) où ils invitent les autres syndicats à les rejoindre. Toujours début avril, l’union du personnel de l’éducation (Unpef), la coordination des professeurs du secondaire (Cnapest) et deux syndicats de la santé (généralistes et spécialistes) ont de leur côté, créé la Confédération des syndicats algériens. De telles initiatives ne sont pas nouvelles.

    Sur le papier

    « Depuis une dizaine d’années, il y a eu des tentatives, rappelle Mohamed Yousfi, président du syndicat des spécialistes de la santé. Elles n’ont pas abouti mais nous avons tiré des leçons de ces expériences. Il n’est pas question de former une alliance conjoncturelle. Nous prenons notre temps, pas de précipitation. » Ces rapprochements – même s’ils n’ont pas encore été agréées par l’Etat – inaugurent-ils une nouvelle ère pour la lutte sociale ? « Parler de renouveau ? Peut-être pas. Mais plutôt une nouvelle phase, une adaptation des syndicats aux données du terrain. Réfléchir à de nouvelles formes d’organisation est, certes, un bon signe en soi, mais reste à mon sens insuffisant pour donner du souffle au syndicalisme algérien », analyse Abdelmelek Rahmani, coordinateur Conseil national des enseignants du supérieur.

    « Dans l’absolu, les initiatives de regroupement annoncent des changements mais dans le cas de l’Algérie, on n’est pas sûrs que ces unions répondent à une demande de la base, analyse Larbi Graïne, auteur de Algérie, naufrage de la Fonction publique et défi syndical, paru chez l’Harmattan en mars dernier. Le mouvement des syndicats autonomes remonte à une dizaine d’années. C’est à l’époque des événements en Kabylie que de grandes décisions ont été prises comme la saisine des instances internationales par le Snapap. Je ne vois pas ces rapprochements comme un élément de rupture, plutôt comme une continuité. »

    Derniers espaces

    Du même avis, Larbi Nouar, coordinateur des enseignants du secondaire, ajoute : « Ouvrir des espaces plus larges pour créer un front qui donnerait plus de force à la lutte syndicale est un développement logique pour un mouvement syndical. » Mohamed Yousfi nuance également : « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un changement dans le sens où le syndicalisme algérien est très jeune. Officiellement créé dans les années 90, il n’a pas eu de réelle activité pendant la décennie noire. Pour les syndicats autonomes, c’est encore plus vrai. Sur le papier, on existe mais en pratique, nous ne sommes toujours pas reconnus par l’Etat ! Pourtant, près de 80% des travailleurs de la Fonction publique sont adhérents dans les syndicats autonomes ! » Sadek Dziri, président de l’Union nationale du personnel d’éducation et de formation insiste quant à lui sur la nécessité de « créer d’autres centrales syndicales.

    Notre espoir est de voir le nouveau code du travail appliqué dans toute sa rigueur : il ouvrira le champ au multi-syndicalisme. » Mais pour Larbi Graïne, les blocs – coalitions informelles – existent déjà. « Il y en a deux : celui composé par les médecins, les spécialistes de la santé publique et le Cnapest. Et celui composé par le CLA, le Snapap et le Sapes. On pourrait qualifier le premier de « réformiste ». Ses principales revendications : l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions socioprofessionnelles. Le deuxième bloc, plus « radical », veut assortir ses revendications de demandes politiques : participation au projet de l’éducation ou à la lutte contre la corruption. »

    Reste une réalité : depuis trois ans, et en particulier depuis la dernière rentrée sociale, les syndicats autonomes prennent de plus en plus de place dans l’espace social. Et les syndicalistes le disent : si les mouvements sont si suivis et les adhérents toujours plus nombreux, c’est parce que les syndicats restent « les derniers espaces d’expression libre ». Mais pas seulement.

    Abandonnés

    « L’orientation libérale et l’annihilation de la politique sociale ont provoqué le basculement de catégories entières dans la précarité et la misère, indique le dernier rapport du Comité international de soutien au syndicalisme autonome Algérie (Cisa). L’ajustement structurel et la pression sur les salaires ont frappé de plein fouet les travailleurs en général. L’éducation et la santé ont payé au prix fort la thérapie à courte vue et globalement inopérante du FMI. Et ce recul social n’est aujourd’hui combattu que par les syndicats autonomes. » Cela suffit-il pour autant à légitimer les syndicats autonomes comme de véritables partenaires sociaux ? Non. Aussi populaires qu’ils soient, les jeunes syndicats doivent encore relever des défis. « Dépasser le corporatisme et s’imposer comme force syndicale représentative », prévient Méziane Meriane, président du Snapest.

    « Pour l’instant, une trop forte subjectivité entre les différentes directions des syndicats empêche l’émergence d’un pôle syndical puissant, relèvent de leur côté Idir Achour, du CLA, et Abdelmalek Rahmani, du CNES, tout en refusant de parler de rivalités. Les syndicats ont toujours peur d’être abandonnés par l’autre en cours de route. Les alliances ont atteint leurs limites : on voit bien que si les syndicats se regroupent par corporations (adjoints de l’éducation, professeurs docents, techniciens du paramédical…) ils ont en revanche beaucoup plus de mal à former des fédérations en transcendant leurs secteurs. Voilà pourquoi je crois davantage à une solidarité syndicale. »

    Clonage

    L’enjeu est de taille puisque seule cette représentativité est à même de leur assurer une reconnaissance de la part des pouvoirs publics qui les regardent encore comme des syndicats de corporation. Et ce n’est pas gagné. Car comme le note le dernier rapport du CISA : « En Algérie plus qu’ailleurs, être syndicaliste est aujourd’hui un combat difficile de tous les instant. Dans l’Algérie des années 2000, animer un syndicat autonome consiste autant à défendre les travailleurs qu’à esquiver les manœuvres incessantes de déstabilisation, d’infiltration et de corruption du pouvoir, qui le tolère sans le reconnaître officiellement. »

    Concrètement, depuis les années 1990, les syndicats font l’objet d’un scénario classique, peut-on lire. Ce que les militants appellent « le clonage » : à l’intérieur de syndicats authentiquement autonomes, « une dissidence » est créée, débouchant rapidement sur une scission, en manipulant les militants les plus opportunistes ou les plus fragiles. « Le seul objectif étant de mettre au-devant de la scène une organisation nouvelle, clone de l’originale, prêt à tous les compromis avec le régime. » Comme le fait déjà l’UGTA à laquelle les syndicats autonomes et les ONG ne font aucun cadeau. « L’UGTA a perdu du terrain, même si les pouvoirs publics lui restent totalement « fidèles » au détriment des véritables représentants des travailleurs », souligne ironiquement Abdelmalek Rahmani du CNES. « Ancienne organisation de masse du parti unique, elle n’est plus qu’un instrument, totalement discrédité, de contrôle social, note encore le rapport du CISA.

    Privée de toute représentativité, dirigée par des hommes notoirement impliqués dans des scandales financiers, la vieille centrale n’est plus que l’ombre spectrale du syndicat d’Aïssat Idir. » Symptôme du malaise ambiant : aucune voix officielle n’a souhaité s’exprimer. « L’UGTA n’est plus représentative des fonctionnaires, ni d’un secteur économique public en complète déliquescence, ni même d’un secteur privé où toute velléité syndicale est étouffée. Je me le demande : que lui reste-t-il ? », s’interroge Mohamed Yousfi. « Si elle veut continuer à exister, l’UGTA devra revoir beaucoup de choses : son organisation, son fonctionnement et surtout sa relation au travailleur, ajoute Lyes Merabet, président des praticiens de la santé. Et surtout, ne pas rester figée dans des considérations politiques. »

    Mais l’avenir de l’UGTA n’a « en soi pas d’importance », souligne Larbi Graïne. « La démocratie est le seul moyen pour les travailleurs de s’exprimer, via des organisations qu’ils auront eux-mêmes choisies. Mais tant que les députés continueront de toucher les salaires qu’ils perçoivent actuellement, l’UGTA aura de beaux jours devant elle… »

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    La répression contre les syndicats accentue les risques d’une explosion sociale incontrôlée

    « La manière dont les grèves ont été réprimées par les autorités montre que les libertés syndicales et le droit de grève sont en danger en Algérie », peut-on lire dans le rapport « La mal-vie : rapport sur la situation des droits économiques, sociaux et culturels en Algérie », présenté en avril à au comité de l’ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels par la Fédération internationales des ligues des droits de l’homme, le Collectif des familles de disparus en Algérie et la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme.

    « La persistance de la répression contre les syndicats et les travailleurs qui revendiquent le respect de leurs droits ne peut qu’accentuer les risques d’une explosion sociale incontrôlée déjà fortement présents dans la société. Elle conduit les fonctionnaires dans des manifestations interdites mais pacifistes, et les autres, salariés du privé, femmes au foyer, chômeurs, à descendre dans la rue pour attaquer les symboles du pouvoir (wilaya, agence du logement). Les syndicats autonomes sont exclus de fait des rares processus de négociations (consultation lors de l’élaboration des plans nationaux de développement économique et social, pour l’enrichissement de la législation du travail, négociation des conventions, représentation aux conseils d’administration des organismes de Sécurité sociale, au conseil paritaire de la Fonction publique et à la commission d’arbitrage…) »

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    Des leaders entre syndicalisme et opposition

    Ils ne font jamais la Une de journaux. On ne se souvient pas toujours de leurs dernières déclarations. Fourmis ouvrières –porte-paroles investi d’un mandat- préférant l’ombre à la lumière, nos chefs syndicaux ne sont-ils pas pour autant de vrais leaders ? « Le mouvement est encore trop jeune et nous n’avons pas encore de culture syndicale, analyse Mohamed Yousfi. De plus, nous devons évoluer dans l’adversité et la répression, être sur tous les fronts. Il faut du temps pour voir émerger des leaders… » Le sociologue Nacer Djabi souligne que dans les années 70, les grèves étaient bien menées par des leaders « qui oscillaient entre syndicalisme et opposition (berbéristes, trotskystes, pagsistes, islamistes…). »

    Depuis, ils ont évolué. « Les responsables des syndicats autonomes ont tous fait des études supérieures et leur classes dans les mouvements estudiantins des années 80, le Pags, le mouvement culturel berbère, ou l’Union national de la jeunesse algérienne affiliée au parti unique, explique Larbi Graïne. Ils sont le produit de deux processus contradictoires : ils ont une formation universitaire et ont été enrôlés dans des logiques de déclassement social. Ce qui leur a permis de vite comprendre et démanteler le discours des pouvoirs politiques. Mais ils ont fait les frais de la chute des partis politiques : avec le recul des libertés publiques, leur champ d’action s’est trouvé rétréci. » Pour Sadek Dziri, « un leader syndical doit se sacrifier pour l’intérêt des travailleurs », jusqu’à s’effacer devant « la vision syndicale » pour Abdelkader Rahmani.

    « Mais il est vrai que par ailleurs, en jouant l’amalgame, les pouvoirs publics créent une situation exceptionnelle de suspicion, précise Lyes Merabet. Du coup, il est compliqué pour un leader d’assumer une position car on lui prête toujours une arrière-pensée. L’opinion publique pourrait se détourner de nous, pensant que les syndicalistes se chamaillent comme les politiques pour des questions de leadership… » Finalement, on touche là au fond du problème. « Oui, on peut dire que nos leaders syndicaux sont des leaders mais c’est l’opacité entretenue par la contrefaçon (clonage) qui rend l’émergence de personnalités difficiles. ».


    Par Mélanie Matarese, Nassima Oulebsir

  • site du colonel chabani assassine' tres instructif allez y vous saurait histoire algerienne et ces vraixs heros

    • Mohamed Chaâbani, un adepte de Ben Badis, disciple du Cheikh Bachir Ibrahimi est né le 03 Septembre 1934 à Oumache, un petit village de Biskra qui devient à partir de 1954, lieu des transits des armes qui arrivent de Libye par la Tunisie, à destination des wilayas historiques. C'est dans cette région dont la rudesse imprégnait les hommes qu’il entama ses études à l'école coranique que gérait son père, puis l'école primaire à la Medersa TWT (Tarbia Waa Taâlim) de Biskra. Lire la suite...

    Témoignage du capitaine et Moudjahed Mohamed Tahar Khelifa, responsable de la commission du cessez-le feu à Boussaada, sur la bataille du Djebel Thameur et sur la mort des colonels Si-Haoues et Amirouche. Voir la vidéo
    Entretien avec le commandant Cherif Kheiredinne au musée du colonel Chaabani à Biskra, suite au débat provoqué par le livre du Docteur Said Sadi sur la vie et la mort du colonel Amirouche.
    1ère partie - 2ème partie

     

    Abderrahmane Chaabani répond à Benbella et au colonel Bencherif
    Je tiens à dénoncer, en tant que frère du colonel Chaâbani, les déclarations mensongères et diffamatoires sur les tenants et les aboutissants ayant trait à l'assassinat du colonel Chaâbani. La vérité qu'a voulu taire Ben Bella est qu'il est le seul responsable de la mort du colonel Chaâbani. Lire
    Ceux qui connaissent Chaâbani de près et ils sont encore nombreux, savent qu'il se méfiait des enfants de ceux qui ont traditionnellement servi la France coloniale tel Mr Ahmed Bencherif et il n'avait pas tort... Durant l’indépendance, Bencherif n’a jamais cessé de se comporter en Sultan de la république, notamment dans la région de Djelfa. Il y décima jusqu’à la faune, l’offrant aux émirs du Moyen-Orient. Lire

     

    L'ex Président Chadli Bendjedid sort de sa réserve
    • Le Président Chadli dément les allégations des gouvernants selons lesquelles Chaabani a pris les armes contre l'état algérien dans un but sécessionniste. Voir la vidéo
    • C’est moi qui ai fait avorter la rébellion de Châabani lorsque j’étais commandant de la Ve Région militaire. Boumediene m’a contacté pour me dire : “Le président Ben Bella m’a désigné membre de ce tribunal au côté de Saïd Abid et de Abderrahmane Bensalem.” Boumediene a ajouté : “Le Président vous demande de le condamner à mort, et si tu ne me crois pas, contacte le Président dès que tu arrives à Alger et il te dira la même chose. Lire...
    • La fin de la rébellion de Chaâbani contre le pouvoir de Ben Bella a été solutionnée pacifiquement. Chaâbani est retourné à Biskra où je m’étais également rendu en tant que chef de la 5ème Région militaire. Chaâbani s’est rendu au Sud. Il a demandé de rendre ses armes à Saïd Abid. Un tribunal désigné par Ben Bella a été constitué. Boumediène m’a informé que Ben Bella a exigé sa condamnation à la peine capitale. Lire...

     

    Témoignages vidéo de deux authentiques Moudjahid et compagnons du colonel Mohamed Chaabani, le capitaine Mohamed Tahar Khelifa et le commandant Cherif Kheiredinne. Page En construction

     

    Dites ce que vous savez, Mr Djéraba!
    45 ans après l’innommable assassinat à la suite d’une parodie de procès, et ce n’est qu’au crépuscule de sa vie, que Mr Djeraba s’est rappelé au souvenir de Mohamed Chaâbani, le plus jeune colonel de l’ALN. Lire la suite ...

    • Témoignage d'un journaliste du quotidien de gros tirage ecchourouk du 11 décembre 2008, page 20. Le journaliste se pose la question de savoir qui de Chadli ou de Ben Bella tous deux ex-Présidents d'Algérie ment aux Algériens. Lire...
    Témoignage du Moudjahed El-Hadi Ahmed Derouaz sur l'apport apporté par Chaabani à la wilaya 6 Historique. Lire...
    • Témoignage d'un ex-officier de l'ANP sur l'organisation, le fonctionnement et la gestion de la wilaya 6 historique devenue 4ème région militaire après 1962. Voir la vidéo
    Le commandant Lakhdar Bouregaa chef adjoint de la wilaya 4 historique répond au colonel Ahmed Bencherif : On n’écrit pas l’histoire avec des mensonges. Lire...
    Témoignage réponse au colonel Ahmed Bencherif concernant ses allégations relatives au crime de guerre "perpétré" selon lui par feu le colonel Chaâbani et les cadres de la wilaya 6 à l'encontre de Abdellah Selmi et sa troupe (Ex-armée du traître Bellounis) en 1962. Lire...

     

    Livres et Interviews
    Col Tahar
    Zbiri
    Cdt Omar
    Sakhri
    Cdt Cherif
    Kheiredinne
    Cdt Amar
    Mellah
    Cdt Lakhdar Bouregaa
    Ahmed Taleb Ibrahimi Ferhat
    Abbas
    Fathi
    Dib
    Rabah
    Lounici
    Momamed
    Djeraba
    Mohamed
    Tahar Khelifa
    Cdt Omar
    Sakhri
    Tahar Laadjel Cdt Omar
    Sakhri
    Ahmed
    Mahsas
    Mohamed
    Tahar Khelifa

     

    Réactions des algériens suite à l'aveu terrifiant
    de l'ex-Président Chadli Bendjedid

     

    Le meurtre banal du colonel Abel : Voilà ! C'est presque fini. Brusquement, entre deux averses on a appris, nous qui étions nés trop tard pour profiter de l'Indépendance, qu'un matin du 3 septembre 1964 à Oran, quatre «juges» se sont levés le matin et ont assisté à l'exécution d'un colonel du nom de Chaâbani Mohammed parce que le Président de l'époque ne l'aimait pas. Lire ...

    Le térrible aveu : Sous le prétexte de l’écriture de l’histoire, un grand déballage s’est répandu ces derniers jours dans la presse nationale. De ce grand déballage animé par les déclarations et les interviews de l’ancien président de la République Chadli Bendjedid, je retiens, au-delà des vieilles querelles de clans du pouvoir de l’époque, le terrible et effroyable aveu sur l’identité du commanditaire et des exécutants du procès ayant conduit à la condamnation à mort du colonel Chabani. Lire...

    La trouble exécution du colonel Chaabani : Il avait à peine 30 ans lorsqu’il a été exécuté par ses frères d’armes. En cette matinée du 3 septembre 1964, le plus jeune colonel de la Révolution algérienne, Mohamed Chaâbani, chef de la Wilaya VI (Grand Sahara) n’est (déjà) plus. Lire...

    Son spectre plane sur Ben Bella. Qui rendra justice au colonel Chaabani? : Au moment où les débats sur l’abolition de la peine de mort enflent, l’affaire de la première exécution de l’Algérie indépendante refait surface, ces deniers jours. Ignorée jusque-là, l’affaire de l’exécution du colonel Mohamed Chabani revient avec plus de consistance. Lire...

    La polémique n'est toujours pas close : L’exécution du colonel Mohamed Chabani, le 3 septembre 1964 au matin, en application de la peine capitale prononcée la veille à son encontre, reste inéluctablement l’une des mauvaises pages de l’histoire contemporaine de l’Algérie. Des historiens s’y sont intéressés mais aucune des versions des faits qu’ils ont eu à transcrire n’a produit autant d’effet médiatique que le témoignage, en 2008, du président Chadli Bendjedid. Lire...

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  • Bac : Les mises en garde du Cnapest

    Mohamed Boudiaf Observons les nations développées: en quoi nous ont-elles dépassés ? Elles nous dépassent par la connaissance!

    par Moufida R.

    « L'Office national des examens et concours (ONEC) vient de décider de porter le nombre de candidats aux examens du baccalauréat de 20 à 25 par salle, sans augmenter le nombre de surveillants, c'est ce qui augure d'un risque d'une fraude massive au bac, les candidats vont pouvoir tricher avec cette mesure». C'est ce que nous a révélé, hier, Nouar Larbi, le coordinateur du Cnapest, au cours d'une communication téléphonique. En ajoutant que «cette décision confirme les mauvaises intentions de la tutelle qui veut faire de cette année une réussite, quitte à utiliser des moyens peu orthodoxes». Notre interlocuteur poursuit : «les années précédentes, le nombre de candidats était de 20 par salle d'examen, pourquoi avoir changé le programme alors qu'il aurait été plus judicieux de baisser le nombre aux prétendants au bac et non le revoir à la hausse, pour faciliter le travail aux surveillants, car avec une telle décision, même ces derniers sont exposés à des risques d'agressions». Le ministre avait affirmé, la semaine dernière, que «les moyens, mobilisés cette année, sont hautement supérieurs à ceux de l'année dernière, et ce, en termes de surveillance, d'observateurs et de matériels et que les examens de fin d'année, des trois paliers, se dérouleront dans de très bonnes conditions», en ajoutant que «concernant le taux de réussite au baccalauréat, que son secteur est arrivé à multiplier ses scores en passant de 20% de réussite au bac, il y a quelques années, à 55% actuellement, nous atteindrons un taux de 70% à moyen terme». Chose qui semble pour le responsable syndical «totalement utopique vu que le ministre continue à tergiverser et à occulter les véritables problèmes dans lesquels se débat l'Ecole algérienne qui jusqu'à l'heure actuelle, est bloquée et a montré ses limites. Il faut revoir les méthodes de travail et d'examens pour accéder à une Ecole publique républicaine forte et efficace, nous allons droit vers un désastre au niveau de la qualité des études, ceux qui vont obtenir le bac ne sont pas prêts à accéder à l'université dans de telles conditions». Et de conclure: «par de telles méthodes, on veut encourager et généraliser massivement la fraude et la tricherie». La date du début des épreuves du baccalauréat a été fixée au 6 juin prochain. Quant au contenu des épreuves, le ministre avait affirmé que «les sujets d'examens ne porteront pas sur des questions non traitées». Par ailleurs et s'agissant de l'activité syndicale, le chargé de la communication du Cnapest, Messaoud Boudiba nous a indiqué que «11 bureaux de wilaya du syndicat sur les 48 affiliés au Cnapest à savoir: Bouira, Ouargla, Annaba , Souk Ahras, Relizane, Médéa, Saïda, Sétif, Tizi-Ouzou, Constantine et Boumerdès, ont tenu leurs conseils, en début de semaine; les responsables syndicaux des trois dernières wilayas ont pris langue avec les directeurs d'Education qui les ont conviés à la table des négociations et ont pu aplanir certains dossiers administratifs. Alors que les autres sont en cours». Pour rappel, les 11 bureaux de wilayas suscités avaient décidé d'un boycott administratif, suite à la grève d'une journée et d'un sit-in initiés au mois dernier, pour dénoncer les atteintes aux droits syndicaux et aux pressions exercées par les responsables de l'Education dans ces différentes wilayas, les empêchant de tenir des réunions et des regroupements et ce, en application de l'instruction de Benbouzid après un recours à la justice qui a décrété la grève dans l'Education, illégale. Les PES avaient décidé de ne pas livrer les notes des élèves à l'administration. Pour le coordinateur du Cnapest «ces négociations ne remettent pas en question nos revendications et nous attendons toujours qu'elles soient concrétisées, nous tenons à ce que les décisions prises au sein des commissions de travail mixtes, installées suite à la grève de trois semaines du mois de novembre, soient appliquées s'agissant des dossiers du régime indemnitaire, des œuvres sociales et enfin la médecine du travail». A une question sur le boycott des examens du bac, notre interlocuteur nous dira: «nous n'avons rien tranché pour l'instant et c'est au conseil national de prendre la décision de corriger ou pas le épreuves du bac». En ajoutant que «le conseil national du Cnapest se réunira, d'ici la fin du mois en cours mais de toute évidence, nous ne cherchons pas à pénaliser nos élèves mais la balle reste dans le camp du ministre de l'Education et c'est à lui d'assainir la situation». Sur le chapitre de la lutte syndicale, la toute fraîche Confédération des syndicats algériens (CSA), créée récemment par quatre syndicats, en l'occurrence: l'intersyndicale de la Santé représentée par le SNPSP et SNPSSP ainsi que ceux de l'Education : le Cnapest et l'Unpef, le Dr Merabet, président du SNPSP, nous a informé, hier, que la tenue de la deuxième réunion prévue, lundi dernier, a été reportée à samedi prochain.

  • QUESTION-L'AGERIE EST ELLE INDEPENDANTE esque ceux qui nous gouvernent sont ils algeriens???? je ne voit pas la difference avant c'etait mieux avec les vraix colons maltais bouchaoui, fanari , francais ,espagnoles me disait ami ahmed allah yarahmou

    La chronique de Arezki Metref : Y a-t-il un État dans ce pays ?

    dimanche 9 mai 2010
    par algerep


    Le pouvoir algérien – de haut en bas – a la fâcheuse habitude de parler quand ce n’est pas nécessaire et quand il n’y a rien à dire, et de se taire quand il faut parler. Prendre position. Faire son boulot de pouvoir. Accomplir ce pour quoi ces messieurs- dames sont payés. Deux situations, au moins, dans lesquelles il devrait intervenir au lieu de se murer dans le silence indifférent, voire méprisant, viennent confirmer l’usage qu’il fait de la parole, au mieux névrotique, manipulatoire dans le pire des cas.

    L’affaire de Hassi-Messaoud en est une. De cette base pétrolière nous viennent deux types de bruit et un silence, léger, flasque, lâche même, un peu comme un ventre mou. Le silence, d’abord : celui des autorités devant l’agression innommable de femmes seules par des hommes en bandes. Le renversement de la morale ancestrale et de l’éthique sociale qui préconisent la protection des femmes ne turlupine personne dans les hauteurs du pouvoir. On se bouche les oreilles, c’est d’un commode !

    Les bruits, maintenant. D’un côté, l’ahan acrimonieux, vindicatif, hystérique, de bandes de mecs bavant de haine, faisant preuve d’un héroïsme qu’ils croient sublime en s’attaquant, armés, nuitamment, à des femmes seules et sans défense.

    L’autre bruit, ce sont les pleurs de ces femmes livrées à elles-mêmes, sans pouvoir compter sur l’État algérien.

    Les faits : on les ignore ? Vraiment ? Une chasse aux femmes est organisée à Hassi-Messaoud. Employées par les sociétés multinationales, elles travaillent dans la ville pétrolière où elles vivent, seules, en provenance de tous les coins d’Algérie. Parce que ce sont des femmes seules et qu’elles travaillent, des hommes, armés de gourdins, haches, couteaux, certains cagoulés, viennent la nuit saccager leur maison. Les cris de détresse qu’elles poussent ne dérangent pas le voisinage, pas plus que les policiers du commissariat n’enregistrent leurs plaintes. Le lynchage du 11 avril 2010 n’est pas nouveau. Il a un fâcheux précédent qui date du 13 juillet 2001, lorsque plus d’une centaine de femmes furent violées et torturées (dont une enterrée vivante) par cinq cents hommes chauffés à blanc par un imam, arrêté puis relâché par un « coup de fil d’en haut ». Seuls vingt-neuf hommes ont été accusés et, sur ce nombre, trois seulement ont purgé leur peine. Un climat général de déliquescence rend possible ce type de massacre. Le code de la famille décrétant la femme mineure à vie prépare le terrain qu’occupent aujourd’hui les intégristes qui vocifèrent un discours empli de haine désignant les femmes comme responsables de tous les maux. Jusqu’au séisme du 21 mai 2003 que des prêcheurs bien en chaire ont attribué à haute et intelligible voix au fait que les femmes ne portent pas le hidjab !

    Au lieu de laisser faire ce face-à-face inégal entre des femmes seules et des hommes en surnombre et en armes, l’État algérien a le devoir d’arrêter le lynchage et de traduire devant les tribunaux ceux qui se rendent coupables d’atteintes aussi graves au droit de ces femmes à la vie et à la protection. Car c’est de cela qu’il s’agit : une affaire de droits humains !

    Voilà l’occasion en or pour nos hauts responsables de prendre la parole pour dire que nul citoyen n’a le droit d’agresser un autre, au nez et à la barbe de l’État. Pour réaffirmer que la justice en Algérie punit les agresseurs et non les victimes.

    Mais non, c’est le silence. C’est le laissez-faire ! C’est le qui-ne-dit-mot-consent. C’est la silencieuse et honteuse approbation de pogrom qui ne va pas tarder à entacher d’indignité les institutions de l’État.

    L’autre silence, c’est celui des mêmes, ceux de là-haut, et il concerne la polémique suscitée par le film de Rachid Bouchareb sur le 8 Mai 1945. Pour avoir tenté de restituer le grand choc des manifestations pacifiques réprimées violemment par l’armée coloniale et par le colonat lui-même, le cinéaste essuie des salves révisionnistes nourries provenant de groupes de mémoire encore algérie-française et qui recyclent leur colonialisme tardif dans des enjeux politiques actuels.

    Certes, ce n’est pas le rôle des États de s’immiscer dans l’écriture de l’histoire, pas plus que d’en triturer abusivement les symboles. Mais connaissant le zèle patriotard dont nos gars font preuve lorsqu’il n’y a pas de bataille, on ne peut que raisonnablement noter cette démission pour une fois que le silence n’est pas d’or. Les producteurs des logorrhées zélées d’anticolonialisme détaxé, lorsque le débat est en rase campagne, où sont-ils aujourd’hui ? Où sont les députés « présidentiels » qui voulaient naguère criminaliser la colonisation ? Personne parmi eux n’a assez de détermination en lui pour se lever et dire, sans que l’ordre lui vienne d’en haut, que le 8 Mai 1945, les Algériens étaient massacrés par l’armée coloniale et les colons eux-mêmes pour avoir simplement revendiqué la liberté qu’ils venaient d’arracher au profit des alliés. Dire simplement ça…

    A. M

    vous savez pourquoi  A khalifa ne s'inquiete pas !!!images avec mounen.jpeg

    • Scandales financiers : Les hommes du président dans le viseur

      ecrit par un jeune 45 ans je vous le poste sur les scandales financiers et tout le tout time

      Si l’Algérie d’en bas souffre des lentilles à 200 dinars et reste ahurie par les scandales financiers en cascade, l’ambiance est pour le moins morose en haut. Tous les matins que le bon Dieu fait, les ministres et hauts responsables se lèvent et font la revue de presse, en espérant ne pas lire leur nom dans un article scoop qui les mette en cause dans une énième révélation, ponctuée par la citation désormais culte: «Selon des sources proches de la DRS»…
      «Mais qu’est ce qui se passe sur la Planète des Singes?!», s’interroge un retraité fatigué du tapage médiatique fait autour d’hommes qu’on croyait, jusqu’à présent, bien lotis. La stupéfaction est de mise et est parfaitement légitime. La campagne dite «mains propres» s’est attaquée à des gens qu’on prenait comme mesure de l’équilibre des forces dans notre sérail vieillissant. Des hommes proches du président Bouteflika et qui semblaient intouchables jusqu’à nouvel ordre.

      Chakib Khelil, Mohammed Meziane, Amar Ghoul, Saïd Barkat, Amar Saïdani… Autant de noms qui constituaient hier le noyau du Bouteflikisme conquérant et qui se font de plus en plus petits parce que cités ça et là dans des affaires de détournements, de malversations ou de dilapidation. L’affaire de l’autoroute Est-Ouest a été le point de départ de ce tohu-bohu douteux.

      Jusqu’à présent épargné, le ministre des Travaux publics et membre du Mouvement de la société pour la paix (MSP) Amar Ghoul s’est retrouvé soudain dans le collimateur de la «Justice». Selon «El Watan», M. Ghoul a été gravement mis en cause par le Directeur de l’Agence nationale des autoroutes, dans un rapport qui a déjà abouti à l’inculpation du secrétaire général, incarcéré, et du directeur de cabinet du ministère, sous contrôle judiciaire. Le projet dit du siècle, qui a vu son coût initial passé de 11 milliards de dollars à 18 milliards, soit une rallonge de 7 milliards de dollars (rien que ça), n’a pas livré tous ses secrets.
      Toujours selon «El Watan», le groupe japonais bénéficiaire de cette rallonge aurait versé de fortes commissions au ministre et à ses proches collaborateurs pour obtenir le marché, avant de le céder en sous-traitance à des entreprises aux compétences douteuses. Après Ghoul, est venu le tour à Khelil, ministre de l’Energie et des Mines et réputé très proche de Bouteflika.

      Après le placement sous contrôle judicaire du PDG de la Sonatrach, Chakib Khelil s’est montré particulièrement affaibli et même surpris par la nouvelle avec son fameux «Je ne sais rien». D’autres détails sont venus cerner un peu plus Khelil dans une position peu confortable, comme le cas de cet ex-cadre de la Sonatrach qui aurait bénéficié d’un parachute doré et d’une retraite anticipé avant de quitter l’Algérie. Ce dernier serait l’un des instigateurs de l’affaire Sonatrach.

      Dans le sillage de cette campagne, le nom de Saïd Barkat, ministre de la Santé, a flotté de nouveau à la surface pour être impliqué dans une affaire de détournement alors qu’il dirigeait le Département ministériel de l’Agriculture. Tout comme cette vieille connaissance de l’APN, Amar Saïdani, mis en cause dans le détournement de 30 milliards de dinars du Fonds de soutien aux agriculteurs. Une somme faramineuse blanchie dans l’immobilier dans les quartiers chics d’Alger, Paris et Barcelone.

      Toutes ces enquêtes et révélations ont, cependant, un point en commun. Intempestivement, ces investigations ont été confiées à la redoutable DRS (Département du renseignement et de la sécurité) qui s’est retrouvé, à cause de la gangrène qui ronge nos outils d’enquête, en position d’ultime recours face à un phénomène qui se propage de façon alarmante. En 2009, l’ONG Transparency International a classé l’Algérie à la 111e place sur 180 pays dans les pays les plus corrompus au monde. Alors vraie campagne «mains propres» ou juste réveil du traditionnel duel à distance entre clans au pouvoir? Avec du recul, on optera volontiers pour la deuxième option. Mais qui sait…

      Hicham A.

    • comment voler l'argent du contribuable algerien chez oulds abbass ministre de la solidarite' c'est facile regardez lisez exemple

      images ould tata.JPGpays de pauvre mais qui ont une boite au lettres astucieux;heins !!!!!! quel idiot .

      Ramadhan: Des chèques pour 157.000 familles

      par R.N., Le Quotidien d'Oran, 10 mai 2010

      Plus de 100.000 familles nécessiteuses bénéficieront d'un chèque dans le cadre de l'opération de solidarité durant le mois du ramadan, a affirmé, hier, le ministre de la Solidarité nationale, de la famille et de la communauté nationale à l'étranger, M. Djamel Ould Abbès.

      «Au total, 157.000 familles démunies et non assurées sociales bénéficieront, durant le mois du ramadan, d'un chèque dans le cadre de l'opération de solidarité», a-t-il dit, soulignant que ce chèque sera accordé à la place du traditionnel couffin de ramadan. Dans une déclaration à la presse, en marge des travaux d'une formation destinée aux professionnels du secteur portant sur l'analyse des besoins sociaux, M. Ould Abbès a précisé que ce projet de chèque a été proposé par le ministère et sera discuté prochainement par le gouvernement.

      Une équipe a été mise en place auparavant, a expliqué le ministre, afin d'étudier ce projet, révélant que le montant du chèque «sera déterminé ultérieurement». Une enquête a été effectuée par le ministère pour définir la liste des bénéficiaires de cette nouvelle procédure, a-t-il dit, assurant, d'autre part, que les restaurants de la rahma ouvriront pendant le mois de ramadan. M.Ould Abbès a affirmé que toutes les mesures seront prises pour éviter tout dépassement, ajoutant que l'enquête a permis de mettre en place un logiciel définissant le nombre de familles nécessiteuses.

    • Manifestation contre les violences faites aux Algériennes

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      images2.jpegUne centaine de personnes ont manifesté lundi 10 mai devant l'ambassade d'Algérie à Paris pour protester contre les violences dont ont été victimes des femmes à Hassi Messaoud, situé à 800 km au sud-est d'Alger, et réclamer une réaction des autorités algériennes.
      "Nous sommes là parce que des femmes se font agresser à Hassi Messaoud (...). Ces femmes n'ont commis aucun crime si ce n'est le fait d'être femme et de travailler", a réagi la responsable de l'association Pluriel Algérie, Akrouf Sanhadja.
      Plusieurs femmes ont été agressées en mars et début avril à Hassi Messaoud par des groupes d'inconnus qui, cagoulés et armés, ont "terrorisé" des victimes isolées, les volant et les molestant après être entrés par effraction dans leur logement, ont dénoncé des associations algériennes mi-avril.
      Ces événements rappellent ceux du 13 juillet 2001 durant lesquels au moins une quarantaine de femmes vivant seules, accusées d'être des prostituées, avaient été violemment agressées dans cette ville pétrolière saharienne, après le prêche virulent d'un imam.

      "L'Etat algérien n'a jamais rien dit"

      "On veut que le gouvernement algérien réagisse", a déclaré Nadia Kaci co-auteur de "Laissées pour mortes", un livre de témoignages qui relate les violences de 2001. Elle regrette qu'il n'y ait "aucune volonté politique de faire en sorte que cela se règle".
      "Il y a des violations absolument spectaculaires des droits de l'Homme", a estimé la secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), Sophie Bessis.
      "L'Etat algérien n'a jamais rien dit, ni en 2001, ni aujourd'hui. (...) Ce silence, cette misogynie de l'Etat, encourage la misogynie de la société dans la mesure où ceux qui commettent ces exactions savent qu'ils le font dans l'impunité la plus totale", a-t-elle dénoncé.
      Plus important champ pétrolier d'Algérie, Hassi Messaoud attire des milliers de travailleurs de tout le pays, notamment des femmes, qui viennent faire le ménage ou la cuisine dans les grandes entreprises étrangères.

      Les faits

      Ça recommence. Depuis deux semaines, l’horreur est de retour à Hassi Messaoud. Dans cette ville du grand Sud algérien, ces dernières semaines, des femmes ont été suivies, attaquées chez elles, battues, parfois torturées, souvent violées, systématiquement dépouillées de leurs biens et enfin menacées de mort si jamais elles parlaient. Les agresseurs sont des hommes, semble-t-il du coin, agissant en bandes, armés de grands couteaux, de gourdins et de haches. Les victimes sont des femmes seules, originaires du nord de l’Algérie, venues chercher du travail dans cette ville pétrolière théoriquement ultrasécurisée.
      Le 13 juillet 2001, en effet, plusieurs centaines d’hommes de Hassi Messaoud, fanatisés par un imam local, avaient mené une expédition punitive d’une terrible sauvagerie, un véritable lynchage durant lequel plusieurs dizaines de femmes isolées avaient été atrocement torturées et violées, certaines d’entre elles laissées pour mortes. Laissées pour mortes, c’est le titre d’un ouvrage paru récemment, dans lequel Rahmouna Salah et Fatiha Maamoura racontent leur vie avant, pendant et après les exactions de Hassi Messaoud, auxquelles elles avaient survécu par miracle.

      Neuf ans plus tard, donc, le scandale recommence, dans la même indifférence des autorités locales. L’enquête menée par la journaliste Salima Tlemçani, dans El Watan, fait froid dans le dos. Ainsi, Souad, qui loge dans le quartier des «36 logements», a été attaquée avec sa sœur par «une bande de cinq à six enturbannés» au milieu de la nuit. Les visages masqués pour ne pas être reconnus, ses agresseurs la dépouillent de sa chaîne en or, ses bagues, ses boucles d’oreilles et son téléphone, sous la menace d’un tournevis. Il y en a pour 100 000 dinars algériens (1 000 euros), et il lui reste une large entaille sur le ventre. Lorsqu’elle va faire constater sa blessure et déclarer l’agression au commissariat le lendemain, l’officier lui répond : «Estimez-vous heureuse ! La femme qu’ils ont volée il y a quelques jours est à l’hôpital. Ils l’ont violée à cinq, la laissant dans un état de choc.» Pendant les jours suivants, ses agresseurs utilisent son téléphone, sans être inquiétés pour autant.

      En déposant plainte au commissariat, Souad découvre que plusieurs autres femmes des «36 logements» ont subi le même sort. Elle découvre aussi qu’une fille originaire de Saïda (dans l’ouest du pays) a été retrouvée assassinée quelques mois auparavant et qu’une autre a été tuée il y a trois ans. Outre les «36 logements», les attaques se concentrent dans le quartier des «40 logements». Fatma, une habitante, décrit le même scénario : un groupe d’une demi-douzaine d’hommes, le visage masqué, équipés d’armes blanches, qui enfoncent sa porte d’entrée au beau milieu de la nuit. Ils sont comme drogués ou ivres, la bousculent, l’insultent, se livrent à des attouchements et repartent avec tout ce qui a un peu de valeur, même la cafetière électrique… Au commissariat, la même ritournelle : «Que voulez-vous que l’on fasse ? Vous n’avez qu’à aller ailleurs ! Retournez chez vous, vous serez plus en sécurité. Ici, c’est dangereux pour des femmes comme vous !»
      «Mais le plus dur, ce n’est pas l’impunité, confiaient Rahmouna et Fatiha lors d’une rencontre à Paris en février pour la sortie de leur livre. Le plus dur, c’est l’Etat, qui n’a jamais tenu ses promesses de nous aider à nous reconstruire et qui nous avait promis du travail et un logement.» Chaque fois qu’elles se présentent dans un ministère, on les traite en pestiférées. Comme si leur seule présence rappelait une réalité insupportable.

      Source : Presse

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    • «En Algérie, la femme est un sous-citoyen»

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      Nadia Kaci est comédienne et co-auteur du livre Laissées pour mortes (éditions Max Milo), qui recueille le témoignage de Rahmouna Salah et Fatiha Maamoura, deux victimes du déchaînement de violence à Hassi Messaoud en 2001. Dans cette ville algérienne, les femmes sont régulièrement victimes de violences de la part d'hommes venus là, souvent seuls, pour travailler dans l'industrie pétrolière. Liberation.fr l'a rencontrée lundi 10 mai, à la manifestation de soutien aux femmes d'Hassi Messaoud, devant l'ambassade d'Algérie à Paris.

      Pourquoi vous battez-vous? Quelle est l'attitude du gouvernement algérien face aux violences d'Hassi Messaoud?

      A Hassi Messaoud, une des villes les plus surveillées d'Algérie, cinq cents hommes peuvent attaquer cent femmes, les violer, les torturer, voler leurs maigres biens, en toute impunité. Pour légitimer la barbarie, les femmes ont été accusées d'être des prostitués.

      Le gouvernement refuse de défendre ces femmes. Les plaintes sont restées sans suite. Le ministère de l'action sociale et de la solidarité nationale est dans le déni, le gouvernement prétend que l'affaire d'Hassi Messaoud est un complot monté par la France pour déstabiliser l'Algérie, ce silence est effarant.

      Les actes commis à Hassi Messaoud sont la conséquence directe du code de la famille de 1984, qui réduit la femme au statut de mineur. En Algérie, la femme est un sous-citoyen. On ne constate aucune volonté politique de régler le problème, et c'est ça le plus inquiétant.

      Est-ce que les violences d'Hassi Messaoud sont un événement isolé ou symptomatique d'une violence récurrente en Algérie?

      En Algérie, quand une femme se fait battre dans la rue, personne ne fait attention, les gens pense «ce doit être son mari, son père ou son frère».

      Personne ne fait entendre raison aux hommes, puisque les femmes sont considérées comme des propriétés. Hassi Messaoud est un peu particulier dans la mesure où il y a beaucoup de mouvements de population, mais on peut observer dans tout le pays ces mouvements de violence orientés contre les femmes.

      La voie médiatique est-elle le seul moyen de faire avancer les choses? Comment les médias algériens réagissent-ils?

      La seule solution pour faire évoluer la condition des femmes d'Hassi Messaoud est la pression médiatique. Il ne faut surtout pas que cette pression se relâche, car les hommes attendent une accalmie pour recommencer leurs attaques.

      En revanche, en Algérie, c'est le silence quasi total. Le seul article que j'ai lu sur les dernières agressions date d'aujourd'hui, dans Liberté.

      Sur place, la presse est censurée, les journalistes étrangers ont du mal à obtenir des visas pour constater les violences faites aux femmes, c'est le black-out complet.

      Depuis la parution de votre livre (février 2010), avez-vous constaté des changements en Algérie?

      Non, après la parution du livre (Laissées pour mortes), j'ai reçu des appels de femmes d'Hassi Messaoud, qui me disaient qu'elles se faisaient encore agresser. Les travailleuses reçoivent des coups de fils, des menaces, on leur demande de se taire, de ne pas raconter ce qui leur est arrivé. Elles vivent dans la peur en permanence.

      D'après mes sources, Hassi Messaoud est toujours un espace de non-droit. J'ai entendu parler d'une femme brûlée vive, mais je n'ai aucun moyen d'obtenir des précisions. Là où j'observe du changement, c'est que le monde est plus à l'écoute de ce qui se passe à Hassi Messaoud, il faut que la pression continue, et se renforce.

      Source : Libération

    • COMMENT VOULEZ-VOUS QU'ON CROIT LA JUSTICE INTEPENDANTE DANS UN PAYS DICTATORIALE QUIA TABASSE' LES MEDECIN ET ENSEIGNANT ET FERME'LA COUR DES COMPTE et CHEMINOT EN GREVE TOUS GREVES ILLEGALES??????

      Actualités : CHEMINS DE FER
      La justice ordonne l’arrêt de la grève

      Les principaux responsables de la Fédération nationale des cheminots ont comparu, hier, devant le juge d’instruction du tribunal de Sidi- M’hamed. Après avoir été longuement interrogés, une mise en demeure leur a été signifiée, les sommant de rompre la grève et d’appeler les travailleurs à reprendre immédiatement le travail.
      Mehdi Mehenni - Alger Le Soir) - Interrogé, le secrétaire national chargé de la communication au niveau de la fédération, Djamel Bichikhi, s’est dit outré par cette action, car, selon lui, la direction sait pertinemment que la grève a été initiée par les travailleurs eux-mêmes, indépendamment de la volonté de leur hiérarchie syndicale. «C’est comme si nous étions pour quelque chose dans cette grève où nous avions le pouvoir d’y mettre fin. Tout le monde sait que ce mouvement de débrayage provient de la base. Et si la situation a atteint un tel degré de pourrissement, la responsabilité incombe d’abord à la direction de la société qui n’a pas respecté les clauses de la convention collective, notamment l’article 52 qui stipule que le salaire de base ne doit, en aucun cas, être inférieur au SNMG. Or aujourd’hui, le salaire minimum d’un agent d’exécution (A1) ne dépasse pas les 12 700 DA», a-t-il clamé. De son côté, la Centrale syndicale, et après que l’affaire eut pris d’autres tournures, a jugé nécessaire d’intervenir par le biais de son secrétaire national chargé des conflits sociaux, Achour Teli, qui a adressé, ce mardi, une correspondance au ministre des Transports. Ainsi, Achour Teli rappelle à Amar Tou que «si la SNTF, qui représente une entreprise stratégique dans le développement de l’économie nationale vit aujourd’hui une véritable perturbation sociale, cela est dû, initialement, à la non-prise en charge des préoccupations socioprofessionnelles des travailleurs, notamment la non-application du SNMG, contrairement aux autres sociétés nationales». A cet effet, la Centrale syndicale appelle le ministère de tutelle à «débloquer la situation en concrétisant sur le terrain les résultats de la dernière tripartite afin d’apaiser le climat social et de ramener la stabilité dans l’entreprise». Selon un membre fédéral du syndicat des cheminots, cette lettre se veut un rappel au ministre et à la direction de la SNTF – qui dénoncent le cadre illégal de la grève — en ce sens qu’ils ont été les premiers à avoir transgressé la loi en ignorant les clauses de la convention collective et, par conséquent, l’application du nouveau SNMG. Quant aux différentes sections syndicales de wilaya qui, pour rappel, ont été les initiatrices de ce débrayage, elles campent sur leur position et ne comptent pas appeler à la reprise du travail tant que leurs doléances ne soient satisfaites.
      M. M.

    • LES MAGISTRATS LANCENT UN SOS : «La Cour des comptes se meurt»

      LES MAGISTRATS LANCENT UN SOS :
      «La Cour des comptes se meurt»


      Qui mieux que le syndicat des magistrats de la Cour des comptes pour attester de l’immobilisme et de l’atonie dans lesquelles l’institution s’enlise depuis de très longues années ? C’est justement ce constat effarant que le syndicat établit, à l’issue de son assemblée générale tenue dimanche 9 mai à Alger.
      Sofiane Aït-Iflis Alger (Le Soir) - Le commun des Algériens ne connaît pas à la Cour des comptes quelques rôles prépondérants dans la lutte contre la corruption, notamment en ces temps de déballages denses et récurrents. L’institution se suffit d’exister par la force de la loi. Un point c’est tout, comme si elle n’a de lettre de mission que de figurer sur le listing des institutions de la République. La sclérose qui ronge profondément la Cour des comptes attriste le syndicat des magistrats officiant au niveau de l’institution. Et il ne s’en cache pas, puisque, dans la résolution sanctionnant les travaux de son assemblée générale ordinaire de dimanche dernier, il déplore, à juste titre, au demeurant, la situation. «Les magistrats déplorent la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Cour des comptes en tant que haute institution constitutionnelle dédiée au contrôle des dépenses publiques, en raison de la non-gestion qui l’a caractérisée ces quinze dernières années.» Accablant constat que celui que fait le syndicat des magistrats de la Cour des comptes qui, face à la situation, retient de solliciter l’intervention du président de la République qui sera saisi par voie de lettre ouverte. En effet, le syndicat note que la mission de contrôle au sein de la Cour des comptes est reléguée au second plan, en fonction secondaire alors qu’elle préfigure l’attribut essentiel de l’institution. Il note également le peu d’intérêt accordé aux services d’appui techniques aux missions de contrôle du fait du non-pourvoi de la majorité des postes y afférents. Le syndicat des magistrats de la Cour des comptes met aussi en exergue le repli de l’institution sur elle-même, ce qui a généré un fonctionnement inadapté aux standards internationaux en la matière. Conséquemment à cette situation de non-activité, le partenaire social, en l’occurrence le syndicat, en pâtit. Le reproche, à ce propos, est fait au président de la Cour des comptes, accusé de marginaliser le partenaire social. Dans sa lettre ouverte au président de la République, le syndicat, fort de ce constat alarmant, compte crier sa détresse. «Les situations sociales et professionnelles des magistrats de la Cour des comptes n’ont pas connu d’évolution depuis 1996, soit depuis la promulgation du décret exécutif n°30-96 du 13 janvier 1996 portant grille des salaires des magistrats de la Cour des comptes», écrit le syndicat, qui précise qu’ils sont 203 magistrats à se retrouver dans une telle situation. On ne peut pas faire le reproche au syndicat des magistrats de la Cour des comptes de seulement faire dans l’agitation syndicale, tant il est vrai que l’institution est totalement effacée. À tel point qu’elle n’est d’aucun rôle ni implication dans les enquêtes qui ont dévoilé la corruption à grande échelle ayant éclaboussé ces dernières années, voire ces derniers mois, bien des sphères économiques. Ce sont souvent les brigades d’enquête du DRS et de la police qui ont abouti au dévoilement du scabreux dans les marchés économiques. L’on peut faire le rappel des scandales liés au grand chantier de l’autoroute Est-Ouest, de la pêche au thon rouge, notamment. Tout s’est déroulé comme si la Cour des comptes n’existait pas. Or, il reste de ses missions de veiller et de procéder au contrôle de la dépense publique. Qu’elle destine ses rapports au président de la République ne la prémunit pas contre le grave manquement à ses missions. Un manquement signalé, il est utile de le faire remarquer, par les magistrats qui y siègent.
      S. A. I.

    • LES MAGISTRATS LANCENT UN SOS : «La Cour des comptes se meurt»

      LES MAGISTRATS LANCENT UN SOS :
      «La Cour des comptes se meurt»

      Qui mieux que le syndicat des magistrats de la Cour des comptes pour attester de l’immobilisme et de l’atonie dans lesquelles l’institution s’enlise depuis de très longues années ? C’est justement ce constat effarant que le syndicat établit, à l’issue de son assemblée générale tenue dimanche 9 mai à Alger.
      Sofiane Aït-Iflis Alger (Le Soir) - Le commun des Algériens ne connaît pas à la Cour des comptes quelques rôles prépondérants dans la lutte contre la corruption, notamment en ces temps de déballages denses et récurrents. L’institution se suffit d’exister par la force de la loi. Un point c’est tout, comme si elle n’a de lettre de mission que de figurer sur le listing des institutions de la République. La sclérose qui ronge profondément la Cour des comptes attriste le syndicat des magistrats officiant au niveau de l’institution. Et il ne s’en cache pas, puisque, dans la résolution sanctionnant les travaux de son assemblée générale ordinaire de dimanche dernier, il déplore, à juste titre, au demeurant, la situation. «Les magistrats déplorent la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Cour des comptes en tant que haute institution constitutionnelle dédiée au contrôle des dépenses publiques, en raison de la non-gestion qui l’a caractérisée ces quinze dernières années.» Accablant constat que celui que fait le syndicat des magistrats de la Cour des comptes qui, face à la situation, retient de solliciter l’intervention du président de la République qui sera saisi par voie de lettre ouverte. En effet, le syndicat note que la mission de contrôle au sein de la Cour des comptes est reléguée au second plan, en fonction secondaire alors qu’elle préfigure l’attribut essentiel de l’institution. Il note également le peu d’intérêt accordé aux services d’appui techniques aux missions de contrôle du fait du non-pourvoi de la majorité des postes y afférents. Le syndicat des magistrats de la Cour des comptes met aussi en exergue le repli de l’institution sur elle-même, ce qui a généré un fonctionnement inadapté aux standards internationaux en la matière. Conséquemment à cette situation de non-activité, le partenaire social, en l’occurrence le syndicat, en pâtit. Le reproche, à ce propos, est fait au président de la Cour des comptes, accusé de marginaliser le partenaire social. Dans sa lettre ouverte au président de la République, le syndicat, fort de ce constat alarmant, compte crier sa détresse. «Les situations sociales et professionnelles des magistrats de la Cour des comptes n’ont pas connu d’évolution depuis 1996, soit depuis la promulgation du décret exécutif n°30-96 du 13 janvier 1996 portant grille des salaires des magistrats de la Cour des comptes», écrit le syndicat, qui précise qu’ils sont 203 magistrats à se retrouver dans une telle situation. On ne peut pas faire le reproche au syndicat des magistrats de la Cour des comptes de seulement faire dans l’agitation syndicale, tant il est vrai que l’institution est totalement effacée. À tel point qu’elle n’est d’aucun rôle ni implication dans les enquêtes qui ont dévoilé la corruption à grande échelle ayant éclaboussé ces dernières années, voire ces derniers mois, bien des sphères économiques. Ce sont souvent les brigades d’enquête du DRS et de la police qui ont abouti au dévoilement du scabreux dans les marchés économiques. L’on peut faire le rappel des scandales liés au grand chantier de l’autoroute Est-Ouest, de la pêche au thon rouge, notamment. Tout s’est déroulé comme si la Cour des comptes n’existait pas. Or, il reste de ses missions de veiller et de procéder au contrôle de la dépense publique. Qu’elle destine ses rapports au président de la République ne la prémunit pas contre le grave manquement à ses missions. Un manquement signalé, il est utile de le faire remarquer, par les magistrats qui y siègent.
      S. A. I.

    • reaction des algeriens sur la colonisation fr et dz


      • Posté par Cyril Belcassim, 09 Mai, 2010
        À Madih: Très bonne analyse à l'accoutumé. J'ai l'impression que chaque jour de votre vie, en Algérie, est un acte de bravoure. Salutations des Amériques.
      • Posté par muhand, 08 Mai, 2010
        Ce ne sont tout de même pas les collaborateurs de la France coloniale qui iront demander à la France des comptes.
      • Posté par Aqarqur Vuwafriwen, 08 Mai, 2010
        Affaire des dictionnaires traitant les Algériens de Harkis, L’importateur innocenté par le tribunal de Batna Par : Rubrique Radar Un libraire a été innocenté, la semaine passée, par le tribunal des délits de la cour de Batna, dans une affaire d’introduction de produits portant atteinte aux symboles de notre pays. Il s’agit de dictionnaires de traduction de l’anglais à l’arabe où le mot “algérien” a été traduit par “harki, agent de la France”. Une traduction qui a suscité, l’an dernier, date des faits, une vague d’indignation chez les citoyens qui se sont procurés des copies de ce dictionnaire et ont déposé plainte auprès des services de sécurité. Une enquête a été déclenchée et toutes les copies trouvées sur le marché ont ainsi été retirées. Le tribunal a jugé que l’importateur ne pouvait pas être pris comme responsable, la responsabilité incombant à l’auteur et à l’éditeur ainsi qu’à la commission chargée du contrôle.
      • Posté par louis, 08 Mai, 2010
        il est intéressant de ressortir ce sujet "tabou" mais il est dangereux aussi de faire des amalgames. je pense qu'on doit faire certaine mises au point. je précise je suis français certes mais j'aime beaucoup l'Algérie. 1) tous les pieds n'ont pas été mauvais certains ont été "bons" 2) ceux qui ont commis les crimes et tortures durant la guerre d'Algérie sont les gendarmes avant tout, c'est à dire une minorité et je sais à quel point le peuple algérien à souffert et souffre encore mais aujourd'hui et il est de notre devoir de tourner la page et de repartir sur de nouvelles bases dans les relations franco-algérienne. c'est pour ça d'ailleurs que je milite pour Dominique de Villepin qui d'abord est pro arabes et ensuite qui est un peu du Maghreb et qui je pense fera quelques chose dans ce sens. La France a commis des erreurs durant cette période mais l'Algérie aussi avec les harkis et il faut que les deux pays réapprennent à dialoguer mais le chemin de la réconciliation est encore loin mais avec de la bonne volonté de chacun on peut y arriver. enfin je conclurais par ceci: laisser la France panser ses plaies elle a mis 60ans à reconnaitre ses erreurs de la 2ème guerre mondiale, on ne cicatrise pas une plaie en 2minutes , la France n'est pas l'ennemi de l'Algérie parce que votre pays est un grand pays respecté et craint dont l'influence en Afrique est très importante. vous êtes une jeune nation et comme tout ce qui est jeune vous êtes une nation fou fou comme des ados. bouteflika n'est peut être pas le président idéal, d'ailleurs aucun président n'est idéal mais on peut lui accorder le fait qu'il a ramener la paix dans ce pays, une paix fragile certes mais la paix. notre histoire commune est grande et forte mais tragique aussi c'est pour ça que les tensions seront toujours très forte mais on finira bien un jours par s'assoire à une table tous ensemble et à se parler comme des frères et des soeurs, inch allah.
      • Posté par Amzal, 07 Mai, 2010
        Quelle est la différence entre la France et nous les Algériens, je veux dire nous, sans ceux là qui tiennent le pays. A nous, ils peuvent raconter toutes les conneries du monde, que bouteflika, boumedienne, même belkhadem, sont des grands moudjahed et ça passe. La France, quand la connerie se rapproche trop, qu’elle se veut une vertu, peut réagir, elle a une armée et des martinets. Nous, on a rien. Qui connaît l’histoire, celle des 2 vieux assis à l’hombre d’un olivier et qui voient arriver des voitures, des camions, des gens qui débarquent du matériel, certains sont habillés en para casquettes bigeard. Tout ce monde, sans attendre se met à monter les décors de cinéma pour les besoins du film. et quand ils finissent par hisser le drapeau Français, l'un dit à l'autre: je t'ai dis, ils vont revenir.
      • Posté par zino, 07 Mai, 2010
        Croyez vous que les traitres qui ont eu l'audace de martyriser un digne et sublime Mellouk durant une dizaine d'année sans être le moins du monde inquiéter et sans coup férir,soient partisans d'une quelconque loi qui culpabiliserait leurs maitres d'hier et d'aujourd'hui? Il ne faut même y penser sinon on aura a recevoir en plein gueule des assertions telles que Amirouche était sanguinaire,et que les centaines de milliers de Chouhadas sont morts pour des broutilles et que seuls les larbins de Mme la France ont droit de cité.Pour moi l'équation est simple cette loi verra le jour quant tous les Mellouk de ce pays se verront rétablis dans leurs droits et surtout honorés pour leurs actes patriotiques et je suis sûr qu'Amirouche leur aurait décerné les médailles de mérite.Kouchner , ce sinistre individu a réussi son pari cela veut tout dire.
      • Posté par Bachira BOUZIDI, 07 Mai, 2010
        Il n'y aura sûrement de loi sûr la criminalisation du coloniasme, tant qu'il n'y aura pas de loi sur la criminalisation du terrosrisme. La loi amnistiante en démontre la preuve au déni de ses victime. Un état que la France elle-même gère les pions que sont nos gouvernants. C'est donc à elle seule qu'appartient la décision de criminalisé sa colonisation. Tout ce qui se dit en dehors d'elle, n'est qu'un leurre pour nous pauvres citoyens encore en vie physiquement. Le Pouvoir actuel étant issue d'une tricherie internationalement perçu, n'a aucun intérêt à perdre ces bien placés outre-mer. Bachira BOUZIDI
      • Posté par Saint Augustin, 07 Mai, 2010
        La loi incriminant le colonialisme français aurait pu être efficace si le gouvernement algérien était composés de véritables algériens et non de nouveau colon embusqué au frontières et prenant la place de l'ancien colon. L’ancien colon se basant sur la force des armes et le nouveau colon se basant sur la force de la religion!!! Les berbères n’ont-ils pas faire la guerre contre le colonialisme français, pour bénéficier de l’indépendance pour leur culture et leur langue ?? Ne méritent-ils pas un peu de respect pour leur culture et leur langue ancestral ?? Pourquoi fait-on de la langue algérienne existant bien avant la venue des arabes un dérivatif de la langue arabe, les algériens n’avait-ils pas de langage de communication avant l’arrivée des arabes ???? Le problème ne réside pas dans les origines (chaouis, kabyles, arabes, berbères….tous algériens ?!?! ) mais dans le fait que les descendants des arabes ou supposés tels veulent s’appuyaient sur la religion pour imposer une langue et une culture importées du moyen orient alors que le principe même des véritables révolutionnaires algériens : » aucune inféodation ni à l’orient ni à l’occident, algérien seulement !!!! Les turcs et les iraniens, quoique musulmans en majorité, sont fiers de leur origine, de leur histoire et de la civilisation de leur pays, pourquoi les berbères doivent-ils se « dissoudre » dans l’arabité pour faire plaisir aux chefs du moment, illuminés et ne « voyant pas plus loin que le bout de leur nez » Le peuple berbère en général et les kabyles en particulier sont en train de vivre (et cela dure depuis 1962, pour l’Algérie!!) Sous une colonisation aliénante qui ne dit pas son nom, cachée sous des expressions qui se veulent (faussement) historique ou philosophique. Cette situation, c’était eux-mêmes qui ont contribués grandement à sa réalisation en chassant l’ancien colonisateur (français), reste que le pouvoir en place se conduit comme un nouveau colonisateur (arabe, arabophile ou arabophone se drapant sous des lambeaux de l’Islam !?!?!). L’ancien colonisateur utilisait la force de la loi brute, le bâton (injustice sociale, individuelle contre les autochtones) et malgré 132 ans de présence française, les colons (appartenant à une autre religion !?!?) ont été contraint de plier bagage !! Mais un autre colon, plus sournois, plus insidieux car se cachant derrière le paravent de la religion musulmane (que se partage le colonisé et le colonisateur). Le nouveau colonisateur, sous le fallacieux prétexte de la civilisation (encore !!!) veut aliéner tout un peuple et le déposséder de sa culture, de sa langue maternelle !!! Avant 1962, c’était « nos ancêtres LES GAULOIS » et après 1962, c’est « nos ancêtres LES KOREICHES », oubliant que les berbères, ont participé (de prés ou de loin) a tous les grands événements de civilisation autour de la méditerranée, avait un royaume bien structuré (MASSINISSA, 2 3 8 années avant l’avènement de JESUS CHRIST (le christianisme) et 9 3 8 années avant la naissance de L’ISLAM, autre religion révélée curieusement dans la même région du monde que AKHENATON (Pharaon et monothéiste, 1000 ans avant que ses idées ne soient reprises par MOISE, puis par JESUS et enfin par MAHOMET (MOHAMMED), toujours dans la même région du monde !?!?!?! (Cela donne à réfléchir pour ceux qui le veulent et qui le peuvent !!!) Oui les berbères avaient un royaume bien organisé et bien structuré alors que ses « colonisateurs civilisateurs » vivaient encore dans des grottes ou des huttes pour les premiers et des tentes ouvertes au vent et au sables pour les seconds. Les faits et méfaits de l’histoire de l’humanité avait fait que c’est les colons français qui ont chassé les Ottomans car les algériens ne l’aurait pas fait (ils partagent la même religion !!!) donc la domination est plus supportable ?!?!?!? « Dieu est avec les dominateur qui apportent LA CIVILISATION DE DIEU ?!?!?!? ». Sur un autre registre, l’islam qui avait dominé l’Espagne pendant 500 ans a du quitter l’Espagne car le rapport de force était tel que les chrétiens espagnols pouvait reprendre leurs terres conquises par les musulmans venus d’ailleurs. Les musulmans, chassés d’Espagne, se refugient en Afrique du Nord (musulmane) et au nom de cette religion, ils se proclament roi car descendant (ou supposés descendants) du prophète Mahomet (royaume du Maroc Berbère) ou essayent de l’être (Emir Abdelkader en Algérie !!!). Les marabouts ont longtemps vécu sur le dos des berbères naïfs et croyants (sérieusement en la volonté divine de diriger ce bon peuple par les tenants de ce Coran qu’on dit envoyé par Dieu au croyant, lequel livre sacré (pour qui ?!?!) ne pouvait être traduit de la langue de Dieu pour que les gens le comprennent, tout comme l’était LA BIBLE EN LATIN ?!?! L’ALIENATION EST TELLE QU’ON PEUT TROUVER DES CITOYENS QUI CROIENT SERIEUSEMENT QUE LE FAIT D’ETRE ARABES, ARABOPHONES OU ARABOPHILES LES RAPPROCHERAIT DU PARADIS CELESTE hypothétique et virtuel tout comme les anciens égyptiens croyaient en un paradis appelé « LE CHAMP DES ROSEAUX » au fait comment et par quelle ALCHIMIE les égyptiens sont devenus arabes avec la venue chez eux de la religion islamique alors que l’islam avait islamisé les turcs et les iraniens, il a arabisé les égyptiens ??!! UN UNIVERSITAIRE BERBERE M’AVAIT ANNONCE QUE SES DEUX PARENTS ETAIENT BERBERES MAIS QUE LUI ETAIT ARABE ?!?!?! Le pouvoir (usurpateur) algérien au commande depuis 1962 avait essayé tous les subterfuges pour déposséder les berbères de leur identité, de leur civilisation, de leur langue mais la vérité et la réalité des choses ne peuvent être indéfiniment caché (cacher le soleil par un tamis !!!) Le colon actuel avait essayé la manière forte (cela n’avait pas marché, événements de 1980, assassinat de MASSINISSA et de 126 jeunes kabyles à la fleur de l’âge, assassinat de MATOUB, assassinat de MOULOUD MAMMERI, assassinat de KASDI MERBAH, assassinat de MECILI, assassinat de KRIM BELKACEM, assassinat de ABANE RAMDANE et comme il réussit pas, il envoi ses terroristes pour terroriser les tranquilles citoyens que sont les kabyles mais cette situation risques de les amener à se rebeller contre toute forme de domination, même au nom d’Allah, comme si Allah n’a pas beaucoup a faire avec l’organisation de l’univers, pour s’occuper de nos affaires quotidiennes !!! La religion est une affaire personnelle et individuelle et ceux qui ne l’ont pas encore comprise ne font que retarder l’échéance de l’avènement de la loi humaine et citoyenne malgré les investissements colossaux de l’Arabie saoudite et de l’Egypte pour formater le cerveau des gens avec LEURS CENTRES DE LAVAGE DE CERVEAUX genre AL AZHAR. Le CORAN, LA BIBLE ET LA THORA ne sont plus que des « CONSTITUTIONS » DES SOCIETES PRIMITIVES COMME « LE LIVRE DES MORTS » DES PHARAONS OU « LA LOI » D’HAMOURABI ROI DE LA MEZOPOTAMIE (IRAK ACTUEL). Une loi forte et juste viendra renforcer les consciences qui existent chez certains et que ne possèdent pas d’autres citoyens, les religions qui faisaient office de conscience et/ou de loi ne fait plus le même effet qu’au temps de Mahomet (Mohammed) de Jésus et de Moise !?!?!
      • Posté par arabe, 07 Mai, 2010
        ya til un sieur qui peut me dir coma ce RABRAB EST DEVENU RICHE!!!! a -til entrepris un projet (bekri) gagnant. Ou ses parents lui ont laissé une fortune!!! binsure kil est a la solde des bonets. a commencer par les sud coreens. pardoon l'arabe mayaarafch françawia. listen man c l'argent des contribuables. C l'argent blanchi C l'argent des banques C l'argent des bonets. HUYNDAI mayjan dak
      • Posté par lou, 07 Mai, 2010
        le colonisé est devenu lui même colonisateur!!! y-a-t'il un colonisateur plus sauvage que ceux qu'il ne veulent pas que la volonté du peuple soit faite? je veux dire le système actuel qui nous a volé notre indépendance...ils reproduisent exactement les mêmes pratiques de la France coloniale!! Pour se légitimer ils tapent dans ce registre... rendez nous l'Algérie bande de...
      • Posté par quandlescouillesdeviennentmolles, 06 Mai, 2010
        Ils renoncent parce qu’ils n’ont aucune légitimité pour conduire ce projet à terme. Ni légitimité historique parce qu’ils n’ont pas fait la guerre d’indépendance ; ils étaient hors des frontières à l’abri de toute contrainte, ni légitimité morale parce qu’ils ont trahi les martyrs et le peuple, ni légitimité électorale parce qu’ils volé la voix du peuple algérien par le bourrage des urnes. Ils remuent la queue au pied de Mme la France, cela fait longtemps qu’ils attendaient un clin d’œil, une visite par exemple. Ils espèrent un pardon de l’ex colon en salissant la mémoire des meilleurs hommes qu’a enfanté ce pays, je pense à Abane et Amirouche, Le monde à l’envers.
      • Posté par Roses des sables, 06 Mai, 2010
        Condamnons et criminalisons ces colons indigènes qui nous ont confisqué l'indépendance un certain été 62, condamnons les, durement et sans pitié pour tous les services et les supplices qui ont infligés au peuple algérien depuis 48 ans, de Ben Bella à Boumediene, de Chadli à Ali kafi, jusqu’ à la mauviette sinistrose de Belkhadem ,et la liste est très longue et la nuit coloniale d'après 62 est pire que le colonialisme français. Ces opportunistes au pouvoir, qui ont fait de notre histoire, un fonds de commerce, pour s’éterniser dans leur règne rentier et criminel, osent parler au nom du peuple algérien , en revendiquant la reconnaissance de la France . C'est eux les premiers et les derniers condamnables, c’est eux LE CRUEL ENNEMI de l'Algérie et des algériens, c'est cette race vile d'homme sans scrupules qui n’a pas daigné dire un mot contre les egyptiens ayant qualifié nos martyrs de bâtards ! Qu’il faut condamner impitoyablement et sans sursis .....Le sang de nos valeureux martyrs et les sacrifices de nos vrais et authentiques combattants de la guerre de libération nationale nous interpelle aujourd'hui pour éradiquer cette gangrène, car l’Algérie belle et rebelle, ne mérite pas un si cruel et sinistre destin.
      • Posté par ALAL ALMAKHFI, 05 Mai, 2010
        A quand une loi criminalisant le clan d'Oujda?
      • Posté par toutvabien, 05 Mai, 2010
        La France n a pas accepter deux personnes pour diriger l'algerie, il s'agit de Mr Boudiaf et Mr Zeroual, le premier à été assassiné (inflexible) et le deuxiéme fut trahi par les amis de la france. les autres ne l'ont jamais inquiétés outre mesure malgré leurs discours et leurs menaces, car ils agissaient directement ou indirectement dans le sens des interets de la france et surtout ... . de toute façon les bluffs des dirigeants algériens (a part Boudiaf et Zeroual) n'ont jamais eu d'effet sur la majorité des algériens qui savent a quoi sa rime toutes les mascarades auquels ils se livrent de temps en temps les soit disant dirigeants de l'algérie. le peuple algérien dans sa grande majorité connait toutes les verités sur son algérie, mais il fait semblant de ne rien comprendre. il n y a que ces dirigeants qui continuent a croire a leurs propres monsonges et bluffs.
      • Posté par ORAN, 05 Mai, 2010
        Dire qu'il ya des Algeriens qui ont cru ces deputés issues de la fraude electorale. Remarque qu'attendez vous d'un parlement composé de marionettes. Si vraiment Boutef et son gouvernement savaient qu'il y'avait un deputé ou un parti d'opposition valable dans cette assemblée de cirque, il ya longtemps qu'il les aurait enterré comme pour les cas du FIS et du FFS. Donc ce n'est ni se gouvernement ni cette assemblée qui va faire ou dire quoi que ce soit surtous pas a l'occident en generale, et a la france en particulier. Un pays comme l'Algerie qui n'a aucune souveraineté economique et financiere ne pourra jamais demander des comptes a ceux qui le financent, qui soignent ses enfants, qui recoivent legalement, et clandestinement ses enfants , ses refugies...etc. Pauvre Algerie representé par des creves faim(deputés) qui applaudissent un gouvernement qui se plie en 36 pour acceder a l'OMC et de l'autre coté il font semblant de donner des lecons d'honneur et de dignité a ces membres de l'OMC.. Voyons donc ce n'est pas ce genre de deputés qui vont osé faire ce genre de lois. un canular avec cette assemblée il y'en aura d'autres. Au peuple, n'attenedez rien de nos deputés qui sont a l'assemblée que pour l'experience, le salaire et les avantages qui viennent avec. Avec BOUTEF et son assemblée il faut croire a ce qui suit: Quand les pas de danse changent il faut changer la cadence. Gloire a nos martyres.
      • Posté par kaci, 05 Mai, 2010
        C'est un chevauchement de l'histoire. N'ayant pas de crédit politique on tente de contourner l'histoire pour monter et la recuperer, tout en faisant les interets de la France où ils finissent toujours. Il faut absolument refaire l'Algerie depuis la base c'est à dire ses regions et arriver à l'unité par volonté des peuples de s'associer pas par imposittion de la caste qui a dumment confectionné une pseudo-identité à la manière sovietique. Arabe à l'exterieur Amazighe à l'interieur. Les colons sont là ils assassinent physiquement et culturelement,
      • Posté par Madih, 05 Mai, 2010
        La repentance! Cette arme pervertie des faux combattants! Kadafi et Bouteflika. Berlusconi a dit,il n'y a pas si longtemps, :" Nous devons être conscients de la supériorité de notre civilisation, un système qui a garanti le bien-être, le respect des droits de l'Homme et - au contraire des pays musulmans - le respect des droits religieux et politiques ». Croyez-vous que l’auteur d'un tel propos, quoique vrai mais dépendant de l’intention réelle de son énonciateur, changerait sincèrement d'opinion en si peu de temps, le temps qui le mena vers un soubresaut repentant aussi surprenant, inattendu, étrange qu’impossible à croire ? Il faut être d'une naïveté que nulle autre pareille pour tomber béatement dans la supercherie politiques de la repentance! lire dans la repentance des crimes perpétrais par l'armée coloniale italienne que Berlusconi concrétise en 05 milliards d'euros de dommages pour crime de guerre, un mea culpa émanant d’un examen de conscience national italien sincère, c'est accepter les honneurs et les louanges d'une duperie politique dans laquelle ne se plaisent que des séniles en fin de vie tels que Kadafi et Bouteflika. Entre le risque de compromettre, par l’un des coups de folie connus du psychotique libyen, la présence de plus d'une cinquantaine d'entreprises dont la plus importante, ENI, spécialisée dans le pétrole et le gaz libyens, et une insignifiante repentance symbolisée par le mafiosi en 05 piteux milliards, avec effet d’annonce et d'intérêt médiatique tiré à grande pompe garanti, le choix italien est vite fait. Berlusconi, au fond, en bon concessionnaire économique, ne s'engage guère dans une telle concession politique sans calcul bancaire bassement matérialiste, car, lui, le redoutable pragmatique au sourire sournois et qui en dit long sur le véritable intérêt visé, sait très bien que les potentats bédouins musulmans se nourrissent uniquement du degrés d'estime que les autres leur portent pour les légitimer dans leur folie du pouvoir, les rassurer dans leur hantise de n’être plus reconnus, dans leur caprice enfantin gênant car coincé dans un orgueil sénile insensé difficile à entretenir et à satisfaire! C'est ainsi que Berlusconi, par sa fausse concession hypocrite, a permis à l'Italie de vivre en sécurité, pour encore des décennies, dans les bonnes grâces de la Libye et ce, au détriment d’une seule victime manipulée, tout un peuple que le monolithique Maamar maintient sous perfusion, sous le diktat d’un nationalisme bédouin et d’un sentiment d’appartenance complètement déphasé. Dans le même sinistre marchandage de la mémoire de nos martyrs, l’on pousse de toute la force d’une idéologie sentant fortement la rance d’un patriotisme moisi, en souhaitant que la France réédite la même imposture en Algérie! Notre sens de patriotisme demande à être sérieusement redéfini dans toute sa « splendeur chauviniste». Sur la question coloniale, moi je trouve que l’attitude de la France est plus claire que ne l’est celle de nos chefs, malgré nous, depuis 1962. Relisons les accords d’Evian et voyons qui d’entre la France et l’Algérie les a le plus respectés ou transgressés? La réponse sera étonnement bouleversante! Dans cette affaire de crime et délits coloniaux, Il n’ y a pas que la France qui risque de se faire pincer par l’Histoire; l’Algérie officielle le sera encore bien davantage!
      • Posté par faiza lahlou, 05 Mai, 2010
        franchement , c'était prévisible, le texte est trés audacieux et au contraire je trouve qu'il rétablit la dignité des algériens par la reconnaissance de la france de ses crimes surtout quant on pense aux soi- disant aspects positifs de la colonisation, le probléme est ailleurs comment voulez-vous que des binationaux (algerienne et française ) à leur tête Ziari le président de l'APN laisse passer le texte, il est de méche avec les gouvernants,autre chose pour que ce texte passe et soit appliqué, il faut que l'Algérie adhére au CPI'(la cour de la haye), et à ce moment c'est par l'Algérie qu'on commencera, nos fameux généraux(club des onze qui ont mené le pays à la dérive) risquent l'exécution rappelez-vous le procés de nezzar en France, c'est pour cette raison que kouchner bombe le torse et dit que le texte ne sera pas adopté.ziari a dû le rassurer et c'est celà la bataille des deux clans au puvoir
      • Posté par Ahmed, 05 Mai, 2010
        Ce projet de loi est un projet de la honte. Aucune nation digne de ce nom, ayant eu son indépendance après ou sans guerre d'indépendance, n'a songé à une telle ignominie. C'est une démarche qui montre l'absence totale de dignité. Elle montre aussi jusqu'au les charognards peuvent aller pour solder ce qui reste de l'odeur du sang des martyrs. Leur exemple c'est kadafy qui a monnayé le sang des combattants libyens morts pour défendre leur pays. Voila à quoi est réduite la révolution algérien
    • Il n'y aura pas de loi sur la criminalisation du colonialisme

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      Comme nous l'annoncions ( lire article ), la proposition de loi incriminant le colonialisme français n'est qu'un coup d’épée dans l’eau. Le gouvernement n’a réservé aucune réponse à ce projet, alors que le délai réglementaire (deux mois après l’envoi de la mouture finale par le bureau de l’APN) a expiré à la fin du mois d’avril dernier, rappelle El-Watan. Il reste au bureau de l’Assemblée populaire nationale (APN), conformément à la loi, de déférer la proposition à la commission juridique pour examen.

      Mais, relève El-Watan, le bureau de l’APN n’a rien entrepris. Ce qui fait conclure aux initiateurs de cette proposition et aux députés de l’APN qu’il y a une volonté d’enterrer définitivement le projet. « La réponse de l’Exécutif n’aura aucun effet car le délai réglementaire est dépassé. Cela confirme que le gouvernement ne veut pas d’un affrontement direct avec son homologue français », soutient Mohamed Hadibi, député du mouvement Ennahda à l’APN et un des initiateurs du projet,  pour qui le gouvernement refuse « de prendre ses responsabilités de défendre l’Algérie et la mémoire de ses martyrs ». Selon Mohamed Hadibi, la majorité présidentielle, composée du FLN, du RND et du MSP, bloque le projet. « Ils ont reçu des instructions de leurs chefs hiérarchiques, qui sont également des membres du gouvernement, pour bloquer l’initiative »

      Pour Boubekeur Darguini, chef du groupe parlementaire du RCD à l’APN, « il est clair que les tenants du pouvoir ne veulent pas d’une telle loi ». Dans le même sens, Moussa Abdi, député FLN, un des initiateurs de la proposition, déplore la frilosité de l’Exécutif par rapport « à une initiative capitale pour la défense de la mémoire du peuple algérien souillée par la loi française du 23 février. La tendance majoritaire au Parlement qui est issue de la fraude électorale ne veut pas ou n’osera pas prendre ses responsabilités », ajoute-t-il au journaliste d'El-Watan

      L.M.