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  • Agression d'Algériens au consulat de Montpellier

     

    Par |
     Halim Benatallah, secrétaire d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger.

    On savait que certains de nos consuls sont des serviteurs zélés du pouvoir, hermétiques au débat, nostalgique de l’Amicale des Algériens en France, mais de là à organiser des agressions d’Algériens, le pas est de trop.

    Dans un communiqué qui nous est parvenu, le président de l’Association des Algériens du Languedoc-Rousillon (ALR), Boudjemaâ Laliam et le vice-président Rachid Lemoudaa ainsi que le président d’honneur, Youcef Aït Tahar dénoncent "le comportement scandaleux de Khaled Mouaki-Benani, le consul d’Algérie à Montpellier". La raison ? Selon les signataires ce consul, comme pour plaire à son supérieur, a "de façon discriminatoire et anti-démocratique, écarté des compétences réelles de la conférence-débat tenue le 10 décembre au siège du consulat d’Algérie sous l’égide de Halim Benatallah, secrétaire d’Etat chargé de la communauté algérienne à l’étranger".

    Voilà comment les débats censés rapprocher la communauté émigrée des autorités sérieusement écornés et entachés par l’excès de zèle de quelques fonctionnaires. Halim Benatallah qui argue vouloir ramener l’élite à la maison aura du pain sur la planche si tous ses subalternes agissent de la sorte.

    Les faits ne s’arrêtent pas là malheureusement. Selon l’ALR, "plusieurs citoyens, dont les signataires du communiqué, se sont vus refuser l’accès au consulat, sans aucun motif légal ou fondé".

    Les signataires du communiqué "dénoncent cette gestion personnelle du Consul d’Algérie à Montpellier, qui  s’est distingué depuis son arrivée par un comportement entaché d’une subjectivité flagrante et néfaste aux intérêts de la communauté algérienne et de l’Algérie".

    Par ailleurs, ils s’élèvent également avec vigueur, contre "l’agression physique menée par plusieurs agents du consulat, parmi lesquels M. Smaïl Dahmane, consul adjoint ainsi que le régisseur, dont ont été victimes les personnes présentes parmi lesquelles une femme enceinte, évacuée par les services du Samu".

    Y. K.

  • Libertés, et maintenant, qui reste en face du pouvoir ?

     

    Par

     
    "Dix années de Zerhouni au ministère de l’Intérieur ont fait plus de dégâts que le GIA et le FIS réunis."

    Mardi et mercredi, les lois sur les associations et sur l’information sont passées à l’APN dans une indifférence presque générale. Opposition atomisée, élite silencieuse, société civile dépassée… que reste-t-il aujourd’hui des contre-pouvoirs ?

    Ihsane El Kadi (journaliste, directeur de www.maghrebemergent.com) : Les élites n’ont pas pu transmettre l’expérience des luttes démocratiques

     

    "Je suis un peu étonné que l’on découvre subitement la faiblesse des contre-pouvoirs en Algérie. Dix années de Noureddine Zerhouni au ministère de l’Intérieur ont fait plus de dégâts que le GIA et le FIS réunis. Les élites militantes atomisées, en exil pour partie, n’ont pas pu transmettre l’expérience des luttes démocratiques. Les années Bouteflika ont laminé les derniers espaces survivants à la guerre civile. Conséquence : pas d’association de femmes pour protester contre les scandaleux amendements qui les maintiennent en marge de la politique. Pas de mouvement de journalistes, comme en 1988, pour défendre les libertés de la presse.

    Attention le recul touche tout le monde ! Ali Benhadj est embarqué dans l’anonymat lorsqu’il cherche à protester contre la loi sur les partis. La dynamique contestataire n’a pourtant pas quitté le pays. Elle est dans l’émeute permanente et lorsqu’elle s’institutionnalise, elle prend la forme de syndicats indépendants. Cela ne donne pas encore une force d’opposition civique au pouvoir, comme l’a montré l’échec de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie au printemps dernier. Mais tout peut changer très vite avec l’émergence de nouveaux acteurs. Les étudiants ont été très actifs dans la rue en 2011. Le renouveau pour la représentation de la société civile autonome passe par là."

    Hocine Zehouane (avocat et président de la Ligue algérienne des droits de l’homme) : Les gens sont résignés

    "Comme dit le grand théoricien politique italien Gramsci, la société civile est ‘‘par définition gélatineuse’’. En Algérie, la société civile n’est pas formée. Elle est en gestation. Face à un Etat plombant tout de sa toute-puissance, la société civile reste balbutiante. Les gens n’ont plus la force de protester. Ils sont dans une attitude de résignation. C’est pour cela que des projets de loi qui empiètent sur leurs libertés ne provoquent pas plus de réactions de leur part. Paradoxalement, cette absence de réaction est dangereuse pour l’Etat. Regardez comment la contestation se manifeste dans ce pays. Elle se caractérise par un déferlement d’émeutes. Cette attitude est due à l’absence d’une société civile solide qui peut permettre d’autres formes d’expression. C’est pour cela que l’Etat a tout intérêt à permettre l’émergence d’un contre-pouvoir, mais malheureusement les gens qui nous gouvernent ne sont pas dans ce cas de figure."

    Ammar Belhimer (Docteur en droit, maître de conférences à l’université d’Alger et journaliste) : Tout le monde est responsable et coupable

    "Le drame de ce pays, c’est que les projets de loi votés en 2011 sont bien en deçà de ceux des années 1990. C’est un saut en arrière que les dirigeants de ce pays ont décidé de faire faire aux Algériens. Face à la gravité de la situation, le pouvoir a décidé de tout verrouiller. Au lieu d’agir pour le renforcement du front intérieur en prenant des mesures conséquentes, le pouvoir reproduit les mêmes méthodes qu’il a toujours appliquées. Quant à l’absence de réaction de la part de la société civile face au rétrécissement de ses libertés, il est symptomatique d’une situation où tout le monde est responsable et en même temps coupable. Cette situation est due à l’absence de véritables partis politiques, car à part le FFS, toutes les autres formations politiques sont des créations du pouvoir."

    Redouane Boudjemâa (enseignant en sciences de l’information et de la communication) : La presse a perdu le pouvoir

    "Pour parler de contre-pouvoir, il faudrait d’abord avoir une vie politique. Or, en Algérie, il n’y a plus ni politique ni scène politique. Je pense qu’aujourd’hui, à travers les lois, le pouvoir algérien s’inscrit encore à la marge de l’histoire. On ne réfléchit pas aux intérêts de l’Etat mais aux intérêts des personnes au pouvoir. Je pense que la corporation des journalistes est, par exemple, complètement affaiblie. Elle a été utilisée durant les années du terrorisme pour la sauvegarde de la République. Les plus intelligents, induits en erreur, découvrent aujourd’hui qu’en réalité, il s’agissait d’une sauvegarde du pouvoir.

    La presse a été utilisée et consommée par des opérations de propagande sur tout ce qui touche à la gestion sécuritaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Aujourd’hui, le résultat est là : un métier clochardisé, des médias très affaiblis et une presse qui a perdu toute sa crédibilité. Je pense qu’elle a perdu le pouvoir sur la suite des évènements dans la mesure où elle ne «fait» pas l’information. J’estime que le moment est venu pour les éditeurs de presse, dont la majorité fait partie du système politique, d’ouvrir un sérieux débat sur l’exercice de ce métier depuis vingt ans."

    Brahim Brahimi (irecteur de l’Ecole supérieure de journalisme d’Alger) : Nous sommes en train de nous isoler

    "L’adoption des deux textes va à contre-courant de ce qui se passe dans le monde et particulièrement dans le Monde arabe. A mon avis, cette loi ne va pas tenir, car nous sommes obligés de changer et de travailler dans le cadre de l’alternative Maghreb-Europe. Or, avec ce texte, nous sommes en train de nous isoler. Par ailleurs, le projet de loi va à l’encontre des réformes. En 1990, nous avons insisté sur le droit à l’information et aujourd’hui, il faut mettre l’accent, avec l’ouverture à l’audiovisuel, sur le droit à la communication.

    Malheureusement, dans l’article 2, il y a des interdictions et des notions floues. On fait réellement marche arrière pour revenir enfin au texte de 1982. La presse aura à prouver qu’elle est le deuxième pouvoir en Algérie. Un effort supplémentaire est demandé à la corporation des journalistes. Le pouvoir a réussi à déstabiliser les partis politiques sans que la justice ose réagir. La presse est aujourd’hui appelée à continuer à lutter pour que la société civile finisse par trouver sa place dans un Etat moderne."

    Kamel Daoud (journaliste, écrivain) : Le régime clientélise ce qui reste de libre

    "Les contre-pouvoirs ont été exécutés. Les réformes sont pires que les dictatures dénoncées. Avant les nouveaux textes, on souffrait de manque de démocratie. Les réformes ont servi de prétexte pour faire pire. Nous ne pouvons pas faire des réformes avec des gens qui sont à réformer eux-mêmes. Le Parlement est en train de défendre ses intérêts et ceux de ses tuteurs. Pour moi, le régime clientélise ce qui reste de libre dans la société algérienne, à savoir la presse et les associations qui vont se retrouver obligées de se ranger derrière lui ou de disparaître. Il n’y aura plus de contre-pouvoir."

    Nassima Oulebsir

    In El Watan week-end

  • no moment

  • no moment

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  • «Casses-toi, pauv’con.»

    La dernière sortie de Guéant

    Le ministre français de l’Intérieur n’en finit pas de lancer des attaques frontales contre les immigrés, sa cible unique. Sa dernière sortie est tout simplement surréaliste :
    «Ceux qui viennent chez nous doivent adopter l’art de vivre français : la civilité, la politesse, la gentillesse des uns envers les autres.» Guéant a juste oublié d’ajouter que ces immigrés – affreux, sales et méchants — ne devraient pas imiter dans leur art de vivre français, celui qui, du haut de son perchoir présidentiel, avait vociféré : «Casses-toi, pauv’con.»

  • le GIA =drs =toufik= france neo OAS


    Le GIA y a perpétré en 1997 un horrible massacre collectif
    Bentalha, 11 ans après

    Par : SALIM KOUDIL, Liberté, 23 septembre 2008

    Pour la première fois depuis 1997, la date du massacre du 23 septembre, qu’avait subi la localité de Bentalha, coïncide avec le mois sacré du Ramadhan.

    Onze ans déjà et rien n’a changé depuis. Ou presque. Il suffit de relire les comptes-rendus de la presse, algérienne ou étrangère, réalisés les jours d’après le massacre pour se retrouver dans ce Bentalha-là. Une localité qui, de l’avis même de ses habitants, est en “arrêt sur image” depuis la macabre soirée.
    La plupart des survivants du massacre ont quitté les lieux. Les onze ans qui se sont écoulés semblent insuffisants pour livrer tout ce qui s’était passé durant cette nuit d’horreur avec 500 personnes tuées et autant de blessés. Un bilan qui avait suscité des polémiques encore inachevées qui donneront lieu au fameux “qui tue qui ?”. C’est Bentalha qui avait fait sortir de l’anonymat un certain Yous Nesroulah, auteur de Qui a tué à Bentalha ? Et c’est encore Bentalha qui avait permis au photographe algérien Hocine Zaourar de remporter le prix du World Press avec sa célèbre madone. Onze ans après, Bentalha croule toujours sous la poussière et le béton.
    À 23h sur les lieux du massacre

    Onze ans après la sanglante nuit, nous nous retrouvons ainsi sur les lieux mêmes du crime à vingt-trois heures. C’est l’heure à laquelle, en cette nuit du 23 septembre 1997, le carnage avait commencé. H. M. a 32 ans et il habite à Sidi-Moussa, à quelques encablures des lieux. C’est un jeune cadre dans une entreprise nationale. Son frère a été assassiné. “Par les terroristes islamistes”, a-t-il souvent tenu à préciser tout au long de la soirée. Dès qu’il a eu vent qu’on avait l’intention de faire une “chose” en vue de la 11e année du massacre de Bentalha, il s’est immédiatement enthousiasmé en insistant à se déplacer avec nous. “J’ai des amis là-bas et je connais assez bien l’endroit.” Il nous proposa même d’aller voir une de ses connaissances qui était sur place lors la fameuse soirée du 23 au 24 septembre 1997. La rue principale de Bentalha, longue de plus d’un kilomètre, est toujours en très mauvais état et entre deux gros trous évités en surfant avec sa voiture, H. M. se retournait vers nous avec un sourire nerveux : “Finalement, ce n’est pas la peine d’éviter ces trous, il faut tout simplement choisir le moins profond.” Ayant oublié où habitait sa connaissance et n’arrivant pas à l’avoir au téléphone, H. M. suppose que son ami “a sûrement changé son numéro de téléphone, il en a l’habitude”. Il demande à un jeune adossé à un mur l’adresse de la personne qu’on cherchait. Après nous avoir bien dévisagés, il indiqua la maison du doigt, sans nous quitter des yeux. Elle se trouve à la fin de Haï Djilali, l’un des deux quartiers (l’autre c’est Haï Boudoumi) qui ont subi le massacre de 1997. Devant la porte, H. M. sort de la voiture et commence à appeler : “Rabah ! Rabah !” Quelques instants après, un jeune d’une vingtaine d’années sort de la maison, l’air surpris. H. M. discute avec lui et revient. “C’est le frère de Rabah. Il dit qu’il est absent, mais il m’a donné son nouveau numéro.” Il l’appelle et ils se donnent rendez-vous une demi-heure après à l’entrée de Bentalha. “On va l’attendre dans la cafétéria”, propose H. M.
    À la cafétéria, l’ambiance était bien morose. Deux clients seulement y étaient attablés. Arrive enfin Rabah. La trentaine, un gabarit impressionnant, il entre dans la cafétéria avec une autre personne. Il interpelle directement H. M. “J’espère qu’il n’y a rien de grave !” H. M. le tranquillise et après avoir demandé des cafés, il dit à Rabah : “C’est notre ami. Il est en train de préparer une thèse de doctorat sur le massacre qui s’était déroulé ici et veut que tu lui racontes le maximum.”
    Le témoin qui n’a “rien vu”

    Le visage de Rabah devient subitement rouge et la bonhomie qu’il avait affichée depuis le début disparaît subitement. “Makane hata mouchkil (pas de problèmes). Mais vous devez savoir que je n’ai pas vécu le massacre. On n’habitait pas encore ici. Ce n’est que quelque années après qu’on a acheté ici et donc, je n’ai rien vu.” H. M. semblait désabusé : “Mais tu m’as toujours dis que tu as vécu le drame !” Rabah lui coupa la parole : “Je t’ai dit que je n’y étais pas et donc je ne peux rien dire sur ce qui s’est passé cette nuit-là !” H. M. essaya alors de calmer Rabah qui devenait de plus en plus nerveux. “Mais wache bik ? Hada ni houkouma ni DRS. Si tu ne veux rien raconter, pas de problème.” L’atmosphère devenue lourde, H. M. change de sujet et commence à parler de football à un Rabah qui ne semble pas du tout intéressé par le sujet. Plusieurs minutes après, il interrompt H. M. : “Chouf kho, dit-il en me regardant dans les yeux, tu dois savoir que c’est très difficile de trouver ici des gens qui vont te parler de ce qui s’est passé. Soit ils ne veulent plus s’en rappeler, soit ils ont toujours peur des conséquences. D’ailleurs la plupart ont quitté Bentalha depuis longtemps.” Excité et nerveux, il était évident qu’il voulait quitter la table par n’importe quel moyen. “Avant de vous laisser, je vais vous dire une chose”, lâcha-t-il. “Il y a ici quelqu’un qui est devenu carrément fou depuis cette nuit-là. Ses sept filles et ses trois garçons ont été égorgés. Il a reçu en contrepartie un capital décès, mais la vie ne veut rien dire pour lui. Il est mort lui aussi cette nuit-là, même s’il est encore debout actuellement.” Il nous salue et sort presque en courant pour rejoindre sa voiture et démarrer en trombe en direction de la sortie de Bentalha.
    “Je sais qui a tué mon frère”

    Après un silence de quelques instants, H. M. lâche : “Je m’excuse vraiment. J’étais sûr qu’il allait nous donner le maximum d’informations surtout que tout le monde savait qu’il était là cette nuit-là.” Et d’ajouter après une gorgée de café : “J’avais pourtant pris soin de ne pas lui dire qu’il s’agissait de la presse. Je ne comprends pas pourquoi il a eu autant peur que ça.”
    On quitte Bentalha, H. M. campe le rôle d’un guide de la région. Il nous emmène vers Ouled Allel. “Voilà l’un des plus grands gâchis de la période du terrorisme. C’était un paradis avant la période du terrorisme et tous ceux qui habitaient la Mitidja savaient qu’il y avait tout ici. Le terrorisme l’a transformé et depuis c’est devenu un véritable enfer ici. Personne n’ose plus s’en approcher.” À la fin de cette soirée ramadhanesque, il nous montre sa maison qui se trouve au centre de Sidi-Moussa. “C’est à quelques dizaines de mètres d’ici qu’on a tué mon frère. Je venais d’avoir mon bac. Il avait 31 ans et il est mort dans mes bras. C’était quelqu’un qui aimait la vie et il avait beaucoup de projets.” Les larmes aux yeux, il continue : “Nous avons quitté la maison juste après son assassinat et nous ne sommes revenus que plusieurs années après. Ceux qui l’ont tué sont connus de tout le monde, que ce soit à Sidi-Moussa ou dans les alentours. Ce sont des terroristes notoires et sur lesquels je n’ai aucun doute.”
    Une rescapée se souvient

    Elle avait 24 ans au moment de la tragédie. Ce soir-là elle était chez elle à Bentalha, à Haï Boudoumi. Avec sa mère. “Plusieurs jours avant le massacre, ma mère était déjà dans tous ses états. Depuis exactement le 28 août d’avant, soit la nuit du massacre de Raïs. À la nuit tombée, elle était prise d’une angoisse inexplicable. Dans le quartier et tout au long de la semaine précédant l’attaque, des rumeurs persistantes sur la présence d’un groupe terroriste dans les alentours s’étaient répandues à Bentalha. D’ailleurs, la quasi-totalité des maisons étaient équipées de sirènes. On les déclenchait souvent lorsqu’il y avait une coupure d’électricité dans l’espoir d’alerter les militaires dont le cantonnement n’est pas loin. La nuit du 23 septembre, je l’avais déclenchée, comme tous les habitants, au moment de l’attaque. Et cela jusqu’à épuisement, mais hélas, personne n’est venu. J’habite actuellement à Alger-Centre en face d’une école primaire, et je fais tout mon possible pour sortir tôt de la maison pour éviter d’entendre la sirène dont le bruit me replonge dans cette nuit d’horreur. Aux environs de 23h, j’étais dans ma chambre à écouter Richard Clyderman et à jouer avec mon chat. Le raid terroriste avait commencé par une forte explosion qui avait provoqué une panique générale. On entendait, ma mère et moi, les cris des gens sortis de leurs maisons et courant dans tous les sens. J’ai su après que beaucoup de familles avaient pu fuir les deux quartiers, Haï Boudoumi et Haï Djilali, à bord des fourgons pour s’abriter dans un hammam qui se trouve à la sortie de Bentalha. Dans la partie du quartier où j’habitais, vivaient cinq autres familles. Trois avaient pu se sauver à bord des fourgons et les deux autres attendaient fatalement que leur “tour” vienne. On entendait des cris déchirants de tous les côtés, c’était épouvantable. Nos plus proches voisins ont été attaqués avant nous. Une fille de 17 ans avait été égorgée, sa sœur de 21 ans et sa mère ont été blessées. Elles ont pu échapper miraculeusement à la mort. Même chose pour leur père qui est encore vivant à ce jour alors qu’il avait reçu un coup de hache sur la tête. On criait de toutes nos forces lorsque l’on entendit des pas devant notre maison. On était monté au premier étage et on s’était mises à implorer Dieu et à crier “Allahou Akbar”. Du sang sortait de nos bouches. On a pris nos couvertures et on a allumé un feu avec avant de les jeter en bas dans l’espoir de les empêcher de monter jusqu’à nous. Ma mère m’avait pris dans ses bras et m’a crié dessus : “Ne les laisse pas te prendre.” J’avais cassé une vitre et avec un morceau j’avais décidé de me couper la gorge moi-même dès qu’ils parviendraient à nous. À aucun moment, je n’ai entendu les voix des terroristes, si ce n’est les jappements de chacals par lesquels ils communiquaient sans aucun doute. Cependant, à un certain moment, l’un d’eux avait blasphémé dès qu’il a vu notre chien et a lancé à ces acolytes : “Kayane kalb”… Il y a eu un long silence et dès qu’on a entendu adhan el-fedjr on avait compris qu’ils n’étaient plus là. Les survivants nous avaient alors demandé de descendre. On a eu un mal fou, tellement on avait peur. À la vue de la boue mélangée au sang, on avait alors pris la mesure de l’horreur vécue cette nuit. Ce qui s’est passé après et depuis est une autre histoire dont les aboutissants restent toujours flous pour moi.”

    S. K.
    Le policier qui voulait intervenir

    Par : Salim Koudil

    En plus des centaines de morts du massacre de 1997, un autre bilan semble avoir été occulté et passé sous silence. Il s’agit, comme nous l’ont rappelé plusieurs habitants de Bentalha, des femmes disparues. Il s’agit d’une dizaine de femmes qui ont été enlevées par les assaillants. L’une d’elles était une mère de deux enfants. Il y avait aussi trois sœurs kidnappées et à propos desquelles il n’y a eu aucune nouvelle depuis. On ne peut omettre le cas de Nouredine McGyver, l’enfant de Bab El-Oued, mort en service. Il s’agit du seul policier (de la BMPJ des Eucalyptus) tué lors du massacre et sur lequel beaucoup d’histoires ont été racontées. Parmi les habitants de Bentalha qu’on a rencontrés, beaucoup voulaient lui rendre hommage et se demandaient pourquoi il y a une véritable omerta sur son cas. Tous ceux qui nous ont parlé de lui ont relaté la même histoire : pendant le massacre, il a tenté d’entrer dans les deux quartiers. Pour y parvenir, il sautait de villa en villa à travers les terrasses, et c’est au moment où il avait décidé de sauter par terre qu’il aurait reçu une balle en pleine tête.

    S. K.

  • Bab El-Oued - Bentalha : l’impunité des grands nombres

               


    Par El-Kadi Ihsane,

    Les témoignages se multiplient et se précisent. Tous les signes avant-coureurs d’un péril majeur étaient en place sur les reliefs d’Alger-Ouest, samedi 10 Novembre au lever du jour. La crue qui a emporté plus de 800 personnes a duré 3 heures. Elle a été alimentée en automobiles jusqu’à la fin. L’accès à la mort n’a jamais été fermé par les services de sécurité. Il y a eu, une nouvelle fois, non-assistance à population en danger. La fois d’avant, c’était à Bentalha...

    L’Algérie détient quelques sinistres records des grands nombres. La crue la plus meurtrière en milieu urbain depuis le 10 novembre dernier, le massacre le plus sanglant en milieu semi-urbain, dans le contexte d’actes terroristes et non de guerre, depuis Bentalha en septembre 97, l’évasion la plus massive, dans un pays officiellement «non en situation de guerre», depuis la prison de Tazoult au printemps 94. Toutes ces «distinctions» sont contemporaines au même régime. Ce n’est pas un hasard. La responsabilité des autorités n’est jamais requise, lorsque la vie des Algériens est en danger. Surtout quand ils meurent en masse. C’est la règle de conduite. Canoniquement, depuis toujours. Plus cyniquement, depuis Octobre 88. Lorsque, brutalement l’échelle des pertes humaines a bondi vers de noirs sommets.

    Abdou B. avait bien, aux lendemains de la mort de centaines de jeunes Algériens, à un moment où la liberté de la presse était encore un combat militant, déploré qu’aucun ministre, aucun responsable n’ait eu suffisamment de sens de l’honneur pour songer à démissionner. Que faut-il écrire après la succession des hécatombes d’apocalypse de la dernière décennie ? Simplement, que les abattages homicidaires carburent à l’impunité. L’impunité des premiers alimente celles des suivants, la taille des pertes en vies humaines devenant une variable arithmétique à la marge.

    Pourquoi la hiérarchie de la gendarmerie, responsable directe de la mort de dizaines de jeunes en Kabylie, serait-elle plus inquiétée que celle de l’armée qui avait mâté la révolte d’Octobre 88 dans le sang ? Pourquoi les autorités politiques en place, durant «le printemps noir» songeraient-elles à démissionner, si personne avant elles ne l’a fait pour reconnaître une part de sa responsabilité ? Même le ministre de la Justice, en poste au moment du scandale sans normes de Tazoult en 1994, n’est parti qu’à la faveur d’un remaniement ministériel routinier, plusieurs mois après que les activistes islamistes évadés aient embrasé le Nord constantinois !

    L’impunité des responsables. Voilà donc, bien plus que les grosses indemnités, la villa en zone d’Etat et les autres avantages liés à la fonction, la clause non écrite qui tisse la première base sociale du régime. Une amnistie, a priori, qui couvre à l’avance, et pour toujours, tous les actes de gestion de ceux, en particulier, qui détiennent le pouvoir peu banal de prévenir ou d’empêcher la mort en grand nombre de leurs administrés. Ou d’en réduire l’amplitude.

    Dans les grands nombres, il y a une part d’infini qui échappe à la discrétion des hommes. Alors, pourquoi chercher des responsables ? Plus lourdes sont les grappes d’humains fauchés par la mort, plus l’événement porte en lui la marque du divin. Le signe de sa transcendante volonté... Le Président Bouteflika, n’a-t-il pas définitivement excommunié ceux qui auraient pu avoir la prétention de se dresser contre cette sentence «qui s’impose à nous tous» ? Bentalha n’était donc pas le dernier des grands nombres qui auraient pu être évité, si l’on veut concéder qu’à Had Chekala, un autre grand nombre, les massacres en zone isolée étaient eux imparables.

    Pourtant, du point de vue de «la non-assistance à population en danger», Bab El-Oued est en tout point une répétition de Bentalha. Et donc, cette similitude en tout point aurait dû conduire cette fois à l’assistance attendue de tous. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y avait un danger imminent, mais les mesures de prévention n’ont pas été prises. A Bentalha, dans le lotissement martyr de Haï Djillali, des pères de familles ont passé des semaines à harceler le chef de la sécurité militaire à Baraki pour obtenir des armes. Et pourtant, le sang de Raïs et de Beni-Messous n’avait pas encore séché. La Mitidja avait peur, Alger faisait le guet.

    A Bab El-Oued, comme pour Alger, un bulletin d’alerte météo avait donné le ton et le temps pour prévenir. La nuit de vendredi à samedi, avec ces centaines d’évacuations d’urgence, avait écrit la première page du scénario de ce cataclysme. Sans conséquences. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y avait suffisamment de temps pour une intervention de secours pendant la tragédie. Et rien ne s’est fait. A Bentalha, le massacre a duré cinq heures. A Bab El-Oued la crue a été mortelle durant ses 3 premières heures. A Bentalha, l’armée était en place aux abords du lotissement, trente minutes après le début de l’attaque terroriste. Il suffisait que l’ordre d’intervenir arrive. Il n’est jamais venu. A Bab El-Oued, il suffisait de diffuser d’urgence l’ordre de bloquer les accès au Frais Vallon par son amont, pour sauver de la mort sans doute une bonne moitié des victimes. Ce qui n’est pas rien...

    Les policiers en faction au Triolet auraient pu alerter leur réseau les premiers, avant que deux d’entre eux ne soient emportés par les eaux en furie. Peut-être même l’ont-ils fait dès les premiers signes menaçants, à 9 heures du matin ? Sans suites. D’El-Biar, de la route neuve de Bouzaréah, de Châteauneuf devant un commissariat de police, de Chevalley, des voitures par dizaines s’engageaient encore dans la descente vers Bab El-Oued, une heure et demie après que les premiers cadavres soient parvenus, charriés par les flots en contrebas. Ici, intervient une sinistre différence entre Bab El-Oued et Bentalha. Dans la nuit de ce 23 septembre 97, des barrages avaient été dressés devant les patriotes de Baraki et de Baba Ali qui voulaient courir au secours des suppliciés de Haï Djillali. Si l’armée n’avait pas encore reçu l’ordre d’intervenir, comment pouvait-elle laisser quelqu’un d’autre le faire ? Pas de barrages donc devant les automobilistes de «la seconde vague» du 10 Novembre dernier.

    Même les argumentaires, face à la non-assistance à population en danger, se ressemblent dans la bouche des militaires à Bab El-Oued comme à Bentalha. Le général Fodil Chérif, Commandant en chef de la 1ère Région Militaire, a affirmé, parlant sans doute en même temps au nom des autorités civiles, que les secours n’avaient pas pu se déployer à temps, en ce terrible samedi, à cause des immenses embouteillages pris sous le déluge. Le général Nezzar avait écrit, dans son premier livre, qu’à Bentalha, il était difficile d’intervenir de nuit, dans l’obscurité, dans des ruelles qui étaient minées par les terroristes. Bab El-Oued et Bentalha, c’est toujours la faute à la topographie des lieux.

    A Bab El-Oued comme à Bentalha, «la population en danger» s’est débrouillée seule. Dans «les rues minées» de Haï Djillali, un repenti devenu patriote avait tenu seul une position toute la nuit durant, avec son seul «klash» et ses deux chargeurs, et a pu sauver ainsi les dizaines de vies de tout un pâté de maisons. Les survivants sont tous des fruits de l’entraide entre voisins. Certains, prenant même le risque d’ouvrir la porte renforcée de leur maison à des familles pourchassées dans le noir, à quelques dizaines de mètres, par les assassins.

    Sur le parcours de la crue du samedi 10, des citoyens sont venus se poster partout où la terre ferme pouvait leur offrir un précaire abri, pour tendre une corde, une échelle, une planche et souvent même un téméraire bras aux naufragés du torrent. Seuls dans leurs grands nombres, démunis d’instruments, ils se sont battus des heures durant pour arracher aux eaux en furie des vies d’inconnus qui empruntaient la route en contrebas de leurs quartiers, ou qui attendaient perchés sur des récifs de fortune.

    A Bab El-Oued comme à Bentalha, «l’assistance officielle» a commencé lorsque tout péril de mort s’est trouvé écarté. Répétition en tout point. L’identité de l’assassin n’est pas la même, bien sûr. C’est sans doute ce qui permettra de mixer une nouvelle impunité. Une de plus. En Septembre 1997, les plus de 400 morts de Bentalha aux portes d’Alger avaient provoqué un esclandre dans le pouvoir. Le Président Zeroual, soutenu par le général Betchine, avait exigé une tête dans l’armée.

    La plus indiquée était celle du responsable militaire territorialement compétent, le Chef de la 1ère Région Militaire, le général Saïd Bey, un proche du Chef d’Etat-Major, le général Lamari. Ils ont pu arracher la promesse de son discret remplacement quelque temps plus tard. Jamais aucune enquête n’a révélé si le général Saïd Bey, territorialement compétent, avait donné ou pas l’ordre de porter secours aux habitants de Haï Djillali à Bentalha. Zeroual est parti, le général Saïd Bey, un honnête militaire par ailleurs, commande aujourd’hui la 5ème Région Militaire. Il n’y a officiellement aucun responsable de la non-assistance du peuple de Bentalha. Il n’y en aura officiellement sans doute aucun, pour la non-assistance du peuple de Bab El-Oued. Ainsi, le veut encore l’impunité des grands nombres.

  • CNCPPDH, dites-vous ?

     

    La commémoration de la Journée internationale des droits de l’homme, samedi dernier, a été, une fois de plus, pour la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH) et surtout pour son président, maître Farouk Ksentini, l’occasion d’une sortie médiatique pour rappeler à l’opinion l’existence de la structure qu’il préside. Car, tout au long de l’année, le profil bas, sinon la discrétion pour le moins adoptée par la CNCPPDH sur les cas de violation des droits de l’homme en Algérie, la confine dans l’oubli chez les citoyens, qui ont du mal à retenir ou à prononcer un sigle aussi rébarbatif. Etonnés qu’ils sont d’apprendre qu’il existe une commission pour la promotion et aussi la protection des droits de l’homme, présidée par un avocat toujours inscrit au barreau, curieux de savoir ce qu’elle pourrait avoir à l’actif de l’objet de sa création qui remonte à plusieurs années déjà.

    On retiendra malheureusement beaucoup plus les interventions de son président consacrées à la défense des «réalisations» du pouvoir, de la politique de Bouteflika ou encore prompt à louer les vertus de la réconciliation nationale que celles, conjoncturelles, faites le 10 décembre de chaque année où l’on s’attendait à entendre un réel état des lieux de la situation des droits de l’homme dans le pays et surtout l’énumération des actions en faveur de leur protection de la part de l’instance consultative. N’était-il pas, il y a plus d’un an, opposé à la levée de l’état d’urgence pour qu’une fois levé, il trouve à celui-ci des vertus cardinales et à son «initiateur», le président de la République, une clairvoyance insoupçonnée ?

    On s’attendait, le 10 décembre, pour le moins, à un cinglant réquisitoire de M. Ksentini contre les cas de torture ou de mauvais traitements dans les commissariats, par exemple, les abus d’autorité et les violations des libertés fondamentales du citoyen, d’expression, d’association de la part de l’administration de manière générale ou de l’Exécutif en particulier, comme on vient de le constater avec la batterie de lois soumises au pas de charge au Parlement. Bien au contraire, le reproche a été fait par Me Ksentini aux journalistes de «vouloir noircir le tableau» en s’attardant sur ces innombrables cas de violation des droits humains, comme l’arrestation et l’emprisonnement de citoyens de confession chrétienne soupçonnés à tort de prosélytisme parce qu’en possession d’un ou plusieurs exemplaires de la Bible ou de DVD consacrés à la foi chrétienne, ou ces malheureux «jeûneurs» surpris en «flagrant délit» ou dénoncés d’avoir rompu le jeûne avant le coucher du soleil. Pas un mot, par contre, sur le harcèlement judiciaire des journalistes, ces «empêcheurs de tourner en rond».

     La presse, en se faisant l’écho de pareilles violations par les services de sécurité et la justice, comme pour les «enlèvements» de citoyens en plein jour, de mise au secret en toute impunité, aurait, selon le président de la CNCPPDH, rendu un service considérable aux organisations internationales des droits de l’homme pour dénoncer de telles situations et pointer du doigt l’Etat algérien. En d’autres termes, il reproche à la presse indépendante son rôle qui, faut-il le rappeler, est normalement aussi celui de la commission qu’il préside, de «veille» et d’information en matière de respect des libertés, oubliant que celles-ci sont la raison même de l’existence de journaux indépendants et que ces derniers ne pourraient servir ni de faire-valoir ni «d’alibi démocratique» au pouvoir.

     

    Reda Bekkat
  • no moment

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  • Les «unes» des autres

    Livre. «L’Islam dans les médias» d’Édward W.Saïd

     

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    Comment la couverture médiatique de la presse occidentale et américaine en particulier a-t-elle représenté le monde musulman ? Quel sens prend le terme «Islam» sous la plume de certains journalistes, universitaires et «experts» en la matière ? Quelles sont les caractéristiques principales de la figure du musulman qui se dégagent des articles de journaux et des analyses sur l’Islam et le monde musulman ?

     

    Ces questionnements, au cœur de l’ouvrage d’Edward W. Saïd*, paru en 1997 et publié la première fois aux Editions Actes Sud qui viennent de le rééditer, interviennent dans un contexte bien particulier, celui des années 1970 et leur lot d’événements qui ont contribué à qualifier le monde musulman de «région stratégique et sensible» : la révolution iranienne de 1979, la réémergence du nationalisme radical dans les sociétés musulmanes...  En Occident, la pénurie de ressources énergétiques et la hausse des prix du pétrole dont deux événements majeurs qui ont engendré des perturbations dans de nombreux pays. Selon l’auteur, l’Islam et le monde musulman sont généralement couverts par les médias de manière caricaturale et stéréotypée.

    La grande majorité des journalistes pose sur cette religion un regard hostile, manichéen et réducteur, si bien que leurs discours sont «pétris d’approximations, d’ethnocentrisme, de haine culturelle, voire raciale, et d’une hostilité injustifiée», écrit E. W. Saïd. En effet, l’identification médiatique de l’Islam met en lumière l’existence d’un «savoir» qui véhicule une vision porteuse d’un «irrationalisme dangereux». De distorsions historiques et sociologiques. D’analyses très souvent erronées et dénuées d’objectivité et de généralités révélant un niveau de connaissances limité. Car la plupart de ces auteurs écrivent sur des sociétés dont ils ne connaissent ni les langues, ni l’histoire ni les réalités socio-économiques. A titre d’exemple, dans sa rubrique Week in Review, le New-York Times a publié un article intitulé «The red menace is gone. But here’s Islam» (La menace rouge n’est plus.

    Place à l’Islam, 21/01/1996) qui mettait l’accent sur la menace et le danger que cette religion représenterait pour les intérêts occidentaux. Dans un article publié dans The New Republic, journal d’opinion libérale, Martin Peretz assimile l’Arabe à un fou dont la folie est inhérente à sa culture. Il est représenté comme un être dénué de bon sens et de capacité à distinguer entre «le réel et l’imaginaire». La violence est le seul moyen par lequel il exprime ses douleurs, sa souffrance et ses frustrations. Dans son ouvrage, intitulé The Return of Islam (Gallimard, 1985), l’orientaliste britannique, Bernard Lewis, en se basant sur les problèmes d’ordre politique que connaît le monde arabe, imagine un scénario-catastrophe dans lequel il prévoit un retour à l’Islam du VIIe siècle.          
    L’objectif de ses affirmations dénigrantes à l’égard des pratiques culturelles propres aux sociétés musulmanes vise à persuader et à influencer l’opinion publique et à les alarmer du danger musulman et de la haine de cette religion et de ses adeptes envers l’Occident, en raison de l’appartenance de ce dernier au monde moderne. L’auteur met l’accent sur un préjugé, toujours d’actualité dans le monde occidental, en l’occurrence l’esprit arriéré et le caractère mauvais du musulman car il n’appartient pas à la culture occidentale. Et, selon E. W. Saïd, «le travail de B. Lewis se caractérise par des remarques dénigrantes, par un maniement frauduleux de l’étymologie qui lui permet d’élaborer de grandes théories culturelles sur une multitude de peuples». Ces positionnements, qui ont tendance à verser dans le sensationnalisme, sont également relayés par les partis politiques. Ainsi, pour la droite, cette religion incarne la barbarie. Pour la gauche, elle est représentative de la théocratie moyenâgeuse. Pour le centre, elle est assimilée à une «sorte d’exotisme déplacé».

    Par ailleurs, cette caractérisation simpliste, sinon cette caricature de l’Islam à des fins propagandistes est relayée par les gouvernements et les médias israéliens. En effet, ces derniers défendent l’idée selon laquelle Israël est «victime» de la violence des musulmans. Cependant, pour E. W. Saïd, cette thèse ne vise qu’à masquer la réalité des agissements d’Israël en Palestine et à l’égard des Palestiniens : annexions de Jérusalem-Est, du plateau du Golan, du Liban-Sud... Ces représentations déformées, méprisantes à l’égard de l’Islam et des musulmans, et véhiculées dans les médias, les discours des politiciens et les analyses d’experts, ont donné lieu à l’émergence de deux phénomènes. D’une part, l’expression d’un sentiment de nostalgie, hérité du temps de la colonisation, qui réactive des idées et des préjugés orientalistes.

    Et, d’autre part, la production d’un nouveau «savoir» sur l’Islam et les sociétés musulmanes dont l’un des points fondamentaux concerne notamment l’association systématique entre l’Islam et le fondamentalisme islamique. De ce fait, la figure du musulman émanant de ces visions revêt une dimension négative puisqu’elle apparaît principalement sous les traits d’un agresseur, d’un poseur de bombes, d’un être «violent, extrémiste, arriéré, barbare, primitif...». L’autre aspect, mis en lumière par E. W. Saïd dans cet ouvrage, concerne la tendance de ces auteurs à présenter le monde arabe comme une «entité monolithique (...), à l’identité fixe et immuable». Or, cette idée d’immuabilité n’est pas justifiée selon l’auteur.

    Car le monde musulman est constitué d’une multitude de sociétés qui se caractérisent par une variété et une diversité de traditions, de cultures, de langues, de références historiques et d’expériences sociologiques et autres. Bien que ces visions dénigrantes de l’Islam, qui le réduisent aux actions commises par les partisans d’un Islam radical soient dominantes, il existe néanmoins des analyses «rationnelles et documentées» produites par des chercheurs et des journalistes. Ces «visions alternatives» sont cependant minoritaires. A titre d’exemple, E. W. Saïd cite le politologue français, Olivier Roy, qui, dans son ouvrage L’Echec de l’Islam politique fait le constat de l’échec de l’Islam politique tout en mettant l’accent sur l’importance d’établir la distinction entre musulmans et islamistes.
    Dans son essai, Islam perceptions of US policy in the Near East (Perceptions islamistes de la politique américaine au Proche-Orient), Yvonne Yazbeck-Haddal répertorie cinq types d’islamismes. Elle utilise les termes «fondamentalistes» ou «radicaux» pour distinguer les islamistes des musulmans. De même, elle met en évidence les discours, les faits et les actes qui ont joué un rôle déterminant dans l’intensification des conflits entre le monde islamique et l’Occident.

    En guise de conclusion, il semble important de souligner que cet ouvrage politique n’est pas un «plaidoyer» de l’Islam. En effet, à travers L’Islam dans les médias, E. W. Saïd ne cherche pas à défendre cette religion, encore moins à la justifier. Son ambition principale est mettre en lumière l’usage subjectif et abusif de la notion d’Islam en Occident, en tant qu’ancien empire colonial. A la lumière de cette approche, il apparaît clairement que ces visions réductrices et déformées de cette religion issues des représentations orientalistes sont profondément ancrées dans l'imaginaire collectif occidental. De ce fait, les attentats du 11 novembre 2001 et bien d'autres événements n'ont fait que les activer et les mettre au goût du jour. Et, afin de déconstruire ces discours truffés de stéréotypes et produire un «véritable» savoir sur l'Islam, l'auteur propose une vision alternative préconisant le recours à des méthodes de recherche scientifiques élaborées.  

    Par ailleurs, l'une des critiques saïdiennes concerne également les sociétés musulmanes qui, généralement, se caractérisent par une absence de démocratie et de liberté et qui ont tendance à se servir de la religion pour justifier et légitimer leur régime dictatorial. Il est à noter que ce point particulier vient incontestablement faire écho à l'actualité dans les pays arabes. Et les événements politiques actuels, qui prennent la forme de mouvements de contestation et de révolte, soulignent la dimension anticipatrice, voire visionnaire, de l'auteur.
    L'Islam dans les médias s’inscrit dans une perspective humaniste. Car il tente de rétablir la vérité. Vise à éveiller les esprits. A prendre du recul avec les thèses dominantes en Occident relatives à l'Islam. Incite à la réflexion. A prendre de la distance avec le sens commun et les visions dominantes afin de se forger sa propre opinion. A transformer les mentalités et les consciences. Et à favoriser ainsi l’esprit critique et la liberté d’opinion et de jugement.
     

    *Edward W. Saïd, «L’Islam dans les médias». Traduit de l’anglais (américain) par Charlotte Woillez. Ed. Sindbad/Actes Sud, Paris, sept. 2011, 282 p.

     

    Nadia Agsous
  • Une délégation du Medef attendue lundi à Alger

     

     

    Les entreprises françaises continuent de se plaindre d’un climat défavorable en Algérie



     

     

    Une délégation de chefs d’entreprises français est attendue lundi 12 décembre à Alger. Au total, une soixantaine d’entreprises issues de plusieurs secteurs (banques, assurances, finance ; conseil et formation ; énergie ; transport terrestre, maritime et aérien ; nouvelles technologies ; ingénierie ; eau et environnement ; BTP et infrastructures ; industrie) seront du voyage. Mais dans cette délégation conduite par le Medef international ne figure aucun dirigeant d’un groupe français important. Aucun contrat ni projet d’investissement ne sera annoncé à l’occasion de la visite.

     

     

     Le but de ce voyage est surtout d’institutionnaliser les rencontres avec les ministres algériens », reconnaît une source française. Lors de son séjour à Alger, la délégation française va en effet rencontrer le ministre de l’Industrie et ceux des Finances et du Commerce. Les entreprises françaises continuent de se plaindre d’un climat des affaires qu’elles jugent défavorable en Algérie.  Selon des sources françaises, les projets français ne progressent pas au rythme souhaité. Jean‑Pierre Raffarin, en charge du dossier de coopération entre la France et l'Algérie, devait effectuer une visite à Alger durant ce mois de décembre. Mais elle a été reportée faute d’avancées concrètes dans les projets ou d’annonces à faire. Hormis le métro d’Alger, livré dans les délais annoncés au début de l’année, les autres dossiers patinent. « Nous avons même constaté un recul des Algériens sur certains dossiers économiques », explique notre source.

     

     

     

     

    Ainsi, quoique Mohamed Benmeradi multiplie les annonces sur le sujet, le dossier Renault ne progresse pas. Le ministre algérien avait annoncé le 10 novembre dernier un accord possible avec le constructeur français avant la fin de l’année en cours. Mais concrètement, les choses n’avancent pas, selon des sources françaises. L’implantation de Renault en Algérie telle qu’envisagée par le gouvernement algérien parait même désormais peu probable.

     

    Les autres dossiers n’ont pas connu d’avancées significatives depuis fin mai, date de la dernière visite de Jean‑Pierre Raffarin à Alger. Le projet Total reste bloqué et les récents changements intervenus à la tête de Sonatrach ne devraient guère contribuer à accélérer les négociations avec le groupe français. Le dossier Sanofi est toujours au même stade. Tout comme celui de l’armateur CMA CGM qui attend toujours des autorisations de la Douane algérienne pour le transfert de 100 millions de dollars représentant les frais de transport et les surestaries des containers déchargés dans les ports algériens. « Même le dossier Lafarge ne progresse plus », confie la même source. Un contexte global qui ne semble pas favorable à une relance des investissements français en Algérie.
  • Baisse des investissements économiques étrangers


    Le gouvernement persiste dans une mauvaise stratégie

    Samir Allam

    Le ministre des finances Karim Djoudi a beau chercher à rassurer en affirmant que la règle des 51/49 ne préoccupe plus les investisseurs étrangers, la réalité est cependant inquiétante. L’année 2011 s’achève sur un bilan médiocre en matière d’investissements étrangers. Les chiffres fournis récemment par l’Andi (Agence nationale de développement de l’investissement) sont trompeurs. En effet, ils comptabilisent les déclarations d’investissements non encore concrétisés – comme le projet Dounia Parc – et la conversion en capitaux des prêts consentis par les groupes étrangers à leurs filiales en Algérie.
     
    Mais dans les faits, l’Algérie a attiré très peu d’investissements étrangers en 2011. Une maigre moisson, tout comme celle de 2010. Le constat est là : depuis le virage rigoriste de la loi de finances complémentaire (LFC) 2010, les entreprises étrangères boudent le pays. Les groupes qui viennent prospecter chez nous sont à la recherche de contrats publics ou d’opportunités pour commercialiser leurs produits, mais ne passent pas par la case investissements. Seule l’armée a réussi à lancer des projets en partenariat avec des étrangers. D’ailleurs, Karim Djoudi et le responsable de l’Andi se gardent bien de publier le détail de ces investissements étrangers qu’ils évoquent pourtant à longueur de discours. Tout comme Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie et de l’investissement, multiplie les déclarations sur le dossier Renault alors que le projet peine à voir le jour. Au contraire, le groupe n’a toujours pas signé ni même annoncé un seul contrat d’envergure.
     
    Le gouvernement a certes raison de chercher à mieux contrôler les investissements étrangers. Mais la politique choisie est mauvaise. Elle a eu un impact négatif aussi bien sur l’afflux d’investissements que sur l’emploi et le transfert de compétences. Le gouvernement persiste pourtant dans la même stratégie, au lieu de reconnaître ses erreurs et de tenter de les corriger.

  • Le phénomène inquiète la Commission nationale des droits de l’homme Près de 8 000 harragas interceptés en cinq ans



    Sonia Lyes

    Des centaines de jeunes harragas continuent de trouver la mort durant leur tentative de traversée de la Méditerranée. Selon le rapport 2010 de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH), dont TSA a obtenu une copie, le nombre de corps repêchés augmente d’année en année : 29 en 2005, 73 en 2006, 83 en 2007, 102 en 2008 et 117 en 2009. Selon ce document, la cellule de communication du commandement des forces navales indique que près des deux tiers des corps retrouvés n’ont pas pu être identifiés, du fait de leur « état de décomposition très avancée ». La plupart des corps qui ont pu être identifiés sont de nationalité algérienne. Le rapport évoque encore « plusieurs centaines » de personnes portées disparues au regard des dossiers déposés par les familles auprès des services de rétablissement des liens familiaux (RLF), dépendant du Croissant rouge algérien (CRA).
     
    Depuis 2005, 7 779 émigrants clandestins ont été interceptés par les services de la gendarmerie nationale. Parmi les 337 personnes interpellées en 2010 – dont 196 ont été écrouées –, on dénombre 5 femmes et 15 mineurs. La plupart de ces personnes sont des célibataires. 68,84 % d’entre elles ont un niveau d’instruction moyen.
     
    Le phénomène de l’émigration clandestine continue de toucher les wilayas de Tlemcen, Mostaganem, Aïn Temouchent, Oran, Annaba, Skikda et El Tarf, compte tenu des faibles distances qui les séparent des côtes européennes : 94 km entre Aïn Temouchent et Almeria (Espagne) et 130 km entre Annaba et Cap-Rosa (Italie). « Cette situation interpelle de façon urgente autant les pouvoirs publics, la société civile que les victimes elles-mêmes », écrit le rapport. La CNCPPDH juge « inconcevable qu’un problème social reçoive pour seule réponse une action répressive privative de liberté ». Elle appele les pouvoirs publics à décriminaliser l’acte de harga et préconise le remplacement de la peine de prison par une amende symbolique ainsi que la focalisation sur « la consolidation des droits sociaux des citoyens ».

  • tant que la france ne joue pas à la démocratie en son pays et dans le monde colonisé dom -tom,il y'aura que des guerres.

    Je ne crois plus en la démocratie

    Par |
     

    Dans les pays du tiers-monde, on présente souvent sous le vocable de "démocrates" les oppositions aux régimes en place. Il est rare, voire impossible, de voir un régime démocratique avec une opposition dictatoriale.

     

    Or, rien n'est moins vrai. Les oppositions n'ont souvent de démocratiques que le nom ou les bonnes intentions. En Algérie, l'opposition, ultra-divisée, est inoffensive et souvent à la recherche d'avantages matériels.

    Le RCD de Saïd Sadi en est un exemple frappant. Vice-présidence de l'Assemblée nationale populaire, députés, nombres d'élus dans les administrations locales avec toutes les subventions et les avantages qui vont avec.

    Les "révolutions arabes" comme les décrivent des médias économiquement totalement sous contrôle, ont accouché de la seule chose dont elles pouvaient accoucher : l'émergence des islamistes. Modérés ou radicaux, ces gens ne plaisantent pas avec les principes et il va donc falloir que les gens qui pensent de travers se reprennent sous peine de vérifier immédiatement, par l'expérience, si Dieu existe vraiment.

    Et ces gens-là ont été choisis et portés par le peuple. Et vont donc prendre le contrôle des pays concernés par ces "révolutions", vocable dont j'ai toujours eu horreur.

    Une tyrannie remplacée par une autre, une oligarchie qui en remplace une autre, un système qui en remplace un autre, voilà ce qu'est l'alternance démocratique ou la "révolution", terme encore utilisé par des demeurés qui croient au père Noël.

    La majorité, travaillée au cerveau par le "système", choisira toujours celui que ce même "système" leur impose. Et cette majorité l'imposera à la minorité rétive. Je suis déçu par la démocratie. Mais je refuse la dictature. Anarcho moi ? Je pense que je vais finir par le devenir.

    Bakir Arezki

  • Démocratie, corruption : discours et réalité

     

    Par : Mustapha Hammouche



    Un an après la création de l’Office central de la répression de la corruption, le président de la République a signé, jeudi dernier, le décret portant composition, organisation et modalités de fonctionnement de cette instance. L’Algérie n’ayant jamais manqué d’instruments institutionnels de répression de la corruption, l’OCRC pourrait n’être qu’une structure de plus qui clôt, provisoirement, la longue succession d’instances dédiées, sans succès, à la moralisation de la vie économique et de la gestion budgétaire.
    La coïncidence du décret avec l’effet médiatique du classement Amnesty et la journée internationale contre la corruption renforce, au contraire, l’idée que ce genre de résolutions n’a pas plus d’ambition que leur effet d’annonce. D’ailleurs, le lendemain, vendredi, le ministre de la Justice intervient dans une conférence opportunément organisée à l’occasion de la journée internationale pour la lutte contre la corruption, pour assurer le monde qu’il existe, en Algérie “une volonté politique et une détermination de l’État pour lutter contre la corruption et assurer la stabilité et la sécurité du pays”.
    Entre-temps, l’Algérie caracole à la 112e place du classement de 183 pays par ordre de degré de banalisation des pratiques de malversation. Le pouvoir conteste ce classement, mais presque pour la forme, tant la chronique des “affaires” est significative de l’ampleur et de la durabilité du phénomène. La gestion de ces scandales semble conduite de sorte à limiter leur impact politique, la règle étant que l’instruction de ces affaires n’atteigne jamais le niveau politique de responsabilité. C’est contre cette limite politique à la lutte contre la corruption que le ministre de la Justice a choisi de se défendre en défiant “quiconque d’apporter des preuves tangibles qu’il y a un pouvoir ou des personnes qui interviendraient auprès d’un juge quelconque dans une affaire quelconque.”
    Mais c’est Belaïz lui-même qui porte la réplique à son défi en proclamant que “la condition primaire de la lutte contre la corruption est que la justice soit indépendante, intègre et dotée d’un haut niveau de compétence et de professionnalisme”.
    Il suffit de poursuivre le syllogisme : pourquoi y a-t-il tout de même corruption alors que la condition “primaire” de transparence est établie ?
    Le choix est entre un système qui fonde sa stabilité sur le clientélisme, et donc sur le mode de redistribution de la rente, forcément opaque, et un système basé sur la compétition entre les rentabilités et les compétences, sur le marché, la transparence. C’est le premier modèle qui, pour l’heure, s’impose à nous. Jusqu’à faire de la corruption un système de relation sociale.
    Mais, ce n’est pas aux Algériens que le pouvoir destine son actuelle entreprise qui consiste à démentir les faits par les discours. Belaïz s’adresse à une conférence… internationale pour démentir le fondement politique de l’endémie corruptrice, Youcef Yousfi s’efforce d’annoncer la fin de la gestion opaque des ressources d’hydrocarbures à Doha et Medelci tente de convaincre à Paris de la volonté démocratique du régime.
    Il n’y a donc pas lieu de répondre au défi qui, loin de s’adresser à nous, nous utilise comme point de ricochet à l’intention de l’étranger.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • Algerie dans la poubelle,on est arrive' à ça......la cause c'est le drs et boutef

    L'emblème national dans un camion poubelle

    Par : Salim KOUDIL

    Anecdotique ! C’est beaucoup plus que ça. La photo a été prise ce samedi 10 décembre, sur l’autoroute Birtouta – Kheraissia. Le « photographe » du jour raconte à Liberté la scène « Il était environ 10h30, alors que j’étais dans une voiture avec un ami, quand j’ai remarqué le drapeau à l’arrière d’un camion poubelle. J’étais tellement choqué que j’ai décidé de prendre une photo avec son téléphone portable ». Continuant son récit, il ajoutera  « au moment du clic, on était juste à côté  d’un barrage de gendarmerie et l’un des gendarmes arrêta les deux véhicules ». En discutant avec les gendarmes, il a su que le camion avait été déjà signalé « le gendarme nous a informé que plusieurs automobilistes, qui avaient dépassé le camion, l’avaient signalé déjà en arrivant au barrage ».  Le chauffeur, qui travaille à la commune des Eucalyptus, paraissait surpris par ce qu’il a découvert à l’arrière de son véhicule « il y avait à ses côtés deux autres travailleurs en tenue avec lui » a indiqué le « photographe ». Sur place les gendarmes ont procédé à la mobilisation du véhicule et au retrait du papier du chauffeur.

  • La Laddh dénonce

    La tenue de ses conférences interdite

     

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    En dépit de l’abrogation formelle de l’état d’urgence, celui-ci reste en vigueur.

     

     
    L’Etat algérien est incapable de se réformer ni de réformer», c’est là l’avis de Mostefa Bouchachi, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Laddh), qui s’est vu, à la veille de la célébration de la Journée internationale des droits de l’homme qui coïncide avec le 10 décembre 2011, refuser l’octroi des autorisations pour l’organisation d’une conférence-débat, à l’hôtel El Biar d’Alger, autour du thème «La justice et les droits de l’homme» et une autre, à la maison de jeunes de Boumerdès, autour de la thématique «La citoyenneté et les droits de l’homme».

    La Laddh s’est heurtée, une fois de plus, selon maître Bouchachi, à l’arbitraire d’une administration «transgressante». La direction des affaires générales (DRAG) de la wilaya d’Alger refuse, explique les responsables de la Laddh, de donner suite à leur déclaration pour la tenue de cette activité déposée auprès de leurs services conformément à l’article 04 et 05 de la loi n° 89-28, modifiée et complétée par la loi n° 91-28, relative aux réunions et manifestations publiques. Cette loi stipule explicitement dans son article 05 qu’«il est délivré immédiatement un récépissé qui indique les noms, prénoms, domiciles des organisateurs ainsi que le numéro de la carte nationale d’identité et date et lieu de délivrance d’une part, l’objet, le nombre de personnes envisagé, le lieu, le jour, l’heure et la durée de la réunion d’autre part. Le récépissé en question doit être présenté par les organisateurs à toute demande de l’autorité».


    Parallèlement, cette même loi donne, dans son article 06 bis, la possibilité au wali d’interdire une réunion «s’il s’avère qu’elle constitue un risque réel de troubles pour l’ordre public ou s’il apparaît manifestement que l’objet réel de la réunion constitue un danger pour la sauvegarde de l’ordre public». Maître Bouchachi est convaincu que l’Etat reste un obstacle à toute évolution démocratique, d’autant plus que ces pratiques constituent, du point de vue de la Ligue, des violations de la Constitution, des Conventions internationales relatives aux droits de l’homme et des lois en vigueur. En dépit de cette situation, la Laddh ne baisse pas les bras ; elle tiendra sa conférence, aujourd’hui, en son siège national à Alger.
     

     

    Nabila Amir
  • La supercherie continue…

     

    Le pouvoir et la Lutte contre la corruption

     

     

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    La condition primaire de la lutte contre la corruption est que la justice soit indépendante, intègre et dotée d’un haut niveau de compétence et de professionnalisme.»

     

     Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, qui prononçait hier cette belle conclusion devant le millier de participants à la conférence sur la lutte contre la corruption, ne croit pas si bien dire. Mais comme pour se reprendre, il lance tout de tout de suite après : «Je défie quiconque d’apporter des preuves tangibles qu’il y a un pouvoir ou des personnes qui interviendraient auprès d’un juge quelconque dans une affaire quelconque.» Résumons-nous donc : la justice algérienne est intègre et autonome et, par voie de conséquence, elle est irréprochable dans sa lutte contre la corruption. La logique aurait voulu ainsi que face à une lutte ferme et engagée, ce fléau aurait tout au moins décru. Or, que constatent les Algériens ? Que ce serpent de mer s’est engouffré dans quasiment tous les corps des institutions et organismes publics et les a ravagés.

    La cascade de scandales éventés, sans parler de ceux qui ont été sciemment mis sous le coude, suffisent largement pour rendre caduque la rhétorique officielle dite ex-cathedra par notre ministre de la Justice. Il est vrai que, sur le plan des textes, l’Algérie pourrait rivaliser avec les plus grandes démocraties au monde. Mais les promesses, fussent-elles écrites, n’engagent que ceux qui y croient. Il a fallu attendre la célébration de la Journée mondiale contre la corruption pour que le président de la République daigne enfin signer (jeudi) le fameux décret portant composition, organisation et modalités de fonctionnement du fameux Office central de répression de la corruption (OCRC), installé il y a un an.

    Encore qu’en Algérie, l’installation d’une commission, d’un office, d’une structure, d’un mécanisme, d’un comité ad hoc ou d’un groupe de travail n’est jamais un gage de sérieux dans ce que l’on entreprend. Assez souvent et par expérience, ces structures budgétivores sont destinées à servir de pain béni aux journalistes pour les détourner des dessous des affaires en leur faisant croire que l’Etat veille bien sur les sous de la République. Preuve en est que la loi de 2006 sur la prévention et la lutte contre la corruption, inspirée de la Convention de l’ONU adoptée en 2003, a prévu une agence gouvernementale contre ce fléau qui n’a jamais été installée. Avant elle, un observatoire national contre la corruption avait été annoncé, mais n’a pas non plus vu le jour pour des raisons inconnues.


    Inflation d’organismes et de sigles  


    D’évidence, le pouvoir cherche plus des effets d’annonce qu’il ne décline une volonté sincère d’affronter la réalité de la corruption en Algérie. Dès lors que ce fléau gangrène surtout la sphère publique avec ses institutions et ses entreprises économiques, les connexions entre le milieu politique et celui des affaires rendent pratiquement illusoire toute volonté de lutte. La réponse de l’ambassadeur d’Algérie en Indonésie devant la 2e Conférence des Etats-parties de la Convention des Nations unies contre la corruption, qui s’était tenue à Bali du 28 janvier au 1er février 2008 sur le manque d’engagement de l’Algérie, est édifiante : «Le gouvernement algérien a d’autres priorités !» Trois ans plus tard, cet aveu du diplomate est toujours d’une brûlante actualité. Quand le Président signe un décret à la veille d’une Journée mondiale sur la corruption, c’est qu’il n’y croit pas trop. Cela rappelle les chaises roulantes qu’on distribue devant les caméras de la télévision à l’occasion de la Journée des handicapés.

    De simples coups médiatiques conjoncturels qui vont survivre l’espace d’une journée jusqu’à la prochaine année ! Les Algériens savent que tous ces colloques, journées d’étude et discours ronflants ne sont finalement que supercherie, de doux leurres destinés à maquiller une réalité bien plus sombre qu’elle n’est décrite par nos valeureux ministres. Tout le monde sait que l’Algérie a adopté la Convention de l’Union africaine (UA) sur la lutte contre la corruption, la Convention arabe de lutte contre la corruption et signé 37 conventions bilatérales de coopération judiciaire dans le domaine pénal et en matière d’extradition des criminels. Mais ces textes n’ont pas freiné l’étalage de scandales sur la place publique, qui se chiffrent en millions de dollars pour certains. Il est d’ailleurs significatif de noter que seuls quelques lampistes ont été sacrifiés dans les rares procès de grande corruption.

    Des ministres, et non des moindres – Energie, Pêche et Travaux publics – ont été clairement mêlés dans les affaires du thon rouge, du scandale de Sonatrach et l’autoroute Est-Ouest, mais n’ont jamais été inquiétés. Le chef de l’UGTA a reconnu devant le tribunal qu’il avait signé un faux lors du procès Khalifa, mais la justice «autonome» de Belaïz n’a pas jugé utile d’ouvrir une information judiciaire. De la même manière, l’ex-PDG de Sonatrach Mohamed Meziane et ses complices s’en sont sortis à bon compte (deux années de prison au maximum) alors qu’il ont fait perdre à la compagnie des millions de dollars dans les marchés de gré à gré. On pourrait citer à l’envi des affaires de corruption de ce genre qui ont éclaboussé les institutions sans que les responsables (commanditaires) n’aient été touchés. Le fait est que même les graves révélations faites récemment par Hocine Malti, membre fondateur ex-dirigeant de Sonatrach, dans une contribution intitulée «Heurs et malheurs du pétrole algérien», n’ont curieusement pas poussé la justice de Belaïz à s’autosaisir d’une matière de «première main» pour rassurer les Algériens. C’est dire que des colloques sur la corruption ne sont que paroles, de doux leurres qui ne trompent plus personne.
     

     

    Hassan Moali
  • La France fournit du matériel d’espionnage de l’opposition

     

    Par |

     


     

     

    La société Amesys avait déjà fourni à Kadhafi un système de surveillance des opposants.

    Les opposants de certains pays doivent redoubler de vigilance quand ils passent un appel téléphonique ou envoient un mail.

    On savait déjà que la société française Amesys avait fournis, avec bien sûr l’accord des autorités politiques, d’une centrale de surveillance des opposants à Mouammar Kadhafi, voilà qu’on la découvre à faire le même commerce avec le voisin marocain, le Qatar et … la Syrie. Ce même pays que le président Sarkozy et Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères, dénoncent à tout bout de champ. Interception de communications téléphoniques, surveillance d’internet, logiciels, la société Amesys du groupe Bull vient d’arracher le marché de fourniture de ce matériel pour le Maroc, révèle Le Canard enchaîné. L’hebdomaire satirique écrit : "Amesys, concepteur du diabolique logiciel Eagle d’interception et d’analyse du trafic internet fournira l’ingénierie et peut-être quelques « conseillers » des services français". Le journal doute que ce matériel serve à surveiller quelque malfaisants patentés. "Ce type d’installation permet de détecter les connexions à certains sites réputés suspects, de savoir qui envoie un courriel à qui, et même d’intercepter un courriel. Mieux, enregistrés en vrac et par millions, les messages peuvent ensuite être passés au peigne fin".

    La Syrie se fournit en France

    L’argent n’a pas d’odeur pour les sociétés françaises. Le régime de Bachar Al Assad tue, réprime et torture, et il se trouve des sociétés françaises qui commercent toujours avec lui. Jugez-en. La société Qosmos, spécialisée dans la haute technologie, par ailleurs membre du consortium italien Area est en train de construire un énorme centre d’écoute de la population syrienne. Pas seulement, selon Le Canard Enchaîné, Qosmos fournira aussi des sondes qui permettent de capter le trafic internet. Ce genre de livraison ne pouvait se faire sans l’aval du ministère de la Défense français. Ce qui veut dire que ce même président français qui dénonce les violations des droits de l’homme en Syrie, est au courant de ce marché.

    Lire la suite de l'article sur : http://www.freealgerie.com/debat-du-jour/183-la-france-fournit-du-materiel-despionnage-de-lopposition-au-maroc-et-au-qatar.html

    Sofiane Ayache

     

     

     

     
     

     

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    R A M E S S E S II 08/12/2011 00:28:08
    Pour compléter l'article :
    http://lavoixdelalibye.com/?p=732
    Par contre ce genre de logiciel est facile à déjouer par des méthodes, aussi simples qu'un jeu d'enfant.
    ***partager une boîte aux lettres électroniques, en n’y écrivant qu’en mode brouillon : les mails ne sont dès lors pas échangés, ils ne circulent pas sur les réseaux, et ne peuvent donc être consultés que par ceux qui se sont connectés (de façon sécurisée, via https) à la boîte aux lettres en question.
    Pour les donnés sensibles par exemple ou partager un rapport.
    Sinon vous pouvez vous documenter sur le site:
    http://owni.fr/2010/05/24/petit-manuel-de-contre-espionnage-informatique/
    Les opposants aux régimes doivent se méfier de l'informatique, sinon "si vous n'êtes pas un terroriste vous n'avez pas besoin d'être anonyme".
    Mieux être transparent et assumer ses positions. sauf à la guerre.
    Dahmane
  • Algerie est t'elle un Dom-tom ou colonie francaise!!!!!

     

    Le MAE et les députes français évitent les sujets qui fâchent

     

    Medelci en opération de com à Paris

    Par : Azzeddine Bensouiah

    Le chef de la diplomatie algérienne a été auditionné, hier, par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Une heure et demie durant, Mourad Medelci a tenté de rassurer ses vis-à-vis français.

    Au-delà de l’entorse protocolaire — car on imagine mal un Alain Juppé auditionné par la commission des affaires étrangères de l’APN —, il y a lieu de soulever le fait que cette audition intervient à un moment où la droite française, beaucoup plus préoccupée par la présidentielle de 2012, chasse sur le terrain de l’extrême droite en vue de se maintenir au pouvoir. Et dans cette surenchère électoraliste, l’Algérie en prend pour son compte, que ce soit pour sa communauté établie en France, ou encore sur l’épineux dossier de l’histoire commune.
    Les Français ont mis les petits plats dans les grands pour permettre à leur hôte d’expliquer la version algérienne, sachant que, pour les affaires “sérieuses”, c’est Monsieur Algérie, Jean-Pierre Raffarin, qui s’en charge.
    N’empêche, Mourad Medelci devait rencontrer son homologue français pour la troisième fois durant cette année.
    Ceci dit, Mourad Medelci a passé l’oral des députés français sans grand soucis. Les deux partis ayant convenu de rester dans le “politiquement correct”. Le chef de la diplomatie algérienne est revenu sur les réformes politiques en Algérie, les “révoltes arabes”, le secret de la non-contagion de l’Algérie, mais aussi sur le dossier de l’histoire.
    Pour Mourad Medelci, le fait que l’Algérie ne soit pas touchée par les “intifadas” qui secouent le monde arabe se trouve dans le fait que le pays a connu sa propre “intifada” en 1988 et que, depuis, le peuple n’a pas cessé de protester. “Les Algériens et les Algériennes ont continué de travailler à revendiquer leurs droits, ils l’ont fait avant le Printemps et après le Printemps, peut-être, je dois l’avouer, avec un peu plus d’insistance depuis le Printemps. Les Algériens restent frondeurs, mais fort heureusement, la qualité des rapports entre la population et le pouvoir a permis d’éviter une grande révolte”.
    Mourad Medelci a indiqué que le processus de réformes engagé par le président Bouteflika sera “consolidé dès le 2e semestre 2012 par la révision de la Constitution” dont les dispositions nouvelles et les amendements permettront, a-t-il soutenu, de situer “au plus haut niveau de la hiérarchie des textes”, les options annoncées par le chef de l’État en avril dernier.
    “Le président Bouteflika a souhaité consacrer son troisième mandat au renforcement des institutions républicaines et de l’État de droit, à présent que la paix, la stabilité et la croissance ont été rétablies avec des résultats très encourageants et très clairement perceptibles par les Algériens”, a-t-il ajouté.
    Alors que le monde arabe connaît une poussée des partis islamistes, à la faveur des dernières révoltes, le chef de la diplomatie algérienne s’est voulu rassurant, en arguant que l’Algérie avait “montré l’exemple” en intégrant les partis islamistes dans le jeu politique et dans les institutions. Pour arguer sa thèse, le chef de la diplomatie algérienne fera remarquer que le code de la famille a toujours été inspiré de la charia.
    “Nous n’avons pas attendu pour ouvrir le champ à tous ceux qui souhaitent travailler dans le cadre du respect de l’alternance et du respect de l’ordre républicain”, dira-t-il en substance.
    Durant cette audition, Mourad Medelci évitera les sujets qui fâchent, notamment celui relatif à l’actuelle politique française en matière d’immigration. Il ne s’empêchera pas, pour autant, de jeter une pierre dans le jardin de la droite française, en annonçant, de façon officielle, contre toute attente, l’adhésion de l’Algérie à la Politique européenne de voisinage (PEV), estimant que “la PEV rénovée nous paraît plus sympathique et plus souple”. Une façon de répondre aux reproches français quant aux lenteurs dans la révision de la loi de 1968 accordant un régime spécifique aux Algériens établis en France.
    Il en fera de même avec le très sensible dossier de l’histoire commune, où il se contentera de parler des préparatifs en Algérie pour la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance, tout en se montrant rassurant vis-à-vis des Français.
    “Nous sommes en train de travailler à un programme du 50e anniversaire dans un esprit qui n’est pas du tout revanchard, qui nous permette de nous auto-évaluer et de faire que ce que ce mouvement historique qu’a été la révolution algérienne puisse ne pas échapper aux générations montantes.”
    Azzeddine Bensouiah

  • Contrechamp

    Comment faire tourner une institution à vide

     

     

     

    Par : Mustapha Hammouche

     



    Le projet de loi sur les partis politiques, voté avant-hier, n’a pas été “vidé de sa substance” : il n’en avait pas. Mieux, le peu de substance que quelques députés ont voulu y mettre a été superbement ignoré par la commission des affaires juridiques, administratives et des… libertés.
    Depuis le début de l’examen des projets de loi de “réformes”, certains élus et observateurs ont cru vivre un moment de débat parlementaire. Cent soixante-cinq propositions d’amendements au projet de loi sur les partis politiques ont été ainsi déposées. Efforts gratuits, puisque la commission n’a globalement retenu que sa dizaine d’amendements, tous portant sur des questions de forme, du genre trente ou soixante jours de délais de réponses du ministère de l’Intérieur à une demande d’agrément.
    En gros, le nouveau texte a consisté à reconduire l’ancienne loi en aggravant l’emprise du contrôle de l’administration sur les partis et les militants.
    C’est, en effet, un système conçu jusque dans sa configuration institutionnelle pour se prémunir contre toute réforme qui rend possible ce genre de surplaces dans l’animation. Le MSP l’a appris à ses dépens, à moins qu’il ne fasse semblant. Car, en fait, le système avait anticipé ses éventuelles infidélités dès la distribution des sièges de l’Assemblée nationale au lendemain des législatives : il fallait que les quotas additionnés du FLN et du RND suffisent, en toute circonstance, à faire passer le texte commandé par le pouvoir. Celui-ci s’est bien gardé de faire du MSP un appoint nécessaire pour le contrôle du travail parlementaire.
    La majorité absolue garantie par les partis maison, les autres formations ne pouvaient espérer qu’une relation clientéliste.
    Dès lors, l’APN se réduisait à son bureau, appendice législatif de l’Exécutif. Le projet de loi, lâché dans l’hémicycle à des fins d’“enrichissement” et revenu à la commission criblée de propositions d’amendements. Celle-ci le nettoie de toutes ces annexions malvenues et le renvoie à nouveau vers la plénière, tel qu’il a été conçu par le gouvernement, agrémenté de quelques amendements formels qui ne le dénaturent en rien mais qui donnent l’impression qu’un travail parlementaire a eu lieu.
    Voici comment une loi prétendant soutenir un processus de réforme démocratique dans sa procédure (large consultation des forces et acteurs politiques et de la société civile) et dans sa finalité (“réformes approfondies”) est soumis à la maîtrise totale, voire totalitaire, d’un système qui ne voit dans les forces externes que des contraintes à manipuler ou à réprimer, jamais un atout ou un concurrent légitime.
    Pour la production législative, ce système se donne des instruments concrets, intégrés à la Constitution, aux statuts et règlements intérieurs des institutions pour s’assurer une emprise sur la conception du cadre de fonctionnement politique du pays, indépendamment des éléments d’apparence démocratique que ces textes peuvent comporter. Ceux-ci n’ont qu’une fonction cosmétique et un usage clientéliste à la marge d’une réelle vie politique réduite à une poignée de décideurs et des conseillers qu’ils se cooptent.
    Tant que le débat est sans influence sur l’issue, les institutions “démocratiques” peuvent continuer à tourner… à vide.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • no moment

    Dilem du 08 Decembre  2011

  • La chasse aux migrants fait des orphelins

     

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    Par téléphone. Il ne leur reste plus que ce moyen pour entendre la voix de leurs petits. Depuis mercredi soir, Michelle Gono, Aminattou Diolo, Yango Christelle Yalande, Koumassok Barrack Sarrah Beauté et Kotin Mbibo Laure sont abandonnées à la rudesse du désert du Sahara dans la localité de Tin Zaouatine, à Tamanrasset.

    Elles sont cinq Subsahariennes à avoir subi le même sort, en se résignant à laisser leurs enfants derrière elles, à Oran, afin de leur épargner un voyage pénible et le néant qui les attend au bout. A une quarantaine de kilomètres des frontières algériennes, ces mères, dont une qui vient d’accoucher, sont livrées à elles-mêmes. «On nous a jetées en plein désert !» lâche une de celles que nous avons réussi à joindre par téléphone. «Nous n’avons pas de toit ; on dort à même le sol et nous n’avons rien à manger, sinon du pain et l’eau du robinet», raconte une autre mère, également jointe par téléphone. Le ton est digne mais l’inquiétude palpable. «Nous ne savons pas si nous allons rentrer chez nous, nous n’avons rien chez nous», explique-t-elle. Une fausse note confère quelque chose de poignant à son accent chantant. «Nous voudrions rejoindre nos enfants, au nord.» C’est-à-dire à Oran, où elle a été arrachée à son enfant et à son mari. Lorsque Michelle Gono se présenta, le 11 novembre dernier, au service de maternité du Centre hospitalier universitaire d’Oran pour accoucher de son deuxième enfant, elle ne se doutait pas qu’elle allait être traînée, elle et son nouveau-né Jouana, en direction du siège de la sûreté de wilaya, dès le lendemain de son accouchement.


    Cachot


    La petite Jouana ouvrira les yeux dans le cachot de la sûreté de wilaya où mère et fille patientaient avant la tenue de leur procès, le 17 novembre. Un communiqué du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), qui a rapporté les faits, précise que quelques jours plus tard, Aminattou Diolo a vécu le même scénario, alors qu’elle emmenait son fils Ahmed Neam, âgé de 5 mois, à l’hôpital d’Oran. Arrêtée, conduite au commissariat central, elle passera devant le tribunal le jour même. Ahmed Neam, qui présentait des difficultés respiratoires n’aura même pas eu le temps d’être ausculté. Suite à une dénonciation d’un voisin, Yango Christelle Yalande, Koumassok Barrack Sarrah Beauté et Kotin Mbibo seront, à leur tour, arrêtées au domicile d’un Malien où elles se sont rendues avec leurs enfants, en bas âge. Le domicile est perquisitionné «sans mandat», précise le communiqué. Les cinq femmes écopent de six mois de prison avec reconduite à la frontière. Le procès aurait prit 45 secondes pour chacune d’elles, selon le communiqué du Snapap. Quand un officier de police arriva pour embarquer les mères vers un long périple de plus de 2000 km, elles l’ont supplié pour que leurs enfants soient confiées, sur place, à des familles de leur ethnie. Ce n’est que lorsqu’elles menacèrent de se suicider qu’il cédera. «L’erreur a été de ramener à la frontière les mères sans leurs enfants, reconnaît Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche. Il faut tout faire pour que ces enfants puissent retrouver leurs parents.»


    Orphelin


    Joint par téléphone, l’un des pères des enfants témoigne de la précarité dans laquelle il se retrouve aujourd’hui. Un gazouillement se fait entendre au bout du fil en même temps que celui-ci s’excuse : il doit nourrir son fils. Une dizaine de minutes plus tard, il déclare : «Je ne peux pas m’en sortir avec le bébé. Je ne peux plus travailler et j’ai un loyer à payer.» Le Camerounais d’origine vend des habits traditionnels africains dans les rues oranaises afin de payer un loyer qui représente le double des prix du marché. «Je n’ai pas l’habitude de m’occuper d’enfants, je travaille. Il pleure tout le temps, je n’arrive même à comprendre ce qui ne va pas», raconte-t-il, désemparé. «Je suis coincé chez moi sans personne pour m’aider, le matin. Je tente de le laver, de lui donner à manger mais je n’ai plus de lait ni de couches pour bébés.» En situation régulière, le père de famille ne se voit pourtant pas vivre en Algérie. «Ce n’est pas facile de rester en Algérie, je ne peux pas. Nous ne sommes pas les bienvenus.» Et pour cause, il raconte les brimades, le danger incessant et les dénonciations multiples. «On peut déchirer mon passeport à tout moment. Je ne considère même pas que j’ai des papiers.» Voilà sept ans qu’il erre de pays en pays. Il dit connaître presque tous les pays de l’Afrique de l’Ouest, mais pour lui, pas question de rentrer  chez lui. «Je suis orphelin de père et de mère. Je ne suis pas le bienvenu.»


    Camion à bestiaux


    Sa voix laisse deviner une émotion vive, il cherche ses mots, hésite avant de déclarer : «Ma femme est en plein désert, on sait ce que les rebelles peuvent faire…» De Mostaganem à In Salah, en passant par Relizane, Tiaret, Laghouat et Ghardaïa, les cinq femmes ont traversé plus de 1300 km avant de rejoindre Tamanrasset dans un camion à bestiaux, entassées avec une soixantaine de migrants. Fouad Hassam, président du Snapap et représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh) à Oran, souligne que le Malien chez qui trois Subsahariennes ont été arrêtées a été expulsé et reconduit aux frontières. Fouad Hassam, qui est aussi chargé du dossier migration, précise que les femmes n’ont pas pu faire appel, conformément à la loi, puisqu’elles ont été expulsées sept jours après leur procès. Or, la loi leur donne droit de déposer un recours pendant les quinze jours qui suivent leur jugement. En règle générale, les Subsahariens ont «peur de faire intervenir des avocats ; ils préfèrent se faire discrets et n’osent pas défier les autorités». Par ailleurs, Fouad Hassam rapporte le refus d’un pédiatre privé de soigner un des enfants des familles subsahariennes. Il indique que Jouana, âgée aujourd’hui de trois semaines, est malade. «Le CHU est devenu un calvaire pour les Subsahariens. Beaucoup de migrants, admis sur le territoire en bonne et due forme, font l’objet de bavures policières. On déchire leur passeport. De facto, ils se retrouvent dans une situation irrégulière», dénonce-t-il.

    Pendant ce temps à Genève…

    L’ambassadeur, représentant permanent de l’Algérie auprès de l’Office de l’ONU et des organisations internationales en Suisse, Idriss Djazaïry, a prôné hier «une vision politique» globale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à même de gérer les flux de migration à travers le monde. Les travaux de la 100e session du Conseil de l’OIM ont été l’occasion pour M. Djazaïry, également président du conseil de cette organisation pour 2011, de souligner que cette réunion constituait «une excellente opportunité pour apporter la vision politique nécessaire au dialogue sur les défis et les opportunités de la mobilité humaine et les priorités dans la gestion de la migration».

    M. Djazaïry a rendu hommage à la contribution de l’OIM lors de la crise libyenne, notamment à travers l’évacuation de plus de 200 000 travailleurs migrants fuyant la violence vers les pays voisins d’Afrique du Nord. Outre la contribution de la migration mondiale au développement humain à la fois des pays d’origine comme ceux de destination, la déclaration a mis en relief la nécessité pour les Etats de rechercher constamment les meilleurs moyens de valoriser les apports des communautés émigrées en matière de savoir-faire, d’expérience professionnelle et d’investissement et de protéger leurs transferts de toutes natures vers leur pays d’origine.
     

    Nesrine Sellal
  • Lettre ouverte à Bernard-Henri Lévy

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    Par Badr’Eddine Mili (*)
    Comme le disait Jean-Luc Godard, je savais deux ou trois choses de vous et cela ne m’indisposait pas, outre mesure, car je préférais limiter ma science de vous à ce minima, par respect à ma profession de foi écologique. Je vous savais procureur haineux et propagandiste pro-sioniste, le propos excessif, volontairement provocateur, soigneux de votre image médiatique jusqu’aux extrêmes limites de la stagflation narcissique. Jusqu’ici, rien qui ne soit coutumier de vos coquetteries de star de l’idéologie à deux vitesses, vous faisiez du théâtre à qui voulait bien le suivre. Mais là, avec les déclarations insultantes dont vous avez accompagné vos prestations sur les plateaux des chaînes de télévision françaises en présentant, la semaine dernière, votre dernier ouvrage La guerre … sans l’aimer, vous avez franchi toutes les frontières et toutes les bornes de l’indécence et de la flagornerie.
    Excusez-moi, alors, de ne pouvoir demeurer impassible, en tant qu’intellectuel algérien porteur de valeurs nationales et universelles, profondément humaines, face à ce déluge de contrevérités, de contradictions et d’affirmations péremptoires et de m’indigner, avec force, contre le bellicisme arrogant dont vous vous faites le heraut, en troquant votre costume de philosophe de salon contre celui de philosophe guerrier, «embedded» volontaire. Dès le départ, vous prenez la précaution – en l’occurrence bien peu courageuse – d’invoquer l’aura morale de Malaparte qui fut d’abord fasciste, puis anti-allemand, enfin communiste et de Malraux, en rappelant que vous aviez quémandé la caution de l’auteur de La condition humaine, en lui écrivant, avant de partir, il y a quarante ans, au Bengladesh, votre première mission commandée en terre d’Islam. Toutefois, vous feignez d’ignorer qu’André Malraux a été rejoindre le combat d’autres clercs, comme lui, celui de Pablo Picasso et de Féderico Garcia Lorca contre le fascisme franquiste, non pas à bord de porte-avions d’armées régulières, mais dans des «Brigades internationales», sommairement équipées, seulement soucieux de ne pas trahir leur credo de liberté et de progrès, dans la même posture que celle qu’emprunteront plus tard «les justes», les anti-colonialistes, les philosophes engagés qui avaient pour nom Jean Paul Sartre, Jean-Pierre Vidal Naquet, Merleau Ponty, Curiel, Georges Montaron, Hubert Beuve Mery, André Mandouze, «les 121» et plus près de nous, Régis Debray, le compagnon de Ché Guevara, parti soutenir les «Focos» révolutionnaires de l’Amérique latine brimée. Il est, du reste, bizarre que les champs de vos batailles de prédilection soient, par un curieux hasard du destin et de la géographie, situés uniquement en terre d’Islam, Bengladesh, Bosnie-Herzégovine, Afghanistan, Irak, Libye, et Dieu sait quelle autre prochaine destination. En faisant mine d’emboîter le pas à ces grandes consciences vous peinez à chausser des pointures bien plus grandes que la vôtre. Eux n’avaient jamais mesuré leur engagement à deux aunes, ne s’étaient jamais réclamés de deux nationalités, n’avaient jamais téléphoné, au préalable, à Netanyahou, Lieberman et Barack pour obtenir leur verbatim, le feu vert qui vous permettait – à vous – d’embarquer, à l’aise, sur les bâtiments en partance pour «la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan» ; là où vous dites avoir été rattrapé par les fantômes de vos aïeuls «l’un, berger aux racines algériennes », mort quelque part dans le désert, dans des circonstances que vous vous gardez bien d’élucider, et l’autre – votre père – qui «s’était distingué à Monte Cassino» et qui se serait retrouvé à Tobrouk – dans quelle armée ? celle de l’Anglais Montgomery, la seule à avoir bouté hors de Libye la Wehrmacht de Rommel, «le renard du désert» ? et sur les traces desquels vous cherchez à jouer les «héros», dans une guerre que vous faites par procuration, avec – vantez-vous – pour seul uniforme votre complet noir et votre chemise blanche entouré, quelque part entre le Djebel Nafoussa et Misrata, sur les photos que vous exhibez comme butin, par des gens fâchés avec le rasoir. Dans le large éventail des sensibilités intellectuelles françaises qui va de Péguy à d’Ormesson et d’Aragon à Onfray auxquels la France de l’honneur, de la Résistance et des libertés doit beaucoup, vous occupez avec Finkelkrault, Gluksman, Houelbecq et Zemmour, la peu reluisante place des aigris qui défendent bec et ongles «la grandeur» de la France, non pas la vraie, celle conquise dans les batailles pour la science et le progrès, mais la fausse, celle arrachée, sans gloire, dans les guerres injustes imposées aux peuples colonisés et achevées dans la déconfiture et la débâcle de Diên Biên Phu et de l’Algérie. Des défaites historiques que vous entendez faire oublier en les dissolvant dans les aventures auxquelles vous vous associez, ici et là, dans le monde musulman, à la suite d’un Bernard Kouchner et d’un Wolfowitz, les égéries intégristes de George W. Bush et de Dick Cheney, responsables de la mort d’un million six cent mille Irakiens depuis dix ans. Des défaites sur lesquelles vous voulez prendre une revanche en applaudissant au transfert des cendres de Bigeard au Panthéon et à la commémoration de toutes les guerres, le 11 novembre, promise par les plus hautes autorités de l’Etat français. Que n’eussiez-vous pas montré autant d’entrain, comme Avraham «Abie» Nathan, naguère, en montant à bord des bateaux de la solidarité et de la paix partant au secours d’une Ghaza mortellement blessée, et de dire, en toute justice, que le peuple palestinien est un peuple en danger de perdition et de désagrégation à cause des voies de fait du blocus et de la famine décrétés par l’Etat israélien. Au lieu et place de ce que tout homme intègre eût pu espérer d’un philosophe qui se réclame de la sagesse des Anciens Grecs, vous vous employez à enrichir le droit international en parrainant deux notions hallucinantes :
    - Premièrement, les opprimés et les victimes, dites-vous, n’ont pas tous les droits, lisez : pas le droit de se défendre ou de résister, les armes à la main.
    - Deuxièmement «l’espace n’est plus le terme de l’espèce», autrement dit le droit n’est plus défini par les frontières puisque, selon votre logique, seul le sujet, l’individu et ses libertés comptent et l’espace et les frontières ne sont plus une fatalité, les classes de Marx, les races de Gobineau et les structures de Lévi-Strauss ont été condamnées par l’Histoire, et pourquoi pas prochainement les Nations aussi ; une nouvelle théorie qui ouvre les portes à toutes sortes de prédations. Nous, on veut bien, à la limite, pour «suivre le menteur jusqu’au pas de sa porte», comme dit l’adage algérien, à la condition que cette doctrine «mondialiste » soit valable aussi pour Israël.
    Pourquoi alors, toute honte bue, vous fabriquez, de toutes pièces, une exception à votre règle absurde : Israël doit être reconnu dans des frontières sûres et garanties en tant qu’Etat théocratique, avec pour capitale Jérusalem ? Vérité en deçà, mensonge au-delà ? Qui pourrait, après cela, porter un quelconque crédit à des élucubrations dont il ne faut, cependant, pas se gausser, naïvement, car elles vous sont soufflées par vos sponsors qui vous chargent de leur apprêter un habillage philosophique qui fasse moderne et de les couler dans une morale la vôtre – celle du plus fort – qui sauverait les apparences et servirait désormais de socle à un droit d’ingérence et d’intervention politiquement et doctrinalement consacré. En professant de telles outrances : fin sélective des frontières et de la souveraineté des Etats (comme ce fut le cas, en avril dernier, en Côte d’Ivoire), transformation du vieux «droit d’ingérence» de votre ami Bernard Kouchner (un autre pro sioniste) en «droit international non écrit», vous devenez un homme de confrontation, un homme dangereux, dangereux pour l’indépendance des peuples, dangereux pour la paix, dangereux pour le dialogue entre les cultures et les civilisations que vous conservez, malgré tout, par devers vous, comme le grain à moudre dont vous avez besoin pour nourrir la supercherie de la Méditerranée plurielle dont vous continuez à brandir l’étendard – pas de la même façon, malheureusement, qu’Edgar Morin – au nom de la suprématie des valeurs gréco-romaines et judéo-chrétiennes, une autre contradiction dont, vous seul, détenez le secret. Vous n’en êtes d’ailleurs pas à une seule près. Vous vous félicitez, ainsi, du mariage de la carpe et du lapin, cette curieuse alliance entre les islamistes et les partis du centre-gauche nouée ces dernières semaines dans certains pays arabes. De là à ce qu’on vous voie prochainement discourir autour d’une tasse de thé avec Tariq Ramadhan sur un de ces plateaux que vous fréquentez assidûment, il n’y a qu’un pas, déjà franchi par votre alter ego, Finkielkrault qui a montré, il y a un mois, comment lui et le petit-fils de Hassan El-Banna pouvaient, finalement, unir les extrêmes dans de joyeuses épousailles. Au grand dam des peuples qui voient, ahuris, les fruits de leur combat confisqué par une imposture et une conspiration dramatiques. Le plus désespérant est que vous promenez votre cynisme dans tous les médias contrôlés par vos amis sans que les journalistes très complaisants qui vous interrogent ne sursautent et ne vous contredisent. C’est à peine s’ils vous rappellent timidement que Roland Gori vient de faire paraître La dignité de penser et que les artistes américains opposés à la guerre d’Irak ont publié Art and War. Si quand même ! Il y en avait une qui vous avait rappelé que «le bien ne fait pas de bruit et que le bruit ne fait pas de bien» allusion faite à vos gesticulations, remarque que vous avez repoussée d’un revers de la main avec la suffisance du dédain, preuve de la gêne que vous ressentez, quant au bien-fondé des thèses que vous défendez. Allez, Bernard-Henri Lévy trêve de vaines cavalcades à la recherche de la gloriole. Laissez les peuples s’occuper librement de régler leurs comptes à leurs «nazillons» sans interférer dans leur choix ni fixer de calendrier à la chute de leurs potentats. Ils sont seuls maîtres de leur destin et de leur agenda. Et pour bien comprendre le sens du véritable engagement relisez Malraux, Hemingway, Chomsky et Sartre, visionnez Oliver Stone et Michaël Moore et allez prendre des leçons d’humilité chez Gabriel Garcia Marquez qui disait : «Un homme n’a le droit d’en regarder un autre en bas que quand il faut l’aider à se relever.» Allez, Bernard-Henri Lévy, après avoir «triomphé» sans péril, allez regagner, pour votre repos de guerrier de poche, la superbe villa que vous partagez avec Arielle Dombasle sur les côtes de Tanger, encore une terre d’Islam, sur laquelle l’architecte japonais des milliardaires a dessiné pour satisfaire votre gros ego, en mêlant l’eau de sa piscine aux vagues de l’Océan et méditez sur le cuisant échec de votre engagement travesti que vous avez bâti sur la misère des gens et du monde. Si toutefois vous avez encore une conscience, ce dont je doute fort. Quant à moi, je reste bien éveillé, vigilant et plein d’espérance, comme le personnage de mon dernier roman : «incurable parce qu’il n’avait pas l’habitude de tenir quoi que ce soit pour définitif, il se rappelle qu’il ne faut jamais insulter l’avenir quand on veut le construire, rêve après rêve, avec les morceaux de peau arrachés à la chair du temps». Au Café du Bosphore, Faïrouz chantait : «Sa narjioû yawmen ila hayina ; Nous reviendrons, un jour, dans notre rue.»
    B. M.
    (*) Ecrivain Auteur de La Brèche et le Rempart et Les Miroirs aux Alouettes
    Le 7 décembre 2011

  • les ambassades étrangeres qui auditionnent nos..... que voulez -vous de plus

     

    Une conférence-débat de la Laddh interdite à Alger



     

     

    La wilaya d’Alger refuse d’autoriser la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh) à organiser une conférence‑débat à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’homme. L’événement devait avoir lieu samedi 10 décembre à l’hôtel El‑Biar (Alger). Cette interdiction pure et simple émanant de la Direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) de la wilaya inspire ce commentaire au président de la Laddh : « L’arbitraire ne réforme pas et ne se réforme pas », intitule‑t‑il un communiqué publié ce jeudi. Dans ce document, Me Mostefa Bouchachi signale également le refus essuyé par son bureau de Boumerdès à une demande d’autorisation pour la location d’une salle de conférence. Il voulait y organiser une conférence‑débat lundi autour de la citoyenneté et des droits de l’homme.

     

     

     

    Rappelant qu’un wali ne peut interdire de telles manifestations qu’en cas de risque réel de trouble à l’ordre public, la Ligue s’interroge : « Les activités de promotion des droits de l’homme constituent‑elles une telle menace ? » Selon elle, la volonté des autorités d’interdire toutes les actions à destination de la société prouve une chose : « Malgré l’abrogation formelle de l’état d’urgence, celui‑ci reste en vigueur ». « Le pouvoir algérien prouve, à travers ces pratiques arbitraires, qu’il est incapable de se réformer ni de réformer », ajoute la LADDH qui considère que le pouvoir actuellement en place constitue le principal obstacle « à toute évolution démocratique ».
  • nouba des auditions mensogeres

     

    Discrets devant leur peuple, ils expliquent leur politique aux étrangers

    Ouyahia, Belkhadem et Soltani "auditionnés" par les ambassadeurs européens à Alger



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    Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem et Bouguera Soltani, les patrons des trois plus puissants partis politiques algériens, ceux de l’Alliance présidentielle, se font, c’est le moins qu’on puisse dire, particulièrement discrets quand il s’agit d’expliquer à leur peuple le train des "réformes politiques" en cours. En revanche, ils viennent de le faire devant les ambassadeurs de pays européens, en réunion à Alger. Chacun son tour, le Premier ministre, le chef du FLN et celui du MSP sont passés devant un parterre de représentants de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne…

     

     
    Le dernier à avoir été entendu est Ahmed Ouyahia. Il a été "auditionné" par les ambassadeurs européens le 15 novembre dernier dans la discrétion la plus totale. Il a détaillé les réformes politiques en cours dans le pays et tenté de convaincre les ambassadeurs. Un comble pour un premier ministre habituellement peu enclin à s’exprimer et à accorder des interviews. Officiellement, Ahmed Ouyahia s’est exprimé devant les ambassadeurs européens en tant que patron du RND. Mais il est difficile de dissocier cette fonction de celle de Premier ministre qu’il occupe et surtout d’homme puissant du système. Le RND, qui communique en général sur les activités de son chef, est resté discret sur cette rencontre. « Les sorties et les rencontres avec les militants sont quotidiennes », se défend Miloud Chorfi, chargé de communication du RND. « Chaque week‑end, le secrétaire général organise des sorties avec eux [les militants, NDLR] et avec les cadres du partis dans toutes les wilayas du pays ».

     

     
    Que ces trois importants personnages du pouvoir algérien préfèrent s’exprimer devant les responsables européens plutôt que devant la population, ne serait‑ce que via l’Assemblée populaire nationale, est un comble. « Il arrive très souvent qu’on réponde aux invitations des ambassades en tant que parti politique. Celle dont vous parlez remonte à deux mois, voire plus. Les explications à l’opinion, nous les rendons publiques à travers les entretiens, les débats au sein du Parlement et au cours des journées thématiques qu’on organise pour les militants », justifie pour sa part Aïssi Kassa, responsable de la communication du FLN.

     

     
    Reste malgré tout cette impression qu’en Algérie, contrairement à n’importe quel pays démocratique, ceux qui tiennent le pouvoir préfèrent visiblement s’exprimer en priorité devant les représentants d’autres peuples que le leur. Déjà, l’audition hier de Mourad Medelci, – qui certes avait pris soin mais de façon précipitée et comme pour "rattraper le coup" de prendre la parole dimanche devant le Conseil de la nation – par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française est ressentie comme une forme de mépris de la part des dirigeants, voire d’ingérence de la France. Mais ce n’est pas fini : Medelci va s’expliquer de nouveau devant les ambassadeurs européens.
  • no moment

    20111208.jpgarabie