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De la résistance à la rente
Par : Mustapha Hammouche
Les “gardes communaux” mènent un difficile combat pour la promotion de leur situation sociale. Le décret qui, en août 1996, crée ce corps et organise sa mission, lui confie des tâches d’ordre public et de sécurité. La naissance des unités de garde communale et l’avènement des “patriotes” et autres “groupes de légitime défense” qui les ont précédés furent l’expression de l’impuissance d’un État à se défendre, à défendre la population et le patrimoine national contre la déferlante islamo-terroriste des années 1990.
En ce temps-là, la question des salaires et indemnités n’était pas à l’ordre du jour dans un pays écrasé par la crise… du marché pétrolier, et contraint à la fermeture des entreprises publiques et au rééchelonnement de sa dette extérieure. Sur le plan socioéconomique, deux défis occupaient la nation : éviter la banqueroute de l’État et limiter les effets sociaux et définir une attitude ; sur le plan politique, un double défi s’imposait au pouvoir et à la société : se définir par rapport à l’enjeu démocratique et prendre position face à l’offensive politique et militaire de l’islamisme.
En ce temps-là, l’engagement contre le terrorisme ne pouvait, en aucun cas, relever d’une considération salariale ou économique. Même si, par la suite, de petits “chefs de guerre” locaux ont exploité leurs positions dans des entreprises affairistes, voire mafieuses. La couverture politique que leur accordait un parti qui avait, alors, le vent en poupe fit de ces “chefs” des barons jouissant du pouvoir, comme représentants de l’autorité et de la mission de défense de l’État. Les détenteurs de cette prérogative de violence “légitime”, qui avaient aussi accès aux facilités administratives, ont parfois été tentés de s’enrichir dans la confusion d’un État et d’une société terrifiés et désorganisés.
Il fut même question d’une “économie de la nuit” où n’accédait alors que celui qui était armé, d’un côté ou de l’autre. Cette “marchandisation” progressive d’une situation sécuritaire qui engageait pourtant l’avenir politique, sinon le destin historique, constituait le prélude à la doctrine de “la réconciliation”. La revalorisation boursière des hydrocarbures, à partir de l’année 2000, allait faciliter l’évolution des “termes de l’échange”. Ce qui, à l’origine, n’était que rapport de forces physique et politique finit par se transformer en strict rapport à la rente.
La Charte pour la paix et la réconciliation nationale, votée en 2005, a commencé par se passer de la paix : aujourd’hui, que “la paix est revenue”, le terrorisme s’attaque aux casernes et commissariats… et au moment où les “gardes communaux” marchaient sur Alger pour des raisons salariales, un des leurs était enlevé à Khenchela. Elle a ensuite institué l’impunité des crimes terroristes, mais plus encore, elle a dispensé les terroristes de rendre des comptes sur l’argent du racket et du rançonnage. Outre cela, sa mise en œuvre se résume à une campagne de prise en charge sociale des terroristes. L’argent n’influe plus sur la politique ; il l’a remplacée.
Signe des temps : des citoyens dont l’engagement fut motivé par la défense des institutions, ou par leur autodéfense contre le terrorisme, en sont réduits à affronter les services d’ordre pour revendiquer une mise à niveau salariale ! -
50 ans moins un jour
Dans feux d’artifice, comme ceux qui ont démarré pour fêter le cinquantenaire, il y a feu, qui renvoie certainement à cette passion dévorante qui a fait lever comme des épis cassés, femmes et hommes pour combattre la suprême injustice du vent violent. Mais il y a aussi artifice, du nom cousin de l’illusion, voisin du leurre et enfant de la façade. Qu’y a-t-il derrière ces faux feux ? Peut-être de la fumée ou du gaz de ville, mais ce n’est pas si important car Koléa ne tombera pas. Car à 24 heures du jour J, le débat n’est plus sur le bilan, artificiellement gonflé par le Président dans son interview à un journal français, puisqu’on aurait voulu qu’il se livre à un journal algérien pour ce 50e anniversaire.
Le débat n’est pas non plus dans l’action et cette historique nécessité d’une courageuse avancée du gouvernement et du Président pour cette occasion particulière. Où est-il, alors ? Peut-être dans le détail, celui qui préoccupe beaucoup d’enfants, adolescents et adultes. Où trouver un drapeau algérien pour fêter l’indépendance ? Ceux qui ont l’autorisation d’en fabriquer ne sont qu’une poignée et ils doivent être dûment agréés par le DRS, ce qui explique qu’en général, ce sont des officiers à la retraite qui peuvent accéder à ce commerce. L’Etat ayant oublié d’ouvrir, pour l’occasion, des boutiques dans les villes et les campagnes afin que les Algériens puissent en acheter, il faut le faire soi-même, voire le voler à de hauts poteaux ou à des institutions surveillées.
Ce qui est d’ailleurs tout un symbole : d’une propriété collective, le drapeau a été nationalisé pour être privatisé et devenir introuvable, d’où cette nécessité de recourir à la clandestinité. L’informel est roi, le compter-sur-soi une valeur de juillet et le délit encouragé. Et alors ? Alors, rien non plus, Koléa jamais ne tombera et on règlera ces comptes plus tard. Maintenant, place à la fête.
Chawki Amari
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Périscoop
La Cnec «tire» sur Mohamed Cherif Abbas
La Coordination nationale des enfants de chouhada (Cnec) a adressé une vigoureuse protestation au ministère des Moudjahidine au lendemain de la cérémonie officielle du lancement des festivités du Cinquantenaire.
«Sommes-nous des Libanais ? N’avons-nous pas des artistes en Algérie ?» y lit-on, entre autres. -
ALGERIE:La négligence obsède le juge
LE PROCÈS DE L’AFFAIRE DU VOL D’ARMES AU COMMISSARIAT CENTRAL D’ALGER ROUVERT HIER
Le climatiseur de la salle d’audience est tombé en panne et on aurait suffoqué, hier, à la cour d’Alger, n’étaient-ce l’humour et la répartie du président de l’audience, le juge Brahim Kharrabi, qui menait le procès de l’une des plus gravissimes affaires ayant éclaboussé la Sûreté nationale.
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Quatorze accusés ont été auditionnés par le juge et ses deux assesseurs. Une question l’obsédait : «Qu’est-ce qui vous empêche d’inventorier les armes individuelles qui transitaient par l’armurerie ?» 200 armes par jour, en moyenne, à en croire l’un des accusés. Aucune réponse ne l’a convaincu. Y compris celles des policiers gradés cités dans cette affaire : deux commissaires principaux ayant occupé la fonction d’adjoint du chef de Sûreté d’Alger et chef de service de l’administration générale. «Le recueil des dispositions réglementaires ne le prévoit pas», s’accordaient- ils à dire. «Mais ce ne sont pas des œufs, ce sont des armes ! Comment se fait-il que vous avez des armes dans le dépôt et vous vous permettez de ne les enregistrez sur aucun document ?», s’offusquait le juge. L’affaire a éclaté fin octobre 2007 lorsqu’un policier qui était en congé de maladie est venu récupérer son arme déposée en août de la même année. L’arme avait disparu. L’enquête diligentée pour «traquer» ce «PA» a révélé un réseau de policiers qui puisaient des armes dans l’armurerie du commissariat et les revendaient à des «commerçants ». 31 armes en tout, tous calibres confondus, ont disparu du dépôt. Des armes qui ont été ou récupérées dans le cadre de la lutte antiterroriste durant les années 1990 ou enregistrées aux noms de policiers ayant quitté la police ou sont partis à la retraite. Des armes qui n’étaient pas inventoriées. Et que personne, à la passation des consignes, ne se posait la question d’où venaient-elles. L’affaire a été jugée une première fois par la même juridiction avant que le parquet et les avocats des mis en cause ne fassent cassation. La Cour suprême l’a renvoyée devant le tribunal criminel. Le procès a été ouvert hier. Cinq accusés, qui ont été condamnés déjà à des peines allant de 4 à 7 ans de réclusion criminelle et séjournaient en prison, avaient reconnu les faits pendant les différentes étapes de la procédure pénale. Ils les ont reconnus encore une fois hier à l’ouverture du procès. A l’exception de Nacer Younsi qui a tout nié en bloc et a cité un parent à lui, transporteur de son état, dont «un litige sur un lot de terrain les opposait et qui aurait soudoyé les policiers pour l’inculper ». Une assertion qui n’a pas convaincu le juge outre mesure. Les policiers avaient saisi l’aune des armes disparues de l’armurerie du commissariat central et qui était en sa possession. L’accusé principal, par ailleurs, est Maâmar Felti (43 ans), magasinier dans l’armurerie. Il a eu à subtiliser à lui seul 25 armes, selon l’arrêt de renvoi. Il a reconnu sa culpabilité dans le vol de quatre armes : un fusil de chasse, un fusil à pompe et deux PA. Son intermédiaire est Toufik Yahi, 33 ans, un fonctionnaire n’ayant exercé que durant trois mois dans l’institution. Néanmoins, il habite le boulevard Amirouche, en face du commissariat central, et Maâmar Felti le connaissait depuis sa tendre enfance. «Il me faisait traverser la route quand j’étais petit», dira-t-il au juge. Ses clients : un importateur de produits alimentaires de Tizi-Ouzou, Idir Larbas, décédé avant la réouverture du procès. Ce monsieur lui avait acheté le fusil à pompe. L’autre client, un entrepreneur, de la même ville, ayant fait la connaissance de Yahi chez Larbas. Il a acheté trois PA. «Mes chantiers se trouvent dans des contrées isolées et j’ai acheté ces armes pour me défendre. Une pour moi et les deux autres pour des employés de mon entreprise. Mais je ne savais pas qu’elles étaient volées. On m’a dit que ces armes ont été saisies au port d’Alger et la police les vendait à des particuliers. On m’a même promis de me délivrer des papiers pour ces armes.» A l’heure où nous mettons sous presse, le réquisitoire du représentant du ministère public et les plaidoiries des avocats n’ont pas encore commencé.
L. H. -
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2 milliards de dollars pour les festivités
gaspillage pour seulement 1 millions, 35 millions pauvres,misèreux, crise économique pour le peuple
Le chiffre est astronomique en cette période de crise. L’Algérie dépensera quelque 2 milliards de dollars, pendant une année, pour la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, selon de nombreuses sources des services du Premier ministre, de la présidence de la République et du ministère des Moudjahidine.
«En juillet 2013, l’Algérie aura dépensé quelque 2 milliards de dollars pour marquer le cinquantenaire de l’indépendance. C’est un budget important pour inculquer aux nouvelles générations l’esprit de la guerre de Libération nationale, c’est aussi la fête du peuple algérien», justifie une source des services du Premier ministre. Ce budget alloué pour la célébration du cinquantenaire a été décidé lors d’un Conseil des ministres en 2011. Il est inscrit dans la loi de finances 2012 et celle complémentaire. «Chaque département a bénéficié d’un budget spécial pour le cinquantenaire qui s’ajoute aux fonds de fonctionnement ordinaires. Il n’y a pas de caisse spécifique», nous explique un haut responsable du ministère des Finances.
Le budget sera réparti entre de nombreux départements ministériels et autres institutions, à commencer par la présidence de la République. Sont concernés par cette enveloppe financière faramineuse les ministères des Moudjahidine, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, de la Communication, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et celui des Affaires étrangères. La Fédération algérienne de football (FAF) a, elle aussi, bénéficié d’un budget à l’occasion. Si les autorités observent un black-out total pour le moment sur ces dépenses, l’on sait d’ores et déjà que 9 millions de dollars sont dès maintenant dépensés en feux d’artifice. Empochés par la boîte appartenant au célèbre artiste chinois Cai Guo-Qiang, qui est appelé à organiser le feu d’artifice de l’ouverture des JO de Londres cet été.
Le coût minimum des jeux pyrotechniques organisés dans chaque wilaya avoisine les 40 000 dollars. Rien que celui de Sidi Fredj a coûté 500 000 dollars. Le spectacle d’ouverture aurait coûté, selon nos sources, quelque 20 millions de dollars, cachet de l’artiste Caracalla compris. Le reste du budget alloué irait à l’édition de 1000 livres, l’organisation de 400 séminaires et 600 conférences historiques. Et près de 700 activités artistiques et musicales. 200 œuvres, entre films, documentaires et autres produits, seront dédiées aux figures historiques et à la Révolution. L’ANP, quant à elle, produira plus de 20 œuvres artistiques sur divers événements militaires ayant marqué son ancêtre l’ALN. Le programme ne s’arrête pas là, puisque d’autres événements seront organisés à l’étranger.
Zouheir Aït Mouhoub
reaction
pons le 06.07.12 | 10h44
Folie des grandeurs.
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Bouteflika nomme 10 nouveaux généraux-majors,encore!!!!
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, a présidé hier à Alger une cérémonie de remise de grades à des officiers supérieurs de l’Armée nationale populaire (ANP), à l’occasion du 50e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale.
Au cours de cette cérémonie, trente et un colonels ont été promus au grade de général et dix généraux au grade de général-major. Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, et le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’ANP, ainsi que des officiers supérieurs de l’ANP ont assisté à la cérémonie. Le président de la République avait auparavant passé en revue un détachement de la Garde républicaine et des forces de l’ANP qui lui ont rendu les honneurs avant d’écouter l’hymne national.
APS
reaction:
frik le 06.07.12 | 11h58
watani
s'il s'agit de jeunes officiers promus au grade de généraux, nous applaudissons. mais s'il s'agit encore de ces vielles marmites, avec un gros ventre ce ne serait alors que de la désolation.
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La seconde mort des heros de La Casbah
zoom | © El Watan WeekendEntre ces murs sont morts Ali Lapointe, Hassiba Ben Bouali, Mohamed Bouhamidi et Petit Omar. Leur maison de La Casbah, dynamitée par l’armée française, est devenue un «musée» qui se meurt d’ennui.
La scène est immortalisée dans La Bataille d’Alger, de Gillo Pontecorvo. Des officiers parachutistes investissent une maison. Un homme s’approche et désigne d’un hochement de tête un rectangle en faïence murale qui occupe une partie du mur. Contrechamp sur les visages de quatre personnes qui interprètent les rôles de Hassiba Ben Bouali, Petit Omar, Mohamed Bouhamidi et Ali Ammar dit Ali Lapointe, terrés dans la pénombre de leur cachette. La caméra du réalisateur s’attarde sur chacun des visages pour mieux capter les émotions qui s’y dégagent. «Rends-toi, Ali, c’est fini !», hurle un des parachutistes.
Silence de l’autre côté du mur. En ce 8 octobre 1954, la maison du 5, rue des Abdérames à La Casbah sera dynamitée au petit matin. Les corps des quatre moudjahidine ne seront jamais retrouvés. Inaugurée en 1986, sur le lieu même où s’est fait le dynamitage de la bâtisse par l’armée française, la maison reconstruite à l’identique, selon l’architecture initiale, est boudée par la grande majorité des habitants du quartier et par les Algériens. Seuls quelques irréductibles, faisant partie de la «famille révolutionnaire», continuent de venir visiter le lieu vide de toute mémoire. Juillet 2012.
Quatre drapeaux. Cinq pots de fleurs disposés dans le patio, quelques photos accrochées au mur (sans aucune indication sur les personnes y figurant) et une plaque commémorative à l’entrée de la bâtisse : c’est à cela que se résume l’hommage de l’Algérie aux quatre héros de La Casbah. Mohamed, la quarantaine, en est depuis une dizaine d’années le gardien du lieu. Il en est aussi le guide, par la force des choses. Assis sur une chaise, il avoue que bien souvent les journées lui paraissent longues et ennuyeuses. Pourtant, ce matin, Réda, un jeune immigré de Toulouse, tient à visiter le lieu et à faire quelques photos. Il aimerait en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés sur place et voudrait connaître la nature des explosifs et la charge utilisée par l’armée française pour dynamiter le lieu. Mohamed ne sait pas quoi lui répondre.
«Je suis qu’un simple gardien, se lamente Mohamed. J’ai à plusieurs reprises demandé à l’APC de nommer un guide qui puisse donner les explications et les informations précises que les visiteurs réclament. Mais rien n’est fait.» Alors, Mohamed se débrouille comme il le peut, avec le peu d’informations glanées en écoutant les quelques moudjahidine qui viennent encore visiter les lieux et raconter leurs souvenirs de guerre.
Un drapeau et une fleur
Il a appris par cœur les noms des héros qui figurent sur les photos et mémorisé quelques dates importantes de la Bataille d’Alger qu’il débite à chaque visiteur. Quant aux habitants de La Casbah, il reconnaît à demi-mot que l’endroit est «très peu visité». «C’est normal, car il n’y a rien ici qui puisse les intéresser !, s’exclame-t-il. Il faudrait que l’endroit soit géré par le ministère de la Culture pour qu’il devienne un véritable lieu d’histoire. Actuellement, c’est l’APC de Bab El Oued qui s’en occupe, sans lui accorder un grand intérêt. La maison fait office de point de visite pour les délégations étrangères.» Assis sur le perron, Azziz habite juste en face de la bâtisse. Il est en compagnie de sa petite fille et sirote son café. Il reconnaît que depuis vingt ans qu’il vit à La Casbah, il n’a jamais franchi le seuil de la porte de cette maison habitée par la Révolution.
«Ce pays ne respecte pas les héros, affirme-t-il. Il préfère fêter les vendus et les harkis qui se sont appropriés la Révolution. Comment se fait-il que dans cette maison, qui symbolise la bataille d’Alger, il n’y a rien du tout à part quelques photos ? Peut-être que parce que les conditions qui ont amené les quatre révolutionnaires à se faire encercler et pulvériser par les paras français ont eu lieu suite à la trahison. C’est pour cela qu’on ne veut pas en faire un véritable endroit d’histoire. El houkouma ne veut pas faire la lumière sur les zones sombres de la Révolution. Après, on nous dit que les Algériens ne s’intéressent pas à leur l’histoire, c’est faux ! On veut la connaître, insiste-t-il. Mais on veut connaître la vraie.»
Salim Mesbah
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ALGERIE:Indépendance confiquée par le pouvoir
Arrestation hier à Alger de militants et interdiction de manifestations : le 5 juillet gâché
zoom | © El Watan WeekendChômeurs, familles de disparus, militants des droits de...Une quarantaine de militants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) ont été arrêtés par la police à la fin du rassemblement qu’ils ont tenu hier à la place du 1er Mai à Alger.
Une quarantaine de chômeurs arrêtés
Une quarantaine de militants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) ont été arrêtés par la police à la fin du rassemblement qu’ils ont tenu hier à la place du 1er Mai à Alger. Les forces de police ont attendu la fin de la manifestation et le retour des militants au siège du MDS (Mouvement démocratique et social) où ils s’étaient installés à leur arrivée dans la capitale pour les interpeller. «Quand nous sommes arrivés au Télemly (siège du MDS), raconte Tahar Belabès, porte-parole du CNDDC, deux cars de police nous attendaient. On a été embarqués sans ménagement et dispatchés dans deux commissariats.» C’est au cri de «Le peuple veut la fin du gaspillage» que les militants du CNDDC venus de onze wilayas ont investi pendant une vingtaine de minutes la place du 1er Mai.
Cette action a été décidée pour rappeler au pouvoir les difficultés auxquelles ils sont confrontés et dénoncer l’indécence des sommes dépensées à l’occasion des festivités marquant le cinquantenaire de la révolution, alors que «la situation sociale des Algériens reste préoccupante», comme le soulignait Karim, un des manifestants rencontré hier. «C’est une honte, clame Mabrouk, marié et père de 3 enfants. Je suis sans ressource depuis une dizaine d’années, alors que je suis titulaire d’un diplôme d’ingénieur en génie mécanique. Pendant ce temps, le pouvoir dépense des milliards pour faire chanter des stars, alors que cet argent aurait pu être utilisé pour créer des emplois. Nous voulons dénoncer ce saupoudrage de la réalité par le pouvoir à l’intention des capitales occidentales.»
Pas d’hommage pour le MJIC
Les membres du Mouvement de la jeunesse indépendante pour le changement (MJIC) ont été empêchés de déposer, hier, une gerbe de fleurs au monument des Martyrs d’Alger par les forces de l’ordre. La dizaine de militants accompagnés d’une trentaine de personnes qui répondaient à l’appel lancé sur les réseaux sociaux avait prévu de déposer un bouquet de roses rouges et blanches au pied du monument et d’y lire un discours rendant hommage aux combattants. Mais les policiers ont installé des barrières juste après le passage du président Abdelaziz Bouteflika. La raison avancée : les feux d’artifice prévus le soir même. La solution proposée : «Revenez demain !» «Ils nous ont dit qu’il s’agissait d’un jour réservé aux officiels», s’indigne Yasmine Laggoune, une militante. Les jeunes ont protesté auprès du gardien des lieux. Après une courte altercation, les forces de l’ordre ont laissé deux moudjahidine monter les marches et déposer la gerbe de fleurs.
La manifestation de SOS Disparus perturbée
Une quarantaine de membres des familles de disparus, des femmes pour la plupart, étaient rassemblées, hier, sur la place du 1er Mai d’Alger, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance. Dans la matinée, cinq personnes qui tentaient de se rendre à cette manifestation avaient été arrêtées. Elles ont été relâchées quelques heures plus tard, grâce au soutien des familles et de quelques députés du FFS, selon Hacène Ferhati, membre du collectif SOS Disparus, lui-même interpellé. Assises le long du trottoir de la place du 1er Mai, des mères de disparus ont crié leur ras-le-bol et ont scandé : «Rendez-nous nos enfants !» Lila Ighil, soeur d’un disparu et présidente de l’Association nationale des familles des disparus (ANFD) a considéré que le pouvoir avait «peur de la vérité sur une question des plus sensibles de la crise algérienne» et qu’il «occultait sa totale responsabilité au sujet des milliers de disparus». Les manifestants ont dénoncé la position de la justice algérienne : «Cette justice a opposé un non-lieu à toutes les requêtes», explique Lila Ighil.
Les radiés de l’armée interpellés avant leur rassemblement
Une vingtaine d’hommes, radiés de l’armée, ont été arrêtés mercredi soir avant leur rassemblement prévu hier devant le ministère de la Défense. Venus de l’intérieur du pays, ils ont été interpellés par la police dans la capitale. Certains ont passé la nuit au commissariat. D’autres ont été emmenés au poste à 6h ce matin, alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre la manifestation des chômeurs. Si certains de ces radiés, qui revendiquent entre autres leur droit à la retraite, ont réussi à rejoindre le rassemblement, place du 1er Mai, ils ont été arrêtés à leur tour, alors qu’ils se dispersaient et que les journalistes avaient quitté les lieux. Manifestement, les forces de l’ordre voulaient uniquement empêcher le rassemblement puisque tous ont été relâchés et ramenés de force à la gare routière pour qu’ils quittent la capitale.
Le CLACC dans les rues
Une vingtaine de musiciens du Collectif pour la liberté de l’action culturelle et citoyenne (CLACC) se sont regroupés au parc de Galland à Alger. Avec leurs djembés, guitares et gumbri , ils ont repris ensemble des morceaux de l’ONB, Ifrikya Spirit ou encore Bob Marley. «Le but de cette initiative est de nous réapproprier l’espace public, explique Mehdi Sekkal, l’un des participants. Nous les jeunes, nous voulons aussi fêter l’indépendance, mais à notre manière. Pas de la façon dont les ministres l’ont décidé pour nous.»
Trois membres du RDLD interpellésKader Afak, Yassine Tuguia et Méziane Abane ont été interpellés hier en fin d’après-midi à Alger. Membres du Réseau de défense des libertés et de la dignité, ils revendiquaient la liberté de faire la fête. La police les a arrêtés au niveau de la rue Hassiba Ben Bouali avant de les relâcher vers 20h. Les trois hommes avaient installé une banderole par laquelle ils incitaient les passants à écrire sur l’indépendance.
Des familles de disparus interpellent Bouteflika
L’Association nationale des familles des disparus (ANFD) a interpellé hier le président de la République sur la question des disparus. Dans une lettre ouverte, adressée à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, l’association propose que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale soit revue. Consciente que les personnes disparues ne peuvent être aujourd’hui en vie, Mme Dalila Kouidri, secrétaire générale de l’association, veut que «la vérité soit entièrement connue». «Nous voulons que les institutions de l’Etat reconnaissent leurs actes et demandent pardon», affirme-t-elle. Il faut également, selon elle, revoir le système d’indemnisation. «Telle qu’elle a été décidée, elle est considérée comme une gifle aux familles. Dans la mesure où l’Etat a versé des indemnisations, il a réellement reconnu l’existence de ces disparus. Autant le faire convenablement», explique Mme Kouidri. L’association veut que la Charte prévoie de créer des pensions de retraite pour les familles des disparus salariés. «Il faudrait alors penser à des allocations familiales et à des rappels», propose-t-elle tout en refusant de rentrer dans la guerre des chiffres. Sur son bureau, elle dispose de 7400 dossiers de disparus.
Nassima Oulebsir
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La trahison de l’Algérie : un congrès de trop
Par Le Matin DZ |"Il serait possible de vivre presque sans se souvenir, il est impossible de vivre sans oublier." Nietzsche
Un individu qui mène une vie aléatoire et scabreuse pendant un demi-siècle, s’il veut reprendre le dessus et changer en vue d’une existence plus sérieuse, il lui faut, quand il atteint le stade où il reconnaît que sa vie est un désastre, le bilan est nécessaire pour sérier l’origine de ses malheurs. Il en va de même pour une famille ou une tribu qui n’aurait pas su respecter les critères rationnels propres à la définition saine de tout groupe aspirant à la prospérité dans laquelle chacun des membres accomplit avec entrain et dignité son rôle, avant de décider de changer sa façon de réfléchir et de se de comporter, eh bien, un entendement parmi les moins sophistiqués lui indique qu’elle doit commencer par faire nécessairement le bilan de ses malheurs. De voir quelles sont les premières urgences à prendre en charge pour espérer pouvoir s’inscrire dans le sillage des groupes humains respectant les charges respectives, au premier lieu les chefs, ceux qui décident pour l’ensemble.
Pour la gloire de l’Etat-rente
Mais que peut-il en être de tout un pays, de tout un Etat ? Lorsque les chefs justement – arrivés au pouvoir par l’héritage de la force - reconnaissant, au bout du compte, que la gestion des affaires depuis 1962 a abouti au fiasco national, inauguré par leurs prédécesseurs et clôturé par leur soin, ils tiennent quand même ferme le souci de commémorer un cinquantenaire d’indépendance au mépris des citoyens et des citoyennes qui ont survécu à tous les malheurs, sinon les pires, des bricolages politiques, économiques et socioculturels depuis très longtemps restés impunis, mais qui ne perdent jamais l’espoir d’un bilan national, cette fois qui ferait la synthèse de tout ce qui a permis au régime, en permanence décrié par les populations, d’imposer son diktat sur des bases exclusives, d’abord par le contrôle oligarchique de la puissance militaire, ensuite par la main basse sur les richesses énergétiques pour conforter la première et asseoir une administration puisée dans de fausses valeurs idéologiques chargées du circuit de la rente.
Beaucoup de futurs économistes en herbe se sont amusés à calculer les déperditions en richesses monétaires depuis la nationalisation des hydrocarbures et les plus sévères parmi eux n’hésitent pas à avancer le chiffre de dizaines de milliards de dollars. Possible, pourraient acquiescer des esprits à l’écoute du flou dans les comptabilités des recettes en hydrocarbures, surtout en gaz, dont, entre parenthèse, la gestion est la plus sombre nébuleuse qui soit dans les écritures nationales.
La pensée nationale dans la traîtrise
De jeunes penseurs aussi, qui se sont laissé avoir par l’Université algérienne mais qui se rabattent sur celles du monde des idées cohérentes grâce au prodige des nouvelles techniques de la communication, dont particulièrement la Toile, lisent-ils aujourd’hui comme sur le visage d’un bébé la grimace de la risette due à l’inévitable urination dans les couches, toutes les incompétences alignées, superposées, cumulées, brassées, entremêlées, décomposées, recomposées, dénommées, reformulées, et cetera, que le système a épuisé depuis l’attaque à main armée sur la dignité nationale à la veille du sinistre congrès de Tripoli, dont, s’il faut faire confiance au vieux proverbe qui dit «n’écoute pas celui qui te fait rire mais l’autre qui te fait pleurer», les Algériens et les Algériennes qui aiment comprendre leur pays doivent en faire la principale salvatrice commémoration.
Car c’est l’évènement qui aura prouvé à la nation meurtrie qu’elle peut aussi se faire trahir gravement par les siens. Les siens dans les mains desquels elle a cru les clés de l’honneur de l’Algérie en endroit sûr. C’est pourquoi il serait légitime de considérer le la réunion de Tripoli, loin de la capitale, le lieu et l’enjeu de toutes les véritables préoccupations patriotiques, comme le plus grand évènement-leçon à graver dans une table d’airain pour les générations à venir. Qu’on est tenté de comparer avec le Haut Comité d’Etat qui a confisqué le pouvoir au «démissionnement» de Chadli Bendjedid à la suite de l’interruption du premier processus électoral important libre organisé en Algérie, et ramené de son exil l’un des pères fondateurs de la lutte pour l’indépendance nationale pour sauver la nation quelques mois avant de l’assassiner de la manière la plus abjecte et spectaculaire. Une scène dans le paroxysme de l’horreur où le monde entier regarde en direct à la télévision un chef d’Etat héros national exécuté en train de dire des promesses à sa nation.
De la dignité
Les Algériens et les Algériennes, dans leur écrasante majorité, dès la clôture du Congrès de la Soummam, cette quasi-mythique rencontre fondatrice, parce qu’il a su donner une définition honorable à l’Algérie, tellement grandiose, fort de sa puissance libératrice rétablissant les dignités, invitant au rassemblement, à la fraternité, aux meilleures chances pour la réappropriation de la justice dans le combat pour l’identité et l’édification de l’individu et de la communauté, se sont vite nourris de son message clair et ferme comme la roche du Djurdjura, des Aurès, du Ouarsenis ou de l’Atlas blidéen.
Grâce à lui, maints citoyens, pour leur bonheur propre, bien intégrés dans le schéma colonial, n’ont pas hésité à rejoindre les camps patriotiques de la revendication indépendantiste telle que prônée par les textes de la Soummam. Mais beaucoup parmi eux, informés des scélérates manigances ayant eu lieu aux assises de Tripoli en juin 62, n’ont pas attendu le 5 juillet pour prendre leur distance vis-à-vis du sabordage de la Révolution, par le double biais des armées des frontières et des aventuriers civiles qui se liguent avec elles dans la recolonisation de la capitale. D’aucuns se furent même improvisés harkis une fois débarqués dans les ports français afin de bénéficier de quelque traitement de faveur de la part de l’ancien colonisateur.
L’Algérie du butin
A cette époque, l’Algérie était analphabète et les flibustiers qui ont pris les rênes de son devenir n’étaient pas vraiment le contraire. Ils se sont mis, de but en blanc, dans la tête de considérer leur pays – le même que celui de leurs concitoyens - comme un butin et leur programme politique était, et le sera toujours, ni plus ni moins la gestion de l’Algérie comme tel. Dès lors les ordres de mérite ne sont pas l’accaparation des patrimoines de savoir et de connaissance abandonnés sur place par l’occupant et ses condescendances, pour l’exemple ordinaire, dans le domaine de l’agriculture, de la manufacture ou des services domestiques mais la rafle tous azimuts sur les biens matériels.
Le bilan ? Il ne lui faut pas toute une bibliothèque d’analyses châtiées pour le dire. Globalement l’Algérie, cinquante ans après le recouvrement de l’indépendance, est un Etat qui n’a pour arguments de consistance que les éléments de l’Armée et de la police d’un côté et les revenus des produits du sous-sol saharien qui lui donnent les moyens de transparaître solvable sur la scène de l’organisation du monde en Etats distincts, de l’autre. Dans le détail, un enfant algérien de la majorité populaire, mâle ou femelle, grandit sans nul ressort patriotique, sous alimenté et voguant dans les entrelacs d’une école abrutissante, il a la hantise de dépasser l’adolescence car il regarde autour de lui des adultes morts vivants dont il veut, coûte que coûte, ne pas ressembler. Ses perspectives d’avenir ne sont pas le diplôme le qualifiant quelque part dans la société mais une obtention de visa pour un pays occidental qui puise l’étoffer d’une dignité.
Le prochain demi-siècle
La dignité, le maître mot. Ceux et celles qui ont le haut-le-cœur pour «ce» cinquantenaire, ils sont justement malheureux pour la dignité de cette commémoration qui aura été à contresens des aspirations les plus légitimes et saines. Depuis le 19 mars 1962 l’Algérie est malade de ses chefs. Qui ne se résolvent jamais à vouloir s’inscrire par rapport aux populations dans le sens de la dignité. De tous les assassinats politiques qui ont émaillé le demi siècle de l’Algérie indépendante, de mémoire de rescapés du Congrès de Tripoli, personne n’a entendu parler d’un responsable dans l’entourage des décideurs ayant démissionné pour cela. Encore moins pour les « grands projets d’édification » qui ont réussi à étaler des ruines sur d’autres. Tandis que les responsables de l’exécution de Abane, Khemisti, Krim , Khider, Boudiaf et tant d’autres – impliqués d’une manière ou d’une autre – se font écrire des livres pour intervenir tels des historiographes, pendant que les témoins patriotes sont calomniés par des scribes payés rubis sur ongle.
Mais qui parle aujourd’hui du prochain demi-siècle ? Le dernier des citoyens cancres n’ignore pas qu’il sera sans manne gazopétrlière et sans légitimité historique d’aucune sorte. La guère telle que prophétisée par Thomas Hobbes, lorsque la souveraineté légitime n’a pas droit cité ? Ce sont les générations de celle dont appartient celui qui nous écrit dans ce site qu’il avait dix ans à la mort de Boudiaf qui doive concourir corps et âme pour que ce ne soit pas le cas.
Nadir Bacha
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boutef avec la complicité du monde et son publireportage à la noix
“Publireportage” du “Monde” : L’ANEP aurait dépensé plus de 16 milliards de centimes !!!!!
L’ANEP aurait dépensé plus de 16 milliards de centimes
le 05.07.12
Belle opération pour donner une bonne image de l’Algérie à la veille de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance ? Trop chère pour un simple lifting publicitaire ?
Les avis divergeront certainement lorsqu’on apprend que le publireportage de 16 pages publié le 3 juillet dernier, dans l’un des suppléments du quotidien français le Monde, «a dépassé la bagatelle d’un million et demi d’euros», nous affirment des sources bien informées. En convertissant ce montant, on obtient l’équivalent de 160 000 000 de dinars, soit 16 milliards de centimes.
Nos sources indiquent que «la publication du publireportage dans l’un des plus influents quotidiens de France résulte d’un partenariat établi directement entre l’ANEP et le journal le Monde».Cette transaction ne fait pas l’unanimité au sein de l’ANEP. «Avec une telle somme, nous pouvions réaliser beaucoup de choses, comme des films ou des documentaires. Ce qui m’attriste dans cette histoire, c’est qu’à chaque fois, on se fait leurrer et on n’apprend pas les leçons», déclare, amère, une de nos sources. D’autre part, notre confrère Dernières Nouvelles d’Algérie (DNA) a publié, hier, sur son site web, un entretien avec Marie Hourtoule, la journaliste auteur du dossier «Spécial Algérie», paru dans le supplément «Stratégies internationales», dont elle est rédactrice en chef. Elle affirme que la signature du contrat remonte à quelques mois entre l’agence de communication Mediaction International et la direction du quotidien le Monde. «Nous avions soumis une proposition pour un supplément économique sur l’Algérie à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance et la direction du Monde a donné son accord», souligne-t-elle.
Marie Hourtoule affirme s’être rendue en Algérie après les élections du 10 mai. Elle a rencontré des ministres pour une série d’entretiens.
Toujours selon DNA, l’entretien avec le chef de l’Etat s’est réalisé à travers une correspondance. «J’ai soumis mes questions à l’avance et les services de la Présidence m’ont alors transmis les réponses du président Bouteflika.» Plus loin, Marie Hourtoule dit ignorer le montant du publireportage.
Bsikri Mehdi -
N’achetez pas de viandes entre le 10 et le 16 juillet
LA FÉDÉRATION ALGÉRIENNE DES CONSOMMATEURS LANCE L’APPEL
N’achetez pas de viandes entre le 10 et le 16 juillet 2012. Boycottez toutes les viandes rouges et blanches, à l’exception du poisson. C’est l’appel que la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) adresse aux consommateurs, à quelques jours du mois de Ramadan.
Cette action de boycott, des dirigeants de la FAC (le président, le vice-président et le chargé de la communication notamment) qui ont animé une conférence de presse, hier, au siège de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) à Mohammadia – Alger, la justifient par les prix trop élevés de la viande et du poulet. En lançant cet appel au boycott, la FAC cherche, certes, à sensibiliser les consommateurs sur la nécessité de diversifier leur nourriture, en mangeant les légumes et autres aliments également protéinés, mais aussi à mieux réguler les prix des viandes sur le marché. Voire contribuer à ce que les prix des viandes baissent au moins de 20 à 25%, précisent les animateurs du mouvement, confiants sur l’adhésion des consommateurs dont ils espèrent une réponse au moins à 50%. C’est également une action de solidarité avec les citoyens au pouvoir d’achat réduit, explique-t-on à la FAC. Comme plusieurs bouchers ne semblent pas hostiles à cette action d’autant que la cherté de la viande a provoqué le reflux de leur clientèle, une baisse des revenus et même la fermeture pour certains. Et dans la mesure où 20% de commerces d’alimentation et boucheries ont dû fermer pour plusieurs motifs dont le reflux de la clientèle à cause de la cherté des prix, laisse-t-on entendre. Comme cette action de boycott s’inscrit dans le cadre d’une large campagne de sensibilisation des consommateurs lancée par la FAC. Ainsi, cette Fédération, en partenariat avec les Scouts musulmans et l’association civile Nass El Khir et avec le soutien du ministère du Commerce, a lancé hier 4 juillet et jusqu’au 9 juillet, une campagne de sensibilisation sur «la culture de consommation consciente» à travers une vingtaine de wilayas. Finalité de cette campagne, contribuer à inculquer la culture de consommation, inexistante encore, mettre en confiance les citoyens et les convaincre qu’ils doivent rationaliser leur consommation, s’imprégner de leurs droits et les défendre. Une campagne similaire devrait être lancée avant la fin de l’année à travers les autres wilayas du pays, indiquent les animateurs de la FAC qui proposent également que l’Assemblée populaire nationale (APN) se dote, à terme, d’une commission de la consommation.
C. B. -
le kif et la diplomatie en algerie
Chronique d'une diplomatie du kif
Par Le Matin DZ |"La clarté blafarde des tubes de néon achève de leur donner des airs de malades ou de drogués : blancs et nègres y sont presque devenus de la même teinte métallique." Alain Robbe-Grillet
Le déplacement du général major Ahmed Bousteila – gare aux geôles que de vouloir jouer sur quelque symbolique sur le patronyme ! – vers la zone frontalière nord avec le Maroc est louable à plus d’un titre pour inspecter les installations et les états d’esprits de ses subordonnés dans la lutte contre le trafic des stups, le passage de la résine de cannabis des lieux de sa production et de son traitement dans les territoires chérifiens vers notre pays.
Les chiffres sont on ne peut plus clairs, d’années en années, les quantités faramineuses transitant par l’Algérie et y « résidant » pour consommation locale, augmentent à un rythme frénétique, frontières ouvertes ou fermées. Depuis un quart de siècle, il se passe comme si le Rif, où la quasi-totalité de la culture du kif est réalisée, possède une espèce de garantie algérienne dans le rapport de l’offre et de la demande qui lui fait – cette contrée faussement montagneuse, considérée depuis toujours, bien longtemps avant Abdelkrim el Khatibi - augmenter en toute impunité ses marges de production. Il fut un temps où les Rifains plantaient le chanvre indien pour survivre, aujourd’hui ils sophistiquent leurs cultures par des moyens matériels et humains qui frisent la technique de la chaîne industrielle pour les standings de la luxure et de l’excentrique. Parce qu’ils ont fini par comprendre que les partenaires algériens entendent cette spéculation de la même oreille, dans l’équivalent diapason.
C’est formidable de surveiller les frontières, d’y mettre le paquet dans les techniques nouvelles et par la formation des troupes, des meutes aussi. Extraordinaire de saisir un coup ici, un coup là-bas, des tonnes à faire cumuler dans la statistique qui fait se féliciter les chefs honnêtes et responsables. Qu’ensuite les algébristes extrapolent pour deviner les quantités réelles produites dans les flancs rifains et celles réceptionnées en Algérie, fumées localement ou fourguées à l’étranger. Tout ça c’est bien mais le mal est ailleurs. Personne n’ignore qu’il y a peine deux décennies, le joint avait son dévolu à l’Université, pour l’exemple, parfois au lycée, aujourd’hui il siège à l’école au même niveau d’addiction que la cigarette, le Patex ou le diluant. Dans les quartiers, en ville ou dans la campagne, un dealer arrêté un jour fatidique pour lui, le lendemain il est remplacé par deux autres surgis dans la masse juvénile comme d’avance préparés pour.
Un échange génocidaire
Ahmed Bousteila, flanqué de Abdelmalek Sayeh, le patron de la lutte contre la drogue, assistés des plus fins limiers renifleurs techniques, peuvent bivouaquer le long des frontières pendant le temps qu’ils estiment nécessaire, le nombre de dealers en Algérie alimenté par les filières marocaines ne diminuera pas d’un iota. Car il faut comprendre une évidence depuis le coup de grâce donné par les services franco-espagnoles vers la fin des années 70, début de la décennie 80, au trafic transitant par leurs limites à partir du Maroc, suspecté alors financer les rebelles armés basques, qu’il existe un bail tacite, qui ne dit pas son nom seulement, entre le producteur et l’acheteur, entres des acteurs marocains et leurs correspondants algériens. A propos desquels il ne faut pas sortir du salon mystique d’un marabout d’envergure régionale, pour savoir que dans l’une ou dans l’autre faction des pontes de l’Administrations y sont parties prenantes et impliqués jusqu’à l’os.
Si l’on regarde le problème avec le regard du patriote algérien plutôt neutre de tout emmêlement psychologique, il y a une vérité qui ne peut pas s’occulter comme ça que de croire que l’"affaire" n’est pas aussi importante que la question du Sahara Occidentale, du moment que l’existence d’une partie de la population algérienne est menacée.
Autrement dit si la Rasd mérite bien le déploiement politique, voire stratégique, afin que de toutes les parties susceptibles d’intéressement il soit résolu le conflit, l’empoisonnement à feu doux du devenir national au travers de son patrimoine le plus important, en l’occurrence la jeunesse de l’Algérie, a lui aussi le droit au débat politique entre Rabat et Alger, les yeux dans les yeux. La nation algérienne veut tout le bonheur des populations du grand Rif dont personne n’ignore l’ancrage de l’amazighité qui fait de cette région de la Méditerranée africaine une immense nation de respect et de liberté. Mais il faut que surtout les discours puissent sortir de la démagogie des autorités respectives pour revenir aux concernés, les individus, les familles, les groupes, qui doivent avoir le dernier mot sur cette forme de génocide euphorique.
Nadir Bacha
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ALGERIE sous le colonialisme d'état
50 ans moins un jour Dans feux d’artifice, comme ceux qui ont démarré pour fêter le cinquantenaire, il y a feu, qui renvoie certainement à cette passion dévorante qui a fait lever comme des épis cassés, femmes et hommes pour combattre la suprême injustice du vent violent. Mais il y a aussi artifice, du nom cousin de l’illusion, voisin du leurre et enfant de la façade. Qu’y a-t-il derrière ces faux feux ? Peut-être de la fumée ou du gaz de ville, mais ce n’est pas si important car Koléa ne tombera pas. Car à 24 heures du jour J, le débat n’est plus sur le bilan, artificiellement gonflé par le Président dans son interview à un journal français, puisqu’on aurait voulu qu’il se livre à un journal algérien pour ce 50e anniversaire. Le débat n’est pas non plus dans l’action et cette historique nécessité d’une courageuse avancée du gouvernement et du Président pour cette occasion particulière. Où est-il, alors ? Peut-être dans le détail, celui qui préoccupe beaucoup d’enfants, adolescents et adultes. Où trouver un drapeau algérien pour fêter l’indépendance ? Ceux qui ont l’autorisation d’en fabriquer ne sont qu’une poignée et ils doivent être dûment agréés par le DRS, ce qui explique qu’en général, ce sont des officiers à la retraite qui peuvent accéder à ce commerce. L’Etat ayant oublié d’ouvrir, pour l’occasion, des boutiques dans les villes et les campagnes afin que les Algériens puissent en acheter, il faut le faire soi-même, voire le voler à de hauts poteaux ou à des institutions surveillées. Ce qui est d’ailleurs tout un symbole : d’une propriété collective, le drapeau a été nationalisé pour être privatisé et devenir introuvable, d’où cette nécessité de recourir à la clandestinité. L’informel est roi, le compter-sur-soi une valeur de juillet et le délit encouragé. Et alors ? Alors, rien non plus, Koléa jamais ne tombera et on règlera ces comptes plus tard. Maintenant, place à la fête. Chawki Amari
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Appelez-moi Londres !
Par : Mustapha Hammouche
C’est entre sentence et exigence que la Banque d’Algérie exprime ses craintes sur le budget de l’État : connaître des difficultés de financement dans les prochaines années. “L’équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril.” Cette manière infantile d’appréhender la cause d’une imminente crise financière prouve que nos gestionnaires se sont définitivement installés dans le confort d’une situation de rente qu’ils croyaient éternelle. S’ils devaient manquer de ressources, ce serait à cause du marché du Brent.
Cela fait plus d’une décennie que le marché des hydrocarbures est favorable aux pays exportateurs. Depuis exactement 1999, le prix du baril n’a fait qu’augmenter, passant de 25 à 37, puis à 80 et atteignant les 145 dollars en 2008 avant de connaître une “baisse de correction”, dit-on, vers les 65-70 dollars en 2009 et de se stabiliser au niveau des 110 dollars les années suivantes. Et voilà que l’or noir embrasse une petite tendance baissière depuis avril 2012 et toutes nos autorités financières s’émeuvent et crient à la catastrophe imminente : treize ans de prospérité ne pourraient donc pas couvrir trois mois de récession !
En douze ou treize ans d’aubaine, il y avait tout le temps de préparer l’économie — et le budget de l’État, parce qu’en fait c’est le financement du budget qui angoisse nos dirigeants et non l’état socioéconomique du pays — à un retrait de la demande pétrolière. Au lieu de préparer le budget à une moindre dépendance des recettes d’hydrocarbures, le pouvoir l’y a soigneusement enchaîné.
Régulièrement informé du niveau des réserves de changes et de l’encours du Fonds de régulation des recettes (pour ce compte, on ne le fait plus depuis un certain temps), le peuple devait pourtant être rassuré sur son avenir : l’État thésaurise pour lui. Le pouvoir a fait
des comptes de l’État un slogan politique : ils sont l’expression de la bonne gestion du patrimoine commun. Au fait, le budget était calculé sur un prix prévisionnel de 19, puis de 37 dollars le baril ; on pourrait passer quelques années de plus avec les deux-tiers environ de différentiel, n’est-ce pas ? Pourquoi est-ce alors en 2012 que la Banque centrale découvre que “la soutenabilité des finances publiques à moyen terme doit désormais être un objectif stratégique des pouvoirs publics” ? Ah bon ? Parce que, jusqu’ici, c’était au bonheur la chance ?
Oui, quand on revoit la dérive dépensière qui a marqué la dernière décennie : des zaouïas et clubs de foot empochant des subsides de campagnes électorales aux “années” culturelles à répétition, des effacements de dettes catégorielles aux cadeaux indemnitaires et augmentations des hauts cadres, tout sentait le magot qui grise.
Voici apparemment venu le temps de payer l’insouciance dépensière d’une décennie et le mépris affiché envers l’idée de développement d’une économie productive. Et le ministre des Finances commence par le commencement : les investissements et les salaires.
“En matière de salaires, nous avons atteint le plafond”, prévient-il. Peut-être, mais pas pour les greffiers, par exemple.
Un gouvernement est payé pour prévoir et prévenir la catastrophe, pas pour l’annoncer. Sinon, n’importe quel quidam saurait dépenser quand il y en a et se désoler quand il n’y en a plus. -
Abdou Bendjoudi-Khaled Nezzar : le clash !
“Vous êtes responsables de ce que nous vivons aujourd’hui !”. “Qui sont ces gens puissants qui sont en train de cacher la vérité sur les disparus ?” “Qui a assassiné Boudiaf ?” Vendredi 29, au cimetière El Alia, certains visiteurs venus rendre hommage à Mohamed Boudiaf, ont trouvé en Khaled Nezzar un interlocuteur susceptible de leur donner des réponses. Parmi eux : Abdou Bendjoudi, du Mouvement de la jeunesse indépendante pour le changement. Le général à la retraite, sous son chapeau de paille, s’est défendu comme il a pu, sans réellement convaincre. El Watan Week-end était là pour filmer l’altercation.
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no moment
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50 ans moins 2 jours
En ces temps de territoires mondialisés et d’interpénétrations foncières, il faut se le demander : à qui appartient l’Algérie ? Oui, les lois sont claires, un étranger ne peut acquérir un bien foncier algérien même s’il est Marocain. Mais pour le reste, les Algériens sont-ils vraiment chez eux, 600 mois après l’indépendance ? Les bureaux d’études nationaux sont écartés des grands projets au profit de compagnies étrangères qui, elles-mêmes, sous-traitent ensuite avec des Algériens. Tout comme les banques ou les compagnies aériennes, l’eau, la gestion du métro ou des aéroports, confiées à des Français. Dernier coup d’éventail à l’envers : les festivités du 5 Juillet confiées à un chorégraphe libanais. Pourquoi libanais ?
Parce que selon la ministre de la Culture, aucun Algérien n’a répondu à son offre. Ce qui est faux puisque les plus fameux chorégraphes algériens n’ont pas été contactés, comme l’explique Kamel Ouali, et Safy Boutella a même déposé un dossier qui n’a pas eu de suite. Pour se défendre de son antipatriotisme humiliant, la ministre a expliqué que Safy Boutella n’était pas chorégraphe. Grosse faute de goût, c’est comme si l’on disait que Madame Toumi n’était pas ministre ou que les 36 millions d’êtres qui errent sur cette terre pas Algériens. 50 ans après, l’impression que nous ne sommes pas chez nous est encore tenace, comme si une caste dominante travaillait encore pour des intérêts étrangers, exportant nos ressources (les hydrocarbures) en jetant quelques centimes aux khammas locaux.
A qui appartient l’Algérie ? A ceux qui la dirigent. A qui appartiennent ses deniers ? A ceux qui en disposent. L’équation territoriale est ainsi faite, il ne suffit pas d’habiter sur sa terre pour penser en être propriétaire. C’est peut-être pour cette raison que de plus en plus d’Algériens habitent déjà mentalement au paradis. Ou sur la Lune, pour les moins croyants.
Chawki Amari
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La dernière fois que Bouteflika a rencontré Boudiaf...
Par Le Matin DZ |Historiquement, Abdelaziz Bouteflika a toujours été présent dans les épisodes où le pouvoir civil a dû céder du terrain au pouvoir militaire. Il est l’homme lige auquel les chefs militaires ont fréquemment dû avoir recours pour concevoir, puis mener et, enfin, expliquer et légitimer des pronunciamientos qu’ils soient directs ou maquillés. Il eut souvent une conception plus militaire des événements que les militaires eux-mêmes.
Sa première grande mission réussie au bénéfice des militaires date de décembre 1961. L’indépendance de l’Algérie devenait imminente et le débat sur le futur Etat algérien s’installait alors avec la passion et les calculs qu’on devine. Pouvoir civil ou militaire ? L’interrogation divisait l’état-major général de l’ALN, dirigé par le colonel Houari Boumediène et le Gouvernement provisoire de Benyoucef Benkhedda. Pouvoir civil ou militaire ?
Le mieux, estiment les chefs de l’Armée, serait encore d’ériger un chef d’Etat civil inféodé aux militaires.
La formule sera adoptée pour toujours.
Qui pourrait être ce chef d’Etat suffisamment complice pour n’apparaître qu’en vitrine, mais assez crédible pour s’imposer devant l’opinion ? Les regards se tournent vers les cinq dirigeants du FLN détenus au château d’Aulnoy, en région parisienne, après l’avoir été à la Santé, au fort de l’île d’Aix, puis à Turquant, en Touraine.
Ahmed Ben Bella, Rabah Bitat, Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf avaient accumulé, en cinq ans de détention, un capital moral qui faisait d’eux les recours privilégiés du conflit. (1) Qui parmi eux accepterait de devenir le premier président civil de l’Algérie indépendante allié aux militaires ? Pour le savoir, le colonel Boumediène dépêcha, début décembre 1961, auprès d’eux le capitaine Abdelaziz Bouteflika avec pour recommandation spéciale de privilégier la candidature de Mohamed Boudiaf à qui, selon Rédha Malek, un des négociateurs à Evian et ancien Premier ministre, «il vouait une secrète estime pour avoir travaillé avec lui».
La mission de Bouteflika, confirme le premier président du GPRA, Ferhat Abbas, «consistait à trouver parmi les cinq prisonniers un éventuel allié (aux chefs militaires)». (2) Le commandant Rabah Zerari, dit Azzedine, qui était, avec Kaïd Ahmed et Ali Mendjeli, l’un des trois adjoints de Boumediène à l’état-major général avant qu’il n’en démissionne en août 1961, est plus direct : «Bouteflika était, en vérité, chargé de vendre un coup d’Etat aux cinq dirigeants.» (1)Proposer la présidence à Boudiaf ? La mission était d’autant plus risquée que Bouteflika n’ignorait rien des opinions politiques de Boudiaf, notoirement connu pour être un esprit hostile aux accommodements en politique, acquis au multipartisme et à l’indépendance du pouvoir politique et dont, en conséquence, il fallait s’attendre au refus de se laisser choisir comme paravent par les chefs militaires. Hervé Bourges, homme de médias français, qui rendait souvent visite aux cinq détenus en qualité de représentant d’Edmond Michelet, le ministre de la Justice de De Gaulle, apporte un témoignage saisissant sur le détenu Boudiaf : «Je l’ai bien connu à Turquant, où il m’apparaissait comme le plus dur des cinq, le plus ancré dans ses convictions, décidé à ne pas en dévier, méfiant à l’égard de ses compagnons et de leurs conceptions idéologiques, notamment pour ce qui concerne Ben Bella dont il se séparera très vite, le soupçonnant, déjà, de vouloir s’arroger un pouvoir personnel.
Boudiaf sera d’emblée hostile à l’idée du parti unique, où il voit les germes d’une dictature, même s’il s’agit de ce prestigieux FLN qui sort vainqueur auréolé de la guerre de libération et auquel il appartient depuis le début.»
Aussi, le très avisé émissaire Abdelaziz Bouteflika, soucieux de garantir l’hégémonie militaire après l’indépendance, fit son affaire d’écarter l’obstiné démocrate Boudiaf au profit du «compréhensif » Ben Bella. Ce dernier présentait l’immense avantage de ne voir aucune objection à s’allier à l’état-major, fut-ce au risque d’un grave conflit fratricide.«L’entrevue qu’il eut avec Boudiaf se déroula très mal, rapporte le commandant Azzedine. Boudiaf a non seulement refusé énergiquement d’être coopté par l’état-major, mais s’offusqua que l’émissaire de Boumediène, qu’il houspilla publiquement, lui fît pareille proposition fractionnelle au moment où les Algériens étaient appelés à aller unis aux négociations avec les Français. Il le renvoya sèchement. Bouteflika comprit alors tout l’avantage qu’il y avait pour l’état-major à opter pour Ben Bella, très conciliant et qui, d’ailleurs, prit en aparté l’envoyé spécial de Boumediène pour lui faire part de sa disponibilité.»
«Ben Bella et Bouteflika se sont fait des mamours verbaux, ils se sont séduits mutuellement avec leurs savoir-faire respectifs», a appris Ahmed Taleb Ibrahimi, incarcéré à l’époque dans un autre lieu de détention. «Bouteflika s’adressa alors à Ben Bella qui accepta d’être l’homme de l’état-major, raconte Ferhat Abbas.
Cette alliance, demeurée secrète, allait peser lourdement sur l’avenir du pays.» (1) On le comprit quelques mois plus tard :
«Ce qui a poussé Boumediène à affronter le GPRA, c’était l’alliance qu’il avait scellée avec Ben Bella à Aulnoy, récapitule Rédha Malek. Alliance réciproquement avantageuse. Boumediène avait besoin d’un politique et Ben Bella d’un fusil. » (2)L’émissaire Bouteflika avait réussi sa mission. Il quitte hâtivement Paris pour Londres d’où il appelle le colonel Boumediène pour lui annoncer le succès de l’opération. «Quelques jours plus tard, raconte Rédha Malek, Boumediène et Ben Bella ont un entretien téléphonique. Ils se disent très satisfaits de la mission de Bouteflika. L’alliance est scellée.» (1)
Bouteflika venait d’assurer l’intérêt du pouvoir militaire en écartant Mohamed Boudiaf et en propulsant Ahmed Ben Bella.
Ben Bella entrera à Alger en 1962 comme il en sortira en 1965, par les chars de Boumediène. A chaque fois, le sang algérien a coulé. Dans les deux cas Abdelaziz Bouteflika a joué le rôle d’agent détonateur au service des chefs militaires.Pour imposer Ben Bella en 1962 contre l’avis du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), de certaines personnalités marquantes et d’une partie de l’ALN, il a fallu utiliser la force. La composition du premier Bureau politique du FLN, donc de la première direction de l’Algérie indépendante, était le principal enjeu entre les différentes tendances. Boumediène et Ben Bella voulaient une direction acquise à l’étatmajor, où ne figureraient pas les ministres du GPRA, notamment les trois B qu’étaient Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobbal, trois des véritables meneurs de la Révolution.
Ecarter le GPRA de la direction politique du pays ouvrait la porte à toutes les dérives, voire à une guerre entre Algériens.Ben Bella, conforté par le soutien des militaires, osa néanmoins le coup de force : le 22 juillet 1962, il annonce unilatéralement à partir de Tlemcen la constitution complète du Bureau politique, composé des cinq détenus d’Aulnoy auxquels s’ajoutaient Hadj Ben Alla et Mohammedi Saïd, qui deviendra plus tard dirigeant du Front islamique du salut. Aït Ahmed refuse de faire partie de ce bureau et part pour Paris, Boudiaf en démissionnera rapidement. De fait, le GPRA est mort, son président Benyoucef Benkhedda est complètement débordé par les évènements.
Ce coup de force de Ben Bella, c’est la suite logique de l’alliance scellée à Aulnoy entre lui et l’Armée par le biais de Bouteflika. L’avocat Ali Haroun, ancien responsable de la Fédération de France du FLN et ancien membre du Haut-Comité d’Etat (HCE) entre 1992 et 1994, qui étudia de près la période dont il fut un témoin privilégié et à laquelle il consacrera un livre, confirme par ce récit d’une rencontre qu’il eut avec Ben Bella en juillet 1962 :
«L’on savait déjà que Boumediène, chef d’état-major, avait, par l’intermédiaire du capitaine Si Abdelkader, alias Abdelaziz Bouteflika, sollicité l’appui de Boudiaf dans le conflit qui, depuis plusieurs mois, l’opposait au GPRA. Face aux réticences de Boudiaf, il se résolut à convaincre Ben Bella dont le soutien lui fut aussitôt acquis. Dès lors, le Bureau politique proposé par Ben Bella apparaissait en fait celui de l’alliance Ben Bella-Boumediène.
Conscient des dangers imminents guettant le pays et pouvant déboucher sur une confrontation, dont le dernier mot risquait d’échoir aux militants en armes, je rappelai à mon interlocuteur cette vieille maxime : “On peut tout faire avec les baïonnettes, sauf s’asseoir dessus.” Il répliqua par une moue dédaigneuse. Je n’avais plus rien à ajouter. Si l’on allait privilégier la force et dédaigner le consensus pour résoudre nos différends, le pays s’acheminerait alors vers de sombres lendemains. » (1)La sombre prédiction se réalisera : le Bureau politique de Ben Bella, dont l’autorité fut contestée par les Wilayas III (Kabylie) et IV (Algérois), sollicita alors l’appui de l’Armée des frontières et de l’état-major général dirigé par Boumediène ainsi que celui des Wilayas I, II, V et VI. Une seconde guerre succéda à celle qui venait à peine de se terminer. L’été 1962 fut marqué par de sanglants combats fratricides entre Algériens qui sortaient de sept années de lutte anticoloniale. (1) «L’intensité des combats qui s’en étaient suivis, jamais je n’en ai vu d’égale, pas même durant la guerre de libération », se rappelle Khaled Nezzar qui dirigeait, en tant que jeune officier de l’Armée des frontières, un bataillon qui a combattu les djounoud des Wilayas III et IV dans le djebel Dira, près de Sour El Ghozlane. (2)
La guerre fratricide ne prendra fin qu’avec les manifestations populaires qui déferlèrent sur le pays aux cris de «Sebâa s’nine barakat» (3), slogan du désespoir que les Algériens ont fini par adopter.
«Longtemps sera délibérément occulté le lourd bilan de ces affrontements fratricides. Ce n’est que par communiqué de l’APS du 2 janvier 1963 que l’on en saura le prix : un millier de morts», précisera Ali Haroun. (4)
C’est à ce prix que Ben Bella et son Bureau politique s’imposèrent à Alger.
Bouteflika va contribuer à destituer Ben Bella en 1965 pour les mêmes impératifs supérieurs : asseoir la suprématie du pouvoir militaire. Le coup d’Etat du 19 juin 1965 est consécutif à la décision de Ben Bella de retirer à Abdelaziz Bouteflika laresponsabilité de la diplomatie algérienne à quelques jours de la Conférence afro-asiatique qui devait se tenir à Alger.Source : "Bouteflika une imposture algérienne", Mohamed Benchicou, Editions Le Matin, 2004
Notes :
1. Le 22 octobre 1956, le DC-3 marocain, décollant de Rabat et transportant vers Tunis Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf, accompagnés de Mostefa Lacheraf, a été intercepté au-dessus d’Alger par les autorités coloniales. Les dirigeants algériens devaient représenter le FLN au sommet tripartite maghrébin qui devait se tenir à Tunis les 22 et 23 octobre. Ils seront incarcérés en France jusqu’en mars 1962, en compagnie de Rabah Bitat qui avait été arrêté le 23 novembre 1955.
2. et 3. Ferhat Abbas, L’indépendance confisquée, Flammarion, 1984.
4. Hervé Bourges, De mémoire d’éléphant,Grasset, 2000.
5.Rédha Malek, L’Algérie à Evian,Le Seuil, 1995.
5 bis. Les combats ont opposé les Wilayas I, II, V et VI (pro-état-major) aux Wilayas III et IV.
6. Ali Haroun, L’été de la discorde,Casbah Editions, 2000.
7. Reda Malek, op cité
8. Khaled Nezzar, cité par Ali Haroun, L’été de la discorde,Casbah Editions, 2000.
8 bis. Sebâa s’nine barakat (sept années, ça suffit !). La guerre de libération avait duré sept années.
9. Ali Haroun, L’été de la discorde,Casbah Editions, 2000
elvez Elbaz 01/07/2012 12:07:34 -
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L’Algérie, un modèle pour les armées arabes
Les janviéristes algériens sont-ils des héros pour les régimes arabes?
In SlateAfrique
26 juin 012
C’est simple. Les octobristes sont les milliers de jeunes Algériens (moyenne d’âge entre 15 et 25 ans) qui se sont soulevés le 5 octobre 1988 contre le régime algérien. A l’époque, l’armée avait tiré sur eux, les islamistes les ont récupérés. Durant ce mois, des émeutes et des rebellions éclatent dans les principales villes de l’Algérie.
Les jeunes s’attaquent aux symboles du régime, les Souk El-Fellah (grandes surfaces socialistes de grande distribution alimentaires, sur le model URSS), les commissariats et les sièges du parti unique, le FLN. Le régime proclame alors l’état de siège le 6 octobre, tire sur la foule et un général prend les rênes du pays: Khaled Nezzar. Embusqué derrière un président affaibli, presque «dégagé» et qui le sera quelques années plus tard: Chadli Benjedid.
Bilan du «printemps algérien»?
Presque 500 morts, des milliers de torturés, arrêtés et les premiers «disparus». Le traumatisme est lourd: l’armée qui dit avoir libéré le pays des Français, tire sur le peuple qui l’admirait. Les octobristes sont donc ces jeunes d’octobre 88. Aujourd’hui, ils sont vieux, blessés ou consternés. Pour rappel, le régime les a indemnisé, mais sans jamais reconnaitre ses torts: les jeunes d’octobre ou leurs familles sont classés sous la rubrique «accident de travail» par les services sociaux et indemnisés en tant que tel. Les généraux qui ont tiré sur la foule ne seront pas inquiétés ou jugés. Jamais.
Les novembristes? Se sont les plus vieux. Ceux qui ont fait la guerre de libération déclenchée le 1 novembre 1954. Novembre est donc un mois sacré, comme le ramadan. L’un par l’histoire, l’autre par la religion. Novembre représente les vétérans de guerre, les anciens moudjahiddines, les conservateurs, le temple, le capital idéologique du régime, le nationalisme et la caste des plus de 70 ans aux leviers de commande.
Les novembristes ont des rentes immenses, l’un des plus gros budgets de l’Etat à chaque loi de finance, des monopoles commerciaux, des licences d’exploitation. Dans les grandes écoles et pour les concours d’accès universitaires ou d’emploi, la loi leur donne ou donne à leurs descendants la priorité et une «avance» de points.
Scandale des faux combattantsLors des grandes compressions et des licenciements de travailleurs par milliers durant la crise des années 1990, les novembristes et leurs enfants étaient les derniers, sinon jamais, licenciés ou obligés à quitter les entreprises publiques moribondes. Combien sont-ils? Grand débat en Algérie: c’est le seul pays où le chiffre des anciens qui ont fait la guerre augmente avec le temps, au lieu de diminuer. D’où ce scandale mou algérien: celui des faux anciens combattant, et qui n’a jamais été suivi d’enquête sérieuse: le régime est assis sur cette branche justement. Un algérien, fonctionnaire de la justice osera en rendre publique les dossiers: Benyoucef Mellouk le payera lourdement par un harcèlement judicaire qui dure depuis 18 ans!
Les janviéristes? Se sont une poignée de généraux et de hauts officiers de l’armée algérienne qui ont « démissionné » Chadli Benjedid en janvier 1992, et décidé de dissoudre le parlement islamiste issu des élections de 1991, et d’interrompre le processus électoral qui a vu les islamistes du FIS (front islamique du Salut ) se faire élire par les Algériens post 0tobre 1988. C’est-à-dire après le printemps algérien de cette époque comme on le dit aujourd’hui.
Qui sont-ils au juste les janviéristes? Les têtes de liste: Khaled Nezzar patron de l’armée quand l’armée a tiré sur les algériens en octobre 1988. Ensuite d’autres: Mohammed Medien, alias Toufik encore au commande du pays aujourd’hui. Larbi Belkheir, alias «le cerveau» selon l’humour algérien, décédé en janvier 2010 après avoir été éloigné comme ambassadeur au Maroc.
Mohammed Lamari, présenté comme le chef de file de l’aile la plus anti-islamiste de l’Algérie. Il sera éloigné lui aussi après l’élection de Bouteflika. Il meurt lui aussi février 2012. On peut aussi joindre à la table du salon Abdelmalek Guenaizia, qui sera nommé vice-ministre de l’armée algérienne, puisque le ministre est un Bouteflika méfiant qui refuse qu’il existe un ministre de la défense justement, capable de le renverser. Et, en dernier, Mohammed Touati. Le cercle a un nom selon la culture politique algérienne : les décideurs. Ceux qui décideront du départ de Chadli, de la décennie noire, de faire la guerre ou pas, de fabriquer un président ou de le renvoyer.
Dans la culture politique algérienne donc, il existe le cercle large des ministres et autres fonctionnaires de l’Etat-écran. Puis le cercle de la Présidence et des siens. Puis le cercle des décideurs: le salon algérois, le clan, les généraux ou pas. Les Décideurs ramènent le Président qu’ils veulent et le placent avant que les algériens ne l’élisent.
Janviéristes: héros du monde arabePourquoi les janviéristes sont-ils des héros pour les autres régimes arabes? A cause du manuel de la méthode: «Comment faire crasher une démocratisation, chasser un président, discréditer des islamistes, garder le pouvoir et pousser le pays à la guerre». Le titre est long mais le manuel est court.
Curieusement en effet, la méthode des janviéristes algériens semble être de mode aujourd’hui en Egypte: l’armée lâche Moubarak face à la rue qui se soulève contre lui. Ensuite des islamistes récupèrent la rue égyptienne, se font élire et se présentent comme les architectes de la révolution. Le conseil militaire du général Mohammed Hussein Tantaoui attend un peu, puis commence à récupérer les pans perdus du pouvoir puis se décide de dissoudre le parlement.
En langage algérien: les octobristes sont récupérés par les islamistes pour chasser les novembristes mais ce sont les janviéristes qui gagnent à la fin. L’Egypte commence par s’installer dans le casting algérien comme on aime le croire ici: un président sans pouvoir, l’actuel candidat gagnant des frères musulmans, une armée qui décide de tout par le bais de «décideurs», une révolution devenue un «accident de travail», des islamistes poussés à se radicaliser pour mieux être décimés.
Et si le Caire prenait le chemin d’Alger?Le coup d’Etat en cours en Egypte ressemble à s’y méprendre à celui de l’Algérie en 1992 et avec la même couverture internationale de l’Occident qui ne veut pas de barbus intempestifs au cœur du monde arabe. Les janviéristes égyptiens «avancent» aussi avec le soutien tacite des classes économiques libérales et patronales et des élites qui ont peur des islamistes.
En Algérie, à cette époque, le coup d’Etat contre Chadli (Chadli Bendjedid, troisième président de la République égyptienne 1979-1992) s’est accompagné par la création d’un «Comité national pour la sauvegarde de l’Algérie», alias la vitrine civile. Dedans, ont y retrouvait les hommes du régime, ses amoureux du régime, des profiteurs du régime, des idéologues du régime et des partisans sincères du sauvetage de l’Algérie. En face, les islamistes.
La bipolarisation a crée deux familles politiques algériennes: les dialoguistes et les éradicateurs. La guerre civile étant déclenchée dès l’interruption du processus électoral, les islamistes ayant été poussés et ayant choisi la violence, les «dialoguistes» étaient donc ceux qui prônaient le dialogue, les «éradicateurs», ceux qui prônaient la guerre. L’Egypte n’en n’est pas là encore mais en Algérie, on voit déjà l’avenir.
Aujourd’hui donc, les janviéristes algériens semblent inspirer des militaires arabes qui veulent stopper une révolution, stopper les islamistes et faire du « coup d’Etat » utilitaire, consentis et presque souhaité par la moitié de leurs populations. Un coup d’Etat « passe » quand il vise à sauver le pays des islamistes et pas à, prendre le Pouvoir. Les janviéristes algériens avaient presque inventé la formule.
Et la Syrie?En Syrie, les janviéristes sont aussi à la mode. La méthode pour gérer une guerre civile est algérienne malgré ce que l’on peut crier, scandalisé. Le mode opératoire est le même: avancer dans le déni absolu (ce n’est pas une révolution mais du terrorisme). Terroriser les populations indécises entre les deux partis («Il n’y pas de nationalisme gris, entre le blanc et le noir», a dit Bachar El Assad durant son dernier discours). Augmenter l’indice de confusion (qui tue qui finalement? La question, dès qu’elle se pose paralyse les initiatives et les pressions internationales).
En Syrie, le régime vise les têtes «laïques» de la révolution et épargne presque les têtes barbues: le but est d’islamiser la révolution et donc de la «qaïdiser» et donc de la criminaliser et de l’isoler. Forcer les élites à choisir leurs camps, celui de la survie ou de l’exil. Faire éclater l’opposition et empêcher toute union. Créer de fausses oppositions islamistes. Punir la passivité des populations autant que les rebelles. Ne jamais reculer sur le front de la diplomatie internationale et gagner du temps et du temps: les guerres longues usent même ceux qui la regardent.
Continuer la fiction institutionnelle comme si de rien n’était: élections, dialogues, «multipartisme» de façade, appel à «sauver le pays» de la menace…etc. Le cas syrien rappelle étrangement à des Algériens leur guerre civile, leur éradicateur et leurs dix ans de morts et de tromperies politiques. La guerre en Syrie rappelle la méthode seulement car le casting n’est pas le même, ni les intentions. Bachar a compris l’essentiel de la méthode des janviéristes algériens: persister et continuer.
Comment l’histoire de l’Algérie aide à comprendre celle de la régionLes janviéristes algériens sont donc peut-être un modèle panarabe. Ce qu’ils ont fait il y a vingt est à la mode aujourd’hui dans le reste du monde arabe. Et c’est avec amusement que les Algériens regardent aujourd’hui l’élection d’un islamiste président de l’Egypte mais sans aucun pouvoir réel: depuis vingt ans l’Algérie est ainsi. Ses présidents sont là, mais on sait qu’ils n’ont aucun pouvoir. Sauf celui d’apparaitre et de recevoir les hommes forts et faibles du reste du monde ou de faire des discours. Le 29 juin 1992, Mohammed Boudiaf, l’un de ces présidents algériens parachuté, sera même assassiné en live, à Annaba. Le suivant a démissionné, le suivant du suivant (Abdelaziz Bouteflika) parle à peine et regarde partout, avec méfiance.
Une formule désigne le Caire comme «la mère du monde» arabe (Oum Eddounia). Les Algériens disent souvent que l’Algérie est «son père».
Kamel Daoud
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Assassinat de Boudiaf : cher père, 20 ans déjà !
Voilà déjà vingt ans que habitué à frapper dans le dos, le système, par soldat interposé, un membre du Groupe d’intervention spéciale, nous dit-on, muni d’un ordre de mission isolé de son groupe, a été chargé d’exécuter ton lâche assassinat, le 29 juin 1992, qualifié d’«acte isolé», par la justice algérienne.
Depuis lors, beaucoup d’encre et de sang ont coulé en Algérie. Avec de l’encre, je n’ai pas cessé d’interpeller, dans des lettres ouvertes publiées par nos quotidiens nationaux, tous les responsables algériens au sommet de l’Etat, au moment de «l’acte isolé». Je leur ai écrit pour rejeter la théorie de l’acte isolé et pour revendiquer la vérité. Je n’ai jamais eu de réponse. J’ai même publié, en juin 2011, un livre sur la question. Je n’ai jamais eu de réponse. Mais depuis lors, certains ont tiré leur révérence. Tout récemment, le premier président de l’Algérie indépendante est venu te rejoindre au cimetière d’El Alia, mais sa tombe a été creusée sur le côté opposé à celui de la tienne. C’est normal, dans toute ta vie, Ben Bella n’a jamais été de ton côté, mais toujours du côté opposé. N’a-t-il pas eu l’indécence de t’envoyer, en plein mois de juin 1963, dans un fourgon à Adrar, pour t’enterrer vivant dans une cave, alors que tu l’avais très décemment reçu à la présidence de la République.
Quelques mois avant sa mort, c’était au tour du défunt général Larbi Belkheir, ministre de l’Intérieur, le général Smaïl Lamari, le général major Mohamed Lamari, tous responsables et dirigeants influents, au moment de «l’acte isolé», ont quitté ce monde. Ils sont certainement dans un monde où l’assassinat, l’injustice et l’acte isolé n’ont pas de place ni de protecteur. Sur un autre registre, notre armée ne veut plus de l’appellation «Grande muette», mais elle ne parle jamais de ton assassinat. Sur ce sujet, elle demeure parfaitement muette. Mais pour faire exception, le général Khaled Nezzar a publié récemment un livre, dont un chapitre t’est consacré. Je t’en ai choisi ces passages : «Lorsque, le 29 juin 1992, le général Toufik me téléphona pour m’apprendre qu’on venait d’attenter aux jours de Mohamed Boudiaf, un grand froid me saisit, puis un vertige… Pourquoi aurions-nous tué Mohamed Boudiaf ?… Lorsque les prisonniers de Serkadji s’étaient révoltés, tous les responsables, je dis bien tous, n’eurent qu’un souci : préserver la vie de Lembarek Boumaârafi, l’assassin. Et pour cause.» Nous voilà donc édifiés. Ce passage nous informe que c’est le général Toufik qui téléphona au général Nezzar pour lui apprendre qu’on venait de commettre «l’acte isolé».
Aussi, le général Khaled Nezzar, au nom de l’armée, s’interroge : «Pourquoi aurions-nous tué Mohamed Boudiaf ?» La question reste entière. Mais le plus terrible, dans ce passage, c’est qu’il nous apprend qu’à la mutinerie de Serkadji, tous les responsables – je dis bien tous – n’avaient qu’un souci : préserver la vie de ton présumé assassin. J’espère que dans son prochain livre, il nous répondra à la question : pourquoi tant de soucis des responsables pour préserver la vie de ton présumé assassin et pas le moindre effort pour préserver celle du chef de l’Etat à Annaba. Quelques efforts auraient peut-être pu t’éviter de subir une rafale d’une quarantaine de balles, dans le dos, à ton âge ; alors que tu n’avais jamais demandé à venir occuper le fauteuil tant convoité. Ou alors, comme il est ironiquement colporté dans les milieux populaires : «C’est un système qui protège l’assassin et non la victime.»
Des éclaircissements à ce sujet seront les bienvenus, car le peuple est avide de connaître la vérité. Par ailleurs, une pétition-test vérité a été lancée par mes soins, sur la Toile, en février dernier. Elle a eu plus d’un millier de signatures en quelques jours, malgré toutes les embûches savamment orchestrées par le système pour la bloquer. Cependant, il y a lieu de t’avouer que dans mon livre, je n’ai pas été «tendre» avec tes amis, notamment Ali Haroun et Ahmed Djebar. C’est Ali Haroun lui-même qui s’en est plaint, à l’un de nos médias. Alors que l’année dernière, il a déclaré que ton assassinat est un «acte isolé», il a même changé la date de la commémoration, quelle prouesse ! Il pensait peut-être que les instigateurs de «l’acte isolé» ont été tendres avec toi en te fracassant le dos, le crâne, le thorax et les jambes avec des grenades et des rafales. Bien sûr, je ne m’attends pas à ce que Ali Haroun ait un cœur tendre pour avoir des remords de t’avoir livré à une fin aussi tragique, qui ne fait que peser la suspicion sur les maîtres de Ali Haroun.
Pour sa part, M. Ghozali, Premier ministre au moment de «l’acte isolé», quelques jours avant la campagne électorale du 10 mai, avait proposé ses services pour répondre, entre autres, de l’assassinat de Mohamed Boudiaf. Lui qui m’avait accusé de faire de ton sang un fonds de commerce, je lui ai alors rappelé que le sang de Boudiaf n’est ni à vendre ni à acheter et que s’il était achetable, ses assassins ne lui auraient pas réservé toute une rafale – qui ne leur a rien coûté – mais coûté beaucoup aux Algériennes et Algériens qui avaient vu en toi l’espoir. Par ailleurs, l’Algérie s’apprête à célébrer le 50e anniversaire de «l’indépendance confisquée», quelques jours après le 20e anniversaire du jour où le système a décidé de te confisquer la vie. On va danser et chanter. On va faire éclater des feux d’artifice pour avoir réussi à confisquer l’indépendance au peuple et à confisquer la vie de l’homme qui a rédigé l’Appel du 1er Novembre 1954, préparé la réunion des 22 et coordonné les préparatifs du déclenchement de la révolution. Pour revenir au fameux livre du général Nezzar, il me semble opportun de te faire part de ce passage : «On a dit que l’assassinat de Mohamed Boudiaf a été commandité par une mafia politico-financière craignant les foudres de l’Incorruptible venu au pouvoir… Le président Boudiaf s’était rendu à l’évidence que la corruption n’était pas le fait de quelques ‘’barons’’ du système retranchés dans des redoutes inexpugnables, mais le résultat de la dévalorisation de la notion d’Etat et du désordre moral qui en a découlé.» Tels sont les propos du général Nezzar, tels que produits dans son livre L’Armée algérienne face à la désinformation. Je le remercie de t’avoir qualifié d’Incorruptible, avec un «I» majuscule. Il est regrettable, cependant, qu’un Etat, non seulement laisse son chef d’Etat incorruptible tomber facilement devant un «acte isolé», mais ne fait rien pour rétablir la vérité sur son lâche assassinat.
Nacer Boudiaf
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Lettre ouverte au général régnant de l’Algérie, Mohamed Médiène : « DRS, dégage ! »
par Habib Souaïdia, auteur de La Sale Guerre, Algeria-Watch, 5 mars 2011
Mon général, je veux vous signifier par la présente que votre règne mortifère est à bout de souffle. Que le monde a changé, que la situation politique et sociale de l’Algérie a changé, que les Algériens ont changé depuis 1992. Les Algériens n’ont plus peur de l’épouvantail islamiste que vous brandissez à chaque occasion pour soumettre le peuple. Au cours des vingt ans que vous avez passés à la tête du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), l’Algérie a payé le prix fort du sang et des crimes économiques et sociaux. Vous êtes le principal responsable des maux de notre pays.
Votre régime de terreur doit prendre fin. Vos jours ont été déjà comptés et vous appartenez désormais au passé. C’est ce qui me permet de vous suggérer de vous rendre à l’évidence et de préparer en douceur votre départ pour éviter un autre bain de sang. Aujourd’hui, vous êtes vieux et malade, vous appartenez à un monde révolu qui n’est plus celui de l’Algérie réelle, celle d’une jeunesse majoritaire et en révolte. C’est pourquoi votre tentative actuelle d’opérer un ravalement de façade de votre système de pouvoir, avec l’aide de pseudo-démocrates, serait un autre crime contre le peuple algérien.
Il est trop tard pour un « ravalement de façade » de votre régime
Pour accaparer à votre profit et à celui de vos obligés les richesses du pays, les revenus de son gaz et de son pétrole, vous avez utilisé votre police politique afin de maintenir notre peuple dans la misère et la hogra. Et vous avez fait torturer et tuer des dizaines de milliers d’hommes et de femmes. La gégène et le chiffon sont devenus vos instruments ordinaires de pouvoir, faisant de vos agents autant de criminels – souvent devenus des psychopathes et des névrosés.
Votre gestion du pays est devenue si désastreuse qu’on peut se demander s’il pourra retrouver un jour ses lettres de noblesse, le respect et sa place éminente dans la sphère des nations. Et si le sort que vous lui préparez n’est pas celui de la Somalie. Vous avez, paraît-il, déclaré à Bouteflika, à Saïd Sadi et à l’ex-Premier ministre Mouloud Hamrouche que « l’Algérie va mal », le DRS ayant fait un sondage auprès du peuple algérien pour mesurer le mécontentement de la rue. Mais les Algériens n’ont pas besoin de sondages du DRS ou de tout autre organe du pouvoir pour connaître leur désarroi. La misère sociale et le sentiment d’injustice s’étalent dans les rues depuis des années. C’est pourquoi les émeutes de janvier 2011 vous ont fait paniquer : plus violentes et massives que celles qui secouent presque quotidiennement le pays depuis dix ans, elles vous ont amené à tenter de « prendre les devants », parce que, en effet, vous risquez gros.
Il y a trois sortes de généraux dans le monde arabe, selon leur place dans l’appareil de pouvoir. Il y a la version des régimes de Ben Ali ou Moubarak, qui n’ont jamais eu affaire à une révolte de grande ampleur de la rue : pris de panique, ils ont multiplié les discours pour tenter de calmer le peuple et de négocier, avant de vouloir faire sortir l’armée dans la rue pour faire peur – mais ses chefs sont restés en retrait. Et il y a la version Nezzar ou Kadhafi, ceux qui ne parlent pas, mais qui tirent sur la foule à balles réelles quand elle les menace. Vous incarnez sans doute la troisième catégorie, variante perverse de la précédente : après avoir usé de la pire violence, avec votre coup d’État de 1992 et le « fleuve de sang » qui a suivi, vous avez instauré la manipulation et le mensonge pour « gérer le peuple ». Pour tenter de mater le peuple qui bouge, le peuple qui vibre, le peuple qui se révolte, le peuple qui hurle son besoin de démocratie, vous avez organisé le simulacre d’une opposition entre des partis clonés et un président cloné.
Depuis votre coup d’État de 1992, on ne voit plus le bout du tunnel. Chaque jour apporte son lot de désolations. Rien n’a changé. Pire, on assiste dix-neuf ans plus tard à un reformatage de la vie politique pour remettre en selle des barons qui ont violé l’intimité de ce pays à la place d’un autre déclinant. Mais tenter un ravalement de façade avec un Mouloud Hamrouche, un Saïd Sadi ou un autre, par des manœuvres déjà mille fois vues pendant les années noires ne changera rien à l’aspiration du peuple au changement radical de la République.
Le peuple algérien ne se contentera pas du départ de Bouteflika, il veut la fin de la police politique qui l’a amené au pouvoir. Et le prétendu bras de fer qui oppose la façade du « pouvoir » algérien incarné par ce dernier à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNDC) n’est certainement pas la voie pour y parvenir. Certes, au sein de la coordination, il y a des hommes et des femmes qui méritent le respect de tous les Algériens. Mais on pourrait faire remarquer, au regard de sa faible capacité de mobilisation, que cette coordination comprend aussi des éléments visant clairement à tirer vers le bas le mouvement de révolte et qui se distinguent par leur complaisance avec vos desseins.
Car hélas, vos agents sont partout. Pour vous maintenir au pouvoir, vous avez choisi en effet de vous appuyer sur votre police politique, ciment principal d’une alliance rentière et prédatrice, qui a gangrené tout le système politique algérien. Preuve en est le vide politique créé par une décennie sanglante durant laquelle le DRS, par son entreprise de destruction, a privé le pays de toute expression démocratique.
L’intolérable impunité des généraux criminels à la tête de l’ANP
En janvier 1992, une partie du peuple algérien pensait renouer avec l’espoir après le retour du président Boudiaf, puis elle a assisté six mois plus tard à son assassinat en direct. Votre justice aux ordres a ensuite qualifié l’assassinat d’« acte isolé », mais les responsables des services de renseignement chargés de la protection du président ont été promus et mutés vers d’autres unités. Mohamed Boudiaf a payé de sa vie son refus de jouer le jeu de votre mentor, le général Larbi Belkheir. Boudiaf était l’une des figures de la révolution algérienne, mais son histoire ne l’a pas protégé contre vos ambitions : vous avez oublié ce qu’il a été avant, pendant et après la révolution. Puis fut le temps de Liamine Zéroual, un général que vous avez « bricolé » dans vos laboratoires pour en faire un président ; et, encore une fois, cela n’a pas marché. Son mandat s’est achevé avec les massacres de masse de 1997, instrumentalisés par vos services pour le déposer définitivement.
Mon général, sachez que l’intolérable impunité des « forces de l’ordre » a ébranlé le pays au plus profond de son âme. Car elle dit l’extrême violence, la corruption et le chaos qui règnent dans l’Algérie d’aujourd’hui. Pour mesurer l’ampleur du mal, il faut connaître le niveau d’implication de la nouvelle hiérarchie militaire dans les crimes contre l’humanité commis durent la « sale guerre » des années 1990. Toute la chaîne du commandement militaire actuel est composée de criminels, jusqu’au sommet. De surcroît, chacun « touche » à chaque étage, et chaque fois plus. C’est pourquoi un poste élevé au ministère de la Défense et à l’état-major se vend à celui qui à bien « bossé » dans les unités de « lutte antiterroriste ».
Cette lutte antiterroriste, qui a transformé progressivement chaque soldat en animal, a aussi transformé des sous-lieutenants et des lieutenants en lieutenants-colonels. Et elle a promu des chefs de section en commandants de régiment, des lieutenants-colonels en généraux-majors, commandants de région militaire ou commandant des forces terrestres. Et à chaque fête nationale, la presse algérienne nous a gavés des noms d’assassins promus à des grades supérieurs – des hommes que mes années de jeune officier en exercice dans les forces spéciales, de 1990 à 1995, m’ont parfois permis de connaître de près.
L’un de ces militaires, aujourd’hui général-major et commandant des forces terrestres – le second dans la pyramide après Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée – est le général-major Kadour Bendjemil. Cet artilleur, originaire d’Annaba, n’a cessé depuis son arrivée au commandement fin 1993, de se mouler dans le personnage militaire d’un homme qui ne recule devant rien. À l’époque, sa rage purificatrice n’a épargné personne dans son secteur d’intervention de Bouira (le « SOB »). Il a alors constitué une sorte de garde prétorienne composée de quelques officiers et sous-officiers de l’ANP et d’officiers du DRS, pour, d’après ses dires, « rétablir l’ordre » : au hasard des rafles qui avaient lieu, le jour dans les rues, la nuit dans les maisons, de jeunes Algériens étaient entassés dans des fourgons banalisés, enchaînés pour terroriser la foule et montrer comment l’armée traitait ses ennemis. Et beaucoup de soldats, de sous-officiers et d’officiers ont également perdu la vie à cause de la fameuse règle militaire selon laquelle le chef a toujours raison, même s’il a tort.
D’autres noms ? La liste est longue, mon général, de vos officiers criminels occupant aujourd’hui les plus hauts postes de notre ANP ! Je pourrais en citer, hélas, des dizaines… Comme le général Abdelkader Benzerkhoufa, ex-commandant du 11e RIM, régiment d’infanterie mécanisé stationné entre 1993 et 1997 à La Gare Omar (Bouira). Ou le général Noureddine Hambli, parachutiste commandant du 25e régiment de reconnaissance, l’un des responsables du massacre du 5 octobre 1988 à Alger. Ou encore le général-major Habib Chentouf, aujourd’hui commandant de la 1re région militaire ; le général-major Omar Tlemçani, commandant de la 2e région militaire, ex-commandant du 4e régiment de parachutiste (4e RAP) ; le général-major Amar Athamnia, 3e et 6e région militaire, ex-commandant du 12e régiment de para-commandos (12e RAP) ; le général Maamar Boukhenoufa, commandant du régiment d’infanterie mécanisé stationné à l’époque à Dar El-Beida ; le général Tirech, ex-capitaine à l’Académie militaire ; le général Rachid Guetaf, le général Abed Litim, commandant parachutiste, ex-capitaine aux 4e et 18e RAP, aujourd’hui commandant de l’École d’application des forces spéciales à Biskra ; le général-major Saïd Chengriha, ex-commandant de la 1re division blindée puis commandant de la 8e division blindée, aujourd’hui commandant de la 3e région militaire ; ou aussi les pires criminels que sont le général-major Mhenna Djebbar, ex-commandant du CTRI de Blida aujourd’hui chef de la DCSA, le général-major Bachir Tartag ou le général-major Abdelrazek Chérif, parachutiste commandant de la 4e région militaire.
Tous ces généraux ont été et sont toujours les acteurs d’une gigantesque entreprise de prise en otage d’un peuple entier. Avec demandes de rançons, chantage et détresse de dizaines de milliers de familles. De 1992 à 1999, ils ont conduit une « sale guerre » ciblant de manière délibérée des civils désarmés dans les zones sensibles, qui a fait 200 000 morts. Et en 2000 encore, ils ont lancé la terrible opération « Saïf El-Hadjaj » (« L’épée de El-Hadjaj »), dont le nom est le symbole même de la mort et de la terreur pour tous les musulmans. Avec vos pairs, vous avez ainsi mis en œuvre les principes de la « guerre psychologique » tels qu’ils ont déjà été appliqués pendant la guerre de libération par l’armée coloniale française, ou au Viêt-nam et en Amérique du Sud par les militaires américains et leurs alliés. Des méthodes qui incluent le bouclage physique des villes et des villages, la prise en otage de civils, les exécutions extrajudiciaires, l’enlèvement et la torture de toute personne soupçonnée d’appartenir à un groupe d’opposition.
D’où la fameuse question qui vous taraude aujourd’hui, avec vos complices : « Si nous lâchons le pouvoir, nous serons jugés pour crimes contre l’humanité ou crimes de guerre. » Vos généraux ont donc en permanence à l’esprit un kit de survie psychologique, et ils font tout pour respecter le pacte criminel qui les unit.
« DRS, dégage ! »
Aujourd’hui, mon général, en Algérie comme à l’étranger, vos émissaires sont sur tous les plateaux de télévision. Ces charlatans et pseudo-démocrates prétendent nous expliquer « comment devenir des opposants ». Ils veulent nous montrer la voie du « salut » par des discours démagogiques tout droit sortis de vos laboratoires de désinformation. Or que représentent-ils réellement dans la société algérienne ? Est-ce qu’un « démocrate » qui va manifester avec des gardes du corps de la police est crédible ?
Cette comédie peut peut-être abuser encore un temps des médias occidentaux – et français en particulier – qui ont depuis si longtemps renoncé à comprendre la perversité de votre système de pouvoir. Et vous avez su avec efficacité, à coups de prébendes et de désinformation, les encourager en ce sens pour vous soutenir. Mais vous ne pouvez plus abuser l’immense majorité du peuple algérien, qui est parfaitement lucide sur vos crimes et qui ne pense qu’une seule chose : « DRS, dégage ! »
Je sais comme tout le monde que votre souci principal est de ne pas se retrouver devant un tribunal pénal international, pour les crimes que vous avez commis depuis 1991. Chaque Algérien sait aussi que votre poulain Bouteflika est âgé et malade et qu’il a, tout au long de son mandat, abusé des circuits de corruption que vous lui avez laissés. L’affaire Sonatrach, devenue votre cheval de bataille pour brider celui qui prétend contester votre emprise sur ces circuits, est un révélateur de l’état de l’Algérie : de ses inégalités, de ses injustices sociales, de ses déséquilibres institutionnels, des abus d’un président sans contrôle comme de ceux de votre propre clan.
Dans votre régime en fin de règne, ces querelles misérables ne révèlent rien d’autre que la complicité conflictuelle qui vous lie, vous et votre président de façade, pour piller notre peuple. Ainsi, le DRS enquête et met à nu des réalités qui dévoilent les impostures et les mensonges d’un tout petit monde, qui par la faveur de votre pouvoir s’approprie la richesse nationale. On se souvient de ces grands titres de la presse dite « libre », mais très manipulée, qui révèlent telle ou telle affaire et de la fébrilité puis de la panique qui se sont emparées du cercle de votre président… Autant de faux-semblants d’une prétendue « lutte anticorruption » dont le seul objet est de préserver les pires pratiques de corruption.
Voyez par vous-même, mon général : ce qui était impensable il y a encore quelques semaines en Tunisie et en Égypte, peut bientôt se reproduire en Algérie. Des dictateurs ont plié bagage devant la colère de la rue. Mais soyez-en sûr, l’intifada fondatrice ne sera pas organisée par les faux opposants.
J’ignore ce qui va se passer maintenant. Nous avons des jours difficiles devant nous. Tout ce que je sais, c’est que l’Algérie a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes profondément loyaux et intègres, et non pas de ceux qu’on achète et qui se vendent. Des hommes et de femmes qui défendraient la justice et la vérité même si l’univers s’écroulait. Qu’il ne soit jamais dit que les Algériens n’ont rien dit, n’ont rien fait contre la bête immonde qui détruit notre nation. Les événements de ce début d’année 2011 dessinent une trajectoire fatale qu’il faut identifier et contrer pour préserver notre pays. Y a-t-il encore quelqu’un pour écouter la voix d’un Algérien ? Avons-nous peur de nos responsabilités ? Que deviennent-ils, les fils et les filles de l’indépendance ? De la guerre de libération ? L’Algérie est notre mère patrie, elle souffre d’un interminable cancer. C’est pour cela que je propose un congrès de la vraie opposition, une sorte de nouveau Sant’Egidio, parce que nous arrivons à un moment critique de notre histoire, à une époque d’incroyables défis à relever. -
Algérie Poste : 22% du courrier n’arrive jamais à sa destination
22 % du courrier des Algériens qui entrent dans le réseau d’Algérie Poste se perd ou n’arrive jamais à sa destination. Par ailleurs, le délai d’arrivée du courrier enregistre un grand retard pouvant atteindre les 15 jours dans certaines régions.
C’est ce que révèle un rapport établi par la Direction de la qualité au sein d’Algérie Poste. Ce rapport est le fruit d’une enquête d’un mois qui a touché 240 bureaux de poste au niveau national. Ainsi, malgré le budget de 15 milliards de dinars alloué à cette institution entre 2010 et 2015, ses résultats sont décevants vu sa médiocre prestation. En effet, en dépit des équipements de dernière génération qu’a acquis Algérie Poste, sa performance reste son point noir, révèle le rapport de la Direction de la qualité. Ainsi, ni ces moyens, ni la création d’un centre national de tri et de 9 centre régionaux de tri, encore moins les centres de distribution de courrier au niveau des wilayas ont pas pu améliorer la prestation les services d’Algérie Poste.
D’autre part, l’enquête révèle que l’arrivée à destination de 60 % du courrier au niveau de la même wilaya demande une journée supplémentaire au délai « normal» nécessaire. Par ailleurs, 20 % des lettres arrivent à destination 2 jours supplémentaires sur le délai normal nécessaire. Pour ce qui est du courrier entre les wilayas, 65 % des lettres arrivent à leurs destinataires avec deux jours de retard. Pis encore, 15 % du courrier entre wilayas arrive avec quatre jours de retard. Mais le comble dans cette histoire, c’est l’énorme retard qu’enregistre le courrier entre les wilayas du sud du pays. A titre d’exemple, une lettre envoyée de Ouargla n'arrive à Béchar que 15 jours plus tard!
Le même de la Direction de la qualité révèle aussi que la richesse créée par Algérie Poste ne couvre même pas les salaires de ses fonctionnaires. En plus de cela, la performance des travailleurs de cette institution est très faible et elle est loin des normes mondialement connues.
Echorok online
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Un gouvernement défaillant en panne de bonne gouvernace
Par Le Matin DZ |De ce qui nous parvient des différentes wilayas du pays, force est de constater l’inertie gouvernementale comme le montre d’ailleurs le peu d'efficacité de la dépense publique, des dépenses sans compter (aucun bilan physico-financier n’ayant été réalisé à ce jour).
Le gouvernement dépense selon les organismes internationaux deux fois plus en référence à des pays similaires pour avoir deux fois moins de résultats Cette défaillance au niveau central, montre l’urgence d'une réorganisation des différentes fonctions de l’Etat allant vers une décentralisation réelle et non une déconcentration. La centralisation bureaucratique des décisions avec une organisation jacobine a montré ses limites. Le cri de désespoir de certains walis démontre clairement que les autorités locales ayant peu de moyens et surtout ne leur laissant peu d’initiatives étant contraintes pour toute action de se référer à l’autorité centrale. La défaillance est au niveau de ces dizaines de milliers d’associations rentières vivant grâce au budget de l’Etat, instrumentalisées lors d’élections et non grâce à la cotisation de leurs adhérents. La défaillance est également au niveau des élus notamment les députés et sénateurs beaucoup plus préoccupés, comme bon nombre de ministres à leurs réélections espérant être élus grâce à la tète de listes et aux quotas.
Il n’existe pas de planification stratégique, l’exécutif vivant au rythme du cours des hydrocarbures. La rente toujours la rente, la dépense monétaire toujours la dépense monétaire sans se préoccuper des couts et des impacts économiques et sociaux face à l’implacable mondialisation où toute nation qui n’avance pas recule. Face à l’impasse du au blocage systémique, nous assistons à des replâtrages et à des promesses. Contrairement aux affirmations de certains responsables algériens, les réformes, selon l’avis unanime des experts internationaux, sont en panne, le taux de croissance, le taux de chômage, le taux d’inflation sont biaisés par les hydrocarbures démentant cette affirmation en date du 12 février 2012 comme cette affirmation récente que les recettes fiscales ordinaires représenteraient 50% alors qu’en réalité un calcul triangulaire donne moins de 25% idem pour l’apport des segments des entreprises rentrant dans le cadre des valeurs internationales. Et si face à cette catastrophe naturelle, l’Algérie n’avait pas d’hydrocarbures sachant que 50 millions d’Algériens dans 25/30 ans vivront sans hydrocarbures ? Aussi en ces instants pénibles, je tiens à rendre un grand hommage à l’armé nationale populaire (ANP), la gendarmerie nationale, la sureté nationale (DGSN) sans oublier les éléments de la protections civile pour leur plein engagement pour désenclaver les zones déshéritées et apporter aux populations démunis un peu de chaleur. Sans leurs interventions l’Algérie aurait vécu un drame national.
Professeur Abderrahmane Mebtoul
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