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algérie - Page 4

  • Algérie : La succession de Bouteflika se prépare au sein du DRS sous la supervision de Toufik Mediene

     

    L’improbable retour de Bouteflika à la gestion des affaires du pays est une éventualité que les décideurs et militaires Algériens ont fini par comprendre. Quant à une possibilité d’un quatrième mandat, on n’y pense même pas. 


    L’état de santé de Bouteflika est tel qu’il n’est plus en mesure de reprendre du service. Même son pronostic vital n’est pas certain, selon des sources concordantes, dont certaines ont été vérifiées.

    Pendant ce temps, le DRS prépare la succession de l’enfant d’Oujda dans la discrétion absolue. C’est la seule raison qui expliquerait le refus des autorités officielles de dire la vérité aux Algériens sur ce que devient le chef de l’Etat, qui, soit dit en passant, n’a pas donné signe de vie depuis exactement un mois. Il a d’ailleurs été transféré depuis dix jours dans une maison de convalescence au centre des Invalides de la ville de Paris.

    Selon un journal électronique connu pour la crédibilité de ses informations, le général Toufik, dit Mediene, premier responsable des services secrets, a convoqué en début de semaine, plusieurs hommes politiques du régime ou proches du sérail, pour discuter de la succession de Bouteflika.

    Il s’agit, selon toujours la même source, d’Abdelmalek Sellal (premier ministre), Abdelaker Bensalah (président du Sénat algérien) ainsi que plusieurs personnalités politiques importantes, comme Said Sadi, ex- pérsident du RCD et du patron de l’entreprise CEVITAL, l’industriel Issad Rebrab.

    Selon le même journal, qui cite des sources fiables, le général Toufik aurait donné des instructions fermes aux responsables et aux ministres du gouvernement de ne toucher à aucun cheveu du frère du président, en l’occurrence, Saïd Bouteflika, cité pourtant dans de graves affaires de corruption.

    Durant la même rencontre, le premier ministre Abdelmalek Sellal, principal favori pour succéder à Boutfelika, ne serait, dit-on, pas très enthousiaste de reprendre les rênes du pays.

    Abdelaker Bensalah, serait alors nommé Président par intérim comme cela est indiqué dans la constitution, en attendant que de nouvelles élections soient mises en place. La véracité de ces informations est difficile à vérifier, mais le journal qui les relate n’a pas pour habitude de verser dans la propagande. Une chose est sûre, des décision importantes sur l’avenir de l’Algérie sont en train d’être prises par le DRS, à l’insu du premier concerné : le peuple.

    La longue convalescence  du président de la République soulève désormais des inquiétudes quant à l’avenir du pays. lire la suite ici

     


     

  • said boutef SDF guide d'algerie vers le précipice

    Le rectangle magique !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Que sait-on exactement du prochain Conseil des ministres ? Presque rien ! Sauf qu’il devra impérativement se tenir entre 13 h 30 et 17 heures. Ils sont très à cheval…

    … en matière de visites, aux Invalides !

    Je crois bien – en fait, j’en suis même sûr – que nous sommes le seul pays au monde qui lutte contre les incendies avec des enveloppes ! Dans toutes les contrées de cette planète, on circonscrit un feu avec des extincteurs. Chez nous, peut-être dans une volonté schizophrène de nous singulariser, nous montons à l’assaut des flammes avec des enveloppes. Des piles d’enveloppes bourrées de fric ! Attention, je ne critique pas ! Je suis même forcé de reconnaître que les enveloppes ainsi brandies à la face sournoise des incendies se révèlent parfois très efficaces. J’ai ainsi le souvenir d’une cérémonie présidée par le pompier en chef, Abdekka, lorsqu’il sortait encore en intervention sur le terrain et qui l’avait vu distribuer des enveloppes dans la wilaya de Sétif. Des responsables locaux, des notables et des dirigeants de clubs de baballe montaient à la tribune, devant un large public, empocher les enveloppes avec d’immenses sourires Colgate et, pour certains d’entre eux, récitaient quelques vers de leur cru, rédigés à la hâte dès l’annonce de la G.D.E, la Grande Distribution d’Enveloppes. Ne soyons pas nostalgiques de cette période faste de l’enveloppe. Rien n’est perdu ! Sellal perpétue cet élément fondamental de notre culture. Lui aussi s’est mis à la G.D.E. «On ne change pas une enveloppe qui gagne !» aurait dit ce dirigeant sportif de l’est du pays, grand consommateur d’enveloppes de tous formats. Dans cette affaire, je suis étonné que l’industrie de l’enveloppe ne soit pas plus développée en Algérie. Je trouve même incongru le côté artisanal de la production locale d’enveloppes. C’est totalement disproportionné par rapport à la demande réelle. Economiquement, le marché de l’enveloppe représente un créneau porteur. Un secteur appelé à se développer de plus en plus. Pourquoi alors ne pas encourager les petits producteurs locaux ? Pourquoi ne pas en faire un axe prioritaire dans les dossiers d’aide à l’investissement jeune au niveau de l’Ansej ? Au lieu d’inonder le marché et nos routes de petits camions frigorifiques chinois ou japonais, d’accroître les risques d’accidents et les taux de mortalité et de handicaps, pour des gains de plus en plus serrés au demeurant, ne serait-il pas plus intelligent d’ouvrir le champ à la prolifération d’unités de fabrication d’enveloppes ? Des petites. Des grandes. Des moyennes. Des blanches. Des beiges. Des enveloppes avec ruban adhésif. Des enveloppes avec une fermeture en laiton clipé. Des enveloppes au goût framboise lorsque vous passez la langue dessus pour la fermer. Des enveloppes qui vous jouent le clip musical de Daft Punk «Get Lucky» lorsque vous les décachetez. En matière d’enveloppes, tous les économistes vous le diront : les possibilités sont immenses et diverses. Ils vous le diront d’autant plus volontiers que vous leur aurez glissé la bonne enveloppe dans la bonne poche ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

     

  • Human Rights Watch :ALGERIE

     

    Algerie:report 2011
    Downloadable Resources: 
     

    Le Président Abdelaziz Bouteflika a levé en février l'état d'urgence en vigueur en Algérie depuis 19 ans. Il a annoncé des réformes juridiques et politiques dans un contexte de tensions économiques croissantes, alors que se multipliaient les manifestations réclamant le changement, ainsi que les grèves de travailleurs. Ces mesures n'ont cependant pas permis, à l'heure où nous écrivons, aux Algériens d'exercer pleinement leurs droits à la liberté d'expression, de réunion et d'association.

    Les membres des forces de sécurité et les groupes armés ont continué à bénéficier d'une impunité générale pour les atrocités commises au cours de la guerre civile des années 1990. L’Etat a offert des indemnisations aux familles des victimes de disparitions forcées au cours de cette période, mais n'a apporté aucune réponse quant au sort de celles-ci. Les groupes armés ont continué à mener des attaques meurtrières, visant principalement les forces de sécurité de l'Etat.
    Liberté de réunion

    Le mois de janvier 2011 a été marqué dans de nombreuses villes par plusieurs jours de violentes manifestations et d'émeutes, déclenchées par la hausse du prix des denrées alimentaires de base. Alors que s'annonçait un retour au calme, les Algériens – inspirés par les mouvements de contestation en Tunisie et en Egypte – ont tenté à partir du 22 janvier d'organiser des manifestations pacifiques pro-réformes toutes les semaines à Alger, la capitale. D'importants contingents de police ont été déployés presque systématiquement lors de ces rassemblements. Les forces de l'ordre ont empêché le départ des manifestants, ou les ont confinés dans des espaces restreints. Des grèves de travailleurs de plus grande ampleur ont également eu lieu, notamment celle de milliers de gardes communaux le 7 mars à Alger, pour demander une augmentation de leur salaire.

    Le 24 février, le Président Bouteflika a mis fin à l'état d'urgence. Le décret instaurant cet état d'urgence accordait au Ministre de l'Intérieur de larges pouvoirs pour placer en détention administrative les personnes suspectées de menacer « l'ordre public », fermer les lieux de réunion, et interdire les rassemblements. De nombreuses restrictions aux libertés civiles imposées pendant la période de l'état d'urgence ont néanmoins perduré après sa fin, et les autorités se sont appuyées sur d'autres lois et réglementations répressives. L'interdiction de toute manifestation à Alger, imposée jusqu'à nouvel ordre en 2001, est par exemple restée en vigueur. En dehors de la capitale, les rassemblements publics sont toujours soumis à l'obtention d'une autorisation préalable, tel qu'exigé par un décret-loi datant de 1991. Si les autorités ont toléré quelques manifestations critiques à l'égard du gouvernement à l'extérieur d'Alger, cela a été l'exception plutôt que la règle.

    Le 16 mars, les autorités de la ville de Mostaganem ont arrêté et retenu prisonnière jusqu'au lendemain Dalila Touat, membre du Comité National pour la Défense des Droits des Chômeurs, une organisation non autorisée, parce qu'elle avait distribué des tracts. Elle a été inculpée pour violation de l'article 100 du Code pénal, qui interdit « toute provocation directe à un attroupement non armé [...] par écrits distribués ». Un tribunal de Mostaganem l'a acquittée le 28 avril. Les autorités ont également fait subir diverses formes de harcèlement à plusieurs syndicats indépendant qui n'étaient pas reconnus légalement.
    Liberté d'expression et d'association

    L’Etat contrôle tous les médias audiovisuels nationaux, qui proposent la retransmission en direct des sessions parlementaires, mais aucune émission critique sur les politiques gouvernementales. Les journaux appartenant au secteur privé jouissent d'une plus grande liberté, mais les lois répressives sur la presse et leur dépendance vis-à-vis des revenus de la publicité du secteur public limitent leur liberté de critiquer le gouvernement et les militaires. Les autorités ont interdit à la chaîne de télévision Al Jazeera d’ouvrir un bureau dans le pays.

    Le parlement a révisé en juillet deux articles du Code de la presse, et supprimé les peines de prison – mais pas les amendes – qui sanctionnaient la diffamation ou le fait de manifester du mépris pour le Président, les institutions de l'Etat, ou les tribunaux. Le Conseil des Ministres a approuvé en septembre un projet de Code de la presse qui supprimera s'il est adopté les peines d'emprisonnement pour attaques verbales ; de telles peines restent cependant inscrites dans le Code pénal, pour le même type d'infractions.

    Le Conseil des Ministres a adopté le 12 septembre un projet de loi sur les associations qui permet aux autorités de s'opposer à la création de toute association qu'elles jugeraient contraire à l' « ordre public » ou aux « bonnes mœurs ». Ce projet facilite également la dissolution par les autorités des associations, sur ordonnance du tribunal, tandis qu'il devient plus difficile pour ces dernières de recevoir des financements de l'étranger. Dans le cadre de ce projet de loi, le fait d'être administrateur d'une association « non-autorisée » reste un délit.

    Les autorités exigent des organisations qu'elles obtiennent l'autorisation du gouverneur local pour tenir des réunions publiques dans des salles. Le gouvernement a interdit en juin deux événements organisés par la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme : une conférence à l'occasion de la Journée de l'Enfant prévue le 1er Juin dans la wilaya (province) d'El Tarf, et une autre qui devait se tenir à Alger le 10 juin et portait sur la corruption dans le monde arabe.
    Liberté de religion

    La constitution algérienne fait de l'Islam la religion d'Etat et exige du Président qu'il soit musulman. Une loi de 2009 criminalise le prosélytisme des non-musulmans auprès des musulmans, mais pas le contraire, et interdit aux non-musulmans de se réunir pour prier, sauf dans des lieux approuvés par l'Etat. Dans la pratique, les autorités accordent rarement aux groupes de protestants algériens la permission d'utiliser des bâtiments pour leur culte. En mai, le gouverneur de la wilaya de Béjaïa a ordonné à l’Eglise Protestante d'Algérie (EPA) de fermer sept lieux de cultes « non-autorisés » en activité dans la wilaya. Le Président de l'EPA, Moustapha Krim, a affirmé en octobre que les églises continuaient à fonctionner, alors que l'organisation s'efforçait de faire appel de cette ordonnance auprès des tribunaux. Le 25 mai, un tribunal d'Oran s'est appuyé sur le Code pénal pour condamner Abdelkarim Siaghi un chrétien converti, pour « atteinte » au Prophète, et lui a infligé une peine de cinq ans de prison et une amende. Il a été libéré dans l'attente d'un procès en appel prévu en novembre 2011.
    Impunité pour les violations du passé

    Plus de 100 000 Algériens ont perdu la vie au cours des troubles politiques des années 1990. Des milliers d'autres ont « disparu » aux mains des forces de sécurité ou ont été enlevés par des groupes armés luttant contre le gouvernement, et n'ont jamais été retrouvés. La loi de 2006 sur la Paix et la Réconciliation Nationale instaure un cadre légal pour l'impunité persistante dont bénéficient les auteurs des atrocités de cette période. La loi érige en infraction pénale le fait de critiquer les institutions de l'Etat ou les forces de sécurité pour la façon dont elles se sont conduites au cours de la période des troubles politiques, condamnant donc potentiellement tous ceux qui affirment que les forces de sécurité se sont rendues coupables de violations des droits humains.

    La loi promet des indemnisations aux familles des personnes « disparues ». Les organisations qui représentent ces familles ont cependant condamné l'incapacité de l'Etat à fournir des informations précises sur le sort de leurs proches portés disparus, ainsi que les pressions exercées selon leurs dires sur ces familles, afin qu'elles acceptent l'indemnisation et renoncent à demander à connaître la vérité.

    Les tribunaux algériens ont prononcé de nombreuses condamnations à mort en 2011, mais observent un moratoire de facto sur les exécutions depuis 1993.
    Droits des femmes

    Les femmes algériennes subissent des discriminations dans le cadre du Code du statut personnel. Un homme a le droit de divorcer de sa femme sans motif, mais une femme ne peut demander le divorce qu'au nom de raisons très précises, comme l'abandon de famille. Le Khul' (une dissolution du mariage sans faute établie) est la seule option possible pour les femmes qui souhaitent demander le divorce sans invoquer de motif reconnu, mais il implique qu'elles renoncent alors à toute exigence financière.
    Terrorisme et lutte contre le terrorisme

    Les attaques commises par des groupes armés ont diminué de façon spectaculaire par rapport au milieu des années 1990, mais Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a continué de lancer des attaques meurtrières, la plupart – mais pas uniquement - contre des cibles militaires et policières.

    Le 24 février, le jour même de la levée de l'état d'urgence, le Président Bouteflika a promulgué un décret autorisant l'armée algérienne à mener des opérations de lutte contre le terrorisme, une mission déjà assumée par celle-ci pendant la période de l'état d'urgence. Le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), un service de l'armée, a été impliqué dans certaines des pires exactions perpétrées pendant les opérations de lutte contre le terrorisme depuis les années 1990.

    Toujours le 24 février, le Président Bouteflika a promulgué l'article 125 bis du Code de procédure pénale autorisant les juges à placer des suspects en « résidence sous protection ». La loi autorise cette forme de détention à s'appliquer dans un lieu secret, et prévoit que des poursuites soit possibles à l'encontre de toute personne qui révélerait sa localisation. La « résidence sous protection » remplace l'« assignation à résidence », appliquée pendant la période de l'état d'urgence à l'encontre d'un petit nombre de présumés terroristes. « L'assignation à résidence » permettait le retrait de ces personnes du système judiciaire, et leur maintien pour une durée indéterminée dans un lieu tenu secret, où elles étaient coupées de tout contact avec leurs familles et avocats.

    Après la levée de l'état d'urgence, les détenus qui avaient été « assignés à résidence » ont été présentés devant les tribunaux et transférés vers des centres de détention officiels. Les autorités ont cependant continué à empêcher certains d'entre eux d'apparaître aux procès. Les avocats d'Omar Ferrah et de Yacine Aïssani, deux hommes accusés de terrorisme, ont par exemple quitté la salle d'audience en signe de protestation devant l'incapacité du tribunal à présenter Amar Saïfi, le co-accusé et présumé leader de leurs clients, lors de plusieurs audiences de leur procès qui s'est déroulé entre mars et juin. Leur geste a provoqué l'ajournement du procès jusqu'au mois de novembre.

    Dans une affaire qui remonte aux années 1990, Malik Mejnoun et Abdelkader Chenoui ont été traduits en justice le 18 juillet pour l'assassinat en 1999 du chanteur et activiste kabyle (berbère) Lounès Matoub, après avoir passé 12 ans en détention provisoire. Les deux hommes clament leur innocence et ont déclaré avoir été torturé alors qu'ils étaient détenus au secret. Le tribunal les a déclarés coupables et condamnés à 12 ans de prison.
    Principaux acteurs internationaux

    Un accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne est en vigueur, et les deux pays ont signé un acte qui assure à l'Algérie 172 millions d'euros d'aide sur la période 2011-2013. En septembre s'est tenue une réunion du sous-comité du Conseil d'Association sur « le Dialogue politique, la Sécurité et les Droits de l'Homme ».

    Selon le gouvernement américain, l'Algérie « est un important partenaire dans la lutte contre l'extrémisme et les réseaux terroristes comme Al-Qaïda, et notre deuxième partenaire commercial dans le monde arabe ». Les Etats-Unis ne fournissent presqu'aucune aide financière à l'Algérie mais sont le principal client des exportations du pays, essentiellement du gaz et du pétrole. Le Président américain Barack Obama a également félicité le gouvernement pour avoir levé l'état d'urgence le 24 février, et a ajouté : « nous sommes impatients de voir les prochaines mesures qui seront prises par le gouvernement pour permettre aux Algériens d'exercer pleinement leurs droits universels, dont la liberté d'expression, d'association et de réunion ».

    En 2011, l'Algérie n'a toujours pas adressé d'invitation à visiter le pays aux cinq mandataires de procédures spéciales du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies qui en ont fait la demande, parmi lesquels le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires et le Rapporteur spécial sur la torture et les droits de l'homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L'Algérie a accueilli la visite du Rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable.

  • Pourquoi cette présidentielle sera différente des autres ? Parce que !

     

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Une nouveauté cette année. Le bac mention …

    … couteau !

    Qu’ils soutiennent une présidentielle avant terme, ou une présidentielle à l’heure, des voix nous jurent la main sur le cœur du voisin que «cette fois-ci, ça ne sera pas pareil que lors des précédentes présidentielles. Le scrutin sera réellement ouvert et forcément honnête». Bon ! On est bien obligé de faire avec ce qu’on nous vend. Et les camelots sont légion ces dernières heures. Mais maâlich ! Disséquons avec nos maigres moyens matériels et intellectuels cet axiome : «Cette fois-ci, ça ne sera pas pareil que lors des précédentes présidentielles.» Qu’est-ce qui pourrait faire que ça va être différent ? La matière avec laquelle les urnes seront fabriquées ? C’est une piste ! Il existe en effet moult catégories de plastique et maintes façons de mouler la fente. Sauf qu’au jour d’aujourd’hui, personne ne nous dit vraiment qui fournira la matière première qui entrera dans le process de fabrication de ces urnes. Qui va nous vendre le plastique, et qui va dessiner le moule ? Donc, laissons de côté la boîte, pour le moment. Les bulletins de vote ? C’est une autre piste ! Les forestiers et les imprimeurs vous l’expliqueront mieux que moi : il existe différentes qualités de papier. Et selon ce qu’on veut en faire, on ne choisit pas au hasard son rouleau et ses rames. Sauf que je n’ai lu nulle part une caution scientifique à cette thèse du papier. J’attendrais donc un éventuel communiqué de l’honorable institution dénommée «Conservation des Forêts» pour me prononcer. Donc, là aussi, je mets en veilleuse le papier et me cale bien confortablement contre le seul arbre survivant dans ma cité pour examiner cette autre piste : l’encre ! C’est une théorie fort sympathique. Examinons-la sans prendre de gants. Jusque-là, il semble bien que ce sont de grands groupes chimiques, comme BASF ou la 3M, qui fournissaient l’Algérie en encre électorale. Est-ce pour autant que le fait d’aller aujourd’hui vers d’autres fournisseurs issus du commerce équitable garantit une présidentielle différente ? Une question qui met dans l’embarras tous les scientifiques du pays. Pour une raison toute bête, du reste. Malgré des réserves de devises énormes, malgré une rente pétrolière et gazière immense, l’Algérie a investi dans des labos d’analyse des sodas, du saucisson casher, des circuits intégrés équipant les décodeurs pirates, mais jamais dans l’analyse et le décryptage des encres. C’est un comble pour un pays classé parmi les plus grands consommateurs d’encre de la planète. Donc, la piste de l’encre tombe elle aussi à l’eau. L’encre à l’eau, le papier enterré sous le dernier platane phtisique de ma cité, le plastique éparpillé dans les champs ou accroché en sachets aux lampadaires défoncés, que reste-t-il en bout de course pour valider la thèse d’une présidentielle enfin différente cette fois-ci ? Le thé ! Oui, le thé ! Y a pas de raison de me priver de ça. Moi comme les autres ! Et comme les autres, je vous fais cette promesse impossible à tenir : les prochaines élections présidentielles, qu’elles soient programmées avant terme ou à la date dite seront réellement différentes parce que le thé sera lui aussi différent ! Singulier ! A nul autre pareil ! Unique ! Libre à vous de me croire. Mais ne vous prononcez surtout pas avant de l’avoir fumé et de voir s’il aide vraiment à rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
    H. L.

  • Ya Baba Ya Latif

     

     

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    Dans plusieurs villes du pays, des élèves sont sortis, furieux, après un sujet de philosophie au baccalauréat jugé trop difficile parce que non étudié en cours de terminale. Contestation, violences, bref, un scénario à l'algérienne, pays tendu où même les épreuves scolaires donnent lieu à des affrontements. Mais qu'y avait-il dans ce sujet ? Un thème banal, «la vérité est relative». Où est le problème alors ? Il est dans le programme de terminale, dans les cours de philosophie où l'on apprend aux élèves que c'est surtout la liberté qui est relative.

    On peut comprendre ce choix des programmateurs pédagogiques, les libertés réclamées ici et ailleurs ne sont pas forcément bonnes pour tout le monde et il faut savoir les apprécier avec beaucoup de relativité, ce qui, pour le régime liberticide algérien, est utilisé comme propagande. Mais sur la vérité, c'est un tout autre problème. Car on enseigne depuis longtemps aux élèves, à leur parents et voisins qu'il n'y a qu'une seule vérité, celle de Dieu et pas n'importe lequel, et que ce dogme constitue quelque chose d'absolu et de non relatif. Comment ensuite disserter ? Le bug de l'élève devant cet obstacle majeur de la pensée n'est pourtant pas entièrement recevable ; quand on fait de la philosophie, on peut en théorie disserter sur n'importe quel sujet.

    En pratique, l'abrutissement de masse engagé il y a plus de 14 ans par le très relatif Benbouzid a donné ses fruits mous, et l'arrêt volontaire de la pensée engagé par les pouvoirs publics, les imams, les médias publics, les instituteurs, les chauffeurs de taxi et les coiffeuses aura contribué à fabriquer des générations de méta-bloqués. Maintenant que le sénateur Benbouzid peut disserter dans les fauteuils feutrés de la République du haut de ses 400 000 DA mensuels, son successeur Abdelatif Baba Ahmed doit se demander ce qu'il faut faire. Ou défaire. Tout est relatif.

     

    Chawki Amari
  • Le pouvoir et ses à-peu-près

     

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    Depuis plus d’une décennie déjà, les décideurs en charge de la chose économique s’autorisent à agir inconsidérément sur autant d’enjeux qui engagent le devenir même du pays. Que d’à-peu-près bricoleurs et que d’approximations dans les prises de décision ! Point de vision économique cohérente et nul choix rationnel et à long terme, dans un monde où les logiques primaires de patriotisme économique ne mènent souvent qu’à l’isolement. Après avoir employé toute son énergie, il y a une dizaine d’années, pour la céder au magnat mondial de l’acier, Mittal, l’Etat algérien bataille aujourd’hui pour récupérer le contrôle de son industrie sidérurgique, en y laissant bien sûr beaucoup de sous.

    De la même façon, l’Etat mène actuellement d’âpres négociations pour «nationaliser» l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, passé aux mains des Russes par l’entremise de sophistications financières dont nous sommes encore loin d’en avoir la science. Comble de l’impuissance, le pouvoir, qui aime tant à brandir le «droit de préemption» de l’Etat, nous dit que l’Algérie ne peut accéder à la 3G avant que les Russes ne daignent lui rétrocéder Djezzy. C’est que dans une économie globalisée, il ne suffit pas de changer ses lois à tout-va pour pouvoir donner sa mesure.

    De l’époque, pas si lointaine, où les décideurs optaient à courir derrière d’hypothétiques investisseurs non résidents, à celle actuelle où ils s’acharnent à imposer sans distinction la fameuse règle des 51/49%, rien de bien notable n’a changé pour l’économie nationale. Si ce n’est l’aggravation de sa dépendance au pétrole. Aujourd’hui encore, l’on parle à nouveau d’accélération du processus d’adhésion à l’Organisation mondiale de commerce (OMC). Si d’aventure ce processus aboutissait, de nombreux choix économiques devront encore être remis en question : l’interdiction d’importer des médicaments produits localement, l’arrêt de l’importation des véhicules d’occasion et peut-être même la règle des 51/49%.

    A mesure qu’il voit s’étoffer la rente et les réserves de change du pays, le pouvoir en place persiste à se dispenser de mûrir une quelconque stratégie économique claire, se contentant de papillonner de doctrine en doctrine et d’un cap à un autre. La réalité est que depuis l’ère des 1200 entreprises publiques à privatiser, au début des années 2000, à celle des creux concepts de patriotisme économique d’aujourd’hui, l’Algérie n’a fait qu’approcher le degré zéro de l’investissement productif. Très peu d’IDE, guère d’industrie et presque aucune perspective de diversification de l’économie. Que des équilibres macroéconomiques à surveiller de près, de crainte que les prix pétroliers s’effondrent et que la rente cesse. Un sort peu rassurant auquel nous condamnent, depuis des années, les décideurs en place. Des décideurs qui changent de choix, de cap et de lois comme ils changent d’humeur devraient logiquement être changés.

     

    Akli Rezouali
  • no moment

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  • ALGERIE:Apologie naturelle du désordre

    Avant, c’était mieux. Pas au temps de Boumediène, ou pire, au temps de la France, ou mieux, au temps naturel de la Numidie libre. Avant, avant tout, avant même le big-bang où tout n’était qu’ordre, quand temps, espace, matière et lumière étaient confinés dans la simplicité du «sans évènement», infini et zéro dilués dans le même état total. Contrairement aux historiens, les physiciens aiment s’en rappeler et rappeler que c’est cette explosion primordiale du big-bang qui a généré le désordre et la flèche du temps et, bien plus tard, l’homme aléatoire et sa théorie de l’entropie et du chaos ; tout système tend naturellement de l’ordre vers le désordre, de la simplicité d’une parfaite immuabilité vers la complexité des infinies complications. Pourquoi ce rappel ? Parce que tout n’est qu’avenir sur cette indémontable flèche des temps. Aujourd’hui, aux dernières lectures, il y a deux camps qui s’affrontent.

    D’un côté les salafistes, alliés aux Israéliens, Américains, Saoudiens et Qataris ; de l’autre les chiites, sunnites modérés, crypto-communistes, laïcs et démocrates progressistes. Qui va gagner la bataille ? Il faut avouer que le premier camp possède l’argent (le pétrole) et la puissance de feu (USA/Israël), ainsi que le pouvoir de persuasion (CNN/Al Jazeera). Que le second a pour lui l’éthique, le sens de l’histoire, le progrès et la nécessité des libertés. Si l’issue de cette guerre nous concerne tous, il faut bien se demander dans quel camp se situe l’Algérie. Aujourd’hui dans un autoritarisme-utopie de l’ordre, alors que ce n’est qu’un autre désordre, que sera-t-elle dans un an ? Re-voter Bouteflika ? C’est re-choisir un ordre désordonné. Pour les islamistes ? Un désordre ordonné. Il y a une troisième voie, le complexe désordre total, enfant naturel de l’ordre. Oui, mais c’est quoi ? Justement, si on le dit, ce n’est plus du désordre mais un ordre.

     

    Chawki Amari
  • La ligne rouge à ne pas dépasser

     

     

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    Un scénario inédit, séduisant presque. A rebours de sa réputation de sinistre police politique, le DRS, héritier de l’ancienne Sécurité militaire, du MALG, endosse depuis 2010 les beaux rôles, passant, depuis, pour le défenseur de la veuve et de l’orphelin,  le nettoyeur des écuries d’Augias, le sauveur de la République menacée par des légions de pourris. Et au DRS de se mettre en scène. Sans complexe : « Un général des ‘‘services’’  traque Chakib Khelil à Rome», titrait la gazette Ennahar ; « Bachir Tartag, le général du DRS aux commandes de l’opération ‘‘mains propres’’», lit-on sur le site de TSA (Tout sur l’Algérie), qui consacre un article panégyrique, ode à la gloire de cet officier du contre-espionnage sentant la nitroglycérine à cert lieues à la ronde.
    «Il y va, certes, du souci de soigner leur image, mais ce n’est pas exclusivement de ça dont il s’agit», estime l’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi. «C’est que, quelque part, on a pris conscience que la corruption et les pouvoirs enflant des puissances de l’argent constituent véritablement une menace à la sécurité nationale», ajoute-t-il.
     

     

    Cinquante-deux ans au pouvoir. Grands collectionneurs de mandats illimités devant l’Eternel, le président Bouteflika et le général de corps d’armée, Mohamed Mediène dit Toufik, le chef du Département du renseignement et de la sécurité, affichent au compteur du pouvoir plus que l’âge officiel de la République algérienne.   «Oui, il faudrait une révolution. Un changement total. Qu’ils partent tous… Bouteflika, Toufik  (….), qu’ils cessent enfin de régler son compte à l’Algérie.» Mohamed Mechati, 92 ans, parmi les derniers survivants du Comité des 21 révolutionnaires ayant déclenché la lutte armée, le 1er Novembre 1954,  n’a pas que ces mots en rafale, incandescents pour raconter son Algérie laissée exsangue par un demi-siècle de gouvernance par l’incurie et la corruption.  Le Vietnam, dit-il, ravagé par une guerre d’indépendance de 20 ans, trois fois plus longue que la guerre de libération, a réussi son décollage économique : «150 milliards de dollars à l’exportation. Alors que nous… »

    El Mouradia, mardi 21 mai. 23 jours après l’AIT, l’accident ischémique transitoire ayant terrassé le 27 avril dernier le président Bouteflika. Un «mini-AVC» — aux séquelles politiques décidément majeures — survenu, dit-on, des suites d’une «colère noire» provoquée par la mise en accusation, par le DRS, de son frère et conseiller, Saïd Bouteflika, dans des affaires de grosse corruption. «C’est du cinéma tout ça», glose Mechati. «Bouteflika, c’est dans sa nature : Il ne peut s’empêcher de manœuvrer, de ruser (…) à chaque fois que ses projets sont contrariés.» Ruser y compris avec et/ou par la maladie. Les quartiers présidentiels respirent le vide dans et autour du palais d’El Mouradia. La Présidence fonctionne en mode pilotage automatique. L’armée de conseillers à la Présidence, les «hommes» et la fratrie du Président, ce qui en reste, non encore déboulonnés par le DRS (Rouguab, son secrétaire particulier, le général Touati, conseiller à la sécurité, Abdelatif Rahal, conseiller diplomatique, etc.), s’avèrent incapables de (ré) animer la scène en l’absence de l’hyper-Président hospitalisé au Val-de-Grâce, à Paris.

    Les décrets s’entassent à la Présidence piaffant une hypothétique signature. Mais c’est de France, puissance étrangère,  sur un lit d’hôpital, que certains de ces décrets sont signés.
    ça ne fait pas scandale. Au contraire. «Le président Bouteflika a signé dimanche (19 mai) un décret instituant le 22 octobre Journée nationale de la presse», indiquait le lendemain et  avec aplomb un communiqué des services du Premier ministre. Pourtant,  le mois de mai est synonyme de quasi-disette pour l’imprimerie d’Etat : aucun Journal officiel n’a été imprimé pendant tout le  mois. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pourvu de pouvoirs anecdotiques par la Constitution de 2008, fait le bouche-trous, essaie de gouverner  par décrets exécutifs un pays qui ne se gouverne qu’avec des décrets présidentiels. Ben Aknoun, 2 mai.  Lendemain groggy de la finale MCA-USMA. Le derby a viré au combat de gladiateurs.


    Gouverner à partir du Val-de-Grâce : mode d’emploi


    Un duel à distance «Présidence vs Département du renseignement et de la sécurité» qui s’est joué sur tapis vert, par Ghrib et hooligans du système interposés. Pas d’«Ave César» entonné dans les travées du Colisée. Ce jour-là, au temple du 5 Juillet, pas de banderoles déployées sollicitant un 4e mandat au président Bouteflika. Le footeux scénario a tourné au vaudeville.
    Lieu prisé, point de chute d’agents du DRS, le club de tennis les Palmiers à Ben Aknoun est situé à quelques bornes du QG du DRS et de son redoutable «Service central de la police judiciaire», le SCPJ, créé officiellement le 9 février 2008 par décret présidentiel !
    La décapitation judiciaire — pour corruption — du management de Sonatrach à la mi-janvier 2010 a marqué l’apogée du SCPJ et de son armée d’enquêteurs formés à l’étranger  et passant depuis pour les «déboulonneurs» en puissance des hommes du clan présidentiel.
    Attablé à la cafétéria du club, l’intellectuel des «services», Mohamed Chafik Mesbah, ancien officier du DRS, conseiller du président Zeroual, ne désespère pas de voir   «muter» le général Toufik «en un Iouri Andropov». Autocrate réformateur russe, patron du KGB (1967-1982), architecte des réformes de la glasnost et de la perestroïka en ex-URSS, Andropov restera dans les annales pour avoir systématisé l’internement psychiatrique des opposants et surtout pour avoir livré une guerre implacable à la corruption, n’hésitant pas, une fois devenu SG du Parti communiste, à limoger de hauts dignitaires du régime.


    Les cadres du DRS «exaspérés» par les lignes rouges


    Mesbah réfute la thèse des luttes de clans au sommet de l’Etat. Une «thèse réductrice d’un phénomène amplement plus complexe», considère-t-il. Mesbah préfère le vocable aseptisé de «crise de gouvernance»,  même s’il admet que le président Bouteflika a, dès son accession au pouvoir, voulu mettre au pas et le DRS et l’armée devenue complètement «soumise» depuis la démission de l’homme fort de l’ANP, le général Lamari en juillet 2004. La nomination du général-major Abdelghani Hamel à la tête de la DGSN (juillet 2010)  obéissait, d’après Mesbah, au même plan de charge. «Bouteflika pensait avoir trouvé en le général Hamel l’homme qui succédera au général Toufik.» Le projet de créer un super-ministère de la sécurité englobant tous les services de sécurité, soutient l’analyste, n’a jamais été une fiction. «Et je me demande même s’il n’a jamais abandonné son projet.»   Epaulé par son ministre de l’Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, ancien numéro 2 de la Sécurité militaire, Bouteflika voulait mettre sur pied un système à la Ben Ali dont il est «adepte», conférant un rôle prépondérant à la police. Le politologue ne croit pas non plus à une stratégie marketing visant à réhabiliter l’image des «services». «Car s’il y avait une telle démarche, elle aurait été plus élaborée.»

    L’explication réside, selon lui, aussi bien dans ce «rééquilibrage au profit des missions classiques des services»  et surtout dans cet «état d’exaspération» générale ayant affecté les éléments des services de renseignement, dont les enquêtes avaient mis à jour des faits de corruption graves constituant une menace à la sécurité nationale. «Les cadres du DRS ont vu que leurs enquêtes n’aboutissaient pas. De 2008 à 2012, une ligne rouge était tracée, aussi bien par la hiérarchie politique que du commandement. Il ne fallait pas toucher à Ghoul, Saïdani, Chakib Khelil, s’arrêter au niveau des lampistes», précise Chafik Mesbah.
    L’ex-officier souligne le rôle déterminant de «filtre» joué par  l’ex- ministre de la justice, Tayeb Belaïz, dans le nettoyage des rapports d’enquêtes du DRS. «Belaïz était intervenu directement en janvier 2010 pour éviter la détention à l’ex-PDG de Sonatrach sachant que s’il avait été mis en prison, il aurait donné le nom de l’ex-ministre de l’Energie.»


    BelaÏz, le «filtre» de la Présidence


    «Les entités du DRS sont comme des organismes vivants ; un temps, elles doivent évacuer. Et c’est ce qui justifie le fait de communiquer à l’opinion publique les conclusions des enquêtes. C’était leur seule soupape de décompression», concut-il. Dimanche 19 mai.
    «Nous ne sommes pas tous des pourris.» Youcef Yousfi, le successeur de Chakib Khelil au ministère de l’Energie et des Mines, veut laver à grande eau et par petites formules l’honneur des cadres et des entreprises de son secteur terni par les scandales en série.  Les onze années de Khelil à la tête de ce ministère névralgique n’en finissent pas de répliquer. Au point qu’aujourd’hui, ses détracteurs n’hésitent plus à assimiler son action au ministère de l’Energie et à la tête de l’empire Sonatrach à de la «haute trahison».

    «Les dégâts occasionnés au secteur  de l’énergie et spécialement à Sonatrach mise complètement à genoux sont tels qu’il faudrait plusieurs décennies pour les résorber», assène un commandant du DRS qui a été  en fonction au ministère de l’Energie avant de se faire débarqué par sa hiérarchie. «Je reste tout de même le seul officier des renseignements à avoir résisté plus de 5 ans avec Khelil», affirme-t-il, un tantinet fier. Car dès son arrivée au ministère, Chakib Khelil «déclara la guerre» aux officiers  du DRS, obtenant la tête de nombreux officiers en les récusant soit auprès du commandement ou carrément en les «retournant» à son avantage.
    Rédigeant quantité de rapports, l’officier dit avoir avisé systématiquement sa hiérarchie et, par ricochet, les autorités politiques de tous les actes de gestion et agissements du ministre. «Il arrivait que le président de la République demande des explications au ministre, mais celui-ci savait, dans ses réponses, arrondir les angles et enjoliver les situations.»


    Un commandant du DRS : «Bouteflika était au courant de tout»


    Ouverture de corridors pour les majors pétroliers ; marchés de grè à grè et corruption ; remise à flots du plan Valhyd (valorisation-hydrocarbures) datant des années 1970 et consistant en une exploitation effrénée et à l’exportation massive des ressources, politique assimilée à un pillage organisé et grandeur nature ; mise en place de la «bourse de l’emploi» par laquelle le ministre à pu chambouler entièrement l’encadrement de Sonatrach ; arrêt de la formation et privatisation de l’Institut algérien du pétrole (IAP), etc. La liste de griefs accablant  Chakib Khelil est aussi longue que grave. «Pourtant, quand Khelil avait débarqué au ministère, il était vu presque comme le messie. Son aura et sa longue carrière à la Banque mondiale l’avaient déjà précédé. Mais il a débarqué avec de gros sabots et sa démarche était empreinte de collusions avec des intérêts étrangers.»

    Khelil, «homme des Américains» ? L’officier dit ne pas croire à cette légende. «Non. Pas les Américains. Car hormis Abraham Spencer, dit-il, secrétaire à l’Energie dans le 1er gouvernement de George Bush (2001-2005), Khelil ne disposait d’aucune autre entrée à l’Administration américaine. Sauf que lui savait jouer de cette réputation usurpée, faisant notamment miroiter au président Bouteflika qu’il est la seule interface crédible et reconnue par les Américains». Des «Américains», Khelil, «Texan» par adoption, en a pourtant ramené dans ses bagages à l’instar de Bob Pleasant, juriste à la BM et véritable architecte de la loi sur les hydrocarbures d’avril 2005. Gelée un an après, en juillet 2006, «grâce au DRS et non à Chavez», précise-t-on, la loi en question déroulait le tapis rouge au majors anglosaxons  et cassait le monopole de Sonatrach. «24 heures après la décision portant gel de la loi,  Chakib Khelil s’envole aux USA.» Le gel de cette loi a marqué, selon l’officier, un tournant dans le comportement de Chakib Khelil. «C’est à partir de là qu’il a commencé à déconner, à se livrer au pillage.»

     

     

    Mohand Aziri
  • Boumerdès, dix ans après

    Par : Mustapha Hammouche

    Le soir du 21 mai 2003, le séisme de Boumerdès tuait brutalement 1 391 personnes, en blessait plus de 3 000, mais laissait aussi derrière lui, par milliers, orphelins, veuves et veufs.
    Tandis que le lendemain, le petit matin dévoilait progressivement l’ampleur des dégâts, l’affliction se propageait, épousant le mouvement de propagation sismique. Dans la wilaya et les zones limitrophes des wilayas voisines, tout un peuple grouillait, incrédule et terrifié. Les militaires, gendarmes, policiers, pompiers, personnels de santé qui se répandirent sur le terrain restaient interdits devant l’étendue du gâchis.
    À l’évidence, en matière de catastrophe naturelle, l’État n’avait ni doctrine d’intervention ni moyens de réaction. C’est peut-être l’engagement humain, cette espèce de don de soi qui se manifeste en certaines circonstances, qui dut compenser le déficit public en termes d’anticipation, d’organisation et d’équipement. On le mesurait à l’intensité du mouvement de secours. Et à ce terrible paradoxe d’une population gagnée par l’affliction paralysante, mais aussi animée par une disponibilité solidaire.
    Avant que n’affluèrent du pays, puis de l’étranger, les aides et les bonnes volontés, c’était déjà le spectacle émouvant d’une peine massivement partagée. Le souvenir marquant de ces hommes, jeunes pour la plupart, qui sortaient le matin, chaque matin, pour aller “aider”, participant, durant de longues heures et pendant plusieurs jours, aux recherches de survivants et de cadavres sous les gravats. Ils allaient “aider”, comme ils disaient alors. Des journées de déblayage manuel, d’abord avant, puis pendant que les engins entraient en action.
    Dans ce contexte de chaos général et de déroutes individuelles, les morts n’eurent pas toujours droit à des obsèques accomplies ou à des hommages personnalisés, mais la dignité des gens faisait que l’empathie prenait le dessus sur la douleur ou l’hébétement : l’attitude générale constituait un hommage pour toutes ces victimes.
    Bien sûr, le cataclysme donna lieu aussi à la manifestation du versant noir de l’âme humaine. Celui-ci trouva les agents utiles à son expression, des bandes d’amateurs de vandalisme et de chapardage aux prédateurs politiques venus exhiber la charité de leurs sectes. Le séisme constitua aussi une occasion pour les braconniers de l’aide sociale et humanitaire que notre système à su faire proliférer : probablement rameutés par des proches administratifs, il en vint d’un peu partout pour se mettre en situation de “sinistré” dans la zone endeuillée, en attendant la distribution de logements notamment. L’aspect urbain de Boumerdès, de ses villages et de sa côte en particulier, en fut transfiguré. La Nationale 24, sur le long de la wilaya, s’est transformée en succession d’agglomérats de “chalets” et d’ensembles type HLM. L’aspect environnemental est détérioré par l’anarchie urbanistique et même sa sociologie a subi une soudaine transformation.
    Dix ans après, Boumerdès, jusque-là épargnée du fait même qu’elle était oubliée du Far West foncier, n’est plus qu’une “nouvelle frontière” de la fièvre immobilière nationale. Un des effets le plus regrettable est peut-être dans cette normalisation culturelle et environnementale que la région a subie. En plus des insondables drames humains qui continuent sûrement à éprouver de nombreuses familles.


    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • Bonsoir, tristesse !

     

    Par Maâmar Farah
    Entre les maladies des grands dignitaires, les funérailles nationales successives des anciens présidents et les rumeurs sur l'état de santé de M. Bouteflika, alimentées par une communication au point zéro, reste-t-il une place pour la vie, la joie et l'espoir dans ce pays ? Au chagrin officiel s'ajoutent la tristesse voulue par les obscurantistes et les peurs imposées par une société qui trouverait mieux sa place dans le Moyen-Age, encore qu'on s'amusait drôlement à cette époque ! Nous sommes morts sans le savoir ! Nos villes sont les plus tristes du monde et nos télévisions, à force de ressasser les anciennes haines et les vieilles rancunes, ressemblent à des mégères guère apprivoisées qui se transforment, sans le savoir, en canaux d'histoire et de religion, entièrement coupées de la réalité, recluses derrière les portes définitivement fermées à la modernité ! Ce qui me chagrine, c'est le sort des jeunes de ce pays qui, à l'âge des promesses et de la gaieté qui inonde les cœurs, sont obligés de subir la grisaille générale. Alors ne vous étonnez pas si vous les voyez s'entasser dans une barque pour fuir la mort lente d'ici, ils partent pour des pays où les plus vieux tombent malades aussi mais sans assombrir la vie des plus jeunes !
    maamarfarah20@yahoo.fr
    «Sellal : “La maladie du Président ne sera plus qu'un mauvais souvenir.” Tout en espérant bonne guérison au malade, et je le dis sincèrement, pourvu qu'il passe la main et que son règne de 14 ans ne soit aussi qu'un... mauvais souvenir !»
    (Tata Aldjia)

  • La présidence maintient le flou

    ÉTAT DE SANTÉ DE BOUTEFLIKA

    Abdelaziz Bouteflika, «dont l’état de santé s’est nettement amélioré, doit observer une période normale de repos prescrite par ses médecins». C’est ce qu’indiquait, hier mardi en fin d’après-midi, la présidence de la République dans un communiqué officiel repris par l’agence APS.

    Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Ce communiqué laconique, dont les mots sont minutieusement pesés, confirme, par ailleurs, ce que nous rapportions dans une de nos précédentes éditions, à savoir l’évacuation, dans un premier temps, le 27 avril dernier, de Bouteflika vers l’hôpital militaire de Aïn Naâdja. On y lit, en effet, que «les premières investigations effectuées à l’hôpital militaire Mohamed-Seghir Nekkache d’Aïn Naâdja (Alger), où le chef de l’Etat a été admis le 27 avril 2013, suite à l’incident ischémique transitoire sans séquelles qu’il a subi, avaient montré que son état de santé ne suscitait aucune inquiétude». Cela, avant que le communiqué ne poursuive : «Ses médecins lui avaient recommandé, néanmoins, des explorations médicales complémentaires à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce, à l’issue desquelles le président de la République va entamer la phase de repos prescrite». C’est tout ce que dit le communiqué. Pas un mot de plus ! Ceci étant, une première remarque s’impose : cette fois, c’est la présidence qui endosse le communiqué sans en associer, comme au premier jour, le professeur Bougherbal. Selon une source, ses sorties médiatiques au lendemain de l’évacuation du 27 avril n’ont pas du tout été appréciées en haut lieu. D’ailleurs, il s’est «éclipsé» depuis. En haut lieu, l’on a tenu à l’évidence à contrôler directement l’information sur ce sujet, car, nous apprenons aussi de source sûre que ledit communiqué devait être publié lundi dernier avant d’être mis sous embargo pour vingt-quatre heures. Aussi, est-il clair que la finalité recherchée à travers cette sortie était de mettre en évidence la nécessité d’une «période normale de repos prescrite par les médecins». En d’autres termes, cette période de repos sera plus longue qu’initialement prévue et annoncée. Mais ce que ne dit ni le communiqué ni aucune autre source, c’est qu’en réalité, tout dépendra de l’état réel de santé de Bouteflika qui n’admettrait jamais de se montrer devant les caméras dans n’importe quel état. Car la suite, toute la suite, sera une affaire d’image.
    K. A.

  • Les Affaires étrangères démentent l’info d’"Al Quds Al Arabi"

    RSS - Actualité

    Par Le Matin |
     

    L’Algérie a qualifié, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, de "totalement infondé et absurde" le contenu d’un article paru dans le quotidien Al Quds Al Arabi et dans lequel il est fait référence à la situation politique et à la stabilité en Algérie.

    Le siège du ministère des Affaires étrangères. Le siège du ministère des Affaires étrangères.

    Ainsi donc l'information d'Al Quds al Arabi n'a pas laissé indifférentes les autorités algériennes. "L’article commis dans le quotidien Al Quds Al Arabi par un journaliste bien connu dans notre voisinage géographique immédiat, est un tissu d’inepties malveillantes et la référence fielleuse faite à la situation politique et à la stabilité en Algérie, est totalement infondée et absurde", a déclaré, samedi à l’APS, le porte-parole du MAE.

    Amar Belani ne nie pas le renforcement de la présence de marines américains en Espagne. Cependant, il estime que "les mesures dont il est question dans cet article ne sont pas dirigées contre un pays en particulier et elles concernent encore moins notre pays", a encore précisé M. Belani.

    Dans ses allégations, l’auteur de l’article rapporte que les Etats-Unis "s’apprêtent à déployer des forces d’intervention spéciales" au niveau d’une base militaire située à Séville au sud de l’Espagne, "dans la perspective d’éventuels développements dans la région du Maghreb arabe".

    L’auteur pense que ces développements "concerneraient, en premier lieu, l’Algérie, au regard des conséquences politiques que pourraient engendrer les prochaines élections présidentielles".

    R.N./APS

    Lire l'article : Le Pentagone envisagerait un soulèvement populaire en Algérie

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  • Vous avez déjà chanté cette chanson, M. Bouteflika !

     

     
    Par Le Matin |
     

    La pudeur aurait commandé à Abdelaziz Bouteflika de ne pas en rajouter dans ce qu'il convient d'appeler une immense tragi-comédie. Pas un seul Algérien n'ignore aujourd'hui que c'est le président Bouteflika lui-même qui assure l'impunité aux grands délinquants qui pervertissent l'Etat et qui, en majorité, sont des personnes liées à lui.

    Vous avez déjà chanté cette chanson, M. Bouteflika !

    Écoutez-le revenir à la charge, le regard sévère, le ton indigné, brandissant la loi, jurant que l'Etat "n'hésitera pas à demander des comptes à toute personne coupable de corruption". Abdelaziz Bouteflika profite de la moindre occasion pour réaffirmer son "intransigeance" face à l'affaire Chekib Khelil. Le 24 février dernier, il marquait la date anniversaire de nationalisation des hydrocarbures et de la création d'UGTA par un message outré au secrétaire général de l'UGTA dans lequel on apprenait que lui, président de la république, ne "peut pas passer sous silence les scandales récemment relevés par la presse et qui touchent à la gestion de Sonatrach". Le 19 mars, date commémorative du cessez-le-feu, il récidive par un autre message adressé aux participants à un Séminaire national sur "L'évolution de l'Armée de libération nationale (ALN) durant la Révolution du 1er Novembre 1954", organisé à Tébessa ! Abdelaziz Bouteflika est encore plus sévère : "La loi s'appliquera dans toute sa rigueur car l'Etat est déterminé à imposer le sérieux et l'intégrité dans le travail et n'hésitera pas à demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi, tout en veillant à recouvrer les droits spoliés". L'inconvénient, c'est que de telles gesticulations pathétiques et hypocrites du chef de l'État algérien n'émeuvent ni ne font rire personne.

    Cette chanson, nous l'avons déjà entendue en 1999, lorsque, nouvellement élu, Bouteflika pérorait : "Ce pays a été géré par des bandits, mais je suis venu tout nettoyer à l'eau de Javel et la lessive au sein de l’État ne fait que commencer", fustigeant au passage les banques, les passe-droits, les douaniers et même la gendarmerie.

     Deux mois plus tard, le nouveau président algérien piétinait la loi du pays et accordait des passe-droits à Mohamed Ali Shorafa, ce milliardaire émirati, ami d’Abdelaziz Bouteflika, qui en 1999 a profité de ses relations avec le chef de l’État pour faire en sorte que le marché de la téléphonie mobile n’échappe pas à l’égyptien Orascom. Dix ans après, Orascom, qui avait racheté pour une bouchée de pain la cimenterie de Meftah avant de réaliser une juteuse opération en la revendant au français Lafarge, et dont le nom a été cité dans le récent scandale Sonatrach, sur la sellette, est priée de quitter l’Algérie. Quant à Mohamed Ali Shorafa, son passé ne plaide pas pour lui : son nom a été cité dans l’affaire de la banque BCCI aux États-Unis. Cette banque avait fait l’objet d’une commission d’enquête menée par le sénateur John Kerry, avant d’être liquidée par les autorités de régulation américaine et européenne le 2 juillet 1991 pour malversations financières l'Emirati Shorafa dans ce qui deviendra le premier scandale économique de l'ère Bouteflika.

     

    Pour avoir révélé les dessous de cette affaire, Le Matin et trois de ses journalistes ont été condamnés en diffamation par la justice algérienne en avril 2005.

    Bouteflika, protecteur des délinquants

     

    "Je suis venu tout nettoyer à l'eau de Javel et la lessive au sein de l’État ne fait que commencer..." Treize ans après ces tartarinades, l'Algérie est au centre de scandales sans précédent dans la secteur du pétrole. Tout l'Etat est gangréné. Treize ans après ces belles paroles, l’Algérie est classée par l’ONG Transparency international parmi les pays les plus corrompus de la planète. Et l’État algérien n'est plus que l'Etat des "amis", du bakchich et de l’impunité.

    Oui, la pudeur aurait commandé à Abdelaziz Bouteflika de ne pas en rajouter dans ce qu'il convient d'appeler une immense tragi-comédie. Pas un seul Algérien n'ignore aujourd'hui que c'est le président Bouteflika lui-même qui assure l'impunité aux grands délinquants qui pervertissent l'Etat et qui, en majorité, sont des personnes liées à lui.

    Qui a évité - et évite toujours - la prison au wali de Blida, Mohamed Bouricha, inculpé pour corruption, dilapidation de deniers publics, d’usage de fonds étatiques à des fins personnelles, de trafic de terres agricoles ? Qui a évité la prison à Amar Saïdani, ancien président de l'Assemblée, entendu par un juge de Djelfa pour avoir détourné des fonds publics à l’aide de sociétés-écrans ? Bouricha comme Saidani ont ceci de particulier d'être de grands "supporters" de Bouteflika. Amar Saïdani est l’ancien président du comité national de soutien au candidat Bouteflika lors de l’élection présidentielle de 1999 et de 2004. Sa société-écran s’appelle d'ailleurs Al Karama, allusion à la formule du Président !

    Mohamed Bouricha, originaire de Tlemcen, c’est-à-dire de la région chérie par la famille Bouteflika, fut l’un des principaux animateurs des comités de soutien au candidat Bouteflika lors de l’élection présidentielle de 1999 et 2004. À ce titre, il a d’ailleurs mené une hystérique campagne pour le président-candidat aux élections de 2004 et n’a jamais manqué de lui manifester son allégeance. N'oublions pas Mohamed Rédha Hemche, ex-directeur de cabinet du PDG de Sonatrach, exécuteur de besogne pour le compte de Chekib Khelil, chef d’orchestre de la magouille révélée en janvier 2010 et exfiltré d’Algérie dès l’éclatement du scandale. Sa nouvelle résidence : Montreux, en Suisse. N'oublions pas Mohamed Sbih, fils de l'actuel ambassadeur en France Missoum Sbih, un des architectes de l'opération de détournement des 3000 milliards de la BNA et qui a été laissé libre sur intervention de la Présidence ! Mohamed Sbih, Farid Bedjaoui fils de son père, et tant d'autres rejetons se gavant de l'argent de l'Etat et qui ont découvert l'Eden sous le règne de Bouteflika.

    L. M.

  • no moment

    DILEM DU 09 MARS 2013

  • Avec un aussi beau sourire

    c’est tout de même pas la mer à boire !

    Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com

     

    Farid Bedjaoui aurait investi une partie de sa fortune dans des vignobles. Finalement, au fond, ça doit être… … un bon gars ! Je ne le connais pas personnellement. Mais de prime abord, je lui trouve une tête plutôt sympa sur les photos diffusées par la presse. Par exemple, lui sourit. Vous prenez d’autres ministres, d’autres responsables du pays, ils font la gueule tout le temps. Pour ne citer que Ziari. Là, j’ai sous les yeux un cliché illustrant un papier sur sa candidature à la succession de Belkhadem à la tête du FLN, eh bien le gars tire la tronche. M’enfin ! Tu es candidat, c’est une bonne nouvelle, souris au moins ! Mais bon, le sujet, ce n’est pas la tête à Ziari mais plutôt celle du ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid-Ahmed Ferroukhi. Réellement, il a la bobine du mec franc du collier. Tu irais taquiner le gardon en sa compagnie sans aucun problème. Sauf qu’il n’y a pas de rivière à gardons en Algérie. Par contre, il y a de la sardine ! Et hier vendredi, sur un marché de l’Algérois, un marché à proximité de la mer, à quelques mètres seulement pour tout vous dire de la mer et d’un port de pêche, j’ai acheté de la sardine à 400 dinars le kilo. Pourquoi je vous raconte mes courses à écailles ? D’abord, parce que c’est tout de même 400 dinars pour une poignée de sardines vachement malheureuses et flétries au fond du sachet dans lequel elles m’ont été servies. Ensuite, il se trouve que j’aime la sardine. Oui ! J’adore la sardine. Et un ami, sachant cela, me racontait hier toujours, vendredi — une journée durant laquelle la sardine est décidément au centre de ma vie — qu’il était en mission de travail en Tunisie, la semaine d’avant. Et là, en Tunisie, plus précisément dans la région de Mahdia, il a acheté de la sardine à un dinar tunisien le kilo. Un dinar tunisien, c’est l’équivalent de 50 dinars algériens. Cet ami a tenu à me préciser, par ailleurs, que tous les autres produits de large consommation ont flambé de prix en Tunisie, depuis notamment les événements, mais la sardine, elle, est restée bon marché. Alors voilà ! J’en viens à notre nouveau ministre de la pêche et du poisson. A un visage aussi avenant, aussi souriant et ouvert, je n’ai qu’une question à poser : peut-on un instant laisser de côté le discours savant sur la protection de nos ressources halieutiques, l’injection de nouvelles capacités techniques et matérielles de pêche, l’encouragement tous azimuts des jeunes entreprises d’élevage et autres beaux projets qui sentent la crevette royale tous les midis sur nos tables, et exiger ceci de tout bon ministre efficace et souriant : de la sardine à 50 dinars régulièrement, ou presque. Juste cela, loin du blabla et des théories… vaseuses. C’est un challenge pour un ministre. Venir à la rescousse des petites bourses et enfin redonner un sens à l’expression, hélas aujourd’hui incompréhensible, «sardine = viande du pauvre». Un ministre comme le nôtre, avec un aussi beau sourire, doit pouvoir relever ce genre de défis. Sinon, c’est moi qui finirais par tirer une tête à la Ziari ! Tout en fumant du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.

  • c'est l'argent du peuple algerien que vous extorquez

    Fonds monétaire international : Christine Lagarde en Algérie en mars prochain

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	Christine Lagarde, directrice générale du FMI.

    | © D. R.
    Christine Lagarde, directrice générale du FMI.

    Les relations entre le Fonds monétaire international (FMI) et l’Algérie seront au menu de la visite de la directrice générale du FMI, Mme Christine Lagarde, qui arrivera à Alger le 12 mars prochain.

    Mme Lagarde, qui sera accompagnée de responsables du département du Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’Institution financière internationale, rencontrera pendant les trois jours de sa visite plusieurs hauts responsables des secteurs économique et financier, selon une source proche du FMI citée par l’APS. La visite de la directrice du FMI intervient après l’examen en janvier dernier par le conseil d’administration du FMI de la situation économique et financière de l’Algérie dans le cadre de l’article IV des statuts du FMI relatif à l’évaluation annuelle de chacun de ses pays membres.

    A cette occasion, le FMI a préconisé la préservation de la stabilité macroéconomique du pays et le développement d’une croissance solide hors hydrocarbures. Pour le FMI, qui table sur une croissance algérienne de 3,4% en 2013, contre 2,5% en 2012, il s’agit d’entreprendre de vastes réformes pour diversifier l’économie nationale, améliorer le climat des affaires, accroître la productivité et doper la croissance, notamment industrielle. L’autre point mis en évidence par l’institution mondiale est relatif au fait que la croissance économique enregistrée en Algérie n’est pas suffisante pour réduire fortement et rapidement le chômage.

    Le FMI cible également la dépendance à l’égard du secteur des hydrocarbures et des dépenses publiques, et la vulnérabilité du pays en cas de baisse prolongée des cours du pétrole. Pour remédier à cette situation, l’institution estime que l’Algérie n’a pas d’autre choix que de tirer profit de la hausse actuelle des prix de pétrole pour développer les secteurs potentiellement exportateurs et donc pourvoyeurs de devises afin de diversifier l’économie. Classée comme le pays le moins endetté des 20 pays de la région MENA, l’Algérie est dotée d’une situation financière extérieure confortable avec des réserves de change qui ont encore augmenté à 190,66 milliards de dollars à fin 2012, selon les chiffres publiés récemment par la Banque d’Algérie.

    Une situation financière qui lui a permis de participer à l’emprunt lancé il y a quelques mois par le FMI, pour un montant de 5 milliards de dollars. Suite à cette décision, Mme Lagarde avait exprimé sa reconnaissance à l’Algérie en saluant sa contribution financière qui s’est jointe à une action concertée entre les créanciers pour s’assurer que le FMI dispose de ressources suffisantes pour lutter contre les crises et promouvoir la stabilité économique mondiale.

    Zhor Hadjam
  • Le jour d’après… pétrole

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Ainsi, les réserves en hydrocarbures conventionnels sont en train de diminuer et les puits ont vieilli. Il faut, donc, trouver d’autres gisements, creuser d’autres puits et exploiter d’autres hydrocarbures, non conventionnels, pour maintenir le niveau de revenu auquel l’État algérien s’est habitué. Auquel notre “économie” s’est accoutumée. Et nous aussi.
    Il faut bien que l’État continue à entretenir les salaires, indemnités et avantages des castes institutionnelles, à financer le Fonds spécial de retraite, à assurer des marchés publics aux entreprises et bureaux des “neveux”, à procéder à des effacements électoraux de dettes.
    Il faut bien que le monde des affaires continue de tourner dans le sous-développement comptable et fiscal. Tant que les recettes pétrolières continuent à autoriser le mépris de la fiscalité ordinaire, il n’y aura que le bureaucrate à corrompre. Et, le pot-de-vin se négocie plus aisément que le taux d’imposition.
    Il faut bien que nous, citoyens consommateurs, puissions continuer à réfuter tout rapport entre nos revenus et nos efforts, à maintenir — sinon à l’élargir — en l’état la palette de produits subventionnés, à sous-payer gaz, eau et électricité, à considérer que c’est à l’État de nous loger, d’importer plus de 60% de notre alimentation.
    Si rien n’est fait pour contrebalancer les effets à craindre d’une baisse de réserves et de productivité des puits existants, l’on pourrait peut-être avoir des difficultés à maintenir ce mode de vie, voire devoir y renoncer. L’État devrait renoncer à son armée de dignitaires du “décret”, au renouvellement fréquent de ses milliers de parcs automobiles ; les entreprises “stratégiques”, parce que pas rentables, devront apprendre à investir elles-mêmes dans leurs centrales, leurs avions, leur bateaux… Nous, citoyens, devrons réapprendre le travail, le revenu transparent, le juste prix…
    Mais l’État pense pour nous. Il pense à l’après-pétrole. Depuis toujours. Sauf que pour nos dirigeants, l’après-pétrole, ça a toujours été le pétrole. Et, cette fois-ci, aussi : après le pétrole et le gaz, ce sera encore le pétrole et le gaz : nouveaux puits, offshore, gaz de schiste… qu’importe. On a même déjà repéré et les gisements et les sous-traitants, croit-on savoir. Sans même une minute de débat sur les risques environnementaux de cette activité. Ne serait-ce que pour la forme… écologique. Mais l’on ne goudronne pas dans le parc d’El-Kala, l’on n’offre pas des concessions de chasse d’espèces protégées, l’on ne creuse pas le Tassili et le Hoggar… avec une telle aisance, si l’on perçoit un tant soit peu la notion d’environnement. La ressource immédiatement réalisable, comme on le dit en gestion financière, il n’y a que cela de vrai !
    À l’Indépendance, nos libérateurs avaient pris le pouvoir. Le patrimoine. Et le pouvoir de répartir ce patrimoine. Mais pas le pouvoir de construire et de produire. Cela n’a pas changé depuis. Leurs abus mis à part, il faut reconnaître qu’ils n’ont jamais exigé de nous de travailler. Et nous, mains tendues, nous en sommes encore à réclamer  notre part de patrimoine. Infiniment. Eux, et leurs renforts post-libération, ne savent que grappiller et dépenser. Et nous, à nos niveaux respectifs, aussi.
    Si le déclin pétrolier se confirme, l’on risque, tous, de mal nous réveiller de notre nonchalance cupide et cinquantenaire.


    M. H
    musthammouche@yahoo.fr

  • no moment

    DILEM DU 26 FEVRIER 2013

  • Deuxième partie : Le FLN, d'Abane Ramdane aux milliardaires de la tchipa



    Par Le Matin |

    Depuis un mois, les milliardaires se réunissent au vu et au su de tout le monde avec Belkhadem, au siège du FLN, une façon de répondre aux «autres», les gens du DRS… Selon El-Watan, ils auraient édifié leur quartier général à Sidi Yahia où ils se retrouvent chaque soir pour affiner la stratégie pour le quatrième mandat de Bouteflika. Ce sont eux qui ont réussi à imposer à la tête du FLN, mercredi 20 février, l’ancien président de l’APN, Amar Saïdani, poursuivi par la justice pour détournement des fonds de l’Etat dans l’affaire de la Générale des concessions agricoles, mais protégé par Bouteflika.

    Deuxième partie : Le FLN, d'Abane Ramdane aux milliardaires de la tchipa

    Jusqu'à cette mauvaise nouvelle venue du procureur d'Alger, il dormait avec la sérénité des hommes puissants. Il en était devenu un depuis ce merveilleux jour d’avril de l’an 1999, jour de sa seconde renaissance, celle qui le fit entrer dans le monde par la grande porte. C’était un jeudi, il faisait beau et le bon peuple jouait à faire semblant d'élire un nouveau président de la république qui avait, au préalable, été élu par les généraux. Sur les conseils avisés d'un ami avocat, il avait vaguement contribué à la campagne électorale du personnage. Ne rate jamais de miser sur les chevaux gagnants, lui avait-il soufflé à l'oreille. Ton argent, je le remettrai à Koudjiti. C'est l'homme de confiance de Larbi Belkheir. Et Larbi Belkheir, tu le sais… Il fera des petits, ton argent, tu verras…

    Aujourd’hui, on l’appelle "l’émir du Qatar de Annaba" et son enseigne est sur son front : député milliardaire Tliba Bahaeddine ; importateur, négociant, courtier, grossiste et vice président du groupe parlementaire du FLN, parti au pouvoir ! L'ami avocat avait vu juste : l'argent misé sur le candidat de l'armée avait fait beaucoup de petits. Il fait partie de ces nouveaux riches qui ont prospéré dans l’import et le marché informel, dans cette Algérie qui favorise l’économie douteuse au détriment de la production nationale, celle-là gangrénée par l'accumulation des capitaux non déclarés, la spéculation, l'absence de transparence, la corruption, du népotisme économique à l’ombre de Bouteflika et qui, aujourd’hui, avec l’argent du négoce, sont devenus décideurs politiques, solidement installés dans les rouages du pouvoir, forts de cette soudaine capacité à promulguer des lois et à en bloquer d'autres. Ils ont, entre autres, empêché l’adoption de l’impôt sur la fortune, décriminalisé la corruption, et stérilisé jusqu’aux lois de la République qui venait d’être votées, comme l’obligation de régler par chèque toute transaction d’un montant supérieur à 50 000 dinars ou la loi de finances complémentaires (LFC) destinée à réduire les importations. De quoi donc s’engraisserait la mafia de l’import sinon des achats massifs à l’étranger ?

    Aujourd'hui, les amis de Tliba ont investi le FLN. Ils sont venus de partout, de Blida, comme Ahmed Djellat, une grosse fortune de la ville des Roses, de Tébessa, ville de l’homme d’affaires Mohamed Djemaï, propulsé député et membre du Comité central, en un tour de mains. Mieux, nous dit Said Rabia d'El-Watan, le milliardaire Djemaï sera imposé après les élections législatives du 10 mai 2012 comme chef du groupe parlementaire avant que la contestation ne fasse reculer le choix de Belkhadem. Ils viennent de M’sila, comme le milliardaire, Dilmi Abdelatif, placé tête de liste du FLN lors des élections du 10 mai 2012, de Bouira, d'où est arrivé Cherif Ould El Hocine», un autre milliardaire, ancien militant du Parti du renouveau algérien (PRA), président de la Chambre nationale de l’agriculture, propulsé membre du comité central avant de se faire élire à l’APN sur la liste du FLN et finir ensuite président de la commission de l’agriculture au Parlement, selon El-Watan. Belkhadem a ouvert ses portes jusqu'aux milliardaires d'Adrar, tel Ali Hamel, une relation de Bouteflika et bien introduit dans la zaouïa locale. Ils sont la nouvelle classe politique de l’Algérie eltsinisée. L’interface avec l’islamisme. La seconde mâchoire avec

    Ces milliardaires forment l'état-major d'Abdelaziz Belkhadem et la base forte de Bouteflika.

    Sous ses dehors puritains, sa barbe de grand dévot et sa gandoura blanche du vendredi, l'ancien chef du FLN ne répugnait pas à goûter de cet argent douteux que proposent, sans panache, les affairistes troubles. Il l'avait accueilli en fanfare, un matin, dans son territoire d'Annaba, finançant son séjour dans un grand hôtel, multipliant banquets et méchouis, et s'aperçut, à sa grande surprise, que le chef du FLN, appréciait ces libéralités sans trop se soucier de leur provenance. En vérité, il n'y avait rien de surnaturel à l'affaire. Dans "Les geôles d'Alger", je raconte l'incroyable histoire d'un codétenu pas comme les autres, un certain H.,homme d'affaires énigmatique et dont un des cousins, le procureur H., m'a condamné à deux ans de prison. Promoteur immobilier qu'on dit peu scrupuleux, H. s'était retrouvé à la prison d'El-Harrach à la suite d'une sombre affaire de pot-de-vin impliquant des responsables de la wilaya d'Alger avant de se voir rattrapé par une seconde plainte encore plus sérieuse, l'impliquant dans la scandale du préfet Bouricha : il avait offert villas et voitures au préfet, en contrepartie de quelques milliers d'hectares de terre incessibles de la Mitidja ! Tout autre justiciable en aurait été sérieusement préoccupé. Pas El-Hadj. Richissime et influent personnage, il était sûr de ne pas s'éterniser en prison et le laissait même entendre. Sur son portable, le soir, l'appelaient d'éminentes personnalités, dont un général très puissant et… Abdelaziz Belkhadem ! De si solides amitiés avaient rendu H. à la sérénité : il attendait sans grande impatience, le jour de sa sortie, partageant son temps entre la belote et la lecture ostensible du Coran. Il n'avait pas tort : en dépit de tous ces forfaits, El-Hadj sortit de prison, un soir d'été 2005, complètement innocenté, après seulement quelques semaines de détention.

    Une page dans El-Khabar

    Quelle mouche a donc piqué le procureur d'Alger pour qu’il annonce, de la sorte, le «lâchage» des amis du clan présidentiel ? Il en passe des nuits blanches, lui, Tliba, qui dormait du sommeil du juste, avec même le sentiment de l'être vraiment, du sommeil du juste, avec même le sentiment de l’être vraiment puisque, ma foi, puisqu’il était du bon côté de la barre et qu’il s’obligeait à sa zakat, ses 5 prières quotidiennes et ses pèlerinages à La Mecque d’où il revenait, cela dit, chaque fois un peu moins dévôt. Mais cela suffisait à la paix de sa conscience.

    Voilà qu’avec ce foutu communiqué du procureur et cette affaire de Milan, l’arbre vacille. Avec la pègre pétrolière mondiale, celle-là qui est au cœur du scandale de BRC et qui, aujourd’hui, fait la une en Italie avec l’affaire Saipem, ils forment la seconde mâchoire qui étrangle l'économie algérienne. S’ils ont touché à Saipem, c’est qu’ils sont proches d’arriver jusqu’à eux. Un neveu trop bavard, un de ces intellectuels à la langue pendue, lui a chuchoté que cela pouvait mal se terminer pour la famille et qu’il en fut ainsi de la coterie eltsinienne qui entourait le président russe à la fin des années 90. Mais qu’avait-il à voir lui, avec les gens d’Eltsine ? A sa façon de s’accoutrer, il rappellerait plutôt un mandarin de Doha. Enfin, plus un mandarin de Doha que le puissant ministre Anatoli Tchoubaïs. Il a toujours voulu, du reste, ressembler à un mandarin de Doha. C’est en parlant d’eux que l'ancien premier ministre Ahmed Benbitour, dans un entretien à El-Khabar (10 décembre), dit : "La caste qui entoure Bouteflika a tout intérêt qu’il fasse un mandat à vie". L’ancien chef du gouvernement désignait "un groupe de personnes qui profite des largesses du président et de ses cadeaux, mais aussi de l'état de faiblesse du pays, de la corruption, de la mauvaise gestion, du gaspillage, et des immenses programmes d’investissements dont la source principale de financement sont les hydrocarbures. Ces gens ont tout intérêt que l'actuel président reste au pouvoir pour un quatrième et cinquième mandat, voire y rester à vie". Ils ressemblent à ces oligarques russes soudainement enrichis dans l’après Gorbatchev et qu’on a vus saisis de panique à l'idée de perdre leurs positions et, surtout, d'avoir à rendre des comptes, ils chercheraient à maintenir coûte que coûte Boris Eltsine au pouvoir. C’est bien vrai, ça ! Qu’ils ne touchent surtout pas à Bouteflika ! Ils vont guerroyer pour que rien ne change dans cette Algérie qui favorise, Dieu merci, l’économie douteuse au détriment de la production, surtout pas ce régime qui les préfère aux patrons investisseurs, qui leur aménage des portes cochères pour grignoter leur part de l’excédent financier : l’Algérie de Bouteflika ! Sans lui, ils ne seraient rien. Entre le premier et le troisième mandat de Bouteflika, dans un marché économiquement dérégulé, où l’on ne produit presque rien car presque tout est importé, même de la tomate concentrée en provenance…d’Arabie saoudite , les importations ont quintuplé, passant de moins de 10 milliards de dollars en 1999 à plus de 40 milliards de dollars à fin 2009 ! Et Bouteflika les préfère aux entrepreneurs investisseurs ! Comment ne pas se jeter corps et âme dans la bataille du 4è mandat ? En 2004, alors que les principaux patrons, dont Issad Rebrab, Réda Hamiani ou Omar Ramdane, réunis au sein du Forum des entrepreneurs, tergiversaient longuement (trois réunions successives) avant d'accorder leur "soutien" du bout des lèvres, à Bouteflika, eux donnaient sans compter. On ne voyait pas, en cette année-là, la formidable puissance qu’ils représentaient déjà, en coalition avec la pègre pétrolière mondiale. En 2009 déjà, pour le troisième mandat, ils s’étaient faits moins discrets, y allant encore plus franchement. Ce sont eux, les nouveaux milliardaires de l'économie informelle, qui avaient pris en charge la logistique du siège de campagne du candidat Bouteflika. Ils avaient tous payé, le soutien logistique, le transport, le traiteur, le téléphone, les supports de communication, les affiches, les posters, les tee-shirts, les fascicules… Ainsi, la «villa blanche», la compagnie de sécurité privée, les supports médias, les lignes téléphoniques mobiles, le transport et même le site internet officiel (bouteflika2009.com), appartenaient à l’homme d’affaires Rédha K., 36 ans,réputé proche du frère du Président, Saïd et dont le père, Ahmed K., avait fait fortune dans l'importation de ronds à béton dans les années 1990.

    Le poing et les dobermans

    Non rien ne doit changer. Et pour cela, la troupe de milliardaire sait donner du dinar et du poing. Le dinar pour se faire élire. Le dinar pour faire élire Bouteflika. Le poing pour neutraliser les adversaires de Bouteflika. Le député milliardaire Tliba Bahaeddine dispose d'hommes de main mafieux et de troupes de voyous prêts à casser de l'opposant. Selon une source proche du parti, c'est lui qui a fourni, lors de la réunion du Comité central du 15 juin dernier, les baltaguias, ces voyous qui ont empêché un bon déroulement de la réunion et permis le maintien de Belkhadem. Le poing comme avec le mouhafadh FLN de Annaba, Mohamed Salah Zitouni, adversaire de Belkhadem et un des chefs de file des redresseurs. Zitouni s'est retrouvé à l'hôpital pour traumatisme et blessure au visage. Il accuse Tliba Bahaeddine d'être le commanditaire de cet acte de violence qu'il a fait commettre par des voyous d'Annaba.

    Quant au dinar, il ne manque pas. Il sert aussi à achèter des voix qui en feront les édiles de la nation, le droit de siéger dans les plus hautes instances de l'État, dans les assemblées et probablement au sein même du conseil des ministres. L’argent de l’informel sert à ça : corrompre et pervertir le choix populaire. Inutile pour le citoyen électeur de désigner ses représentants au sein des instances de l'État. Les nouveaux riches le font à sa place. Pour eux, les élections ne sont qu'un souk où tout se monnaye, la place de député, de maire, de chef de parti ou de ministre. Les choses ont atteint un tel stade de gravité que même la Commission nationale de surveillance des élections locales (Cnisel) vient de reconnaître que les municipales du 29 novembre 2012 – tout comme les législatives de mai 2012 - ont été perverties par "l'argent sale" qui a "influencé lourdement sur le résultat du scrutin". Mais qu'ils soient pervertis par l'argent sale ou les fraudes politiciennes, quelle différence ? Aujourd’hui tout a un prix, disent-ils. Même le FLN d'Abane Ramdane et Ben M'hidi ! C'était couru, diraient certains. Le parti avait commencé par l'hégémonisme et le recrutement des malfrats chargés de liquider les adversaires, dont les hommes de Messali Hadj. Il retourne à ses malfrats. Oui, chaque chose a un prix.

    Tliba Bahaeddine s’est distingué en fin novembre 2012 en s’offrant une page publicitaire en couleur dans un grand quotidien algérois et dans laquelle il exhortait le président Abdelaziz Bouteflika à se présenter pour un quatrième mandat. Une non réélection de Bouteflika serait une catastrophe sans nom pour eux. La page publicitaire achetée par Tliba dans El-Khabar, appelant Bouteflika à se présenter en 2014 était le signe d’une nouvelle stratégie. Finie la discrétion ! Depuis un mois, ils se réunissent au vu et au su de tout le monde avec Belkhadem, au siège du FLN, une façon de répondre aux "autres", les gens du DRS… Selon El-Watan, ils auraient édifié leur quartier général à Sidi Yahia où ils se retrouvent chaque soir pour affiner la stratégie pour le quatrième mandat de Bouteflika. Ce sont eux qui ont réussi à imposer à la tête du FLN, mercredi 20 février, l’ancien président de l’APN, Amar Saïdani, poursuivi par la justice pour détournement des fonds de l’Etat dans l’affaire de la Générale des concessions agricoles, mais protégé par Bouteflika. Amar Saïdani, comme Mohamed Bouricha, wali de Blida, comme Mohamed Rédha Hemche, neveu de Chakib Khelil ministre de l’Énergie, et chef d’orchestre des plans de détournement de l’argent de Sonatrach et des contrats douteux, Saidani est le prototype de kleptocrates venus dans le sillage de Bouteflika. C'est ça, l'esprit de "famille" !

    Mohamed Benchicou

    Prochain article : Plus forts que le DRS ?

    Lire : Première partie : Il est bien tard, Monsieur le procureur d'Alger...