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LES PRATICIENS DE SANTE', DONNEZ VOTRE AVIS. - Page 70

  • no moment

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  • Prix de gros sur les marchés humains

     

     

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    Déjà très frileux, plus à l’aise dans un bureau climatisé que dans la rue, enfermés dans leurs bunkers de certitudes à passer d’opaques contrats, les gouvernants vont profiter de l’enlèvement du wali d’Illizi pour s’isoler encore plus, prenant le prétexte sécuritaire pour définitivement s’emmurer. Plus de contact ou alors à la télévision ; plus de sorties sur le terrain ou alors dans un terrain vague déminé de ses citoyens ; plus de pourparlers directs avec la population ou alors sans population.

    Le syndrome de Debdeb, qu’il soit une «improvisation», selon DOK, un «roman rocambolesque» pour Louisa Hanoune (qui conteste la version officielle), aura creusé encore la ligne de front entre gouvernants et gouvernés. Déjà, pour voir un wali, il fallait attendre des semaines, posté en sentinelle devant les rares jours de réception, être un professionnel de l’entregent ou un spécialiste du démontage de scanners. Déjà, le Président avait montré la méthode : parler à son peuple le moins possible, une à deux fois par an au maximum. Avec ces derniers événements, la gestion se dirige vers un modèle de pays télécommandé à distance, le régime communiquant par propagande à la télévision, par «sources anonymes» avec les médias écrits et par SMS avec les électeurs sur la nécessité de voter. Ce qui favorisera l’émergence d’une nouvelle race, les intermédiaires. Des hommes de main qui feront le travail de terrain, faisant passer messages et promesses des décideurs à chaque émeute ou avant-projet de loi. Un nouveau métier qui attirera les multi-vestes et spécialistes des milieux interlopes.

    En économie, ces intermédiaires existent déjà, installés entre les milieux d’affaires et l’Etat, brassant au passage des milliards non déclarés. En sociopolitique, le trafic va simplement s’adapter. Acheter à bas prix des hommes et des femmes sur le marché humain pour les revendre très cher à l’Etat.

     

    Chawki Amari
  • 7e jour de détention arbitraire du Dr Mourad Dhina. Premières réactions d’ONG

     

    LADDH

    Mourad DHINA : une détention et des interrogations.

    La LADDH exprime sa préoccupation concernant la décision de la justice française de maintenir Mr  Mourad DHINA  en détention en vue d’étudier une possibilité d’extradition vers l’Algérie suite à une demande exprimée par les autorités algériennes.

    Mourad DHINA, directeur exécutif de l’organisation de défense des droits de l’Homme EL KARAMA, et membre fondateur du mouvement politique d’opposition RACAHAD, a été arrêté par la police française le 16 janvier 2012, alors qu’il s’apprêtait à quitter la France pour rejoindre la Suisse , pays de sa résidence dont lequel il bénéficie du statut de refugier politique.

    La LADDH s’interroge sur le timing et l’opportunité d’une telle procédure, dans la mesure où la demande d’extradition exprimée par les autorités algériennes concerne une condamnation par contumace datant de 2003, et que Mourad DHINA  a transité  et a séjourné  régulièrement sur le territoire français.

    La LADDH considère que l’étude de la demande d’extradition de Mourad DHINA doit prendre en compte son statut de refugier politique et sa qualité d’opposant politique qui n’a pas et ne pourra pas bénéficier d’un procès équitable en Algérie car la LADDH considère que la justice algérienne n’est pas indépendante lorsqu’il s’agit de procès de nature politique.

    La LADDH reste attentive  la suite que donnera la justice française à cette affaire.

    Alger le, 21.01.2012
    Le président
    Mostefa BOUCHACHI

     

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    ALGERIA-WATCH

    Mourad Dhina ne doit pas être extradé vers l’Algérie

    Algeria-Watch, 22 janvier 2012

    Mourad Dhina, membre fondateur du mouvement politique Rachad (créé en 2007) et directeur exécutif de l’organisation de défense des droits de l’homme dans les pays arabes Al-Karama, a été arrêté par la police française à l’aéroport d’Orly le 16 janvier 2012, alors qu’il devait prendre un vol à destination de Genève, où il réside depuis 1994. Il est plus que probable que cette arrestation fait suite à une demande des autorités algériennes, alarmées par les regains d’activité du mouvement Rachad en France. Le 11 janvier 2012, à l’occasion du vingtième anniversaire du putsch militaire en Algérie, un rassemblement a été organisé à son initiative devant l’ambassade algérienne.

    Mourad Dhina a été présenté le 17 janvier devant le procureur général de la Cour d’appel de Paris, qui a décidé sa mise en détention aux fins d’extradition. Il a été interpellé pour répondre à un mandat d’arrêt international délivré contre lui en septembre 2003 par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Il serait accusé d’appartenir à un « groupe terroriste » ayant activé à l’étranger durant les années 1997-1999, en l’occurrence en Suisse. Les autorités de ce pays, qui avaient pourtant été régulièrement saisies par le gouvernement algérien, n’ont jamais poursuivi Mourad Dhina, pour la simple raison que les faits dont il est accusé sont dénués de tout fondement.

    Docteur en physique nucléaire, diplômé du MIT, il travaillait au CERN à Genève depuis 1987 tout en enseignant à l’Ecole polytechnique de Zürich. Il résidait alors en France. En réaction au coup d’État militaire du 11 janvier 1992 et la dissolution du Front islamique du salut (FIS) en mars de la même année, M. Dhina a rejoint ce parti et militait en son sein, notamment pour protester contre son interdiction. En août 1994, lors de la rafle de militants du FIS orchestrée en France par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua, sur injonction du DRS algérien, près d’une centaine d’entre eux ont été arrêtés et ont subi un traitement des plus humiliants (dix-neuf d’entre eux ont notamment été déportés illégalement vers le Burkina Faso). M. Dhina, qui n’a pu être arrêté à cette occasion, s’est alors installé en Suisse, où il a continué ses activités professionnelles et politiques.

    Fin 1994, un journal suisse publie son nom sur une liste de deux cents personnes soupçonnées d’implication dans un trafic d’armes au profit des groupes armés en Algérie. La justice suisse n’a jamais pu établir l’origine de cette liste, mais un inspecteur de la police de Genève qui l’avait transmise aux services algériens a été jugé et condamné pour espionnage par le Tribunal fédéral. Mourad Dhina, qui s’était porté partie civile au procès, a néanmoins du quitter le CERN. En 1995, Smaïl Lamari, le numéro deux du DRS, s’est déplacé personnellement vers la Suisse pour demander son extradition.

    Continuant de militer publiquement, Mourad Dhina devient responsable du bureau exécutif du FIS à l’étranger en 2002 et coorganise son congrès à l’extérieur la même année. C’est à la suite de cette rencontre que le chef du gouvernement algérien de l’époque s’est rendu en Suisse pour demander son extradition. En octobre 2004, il se retire du FIS pour co-créer trois ans plus tard Rachad, un mouvement qui regroupe des militants de tendances diverses.

    Il est évident que le harcèlement dont fait l’objet M. Dhina est en relation avec ses activités politiques. Il a toujours dénoncé fermement le rôle joué par le DRS et ses relais dans la « sale guerre » contre le peuple algérien depuis 1992, avec ses massacres et exécutions sommaires ayant fait 150 000 morts, et les disparitions forcées de 20 000 personnes ; il a refusé les mesures de « concorde civile » (en 1999) et de « réconciliation nationale » (en 2005) promues par le pouvoir pour blanchir les responsables des crimes commis pendant les années 1990. C’est cet engagement pour la vérité et la justice, qui ne tolère aucune compromission, qui lui vaut d’être considéré comme l’un des opposants à écarter.

    Il est paradoxal que le gouvernement français se fasse l’exécutant zélé de cette volonté du régime algérien, à l’heure où son ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, après les « printemps arabes », ne cesse d’affirmer la nécessité pour la France d’établir de nouveaux rapports avec les islamistes respectueux des principes démocratiques, comme c’est le cas de M. Dhina (« Je souhaite, déclarait ainsi M. Juppé en avril 2011, que [le] dialogue s’ouvre sans complexe aux courants islamiques, dès lors que [...] les règles du jeu démocratique [et] le refus de toute violence sont respectés de part et d’autre »). Mais dans le cas de l’Algérie, c’est hélas la continuité des anciennes pratiques qui semble prévaloir : ce n’est pas le Quai d’Orsay qui dicte la politique française vis-à-vis de ce régime, mais bien les services de police, en l’occurrence la DCRI, dont on sait les liens historiques avec la police politique algérienne, le DRS.

    Algeria-Watch proteste vivement contre cette arrestation arbitraire qui obéit à une injonction du DRS et rappelle qu’au moment où le général Khaled Nezzar, l’un des responsables du putsch en janvier 1992 et de la « sale guerre », est poursuivi en Suisse, en France, un militant politique qui n’a jamais recouru à la violence est menacé d’être extradé vers un pays régulièrement condamné pour ses graves violations des droits de l’homme.

     
  • Mourad Dhina victime d’un deal honteux !pouquoi la france deal aveec les généraux maffieux algeriens!

     

    Abdelwahab Benyelles

    L’arrestation à l’aéroport parisien d’Orly d’un des membres fondateur de Rachad est soupçonnable d’être bien concoctée d’avance par les services secrets franco-algériens.

    Dans les coulisses, la finalisation du « deal » s’est faite, entre autres « Gros Deals », lors de la dernière visite en Algérie de Claude Guéant, et non pas pendant l’audition de la marionnette civile de Medelci par les députés français trois jours plus tard à Paris.

    Car durant la courte visite, le ministre de l’intérieur français était accompagné de Bernard Squarcini alias « le squale », patron du DCRI, qui voulait rencontrer et faire plus ample connaissance avec son homologue, le futur directeur du DSI/DRS, Bachir Tartag alias le « bombardier », une nomination contre le gré de Bouteflika, annoncée en grandes pompes par la presse algérienne et étrangère quelques jours plus tard.

    De prime abord, avec une lecture analysée des événements, l’effet ricochet de cette arrestation de Dhina, laisse déduire que cette rencontre récente de haut niveau de la « barbouzerie » franco-algérienne était richement fructueuse et consensuelle pour que les services reprennent de l’excellent « service » comme dans les années 90.

    Cette reprise des services augure encore du mauvais sort pour l’Algérie et elle est incluse en même temps dans une feuille de route machiavélique mise en branle dans de différents laboratoires d’analyses de services d’intelligence et de « think tanks» sionistes qui poussent à la manipulation régionale du « canevas » islamiste, lequel pourrait être « démocratiquement » imposé aux algériens aux prochaines élections législatives « libres » pour « homogénéiser » politiquement la région du Maghreb.

    L’ordre marchand mondial sioniste veut faire embarquer tous les pays arabes dans un nouveau « bateau » pour une autre « croisière » de cinquante ans de démocratie factice. Un autre bourbier pour calmer les ardeurs réelles, telles que celles de Mourad Dhina et d’autres leaders authentiques d’opinions, et de retarder l’échéance historique de la renaissance algérienne, laquelle il faut le souligner, est la locomotive du Maghreb politique de demain.

    Un nouveau système « saturne » multi environnements sera mis en place, en plus des autres « fusibles » classiques qui sont toujours en fonction pour tronquer et altérer l’opposition réelle algérienne même de tendance islamiste. Il faut que tout bouge pour que rien ne bouge en Algérie. Ce pays qui est en réalité le talon d’Achille de la cinquième république française qui avait naquit du drame insurrectionnel algérien et qui perdure encore en considérant son ancienne chasse gardée comme un marché refuge, surtout en ces temps de vaches maigres, et depuis sérieusement la perte de son triple A et de sa crédibilité financière auprès des créanciers de ce monde.

    En touchant à Mourad Dhina, l’establishment français a donné son accord complice quant à la prolongation du bail de la confiscation de l’indépendance algérienne, malgré que le calendrier de l’histoire ne le conseille guère durant cette année cinquantenaire de tous les dangers en plein printemps arabe et en pleine campagne électorale française.

    L’avenir politique de la France, et dans une certaine mesure de l’Europe, dépendra de ce qui sortira de ce futur Maghreb « apprivoisé ». Si l’Algérie entamerait un processus réel de transition démocratique pour bâtir un vrai État de Droit, la France serait sans aucun doute ébranlée dans son passé, présent et future, et serait certainement obligée, sous le scandale de son histoire coloniale, d’extirper le cadavre insurrectionnel de son placard et de passer à la sixième république.

    Un rêve que caresse ardemment Arnaud Montebourg, le socialiste antimondialisation aux racines algériennes, qui a « deviné » que la seule issue à défaire l’imbroglio franco-algérien est bien celle de cesser de gérer derrière le rideau asservissant de l’Élysée, installé depuis belle lurette par Jacques Foccart.

    D’ailleurs, lors de la visite de Montebourg en Algérie – tant reprochée par ses pairs – en pleine campagne des primaires socialistes, il a eu un long aparté discret avec le directeur du DRS. Ce tête à tête lui a porté chance en lui rapportant par miracle 17% des suffrages durant les primaires.

    Ce qui démontre sans ambigüités que la junte gérontocrate militaire algérienne est prête à tout compromis pour demeurer au pouvoir, même par procuration, en pensant déléguer prochainement la future relève par le truchement d’élections téléguidées qui maintiendra toujours cette indépendance maudite et confisquée de l’Algérie.

    Abdelwahab Benyelles

    Membre fondateur du FCN

  • no moment:bonjour sarko!

     Le regard de Plantu (plantu@lemonde.fr) du 21 Janvier 2012

  • Voxpopuli

    Un mensonge qui prépare le terrain constitutionnel à plus de terreur

    Le sondage arabo-américain publié par la presse nationale est un leurre, qui sert à discréditer les républicains démocratiques et une duplicité de la part des initiateurs, qui n'ont aucune crédibilité sur leurs résultats erronés à l'endroit de l’Algérie.
    Les Arabes du Qatar, les Saoudiens et tous les salafistes de la planète financés par ces pays, qui cherchent à influencer les autres pays musulmans à devenir esclaves de leur absolutisme avec des moyens douteux, particulièrement ceux de l'Afrique du Nord qu'ils veulent déraciner de leur culture ancestrale et leur ressembler à être sous la bannière de leur maître U.S.A, et ou la démocratie et les droits humains sont incompatibles avec leur mentalité archaïque, donc mécréants à leur idéologie sectaire. Les Américains n'ont aucun intérêt de voir des pays émerger dans le monde avec la modernité, la démocratie et une alternance des pouvoirs politiques, particulièrement les pays comme l’Algérie qui regorgent de richesses naturelles à exploiter ou ils font de la manipulation avec leur CIA pour avoir la facilité à faire main basse sur ces pays et rester ainsi seul maître à bord. Les chiffres erronés sur l’Algérie donnent l'impression qu'ils ont été fabriqués par la coalition au pouvoir, du FLN-RND-MSP qui ont sondé la racaille, conservatrice, opportuniste et les intégristes qui rejettent les valeurs algériennes et universelles, considérés par ce même pouvoir politique de «modérés», pour revenir à la période des années 1990 avec une terreur constitutionnelle et ce système zouave sans scrupule accouché avant l’indépendance du pays à Oujda, mais fragilisé en ce moment, et demande la collaboration de l'islamisme politique obscur et moyenâgeux pour y survivre, même au prix de rétrograder plus l’Algérie vers l'inconnu ou en faire une grotte de barbares.
    Nora B.

  • Encore une fois un leurre !

    : RÉFORMES POLITIQUES, LÉGISLATIVES 2012

    Par Abdelhak Bererhi(*)
    Décidément, le pouvoir est un mauvais élève ! Il n’a tiré aucune leçon ni des épreuves passées, ni de la décennie noire et son cortège de deuils, ni des révolutions du Printemps arabe.
    Autiste et aveugle, il réduit toutes les révoltes citoyennes éclatant çà et là dans toute l’Algérie, révoltes sévèrement réprimées, à des problèmes uniquement sociaux. Puisant à profusion dans les caisses de l’Etat, les caisses du peuple, il refuse d’y voir son échec et l’aspiration du peuple algérien à la démocratie, aux libertés, au changement. Dans sa fuite en avant, il poursuit toujours la même démarche pour perdurer coûte que coûte. Contrairement aux allégations officielles, c’est sous la pression des révoltes récurrentes dans le pays et sous la pression implacable des changements intervenus dans le monde arabe avec la chute en cascade de dictateurs, ainsi que sous la pression internationale, que le chef de l’Etat, dans un discours inattendu à la nation, après de longs mois de silence, annonça le 15 avril 2011 une série de réformes politiques à promouvoir. Le CCDR la résuma le 17 avril 2011 en une formule plus que jamais confirmée depuis : «Le changement dans la continuité, avec les mêmes acteurs et le même arbitrage !» Avec d’autres démocrates, le CCDR appelait alors à un dialogue national avec toutes les forces vives du pays, en lieu et place d’un débat dans un cénacle fermé. Le CCDR estimait que cette démarche citoyenne était la seule voie pacifique pour un réel changement. Du reste, il a toujours milité et sans cesse appelé, notamment dans son manifeste du 16 avril 2002, à une transition démocratique pour une véritable alternative démocratique. La suite des évènements confirma ces appréhensions, avec la mise en œuvre d’un débat tronqué, sur mesure, limité à quelques personnalités qui exprimèrent, dans leur majorité, leurs réserves et leur défiance quant à la méthode adoptée. Il y eut ainsi un vrai faux/débat, un simulacre de dialogue avec des représentants de partis «alignés» ou de partis «potiches», ainsi qu’avec des représentants d’une société civile réduite à la portion congrue, avec des laudateurs et des rentiers politiciens. Couronnement de cette mascarade, le Parlement, chambres basse et haute confondues, caisses de résonance assumées, toujours dans un «show» et vrai/faux débat, adopta les lois conservatrices et liberticides «des réformes politiques » censées apporter, sinon le changement, du moins une certaine ouverture La levée de l’état d’urgence et la persistance de l’entrave aux libertés en disent long sur la crédibilité du pouvoir. En fait, en agissant ainsi, le pouvoir ne fait que retarder l’échéance du véritable changement, avec le risque d’une déflagration aux conséquences imprévisibles, la rue. Avec la déferlante verte islamiste et ses deux versants, BCBG et salafiste, opportuniste et récupératrice des révolutions du Printemps arabe auxquelles elle ne participa pas, le pouvoir algérien flirte dangereusement avec l’islamisme dit «modéré», oubliant que l’islamisme est un (l’exemple turc tant vanté, devenu une référence, est en train de le prouver) comme la démocratie est une et ne pourrait en aucun cas être un objectif à géométrie variable. Un certain courant au sein du pouvoir joue avec le feu en encourageant la montée d’un tel islamisme. Alors qu’un autre courant lui oppose un nationalisme simpliste et réducteur, un nationalisme que la jeunesse marginalisée et déboussolée par une histoire confisquée ne comprend pas. En sachant que le nationalisme, et l’histoire l’a démontré, peut conduire à la haine des autres, alors que le patriotisme appelle à l’amour des siens ! A travers le monde, les radicalismes aussi bien nationalistes, religieux qu’identitaires sont en train de frapper de plus en plus fort aux portes républicaines. Cette attitude du pouvoir intervient dans un contexte régional et international favorable à ce dangereux glissement. Devant la révolte des peuples arabes contre la dictature, les pays occidentaux ont encouragé et poussé à la «démocratisation » des régimes autoritaires en intervenant même par la force, au nom du «devoir et du droit d’ingérence» dans certains pays arabes, mais pas tous, comme Bahreïn (livré à une répression sanglante collective ignoble) et les monarchies du Golfe et pour cause ! Dans certains cas, ils ont été jusqu'à financer des ONG, avec à leur tête des apprentis «révolutionnaires », pour former, selon la terminologie consacrée, des «activistes pour un changement pacifique» ! Certaines ont même pignon sur rue en Afrique avec le soutien d’ambassades dûment accréditées ! Exercer une pression politique pour défendre les droits de l’homme et les libertés est une chose, s’ingérer directement sous des couverts humanitaires, en acceptant au final de pactiser, pour des raisons évidentes, avec «le diable» s’il le faut, est une autre affaire ! Qu’on se souvienne du soutien indéfectible accordé par ces pays aux dictateurs déchus. Aveuglés par l’intérêt immédiat (contrôle des ressources énergétiques et des investissements), ces mêmes pays occidentaux n’ont pas tiré de leçons d’un passé douloureux récent. Ils renouent, malgré les drames endurés dans plusieurs pays dont l’Algérie, et les échecs subis notamment en Afghanistan, avec les méthodes d’instrumentalisation de l’islamisme à des fins géostratégiques et géopolitiques, préoccupés uniquement par les retombées financières immédiates, occultant un avenir des plus risqué pour la stabilité, la paix et la sécurité dans le monde. Car l’Histoire a donné la preuve de la nécessité de la séparation du politique et du religieux, condition essentielle et incontournable pour l’édification d’un Etat de droit respectueux de toutes les libertés. Et voilà que, dans une atmosphère politique, économique et sociale des plus délétère et explosive, les élections législatives 2012 sont annoncées à grands cris, avec un activisme et une mobilisation tonitruante de toutes les parties complices du naufrage de l’Algérie. Elles seront le couronnement d’une farce politique sans égal. Comme les précédentes, ces élections législatives sont un leurre, en l’absence d’une organisation neutre de contrôle du fichier électoral et du processus électoral lui-même. L’implication du pouvoir judiciaire ne changera rien aux «habitudes» compte tenu de sa dépendance du pouvoir politique, malgré les frémissements et les soubresauts d’hommes de loi crédibles. Transparence physique des urnes ne signifie nullement élections transparentes ! Toujours manœuvrier et pour faire bonne figure, le pouvoir annonce l’agrément imminent de nouveaux partis dans un pluralisme de façade savamment dosé, après une chape de plomb imposée durant de nombreuses années. Dans la foulée, il encouragera certainement quelques opportunistes à s’intégrer dans le jeu de la machine infernale du système, «équilibre oblige» ! En même temps, les vraies fausses querelles intempestives inter et intra-partisanes, pitoyables effets de manche, se multiplient. Tout cela fait partie du spectacle ; c’est de la poudre aux yeux qu’on nous jette ! Les tractations, la répartition des rôles, la confection du fichier électoral et la mise au point des quotas sont concoctées à l’abri des regards dans des officines rompues à ces manœuvres ! Refuser de participer à la mascarade électorale programmée, la dénoncer, c’est refuser la compromission avec un système et un pouvoir en fin de course qui ne cherchent, répétons-le, coûte que coûte qu’à survivre. Ne pas y participer, c’est refuser de donner un alibi et une caution à un pouvoir et à une gouvernance rejetés par l’Algérie profonde ; une Algérie meurtrie par le terrorisme islamiste ; une Algérie traitée par le mépris par un pouvoir aux antipodes de la démocratie ; une Algérie qui a soif de justice sociale et de libertés ; une Algérie où la citoyenneté, le patriotisme, l’intégrité et la compétence seront les vraies valeurs de conduite de la politique et du développement, en lieu et place du clanisme, de l’opportunisme, de la bureaucratie, de la prébende et de la corruption. En son temps, le CCDR avait déjà appelé les démocrates à ne pas participer aux législatives de 2002. Comme il l’avait fait également le 24 mars 2007, à travers une lettre ouverte fraternelle à ses amis démocrates «tentés» par les législatives de 2007.L’argument avancé à chaque fois par les tenants du pouvoir de l’irresponsabilité de la politique de la chaise vide ne tient plus. Que les courtiers du régime et les loubards politiciens l’occupent comme de coutume : elle a toujours été dressée pour eux sur mesure ! Depuis longtemps, malgré les manipulations et les roublardises, malgré le formatage des fichiers électoraux extensibles à souhait, contrôlés et gérés par une administration aux ordres, malgré la technique ô combien aguerrie et éculée des quotas et le bourrage des urnes, malgré l’annonce d’observateurs étrangers, le peuple algérien n’est plus dupe ! Les forts taux d’abstention (plus de 50%) enregistrés lors des précédents scrutins en sont la preuve cinglante. En se référant au sinistrement célèbre Naejelen, l’élève a largement dépassé le maître ! «Le bûcher des vanités» politiques est entrain de brûler, en reprenant le titre du retentissant best-seller de Tom Wolfe sur la ville de New York ! L’histoire jugera tôt ou tard ! Au risque de me répéter, les partis démocrates sont aujourd’hui, une nouvelle fois, plus que jamais interpellés. Ils ont dû ressentir, avec amertume et impuissance, les brûlures et la fatuité des sièges occupés au Parlement durant les précédentes mandatures. Devant le travail de sape du pouvoir, visant à atomiser toute la classe politique, à juguler toute liberté d’expression, et confinant le citoyen dans des luttes quotidiennes de survie, le nez dans le panier, ils doivent tirer les leçons du passé et ne pas répondre au chant des sirènes. Nous ne le répéterons jamais assez, ils doivent absolument dépasser leurs contradictions, les faux clivages et les fausses querelles et faire table rase du sempiternel faux écueil du leadership, dans un ultime sursaut patriotique. Il y va de leur crédibilité. Sans exagération aucune, leur responsabilité vis-à-vis de l’opinion citoyenne et de l’avenir du pays est plus que jamais engagée. Avec toutes les forces vives républicaines du pays, ils doivent s’unir pour faire front contre ces dérives conservatrices et liberticides, contre le maintien d’un statu quo aux antipodes du changement démocratique ; un changement à l’éclosion duquel ils pourront participer dans le cadre d’un dialogue national patriotique ; un changement que le peuple algérien appelle de tous ses vœux depuis tant d’années de sacrifices et de luttes dans la souffrance.
    A. B.
    (*) Universitaire et secrétaire général du CCDR.

    N. B. : Beaucoup d’amis découragés, désabusés et écœurés m’ont dit : Il n’y a rien à faire, rien ne sert d’écrire ou d’appeler encore au rassemblement. Après plusieurs hésitations, je me suis résolu quand même à nouveau à écrire et à appeler encore une fois au rassemblement démocratique, convaincu qu’une seule voix, même isolée, est un acte d’indignation et de résistance pour rester debout ! En lieu et place d’une lettre ouverte à mes amis démocrates républicains, qui aurait pu être perçue prétentieuse par certains, j’ai préféré avoir recours à une modeste contribution citoyenne, dans un contexte national des plus préoccupants pour l’avenir de mon pays. Si j’étais dans le système et non pas du système que j’ai combattu de l’intérieur comme de l’extérieur, notamment en claquant la porte du Sénat, sans prétention aucune et en toute humilité, j’ai été, je suis et je demeurerai toujours un homme libre, un homme de conviction, un homme qui a servi honnêtement et avec abnégation son pays comme beaucoup d’autres, mais sûrement pas et jamais un «harki» de ce système. En règle générale, si le silence est d’or, il peut être aussi perçu par certains comme un signe de découragement, de fatalité, voire d’indifférence ou au pire de complicité ! Je fais mienne l’une des phrases de Marguerite Duras : «Ecrire c’est aussi se taire, c’est ne pas parler, c’est hurler sans bruit !»

    le soir dz

  • ABADOU, SG DE L’ONM : «Nous remercions Erdogan»

     

    Visiblement, il n’y a qu’Ahmed Ouyahia qui mal pense du Premier ministre turc Tayyip Erdogan, auquel il a reproché tout récemment de marchander le sang des Algériens. Saïd Abadou, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), s’est félicité, hier, à Alger, en marge de la réunion préparatoire du 11e congrès de l’organisation, de la position du Premier ministre turc par rapport à la question de la colonisation française en Algérie.
    Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - «En tant qu’Organisation nationale des moudjahidine, nous remercions le Premier ministre turc pour sa position par rapport à la colonisation française en Algérie ainsi que pour son appui à la demande algérienne de reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux en Algérie», a affirmé, très volontiers, Saïd Abadou. Ceci même s’il a avoué avoir aimé que «cette position de la Turquie soit prise dans un autre contexte que celui marqué par la polémique franco-turque autour du génocide arménien ». Saïd Abadou a fait également part de ses regrets de noter que «seule la Turquie ait pris cette position, contrairement aux pays arabes et musulmans, notamment ceux qui ont connu, comme nous, la colonisation ». Rappelant, par ailleurs, que son organisation fait de la criminalisation du colonialisme en Algérie «une position de principe immuable», Saïd Abadou a souligné que la demande demeurera incessante tant est qu’elle est légitime. Pour Abadou, la page ne pourrait être tournée qu’après que la France eut reconnu ses crimes coloniaux, demandé pardon et procédé aux indemnisations. S’agissant des archives de la révolution algérienne détenues par la France, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine a estimé qu’il est des archives, notamment celles filmées et ayant trait aux crimes et tortures contre les moudjahidine, que les Français ne voudront jamais ouvrir. Ceci dit, dans son intervention à l’ouverture de la réunion, Saïd Abadou a souligné que le 11e congrès de l’organisation, prévu les 17 et 18 mars prochain, sera l’occasion «de répondre avec force aux manœuvres qui poursuivent d’attenter à l’Algérie et porter atteinte à son image». Le congrès de l’ONM s’annonce singulier tant est que la réflexion est engagée autour de l’éventualité d’ouvrir l’organisation aux enfants de moudjahiddine et aux enfants de chouhadas. La proposition est même contenue dans le projet de statuts élaboré par les moudjahidine de l’ancienne Zone autonome d’Alger. Ces derniers revendiquent également que les réformes politiques engagées par le chef de l’Etat aménagent une place aux moudjahidine digne de leur statut.
    S. A. I.

    SÉQUESTRATION DES DÉPOUILLES DES COLONELS AMIROUCHE ET SI EL HAOUÈS
    L’enquête de l’ONM
    Le secrétaire général de l’ONM a soutenu que son organisation a ouvert une enquête sur la séquestration après l’indépendance des dépouilles des deux colonels Amirouche et Si El Haouès. «Nous avons ouvert un dossier et dès que nous l’aurons finalisé, nous rendrons publique notre position», a-t-il révélé. Mais en attendant, il n’est pas resté sans dénoncer l’offense qui a été faite aux deux valeureux chefs de la révolution. «On ne peut que dénoncer ce genre de comportement. On est contre ce qu’a fait Boumediene. Amirouche et si El Haouès étaient des moudjahidine de l’intérieur… ils n’étaient pas ailleurs», a-t-il soutenu.
    S. A. I.

  • Absence et complicité de l’État

    GUERRE DE GANGS, CHAUSSÉES SQUATTÉES PAR LES REVENDEURS, DIKTAT DES TRANSPORTEURS…

    Les mutations qu’a connues le Maghreb avec la chute du régime de Ben Ali puis celui de Kadhafi n’auront pas été sans conséquences sur les pays limitrophes. La crainte de la contagion a eu pour effet en Algérie un recul de la présence de l’Etat dans plusieurs secteurs. Si l’anarchie n’est pas un fait nouveau, elle est en phase d’être institutionnalisée. Le laxisme est en passe d’être érigé en politique.
    Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Au nom d’une paix sociale difficile à instaurer, l’Etat multiplie les concessions. C’est ainsi que les vendeurs à la sauvette ne sont plus inquiétés. Ils peuvent squatter les trottoirs sans avoir à redouter une éventuelle course-poursuite avec la police. Idem pour l’obligation d’utilisation du chèque pour les transactions importantes qui a été différée. Profitant de cette anarchie ambiante, les transporteurs oublient qu’ils accomplissent une mission de service public et transportent les passagers dans des mouroirs ambulants, les commerçants occupent les trottoirs illégalement en y exposant leurs marchandises, les cambistes exhibent des liasses de billets sur la voie publique, les bandes rivales règlent leurs comptes à coups de bagarres rangées et les rues croulent sous les ordures ménagères. Un laisser-aller qui risque de faire exploser la facture d’une hypothétique paix sociale. Lorsqu’au mois de janvier dernier, des émeutes éclataient un peu partout en Algérie, la réponse de l’Etat ne s’est pas fait attendre : les importateurs des produits de première nécessité bénéficiaient de largesses pour faire baisser la tension sur le sucre et l’huile. Ce n’était que le début d’une longue liste de mesures dites «d’apaisement » qui trahissent cependant un désengagement de l’Etat.
    Les vendeurs à la sauvette dans les bonnes grâces

    Premiers à bénéficier de ces «mesures», les vendeurs à la sauvette. Alors que le discours officiel était à l’heure de la lutte contre le marché informel, les révolutions arabes sont venues changer la donne. Plus de chasse à l’informel. Les forces de l’ordre ont eu pour instruction de ne plus chasser les vendeurs occasionnels qui squattent trottoirs et grandes artères. Résultat : le commerce informel prolifère et semble avoir un avenir prometteur devant lui. Ni les contestations des riverains, ni les nombreuses plaintes des commerçants légalement installés ne font reculer les pouvoirs publics. Ces derniers laissent faire, craignant des mouvements de protestation difficilement maîtrisables. Les jeunes et moins jeunes vendeurs informels profitent pleinement de ce laxisme et se permettent le luxe de refuser les alternatives qui leur sont quelquefois proposées. Pas question pour eux de basculer dans le formel et de payer des impôts. Ils préfèrent le statut confortable de vendeur à la sauvette depuis que ce dernier profite de la protection des agents de l’Etat lesquels, impuissants, assistent à la vente de produits contrefaits, d’aliments à la date de péremption dépassée. Les commerçants légalement établis ont été à leur tour «contaminés ». Ils n’hésitent plus à utiliser les trottoirs pour exposer leurs marchandises. Une «pratique commerciale» qui vise à appâter le client mais qui est totalement illégale et qui, pourtant, ne fait pas réagir les services concernés.
    De la devise sur la voie publique

    Les trottoirs étant devenus un baromètre du commerce, c’est tout naturellement que s’y sont implantés des centaines de cambistes qui, au vu de tous, proposent de la devise à longueur d’année. A Alger, c’est au square Port- Saïd qu’ils ont élu domicile. A longueur d’année, ils échangent dinars contre devises ou vice-versa, fixent les taux des échanges. Leur présence est tolérée, voire acceptée. Ils font désormais partie du paysage même si le discours officiel condamne ces pratiques. Sur le terrain, ils opèrent en toute impunité, exhibant des liasses de billets et proposant leurs services à qui veut bien vendre ou acheter des devises. Nul n’est en mesure de définir le montant des transactions, ni de montrer du doigt les barons qui sont derrière cette organisation informelle du marché. Officiellement, il s’agirait de «jeunes» qui auraient choisi cette activité informelle pour en tirer profit et dans le contexte actuel, il n’est certainement pas question de menacer cette «activité» au risque d’ouvrir un autre front de contestation.
    Le diktat des transporteurs sans scrupules

    Mais ils ne sont pas les seuls à bénéficier de ce laxisme ambiant. Les transporteurs publics, oubliant de remplir leur mission de service public, continuent leur course au gain facile sans aucun scrupule. Des bus aux allures de mouroirs ambulants sillonnent les rues, causent des accidents mortels sans craindre de se faire verbaliser. Ils racolent les usagers en faisant des arrêts non autorisés, démarrent alors que ces derniers n’ont eu le temps ni de monter ni de descendre. Que d’accidents ont été ainsi provoqués sans que des poursuites soient engagées. Les propriétaires de ces bus exercent sur les chauffeurs et receveurs une pression incroyable en leur imposant une obligation de résultat. Ils leur fixent un seuil qu’ils doivent impérativement atteindre par jour. Pour y arriver, les chauffeurs se transforment en chauffards au risque de mettre en péril la vie de ceux qu’ils transportent à tel point que prendre le bus est devenu risqué. Les discours sur la réorganisation du secteur ont laissé place à un laisser-faire généralisé pourvu que ces transporteurs qui utilisent des bus insalubres ne débrayent pas et ne paralysent pas un secteur où ils sont en position de force face à la faiblesse de la couverture du transporteur public. L’épisode de l’été qui a vu les transporteurs de la ville de Tizi-Ouzou imposer leur diktat en bloquant pendant plusieurs jours des axes routiers stratégiques est à lui seul révélateur de la gabegie du secteur.
    Les bandes rivales se font justice

    Le laxisme étant érigé en politique, des bandes rivales s’octroient désormais le droit de se faire justice. Des batailles rangées sont régulièrement signalées dans des quartiers populaires. Qu’importe le motif, des jeunes ou moins jeunes s’autorisent à porter des armes blanches et à agresser d’autres personnes pour se venger ou pour se faire justice. Cela donne lieu à d’impressionnantes rixes qui terrorisent les habitants des quartiers. Très souvent, les forces de l’ordre n’interviennent même plus, laissant ces bandes rivales régler leurs problèmes entre elles. Lorsqu’elles se décident à intervenir, elles font face à une résistance farouche. Des escarmouches sont souvent signalées. Elles se soldent par des interpellations et des admissions aux urgences mais le feuilleton ne s’arrête pas en si bon chemin. Il n’est pas rare que des bandes entières fassent incursion dans des commissariats pour «libérer» leurs comparses des mains de la police. Résultat d’une politique de relogement qui mise sur la «mixité sociale», ce fléau s’est déplacé dans des zones jadis paisibles. C’est ainsi que des localités comme Birtouta font connaissance avec les batailles rangées, l’usage des armes blanches et la notion d’impunité.
    Des quartiers croulent sous les ordures

    Plus que tout, c’est visiblement la notion de service public qui est en voie de disparition. Cela s’illustre aussi bien chez les transporteurs qui imposent leur diktat, chez les commerçants qui ferment boutique à 17h mais également au niveau du ramassage des ordures. C’est pourtant ce service public qui constitue un des baromètres incontournables pour jauger la qualité de vie dans une ville. Force est de constater que dans la majorité des villes, ce même service public est défaillant surtout lorsqu’il s’agit du ramassage des ordures. Qu’il soit dévolu à une entreprise publique ou du fait des collectivités locales, ce ramassage n’obéit à aucune règle. Au niveau de la capitale, vitrine du pays, les ordures s’amoncellent dans de nombreux quartiers. Aucun système de ramassage ne s’est avéré performant. L’entreprise publique chargée du ramassage a tenté d’imposer des horaires pour la collecte des ordures mais force est de constater qu’elles ne sont pas respectées. Les citoyens non disciplinés sortent la poubelle à toutes heures, souvent la jetant à côté de bennes à ordures débordant de sacs éventrés alors que les services de collecte passent à toutes heures de la journée perturbant souvent la circulation routière. L’équation paraît difficile à résoudre à tel point qu’une ville comme Tizi-Ouzou a dû confier la tâche à une entreprise étrangère. L’absence de l’Etat se sera finalement matérialisée dans presque tous les aspects de la vie au nom d’une paix sociale indispensable à quelques mois des élections législatives.
    N. I.

    source le soir dz

  • Ammar Belhimer : « un pouvoir de janissaires qui agit pour les intérêts étrangers et qui ne peut gérer que dans la violence… »

     

     

    1Le conférencier Ammar Belhimer invité du FFS

    «Le déficit démocratique, un obstacle au changement»
    El Watan, 21 janvier 2012

     

    Le changement, les réformes, des mots qui reviennent avec insistance pour dire combien le besoin de voir la situation actuelle évoluer vers le meilleur se fait pressant et fort.

     

    Il se trouve toutefois que les conditions requises pour mettre sur les rails tout projet de changement ou de réformes sont compromises par l’absence de démocratie. C’est en tout cas l’avis de Ammar Belhimer, docteur en droit, enseignant à l’université d’Alger, invité hier par le Front des forces socialistes à disséquer «les grands indicateurs de la situation économique et sociale, en Algérie». Lors de cette conférence entrant dans le cadre de l’association par le FFS «des personnalités de la société civile afin d’élargir et d’éclairer la réflexion pour la préparation de la convention nationale prévue le 11 février à Alger», M. Belhimer estime que deux obstacles majeurs ferment la voie au changement. Il s’agit, dit-il, du «déficit démocratique et de la prise en otages des intérêts économiques locaux par des facteurs extérieurs». Malgré les moyens financiers importants dont dispose le pays, le conférencier souligne que l’absence de transparence et de règles de gestion saine des deniers de l’Etat fait qu’il est impossible de sortir de l’économie de comptoir dans laquelle on s’est engouffrés pour servir des puissances étrangères.

     

    Parler de réformes dans ces conditions relève de la pure fantaisie, le mal étant plus profond et nécessitant des réponses politiques appropriées. «Le déficit démocratique s’exprime par la prééminence de la violence politique. Nous nous trouvons devant une démence du système face à un peuple pacifique», note Ammar Belhimer qui relève que la violence employée par le système comme mode de fonctionnement politique s’exprime sous différentes formes, dont l’absence d’alternance au pouvoir. «Les successions s’ordonnent de manière opaque par le cabinet noir ou conclave de décideurs… le changement des chefs d’Etat ne se fait pas de manière pacifique, ils sont soit faits prisonniers, soit assassinés, soit poussés à démissionner», dit-il en notant que chaque président concocte sa propre Constitution prouvant ainsi l’absence de contrat social négocié autour duquel tout le monde se retrouve. Une succession de violences qui traduit on ne peut mieux la nature d’un pouvoir de prédation. L’autre forme de violence évoquée par M. Belhimer est celle liée au mode de régulation institutionnelle. «Corruption, clientélisme et compromission» sont les maîtres-mots d’un mode de régulation des institutions dans le cadre d’un contrôle policier de ces dernières. Le conférencier souligne en outre que la violence s’exerce aussi dans l’encadrement de la société à travers la matraque qui s’exprime davantage en temps de crise.

     

    La violence comme référent culturel est aussi, note le conférencier, mise à contribution dans l’opération de contrôle de la société et elle s’exprime par la violence à l’égard des femmes, la violence dans les écoles, etc. L’autre obstacle au changement lié aux intérêts économiques du pouvoir et de sa clientèle sert, selon l’invité du FFS, des intérêts étrangers. «Nous n’avons pas construit une économie nationale, mais une économie de comptoir, une économie de brique, selon l’expression espagnole ou de tchipa, selon l’expression algérienne», note M. Belhimer. Ce dernier précise que l’économie de comptoir se caractérise par une grande fuite de capitaux, mais aussi de cerveaux. «Ces fuites, qui ont un coup faramineux, hypothèquent l’avenir du pays», dira M. Belhimer en indiquant que l’Algérie a dépensé pas moins de 11 milliards de dollars en 2010 au titre des services. «Le port d’Alger est géré par Dubai Port, le métro par la RATP française, l’eau par la Seaal filière française, l’aérogare d’Alger est gérée par les Français», précise le conférencier qui s’interroge sur le devenir de l’encadrement algérien.

     

    Ammar Belhimer estime qu’on se trouve devant «un pouvoir de janissaires qui agit pour les intérêts étrangers et qui ne peut gérer que dans la violence… On est dans le pompage des ressources naturelles. En termes de démocratie représentative, on a eu droit à une Assemblée élue à seulement 15% et ose légiférer. Et en termes de démocratie participative, toute association qui n’est pas alliée au pouvoir est exclue». Le dramaturge Slimane Benaïssa interviendra pour dire : «On peut représenter ce système de voyous en le comparant à une équipe de football dans laquelle on fait jouer cinq joueurs invisibles. La problématique qui se pose maintenant est de savoir comment dégager ces joueurs invisibles qui en fait gèrent tout.»
    N. B.

  • «Tout démontre que les élections seront incontrôlables», estime Ali Laskri

     

    El Watan,

     

    Pour le moment, tous les indices laissent penser que les prochaines élections seront incontrôlables», a déclaré le premier secrétaire national du FFS, hier à Boumerdès.

     

    S’exprimant lors d’une rencontre tenue avec les militants dans le cadre des préparatifs de la convention nationale du parti, prévue à Alger le 11 février prochain, Ali Laskri a soutenu que «rien de concret n’est encore fait pour assurer le bon déroulement de ces joutes décisives pour l’avenir du pays». «Il n’y a que des promesses. Les tenants du système parlent de l’invitation d’observateurs étrangers et de la désignation de magistrats pour y assurer le contrôle, alors que tout le monde sait que ces derniers ne sont pas indépendants», a-t-il encore noté, avant de réclamer un changement démocratique pacifique en Algérie. Poursuivant, l’orateur soutient qu’«il n’y a pas eu de réformes en Algérie». «Elaborées suite à un processus de consultations qui, dans le fond comme dans la forme, a frisé le ridicule, ces réformes n’ont pas intéressé les Algériennes et les Algériens. Elles n’ont même pas suscité leur curiosité», a-t-on écrit dans le document de préparation de la convention nationale. Des copies de ce document ont été remises aux militants, hier, en vue d’approfondir le débat lancé autour de la question portant sur la participation du FFS ou non aux prochaines joutes électorales.
    Le parti de Hocine Aït Ahmed indique que celles-ci «s’annoncent dans un contexte de fermeture et mettent encore une fois le parti devant un choix difficile au vu de sa situation et de la situation du pays». Evoquant cette question, Ali Laskri a souligné que «la décision qui sera prise par la convention nationale émanera de la base». «Nous avons entrepris des contacts avec des spécialistes et des représentants de syndicats autonomes pour que la décision finale ne soit pas contraire à l’avis des militants du parti, aux attentes de nos sympathisants et de la majorité des Algériens et des Algériennes», a-t-il encore annoncé, avant de rappeler la complexité du choix en raison de la complexité des enjeux. Le premier secrétaire du parti s’est longuement étalé sur la nécessite «d’engager un débat libre et cohérent pour aboutir à une véritable décision».
    Ramdane Koubabi

    document FFS

  • CHANGEMENT:AU DRS LA DERNIERE CARTE DE TOUFIK


    Par Yahia Bounouar

    ALGERIE BOUTEFLIKA DRS ,POLITIQUE, TERTAG ,TOUFIK
    Le général Abdelkader Kherfi, allias « général Ahmed », patron de la DSI ( Direction de la Sécurité Intérieur) au sein du DRS ( Département du renseignement et de la Sécurité) a été démis et remplacé par le général Bachir Tartag, allias, Athman. Contrairement à certaines informations, Abdelkader Kherfi, n’a pas été remplacé pour son implication dans des affaires de corruption,- en Algérie, on ne limoge pas un général pour quelques milliards- mais pour des raisons de changement stratégique.
    Conscients de la situation géopolitique avec les changements radicaux en Afrique du Nord, Tunisie, Egypte, Libye, et Maroc, l’Algérie se retrouve «  au milieu » et les généraux savent pertinemment que les lignes vont bouger. En Algérie, contrairement aux autres pays d’Afrique du Nord, où les dictateurs en poste étaient connus, le pouvoir est une  chose invisible. Difficile, donc  pour l’opposition mais également pour l’ensemble de la société de cibler le vide. Là ou les dictateurs étaient clairement identifiés, la contestation les a chassé, d’une manière ou d’une autre. En Algérie, les choses sont autrement plus compliquées. Une contestation d’ampleur, une révolte, une révolution et les généraux utiliseront Bouteflika comme un fusible. Un scénario à l’Égyptienne. Cela sera t-il suffisant ? Pas si sur ! Et si, « la rue » ne se contente pas du « symbole » du régime mais pousse pour un changement radical, comme c’est justement le cas actuellement en Egypte ? La leçon semble avoir  été retenue à Alger ou, de plus, la majorité des officiers supérieurs du DRS, sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans la décennie sanglante et risqueraient en cas de changement de régime de se retrouver, au mieux à La Haye, sinon, dans une prison algérienne, « Ad vitam æternam » . Ce qui n’est pas le cas des officiers égyptiens qui au pire, retourneront dans leurs casernes.
    Le sécuritaire plutôt que le militaire
    Dès lors, après de multiples consultations, y compris des occidentaux, le DRS envisage plusieurs scénarios. Selon des indiscrétions occidentales, confirmées par des sources algériennes, les généraux qui détiennent la réalité du pouvoir en Algérie, ne font plus confiance en l’armée classique en cas de « troubles sérieux ». Ils ne prendront donc pas le risque que l’armée nationale puisse sympathiser avec la population, comme cela a été le cas en Egypte et en Tunisie, ou rejoindre l’opposition comme cela a été le cas en Libye et actuellement en Syrie avec la création de « l’armée Libre » constituée par les déserteurs.
    Considérant que la menace pour le régime n’est pas militaire mais sécuritaire, des plans ont été élaborés avec l’appui de « boites de conseils » américaines et européennes. Il s’agit, selon nos sources de renforcer l’orientation « sécuritaire » de l’armée. En d’autres termes, réduire les effectifs de l’armée « classique » pléthorique et budgétivore et renforcer en parallèle le coté sécuritaire, c’est à dire le DRS pour mieux contrôler et l’appareil étatique et la société. Un rééquilibrage en faveur du DRS et au détriment de l’état-major.
    Bouteflika amuse la galerie
    Sur le plan international, le régime a « acheté » la bienveillance des puissances occidentales en «  liquidant » tous les contrats «  en instance » au profit des USA, de la France, de la Grande Bretagne, sans oublier les alliés traditionnels que sont La Chine et la Russie.
    A l’intérieur, pendant que Bouteflika « amuse » la galerie avec des « reformes » qui n’en sont pas- dans bien des cas, il s’agit de net recul en matière de liberté- les généraux tentent de reprendre la main et de se réorganiser.
    C’est dans ce cadre qu’intervient le limogeage du général Abdelkader Kherfi, qui n’a pas su, ou pas pu, empêcher la multiplication des émeutes, des grèves, des rassemblements et le retour médiatique et sur le terrain de l’opposition radicale. Il n’y a plus une semaine sans que des jeunes militants manifestent pour les droits de l’homme ou pour dénoncer des violations et des injustices. Le discours de l’opposition est de plus en plus audible auprès de la population, soit à travers les médias locaux, soit à travers les chaînes satellitaires. Deux chaines de télévisions algériennes considérées comme « opposantes » émettent désormais à partir de l’Europe et leurs discours entrent dans les foyer algérien. Des sites internet d’information qui échappent totalement au contrôle du régime  diffusent librement des informations.
    Sur le plan diplomatique, et c’est une première, des opposants, des représentants du mouvement Rachad, ont été reçus avec honneur, en Libye et en Tunisie notamment, damant le pion à une diplomatie moribonde qui a fait le choix des dictatures contre celui des peuples en révolte.
    Tertag pour fermer la brèche
    La nomination du général Bachir Tertag, allias Athmane, qui aime lui même à se faire appeler « Bombardier », un dur parmi les durs, annonce clairement un retour à la répression et aux méthodes barbouzardes. Là où son prédécesseur avait tenté de ralentir le flux de la contestation qui s’est engouffré dans la brèche ouverte par les émeutes de janvier 2011 et les révoltes arabes, le général Tertag, va s’atteler à fermer cette brèche, rapidement et brutalement si cela est nécessaire.
    Alors que partout à travers le monde, des « sages » tentent d’accompagner les changements et les bouleversements aussi pacifiquement que possible, les généraux algériens ont décidé d’élever une digue contre le sens de l’histoire.  En agissant ainsi, le DRS et son chef tout puissant, le général major, Mohamed Mediene, allias Toufik, semble jouer sa dernière carte, celle du « TOUT OU RIEN ». Il prend le risque, dans ce cas, qu’une vague beaucoup plus haute, ne brise sa digue en morceaux et n’emporte tout dans son sillage.
    Y.B

    lire ausssi

    Algérie : Les élucubrations du colonel Bencherif
    Les dessous de l’arrestation de Mourad Dhina
    Algérie : les bonnes affaires de la famille Rahmani
    Témoignage : Comment la police traite les militants

  • no moment

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  • Jacques Foccart, le fondateur des réseaux Françafrique.

    Jacques Foccart, le fondateur des réseaux Françafrique.


    Par Ait Benali Boubekeur.

    L’arrivée du Général de Gaulle au pouvoir, en juin 1958, change radicalement la donne dans le traitement de la question coloniale. En effet, le régime précédent, c’est-à-dire celui des partis, a été incapable d’envisager la moindre perspective sans que le lobby colonial ne le renverse. Du coup, la IVe République a été emportée par un coup de force réunissant les lobbies coloniaux, les militaires et ceux qui ne croyaient pas au régime mou. En tout cas, elle fut trop fragile pour résister à la bourrasque. D’ailleurs, sa chute ne fut-elle pas due en partie à la déclaration du son président du conseil, non encore investi, Pierre Pflimlin, n’excluant pas une éventuelle négociation avec les représentants du FLN lorsque les conditions sont réunies ? On connait la suite. Les militaires, aidés par les associations des ultras pieds-noirs, renversent le régime. Car, bien que le Général soit investi par les députés, la menace militaire est restée patente jusqu’à l’ultime instant. Et en cas du refus des députés d’accorder les pleins pouvoirs au Général de Gaulle, les militaires, à leur tête Jacques Massu, auraient exécuté leur menace. À ce titre, la Corse ne fut-elle pas désignée comme point de départ de l’opération sur la capitale ?

    Cependant, le Général de Gaulle, après avoir misé sur l’écrasement de la rébellion en Algérie, cherche à trouver une solution politique au problème algérien. Dans la foulée, il prend les mêmes mesures pour l’ensemble des pays africains. Pour lui, le temps de la gestion directe des colonies est dépassé. Désormais, il est plus préférable d’exercer le pouvoir indirectement. En effet, bien que le Général ait accepté le principe des indépendances, il ne renonce pas pour autant à l’exploitation des matières premières dans ces pays. La négociation franco-algérienne n’a-t-elle pas achoppé sur la question du Sahara algérien ? Pour remédier à ce problème, le Général va trouver une solution efficace. Il va placer à la tête de ces États nouvellement indépendants des hommes fidèles à la France. Un homme va jouer alors un rôle prépondérant dans cette partition. Il s’agit de Jacques Foccart. Selon François Audigier, professeur à l’Université de Nancy : « Dans l’ombre de son mentor, de Gaulle, il [Jacques Foccart] a tissé les réseaux de la Françafrique, contrôlé les services secrets et organisé les financements parallèles du mouvement gaulliste. »

    D’une façon générale, en termes d’influence, Jacques Foccart arrive incontestablement juste derrière De Gaulle. Homme d’affaires après la libération de la France, il s’engage aussitôt dans la politique au RPF, le parti gaullien. Bien que le général ait quitté le pouvoir en 1946, Jacques Foccart ne désespérait pas de revoir le Général à la tête de l’État. Par conséquent, ce futur conseiller du Général ne cessait pas de nouer des liens en colonie. Très vite, Jacques Foccart arrive à la conclusion, peut être bien avant les autres, qu’il y avait un bon coup à jouer à partir des colonies. Pour François Audigier : « Il a vu juste : la crise algérienne de mai 1958 relance le Général. Il reçoit au siège de la Safiex [siège de sa société d’import-export] autant les comploteurs de la République que les émissaires de l’Élysée. Tout en poussant à l’action ses amis du 11e choc où il s’entraine comme colonel de réserve du service action du Sdece. Grâce à lui, les militaires portent de Gaulle au pouvoir. Il va désormais consolider sa toile depuis l’Élysée. »

    Toutefois, bien que cet homme de l’ombre n’ait pas un poste privilégié, sa relation avec le Général de Gaulle fait de lui un personnage incontournable de la Ve République. Il est peut-être le seul à pouvoir s’entretenir quotidiennement avec le président de la République. Car l’enjeu africain est colossal. Du coup, il doit veiller en permanence au bon fonctionnement des États africains. Pour maintenir l’influence de la France, « il choisit et avantage les dirigeants les mieux disposés envers Paris. L’Ivoirien Houphouët-Boigny, les Gabonais MBA puis Bongo, le Centrafricain Bokassa, le Togolais Eyadema, le Zaïrois Mobutu, etc. », écrit l’historien dans une contribution intitulée « Jacques Foccart, les barbouzes gaullistes et l’Afrique », parue dans un numéro spécial de Marianne en décembre 2011.

    Quoi qu’il en soit, son cercle d’influence ne se limite pas à l’Afrique. En France, il évolue, dans l’environnement gaulliste, comme un poisson dans l’eau. À travers son ami, Marcel Chaumien, le chef des services secrets, il est au courant de tout ce qui se passe. En réussissant ses épreuves, son influence va crescendo. Selon François Audigier : « Avec l’accord du Général, il décide des investitures électorales et maitrise les circuits de financement parallèle, des fonds secrets aux mallettes africaines. Il possède un droit de regard sur certains ministères, comme le secrétariat d’État aux DOM-TOM. »

    Avec l’aide de certains de ses amis, notamment Charles Pasqua, il crée un service d’action civique (SAC). Ce service d’ordre gaulliste va vite dépasser ses prérogatives. « Surveillance des adversaires, infiltration de l’État, telles sont les activités officieuses du SAC », écrit encore l’historien, auteur d’ « Histoire du SAC, la part d’ombre du gaullisme ». Enfin, malgré le retrait du Général de Gaulle après le non au référendum de 1969, Jacques Foccart reste tout de même influent. Bien qu’il ait présenté sa démission, pendant la période de transition, les chefs d’États africains, qui sont en réalité portés et maintenus au pouvoir grâce à lui, exigent le retour de Jacques Foccart à son poste. C’est ce qu’il fera Georges Pompidou dès son élection à l’Élysée. Finalement, malgré l’arrivée au pouvoir de la gauche en mai 1981, Jacques Foccart est maintenu à son poste. Jusqu’à sa mort en 1997, il reste le véritable chef des réseaux parallèles en liaison avec l’Afrique. En somme, sa mort emporte ses secrets, mais la mainmise sur l’Afrique reste intacte.  

    Franc-maçonnerie - Wikipédia

  • la fraçalgerie se précise hein! mister sarko :la bougnoulie

    L’assemblée nationale française, nouvelle Mecque des hommes boulitiques algériens?

    Pour lui, la guerre d’indépendance est un «malentendu»

    Ferhat Mhenni et l’insulte aux Martyrs

    El Watan le 19.01.12

    Il est des moments dans la vie d’un homme qui marquent son heure de gloire ou de déclin. Ferhat Mhenni a eu droit à ce deuxième sort réservé à ceux de qui l’histoire se détourne et continue son chemin.

    L’initiateur et promoteur du projet d’«autonomie-indépendance» de la Kabylie, Ferhat Mhenni, a franchi, dans sa quête de crédibilisation de ce projet, le seuil de l’indélicatesse et de l’affront. Le chef du MAK a tenu des propos insultants vis-à-vis de la Kabylie et de la Guerre de libération nationale et ce, dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale française, à l’invitation de son ami député et ex-ministre UMP, Eric Raoult. «De Sidi Ferruch en juillet 1830 à la bataille d’Icharridène le 24 juin 1857, de l’insurrection de 1871 à celle du 1er novembre 1954, de l’émigration kabyle en France tout au long du XXe siècle, dont notamment les douloureux évènements à Paris du 17 Octobre 1961, au flux massif des sans-papiers kabyles issus de la révolte populaire du Printemps noir en 2001, la France et la Kabylie ont été marquées par un malentendu qu’il est enfin temps de dépasser», a dit Ferhat Mhenni lors d’une rencontre organisée à l’Assemblée française à l’occasion de la célébration de Yennayer, le nouvel an berbère célébré pourtant par toute l’Algérie et tous les Amazighs. Ainsi, pour Ferhat Mhenni, la colonisation française et le combat pour l’indépendance nationale, qui a coûté la vie à plus d’un million d’Algériens, n’ont été qu’«un malentendu» qui «n’a jamais été traité pour des raisons géopolitiques».

    L’Assemblée française, qui avait décrété les effets «positifs» de la colonisation, n’a pas été jusqu’à traiter la guerre d’Algérie de «malentendu», mais M. Mhenni, en cette veille de célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance, offre sur le plateau de la soumission et de la servilité le sacrifice d’un peuple. «La Kabylie n’ayant pas récupéré sa souveraineté à l’indépendance de l’Algérie, en 1962, par formalisme bureaucratique et protocolaire, son dossier a été transféré à l’Etat algérien qui en use et abuse pour éviter de refermer les plaies du passé qui compromettent la construction d’un avenir de solidarité entre nos deux peuples», a-t-il encore dit sur le ton de la provocation envers cette région qui s’est pourtant vaillamment battue contre la colonisation française et a chèrement payé le prix de sa lutte pour la libération de l’Algérie. Cet aventurier de la politique ira jusqu’à dire que «la Kabylie n’a jamais combattu un peuple ou un pays».

    Il est pourtant loin d’ignorer que c’est un pays, qui est la France, qui a colonisé son pays, l’Algérie, qui s’en est sorti qu’au prix d’un million et demi de martyrs. Ces derniers ne se sont jamais sentis français ni n’ont voulu le devenir, au grand dam de ce séparatiste qui semble trouver en France soutien et promotion. Ferhat Mhenni, qui est à la politique ce que le feu est à la bouteille de gaz, empilera ses arguments dangereusement sécessionnistes pour cracher sur la fierté de la Kabylie révolutionnaire en disant : «Ce qui oppose aujourd’hui le pouvoir algérien à la Kabylie est bien plus lourd que le malentendu qui a pu exister hier entre la Kabylie et la France jusqu’en 1962.» Un raccourci qui tend à excuser 132 années de statut d’indigénat, de politique de la terre brûlée, de martyre et de souffrances subis par tout un peuple du fait de l’invasion française.

    Ce «malentendu» dont parle M. Ferhat est pourtant symbolisé par tous ces monuments aux Martyrs que chaque village kabyle expose tel l’emblème d’un combat noble et glorieux, qu’il veut réduire et rendre invisibles au regard de ses hôtes qui n’oseront pas en faire autant.
    Est-ce ainsi que M. Ferhat veut rendre justice à la Kabylie qui a souffert et continue de souffrir, au même titre que toute l’Algérie, du poids oppressant d’une dictature qui nourrit les divisions tout comme l’avait fait, avant elle, le colonialisme français ? Enlever la Kabylie du sein de l’Algérie pour l’arrimer à la France n’est sûrement pas rendre justice à ce bastion de la résistance qui ne cessera jamais de revendiquer son algérianité, malgré les tentatives de division instrumentalisées par le pouvoir ou par des nostalgiques de «l’Algérie française» d’ici ou d’ailleurs.
    Nadjia Bouaricha

  • les partis chinois contrefait (Chinese counterfeit parties)

    mstfa yazid

    D’anciens ministres, trois mois avant l’entrée en jeu des prochaines campagnes électorales, reviennent à la charge pour fonder un parti politique.
    Ajouté à l'appel de certains partis islamistes aux militants du FIS de s'engager dans la politique sous leur banniere, l'éclosion de ces partis semble obeir à une nouvelle stratégie du régimepour surfer sur le deferlante qui emporte les regimes issus de coups d'états militaires .
    Si la stratégie est nouvelle , sa logique ne l'est pas : il s'agit de deux processus distincts et inversés , déjà tentés par un régime tout proche qui, même honni et denoncé publiquement, reste, dans les faits le laboratoire , si ce n'est pas le modele , depuis 1962 : le Maroc.
    En declenchant , en même temps , les deux processus déjà tentés au Maroc, le regime algérien tend à :
    -encore plus atomiser l'opinion publique algerienne autour de pôles dont il contrôle la conception , la naissance et la survie .Pour ce faire , les militaires aux commandes à Alger , vont faire à des figures , puisées dans les partis en crise et dans l'administration , vont les persuader de la justesse de "leurs" initiatives et vont pourvoir à leurs besoins financiers.
    -parallelement à cette agitation de "couveuse" , certains partis dits de la mouvance islamiste , ont reçu le feu vert pour "marketiser" et séduire les trés nombreux algériens fidèles irreductibles au FIS .
    Le but de cette operation , qui ressemble au détail prés à celle montée par Hassa 2 à l'époque quand il chargea un de ses fideles : le docteur Khatib , pour "recuperer" une fraction d'islamistes , à l'epoque pure et dure , dont l'un des dirigeants , Mr Benkirane, est actuellement chef de gouvernement. Ainsi le PJD est né dans l'utérus de l'ex Al Haraka Addoustouria , vague parti d'appoint présidé par feu Khatib.
    A la lumière de cet antécedent , il devient plus clair que, contrairement à ce qui est largement pensé en Algérie, Mr Soltani et les autres ne sont plus en rupture avec le regime que leurs déclarations s'avertuent à le demontrer.
    Ils sont appelés à la rescousse d'abord pour procéder au "lifting" politique rendu emperatif par la menace que le printemps arabe fait peser sur le regime et, accessoirement remplacer , au pied levé, Mr Belkhadem qui semble avoir echoué dans sa mission de recuperation (par le FLN) des mêmes islamistes .
    Le recours à ces partis annonce, aussi, la sortie certaine de Belkhadem du jeu politique en Algerie et , probablement , une mise en eteignoir du FLN : ce dernier , qui souffre déjà d'une crise interne feroce, tire trop de casseroles derriere lui et ses principes ne federent plus les algeriens.

    Seulement , ce savant jeu de lego que le régime algérien est en train de monter( parce que sa marge de manoeuvre s'est reduite à une peau de chagrin) ne risque t il pas de se transformer en jeu de roulette russe ?
    La greffe prévue reusssira t elle dans une environnement politique et socio-culturel pas encore bien élaboré ? les vélleités ethniques et regionales, les luttes des classes existantes et le "formatage" destructeur du FLN subit par les algeriens , ne risquent ils pas de transformer ce plan en une brezina où les joutes internes seront plus exacerbées pour, encore, rendre la situation qui prevaut plus violente et plus destructrice ?
  • Boualem Sansal : "L’histoire de l’Algérie a toujours été écrite par les autres"

    Par
     
    L'écrivain algérien Boualem Sansal

     

    L'écrivain journaliste Arezki Metref s'entretient ici avec Boualem Sansal. Quand deux écrivains algériens se rencontrent, forcément ça ne peut donner qu'un bon entretien sur la littérature, l'Algérie... Le verbe sans concession et acide de Boualem Sansal est à lire absolument.

     

    Le Soir d’Algérie : Avec Rue Darwin, votre dernier roman en date, êtes-vous totalement sorti de la fiction ou au contraire y entrez-vous plus que jamais ? Faut-il du courage pour se raconter ainsi ?

     

    Boualem Sansal : Se raconter est toujours difficile, périlleux. On s’expose, on expose ceux dont on raconte la vie, on peut se mettre en difficulté avec eux. Mais Rue Darwin n’est pas une autobiographie, c’est une fiction, une vraie fiction. Il y a bien des ressemblances entre Yazid et moi mais c’est tout, nous sommes des personnes distinctes. Il serait trop compliqué pour moi de dire comment a été construit ce personnage, qui prend un peu de moi, un peu d’une autre personne, réelle elle, dont je n’ai pas voulu parler dans le roman. La famille de Yazid, celle de la rue Darwin, n’est pas ma famille. J’ai vécu à la rue Darwin moi aussi mais je n’ai pas de sœurs, et mes frères (au nombre de trois) ne ressemblent en rien aux frères de Yazid (Nazim, Karim, Hédi, eux aussi des personnages de fiction, empruntant à des personnes réelles). Yazid est un personnage qui gardera son mystère puisque j’ai choisi de ne pas parler de la personne qui l’a inspiré. Ceci étant précisé, le reste est bien réel. Djéda, sa tribu et son étrange empire sont une réalité que je crois avoir décrite avec justesse. Ce monde a disparu, il a été démantelé au moment de l’indépendance et transféré sous d’autres cieux, voilà pourquoi j’en parle avec une certaine liberté. J’ai à peine changé quelques noms, au cas où certains seraient en vie et pourraient être choqués par mes propos. Les hasards de la vie ont fait que la trajectoire de ma famille a croisé la trajectoire de la galaxie Djéda. Trois années durant, après la mort de mon père et la séparation d’avec ma mère, j’ai vécu dans cette galaxie, c’était un monde étrange peuplé de gens étranges. Daoud, Faïza et d’autres encore dont je n’ai pas parlé dans le roman ont eu des destins exceptionnels. Chacun mérite un roman à lui seul. Comment raconter cette histoire a été un challenge pour moi. Racontée de mon point de vue, l’histoire aurait été sans intérêt, elle ne m’aurait pas permis d’aborder les questions qui m’agitaient et dont je voulais traiter dans ce roman : la question de l’illégitimité, la question de la norme sociale qui, en s’imposant, détruit toute construction et toute hypothèse qui lui seraient contraires, la question du devenir des tribus arabes et berbères lorsque la colonisation a commencé à modifier de fond en comble leur environnement symbolique, économique, social, juridique, la question de la "nouvelle colonisation" que le régime nous a fait subir au lendemain de l’indépendance et son impact sur l’imaginaire du peuple qui depuis vit dans la frustration et la honte de s’être laissé déposséder de son bien le plus précieux, la liberté, etc. Il me fallait un personnage plus riche, mieux imbriqué dans ces questions. Yazid répond bien, de mon point de vue, au cahier des charges : il est, ou serait l’héritier d’une vieille et puissante tribu, il est ou serait illégitime, il est largué par l’histoire post-indépendance comme il a été largué durant la période coloniale, il est culturellement fait de bric et de broc, il emprunte à l’un et l’autre univers.

     

    L’histoire de Djéda résume métaphoriquement un peu celle de l’Algérie. Quelle est-elle ? 

     

    On découvre qu’écrire l’Histoire est une chose infiniment compliquée. C’est comme raconter une opération magique, on peut décrire ce que nous voyons avec nos yeux, mais nous ne pouvons pas, et sans doute le magicien aussi, dire comment la magie opère. Connaître les faits historiques et les agencer dans une chronologie ne suffit pas, il faut encore ce quelque chose de mystérieux qui les agglomère et en fait l’Histoire, une chose vivante qui nous nourrit comme individu et comme collectif et implante en nous le sentiment d’appartenance à la communauté. Sans l’Histoire, il n’y a pas de lien, pas de patriotisme, pas de sacrifice pour son pays, il n’y a que l’intérêt personnel et la jouissance immédiate. L’Histoire de l’Algérie a toujours été, depuis l’Antiquité, écrite par les autres, les Romains, les Byzantins, les Vandales, les Arabes, les Turcs, les Espagnols, les Français, et tous nous ont traités dans leur Histoire comme si nous n’existions pas, comme si nous étions une race disparue ou vouée à la disparition, ou au mieux comme si nous étions une partie congrue d’eux, des bâtards. Et lorsque, enfin, nous sommes maîtres de notre destin, donc en mesure d’entrer dans notre Histoire et de la poursuivre, des gens, nos chefs autoproclamés, incultes et complexés, ont décidé de nous inscrire dans une Histoire qui n’est pas la nôtre, ils font comme s’ils avaient honte de notre identité, de notre histoire, comme si nous étions réellement des bâtards. Le besoin d’être vus comme appartenant à une race soi-disant supérieure, une race élue, quitte à renier sa propre identité, a causé bien des drames au cours du temps. Dans Rue Darwin, ces questions sont sous-jacentes au questionnement de Yazid qui s’interroge sur sa propre origine, son devenir ? Il finit par savoir mais le mal est si profond qu’il décide de quitter le pays. Il est trop tard pour lui, il est célibataire, n’a pas d’enfants, il n’a donc rien à construire, rien à reconstruire, rien à léguer. Il est difficile, impossible même de rattraper son Histoire si toute sa vie on a vécu dans l’ignorance de cette Histoire. Vivre dans le pays qui vous nie dans votre identité est intolérable, même et surtout si c’est votre pays et celui de vos ancêtres. Autant vivre ailleurs et endosser l’Histoire de cet ailleurs… s’il veut bien de vous. 

     

    Vous êtes connu et apprécié en tant qu’écrivain en Europe et décrié, péjoré, boycotté en Algérie. La collision de votre œuvre avec les gardiens du dogme nationaliste rappelle, d'une certaine façon, l’accueil fait en 1952 à La Colline oubliée de Mouloud Mammeri, accusé par les intellectuels nationalistes de ne pas être un canal de propagande du militantisme nationaliste. Comment analysez-vous cette hostilité ? 

     

    C’est une réaction normale. Le premier réflexe de toute communauté est de rejeter celui qui vient lui dire des choses qui la dérangent dans ses certitudes ou dans son sommeil. Lorsque, en plus, le "dérangeur" s’exprime à l’étranger, devant des étrangers, la communauté se sent mal. "On lave son linge sale en famille", me dit-on. Les gens sont naïfs ou font semblant de l’être. Depuis quand peut-on s’exprimer librement à Alger ? Ceux qui disent qu’il faut que les choses restent entre nous, ou qui vous disent qu’on peut s’exprimer librement dans le pays, sont les premiers à vous refuser la parole le jour où, les prenant au mot, vous venez leur parler de ce qui ne va pas dans leurs affaires. C’est un mystère, les gens adorent jouer les gardiens du temple, les G.A.T comme je les appelle dans Poste restante Alger. Ça leur donne bonne conscience. Pour certains, l’affaire est simple, elle est sordide, c’est une façon pour eux d’envoyer un message à Qui-de-droit pour lui dire : Regardez, maître bien-aimé, nous vous sommes fidèles, nous défendons votre enseignement, nous avons crucifié le mécréant, le contre-révolutionnaire, ou l’antinational (selon la période et l’idéologie de Qui-de-droit). D’autres relèvent de la psychiatrie, ils font une fixation morbide, qui se veut parfois polie et intelligente, sur ce Boualem Sansal qui dit tout haut ce qu’ils pensent tout bas. D’autres sont tout bonnement des gens qui s’ennuient, ils ont besoin de parler, d’écrire, de papoter avec leurs amis, il leur faut une tête de Turc pour se donner l’illusion qu’ils sont forts. Il y a aussi des gens qui font de vraies critiques mais ils n’y croient pas eux-mêmes, ils aiment seulement porter la contradiction. C’est compliqué, ces choses. Mais c’est intéressant, il est bon de savoir dans quelle société on vit. Ce n’est pas la joie de faire le rabat-joie dans un pays de certitudes et de faux-semblants. Chez nous, en Algérie, il vaut mieux être maquignon qu’écrivain, c’est sûr. 

     

    On sait votre attachement à l’Algérie mais pas à celle façonnée par l’unanimisme niveleur du parti unique. J’ai envie de vous demander de me décrire l’Algérie que vous aimez. 

     

    Pour paraphraser un écrivain illustre, lui aussi très dénigré en Algérie, un certain Camus, un compatriote de Belcourt, je vous dirai que j’aime l’Algérie comme on aime sa mère. Qui se demande pourquoi et comment il aime sa mère ? Il l’aime, c’est tout. C’est tout le mystère de l’amour, il dépasse les mots et les contingences. Mais nous sommes pluriels, on est l’enfant de sa mère, on est aussi le fils de son pays et comme tel je voudrais que mon pays soit grand et fort, respectueux et respecté, intelligent et modeste, doux et têtu quand il faut l’être. Je me pose souvent la question : quelle belle part notre pays a-t-il apportée au monde ? Pas grand-chose, hélas. Un petit pays tout montagneux comme la Suisse a infiniment plus donné à l’humanité que nous, dans tous les domaines, la science et la technologie, la philosophie et les arts, le commerce et l’industrie, et dans tant d’autres domaines. A part les discours creux et les rodomontades de kasmas, qu’avons-nous produit depuis l’indépendance ? Rien, nous avons gaspillé du temps, dilapidé de l’argent et noyé le poisson. Les GAT dont nous parlions tout à l’heure ont fait fuir à l’étranger tous ceux qui parmi nous pouvaient faire briller le nom de notre pays dans le monde. Nos savants et nos artistes se sont tirés en vitesse, ils sont en Europe et aux Etats-Unis, ils contribuent à la réussite de leurs nouveaux pays, on ne voulait pas d’eux ici, ils dérangeaient les analphabètes, les minables, les parvenus qui nous gouvernent. Maintenant, on nous dit que l’Algérie est en paix, qu’elle est bien gouvernée et qu’elle a plein d’argent. C’est bien, mais que faisons-nous pour le monde et pour nous-mêmes avec cette paix retrouvée, ces montagnes d’argent facilement gagné et cette si magnifique gouvernance ? Voyez-vous quelque succès à me citer ? Une découverte quelconque, une petite invention, un prix Nobel de la paix, une nouvelle théorie de la matière, une avancée politique à la Mandela, à la Gorbatchev… ?

     

    Vous portez un regard acide sur l’histoire de ce pays. Aucun tabou ne semble vous inhiber ? 

     

    Soyons sincère, notre histoire est l’histoire d’un peuple soumis, qui subit et se tait, elle est l’inventaire de nos échecs et de nos lâchetés. Où sont les pages qui disent nos succès et nos avancées ? Je ne les vois pas. Je ne comprends pas qu’un peuple qui a fait une si longue et si meurtrière guerre pour se libérer du colonialisme accepte la situation indigne dans laquelle il a été jeté depuis l’indépendance. Nous sommes en 2012, c’est toute une vie passée dans le silence et la peur. Les gens regardent leur pays se faire piller du matin au soir et ne disent rien, ne font rien. Ils regardent leurs enfants se jeter dans la harga et mourir en mer et ne disent rien, ne font rien. Ils se font humilier chaque minute de chaque jour par une administration arrogante et une police qui se croit la conscience du pays et ne disent rien, ne font rien. Comment voulez-vous avoir un regard épanoui sur l’histoire de ce pays. Le monde entier nous regarde avec mépris, il se demande si les Algériens d’aujourd’hui sont bien ceux de 1954. Les Tunisiens, les Marocains, les Égyptiens, dont nous nous moquions volontiers, ont entamé leur marche vers la liberté et la dignité et que faisons-nous de brillant ou d’utile ? Rien, nous courbons un peu plus le dos et nous nous en prenons à ceux qui viennent nous dire que notre situation n’est pas saine. Comment est-ce possible que les gens osent encore se regarder alors que le monde entier se révolte contre l’ordre ancien, contre les injustices, contre la dictature qu’elle soit policière, financière ou religieuse. Pour ce qui est du tabou, je n’en ai pas et donc je n’ai pas d’inhibition. C’est aussi que je me suis donné quelques bons maîtres, Voltaire, Kateb Yacine. Ceux-là en particulier n’avaient pas la langue dans leur poche. Ils disaient ce qu’ils pensaient. La seule chose qu’ils s’interdisaient, c’était de dire ces choses sans art. 

     

    Entretien réalisé par Arezki Metref

     

    Poil à gratter

     

    Ce qui déroute la bien-pensance chez Boualem Sansal, c’est qu’il ne désigne pas un fauteur de régression caricaturé, un bouc émissaire qui porterait toutes nos forfaitures : le Pouvoir, l’Etranger, etc. Même si la conspiration est de l'ordre du possible, la régression vient d’abord de nous, être collectif national au parcours cahoteux, bon et mauvais à la fois, diable et bon Dieu enchevêtrés, soumis et rebelle selon le temps qu’il fait. C’est nous, voilà ce qu’il nous dit. Ce n’est pas l’autre. Evidemment, avec cette obstination à aller droit au but, à ne pas dribbler au profit de telle ou telle force, avec cette aisance à se débarrasser des tabous, il ne peut plaire à une classe politique et intellectuelle pétrifiée dans la grégarité et le pavlovisme. On le lui fait savoir à qui mieux mieux. Tout cela fait de Boualem Sansal l'un des écrivains algériens le plus talentueux de tous les temps mais aussi, et surtout, un digne continuateur de Kateb Yacine dans l’art de s’exposer en exposant ce qu’il y a de plus profondément perturbé dans notre identité collective, si tant est qu’elle existe. Rarement écrivain aura été aussi fustigé et rarement aussi il aura autant récidivé, convaincu de la nécessité de dire quoi qu'il en coûte. Son dernier roman, Rue Darwin (Gallimard), pose dans le style onctueux qui est le sien, la question de l'illégitimité. Au-delà du destin des personnages emblématiques d'une Algérie chavirée dans son histoire, c'est justement de ce qui fait l'identité d'un peuple et d'un individu dont il s'agit. Boualem Sansal confirme avec ce roman son rôle de poil à gratter mais authentique, prenant des risques, touchant au saint du saint. 

     

    A. M.

  • Les bonnes affaires de la famille Rahmani

     

    Par
     

    Cherif Rahmani est à la tête d'une fortune colossale.

    Le ministre Chérif Rahmani et ses proches sont mis en cause par l’un de leurs compatriotes résidant en France.

    C’est le pot de terre contre le pot de fer. Hocine Djidel, anthropologue algérien installé en France, accuse Chérif Rahmani, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, de l’avoir spolié. Une proche de ce dernier aurait, avec sa bénédiction, mis la main sur un local de 500 mètres carrés appartenant à Djidel, dans le centre d’Alger, et l’aurait transformé en très lucratif parking. Excédé par l’interminable guérilla judiciaire en cours devant les tribunaux algériens, l’anthropologue s’est mis en tête de dénoncer, en France cette fois, les détournements de fonds publics dont Chérif Rahmani et ses affidés seraient coupables, selon lui. Après avoir tenu un blog, il prépare un livre au titre évocateur : One, two, three, voleur de l’Algérie !

    La famille règne sur une galaxie d’entreprises. L’objet de sa vindicte tutoie le pouvoir depuis des années. Neveu de l’ex-patron de la gendarmerie Ahmed Bencherif, ministre sans interruption (ou presque) depuis 1988, Rahmani, 67 ans, n’est pas né riche. Mais c’est aujourd’hui un businessman avisé, comme en témoigne la galaxie d’entreprises sur laquelle règne sa famille. Ainsi, son épouse, Zoubida, 59 ans, ex-dactylo, est associée ou gérante de trois sociétés algériennes dans des domaines aussi divers que l’immobilier, les installations sportives et les services hôteliers. Elle serait aussi propriétaire d’une boutique de vêtements à l’enseigne Aladin, aux Canaries, et d’un magasin de chaussures aux Bermudes. Les enfants Rahmani ne sont pas en reste. Fella, diplômée de l’université de Monaco, est associée à son frère Mokhtar, ancien étudiant à Oxford, dans la SARL Felmo Dounia Sahari, dont les activités s’étendent du commerce de vêtements à la publicité. Elle est également propriétaire d’une pizzeria à Hydra, près d’Alger, et actionnaire d’une société de promotion médicale et scientifique.

    Son frère Mokhtar, gérant du cabinet de conseil et d’ingénierie Polyfinance Algeria et actionnaire de Bricorama Algérie, est associé à un conseiller de son père au sein de l’entreprise Les Bétons du Maghreb. Il serait aussi à la tête d’une boutique de vêtements Aladin en Thaïlande. Son cadet, Mahdi, lui, s’intéresse à la confection de vêtements, de lingerie et de chaussures, ainsi qu’à l’importation de produits cosmétiques et parapharmaceutiques. Il est actionnaire de trois sociétés qui travaillent dans ces secteurs. Comme le révélait Le Canard enchaîné le 16 février 2011, les Rahmani ont également investi à Paris en acquérant un appartement de 85 mètres carrés, un studio de 20 mètres carrés et un deux-pièces de 31 mètres carrés dans le très chic XVIe arrondissement. Trois pied-à-terre achetés par des proches du ministre, dont son chauffeur, avant de se retrouver entre les mains de… Mme Rahmani.

    "Tout ceci n’est que le sommet de la partie émergée de l’iceberg, affirme Hocine Djidel. Le ministre est à la tête de nombreuses autres entreprises par l’intermédiaire de membres de sa famille ou de celle de sa femme, ainsi qu’à travers une poignée de fidèles associés en affaires. Reste à savoir quelle est l’origine de l’argent qui a financé ces investissements." Ces accusations agacent l’avocat parisien de Chérif Rahmani, Me Edgard Vincensini, qui conteste tout détournement de fonds : "Ce monsieur Djidel n’est pas sérieux, explique-t-il. Il n’existe aucun élément de preuve contre M. Rahmani." 

    Anne Vidalie

  • Guerre des chiffres entre la cnas et les hôpitaux français

    Transfert des algériens à l’étranger pour soins

     

     

     

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    Des hôpitaux français refusent, depuis quelques semaines, d’admettre les malades algériens en dépit des conventions bilatérales sur les soins de santé qui lient l’Algérie à la France depuis 1981. Le motif de ces refus ? Les impayés de la CNAS seraient de 34 millions d’euros selon la partie française, alors que seuls 430 malades ont été transférés en 2011. Le contentieux qui divise les deux parties, vieux de deux décennies, semble prendre une nouvelle tournure. En témoigne le cas très médiatisé du bébé Manil qui a dû bénéficier d’une mesure exceptionnelle pour se faire soigner en France. Qu’en est-il des milliers d’autres «Manil» pris en otages par ce contentieux ?

     

    Combien coûte la vie d’un Algérien ? Une question que se posent, chaque mercredi, les six membres de la Commission médicale nationale (CMN) qui statuent sur les transferts des malades à l’étranger. Ils n’apprécieront certainement pas que leur mission soit posée en ces termes, mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Mesurer, évaluer et peser le droit à la vie de chaque postulant. Ils analysent les dossiers des demandeurs malades, selon le risque vital que suppose leur maladie, son coût et les chances de guérison. Durant l’année 2011, 430 malades, triés sur le volet, ont été transférés à l’étranger, en France plus particulièrement au vu des conventions bilatérales sur les soins de santé qui lient les deux pays depuis 1981. Mais un vent de révolte souffle, ces dernières semaines, dans plusieurs villes du pays, sur la question de la prise en charge de nos malades à l’étranger. A l’origine, les transferts récurrents des dignitaires du régime, dont la presse fait souvent écho, mais aussi, l’affaire «Sauver le bébé Manil».

    Une page facebook a été créée il y a deux mois, pour faire connaître la détresse d’un enfant de 8 mois atteint d’une maladie rare. SCID-X ou DICS : déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X. Il s’agit d’une maladie héréditaire provoquée par la transmission d’un gène défectueux de la maman aux enfants de sexe masculin, les privant ainsi de toutes leurs capacités immunitaires. Il pourrait être sauvé par une greffe de moelle osseuse dont sa sœur, Manel, âgée de 6 ans, est le seul donneur compatible. La Commission médicale nationale a donné son «OK», il y a deux mois, pour son transfert en France. La CNAS a signé la prise en charge. Seulement, les hôpitaux français ont refusé de l’admettre pour cause d’impayés de la CNAS, qui a perdu toute crédibilité à leurs yeux. Le cas du bébé Manil a connu un heureux dénouement puisque la France lui a accordé, samedi dernier, une prise en charge pour raisons «médicales humanitaires», mais en avertissant tout de même que cette exception ne doit pas «pour autant occulter la nécessité de remédier au recouvrement des créances, qui ont atteint 34 millions d’euros en 2011, de la Caisse nationale d’assurance sociale algérienne auprès des établissements de santé français», a tenu à préciser le ministère français de la Santé dans un communiqué de presse officiel. La convention relative aux soins de santé dispensés en France aux assurés sociaux algériens, entrée en vigueur en 1981, ne tient plus, apparemment. Le contentieux entre la CNAS et les hôpitaux français, qui ne date pas d’hier, prend une nouvelle tournure. Dramatique pour les milliers d’autres «Manil» non médiatisés, qui ne peuvent être soignés en Algérie.


    34 millions d’euros d’impayés pour seulement 340 malades !

    «Les impayés de la CNAS deviennent trop lourds», dénoncent, depuis plusieurs semaines, des responsables d’hôpitaux français, dont ceux de Lyon et de Strasbourg. La CNAS fait la sourde oreille sur la question des impayés et les accuse, à son tour, de prendre les malades algériens en otages. Pendant ce temps, le bébé Manil – qui est loin d’être seul dans ce cas-là – risquait de mourir à tout moment. Son père, Mouloud Blidi, a préféré s’en remettre à la solidarité populaire qui, d’ailleurs, lui a permis de collecter plus de 40 000 euros pour payer sa prise en charge, soit près de 20% de la somme nécessaire. La vie de Manil coûte 270 000 euros. Elan de solidarité sur facebook, en Algérie et ailleurs, pour la payer. Maintenant que la CNAS s’est engagée à payer sa prise en charge, l’argent collecté servira à la création d’une association pour le lancement d’un centre de greffe en Algérie. Bel exemple pour un si triste combat.
    Depuis, d’autres pages ont vu le jour sur facebook : «sauver Hadjira Ouazani», «sauver Dassine Tlili», «sauver le petit Ilyes», «sauver la cancéreuse de Ouargla»… Ces pages ont toutes un point commun : elles défendent la cause d’Algériens atteints de maladies rares, qui ne peuvent être soignés dans nos hôpitaux faute de moyens ou de compétences. Ils sont tous livrés à eux-mêmes et veulent, comme le bébé Manil, s’en remettre à la solidarité populaire. Une voie certes incertaine, mais la seule qui leur reste. Déjà que l’accès au fameux «OK» de la CMN a toujours été difficile à obtenir – sauf si on a un contact haut gradé capable d’un passe-droit rapide et efficace – voilà que cette question d’impayés de la CNAS vient boucher à présent toutes les issues de secours pour ces malades. Près de 40 millions d’euros de créances présentées en 2010, alors qu’elles n’étaient que d’un million en 2009, selon le Centre de liaison européen et international de la sécurité sociale (CLEISS). Une embûche qu’aucun piston ne peut désormais déjouer.


    Rudes négociations


    Cette histoire d’impayés remonte à loin dans le temps, mais jamais elle n’avait remis en question la convention ratifiée par la France et l’Algérie en 1981. Pourquoi le torchon ne brûle-t-il que cette année entre la CNAS et les hôpitaux français ? D’abord, parce que le montant des dettes n’a jamais atteint un tel seuil, mais aussi parce que les hôpitaux français, en cette période de crise, ne peuvent se permettre de badiner avec leurs euros. Et pourtant, une commission mixte algéro-française s’est réunie, à Alger, en juin 2010, pour trouver une voie d’apaisement à ce contentieux et l’Algérie a bien été obligée de régulariser ses comptes pour les années 2005 à 2008, en gage de bonne foi. Michel Dejagher, consul général de France à Alger, avait assisté à cette réunion. «C’est un contentieux épineux et les deux parties ont leurs avis et défendent leurs positions selon des arguments qui se tiennent», a-t-il déclaré. «Les Algériens accusent les hôpitaux français de surfacturation dans le sens où ils initient des bilans et d’autres soins tout en prolongeant les délais d’hospitalisation, mais le ministère français de la Santé se défend, selon l’argument d’une pratique rigoureuse de la médecine qui ne peut être édictée à distance. Les deux parties ne répondent pas à la même logique. Les uns invoquent la rigueur dans la pratique de la médecine, les autres défendent leurs intérêts financiers, ce qui peut être légitime», ajoute-t-il. Une rude négociation où personne n’a tort, ni raison…  donc ?


    «Les hôpitaux français veulent faire du chiffre»


    La guerre des chiffres entre la France et l’Algérie, sur la question des transferts de malades à l’étranger, prend actuellement en otages des centaines de malades. Une réunion franco-algérienne devrait se tenir très prochainement pour régler ce contentieux, mais les négociations s’annoncent serrées. La CNAS conteste tous les montants d’impayés révélés par les institutions françaises et parle plutôt de surfacturation, en accusant les hôpitaux français de faire «un chantage ignoble». De l’avis du professeur Bougherbal, la démarche française n’est pas tout à fait honnête. «Les hôpitaux français veulent faire du chiffre, alors ils gardent les patients plus longtemps ou prennent tout leur temps avant d’opérer le malade ; ce qui implique des factures très salées», souligne-t-il. Pourquoi ne pas se tourner vers d’autres partenaires dans ce cas-là ? «Nous avons tenté plusieurs expériences, avec la Belgique, la Jordanie (pays qui a même construit un hôpital spécialement pour accueillir les Algériens, mais en vain, ndlr), la Suisse, l’Italie, la Grande-Bretagne ; mais force est de constater que la France est un partenaire inévitable de par sa proximité.» En 2010, seules 430 personnes ont été transférées pour soins à l’étranger. Même nombre cette année. Les services consulaires de France ont délivré 1000 visas en 2011 pour soins à l’étranger, pris en charge par la CNAS, la Caisse militaire et la Caisse de sécurité de Sonatrach. Près de 60% des accords de prise en charge acceptés concernent donc les militaires et les employés de Sonatrach. Un bilan qui se passe de commentaires. D’autres chiffres intéressants dans le dernier rapport du CLEISS, dont El Watan a pu se procurer une copie, révèlent le montant exact des impayés de la CNAS de 2006 à 2010 (voir encadré), mais aussi que 90 % des créances de la France en termes de sécurité sociale, durant l’année 2010, concernent l’Algérie. Elle représente 55,4% des dettes notifiées avec 85,9 millions d’euros. Mais mieux que les chiffres et les bilans froids, la réalité du terrain parle d’elle-même.


    Un drame en cache toujours d’autres


    Des anecdotes dramatiques, ils en ont à raconter. Les médecins algériens, quels que soient leur spécialité ou leur domaine de compétence sont nombreux à s’emporter ou s’attrister dès que la question des transferts de malades à l’étranger est évoquée. «Une de mes anciennes patientes a vendu sa maison et sa voiture pour payer ses soins en France, parce que la CNAS a refusé de la prendre en charge, alors qu’on est témoin tous les jours que des pistonnés se font transférer même pour une rage de dent», raconte un réanimateur de la capitale. Un de ses confrères l’interrompt et révèle à son tour : «Une jeune fille de 17 ans est morte deux jours après que le refus de prise en charge de la CNAS lui eut été notifié, sa mère ne fera jamais son deuil.» Un autre encore évoque l’histoire de cette fillette morte, il y a quelques mois, après que la CNAS eut refusé d’accorder une prolongation de sa durée d’hospitalisation en France.
    Ces médecins, comme tant d’autres interrogés sur la question, s’offusquent des refus de la Commission qui mènent souvent au cercueil, mais ils restent tout de même catégoriques sur la nécessité d’arrêter cette politique de transferts à l’étranger pour exploiter tout cet argent «gaspillé» pour développer la médecine algérienne. «S’ils ramenaient des spécialistes de l’étranger pour soigner les pathologies qu’on ne maîtrise pas, ça coûterait moins cher et ça nous permettrait de capitaliser de la connaissance et d’initier nos médecins à de nouvelles méthodes», expliqueen s’emportant le réanimateur.


    Le transfert, une solution ou un problème ?

     

    C’est bien une remise en question de tout le système de santé qu’ils revendiquent, au-delà de cette problématique d’impayés, qui cache mal une situation chaotique à tous les niveaux. L’Algérie dépense beaucoup, mais continue d’enfoncer son système de santé dans la déliquescence. En 1985, près de 12 000 malades ont été transférés à l’étranger pour soins. De 2006 à 2010, sous l’impulsion d’une «politique» censée menée à l’arrêt définitif des transferts des malades à l’étranger, en 2009, une baisse de 60% de transferts a été notée. Seulement, aucune stratégie n’a été adoptée en amont pour améliorer la prise en charge dans le pays, au-delà des effets d’annonce. Janvier 2012, dans une logique de contradiction extrême, on hésite encore entre maintien des transferts à l’étranger ou leur suppression définitive. Au cœur de cette hésitation, une génération de sacrifiés ? Cette histoire d’impayés de la CNAS aura au moins eu le mérite de lever le voile sur une problématique sanitaire d’extrême urgence. 40 millions de créances, un litige sans précédent avec les hôpitaux français et l’incapacité de dispenser des soins à des milliers de malades. Petits calculs. Avec seulement 40 millions d’euros, l’Algérie pourrait construire deux hôpitaux et deux centres de radiothérapie qui apaiseraient les souffrances de milliers de malades.

    Selon l’architecte, Halim Faïdi, un centre de radiothérapie coûterait seulement 10 millions d’euros et pourrait prendre en charge 3000 malades par an. Avec une soixantaine de centres similaires, l’Algérie pourrait traiter chaque année les 100 000 cancéreux, qu’elle compte, ce qui ne représente même pas la moitié de la facture actuelle d’importation de médicaments. Juste une question de volonté politique et de visibilité pragmatique.
    Mais le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, préfère envoyer les malades atteints de cancer se faire soigner en Turquie, à raison de 8000 dollars par cure. Pourquoi autant de contradictions dans la démarche de gestion du secteur de la santé ? Incompétence ? Indifférence ? Volonté de nuire ? Des questions qui laissent perplexe, autant que la fameuse boutade du défunt professeur Mahfoud Boucebsi qui s’indignait, il y a plus de vingt ans déjà, que «l’Algérie soit le seul pays qui importe des médicaments et exporte des malades». 

     

    Fella Bouredji
  • DES LOIS MACHIAVELIQUES

    Dévaluation du Dinar

    Un artifice pour freiner les importations

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    La Banque d’Algérie vient de procéder à une nouvelle dévaluation du dinar. Passée en catimini, celle-ci pourrait sérieusement affecter les activités de nombreux opérateurs économiques.

    L’atelier, organisé hier à Alger par le Forum des chefs d’entreprises, a permis de faire la lumière sur certaines motivations de cette décision. Le président du FCE, Réda Hamiani, a ainsi expliqué que la Banque centrale a procédé il y a une quinzaine de jours à un relèvement du taux de parité avec la devise européenne de telle sorte qu’aujourd’hui
    1 euro vaut 107 DA, selon le taux de change officiel.
    Une mesure qui aurait pu être mise au crédit de la gestion courante du taux de change. Toutefois, M. Hamiani a mis en avant le fait que cette mesure a été prise au moment où l’euro perdait 10 à 15% de sa valeur face au dollar, ce qui a induit une dévaluation brutale et double du dinar face au dollar et à l’euro.

    Le patron du FCE s’est interrogé dans ce sens sur les motivations économiques d’une telle décision et n’en trouve pas d’ailleurs. D’autant plus qu’elle pénalise fortement les opérateurs économiques et alourdit leurs coûts de production vu les pertes des changes à accuser, notamment lors de l’acquisition de leurs intrants et équipements. L’une des explications avancées par le président du FCE est le recours des autorités à un procédé purement monétariste pour freiner les importations dans un contexte où celles-ci pourraient s’envoler encore à la faveur de «généreuses» augmentations de salaires sans contrepartie productive et le versement d’importants rappels aux travailleurs du secteur public. Une solution de facilité de plus afin de stopper la dérive des importations.

    En vain. Puisque malgré l’instauration du credoc, celles-ci sont proches du seuil psychologique des 50 milliards de dollars. Une dérive qui ne peut s’expliquer que par l’augmentation des besoins des Algériens sans que la production locale puisse les satisfaire. La mesure prise par la Banque d’Algérie est antiéconomique autant qu’elle reflète l’incohérence des politiques économiques initiées depuis une décade. Lesquelles politiques accordent au final, selon les représentants du FCE intervenus hier, plus d’avantages aux activités commerciales qu’à la production de biens et services.

    Une situation née de l’opacité des notions d’investissement et de partenariat ainsi que de la contradiction des fondements doctrinaux entre le code de l’investissement dans sa mouture originelle de 2001 et les additifs qui sont venus s’y greffer au fil des lois de finances. La règle des 51/49 a été dans ce sens vertement critiquée par les intervenants du FCE dans le sens où celle-ci est l’expression de la plus grande contradiction doctrinale de l’actuel code de l’investissement.
    De même que la soumission de certains projets éligibles aux régimes dérogatoires d’avantages de l’ANDI à l’examen préalable du CNI est le fruit de cette même contradiction qui oppose liberté d’initiative à la notion d’autorisation. La règle incriminée oppose également l’obligation de protection des investisseurs à la rétroactivité des dispositions de la LFC 2009 qui affecte les opérateurs installés antérieurement en Algérie.


    L’Algérie n’a attiré que des aventuriers

     

    Cette même règle dénote aussi la confusion dans la définition même de l’investissement laquelle permet à de nombreux commerçants étrangers de travailler en Algérie dans le commerce de gros et de détail sans pour autant être affectés par les nouvelles dispositions réglementaires.
    Les correctifs apportés au code de l’investissement depuis 2006 reflètent surtout la proéminence des aspects purement juridiques et administratifs des politiques de promotion de l’investissement, au lieu de s’attacher à l’intérêt économique, stratégique et à la création de la valeur ajoutée. Dans ce sens, le FCE plaide pour la mise en place d’un système d’admission basé sur la convention négociée, la clarification des conditions d’éligibilité aux avantages de l’ANDI, ainsi que le renforcement des mesures d’encadrement sectorielles.

    Cela permettrait, selon les intervenants, de favoriser l’investissement, le partenariat, les délocalisations sans pour autant rééditer les scénarios «Djezzy». De l’avis même de Réda Hamiani, l’ouverture telle qu’elle a été opérée durant la dernière décade n’a permis en fait qu’à attirer «les aventuriers, les voyous et les gros commerçants». Chose qui pourrait expliquer, pour lui, le resserrement de la réglementation qui s’en est suivie.
    Le patron des patrons a cependant ajouté que cela a été fait à tâtons en réponse à certains opérateurs comme Djezzy ou Lafarge. Il avoue dans ce sens que les lois de finances complémentaires sont une arme redoutable aux mains des pouvoirs publics, dans la mesure où elles leur permettent d’apporter d’importants correctifs à la loi sans pour autant laisser le temps d’examiner la cohérence de ceux-ci avec l’esprit de la loi ni ses conséquences sur l’activité économique.

     

    Melissa Roumadi
  • BENBOUZID ,LE TERMINATOR, DESRUCTOR, DE L'EDUCATION

     

     

    L’école algérienne s’enfonce dans la médiocrité : Comment en est-on arrivé là…

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    L’école, le système éducatif… Tout le monde s’en plaint : les parents, les élèves, les enseignants, les directeurs des établissements scolaires. Mais personne n’ose le crier tout haut.

    Tout bas, tous les acteurs de la vie éducative sont scandalisés. Un enseignant d’Alger est allé jusqu’à dire que «ce qui se fait actuellement au niveau de l’école s’apparente à un véritable plan de destruction, un plan de sape établi pour abrutir nos enfants». Les dysfonctionnements sautent aux yeux. A commencer par le préscolaire. Il n’est dit nulle part que cet enseignement est obligatoire.
    Censé être généralisé pour les enfants dont l’âge varie entre trois ans et six ans, l’enseignement préscolaire ne se résume en fait qu’à l’année préparatoire. Et encore ! Des milliers d’élèves n’y ont pas encore droit. Du coup, on assiste à une école à deux vitesses. Des enseignants, on ne sait pour quelle raison, ne prennent pas en considération cette situation et dispensent des programmes qui font fi des besoins de ceux qui n’ont jamais fait d’année préparatoire. Et ce n’est un secret pour personne aujourd’hui, le secteur de l’éducation ne dispose ni de structures pouvant accueillir les élèves ni de formateurs, en quantité et en qualité, pour dispenser l’enseignement préscolaire.

    La première faille se situe donc incontestablement à ce niveau. Devant une situation aussi préjudiciable pour les élèves, les responsables du secteur semblent adopter la politique de l’autruche. Ce n’est pas l’unique problématique que pose l’enseignement en Algérie : méthode et contenus. La stratégie de l’enseignement et de l’éducation nationale est un véritable ovni (objet volant non identifié). On a tout essayé. L’école algérienne est devenue un interminable laboratoire où l’on a tenté plusieurs expériences sans en réussir aucune. La dernière en date c’est évidemment la méthode dite «approche par les compétences».
    Un enseignant du secondaire, nouvellement recruté, avoue ne rien connaître de cette approche. Un autre, rencontré à Alger, critique les programmes confectionnés par la tutelle et souligne toute la difficulté de les transmettre aux élèves.

    Les différentes réformes, menées depuis presque deux décennies, de l’avis de beaucoup d’observateurs et de spécialistes de la question, ont conduit des générations droit dans le mur. Des parents d’élèves n’arrivent pas à donner un sens à la charge de travail à laquelle sont soumis leurs enfants, et encore moins à la nouvelle méthode d’enseignement.
    Certains que nous avons rencontrés, ceux qui ont leurs enfants dans le primaire, se plaignent du fait qu’ils se retrouvent à refaire les cours dans la soirée. Une parente d’élève en a par-dessus la tête. Elle dénonce le volume des programmes et le nombre incalculable de devoirs qu’on donne à son fils à la maison.
    A ce rythme, les enfants ne peuvent qu’être saturés et détesteront à coup sûr une école qui les fatigue. Pour les érudits, cela s’appellerait l’approche par compétences (APC), qui oblige l’apprenant – on ne parle plus d’élève font remarquer des spécialistes – à apprendre de lui-même.

    La méthode est née aux Etats-Unis avant d’être adoptée, quelques années après, dans certains pays européens. Et beaucoup parmi ces derniers l’ont limitée au stade expérimental, sinon cantonnée dans le secteur de la formation professionnelle avant de l’abandonner tout simplement. En Algérie, elle a été généralisée au premier coup d’essai. L’échec est patent. Au-delà même de cette histoire de méthode, le constat est sans appel : la qualité de l’enseignement laisse à désirer.
    Les élèves sortent de l’école avec de sérieux handicaps de langues, des analphabètes trilingues, comme on les désigne, et avec de sérieux manques dans beaucoup de matières.
    Les statistiques présentées par des syndicats indiquent qu’à l’issue des examens du premier trimestre de l’année en cours, les résultats dans les matières scientifiques, les mathématiques et la physique sont catastrophiques. Un ancien enseignant à Alger soutient que la méthode globale, au lieu de l’ancienne approche dite méthode syllabique, adoptée pour l’enseignement des langues, est en décalage avec nos réalités sociales. Cela est valable pour les langues nationales et les langues étrangères.


    Quand la régressionobéit à une politique !

     

    Un autre enseignant évoque, lui, la méthode mixte. Un troisième affirme qu’en réalité aucune méthode n’est maîtrisée et lance avec beaucoup d’ironie que celle qui est en vigueur s’appelle «la méthode débrouille-toi !». Un prof de physique dans un lycée à Tizi Ouzou questionné sur la méthode de l’approche par les compétences pour savoir si elle constituait un problème pour l’enseignement, a répondu : «Ce n’est pas un problème de méthode mais de compétences.» Selon lui, «les enseignants en général sont issus de cette pseudo école qui a échoué». Il explique : «La méthode se résume à ne pas dispenser des cours comme avant, elle suppose que les parents sont instruits, qu’ils sont connectés à Internet et que les élèves peuvent faire eux-mêmes de la recherche.» A la question de savoir si cette manière d’enseigner colle à notre réalité, l’enseignant de physique soutient : «Bien évidemment non pour la majorité des élèves. La raison est que ces derniers doivent apprendre d’eux-mêmes.» En ont-ils les moyens ?

    Ce n’est pas évident. En 2008, lorsque le ministère s’apprêtait à appliquer cette approche au niveau du secondaire, les lycéens sont sortis dans la rue. Le département de Benbouzid a été obligé de calmer le jeu en répondant favorablement à leurs doléances. Leurs ardeurs calmées, le ministère revient à la charge et c’est elle qui est en vigueur dans nos écoles. Pour ce qui est de l’enseignement des langues, notre interlocuteur trouve logique que les élèves n’aient la maîtrise que de la langue arabe, en raison du volume horaire qui lui est consacré. L’enseignement des langues étrangères n’est en réalité qu’accessoire. La preuve, dans plusieurs wilayas, le département de Benbouzid n’a pas encore, à l’entame du deuxième trimestre, pourvu des milliers d’élèves d’enseignants de français. On n’est pas, en effet, au premier dysfonctionnement du système éducatif. Des enseignants du primaire, préférant garder l’anonymat, parlent carrément de contradictions, même entre le manuel scolaire et les programmes qu’on leur demande.

    C’est le cas par exemple pour les maths en troisième année primaire. Plus que cela, et de l’avis de beaucoup d’enseignants avec qui nous nous sommes entretenus, «les cours de langue arabe, plus précisément ceux concernant la grammaire, sont de plus en plus compliqués pour le cerveau d’un petit enfant. On sert aux écoliers des cours qu’ils ne sont censés maîtriser logiquement qu’après avoir appris certaines règles grammaticales». Même les responsables des établissements scolaires n’y comprennent pas grand-chose.
    Dans l’anonymat, ils dénoncent cet état de fait, mais ils se réservent le droit de le dire publiquement. L’année dernière, beaucoup a été dit sur l’allègement des programmes. Le ministère de l’Education a fait d’incroyables promesses. Mais c’était beaucoup plus pour faire taire les parents d’élèves qui se plaignaient de la charge des programmes et de la lourdeur du cartable. En fin de compte, ce n’est que de l’esbroufe. On a diminué un quart d’heure de chaque cours.

    Ce qui fait que les élèves sont libres à partir de 14h30. Mais pour faire quoi en fait ? Rien jusqu’à 15h30. Le ministre a parlé d’activités périscolaires, comme le dessin, le sport et la musique, mais dans certains établissements scolaires d’Alger, l’on a fait appel à la contribution des parents d’élèves. Les salaires des enseignants sont bien évidemment assurés par ces derniers. Et à défaut, il y a des écoles où les enseignants chargés du préscolaire font carrément du gardiennage. La situation de l’école est catastrophique.
    Et nous avons l’impression que ce n’est pas seulement à cause de l’incompétence, mais cela semble relever d’une volonté d’installer l’école définitivement dans la régression. Il suffit de prendre un exemple frappant concernant les études de médecine et d’autres filières scientifiques : il n’y a aucun système d’enseignement dans le monde où l’élève jusqu’à l’obtention du bac suit un cursus totalement arabisé, et ensuite se voit obligé de faire des études supérieures en langue étrangère. 

    Said Rabia
  • no moment

    Dilem du 19 Janvier 2012

  • Le dépérissement tranquille de l’école

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Les élèves de terminale sont en colère parce que leur programme est surchargé. Après avoir manifesté pour un allégement de la charge de cours, ils revendiquent désormais le report d’une semaine des épreuves du baccalauréat, une semaine de cours en moins qui fera en même temps une semaine de révision en plus.
    À part cet aspect quantitatif, relevé par les lycéens eux-mêmes, l’École algérienne ne semble plus poser problème. À tous les niveaux. Sauf pour ses diplômés qui peinent à trouver un débouché. Le président de la République a insisté, lors de son bref discours d’inauguration de l’année universitaire. “L’Université algérienne se porte bien”, a-t-il martelé par trois fois, déniant par cette profession de foi tous les classements internationaux qui renvoient les universités nationales aux derniers rangs des établissements d’enseignement supérieur.
    La qualité de l’enseignement a cessé d’être un souci pour l’opinion, pour les politiques, pour les enseignants, pour les enseignés et pour leurs parents. Les personnels scolaires et universitaires n’expriment plus que des revendications sociales. Les augmentations itératives obtenues, catégorie par catégorie, occupent leur énergie. L’année 2011 a été consacrée aux revalorisations salariales au profit des fonctionnaires, dont les enseignants, consacrant les nouveaux termes de l’échange entre État et société : “augmentations contre paix sociale.” Entendre “argent contre paix civile”. À cette réforme de la distribution de la rente devait succéder, en 2012, une réforme plus politique visant à associer plus de factions au partage du pouvoir, lui-même fort rémunérateur. Cette entreprise, qui consiste à éclabousser plus de monde des effets de la rente, ne laisse pas beaucoup de temps aux soucis de réformes structurelles concernant l’économie, la justice, l’administration ou l’école. L’argent servi individuellement et sur-le-champ fait oublier les grands desseins collectifs à long terme.
    On s’accommode donc d’un arrêt de développement et d’une économie de bazar puisqu’on a de quoi faire ses courses assurées par l’importation, comme on s’accommode d’une école sinistrée. Les parents d’élèves ne s’offusquent plus que des grèves qui perturbent la fonction de garderie de l’institution.
    Les élèves et les étudiants semblent ne voir dans les études que le diplôme. Si peu soucieux de la qualité des connaissances que ceux-ci représentent, ils attendaient de compléter leur alphabétisation dans des écoles privées ou au… CCF. À leur sortie, ils sont surpris qu’on préfère l’expérience digérée des retraités aguerris à leur science mécanique. Qu’à cela ne tienne ! L’institution scolaire ne sera pas avare de diplômes et les taux de réussite bondissent de record en record. Il est même arrivé d’amputer le programme de terminale de chapitres entiers pour l’alléger. Alors pourquoi pas cette année, doivent se dire nos jeunes manifestants ? Au point où nous en sommes dans la braderie scolaire, on pourrait même annoncer le taux de réussite au bac 2012, un taux forcément record en ces temps de troubles. On pourra, en prime, dire que l’École va bien. On le sait maintenant, quand le pouvoir va bien, tout va bien. La facture c’est pour les générations qui viennent. Et, désormais, le pouvoir n’est pas seul à s’accommoder de l’échec.

  • Le bovarysme et les 50 ans d’indépendance de l’Algérie

     

    Le bovarysme cache des vérités peu reluisantes... Le bovarysme cache des vérités peu reluisantes...

     

    "Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude". Cette phrase de "Madame Bovary" de Gustave Flaubert, mythe du bovarysme littéraire, conviendrait à la situation déplorable de l'Indépendance de l'Algérie qui en porte les 50 ans d'asservissements...

     

    C’est sans doute symptomatique que ce soit le Président aux mandats inassouvissables qui boucle à la tête du pays le demi-siècle de l’indépendance historique de l’Algérie avec, à la clé, son décalage des Révolutions arabes qui ont brisé le règne des dictatures qui ont de près ou de loin, été les invités de marque des 1er Novembre 54 et des 5 juillet 62. Ainsi donc, l’indépendance de l’Algérie est une quinquagénaire aigrie, aux facultés dégénérescentes avant l'heure, comme née du "bovarysme littéraire" issu du roman de Gustave Flaubert "Madame Bovary" : "Ainsi, se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude".

     

    Ce bovarysme, concept de la  pathologie littéraire, pourrait tout aussi bien servir de pathologie politique exprimant un début d’indépendance dégénératif à une situation limite de celle-ci au-delà de laquelle on sort du bovarysme proprement dit vers la paranoïa.
    De ce chef-d’œuvre littéraire de Gustave Flaubert, Madame Bovary est devenue l’archétype psychanalytique et philosophique sur les pathologies mentales : la fausse idée de soi, la santé mentale ou le déséquilibre, la naïveté ou la lucidité, et peut-être aussi cette "auto-invention de soi" dont parlent les cliniciens. Une fiction de soi-même par le déni de sa propre réalité, une sorte de dédoublement de la personnalité en perpétuel antagonisme.

     

    Madame Bovary et l’indépendance de l’Algérie qui a l’âge de ses servitudes et celui de ses désillusions se partagent leur "passion de l’irréel" mais aussi de leur fausseté, passant du conte merveilleux au conte fantastique. La jeune Emma, éternelle mineure, dépendante d’abord de son père, puis de son époux, a été victime du "mythe du Prince charmant" dont elle a mis longtemps à se défaire pour se jeter à corps perdu dans les bras d’autres hommes, amants qu’elle finit par harasser de son trop plein d’amour et de ses incessantes demandes effrénées de preuves de leur passion pour elle. Or, elle ne rencontre qu’indifférence, abandon et mépris. Elle finit par se suicider en avalant de l’arsenic. Le bovarysme de l’indépendance de l’Algérie a eu également son " mythe du Prince charmant" sublime mais éphémère gardien de son Histoire. 

     

    En cinquante ans d’existence, elle n’a eu que ses deux premières années où elle vécut dans une sorte de chimère, d’euphorie exaltante et exaltée, se croyant prémunie à vie, forte de son butin historique, se fondant dans la masse juvénile, héroïne par laquelle tous les rêves étaient permis et réalisables. Elle avait même un "sandouq etadhamoun", une cave d’Ali Baba, sans se douter un seul instant qu’il serait, comme dans le conte, son conte, la convoitise de quarante voleurs, ceux qui la portaient à tour de bras, ne juraient que par elle, la protégeaient comme la prunelle de leurs yeux. Malheur lui en prit, se découvrant démunie de tout droit civil et politique, mais imposable d'une religion et d'une vertu, comme Emma, de remettre en cause le système, de s’en émanciper, de revendiquer autre chose que l’illusion et les promesses. Elle rompt avec le mariage historique pour assumer son adultère avec des pouvoirs successifs qui ont fait d’elle une bonniche de luxe. Ils lui ont offert un méchant tablier de cuisine, un balai, un seau pour laver les vomissures de leur règne. Son impossible quête du bonheur, d’un bonheur illusoire mène Emma à sa perte, à sa mort et peut-être même, en définitive, à son indépendance.

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  • Amara Benyounès: la voix de son Maître?

     

    Amara Benyounès, sur les allées verdoyantes de Bouteflika Amara Benyounès, sur les allées verdoyantes de Bouteflika

     

    Amara Benyounès dont le parti, l'UDR, est en voie d'agrément pour service rendu à Bouteflika, appelle les Algériens à un vote massif pour contrer les islamistes. Qui croira à ce discours de l'imposture des dictatures arabes désormais obsolète?

     

     

    Amara Benyounès, Président de l’union pour la Démocratie et la République (UDR), parti politique en voie d’agrément, vient d’appeler sur les ondes de la radio chaine III les Algériens à aller voter massivement car c’est le seul moyen pour contrer les islamistes. Selon lui,  ces derniers qui ont raflé la mise en 92 et récemment à la faveur des Révolutions arabes, le doivent à un fort taux d’abstention et à la disparité des forces démocratiques qui peinent à s’unir pour gagner la bataille des élections. "Il faut impérativement que tous les Algériens aillent voter. Le vote massif garantirait la victoire des démocrates et des patriotes. S’il y a un fort taux d’abstention, nous savons ce qui va se passer à l’image de ce que nous avons vu en Tunisie et au Maroc. L’abstention ne profite qu’aux intégristes" Il prête aux islamistes la capacité d'une forte mobilisation électoraliste, ce dont souffre le camp démocratique, éparpillé et concevant la victoire des islamistes comme une fatalité contre laquelle il n’y a rien à faire car, soutient-il, ils "ont un corps électoral qui vote. Il n’y a pas le même réflexe dans le camp des démocrates", affirmant qu’ "il y a une campagne d’intoxication de la population algérienne qui veut dire que les jeux sont déjà faits et que les intégristes vont gagner les élections. Donc, pas la peine de se préparer. Boubakr Belkaïd, qui a été assassiné par les intégristes, a toujours dit que les batailles que l’on perd sont celles qu’on n’engage pas."

    lire la suite. ici:

  • La journée presque banale de deux policiers antiémeutes !


    de deux policiers antiémeutes !
    Par Hakim Laâlam  
    Email : laalamh@yahoo.fr Les premières conclusions du rapport d’enquête gouvernementale
    sur les troubles à Laghouat sont rassurantes. Le sucre et l’huile sont
    totalement hors de cause. Par contre…

    … la farine et le sel…

    - C’est qui, eux qui agitent leurs cartables sous notre nez ?
    - Ce sont des lycéens.
    - C’est les mêmes que ceux qui manifestaient hier ?
    - Non ! Hier, c’étaient leurs enseignants.
    - Mais des profs, y en avait en face de nous avant-hier, non ?
    - Non ! Avant-hier, c’étaient des profs d’université.
    - T’en es sûr ? Parce que je me souviens bien qu’ils portaient
    aussi des blouses. Même qu’il y a trois jours, ils manifestaient déjà…
    - Tu confonds encore une fois ! Y a trois jours, c’étaient les
    profs de médecine qui sont venus se planter devant nous.
    D’ailleurs, ils sont un peu couillons ces médecins. Les inspecteurs
    en civil qui nous secondent n’ont même pas besoin
    de les prendre en photo pour identification ultérieure,
    puisque tous portent leurs noms cousus sur leurs blouses !
    - Mais des blouses blanches sans nom, j’en ai vu aussi, il y
    a moins d’une semaine, je n’ai tout de même pas rêvé !
    -Non, t’as pas rêvé effectivement. Les blouses blanches
    sans nom inscrit dessus, c’étaient les paramédicaux en colère.
    - Ah ! Oui ! Ça me revient. Même qu’avant eux, y avait de
    drôles de gugusses sans blouses ceux-là, mai qui brandissaient
    des listes tout en faisant des rictus affreux.
    - Ces «gugusses» comme tu les appelles manifestaient
    contre le mal-logement et le pas de logement du tout. Ils
    reprochent aux autorités d’afficher des listes pas très nettes
    sur des murs déjà sales, ce qui rend leur lecture particulièrement
    pénible.
    - Mais dis-moi, et ceux qui, juste avant les mal-logés et les
    pas logés du tout, sont venus nous narguer avec d’autres
    bouts de papiers agités sous notre pif, c’étaient qui ?
    - Les proprios de fusils de chasse ! Munis de leurs permis de
    détention d’arme, ils réclament toujours la restitution de
    leurs pétards. Ils prétendent que leur enlever leurs fusils,
    c’est comme de les priver de leurs femmes…
    - Et donc, ce sont leurs femmes qui, pour les soutenir,
    avaient manifesté la veille, avant eux ?
    - Non ! Ça, par contre, c’était le collectif de lutte contre la violence
    faite aux femmes. Elles veulent dénoncer les agressions
    de toutes sortes et les discriminations dont elles sont
    victimes tous les jours.
    - Heureusement que t’es là avec moi pour m’expliquer tout
    ça. C’est tellement compliqué ce défilé ! Et demain, tu crois
    que nous aurons qui en face de nous ?
    - Demain ? Demain, tu devras te débrouiller sans moi ?
    Demain, je manifeste à mon tour.
    - Ah bon ! Et tu défiles pourquoi ?
    - Pour le droit à la retraite anticipée. Parce qu’entre ceux d’en
    face qui me font suer toute la journée et toi qui n’arrêtes pas
    de me poser des questions, je ne sais plus très bien ce qui
    est le plus pénible. Tiens ! Remplace-moi derrière le bouclier,
    je prends cinq minutes de pause.
    - Une pause ? Pour quoi faire ?
    - Pour fumer du thé et rester éveillé à ce cauchemar qui
    continue !

  • Communiqué du FCN concernant l’arrestation arbitraire du Dr DHINA

     

    Communiqué du Front du Changement National

    M. le Docteur Mourad Dhina, citoyen algérien et homme politique exilé  en Suisse a été arrêté aujourd’hui, 16 Janvier 2012 à midi à l’aéroport d’Orly, par les autorités françaises, au moment où il s’apprêtait à prendre l’avion pour Genève, à l’issue d’un séjour à Paris où il a notamment assisté à une réunion du Conseil Exécutif du Mouvement Rachad, dont il est l’un des dirigeants et membre fondateur.
    Selon les dernières informations, cette arrestation ferait suite à une demande du régime illégitime d’Alger, inquiet du regain d’activité politique de l’opposition pacifique et crédible comme celle du Mouvement Rachad.
    Le fait est qu’il semble que nous soyons en présence d’un deal comme il en existe plein de précédents entre le régime algérien et le pouvoir français qui semblent de nouveau – les conjonctures respectives dans les deux pays aidant – remettre à l’ouvrage, la coordination de leur politique systématique de répression contre l’opposition en exil. Et plus généralement, contre tout ce qui n’entre pas dans le moule néocolonialiste d’une certaine « Françalgérie » plus dominée par les échanges de barbouzeries et de mallettes que guidée par les principes de la morale, voire du simple respect du Droit.
    Le Front du Changement National dénonce d’une part, les dérives des nostalgiques de l’Algérie de Papa au sein de la France officielle qui se révèle vulnérable à toutes les pressions et à toutes les forfaitures et, d’autre part, le discrédit d’un régime algérien illégitime et criminel, qui croit pouvoir arrêter la Roue de l’Histoire, en faisant appel à ses protecteurs de l’ex-puissance coloniale. Parfois, ou souvent, devrions-nous dire, en «arguments » sonnants et trébuchants.
    Il en appelle à toutes les consciences libres de par le Monde afin d’exiger la libération immédiate de notre compatriote Mourad Dhina.

    Alger le 16 janvier 2012

    P/la Permanence politique
    Du Front du Changement National
    Dr Salah-Eddine SIDHOUM