Abdelaziz Bouteflika
Le pouvoir de Bouteflika, on le savait irrationnel, inconséquent, rusé et, en définitive, suicidaire.
Par ses promesses et déclaratifs successifs, dans la fièvre des révoltes arabes et dans la crainte d’être balayé à son tour, le régime algérien, dans sa nature d’illégitimité avérée, craintif, corrompu, violent et rusé, a pris date, dans la peur, pour s’auto-amender, dit-il, s’auto-réformer, dit-il seulement. Il a confié cette mission de salubrité à ses plus attardés et à ses plus horribles caciques, pour la plupart vissés au pouvoir depuis plus de quarante ans.
Rouillés et corrompus jusqu’à l’os. Ils sont tous connus pour cela. Dites-moi, que peut vraiment apporter à l’Algérie le petit Bensalah, petit scribouillard du consulat algérien de Beyrouth, devenu grand par les nullités et lâchetés du pouvoir inculte algérien ? De jour comme de nuit, ces dirigeants se cachent. Comme des rats. Oui comme des rats, dis-je. Demandez à M. Belkhadem d’aller s’attabler dans un café à Belcourt ; impossible, ce semblant de monsieur ne le fera pas, jamais ; il a peur du peuple qu’il dit représenter par ailleurs. Du vrai délire.
Par leur totale soumission à un pouvoir qu’ils ont toujours servi dans toutes ses déclinaisons formelles et criminelles, ils n’ont jamais oublié, pour autant, de se servir au passage. C’est ainsi que les va-nus-pieds sont devenus milliardaires et arrogants. Tous comme ils sont, régnants au pouvoir, se sont servis et se servent toujours. Gros salaires, pensions, rentes, voyages, terrains, appartements, téléphones portables, prise en charge et soins à l’étranger, marchés publics à la famille et aux amis, gros postes de la fonction publique aux copains du clan et, surtout, aux grands allégeants ; toujours prêts à l’emploi et au service de Sidi. Les Nacer et consorts savent si bien manier la brosse qu’ils sont devenus, sans honte, DG et ministres. Une gloire de crétins couchés sur le ventre.
Ces gens-là qui font le régime actuel mangent toujours à la louche des généraux. Leur seule raison d’être. Le fric, la rente et les gros privilèges. Résultat de la course : toutes les réformes annoncées à grands bruits médiatiques ne sont, en définitive, que des remakes bricolés de l’ère glaciaire de la pensée unique, des coquilles vides et, tout au plus, un grossier habillage juridique, une croute à forte brillance démocratique, cachant en réalité des projets et des velléités autocratiques qu’inspirent habituellement les craintes biologiques de perdre le pouvoir et/ou de rendre demain des comptes. Rendre surtout des comptes sur les assassinats politiques et sur les prédations connues. C’est l’exacte impression qu’inspire la perception des nouvelles lois dites et supposées démocratiques et novatrices. Rien de tout cela, retiendrai-je à leur première lecture. Que des balivernes et des vieilleries qui rappellent le règne du génie des Carpates et, pis encore, celui de l’empereur maréchal Bokassa dont Boutef évoque et incarne si bien le souvenir. Toute une gesticulation ridicule et grotesque des servants en poste pour s’éviter dans la rue et dans la presse, le printemps du "Dégage", indus-occupants du pouvoir, dégagez ! Comme cela se dit toujours dans la rue arabe. Les nouvelles lois ? Que des ruses grossières et maladroites derrière une littérature juridique rustre, malhabile et souvent stupide dont la seule finalité connue est de maintenir le pouvoir au pouvoir. Qu’a-t-on changé à ce pouvoir mafieux et rentier responsable au premier degré d’assassinats, de prédations, de détournements massifs, de dénis et d’atteintes aux droits humains ? Rien. Ce pouvoir composé pour l’essentiel, d’escrocs, d’imposteurs, de voleurs, de tueurs, d’analphabètes et de corrompus, qu’a-t-il fait de sérieux pour s’auto-nettoyer ? Rien. Pire ; ses gesticulations le vissent et le pérennisent à jamais au pouvoir ; sa seule préoccupation depuis 1958. Depuis l’assassinat programmé de Abane Ramdane, il vit l’angoisse de partir et de rendre des comptes. Les placards de leur RADP, bien plus que ceux des Moubarek, Ben Ali ou Kadhafi, sont si pleins de cadavres, de montagnes d’argent et de trahisons passées et à venir, qu’ils ne voudront jamais céder la place, qu’ils ne voudront jamais, au grand jamais, dégager. Leur seule stratégie connue à ce jour est comment rester, comment durer et perdurer, comment corrompre et faire taire la protesta populaire. Plus de 40 milliards de dollars jetés en moins de six mois pour acheter la paix sociale, pour contenir et faire taire les colères du peuple.
Ils mentent
Toutes ses nouvelles lois proposées à cor et à cris, soutenues à longueur d’ondes par toutes les radios et télévisions publiques, soutenues à longueur de colonnes par plus de 62 titres corrompus de la presse écrite publique et privée, soutenues à longueur de fil par une agence publique de presse, ne sont, en définitive, que des arnaques et des escroqueries mal emballées qui n’apportent aucun changement réel aux Algériens. Que d’archaïsme pour enfoncer davantage le pays dans l’obscurantisme de la pensée unique, d’islamisme régnant avant l’heure et du despotisme bicéphale incarné par le duo au pouvoir: DRS/coopérants d’Oujda. C’est cela le premier malheur de l’Algérie : des coopérants civils corrompus, président, ministres, DG et PDG, travaillant tous sous l’autorité directe et sous les ordres non écrits de la casquette de l’ombre. Tout ce monde y trouve son compte. C’est pourquoi généraux employeurs et coopérants paniquent à l’idée qu’on puisse un jour jeter un œil sur leurs butins volés et le plus souvent cachés à l’étranger.
Par exemple, demandez au ministre islamiste coopérant des travaux publics, combien de généraux sont intervenus pour l’attribution des marchés de l’autoroute Est-Ouest ? Demandez aussi au ministre islamiste coopérant de la pêche combien de casquettes dorées sont intervenues pour la pêche au thon rouge dans les eaux territoriales algériennes pour les Turcs, Chinois et Japonais ? Demandez au ministre non islamiste mais néanmoins coopérant d’Oujda, M. Ould Abbes, combien d’ordres casquétaux a-t-il reçus pour modifier et enrichir sa nomenclature médicale d’importation. Demandez encore à l’ancien grand patron du FNRA et accessoirement ministre de la chose agricole, coopérant des Jacks, combien de centaines de milliards a-t-il jetés aux amis et protégés des généraux y compris à des prostituées pour le développement et la promotion de l’agriculture algérienne.
Demandez enfin à M. Rahmani, dont on dit souvent qu’il a été élevé au biberon des services, lui qui a menacé Le Canard Enchaîné de poursuites judiciaires pour avoir été traité par ce journal, l’affaire Bouchaoui en moins, du plus grand voleur d’Algérie au travers de ses biens immobiliers parisiens, comment et sur quels critères attribuait-il et attribue toujours ces marchés publics en gré à gré ou en commissions des marchés publics ? Comment attribuait-il ses marchés quand il était wali, gouverneur ou petit ministre des généraux ? Dans tous ses actes, la casquette, la famille et les amis étaient et sont toujours les premiers servis. Il est le Trabelsi algérien du pouvoir de la casquette.
Pourquoi voulez-vous que ces gens là, généraux et ministres associés par les affaires et le ventre, changent et assainissent un régime dont la saleté, une vraie fumure, les fait vivre et prospérer ? Pourquoi voulez-vous qu’ils scient la branche qui les porte et les protège ? Pourquoi voulez-vous qu’ils coupent la main qui les nourrit et les engraisse ? Une main nourricière ne peut nourrir et punir en même temps. C’est la première et seule leçon cognitive à tirer du discours politique algérien ; une pure et singulière débilité d’un pouvoir qui affirme ne plus voler, ne plus tuer, ne plus mentir alors que pendant 50 ans il n’a fait qu’emprisonner, torturer, tuer, voler, mentir et promettre "demain ça ira mieux" alors que tous ses demain étaient pires que les jours d’avant. Faut-il croire ce pouvoir sale et mafieux qui affirme au travers de ses médias et de ses servants aboyeurs vouloir s’amender et s’autodétruire ? De la pure folie verbale et lexicale à laquelle plus personne ne prête attention. Du vent de bonimenteurs de foire et d’arracheurs de dents. Tout au plus des Raki marchands de h’rouz
L’exception de la règle
Un seul ministre dérogeait cependant à cette règle biologique des généraux parrains pilotant des ministres coopérants y compris le président de la RADP recruté, lui aussi, comme nous savons ; au sifflet du général de corps d’armée ; le mystérieux Si Tewfik. Cette exception ministérielle, vous la devinez un peu quand même. Il s’agit de ce demi-Texan coopérant qui se dit très allergique voire indifférent aux injonctions de la casquette avec laquelle il a toujours refusé de partager le butin. C’est ce super ministre qui éclate de rire quand des journalistes algériens lui demandent s’il ne craint pas un peu la justice algérienne pour les gros bobos et les gouffres financiers qu’il a fait subir à l’économie algérienne (scandales Sonatrach, BRC et mines d’or entre autres) Son insoumission avérée au clan régnant de la casquette lui vaudra bien sûr son poste de ministre. Mais dans sa terrible et joyeuse traversée du désert (Alger, Paris, New York, Houston, Genève) il se console tout de même en se vantant publiquement de n’avoir jamais obéi aux généraux qui, semble-t-il, ont les mêmes employeurs que lui. Suggère-t-il que la CIA tiendrait-elle aussi nos généraux régnants ? Le demi-Texan a toutes les raisons de ne pas craindre la foudre des généraux ni celle du ministère de la Justice dont le premier responsable, M. Belaïz, est, faut-il le rappeler, un délinquant notoire et multirécidiviste (affaire de l’agence de Koléa de Khalifa Bank, affaire du trafic de drogue et du blanchiment d’argent du fils révélée par El Watan, affaire du commissaire divisionnaire Sbih, fils de l’ambassadeur Missoum Sbih, ami de Bouteflika, très fortement impliqué dans l’affaire Achour/BNA actuellement en fuite grâce à la complaisance remarquée du parquet, affaires des violations répétitives et délibérées de la loi portant code de l’information et, en particulier, le refus illégal et arbitraire de délivrer le récépissé de dépôt de dossier de création d’organes de presse non acquis au clan régnant).
Est-ce ce ministre délinquant et multirécidiviste qui va poursuivre et demander des comptes au Texan d’Oujda ? Est-ce ce ministre corrompu jusqu’à l’os qui va demander des comptes à ses collègues et amis corrompus du pouvoir? N’est-ce pas lui qui déclarait devant l’APN (El-Watan du 25 mars 2010 "L’insulte suprême") "Le président ne trouve pas six Algériens honnêtes pour diriger l’office de lutte contre la corruption…". Comprendre, tous les Algériens sont corrompus CQFD, ce que dément fortement un député du RCD qui lui rétorque que la majorité corrompue du gouvernement n’est pas transposable à la majorité du peuple algérien globalement honnête.
Il est vrai cependant que M. Belaïz qui baigne dans les marécages glauques de la haute corruption (Djamel l’héroïne, le colonel Khaled, le commissaire Sbih, Khalifa Bank Koléa, BRC, Sonatrach, Chakib K. etc…) n’a pas les moyens moraux ni intellectuels pour comprendre ce que les termes probité et intégrité veulent bien dire. Comme tous ses pairs, M. Belaïz a compris deux choses simples : obéir aux caprices et injonctions du clan régnant sans jamais provoquer la déception ou la colère des généraux propriétaires du pouvoir ou de contrarier leurs nombreux servants et sous-servants. Toute la cohorte des Missi Dominici du pouvoir algérien dont on connaît les hautes performances en termes de prosternations, de génuflexions et d’aplaventrisme comme sait si bien produire le FLN de Monsieur Belle-Khadem.
Lire l'intégralité de l'article de Mohamed Abassa ici : http://www.freealgerie.com/forum-libre/225-le-regime-de-bouteflika-devient-il-fou.html