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  • la police et la gendamerie et douaniers sont t 'ils impliques'!!!!!!

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    Le plus dramatique est que la courbe de la consommation ne cesse de monter d’année en année avec en sus la circulation de drogues dites “hard” comme la cocaïne et le cannabis. Et au train où arrivent les choses à partir de la frontière ouest, l’Algérie sera bientôt au hit-parade des pays qui se “défoncent”, à la recherche de paradis artificiels.

    La consommation de la drogue, qui reste pourtant un délit aux yeux de la loi, a atteint un tel niveau de banalisation que son évocation ne choque quasiment plus personne. C’est devenu par la force des choses un phénomène de société, à caractère pathologique, qui n’épargne aucune catégorie sociale, aucune région du pays.
    Les saisies opérées régulièrement par les services de police et de gendarmerie, et qui font les premières pages des journaux, en donnent un peu la mesure. Et encore, car ces saisies représentent à peine 10% des quantités qui entrent, selon Abdelmalek Sayah, le directeur de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
    Mais le plus dramatique est que la courbe de la consommation ne cesse de monter d’année en année avec en sus la circulation de drogues dites “hard” comme la cocaïne et le cannabis. Et au train où arrivent les choses à partir de la frontière ouest, l’Algérie sera bientôt au hit-parade des pays qui se “défoncent”, à la recherche de paradis artificiels.
    Abdelmalek Sayah, qui sait de quoi il parle pour avoir été en première ligne depuis des années sur le front de la lutte contre la drogue, tire encore la sonnette d’alarme. En effet, de l’argent a été investi sans compter par l’État pour la mise en place de centres de désintoxication à travers le pays, des campagnes de sensibilisation sont régulièrement lancées, mais force est de constater que ces mesures sont comme cataplasme sur jambe de bois.
    Faut-il alors capituler devant la fatalité ? Certainement pas ? Il faut, cependant, une autre approche du phénomène qui doit jouer à la fois sur le levier des répressions, de la prévention et de la sensibilisation. Mais avec d’autres moyens, d’autres méthodes pour plus d’efficacité, avec l’espoir d’inverser à terme la tendance de cette malédiction qui fait des ravages dans notre société en butte à la perte de repères identificatoires.

  • Des praticiens spécialistes en colère,celui qui à experieces à faire ,vient en algerie,il à toute les autorisations c'est un pays à vendre

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    Les praticiens spécialistes de santé publique sont en colère contre la décision de transformer les Etablissements de santé publique en centres hospitalo-universitaires (CHU). Ils se disent lésés par cette décision qui placera certains d’entre eux sous la coupe d’autres médecins. Ainsi, un chef de service d’un ESP deviendra un simple médecin sous la houlette d’un hospitalo-universitaire, dès lors que l’établissement où il exerce passera au statut de CHU

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    à quand la revalorisation des indémnites?  quand le statuts ca dure 2008 , esque on tabasse les medecins greviste?rien à eté fait pour les praticiens, MR ould abass vous ète rien, un beau parleur à la solde de diaspora,  l'algerie restera tel quel tant que boutef & toufik  et état urgence  masque les atrocités que vous faitent au peuble algerien ,rejoingez vos pays respectif maroc et tunisie , assassins c'est pas votre pays!!!!!!!

     

  • "Une justice aux ordres, détournée au service d’une idéologie intolérante et liberticide "


               

    Arezki Aït-Larbi. Journaliste, initiateur du collectif SOS Libertés
    "Une justice aux ordres, détournée au service d’une idéologie intolérante et liberticide "

    El Watan, 24 septembre 2010

    Arrestations de non-jeûneurs ou de chrétiens, une justice surprenante de rapidité, ambiance d’inquisition distillée jusque dans certains médias : les libertés semblent menacées. Journaliste et militant des droits de l’homme, Arezki Aït-Larbi se mobilise pour sensibiliser l’opinion publique face aux intolérances : ce dimanche, quatre chrétiens seront jugés à Larbaâ Naït Irathen, alors que les non-jeûneurs de Akbou passeront devant le juge le 8 novembre.

    -Quelle est votre réaction suite au procès de mardi dernier intenté aux deux journaliers, Hocine Hocini et Salem Fellak, à Aïn El Hammam ? Vous avez été sur place lors de ce procès, que pensez-vous de la mobilisation citoyenne autour de l’affaire ?

    Ce procès a révélé les dérives tragiques d’une justice aux ordres, lorsqu’elle est détournée au service d’une idéologie intolérante et liberticide. On a appris au cours de l’audience que la police judiciaire a eu l’accord du parquet avant d’interpeller les deux «délinquants». Le procureur a justifié cette expédition par le risque de les voir lynchés par la foule en colère. «Faux !», s’insurge un avocat, témoin de l’attroupement, «la seule foule en colère ce jour-là était devant le commissariat pour exiger leur libération !». Lors de leur inculpation, un magistrat du parquet a tenu des propos affligeants. En apprenant leur foi chrétienne, il leur a conseillé de «changer de pays et d’aller en Europe, car ici c’est une terre d’Islam !».

    Lorsque des magistrats, censés dire le droit et veiller au respect des lois, s’autorisent des mensonges et des dérapages de café maure, cela révèle l’ampleur de la menace qui pèse sur nos libertés. Que ces dérives soient dictées par des convictions idéologiques ou qu’elles répondent aux besoins d’une provocation planifiée par des forces occultes, cela devient suffisamment inquiétant pour alerter notre vigilance. Un motif d’espoir toutefois, la spontanéité de la mobilisation citoyenne contre l’arbitraire. Près de la mosquée de Aïn El Hammam, j’ai entendu un vieillard, connu pour sa piété et sa sagesse, exprimer sa désapprobation avec colère : «S’ils ont mangé durant le Ramadhan ou s’ils ont choisi une autre religion, c’est leur problème avec leur Créateur ! Que viennent faire la police et la Justice ?»

    -Comment expliquer la rapidité de la justice dans ce genre d’affaires alors que le parquet refuse de s’autosaisir dans des affaires bien plus graves, comme les scandales de corruption ?

    Dans les régimes autoritaires, la justice est réduite au rôle d’appendice servile de la logique politico-policière. Avec le religieux qui a, peu à peu, squatté la place du politique, puis du judiciaire, il est plus «gratifiant» pour la carrière d’un magistrat de pourchasser des «délinquants cultuels» au nom de la religion, que de s’attaquer à la corruption au nom de la morale et des lois de la République. Dans le premier cas, les cibles sont issues des couches défavorisées de la société. Dans le second, les parrains sont au cœur du pouvoir. De hauts responsables ont été cités dans la presse pour corruption ou détournement de fonds publics. Les coupables présumés n’ont opposé aucun démenti aux accusations et la justice a détourné le regard.

    -SOS Libertés a lancé, le 10 août dernier, la veille du Ramadhan, un appel au «respect des libertés de conscience». Quelle en a été la portée ? Pourquoi la «classe politique» ne s’est-elle pas solidarisée avec cette initiative ?

    SOS libertés a été créé au printemps 2008, lors des persécutions de chrétiens dans l’Ouest algérien, notamment avec l’affaire Habiba K. de Tiaret qui avait défrayé la chronique. Ce Collectif, qui milite pour «le droit de chaque citoyen de pratiquer le culte de son choix, ou de n’en pratiquer aucun», est un cadre informel ouvert, un cri de ralliement qui intervient pour alerter l’opinion lorsque des libertés sont agressées. Notamment les «libertés orphelines» (comme la liberté de culte), qui ne concernent qu’une infime partie de la population et qui, par conséquent, n’intéressent pas les acteurs politiques.

    A la veille du Ramadhan, nous avons appelé au respect de la liberté de conscience et demandé au gouvernement d’autoriser l’ouverture de cafés et restaurants pour permettre à ceux qui ne jeûnent pas d’exercer leurs droits dans la discrétion. Car si le musulman pratiquant est respectable, le citoyen qui ne pratique pas, ou qui a choisi une autre religion, ne l’est pas moins. A l’Etat d’organiser la cohabitation de tous, en protégeant les libertés de chacun. Avec le procès de Aïn El Hammam et les autres qui sont en cours pour «délit religieux», nous n’avons visiblement pas été entendus.

    -Quelles seraient les vraies raisons de cette recrudescence de l’intolérance ? Est-ce «l’islamisation» rampante de la société ? L’excès de zèle de certains fonctionnaires ? Une «ambiance» de bigotisme imposée ou encouragée d’en haut ?

    C’est un peu la conjonction de tous ces facteurs. Pour «isoler politiquement le terrorisme», le pouvoir avait tenté, dès le début des années 1990, de récupérer les mots d’ordre intégristes, avant d’en devenir le maître d’ouvrage. Aujourd’hui, le piège est en train de se refermer sur la société pour aboutir, au nom d’une «réconciliation nationale» frelatée,à la reddition de l’Etat de droit devant les injonctions des «émirs». Des barons du régime réputés pour une spiritualité de rite Johnny Walker (ce qui, par ailleurs, relève de leur liberté) multiplient les signes ostentatoires de bigoterie pour se conformer aux nouvelles normes sociales. Sur ce terreau, se sont greffées des provocations occultes sur fond de recomposition dans le sérail. Pour donner aux islamistes radicaux de nouveaux gages de «bonne foi» et conforter l’alliance national-islamiste, le pouvoir n’hésite plus, au mépris de la Constitution et des pactes internationaux ratifiés par l’Algérie, à sacrifier les chrétiens et les «mauvais» musulmans, considérés comme des «déviants», dont l’existence même est vécue comme une «offense aux principes de l’Islam».

    -Certains pensent qu’après plus de vingt ans de lutte sécuritaire contre l’intégrisme, il semble que ce dernier ait idéologiquement remporté la partie. Qu’en pensez-vous ?

    En effet, la défaite militaire du terrorisme s’est paradoxalement soldée par une victoire idéologiquede l’intégrisme. Outre des référents idéologiques communs et des passerelles entre le pouvoir et les islamistes, cela renvoie aussi à une prédisposition pathologique du système à récupérer les slogans de ceux qui le contestent avec le plus de virulence, pour se perpétuer. Pour rétablir l’équilibre et imposer le respect de la diversité dans une société plurielle, une seule voie : la lutte sur le terrain. C’est une erreur de croire à un miracle du «segment moderniste» de l’armée pour restaurer les libertés. Il n’y a rien à attendre non plus des puissances occidentales, plus sensibles aux vertus du négoce qu’à la défense de libertés hors de leurs frontières.

    -Le verdict des deux journaliers a été fixé au 5 octobre : une date symbole. Y voyez-vous un quelconque message de la part des autorités ?

    Si message il y a, il est sans doute involontaire. Lorsqu’un corps comme celui de la magistrature assume une déchéance aussi affirmée, il ne s’encombre pas de subtilités.
    Bio express :

    Militant du printemps berbère, Arezki Aït-Larbi a été arrêté le 20 avril 1980 et déféré à la cour de sûreté de l’Etat avec 23 autres personnes. En 1981, il est de nouveau arrêté à l’université d’Alger et passera huit mois en prison. Membre fondateur de la première Ligue algérienne des droits de l’homme, il est arrêté une nouvelle fois en juillet 1985 et inculpé d’atteinte à l’autorité de l’Etat. En février 1989, il est parmi les fondateurs du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).

    Il démissionne de ce parti en octobre 1991 et entame une carrière de journaliste à L’Hebdo Libéré, puis à Ruptures. Après l’assassinat de Tahar Djaout en mai 1993, il crée, avec un groupe d’artistes et d’intellectuels, le Comité vérité, qui émet des doutes sur la thèse officielle attribuant l’attentat au GIA. Correspondant de plusieurs publications étrangères, notamment Le Figaro, Ouest-France et le Los Angeles Times, les autorités lui refusent une accréditation officielle depuis 1995. On lui doit, l’été dernier, l’ouvrage de témoignages sur le printemps berbère, Avril 80.
    Adlène meddi

  • Sécurité au Sahel et désarmement du Polisario

    l’étau continue de se resserrer autour de l’isolement diplomatique de l’Algérie. Les voisins frontaliers et les grandes puissances veulent agir vite pour rétablir une sécurité durable dans la «zone grise» sahélienne qui s’étend de la Mauritanie au Darfour. Ils ne comprennent plus la schizophrénie et les anachronismes du gouvernement algérien dans l’affaire du Sahara Occidental.

    Les chefs d’état-major et les responsables du renseignement de l’Armée algérienne ont déjà participé à plusieurs réunions de coordination avec leurs homologues sahéliens, alors que Bouteflika n’a toujours pas répondu à l’invitation du président malien Amadou Toumani Touré de réunir un Sommet des chefs d’Etat sur la sécurité au Sahel. 

    Après la reddition des rebelles touaregs, l’ultime entrave qui gêne une action sécuritaire concertée dans la région reste l’armement du Front Polisario et ses accointances avérées avec le terrorisme, les trafics d’armes et de drogue, la contrebande et l’émigration clandestine. 

    Plusieurs études et enquêtes internationales ont dévoilé l’implication des combattants sahraouis dans le terrorisme et l’insécurité qui règne au Sahel. Mais leur impact reste faible parce qu’elles sont soit censurées par les médias algériens, soit noyées dans un discours propagandiste des médias marocains. 

    La Libye et l’Algérie désarment les rebelles touaregs 

    Le dernier fait nouveau qui accentue l’isolement algérien est le revirement intégral du colonel Maâmar Kadhafi, entré depuis quelques années dans une logique de repentance internationale. Le Guide libyen solde l’un après l’autre les dossiers noirs du passif de son règne pour laisser à l’un de ses fils une succession sans tâche, apurée des héritages guerriers et hégémoniques. 

    Jadis allié inconditionnel de l’Algérie, Kadhafi a radicalement pris ses distances. Alors qu’elle était avec Cuba l’un des plus actifs soutiens et fournisseurs d’armes du Polisario, la Libye vient de reconnaître définitivement la marocanité du Sahara. 

    On se rappelle aussi que Kadhafi voulait entraîner la région sahélo-saharienne dans un grand délire sécessionniste touareg en créant une Ligue populaire et sociale des tribus du Grand Sahara, le 10 avril 2006, à Tombouctou. Son objectif était de réunir à terme tout le Sahara en un seul État fédéral. En 2007, les sultans et dignitaires sahariens avaient intronisé Kadhafi «leader des sultans touaregs», en lui remettant le “Tabel du Grand Sultan”, symbole du pouvoir absolu des tribus touaregs. Une délégation avait même été envoyée à Tamanrasset pour solliciter l’adhésion des touaregs algériens. Mais ce projet s’est heurté à l'opposition ferme de l'Amenokal et des notables des Kel Ahhagar du Hoggar et des Kel Ajjer du Tassili. 

    Abandonnant son idée farfelue, Kadhafi a mis un terme définitif à son soutien aux rebelles qu’il a poussé à la reddition. Devenu président de l’Union Africaine, il a exhorté les touaregs à la paix, l'intégration et l'action démocratique. Il a participé à une cérémonie organisée par les tribus touaregs du Niger, Mali et Libye le 6 octobre 2009 à Sebha (sud libyen), où tous les leaders des fronts, mouvements et factions de rébellion ont proclamé la paix totale par l’abandon de la violence, le dépôt des armes, l'intégration dans les sociétés de leurs pays respectifs pour se consacrer au développement. 

    Quelques jours plus tard, le 30 octobre, le stade municipal de Kidal, au nord du Mali, avait réuni plus de 500 personnes, en majorité des notables touaregs venus de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le cadre d’un forum consacré à l’unité des rangs de la communauté.

    Le dernier leader touareg récalcitrant, Ibrahim Ag Bahanga, président de l'Alliance des Touaregs du Nord-Mali (ATNM) a décidé de se rallier et appelé au dépôt des armes dans le respect de l’accord d’Alger: “Je m’inscris résolument dans le processus de paix et renonce à l’usage de la violence comme moyen de revendication”. 

    On observe le même sentiment d’apaisement au Niger où le président Mamadou Tandja a décrété le 23 octobre une amnistie aux rebelles touaregs et aux soldats factieux. Cette décision intervient quelques jours après le désarmement des deux fronts rebelles: le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) et le Front patriotique nigérien (FPN).  

    L'Algérie a toujours joué un rôle très actif dans le processus de paix et de désarmement, et s'est beaucoup investi dans les dialogues entre les rebelles et les pouvoirs de Bamako et Niamey. Elle n'a jamais voulu soutenir à ses frontières sud une nouvelle expérience séparatiste comme celle du Polisario. Peu avant les décisions de désarmement et d'amnistie d'octobre, s'était tenu le 12 août à Tamanrasset une importante réunion des chefs d'état-major d'Algérie, Mali, Niger et Mauritanie.

    L'Algérie vient aussi de participer financièrement à l'armement de l'armée malienne et à un programme de désarmement des populations nomades touaregs et arabes au nord du Mali. Doté d'un budget de 50 millions de dollars, ce programme vise la récupération de 10.000 pièces d'armes.

    Les rebelles touaregs ont vite compris que sans l’accord et le soutien d’Alger et Tripoli, la lutte armée était vaine et qu’ils risquaient de perdre leurs vies, leurs territoires et leurs pâturages au profit des nomades arabes et des communautés noires qui remontent de plus en plus vers le nord pour s’installer en pays touareg. La majorité s’est donc rangée à l’idée d’occuper les postes politiques locaux et de s’acheminer pacifiquement vers des formules d’autonomie régionale déjà partiellement en vigueur. 

    Du Plan Sahel Initiative à l’AFRICOM 

    Fin octobre 2009, le secrétaire d’Etat-adjoint pour le Proche-Orient Jeffrey Feltman avait exprimé son inquiétude lors d’une conférence à l’ambassade des Etats-Unis d’Alger: “Nous sommes inquiets de la question du terrorisme dans cette région. Nous croyons fermement qu’il est de l’intérêt de tout le monde de résoudre le problème de la sécurité au Sahel. Cela ne veut nullement dire que notre intention est de remplacer ces pays dans leur rôle”. 

    Mais les stratèges du Pentagone ont déjà mis en place un plan d’action et d’intervention militaire, commencé en 2002 par le financement d’un programme baptisé Pan Sahel Initiative. Le PSI vise à renforcer la sécurité des frontières sahéliennes et fournir l'entraînement et l'équipement, notamment en interception de communications, à quatre pays: Mali, Mauritanie, Tchad, Niger. Le dispositif s'est étendu à l'Algérie, Tunisie et Maroc, établissant ainsi un pont entre le sud du Sahara et le Maghreb.

    A titre d’exemple, le PSI avait apporté son appui militaire, quand il a fallu rapatrier en 2005 les derniers prisonniers marocains détenus à Tindouf. 

    Puis en février 2007, a été mis en place le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (http://www.africom.mil/). Basé à Stuttgart en Allemagne et disposant de personnels affectés aux ambassades et aux missions diplomatiques américaines dans les pays africains, l’AFRICOM coordonne les relations de militaire à militaire entre les Etats-Unis et 53 pays africains, ainsi que leurs organismes de défense et de sécurité. 

    Depuis octobre 2008, l’AFRICOM est devenu un commandement régional unifié, qui a la responsabilité administrative du soutien militaire américain à la politique du gouvernement des Etats-Unis en Afrique. L’AFRICOM avait un budget de 50 millions de dollars pour 2007 et 75,5 pour 2008. Pour 2009, le Département de la Défense avait demandé au Congrès un budget de 292 millions de dollars. 

    Le leadership de l’AFRICOM a été mis en œuvre sans tarder par son chef, le général William Ward, qui avait piloté le 7 février 2007 à Dakar les travaux de la 3e Conférence du Partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme, auxquels ont pris part les chefs d’états-majors et responsables du renseignement du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie) et de cinq pays subsahariens (Tchad, Mali, Niger, Nigeria et Sénégal). Une réunion qui s’est soldée par le déblocage d’un budget annuel de 90 millions de dollars pour pourchasser et neutraliser la mobilité des terroristes dans la région. 

    L’activisme américain au Sahel est de plus en plus inquiétant comme le montre cette dernière information révélée par une dépêche de l’AFP du 20 novembre, citant un communiqué de l’ambassade américaine: “Un avion (américain) a fait un atterrissage difficile hier à quelque 100 km de Bamako. (…) L’avion transportait six passagers et trois membres d’équipage… L’appareil venait d’un pays voisin… Il était au Mali pour des raisons liées à la sécurité … Le type de l’appareil ainsi que sa mission n’ont pas été précisés. Mais les Etats-Unis assistent, avec d’autres pays occidentaux, le Mali dans sa lutte contre les combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)». 

    On sait que là où s’installent des militaires américains naît subitement un terrorisme plus meurtrier, mieux organisé, mieux armé et hyper médiatisé. 

    Cela a commencé dès février 2003 par le kidnapping spectaculaire et inédit de 32 touristes européens au nord du Tassili qui a mobilisé tous les moyens de la 6ème région militaire. 17 d’entre eux ont été libérés par l’armée à Amguid dans le Hoggar. Les 15 autres ont été transférés par les kidnappeurs dans le désert du Mali et n’ont été libérés qu’après le paiement d’une forte rançon. 

    Cette opération très médiatique et lucrative a attiré de nombreux apprentis terroristes et suscité des vocations parmi la jeunesse désoeuvrée du Sahel. Les kidnappings, vols à main armée, trafics en tout genre, assassinats, règlements de comptes se sont multipliés au Sahel et dans le Sahara algérien. 

    En avril 2006, une embuscade meurtrière s’est soldée par la mort de treize douaniers entre Bechar et le sud de Ghardaïa. Des sources militaires rapportent au journal El Khabar qu’un groupe armé a utilisé des lance-roquettes et des fusils mitrailleurs de grand calibre pour exécuter cette opération. Les véhicules transportant les 21 douaniers ont été brûlés durant l’attaque, carbonisant les cadavres. Selon El Watan, les auteurs de l’embuscade ont été interceptés par les forces de sécurité, une dizaine de terroristes auraient été abattus, et une importante quantité d’armement récupérée. 60 kalachnikovs, 10 lance-roquettes, une vingtaine de pistolets et plusieurs caisses de munitions et chargeurs pour les petites armes et les kalachnikovs ainsi que 7 Toyota, dont 3 appartenant aux douaniers. 

    Mais ce n’est que lorsque la Mauritanie a été durement atteinte que tous les observateurs y ont vu une preuve évidente de l’implication d’éléments du Polisario. Le 4 juin 2005, 150 terroristes attaquent une caserne militaire dans la région de Lemgheity. Bilan: 21 morts, dont 15 soldats et 6 terroristes. Le 27 décembre 2007, les terroristes frappent une deuxième fois lorsque trois soldats mauritaniens sont tués dans la région de Ghalaouiya. Le 16 septembre 2008, un bataillon militaire mauritanien est pris en embuscade par un groupe terroriste dans la région de Tourine, 12 soldats sont retrouvés décapités. 

    On sait que le désert transfrontalier entre la Mauritanie, l’Algérie et le Mali a toujours été contrôlé par les combattants du Polisario qui sont chez eux. Il n’y a aucune différence physique, culturelle et linguistique entre les maures et les sahraouis du sud marocain, sud-ouest algérien et du nord-Mali, du fait de leurs liens tribaux et familiaux depuis des siècles.

    Rien de ce qui peut se passer dans cette zone ne peut échapper à la vigilance ou la complicité du Polisario. Des observateurs ont analysé les raisons de ce nouveau changement idéologique et terroriste dans le comportement des sahraouis, confirmé par les révélations des dignitaires du Polisario. 

    La transformation idéologique du Polisario 

    «Certes, nous ne vivons pas dans une île et tout ce qui touche l’Afrique, le monde arabe et le Maghreb nous touche! Il se peut que l’attente, les déceptions, ainsi que les idées ayant cours au Maghreb puissent toucher quelque peu notamment la jeunesse. Il se peut qu’il puisse se trouver de jeunes Sahraouis intéressés par l’islamisme radical », avait avoué Mohamed Abdelaziz, SG du Polisario au journal algérien L’Expression (23/08/2005). (1) 

    Mustapha Bouh dit Al Barazani, ex-Commissaire politique de l'armée du Polisario, a rallié le Maroc en 1991. Il évoque les origines de ce rapprochement d’une partie des militants de son mouvement avec les courants islamistes radicaux: «Tout a commencé à la fin des années 1980. Des étudiants venus des camps de Tindouf et présents dans les universités d’Alger ou d’autres villes du nord y ont rencontré des membres du FIS qui tenaient le haut du pavé dans les facultés à cette époque. Ils ont été contaminés et sont revenus animés par l’idéologie islamiste»

    En 2005, Hametti Rabani, un des anciens dirigeants du mouvement, a fait un constat très sévère sur l’état d’esprit dans les camps. «Le Polisario est en situation d’échec. La majorité des anciens combattants l’ont quitté et se sont reconvertis dans les affaires en Mauritanie. De nombreux dirigeants historiques sont partis également. Restent pas mal de jeunes. Que peut leur dire la direction? Quel espoir peut-elle leur donner? Aucun, le mouvement est dans l’impasse, alors certains, pour ne pas désespérer, se tournent vers la religion, vers Dieu. Ils n’attendent plus rien des chefs du Polisario mais tout de Dieu. Dieu remplit le vide laissé par l’idéologie passéiste de la direction du Polisario». (2) 

    D’autres observateurs sont catégoriques : «La ville frontalière mauritanienne de Zouérate… avait été investie, des dizaines de maisons achetées à des prix très faibles par ailleurs. Elles logeaient des soldats du Polisario qui avaient quitté Tindouf après les inondations de l’hiver précédent. Les chiffres des deux sites concordaient entre 2000 et 3000 hommes. Désœuvrés depuis le cessez-le-feu, totalement désemparés par la politique de leur direction, dégoûtés par les trafics qui touchent même l’aide alimentaire et aggravent la situation humaine dans les camps, les gens du Polisario sont aux abois et cèdent aux sirènes des plus offrants… Cela fait près de 15 ans que cette soldatesque vit dans une situation de ni guerre ni paix. Elle sait d’évidence que la victoire militaire est une chimère. Elle constate que sa direction ne peut aller vers la paix à cause de l’Algérie. Sans issue elle traficote pour vivre. Les jeunes sont aussi l’objet de ce trafic et avant la Mauritanie, le premier pays à avoir saisi des armes ayant transité par le Polisario est  l’Algérie.»  (3) 

    Lors d'une conférence organisée à l'Université de Genève sur la mutation en cours au sein du Polisario, l'exposé d'Aymeric Chauprade a fait l'effet d'une bombe. Ce professeur de géopolitique à la Sorbonne, directeur des études à l'Ecole de Guerre de Paris, rédacteur en chef de la Revue française de géopolitique a affirmé que «l'évolution du Polisario serait en train de le faire basculer vers l'islamisme radical et le terrorisme.» 

    Proche des services secrets français, il estime à: «500 ou 600 vétérans maghrébins d’Afghanistan qui se baladent, après la chute du régime des Talibans, dans cette vaste zone que j'appelle «l'arc intégriste du Sahara»… Depuis quelques années, on observe qu'un certain nombre de mouvements identitaires locaux, qui avaient, du temps de la guerre froide, adopté le marxisme-léninisme comme idéologie transnationale, changent de référentiel idéologique et optent pour l'islamisme radical.» Chauprade est catégorique : “l'essentiel des troupes d'Al Qaïda dans le Sahel est constitué de transfuges du Polisario… le véritable danger reste la possibilité pour les djihadistes de faire de la région un nouvel Afghanistan”. (4) 

    Les états-majors occidentaux sont alertés et sentent que le statu quo sahraoui sert le terrorisme au Sahel. «Le Front Polisario se trouve aujourd’hui dans un état de délitement avancé qui en fait une menace sérieuse pour la stabilité régionale.» 

    On sait depuis plusieurs années qu’un grand nombre de fondateurs et dirigeants influents ont déserté les rangs du Polisario, soit pour rallier le Maroc, soit pour s’installer en Mauritanie ou en Espagne. On imagine donc aisément que les jeunes sahraouis, qui n’ont pas accumulé de fortunes, suivent un chemin plus radical. Tout en s’autonomisant de l'emprise algérienne, ils tombent sous celle d'un parrainage terroriste ou dans la criminalité organisée. 

    Le Polisario fournisseur d’armes et de drogue au Sahel 

    L'implication du Polisario dans le trafic d'armes est devenu une source d’inquiétude principale des pays riverains du Sahel. Après le cessez le feu en 1991, une nouvelle culture de trafic s’est installée dans les camps. Les combattants sahraouis participent activement au commerce d’armes, de carburant et alimentaires où se fournissent terroristes, rebelles, contrebandiers, trafiquants de drogue ou simples nomades. Le Polisario piochent dans ses stocks d'armes fournies notamment par l'Algérie, mais perçoit également des royalties sur le passage des convois d'armes qui traversent le désert en provenance de Mauritanie ou des zones de conflits armés de la région (Tchad, Darfour)

    On parle ainsi de près de 100.000 kalachnikovs en circulation dans la région du Sahel, d'après des estimations officielles. On trouve aussi des mitraillettes Uzi, des mitrailleuses MAG, des mortiers de 60 mm, des lance-roquettes, des grenades et des munitions. Les gros clients sont les groupes terroristes tels que le GSPC devenu Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), mais également, des barons algériens, marocains et africains de la drogue, ou encore des mercenaires recrutés pour la formation militaire d'opposants à des régimes africains.  

    Des armes auraient été volées à plusieurs reprises dans les arsenaux gardés conjointement par la gendarmerie algérienne et des éléments du Front Polisario à Tindouf. Selon des rapports de plusieurs services de renseignement étrangers, ces armes pourraient avoir été volées par Al-Qaïda qui tente d’élargir ses effectifs et son implantation, ou vendues par des membres du Front Polisario. 

    La presse algérienne a souvent rapporté les récupérations d’armes de guerre par la gendarmerie algérienne, comme le 29 octobre dernier où un arsenal a été saisi à Béchar: deux fusils-mitrailleurs, un pistolet-mitrailleur, un appareil GPS, une paire de jumelles, un téléphone satellitaire et près de 4 tonnes de kif. Ce qui constitue l’équipement standard d’un convoi de narcotrafiquants. 

    Selon un rapport de sécurité qui a été présenté à la réunion de Tamanrasset en août dernier, aux commandements des armées des pays du Sahel, le contrôle militaire des frontières internationales dans la région est presque inexistant, du fait de l’insuffisance de moyens et l’étendue des territoires. Le journal El Khabar rapporte que : «l’Algérie a appelé les pays du Sahel à renforcer le contrôle sur le trafic d’armes dans la région, de craintes d‘arrivée d’armes sophistiquées du Darfour, et qui finiront dans les mains de groupes terroristes, via le Tchad ou le Niger».

    Par ailleurs, la sécurité algérienne a fait état de la complicité d’officiers avec des trafiquants. Plusieurs terroristes arrêtés ont affirmé que des officiers subalternes, des soldats, et des membres de la gendarmerie, sont coupables d’avoir aidé des terroristes et des contrebandiers dans les pays du Sahel contre des pots de vin. 

    Le site algeriatimes.net a rapporté en août une information secret défense reprise par les médias marocains, selon laquelle un convoi du Polisario a été pilonné par des hélicoptères de l'armée algérienne à Lahfira et aurait fait huit morts, cinq personnes de la tribu Bouihate, deux de la tribu Foukara et un de la tribu Oulad Dlim. Ce convoi, composé de véhicules tout terrain, a essuyé des tirs alors qu'il se dirigeait vers les antres du désert pour ravitailler en vivres et en armes Katibat El Moulathamine, groupe armé rattaché à l’AQMI. 

    Outre le trafic d’armes, un autre sujet d’inquiétude concerne l’implication du Polisario dans la recrudescence du trafic de drogue, dont il assure la protection dans sa zone d’influence. Selon le responsable régional de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC), les trafiquants sud-américains ont franchi un nouveau seuil en utilisant des moyens de plus en plus importants et sophistiqués. “Un Boeing cargo parti du Venezuela a atterri sur une piste artisanale à 15 km de Gao (nord-est) avant de décharger de la cocaïne et d’autres produits illicites”, a-t-il indiqué à Dakar lors d’une conférence de presse. “Il a ensuite voulu décoller et s’est écrasé le 5 novembre”. La quantité de drogue n’est pas connue mais “un Boeing peut transporter 10 tonnes de cocaïne”. La carcasse de l’avion “a été incendiée par les trafiquants pour faire disparaître toute trace. Mais les numéros de référence ont été pris, une enquête est en cours sur le propriétaire. On ne sait pas depuis combien de temps cela dure, on ne peut pas dire si c’est le premier ou le dernier vol de ce type”, a-t-il précisé. “Mais cela pourrait être considéré comme un nouveau mode opératoire et c’est inquiétant”. Il n’y a pas de couverture radar dans cette zone, située à un millier de kilomètres de la capitale Bamako. 

    Une étude très détaillée sur la nouvelle géopolitique de la cocaïne entre la Colombie et le Sahel sous-entend l’implication évidente du Polisario dans les batailles pour le contrôle des routes transsahéliennes et transsahariennes ouvrant le trafic de drogues illicites et des armes vers le Maghreb et l’Europe, qui se déroulent actuellement dans un contexte de faiblesse et d’effondrement d’Etats aux pouvoirs fragilisés. «La présence de terroristes dans le Sahel et le Sahara, et leur implication dans le trafic d’armes pour financer des attaques contre les Etats de la région, représente une menace importante sur la sécurité de l’Afrique et de l’Europe… Il est aujourd’hui à craindre que viennent se superposer aux nombreux problèmes géopolitiques préexistants en Afrique, les conséquences d’un accroissement du trafic de drogues illicites sous forme de répétition du modèle caribéen, du modèle mexicain ou du modèle colombien, voire d’une combinaison inédite propre au continent… L’Afrique émerge comme une plaque tournante prometteuse, forte de routes déjà tracées par des trafics d’armes, de migrants clandestins, et la présence de groupes mafieux régionaux.» (5) 

    L’Algérie est en première ligne du narcotrafic qui transite pour l’Europe. La Gendarmerie nationale a encore déploré dernièrement la mort de deux gendarmes, tués lors d’un accrochage avec les narcotrafiquants qui ont eu recours à l’usage d’armes de guerre. Les barons de la drogue algéro-marocains opèrent entre Tindouf et Béchar avec des armes lourdes achetées au Sahel et montées sur des Toyota Station achetées ou volées en Algérie. 

    Qu’attend l’Algérie pour désarmer le Polisario ? 

    Selon des sources dignes de foi, le général Ahmed Gaid Salah, chef d'Etat major de l'ANP s'est rendu en fin du mois d'août à Tindouf juste après la tenue de l’importante réunion de Tamanrasset des commandements militaires du Sahel. Il a délivré un avertissement à Mohamed Abdelaziz et ses adjoints: “Les milices du Polisario sont devenues un véritable terreau de trafic de drogue, de denrées alimentaires et d'immigration clandestine, chose qui inquiète sérieusement les observateurs internationaux qui considèrent désormais le sud algérien comme une terra nullus”, (territoire sans maître).

    Les camps de Tindouf voient défiler depuis quelques mois des officiers algériens qui effectuent des missions d’inventaire, pour chiffrer avec précision les disparitions d'armes dans l'arsenal du Polisario. 

    «L’Algérie donnait des armes sans compter» a révélé Semlali Abadila, ancien membre de l’armée du Polisario de 1980 à 1983 qui a rallié le Maroc. Lorsque les relations entre les deux pays se réchauffent, «l’Algérie coupe le robinet». Mais à la moindre friction diplomatique, l’Algérie reprend son soutien au Polisario en lui apportant les armes dont il a besoin pour renforcer ses manœuvres militaires. 

    Au fil du temps, le coût exorbitant des manœuvres militaires a incité l’Algérie à ne plus «prêter» les blindés et engins lourds que le Polisario exhibait fièrement devant les délégations étrangères. On peut voir sur les archives du site de l’Agence de presse sahraouie (http://www.spsrasd.info) que les dernières démonstrations de force remontent à 2000 avec six manœuvres militaires, et sept en 2001. Le Polisario faisait défiler plusieurs unités blindées, l'artillerie lourde, la DCA et des bataillons d'infanterie motorisée… prêtés par l’ANP. 

    Le coût global de chaque manœuvre militaire variait entre 800.000 et 1.000.000 de dollars, selon l’utilisation de munitions, grenades, etc … L’Algérie dépensait annuellement, pour les entraînements et démonstrations du Polisario, plus que le budget du HCR en faveur des camps. Ces manœuvres ont finalement desservi les intérêts de l’armée algérienne en pleine lutte contre le terrorisme au nord, comme l’a avoué l'ambassadeur du Royaume Uni à Alger, Graham Hand Stewart au quotidien algérien le Matin du 12/9/2002: «Nous sommes réticents à vendre des armes à l'Algérie. Je dois dire que nous restons attentif que les armes que nous vendons à l'Algérie n'aillent ailleurs. Au Sahara occidental, comme cela a été le cas par le passé». (6) 

    C’est ainsi qu’un embargo a été décrété contre l’Algérie sur plusieurs types d’équipements sophistiqués, comme la vision nocturne, etc… C’est peut-être une coïncidence, mais depuis 2002 il n’y a pratiquement plus de démonstrations et manoeuvres militaires à Tindouf. 

    Composée de sept régions militaires, elles-mêmes divisées en plusieurs compagnies (katibas), l’armée du Polisario présente des signes d’essoufflement évidents. «La seconde région militaire, la plus puissante sur le plan de l’armement, qui contenait dans le passé 2.000 membres, n’en a aujourd’hui que 700 ou 800», selon Semlali Abadila. Même constat pour les autres régions, dont les effectifs se sont effondrés pour ne plus compter que 200 ou 300 combattants chacune. 

    Avec tous les dissidents du Polisario qui ont rallié le Maroc, l’armée marocaine tient à jour un inventaire du potentiel militaire existant, peut-être plus détaillé que celui de l’armée algérienne. (7) 

    Le Maroc ne croit plus aux menaces utopiques de reprise des combats par le Polisario. Il est aujourd’hui hyper protégé par les grandes puissances qui ne permettront jamais qu’il soit agressé. Les généraux algériens le savent pertinemment, mais ils ne savent pas comment sortir politiquement de cet héritage de la guerre froide, une tragédie inutile, créée depuis plus de 35 ans, sur la souveraineté d’un désert aride de 270.000 km².

    Est-il encore opportun de laisser à des sahraouis instables un armement qui peut à tout moment finir entre des mains terroristes et se retourner contre les intérêts de l’Algérie? La diva séparatiste de Laâyoune, Aminatou Haider, a fait plus de mal pacifiquement à elle seule à la diplomatie marocaine que tous les dirigeants du Polisario et leur armement réunis. 

    La situation sécuritaire dans le Sahel a atteint un tel degré de complexité, de nuisance et de convoitises qu’il ne faudra pas s’étonner si un beau jour les stratèges occidentaux décident d’y installer des bases militaires. Et s’ils ne l’ont pas encore fait, c’est peut-être qu’ils sont encore occupés par leur présence en Irak et en Afghanistan. 

    L’isolement algérien vient du mépris affiché par Bouteflika à l’égard des chefs d’Etat voisins avec qui il n’entretient pratiquement aucune relation (Maroc, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad). Ce comportement est totalement inapproprié au statut de leadership géopolitique de l’Algérie au Sahara, et au respect de sa souveraineté à ses frontières. L’armée algérienne n’a aucun intérêt à laisser s’installer l’armée d’une puissance étrangère au Sahel, qui risque de briser l’équilibre du prolongement géo-démographique du Sahara au Sahel et de ses nomades. (8)

    Elle se doit de mettre un terme à toute source de déstabilisation terroriste émanant du sol algérien. Le désarmement du Polisario et la fermeture des camps de Tindouf sont devenus des impératifs de sécurité nationale. 

    Saâd Lounès 

    24 novembre 2009 

    (1) http://www.lexpressiondz.com/article/2/2005-08-23/28914.html 

    (2) http://www.esisc.org/documents/pdf/fr/le-front-polisario-une-force-de-destabilisation-regionale-412.pdf 

    (3) http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?id_artl=14859&n=546&r=2&sr=852 

    (4) http://www.lavieeco.com/politique/5324-linquietante-connexion-polisario-al-qaida.html 

    (5) http://www.temoust.org/evolutions-recentes-de-la,12037 

    (6) http://www.algeria-watch.org/farticle/sale_guerre/steward.htm 

    (7) http://www.maroc-hebdo.press.ma/MHinternet/Archives_653/html_653/moyens.html

  • Polisario, la coûteuse imposture algérienne

    Le conflit artificiel du Sahara Occidental est odieusement coûteux pour le Maroc mais aussi tout le Maghreb et toute l’Afrique de l’Ouest. (1) 

    Comment en est-on arrivé là ? C’est la faute d’un coupable et d’un imposteur. Le coupable c’est évidemment le colonialisme français et espagnol. L’imposteur c’est le pouvoir algérien qui a fait du Polisario une marionnette dont il ne peut plus se débarrasser, et des camps de Tindouf une prison à ciel ouvert. 

     La gourmandise française sur le Sahara a élargi au maximum les frontières de la colonie algérienne au détriment des protectorats marocain et tunisien qui les ont vainement contestées. Si ce n’était l’occupation espagnole du Sahara Occidental, les frontières de l’Algérie française auraient certainement été poussées jusqu’à la côte Atlantique. (2)

     Après l’indépendance de l’Algérie, le «contentieux territorial» algéro-marocain débuta par la guerre des sables en 1963 et se termina par l’Accord frontalier du 15 juin 1972, qui fut par la suite ratifié en 1989 par le Parlement Marocain et enregistré à l'ONU en 1991, conformément à l'article 102 de la Charte des nations Unies. (3)

    Affaibli par deux tentatives de coups d’Etat, le roi Hassan II reconnut donc officiellement et définitivement les frontières algériennes en échange d’un soutien du président Boumediene pour la récupération du Sahara Occidental encore occupé par l’Espagne. 

    L’entente pacifique qui régnait entre les deux pays frères ne résista pas à l’esprit de la guerre froide, alors à son apogée, lorsque l’Espagne décida de quitter les territoires sahraouis en 1976. L’influence soviétique, les formateurs du KGB et l’activisme cubain ont considérablement radicalisé les contradictions algériennes écartelées entre la révolution socialiste antimonarchiste et l’unité maghrébine. (4)

    Mais ce n’est pas une excuse. Le pouvoir algérien, qui a su tenir tête à la puissance française, aurait pu aussi résister au bloc socialiste en mettant l’intérêt commun de la paix au Maghreb au-dessus de tout. 

    C’est ainsi que la SM infiltra le Front Polisario fondé par des sahraouis comme El Ouali Mohamed Essayed, mort au combat le 9 juin 1976 (5), et des étudiants marocains anti-monarchistes comme Mohamed Ben Abdelaâziz, dont le père était sous-officier marocain. Indéboulonnable SG du Polisario et président du sigle RASD, il a fait le vide autour de lui.

    La majorité des fondateurs sahraouis du Polisario ont déserté le front et rejoint le Maroc, comme Mustapha Barazani pour qui «les intérêts de l’Algérie préconisent que le conflit s’éternise… elle ne veut même pas l’indépendance du Sahara, elle veut que le Sahara reste un problème pour le Maroc». C’est exactement ce que l’ex-chef d’état-major Khaled Nezzar avait déclaré à La Gazette du Maroc en 2003 : “L’Algérie n’a pas besoin d’un nouvel Etat à ses frontières.” 

    L’incompréhensible entêtement marocain à refuser le référendum d’autodétermination ne peut occulter le rôle négatif du régime algérien que des dirigeants historiques du FLN n’ont pas hésité à condamner.

    Comme l’ancien président du GPRA Ferhat Abbès : «Ce poignard planté dans le dos de la communauté maghrébine est la plus scandaleuse des aventures. C’est un crime perpétré contre l’unité et la paix nord-africaines». (L’indépendance confisquée, 1984). 

    Ainsi que l’ancien président Ben Bella, d'origine marocaine : «Du point de vue historique, le Sahara Occidental est le prolongement historique du Maroc. Toutes les dynasties du Maroc ont eu des liens avec le Sahara… L’Algérie n’a aucun intérêt à faire éclater le Maroc» (Journal marocain L’Opinion du 24 janvier 1987). 

    Le 5 octobre 1963, Bouteflika, ministre des AE, déclarait à Oujda sa ville natale : «Le peuple algérien n’a pas oublié l’attitude du Maroc lors de la guerre d’Algérie. Chaque algérien se considère au Maroc comme chez lui, tout comme chaque marocain est chez lui en Algérie».

    C’est le même Bouteflika, devenu Président depuis 1999, qui refuse de rouvrir les frontières terrestres fermées en 1994.

    Saâd Lounès

    25 décembre 2007 

     

     

    (1) http://www.telquel-online.com/368/couverture_368.shtml

    (2)  Histoire des frontières algériennes

    (3) http://untreaty.un.org/unts/144078_158780/1/6/10334.pdf

    (4) Histoire secrète du Front Polisario

    (5) El Ouali voulait intégrer Tindouf à la RASD

    http://camps-sequestres.org/  

    http://www.lavage-de-cerveau.com/

  • Rente gazière et Plus-Value Fiscale

    L'indexation sur le prix du baril a détourné la rente gazière 

    Les gouvernements algériens assistent en spectateurs aux sourdes batailles sur le partage de nos rentes pétrolière et gazière entre profits des multinationales et plus-values fiscales. Soumis depuis plus de 20 ans à une instabilité politique chronique, notre pays s’est retrouvé démuni de toute politique industrielle stratégique de défense de ses intérêts sur ses ressources en gaz qui sont bradées depuis 40 ans.

    Dans un monde où les oligarchies industrielles militaires et pétrolières sont la source du pouvoir, aussi bien chez les pays producteurs que consommateurs, le marché mondial du gaz n’échappe pas à leur influence. C’est à travers les cheminements intercontinentaux des gazoducs que se mêlent les obligations de sécurité nationale et énergétique, service public et rentabilité commerciale.

    Contrairement au pétrole, il n’y a même pas de place pour les petits acheteurs et spéculateurs. C’est un terrain réservé aux très grandes sociétés, aux poids lourds industriels.  Dans ces conditions, peut-il réellement y avoir un marché concurrentiel? Alors que le marché pétrolier s’est mondialisé, celui du gaz reste majoritairement régionalisé et astreint à des relations bilatérales dans des contrats à long terme. Mais le développement du gaz naturel liquéfié (GNL) a changé la donne, et les flambées et les chutes du baril ont dévoilé le manque à gagner des formules d’indexation de prix. 

    Une énorme rente gazière 

    La première chaîne mondiale de transport de GNL est celle qui achemine en 1963, le gaz naturel de Hassi R'Mel à l'usine de liquéfaction d'Arzew puis le GNL en Angleterre à Canvey Island (jusqu'en 1985) et en France à Fos-sur-Mer où il est regazéifié et injecté dans le réseau de distribution. 40 ans plus tard, près de 66 % du gaz commercialisés par Sonatrach proviennent toujours du gisement gazier géant de Hassi R’Mel. Quant au développement du pôle gazier du Sud-Ouest (Reggane, Touat, Timimoun, Hassi-Mouina), les champs développés en partenariat entre Sonatrach et quatre compagnies européennes (Gaz de France, Total, Repsol, et Statoil), vont entrer en production en 2011-2012…. juste à la fin du prochain mandat présidentiel. C’est dire l’énorme enjeu du potentiel gazier algérien… qui justifie à lui seul le statu-quo politique à la tête de l'Etat. 

    Sonatrach prévoit d’exporter 85 Gm3/an d’ici à 2012 et plus de 100 Gm3/an à partir de 2020 vers l’Europe. À ce titre, la compagnie s’est engagée à 36% dans la réalisation de deux gazoducs sous-marins devant relier l’Algérie à l’Espagne (projet Medgaz) et à l’Italie (projet Galsi), privant ainsi le Maroc et la Tunisie de récupérer une infime partie de la rente gazière en évitant les droits de passage par leur territoire. (1)

    Par contre le mégaprojet gazier GNL intégré de Gassi Touil, initialement confié aux firmes espagnoles Repsol et Gas Natural, a été carrément saboté. Les espagnols voulaient retarder sa réalisation tant que le gazoduc Medgaz ne serait pas opérationnel et les contrats de livraison sécurisés. 

    Sonatrach a annoncé un programme d’investissement 2007-2011 de 45 milliards de dollars (?), soit 9 milliards de $/an, dont 67% seront consacrés à l’amont pétrolier et gazier. L'effet d'annonce répété par Chakib Khelil sonne comme un rappel aux puissants de ce monde pour un soutien au maintien de Bouteflika à la tête de l'Etat. Personne, ni expert, ni université, ni contrôle parlementaire, ni parti, ni syndicat n’a jamais songé à vérifier la fiabilité de ces montants astronomiques que s’arrogent un nombre restreint de sociétés comme Halliburton.

    Le récent scandale de la société mixte algéro-américaine Brown Root et Condor (BRC) a révélé à quel point les contrats du secteur étaient des pompes à fric prenant des avances colossales sur nos rentes pétrolière et gazière avant même l’entrée en production des puits. Il faut savoir qu’à Sonatrach, une soudure d'un tuyau, un serrage de boulon, et même une simple plaquette de présentation du rapport annuel est sous-traitée en devises fortes à une société étrangère. 

    En passant de 8 exportateurs en 1991 à 15 en 2007, et un prix de marché supérieur à 4 $/MBtu, la chaîne de liquéfaction du gaz est devenue rentable et concurrentielle. Grâce au développement du GNL des mécanismes entre offre et demande se sont mis en place dans des marchés spot et peuvent justifier la fin des relations bilatérales à bas prix. 

    Sortir du carcan de l’indexation 

    L’emballement du marché pétrolier et la faible incidence sur le prix du gaz ont mis à nu le manque à gagner des contrats gaziers à long terme dont a été victime l’Algérie. Le Pdg de Sonatrach, Mohamed Meziane, a enfin annoncé sa ferme intention d’y renoncer, car ils «empêchaient Sonatrach de bénéficier de la hausse du pétrole». Il a indiqué que son entreprise comptait réduire la durée des contrats gaziers à moins de 5 ans. 

    Ce nouvel état d’esprit remet en selle l'idée de création d'un cartel du gaz dans le style OPEP au prochain Forum du gaz qui se réunira à Oran. Ce sera la sixième réunion ministérielle depuis la création du Forum des quinze pays exportateurs de gaz en 2001 (Algérie, Egypte, Emirats arabes unis, Indonésie, Iran, Libye, Malaisie, Nigeria, Norvège, Oman, Qatar, Russie, Trinidad et Tobago, Venezuela).

    Lors d'une réunion au Caire, le ministre égyptien du Pétrole, Sameh Fahmi, avait lancé un appel pour ne plus indexer les prix du gaz sur ceux du pétrole:«Il faudrait opter pour un marché plus libre et plus mature. Ce qui aboutit à des prix plus stables. Cela exige une révision sérieuse des mécanismes de détermination des prix … Je sais que cela n'est pas sans risque, mais si on ne le fait pas, la situation sera pire», avait avertit Fahmi.

    Le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait déclaré plus tard que l’Algérie allait proposer “une étude sur la tarification du gaz”, estimant son prix “sous-évalué”Les raisons historiques de l’indexation du gaz sur le pétrole n’existent plus. Le marché des combustibles n’est plus dominé par le mazout et, dans la plupart des pays européens, on utilise dorénavant plus de gaz que de fioul pour le chauffage domestique, les fours industriels et les centrales électriques. 

    L’histoire de l’indexation du prix du gaz sur les produits pétroliers, conçue dans les années 60-70 peut prêter aujourd’hui à sourire. Alors que le gaz naturel est une énergie propre directement utilisable sans transformation, ni raffinage, il a été d’emblée comparé à l’énergie concurrente la moins chère. Le fioul et le gasoil étant des produits bas de gamme issus du raffinage du pétrole, la répercussion du prix du baril est longue à se faire sentir en raison des stocks. Des formules «secrètes» d’indexation fixées dans les contrats d’approvisionnement à long terme de 20 à 25 ans, se basant sur la moyenne des derniers 6 à 9 mois du prix des produits concurrentiels (gasoil ou fioul) permettent de «lisser» les variations de prix en les décalant dans le temps. 

    En outre le prix initial contractuel du gaz découle d’une approche dite «netback»: on part du prix final souhaité, c’est-à-dire le prix du fioul substituable au gaz, et on retranche les coûts de tous les intermédiaires qui le séparent du marché final (transport, stockage, distribution et …taxes) pour en déduire le prix du gaz en tête de puit. Le prix ainsi obtenu était considéré «généralement supérieur aux coûts réels d’extraction du gaz». La valeur netback du gaz ainsi calculée était en fait la part minime de la rente gazière concédée au producteur. (2) 

    Même la législation algérienne continue de protéger le culte du secret des contrats gaziers. L'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT) et la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (C.R.E.G) publient des statistiques sur les ventes de gaz «sous respect de la confidentialité de chacun des contrats et avenants». Les premiers contrats arrivés à expiration fin 90-début 2000 ont été renouvelés sans remise en cause des formules d’indexation désavantageuses, mais en supprimant les clauses de destination pour les remplacer par des clauses de flexibilité. Cela donne à l’acheteur la possibilité de procéder à des opérations de trading comme celles ayant consisté par GDF à réexpédier des cargaisons de GNL algérien aux Etats-Unis lorsque les prix flambaient sur les marchés spot. L’acquéreur peut ainsi revendre ses achats excédentaires et concurrencer son fournisseur avec son propre gaz. 

    Cette flexibilité a multiplié les opportunités de gains spéculatifs. A tel point que le stockage est devenu un lieu de transfert de la rente gazière. Le gaz naturel peut être stocké sous forme gazeuse dans divers réservoirs naturels: gisements de gaz ou de pétrole épuisés (425 dans le monde, principalement aux Etats-Unis), nappes aquifères (85 dans le monde), cavités salines (40 dans le monde), mines abandonnées (4 dans le monde). Depuis 2000, grâce à ses sites de stockage, l’Europe est en mesure de faire face à des ruptures d’approvisionnement de 9 mois avec la Russie et de 20 mois avec l’Algérie. Cette nouvelle stratégie de stockage chez les clients attire aussi les producteurs. Gazprom négocie des capacités de stockage avec la France, l'Autriche, le Royaume-Uni et la Belgique. Sonatrach négocie aussi un projet de stockage de gaz aux Etats-Unis. 

    Vers un prix de référence du gaz 

    Le marché mondial du gaz se trouve aujourd’hui dans une situation duale, avec d’un côté des prix spots directeurs sur les marchés américain et britannique alors que les marchés européen et en partie asiatique conservent le principe de l’indexation sur les produits pétroliers. Les principales places des marchés spot sont: 

    - Henry Hub (New York Mercantile Exchange) aux Etats-Unis, - AECO (Natural Gas Exchange) au Canada, 

    - Heren (British National Balancing Point), - Zeebruge Hub (Belgique), 

    - IPE (International Petroleum Exchange) Londres Depuis la dérégulation des marchés gaziers aux États-Unis et au Royaume-Uni, le prix directeur du gaz naturel est défini par les prix spots à court terme qui reflètent l’équilibre offre/demande du marché. Même des multinationales actionnaires dans des puits de gaz, et soucieuses d’augmenter leurs profits, plaident aussi en faveur de marchés gaziers libres, dont les prix ne seraient pas liés à d’autres énergies. Exxon prévoit que l’essor du commerce de GNL favorisera la concurrence avec le gaz naturel et que le prix de cette énergie se basera de plus en plus sur ses propres fondamentaux. 

    Le marché international du gaz est en train de se mettre en place avec trois ou quatre prix régionaux fortement corrélés, à l’image du marché pétrolier, sous l’impulsion des États-Unis qui représentent 25% des échanges mondiaux. Même en légère augmentation, le prix du gaz dans l'Europe communautaire reste faible par comparaison au marché américain où les cours du gaz sont relativement élevés. 

    Aux États-Unis, l’année 2000 marque un réel tournant que personne n’avait anticipé : le prix du gaz a atteint progressivement plus de 5 $/MBtu contre 2 à 3 $/MBtu avant cette date. Il a dépassé les 7 $ en 2005. En Asie, depuis 2000 il s’établit autour de 5 $/MBtu contre une fourchette de 4/5 $ auparavant. Il s’est rapproché de 6 $ en 2005. 

    En Europe, après avoir évolué entre 2 et 3 $/MBtu, le prix du gaz se situe depuis 2000 à plus de 4 $/MBtu. Il s’est rapproché des 6 $ en moyenne sur 2005. Le tableau ci-dessous reproduit les prix moyens annuels indexés dans les contrats de Sonatrach depuis 10 ans. On constate une différence de 1 à  2 $/MBtu avec les prix des marchés spot, aggravée par la forte dévaluation du dollar. 

    Sur une stricte base d’équivalence énergétique, on peut estimer le manque à gagner du gaz algérien comme suit: - pour un brut à 20 $/baril équivalent à 3,7 $/MBtu, le prix du gaz était d’environ 2,5 $/MBtu - un prix de 50 $/baril justifiait un prix autour de 8,6 $/MBTU, alors qu’il était à moins de 4 $/MBtu - 60 $/baril  équivaut à 11 $/MBtu, alors qu’il s’est situé à moins de 7 $/MBtu On imagine aisément les pertes de prix quans le baril avait atteint 150 $. Des experts ont estimé que pour une quantité équivalente d’hydrocarbures exportés, la rente pétrolière est environ deux fois et demie plus importante que la rente gazière. 

    Le transfert de la rente en plus-value fiscale 

    Les prix des carburants à la pompe se sont envolés au rythme de la flambée du baril. Les distributeurs ne respectent même plus le temps de latence du roulement des stocks. Les prix augmentent au jour le jour, selon la cotation du baril, en maudissant publiquement les pays de l’OPEP, avec la complicité passive des pouvoirs publics. Et pour cause, les grands gagnants de cette inflation sont les Etats puisque la plus grosse part du prix est constituée de taxes, jusqu’à près de 80%. C’est ce qu’on appelle la plus-value fiscale. Il en va de même pour les prix de détail du gaz et de l’électricité dont les proportions fiscales restent floues. Ces plus-values fiscales servent évidemment à financer les énormes déficits budgétaires, en partie dus aux dépenses militaires.

    C’est essentiellement pour cette raison financière que le marché du gaz est devenue la première préoccupation du G8, de l’OTAN et de l’UE.   Ne pouvant plus agir sur le prix du baril, les occidentaux s’inquiètent de la création d’un cartel du gaz qui va aboutir inéluctablement à un prix libre et concurrentiel. Ils mettent en avant leur sécurité énergétique, alors que leur seule préoccupation est le maintien d’un niveau élevé de plus-value fiscale en freinant la hausse des coûts d’approvisionnement. Les grandes manœuvres ont déjà commencé avec les opérations de fusion-cession-acquisition, comme celle de GDF-Suez, dont l’objectif est de s’accaparer le maximum de puits de gaz et de faire des économies d’échelle sur les coûts de distribution. Le but est de gérer les arbitrages entre coût d’approvisionnement, profits et plus-values fiscales pour déterminer des prix de vente supportables par les consommateurs.   Selon l'AIE, sur l'année 2000, le prix de tête de puits a représenté 34% du prix du gaz pour le consommateur domestique, alors que le transport comptait pour 19% et la distribution aux clients, 47%. C'est donc ce dernier coût qui représente la plus grande part du prix final payé par le consommateur. Avant 2000 et la hausse des prix du gaz, le prix de tête de puits représentait seulement 10 à 15% du prix final au consommateur.  A titre d’exemple, le président français Sarkozy a justifié les récentes augmentations du gaz par GDF (près de 10% en 6 mois) par l’indexation du prix du gaz sur le marché pétrolier dépendant de l’OPEP. Seul un article du Canard Enchaîné (16-04-2008) a remis en cause un tel mensonge, sachant que Gaz de France a réalisé en 2006 les meilleures performances de son histoire, avec un excédent brut opérationnel de 5 milliards d’euros et un résultat net de 2,3 milliards €, en croissance de 29 % par rapport à 2005, tout en augmentant ses investissements de 38%.

    Pour les associations de consommateurs, il est difficile de savoir si les augmentations sont justifiées: “Gaz de France dit perdre beaucoup d'argent sur les tarifs régulés, mais il y a une opacité sur le calcul des prix, il n'est pas public“. GDF se défend de son côté en expliquant que ce calcul est confidentiel car “'il contient des informations sensibles“. En clair, l'entreprise ne tient pas à ce que ses concurrents et ses clients sachent combien elle paye son gaz.

    Malgré leurs promesses de lier le prix consommateur du gaz aux fluctuations du marché pétrolier, les Etats européens ont refusé de baisser les prix après la chute du marché pétrolier engrengeant ainsi un maximum de recettes fiscales. L’autre facette du transfert de la rente en une plus-value fiscale totalement injustifiée consiste dans l'incroyable cadeau fiscal concédé aux sociétés pétrolières et gazières qui travaillent depuis des années en Algérie alors qu’elles ne sont pas considérées comme «un sujet fiscal algérien». Elles sont de fait exonérées, ainsi que leurs sous-traitants, de la TVA, des droits de douane et en partie des charges sociales. Une aberration qu’il serait opportun de chiffrer et à laquelle il est urgent de mettre un terme. 

    La concurrence Gazprom-GDF 

    Après des décennies de communisme pur et dur, les Russes se sont convertis au grand capitalisme pur et dur. Le groupe gazier Gazprom, détenu à 51% par l’Etat, est devenu l'entreprise la mieux valorisée en bourse dans le monde. Aucune société n'a rassemblé autant de capitaux que Gazprom, dépassant l’américain Exxon Mobil qui avait repris le titre de première capitalisation boursière mondiale au chinois PetroChina en mars 2008. Des analystes financiers estiment que la capitalisation boursière de Gazprom, qui détient 30% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, pourrait encore tripler d'ici 2012. La valeur de Gazprom a été multipliée par 32 en six ans, grâce à la hausse du prix de son gaz, imposée à ses voisins d’Ukraine, Géorgie et Bélarus et sur son marché intérieur. La grille tarifaire de Gazprom sur le marché russe a été révisée pour facturer 25% en plus les livraisons aux ménages en 2009, +30% en 2010 et +40% en 2011. 

    Depuis son premier mandat présidentiel en 2000, Vladimir Poutine a fait de Gazprom sa priorité, le symbole du renouveau de l'économie russe. Il a doté le groupe d’un véritable gouvernement d’entreprise dont le patron Dimitri Medvedev, président du conseil de surveillance, a été élu à la présidence de la Russie… et de nommer Poutine premier ministre comme pour mieux démontrer que le pouvoir réel ne se situe pas dans les privilèges protocolaires, mais dans la sphère de décision économique. Poutine a fermement marqué son territoire en fixant les frontières à ne pas dépasser par Dick Cheney et les américains en Asie Centrale. Après le bras de fer avec ses voisins de l’ex-Union soviétique, Gazprom a signé un accord quasi-exclusif pour exploiter les grands gisements gaziers du Turkménistan. Alors que les américains et les turcs avaient entrepris des démarches parallèles à Achkhabad pour ressusciter le projet américain de 1997 de gazoduc trans-caspien visant à livrer le gaz turkmène à l’Europe via la Turquie. 

    C’est dans l’optique de cette stratégie d’unir les intérêts des producteurs gaziers que Gazprom a tenté un rapprochement avec Sonatrach en 2006 qui a affolé l’UE et a été presque assimilé par l’OTAN à une déclaration de guerre. Mais l'accord de coopération Gazprom-Sonatrach signé en août 2006 s'est terminé en août 2007 et n'a débouché sur aucun projet concret, selon le PDG de Sonatrach. Tout en avouant que “les russes participent aux appels d'offre sur le projet de gazoduc de 4.000 kilomètres Transalia, qui reliera le Nigéria à l'Algérie pour l'approvisionnement européen et acheminera 20 à 30 milliards de m3 par an”. Une telle annonce n’est pas de nature à rassurer les européens et en particulier Gaz de France. Face au stratège Poutine, Sarkozy et Gaz de France font tout pour écarter le géant Gazprom et conserver leur influence sur le gaz algérien datant de l’indépendance et la découverte de Hassi R’Mel. Gdf a déjà conclu avec Sonatrach un accord d’une durée de 20 ans pour commercialiser en Espagne 1 milliard de m3 de gaz par an sur les 8 milliards de m3 qui seront acheminés dès 2009 par le gazoduc Medgaz, dont Gaz de France est partenaire à 12 %. En bénéficiant d’une confortable durée d’approvisionnement et d’un prix indexé, Gdf va renforcer sa position sur le marché européen du gaz naturel… et concurrencer Sonatrach qui a toutes les peines du monde à se faire accepter sur ce marché espagnol. Gaz de France est également présent dans l’amont algérien, où il détient les droits d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures sur le permis du Touat, dans le bassin de Sbaa. 

    Sarkozy veut faire de Gdf le fer de lance de la consolidation de la rente gazière en le fusionnant avec le groupe privé Suez. Le groupe Gaz de France emploie plus de 50.000 personnes dans 30 pays et réalise plus de 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il exploite le plus long réseau de transport de gaz (31.610 Km) et gère le plus long réseau de distribution (185 000 Km) en Europe. Il détient la 2ème capacité de stockage en Europe avec12 sites de stockage (9 en aquifère et 3 en cavités salines) représentant une capacité utile de plus de 9 milliards de m3 en 2006, soit près de 20 % de la consommation annuelle française.  2ème opérateur européen de terminaux méthaniers avec 2 terminaux en service, le Groupe dispose d’une capacité de regazéification de 17 milliards de m3 par an. 

    Gdf intervient aussi dans l’électricité d’origine nucléaire. C’est ce qui a incité le candidat Sarkozy à faire à l’Algérie une proposition de marchand de tapis qu’on peut qualifier aujourd’hui d’indécente: «la technologie nucléaire contre des puits de gaz». Il doit être bien informé sur notre incapacité à maîtriser seul cette technologie, vu que tous les investissements consentis dans ce domaine, avec le Commissariat à l’Energie Atomique, ont été sabotés. Les réacteurs de Draria et Aïn-Oussara sont devenus des gadgets qui ne servent même pas à la formation. Sarkozy doit aussi savoir que quelques-uns de nos experts nucléaires ont été assassinés par des «terroristes», d’autres se sont exilés et d’autres encore se sont recyclés en gérants de cyber-café ou en marchands de brochettes. Il faut donc tout reconstruire pour doter le pays de réacteurs qui produiront de l’électricité quand le pétrole et le gaz s’épuiseront. C’est apparemment ce qu’envisage de faire le gouvernement avec des partenaires russes, chinois, indiens… sans marchandage. D’autant plus que d’immenses espaces de notre Sahara peuvent se transformer en «plantations» de centrales nucléaires, sans risques pour les zones urbaines, et peuvent même exporter de l’électricité. 

    La vision néo-coloniale de l’UPM 

    Lorsqu’un prétendant essaie de séduire une riche héritière bien pourvue et bien dodue et qu’elle s’y refuse, il va tenter d’organiser les noces à son insu avec la complicité de sa famille et de ses voisines pour la mettre devant le fait accompli et lui passer la bague au doigt. C’est un peu ce qu’envisage de faire Sarkozy avec l’Algérie et son projet attrape-nigaud d’Union pour la Méditerranée «dont l’Algérie doit être un acteur majeur». Il a tout fait pour attirer Bouteflika dans le guet-apens de la réunion du 13 juillet qui devait sceller l’UPM dont il ne faut pas faire semblant d’ignorer son contenu réel. Sarkozy avait dévoilé à Tunis le fond de sa pensée purement coloniale. D’un côté une protection assurée aux régimes autoritaires et anti-démocratiques d’Afrique du Nord pour «renforcer la sécurité et freiner les flux migratoires». D’un autre côté une vision élitiste : «avec notre technologie et votre main d’œuvre nous pourrons lutter contre l’Asie». Il avait omis d’ajouter «avec le gaz algérien» pour barrer la route à la Russie.

    Ce discours symbolise le projet messianique dont se croit investi Sarkozy pour maintenir l’Afrique du Nord sous l’emprise économique européenne contre les concurrents russe et chinois, et normaliser ses relations avec Israël. Dans cet espace méditerranéen mouvementé depuis des millénaires par des conflits religieux, civilisationnels et coloniaux, aucune sauce n’a jamais pris. Ni le processus de Barcelone, ni le Forum méditerranéen, ni les accords d’association de l’UE, ni la politique de voisinage, ni les rencontres des 5+5,… ni même l’Union du Maghreb et la Ligue arabe.

    En vertu de quoi, Sarkozy détiendrait-il une nouvelle formule magique? Il veut marcher plus haut que ses talons alors qu’il n’a ni l’envergure de De Gaulle, ni le charisme de Chirac qui se sont bien gardés de s’engager dans une telle aventure. Sentant bien les réticences algériennes à l’habillage de l’UPM, et laissant Sarkozy s’embourber seul, des membres de l’UE changent leur fusil d’épaule et «souhaitent développer avec l’Algérie une relation stratégique dans le domaine de l’énergie». Une véritable course contre la montre s’est donc engagée entre l’UE et la Russie autour de la rente gazière algérienne. 

    La situation économique et sociale d’Afrique du Nord prouve qu’elle n’a rien gagné dans ses relations avec l’Europe alors qu’elle lui fournit de l’énergie, de la main d’œuvre qualifiée à bon marché et qu’elle lui sert de défouloir touristique. Après 40 ans de «coopération» avec l’Europe, le dernier rapport de l’OCDE sur l’Algérie note que «l’industrie publique a perdu 80% de son potentiel depuis 1989…  et la croissance reste tributaire des hydrocarbures à hauteur de 46% du PIB». 

    Que l’Algérie n’adhère pas à l’idée de l’UPM, c’est presque devenu une évidence. Mais qu’elle soit incapable d’en dissuader ses voisins maghrébins, c’est un drame. Elle n’a rien à gagner à rester isolée. Non seulement l’Algérie ne doit pas adhérer à cette UPM, mais elle doit aussi convaincre les autres pays d’Afrique du Nord de ne pas s’y laisser embarquer. Le projet de l'UPM a été proposé parce que l'UMA est inopérante et le pouvoir algérien en est en grande partie responsable. Il est toujours temps de changer de politique, et penser à créer un ou deux terminaux de GNL sur l’Atlantique pour ouvrir de nouvelles routes du gaz aux gisements du Sud-ouest. 

    Saâd Lounès 

    (1) Gazoducs MEDGAZ et GALSI: la trahison maghrébine de Bouteflika

    (2) Exemple de formule gazière : 

    P = Po + A x (G-Go) + B x (F-Fo) 

    où : P = prix mensuel d’achat du gaz au producteur, 

    Po = prix initial déterminé en «netback» à la mise en oeuvre du contrat, 

    G / F = prix moyen sur 3, 6 ou 9 mois du fioul domestique G, du fioul lourd F.

    (la moyenne permet d’atténuer les hausses ou les baisses des cours du marché pétrolier) ; 

    A / B : coefficients d’équivalence énergétique.

  • L’impôt visa rapporte 1 milliard d’€ par an à l’UE

    le visa c'est comme le loto? la francaise des jeux,ca raporte mieux !!!!!!! sur le dos des africans pauvres ,tout le monde est basé sur l'esclavage

    «Le demandeur de visa est appelé à comparaître en personne». C’est ainsi que les sites visafrance.org citent à «comparaître» le quémandeur de visa comme un suspect devant un tribunal consulaire. Le choix du terme n’est pas fortuit, ni un lapsus involontaire. On retrouve explicitement cette expression «comparution personnelle» dans tous les documents officiels traitant des problèmes de visa. (1) 

     La réglementation européenne sur les visas utilise un langage judiciaire, policier et militaire à outrance. Quand on lit le «Programme européen 2007-2013 de contrôle des frontières», on croirait lire le scénario d’un film tragi-comique hollywoodien. L’absurdité de la systématisation technologique du contrôle des voyageurs vire à la caricature.

     On y trouve pêle-mêle “technologie d’authentification biométrique, passeports sécurisés à lecture optique, titres de séjour et vignettes électroniques, capteurs d’empreintes mono et multi doigts, comparateur d’encre spécifique, détection de documents falsifiés, liaisons haut débit des réseaux consulaires, base de données alphanumériques VISABIO interfacée avec le VIS, détecteurs spécifiques de présence humaine, maillage de surveillance et d’identification, veille littorale permanente par la chaîne sémaphorique, patrouilleurs de haute mer, radars haute fréquence, drones aériens et de surface, surveillance satellite quotidienne, …” (2)

      Tout citoyen du monde a le droit de circuler librement et éprouve le besoin de quitter momentanément son pays, bouger, changer d’air, faire du tourisme,… Pourquoi ériger des obstacles à ce désir de voyage à certaines catégories de citoyens du monde et pas à d’autres. 

    Des millions d’européens visitent la plupart des pays arabo-africains sans visas, sans frais, sans tracasseries administratives, sans perte de temps, sans même dire Salam Alikoum.  Il serait peut-être temps que les gouvernements du Sud se dressent énergiquement contre ces dérives unilatérales, insultantes et inhumaines de confinement des citoyens afro-arabes par l’obstacle insurmontable du visa Schengen. 

     Racisme institutionnel et islamophobie de l’Union Européenne 

     Deux chercheurs européens ont disséqué dans une excellente étude la politique discriminatoire de l’Union Européenne sur les visas. «Le visa n'est pas un instrument technique, ni une stratégie de gestion des frontières. Il est d'ordre politique. C'est à travers le visa qu'on tient à distance les étrangers indésirables. C'est à travers lui qu'on définit pour l'espace Schengen une liste de pays ennemis dont on tient à se protéger.» (3)

    Tout citoyen soumis à l'obligation du visa est considéré comme un suspect d'immigration clandestine, voire comme un terroriste. Son désir de voyager est interprété comme un désir d’émigrer ou de commettre un crime. Il est perçu comme un risque surtout s'il est jeune, étudiant, chômeur, pauvre ou démuni de ressources stables et prouvées. Pour définir sa cartographie du visa, lUE prend en considération trois catégories de critères: 

    - Immigration illégale: maîtrise des flux migratoires, séjours irréguliers, refus d'entrée sur le territoire, mesures d'éloignement, blocage des filières d'immigration clandestine et de travail clandestin, sécurité des documents de voyage, accords de réadmission, … 

    - Ordre public: coopération policière, typologies de criminalité, menaces à l'ordre public, sécurité intérieure, lutte contre le terrorisme, … 

    - Relations internationales : choix du régime de visas,  qualité des relations de l'UE avec des groupes particuliers de pays, cohérence régionale, position particulière d'un Etat membre, solidarité des Etats membres, critère de réciprocité, … 

    Finalement, on ne sait plus si le visa sanctionne l’individu en particulier ou est un instrument de relations internationales? L’octroi du visa pour un voyageur est-il dépendant de l'appréciation de son pays comme menace? Ou bien un pays devient-il menaçant parce que ses ressortissants veulent le fuir? On entre là dans une dialectique complexe entre le risque idéologique d'un pays et le risque migratoire de ses citoyens. 

    C’est notamment le cas très paradoxal du citoyen honnête et paisible d’un pays à risque qui se retrouve soumis à un visa draconien quelles que soient ses qualités personnelles (palestinien, libanais, algérien, afghan, irakien,…). Le fait de vivre dans un pays où existent des minorités dangereuses est considéré comme un délit potentiel. 

    Il en va de même des pays à fort taux migratoire. On empêche des individus de faire du tourisme ou visiter naturellement leurs familles ou leurs amis, parce que soupçonnés d'être tous volontaires potentiels à l'immigration clandestine. 

    La cartographie du visa Schengen fixe une limite entre les amis et les ennemis. Les critères effectifs de choix des pays ennemis relèvent purement de «racisme institutionnel et d’islamophobie». La carte des 44 «pays amis» de l’UE, exemptés de visas, est celle du «peuplement blanc». Par contre, la carte des 133 pays dont les ressortissants sont soumis à un visa recouvre clairement l'Afrique, le Moyen-Orient (excepté Israël) et une large partie de l'Asie. (3)

    Il est donc clair que les critères de danger migratoire concernent les peuplements arabe, noir ou asiatique. Les critères consulaires qui mêlent immigration, criminalité, terrorisme, idéologie ou religion ne sont pas cohérents. Ils relèvent de la peur de déstabilisation des identités nationales européennes blanches… par un islam conquérant, une négritude envahissante ou un péril économique asiatique. 

    L’idéologie du visa Schengen est une idéologie de guerre. Elle constitue un nouveau syndrome des fléaux et crimes contre l’humanité dont est coutumière l’Europe comme l’inquisition, l’esclavagisme, le colonialisme, les guerres mondiales, les pogroms, la déportation… 

    La politique ségrégationniste européenne provoque des milliers de victimes afro-arabes qui se noient en mer en voulant atteindre les rivages européens, ou sont «parqués comme des bêtes» dans des Centres de rétention avant leur déportation vers leurs pays d’origine. 

    La scandaleuse traçabilité des demandeurs de visa 

    L’Union Européenne a créé en 2004 un Système d'Information sur les Visas (VIS) permettant l'échange et l’accès des données entre les gouvernements des Etats membres et leurs autorités de sécurité intérieure. La mise en œuvre du VIS a débuté dans les «zones à risques migratoire et sécuritaire» en Afrique du Nord et Proche-Orient. (4) 

    Le VIS repose sur une architecture centralisée et comprend le «système central d'information sur les visas» (CS-VIS) en réseau avec une interface nationale (NI-VIS) dans chaque Etat membre. Selon les estimations, le VIS peut traiter les données de 20 millions de demandes de visa par an, y compris les empreintes digitales, et les stocker pour une période théorique de conservation de 5 ans.  Il est prévu à terme le stockage de tous les éléments d'identification biométriques et alphanumériques dans les vignettes de visa et les titres de séjour sur une puce électronique, directement lisible par un terminal informatique policier. 

    Le VIS avait pour objectif initial et affiché de lutter contre la fraude documentaire et le «visa shopping» (dépôt de demandes multiples auprès de plusieurs Etats membres). Mais son but véritable est de renforcer la sécurité intérieure en fichant les demandeurs de visa ainsi que les personnes et organismes qui les invitent. Les renseignements enregistrées dans le VIS sont les données alphanumériques du demandeur, les visas demandés, délivrés, refusés, annulés, retirés ou prorogés; ses photographies et empreintes digitales; les renseignements des personnes ou organismes adressant l'invitation ou prenant en charge les frais de subsistance durant le séjour. 

    Le VIS est ainsi devenu un outil international de «Renseignements Généraux» permettant aux Etats membres de l’UE, grâce aux visas demandés qu’ils soient accordés ou non, de constituer toutes sortes de fichiers politique, économique, patronal, syndical, associatif, scientifique, culturel, sportif, médiatique, etc… Le VIS renforce la traçabilité des déplacements des porteurs de visas biométriques qui peuvent pour différentes raisons attirer l'attention de services intéressés. 

    Face aux réticences parlementaires d'exempter les enfants de moins de six ans de la prise d'empreintes digitales, le Gouvernement français s'y est opposé en soulignant la nécessité de prendre les empreintes des enfants le plus tôt possible, en prétextant la lutte contre les trafics d'enfants. Même les titulaires de passeports diplomatiques, de service ou spéciaux sont concernés par le fichage VIS. Il est préconisé que les exemptions doivent rester exceptionnelles et ne concerner que les chefs d'Etat ou de gouvernement… sur lesquels les fichiers de renseignement sont déjà bien fournis. 

    Quand on sait quelles sont les types de personnes les plus aptes à se procurer facilement les visas, on en conclut vite que toutes les élites des nomenklaturas, l’intelligentsia, leurs progénitures, leurs protégés, leurs contacts, leurs relations et leurs déplacements seront fichés. 

    Grâce à cette redoutable efficacité qu’offre le VIS, l’UE pense maintenant à la création de consulats européens communs, sous forme de «centres communs de traitement des demandes de visa». Ne voyant pas d'intérêt à juxtaposer des consulats multiples pour délivrer un document identique dans des conditions similaires, les européens préparent des réformes juridiques, en particulier de la Convention de Vienne qui ne prévoit pas le cas de représentation diplomatique commune à plusieurs Etats. 

    D’autre part, l’UE envisage un recours à des prestataires extérieurs sous forme d'externalisation pour la réception du public et l’enregistrement des demandes, comme cela se pratique déjà dans certains pays (Russie, Chine, …). Le coût de cette externalisation sera à la charge du demandeur de visa et viendra s’ajouter à l’impôt visa de 60 €. 

    Cela fait déjà plusieurs années que les Etats-Unis et l’Europe se concertent dans leur stratégie de stigmatisation, confinement, flicage des citoyens du Sud, pour des objectifs non avoués. Ils ne se gênent même pas à monter des mises en scène de «tentative d’attentas» pour justifier «l’application immédiate» de mesures drastiques déjà élaborées. 

    Ce fut le cas au Royaume-Uni en 2006 pour aboutir à l’interdiction de toutes sortes de liquides dans les salles d’embarquement et à bord des avions. Depuis décembre 2009, le transport aérien est placé sous le coup d’une nouvelle psychose suite à une supposée tentative d'attentat par un nigérian sur un vol reliant Amsterdam à Detroit, aux Etats-Unis. Au point qu’un autre africain constipé a provoqué une alerte générale du FBI et de l’US Air Force parce qu’il avait trop tardé dans les toilettes d’un avion. 

    La France veut aussi exiger immédiatement, comme les USA, la fourniture par une liste de pays à risques, dont l’Algérie, de nouvelles informations personnelles sur les voyageurs dès la réservation du billet d’avion (identité, moyen de paiement, adresse, téléphone, e-mail, agence de voyage). 

    Si on suit la logique de ces trains de mesure, les citoyens de pays à risque ne tarderont pas tous à voyager bientôt en caleçons menottés à leurs sièges. 

    L’exagération et l’absurdité de cette tension permanente est mise en exergue par un directeur de recherche du CNRS: «A chaque fois qu'il y a un accident de la route ou un fraudeur fiscal, personne n’en conclut qu'il faut modifier complètement le code de la route ou la législation fiscale. C'est pourtant ce qui se produit en matière de politique d'immigration.» (5)

    Le Pacte Européen sur l’Immigration et l’Asile prévoit la généralisation du système des visas biométriques à compter du 1er janvier 2012. Le VIS constitue une humiliation de l’UE contre les Etats listés en les considérant comme incompétents à contrôler la sécurité de leurs propres citoyens. Pourtant la délivrance d’un passeport est déjà en soi un acte de procédure policière dont sont exclus les criminels. La sortie du territoire national est également soumise à une vérification systématique sur le terminal policier de la PAF. 

    La constitution de fichiers de police et la prise d’empreintes digitales sont du ressort du pouvoir régalien et judiciaire d’un Etat. Laisser d’autres Etats procéder à ces pratiques policières sur son propre sol relève d’un abandon de souveraineté nationale et d’une atteinte à la protection de la vie privée de ses ressortissants. 

    Contingentement des visas 

    Le visa constitue une exception pour entrer sur le territoire européen. Selon les statistiques de l’Organisation Mondiale du Tourisme, 480 millions de touristes visitent l’UE chaque année, dont seulement 10 millions sont soumis à l’obligation du visa, soit 2%. 

    La France, première destination touristique mondiale avec 80 millions de visiteurs ne délivrent que 2 millions de visas par an, soit seulement 2,5% des touristes qu’elle reçoit. L’Allemagne délivre un peu moins de 2 millions de visas pour une réception de 25 millions de touristes, soit 8% des visiteurs. Depuis quelques années, les pays de l’UE limite la délivrance des visas à une politique restrictive de quotas annuels. C’est ce qui explique que la diminution du quota de visas de certains pays, comme l’Algérie, est destinée à compenser une augmentation pour d’autres pays, comme la Russie, Chine, Turquie, Maroc. 

    Ce durcissement européen a dégoûté les commerçants maghrébins et africains les poussant à aller jusqu’au Moyen-Orient ou en Asie faire leurs achats. Les cadres qui veulent s’expatrier se détournent de l’Europe et optent pour l’Amérique du Nord. Mais cela a aussi provoqué une recrudescence des demandes d’asile venant de pays pourtant stables et puissants comme la Russie, Chine, Pakistan… 

    On assiste aussi à une explosion des mariages mixtes pour contourner l’obstacle consulaire et obtenir plus facilement un visa en qualité de conjoint d’européen, ou carrément la double nationalité. Rien qu’en France, les mariages mixtes ont doublé depuis 1996. La hausse est particulièrement visible avec le Maghreb, +487%, ou la Turquie, +656%. 

    Ankara, qui frappe aux portes de l’adhésion à l’UE, ne cesse de réclamer la suppression du visa européen. La dernière levée des restrictions à la libre circulation dans la zone Schengen, accordée le 19 décembre aux Serbes, Macédoniens et Monténégrins, a profondément irrité la Turquie: “Il est inacceptable que certains pays des Balkans qui en sont à l'étape initiale du processus d'adhésion et n'ont pas entamé leurs négociations, se voient accorder le privilège Schengen et pas la Turquie”, a réagi le ministre turc des affaires étrangères. Les acteurs économiques turcs déplorent la ségrégation européenne qui permet de laisser circuler librement leurs marchandises, alors qu’eux doivent passer par le visa pour leurs voyages d'affaires. 

    L’injustice est encore plus criante pour les maghrébins voisins immédiats de l’Europe confrontés aux pires tracasseries alors que la «dette coloniale» est loin d’être soldée. Le sénateur socialiste Louis Mermaz rappelle que la France a des devoirs historiques particuliers, vis-à-vis du monde de la francophonie. Il raconte cette anecdote du président Boumediene qui, recevant Valéry Giscard d'Estaing en voyage officiel en 1974, lui avait tenu ce propos: «Vous avez voulu faire la France de Dunkerque à Tamanrasset, donc comprenez que mes compatriotes veuillent circuler librement». (5)

    Les maghrébins et africains ont d’abord participé aux deux guerres mondiales avec l’Armée Coloniale d’Afrique pour libérer la France occupée. Ensuite, ils ont contribué à la reconstruction d’après-guerre par une immigration de travail célibataire et masculine qui se retrouvait seule dans les foyers et renvoyait l'essentiel de sa rémunération au pays, ne gardant quasiment rien pour vivre ni pour ses loisirs. Cette émigration aurait pu aboutir à une réussite économique, comme pour les émigrés portugais qui ont contribué à la modernisation du Portugal. Ou les émigrés espagnols qui ont participé au décollage économique de l'Espagne grâce à leurs mouvements financiers. Mais l’Europe, en persistant à soutenir les dictatures africaines et arabes, a contribué à entraver toutes les amorces de  développement économique de ces pays d’émigration. 

    L’Europe vieillissante peine à assurer le renouvellement de ses générations. Ses pays perdront, dans les vingt ou trente ans à venir, des millions d'habitants et donc, des millions de bras. Selon le Word population Forum, l’Europe devrait accueillir en moyenne 800.000 immigrés légaux par an au moins jusqu’en 2050. 

     

    En vertu de quoi, les maghrébins et africains seraient-ils écartés, au profit de pays lointains par une politique restrictive de visas, de ces gros besoins de l'immigration en Europe… Parce qu’ils sont musulmans ou noirs? Le refus de régulariser des travailleurs «sans papiers» pourtant reconnus et déclarés par leurs employeurs est en soi une réponse cinglante du cynisme européen.

     

    Un consul général de France en Afrique a parfaitement résumé le sentiment du continent noir: «dans le contexte africain, le visa pour la France est encore perçu comme un droit moral dont chacun disposerait en raison de l’histoire… les refus sont souvent ressentis comme la violation d’un droit historique». (5)

    Le coût exorbitant de l’impôt visa Schengen 

    Au 1er janvier 2007, les frais de dossiers pour l’instruction des visas Schengen sont passés de 35 à 60 euros.  Pour le Royaume-Uni ils sont de 63 livres (93 €), et pour les USA de 100 dollars (73 €). A ces frais de dossier, s’ajoutent des «frais de service» de 20€. 

    Le calcul est vite fait. L'espace Schengen accorde 10 millions de visa par an, auxquels il faut ajouter 15 à 20% de visas refusés mais pour lesquels les frais ne sont pas remboursés. Soit 11,5 à 12 millions de demandeurs de visa qui paient 80€. Le montant de l'impôt visa s'élève donc à environ 1 milliard d'€/an. Cet impôt visa payé par des particuliers des pays demandeurs est versé directement au budget des Etats européens. Une partie seulement de cette manne financière est reversée au fonctionnement des consulats.

    A titre d’exemple en France, «le budget du ministère des affaires étrangères ne bénéficie que de 50% du produit de la recette des frais de dossiers de demandes de visas, ce qui constitue un progrès par rapport à une période récente où les services des visas ne bénéficiaient pas d’un droit de retour automatique sur les frais de visas». (4)

    Ce montant fiduciaire n’est pourtant que la partie visible du coût exorbitant de la procédure des visas que supportent les pays demandeurs. Sans même faire un calcul économique, on imagine aisément l’énorme gâchis du temps perdu à réunir tous les documents exigés, la gymnastique financière pour se procurer des devises au marché noir et prouver ses moyens de subsistance, les frais de déplacement pour «comparaître personnellement» vers les consulats, la mobilisation solidaire autour du demandeur de visa, l’absentéisme sur les lieux de travail, etc… 

    L’injustice est d’autant plus scandaleuse que les touristes européens qui se rendent par millions dans la plupart des pays afro-arabes ne sont pas soumis à cette obligation du visa. Le voyageur européen peut réserver simplement son billet et son séjour de chez lui par téléphone ou Internet et se rendre directement à l’aéroport, sans perdre une seule seconde à «demander une autorisation de voyager». C’est le cas pour aller dans des pays réceptifs comme la Turquie qui reçoit 25 millions de touristes/an, l’Egypte (10 millions), le Maroc (7 millions), la Tunisie (7 millions) qui n’imposent pas de visa aux européens. 

    Ces pays fortement dépendants de l’activité touristique n’ont jamais pensé à «récupérer» d’une façon ou d’une autre auprès de ces voyageurs l’impôt-visa payé par leurs citoyens. La moindre des décences devrait inciter l’Europe à exempter des frais de visa les ressortissants de ces pays paisibles, hospitaliers et coopératifs. L’Europe richissime devrait aussi penser à restituer cet impôt visa aux Etats pauvres. 

    Ces millions de touristes européens confirment bien l’effet «cocotte-minute» existant dans tous les pays du monde et ce besoin irrésistible de transhumance de tout être humain pour sortir de sa routine quotidienne, aller respirer ailleurs, se ressourcer, prendre du recul pour un nouveau départ. 

    Tous les malheurs de l’émigration clandestine, les décès par noyades, les drames personnels et familiaux, les humiliations devant les consulats n’existeraient pas si les individus pouvaient circuler sans visa en toute légalité simplement avec leurs passeports, aller, revenir, repartir de leurs pays librement sans contraintes. 

    Saâd Lounès 

      (1)    https://dz.visasfrance.org/help.php#insurance_requirement 

    (2)   Programme pluriannuel 2007-2013 de contrôle des frontières terrestres 

    (3)    Elspeth Guild et Didier Bigo, «Le visa: instrument de mise à distance des indésirables», Cultures & Conflits, 49/2003

    (4)    Rapport d’information de l'Assemblée nationale française sur la politique européenne des visas (n° 3764 du 21/02/2007)

    (5)   Rapport de la commission sénatoriale d’enquête sur l’immigration clandestine (n°300 du 6/4/2006)

     

     

     

     

  • Kidal, 49ème wilaya d’Algérie

    «Quand je parle du nord du Mali, c’est comme si je parlais de l’Algérie. Gao, Tessalit et Kidal sont pour moi la dernière wilaya de votre pays», a déclaré le président malien Amadou Toumani Touré au quotidien El Watan. (1)

    Il a joute: «Ce sont des régions très pauvres. Il n’y a pas de routes, de centres de santé, d’écoles, de puits, de structures de base pour la vie quotidienne. En fait, il n’y a rien. Un jeune de cette région n’a aucune chance de pouvoir se marier ou réussir sa vie, sauf peut-être de voler une voiture ou de rejoindre les contrebandiers. Alors, donnons-leur une chance pour qu’ils ne prennent pas les armes. Je n’ai pas manqué de dire à mes amis algériens de ne pas oublier que cette région est une wilaya de votre pays vu les relations étroites qui lient nos deux populations. Il faut qu’il y ait une vaste coopération dans le domaine du développement, qui reste la seule parade contre toutes les menaces… Pour gérer ces menaces, il faut que l’Algérie sache qu’elle a une wilaya de plus qui est Kidal.» (2) 

    Cette étonnante déclaration du président malien n’a suscité aucune réaction d’une classe politique algérienne comateuse, ni aucun commentaire d’une presse qui évoque souvent terrorisme et contrebande dans cette région du Sahel… sans jamais y mettre les pieds.  Il est temps de faire une virée dans cette 49ème Wilaya d’Algérie. 

     Entrée libre au pays Touareg 

    On peut accéder au nord du Mali par trois villes frontalières. Borj Baji Mohktar, Timiaouine et Tinzaouatine distantes chacune de près de 700 kms de Tamanrasset. A part une centaine de kms goudronnée de Tamanrasset à Silet, le reste des parcours est constitué de pistes mal bornées et peu fréquentées dans un désert hostile. En dehors de ces pistes conventionnelles, il n’est pas du tout recommandé de s’aventurer sur les 1376 km de la frontière algéro-malienne héritée de la colonisation, sans aucun «accident géographique», dans le désert du Tanezrouft. (3) 

    La puissance coloniale avait arbitrairement coupé le pays Touareg en fonction des points d’eau, zones de pâturage et tribus. C’est ainsi que des «frontières artificielles et administratives» ont séparé les «territoires de parcours» des Touaregs Ihaggaren et Ajjer pour l’Algérie, des Touaregs des Ifoghas et Azawed au Mali, et ceux de l’Aïr au Niger. (4) 

    En vertu du fait accompli colonial, les Touaregs ont obtenu le droit de traverser librement «les frontières de leur pays». Il est difficile de faire autrement quand on sait que beaucoup d’entre eux n’ont aucun papier d’identité. Alors qu’une grande partie de ceux installés en Algérie se sont fait établir de faux papiers d’identité. C’est ainsi que lorsqu’on approche de la frontière algéro-malienne, on est surpris par la liberté de circulation. Chacun est libre de se présenter ou non aux postes de la police aux frontières ou aux douanes, aussi bien du côté algérien que malien. Lorsqu’on pénètre en territoire malien, on peut même cacheter son passeport dans n’importe quelle ville jusqu’à Gao ou Tombouctou à l’entrée comme à la sortie. On peut même choisir une date selon sa convenance moyennant un supplément. 

    La ville frontalière la plus fréquentée par les personnes et les marchandises est Borj Baji Mokhtar distante de 17kms du village malien de Khalil, creuset de tous les trafics et toutes les transactions à l’abri des regards des autorités qui ferment ostensiblement les yeux. Depuis Khalil on peut accéder aux trois régions du nord Mali à dominante Touareg : Kidal, Gao et Tombouctou. Peuplées essentiellement d’éleveurs nomades Touaregs et Okba-Kounta et de commerçants Maures, ces régions sont de plus en plus envahies par les ethnies noires venant du sud du fleuve Niger, notamment les Sonraï et les Bambara. 

    Tous les Touaregs rencontrés dans les villages de Tessalit, Aguelhok, Kidal affirment : «nous sommes des Algériens». Joignant le geste à la parole, certains exhibent leurs papiers d’identité et les cartes grises de leurs véhicules immatriculés en Algérie. Si on organisait maintenant un référendum d’autodétermination, la majorité voterait pour une intégration à l’Algérie. 

    Lorsqu’on parcourt les 900kms qui relient Borj Baji Mokhtar à Gao en passant par Kidal, c’est comme si on faisait un voyage dans le temps. Ces régions ont 40 ans de retard sur l’Algérie. Pas de route goudronnée, pas de poteaux électriques, des constructions sommaires en terre, etc… 

    L’aveu du président malien ATT est vérifié : le gouvernement malien n’a pratiquement rien fait pour ces régions… et le gouvernement algérien non plus. 

    Tamanrasset entre tourisme et dépotoir commercial 

    Pratiquement toutes les marchandises commercialisées au nord Mali proviennent d’Algérie. Une partie est déclarée à la douane algérienne dans le cadre des échanges par troc ou d’opération d’exportation par «passavant». Mais en raison des tracasseries douanières et du bakchich, la majeure partie des marchandises passe la frontière sans déclaration. En fait, c’est un pourcentage non négligeable de la production nationale qui est exporté. Dans cette immense brousse d’élevage sans agriculture et sans industrie, les produits algériens assurent la survie des populations. L’absence de route goudronnée jusqu’aux frontières a défiguré la ville de Tamanrasset en la transformant en «dernier dépotoir commercial», alors qu’elle est prédestinée à être un haut lieu du tourisme mondial.  Un nombre incalculable de dépôts commerciaux se sont créés pour stocker les marchandises en transit vers le Niger et le Mali. Les commerçants et les éleveurs nomades de ces pays viennent régulièrement s’approvisionner avec leurs camions et Toyota bâchées. 

    Dans le grand projet de la Transsaharienne lancé par Boumediene, seul le goudronnage de la route Tamanrasset-In Guezzam va bientôt être réceptionné. Mais le projet de goudronnage de la route menant à Borj Baji Mokhtar depuis Reggane n’a pas encore été réalisé et celui de Tamanrasset n’est même pas budgété. 

    Pour l’Algérie, il devient urgent et vital d’achever ce projet de Transsaharienne pour créer des comptoirs commerciaux en zone franche à Borj Baji Mokhtar, Timiaouine et In Guezzam afin d’aider au développement du pays Touareg au Mali et au Niger et mettre fin à la rébellion, la contrebande et au terrorisme. (5) 

    Il est historiquement utile de rappeler qu’avant la colonisation, la ville de Tamanrasset n’existait pas. Elle fut crée en 1905 par le
    moine-soldat Charles de Foucauld qui construisit sa chapelle près de l’oued Tamanrasset. Les comptoirs commerciaux entre l’Afrique blanche au nord du Sahara et l’Afrique noire se situaient dans les villes Touaregs de Tombouctou, Gao, Agadez, …. 

    Les walis et la rente du carburant 

    Parmi les marchandises exportées, il y en a une qui fait l’objet d’un trafic insensé organisé par et pour les notables du régime algérien, c’est le carburant qui alimente tout le Nord du Mali. Le carburant de Naftal est fourni par des contrebandiers aux centrales électriques de Tessalit, Agelhok, Kidal, et à une multitude de magasins de détails qui le revendent par jerrycan pour les voitures ou bouteilles pour les motos. Dans toute la région Nord, il n’y a qu’une seule station service à Kidal… fermée la plupart du temps. Les deux «ordonnateurs de la rente» de la fraude de carburant sont les walis d’Adrar, Messaoud Jari et de Tamanrasset, Abderrahmane Boubakar. (6)

    Lorsque Jari était en poste à Tamanrasset, il a bloqué plusieurs projets de stations service qui avaient pourtant obtenu l’agrément du ministère de l’Energie. Deux stations réalisées à In Salah et Tamanrasset et prêtes au service n’ont toujours pas obtenu l’autorisation de vendre le carburant. D’autres attendent toujours la délivrance du permis de construire.  Par contre, Jari a facilité l’ouverture de trois stations à In Guezzam pour un député FLN et le fameux contrebandier Hadj Bettou, ainsi qu’un certain Moulay El Qaïm utilisé comme prête-nom. Lorsque Jari a été muté à Adrar, ce même Moulay El Qaïm l’a suivi pour réaliser deux stations à Borj Baji Mokhtar et au km 400 sur la route de Reggane, et a obtenu l’agrément pour réaliser une 4ème station à Timiaouine. 

    La livraison de carburant dans les wilayas d’Adrar et Tamanrasset s’effectue par convois de la compagnie Naftal une fois par mois. Lorsque les convois démarrent d’Adrar ou d’In Salah, le réseau téléphonique est saturé d’appels et une procession de véhicules chargés de fûts vides démarre du Mali et du Niger. Les deux walis sont tellement préoccupés par la maximisation de la rente du carburant qu’ils ont transformé les chefs de daïra de Borj Baji Mokhtar, Tinzaouatine, In Guezzam en «pompistes» chargés de gérer le quota de carburant qu’ils réservent dans les stations Naftal aux habitants autochtones en leur délivrant des bons de rationnement drastique de 140l/mois. 

    Les stations d’In Guezzam et de Borj ne servent le carburant qu’au «prix rentier», de 10.000 DA le fût de 200l pour le gas-oil, et 12.000 DA pour l’essence, soit 50 à 60 DA/l, alors que le prix à la pompe est de 13.70 DA et 22 DA. Au Mali, le gas-oil est revendu en détail à 100 DA/l, et l’essence à 120 DA/l. La rente du carburant varie donc de 80 à 100 DA, partagée entre les «grossistes» algériens et les revendeurs maliens. Lorsque la population locale proteste, Moulay el Qaïm crie à tue-tête qu’il n’est pas le seul à encaisser et donne même le pourcentage des parts attribuées à chaque dépositaire d’une autorité.

    La récente révolte populaire de Tinzaouatine camouflée par la presse sous prétexte d’immigration clandestine, concernait en fait le rationnement de carburant. Les autorités ont rapidement et discrètement relevé de ses fonctions le chef de daïra trop gourmand. Pour mieux voir l’organisation de la fraude, il suffit de se poster à Khalil où défilent carrément des camions citernes. Le plus gros gestionnaire de ce trafic est un certain Mohamed Ag X, connu de tous les revendeurs jusqu’à Gao. Le nord du Mali est paralysé et sous-développé par la cherté du carburant. Les stations électrique de Tessalit et Agelhok ne fonctionnent que 2h/jour. Celle de Kidal H24, mais à un coût exorbitant, alors qu’elle n’a besoin que de 70.000 litres/mois, soit deux camions citernes. 

    En outre la bouteille de gaz cédée 200 DA sur le marché algérien est revendue 1200 DA au Mali, et jusqu’à 2000 DA en période de tension. La cherté du gaz accentue la désertification en raison de l’utilisation du bois comme combustible. La première question qui se pose est «pourquoi la société Naftal ne livre-t-elle pas le carburant et le gaz directement au Mali?». Le préfet de Kidal et un diplomate algérien répondent : «la demande a été faite du côté malien… mais sans réponse du côté algérien»Effectivement, avec une telle rente qui va directement et si facilement dans les poches des notables du régime algérien, pourquoi en faire profiter Naftal, se soucier du développement du Mali et oeuvrer pour la paix ? 

    Contrebande, fraude, immigration, exode 

    Le sous-développement malien et l’absence totale de coopération économique algérienne poussent les Touaregs à la rébellion, la délinquance et l’exode. Dans un Sahara immense et hostile, personne ne peut s’aventurer sans les guides Touaregs, même les armées. 

    Albert Camus les avait défini ainsi: «Depuis toujours, sur la terre sèche, raclée jusqu'à l'os, de ce pays démesuré, quelques hommes cheminaient sans trêve. Ils ne possédaient rien, mais ne servaient personne. Seigneurs misérables et libres d'un étrange royaume». 

    Autrefois avec les caravanes chamelières et aujourd’hui avec les Toyota 4×4, la relation intime des Touaregs avec le désert est bien étrange. Alors qu’ils n’ont pas été à l’école, ni appris la mécanique nulle part, ils ne craignent pas de tomber en panne. Ils démontent des moteurs, des boîtes à vitesse, des ponts. Certains ont même fabriqué des pièces de rechange en plein désert avec des boîtes de conserve coupées au couteau, forgées à la braise et limées à la pierre. Les sceptiques n’ont qu’à rendre visite aux artisans Maâlmine de Tahagart et Sorro à Tamanrasset pour le constater de visu. 

    Les Touaregs qui ont abandonné l’élevage, à cause des rébellions et des sécheresses à répétition, se sont convertis dans le transport d’immigrés clandestins ou de marchandises prohibées comme la drogue, cigarettes, armes, munitions. Attirés par le gain facile, de nombreux jeunes éleveurs n’ont pas hésité à vendre leurs cheptels pour s’offrir les fameuses Toyota Station qui coûtent 3 millions de DA. On les voit circuler à longueur de journée à Tamanrasset ou Borj Baji Mokhtar en attendant des ordres de livraison et sans s’inquiéter pour le carburant. Les commanditaires de la fraude n’en ont jamais manqué. Dans un tel contexte les jonctions et la collaboration avec des groupes terroristes sont évidentes. 

    Quant aux Touaregs de la région de Kidal qui ne veulent pas exercer d’activités prohibées, ils se résignent les uns après les autres à l’exode vers l’Algérie par familles entières et ce depuis l’indépendance. Une accélération de cet exode a récemment été remarquée depuis l’annonce de deux informations importantes : la réalisation de la conduite d’eau In Salah-Tamanrasset et la découverte d’un méga gisement de gaz à Reggane. Même des notables, las d’attendre une amélioration, émigrent à Tamanrasset pour fuir la rébellion, avoir une meilleure qualité de vie et scolariser leurs enfants. 

    Hama Ag Sid Ahmed, porte-parole de l’Alliance Touareg Niger-Mali (ATNM) confirme : «Nous nous trouvons dans un contexte similaire à celui de 1990 où beaucoup de Touareg se replient sur eux-mêmes et ne croient plus à un changement possible… Le message est simple. Que les populations puissent se rendre compte de l’existence des Etats qui les abritent, par des actions de développement concrètes qui tiennent compte de l’environnement, une prise en compte de l’avenir de leurs enfants.»  (7) 

    Pour les autorités maliennes et algériennes, les solutions sautent pourtant aux yeux. L’arrêt de la rébellion et de l’exode ne peut être obtenu que par une coopération économique étroite, une aide au développement par l’énergie et les travaux publics, et l’instauration d’une zone franche. 

    Quant à la fraude et au terrorisme, une simple saisie des Toyota Station et la coupure des téléphones satellitaires Thuraya suffiront à réduire considérablement leur activité, voire à l’anéantir. Il est d’ailleurs difficile de comprendre comment ces deux «armes de guerre» peuvent encore être commercialisées librement. Certainement une volonté délibérée de nuire à l’Algérie et au Mali. 

    Les prétentions étrangères sur le Sahel n’ont jamais cessé 

    Après la mort de Houari Boumediene en 1978, le seul qui avait encore une stratégie sahélo-saharienne était Mohamed Seddik Benyahia. Il le paiera de sa vie. Alors qu’il était ministre des affaires étrangères en 1981, il fut victime au Mali d'un accident d'avion qui lui causa d'importantes blessures. Moins d'un an après, il ne survivra pas, avec 15 cadres du MAE, à un autre accident lorsque son avion fut abattu par un tir de missile irakien alors qu’il menait une mission de paix entre l'Iran et l'Irak en guerre. 

    Le premier français à avoir défini une conception coloniale Sahélo-Saharienne était le père Charles de Foucauld qui n’avait jamais cessé, entre deux prières, de conseiller les chefs militaires Laperrine et Lyautey sur la meilleure façon de maintenir cette région sous domination française. 

    Placé en sentinelle avancée du grand désert, Foucauld est l’architecte qui a inspiré le dépeçage colonial délibéré du pays Touareg. «Les Touaregs, berbères d’entre les plus fins, sont susceptibles de très rapides et très grands progrès mais à condition qu’on acquière leur confiance, leur affection, leur estime, et par là de l’influence morale sur eux… Il faut faire des Français de nos Africains si on ne veut pas avoir, dans cinquante ou cent ans, une manière de nouveau Japon sur la côte barbaresque» [Lettre à son neveu Charles de Blic - Tamanrasset par In Salah via Biskra, 21 septembre 1912]. (8) 

    Il précise dans une autre correspondance les fondements de la politique coloniale arabo-berbéro-africaine: «Comment nous attacher notre empire africain? En le civilisant. Sans doute, ses éléments si variés, Berbères capables de progrès rapides, Arabes lents au progrès, Nègres divers entre eux, ne peuvent avancer du même pas dans la civilisation». (9) 

    Un des nouveaux maître à penser de la stratégie néo-coloniale se nomme Louis Blin, auteur d’un ouvrage référence au titre explicite : «L’Algérie du Sahara au Sahel» (L’Harmatan-Paris-1990).

    «Sorbonien, arabisant, ayant vécu et enseigné plusieurs années en Algérie, Syrie, Egypte, l’auteur sait de quoi il parle dans ce volumineux ouvrage consacré à l’étude du projet étatique de l’Algérie indépendante à travers la mise en évidence des multiples enjeux liés à la construction de la Route Transsaharienne reliant Alger au Niger et au Mali, via Tamanrasset. Fort bien construit, le livre montre remarquablement la centralité de la «question saharienne» dans l’Algérie indépendante, rappelant opportunément, au passage que, de tous les Etats riverains, ce pays englobe la portion saharienne la plus étendue. Cette centralité, L. Blin la met en évidence aux plans politique, économique et stratégique».  

    Coïncidence ou pas, l’Algérie est entré après la parution de ce livre dans un tragique tourbillon terroriste et le projet transsaharien tomba aux oubliettes. (10) 

    Après avoir été consul général de France à Alexandrie (2003-2005), Louis BLIN exerce aujourd’hui ses talents au Ministère français des Affaires étrangères où il est adjoint au sous-directeur de la sécurité à la Direction des Affaires Stratégiques, de Sécurité et du Désarmement. (11) 

    Négligé par l’Algérie, le Mali comme toute l’Afrique de l’Ouest, se retrouve face à un véritable «chantage au développement» de l’Union Européenne en échange du contrôle de ses frontières extérieures pour freiner l’immigration clandestine. (12) 

    Mais d’autres puissances s’intéressent aux ressources du Mali au point de provoquer une alerte de l’ONU qui dénonce «les risques que font peser les acquisitions de terres à grande échelle sur les populations pauvres d’Afrique». (13) 

    Les potentialités agricoles dont regorge la région de Tombouctou sont énormes et peuvent en faire un grenier du Septentrion, la région nord du Mali. Le système Faguibine représente un important potentiel hydro-agro-sylvo-pastoral : zone lacustre formée de cinq lacs interconnectés d’une superficie totale de 86 000 hectares: lacs Télé et Takara - 13 000 ha - lacs Gouber et Kamango totalisant 20 000 ha et le lac Faguibine d’une superficie de 53 000 ha. 

    D’autres s’intéressent au potentiel énergétique solaire du désert qui peut produire jusqu’à 25% de l’électricité mondiale d’ici 2050. (14) 

    D’autres encore n’hésitent pas à piller les meilleurs spécimens du cheptel camelin. «Il n'y avait en 1976 à El Ayoun que 3.000 têtes contre 85.000 aujourd'hui. Le chiffre total au Maroc est de 190.000 têtes dont plus 85% se trouvent au Sahara occidental» (15) 

    Les dromadaires sont payés trois fois leur prix lorsqu'ils sont convoyés jusqu'au Maroc. D'autres partent en direction des pays du Golfe.

    Le président malien Amadou Toumani Toure et son gouvernement attendent que le gouvernement, les investisseurs et les journalistes algériens leur rendent visite. Ils préparent depuis longtemps un sommet «Réunion pour la paix et le développement» à Bamako.  «J’avoue que nous avons voulu attendre après l’élection présidentielle en Algérie… Tout est prêt, nous n’attendons que la réponse du président Bouteflika dont la présence à ce sommet est capitale.» (1)

    Saâd Lounès 

    14 juin 2009

    (1)     El Watan du 25 et 26-04-2009  http://www.temoust.org/spip.php?article10307

    (2)     Carte des Régions du Mali

    (3)     Histoire des frontières algériennes 

    (4)     Carte des Tribus Touaregs 

              Carte du Pays Touareg 

    (5)     La Route Transsaharienne 

              Echanges Commerciaux par la Route Transsaharienne 

    (6)     Photo des walis d’Adrar et Tamanrasset 

    (7)     El Watan du 9-9-07 http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=75826 

    (8)     André Bourgeot (CNRS) : «Espace géostratégique et enjeux politiques» 

    (9)     Emmanuel Grégoire et Jean Schmitz «Monde arabe et Afrique noire: permanences et nouveaux liens» 

    (10)     Synthèse du livre dans cette étude de Yaël Kouzmine : «Les réseaux de transport au Sahara, étapes d’une intégration territoriale pour un développement régional» 

    (11)  CV de Louis BLIN http://www.cedej.org.eg/article.php3?id_article=419 

    (12)  Ali Bensaâd 

    ·         Les migrations transsahariennes, une mondialisation par la marge 

    ·         Les Migrations subsahariennes en Algérie 

    (13)  La ruée des investisseurs étrangers vers les terres arables est une tendance lourde du continent africain, constate une étude publiée hier par l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), à la demande de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Fonds international pour le développement agricole (Fida). Depuis 2004, 2,49 millions d’hectares y ont fait l’objet de transactions - concessions ou ventes. Des investissements étrangers en majorité, publics - venant de Chine et des Etats du Golfe -mais aussi privés. Et la tendance devrait se confirmer. «Les motivations sont multiples, estime Paul Mathieu, expert à la FAO. L’insécurité alimentaire, les mécanismes financiers destinés à encourager le stockage du carbone, les biocarburants et la recherche d’opportunités de placements plus stables que les marchés financiers alimentent les anticipations d’augmentation de la valeur des terres.» A Madagascar, la ruée sur les terres agricoles a aidé Andry Rajoelina à accéder au pouvoir. Le vaste contrat concédé au sud-coréen Daewoo Logistics en vue d’exploiter la
    moitié des terres arables du pays avait attisé les protestations à l’encontre de l’ancien président Marc Ravalomanana. 

    (14)  Des centrales thermiques solaires peuvent fournir un tel rendement énergétique en utilisant des miroirs qui concentrent la lumière. “Les centrales électriques solaires sont la prochaine grande étape dans l’énergie renouvelable”, selon l’étude menée par Greenpeace, l’Association européenne d’électricité solaire thermique (ESTELA) et le groupe Solar PACES de l’Agence internationale de l’énergie. Le solaire à concentration utilise des centaines de miroirs ou lentilles pour concentrer l’énergie solaire à des températures comprises entre 400 et 1000 degrés Celsius, ce qui permet de faire fonctionner une centrale électrique. Cette technologie est adaptée aux régions chaudes et sans nuages comme le Sahara et le Proche-Orient. 

    (15)  http://transsahara.blogspot.com/2007/07/camelodrome.html 

  • OPINION : "Défendre l’Egypte équivaut à défendre l’intégrisme"

    iposte de l’auteur de « Tonton Smaïl veille ») 

    Dès sa parution, cette contribution a eu l’enseigne honneur de donner naissance à deux articles (apportant la contradiction) rédigés par  Djaouida H. et « Twiger ». Les deux textes ont en commun l’anonymat des auteurs et la confusion des idées.

    1)  « L’article de Boudjemâa Tirchi […]  et les commentaires endiablés qui ont suivi, résument parfaitement le niveau de déculturation qui a été organisée sur l’opinion algérienne mais aussi et surtout le niveau d’hypocrisie incroyable qui nous frappe. »

    Cette phrase de Djaouida H. reflète la mentalité de son auteur.

    En effet, le texte de cette personne fait un amalgame entre des rencontres de football et un salon du livre, d’une part ;  des khobziztes du pouvoir et des hommes libres, d’autre part.

    Essayons de voir un peu plus claire dans cette « tchaktchouka » (ratatouille) nationale.

    - Les rencontres officielles de football entre les nations ressemblent dans une certaine mesure aux guerres. Refuser de combattre relève de la lâcheté, sans compter les punitions de la Fifa. Donc, accepter la confrontation avec des équipes égyptiennes est un DEVOIR. Les battre trois fois et les tenir en échec au Caire, à 10 contre onze, devant 80 000 spectateurs est une humiliation suprême dont ils se souviendront longtemps. En revanche, cette performance footballistique (réalisée avec le « nif » national) représente une immense fierté pour la majorité des Algériens.

    - Inviter une nation au Salon du livre (ou quelqu’un chez-soi) est un signe d’AMITIÉ. Les Egyptiens méritent-ils notre amitié après les torrents de haine déversés sur notre pays par l’écrasante majorité d’entre eux (petit peuple, artistes, intellectuels, officiels, etc.) ?

    - La délégation d’IsmaÏlia fut reçue avec des fleurs et des tbablas à Tizi Ouzou par des khobziztes du pouvoir et non pas par la population locale. D’ailleurs, les Egyptiens ont accompli la prière de l’Aïd cloîtrés dans leur hôtel et non pas à la mosquée de la ville, de peur d’être « fraternellement embrassés » par les autochtones. Par ailleurs, la protection de la délégation égyptienne est une obligation pour notre pays, c’est seulement l’excès de courbettes qui est condamnable (d’ailleurs, si cette personne prend la peine de relire calmement la contribution qu’elle critique, elle se rendra compte que la conduite servile des deux big boss [ESS et JSK] fut condamnée). Pour le supporter ou l’étudiant lynché au Caire, celui-ci ne risque pas de reconnaître son agresseur couvert de fleur au son des tbablas, car il sera tenu éloigné de ce carnaval « fi tamourt » organisé par les officiels et autres adeptes de la brosse. Par contre, au Salon du livre, les agresseurs égyptiens seront mêlés au public algérien : alors, bonjour les dégâts...

    - L’auteur de « Tonton Smaïl veille ». (un Algérien de milieu populaire) n’a pas attendu l’affaire du Sila, ni M. Ameziane, qu’il ne connaît pas, pour répondre à l’appel du devoir : rappelons qu’il a rédigé « Répliques aux Egyptiens le 20/10/2009). Alors que pendant toute la durée de la guerre médiatique, les officiels, les khobsistes, la famille dite « révolutionnaire » et les chefs de partis (pouvoir et oppositions) ont gardé un silence coupable. Si les « intellectuels » étaient pendant ces temps là sur une autre planète, ils n’ont qu’à se prendre à eux-mêmes, mais de grâce, aujourd’hui qu’ils nous lâchent les baskets. Quant à ceux qui ont pris la responsabilité de s’engager dans ce conflit, ils l’ont fait pour exaucer le vœux des martyrs, matérialisé par cette phrase de Didouche Mourad : « Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires ! »

    En revanche, quelles sont les motivations qui excitent le « groupe d’intellectuels »,  ces fausses vierges effarouchées devant l’interdiction de la littérature égyptienne au Sila ? 

    2) Le titre de « On nous isole [interdiction du Sila], puis on nous abandonne à l’intégrisme » est contradictoire, car l’Egypte est la mère de l’intégrisme et d’autres malheurs de l’Algérie. Rappelons les faits :

    - 1962. Coup d’Etat contre le GPRA commis par les planqués de la révolution (Benbella, armée des frontières et autres opportunistes dont des harkis), grâce à l’aide de Nasser.

    - Envoi des oustaz-cordonniers qui ont abrutis les Algériens par une arabisation au rabais.

    - Débarquement des « frères musulmans » et autres « douktours » qui ont formé nos enfants pour les transformer en terroristes sanguinaires.

    - Etc.

    Défendre l’Egypte équivaut à défendre l’intégrisme, idem pour la littérature de ce pays qui est dans sa presque intégralité intégriste.

    Donc, madame ou monsieur « Twiger », soyez logique : soit vous êtes une (un) intégriste, alors assumez franchement vos choix qui sont respectables, même s’il faut les combattre. Dans le cas contraire,  mettez un peu d’ordre dans vos idées pour ne pas écrire des sottises.

    Quant à cette phrase : « On vous croise souvent, allant chercher vos visas des pays que vous insultez. Fakou! » - ancien émigré, l’auteur a vécu 15 ans en France et un an en Arabie saoudite, mais depuis 1985, il n’a pas quitté le pays. Encore une fois, Twiger est à coté de ses pompes !

    Cordialement et sans rancune.

    Boudjema Tirchi

  • Le gouvernement algérien compromet-il les investissements étrangers ? PREMIERE PARTIE : LA CONFUSION

    Du fait des interactions   entre le politique et l’économique  en Algérie , bien qu’avec l’internationalisation  des flux réels et financiers portés par les   firmes  transnationales,  l’analyse  en termes d’Etats Nations  devant être atténuée   , la portée   de l’extension ou de la limitation de l’investissement étranger ne saurait se comprendre sans  analyser   les rivalités entre  les USA ,  l’Europe avec un rôle particulier pour la France pour des raisons historiques ,   la Russie et la Chine  de plus en plus présente en Algérie. Le rôle dynamisant  ou bloquant  des acteurs internes et externes  dialectiquement lié ne saurait être occulté. Pourtant, je  me limiterai  à l’analyse économique.

    1-Mesures  concernant  le secteur étranger : BTPH-services-industries

    Outre que pour toute soumission  des investisseurs étrangers, la préférence nationale a été portée  de 15 à 25% selon le  nouveau code des marchés comme analysé précédemment,   signifiant que même si le cout est  25% plus cher pur la réalisation de tout projet  , la priorité  sera donnée  à l’entreprise algérienne , pour le commerce,  la loi de finances complémentaire 2009 prévoit  pour le commerce 30% au maximum pour les étrangers et 70% pour les nationaux  et que pour l’agriculture la nouvelle loi foncière 2010 restreint  presque toute  activé pour les étrangers. Concernant l’encadrement de l’investissement étranger dans les services, BTPH  et  industries y compris els hydrocarbures le privé étranger doit avoir au maximum 49% et le local 51%  Par ailleurs,  l’Etat algérien   a introduit des changements  entendant  faire prévaloir le droit de  préemption et  que «toute transaction qui ne respecte pas les dispositions légales ne sera pas avalisée par les pouvoirs publics et sera déclarée nulle et sans effet »invoquant  l’article 62 de la loi de finances complémentaire de 2009 qui stipule que «l'Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d'un droit de préemption sur toutes les cessions de participations des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers». Le  texte législatif stipule que l’effet rétroactif de la règle 51% et de 49% est susceptible d’être généralisée pour les opérateurs étrangers ayant investi en Algérie avant 2009. En vertu des dispositions de la loi de finances complémentaire 2010, toute augmentation ou modification de la structure de capital, et tout accroissement du nombre d’actionnaires de la part des entreprises étrangères détenant plus de 51 % des actions, seront contraintes de recevoir un ou plusieurs actionnaires des entreprises nationales à raison de 51% du capital. D’autres dispositions sont également prévues comme l’introduction  dans les cahiers des charges des appels d'offres internationaux d’un engagement de l'entreprise étrangère soumissionnaire, que  pour obtenir des contrats publics, les groupes étrangers devront dans l’avenir s’engager à investir en Algérie dans le cadre d’un partenariat avec une entreprise locale, les cahiers des charges des appels d’offres internationaux  devant  prévoir l’obligation, pour les soumissionnaires étrangers, d’investir dans le cadre d’un partenariat, dans le même domaine d’activité, avec une entreprise de droit algérien, dont le capital est détenu majoritairement par des nationaux résidents , à ne pas pratiquer la corruption et  à  se conformer aux lois algériennes en vigueur.  La vente des participations des étrangers dans les sociétés algériennes rentrant dans le cade du droit de préemption  au profit  de l’Etat, introduit dans la loi de finances complémentaire 2009,  la  cession de participations détenues par des étrangers ou au profit d’étrangers en Algérie sera subordonnée à la délivrance d'une attestation délivrée par le authentifiée par le notaire. En cas de délivrance de l'attestation, l'Etat conserve  le droit d'exercice du droit de préemption tel que prévu par le code d'enregistrement en cas d'insuffisance du prix . Et  selon l’agence Reuters en date du 20 juillet 2010,  les étrangers qui voudront vendre les actions qu'ils détiennent de groupes algériens devront faire fixer leur prix de vente par un expert algérien et non pas par le marché. Comme il ya lieu de signaler qu’en cas de cession  se pose le problème de l’application des dispositions de la loi de finances  2009 qui stipule  un taux d’imposition  à 20% du taux de l’IRG applicable  aux plus values de cession de la partie étrangère (article 47 Loi de finances 2009), ainsi   qu’un contrôle plus rigoureux des transferts de capitaux à travers la nouvelle réglementation des changes.

    2- Extension des mesures de limitation de l’apport étranger   aux banques

    Lors du Conseil des Ministres du 25 aout 2010, ces mesures ont été étendues aux banques étrangères complétant l'ordonnance n° 03-11 du 26 Août 2003, relative à la monnaie et au crédit.  Il s’agit en  premier lieu, mettre à jour les missions de la Banque d'Algérie par rapport aux progrès découlant de la modernisation du système financier, en la chargeant de veiller à l'efficacité des systèmes de paiements et d'émettre les règles les régissant, et en la mandatant pour garantir la sécurité des moyens de paiements autre que la monnaie fiduciaire . En second lieu, renforcer la sécurité et la solidité du système bancaire, par un suivi plus rapproché des banques y compris privées, pour s'assurer de la sauvegarde des intérêts de leur clientèle, et de la préservation de la stabilité monétaire et financière du pays. A ce titre, la Banque d'Algérie est habilitée notamment à demander aux banques et établissements financiers, toute information requise pour l'établissement de la balance des paiements du pays et de sa position financière, cela concernant particulièrement les mouvements de capitaux réalisés vers l'extérieur  et à  limiter les opérations réalisées par les banques et établissements financiers. En troisième lieu, les nouvelles dispositions prévoit d’intensifier la lutte contre toute fraude ou malversation dans les opérations réalisées par les banques et établissements financiers étrangers, notamment en  ajoutant le délit de corruption aux motifs de prohibition de l'exercice de la fonction bancaire , mandatant   l'Institution monétaire à promulguer des règles de bonne conduite et de déontologie applicables aux banques et établissements financiers. En vue de renforcer la transparence dans les activités bancaires, l'Etat détiendra une action spécifique dans le capital des banques et établissements financiers à capitaux privés, grâce à laquelle il sera représenté dans leurs organes sociaux sans droit de vote.  En quatrième lieu, il ya confirmation de  l'application aux banques et établissements financiers de la législation nationale en matière d'investissements étrangers. Ainsi il est prévu que   toute   future  ouverture  de  banque  ou  d'établissement  financier  par  un investisseur étranger sera conditionnée par la détention de 51% du capital par des actionnaires nationaux et  en cas de cession d'une banque ou d'un établissement financier dont le capital est étranger, l'Etat jouit d'un droit de préemption ; enfin  toute cession d'actions d'une banque ou d'un établissement  financier devra  être  préalablement  autorisée  par  la  Banque d'Algérie. Par ailleurs, certainement suite au rapport de la banque d’Algérie ( 2009), concernant  le taux de profitabilité des banques étrangères  a   été  d'environ 28%   pour l’année 2008 (récupération du capital avancé   d'environ trois années )  encore que ce taux a été ramené  2009 à  une moyenne  de 24% alors que pour le cas de l'Europe  le taux de profitabilité  bancaire est d'environ 12% et pour la Tunisie et le Maroc, il est de 15%. ,  les nouvelles dispositions contenues dans la loi  de  finances  complémentaire 2010 annoncent  que    hors  secteur des hydrocarbures,  des activités peuvent être soumis à une taxe forfaitaire   assise sur les marges exceptionnelles d’un taux qui varie de 30% à 80 , élargissant ainsi  les dispositions qui étaient appliquées au niveau  du secteur  des hydrocarbures.

    .3- Ces mesures permettront –elles de relancer  l’outil de production ?

    Si ces mesures permettent de relancer  l’outil de production, cela serait une bonne chose mais dans un environnement concurrentiel,  se renforcer sur soi étant  une utopie néfaste. L’ex ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements  en 2009 se proposait  de  créer « treize champions nationaux » implantés dans des secteurs aussi divers que la pétrochimie, la pharmacie, la sidérurgie ou le transport aérien, qui devaient  naître de la fusion de plusieurs entreprises d'un même secteur, publiques ou privées, y compris des PME. Or, pour faire face à la concurrence,  en n’oubliant jamais que l’élément déterminant est la demande  et non pas seulement l’offre vision mécanique de l’ancienne culture  bureaucratique afin  de  repositionner l’Algérie  dans le marché mondial,  l’on ne devrait  pas se limiter  seulement au simple  dispositif législatif. L’action concrète et surtout réaliste devrait concerner  l’élaboration de la stratégie des filières,  déterminer les filiales, les moyens et les instruments pour ces filiales, le rôle de l’Etat, du secteur public, privé, les services publics et faire des efforts dans la formation et la  recherche développement. Or, le document portant stratégie industrielle  n'a pas donné de calendrier précis pour le lancement de ces nouveaux fleurons ni précisé les moyens dont ils disposeront. Par ailleurs, si la mesure de taxation des surprofits , en principe, est  possible pour certains produits des banques et  au niveau des  hydrocarbures à l état brut et semi brut , non pas pour les produits finis, cela est rendu plus difficile, voire impossible ,  pour les  autres secteurs  dont le taux de profit est très fluctuant  au niveau du marché  international qui devrait être la référence. Aussi, le risque  avec la faiblesse  de la  de régulation  et de la planification stratégique d’ensemble,  de  compétences  est d’aboutir à des actions  bureaucratiques et à des marchandages, facteur de corruption. En outre, les  mesures de rachat par l’Etat algérien avec droit de préemption posent  problème   lorsqu’une  société est cotée en bourse et  qu’elle cède  non pas  la totalité mais  des ventes d’actions partiellement,  pratique  quotidienne  au niveau des bourses mondiales où s’échangent chaque jour des centaines de milliards de dollars  (fusion et cession des grandes compagnies) , qui est d’ailleurs  le  principe fondamental du fonctionnement de l’économie mondiale. Bien que le segment télécommunication soit régi par une loi spécifique promulguée avant les lois de finances 2009/2010, le  conflit entre l’opérateur égyptien Orascom Télécom  et le gouvernement  algérien depuis plus d’une année  en est la démonstration. En principe une loi  est rarement rétroactive sauf si elle est plus avantageuse que l’ancienne, principe du droit international. Et comment ne pas rappeler le litige entre l’Algérie et la commission européenne concernant  la promulgation du décret par le premier ministre en mai 2009 postulant la rétroactivité  pour le commerce   et l’abrogation de ce  décret par le même premier ministre   en septembre 2009, créant une véritable cacophonie au sein du monde des affaires. Cela  posera  d’ailleurs le même problème  pour les autres secteurs où le privé international a investi  avant la promulgation  de la loi de finances 2009, à l’instar  de l'entrée du groupe français Lafarge dans les cimenteries algériennes ayant racheté les parts d’Orascom, cette dernière ayant  réalisé  une importante plus value mais  dont la responsabilité  entière du préjudice  financier subi par l’Algérie  relève du Ministère  de la promotion  de l’investissement qui a mal négocié et non Orascom et  Lafarge  qui n’ont  fait qu’appliquer la pratique commerciale légale en droit des affaires. Comme se pose cette question, comment rendre opératoire, avec le risque  de faire fuir  le peu d’investisseurs potentiels nationaux ou étrangers en cas d’un  contrôle bureaucratique  , la décision toujours prises  en conseil des Ministres  du 25 aout 2010   que l'Etat a le droit de «procéder à la reprise des actifs publics cédés dans le cadre des opérations de privatisation, dans le cas où le repreneur ne s'acquitte pas de ses obligations, notamment de paiement ,   sur les avantages concédés et les engagements pris initialement par les repreneurs  pour non   respect  du cahier des charges.

    Aussi convient-il   de se demander si ces mesures sont   opérantes?  Les  contraintes internationales sont toujours là : l’innovation interne  est faible,  SNVI et la plupart des entreprises publiques  et privées fonctionnent avec des inputs importés la  dispense de l'obligation de recours au crédit documentaire pour les petites et moyennes entreprises (PME) important des pièces détachées ou des intrants, dans la limite de 02 millions DA par an, ne concernant pas  l’importation des  matières premières  ce qui est essentiel pour les entreprises publiques et privées dans leur majorité,  l’informel produit de la bureaucratie risquant de s’étendre avec des réseaux informels. C’est que  l'Algérie semble avoir du chemin à faire pour pénétrer dans les arcanes de cette nouvelle économie. Dans  la pratique des affaires tant  locales  et surtout  internationales et les différentes réévaluations  des projets dans tous les secteurs  avec les partenaires  montrent clairement qu’il ne suffit pas  de signer un contrat  sans maturation   mais  de bien  suivre son cheminement ,impliquant  un management stratégique et une moralité sans faille des négociateurs.  Le problème posé après toutes ces mesures est donc le suivant : l’Algérie et –elle caractérisée par une bonne gouvernance,  un bon management stratégique des entreprises  et une amélioration du climat des affaires loin de la vision de l’unique   dépense monétaire ? Les entreprises locales profiteront –elles de cette situation  de rente pour pousser  à une meilleure intégration   et  combien d’entreprises publiques et privées locales ont –elles des laboratoires de recherche appliquée digne de ce nom y compris Sonatrach ?  Et cette innovation ne suppose t- elle  pas à un environnement assaini  et  un renversement des échelles de valeurs récompensant le travail et l’intelligence, loin de simples mesures monétaires et d’une distribution passive de la rente?


    Docteur Abderrahmane MEBTOUL- Docteur d’ Etat (1974)  Professeur d’ Université en management stratégique Expert International

     

  • Selon le classement du Nouvel obs : le livre « Notre ami Bouteflika » dans les 25 meilleures ventes en France

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    Le livre « Notre ami Bouteflika » (Editions Riveneuve),  ouvrage collectif coordonné par Mohamed Benchicou, se classe parmi les  25 meilleures ventes en France dans la catégorie des essais, selon le palmarès " Les livres star" élaboré par l'hebdomadaire " Le Nouvel observateur" et Virgin Megastore. Il figure aux côtés, entre autres, des "Mémoires" de Tony Blair, " Le dernier mort de Mitterrand" de Raphaëlle Bacqué, " C'est une chose étrange à la fin que  le monde" de Jean d'Ormesson,  l'ouvrage " De Hamas aux services secrets israéliens" de Mosab Hassan Yousef ou "Une histoire politique des intellectuels" d'Alain Minc.
    Dans ce même palmarès, on trouve " Histoire secrète du pétrole algérien" de Hocine Malti (La Découverte)
    « Notre ami Bouteflika » qui vient de paraître en France et au Canada, et qui complète la trilogie maghrébine « Notre ami le Roi » de Gilles Perrault et « Notre ami Ben Ali » de Nicolas Beau, est un ouvrage collectif coordonné par Mohamed Benchicou avec la participation d'Abdelaziz Rahabi (ancien ministre de la Culture et de la Communication), Djilali Hadjadj, (président de l‘Association de lutte contre la corruption en Algérie), Ali Yahia Abdenour (président d’honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme), Keltoum Zinou (veuve de journaliste assassiné par les terroristes), Fayçal Métaoui, (journaliste à El Watan), Zouani Houria (mère d’une victime du terrorisme), Mustapha Hammouche (chroniqueur du quotidien Liberté), Hassan Zerrouky (Journaliste au quotidien l’Humanité). Les dessins sont assurés par Le Hic, dessinateur à El Watan.

    L.M.

  • Les ports du continent inquiets du sort de DP World

    Le groupe est implanté à Djibouti (photo), en Égypte, au Mozambique, au Sénégal et en Algérie. Le groupe est implanté à Djibouti (photo), en Égypte, au Mozambique, au Sénégal et en Algérie. © D.R.

    Les activités africaines de l’opérateur émirati, DP World, pourraient être affectées par la restructuration de sa maison mère.

    La nouvelle a surpris plus d’un analyste. Dubai World, le fonds souverain de Dubaï, envisage de vendre ses meilleurs actifs, pour un montant qui pourrait atteindre 15,3 milliards d’euros. Il faut dire que son endettement – 31 milliards d’euros – dépasse toutes les estimations communiquées fin 2009.

    Il pourrait céder notamment Dubai Port World (DP World), dont il détient 77 % du capital et qui, jusque-là, faisait figure de joyau intouchable. Véritable cash machine, l’opérateur portuaire a bien résisté à la crise : son chiffre d’affaires affiche une hausse de 10 % au premier semestre 2010 (1,2 milliard d’euros), pour un profit net de 168 millions d’euros (+ 17 %).

    Rassurer les créanciers

    Présent dans 31 pays avec 50 terminaux, DP World a en une décennie connu une croissance importante, au point d’occuper aujourd’hui la troisième position mondiale (6,7 % de part de marché), derrière le singapourien PSA International (9,5 %) et le groupe Hutchison Port Holdings (6,8 %), coté à Hong Kong. En janvier, son PDG, Mohammad Sharaf, assurait que la compagnie présentait « une situation financière solide et assez de trésorerie pour poursuivre son développement ». Personne n’imaginait alors que la situation de la maison mère pourrait contrarier ses projets.

    Pour certains observateurs, l’annonce faite par Dubai World ne serait qu’une manœuvre destinée à rassurer ses créanciers. Planifiée pour 2016, la vente de DP World serait abandonnée si le fonds souverain parvenait entre-temps à rétablir son équilibre. « Dans le pire des scénarios, il conservera la majorité du capital », prédit un analyste basé à Dubaï, cité par Reuters. Une option que privilégie aussi Bara Sady, patron du Port automne de Dakar (PAD), exploité depuis 2008 par DP World.

    Cependant, d’autres experts du transport maritime envisagent une « vente par appartements » des ports que gère le groupe. Si celle-ci ne concernerait pas le hub dubaïote, les ports africains pourraient en faire les frais, notamment parce qu’ils présentent des volumes encore modestes mais réclament des investissements importants pour se développer.

    Sur le continent, la compagnie s’est implantée dans cinq pays : à Djibouti en 2000, puis, à partir de 2006, en Égypte (Sokhna), au Mozambique (Maputo), au Sénégal (Dakar) et en Algérie (Alger et Djen-Djen). « DP World a su, par son identité et sa capacité financière, aller chercher des marchés difficiles dans les pays émergents », explique Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime.

    Quel repreneur ?

    Pour la reprise des activités africaines de DP World, « Bolloré fait figure de favori, sauf en Algérie, où le contexte politique est compliqué », estime un opérateur présent en Afrique centrale. « Nous n’avons aucun contact avec DP World, précise Olivier de Noray, directeur ports et terminaux de Bolloré. Une telle discussion ne pourrait avoir lieu sans l’accord des pays concernés. » Les compagnies maritimes (Maersk, MSC…) pourraient aussi être intéressées, même si la crise a beaucoup réduit leurs capacités d’investissement.

    À Dakar, l’annonce du possible retrait de DP World jette le trouble sur une collaboration avec le PAD, jusqu’alors présentée comme idyllique. « DP World a respecté tous ses engagements », assure Bara Sady. Reste à mesurer l’effet de l’annonce de Dubai World sur la stratégie du gestionnaire portuaire. En 2012, celui-ci doit livrer un nouveau terminal dont le coût est évalué à 390 millions d’euros.

    Même incertitude en Algérie où, fin 2008, il avait annoncé 83 millions d’euros d’investissement dans les quatre ans. Enfin, à Djibouti, l’inquiétude est double : elle porte sur le port mais aussi sur la zone franche attenante, dont la gestion a été confiée à Jafza, une autre filiale de Dubai World menacée de cession.

    Sur le même sujet
  • L'AQMI et le cinéma

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    En matière de terrorisme, où commence et où finit le cinéma ? C'est la semaine où le film "Des Hommes et des Dieux», avec Lambert Wilson et Michael Lonsdale, qui retrace la tragédie des moines de Tibéhirine enlevés et assassinés en Algérie en 1996, a passé le cap du million d'entrées que les Français ont décidé de se poser la question. Il faut dire que le renseignement fourni par Alger sur une femme voulant mener un attentat kamikaze à Paris, et qui a mobilisé dernièrement les services de sécurité français, s'est avéré finalement être un gag, et le directeur général de la Police nationale, Frédéric Péchenard, n'a que très modérément apprécié la plaisanterie.  «On m’a réveillé à 1h30 du matin, le 16 septembre, pour m’informer du renseignement d’un service ami sur un projet d’attentat à Paris le jour même. Nous avons pris toutes les mesures de vigilance accrues dans les lieux publics, les gares et aéroports. Evidemment, cette menace a perdu de sa crédibilité dans la mesure où il ne s’est rien passé», admet-il, un peu amer. Oui mais le cinéma a eu ses heures de gloire, avec le numéro surfait de Brice Hortefeux cherchant à persuader les Français de "l'imminence d'une attaque terroriste". Hortefeux qui aurait prolongé la parodie à Bamako où il aurait été le brillant auteur d'un lapsus pour le moins embarassant, si l'on en croit les informations de L'Express. En voulant rendre hommage au président Amadou Toumani Touré, le ministre de l'Intérieur l'aurait appelé par erreur "Sékou Touré", du nom de l'ancien dictateur guinéen.
    En attendant, dans le vrai cinéma, «Des Hommes et des Dieux» devance «The Town», avec Ben Affleck en braqueur de banques.
    Les gens préfèrent, finalement, le vrai cinéma.

    G.L.

  • no moment

  • Russie: manifestation contre le maire de Moscou et le système Poutine

    Plusieurs centaines de personnes ont dénoncé samedi à Moscou le régime de l'homme fort du pays Vladimir Poutine et réclamé le retour à l'élection directe des chefs des régions, sur fond de rumeurs faisant état du départ imminent du maire de la capitale Iouri Loujkov.

    Plusieurs centaines de personnes ont dénoncé samedi à Moscou le régime de...

    Plusieurs centaines de personnes ont dénoncé samedi à Moscou le régime de l'homme fort du pays Vladimir Poutine et réclamé le retour à l'élection directe des chefs des régions, sur fond de rumeurs faisant état du départ imminent du maire de la capitale Iouri Loujkov.
    Fait rarissime, la manifestation convoquée par l'opposition libérale place Bolotnaïa, sur les bords de la Moskova, près du Kremlin, a reçu le feu vert des autorités, qui dispersent généralement sans ménagement ce genre de rassemblement.
    "Pour l'élection libre d'un nouveau maire !", "Non à la censure !", "Juges, procureurs et flics corrompus au banc des accusés !", clamaient-ils sur leurs affiches.
    "Cela faisait longtemps qu'il fallait limoger Loujkov, comme les deux tiers des gouverneurs voleurs. Mais il ne faut pas remplacer un voleur par un autre, nous avons besoin d'un mécanisme pour contrôler le pouvoir", a déclaré Vladimir Ryjkov, ancien député indépendant.
    L'élection des gouverneurs russes au suffrage direct a été supprimée en 2004 par Vladimir Poutine après la sanglante prise d'otages à Beslan (Caucase russe), officiellement pour améliorer la gestion du pays et lutter contre le terrorisme.
    Iouri Loujkov, maire de Moscou depuis 1992, est le dernier des poids lourds de la scène politiquye russe à diriger une entité territoriale de la Fédération de Russie, le Kremlin s'étant débarrassé ces derniers mois des gouverneurs influents dans plusieurs régions russes stratégiques.
    Les organisateurs ont profité du rassemblement pour critiquer le régime russe.
    "Ils ont étouffé les médias indépendants, il n'y a qu'un point de vue et il y a plus de Poutine à la télévision que de (Léonid) Brejnev à l'époque" de la "stagnation", du temps de l'URSS, a lancé Vladimir Milov, opposant libéral et ancien vice-ministre de l'Energie.
    "Le Parlement est soumis et la corruption a été multipliée par dix sous Poutine", président de Russie entre 2000 et 2008 et actuel Premier ministre, a-t-il poursuivi.
    "On dit que Loujkov sera démis de ses fonctions lundi (...) Ce sera une autre bande qui va voler à Moscou", a conclu M. Milov.

    AFP
  • Affrontements violents à la Casbah

    lyre_107842_465x348.jpg C’est un après-midi mouvementé qui a ébranlé la Casbah  ce samedi 25 septembre. Des affrontements violents ont éclaté entre des centaines de jeunes et des policiers.

    Une bagarre générale entre force de l’ordre et des jeunes vendeurs de la rue de la Lyre a embrasé toute la Casbah. Les affrontements ont éclaté vers les coups de 13 h lorsque des policiers ont procédé à l'arrestation de plusieurs jeunes vendeurs clandestins.

    Mais ces interventions ont rencontré de vives résistances de la part des jeunes de la rue de la Lyre. Des lors, une bagarre éclate et se transforme en émeute n’était-ce l’intervention musclée des "casques bleus".  Malheureusement, un policier a été carrément lynché par les jeunes en furie et plusieurs blessés ont été déplorés de part et d'autre au cours de ces affrontements.

    A l’origine de ces soudaines violences, la suppression du marché informel de la rue de la Lyre qui était durant des années un bazar à ciel ouvert où tout était proposé à la vente. Ce marché qui attirait toutes les bourses modestes d’Alger a été supprimé par les autorités publiques juste après l’Aid et les jeunes vendeurs n’ont plus le droit d’étaler quoi que ce soit sur les trottoirs.

    Une interdiction qui n’a nullement été du goût des ces jeunes vendeurs. Pour le faire savoir, ils se sont révoltés contre cette décision qui leur semble "injuste". "Qu’on nous affecte à un autre lieu pour continuer à exercer notre activité. De quoi nous allons vivre si on nous pourchasse. Nous avons des familles à faire nourrir", s’écrient-ils en menaçant de recourir à l’émeute si la wilaya d’Alger persiste à les ignorer.     

    Pour l'heure, aucune solution n'a été avancée par les pouvoirs publics pour calmer les esprits et ramener la sérénité à la Casbah. D'autre part, plusieurs quartiers d'Alger sont en ébullition depuis que de nombreux marchés informels ont été supprimés. C'est dire donc que  l'atmosphère est réellement explosive à Alger. Les frustrations et les rancunes se lisent sur les visages de ces jeunes désoeuvrés qui cherchent à sortir de l'ornière du chômage et de la misère sociale.  
    Abderrahmane Semmar

  • Khalifa, Ouyahia et la DGSE

     

        

    la crise mondiale innocente Khalifa et accable Ouyahia et la DGSE

    La crise financière pourrait coûter aux banques entre 2800 à 3600 milliards de dollars, selon des estimations contradictoires des pertes et dépréciations d’actifs dues aux «crédits toxiques». Les banques américaines, soutenues par celles du reste du monde, ont largement dépassé les limites du relâchement des normes prudentielles de crédit jusqu’à se retrouver aux portes de la faillite. Elles ont entraîné dans leur chute les maisons d’assurance, chargées de couvrir l’insolvabilité des emprunteurs, et les secteurs de l’immobilier, l’automobile et biens d’équipement, principaux bénéficiaires des politiques de crédits à la consommation.

    Khalifa Bank n’avait pas fait pire, en consacrant ses liquidités pour financer le lancement des filiales du Groupe et des prises de participation en Algérie et à l’étranger. Malheureusement, Khalifa Bank et ses filiales n’ont pas eu la chance d’avoir affaire à des gouvernants légitimes, nationalistes et intelligents dont le premier souci aurait été de sauvegarder la première banque privée, préserver des emplois et pérenniser ce dynamisme économique.

    Le groupe Khalifa a été liquidé en quelques mois par Bouteflika, chef d’Etat rancunier, et un tueur à gages nommé Ouyahia qui a jeté, sans aucun scrupule, près de 20.000 employés au chômage et au désespoir, ruiné des milliers d’épargnants, et surtout fait perdre à la jeunesse algérienne un extraordinaire repère d’espoir et de réussite.

    Du fond de sa prison londonienne, Rafik Abdelmoumene Khalifa, condamné par contumace à la perpétuité, attend le verdict de la justice britannique sur la demande d’extradition algérienne, en replaçant la très modeste affaire Khalifa Bank dans ce nouveau contexte de crise mondiale.

    La gestion nationaliste de la crise financière

    La crise mondiale a pour origine la crise du surendettement de l’économie américaine, accentuée par la concurrence de l’euro depuis 1999. (1) Le système bancaire américain a encouragé le surendettement des ménages par le mécanisme des subprimes qui ne constituent que la partie immergée de l’iceberg. En vérité, l’usage médiatique abusif de ce terme sert à culpabiliser les petits emprunteurs, et cacher les montants faramineux de l’endettement public et des entreprises privées. Selon un rapport du FMI, «La crise a dépassé les confins du marché américain du subprime, pour toucher concrètement les principaux marchés immobiliers d'entreprise et d'habitation, le crédit à la consommation et le crédit aux entreprises».

    La dette publique fédérale américaine représentait, fin 2007, 9000 milliards de dollars (65,5% du PIB) dont environ 5000 en bons du trésor. L’administration Obama a déjà annoncé que le déficit budgétaire en 2009 est estimé à 1752 milliards de $, soit 12% du PIB et trois fois le déficit de 2008. Cette explosion est en partie due au rachat des «crédits toxiques» des banques d’un montant de 1000 milliards de $.

    Après avoir liquidé le groupe Khalifa, ses 20.000 employés directs et des milliers d’emplois indirects, le gouvernement algérien a lui aussi contribué à sauver des emplois américains en plaçant 49 milliards de dollars en bons du trésor US, soit la moitié de ses réserves de change.

    Après les premières alertes en été 2007 des grandes banques américaines et européennes, la FED, la BCE et la Banque Centrale du Japon avaient commencé à injecter plus de 300 milliards de dollars dans le circuit financier. L’intervention des autorités monétaires s’avérant insuffisante face à l’ampleur d’une crise systémique, les premières décisions de nationalisation sont annoncées en 2008 pour éviter les faillites et l’explosion du taux de chômage.

    Des plans de sauvetage financier et de relance économique sont étudiés dans l’urgence pour enrayer le pessimisme des marchés et éviter les conflits sociaux. Les banques subventionnées doivent en contrepartie continuer à consentir des prêts aux PME et aux ménages afin d’amortir les effets de la crise financière sur l’économie réelle. Aucun dirigeant de banque n’a été congédié ni poursuivi en justice. Les gouvernants leur ont juste demandé gentiment de réduire leurs rémunérations astronomiques, en comparaison desquelles les «dépenses» de Moumene Khalifa apparaissent comme de l’argent de poche.

    La formidable baraka de Khalifa

    Rafic Khalifa est né sous une bonne étoile en 1966 à Bejaia, fils de Laroussi Khalifa, adjoint de Abdelhafidh Boussouf fondateur du MALG, ancêtre de la Sécurité Militaire devenue DRS. Après avoir joué un rôle important dans les accords d'Evian en 1962, Laroussi fut ministre de l’Industrie et de l’Energie de Ben Bella où il négocia les concessions pétrolières. Puis il fut écarté du gouvernement par Boumediene qui le nomma directeur d'Air Algérie. Sa carrière politique se termina sur deux ans de prison après la tentative de coup d'Etat manqué en 1967 du colonel Tahar Zbiri. A sa sortie, Laroussi géra uniquement sa pharmacie de Cheraga. A sa mort en 1990, on ne lui connaît pas de fortune, mais il lègue à son fils trois héritages.

    D’abord un nom qui fait peur à tous les courtisans du «Makhzen» algérien sous influence des réseaux des anciens du MALG qui lui ouvriront les portes et l’accompagneront dans son ascension fulgurante.

    Ensuite la pharmacie qui servira de base à la création de sa première société KRG Pharma en 1990, et la fabrication des médicaments génériques en 1992.

    Mais surtout une rancune tenace, datant de la guerre de libération, des services secrets français, et d’un certain Abdelaziz Bouteflika. Né à Oujda, Bouteflika avait tout fait pour intégrer en juillet 1957 la première promotion Larbi Ben M’Hidi des recrues du MALG, mais Laroussi directeur du stage le refusa. C’est la rage au cœur que Bouteflika vit les lycéens marocains de son âge intégrer la formation d’élite à Oujda, dont ont fait partie les futurs dirigeants du pays (Khalef, Zerhouni, Tounsi, Temmar, Bessaïeh, ect…). (2)

    Rafic paie aujourd’hui très cher cette vengeance et n’hésite pas à affirmer ''Le président Bouteflika veut ma peau'' dans une interview au journal le Figaro du 6 février 2007 quelques jours avant la délivrance d’un mandat d’arrêt européen par le tribunal de Nanterre le 5 mars et son arrestation à Londres le 27 mars.

    Il précise: «Nos relations n’étaient pas bonnes lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1999, mais elles se sont arrangées. Des personnalités sont intervenues pour sceller la paix.» Mais, ajoute-t-il «Bouteflika… ne supportait pas ma puissance économique. Il était convaincu que je voulais sa place. Il s’était mis dans la tête que l’armée me présentait comme un recours et un gage de stabilité… ». Pour Khalifa, Bouteflika a fait de l’Algérie «une république bananière où le président concentre tous les pouvoirs.»

    Rafic a eu la chance de se lancer dans la création d’entreprises en pleine possession des ambitions et de la vigueur d’un homme de 30 ans, là ou de nombreux entrepreneurs se sont usés les muscles et les neurones à déminer les pièges et les obstacles d’une administration sous-développée et corrompue.

    En mars 1998, Khalifa Bank obtient son agrément en hypothéquant la maison familiale de Hydra et sans libérer la totalité des 500 millions de DA requis pour le capital minimum. Dès 2002, Khalifa Bank revendique 700.000 clients, 7000 employés et 74 agences, un record quand la BNA n'en compte qu'une centaine. Elle distribuait des cartes de crédit American Express et MasterCard et opérait des transferts avec Western Union.

    En 1999, Moumene crée la compagnie aérienne Khalifa Airways qui va connaître un essor fulgurant, employer 3000 personnes, et désenclaver plusieurs wilayas de ce vaste pays. Un accord d’entrée dans le capital d’Air Algérie a même été signé.

    En 2001, il crée Khalifa Construction à partir de l'acquisition du géant allemand du BTP en faillite Philip Holzmann, qu’il réussit à rafler à une quinzaine d’acquéreurs. Il annonce qu’il va se lancer dans la construction des nouvelles villes de Boughzoul sur les Hauts Plateaux, et Sidi Abdallah, dans la banlieue d’Alger.

    En 2002, il lance la chaîne Khalifa TV à Paris et Londres, après avoir tenté en 2001 de racheter la chaîne d’infos arabe ANN appartenant au syrien Riffat El Assad.

    Il a multiplié les actions de sponsoring, notamment dans le football, et de prestige comme la fameuse Khalifa Jet Team, une patrouille aérienne acrobatique. Il finança pour l’Etat algérien, sur ordre de Bouteflika, des actions de lobbying aux USA, des achats de voitures blindées, des cachets d’artistes, etc…

    On a appris après la liquidation du groupe en 2003 que Khalifa Bank détenait aussi 29% du capital de la Société Générale Algérie que Rafic avait racheté à la FIBA, holding luxembourgeois présidé par un ex-ministre algérien Ali Benouari.

    Selon d’autres révélations, Khalifa choqué par les attaques médiatico-politiques, comme celle de Noël Mamère, prévoyait de quitter la France pour s'installer en Espagne. Il avait pris des contacts avec les dirigeants du Real Madrid où jouait Zinedine Zidane pour sponsoriser le club ou rentrer dans son capital. Le Service Action de la DGSE ne lui en laissa pas le temps.

    La France tombeau du groupe Khalifa

    Quelles sont les pertes réelles de Khalifa Bank? Personne n’est capable de le dire. Plusieurs chiffres ont été avancés entre 600 millions et 1,2 milliard d'euros, qui ne représentent pas des pertes, mais des infractions au contrôle des changes. Des transferts d’argent qu’effectuait Khalifa sous diverses formes pour financer l’investissement et l’exploitation de ses filiales et opérations à l’étranger. Selon le journal Le Monde (9 février 2005), le transfert de capitaux opéré de l’Algérie vers l’étranger par la banque entre 1999 et 2003 serait — selon les documents remis par le liquidateur de Khalifa Bank à la justice française — de l’ordre de 689 millions d’euros.

    Khalifa détournait la réglementation rigide de transfert de devises de la Banque d’Algérie pour gagner du temps. Même l’Etat algérien en a profité. Une grande partie de ces transferts a été couverte par l’ex-ministre des Finances (de juin 2002 à mai 2003) Mohamed Terbeche, ex-Pdg de la BEA et Pdg de la Banque Intercontinentale Arabe (BIA), une banque algéro-libyenne implantée à Paris qui servait de correspondant à Khalifa Bank et gérait ses transferts.

    Qui a vraiment provoqué la chute de l’empire Khalifa? C’est le ras-le-bol de l’establishment franco-français désagréablement submergé par la personnalité omniprésente et la boulimie affairiste d’un Algérien sorti du néant de son bled pour occuper la une des journaux et faire frissonner le tout-Paris des médias, des artistes, du sport, de la finance et du patronat, à la manière du flamboyant Bernard Tapie.

    Le premier coup de semonce est venu en septembre 2002 de Noël Mamère, député-maire de Bègles qui refusa d’assister à un match de rugby en raison de la présence dans les gradins du nouveau sponsor Rafic Khalifa, «l'ami des généraux algériens, avec lesquels il a fait sa fortune». Choqué par cette agression, Khalifa n’a pas versé un centime des 300.000€ prévus.

    En octobre, la DGSE fournit une note bidon et très approximative à la presse française pour répandre l’idée que Khalifa n’est qu’un homme de paille des puissants généraux et que son groupe bénéficie de «financements occultes (?)». Pour arriver à cette conclusion totalement fausse et fantaisiste, les agents de la DGSE ont embarqué dans les avions de Khalifa Airways et ont effectué une enquête de pieds-nickelés en s’amusant à compter le nombre de passagers.

    Le contenu de cette note est d’ailleurs repris dans l’exposé des motifs du député Noël Mamère qui a demandé la constitution d’une commission d’enquête parlementaire N°334 du 29 octobre 2002 sur «l'origine des fonds du groupe algérien Khalifa et leur utilisation en France ». Puis une deuxième demande N° 646 du 4 mars 2003 « relative aux conditions d'attribution d'une fréquence à la chaîne Khalifa TV». L’Assemblée Nationale les a rejeté. (3)

    Face à ce tapage médiatique, un vent de panique a soufflé sur la place d’Alger qui a abouti en novembre 2002 au gel des mouvements financiers de Khalifa Bank. Alors que des tractations se déroulaient en haut lieu sur la meilleure façon de gérer le «problème Khalifa», le Service Action de la DGSE a cherché la faille qui ferait tomber le golden-boy par des filatures et des écoutes téléphoniques. L’erreur fatale qui va provoquer sa chute est survenue le 24 février 2003 lorsque les services français ont informé leurs «correspondants» d’Alger que trois collaborateurs de Khalifa s’apprêtaient à convoyer 2 millions d’euros en espèces. Ils furent arrêtés à l’aéroport et la banque a été placée sous administration provisoire par la Banque d'Algérie le 3 mars.

    L’option d’un arrangement qui éviterait d’éclabousser le régime a été envisagée par le directeur de cabinet de la Présidence, Larbi Belkheir, devenu protecteur de Rafic. Mais le conflit de succession entre Bouteflika et le Chef du gouvernement Ali Benflis a totalement brouillé les cartes et desservi la cause du groupe. Le remplacement brutal de Benflis par Ahmed Ouyahia en Mai 2003 a sonné le glas de Khalifa Bank dont la liquidation a été annoncée le 2 juin.

    Ouyahia «nettoyeur» de la DGSE

    La DGSE qui veille sur les intérêts français au Maghreb et en Afrique veut confiner l’Algérie dans son statut de mono exportateur d’hydrocarbures. Elle ne pouvait admettre que Rafic Khalifa serve de modèle d’entrepreneur non seulement à la jeunesse désoeuvrée d’Algérie, mais aussi aux jeunes beurs des banlieues bridés par une administration tatillonne et sélective qui les cantonne aux petits commerces et aux start-up sans lendemain.

    L’élimination sur le sol français du groupe Khalifa et la destruction de l’idole sont devenus une priorité des services secrets dès qu’ils ont appris la création de sa chaîne de télé KTV au cœur de Paris et son entrée surprise dans le capital de la Société Générale à hauteur de 29%.

    La DGSE  a trouvé en Ahmed Ouyahia le tueur à gages idéal, que le jargon des services secrets surnomme le «nettoyeur». Dès son entrée en fonction, Ouyahia a résumé en deux mots le contenu du rapport de la DGSE auprès des députés et des sénateurs en parlant de «mythe Khalifa» et de «marchand de rêves». Il a aussitôt engagé le rouleau compresseur de l’administration pour étrangler le groupe, l’effacer du paysage économique en excluant toute autre alternative. Les rares voix qui se sont élevées pour défendre les emplois de Khalifa, comme celle de la Confédération des Cadres de la Finance (CCFC) ont vite été étouffées. L’UGTA et le patronat n’ont pas bougé le petit doigt, tétanisés par les menaces de représailles. La terrible répression qui s’est abattue sur le groupe Khalifa a aussi servi à tenir en respect les opposants du sérail jusqu’à la réélection de Bouteflika en avril 2004.

    Le nettoyeur a instruit la justice d’engager des poursuites judiciaires contre les gestionnaires des entreprises et organismes publics qui ont déposé des fonds dans la banque privée qui offrait des taux de rémunération supérieurs à ceux des banques publiques. Un nouveau climat de terreur s’est emparé des gestionnaires après celui de 1996-1997 où le même Ouyahia avait orchestré l’emprisonnement de milliers de dirigeants, dont la plupart seront par la suite acquittés.

    Le procès de Khalifa Bank à Blida en début d’année 2007 a finalement prouvé qu’il n’y avait ni financement occulte, ni trésor du FLN, ni «blanchiment d’argent des généraux», mais une simple attirance des dépôts de gros épargnants institutionnels. Le procès a même tourné à la caricature en évoquant un prêt logement pour un steward, un prêt véhicule pour un policier, des billets d’avions et des séjours de thalassothérapie. (4)

    Le tribunal de Blida a tout de même prononcé 45 condamnations à la prison ferme et 49 acquittements sur les 94 accusés. Des gestionnaires d’entreprises publiques croupissent aujourd’hui en prison pour avoir simplement déposé des fonds dans une banque privée agréée, donc garantie par l’Etat. Le reste des contentieux de l’affaire Khalifa, impliquant des personnalités du pouvoir, sont toujours au stade d’une instruction opaque.

    Sur sa lancée destructrice, Ouyahia s’est servi de l’affaire Khalifa pour provoquer une crise systémique en contraignant toutes les banques privées algériennes et quelques banques arabes à la liquidation et leurs patrons à la prison comme Omar Dechmi (CA Bank) ou à la fuite comme Brahim Hadjas (Union Bank) ou Mohamed Kharoubi (BCIA Bank). (5)

    A chaque fois qu’Ouyahia a pris les commandes du gouvernement, les intérêts français ont été considérablement renforcés, des entreprises algériennes détruites et leurs patrons réprimés. (6)

    Après son troisième retour à la tête du gouvernement, Ouyahia a décrété de nouvelles mesures contraignantes, prouvant encore qu’il gère l’économie comme un éléphant enragé dans un magasin de porcelaine, avec un maximum de dégâts. Sa nouvelle mission est de chasser ce qui reste d’opérateurs arabes et asiatiques pour ouvrir de nouvelles parts de marchés à ses alliés français. Il a effacé les projets immobiliers des uns et d’usine de voiture des autres.

    Ouyahia vient aussi de révéler le fond de sa pensée destructrice en traitant la «stratégie industrielle» de Temmar de «fantasme de communication». Un nettoyeur n’admet aucune stratégie économique autre que celle de la destruction.

    Moumene Khalifa n’est malheureusement pas la seule victime du nettoyeur. Le groupe agro-alimentaire Blanky est en perdition depuis qu’un des frères Cherfaoui, Idir croupit en prison. Tonic Emballage et ses 4000 employés, géré par un séquestre judiciaire, est constamment menacé de fermeture et son patron, Abdelghani Djerrar en sursis après avoir passé quelques jours en prison en 2007. Le groupe céréalier SIM est déstabilisé et en stagnation depuis que son Pdg Abdelkader-Taïeb Ezzraimi est placé sous contrôle judiciaire.

    La dernière victime du harcèlement anti-patronat algérien est Abdelouahab Rahim dont la banque ArcoBank avait été dissoute par les mesures d’Ouyahia. Le lancement de son emprunt obligataire de 8 milliards de dinars a été un fiasco en raison du boycott des épargnants institutionnels instruits (?) pour ne pas y souscrire. Et aussi à cause de la vacherie de son partenaire français Carrefour qui a annoncé en pleine campagne de souscription le 19 février 2009 qu’il mettait fin à l’accord conclu le 26 mars 2006 avec le groupe Arcofina pour l’ouverture de 18 hypermarchés. (7)

    Au lieu de se regrouper en meute soudée et solidaire pour défendre leurs intérêts, les patrons algériens persistent dans leur isolement et leur division, au point de se faire tirer comme des lapins dès qu’ils s’engraissent un peu.

    Il est temps que les patrons algériens se réveillent, se mobilisent, s’unissent et se modernisent pour lancer une nouvelle «guerre de libération nationale», afin de récupérer le pouvoir économique et protéger les créateurs d’entreprises, d’emplois et de richesses.

    Saâd Lounès
    14 mars 2009

    (1) La flambée du baril anticipe la dévaluation du dollar

    (2) Comment sont nés les services secrets algériens

    (3) Demandes de Commission d’enquête du député Noël Mamère
    http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion0334.asp
    http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion0646.asp

    (4) L’affaire Khalifa dévoile la corruption insurrectionnelle

    (5) Comment gérer 100 milliards de $ par an

    (6) Le retour du Bachagha Ouyahia

    (7) Depuis la rédaction de cet article (14-03-09) et après la réélection de Bouteflika, la destruction du potentiel économique algérien orchestrée par Ouyahia s'est accélérée:

    - le groupe Tonic Embalagges a été déclaré en faillite en juin par le tribunal de Blida et va être démantelé ou plutôt “cannibalisé”.

    - le groupe Eepad, intervenant dans les TIC, est en voie de liquidation brutale suite à l'interruption des prestations opérée par Algérie Telecom. Du jour au lendemain, près de 40.000 abonnés, dont des milliers de cyber cafés et d'entreprises se retrouvent sans Internet. Des centaines d'employés directs d'Eepad et des milliers d'employés indirects des cyber cafés se retrouvent au chômage.

    - les nouvelles mesures drastiques de la Loi de Finances Complémentaire vont provoquer la faillite de milliers d'importateurs et des pénuries d'intrants de production dans tous les secteurs d'activité. De graves perturbations industrielles et des chômages techniques sont annoncés.

     

  • Le sanctuaire des perroquets,perroquets ,perroquets ,........casseta!!!!!!

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    par Boutaraa- Farid
    Notre pays l'Algérie a connu une vague de violence qui a fait basculer les enfants d'un même utérus dans une haine aveugle.

    Une barbarie qui avait étonné le monde entier et qui avait fait rire nos ennemis qui voulaient que l'Algérie coule après son indépendance.

    L'Algérie des années 90 faisait peur à tout le monde et rares étaient les étrangers qui venaient séjourner dans un lieu où les têtes jonchaient les sols et où les âmes quittaient les corps sans motif, ni jugement. La frousse était lisible dans toutes les faces et nulle échappatoire, car tout le territoire était miné et chaque pas qu'on faisait aller peut être nous conduire à la mort. On serrait nos ventres de crainte d'une explosion et avec la tombée de la nuit, nos portes restaient si vulnérables et on attendait tous le trépas. Les listes des prochaines victimes se préparaient la nuit dans les deux camps et tout un peuple était pris en otage. Nos sorts étaient tels des condamnés à morts en attente d'exécution. Le climat était lourd, la logique n'avait pas cours, les cœurs étaient dans des fours et on voulait tous prendre le chemin du port pour nous sauver d'un quotidien sans logique. Personne ne savait de quoi serait fait demain, et nous étions tous bloqués dans un ascenseur infernal en attente d'une liberté que nos responsables de l'époque avaient troqué contre une politique qui consistait à faire de ce pays un sanctuaire des perroquets. Les responsables de l'époque se prenaient pour des empereurs et toute opposition était considérée comme une haute trahison qui conduisit en prison. Alors, il était logique que des voix s'opposent à l'installation d'une nouvelle république construite en cachette d'un public. L'Algérie devrait payer le cumul de tant d'erreur à commencer par le choix du socialisme et c'était prévu d'attendre des prétendants au pouvoir après une ouverture démocratique aussi large que la notre et surtout l'échec de l'équipe du président Chadli qui ne pouvait plus maîtriser une situation dangereuse aggravée par la chute du prix du pétrole et surtout la volonté des maîtres du monde qui voyaient que l'Algérie méritait une attaque pour la priver de son réacteur nucléaire de « Ain Ouassara » et nul ne sait comment par la suite les choses se sont pourries et comment le conflit entre générations s'est accentué pour faire tomber le pays dans un brasier. La haine avait chassé l'amour et la vengeance alimentait les cœurs des enfants qui avaient allaité le même sein, car l'un était militaire et l'autre un barbu.

    Après presque vingt ans de cette tragédie noire, les séquelles sont toujours là et la violence existe sous diverses formes mesquines et en profondeurs.           Même si nos vies ne sont plus en danger et que le stress et la peur de tomber dans chaque virage dans un faux barrage ont cessé d'être ce handicap qui avait bouffé le bonheur de tant de famille et surtout la disparition du plaisir de vivre. Au très fond de l'individu algérien existe un mal qui le ronge telle une vague qui lentement corrode un rocher. L'algérien est devenu un malade que rien ne l'attire. Un être qui ne fait que sirotait son thé dans l'attente d'un billet pour quitter la vie ou le pays. C'était un témoin qui ne voulait plus parler d'un passé où tous les bons moments de la vie d'un homme étaient gâchés à cause d'une course au pouvoir qui sur son passage a tout cassé.

     De ce dérapage politique, les enfants d'aujourd'hui ont entendu des histoires de têtes décapitées et de bandes qui n'avaient peur de personne et surtout pas des forces de l'ordre. C'était ces types d'histoires qui avaient crée chez les jeunes une certaine haine vers tout ce qui est ordre et discipline. Les jeunes d'aujourd'hui n'ont aucune confiance en cette institution scolaire qui forme des chômeurs. L'école est devenue un passe temps un peu lourd pour ses mioches qui n'attendent que la sonnerie des fins de cours pour se réveiller de ce cauchemar qui dure et qui ne mène à rien. Les petits d'aujourd'hui n'attendent que l'occasion pour prouver leur force et surtout leur maturité qui souvent se fait exhiber par des bagarres improvisées aux sorties des collèges et des lycées pour attirer l'attention d'une fille ou pour tout simplement marquer un territoire. L'histoire qui suit n'est pas imaginaire, mais réelle et si nous vous la contons c'est juste pour vous informer sur la gravité de la situation qui n'a pas renseigné les autorités sur ce qui se passe dans nos écoles et qui pousse ce fléau social à gagner plus de terrain en menaçant la quiétude des familles.

    L'histoire commence par une altercation entre deux adolescents scolarisés dans un même collège, où le nombre des élèves dépasse les 50 par classe. L'un des adolescents fréquentait des repris justices et sans le vouloir il venait d'adhérer au groupe de la mort. Sans qu'il le sût et loin des regards de ses parents qui se tuassent au travail le petit essayait tabac à chiquer et goûtait après, à quelques joints de kif et terminait son expérience par des boissons alcoolisées qui étaient vendues sans pudeur même pour les bébés. Alors, notre héros ou zéro se voyait plus vieux et plus sage et se croyait un être qui devrait vivre sur les nuages et dès lors, il changeait d'attitude et de langage avec tout son entourage.

     Il se voyait tel un caïd, ou un guerrier qui devrait réussir et pour commencer il lui fallait des combats pour faire passer son message, qu'il était le chef suprême de tout le collège. Sans réveiller les instincts des parents qui n'avaient rien pu voir, faute de temps et surtout de confiance en cette école qui ne disait rien de peur que des enquêteurs vinssent mettre en deuil sa quiétude et comme d'habitude, les professeurs avaient tout vu, mais ils n'osaient pas avoir des problèmes avec un adolescent qui pouvait constituer un danger réel pour leur vie et en plus ils n'étaient même pas assez payés, ni bien assurés pour prévenir les parents du plus coriace de toute la classe. Et comme disait le proverbe « Chacun pour soi et Dieu pour tous ». Alors, le temps passait et notre héros doublait de violence en imposant sa vision du monde et en ne laissant aucune occasion pour défier enseignants et pions qui faisaient semblant de l'ignorer et qui attendaient tous la fin de l'année pour le voir quitter leur établissement comme l'avaient fait les autres truands avant lui. Et comme il était coutume chez nous que les bons payent pour les mauvais, donc, il fallait que le règne de la hogra disparaisse et que ce mesquin d'asile pour dépressif au lieu d'école trouve son compte. Le ciel avait voulu que le jeune Ahmed paye la facture de tant de mutisme complice de toute une école et aussi un quartier entier. Ils avaient tous peur de cet individu dénommé « ami de Bliss ». La providence avait voulu que le jeune Ahmed croise ce maudit Omar un jeudi matin. La bête courait tel un bouc derrière une collégienne qui n'avait rien trouvé sur son bout de chemin qui menait au C.E.M sauf le brave Ahmed qui avait assez de courage pour oser protéger cette fillette contre la terreur du Collège. Sans aucune crainte et avec art et adresse le jeune Ahmed avait donné une raclée à ce taré qui se prenait pour le roi des lieux. Le jeune Ahmed était un excellent Karatéka et son courage était hors norme et savait que la bête blessée en son honneur allait tout faire pour reprendre son image de marque. Ahmed savait que l'ami de « Bliss » n'avait aucun scrupule et qu'il était lâche de nature et sa vengeance serait aussi spectaculaire que lors du premier combat où le jeune Ahmed avait utilisé que deux coups pour descendre ce sanglier. En effet, un coup de pied droit au visage et un coup de poing droit au plexus avaient pu mettre hors d'état de nuire ce prisonnier évadé d'un film d'horreur.

     Après deux jours de repos et voilà le sombre samedi qui perçait les filets de la nuit pour venir sombrer toute une ville et surtout tout le secteur de l'éduction, par l'acte d'une lâche tuerie, où le brave Ahmed malgré toute sa méfiance, avait reçu un coup mortel au cœur. C'était l'ami de « Bliss » avec sa tête sans visage et son allure d'un revenant du monde des morts qui avait poignardé le jeune Ahmed. Malgré l'arrivée trop rapide même des éléments de la protection civile qui avaient prodigué les premiers soins, mais la blessure était si profonde et certains organes vitaux étaient touchés par le coup violent de ce loup sous une forme humaine qui était arrêté le jour même par les forces de l'ordre, qui avaient réussi en quelques heures à localiser le trou à rat qui servait de refuge. Entre temps, le jeune Ahmed luttait avec toute la force de la jeunesse pour essayer juste de dire au revoir à ses parents en leur demandant pardon avec les yeux.

    La scène était horrible pour cette mère qui bloquait ses larmes au fond de ses beaux yeux en ne laissant paraître qu'un doux sourire. Sans aucun dialogue et rien qu'avec le cœur qui priait que le père d'Ahmed voyait son fils quittait ce monde sans même pouvoir le prendre dans ses bras et le serrer fort. C'était lui le papa qui l'avait éduqué et qui lui demandait de venir en aide aux faibles. Le père souffrait encore plus, car c'était lui aussi sui lui disait « je veux que tu meures comme un taureau en arène et non pas comme un bouf qu'on amène à l'abattoir. En effet, trop de chagrin remplissait ce jour là cet hôpital qui n'avait jamais vu un flot humain venir s'acquérir des nouvelles du jeune Ahmed qui avait eu la compassion de toute une ville. C'était pareil dans toute les villes quand un jeune venait de subir une injustice et que toute la société assiste sans force à ce que ce décide en haut. Le jeune Ahmed avait assez de courage pour battre même la mort qui rodait autour de lui et comme d'habitude, il savait garder le respect en vers ses parents et sans lâcher aucun cri de douleur, il jouait le jeu de celui qui allait reprendre ses forces. L'image qu'il offrait était celle d'un ange et une liesse ornait le contour de son séduisant visage. C'était le bonheur qu'on pouvait lire dans le visage d'un amoureux qui tenait la main de sa bien aimée sous l'ombre d'un palmier qui faisait face à une plage déserte. C'était la dernière image qu'il offrait à sa tendre mère en s'agrippant à ses petits doigts. Cette tendre maman qui ne pouvait admettre que les papillons s'isolaient pour souffrir. Après trois heures de rude combat le jeune Ahmed quittait ce bas monde pour aller au ciel en laissant un goût de fiel dans toutes les bouches de cette petite ville qui assistait en silence à l'accomplissement de la volonté divine. C'était aussi la fin d'un cauchemar causé par un certain Omar qui avait fait trop de mal pour un jeune de son âge.

    Des enfants comme Omar on trouve des milliers dans nos écoles et il nous y impossible de les exclure tous afin de radier toute source de violence dans nos institutions. La moralité de cette histoire qui parait tel un banal fait divers nous renseigne sur le laxisme des autorités et l'absence d'un suivi rigoureux des parents. En effet, la vraie déviation vient de l'école primaire qui reste la base de l'installation de tout savoir et si on rate ce stade de vie, l'enfant va grandir avec un sentiment d'impunité qui sera nourri par les mauvaises fréquentations et l'indifférence des parents ainsi que leur faiblesse qui fait d'eux des êtres sans force qui n'arrivent pas à dire non à leur enfants qui se prennent pour les meilleurs sur terre.

     En Algérie nous assistons à un nouveau phénomène « l'auto justice », qui a même frôlé nos universités et l'attaque mortelle du chef du département de l'université de Mostaganem est la preuve vivante que nos enfants s'abreuvent dès l'enfance d'un virus qui les pousse à la rage et à commettre des actes d'une sauvagerie unique au monde. Comment un étudiant brillant peut-il devenir un criminel à cause de quelques notes que le professeur avait refusé de lui donner ? Peut-on tuer un homme pour une insulte ? Les crimes commis ces dernières années surtout à la sortie des écoles nous renseignent sur le danger qui guette nos enfants et sur les menaces qui pèsent sur un métier qui était noble et qui se voit bousculer dans la gadoue par une poignée de rejetons qui n'ont de respects en vers personne. Le job d'enseignant n'attire plus les foules et ne fascine plus les élèves qui restaient autre fois tous figés devant le savoir de cet enseignant qui sait tout et qui répondait avec un sourire moqueur à toutes les questions des élèves les plus brillants.

     Ces élèves qui n'acceptaient le formateur imposé qu'après lui avoir passé un test. C'était la règle de l'époque et une fois l'examen réussi le professeur aurait le respect total et l'admiration qui seraient la devise de l'ensemble de la classe.

     L'enseignant aurait le statut du maître des lieux et avait aussi la crainte et l'amour de toute la population et il aurait même le statut d'un savant dans certains petits villages, où le maître ne dépensait pas un sou, car c'était la population qui s'en occupait de le loger et de le nourrir. Où sommes-nous de cette époque de crainte et d'autorité des enseignants qui avaient le feu vert de punir les durs. Les enseignants faisaient pisser les méchants et anéantir tous les mythes et les méchants élèves avaient la frousse si un élève allait se plaindre de x ou y. Nous la génération d'après l'indépendance et exactement des années 65, on n'avait même pas le droit de circuler dans les marchés sans causes valables, ni de jouer dans les rues sans guetter le passage imprévu de l'un de nos enseignants qu'on respectait trop et qu'on ne voulait pas qu'il ne ridiculisait devant nos potes.

     Qui osait défier notre professeur de maths ABBAS M'hamed, ni celui de l'arabe SLIMANI M'hamed ? Deux noms et deux références pour les enfants de Khemis-Milaina. L'un utilisait l'art des fables et des conseils et l'autre celui de la discipline militaire qui faisait taire les plus durs. Quant aux enseignants du primaire nous pouvons cité l'unique, le grand et regretté Kola Mohamed qui fut un grand homme à côté du célèbre Sahraoui dit « Zagalou » que nous respectons toujours pour son sérieux et sa rigueur dans le travail. Quant aux directeurs, l'homme qui avait marqué son temps et qui reste une référence et un exemple à suivre.

     Il était d'une bonté sans borne et d'une rigueur unique dans les anales des responsables de l'éducation nationale. Il était le maestro. En effet, le défunt YAHI- Mohamed que même à la retraite élèves et enseignants l'aimaient et le respectaient pour son savoir et aussi pour son art d'éduquer, car ce n'était pas un pédagogue, mais un illustre artiste qui savaient redresser les situations et qui mérite nos salutations. Malheureusement, cette époque du respect envers les professeurs n'est plus et on assiste à une ère où les jeunes fument devant les professeurs et n'ont aucun respect envers les grandes personnes. On assiste à un phénomène de mode en vogue qui fait que le jeune doit tout faire pour nuire à ses proches pour se faire une place dans le clan des durs.

    Pour finir nous lançons un appel à toutes les mères afin qu'elles surveillent leurs enfants et les obligent à ne pas fréquenter ceux qui n'ont aucun amour pour les études. Il faut qu'elles barrent la route entre leurs mioches et les vautours qui rôdent autour des collèges et lycées pour les recruter en utilisant leur naïveté et innocence pour les modeler et faire d'eux des monstres par la suite. Nous savons que la technique utilisée reste celle de les combler de cadeaux et c'est aux parents de suivre au quotidien tout changement de comportement et d'habitude et les signes seront palpables, car ces enfants auront de nouveaux vêtements et les mamans devront forcer leur enfants à dire la vérité sur la provenance de toutes ces choses nouvelles qui vont détruire l'équilibre familial.

     L'enfant va commencer à mentir et si la maman lâche le zest elle perd à jamais son enfant.      Donc, c'est à nous de détruire le mythe de la déperdition scolaire et de rendre nos foyers des bibliothèques où nos rejetons trouveront l'amour du savoir et qu'avec joie nous acquitterons de nos devoirs.

  • Autodafé du Coran et caricatures danoises, une même cause

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    par Farouk Zahi

    " Angela Merkel a rendu hommage mercredi à la liberté d'expression, une "ressource précieuse", lors d'une cérémonie de remise de prix au dessinateur danois dont la caricature de Mahomet a provoqué des réactions parfois violentes dans certains pays musulmans il y a cinq ans ". (Reuters). Décidément, Merkel et ses pairs occidentaux se mélangent les pinceaux.

    Question à deux sous en monnaie de singe, qu'auriez-vous pensé madame, si sous le thème que vous semblez sublimer, la liberté d'expression, on vienne à vous chanter les vertus de la défunte Stasi ? Cette " ressource précieuse " dont vous parlez a mené l'humoriste Dieudonné aux portes de l'enfer de l'ostracisme médiatique sinon à l'exclusion sociale. Vous auriez dû être la dernière à prendre fait et cause pour un illuminé en mal de notoriété, contre une communauté de plus d'un milliard d'individus. Le mercantilisme aidant, la vieille Europe trouve des ressorts pour distraire ces eurocitoyens des problèmes qui secouent ses fondements et s'invente des Salman Rushdi à la solde. Et c'est toujours le Sud musulman qui en fait les frais depuis la première Croisade. L'agence d''information rapporte ce qu'un grand journal allemand restitue dans la même veine: " Le journal à grand tirage Bild fait en revanche l'éloge de Westergaard et considère la présence de Merkel comme le signe que l'Allemagne "ne recule pas devant les menaces de fanatiques islamistes". Bild a exprimé de l'admiration au banquier Thilo Sarrazin pour avoir écrit que les immigrés turcs et musulmans profitaient des avantages sociaux sans s'intégrer. " Et voilà que nous y sommes, les Turcs et les musulmans refusent de s'intégrer ; on leur demande, ni plus ni moins, de se dissoudre identitairement pour mériter ces droits sociaux. Le discours biaisé fait encore croire, que ceux qui réagissent au piétinement de leurs repères religieux sont de " menaçants islamistes fanatiques ".

     Loin de nous l'idée de vous contrevenir M.Thilo Sarrasin, dans votre intime conviction, supposez un seul instant, que contraint d'aller travailler en terre musulmane on vous suggère d'effacer votre empreinte teutonne et qu'on vous demande de vous intégrer pour être mieux accepté ? Ne serait-ce pas plutôt les vieux démons de l'épuration ethnique chère à la race aryenne qui ressurgissent hideusement ? Pourtant, les Portugais et autres Arméniens bénéficient des mêmes droits que les musulmans ; sauf peut être que ces nationalités sont de même confession judéo chrétienne que vous-même et c'est à ce titre que vous stigmatisez les peaux brunes. Et c'est curieusement et au même moment que l'Eglise évangéliste de Terry Jones, le pasteur de Floride, appelle à l'autodafé du Saint Coran le 11 septembre, date anniversaire de la destruction en 2001 des tours jumelles du Trade World Center de New York. Ce WASP (white anglo saxon protestant), inspiré des thèses idéologiques xénophobique et homophobique du Klu Klux Klan, veut se faire un nom au détriment d'une religion qu'il méconnait certainement en toute bonne foi, mais qui dérange ses convictions de suprématie raciale. Insolentes bacchantes de chasseur de primes du Far West, le pasteur se prête aux apprêts de la mise en scène devant les caméras en avant plan du site où il compte, bruler 200 exemplaires du Livre saint de l'Islam. Madame Merkel, voici la défiance que vous oppose aujourd'hui un illuminé dont vous avez armé le bras par une démocratie où la minorité peut dicter ses excès à toute une planète. Pathétiques, ces Ban Ki-moon, Hilary et Petraeuss qui tentent, et certainement vainement, de négocier la paix mondiale avec le Néron de Floride. Vous étiez, pourtant là, quand Weestergaard a commis ses œuvres de la honte. Que diriez-vous encore si un musulman, intellectuel plus est, se parait de l'étoile jaune pour parodier l'holocauste en hommage au nazisme ou qu'un caricaturiste musulman tournait en dérision le Calvaire du Christ ?

     M. Kouchner, prolixe dans la cabale de Sakineh l'adultérine iranienne, se tient curieusement bien coi devant la lapidation morale de la communauté musulmane ; lui, si prompt à l'ingérence humanitaire dont il est le père concepteur. Cette guerre psychologique ne peut être qu'un constat d'échec de guerres menées injustement aux peuples afghan et irakien pour les démocratiser, souvent, contre leur propre gré. (Cf " Démocratie à la carte américaine " Abed Charef- le Quotidien d'Oran du 09/09/2010). A peine la " criminalisation " de la burqa consommée, on se tourne vers ce que les musulmans ont de plus sacré, le Coran. Conscients du tort incommensurable qu'ils font à une communauté dont la conviction religieuse est à fleur de peau, ils échafaudent des scénarii où des réactions extrêmes ne se feront pas attendre pour justifier, une fois encore, l'invasion d'un pays musulman-phare en l'occurrence l'Iran. Le Pakistan, pays hier aligné, paie le tribut de sa " talibanisation " par l'implosion. Les prédicateurs évangélistes pyromanes, ont toujours allumé les buchers pour faire rouler les tambours de la guerre. N'est ce pas lui, George Walker Bush, deuxième du nom et 43è président des Etats-Unis d'Amérique qui est allé en guerre au son des mêmes cors et n'a-t-il fait pendre Saddam Hussein, le jour de l'Aid el Adha. L'allusion au rituel sacrificateur musulman, n'était même pas voilée. Le monde musulman, n'a jamais enfanté les kamikazes, c'est plutôt la politique hégémonique de votre Occident libre qui a fait étrennes ces engins- humains de mort et terriblement efficaces lors de la deuxième guerre mondiale. C'était la seule riposte que pouvait opposer ce pays minuscule à votre gigantisme guerrier. La suite est connue par tous…particulièrement les irradiés et dont les survivants se souviennent de deux immenses champignons dans le ciel serein du pays de soleil levant. Aux dernières nouvelles, le pasteur Jones aurait renoncé à son entreprise incendiaire moyennent le déplacement de l'implantation du projet de la mosquée du Ground Zéro. La menace qui semblait au départ, sans revendication, se nourrit maintenant qu'elle est sous les feux de la rampe, d'une nouvelle exigence et qui ne sera certainement pas la dernière. Aux dernières nouvelles, l'Eglise copte américaine se serait mise de la partie, elle aussi.

  • La chèvre de monsieur le ministre

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    par Abed Charef

    Un ministre n'est pas tenu d'être cohérent. Il doit se contenter de défendre le discours du chef. Et de soutenir que c'est une chèvre. Même si elle vole.

    Les restrictions introduites par la loi de finances 2009 sur l'investissement étranger ont-elles eu un effet sur l'afflux de capitaux vers l'Algérie ? Non, répond le ministre des finances. M. Karim Djoudi affirme même qu'une augmentation des flux financiers a été enregistrée en 2009, en raison de l'augmentation du capital des banques et des sociétés d'assurances. Quant aux investissements directs, le ministre évoque de simples malentendus, qui auraient été dissipés après que son ministère et la Banque centrale d'Algérie aient fourni les informations adéquates pour dissiper le malaise.

     La poste est-elle arrivée à répondre à la demande en liquidités exprimée par les Algériens pendant le Ramadhan ? Non, reconnait le ministre des Postes et nouvelles technologies, M. Moussa Benhamadi. Des retraités et des salariés ont eu toutes difficultés pour accéder à leur argent, a-t-il dit, précisant qu'il s'agit là d'un problème récurrent, qu'il est impossible de résoudre avec les méthodes traditionnelles. Il faut passer à un autre type de société, où l'usager utilisera le chèque et le paiement par carte bancaire pour régler les transactions de la vie quotidienne.

     Voilà deux ministres, membres d'un même gouvernement, appartenant à la même génération, confrontés à deux questions épineuses touchant leurs secteurs respectifs, et qui s'expriment dans la même émission de radio à vingt quatre heures d'intervalle. Quelle attitude adoptent-ils ? Leurs réponses sont totalement différentes, dans le fond comme dans la forme. L'un, enfermé dans la langue de bois, avec le sentiment de se trouver dans une tranchée qu'il doit défendre coûte que coûte, a des soucis biens précis: défendre des choix économiques qui ne sont probablement même pas les siens, soutenir vaille que vaille qu'il s'agit d'une chèvre, même si elle vole, pour finalement justifier des décisions dites «politiques», en réalité des décisions non rationnelles.

     Le second regarde la situation telle qu'elle est, avec toutes les difficultés qu'elle comporte. Il mesure l'ampleur des problèmes, et se rend compte qu'il est impossible de les résoudre sans changer radicalement de méthode. Il est inutile de promettre plus de billets dans les agences postales, car ce serait une fausse solution. D'ailleurs, la mission de la poste doit changer, pour offrir d'autres services et accompagner la modernisation éventuelle de la société, dit-il.

     Ce décalage dans le discours et dans la manière des dirigeants d'aborder les problèmes est très fréquent. MM. Djoudi et Benhamladi l'illustrent jusqu'à la caricature. M. Djoudi a ainsi insisté sur la portée de la loi de finances complémentaires, affirmant qu'elle va permettre de maintenir un taux de croissance élevé et qu'elle n'a pas d'impact sur les investissements étrangers directs. « Au début, cette règle a posé un problème d'explication. Aujourd'hui, les choses se font correctement», a-t-il dit. Pourtant, l'ANDI, agence chargée de la promotion de l'investissement, affirme que la baisse des investissements étrangers est de 80 pour cent. Ce qui se passe de tout commentaire. Il y a eu 102 projets d'investissements en 2008, et seulement quatre l'année suivante. Des chiffres ridicules, indignes d'un pays dont le PIB est supérieur à 100 milliards de dollars et dont les importations frisent les cinquante milliards de dollars.

     Sur sa lancée, M. Djoudi a affirmé que l'Algérie connaît un taux de croissance « fort » depuis plusieurs années, et qu'elle offre une « visibilité » pour les investisseurs. Pour un pays qui dispose des financements, de la main d'œuvre et d'un marché aussi important, le seul taux acceptable devrait être à deux chiffres, alors qu'en Algérie, il atteint timidement les cinq pour cent, ceci au cas où les chiffres publiés seraient crédibles.

     Quant à la visibilité, il faut supposer que M. Djoudi dispose d'un appareil de vision très particulier, car si les étrangers se plaignent beaucoup des difficultés de travailler en Algérie, leur hantise reste précisément le manque de visibilité, en raison du changement très fréquent de législation et de procédures.

     Mais qu'à cela ne tienne. M. Djoudi persiste et signe. Pour lui, tenir un discours nationaliste, c'est coller au discours du chef, s'accrocher à la langue de bois, et défendre « la ligne » par tous les moyens. C'est cela, un bon ministre. A l'inverse, M. Benhamadi estime que ceux qui écoutent son discours sont des gens raisonnables, capables d'analyse, ou faisant au moins preuve d'un certain bon sens. Le discours qu'il leur destine porte donc cette empreinte, faite de cohérence et de pédagogie.

     Mais en Algérie, la cohérence n'a pas sa côte. On lui préfère l'obéissance aveugle, et la défense de la vérité : la vérité du chef, évidemment.

  • benbouzid dehors,alors les terros, les haragas,les drogués nos fils ,quesque tu vas en faire? assez, foutez le camps 20ans, barakat

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    Des commissions dans les établissements scolaires: Les enseignants sur le qui-vive

    par Moncef Wafi
    L'actuelle rentrée scolaire, placée sous l'éventualité d'une menace de débrayage soutenue par la Coordination nationale autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) qui avait, rappelons-le, dans un communiqué rendu public le mois dernier, menacé de l'entamer par un mouvement de protestation si le ministère de l'Education nationale «continue à négliger les revendications des enseignants», semble se passer sous de bons auspices même si une imperceptible tension bruisse toujours. Une grogne à peine contenue par des enseignants qui ont déjà décrété cette année comme celle de «la chasse aux enseignants». De son côté, le ministre de l'Education nationale a estimé que toutes les conditions sont mises en place pour une année scolaire réussie et, à propos du spectre des grèves, Benbouzid rassure élèves et parents. «Toutes les conditions sont mises en place pour une année scolaire sereine et studieuse», décrétera-t-il.

    Une volonté de ne plus revivre les différents débrayages qu'a connus l'Ecole algérienne l'an dernier, et qui avaient fait sérieusement planer le spectre d'une année blanche sur les lycées, et dont le suivi est délégué aux autorités locales qui auront à prendre en charge toute «tentative de perturbation» de l'année scolaire. «Une répression par procuration», ironise Kader, enseignant dans un lycée à la périphérie d'Oran. En effet, à Oran, à l'instar de toutes les wilayas du pays, la direction de l'Education a reçu des instructions formelles de la part du wali de «neutraliser toute tentative de perturbation en appliquant la loi».

    Le premier responsable de l'exécutif de la wilaya avait annoncé, le mois dernier, lors de la réunion tenue à l'hémicycle de la wilaya, que tout mouvement de protestation sera confronté aux forces de l'ordre. L'Etat, en appelant les walis et les directeurs de l'Education, à travers les instructions du ministre de l'Education, à intervenir pour régler tous les problèmes qui surgiront au niveau de leur wilaya, dont les grèves, est très mal perçu par le corps enseignant, déjà mis mal à l'aise par une rentrée qui focalise toutes les attentions sur eux. «On a l'impression d'être les méchants dans cette histoire», analyse Nourredine, enseignant de langue anglaise dans un lycée d'une des communes d'Oran. «Avec cette augmentation des salaires, qui n'en est pas une à vrai dire, Benbouzid nous jette en pâture à son administration et ses circulaires qui tendent à davantage pénaliser l'enseignant», ajoutera-t-il.

    Un sentiment de «persécution» partagé par nombre d'enseignants qui commencent à cultiver une paranoïa expliquée par les mesures draconiennes prises par l'Administration contre tout manquement, même minime, aux règles de travail et la circulaire ministérielle, relative aux absences, est brandie en étendard de la méfiance des enseignants envers le département de Benbouzid. «C'est une manœuvre afin d'éviter la grève pour préparer le terrain au passage en force du nouveau code du travail qui prévoit une retraite après 40 ans de travail», expliquera Mohamed, enseignant de langue française à Relizane et affilié au Cnapest.

    Par ailleurs, et selon certains enseignants à Oran, et dès le troisième jour de la rentrée scolaire, une commission ministérielle était à pied d'œuvre pour contrôler si les enseignants ont déjà entamé le programme en demandant de voir les cahiers de texte ainsi qu'en interrogeant et l'enseignant et les élèves sur les premiers cours. Une décision de commencer le programme officiel, la première semaine des classes, qualifiée d'inepte puisque, et selon beaucoup d'avis, cette période était mise à profit pour des révisions et des rappels des cours de l'année précédente. L'autre nouveauté constatée pour cette rentrée est le fameux test d'évaluation des élèves dans certaines matières pour tester leurs prérequis en maths, arabe et français avec, au bout, un imprimé à remplir et à renvoyer à l'académie. Ainsi entre satisfecit officiel, méfiance, menace de grève, d'un côté, et de représailles, de l'autre, l'année scolaire qui vient juste de démarrer n'a pas encore livré tous ses secrets.

  • Le tirailleur marocain Ben Bella, l’infiltré du FLN

       


     Le général De Gaulle «avait programmé en juin 1958 la mise au pouvoir de Ben Bella dans quatre ans, avec l´espoir de conserver 70% du pétrole et d´avoir la main mise sur le Sahara» a révélé, dans une émission de radio, Jean Méo qui fut son chargé de mission (1958-1960), puis Pdg du groupe pétrolier Elf-Erap (1964-1972). 

    Voici donc une nouvelle pièce du puzzle historique algérien délivrée au compte-goutte, découverte par hasard. Le casse-tête de l’écriture de notre Histoire cause des migraines à plusieurs générations d’algériens devenus schizophrènes et paranoïaques à force de se triturer les méninges sur les causes de la déliquescence chronique d’un Etat construit par des putschs, impostures, trahisons, forfaitures, mensonges et corruption. 

    Les moudjahiddines authentiques et les militants sincères de la génération de novembre savent beaucoup de choses mais ne disent rien. Tandis que la génération post-indépendance perd son temps à essayer de découvrir et de comprendre les vérités de notre glorieuse révolution dévoyée et de notre identité bafouée, selon les bribes d’information récoltées ici ou là. 

    On n’avait pas prêté grande attention aux propos accusateurs de la veuve de Abane Ramdane qui avait déclaré à la presse que Ben Bella a été fabriqué par les Français: «Naturellement, ce sont les Français qui lui ont fait cette propagande pour lui donner un nom. C’est à partir de là que les Français ont préparé un président pour l’Algérie… La France voulait donner un chef à la Révolution algérienne, le plus bête des chefs. C’est la dernière farce que la France nous a faite.» (Liberté du 8-11-2002) 

    Le personnage du marocain Ben Bella est un élément clé du bâclage de l’indépendance algérienne trahie par les manigances de De Gaulle et les complots des services secrets coloniaux. 

    Ben Bella héros de guerre français 

    Ben Bella Mohamed (son vrai nom) dit Ahmed, dit Hemimed, alias Abdelkader Mebtouche, alias Messaoud Meziani, serait né le 25 décembre 1916 (ou 1918), à Maghnia à la frontière algéro-marocaine. Fils de paysans marocains originaires de Marrakech, Embarek Ben Mahdjoub et SNP Fatma Bent El Hadj, propriétaires d'un terrain agricole et d’un café fondouk populaire. (1) 

    Appelé sous les drapeaux français en 1937, il effectue son service militaire au 141e Régiment d'Infanterie Alpine (RIA) à Marseille où il devint sergent. 

    Féru de football, il joua milieu de terrain dans l’équipe des Mitrailleurs 2.15 la saison 39-40. Il figure aussi dans l’historique des effectifs du club de l’Olympique de Marseille pour lequel il ne joua l’intégralité que d’un seul match officiel, où il marqua un but sur les 9 à 0 contre le FC Antibes. Ce passage éclair dans l’effectif de l’OM reste à ce jour un mystère. (2) 

    Selon sa biographie officielle, il effectua la campagne de France en 39-40 durant laquelle il aurait obtenu une croix de guerre pour avoir abattu un stuka allemand dans le port de Marseille, ce qui reste à vérifier. 

    Démobilisé, il est rappelé en 1943 et incorporé, non pas dans un régiment de tirailleurs algériens, mais au 5e Régiment de Tirailleurs Marocains (5e RTM), au sein de la 2e Division d'Infanterie Marocaine (2e DIM) au grade de sergent-chef, puis d'adjudant. 

    Il côtoya dans la campagne d’Italie d’autres marocains qui vont devenir célèbres comme Mohamed Oufkir, Driss Ben Omar El Alami, des tirailleurs tunisiens… et des tirailleurs algériens, dont les adjudants Mohamed Boudiaf et Mostefa Ben Boulaïd, le caporal Krim Belkacem, le sergent Larbi Ben M'Hidi, Rabah Bitat, etc… 

    Le sous-officier Ben Bella, âgé de 28 ans, avait les qualités des soldats marocains, «des guerriers rustiques, solides, courageux et faisant preuve d'un attachement infaillible à leurs chefs… capables d'endurer de très longues marches, en sachant parfaitement bien s'adapter aux exigences du combat, particulièrement dans la montagne. Ayant un sens inné de la manoeuvre et du terrain, ils possèdent une acuité visuelle étonnante, «l'oeil de crécerelle» (petit oiseau rapace diurne), leur permettant de distinguer le moindre déplacement adverse. Leur adresse au tir est également exceptionnelle. Autant de qualités qui vont s'exprimer, de façon encore plus éclatante qu'auparavant, dans la campagne d'Italie.» (3) 

    Ben Bella se distingua par sa conduite héroïque et sa détermination lors de la fameuse bataille de Monte Cassino. Il aurait été cité quatre fois pour son comportement au combat dont deux fois à l'ordre de l'armée, seul ou avec son régiment, le 5e RTA. 

    Ben Bella se voit remettre la Médaille militaire par le général De Gaulle en personne lors d'une prise d'armes en 1944, peu après la libération de Rome, qui consacre l'énorme sacrifice des soldats nord-africains en Italie. 

    Il raconte, lui-même cet épisode particulier de sa rencontre avec De Gaulle: «La première fois que nous nous sommes rencontrés, c’était en avril 1944, en Italie, au nord du Monte Cassino. Il avait insisté, contre l’avis des Alliés, pour que le corps expéditionnaire français participe à cette campagne. La plupart des troupes venaient d’Afrique du Nord. J’appartenais à une unité d’élite, le 5e régiment de tirailleurs marocains (RTM), basé à El Malah. Cet hiver-là, le froid fut terrible. Nous progressions dans les montagnes, pied à pied, repoussant l’ennemi à la baïonnette, à la grenade, à l’arme automatique, parfois à coups de poignard… De Gaulle nous a gratifiés d’une visite spéciale. Il allait, disait-on, décorer cinq ou six officiers. Moi, le sous-off, je ne me sentais pas concerné. Juste avant la cérémonie, le colonel me fait chercher : «Comment, vous n’êtes pas prêt? Dépêchez-vous donc, on vous attend !» De Gaulle, ce jour-là, m’a remis la médaille militaire pour faits de guerre exceptionnels.» (Tribune publiée le 26/10/1995 par Le Monde). 

    On peut lire dans les archives du Journal Officiel ce «fait de guerre exceptionnel». (Jo français du 19-11-1944, Décret du 9-11-1944 portant concession de médailles militaires). 

    «BEN BELLA MOHAMED, mle 6269, sergent-chef, N° R. T. : remarquable de devoir et de courage. Le 31 mai 1944, chargé d’une mission dangereuse avec une section de premier échelon, l’a remplie avec succès. Pris sous un violent tir de canon automoteur, s’est porté au secours d’un tirailleur blessé. Malgré l’intensité du feu ennemi, n’a pas hésité à se reporter en avant pour assurer la liaison devenue précaire à la suite d’un bombardement intense et prolongé.» 

     

     

    Le général Alphonse Juin, né à Annaba et surnommé l’Africain, commandant de la campagne d’Italie, a souligné les «brillants états de service» de Ben Bella.  Comme beaucoup d’autres maghrébins, Ben Bella avait signé pendant la guerre son pacte de fidèle serviteur de la France et du gaullisme, «à l’insu de son plein gré». 

    Infiltration et démantèlement de l’Organisation Spéciale 

    La guerre terminée, Ben Bella, démobilisé en juillet 1945, rentre en Algérie et s'engage dans le mouvement nationaliste «à pas de loup»

    Il décrit lui-même son parcours militant sur le Procès-verbal de son audition établi le 12 mai 1950 par la police coloniale après son arrestation à Alger. Etonnement détaillé et précis, ce PV ressemble étrangement à un rapport de mission circonstancié. 

     «J'ai commencé à faire de la politique juste après ma démobilisation. Je me suis inscrit aux AML (Amis du manifeste et de la liberté) mais je n'avais aucune fonction particulière ni aucune responsabilité. Aux élections municipales de fin 1945 ou début 1946, je me suis présenté sur une liste d'union indépendante. J'ai été élu et c'est quelques mois après cela que j'ai été sollicité par le PPA pour entrer dans le parti et organiser une section politique à Maghnia.» (4) 

    Contrairement à ce que rapporte plusieurs dictionnaires et biographies sommaires, Ben Bella n’a jamais «contribué à la fondation de l'Organisation spéciale (OS)», mais l’a rejoint après sa création, décidée par le Congrès du PPA-MTLD en février 1947

    Il le confirme lui-même dans le fameux PV : «j'ai rencontré Madjid. Je le voyais pour la première fois. Il m'a dit dans les grandes lignes ce que le parti attendait de moi. Une organisation paramilitaire, super clandestine venait d'être créée et le parti me mettait à la disposition de cette formation… C'est au cours de contacts successifs que Madjid m'a expliqué le détail de ma mission.» (4) 

    Ce Madjid, dont Ben Bella ne connaissait pas l’identité exacte à l’époque, était Hocine Aït-Ahmed qui devint chef d’état-major de l’OS, remplaçant Mohamed Belouizdad souffrant de tuberculose. Il fut qualifié dans le PV par Ben Bella «d’élément trouble et perturbateur». 

    Comment le nom de Ben Bella a-t-il été «recommandé»? Est-ce pour ses compétences militaires par ses anciens compagnons d’armes algériens ou marocains de la campagne d’Italie? Où par un autre biais. Seul Aït-Ahmed est aujourd'hui en mesure de répondre à cette question.

    La propagande coloniale de l’époque avait fait un «tapage médiatique» sur le rôle-clé de Ben Bella présenté à la fois comme «cerveau et chef du commando» de l’attaque de la Poste d’Oran dans la nuit du 4 au 5 avril 1949, qui rapporta plus de trois millions de francs. Cette version continue à être reprise de nos jours par les médias et des livres d’histoire.  Il n’en est rien.

    C’est encore Ben Bella lui-même qui le reconnaît : «C'est au cours d'une réunion de l'état-major de l'OS, à Alger, que Madjid nous a fait connaître l'intention du parti d'attaquer la poste d'Oran, pour se procurer de l'argent… Il m'a chargé de trouver sur place, à Oran, un local où nous pourrions en toute quiétude mettre sur pied le plan de réalisation d'une telle opération… A plusieurs reprises, je vous ai parlé de l'attaque à main armée perpétrée contre la poste d'Oran. Je viens de vous dire qu'il s'agissait d'une manifestation de l'OS, que ce coup de force avait été tenté pour satisfaire aux exigences des trublions politiques du M.T.L.D. Je vais donc par le détail vous dire tout ce que je sais sur cet attentat.» (4) 

    Ben Bella affirme qu’il n’a jamais été question qu’il fasse partie du commando, ni même Aït-Ahmed: «Pour ma part, je devais rejoindre Alger deux ou trois jours avant la date et revenir à Oran par le train de jour qui arrive à quinze heures. Madjid, lui, devait rentrer à Alger la veille, en prenant le train qui part d'Oran à vingt-deux heures environ. Ces consignes ont été scrupuleusement respectées et le 5 avril vers 13h je suis arrivé à Oran… C'est par le journal du soir Oran-Soir que j'ai connu le montant du vol et appris certains autres détails. Je devais reprendre le train du soir pour rendre compte de ma mission à Madjid… Dès le matin, j'étais rentré à Alger par le train de la veille, au soir, j'ai pris contact avec Madjid auquel j'ai rendu compte de ma mission. Là, se terminait mon rôle. Par la suite, j'ai appris par Madjid lui-même que l'argent avait été transporté chez Boutlelis où le député Khider devait en prendre livraison… Le produit du vol a été entièrement versé au MTLD par Khider» (4) 

    Le commando d’attaque de la Poste était composé de «Djelloul (Bakhti) Nemiche employé à la poste d'Oran, Ahmed Bouchaib, Boudjemaa Souidani, Mohammed Ali Khider (à ne pas confondre avec le député du même nom), Omar Haddad et d'autres militants. Khider fut chargé par Lahouel de se rendre à Oran pour transporter la somme à Alger. Conscient de l'enjeu, Khider utilisa sa voiture parlementaire, toujours protégée par la cocarde bleu, blanc, rouge pour accomplir sa mission. L'argent fut versé à la trésorerie du Parti. La police ne connaîtra les véritables auteurs, que bien plus tard…» (5) 

    Quelques semaines après cette spectaculaire opération, Ben Bella se retrouve propulsé à la tête de l’OS à la faveur de la «crise berbériste» qui provoqua une purge au sein du MTLD et la mise à l’écart d’Aït-Ahmed et des kabyles. 

    «Le chef national de l'OS, Madjid, est passé au berbérisme et le parti, en la personne de Khider, m'a chargé de m'occuper de l'OS… en juillet-août 1949… C'est à lui et à lui seul que je rendais compte de l'activité de la formation paramilitaire. C'est de lui et de lui seul que je recevais les directives et les consignes. Aucune décision grave, aucune réforme importante n'était prise sans en référer au député Khider. C'est d'ailleurs lui, qui, chaque mois, me remettait les fonds nécessaires à la rétribution des permanents de l'OS.» (4) 

    Durant la courte chefferie de Ben Bella, l’OS n’entreprendra aucune action importante. Et le temps que Ben Bella connaisse tous les rouages de l’organisation,… l’OS fut démantelée au printemps 1950. 

    La plupart des responsables de l’OS entreront en clandestinité, mais «Ben Bella, chef d'Etat-major de l'OS, fut appréhendé le 12 mai 1950 dans son refuge à Alger… Il n'avait pas pris la précaution de changer de domicile alors que l'alerte était chaude.» (5) 

    Avant son limogeage, Ait Ahmed avait rédigé une brochure intitulée “L'attitude du militant devant la police”, définissant le comportement en cas d'arrestation pour conserver le secret sur l'existence de l'OS, de ses membres et les caches d'armes. Ben Bella n’a donc pas respecté ces consignes et s’est mis tout de suite à table en livrant toute l’organisation. 

    «Toutes ces arrestations en chaîne -environ 500- opérées en mars-avril-mai 1950, amenèrent le démantèlement de l'OS et la saisie d'un nombreux matériel: mitraillettes, chargeurs, pistolet, cheddite, cordon bickford, mèche lente, détonateurs, amorces, grenades de modèles variés, postes émetteurs radio, documents, manuels militaires. L'Administration avait des preuves concrètes de l'existence organique de l'OS, de son armement, de sa structure hiérarchique et de sa subordination étroite au PPA-MTLD». (5) 

    Evasion rocambolesque

    Les quatre procès collectifs de l’Organisation Spéciale qui se sont tenus de janvier 1951 à mars 1952 ont été l’occasion de mettre en valeur Ben Bella et surdimensionner son rôle par rapport aux autres responsables (Aït-Ahmed, Boudiaf, Ben Tobbal, Ben Boulaïd, Bitat, Ben M’Hidi, Didouche, …). La presse coloniale brosse un portrait flatteur de Ben Bella comme «Chef de l’Organisation». 

    Sur les 363 militants arrêtés, 252 seront jugés, mais la justice française tient à protéger les «traîtres», en imposant le huis clos par un jugement de la Cour d’appel: «Tous les membres de l’association paramilitaire ne sont pas actuellement hors d’état de nuire et poursuivent leurs activités. Qu’il importe en conséquence de ne pas permettre, par un débat public, aux malfaiteurs non encore arrêtés de se rendre exactement compte de ce qui a pu être découvert par nos services de police, ni de ce qui a été révélé par les prévenus, d’une part, …, d’autre part, pour éviter que des vengeances ne soient exécutés contre les prévenus ou leurs familles…». (6) 

    Les responsables de l’OS en fuite ne sauront donc pas, au moment du procès, jusqu’à quel point Ben Bella les avait dénoncé et dévoilé tous les ressorts de l’organisation. 

    Deux ans après son arrestation, à peine le procès était-il terminé et l'avait condamné à huit ans de prison, que Ben Bella s'évade «miraculeusement» en avril 1952 de la prison de Blida, d’où il parvient à gagner tranquillement Le Caire via Marseille, Paris et la Suisse. 

    Cette évasion est évoquée dans le livre d’un cousin de Abane Ramdane: «Evasion rocambolesque de Ben Bella de la prison militaire de Blida en 1952 arrangée par les autorités coloniales en échange de sa coopération. Cet épisode opaque de l’itinéraire militant de Ben Bella lui sera sévèrement reproché par ses camarades de l’OS et du MTLD, notamment par Abane Ramdane qui l’accusera d’avoir trahi en livrant toute l’Organisation à la police française sans avoir subi la moindre violence.» (7) 

    Pour Yacef Saadi, la compromission de Ben Bella ne fait aucun doute. «Troublante évasion ! Chez les anciens on en parle encore. Ben Bella s'évade, qui plus est de la prison de Blida. À l'époque où il était président de la République, un ancien inspecteur principal de la DST, Mohand Ousmer le connaît fort bien. Il n'hésitera pas à répandre des informations sur “l'évasion” de Ahmed Ben Bella de cette prison de Blida dont il disait qu’elle avait été plus ou moins arrangée pour permettre à ce dernier d'arriver au Caire et ne pas manquer la grande effervescence populaire qui avait envahi les rues à la faveur de la déposition du roi Farouk par les “officiers libres”. Mais le plus important dans les propos de l'ancien officier de la DST, c'est la version qu'il donne quand il affirme que parmi les gens qui composaient la délégation extérieure du MTLD à cette époque-là, Ben Bella avait été retourné par les services spéciaux français souffrant alors d'un manque critique de renseignements sur la nouvelle direction politique de l'Égypte des militaires.» (8) 

    Au Caire, Ben Bella ne perd pas de temps et c’est par l’entremise du major Fathi Dib, chef des services secrets égyptiens qu’il est présenté à Nasser, gagne sa confiance et se met à son service au nom du panarabisme. 

    L’historiographie coloniale est très romancée : «Ben Bella voyage beaucoup entre l'Égypte et le Maroc, alors en pleine effervescence, l'Italie et l'Espagne. Il échappe de peu à des attentats organisés par les services secrets français (une bombe est déposée dans son bureau du Caire; un agent des services secrets tente de l'abattre dans le hall d'un hôtel) et gagne une réputation de baraka». (9) 

    Cet exil au Caire de Ben Bella, Khider et Aït-Ahmed, en qualité de représentants extérieurs du MTLD, leur octroie une participation «honorifique» dans le Comité Révolutionnaire d'Unité et d'Action (C.R.U.A.) créé en mars 1954.

    Mais il ne leur permettra pas de figurer dans la liste du Groupe de 22, réunis à Alger le 25 juin 1954, qui décideront du principe du déclenchement de la révolution armée et délégueront cette initiative à un groupe de six militants: Boudiaf, Ben Boulaïd, Ben M’Hidi, Didouche, Bitat et Krim, qui deviendront les six «chefs historiques» fondateurs du FLN. 

    L’intégrité de ces hommes ne fait aucun doute puisque la préparation et le déclenchement des opérations militaires du 1er Novembre, qui a ébranlé le pouvoir colonial, s’effectueront dans le plus grand secret, auquel même les trois exilés du Caire n’auront pas accès. 

    C’est Roger Wybot, lui-même qui l’explique. Directeur du Bureau Central de Renseignements et d'Action (BCRA) lors de la seconde guerre mondiale, puis Directeur de la Surveillance du Territoire (DST) de 1944 à 1959, il est entre autres, Commandeur de la Légion d'honneur, Commandeur du Ouissam Alaouite (Maroc), Grand Officier du Nicham Iftikar (Tunisie). 

    «Mitterrand, ministre de l'Intérieur, me fait téléphoner aussitôt ce jour-là par son directeur de cabinet adjoint, qui se lance dans une longue tirade accusatrice : 

    - Vous savez ce qui se passe en Algérie ? C'est proprement incroyable ! Des éléments étrangers, venus de l'extérieur, viennent d'y débarquer pour fomenter des troubles et provoquer une véritable rébellion. C'est absolument inadmissible ! Comment se fait-il que vous n'ayez pas prévu cette action étrangère ? La DST n'a pas fait son travail. 

    Je le laisse parler sans l'interrompre puis, lorsqu'il arrive au bout de son discours indigné, je réplique froidement : 

    - “J'ai le sentiment d'un léger malentendu. Tout d'abord, pour ma part, je ne crois pas à une intervention étrangère. L'explication est trop commode. Que des fonds, des armes, soient parvenus d'ailleurs, c'est probable. Mais c'est en Algérie même que le mouvement de révolte s'est développé, structuré, entraîné. 

    Ce n'est pas Le Caire qui est passé à l'action, mais le “CRUA.” A ce propos, je vous suggère de vous reporter à mon rapport de mars 1954. Tout ce qui arrive aujourd'hui y était annoncé, les chefs de la rébellion nommés, les effectifs, méthodes, intentions, plans analysés. Ce document complet, il est sur le bureau du ministre de l'Intérieur depuis cinq mois.

    Le gouvernement a changé mais ce rapport, j'ai rappelé son existence en juillet. Ce n'est pas ma faute si vous n'en avez rien fait et si vous ne savez même pas ce qu'il y a dedans !» (10) 

    On ne peut être plus clair. La DST savait tout depuis le «rapport de mars 1954», lorsque Ben Bella apprend son intégration au CRUA… Elle avait «rappelé son existence en juillet» après la création du groupe des 22 et des six historiques le 25 juin… Mais «ce n’est pas Le Caire qui est passé à l’action», … parce que Ben Bella ignorait tout des préparatifs du déclenchement de la Révolution. 

    Le détournement de «l'avion de Ben Bella» 

    Lakhdar Ben Tobbal, décédé le 23 août 2010, a affirmé que la seule contribution de Ben Bella, est «d’avoir annoncé le début de l’insurrection aux autorités égyptiennes» … au lendemain du 1er Novembre. 

    Pour Mahfoud Benoune, anthropologue et historien «l’autoproclamé zaïm de la Révolution algérienne n’a finalement jamais joué de rôle déterminant, ni dans son déclenchement, ni dans son déroulement, ni dans sa victoire finale». 

    La mise à l’écart de Ben Bella coïncide étrangement avec le désarroi des services de renseignement français pris de vitesse par les rebelles algériens qui aboutira à l’apothéose du Congrès de le Soumam réuni le 20 août 1956 au cœur de la Kabylie, qui consacre la naissance du Comité de coordination et d'exécution (CCE) organe central de la direction du FLN, composé de cinq membres (Larbi Ben M'hidi, Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda, Krim Belkacem, Saad Dahlab). 

    Ben Bella vivra très mal sa mise à l’écart et en gardera une rancune et une haine tenace à Abane Ramdane au point de déclarer à la chaîne qatarie El Djazira, en 2002, que «le Congrès de la Soummam, célébré à grand bruit, a, en vérité, fait dévier la Révolution des objectifs tracés le 1er novembre». Tout en accusant Abane Ramdane de «trahison». 

    Les services français ont alors imaginé une opération de grande envergure pour remettre en selle Ben Bella. Le 22 octobre 1956, l'avion marocain d'Air Atlas conduisant Ben Bella, Khider, Boudiaf et Aït Ahmed de Rabat à Tunis est détourné et contraint de se poser à Alger. La presse titrera à la une sur le détournement de «l’avion de Ben Bella».

    Qui a averti les services français du plan de vol? L’Histoire le dira peut-être un jour. Lorsqu’un journaliste égyptien a évoqué en 2008 des complicités marocaines dans le détournement de l'avion, Hocine Ait Ahmed a vivement démenti alors que Ben Bella n’a toujours pas réagi. 

    La photo prise à leur descente d’avion est très expressive. Boudiaf, Aït-Ahmed, Khider et Lacheraf s’agitent et regardent dans tous les sens, ne comprenant pas encore ce qui leur arrive.

    Alors que Ben Bella reste à l'écart droit, immobile, au garde-à-vous fixant l’objectif du photographe comme s’il savait exactement ce qui se passait. 

     

    La veuve de Abane Ramdane évoque cette anecdote étonnante qui lui a été racontée par Boudiaf lui-même. «Sur le bitume de l’aéroport, Mohamed Boudiaf tenait un porte-documents entre les mains. Un gendarme s’est avancé vers lui, le lui a pris pour le remettre à Ahmed Ben Bella. À ce moment-là, un flash a crépité pour immortaliser l’instant… Pour faire croire que c’est Ben Bella le premier dirigeant». 

    Ben Bella et ses compagnons vont passer six années de détention en France. Le prestige personnel du prisonnier Ben Bella ne cesse alors de croître. En 1958, il est désigné comme vice-président du premier Gouvernement Provisoire de la République algérienne (GPRA). 

    Son nom est martelé sans cesse en toute occasion pour conditionner l’opinion publique. Le général de Gaulle, lors d'une fameuse conférence de presse tenue le 11-04-1961, évoque le «chef du FLN» alors qu'aucune question ne lui avait été posée à son sujet : «Quelqu'un m'avait posé une question au sujet de Ben Bella, je crois, n’est-il pas vrai ?…», déclenchant un éclat de rire général des journalistes dans la salle… qui ont apprécié la subtilité. (11) 

    Il poursuit : «je ne cache pas que beaucoup de gens m’en parlent (de Ben Bella)… j’en ai parlé avec le président Bourguiba…j’ai fait des communications au sujet de qui nous parlons au Roi du Maroc (Mohamed V)… et aussi à son fils (Hassan II)… à d’autres encore qui m’en ont entretenu…». 

    Le général explique qu'une fois le cessez le feu obtenu “Ben Bella et ses compagnons de rébellion” seront renvoyés à Rabat. Il ne prononcera jamais un autre nom que celui de Ben Bella. Et il en parle avec cette condescendance et cette suffisance du général qui a décoré le sergent-chef indigène à Monte Cassino en 1944. 

    Dans cette conférence mémorable, De Gaulle résume les grandes lignes de sa stratégie d’indépendance pour l’Algérie tout en veillant à la sauvegarde des intérêts français, notamment concernant une souveraineté partagée sur le Sahara, les essais nucléaires et le pétrole. 

    A l’entendre parler on comprend vite à quel point l’enjeu est trop important pour laisser les algériens décider seuls de la construction de leur Etat et du choix de leurs dirigeants. Pour De Gaulle, l’Algérie, malgré sa révolution et ses martyrs, ne sera pas l’exception africaine à qui on peut accorder une indépendance sans contrôle. 

    Le message est très clair, comme l’a révélé Jean Méo. C’est bien De Gaulle et le pouvoir colonial qui ont conditionné et préparé Ben Bella depuis bien longtemps et décidé qu'il serait le 1er Président algérien. Ce n’était donc ni Nasser, ni Hassan II, ni Boussouf et encore moins Boumediene. 

    Démantèlement du GPRA après l’OS 

    Quand on revoit le parcours de Ben Bella, on comprend encore mieux aujourd’hui pourquoi et comment le GPRA et les 3B (Boussouf, Ben Tobbal, Belkacem Krim) ont été balayés d’un revers de la main par De Gaulle en quelques semaines. Tous les scénarios qu’on nous a fait avaler depuis l’indépendance s’avèrent faux et édulcorés. 

    L’intronisation de Ben Bella à la tête du FLN et de l’Etat a certes été faite manu militari, au pas de charge, … mais les ficelles étaient tirées ailleurs. On peut revoir les images d’archives de l’époque qui montrent bien que ni Ben Bella, ni Boumediene n’avaient la carrure pour renverser à eux seuls les Boussouf, Krim, Ben Tobbal, Ben Khedda, Boudiaf, Aït-Ahmed, etc… D’autres infiltrés s’activaient dans l’ombre pour mener à bien le plan colonial. (12) 

    Boumediene, l’Etat-Major Général (EMG), le clan d’Oujda et l’armée des frontières, encadrée par les déserteurs de l’armée française (DAF), ont exécutés les ordres de De Gaulle, avec le consentement de Nasser, Bourguiba et Hassan II. 

    Lorsqu’en Mars 1962 les accords d'Évian sont signés, Ben Bella, libéré et rentré en Algérie se sépare de ses co-détenus et provoque immédiatement le démantèlement total du GPRA et des structures issus de 8 ans de guerre, des états-majors des wilayas, du multipartisme fondé sur des décennies de militantisme, etc… De la même façon qu’il avait provoqué le démantèlement de l’OS quelques mois seulement après avoir pris son commandement. 

    Ce sont désormais les structures extérieures créées à Oujda et Ghardimaou (armée des frontières encadrée par les DAF, le MALG et la Sécurité Militaire dirigés par des marocains , fonctionnaires du Maroc) qui viendront gérer l’Etat colonial, en remplaçant les français. (13)

    Ferhat Abbas, intellectuel idéaliste et romantique, aigri par son éviction de la présidence du GPRA avait fait l’erreur fatale de cautionner la prise de pouvoir par Ben Bella en le rejoignant à Tlemcen. Il le regrettera amèrement un an plus tard lorsqu’il sera emprisonné au Sahara. 

    A la fois candide et amer, il avouera dans un livre qu’il avait apporté sa caution historique et morale à un homme qu’il ne connaissait pas: «Je connaissais très peu Ben Bella. Ce que je savais de lui, je l’avais appris par des tiers… Le Dr Lamine Debaghine me mit en garde contre Ben Bella… Abane Ramdane me fit un portrait peu flatteur du futur président de la République en me disant «C’est Ben Bella qui dénonça notre Organisation Spéciale, l’OS»… Le même avertissement me fut donné par Boudiaf… Sa renommée a été créée de toutes pièces par les égyptiens, les français et les marocains… La vérité est que Ben Bella a été le démolisseur de l’union nationale réalisée durant les combats… La médaille militaire qu’il a gagnée à Cassino sous les ordres du général Juin n’a pas, dans le destin de l’Algérie, le poids d’une seule goutte de sang de nos chouhada. Voilà ce que retiendra notre Histoire. Les élucubrations de l’ancien président de la république ne changeront rien à la vérité». (14) 

    Le règne destructeur de Ben Bella prit fin le 19 juin 1965, après avoir balisé le terrain pour une prise totalitaire du pouvoir par Boumediene à mi-chemin entre le nassérisme et le stalinisme. 

    De Gaulle tenta vainement de faire libérer son protégé en dépêchant à Alger plusieurs émissaires. Ben Bella le confirmera en 1995 : «Du fond de ma prison, j’ai appris que de Gaulle était intervenu auprès de Boumediene, par la voix de Jean de Broglie, alors secrétaire d’Etat, pour que j’aie la vie sauve.» (Le Monde du 26/10/1995) 

    Après 15 années de détention, Ben Bella a été libéré par Chadli Bendjedid en 1980. Il s’exile en Europe où il crée en 1982 un parti politique d’opposition, le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA). Il revient à Alger en 1990 à la faveur de l’ouverture politique et repart aussitôt après l’assassinat de Boudiaf en juin 1992, comprenant enfin que son retour au pouvoir est plus qu’improbable, dangereux. 

    Depuis, il faisait le tour de ses amis (France, Maroc, Egypte, Irak, Libye, URSS, Cuba, …), mangeant à tous les râteliers. Hassan II, Khadafi, Saddam Hussein, etc, … l’ont aidé à accumuler des richesses et des biens immobiliers. Il possèderait un château et un appartement en Suisse, ainsi que divers biens en Algérie, France, Maroc, Belgique, Espagne, … 

    Son compatriote et complice Bouteflika n’hésite pas à l’honorer à chaque occasion, comme lors des funérailles nationales organisées à l’attention de son épouse Zohra Sellami, décédée le 23 mars 2010 à l'âge de 67 ans à Paris où elle se faisait soigner tout en résidant à l’hôtel Crillon aux frais de l’Etat algérien. 

    Aujourd’hui, Ahmed Ben Bella a 94 ans et réside en permanence à Alger, son état de santé ne lui permettant plus de voyager. 

    La stratégie d’infiltration de De Gaulle et la DST 

    Ben Bella n’était pas le seul infiltré manipulé par le système colonial. C’est Roger Wybot, patron de la DST, qui explique cette stratégie d’infiltration et la méthode qu’il a utilisée contre le FLN. 

     «Je développe mon système d’infiltration des réseaux du FLN par des agents à nous. Les hommes que nous glissons dans le dispositif adverse, souvent à des postes subalternes, nous les aidons à conquérir progressivement de l’importance au sein de la rébellion. Nous leur permettons par exemple de passer des armes, de l’argent pour le FLN.

    Leurs convois clandestins sont protégés par la DST alors que les transports d’armement d’autres chefs fellagas sont bloqués, saisis. Avec notre accord et la complicité de l’armée française, nos agents FLN montent également des opérations bidon, de manière à se couvrir de gloire aux yeux de l’état-major du Caire et de Tunis. Chaque fois, nous organisons tout nous-mêmes pour rendre le coup de main rebelle totalement crédible. 

    Au fur et à mesure, nous déblayons le terrain devant eux. Leurs camarades se font prendre, leurs chefs jouent également de malchance. Ce qui leur permet de grimper dans la hiérarchie clandestine, de remplacer ceux que nous choisissons d’éliminer. Certains de ces agents doubles vont atteindre les plus hauts échelons dans l’état-major FLN. Il nous est arrivé de manipuler des chefs et des chefs adjoints de willayas (…) 

    Grâce à ce noyautage de l’adversaire, j’ai pu tenir à jour, dès la première minute, tout l’organigramme de la rébellion, surtout en métropole. Dès qu’un attentat FLN est commis, je sais qui l’a perpétré. Si je veux en arrêter les auteurs, je n’ai qu’un signe à faire. (…)

    Mais ce qui m’intéresse, ce n’est pas tellement d’appréhender quelques terroristes algériens. La plupart du temps, je les laisse courir un peu, en les surveillant discrètement, enregistrant leurs contacts, leurs cachettes. Ma tactique c’est de lancer, de temps à autre, de vastes coups de filet décapitant partiellement leur organisation. Volontairement, je laisse toujours échapper quelques proies que je fais filer.

    J’attends que les willayas démantelées se reconstituent avec du sang neuf, puis je frappe à nouveau.  Ce qui me permet, à tout moment, de contrôler l’état major ennemi, parfois d’en dresser les chefs les uns contre les autres. Par exemple, lors de certaines arrestations massives, j’épargne les éléments les plus durs, mais de manière à faire peser sur eux un climat de suspicion. Leurs amis se posent des questions, s’étonnent qu’ils aient pu s’échapper si facilement. Ils seront dénoncés comme indicateurs de police par les agents doubles que j’ai mis en place moi-même, et se feront éliminer comme traîtres…» (10) 

    Le fils du général de Gaulle avait rapporté dans son dernier livre «Mon père De Gaulle», une confidence étonnante et lourde de sens faite par son père : «Nous avons laissé 140.000 harkis infiltrés dans les rangs de l'ALN». 

    Lakhdar Ben Tobbal confirme ce chiffre et la dégradation de la situation depuis le retour au pouvoir du général De Gaulle. Dans un chapitre inédit de ses Mémoires, non encore publiées intégralement, il révèle qu’à partir de 1958 «des djounoud faits prisonniers acceptaient de se joindre à l'ennemi. … On ne peut même pas dire qu'ils étaient l'objet de pressions directes puisque, pour des groupes de cinquante à soixante hommes armés, un seul Français suffisait pour en prendre la tête. …  Vers les années 1959-1960, on comptait 160.000 Algériens armés, combattant du côté de l'armée française… Cela se passait partout, dans les villes, les campagnes, les montagnes. Dans ces régions, l'ALN, avec ses djounoud et ses moussebiline, ne comptait pas plus de 30.000 hommes qui devaient faire face aux 500.000 soldats français et aux 160.000 auxiliaires algériens…  Ceux qui quittaient les rangs étaient plus nombreux que ceux qui les rejoignaient. On assistait à des faits absolument nouveaux, des ralliements de groupes entiers de l'ALN à l'armée française… des unités de l'ALN finirent par se replier sur elles-mêmes. Les coups qu'elles recevaient et les pertes de plus en plus fréquentes qu'elles subissaient avaient fait que les hommes s'étaient mis à s'interroger sur eux-mêmes, sur ceux qui auraient pu s'infiltrer dans leurs rangs pour renseigner l'ennemi. Le doute et la suspicion avaient commencé à s'emparer des esprits.» (15Le devoir de mémoire 

    La facilité d’infiltration coloniale et des trahisons maghrébines ont en fait pris leurs racines durant les deux guerres mondiales lorsque des liens étroits de fureur, de sang et de baroud se sont noués entre les officiers français et les tirailleurs de l’Armée d’Afrique. 

    Il faut remonter aux différentes campagnes, notamment la fameuse bataille de Monte Cassino, menée par le Corps Expéditionnaire Français, pour comprendre comment se sont forgés chez des soldats algériens, marocains, tunisiens, sénégalais,… l’amour du drapeau français, la fierté du devoir accompli, la loyauté et le dévouement à leurs chefs au détriment de leur propre pays. 

    Ils ont subi un véritable lavage de cerveau dans une époque trouble et complexe du 20e siècle dominée par le colonialisme, le nazisme, le fascisme, le stalinisme, l’impérialisme qui glorifiaient la supériorité de l’homme Blanc et semaient la terreur. 

    Enrôlés de force ou engagés volontaires, les jeunes maghrébins et africains sortaient de leurs conditions de paysans pauvres et illettrés pour découvrir subitement le pouvoir des armes, de l’ordre et la discipline militaires. 

    Le réalisateur algérien Rachid Bouchareb a réveillé les consciences en réalisant un film exceptionnel, Indigènes, sorti en 2006, qui retrace cette épopée des soldats indigènes de l’Armée d’Afrique. (16) 

    Les officiers français d’élite, qui ont commandés les goumiers et les tirailleurs seront ensuite versés dans les services secrets (DST, SDECE, Service Action, 11e choc, …). Ils n’avaient aucun mal à recruter ou retourner leurs compagnons d’armes maghrébins, leurs enfants ou leurs petits-enfants, et les convaincre de trahir leurs pays… en défendant «la mère-patrie de nos ancêtres les Gaulois»

    Par contre, les combattants qui ont manifesté un esprit rebelle intact et un attachement viscéral à la défense de leur terre lorsque leur véritable patrie les a appelés au devoir, seront vite neutralisés ou assassinés. 

    Cela explique aussi l’acharnement des services français à écarter sournoisement mais énergiquement la revendication berbériste, en encourageant le panarabisme nassérien, tout-venant idéologique où n’importe qui pouvait se fondre. 

    Que des marocains et tunisiens aient participé à la guerre de libération, c’est une excellente chose, tout comme les maghrébins l’ont fait pour combattre le nazisme durant la seconde guerre mondiale. 

    Mais qu’ils accèdent aux plus hautes responsabilités de l’Etat algérien par l’imposture et le mensonge en cachant leur véritable identité dans les conditions que l’on sait, c’est une grave anomalie historique qui continue de persister en 2010. 

    Il est temps d’ouvrir les archives coloniales et militaires et que les cinéastes, universitaires, historiens ou non, se mettent au travail et au devoir de mémoire. 

    Saâd Lounès 

    (1)     http://encyclopedie-afn.org/index.php/BEN_BELLA 

    (2)     Alain Pecheral – La grande histoire de l’OM – Ed. Prolongations – 2007 

    http://www.om-passion.com/effectif_425_ben-bella.html 

    (3)     http://www.edulyautey.org/~marocomb/articles.php?lng=fr&pg=74 

    (4)     PV d’audition de Ben Bella du 12 mai 1950 publié par La Tribune le 21-11-2002 http://rouina.ifrance.com/repertoirehtml/benbella.html 

    (5)     http://rouina.ifrance.com/repertoirehtml/origines1ernov.htm 

    (6)    Sharon Elbaz - L'avocat et sa cause en milieu colonial. La défense politique dans le procès de l'Organisation spéciale du Mouvement pour le triomphe des libertés en Algérie (1950-1952) 

    (7)     Belaid Abane «L’Algérie en guerre, Abane Ramdane et les fusils de la rébellion» L’Harmatan - Paris – 2008 

    (8)     Yacef Saadi - Article publié par le quotidien Liberté du 11-11-2002  http://www.webzinemaker.com/admi/m9/page.php3?num_web=11154&rubr=2&id=61847 

    (9)     http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Ben_Bella/98828 

    (10)  Philippe Bernert, «Roger Wybot et la bataille pour la DST», Presse de la Cité, Paris 1975. 

    (11)  Conférence de presse du Général de Gaulle du 11-04-1961 

     http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/autres-conflits/video/CAF09002063/conference-de-presse-du-general-de-gaulle.fr.html  (pour écouter ce passage aller directement vers la fin de l’entretien 1h07 sur 1h31) 

    (12)  Le putch de Ben Bella et le Clan d'Oujda sur le GPRA été 1962    http://www.youtube.com/watch?v=SWy_ivKPVHU 

    (13)  Double trahison des Marocains qui gouvernent l’Algérie

    http://saadlounes.unblog.fr/lalgerie-gouvernee-par-des-marocains/

    (14) Ferhat Abbas - L’indépendance confisquée, 1962-1978, Flammarion, Paris, 1984 

    (15)  http://forumdesdemocrates.over-blog.com/35-index.html 

    (16)  Documentaire sur le film Indigènes 

     http://www.dailymotion.com/video/xl08q_jamel-rachid-roschdy-samy 

  • Monarchies Présidentielles d’Afrique du Nord,abdeka 1er( napoleon marocain.) qui ne gouverne pas l'algerie.

    Le 9 Avril 2009, l’Algérie a retrouvé un Président-Roi comme tous les pays d’Afrique du Nord. Après une sanglante tentative de démocratisation qui a duré 10 ans de 1988 à 1998, l’Etat algérien est retombé dans la Présidence à Vie ou Monarchie Présidentielle.

    Mise à part la Monarchie Marocaine héréditaire vieille de 12 siècles, voici les Présidents-Rois d’Afrique du Nord par ordre de longévité.

    Libye :

    - Maâmmar Kadhafi a renversé le roi Idris Ier par un coup d’Etat militaire, le 1er septembre 1969 et s’est auto-proclamé Guide de la Révolution de la Jamahiriya arabe libyenne. Il est au pouvoir depuis 40 ans. Ses 8 enfants occupent d’importants postes dans l’Armée, la Sécurité et le gouvernement. Ils sont en concurrence pour lui succéder.

    Egypte :

    - Gamal Abdel Nasser renverse le roi Farouk le 23 juillet 1952, et place Mohammed Naguib à la tête de l’Etat, puis le dépose en 1954 et règne durant 16 ans jusqu’à sa mort le 28 septembre 1970.

    - Anouar el-Sadate lui succède durant 11 ans jusqu’à son assassinat le 6 octobre 1981.

    - Hosni Moubarak intronisé le 14/10/1981, règne depuis 28 ans. Il veut s’auto-désigner pour un 6ème mandat en 2011, à moins que son fils Gamel ne le dépose.

    Tunisie :

    - Habib Bourguiba a régné pendant 30 ans, de 1957 à 1987, jusqu’à sa déposition par un “coup d’Etat médical”.

    - Zine El-Abidine Ben Ali règne depuis 22 ans. Il se prépare pour un 5ème mandat en 2009.

    Algérie :

    - Houari Boumediene renverse le GPRA en 1962, et place Ahmed Ben Bella à la tête de l’Etat, puis le dépose le 19 juin 1965 et règne durant 13 ans jusqu’à sa mort le 27 décembre 1978.

    - Chadli Bendjedid régna durant 13 ans de 1979 jusqu’à da déposition en janvier 1992.

    - Abdelaziz Bouteflika qui règne depuis 10 ans vient de s’octroyer un 3ème mandat le 9 avril 2009.

    Mauritanie :

    - Mokhtar Ould Daddah régna pendant 17 ans, de 1961 à 1978 lorsqu’il fut déposé par un coup d’Etat.

    - Maâouya Ould Sidi Ahmed Taya régna pendant 21 ans à partir de 1984 jusqu’à son renversement en 2005.

    - Mohamed Ould Abdelaziz veut devenir le nouveau président à vie après son coup d’Etat du 6 août 2008.

    On peut ajouter à cette liste :

    - la Syrie où Hafez El Assad accéda au pouvoir par un coup d’Etat en 1970 et régna durant 30 ans jusqu’à sa mort en juin 2000 laissant la succession à son fils Bachar El Assad.

    - l’Irak où Saddam Hussein prend le contrôle de l’armée en 1968 puis régna à la présidence durant 24 ans de 1979 jusqu’à son renversement en 2003 par l’invasion américaine. Il fut pendu le 30 décembre 2006.

    C’est la conséquence de la COLONISABILITE des Berbères et des Arabes, incapables de s’organiser pour mériter la Démocratie, l’Autorité du Peuple.

    Le premier arriviste venu prend le pouvoir par la force et à vie.

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  • Tariq Ramadan, semeur d’islamophobie

    L’islamophobie a été de nouveau excitée par le voile intégral d’une française convertie mariée à un algérien de 34 ans qui gère une boucherie halal, un harem de quatre épouses et douze enfants. Mi-martial, mi-fanfaron face aux caméras, flanqué de gardes du corps et vêtu à la pakistanaise couvert du keffieh palestinien, Lies Hebbadj a fait preuve d’une lamentable lâcheté en qualifiant ses épouses de maîtresses, oubliant que le mensonge et la fornication sont de vilains péchés. 

    Ce fait divers est venu opportunément remplacer à la une des journaux les multiples scandales de pédophilie de l’Eglise catholique qui ont fait vaciller le Vatican. On peut difficilement trouver pire caricature que ce tartuffe donnant une image surréaliste de musulman « décalé » dans une société occidentale. Comment peut-on être systématiquement et « religieusement » solidaire d’un tel guignol ? Pourtant, le premier à venir le soutenir publiquement est encore et toujours Tariq Ramadan. (1)

    Comment les musulmans de France et d’Europe en sont-ils arrivés ces dernières années à subir cette avalanche de pitreries médiatico-politiques qui provoquent et accentuent l’islamophobie, alors que l’écrasante majorité respecte les lois et leur environnement dans la discrétion de leur foi et leur intégration sociale ? 

    Au lieu de crier au loup, cette redondance des soubresauts de l’islamophobie européenne pousse plutôt à s’interroger sur les causes réelles de cet exhibitionnisme islamiste actionné par des courants politico-religieux et leurs leaderships. A la mort du prophète, il n’y avait que deux écoles de pensée et de pratique, les sunnites et les chiites. Aujourd’hui, on se perd entre le wahabisme, le salafisme, les frères musulmans, le tabligh, etc… Voulant s’émanciper en Afrique du Nord après les indépendances, les mouvements islamistes violemment réprimés ont vite débordés sur l’Europe qui leur offrait l’asile politique. 

    Confrontés chez eux à des dictatures sanglantes qui ne leur laissait aucun espace de survie, des opposants islamistes se sont installés dans la durée en Occident où ils ont enfanté une génération hybride qu’on appelle « citoyens européens de confession musulmane »Tariq Ramadan en est devenu le symbole, le porte-parole et le chef spirituel. Philosophe, beau garçon et beau parleur, crevant l’écran sur la scène médiatique, il a rapidement incarné le modèle et l’inspirateur des jeunes musulmans nés en Europe soucieux de se réapproprier une identité islamique occultée par l’enseignement laïc, et de se démarquer de leurs parents immigrés vivant leur foi dans la simplicité, la discrétion et la tranquillité. 

    Frère Tariq est sans conteste l’inspirateur attitré d’une mode conservatrice, rigoriste et puritaine de l’islam auprès des jeunes musulmans européens, qui se manifeste ostensiblement par l’adoption d’accoutrements pakistanais, saoudiens ou afghans, en particulier le voile intégral connu sous les noms de niqab ou burqua. Le Maghreb a connu quelques années avant l’Europe cette « mode importée » sous l’impulsion de prédicateurs exaltés et de voyageurs jihadistes revenus du Pakistan, d’Afghanistan, d’Egypte ou du Golfe Arabe. 

    Tariq Ramadan entretient constamment la confusion sur son identité personnelle. « Depuis longtemps, je répète aux musulmans et à mes concitoyens que je suis suisse de nationalité, égyptien de mémoire, musulman de religion, européen de culture, universaliste de principe, marocain et mauricien d’adoption. » 

    Il a reconnu être un salafiste : « Il y a la tendance réformiste rationaliste et la tendance salafiste au sens où le salafisme essaie de rester fidèle aux fondements. Je suis de cette tendance-là, c’est-à-dire qu’il y a un certain nombre de principes qui sont pour moi fondamentaux, que je ne veux pas trahir en tant que musulman. » (Interview sur la radio Beur FM en novembre 2003). 

    Pourtant, sa vie et son histoire sont intimement liées au mouvement des Frères Musulmans, fondé par son grand-père maternel Hassan El Banna, et à la Ligue Islamique Mondiale dont son père Saïd Ramadan fut un des membres fondateurs. 

    L’héritage spirituel de Tariq Ramadan 

    La nationalité suisse de Tariq Ramadan ne doit leurrer personne. Ce n’est qu’un camouflage cosmétique pratique pour mieux dissimuler son enracinement profondément égyptien et sa vocation de leadership panislamiste.  Tariq est le double héritier spirituel de son grand-père Hassan El Banna et de son père Saïd Ramadan. Il a été élevé, avec ses quatre frères et sa sœur, dans une éducation islamique et un trilinguisme classique chez les aristocrates égyptiens (arabe, anglais, français). Hassan El-Banna, fondateur des Frères musulmans, pourchassé par le roi égyptien Farouk, est assassiné en 1949. Sa fille Wafa El-Banna, mère de Tariq, se réfugie en Suisse avec son mari Saïd Ramadan en 1958. 

    Accusé par Gamal Abdelnasser de fomenter un coup d’État, le nouveau leader des frères Musulmans, Sayyid Qutb, fut arrêté, jugé et pendu le 29 août 1966. Saïd Ramadan est au nombre des accusés. Condamné par contumace à trois peines de 25 ans, il perd sa nationalité égyptienne, mais ne prendra pas la nationalité suisse. Il était enregistré par les suisses comme pakistanais en vertu du passeport diplomatique de ce pays qui le considérait comme son « ambassadeur culturel par excellence ». Il fut l’ami du suisse François Genoud, converti à l’islam, connu pour son rôle de banquier du nazisme, de l’OLP palestinien et du FLN algérien. Il a aussi entretenu une correspondance avec Malcolm X. 

    Saïd Ramadan fonde en 1961 le Centre islamique de Genève (CIG), financé en partie par les Frères Musulmans et le prince saoudien Fayçal. Il en est resté le directeur jusqu’à sa mort en 1995. Son fils Hani Ramadan lui succéda et le conseil de direction conserve une composante familiale. Quelques mois avant la naissance de Tariq, en mai 1962, Said Ramadan joua un rôle-clé dans la fondation de la Ligue Islamique Mondiale (Rabita Al ’Alam Al Islami - World Muslim League - WML), à la Mecque. Le prince Fayçal d’Arabie Saoudite voulait promouvoir le panislamisme en opposition au panarabisme nassérien. Saïd Ramadan voulait aussi créer une chaîne de centres islamiques dans les principales capitales d’Europe (Münich, Londres…). 

    Saïd Ramadan était doué d’un grand savoir du Coran et des Hadiths, et d’une grande rigueur. Ses enfants témoignent de ses propos : “Si quelqu’un venait à moi et voulait discuter de la manière par laquelle on pourrait amener un changement dans le monde musulman, je lui demanderais d’abord s’il a prié le fajr”. 

    Le parcours et la pensée de Tariq Ramadan 

    Tariq Ramadan est né le 26 août 1962 à Genève où il fait ses études à l’Université. Après sa thèse de doctorat sur Nietzsche, il obtient une maîtrise ès lettres en philosophie et littérature française, puis un doctorat en Islamologie. Entre 1988 et 1992, il occupe le poste de doyen du Collège de Genève. Ramadan étudie ensuite les sciences islamiques à l’Université Islamique d’Al Azhar au Caire en 1992-1993 puis 1994-1995. Il est professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, et professeur invité de philosophie à l’université de Casablanca. 

    Expert consultant dans diverses commissions des Parlements européens, il participe à des groupes de travail internationaux se rapportant à l’islam, la théologie, l’éthique, le dialogue interreligieux et interculturel, le développement et les questions sociales.  Il a été plusieurs fois cité parmi les 100 intellectuels les plus influents du monde par des magazines anglo-saxons. Marié à une française convertie et père de quatre enfants, Tariq Ramadan se fait connaître du public français à partir de 1992, en donnant des conférences aux congrès annuels de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF). 

    Son discours s’articule sur une réflexion philosophique et politique dans le débat concernant la place de l’islam en Occident et dans le monde. Maniant le verbe avec dextérité, il excelle dans le paraître plutôt que dans l’être. Il peut hypnotiser un auditoire qui ressort de ses conférences pas plus instruit qu’en y rentrant, mais avec cette envie forte et diffuse de crier son islamité avec fierté. Sans être un savant, ni un théologien, il est dans la lignée des grands prédicateurs islamiques en vogue depuis les années 80, idolâtré par une jeunesse admirative sous le charme lyrique du verbe islamique. Tariq Ramadan est rapidement devenu un penseur musulman célèbre et populaire parmi les jeunes, qui s’échangent ses discours en cassettes audio et DVD. 

    Tariq Ramadan décrète que les musulmans vivant en Occident ne doivent plus se considérer comme des étrangers, des résidents temporaires, des minorités mais comme des citoyens à part entière en évitant toute aliénation culturelle. « Ils doivent s’inscrire pleinement dans la participation citoyenne sur un pied d’égalité avec la majorité de la population. Ils doivent établir clairement qu’ils sont chez eux en Occident, et qu’il s’agit de suivre les principes supérieurs de l’islam ici comme ailleurs… Ils doivent se prendre en charge et se libérer de la mentalité de victime ». 

    Ramadan s’adresse en priorité aux nouvelles générations de musulmans nés et élevés dans les pays occidentaux. Il affirme qu’ils ne sont pas en « terre d’exil », et n’ont pas à regretter que leurs ancêtres aient quitté leur terre d’origine. Ils doivent se sentir chez eux, bien dans leur peau, dans leur environnement, dans les pays où ils sont nés. Ils doivent participer pleinement à la vie commune, à la vie institutionnelle et politique comme tout citoyen. Dans son livre « Peut-on vivre avec l’islam », il écrit que le musulman ne se définit pas seulement par ses croyances mais par ses pratiques. Il prône la stricte observance du Coran et des Hadiths, tout en tentant de concilier l’appartenance musulmane avec la vie commune et les lois des sociétés européennes : « J’affirme que nous sommes passés à l’ère du discours de la post-intégration ». 

    D’après Ramadan, « la chari’a doit s’appliquer dans ma société même si celle-ci n’est pas majoritairement musulmane ou que ces lois n’ont pas été pensées et produites par des savants musulmans. Je suis dans la Voie puisque ces lois me permettent d’être fidèle à ses objectifs fondamentaux et donc d’être fidèle au message et aux principes de l’islam. »  Tariq se place dans le rôle de médiateur entre les univers occidental et islamique, entre leurs cultures et leurs croyances religieuses respectives, et il veut définir les règles de leur cohabitation. 

    Un discours d’enracinement et de conquête 

    Pour étayer sa pensée, Ramadan a écrit plusieurs livres, qui ne sont en fait que des rééditions revues et améliorées, où il développe et affine sa vision du musulman dans la société occidentale présente et future. 

    Son œuvre démarre dans « Etre musulman européen » par un questionnement sur la place de l’Islam et des jeunes musulmans dans les sociétés modernes : « Qui sommes-nous donc ? Pour ceux qui ont été élevés en Europe, la question devient plus complexe encore… C’est le cas des jeunes de la deuxième, troisième et quatrième génération. Qui répondra ? Qui leur rendra les éléments constitutifs et le sens de leur identité ? Qui pourrait reconstruire cette identité ou, au moins, leur donner des repères qui leur permettraient de trouver leur voie, consciemment et librement ? » Il invite les jeunes à tourner la page de l’exercice « simpliste » de la foi par leurs parents : « les membres de la première génération, porteurs d’une connaissance islamique relativement modeste, s’efforcèrent tout d’abord d’éviter de perdre leurs traditions. » 

    Dans « Musulmans d’Occident », il définit ce que signifie être musulman en Occident : « Il s’agit pour les musulmans de rester tout à la fois fidèles à leurs valeurs et en phase avec leur environnement. Autrement dit : il n’est pas question d’être moins musulman pour être plus occidental ou européen. La thèse ici est qu’il est possible d’être des musulmans convaincus, sincères et pratiquants et d’authentiques citoyens européens. » 

    Il développe cet argument dans « Dar ash-shahâda » : « Les musulmans en Occident doivent-ils se considérer sur un sol étranger, gouvernés par la contrainte, avec le seul devoir de se protéger de l’environnement « agressif » ? Ou doivent-ils être et se sentir « chez eux » ? » 

    Dans « La foi, la Voie et la résistance », il exhorte les musulmans à devenir eux-mêmes agressifs : « L’éthique islamique qui devait orienter s’est mutilée en une éthique réduite aux disputes sur les limites du halal et du haram, conduisant les musulmans vers la “tentation minoritaire”, en Occident comme dans le monde. Or, il faut revenir à la source : penser sa présence dans et à partir des références musulmanes. La shahada, c’est porter la foi en Dieu et Son Messager. La shari’a, c’est suivre le chemin de la fidélité, la Voie. Accomplir son devoir de résistance, c’est reprendre possession de son coeur, construire son intelligence et s’engager à promouvoir des projets alternatifs. » 

    Dans « Islam, le face à face des civilisations. Quel projet pour quelle modernité ? », il s’attache à montrer, « en puisant aux sources de la pensée et de la civilisation islamique, que les musulmans ont les moyens de répondre aux défis contemporains sans trahir leur identité. Nourris par leurs références, ils peuvent penser l’époque moderne en proposant une gestion sociale, politique et économique spécifique, attachée à l’éthique, au sens des finalités et à la spiritualité. » 

    Dans le livre « Les musulmans d’Occident et l’avenir de l’islam », Tariq juge définitif l’enracinement des musulmans en Occident : « Les musulmans d’Occident, d’Europe comme des Etats-Unis, se sont aujourd’hui définitivement installés dans leurs pays respectifs. Après des années d’une présence pensée de façon temporaire, le moment est venu pour les jeunes générations d’élaborer une réflexion sur les fondements religieux et éthiques et leur enracinement dans les sociétés sécularisées… » 

    Tariq Ramadan confirme sa tendance panislamique : « une révolution silencieuse est en marche dans tous les pays occidentaux et elle aura, à terme, une influence considérable sur l’islam mondial. » 

    Tariq Ramadan semeur d’islamophobie 

    Ramandan s’offre la paternité de ce qu’il appelle la « nouvelle visibilité » des musulmans et reconnaît lui-même être à l’origine de la montée de l’islamophobie européenne et occidentale, dans son dernier ouvrage « Mon intime conviction » : 

    « Les controverses se suivent et se ressemblent. Durant les cinq dernières années, je me suis retrouvé au centre de polémiques qui, au-delà de ma personne, révèlent la nature des problèmes qui traversent les sociétés occidentales… En France comme aux États-Unis, en Belgique, en Suisse, en Angleterre, en Italie, en Espagne, et récemment aux Pays-Bas, j’ai fait face à des controverses nationales dont le point commun était, assez clairement, la nouvelle visibilité des citoyens occidentaux de confession musulmane… 

    Le point commun de tous ces débats tient à l’installation de générations successives de musulmanes et de musulmans, devenus citoyennes et citoyens de leur pays respectif. Installés, ils sortent de leur isolement géographique, de leurs ghettos sociaux, ou de leur marginalité sociopolitique. Ils sont désormais visibles,… il ne s’agit pas d’une nouvelle « communauté religieuse ou culturelle » qui s’installe, mais plutôt de l’émancipation d’une ancienne catégorie socioéconomique qui avait été doublement marginalisée, géographiquement et socialement. Au gré des controverses et des crises, des peurs s’alimentent et des perceptions se façonnent et s’entretiennent. La crainte, la méfiance et le soupçon s’installent et tous les débats sur la culture et la religion se transforment en polémiques nationales, polémiques qui se caractérisent par des crispations et des surdités inquiétantes. Les médias rapportent les faits, les réactions s’amplifient, les politiciens réagissent à (ou parfois instrumentalisent) la controverse, et nous voilà embarqués dans des dynamiques incontrôlables…  Dans la proximité, la présence d’autrui perturbe et gêne. C’est la raison pour laquelle les crises se sont surtout multipliées autour de phénomènes visibles et spectaculaires : foulards islamiques, niqab (voile cachant le visage), burqa, minarets, auxquels il faut ajouter les expressions culturelles ou religieuses perçues comme « étrangères », c’est-à-dire différentes, inhabituelles ou trop « visibles » car pas encore « normalisées »… Tous ces phénomènes cumulés expliquent la situation présente, et la « nouvelle visibilité » des musulmans continue de provoquer son lot de crises cycliques… » 

    Il persiste dans sa démarche en lançant le défi de la confrontation : « Gardons en tête que cette « nouvelle visibilité » est par nature une situation historique transitoire puisque ce qui est nouveau sera un jour ancien. » 

    Le double discours de Tariq Ramadan 

    En multipliant les conférences et les fréquentations des studios télés, Tariq Ramadan a vite gravi les marches de la notoriété médiatico-politique. Tentant toujours de policer son discours médiatique et de « noyer le poisson », son double discours a rapidement été décelé et dénoncé. 

    En octobre 2003, il s’en est offusqué en rédigeant un pamphlet sur « les (nouveaux) intellectuels communautaires ». Il reprochait aux médias de toujours le présenter comme un « intellectuel musulman », alors que la génération des « nouveaux philosophes » n’était jamais affublée de la nomination « d’intellectuels juifs », ni accusée de prôner un double discours. 

    Il essuya un feu de critiques d’anti-sémitisme et tomba dans le piège qui lui fut tendu un mois plus tard le 20 novembre 2003 lors d’une émission sur France 2. Avec la suffisance qui le caractérise, il s’est présenté en dilettante face à l’agressivité calculée et préparée par des experts en communication, de Nicolas Sarkozy qui l’a acculé dans un « guet-apens » sur le foulard et la lapidation. (2) 

    Hésitant et maladroit, il confirma ce que les observateurs savaient déjà sur son double discours selon les conditions et le public auquel qu’il s’adresse. Comme on peut l’entendre sur cette conférence tenue à l’île de La réunion à propos des relations hors mariage, de l’éducation des adolescents, des piscines mixtes, etc… (3) 

    Un étudiant en philosophie résume l’anachronisme du double discours de Tariq Ramadan, « celui d’un positionnement net en faveur d’une autocritique de la pensée, et un autre discours prônant implicitement la suprématie des commandements de l’islam sur cette même activité ». (4) 

    Ramadan conseille aux musulmans de ne pas se plaindre d’être victimes de persécution, mais de « maintenir leurs convictions envers et contre tout ». Or, il est difficile de concilier l’examen critique de sa propre pensée, avec ce renfermement absolu et entêté de ses convictions religieuses. « Cet appel de M. Ramadan à proclamer ses convictions religieuses « envers et contre tout » illustre une bien pauvre compréhension du dialogue interculturel et de la mutabilité des identités. » 

    Le double discours de Tariq Ramadan apparaît encore plus clairement dans cette déclaration : « C’est là le chemin dans lequel nous devons nous engager si nous voulons nous sentir chez nous, appliquer de façon positive le principe islamique favorisant l’intégration de tout ce qui ne contredit pas les interdictions, et nous l’approprier ». 

    Ramadan, fidèle à une interprétation « radicale » de l’islam, soutient la préséance des interdictions religieuses sur l’exercice d’une activité rationnelle et autocritique de la part du citoyen musulman : « Ramadan réaffirme l’obligation qu’a le musulman de se soumettre à la loi de sa religion au détriment de ses propres facultés critiques ». 

    Les critiques du double discours sont encore plus féroces du côté des islamistes radicaux qui dénoncent le superflu des discours de Ramadan et sa soumission au lobby médiatique occidental, comme le fait Abou Hamaad Sulaiman Al-Hayiti dans sa « Réfutation des idées de Tariq Ramadan ». (5) 

    Qu’est-ce qui fait courir Tariq Ramadan ? 

    La question s’est posée de faire taire Tariq Ramadan, comme le relate un livre entretien.(6)

    La censure et la disgrâce n’ont pas tardé effectivement à le bannir pendant un certain temps des médias européens. Des pays l’ont même interdit d’entrée, comme les Etats-Unis qui ont annulé le visa de travail qui lui avait pourtant été accordé en mai 2004. 

    Ramadan s’est alors acharné à attaquer en justice l’administration américaine jusqu’à ce que la Secrétaire d’Etat Hillary Rodham Clinton signe une décision de levée d’interdiction le 20 janvier 2010. Tariq a aussitôt annulé tous ses rendez-vous tout heureux de revenir aux Etats-Unis le 8 avril dernier. Toujours animé de l’idéal panislamiste de ses ascendants, il ambitionne de partir à la conquête de l’Amérique, où le mouvement des Frères Musulmans est déjà implanté de longue date. 

    Sa tendance mégalomaniaque, narcissique et ethnocentrique est nettement visible sur son blog (www.tariqramadan.com). Il court les plateaux télés comme un intermittent du spectacle court les cachets. Tariq est hyper sollicité et se fait rémunérer ses apparitions, même pour quelques minutes. Il répond “immédiatement et systématiquement” aux invitations des lobbies médiatiques français pour des interventions très superficielles tournant toujours autour d’épiphénomènes portant gravement atteinte à l’image de l’Islam, et où il doit toujours se défendre de son supposé antisémitisme. On l’entend faire de l’auto-flagellation dans certaines émissions où des animateurs se moquent de lui par des questions d’une banalité affligeante, et où on lui rappelle avec délectation son humiliation cathodique face à Sarkozy. 

    On en vient à se demander si la multiplicité frénétique des apparitions médiatiques de Tariq visent à “convertir” ses auditeurs, partir en croisade ou à dégrader davantage l’image négative que donnent les médias occidentaux de l’islam. Les lobbies médiatiques en lui redonnant une audience, ont en fait compris le rôle néfaste qu’il joue en défaveur de l’islam. Il apparaît comme le promoteur du niqab, des tenues moyenâgeuses et des pratiques rétrogrades antéislamiques. L’exhibitionnisme et l’accoutrement des ses adeptes donnent une image négative, arriérée et dégradante des musulmans et alimentent l’islamophobie. 

    Tariq Ramadan vit lui-même un problème d’identité, de légitimité, de représentativité, et d’universalité. Il ne représente en fin de compte que le profil type de l’intellectuel musulman complexé en quête perpétuelle de reconnaissance dans le monde judéo-chrétien à qui il offre son temps et sa vie, au lieu de l’offrir à ses semblables dans les pays musulmans. Il se situe dans une logique vaine de transcendance de l’identité occidentale par le panislamisme.

    Laïcité ou pas, la religion reste une source de jurisprudence. Dans les cas de grave contradiction, comme c’est le cas du niqab et du voile, c’est la religion dominante qui fixe les règles juridiques à respecter. On ne peut en aucun cas reprocher à l’Occident judéo-chrétien de se protéger juridiquement du prosélytisme islamique, comme le font à juste titre les pays du Maghreb à l’égard du prosélytisme évangélique. 

    Comme tout intellectuel musulman, Tariq Ramadan doit faire son auto-critique profonde et se poser aujourd’hui la question existentielle de son (in) utilité en Occident et de son absence des débats sur les crises politico-identitaires et d’ijtihad au sein même des pays musulmans… cause de cet exode perpétuel de leurs élites et de « l’enracinement » de leurs enfants en Occident.   

    Saâd Lounès 

    (1) http://www.tariqramadan.com/spip.php?article11114 

    (2)  http://www.youtube.com/watch?v=cQFa4NDTTTE&feature=related 

    http://www.youtube.com/watch?v=fjqs57uEsGs&feature=related 

    http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=KeamZ3EfxKQ 

    (3)  http://www.dailymotion.com/video/x5uyjo_frere-tariq-et-la-fornication_news 

    (4) http://www.ledevoir.com/non-classe/94852/libre-opinion-le-double-discours-de-tariq-ramadan 

    (5) https://www.box.net/shared/ntx67k7u9x 

    (6) http://www.tariqramadan.com/spip.php?article19

  • Woerth, il faudrait le canoniser !

    Vous allez me dire : pas encore ? Non, ce n’est pas possible ?! Mais si (comme on a dit de quelqu’un assez mal en point haut d’une croix), c’est possib’ (un autre a ajouté c’est réalisab’) ! Donc voici Woerth, et alors coucou me voilà, vous savez les coucous suisses, ceux qui sont dorés bec et plumes, Suisse terre d’accueil avec grands appartements et notaires arrangeants quoique….

     Alors que nous sommes en pleine mascarade judiciaire (on prévient 24 heures à l’avance l’UMP d’une visite de courtoisie pour venir chercher une lettre dont on a l’originale ! Là c’est le sommet de tout. Mais le parquet, le sait pertinemment, quand un juge d’instruction fait son boulot, la police arrive sans prévenir à six heures du mat et fouille tout. Du reste cela scandalise Kiejman qui trouve très normal que la veuve dorée ait constitué le musée privé de Banier avec des babioles comme des Miro et des Picasso. Selon lui l’avide photographe serait un des rares à pouvoir apprécier l’art, mais comme cochon il se pose là, ça c’est une certitude. Cela a aussi mis sens dessus dessous la séréinité de la veuve dorée que l’on soit allé fouillé dans ses affaires. Mais Courroye, de son côté, il prend des gants et averti 24 heures à l’avance, si jamais depuis trois mois le ménage n’avait pas été fait assez correctement. Du reste il n’a toujours pas décidé d’entendre Woerth, pas plus qu’il n’a demandé aux policiers de revenir à la maison avec les comptes de campagne du candidat Nicolas Sarkozy, alors qu’on se pose des questions comme à qui veut gagner des millions. Là on en était au niveau 150 000, mais il n’y a plus de joker, plus d’appel à une simple « connaissance », quant à faire appel au public je ne m’y risquerais pas si j’étais l’Immaculé. Cette mascarade s’est propagée de l’autre côté de la frontière car si on a bien demandé aux Helvètes de fouiller chez deux tabellions et dans une banque, ce n’est pas pour vérifier s’il y avait une fraude (allons, ne soyez pas si méchante langue, Courroye n’est pas là pour la justice, cela se saurait) ce qui n’est pas possible puisque le procureur a volontairement décidé de ne pas confier d’enquête à un juge d’instruction qui seul a ce pouvoir d’enquêter hors de France pour le fisc. On veut juste savoir si la veuve ne s’est pas faite escroquer aussi sur les bords du lac Léman. C’est louable comme intention, mais la police aurait pu étendre ses investigations afin de savoir si ce que sa presse déclare est vraie, à savoir que la belle Florence passait , assez souvent, des journées dans le pays des vaches et des cloches à regarder et entendre pousser les billets logée dans un superbe appartement appartenant à la famille Bettencourt appartement dont on ignore s’il a été déclaré), or donc, alors que nous sommes en pleine mascarade judiciaire, Libération fait des siennes.
     
    Mais avant je souhaiterais que vous lisiez ceci avec attention. Et pour mes amis du camp woerthien, je leur conseille d’aller sur le site de RTL et d’écouter ce qu’en direct quelques millions de Français ont entendu et sont témoins, et ce que reproduisent des enregistrements (à moins qu’eux aussi ne fussent clandestins, honteux et trafiqués). Ce sont donc des paroles de l’Immaculé, paroles incontestables prononcées au grand Jury d’RTL le 27 juin 2010. Ce n’est donc pas contestable.
    - Un ministre du Budget est juste informé des dossiers chauds. Vous recevez un nom. Et puis c’est tout. Vous n’empêchez rien, vous ne faites rien et on ne vous tient au courant de rien.
    - Le ministre nest jamais informé des contrôles fiscaux en cours, ça ne fonctionne pas comme ça.
    - Je n’ai jamais déclenché de contrôle fiscal (...) comme je n’ai jamais empêché un contrôle fiscal
    - Le problème, c’est que les journalistes ne comprennent pas comment fonctionne le fisc
    - Mme Bettencourt a fait l’objet de nombreux contrôles fiscaux depuis longtemps. Elle a une situation fiscale qui a toujours été considérée comme claire, jusqu’à ces écoutes qui disent qu’à un moment donné il y a du patrimoine qui n’a pas été révélé.
     
    Commençons par la fin car c’est le rapport du patron de l’IGF qui a démontré que des cinq entités gravitant dans la famille Bettencourt, une n’a pas été contrôlée du tout et que les autres n’ont jamais été contrôlées sur place depuis plus de 5 ans. Notons également que le président de l’IGF et ses quatre petite mains ont révélé qu’une cellule fiscale avait traité, de mémoire, 6457 dossiers démontrant au passage un des nombreux mensonges de l’Immaculé.
     
    Nous avons découvert qu’effectivement il n’était pas intervenu quand son ministère avait été tenu au courant de la fraude de Banier qui aurait dû déclencher une action envers sa donatrice car il s’agissait de compte au Liechtenstein et que cet argent n’a pu y parvenir que par des oseilloducs hors de France, que lorsque ce Banier casse un contrat d’assurance vie de plusieurs dizaines de millions d’euros cela n’en secoue même pas une dans ses services, et que beaucoup, beaucoup de dossiers ont été prescrits. Comme quoi la science physique a raison quand elle parle d’inertie de la matière. Tout ceci ce n’est pas moi qui le dit mais le rapport du président de l’IGF, lui-même nommé par Woerth avec une mission délimitée de telle façon que les questions aboutissent après enquête aux réponses voulues avant l’enquête. Comme les lettres de l’avocate de la veuve Wildenstein, lettres circonstanciées avec éléments de preuve comme quoi il y avait fraude fiscale, avaient sans doute souffert d’un classement cher à Ignatius J. Reilly : le classement vertical. L’usine des pantalons Levy s’en souvient encore.
     
    Venons en à cette dernière nouvelle qui n’est pas passée par l’Alsace pourtant berceau d’un village du nom de W..... Je vous mets ce que Le Figaro en écrit car si lui pose le terme de casserole, ce ne sera pas moi qui l’aurait fait : Une nouvelle casserole pour Eric Woerth ? Il serait intervenu en 2009, lorsqu’il était ministre du Budget, en faveur du dégrèvement fiscal d’un casinotier impliqué dans les jeux d’argent en ligne, selon Libération qui s’est procuré un courrier du ministre. Cette lettre datée du 30 janvier 2009 - dont le quotidien ne publie pas de fac-similé - est adressée par le ministre à Jean-François Mancel, député de l’Oise et ancien secrétaire général du RPR. Un ami proche d’Eric Woerth, présenté comme son mentor politique, qui l’avait sollicité à propos du dossier de redressement fiscal de Pascal Pessiot, patron de la Société française des casinos (SFC), troisième groupe de casinos coté en Bourse. Partisan de la libéralisation des jeux d’argent sur Internet, Pascal Pessiot avait été condamné en mars 2007 à un an de prison avec sursis - avant d’être relaxé en mars 2009 - pour avoir participé à l’exploitation de sites illégaux de jeux en ligne via des entreprises situées à Belize et aux Bahamas, explique le quotidien.
     
    Dans le courrier, Eric Woerth écrit à Jean-François Mancel qu’il a examiné, conformément à sa demande, la situation fiscale personnelle de Pascal Pessiot et qu’il préconise un dégrèvement, prétend Libération sans citer de montant précis. Le ministre souligne que c’est « à juste titre que l’administration a entendu assujettir M. Pessiot à l’impôt en France sur la part des bénéfices sociaux devant lui revenir ». « Cela étant, écrit le ministre du Budget de l’époque, (...) il m’a paru possible de reconsidérer les redressements litigieux (...) Les dégrèvements correspondants seront très prochainement prononcés ». Et de poursuivre : « Je ne serai pas opposé à ce qu’un règlement transactionnel incluant une modération significative des pénalités soit envisagé ».
     
    Le député Jean-François Mancel précise avoir agi comme il le fait « deux ou trois fois par mois » à la demande de particuliers. « M. Pessiot m’avait été présenté par des amis. Sur le plan fiscal, il a dû payer moins que ce que le fisc lui réclamait initialement », précise-t-il.
     
    Le premier point à soulever est évidemment le mensonge. Ce qui ne gène pas les supporters de Woerth. Pour eux mentir ce n’est rien. Ensuite, tout le monde fait pareil selon eux. On la connaît celle-là de défense. C’est banal, dirait-on en Woerthie, comme cette lettre pour Maistre. Toute l’UMP s’y met et clame, mais tout le monde y fait pareil. Petit problème c’est que l’Immaculé a dit qu’il n’était jamais intervenu, qu’un ministre n’est tenu au courant de rien. On a vu qu’il était intervenu dans la succession César. On a vu qu’à la suite d’une rendez-vous avec Maistre (cf rapport du président de l’IGF, pas Médiapart, ni Libé, ni le Monde, rapport commandité par Baroin), la conclusion a été le non redressement (tiens pourtant les maisons de redressement n’est-ce pas une bonne et noble chose dans le monde sécuritaire cher à Nicolas Sarkozy ?) de la relation professionnelle du grand chambellan, qui semble avoir trempé dans l’affaire Madoff, la veuve y ayant laissé 30 millions de plumes. Le second c’est qu’il a agi. Alors il se défend avec sa technique habituelle, un mensonge pour en camoufler un précédent tout en reniant sa parole publique, et entre deux voulant démonter toute la banalité et l’habituel de la chose. Idem : La réponse d’Eric Woerth ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué publié jeudi soir, le ministre du Travail « conteste totalement les allégations de Libération qui consistent à faire croire qu’il a accordé un traitement de faveur à un contribuable ». « Le ministre rappelle (...) qu’il a été saisi, pendant sa fonction de ministre du Budget, de milliers de lettres (...) principalement adressées par des parlementaires, de droite comme de gauche. Elles ont toutes suivi la même procédure : instruction par les services fiscaux pour avis, puis, le cas échéant, avis du comité du contentieux fiscal (composé de magistrats de la Cour des comptes, de la Cour de cassation et du Conseil d’Etat, ndlr) et décision du ministre ». « Dans ce dossier, Eric Woerth a suivi strictement la position de l’administration fiscale qui considérait que les éléments apportés par le contribuable concerné conduisaient à réduire le montant du redressement », poursuit le texte.
     
    Vous noterez que Woerth ne navigue qu’en milliers. Notre sous-marinier se souvient de la mer et des milles nautiques. Il y avait déjà des milliers de lettres pour la légion d’honneur, et notre maire, trésorier, président du premier cercle et ministre avait assez de temps pour avoir été saisi, pendant sa fonction de ministre du Budget, de milliers de lettres. Pas moins. Il ne se rend pas compte du ridicule de son communiqué avec ce chiffre. Il est vrai qu’à l’UMP la dentelle ce n’est pas leur fort. Il est vrai aussi qu’avoir été dirigé par celui pour qui chacun de ses gestes est historique, le meilleur, la première fois, jamais fait par quiconque d’autre etc. L’enflure est la marque de fabrique de l’Union des Menteurs Patentés. Quoi que je ne devrais pas écrire patentés, car patentés signifieraient qu’ils payent une patente or c’est l’inverse, ce sont nous, pauvres contribuables (puisque le financement deun parti est alimenté à hauteur de 75 % par l’argent public), qui allons payer le deal honteux entre Chirac, Sarkozy et Delanoë. Donc pour 75 % du million et quelques d’euros, ce sera à nous de casquer, comme nous ne sommes pas chiches nous avons décidé d’en donner 210 à Tapie qui en est très satisfait. Il l’a dit.
     
    N’oublions pas qui est Mancel, un copain et mentor de longue date d’iceluy ex ministre du budget et notons que Woerh reconnait la lettre. Courroye va-t-il avertir 72 heures avant le secrétariat de Mancel pour dire que l’on va vérifier si cette lettre existe alors qu’on aura l’originale au ministère et dans le dossier de la justice ?
     
    Le petit problème soulevé par cette lettre et qui contredit le communiqué de l’Immaculé ce sont ces mots : il m’a paru possible de reconsidérer les redressements litigieux (...) Les dégrèvements correspondants seront très prochainement prononcés ». Et de poursuivre : « Je ne serai pas opposé à ce qu’un règlement transactionnel incluant une modération significative des pénalités soit envisagé ».
     
    Choisissons dans ces phrases ceci : reconsidérer puis « ceça » dégrèvements et enfin cela modération significative.
     
    La conclusion qui s’impose est que s’il y a à reconsidérer c’est que l’on ne suit pas ce qu’a demandé l’administration fiscale (mensonge), c’est que l’on fait une fleur puisqu’il y a des dégrèvements, que l’on agit puisque ces dégrèvements seront prononcés et que cette fleur n’est pas de la paille moisie puisque cette action aboutira à inclure une modération significative. Au contraire de Woerth, je ne vous prends pas pour des imbéciles et donc je n’ai pas besoin d’en dire plus. La messe est dite. Ite missa est.
     
    On dit parfois que la montagne accouche d’une souris, ici c’est plutôt on a eu un jour un fil que l’on a tiré par hasard, mais la pelote s’est révélée bien plus grosse que ce qu’on pensait. C’était un effet d’optique, car elle était loin, très loin.
     
    Je pense que les producteurs de plus belle la vie devrait acheter à Woerth son histoire. Ils auraient de quoi faire une autre saga sans fin.
     
    Si cette histoire Woerth pouvait aller à son terme et balayer ces écuries du pouvoir (Hercule où es-tu ?) à cause de l’insistance de l’Immaculé à s’accrocher au rocher ministériel comme une arapède, et à mentir et mentir encore, il faudra alors le canoniser.
     
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    Si vous êtes intéressés par les textes ci-dessous, vous pouvez les retrouver en cliquant sur les liens et ce totalement gratuitement car il est hors de question que je touche un Kopek sur le dos de la Sarkozye qui, étant le règne du bling bling et de l’argent roi et corrupteur, sera combattue par son contraire : la gratuité (ou en compensation faire un don à Agoravox ou vous abonnez à Médiapart). Pour simple information, si vous êtes sur iPhone ou iPad, sans flash, en haut de la page dans le bandeau vous pouvez télécharger les textes en pdf, et pour tous les diffuser le plus possible autour de vous. Pour le télécharger il y a une flèche verte dirigée vers le bas dans le bandeau. Il faut vous inscrire à Issuu ce qui permet aussi de télécharger tous les textes nombreux et intéressants de ce site. Sinon vous pouvez toujours vous désinscrire ensuite. Si tout cela vous gêne je pourrais vous les envoyer par e-mail (imhotep.forumlogos@free.fr)) :
     
     
     N’oublions jamais :
    • l’affaire Karachi
    • l’affaire GDF
    • l’affaire Tapie
    • l’affaire Clearstream
    • l’affaire Bettencourt
    • l’affaire Wildenstein
    • l’affaire de Compiègne
    • l’affaire Peugeot
    • l’affaire de la Jatte
    • la proposition de loi sur la déchéance de la nationalité française
    • l’affaire de la rémunération illégale de septembre au 31 décembre 2007

    Sarkozya delenda est !
     
  • c'est leurs fond de commerce n'entrez pas dans leur jeux

    Charia et lapidation : les propos scandaleux du trésorier d’une mosquée de Roubaix

    La polémique est en train d’enfler après la diffusion, vendredi 10 septembre sur France 4, du documentaire de John-Paul Lepers Qui a peur de l’islam ?
     
    Le journaliste a voulu comprendre la peur que pouvait inspirer l’islam en France. Malgré sa grande ouverture d’esprit, Lepers n’a pas pu cacher sa crainte dans certaines circonstances, comme lorsqu’un des responsables de la mosquée Abou Bakr de Roubaix, Rachid Gacem (son trésorier), lui a lancé qu’il était favorable à la lapidation en pays musulman (car c’est la loi divine), ainsi qu’au fait de couper la main aux voleurs, et que "si la France devient demain majoritairement musulmane, la charia devra s’appliquer".
     
    Par ailleurs, selon les responsables de la mosquée, si l’on a lu et compris le Coran, l’on devient nécessairement musulman. De tels propos seront de nouveau tenus par d’autres protagonistes du film. John-Paul Lepers, qui dit avoir parcouru le Coran, et qui n’est pas devenu musulman pour autant, l’a donc sans doute mal lu... Autre propos tendancieux : "Chez nous les Algériens, la religion et la tradition se rejoignent." Lepers fait remarquer à son interlocuteur qu’il est Français. Celui-ci corrige alors : "Chez nous, d’origine algérienne..." Mais le sentiment d’être Français n’est pas flagrant. Malgré ses propos bel et bien inquiétants, Rachid Gacem considère que c’est à cause des médias qu’on a peur de l’islam.
     
    Condamnations unanimes
     
    Rachid Sahri, le président du collectif des associations musulmanes de Roubaix, a condamné les propos tenus par les responsables de l’association cultuelle Abou Bakr (qui est adhérente de son collectif). Mais il a également tenu à interroger le montage du journaliste de la Télé Libre : "Il appartient toutefois de savoir dans quelles circonstances ces propos ont été tenus. On se trouve parfois piégé devant les caméras et par le montage des séquences d’une émission."
     
    De son côté, Pierre Dubois, premier adjoint au maire PS de Roubaix et grand défenseur d’une politique d’ouverture à l’égard des religions, s’il a vivement apprécié le film de Lepers, s’est néanmoins dit surpris des propos de Rachid Gacem : "J’ai eu l’occasion de le rencontrer lors de réunions de travail pour la construction de la nouvelle mosquée Abou Bakr. Il n’avait jamais émis de telles prises de position. Il appartient à l’association concernée de prendre ses responsabilités. En tout cas, il n’y a aucune raison pour que la réflexion roubaisienne entamée avec le collectif des associations musulmanes sur la façon de vivre l’islam dans un état laïque soit interrompue."
     
    Le trésorier de la mosquée démissionne... et accuse Lepers de manipulation
     
    Suite à la polémique déclenchée par ses propos dans le documentaire de John-Paul Lepers, Rachid Gacem a annoncé sa démission du poste de trésorier de la mosquée Abou Bakr. Il accuse aussi le journaliste de manipulation : "« L’erreur est humaine », aujourd’hui je sais que j’ai fait une erreur, j’ai tenu des propos qui étaient hors de ma portée, qui ont été retirés de leur contexte et utilisés à contre sens, comme savent si bien le faire les journalistes expérimentés dans la manipulation intellectuelle visant à nuire aux auteurs." 
     
    Gacem regrette les propos qu’il a tenus devant la caméra : "Je condamne sans ambigüité et fermement les propos que j’ai tenu concernant la lapidation et les mains coupées, ceux-ci ont été dit dans un contexte d’euphorie, de naïveté et surtout avec un grand manque de connaissances théologiques, je le reconnais." S’il prend ses responsabilités, il tient à les partager avec Lepers : "J’ai failli dans ma communication et me suis fait berné par un journaliste chevronné. J’en assume toute ma responsabilité. C’est pourquoi j’ai posé ce jour ma démission au Conseil d’administration. Elle a été accepté unanimement."
     
    Cette polémique fait désordre à Roubaix où le maire socialiste René Vandierendonck vantait encore récemment le "vivre ensemble", à l’occasion de la fin du ramadan. Il avait, à cette occasion, mis le Parc des Sports à disposition de 6000 à 8000 musulmans, pour leur permettre de fêter tous ensemble l’Aïd El Fitr. Cette initiative a été désapprouvée, à la fois par la conseillère régionale Front national Françoise Coolzaet et des responsables de l’AFL (association familiale laïque). "Selon ces militants laïques, le maire de Roubaix n’a pas à prêter un terrain public pour une manifestation religieuse et encore moins à y participer", peut-on lire dans Nord éclair ce mercredi.
     

     
    La laïcité en question
     
    Républicain laïc convaincu, John-Paul Lepers s’est souvent heurté au cours de son enquête, de Roubaix à Marseille, à des hommes et des femmes qui ne se résolvent pas à cantonner leur religion dans la sphère intime. Il a discuté avec de jeunes salafistes, a assisté à une conférence de Tariq Ramadan (qui a refusé de le rencontrer), a parlé de ce leader charismatique avec Mohamed Sifaoui, et s’est finalement entretenu avec le recteur de la mosquée de Bordeaux Tareq Obrou, un homme plein de sagesse selon le journaliste.
     
    Malgré les craintes qu’il ne manquera pas de susciter, le film de Lepers témoigne d’une heureuse tentative de dialogue.
     
    Le périple en camping-car de John-Paul Lepers commence à Roubaix...

  • bon vent mr ambassadeur.

    Patrick Parisot, l’ambassadeur du Canada en Algérie a démissioné la semaine dernière de son poste pour revenir en politique au sein du parti
    libéral du Canada.

    Selon l’information rapportée par l’agence de presse canadienne, « à compter du 7 octobre, il deviendra secrétaire principal du cabinet » du chef du parti libéral du Canada Michael Ignatieff. Le gouvernement canadien n’a pas encore annoncé le successeur de Patrick Parisot.

    Ce dernier a pris ses fonctions à la tête de l’ambassade du Canada à Alger en janvier 2008. Il avait remplacé Robert Peck qui est devenu chef du protocole du Canada.

    Selon sa biographie officielle, cet enfant d’immigrant français est diplômé du baccalauréat en science politique de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) en 1984. Il est devenu attaché de presse du premier ministre Jean Chrétien en 1993 et conseiller spécial en matière de politiques en 1999, poste qu'il a occupé jusqu'en 2001, année où il a été nommé ambassadeur au Chili. Avant son entrée au gouvernement, M. Parisot a été journaliste à Radio-Canada et à Télévision Quatre-Saisons. De 2003 à 2007, il a été ambassadeur au Portugal.

  • Angleterre: six hommes arrêtés pour avoir brûlé des exemplaires du Coran

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    La police britannique a indiqué jeudi avoir arrêté six personnes soupçonnées d'incitation à la haine raciale après la diffusion sur internet d'une vidéo où l'on voit un groupe d'hommes mettre le feu à ce qui semble être des exemplaires du Coran.
    "Les arrestations sont survenues à la suite (d'un incident lors duquel) il semble que deux exemplaires du Coran aient été brûlés à Gateshead (nord-est de l'Angleterre) le 11 septembre", a déclaré un porte-parole de la police de Northumbria.
    "L'incident a été enregistré et une vidéo a été diffusée sur internet", a-t-il précisé.
    Dans une vidéo disponible sur Youtube, six jeunes hommes portant une capuche ou une écharpe pour dissimuler leur visage sont filmés alors qu'ils versent de l'essence sur un livre et y mettent le feu, avant de faire la même chose avec un autre livre".
    La vidéo montre les hommes en train de pousser des cris de joie en regardant le premier livre se consumer, et crier "11 septembre, Journée internationale pour brûler le Coran" et "Pour les gars en Afghanistan".
    La police de Northumbria a précisé avoir d'abord arrêté deux hommes le 15 septembre, puis quatre autres le 22 septembre, avant de les remettre tous en liberté conditionnelle.
    La police et l'autorité locale de Gateshead ont souligné dans un communiqué que "le genre de comportement montré dans cette vidéo n'était pas du tout représentatif" de la communauté.
    "Notre communauté fait preuve de respect mutuel et nous continuons à collaborer avec les leaders communautaires et les personnes de toutes les confessions et croyances pour maintenir de bonnes relations", soulignent-ils.
    Ces arrestations interviennent moins de deux semaines après l'appel du pasteur américain Terry Jones à brûler des exemplaires du Coran pour marquer l'anniversaire des attentats du 11 septembre.
    L'initiative du religieux à la tête du petit groupe intégriste chrétien "Dove World Outreach Center" avait déclenché une polémique internationale, qui était retombée quand il a annoncé avoir renoncé à son projet.
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  • on le sait déja depuis l'instauration du visa pour les algeriens pour entrer dans leurs territoire, le sahara des generaux.

    L'Algérie abrite bel et bien une base secrète américaine. C'est le Canard Enchaîné, hebdomadaire français très bien renseigné dans ce domaine, qui le confirme. et je confime que le mossad aussi.base_104936_465x348.jpg

    Selon le Canard, il s’agit d’une base militaire secrète située à Tamanrasset qui compte près de 400 militaires spécialisés dans les télécommunications. Contrôlée par la National Security Agency (NSA), cette base servirait, selon l'édition du mercredi 22 septembre, aux américains de mettre toute la région du Sahel sous écoute !  Pour l'établir, les américains auraient réussi à obtenir facilement l'autorisation de Bouteflika, souligne encore le célèbre hebdomadaire français.  

    Et c’est à partir de cette base que les américains comptent apporter de l’aide aux militaires français. "Une aide qui pourrait être décisive si les informations circulent vraiment", note encore le Canard Enchaîné qui nous apprend également que les français espèrent beaucoup de cette aide précieuse des grandes oreilles de l'Amérique dans la région de Tamanrasset. 

    Mais le plus troublant dans cette affaire, c'est que cette Base se penche également sur les conversations téléphoniques et les services de télécommunications de notre pays ! C'est du moins ce que le Canard Enchaîné a laissé entendre dans cette révélation fracassante en nous expliquant que la NSA surveille de près à partir de notre territoire les agissements et les actions des "DRS". Bouteflika est-il au courant de tout cela ? Pas si sur... 

    Longtemps tabou, la présence militaire américaine en Algérie revient ainsi sur le devant de la scène. Mais cette fois-ci, elle risque de créer des controverses qui pourraient saper la sécurité de l'Algérie.